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LE COMTE ORY

2017 LE COMTE ORY - Opéra-Comique...la Comtesse. Le comte Ory, seigneur aventurier et sensuel, entreprend sa conquête galante avec la complicité de son compagnon Raimbaud, tous

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19, 21, 23, 25, 27, 29 et 31 DÉCEMBRE 2017

LE COMTE ORYGIOACHINO ROSSINI

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LE COMTE ORY

Spectacle enregistré et diffusé sur France Musique le 21 janvier 2018Diffusé en direct sur Culturebox le 29 décembre 2017 et en différé sur France 3 et Mezzo.

CAPTATION ET PARTENARIAT MÉDIA AVEC L'AIMABLE PARTICIPATION DE

Opéra en deux actes. Livret d’Eugène Scribe. Créé à l’Opéra de Paris en 1828.

Direction musicale - Louis LangréeMise en scène - Denis Podalydès**

Décors - Éric RufCostumes - Christian Lacroix

Lumières - Stéphanie DanielCollaboration aux mouvements - Cécile Bon

Assistant direction musicale - Nicolas KrügerAssistants mise en scène - Laurent Delvert, Laurent Podalydès

Assistante décors - Dominique SchmittAssistant costumes - Jean-Philippe Pons

Chef de chant - Bertrand HalaryChef de chœur - Joël Suhubiette

Introduction au spectacle, 45 min. avant la représentation, salle Bizet Chantez Le Comte Ory, 45 min. avant la représentation, avant-foyer Favart avec Christophe Grapperon les 19, 21, 25 décembre / Geneviève Boulestreau les 23, 27, 29, 31 décembre | Rencontre avec les artistes de la production samedi 23 décembre à 16h

Le Comte Ory - Philippe TalbotLa Comtesse - Julie Fuchs

Isolier - Gaëlle ArquezDame Ragonde - Ève-Maud Hubeaux

Le Gouverneur - Patrick BolleireRaimbaud - Jean-Sébastien Bou

Alice - Jodie DevosCoryphées - Sarah Breton*, Cyrille Gautreau*

Jean-Baptiste Henriat*, Sarah Jouffroy*, Ryan Veillet*Mainfroy - Marc Manodritta*

Gérard - Guillaume Zabe*Comédiens - Laurent Podalydès, Léo Reynaud

Chœur les élémentsOrchestre Orchestre des Champs-Elysées

*membres du chœur **Sociétaire de la Comédie Française

Durée estimée : 2h45, entracte compris

Crédits images ouverture : Tableaux de Théodore Gudin (1802-1880), Pierre-Julien Gilbert (1783-1860), Horace Vernet (1789-1863) et Jean-Adolphe Beauce (1809-1889). Dessin « Ré-illustrer l'Histoire: La conquête de l'Algérie », 2012 de Johannes Sivertsen (1984 - ) - Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

Nouvelle production Opéra Comique Coproduction Opéra Royal de Wallonie, Opéra Royal - Château de Versailles SpectaclesD'après l'édition critique de Damien Colas, Opere di Gioachino Rossini, Bärenreiter-Verlag Kassel - Basel - London - New York – Praha  

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certes général en l’Europe à l’époque. Mais pour comprendre l’intensité de la fièvre parisienne, il faut se souvenir que l’opéra italien avait été interdit en France pendant l’Ancien régime. Seuls le dynamisme et la fraîcheur de la musique de Rossini pouvaient étancher la soif de nouveauté des Parisiens. L’Opéra bénéficiait ainsi indirectement de son triomphe au Théâtre-Italien.

La fin de l’administration commune des deux maisons, annoncée pour 1827, risquait du coup d’être une catastrophe pour les finances de l’Opéra. Lubbert et le vicomte de La Rochefoucauld, directeur des Beaux-arts, mirent donc tout en œuvre pour s’at-tacher les services de Rossini. Ils accep-tèrent de considérer Le Siège de Corinthe et Moïse comme des œuvres originales, ce qu’elles n’étaient pas. La manœuvre était habile : la loi française prévoyait d’accorder une pension à vie à tout compositeur de trois œuvres ayant chacune atteint qua-rante représentations. Il devenait donc crucial pour Rossini de composer au plus vite un « troisième » opéra.

Il entama simultanément Le Comte Ory et Guillaume Tell. Or la production de Guillaume Tell devait être coûteuse : on envoyait le peintre Ciceri faire des études préparatoires en Suisse pour produire des décors aussi impressionnants que ceux qui avaient assuré le triomphe de

La Muette de Portici, en février 1828. C’est donc pour équilibrer ces coûts exorbitants que le choix de l’autre opéra se porta sur une comédie qui, elle, ne nécessitait aucune dépense particulière, son succès reposant essentiellement sur la qualité des acteurs.

Le pari était d’attirer le public avec l’association des deux grands noms du moment, Rossini et le librettiste Scribe, qui « avait quelque chose de piquant ». Chacun adapta une œuvre précédente : le dramaturge reprit un vaudeville en un acte de 1816, qu’il avait tiré d’une célèbre ballade publiée par Pierre-Antoine de La Place en 1785. À cette matière, que la critique trouvait trop légère, il ajouta non pas une suite mais un prequel, où l’on voit le jeune libertin se déguiser en faux ermite. Il est possible qu’il y ait eu là une allusion au faux prophète du moment, Martin de Gallardon. Mais si l’acte I était nouveau pour Scribe, il était au contraire ancien pour Rossini puisque c’est là qu’on trouve la plupart des numéros dérivés du Viaggio a Reims, y compris le gran pezzo concertato à 14 voix, élargi pour l’Opéra aux dimensions gigantesques d’un ensemble pour 13 voix solistes et double chœur.

Dans l’acte II, ancien pour Scribe, se trouvent en revanche les morceaux nouveaux de Rossini, dont l’introduction

où convergent une tempête et la prière des fausses pèlerines, et le trio final, qui rappelle la scène du fauteuil du Mariage de Figaro de Beaumarchais, dans une version beaucoup plus osée. Au milieu de l’acte, le chœur des buveurs connut un succès considérable et rallia même les adversaires de Rossini. L’humour de situation provient directement du vaudeville  : le passage de la tourière Ragonde interrompt pour quelques instants la beuverie des chevaliers. On y entend surtout le thème de l’ancienne ballade du Comte Ory sur les mots « Célébrons tour à tour  ». Il  y a  fort à  parier que le public de l’Opéra reprenait en chœur cette fameuse chanson. Elle fut en effet, tout au long du siècle, l’une des chansons populaires les plus aimées en France.

Dans cette scène, c’est l’esprit gaulois qui est célébré par Scribe et Rossini, un esprit hérité des trouvères du Moyen-Âge et élevé, chez les critiques littéraires du XIXe  siècle, au rang d’emblème de l’esprit national. C’est cet esprit français, où malice et paillardise se mêlent avec légèreté, mais sans vulgarité, qu’il nous est donné de déguster aujourd’hui.

Avant-dernier opéra de Rossini, et unique comédie en français de ce compositeur, Le Comte Ory fut joué sans discontinuité à l’Opéra de Paris de sa création le 22 août 1828 jusqu’en 1884, date à laquelle il quitta l’affiche. Il s’agit d’un des plus grands succès de l’Opéra, ce qu’on oublie souvent lorsqu’on réduit le répertoire de ce théâtre aux grands opéras historiques de Meyerbeer et Halévy, connus de nous essentiellement au travers du mélange de haine et de fascination qu’ils inspirèrent à Richard Wagner.

Le Comte Ory est en partie dérivé du dramma giocoso en un acte Il viaggio a Reims que Rossini avait écrit à l’occasion du retour de Charles X à Paris, après son couronnement à Reims (1825). Il est, pour l’acte I, le rifacimento de cette œuvre italienne de circonstance – ce à quoi Rossini avait déjà procédé pour produire à l’Opéra Le Siège de Corinthe (1826) et Moïse (1827). Mais pour l’acte II, Le Comte Ory est la première composition de Rossini en français, avant Guillaume Tell (1829). Pour toutes ces

raisons, Le Comte Ory est une œuvre singulière, très éloignée des comédies du canon italien de Rossini, comme Il barbiere di Siviglia. C’est enfin et surtout une œuvre d’esprit français, et qui fut acceptée comme telle, tout au long du XIXe siècle, par le public parisien.

Il peut surprendre qu’une œuvre comique ait été donnée sur la scène de l’Académie royale de musique – le nom officiel de l’Opéra de Paris – et non sur celle de l’Opéra-Comique. De fait, Le Comte Ory est entièrement mis en musique et ne comporte pas de dialogues parlés. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, à chaque théâtre parisien était attribué un genre précis, et seul l’Opéra avait le privilège de faire représenter des œuvres – en français – entièrement chantées.

À côté du genre sérieux, appelé « tragédie en musique » du XVIIe au XVIIIe siècle, puis « tragédie lyrique » après la réforme de Gluck, enfin «  grand opéra  » au XIXe siècle, l’Opéra faisait appel à des œuvres moins ambitieuses, les « petits opéras ». Ceci lorsque le monarque se

désintéressait de l’opéra – ce qui était le cas de Charles X – ou quand le théâtre affrontait des difficultés financières. Ces conditions furent précisément celles de la genèse de l’œuvre, de 1827 à 1828, et Le Comte Ory peut être considéré comme la solution brillante à une équation complexe, trouvée par Émile Lubbert, le directeur de l’Opéra.

De 1819 à 1827, le Théâtre-Italien, institution centrale dans la vie culturelle parisienne, fut placé sous la tutelle de l’Opéra suite à la faillite de l’administration d’Angelica Catalani. Ce qui, à l’origine, était perçu comme une corvée pour l’Opéra ne tarda pas à se révéler comme une opportunité providentielle. Les œuvres de Rossini commençaient tout juste d’être représentées en France et connaissaient un succès grandissant. Et il se trouve que la politique en vigueur n’autorisait leur représentation qu’au Théâtre-Italien. L’engouement pour Rossini tourna vite à la frénésie : en 1825, la moitié du répertoire du Théâtre-Italien était constitué de ses œuvres  ! Le phénomène était

À LIRE AVANT LE SPECTACLE

Par Damien Colas

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ARGUMENT

ACT IAt the time of the Crusades, while castellans have left for the Holy Land, Lady Ragonde is the sole keeper of the castle of Formoutier, where a beautiful widow, the Countess is languishing. Count Ory, an adventurous and sensual lord, undertakes her gallant conquest with the aid of his companion Raimbaud, both disguised as priests. In the village, Ory hears confession from his page Isolier and the Countess, discovering that they love each other. While Ory’s tutor denounces him to the Countess, the upcoming return of the crusaders is announced. Ory has only a few hours left to sneak into the castle with his knights.

ACT IIBack in the castle, the Countess allows Ragonde to let in pilgrim nuns caught in a storm. Actually, it  is  Ory and his men in disguise. Under the name Sister Colette, Ory sounds the Countess’s heart. She says she despises the dissolute count. While the knights are feasting, Isolier tells the Countess that the crusaders are about to arrive. He instantly understands who the nuns are. Sister Colette entreats the Countess to receive her in her bedroom for the night. But the woman Ory is wooing in the dark is none other than Isolier, in connivance with the Countess. Unmasked by his page, Ory admits to being defeated and is allowed to escape with his men. It can be assumed that Isolier will be rewarded.

ACTE I À l’époque des croisades, alors que les châtelains sont partis pour la Terre sainte, Dame Ragonde se retrouve seule gardienne du château de Formoutier où se languit une belle veuve, la Comtesse. Le comte Ory, seigneur aventurier et sensuel, entreprend sa conquête galante avec la complicité de son compagnon Raimbaud, tous deux travestis en prêtres. Au village, Ory découvre, en les confessant, que son page Isolier et la Comtesse sont épris l’un de l’autre. Alors que le Gouverneur dénonce Ory devant La Comtesse, un courrier annonce le retour prochain des croisés. Ory n’a plus que quelques heures pour tenter de s’introduire au château avec ses chevaliers.

ACTE IIDe retour au château, la Comtesse autorise Ragonde à accuei l l i r des pèlerines surprises par l’orage. Il s’agit en fait d’Ory et de sa troupe, à nouveau travestis. Sous le nom de sœur Colette, Ory sonde le cœur de la Comtesse : celle-ci affirme son mépris pour le comte libertin. Tandis que les chevaliers ripaillent, Isolier révèle à la Comtesse l’arrivée imminente des croisés. Il comprend immédiatement qui sont véritablement les pèlerines. Sœur Colette vient prier la Comtesse de l’accueillir dans sa chambre pour la nuit. Mais la femme qu’Ory presse dans l’obscurité n’est autre qu’Isolier, avec la complicité de la Comtesse. Confondu par son page, Ory s’avoue vaincu et obtient de s’échapper avec ses hommes. On peut supposer qu’Isolier sera récompensé…

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8 9Premiers pas

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Le Comte Ory fut perçu en son temps comme une œuvre au   moins triplement surprenante : une comédie programmée dans le  temple de l’opéra sérieux, un sujet de vaudeville honoré par le plus grand compositeur de l ’époque, la   reconversion s u r p re n a n te d ’u n e   p a r t i t i o n de circonstance.

QU’EST-CE QUE CELA VOUS INSPIRE ?

Tout cela à la fois séduit, trouble et invite à une démarche paradoxale, alliant la prudence à l’audace, la délicatesse au coup de force, la  fantaisie au sérieux. Que Rossini, pour un nouveau livret, puisse reprendre une musique déjà écrite pour tout autre chose, me donne moins l’idée d’une désinvolture de sa  part que d’une conception particulière de sa musique : je me

demande si, dans un premier temps, Rossini, n’écarte pas toute approche dramatique ou psychologique : comme si d’abord lui venaient des intensités, des vitesses, des rythmes, jusqu’à la frénésie, puis la douceur, la grâce, la mélancolie, puis de nouveau la fulgurance joyeuse, cet humour musical irrésistible, ainsi de suite, tout cela allant son chemin pétillant, étourdissant, nous laissant l’impression que l’histoire, les caractères et les situations doivent suivre ce mouvement infernal plutôt que la musique épouser les contours de l’histoire et respecter sa dramaturgie. On sent Rossini absolument libre, vivant, vibrant, gai d’une gaîté très profonde, aussi profonde que peut l’être la tristesse. Je pense à ce texte de Michel Leiris où il associe Rossini à la pure et pleine expression de la soif de vivre, pas moins abyssale et métaphysique que l’œuvre d’un Beethoven.Et néanmoins, pour accrocher ce train

musical, il faut raconter l’histoire, puisqu’il y a livret, personnages, s ituations et texte. Sans el le, sans incarnation théâtrale et lyrique, nous n’aurions pas même accès à cette gaîté profonde, qui réclame des voix et des corps. Il faut trouver la bonne distance, nourrir la fable, tout en lui laissant du jeu, une part inconsciente et naïve.

L’ÉLÉMENT RELIGIEUX ORIGINEL – LE COUVENT PRIS D’ASSAUT – A DÛ POUR SATISFAIRE LA CENSURE ÊTRE ATTÉNUÉ : LES MURS SONT DEVENUS CEUX  D’UN CHÂTEAU, LES FEMMES ASSAILLIES NE SONT PLUS DES RELIGIEUSES. TANT MIEUX, OU EST-CE IMPORTANT DE REMETTRE LA RELIGION AU CENTRE DU PROPOS ?

INTENTIONSEntretien avec Denis Podalydès

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En découvrant la genèse de l’opéra, ce détail m’a effectivement frappé  : après lecture du livret de Scribe, la censure interdit qu’Ory fût un prêtre et on en fit un ermite. Je relus en imaginant un prêtre et la fable m’apparut plus intéressante sur fond religieux, strict, puritain. La Comtesse et le monde qui l’entourent sont puritains. Le plaisir est banni, le désir réfréné, réprimé. De même on avait interdit que le château de Formoutier, comme la chanson médiévale le racontait, fût un couvent. Ces retouches, destinées à ne pas heurter la morale religieuse de ces années de Restauration, m’ont

conduit à faire de la religion catholique, de ses signes, de son emprise, de sa puissance, une composante majeure de l’histoire. Avec ses obligations spirituelles, ses règles, ses usages, son langage, sa liturgie même, la religion exacerbe et flagelle le désir, l’enferme et le rend fou, c’est bien connu. Toute la littérature n’a cessé de jouer là-dessus. La fable du Comte Ory, (revenue en ces années 1820 sous forme de tube entêtant) se rattache évidemment à cette tradition libertaire qui ne croit pas à la chasteté des prêtres ni des religieuses, et qui voit dans la religion à la fois une gigantesque hypocrisie sociale et le moyen d’une prodigieuse exaltation du désir et du plaisir. Partout en Europe et depuis des siècles, Chaucer en Angleterre, Boccace en Italie, Rabelais en France, plus tard La Fontaine et tant d’autres, ont chanté la geste érotique et comique des moines paillards et des nonnes libertines. Nul besoin d’insister. Nous sommes donc en 1830, à l’époque de la création du Comte Ory, époque contemporaine aussi de la conquête de

l’Algérie, qui nous servira de toile de fond, correspondant aux croisades du livret. Il me semblait intéressant de créer la fantaisie sur un fond sérieux et même sacré. Je ne souhaitais pas un environnement, un décor, une atmosphère d’emblée festive, joyeuse, bouffonne et factice.

Il me semblait intéressant de créer la fantaisie

sur un fond sérieux et même sacré.

Le puritanisme, voilà l’ennemi réel pour

ceux qui entendent aimer et jouir, donner

aux sens une dignité et une légitimité.

Le livret repose sur une anecdote qu’on pourrait juger très mince, canaille et gauloise, si on ne la replace pas dans un contexte religieux précis. Éperdus de désir, les personnages (Ory, la Comtesse, Isolier, même le chœur dans tous ses avatars) doivent constamment le taire et le châtier. La musique pousse le double mouvement d’augmentation et de répression du désir jusqu’au paroxysme, déchaînant par cette combustion une énergie de feu. Chaque scène paraît construite sur une montée désirante, que nourrit et renforce l’interdit, jusqu’à l’explosion.

QUEL EST CET UNIVERS QUI SÉPARE DE FAÇON AUSSI RADICALE, DANS LA RÉALITÉ TANGIBLE ET SUR LE PLAN MORAL, LES FEMMES ET LES HOMMES ? À QUELS HOMMES ET À QUELLES FEMMES AVONS-NOUS AFFAIRE ?

Un monde puritain sépare inélucta-blement les hommes et les femmes, les oppose et les fait ennemis les uns des autres. Et le corps est fustigé. Dans ce monde-là, celui qui veut jouir de et dans son corps doit se cacher, se faire un masque. Le puritanisme, voilà l’ennemi réel pour ceux qui entendent aimer et jouir, donner aux sens une di-gnité et une légitimité. C’est une intui-tion que Rossini partage avec beau-coup d’autres, Stendhal notamment, héritée du XVIIIe siècle matérialiste, que la bourgeoisie royaliste réprouve et condamne, bien sûr. Et Stendhal jouit devant Rossi-ni, divinise les chanteuses, entre-tient avec cette musique un rap-port physique et pourtant sacré.

C’est un amour heureux et malheu-reux, d’une folle ardeur et voué à l’impossible, romantique, effréné, scandaleux et innocent tout à la fois.Il me semble que sous cet angle, les personnages apparaissent moins médiocres, moins ridicules qu’on pourrait le penser.

Ève-MaudHubeaux

PhilippeTalbot

Jean-Sébastien Bou LouisLangrée

Éric Ruf

Jodie Devos

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La Comtesse de Formoutier est une puritaine que sa chasteté forcée et sa culpabilité ont plongée dans la dépression. Le premier air témoigne d’une souffrance inouïe. Pourquoi ne pas la prendre au sérieux  ? Ce qui est comique, c’est qu’elle confesse sa douleur devant un faux prêtre amoureux d’elle. Le comique est dans le rapport entre les êtres et les situations, pas dans les êtres eux-mêmes. Ory libère la Comtesse de sa culpabilité de façon quasi magique. Il semble d’ailleurs exercer sur le village un attrait d’ordre miraculeux, au-delà de la simple séduction physique. Et j’aime que ce soit malgré lui, qu’il subisse ce pouvoir qu’il détient, au lieu d’en être le manipulateur conscient et malin. C’est son acolyte et âme damnée Raimbaud qui, comme un Méphistophélès, veut tirer les marrons du feu.

Ory est emmené par son désir, entièrement tourné vers la Comtesse, se désole de la savoir enfermée en son château et en elle-même, au mépris du bonheur et de sa beauté. Il est amoureux d’elle, comme Stendhal de la chanteuse Giuditta Pasta. Cet amour le conduit à toutes les audaces et les folies, alors qu’en lui-même cet amour est innocent.

Ory est un Sisyphe joyeux. Tout lui dit qu’il ne doit pas désirer la Comtesse, que le château lui est interdit. Qu’à cela ne tienne, il monte à l’assaut, déguisé en prêtre, approche l’objet aimé, il est à quelques instants de la grâce, le voilà surpris et découvert, il retombe. Il pourrait en être humilié. Point du tout. Il repart de plus belle, se travestit en religieuse, reconquiert la Bastille, approche de nouveau,

Ory est un Sisyphe joyeux.

Plus le désir est réprimé, plus il croît

et réclame sa part.

se tient tout auprès de sa maîtresse, qui est son page lui-même éperdu de désir, sa flamme est à nouveau confondue, il tombe à nouveau. Rien ne dit qu’il n’en pourrait être ainsi éternellement. Plus le désir est réprimé, plus il croît et réclame sa part.

Julie Fuchs

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Le travestissement est toujours lié au désir

de séduire et de conquérir malgré

tous les obstacles [ …]

Isolier représente l’amour courtois : l’idée la plus

épurée de l’amour tout de dévotion, de désintérêt […]

QUELLE VALEUR A LE TRAVESTISSEMENT, CEUX D’ORY, CELUI DE SES HOMMES, CELUI D’ISOLIER ? DANS CET UNIVERS, LA COMTESSE NE SE TRAVESTIT-ELLE PAS AUSSI D’UNE FAÇON OU D’UNE AUTRE ?

Le travestissement est toujours lié au désir de séduire et de conquérir malgré

tous les obstacles, et parce qu’il y a de tels obstacles que seule la ruse —

et la ruse la plus extrême — peut l’emporter. Il s’agit toujours de tromper l’autre pour le surprendre sous les traits d’un être désintéressé, au premier abord innocent, aimable et sans danger. C’est le symbole même de la séduction. C’est aussi et naturellement une profanation.La Comtesse se travestit moralement, masquant et renforçant sa dépression sous un masque de pruderie. Mais son masque est involontaire. La puissance de son désir l’effraie et lui fait recourir à cette ruse inconsciente.

Le travesti d’Isolier est d’un autre ordre puisqu’il est d’abord un choix musical formel, faire jouer un homme par une femme. C’est Rossini qui ici nous trompe et nous séduit. Isolier représente l’amour courtois : l’idée la plus épurée de l’amour tout de dévotion, de désintérêt, où le désir est escamoté en se magnifiant : c’est l’amour de loin des troubadours, soit, pour la Comtesse, une représentation idéale que son puritanisme peut considérer comme acceptable. La scène où la Comtesse se donne à lui, dans le premier acte, après qu’Ory lui enjoint d’aimer, est très étrange  : elle semble séduite par Ory, et bifurquer au dernier moment vers Isolier. De même, la scène à trois de la fin du deuxième acte, où Isolier se propose de recevoir les ardeurs d’Ory à la place de la Comtesse, est à la fois un comble d’artifice et pour la Comtesse la réalisation de son fantasme : l’amour pur et l’amour charnel réunis dans son lit.

Ci-contre maquette des costumes de la Comtesse, du Comte Ory et de Raimbaud dessinés par Monsieur Christian Lacroix.

Christian Lacroix

Gaëlle Arquez

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QUEL PARTI CHOISISSEZ-VOUS DE PRENDRE, S’IL FAUT EN PRENDRE UN : CELUI DE LA VERTUEUSE COMTESSE OU CELUI DU LIBERTIN MAIS INVENTIF ORY ?

Le seul parti que je veuille prendre est celui du désir innocent ; la Comtesse et Ory sont moins opposés qu’il n’y paraît. Ils souffrent tous deux des obstacles qu’on leur impose, du puritanisme et de la guerre (qu’Ory ne veut pas faire), de toutes les vertus que la morale officielle exalte et qui s’opposent frontalement à la réalisation de leur désir, ce qui les contraint, pour l’une, à sombrer dans la tristesse, pour l’autre, à inventer mille stratagèmes, à se faire prêtre ou religieuse. L’un  et  l’autre doivent nous charmer et nous toucher.

QU’EST-CE QU’ON MET EN SCÈNE CHEZ ROSSINI : LA MUSIQUE, LE CHANT, LES PAROLES ? QUELLES DIFFICULTÉS ET QUELS BONHEURS SPÉCIFIQUES DONNE SON THÉÂTRE MUSICAL À UN METTEUR EN SCÈNE ?

C’est la première fois que je mets en scène Rossini. Les difficultés m’apparaissent multiples et délicates, liées à ce genre de livret, où il faut donner de la consistance aux personnages et aux situations sans les alourdir ni les volontariser, trouver

la fantaisie, la libérer, sans la forcer ni la décréter, maintenir la tension de l’action alors même que la scène, par les multiples reprises, en a apparemment épuisé l’évolution. Écoutons les chanteurs et la musique jusqu’à l’obsession et l’ivresse  : ainsi les multiples reprises finiront par apparaître comme des nécessités dramatiques parce que musicales.

En s’y abandonnant plutôt qu’en cherchant à combler le vide par des gags, du sur-jeu, ou je ne sais quoi, j’ai l’impression — ou l’illusion — de comprendre ce qui pouvait autant séduire un Stendhal et inquiéter les pouvoirs publics  : Rossini célèbre, exalte et déchaîne la sensualité, les artifices, l’alcool (très belle et délicate scène de

beuverie des fausses nonnes), tout ce qui libère et qu’une société, un pouvoir, une religion, s’efforcent de contenir, de refouler, de réprimer. Les chanteurs sont les dépositaires de cette puissance subversive dont Rossini était sans doute inconscient (rien dans sa vie ne dit qu’il fût subversif, bien au contraire). C’est peut-être là qu’est la beauté de son œuvre, dans l’incarnation joyeuse, légère, involontaire, purement instrumentale et vocale, d’un gigantesque désir de liberté.

C’est peut-être là qu’est la beauté

de son œuvre, dans l’incarnation

joyeuse, légère, involontaire, purement

instrumentale et vocale, d’un

gigantesque désir de liberté.

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Jean-Sébastien Bou RAIMBAUD

Le Comte Ory est conçu comme une gigantesque farce dans laquelle

seuls Ory, la comtesse et Isolier contribuent à l’action, les autres rôles

restant périphériques et apparaissant dans la musique pour exécuter leurs

numéros. Le personnage de Raimbaud a été conçu pour recycler l’air de

Don Profondo du Voyage à Reims en faveur du baryton Henri-Bernard Dabadie : cet air présente pour moi

moins de difficultés vocales que dramaturgiques, dans la mesure où son bavardage interrompt l’action.

Moi qui suis habitué à des rôles dramatiques développés, j’affronte

le problème qui consiste à ne pas être trop présent ! Raimbaud existe pour

autant qu’il fait exister les autres, et même à travers le regard

des autres. Denis Podalydès veut heureusement donner une substance

à chaque rôle, même secondaire. Raimbaud, il le veut omniscient

et omniprésent. On ne connait pas sa position sociale à l’égard d’Ory, ils sont avant tout amis de longue

date. Raimbaud accompagne Ory comme son ombre, mais

discrètement. Jouisseur, libre et expérimenté, il assume sa légèreté

de mœurs et s’avère fin calculateur. Le public peut le voir comme

le mentor d’Ory : il a repéré les lieux et encourage un Ory encore timide

au stratagème du premier acte. qu’elle voit donc clair dans tous

ces personnages qui se donnent de l’importance. Et cependant, un peu sceptique à l’entrée du

faux prêtre, elle cède vite à son charisme et à son charme. Mon personnage se peaufinera

en interaction avec le chœur.J’aborde aussi par l’observation le rôle de la Comtesse, puisque j’en assurerai la reprise à Liège.

Le rôle est tendu et endurant mais je suis enthousiaste :

Le Comte Ory est mon Rossini préféré depuis que je l’ai

découvert avec la production du Metropolitan Opera.

Jodie Devos ALICE

Le personnage d’Alice sert

encore moins à quoi que ce soit dans Le Comte Ory, et on

ne sait rien sur la chanteuse qui l’a créé. Ma mission est pourtant

de faire exister le rôle dans le premier acte. Avec deux

phrases à chanter, le personnage est davantage théâtral que

vocal. Denis aide à composer des personnages à part entière,

qui peuvent prendre place dans cet univers dont il a une

vision très précise : chacun n’y obéit qu’à son propre désir. Nous nous sommes raconté

qu’Alice a de grandes ambitions, qu’elle vise plus loin que son village, au-delà du château,

qu’elle rêve de partir et

Ève-Maud Hubeaux DAME RAGONDE

Dame Ragonde est un personnage stéréotypé issu des contes grivois. Gardienne

du château de Formoutier, elle a été placée jeune dans

cette responsabilité qui la dépasse. Cette prude qui

se veut moralisatrice n’a ni conviction ni autorité. Comme

les autres, elle dissimule mal ses désirs, obnubilée qu’elle est par le retour de son mari. Du coup, elle est toujours la première à

se jeter dans la gueule du loup ! Le personnage pourrait ne pas

exister dans la pièce. En revanche son rôle vocal

est important, en particulier dans le finale de l’acte I et dans le duo

qui ouvre l’acte II (annonçant Béatrice et Bénédict de Berlioz).

De fait, Le Comte Ory ne réserve pas à ses personnages

une proportion de chant en rapport avec leur importance

dramaturgique, contrairement au reste de la production de

Rossini. Le rôle est aussi typique

de l’écriture tardive de Rossini, avec assez peu de fioritures vocales.

Dans le duo, Ragonde chante une partie sobre mais périlleuse, pleine de sauts d’octaves. Le rôle parcourt une large tessiture, très

grave dans le duo, assez aigu ailleurs.J’apprécie que Denis ancre l’œuvre

dans le temps de Rossini et des romantiques, qui idéalisent le Moyen

Âge tout en goûtant la grivoiserie des fabliaux. Situer l’histoire qu’on raconte dans un « ancien temps »

permet de dissimuler la charge critique du propos.

C’est ce que dévoile notre production à l’égard de l’époque de Rossini, et le même effet peut

s’opérer à l’égard de la nôtre.

PAR ORDRE D'APPARITIONLes personnages par leurs interprètes, premières répétitions

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Le Comte Ory PHILIPPE TALBOT

C’est la première fois que je chante Ory. Tel que m’invite à le voir Denis, le comte est sincèrement amoureux de la Comtesse. Qu’il se dissimule pour arriver à ses fins n’en fait ni un matamore ni le Don Juan habituel. Le personnage est assez brut dans le sens où il a une large palette d’expression, une grande richesse dans les humeurs, passant par exemple de l’abattement à l’exaltation. Pour le moment, je le trouve moins sensuel que les autres rôles rossiniens que j’ai interprétés. Jeune et naïf, entraîné par Raimbaud,

il ne cherche pas à séduire et il charme presque malgré lui : son aura le dépasse. Denis veut même qu’il soit parfois submergé par les situations qu’il a créées. C’est amusant de jouer ce rôle avec deux robes successives, celle du curé puis celle de la nonne. Avec deux costumes relativement semblables, je dois trouver deux façons de me déplacer et de me comporter, et le public doit en outre identifier tantôt Ory lui-même, tantôt le personnage pour lequel il se fait passer. Le tout en évitant non seulement la vulgarité, mais aussi la caricature et l’emphase. Vocalement, la partition est redoutable. Créé par Adolphe Nourrit, ce rôle de ténor est le plus aigu du répertoire rossinien, avec cinq contre-ut dièse dans le duo avec Isolier, un contre-ré dans l’air, des contre-ut partout… Les difficultés résident davantage dans cette tessiture élevée que dans la virtuosité requise, car il est moins vocalisant que le Lindoro de L’Italienne à Alger par exemple. Une part de son éloquence réside dans cette tessiture élevée car, au propre comme au figuré, Ory a le verbe haut !

Patrick Bolleire LE GOUVERNEUR

Mon personnage, qui n’existe pas dans le vaudeville originel, a été mis

au point par Scribe et Rossini pour le grand Prosper-Nicolas Levasseur. Ce n’est pas un personnage bouffe : loin d’être comique, son air d’entrée

exprime une profonde lassitude à l’égard du piège de sa fonction de

« gouverneur ». Comment gouverner un élève qui est aussi son maître ?

Le mot « honneur » fait vaciller sa conscience professionnelle :

l’imposture est patente ! Vocalement, le rôle est assez court :

il a un très grand air d’entrée, puis participe aux ensembles et aux

récitatifs. L’air est importé du Voyage à Reims : c’est celui de Lord Sidney.

Gaëlle Arquez ISOLIER

Isolier est un élément perturbateur et central dans la pièce, mais

son développement musical est parcimonieux car dénué d’air. À l’acte I, son duo arioso avec

le comte, moment de confession, est plein d’exultation et de

naïveté. Puis on le retrouve dans les ensembles où il double

la Comtesse, dans le haut de la tessiture pour caractériser l’attachement de l’amoureux

à sa dame. Dans le trio de l’acte II, moment de grâce au milieu

de la farce, le temps s’arrête sur la sincérité d’Isolier, le dilemme

de la Comtesse et le désir d’Ory, chacun dans son émoi.

Dans le répertoire d’une jeune mezzo, les rôles travestis sont

nombreux. Comme j’en ai moins chanté ces derniers mois, y revenir

avec Isolier est un défi : il faut renouer avec la physicalité

du jeune homme, l’enfance et la naïveté de ces personnages. C’est passionnant d’y travailler

avec Denis parce qu’il est acteur. Ce qu’il nous transmet passe moins

par le mot que par la physicalité

justement, ce qui nourrit directement

les impressions. L’Isolier auquel me conduit

Denis est presque platonique : la relation qu’il veut nouer avec

la Comtesse est idéalisée. Et c’est par la pureté de son amour

qu’il la séduit. Mais Isolier, qui porte un jugement moral sur la trivialité d’Ory, ne peut totalement résister à son influence. On le voit

donc au fil de l’œuvre prendre confiance et s’émanciper jusqu’à ce que l’élève dépasse le maître.

Il demande un grand ambitus du fa grave au

fa aigu et nécessite souplesse et élégance pour ne pas éructer

les aigus ni écraser les graves. La paternité influence sans doute

ma perception du personnage : je vois le Gouverneur plus ou moins

comme un père, qui invite son enfant à la prudence tout en le rêvant audacieux. Au lever du rideau,

il en a depuis longtemps assez de jouer au censeur. Et à l’acte II,

il se lâche et applaudit son élève. Denis éprouve beaucoup de

sympathie pour cet homme à bout de nerfs et de fatigue, à qui on n’a

pas donné les moyens de diriger son élève et qui retrouve son

souffle et sa jeunesse en cédant au charme et à l’extravagance

du charismatique Ory.

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La Comtesse JULIE FUCHS

J’ai chanté il y a deux ans l’original de mon rôle, la Comtesse de Folleville du Voyage à Reims. Mais la musique de Rossini prend le dessus sur la construction de ces deux rôles en amenant quelque chose de physique, une énergie qui surpasse la psychologie du personnage, sans empêcher cependant les émotions de s’épanouir. Rossini offre cette façon particulière d’entrer dans les personnages : la musique prévaut sur le texte, mais celui-ci sort grandi des répétitions qui nous immergent dans l’énergie musicale. Pour appréhender nos personnages, Denis nous invite à les prendre au sérieux, qu’ils soient ridicules, incohérents ou en proie à une certaine folie. La Comtesse est imprévisible et ultrasensible : il faut jouer cela avec sincérité. Quel âge a-t-elle ? De qui est-elle la veuve ? Peu importe : avec Rossini et dans le mouvement du théâtre, seul comptent l’instant, la réaction à chaud, le désir. Denis place au centre du jeu ce désir vaste et vertigineux

qui englobe tout et emporte chacun : rien de plus approprié à Rossini ! Ce rôle créé par Laure Cinti-Damoreau est un cadeau pour ma voix – et mon moral ! Il y a de tout : éclats, lyrisme, colorature, émotion… Le fait de l’aborder par son énergie musicale me donne une grande liberté vocale. Bien sûr, l’alternance de longues phrases et d’envolées

soudaines peint une psychologie tourmentée, mais sans dresser un portrait trop cadré. Et Rossini ménage à l’interprète de la Comtesse la liberté de proposer certaines variations et cadences. Je vais y travailler avec Louis Langrée : c’est encore une autre façon de m’approprier mon personnage.

Donner toute la place à la création.

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Gioachino Rossini naît en 1792 à  Pesaro, au bord de l’Adriatique, d’un père virtuose de la trompette et du cor et d’une mère cantatrice.

Il apprend la musique au gré des engagements de ses parents dans les théâtres d’Italie et compose dès 12 ans. Au Liceo Musicale de Bologne, il assimile les règles de l’art et se passionne pour Haydn et Mozart. À 18 ans, il fait des débuts remarqués à Venise avec La cambiale di matrimonio. Deux ans plus tard en 1812, il triomphe à la Scala de Milan avec La pietra del paragone. Après plusieurs opéras bouffes, farces virtuoses et délicates, son premier opera seria Tancredi, également créé à Venise, le consacre à 21 ans plus fameux compositeur d’Italie. Ce que confirment bientôt ses grandes comédies L’Italienne à Alger, Le Turc en Italie créée à Milan puis Le Barbier de Séville qui marque de brillants débuts romains en 1816. Associé au Teatro San Carlo de Naples de 1815 à 1822, Rossini donne des couleurs romantiques à l’opera seria avec

Otello, La Donna del lago, Maometto II, ainsi qu’avec Semiramide à Venise en 1823. Dans le paysage musical italien, Rossini innove par le rôle qu’il accorde à l’orchestre, étoffé et inventif, maître de l’enchaînement dramatique, et par son intransigeance à l’égard des chanteurs.

En 1822, il a épousé la grande cantatrice Isabella Colbran et séjourné à Vienne à l’invitation de Metternich, où il a composé des cantates officielles et rencontré Beethoven. En 1824, il est invité par Charles X, qui succède à Louis XVIII, à prendre la direction du Théâtre royal italien de Paris ainsi qu’à écrire l’opéra qui agrémentera son sacre  : ce sera Le Voyage à Reims. L’Opéra (Académie royale de musique) programme les  versions françaises de  plusieurs de ses ouvrages dont Le Siège de Corinthe, réécriture de Maometto II, et lui commande deux titres « originaux »,

Le Comte Ory qui réemploie largement la musique du  Voyage et surtout le  formidable Guillaume Tell d’après Schiller, qui inaugure en 1829 le succès du grand opéra romantique à la française.

Cette année-là, Rossini a 37 ans et, après une cinquantaine d’ouvrages lyriques, il annonce qu’il abandonne la composition. La révolution de 1830 lui fait perdre ses charges officielles et il se  sépare de la Colbran. En 1836, il retourne en Italie et dirige quelque temps le Liceo Musicale de Florence. De retour à Paris en 1855, il épouse la Française Olympe Pélissier et se consacre à son autre passion, la gastronomie, tout en animant un salon très prisé. Il compose encore quelques œuvres, un Stabat Mater, la Petite messe solennelle et des pièces de musiques de chambre qui paraitront sous le titre Péchés de  jeunesse, et meurt en 1868 à Passy.

GIOACHINO ROSSINI

Gioachino Rossiniportrait par Henri Grevedon, 1829,

Son premier opéra […] le consacre à 21 ans plus fameux compositeur d’Italie.

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Le regard de Berlioz

Le Comte Ory est bien certainement l’une des meilleures partitions de Rossini ;

jamais peut-être, dans aucune autre, Le Barbier seul excepté, il n’a donné carrière aussi librement à sa verve brillante et à son

esprit railleur. […] L’ouvrage a été évidemment composé avec amour ; on remarque partout un luxe de mélodies heureuses, de dessins

nouveaux, d’accompagnements, d’harmonies recherchées, de piquants effets d’orchestre, et

d’intentions dramatiques aussi pleines de raison que d’esprit. […] Que de richesses musicales dans ces deux actes ! Le duo entre le page

Isolier et l’ermite, l’air du gouverneur, le morceau d’ensemble sans accompagnement, magnifique andante d’une symphonie vocale, la stretta du final, Venez, amis, et au second acte, le chœur des femmes, Dans ce séjour ; la prière, Noble châtelaine si habilement mêlée au bruit de

l’orage, l’orgie, le duo, J’entends d’ici le bruit des armes, dont le motif principal a tant d’ampleur

et d’élan ; et enfin ce trio merveilleux, À la faveur de cette nuit obscure, le chef-d’œuvre

de Rossini, à mon sens, forment une réunion de beautés diverses qui, adroitement réparties, suffiraient au succès de deux ou trois opéras.

- Hector Berlioz - Journal des débats, 28 mai 1839

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Par Damien Colas

LE COMTE ORY LA NOUVELLE ÉDITION CRITIQUE

Avant la première exécution de la nouvelle édition critique à Zurich en 2010, avec Cecilia Bartoli dans le rôle de la comtesse, toutes les représentations du Comte Ory, y compris celles en italien, reposaient sur l’édition Troupenas. Or cette partition, publiée en 1828, année de la création de l’opéra, ne correspond pas à la version originale. La prise en compte d’un nombre croissant de sources m’a permis de constater que la partition de Troupenas intégrait l’ensemble, non négligeable, des modifications apportées à l’opéra en date de la dixième représentation. L’objectif de l’édition critique a donc été de restituer la version originale de l’oeuvre, celle que le public parisien put entendre le soir du 20 août 1828.

LES CAMPAGNES DE RÉVISION SUCCESSIVES

Les éditions Troupenas sont célèbres pour la beauté de leur gravure. Mais elles soulèvent aussi d’épineux problèmes philologiques. Pour une même œuvre, il n’est pas rare que la réduction pour piano et chant, publiée en premier, diverge de la partition d’orchestre. Charles Brauner a observé que le finale de l’acte IV de Moïse (1827), après le passage de la Mer rouge, n’est pas le même dans la réduction et dans la partition d’orchestre. Comment s’achevait l’opéra le soir de la première ? Par un cantique ? Par la reprise de la prière ? Nous le saurons prochainement, quand l’édition critique de Brauner sera publiée 1. J’ai pu constater, en

préparant l’édition critique du Siège de Corinthe (1826) 2, que la réduction pour piano présentait deux versions alternatives de l’air d’entrée de Mahomet, au lieu d’une seule dans la partition d’orchestre. Il s’avère que les deux premiers interprètes du rôle de Mahomet, Henri-Étienne Dérivis et Henri Dabadie, n’ayant pas le même type de voix, chacun des deux eut droit à un air « sur mesure » pour cette scène.Comment expl iquer de te l les incohérences ? Comme pour Le Comte Ory, les éditions Troupenas du Siège de Corinthe et de Moïse reflètent en réalité un instantané dans une série de modifications successives, et non l’état originel de la partition. Les ajustements, coupures, substitutions d’airs, changements de texte et autres insertions étaient monnaie courante

dans le système de production de l’opéra aux XVIIIe et XIXe siècles. Ces modifications pouvaient avoir lieu pendant les répétitions, avant la première, mais aussi au cours des premières représentations – sans parler des mutilations drastiques réduisant l’opéra à un condensé, quelques années après la première. Les raisons en étaient multiples, et les plus grands compositeurs de l’époque, comme Rossini ou Verdi, n’eurent d’autre choix que de s’y soumettre. Ces modifications étaient en effet imposées par la direction du théâtre, quand elles ne venaient pas de plus haut : le vicomte Sosthène de La Rochefoucauld, directeur des beaux-arts et des théâtres royaux, se vantait d’obtenir de Rossini tous les changements qu’il exigeait. Pour un compositeur, fût-il déjà célèbre, tel était le prix à payer pour travailler à l’Opéra de Paris.

L’EFFECTIF ORIGINAL DU FINALE DE L’ACTE I

Le finale de l’acte I du Comte Ory est dérivé du gran pezzo concertato à 13 voix (suivi de sa strette à 14 voix) du Viaggio a Reims. Cette prouesse d’écriture – que Scribe avait baptisée du nom étrange de « quatuordicesimo » – avait frappé les esprits. Selon Janet Johnson, l’éditrice

de cette partition, le nombre 13 n’aurait nullement été choisi au hasard, mais comme symbole de ce coup du sort qui frappe la délégation internationale lorsqu’elle apprend brutalement qu’elle doit renoncer à se rendre à Reims. Alors que le Viaggio, opéra de circonstance, avait quitté l’affiche depuis 1825, cet ensemble vocal a cappella à l’effectif inhabituel restait un objet de curiosité pour les critiques et le public, au point que le Théâtre-Italien le donnait en concert pour les grandes occasions.Rien d’étonnant que Rossini l’ait placé au cœur du Comte Ory. Or, des 13 voix solistes, il n’en reste que 7 dans l’édition Troupenas, les autres étant comme englouties dans le double chœur de la suite du comte et de la  suite de la comtesse. À première vue, le quatuordicesimo du Viaggio avait été réduit pour Le Comte Ory. Ceci explique d’ailleurs l’enthousiasme que provoqua la re-création, à l’époque moderne, du Viaggio a Reims au Festival de Pesaro en 1984. Finalement, crut-on alors, on pouvait entendre dans son effectif original cet ensemble vocal unique en son genre !Or c’est précisément l’inverse qui se produisit dans le passage du Viaggio au Comte Ory. Au lieu de réduire l’ensemble vocal, Rossini l’élargit, en conservant l’in-tégralité des 13 voix solistes, qu’il adossa

à deux choeurs, l’un masculin à 4 voix, l’autre mixte à 6 voix. De cette façon, l’en-semble se déploie dans Le Comte Ory sur 23 voix réelles. Si l’on ajoute l’orchestre, on atteint un effectif requérant 33 portées par page, inouï pour l’époque, puisqu’il se rapproche des Gurrelieder de Schönberg ou de la Symphonie des Mille de Mahler.Cet effectif grandiose explique pour-quoi l’ensemble fut noté en deux moitiés dans le manuscrit antigraphe de l’Opéra. À la page 249 du manuscrit apparaît la mention « partie vocale » du numéro 5. Cette section, de 115 pages (pp. 249-363), est suivie de la « partie instrumentale » de 141 pages (pp. 367-507). Le travail d’édition a consisté en la superposition de ces deux parties, à la manière des mises en partition des polyphonies de la Renaissance, en veillant à ce que tout se superpose bien.On ne connaît pas les raisons qui ont amené Troupenas à publier une version réduite de ce finale. S’agissait-il d’un problème technique, une mise en page de plus de 30 portées étant impensable à l’époque ? C’est possible. L’ancienne édition Schott dut recourir à trois pages successives, en format oblong, pour publier les tutti des Meistersinger de Wagner. Encore aujourd’hui, Ricordi a dû recourir à un tel pivot de pages pour publier la marche du couronnement du Prophète de Meyerbeer. Il est probable

1 Je remercie Charles Brauner de m’avoir donné accès à la préface de son édition de Moïse (à paraître chez Bärenreiter) avant la publication.2 Fondazione Rossini / Ricordi, 2017. Cette édition a été créée au Rossini Opera Festival en août 2017.

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3 La partie de soliste, à l’époque également manuscrite, et transcrite par la même équipe de copistes que la copie antigraphe.

aussi que Troupenas, en accord avec l’Opéra de Paris, ait publié une version allégée, susceptible d’être utilisée dans des théâtres – notamment ceux de province – ne disposant pas des mêmes forces que l’Opéra. Le soir de la première, sans doute pour attirer l’attention sur le caractère exceptionnel de la distribution, l’administration de l’Opéra envisagea une double direction : l’orchestre était dirigé par Habeneck au violon, tandis que les choeurs et solistes étaient dirigés par Hérold. Nous ne saurons jamais quels

que 56 mesures quand celui du Barbier en compte quand même 80 – avait déconcerté le public. De plus, l’édition Troupenas ne coïncidait pas avec le livret de la première représentation, publié chez Roullet. Ce livret contient une strophe pour Dame Ragonde, absente de la partition :

Ragonde, à son mariSeules, dans ce séjour, nous vivions d’espérance,Attendant le retour de nos preux chevaliers !Et nous n’avons reçu, pendant cinq ans d’absence,Aucun homme en ces lieux.

Isolier, aux marisVous êtes les premiers.

Cette dernière déclaration de Ragonde, sur laquelle renchérit Isolier, est d’une rare maladresse et sonne presque comme un piteux aveu. Avait-elle bien besoin d’attirer l’attention sur ce point ! Mais la gaffe est adroitement sauvée par la reprise du chant trépidant en l’honneur des soldats victorieux. Cet épisode assez cocasse correspondait-il à une section que

Rossini n’avait pas mise en musique, ou bien à une partie originellement mise en musique mais coupée par la suite ?

En travaillant sur la particelle d’Isolier  3, j’y ai constaté l’indication d’une pause de 69 mesures. Impossible dans une pièce de 56 mesures ! Une seule explication s’imposait : le numéro était plus long à l’origine. S’entrouvrait alors la perspective de découvrir davantage de musique de Rossini… À l’endroit correspondant aux 69 mesures de pause pour la partie d’Isolier se trouvaient, dans les autres particelles du matériel d’orchestre, des coutures de pages, des coupures, ou bien encore des collettes. Grâce à l’atelier de restauration de la Bibliothèque nationale de France, les pages cousues ont pu être ouvertes, et j’ai de cette manière été en mesure de récupérer environ 80 % de la partition d’une version de 129 mesures. (Le finale II était peut-être à l’origine encore plus long, mais cette version première n’a pas été reconstructible avec les sources dont nous disposons aujourd’hui). Pour les parties lacunaires, j’ai reconstruit l’orchestration sur la base des reprises et répétitions –

travail toujours délicat chez Rossini car les répétitions sont rarement identiques et font très souvent l’objet de petites variations, qui rendent la musique vivante.

Le finale de l’acte II ainsi reconstruit se présente, comme dans beaucoup de comédies de Rossini, sous forme de vaudeville : le choeur dialogue avec les solistes par couplets alternés. Ici, le couplet principal est bien sûr celui de Ragonde, ce qui achève de faire de ce personnage-clef l’un des rôles les plus comiques de l ’opéra. L’alternance du choeur et des solos rappelle enfin la chanson à boire : la boucle est ainsi bouclée, puisque toute l ’histoire du Comte Ory commence avec celle d’une chanson populaire, qui jouit tout au long du XIXe siècle d’une immense popularité, aussi bien sur la scène de l’Opéra, grâce à Rossini, que dans les goguettes et cafés chantants de Paris.

COMTE ORY (Troupenas)

La comtesseIsolierAliceRagondeLe comteRaimbaudLe gouverneurChoeur du comte, Choeur de la comtesse [Dessus I, II,Ténors I, II,Basses I, II]

IL VIAGGIO A REIMS

Madama CorteseContessaCorinnaMelibeaDeliaModestinaConteCavaliereZefirinoBaroneDon AlvaroLord SidneyDon ProfondoDon Prudenzio

COMTE ORY (édition critique)

La comtesseIsolierAliceRagonde2 Coryphées [Dessus I, II]Le comteGérardMainfroy2 Coryphées [Basse I, II]RaimbaudLe gouverneurChoeur du comte [Ténors, Basses]Chœur de la comtesse [Dessus, Ténors, Basses]

furent les avantages de cette double direction assez improbable. Toujours est-il que l’Opéra décida, au bout de quelques représentations, de revenir à la direction traditionnelle.

LA LONGUEUR ORIGINALE DU FINALE DE L'ACTE II

Le finale de l’acte II devait réserver une surprise encore plus grande. Il était connu depuis longtemps que l’extrême brièveté du finale II – qui ne comptait

DAMIEN COLAS

Musicologue, il est directeur de recherche au CNRS (Institut de recherche en musicologie). Son édition critique du Comte Ory chez Bärenreiter a reçu le prix de "Beste Edition" du Deutscher Verleger-Verband en 2015. Il a achevé en 2017 l’édition critique du Siège de Corinthe.

FINALE DE L'ACTE I

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QUELLE EST LA NOTORIÉTÉ DE SCRIBE EN 1828 ?

En 1828, Eugène Scribe n’était certes plus un inconnu parmi les librettistes français, mais cette année n’en constitue pas moins une étape importante pour lui. D’une part, c’est le moment où commença à paraître la première édition de ses œuvres en 10 volumes. Puis, pour la première fois, il signa deux œuvres à  l’Opéra, respectivement comme auteur et coauteur, se présentant comme garant d’une dramaturgie à succès captivante : il s’agit de La Muette de Portici pour Daniel-François-Esprit Auber et du Comte Ory pour le plus célèbre des compositeurs italiens.Cela n’était ni le fruit du hasard ni de la chance pure. Au contraire, dès le départ, Scribe avait visé un but précis en tant qu’auteur dramatique et organisé son travail de façon très

serrée. En 1810, avec une fougue d’étudiant, il avait commencé à écrire pour le genre populaire du vaudeville, auquel il devait rester fidèle toute sa vie – il allait régulièrement y remporter de grands succès. Dans la mesure où ce genre comprend des airs et des petits numéros musicaux, la voie était toute tracée pour le théâtre musical, et d’abord l’opéra-comique avec ses numéros musicaux et ses dialogues parlés. Ce n’était donc pas fondamentalement une orientation nouvelle lorsque Scribe l’aborda en 1812. En 1825, il fêta son premier grand succès commun avec Auber – avec qui il avait noué une collaboration amicale qui allait durer jusqu’à la fin de sa vie : leur Maçon est un sombre drame d’enlèvement où deux otages sont contraints de bâtir un cachot. La même année, Scribe offrit avec le livret de La Dame blanche le plus grand succès de sa vie à un Boieldieu vieillissant.

En 1828, Scribe, à moins de 30 ans, était parvenu au sommet d’une carrière qui aurait suffi à la gloire de tout librettiste « normal ». Ce ne devait être que le  premier point culminant de la vie d’un génie théâtral unique et exceptionnel à tous égards. Le théâtre français des années 1830-1850 est inimaginable sans lui – avec les triomphes durables de Fra Diavolo (1830), Robert le diable (1831), Gustave III (1833), La Juive (1835), Les Huguenots (1836), Le Domino noir (1837).

QUEL COLLABORATEUR ÉTAIT SCRIBE POUR LES COMPOSITEURS ?

Certes, Scribe planifiait et poursuivait de façon claire les buts qu’ i l s’était fixés, allant de l’artistique jusqu’à l’économique. Mais pour la  collaboration avec d’autres

collègues et avec les compositeurs, il admettait différents modes de travail – bien entendu en fonction de la notoriété des uns et des autres. Avec la célébrité du compositeur croissait aussi la propension de Scribe à accepter ses souhaits particuliers.Ainsi l’étendue du possible allait de la  mise à disposition d’un livret ancien à un inconnu jusqu’aux réécritures nombreuses et fastidieuses de   L’Afr ica ine pour Giacomo Meyerbeer qui s’étendirent de 1837, avec des interruptions, jusqu’à la  mort de Scribe en 1861. Tandis qu’à cette occasion Scribe – comme pour Les Huguenots et Le Prophète - se soumit entièrement aux désirs et propositions de Meyerbeer, la correspondance avec son ami Auber démontre une relation équilibrée où Scribe réagissait aux idées d’Auber, mais les développait selon ses propres conceptions.

Lorsque Scribe pensait tenir une idée d ra m at i q u e p a r t i c u l i è re m e nt prometteuse, c’est lui qui cherchait de façon ciblée un compositeur aussi célèbre que possible. Ainsi pour sa Belle Juive qui devint La Juive  : dès 1826, il  en avait noté l’idée  ; en 1833   espéra éveiller l’intérêt de Meyerbeer à qui il fit parvenir un projet développé. C’est seulement quand celui-ci ne réagit pas qu’Halévy – qui de son côté cherchait un librettiste connu afin de réussir enfin à l’Opéra – entra en lice.

COMMENT SCRIBE EST-IL PARVENU À ÉCRIRE LE COMTE ORY POUR UNE MUSIQUE EN PARTIE PRÉEXISTANTE ? Certes, au premier abord il paraît surprenant que Scribe, qui n’était plus un inconnu, ait accepté la charge

ingrate et difficile non pas d’écrire un nouveau livret, mais d’en arranger pour ainsi dire un pour une musique préexistante. En même temps, Scribe se compliqua le travail en se basant sur son propre vaudeville Le Comte Ory (1816) pour l’adapter. Ce qui était un coup publicitaire pour la direction de l’Opéra – associer le célèbre Rossini à la jeune star Scribe – représentait pour ce dernier un grand honneur et un challenge, mais avant tout la  possibilité – et elle allait rester unique dans sa vie – de paraître en public aux côtés de Rossini.Le travail pour Le Comte Ory s’avéra finalement trop long et fastidieux pour Scribe qui travaillait vite. Il chercha donc deux collaborateurs : probablement le chanteur Adolphe Nourrit (qui allait chanter le rôle-titre) et le poète Ballocchi, qui fit en tout cas une traduction française métriquement fidèle du livret italien.

DANS L’ATELIER DU LIBRETTISTE

Entretien avec Manuela Jahrmärker

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MANUELA JAHRMÄRKER

Elle est professeure à l’université de Bayreuth et spécialiste de l’opéra et du ballet en France au XIXe siècle, ainsi que de Scribe librettiste dont elle a étudié la production et le processus de travail, dans un ouvarge paru en 2015 (Die Libretto und Opernwerkstatt Eugène Scribe, Wurzburg, Königshausen & Neumann).

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QU’EST-CE QUI CARACTÉRISE LE PLUS L’ART DE SCRIBE : DES INTRIGUES PARFAITEMENT FICELÉES ? DES PERSONNAGES BIEN CARACTÉRISÉS ? SON ART DU DIALOGUE ? DES VERS ADAPTÉS À LA MUSIQUE ?

Scribe n’est pas considéré comme le   gardien, mais bien au contraire comme le destructeur de l’élégant drame en vers français  ! Il n’est pas non plus l’auteur de personnages au caractère incisif. Dans ses projets (tardifs), il y a beaucoup de modifications, mais aucune qui vise à l’élaboration poussée d’un personnage. Scribe était plutôt un esprit pétillant d’idées dramatiques, qui s’intéressait aux intrigues peaufinées dans le moindre détail et aux actions qui allaient se dérouler sur la scène. Il savait aménager l’action de telle façon qu’à partir d’une réserve assez large de motifs, petit à petit se développe une tension, que tantôt il retarde et tantôt il intensifie, et qui augmente d’acte en acte pour atteindre son point culminant seulement à la fin, généralement avec un coup de théâtre. Il y réussit notamment grâce à

des dialogues habilement dirigés. Le lecteur et l’auditeur constatent souvent avec étonnement quels détails, exposés élégamment comme en passant, finissent par acquérir plus tard un poids déterminant. C’est la technique dramatique que Scribe développa pour parvenir à un déroulement captivant de l’action, dont il se servit également dans ses nouvelles et romans, et qui est associée aujourd’hui à la notion de « pièce bien faite ».

COMMENT SCRIBE UTILISAIT-IL LES SUJETS HISTORIQUES EN TANT QUE MATÉRIAUX DRAMATIQUES ?

Les sujets historiques faisaient partie de la réserve de sujets disponibles pour tout librettiste, donc également pour Scribe, surtout depuis que Victor Hugo, dans sa préface au drame Cromwell (1828), caractérisa la « couleur locale » et la « couleur des temps » ou « historique » comme les traits fondamentaux du drame moderne. Sur les scènes parisiennes, qui se livraient une concurrence acharnée y compris dans les décors et costumes, les sujets historiques garantissaient l’attractivité visuelle.

Leur pertinence dramaturgique est en revanche très variable. Habituellement , un événement historique réel ne constitue que l’arrière-plan d’une action d’ordre privé, entièrement ou presque entièrement librement inventée, comme dans La Muette de Portici ou Gustave III, ou de façon quasi exemplaire dans la célèbre comédie Le Verre d’eau (1840). S’en différencient des œuvres où les personnages émergents ne sont plus les moteurs d’une action historiquement connue mais se trouvent entraînés, comme dans Les Huguenots, dans une action dictée par la foule et le peuple. Le Comte Ory pour sa part n’a que la couleur historique du Moyen-âge, qui sert surtout une cause dramaturgique : les croisades offrent une raison plausible pour que les femmes se trouvent exposées sans protection masculine.

POUVEZ-VOUS PARLER DE SON HABILETÉ À UTILISER LES SUJETS RELIGIEUX ? PAR AILLEURS FAIT-IL DANS SES LIVRETS UN USAGE SPÉCIFIQUE DU TRAVESTISSEMENT COMME RESSORT DRAMATIQUE ?

Dans le cas du Comte Ory on ne peut pas séparer les deux questions. Car  ici ce ne sont pas la religion ou une question religieuse qui se trouvent au centre, à l’instar du conflit religieux qui donne naissance à un  conflit de conscience dans La Juive, ou de l’hostilité entre Catholiques et Huguenots qui fait éclater la violence dans Les Huguenots ; bien au contraire, on n’utilise que des motifs du domaine religieux. Si on part du motif du travestissement, qui constitue avec le motif de la méprise une source d’impulsion dramatique fréquente pour Scribe dans ses « pièces bien faites », il s’agit ici d’un cas particulier. Car la connexion entre le travestissement et le religieux – due à la source d’inspiration, une romance de Pierre-Antoine de La Place de 1785 – fait naître quelque chose d’extrêmement croustillant. Par là le Comte Ory dépasse de loin par exemple l’apparition de sœur Angèle comme domino noir lors d’un bal masqué (Le Domino noir, 1837). Cependant le travestissement du Comte Ory en ermite ne fut autorisé qu’à une condition  : « L’habit n’aura point de capuchon ni aucun caractère ecclésiastique ».

LES PERSONNAGES DU COMTE ORY RAPPELLENT-ILS D’AUTRES PERSONNAGES CRÉÉS PAR SCRIBE ?

Absolument ! Il faudrait évidemment faire une recherche systématique, particulièrement dans le domaine du vaudeville. Mais pour le personnage d’Ory, on pense d’emblée aux deux grands charlatans de Scribe  : Cagliostro dans l’opéra-comique éponyme (1844, Adam) et surtout Fontanarosa dans Le Philtre (Auber, 1831) – qu’on connaît à travers l’opéra de Donizetti L’Elisir d’amore qui suit de très près le livret de Scribe. De même que Fontanarose/Dulcamara promet allègrement à Guillaume / Nemorino que son philtre d’amour jettera Térézine / Adina dans ses bras, le Comte Ory promet avec le plus grand aplomb à l’un une épouse sage, à l’autre le mariage, à Ragonde le retour de son mari, et incite Adèle à guérir son chagrin par un nouvel amour. On peut trouver des correspondances entre les œuvres jusque dans la constellation des personnages et la manière dont la foule s’attroupe pleine d’admiration autour du thaumaturge.

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COMMENT EXPLIQUER LE SUCCÈS DU MOYEN ÂGE DANS LA SOCIÉTÉ

DE LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XIXe SIÈCLE ?

L’intérêt porté au Moyen Âge pendant cette période de la Restauration n’est pas nouveau . En dép i t de l’association communément établie entre Romantisme et redécouverte du Moyen Âge, cette dernière date en France de la seconde moitié du XVIIIe  siècle  : elle est alors le fait de  l’Académie des inscriptions et belles-lettres, de  l’historien Jean-Baptiste de  La  Curne de Sainte-Palaye ou encore de certaines collections de popularisation telles que la Bibliothèque bleue. Mais c’est bien à partir du Premier Empire que le goût médiévaliste s’intensifie et se diffuse

dans la société. Et c’est au XIXe siècle que l’on doit la réévaluation positive du Moyen Âge.Je mentionnerais deux facteurs principaux concernant les années 1820-1830. Tout d’abord, depuis la  Révolution Française, la France est en plein bouleversement, les régimes politiques s’y étant succédé très rapidement. Du côté des dirigeants – et en particulier des Bourbon, de retour au pouvoir en 1815 –, cela suscite un  fort besoin de légitimation. À cette fin, puiser dans l’histoire de France pour chercher des prédécesseurs et / ou suggérer une continuité peut s’avérer stratégique. De plus, l’heure est à  l’éclosion des nationalismes en Europe : même si l’enjeu en France est moindre qu’en terres italiennes ou allemandes, la découverte des antiquités nationales présente une dimension patriotique.

Surtout, dans les années 1820-1830, la littérature ouvre la voie à l’histoire : l’Europe – la société comme les historiens – est en proie à la « scottomania », ou « folie Walter Scott ». Le célèbre romancier écossais situe en effet nombre de ses romans au Moyen Âge (Ivanhoe, mais aussi Quentin Durward, ou The Talisman, par exemple). Son succès fulgurant provient d’un style novateur, à la fois très documenté et parsemé de détails pittoresques dont émane la couleur locale médiévaliste.

Puiser dans l’histoire de France pour chercher

des prédécesseurs et / ou suggérer une continuité

peut s’avérer stratégique.

LE MOYEN ÂGE DES ROMANTIQUES

Entretien avec Marie-Anne Maršálekˇ

Maquettes des costumes de la création à l’Opéra le 20 août 1828 : le Gouverneur, le comte Ory en nonne et Ragonde (acte II)

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médiévaliste sur les scènes lyriques, ce qu’atteste la presse de l’époque. Sur la scène de l’Opéra-Comique, c’est de cette pièce et de nulle autre que l’on se réclame alors pour « écrire médiévaliste » ; c’est à elle que l’on emprunte certaines idées pour adresser au public le clin d’œil rassurant d’un « vous êtes bien au Moyen Âge ». En d’autres termes, librettistes et compositeurs se tournent volontiers vers cette valeur sûre pour éveiller des réminiscences. On peut donner l’exemple des multiples variations imaginées à partir de la romance archaïsante du troubadour Blondel « Une fièvre brûlante », l’un des passages-phares de Richard Cœur de lion – l’interprétation de cette romance est au 2e acte le moyen que trouve Blondel pour localiser où est détenu le roi Richard et communiquer avec lui.

QUEL INTÉRÊT PRÉSENTE AU THÉÂTRE LYRIQUE UN SUJET MÉDIÉVAL EN TERMES DE COULEURS, DE FORMES ET DE MOTIFS ?

L’emploi du terme de « motif » est très juste dans la mesure où une imagerie stable, tant littéraire que visuelle et sonore, se dégage de l’ensemble des opéras-comiques médiévalistes datés des années 1810-1830. Les intrigues ancrées dans les siècles de chevalerie ne se suivent pas simplement mais se ressemblent du fait de leur socle commun de références et de motifs.Pour le décorateur, les ingrédients sont vite trouvés : les décors d’extérieur comme d’intérieur doivent être « gothiques », terme récurrent dans les livrets. Un décor gothique d’extérieur implique que figure, à l’arrière-fond, un château fort stylisé comportant le plus souvent un pont-levis – par où passerait sinon le troubadour égaré  ? – et des tourelles. Quant au décor gothique d’intérieur, il suppose un  certain raffinement et le recours à  trois ingrédients caractéristiques  : des ogives, des vitraux, des lambris. En termes de costumes, voici les attributs vestimentaires typiques des scènes parisiennes : les souliers à la poulaine, les surcots, les manches à la Maheustre, les

brassards, les cuissards, la cotte de maille, le hennin et le heaume. Le troubadour, personnage récurrent, se caractérise par son instrument de musique factice, le port de couleurs vives (le jaune en particulier), la tunique, le collant et les bottes.Les motifs musicaux sont tellement récurrents que l’on peut identifier une «  bande-son» propre aux partitions médiévalistes, similaire d’ailleurs à celle que les écrivains intègrent à leurs romans médiévalistes. La musique ancienne, tout juste redécouverte, n’est pas le référent des compositeurs dans les années 1810-1820. On emploie des codes « préfabriqués  », comme la  romance chantée par un personnage, souvent accompagné par son luth (joué en réalité par la harpe moderne ou les cordes en pizzicati) ou sa musette (devenue hautbois). Certaines ponctuations luthées et cuivrées remplissent la même fonction de clin d’œil médiévaliste : elles reviennent quasiment dans chaque ouverture, moment de l’opéra censé, depuis le  XVIIIe  siècle, en annoncer la couleur.

À partir des années 1820, on attend des  historiens une écriture aussi véridique que teintée de couleur locale, ce en quoi Jules Michelet, notamment, excelle.

COMMENT SE MATÉRIALISE CE GOÛT DU MOYEN ÂGE ?

Le médiévalisme se manifeste partout dans le Paris des années 1820-1830  ! Et  cela, au sens propre du  terme puisque même la mode de ce temps en témoigne : les « manches à la Maheustre » (comparables à des ailes) ou les « toques à créneaux » ne sont pas seulement des accessoires scéniques, elles font aussi partie de la garde-robe des Parisiens. Mais  les  manifestations de ce goût s’avèrent extrêmement polymorphes. Certaines réalisations démesurées attestent, dans l’Europe des années 1820-1830, la folie médiévaliste d’alors : la coutume du tournoi fait ainsi l’objet de mises en scène grandeur nature, de l’Allemagne à l’Italie en passant par

l’Angleterre. En France, l’ouverture à Paris en 1795 du premier musée consacré en partie aux collections médiévales françaises, institution pionnière en Europe, est extrêmement significative. On assiste également à l’essor d’ouvrages érudits illustrés consacrés aux « antiquités nationales ». Dans les arts, la peinture est précurseuse dans sa rencontre avec l’histoire en général. De nombreux genres littéraires et scéniques sont également atteints par le virus médiévaliste, s’appropriant cette mode selon les impératifs qui leur sont propres : le roman historique bien sûr – mentionnons le « Walter Scott français », le Vicomte d’Arlincourt –, mais aussi la tragédie historique (pionnière en la matière), le mélodrame ou encore la romance de salon.

LE SUCCÈS DE L’OPÉRA-COMIQUE RICHARD CŒUR DE LION DE GRÉTRY EN 1784 A-T-IL JOUÉ UN RÔLE PARTICULIER DANS

LA MULTIPLICATION DES SUJETS MÉDIÉVAUX SUR LES SCÈNES LYRIQUES ?

Tout à fait ! En réalité, et cela est paradoxal, l’association du médiévalisme et de l’art lyrique s’avère relativement tardif. Cela peut étonner aujourd’hui, mais on a longtemps jugé qu’un sujet médiévaliste dépourvu d’ingrédients féériques et merveilleux ne serait pas bienvenu sur les scènes lyriques. À cela, les contemporains proposent au moins deux explications : les librettistes seraient moins cultivés que les auteurs dramatiques et ne détiendraient donc pas les  ressources documentaires pour élaborer de tels sujets ; combiner les  contraintes et conventions des genres lyriques (la vocalité, en premier lieu) et celles de la représentation de l’histoire (des personnages sérieux, la vraisemblance) serait impossible, car ridicule.Le Richard Cœur de lion de Grétry sur un livret de Michel Sedaine joue un rôle déterminant dans la légitimation du goût

Dans les arts, la peinture est précurseuse dans sa rencontre avec l’histoire en général.

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La figure de Rossini a profondément marqué Paris. Le compositeur y a vécu durant deux grands séjours, l ’un sous la Restauration et la monarchie de Juillet, de 1823 à 1836, l’autre sous le Second Empire, de 1855 à sa mort en 1868, ce qui fait plus de vingt-six ans. Rossini a entretenu une relation privilégiée avec cette ville où il a rencontré le succès, les honneurs et la richesse. Quand il s’installe en 1823, «  il s’est produit un phénomène d’une ampleur imprévue  » selon Damien Colas. La presse d’alors relate une fièvre rossinienne, une rossinomanie, une « rossinite aiguë »  : Patrick Barbier parle de « phénomène médiatique ».

Après la Révolution et les années de l’Empire, la Restauration représente pour la haute société parisienne

un  retour à une vie plus facile et légère, avec un véritable désir de fête, une soif de spectacles. Le goût pour le chant, qui prend un nouvel essor, ne correspond plus uniquement à une société d’élite. Le public musical croît de façon exponentielle dans presque toutes les classes de la société. C’est la vogue des leçons de piano, des soirées musicales.

Le cœur culturel de la capitale est concentré sur un kilomètre carré  : les fameux « grands boulevards », entre la rue de Richelieu et le boulevard des Italiens. C’est là que vivent presque tous les chanteurs et les compositeurs – Rossini concentre ses habitations entre la rue Montmartre et la place de la Madeleine. On aime se montrer au théâtre, se quereller sur les mérites respectifs de l’Opéra et du Théâtre-

Italien, placer Rossini ou Meyerbeer au centre des conversations. Ce sont les nouveaux rituels du Tout-Paris. Le terme de « mélomanie » entre d’ailleurs en usage aux alentours de 1830.

Le phénomène musical résonne dans la  littérature  : Chateaubriand, Stendhal, Hugo, Gautier, Sand ou Balzac ménagent une forte présence de cet art dans leurs œuvres, du point de vue du style comme du genre.

LE « ROSSINISME » ET LA VIE PARISIENNE

Par Catherine Menciassi-Authier

On aime se montrer au théâtre, se quereller

sur les mérites respectifs de l’Opéra et du Théâtre-

Italien, placer Rossini ou Meyerbeer au centre

des conversations.

J’élargirais ma réponse aux motifs de  livret. La plupart des intrigues intègrent ainsi certains prénoms médiévalistes typiques (Adèle, Louis, Raimbaud, etc.). En outre, le personnage du troubadour est un repère presque indispensable à la lisibilité du Moyen Âge d’opéra. Autour de lui, d’autres motifs narratifs se sédimentent : la romance, la formule « de château en château », l’évocation de la Provence et le recours à la musique comme à une arme.

PEUT-ON PARLER D’UN STYLE TROUBADOUR OU D’UN PITTORESQUE SPÉCIFIQUE ?

Le « style troubadour » concerne moins le théâtre lyrique que les arts figuratifs et la littérature, sous la Révolution française et l’Empire. Il désigne alors un mélange d’érudition, d’évocation mélancolique du passé et de recherche de dépaysement historique. Par ailleurs, il renvoie moins à l’époque des troubadours que plus généralement à une inspiration « non

classique ». Le terme «   pittoresque » me  paraît plus adéquat, déjà parce qu’il est employé méliorativement par la  presse de  l’époque à propos de certains opéras-comiques médiévalistes. C’est l’un des dérivés de la « couleur locale », concept issu des arts figuratifs qui fait alors son incursion dans la critique musicale. Dans les années 1820-1830, l’impératif de couleur locale l’emporte d’ailleurs sur celui d’authenticité historique sur les scènes lyriques, car la sédimentation de codes permet la mise en application d’un « principe de convenance » entre l’esthétique scénique et la localité de référence, le Moyen Âge.

MARIE-ANNE MARŠÁLEK

Ancienne élève de l'École Normale Supérieure (Ulm) et du CNSMDP, agrégée d'Éducation musicale, Marie-Anne Maršálek est l'autrice d'une récente thèse consacrée à la réinvention du Moyen Âge sur les scènes lyriques parisiennes entre 1810 et 1830.

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Maquettes des costumes de la création à l’Opéra le 20 août 1828 : le comte Ory au civil ; Isolier et le comte Ory en ermite (acte I)

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C’est aussi l’apparition de la critique musicale et l’époque de la production intensive de livrets. Dans ce cadre artistique florissant, Paris accueille de nombreux étrangers qui viennent « fortifier leurs idéaux de liberté » (Joël-Marie Fauquet). « Cette monstrueuse merveille », selon Balzac, est la capitale européenne voire mondiale de la culture, l’arbitre des élégances et du bon goût, vers laquelle convergent les ambitions. La capitale est un « creuset cosmopolite qui accueille les génies venus d’ailleurs  » (Stella Rollet). On distingue une première vague de migrations de musiciens étrangers, notamment italiens, comme Cherubini et Spontini, et une seconde, plus prestigieuse encore, qui voit l’arrivée de Rossini, Bellini, Paganini, Meyerbeer, Donizetti, mais aussi Liszt et Chopin, avant la venue de Wagner, Offenbach, ou Verdi en 1849. Donizetti s’enchante  : « Paris est une grande ville. Les artistes y sont honorés, respectés, et sont partout

bien acceptés ». Pour Berlioz, « à Paris, l’on a  tout en matière d’opéra  ». Chopin confie  : «  Je suis content de ce que j’ai trouvé dans cette ville  : […] les premiers musiciens et le premier Opéra du monde […] ; c’est ici seulement qu’on peut savoir ce que c’est que le chant ».

Quand Rossini arrive en novembre 1823, il est déjà célèbre. Avec plus de  trente opéras écrits en moins de  quinze ans, nombre de ses chefs-d’œuvre ont été applaudis dans la ville  : pas moins de  douze au  Théâtre-Italien, dont quatre en 1822. Sa musique s’est aussi répandue grâce à l’importation de  partitions venues d’Italie et à travers certaines publications parisiennes. L’édition musicale est en plein essor. Ainsi, la cavatine Di tanti Palpiti de Tancredi de Rossini, sans doute le morceau le plus célèbre en Europe, parvient à Paris à peine un an après la création vénitienne de l’ouvrage, en 1814.

Le Théâtre-Italien, dont il prend la direction en 1824, est une enclave italienne au cœur de Paris. Au sein de son public, les dilettantes sont des acteurs importants du  rossinisme. Participe présent de dilettare , «  délecter  », le  terme dilettante d é s ig n e d ’a b o rd u n a m ate u r de  musique italienne, puis plus largement un amateur d’art, un homme de goût . En 1821 , Cast i l -Blaze précise  :  « Un dilettante se prend de belle passion pour un compositeur et ne trouve rien de beau que la musique de son auteur favori ». En 1824, Berlioz affine le type : «  homme de bonne compagnie qui doit sans cesse parler musique, et surtout ne pas avoir le sens commun quand il parle », « homme aux idées préconçues, qui ne vit que pour entendre et disserter sur la musique dans un monde clos régi par la mode ». En 1821 a débuté une période où Rossini mobilise les attentions. Au Théâtre - I t a l ien , on par le de « population rossinienne ». On peut

lire en 1823 dans le journal Le Diable Boiteux  : « On prétend, mais nous ne garantissons pas le fait, que deux Rossinistes ont été trouvés, gelés, à quatre heures du matin, dans la rue Rameau  : leurs mains étaient encore jointes, et ils avaient la bouche ouverte pour crier bravo. » On compte parmi eux le jeune Stendhal à qui les musicologues reconnaissent aujourd’hui des qualités indéniables de critique musical.

Le caractère italien de sa musique explique pour une large part la fureur rossinienne. Même s’il doit beaucoup à la musique allemande et à l’étude de Mozart – la discipline, le soin, la consistance, dans une pleine assimilation de la musique allemande contemporaine – Rossini a véhiculé une image mythique de l’Italie avec les clichés que cela implique  : l’insouciance, la légèreté, la fantaisie, un aspect ensoleillé et généreux dans ses mélodies. Sa musique reste en effet toujours relativement gaie, le compositeur rapprochant l’opera seria

de l’opera buffa, effaçant la frontière entre les genres. La musique de Rossini, c’est aussi le bel canto, «  le beau chant  », une expression apparue en France dans les années 1820-1830. Cet art devient alors extrêmement populaire, les Français découvrant ces trésors d’ornementation et de virtuosité dont ils avaient été privés auparavant. L’ensemble crée une musique jubilatoire, enivrante, qui déclenche une certaine frénésie chez ses auditeurs. Elle répond au besoin de détente et d’idéal de plaisir de la société. C’est aussi la mode de la gastronomie italienne, l’envie de porter des chapeaux de paille, etc. Les Parisiens se passionnent pour la langue, son charme, sa musicalité : la presse voit fleurir les petites annonces de cours particuliers. Là encore, on ne compte plus les sujets historiques comme les récits de voyage dans la littérature, chez Chateaubriand et Mme de Staël, Stendhal, Lamartine, Sand ou Musset.

Mais Rossini déclenche aussi les foudres. Controverses, querelles et polémiques se multiplient autour de son succès. Selon Damien Colas, «  aucun autre compositeur du XIXe siècle, pas même Wagner, ne sera autant adoré et fêté ou, au contraire, vilipendé par ses détracteurs ». La musique est en effet l’un des grands enjeux culturels du nationalisme et la susceptibilité est très forte. On retrouve les partisans de la grande école française à l’Opéra et à  l’Opéra-Comique. Jean-Marie Bruson expl ique   : «   un  anti -rossinisme très actif se constitue, composé essentiellement

Ainsi, la cavatine Di tanti Palpiti de Tancredi de Rossini, sans doute le morceau le plus célèbre en Europe, parvient à Paris à peine un an après la création vénitienne de l’ouvrage, en 1814.

Mais Rossini déclenche aussi les foudres.

Controverses, querelles et polémiques

se multiplient autour de son succès.

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de nationalistes et de traditionalistes ». Que reprochent-i ls à Rossini   ? Une  musique facile et charmeuse, au caractère superficiel ou commercial, en opposition à « l’harmonie allemande », la musique savante par excellence, véritable topos de l’époque. Rossini exploiterait le filon du crescendo, des artifices vocaux, de l’orchestration bruyante et puissante, porteuse d’émotion. Il est appelé «  Monsieur Crescendo » ou « Il Signor vacarmini ». La critique la plus courante est en effet que Rossini aime faire du bruit.

Dans sa Vie de Rossini, publiée en 1823, Stendhal décrit un personnage extrêmement doué mais insouciant, insolent de paresse. Sans l’avoir véritablement connu, Stendhal a  fortement contribué à construire l’image d’un Rossini jovial et désinvolte. Son personnage de fêtes, à la répartie vive et acérée, repris par les biographes de Ross in i , contraste avec la représentation habituelle du génie

romantique en souffrance. Or Rossini reste, faute de sources suffisantes, un homme énigmatique, qui se serait prêté au jeu en devenant l’archétype du compositeur italien à Paris, créant sans difficulté. Plusieurs épisodes de sa vie dénotent pourtant une personnalité plus complexe, en particulier ce que les historiens appellent «  le grand renoncement » : après l’immense succès de Guillaume Tell en 1829, un an après Le Comte Ory, Rossini cesse de composer. Il n’a que trente-sept ans  : c’est une retraite définitive avec quarante années de  silence quasi complet à venir. Est-ce pour finir sa carrière en beauté  ? Aurait-il été conscient d’incarner un art fortement héritier du XVIIIe siècle, face à la montée du romantisme à Paris ? Est-ce pour des raisons de contrat, suite à la révolution de Juillet  ? On  peut aussi invoquer avec Damien Colas le tempérament obsessionnel d’un insatisfait chronique.

En 1836, Rossini part s’installer à  Bologne. Pourtant le rossinisme perdure à Paris avec la création du  Stabat mater, la mise en scène de  Robert Bruce , l ’ inauguration de  sa  statue dans le vestibule de  l’Opéra. La reprise de Guillaume Tell à  l’Opéra par le ténor Duprez, le 17 avril 1837, est aussi un événement de première importance. En 1855, Rossini revient après presque vingt ans d’absence : « En entrant dans Paris, j’ai senti comme un brouillard qui se détachait de ma tête. Mes  yeux suivaient avec la plus grande curiosité tous les objets qui se présentaient devant moi. Pendant dix minutes je me suis senti comme un enfant en vacances. Je vous assure qu’en revoyant Paris, j’ai éprouvé une véritable émotion ». Il écrit Les Péchés de vieillesse en 1857 et La Petite messe en 1863. Il reçoit désormais dans son salon de la Chaussée d’Antin ou dans sa villa de Passy. Ses « samedis musicaux » deviennent une institution

Stendhal décrit un personnage extrêmement doué mais insouciant, insolent de paresse.

dans la  vie mondaine parisienne  : on  y  écoute des   petites pièces inédites d’autant plus recherchées que le compositeur refuse de les publier. Il célèbre aussi la bonne chère en faisant goûter ses inventions gastronomiques, en partageant sa passion pour le foie gras et les  truffes. Rossini s’éteint le  13 novembre 1868 dans sa patrie d’adoption. Il lègue l’essentiel de son œuvre à son épouse, la française Olympe Pélissier, ce qui l’attache encore davantage à la France.

Personnage historique de première importance dans l’histoire culturelle française du XIXe siècle, Rossini fut à   la   fois une composante et  une  construction de  l’imaginaire parisien, contribuant à faire de la vie parisienne un mythe au XIXe siècle. Mais dans un processus de formation parallèle, le compositeur est devenu également un personnage mythique de Paris, façonné par la ville même : un véritable produit parisien.

CATHERINE MENCIASSI-AUTHIER

Docteure en Histoire, Enseignante, Catherine Menciassi-Authier travaille sur l’histoire culturelle du XIXe siècle, l’histoire de la musique et l’histoire des femmes. Autrice d’une thèse sur la construction de la figure de la diva Giuditta Pasta, elle a publié chez Armand Colin en 2015 l’ouvrage Femmes d’exception, femmes d’influence, une histoire des courtisanes au XIXe siècle.

Rossini est devenu un personnage mythique de Paris,

façonné par la ville même : un véritable produit parisien.

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LODÉONCARREFOUR DE

Retrouvez Frédéric Lodéon du lundi au vendredi de 16h à 18h

Coffret 4 CD Coéd. Alpha Classics / France Musique / editions.radiofrance.fr

France Musique, partenaire de l’Opéra Comique

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LIVRET

SOYEZ CURIEUX

A B O N N E Z - V O U S : W W W . G A Z E T T E - D R O U O T. C O M

l’hebdo de l’art et de son marché

Ventes aux enchères

Interviews et portraits

Tendances et ateliers d’artistes

Expositions et découvertes

Patrimoine et musées

Design et mécénat

Foires et salons

Lois et finance

La Gazette Drouot - 18, boulevard Montmartre, 75009 Paris - Tél. : 01 47 70 93 00 - Fax : 01 47 70 93 94 - E-mail : [email protected]

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DAME RAGONDEAh ! je veux aussi l’entendre, Près de lui je veux me rendre, S’il est vrai qu’un cœur trop tendre Par lui puisse être guéri.

DAME RAGONDE*Ce saint homme que j’implore Ce saint homme que j’implore À nos vœux rendra l’espoir, Oui, à nos vœux rendra l’espoir, Oui, ce saint homme que j’implore, À nos voeux rendra l’espoir, Oui, ce saint homme que j’implore, À nos vœux rendra l’espoir, À nos vœux rendra l’espoir, À nos vœux rendra l’espoir, Rendra l’espoir, rendra l’espoir, Rendra l’espoir,

ALICE ET RAIMBAUD*Il pourrait bien plus encore,Il pourrait bien plus encore.

Dans ces lieux chacun l’honore, Rien n’égale son pouvoir,

Non, rien n’égale son pouvoir, Rien n’égale son pouvoir,

Non, rien n’égale son pouvoir, Rien n’égale son pouvoir, Rien n’égale son pouvoir, Rien n’égale son pouvoir,

Non, rien n’égale, Rien n’égale son pouvoir.

CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNES*En ces lieux chacun l’honore, Rien n’égale son pouvoir. Son pouvoir

Son pouvoir, Rien n’égale son pouvoir, Rien n’égale son pouvoir, Non, rien n’égale, rien n’égale son pouvoir.

SCÈNE 3Les précédents, le Comte Ory, déguisé en ermite avec une longue barbe.

- Air du Comte Ory -

LE COMTE ORYQue les destins prospères, Accueillent vos prières ! La paix du ciel, mes frères, Soit toujours avec vous ! Oui ! Que les destins prospères, Accueillent vos prières ! Que les destins prospères, Accueillent vos prières ! La paix du ciel, mes frères, Soit toujours, toujours avec vous ! Veuves ou demoiselles, Dans vos peines cruelles, Venez à moi, mes belles : Obliger est si doux ! J’accorde les familles, J’accorde les familles,

Et même aux jeunes filles Je donne des époux. Et même aux jeunes filles Je donne des époux. Oui, venez tous ! Venez, venez ! Que les destins prospères, Accueillent vos prières ! La paix du ciel, mes frères, Soit toujours, toujours avec vous ! Venez à moi, mes belles

Dans vos peines cruelles, Venez à moi, mes belles, Je donne des époux. Venez à moi, mes belles, Je donne des époux, venez ! Je donne des époux, venez ! Je donne des époux, oui, Des époux, oui, des époux, Je donne des époux.

- Récit -

DAME RAGONDEJe viens à vous !

LE COMTE ORY(la regardant)

Parlez, dame... trop respectable. (se tournant vers les paysans) Vous aussi, mes enfants. À vos vœux favorable Je puis tout accorder, Parlez, tous vos souhaits seront comblés.- Moderato -

CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNES(se pressant autour du Comte) Ah ! quel saint personnage ! C’est le bienfaiteur du village.

DAME RAGONDE

De grâce, de grâce, Parlons tous l’un après l’autre.

LE COMTE ORYQuel désir est le vôtre ? Que me demandez-vous ?ALICE, DAME RAGONDE, RAIMBAUD, CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNES

Parlons l’un après l’autre. Silence ! taisez-vous.

ALICE, DAME RAGONDESilence !

ALICE, DAME RAGONDE, RAIMBAUD, CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNESSilence !

- Vivace -

UN PAYSANMoi je réclame Pour que ma femme Dans mon ménage Soit toujours sage.

LE COMTE ORYC’est bien, c’est bien. C’est bien, c’est bien.

ALICEMoi, je vous prie, J’ai tant d’envie Qu’on me marie Au beau Julien !

LE COMTE ORYC’est bien, c’est bien. C’est bien, c’est bien.

DAME RAGONDE*Moi je demande Faveur bien grande : Qu’aujourd’hui même L’époux que j’aime Ici revienne Finir ma peine ; Que je l’obtienne, C’est mon seul bien.

LE COMTE ORY*Bien, bon, bon. Bien !

ACTE ILe théâtre représente un paysage. Dans le fond, à gauche du spectateur, le château de Formoutier, dont le pont-levis est praticable. À droite, bosquets à travers lesquels on aperçoit l’entrée d’un ermitage.

INTRODUCTION N°1

SCÈNE 1 Raimbaud, Alice, paysans et paysannes, occupés à dresser un berceau de feuillage et de fleurs.

RAIMBAUDJouvencelles, venez vite, Écoutez le sage ermite, Il va paraître en ces lieux. Qu’en rentrant à l’ermitage Il reçoive à son passage Nos offrandes et nos vœux.

ALICE ET LE CHŒUR DES PAYSANS ET (PAYSANNES)L’on respecte, (l’on respecte) sa science (sa science) Car il donne l’opulence, Le savoir et des époux.

RAIMBAUD(cachant sous son manteau son habit de chevalier)Taisez-vous ! Du silence !

Il faut craindre ma puissance. J’ai l’honneur de le servir.

ALICE ET LE CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNESIl faut craindre sa puissance.

RAIMBAUDVous riez ?

ALICE ET LE CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNESAh, ah, ah, ah ! ah, quel plaisir !

RAIMBAUDQuand on rit de ma puissance...

ALICE ET LE CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNESSire Robert, calmez-vous.

RAIMBAUDC’est le ciel que l’on offense.

ALICE ET LE CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNESNous allons obéir tous, Mais apaisez votre courroux. Mais apaisez votre courroux !

RAIMBAUD(d’un air d’impatience)Placez là sous cet ombrage Et des fruits et du laitage !

ALICE ET LE CHŒUR DES PAYSANS ET (PAYSANNES)Allons, vite (allons, vite) à l’ouvrage, (à l’ouvrage) Préparons sous ce feuillage Nos fruits les plus délicats.

RAIMBAUDAllons, vite !

ALICE ET LE CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNESPatience !

RAIMBAUDMais plus vite !

ALICE ET LE CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNESPatience, Sir Robert, patience, Surtout ne vous fâchez pas.

RAIMBAUDPlacez aussi sur la table Quelques flacons de vin vieux; Car c’est un présent des cieux.

ALICE ET LE CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNESPlaçons aussi sur la table

RAIMBAUD, ALICE, LE CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNESQuelques flacons de vin vieux ; Car c’est un présent des cieux, Car c’est un présent des cieux, Un présent des cieux, Un présent des cieux.

SCÈNE 2(Les précédents. Dame Ragonde.)

DAME RAGONDE(sortant du château à gauche)Quand Madame la Comtesse Est, hélas ! dans la tristesse, Pourquoi donc ces chants d’allégresse De la part, de la part de ses vassaux ?

Quand on aime sa maîtresse, On s’afflige de ses maux, On s’afflige de ses maux. Elle veut au bon ermite Dans ce jour rendre visite, Pour que du mal qui l’agite Il cherche à la délivrer.

ALICE ET LE CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNESQuel bonheur !

ALICE*Ah quel bonheur !

RAIMBAUD*Elle est sauvée !

ALICE ET LE CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNESQuelle allégresse !

ALICE*Quelle allégresse !

RAIMBAUD*Oui, la comtesse…

ALICE ET LE CHŒUR* DES PAYSANS ET PAYSANNESLe ciel vient de l’inspirer.

RAIMBAUD*Ne pouvait mieux rencontrer.

DAME RAGONDEVous croyez que sa science Peut nous rendre l’espérance ?

RAIMBAUDRien n’égale sa science : Mainte veuve, grâce à lui, Mainte veuve, grâce à lui, A retrouvé son mari.

*simultanément *simultanément

Version Opéra Comique, novembre 2017

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LE COMTE ORYQu’un bon ermite Qu’on sollicite, Qu’un bon ermite A de mérite ! Qu’un bon ermite Qu’on sollicite, Qu’un bon ermite A de mérite ! (se retournant vers les jeunes filles) Jeune fillette, Et bachelette, Dans ma retraite Viendra ce soir.

RAIMBAUD*Il faut nous rendre À l’ermitage. Rendons hommage À son pouvoir.

CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNES*

(entourant le Comte) Oui, bon ermite,

Je sollicite

LE COMTE ORY*(Bonheur suprême ! En ma retraite Jeune fillette Viendra ce soir.)

CHŒUR DES PAYSANSET PAYSANNES*

Faveur bien grande, Et je demande

RAIMBAUD*Il faut nous rendre À l’ermitage. Rendons hommage À son pouvoir.

ALICE ET RAGONDE* Oui, bon ermite,

Je sollicite

CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNES*De la tendresse, De la jeunesse,

LE COMTE ORY*(Bonheur suprême ! En ma retraite Jeune fillette Viendra ce soir.)

ALICE ET RAGONDE*Faveur bien grande,

Et je demande

CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNES*De la richesse : Exaucez-nous.

LE COMTE ORY*(Bonheur suprême ! En ma retraite Jeune fillette Viendra ce soir. Bonheur suprême ! En ma retraite Jeune fillette Viendra ce soir.)

RAIMBAUD*Il faut nous rendre

À l’ermitage. Rendons hommage

À son pouvoir. Il faut nous rendre

À l’ermitage. Rendons hommage

À son pouvoir.

CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNESTout le village vous rend hommage... À l’ermitage Nous irons tous.

(LE COMTE ORY), RAIMBAUD, ALICE

ET RAGONDE CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNESTout le village Vous / (Me) rend hommage... À l’ermitage nous irons (accourez) tous, Nous irons /(accourez) tous, Nous irons /(accourez) tous, Allons (venez) tous, allons (venez) tous, Allons (venez) tous, allons (venez) tous, Allons (venez) tous, allons (venez) tous, Allons (venez) tous, allons (venez) tous !

LE COMTE ORYL’un après l’autre, Mes chers enfants !

UN PAYSANMoi je réclame Pour que ma femme Dans mon ménage Soit toujours sage.

LE COMTE ORYC’est bien, c’est bien. C’est bien, c’est bien.

ALICE Moi, je vous prie, J’ai tant d’envie Qu’on me marie Au beau Julien !

LE COMTE ORYC’est bien, c’est bien.

DAME RAGONDE*Moi je demande Faveur bien grande : Qu’aujourd’hui même L’époux que j’aime Ici revienne Finir ma peine ; Que je l’obtienne, C’est mon seul bien.

LE COMTE ORY*Bien, bon, bon.

Bien !

LE COMTE ORYQu’on bon ermite Qu’on sollicite, Qu’un bon ermite A de mérite ! Qu’on bon ermite Qu’on sollicite, Qu’un bon ermite A de mérite ! (se retournant vers les jeunes filles) Jeune fillette, Et bachelette, Dans ma retraite Viendra ce soir.

RAIMBAUD*Il faut nous rendre À l’ermitage. Rendons hommage À son pouvoir.

CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNES*

(entourant le Comte) Oui, bon ermite,

Je sollicite LE COMTE ORY*

(Bonheur suprême ! En ma retraite Jeune fillette Viendra ce soir.)

CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNES*

Faveur bien grande, Et je demande

RAIMBAUD*Il faut nous rendre À l’ermitage. Rendons hommage À son pouvoir.

ALICE ET RAGONDE* Oui, bon ermite,

Je sollicite

*simultanément *simultanément

CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNES*De la tendresse, De la jeunesse,

LE COMTE ORY*(Bonheur suprême ! En ma retraite Jeune fillette Viendra ce soir.)

ALICE ET RAGONDE*Faveur bien grande,

Et je demandeCHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNES*De la richesse : Exaucez-nous.

LE COMTE ORY*(Bonheur suprême ! En ma retraite Jeune fillette Viendra ce soir. Bonheur suprême ! En ma retraite Jeune fillette Viendra ce soir.)

RAIMBAUD*Il faut nous rendre

À l’ermitage. Rendons hommage

À son pouvoir. Il faut nous rendre

À l’ermitage. Rendons hommage

À son pouvoir.CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNES*Tout le village vous rend hommage... À l’ermitage Nous irons tous.

LE COMTE ORY*Tout le village me rend hommage... À l’ermitage accourez tous, À l’ermitage, accourez tous.

Tout le village me rend hommage... À l’ermitage accourez tous, À l’ermitage Accourez tous, accourez tous,

RAIMBAUD, ALICE ET RAGONDE CHŒUR DES

PAYSANS ET PAYSANNESSaint personnage, tout le village

Vient rendre hommage à vos vertus,

Vient rendre hommage à vos vertus.

Saint personnage, tout le village Vient rendre hommage

à vos vertus, Vient rendre hommage

À vos vertus, à vos vertus,

DAME RAGONDEDe grâce, encore un mot. Il s’agit de Madame : Tandis que nos preux chevaliers Que l’amour de la gloire enflamme, Dans les champs musulmans Moissonnent des lauriers, Leurs femmes et leurs sœurs, Bien qu’à la fleur de l’âge, Ont juré, comme moi, De passer leur veuvage Dans le château de Formoutier.

LE COMTE ORY(à part) Où tant d’attraits sont prisonniers. (haut) C’est le château de la belle Comtesse...

DAME RAGONDEDont le frère aux combats A suivi nos guerriers. Et cette noble châtelaine, Sur un mal inconnu Qui cause notre peine, Veut aujourd’hui vous consulter.

LE COMTE ORY(à part) Ah ! quel bonheur ! (haut) Près de moi qu’elle vienne, Mon devoir est de l’assister. J’espère, dans mon zèle, lui rendre le repos. Retournez auprès d’elle, Allez à vos travaux ! Je vais en attendant, Dans mon humble chaumière, De ces jeunes beautés Accueillir la prière. (Le Comte remonte à son ermitage)

RAIMBAUD, ALICE ET RAGONDE CHŒUR DES PAYSANS ET PAYSANNESSaint personnage, Tout le village Vient rendre hommage À vos vertus

Vient rendre hommage À vos vertus, à vos vertus, À vos vertus, à vos vertus. (les jeunes filles suivent le Comte Ory. Dame Ragonde rentre au château. Les paysans sortent par le fond.)

SCÈNE 4(Isolier, le Gouverneur.)

LE GOUVERNEURJe ne puis plus longtemps Voyager de la sorte.

ISOLIEREh bien ! reposons-nous Sous ces ombrages frais.

LE GOUVERNEURPourquoi m’avoir forcé de quitter

Notre escorte et m’amener ici ?

ISOLIER(à part, regardant à gauche) J’avais bien mes projets... Voilà donc le château De ma belle cousine ! Si je pouvais l’entrevoir... Quel bonheur ! Mais, loin de partager l’ardeur Qui me domine, Elle ferme à l’amour Son castel et son cœur. (au Gouverneur, qui s’est assis) Eh bien ! monsieur le Gouverneur, Reprenez-vous un peu courage ?

LE GOUVERNEURMaudit emploi ! maudit message ! Monseigneur notre prince, Auquel je suis soumis, M’ordonne de chercher le Comte Ory,

Son fils, ce démon incarné, Mon élève et mon maître, Qui, sans me consulter, Loin de la cour S’est avisé de disparaître.

ISOLIER(à part) Pour jouer quelque nouveau tour.

LE GOUVERNEUROn le disait caché dans ce séjour. Comment l’y découvrir... Comment le reconnaître ?

ISOLIERVous devez tout savoir... D’être son gouverneur N’avez-vous pas l’honneur ?

LE GOUVERNEURAh ! quel honneur !

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56 57*simultanément

CHŒUR DES PAYSANNESPartons d’ici !

LE GOUVERNEURC’est encore lui, Oui, j’en suis sûr,

LE GOUVERNEUROui, j’en suis sûr : C’est encore lui,

LE CHŒURSortons d’ici, Partons d’ici !

LE CHŒURSortons d’ici !

LE GOUVERNEUROui, j’en suis sûr :

LE CHŒURPartons d’ici

LE GOUVERNEURC’est encore lui, Oui, j’en suis sûr,

LE GOUVERNEUROui, j’en suis sûr : C’est encore lui, c’est encore lui, C’est encore lui, c’est encore lui, C’est encore lui, c’est encore lui.

LE CHŒURSortons d’ici, partons d’ici, Sortons d’ici, sortons d’ici, Sortons d’ici, partons d’ici, Partons d’ici !

- Récit apres l’air -

LE GOUVERNEUR(retenant Alice, qui reste la dernière) Cet ermite, ma belle enfant, Où pourrais-je le voir?

ALICEIci même... à l’instant. Il va venir... madame

la Comtesse A désiré le consulter.

ISOLIERVraiment !

ALICESur un mal inconnu Qui l’accable et l’oppresse.

LE GOUVERNEURMerci, ma belle enfant. Il doit donc venir dans l’instant ! (Alice sort)

ISOLIERElle va venir dans l’instant !

LE GOUVERNEUR(à part) Cette belle Comtesse Au minois séduisant ! ... Ceci me semble encore Une preuve plus forte. (à Isolier) Attendez-moi... je vais retrouver notre escorte. (à part) Puis ensemble nous reviendrons, Pour confirmer, Ou bien dissiper mes soupçons.

SCÈNE 6Isolier, seul, regardant du côté du château.

ISOLIERJe vais revoir la beauté qui m’est chère... Mais comment désarmer Cette vertu si fière ? Comment, en ma faveur, La toucher aujourd’hui ? Si cet ermite, ce bon père, Voulait m’aider... Oh ! non, Ce serait trop hardi. Allons ! ne suis-je pas page du Comte Ory ?

SCÈNE 7Isolier, le Comte Ory, en ermite.

ISOLIERSalut, ô vénérable ermite !

LE COMTE ORY(à part, avec un geste de surprise) C’est mon page ! Sachons le dessein qu’il médite. (haut) Qui vers moi vous amène, ô charmant Isolier ?

ISOLIER(à part) Il me connaît !

LE COMTE ORYTel est l’effet de ma science.

ISOLIERUn aussi grand savoir ne peut trop se payer, (lui donnant une bourse) Et cette offrande est bien faible, je pense.

LE COMTE ORY(prenant la bourse) N’importe... à moi vous pouvez vous fier : Parlez, parlez, beau page.

N° 3

- Duo Isolier / Comte Ory -

ISOLIERUne dame de haut parage Tient mon cœur en un doux servage, Et je brûle, et je brûle, Et je brûle pour ses attraits, Et je brûle pour ses attraits.

LE COMTE ORYJe n’y vois point de mal... après, après ?

ISOLIERJe croyais avoir su lui plaire ; Et pourtant son cœur trop sévère Se dérobe, se dérobe, Se dérobe à mes projets, Se dérobe à mes projets.

LE COMTE ORYJe n’y vois pas de mal... après, après ?

ISOLIEREt jusqu’au retour des son frère, Qui des croisés suit la bannière, Aucun amant, aucun mortel Ne peut entrer dans ce castel.

LE COMTE ORY(à part) Celui de la Comtesse... ô ciel !

ISOLIERPour y pénétrer, comment faire ? J’avais bien un moyen fort beau ; Mais je le crois trop téméraire.

LE COMTE ORYPartez... parlez... Beau jouvenceau, beau jouvenceau.

ISOLIERJe voulais, d’une pèlerine Prenant la cape et le manteau, M’introduire dans ce château.

LE COMTE ORYBien ! bien... le moyen est nouveau. Oui, le moyen est nouveau, Le moyen est nouveau. (à part) On peut s’en servir, j’imagine. (au page) Noble page du Comte Ory, Serez un jour digne de lui ! Serez un jour digne de lui ! (à part) Voyez donc, voyez donc le traître ! Oser jouter contre son maître !

N° 2

- Air du Gouverneur -

Veiller sans cesse, Craindre toujours Pour Son Altesse Ou pour mes jours... Du gouverneur D’un grand seigneur, Voilà les profits et l’honneur. Quel honneur, quel honneur d’être gouverneur ! Ah quel honneur d’être gouverneur ! Ah quel honneur d’être gouverneur ! À la guerre, comme à la chasse, Si quelque péril le menace, Il faut partout suivre ses pas, Il faut partout suivre ses pas, Dût-il vous mener au trépas ! Il faut partout suivre ses pas, Dût-il vous mener au trépas ! Veiller sans cesse, Trembler toujours, Pour Son Altesse Ou ses amours… Du gouverneur D’un grand seigneur, Voilà les profits et l’honneur. Quel honneur, quel honneur d’être gouverneur ! Ah quel honneur d’être gouverneur ! Ah quel honneur d’être gouverneur ! Et s’il est épris d’une belle, Il me faut courir après elle, Tout en lui faisant des sermons Sur le danger des passions. Quand il est épris d’une belle, Il me faut courir après elle, Tout en lui faisant des sermons Sur le danger des passions. Veiller sans cesse,

Courir toujours, Pour Son Altesse Ou ses amours. Du gouverneur D’un grand seigneur, Voilà les profits et l’honneur. Quel honneur, quel honneur d’être gouverneur ! Ah quel honneur d’être gouverneur ! Ah quel honneur d’être gouverneur ! Ah quel honneur, quel honneur, d’être gouverneur !

SCÈNE 5(Les précédents, paysans, paysannes, sortant de l’ermitage.)

CHŒUR DES PAYSANNESVous, notre appui Et notre ami, Bien grand merci, merci ! Bien grand merci ! J’irai toujours vous voir, J’irai toujours vous voir, toujours vous voir, J’irai toujours vous voir, Ô bon ermite ! J’irai vous voir, toujours, Vous voir, toujours, Vous voir, toujours vous voir, J’irai vous voir, toujours vous voir. Ô saint prophète, soyez béni ! Puissant prophète, soyez béni ! Jeune fillette a, grâce a lui, Fortune faite, et bon mari. Fortune faite, et bon mari.

LE GOUVERNEUR(à part, regardant les jeunes filles) Je vois paraître Minois joli ; Ah ! mon cher maître Doit être près d’ici.

LE GOUVERNEURJeunes fillettes, de grâce dites-moi Depuis quel temps dans ce village Ce bon ermite est-il venu ?

CHŒUR DES PAYSANNESVoilà huit jours...

LE GOUVERNEURQu’ai-je entendu ? Voilà huit jours...

CHŒUR DES PAYSANNESPas davantage !

LE GOUVERNEUR... Que notre maître a disparu. C’est bien huit jours ?

CHŒUR DES PAYSANNESOui, c’est huit jour !

LE GOURVERNEURC’est bien huit jours ?

CHŒUR DES PAYSANNESPas d’avantage.

LE GOUVERNEURVoilà huit jours que notre maître, Que notre maître a disparu.

- Allegro -

Cette aventure fort singulière Cache à mes yeux quelque mystère : Ce bon ermite que l’on révère Au fond de l’âme est-il sincère ? Lui qu’on adore, Lui qu’on implore, Serait-ce encore le Comte Ory ? Ruse anodine, Je te devine, Oui, j’en suis sûr, Oui, j’en suis sûr : c’est encore lui,

CHŒUR DES PAYSANNESMais qu’a-t-il donc, ce voyageur ?

Il n’a pas l’air de bonne humeur.

LE GOUVERNEUR*Lui qu’on adore, Lui qu’on implore,

CHŒUR DES PAYSANNES*Mais qu’a-t-il donc, ce voyageur ? Il n’a pas l’air de bonne humeur.

CHŒUR DES PAYSANNESIl faut nous éloigner, aussi Sortons d’ici, partons d’ici.

LE GOUVERNEUR*Serait-ce encore le Comte Ory ? Serait-ce encore le Comte Ory ? Serait-ce encore le Comte Ory ? C’est encore lui, c’est encore lui, C’est encore lui.

CHŒUR DES PAYSANNES*Il faut nous éloigner, aussi

Sortons d’ici, partons d’ici ! Sortons ! Partons ! Sortons ! Partons ! Sortons ! Partons !

Sortons ! Partons d’ici, Partons d’ici, partons d’ici !

LE GOUVERNEURCette aventure fort singulière Cache à mes yeux quelque mystère : Ce bon ermite que l’on révère Au fond de l’âme est-il sincère ? Lui qu’on adore, Lui qu’on implore, Serait-ce encore Le Comte Ory ? Ruse anodine, Je te devine, Oui, j’en suis sûr, Oui, j’en suis sûr : c’est encore lui, Oui, j’en suis sûr : c’est encore lui,

CHŒUR DES PAYSANNESSortons d’ici !

LE GOUVERNEUROui, j’en suis sûr :

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ISOLIER(à part) À l’espoir je me sens renaître : Quel bon moyen, quel coup de maître...

LE COMTE ORY*Mais je le tiens, et l’on verra Qui de nous deux l’emportera. Mais je le tiens ; et l’on verra Qui de nous deux l’emportera, Je le tiens, je le tiens, je le tiens, Je le tiens ; et l’on verra Qui de nous deux l’emportera, oui,

Qui de nous deux l’emportera, oui, Qui de nous deux l’emportera.

ISOLIER*Oui, je le tiens ; et vois déjà

Que son pouvoir me servira, Oui, je le tiens ; et vois déjà

Que son pouvoir me servira, Je le tiens, je le tiens, je le tiens,

je le tiens ; je vois déjà que son pouvoir

Que son pouvoir me servira, oui, Que son pouvoir me servira, oui,

Que son pouvoir me servira.

ISOLIERMais d’abord ce projet réclame Vos soins pour être exécuté.

LE COMTE ORYComment ?

ISOLIERPar cette noble dame Vous allez être consulté.

LE COMTE ORY(à part) C’est qu’il sait tout, en vérité, C’est qu’il sait tout, en vérité.

ISOLIERDites-lui que l’indifférence Cause, hélas ! son tourment fatal.

LE COMTE ORYJ’entends ! j’entends... Ce n’est pas mal, ce n’est pas mal.ISOLIEREt pour guérir à l’instant même, Dites-lui... qu’il faut qu’elle m’aime.LE COMTE ORYJ’entends, j’entends... Ce n’est pas mal, ce n’est pas mal. Je lui dirai qu’il faut qu’elle aime... (à part) Mais un autre que mon rival...ISOLIERDites-lui bien qu’il faut qu’elle aime.LE COMTE ORY(au page) Noble page du Comte Ory, Serez un jour digne de lui ! Serez un jour digne de lui ! (à part) Voyez donc, voyez donc le traître ! Oser jouter contre son maître !ISOLIER(à part) À l’espoir je me sens renaître : Quel bon moyen, quel coup de maître...

LE COMTE ORY*Mais je le tiens, et l’on verra Qui de nous deux l’emportera. Mais je le tiens ; et l’on verra Qui de nous deux l’emportera, Je le tiens, je le tiens, je le tiens, Je le tiens ; et l’on verra Qui de nous deux, qui de nous deux L’emportera, Je le tiens, je le tiens, je le tiens, Je le tiens ; et l’on verra Qui de nous deux, et l’on verra Qui de nous deux l’emportera, Je le tiens, je le tiens, je le tiens, Je le tiens ; et l’on verra

Qui de nous deux, et l’on verra Qui de nous deux l’emportera, Mais je le tiens ; et l’on verra Qui de nous deux l’emportera, Mais je le tiens ; et l’on verra Qui de nous deux l’emportera, L’emportera, l’emportera, L’emportera.

ISOLIER*Oui, je le tiens ; et vois déjà

Que son pouvoir me servira, Oui, je le tiens ; et vois déjà

Que son pouvoir me servira, Je le tiens, je le tiens, je le tiens,

Je le tiens ; je vois déjà Que son pouvoir, que son pouvoir

Me servira, Je le tiens, je le tiens, je le tiens,

Je le tiens ; je vois déjà Que son pouvoir, je vois déjà Que son pouvoir me servira,

Je le tiens, je le tiens, je le tiens, Je le tiens ; je vois déjà

Que son pouvoir, je vois déjà Que son pouvoir me servira ;

Oui, je le tiens ; je vois déjà Que son pouvoir me servira ;

Oui, je le tiens ; je vois déjà Que son pouvoir me servira,

Me servira, me servira, Me servira.

SCÈNE 8 Les précédents ; la Comtesse, Dame Ragonde, toutes les femmes, sortant du château ; dans le fond, paysans et paysannes, vassaux de la Comtesse. Marche etc.

RAIMBAUDC’est la Comtesse. Songez que le temps presse Car dans ces lieux, seigneur, quelqu’un vous cherche.

LE COMTE ORYQui ?

RAIMBAUDC’est votre gouverneur.

LA COMTESSE(apercevant Isolier) Isolier dans ces lieux !

ISOLIERSur le mal qui m’agite Je venais consulter aussi le bon ermite.

LE COMTE ORYJe dois à tous les malheureux Mes consolations, mes conseils et mes vœux.

N° 4

- Air de la Comtesse -

LA COMTESSE(s’approchant du Comte Ory) En proie à la tristesse, Ne plus goûter d’ivresse, Au sein de la jeunesse, Souffrir, gémir sans cesse, Voilà quel est mon sort. Se flétrir, se flétrir en silence, N’espérer, n’espérer que la mort, Hélas, hélas, quelle souffrance. Ô peine horrible ! Vous que l’on dit sensible, Daignez, daignez, s’il est possible, Guérir le mal terrible, ah ! Dont je me sens mourir ! Soulagez ma douleur, Rendez-moi le bonheur ! Ah, Rendez-moi, rendez-moi le bonheur, Soulagez ma douleur, Ah ! Rendez-moi, rendez-moi le bonheur, Soulagez ma douleur, Rendez-moi, rendez-moi le bonheur !

CHŒUR DES DAMES D’HONNEUR, PAYSANS ET PAYSANNESCalmez tant de souffrance, Calmez tant de douleur !LA COMTESSEFaut-il mourir de ma souffrance ?CHŒUR DES DAMES D’HONNEUR, PAYSANS ET PAYSANNESEt que votre science Lui rende le bonheur.LA COMTESSEHélas, hélas, plus d’espérance !CHŒUR DES DAMES D’HONNEUR, PAYSANS ET PAYSANNESCalmez-tant de douleur !LA COMTESSECiel !CHŒUR DES DAMES D’HONNEUR, PAYSANS ET PAYSANNESCalmez-tant de douleur !LA COMTESSECiel ! Ô peine horrible ! Vous que l’on dit sensible, Daignez, daignez, s’il est possible, Guérir le mal terrible, ah ! Dont je sens mourir !

LA COMTESSE*Soulagez ma douleur, Rendez-moi le bonheur !

CHŒUR DES DAMES D’HONNEUR, PAYSANS

ET PAYSANNES*Ah, calmez, ah, calmez,

LA COMTESSEAh, rendez-moi, rendez-moi

le bonheur,

LA COMTESSE*Soulagez ma douleur,

CHŒUR DES DAMES D’HONNEUR, PAYSANS

ET PAYSANNES*Tant de douleur, oui !

LA COMTESSEAh ! Rendez-moi, rendez-moi le bonheur, Soulagez ma douleur, Rendez-moi le bonheur, le bonheur !

LA COMTESSE*Rendez-moi le bonheur, Rendez-moi le bonheur, Rendez-moi le bonheur !

CHŒUR DES DAMES D’HONNEUR, PAYSANS

ET PAYSANNES*Calmez tant de douleur ! Calmez tant de douleur ! Calmez tant de douleur !

- Allegro -

ISOLIER(à part, au Comte) Vous avez entendu sa touchante prière ! Voici le vrai moment, Songez à moi, mon père !

LE COMTE ORY(à la Comtesse) Si dans mon assistance Vous avez confiance, Je puis, en conscience, Guérir votre douleur. Du mal qui vous dévore La source est dans le cœur : Aimez, aimez encore Pour renaître au bonheur.

LA COMTESSE

D’un éternel veuvage Un serment fut le gage. Et j’irais le trahir ? Plutôt, plutôt mourir. Et j’irais le trahir ? Plutôt, plutôt mourir, Plutôt mourir, plutôt mourir, Plutôt mourir, plutôt mourir, Plutôt mourir !

LE COMTE ORYLe ciel vous en dégage. Il ordonne que de vos jours La flamme se rallume Au flambeau des amour.

LA COMTESSECéleste providence, Je te bénis de ta clémence !

- Andante -

Ô bon ermite Votre mérite En mes beaux jours Vivra toujours.

LE COMTE ORYToujours,

ISOLIERToujours,

LA COMTESSEToujours, toujours. Votre mérite À mon secours Viendra toujours. (à part, à Isolier) Isolier, que ta présence, Isolier, que ta présence, Me fait naître un doux émoi ! Cher Isolier, cher Isolier ! je veux t’aimer, Je ne veux aimer que toi, Non, n’aimer, n’aimer que toi !

CHŒUR DES DAMES D’HONNEUR, PAYSANNES

On voit que sa parole Paraît la ranimer,

LA COMTESSE*Déjà je sens les feux brûlants De la jeunesse,

CHŒUR DES DAMES D’HONNEUR, PAYSANS

ET PAYSANNES*(à part)

Le mal qui la désole Commence à se calmer.

CHŒUR DES DAMES D’HONNEUR, PAYSANNESOn voit que sa parole Paraît la ranimer,

LA COMTESSE*Par la tendresse Par la tendresse, se rallumer, Par la tendresse, se rallumer, Se rallumer, par la tendresse !

CHŒUR DES DAMES D’HONNEUR, PAYSANS

ET PAYSANNES*Le mal qui la désole

Commence à se calmer. On voit que sa parole

Paraît la ranimer, Le mal qui la désole

Commence à se calmer. À se calmer, à se calmer.

LA COMTESSEÔ bon ermite Votre mérite En mes beaux jours Vivra toujours.

LE COMTE ORYToujours,

ISOLIERToujours,

*simultanément

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RAGONDE, CORYPHÉE FEMME 2Ah ! quel effroi !

LE COMTE ORYAh ! l’espoir me fuit encore, ciel !

LA COMTESSE, ISOLIER, (RAGONDE)*Ah ! quel effroi saisit Mon cœur. (Ciel !)

RAIMBAUD*Oh douleur, ciel !

GÉRARD, CORYPHÉE HOMME 2*Son ardeur, ciel !

LA COMTESSE, ISOLIER, RAGONDE, CORYPHÉE FEMMES*Ô terreur, ô peine extrême ! Mon cœur bat d’effroi, d’horreur.

LE COMTE ORY, GÉRARD, MAINFROY,

CORYPHÉES HOMMES, CHŒUR CHEVALIER*

Plus d’espoir, ô peine extrême ! Tout s’oppose à son bonheur.

LE GOUVERNEUR, (CHŒUR SUITE)*Ô plaisir ! Ô bonheur ! ô joie extrême ! Tout s’oppose à son ardeur

RAIMBAUD*Ah ! Quel malheur !

ISOLIER, ALICE, DAME RAGONDE,

CORYPHÉE FEMME 1*Quel effroi !

LA COMTESSE*Ah ! Quel effroi, S’empare de mon cœur.

ISOLIER, (ALICE)*Ah ! quel effroi / Hélas

Saisit mon cœur.DAME RAGONDE*Saisit mon cœur, Ah ! Quel effroi, Saisit mon cœur.

CORYPHÉE FEMME 2*L’effroi saisit mon cœur,

mon cœur !LE COMTE ORY*Plus d’espoir ! Plus de bonheur ! plus de bonheur !

GÉRARD, CORYPHÉES HOMMES, (LE GOUVERNEUR)*

Plus d’espoir ! / (Pour moi, quel bonheur !) L’espoir fuit de son cœur.

(MAINFROY), RAIMBAUD*(Hélas !) Plus de bonheur !

CHŒUR CHEVALIERS, (CHŒUR SUITE)*

Douleur, / (Bonheur,) LA COMTESSE*

Ah ! Quel effroi, S’empare de mon cœur. S’empare de mon cœur. Oui, l’effroi vient agiter Mon cœur !

ISOLIER, (ALICE)*Quel effroi !

Ah ! quel effroi / Hélas Saisit mon cœur,

S’empare de mon cœur, Mon cœur !

DAME RAGONDE*Quel effroi ! Saisit mon cœur, Ah ! Quel effroi, Saisit mon cœur, S’empare de mon cœur, Saisit mon cœur !

CORYPHÉE FEMME 1*Quel effroi !

L’effroi saisit mon cœur, Mon cœur, s’empare de mon cœur,

Saisit mon cœur, mon cœur !

LE COMTE ORY*Plus d’espoir ! Plus de bonheur ! plus de bonheur ! La rage est dans mon cœur, La rage, la fureur vient agiter Mon cœur !

GÉRARD,CORYPHÉES HOMMES*

Plus d’espoir ! L’espoir fuit de son cœur.

La rage est dans son cœur, Est dans son cœur,

est dans son cœur !

MAINFROY,LE GOUVERNEUR,RAIMBAUD*Hélas ! / Pour moi, Quel bonheur ! / Ah ! Quel malheur ! Plus de bonheur ! / L’espoir fuit de son cœur. La rage est dans son cœur, La rage est dans son cœur Son cœur ! / Est dans son cœur, Est dans son cœur !

CHŒUR CHEVALIERS, (CHŒUR SUITE)*Douleur, /Bonheur

La rage est dans son cœur, Son cœur

- Allegro Vivace -

DAME RAGONDECet écrit, noble châtelaine, Vous vient de lointains pays. Il apporte, j’en suis certaine,

Des nouvelles de nos maris.

LE COMTE ORYEncore une disgrâce !

ISOLIER, ALICE, DAME RAGONDE, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉES FEMMES, CHŒUR SUITE*Lisez, cédez, de grâce !

LE COMTE ORY, GÉRARD, MAINFROY, RAIMBAUD, CORYPHEES HOMMES, CHOEUR CHEVALIERS*

Encore une disgrâce !

LE GOUVERNEURSeigneur, adieu plaisir !

ISOLIER, ALICE, DAME RAGONDE, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉES FEMMES, CHŒUR SUITE*Cédez à mon désir, Cédez, cédez, à mon désir !

LE COMTE ORY, GÉRARD, MAINFROY, RAIMBAUD, CORYPHÉES HOMMES,

CHŒUR CHEVALIERS*Il faut se contenir,

Il faut, il faut, se contenir !

LA COMTESSE(lisant) « Madame et sœur chérie, La croisade est finie, Et dans notre patrie Nous retournons enfin. »

TOUS (avec joie) La croisade est finie, La croisade est finie, Et tous dans leur patrie Ils reviennent enfin.

*simultanément *simultanément

LA COMTESSEToujours, toujours. Votre mérite À mon secours Viendra toujours. (à part, à Isolier) Isolier, que ta présence,

LA COMTESSE*Isolier, que ta présence, Me fait naître un doux émoi !

CHŒUR DES DAMES D’HONNEUR, PAYSANS

ET PAYSANNES*Le mal qui la désole, oui, Commence à se calmer.

LA COMTESSECher Isolier, cher Isolier ! je veux t’aimer, Je ne veux aimer que toi, Non, …

LA COMTESSE*… N’aimer, n’aimer que toi ! Déjà je sens les feux brûlants De la jeunesse se rallumer Se rallumer, se rallumer, Déjà je sens les feux brûlants De la jeunesse se rallumer, Se rallumer, se rallumer, Se rallumer, se rallumer, Se rallumer, se rallumer, Se rallumer.

CHŒUR DES DAMES D’HONNEUR, PAYSANS

ET PAYSANNES*Oui, commence à se calmer,

Commence, commence, Commence à se calmer, Commence, commence, Commence à se calmer,

Le mal commence à se calmer, Commence, commence Commence à se calmer, Commence, commence,

Commence à se calmer, Le mal commence à se calmer,

À se calmer, à se calmer, À se calmer, à se calmer.

- Récit après l’air -

ISOLIER(bas, au Comte) C’est bien... je suis content.

LE COMTE ORYEncore un mot, de grâce. (à demi-voix à la Comtesse) D’un grand péril qui vous menace Je dois vous avertir ! Il faut vous défier...

LA COMTESSEDe qui ?

LE COMTE ORY(à voix basse) De ce jeune Isolier.

LA COMTESSEÔ ciel !

LE COMTE ORY(de même) C’est le fidèle page De ce terrible Comte Ory, Dont les galants exploits... Mais ici, devant lui Je n’oserais en dire davantage. Entrons dans ce castel.

LA COMTESSEMon cœur en a frémi ! Ô mon sauveur! Ô mon unique appui ! Venez, venez !

Elle prend le Comte Ory par la main, et l’entraîne vers le château. Toutes les dames les suivent.Le Comte Ory a déjà le pied sur le pont-levis, et, en raillant

Isolier, fait un geste de joie.En ce moment entre le Gouverneur, suivi de tous les chevaliers de son escorte.

SCÈNE 9Les précédents, le Gouverneur, chevaliers, etc.

LES CHEVALIERS ET LE GOUVERNEUR Nous saurons bien le reconnaître, Nous saurons bien le reconnaître. Avançons, avançons...

LE GOUVERNEUR(apercevant Raimbaud, qui est en paysan) Qu’ai-je vu ! ... c’est Raimbaud, Le confident, l’ami de notre maître !

RAIMBAUD Taisez-vous donc, ne dites mot.

LE GOUVERNEURPlus de doute, plus de mystère, (montrant l’Ermite) C’est Monseigneur ! c’est lui !

LE COMTE ORY(à voix basse) Misérable ! crains ma colère.

LE GOUVERNEUR ET TOUS LES CHEVALIERS(s’inclinant) C’est le Comte Ory !

TOUTES LES FEMMES(s’éloignant avec effroi) Le Comte Ory ! Le Comte Ory !

LE COMTE ORYEh bien ! oui... le voici !

N° 5

- Final -

LA COMTESSE, ISOLIER, ALICE, RAGONDE, LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, GÉRARD, 2 CORYPHÉES FEMMES, 2 CORYPHÉES HOMMESLE CHŒUR (PAYSANS ET SUITE, CHEVALIERS),Ciel !

LA COMTESSE, ALICE, CORYPHÉE FEMME 2*

Ô terreur, ô peine extrême, Quel indigne stratagème !

GÉRARD, (CORYPHÉE HOMME 2)*

Plus d’espoir ! Ô peine extrême On connaît son stratagème

(Ô peine extrême)

ISOLIER, RAGONDE*Ô terreur ! Ô peine extrême !

LE COMTE ORY, RAIMBAUD*Plus d’espoir !

Ô peine extrême !

LA COMTESSE, ISOLIER, DAME RAGONDE*Mon cœur bat d’effroi, d’horreur.

(LE COMTE ORY), RAIMBAUD,<LE GOUVERNEUR>,

CORYPHÉE HOMME 2*Tout s’oppose à (mon) /son bonheur / <ardeur>

GÉRARDLe dépit augmente encore

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LE COMTE ORY, GÉRARD, (MAINFROY,

CORYPHÉE HOMME 1)*Allons, sortons, allons, sortons,

Allons, sortons, allons, (allons,) sortons,

RAIMBAUD ET CORYPHÉE HOMME 2*Allons avec prudence Méditer en silence, Et de notre vengeance Le succès est certain, Bravons le seigneur châtelain !

LE GOUVERNEUR*Repartons en silence ! Il faut avec prudence

Éviter la vengeance Du seigneur châtelain.

Je crains le seigneur châtelain.

LA COMTESSE, ISOLIER,ALICE, DAME RAGONDE, CORYPHÉES FEMMES*Allons, rentrons, allons, rentrons, Allons, rentrons, allons, rentrons,

LE COMTE ORY, GÉRARD, (MAINFROY,

CORYPHÉE HOMME 1)*Allons, sortons, allons, sortons,

Allons, sortons, allons, allons, partons !

LE GOUVERNEUR*Aux chants de la victoire Mêlons tous nos voix ! Des preux chantons la gloire Et les brillants exploits ! Aux chants de la victoire Mêlons tous nos voix ! Des preux chantons la gloire Et les brillants exploits ! Chantons, chantons, chantons, chantons, Allons, partons, allons, partons, pour lui plus d’amoureux exploits !

LA COMTESSE, ISOLIER, ALICE,

DAME RAGONDE,CORYPHÉES FEMME,

CHŒUR SUITE*Aux chants de la victoire

Allons mêler (mêlons tous) nos voix !

Des preux chantons la gloire Et les brillants exploits !

Aux chants de la victoire Allons mêler (mêlons tous)

nos voix ! Des preux chantons la gloire

Et les brillants exploits ! Chantons, chantons, chantons,

chantons, Chantons, chantons tous leurs exploits !

LE COMTE ORY, GÉRARD, (MAINFROY,CORYPHÉE HOMME 1, CHŒUR CHEVALIERS<RAIMBAUD, CORYPHÉE HOMME 2>)*Sachons par la victoire Les soumettre à nos lois ! < Assurer tous nos droits ! > On trouve aussi la gloire Dans nos galants exploits. Sachons par la victoire

Les soumettre à nos lois ! On trouve aussi la gloire Dans nos galants exploits. Partons (Allons), partons, Partons (Allons), partons, partons, partons ! On parlera de nos exploits !

- Primo Tempo -

LE COMTE ORYVenez, amis, retirons-nous, Et dans notre retraite Assurons ma conquête Et du destin bravons les coups.

LE COMTE ORY*La nuit sans bruit, Sachons, en dépit des jaloux, Braver les coups, braver les coups, Braver les coups !

ISOLIER*À tout ce qu’il projette

Avec adresse opposons-nous ! À tout ce qu’il projette

Avec adresse opposons-nous ! Sachons parer ses coups,

Parer ses coups, parer ses coups !LA COMTESSEDéjà le sort dans sa rigueur N’a plus rien qui m’alarme, Un espoir plein de charme A déjà fait battre mon cœur.

LA COMTESSE*Déjà l’espoir, l’espoir fait palpiter mon cœur, Fait palpiter mon cœur de joie, De joie et de bonheur, et de bonheur.

DAME RAGONDE*Celui qui sut toucher mon cœur

Va me rendre au bonheur. Je sens battre mon cœur,

Je sens déjà battre mon cœur, D’amour et de bonheur,

Et de bonheur, et de bonheur.

LE GOUVERNEUR*Repartons en silence ! Il faut avec prudence Éviter la vengeance Du seigneur châtelain, Je crains le seigneur châtelain !

CORYPHÉE HOMME 2*Allons, sortons, allons sortons,

Allons sortons, allons, allons sortons !

RAIMBAUD*Allons, avec prudence Méditer en silence, Et de notre vengeance

Le succès est certain, Bravons le seigneur châtelain !

LE GOUVERNEUR*Repartons en silence ! Il faut avec prudence

Éviter la vengeance Du seigneur châtelain.

Je crains le seigneur châtelain.

LA COMTESSE, ISOLIER*Allons, rentrons, allons, rentrons, Allons, rentrons, allons, rentrons,

LE COMTE ORY, GÉRARD,(MAINFROY,

CORYPHÉE HOMME 1)*Allons, sortons, allons, sortons,

Allons, sortons, allons, (allons,) sortons,

RAIMBAUD ET CORYPHÉE HOMME 2*Allons avec prudence Méditer en silence, Et de notre vengeance Le succès est certain, Bravons le seigneur châtelain !

LE GOUVERNEUR*Repartons en silence ! Il faut avec prudence

Éviter la vengeance Du seigneur châtelain.

Je crains le seigneur châtelain.

LA COMTESSE, ISOLIER,ALICE, DAME RAGONDE, CORYPHÉES FEMMES*Allons, rentrons, allons, rentrons, Allons, rentrons, allons, rentrons !

LE COMTE ORY, GERARD, (MAINFROY,

CORYPHEE HOMME 1)*Allons, sortons, allons, sortons,

Allons, sortons, allons, allons, partons !

*simultanément

RAIMBAUD, CORYPHÉES HOMMES*Fatal destin !

LE GOUVERNEUR*Heureux destin !

LA COMTESSE(lisant) « On nous a vus sans crainte Purger la Terre sainte Et notre épée est teinte Du sang du Sarrasin. »TOUSOn les a vus sans crainte Purger la Terre sainte Et leur épée est teinte Du sang du Sarrasin.

RAIMBAUD, CORYPHÉES HOMMES*Fatal destin !

LE GOUVERNEUR*Heureux destin !

LA COMTESSE(lisant) « Nous partons pour la France Et nous suivrons, je pense, À deux jour de distance Ce message certain. »

ISOLIER, ALICE, DAME RAGONDE,CORYPHÉES FEMMES, CHŒUR SUITETelle est notre espérance. Ils suivent vers la France À deux jours de distance Ce message certain.

LE COMTE ORY, GÉRARD, MAINFROY, RAIMBAUD, CORYPHÉES HOMMES,

CHŒUR CHEVALIERS*Hélas, plus d’espérance. Ils suivent ver la France,

À deux jours de distance Ce message certain.

LE GOUVERNEURPour lui, plus d’espérance. Ils suivent vers la France, À deux jours de distance Ce message certain.

DAME RAGONDEVous viendrez, ô seigneur Comte, Partager, partager nos transports ?

LE COMTE ORYJe partage vos transports !

LA COMTESSEPartagez, partagez nos transports !

LE COMTE ORY(à part) Sachons venger ma honte Par de nouveaux succès. Un jour me reste encore : Qu’il serve à mes projets.

RAIMBAUD ET(LE GOUVERNEUR)*Allons, partons, allons, partons ! Allons, partons, allons, partons ! Allons, partons, allons, partons ! Allons, partons, allons, partons ! Servons (surveillons) tous ses projets, Servons (surveillons) tous ses projets !

LA COMTESSE, (ALICE ET ISOLIER)

<DAME RAGONDE, CORYPHÉEES FEMMES>*

Quand mon cœur tremble encore De ses affreux projets,

Celui que seul j’adore / Le frère qu’elle adore) /

<L’époux que seul j’adore> Va me rendre la paix, /

(va lui rendre la paix.) Va me rendre la paix, /

(va lui rendre la paix.)

Va me rendre la paix ! / (va lui rendre la paix !)

LE COMTE ORY (GÉRARD, MAINFROY),<CHŒUR CHEVALIERS>*Un jour me (nous) reste encore, Qu’il serve à mes (nos) <ses> projets. Un jour me (nous) reste encore, Qu’il serve à mes (nos) <ses> projets, Qu’il serve à mes (nos) <ses> projets, Qu’il serve à mes (nos) <ses> projets !

CHŒUR SUITE*Hélas ! je tremble encore

De ses affreux projets. Hélas ! je tremble encore

De ses affreux projets, De ses affreux projets,

De ses affreux projets !- Allegro Spiritoso -

LE COMTE ORYVenez, amis, retirons-nous, Et dans notre retraite Assurons ma conquête Et du destin bravons les coups.

LE COMTE ORY*La nuit sans bruit, Sachons, en dépit des jaloux, Du sort braver les coups , Braver les coups, braver les coups, Braver les coups !

ISOLIER*À tout ce qu’il projette

Avec adresse opposons-nous ! À tout ce qu’il projette

Avec adresse opposons-nous ! Sachons parer ses coups,

Parer ses coups, parer ses coups !

LA COMTESSEDéjà le sort dans sa rigueur N’a plus rien qui m’alarme,

Un espoir plein de charme A déjà fait battre mon cœur.

LA COMTESSE*Déjà l’espoir, l’espoir fait palpiter mon cœur, Fait palpiter mon cœur de joie, De joie et de bonheur, Et de bonheur.

DAME RAGONDE*Celui qui sut toucher mon cœur

Va me rendre au bonheur. Je sens battre mon cœur,

Je sens déjà battre mon cœur, D’amour et de bonheur,

Et de bonheur, et de bonheur.

LE GOUVERNEUR*Repartons en silence ! Il faut avec prudence Éviter la vengeance Du seigneur châtelain, Je crains le seigneur châtelain !

CORYPHÉE HOMME 2*Allons, sortons, allons sortons,

Allons sortons, allons, allons sortons !

RAIMBAUD*Allons, avec prudence Méditer en silence, Et de notre vengeance Le succès est certain, Bravons le seigneur châtelain !

LE GOUVERNEUR*Repartons en silence ! Il faut avec prudence

Éviter la vengeance Du seigneur châtelain.

Je crains le seigneur châtelain.

LA COMTESSE, ISOLIER*Allons, rentrons, allons, rentrons, Allons, rentrons, allons, rentrons,

*simultanément

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Oui, nous bravons, oui, nous bravons Les entreprises des méchants, Et nous bravons dans cet asile (Les entreprises, les entreprises,) Les entreprises des méchants, Oui, oui, oui, des méchants, Oui, oui, oui, Oui, nous bravons Les entreprises des méchants, Oui, nous bravons Les entreprises des méchants, Oui des méchants, oui des méchants, Oui des méchants, oui des méchants.

CHŒUR DES DAMES D’HONNEUR

Et nous bravons dans cet asile Les entreprises des méchants,

Et nous bravons, Oui, des méchants,

Oui, oui, les entreprises des méchants,

Et nous bravons dans cet asile Les entreprises des méchants,

Oui, oui, des méchants, Oui, oui, oui, nous bravons

Les entreprises des méchants, oui, nous bravons

Les entreprises des méchants, Oui des méchants, oui des méchants,

Oui des méchants, oui des méchants.

L’orage qui a commencé à gronder pendant la reprise du choeur précédent se fait entendre en ce moment avec plus de force.

CHŒUR DES DAMES D’HONNEUR(effrayées) Écoutez ! ... le ciel gronde.

- Récit -

LA COMTESSEOui, la grêle et la pluie Ébranlent les vitraux de ce noble castel. D’effroi je suis saisie, D’effroi je suis saisie !

DAME RAGONDEApaise ton courroux ! Grand Dieu, protège-nous !

CHŒUR DES DAMES D’HONNEURApaise ton courroux ! Grand Dieu, protège-nous ! Grand Dieu, protège-nous !

LA COMTESSE ET DAME RAGONDEGrand Dieu,

CHŒUR DES DAMES D’HONNEURGrand Dieu, grand Dieu, protège-nous !LA COMTESSE ET DAME RAGONDEGrand Dieu,CHŒUR DES DAMES D’HONNEURGrand Dieu, grand Dieu, protège-nous !

LA COMTESSE ET DAME RAGONDE, CHŒUR DES DAMES D’HONNEURApaise ton courroux ! Grand Dieu, protège-nous ! Grand Dieu !

DAME RAGONDENous sommes à l’abri ! Que je rends grâce au ciel !

LA COMTESSEEt moi, lorsque l’orage éclate avec furie,

Au fond du cœur combien je plains Le sort des pauvres pèlerins !

En ce moment on entend chanter en dehors, au-dessous de la croisée à droite.

- Andantino -

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHEENoble châtelaine, Voyez notre peine ; Et dans ce domaine, Dame de bonté, Pour fuir la disgrâce Dont on nous menace, Donnez-nous, par grâce L’hospitalité. Donnez-nous, par grâce L’hospitalité, l’hospitalité, L’hospitalité.- Andantino Grazioso -

LA COMTESSEVoyez que ce peut être, Et qui frappe à cette heure. Jamais le malheureux Qui vient nous supplier N’a de cette antique demeure Imploré vainement Le toit hospitalier.La Comtesse et les autres dames chantent le chœur suivant ;et en même temps on reprend en dehors celui qu’on a déjà entendu. L’orage redouble.

- Allegro -

LA COMTESSE DAME RAGONDE, CHŒUR DES DAMES D’HONNEURGrand Dieu ! grand Dieu ! Dans ta bonté suprême, Apaise, apaise cet orage affreux !

En ce moment (celui l’époux que j’aime Est peut-être (aussi) malheureux, En ce moment (celui) l’époux que j’aime, En ce moment (celui) l’époux que j’aime, Est peut-être aussi malheureux.LA COMTESSE ET DAME RAGONDEGrand Dieu,CHŒUR DES DAMES D’HONNEURGrand Dieu ! dans ta bonté suprême,

LA COMTESSE ET DAME RAGONDEGrand Dieu,

CHŒUR DES DAMES D’HONNEURApaise cet orage affreux ! Grand Dieu !

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉENoble châtelaine, Voyez notre peine ; Et dans ce domaine, Dame de bonté,

LA COMTESSE, DAME RAGONDE, CHŒUR DES DAMES D’HONNEURGrand Dieu, grand Dieu ! Dans ta bonté suprême, Apaise, apaise cet orage affreux !

LA COMTESSE ET DAME RAGONDEEn ce moment celui que j’aime

CHŒUR DES DAMES D’HONNEUREn ce moment l’époux que j’aime,

*simultanément *simultanément

LE COMTE ORY (GERARD, MAINFROY, CORYPHEES HOMMES)*Allons, partons, allons, partons, (Allons) partons (partons), (Allons, allons,) partons (partons),

ALICE, DAME RAGONDE, CORYPHEES FEMMES*

Chantons, chantons tous leurs exploits,

Chantons, chantons tous leurs exploits,

LE GOUVERNEUR*Allons, partons, allons partons, allons partons,

LE COMTE ORY) GÉRARD, MAINFROY,CORYPHÉES HOMMES, CHŒUR CHEVALIERS*L’amour sourit à nos exploits, À nos exploits, à nos exploits, L’amour sourit à nos exploits,

(LA COMTESSE), ISOLIER, ALICE, DAME RAGONDE, CORYPHÉES FEMMES*

Chantons, chantons, tous leurs exploits, Tous leurs exploits, tous leurs exploits,

Chantons, chantons tous leurs exploits,

LE GOUVERNEUR* Plus d’amoureux exploits, non, non, Plus d’amoureux, plus d’amoureux exploits, Non, plus d’exploits,

LE COMTE ORY, LE GOUVERNEUR,

(GÉRARD, MAINFROY, CORYPHÉES HOMMES)

Allons (allons), partons (partons),

LE COMTE ORY, LE GOUVERNEUR, (GÉRARD, MAINFROY, CORYPHÉES HOMMES)*Allons (allons), partons (partons), Partons (allons, allons),

ALICE, DAME RAGONDE, CORYPHÉES FEMMES*

Chantons, chantons tous leurs exploits,

Chantons, chantons tous leurs exploits,

(LE COMTE ORY) GÉRARD, MAINFROY,CORYPHÉES HOMMES, CHŒUR CHEVALIERS*L’amour sourit à nos exploits, À nos exploits, à nos exploits, L’amour sourit à nos exploits, À nos exploits, à nos exploits, L’amour sourit à nos exploits, (L’amour) sourit à nos exploits !

LA COMTESSE, ISOLIER,ALICE, DAME RAGONDE,

CORYPHÉES FEMMES, CHŒUR SUITE*

Chantons, chantons, tous leurs exploits, Tous leurs exploits, tous leurs exploits,

Chantons, chantons tous leurs exploits, Tous leurs exploits, tous leurs exploits,

Chantons, chantons, tous leurs exploits,

(Chantons), chantons, tous leurs exploits !

LE GOUVERNEUR*Plus d’amoureux exploits, non, non, Plus d’amoureux, plus d’amoureux exploits, Non, plus, d’exploits, non, plus d’exploits, Non, plus d’exploits, non, plus d’exploits, Non, plus d’exploits, non, plus d’exploits !

ACTE IILe théâtre représente la chambre à coucher de la Comtesse. Deux portes latérales; porte au fond.À gauche, un lit de repos et une table sur laquelle brûle une lampe. À droite, une croisée sur le premier plan.

N° 6 INTRODUCTION

SCÈNE 1La Comtesse, Dame Ragonde, dames de la suite de la Comtesse groupées différemment et occupées à des ouvrages de femmes (Chœur des dames d’honneur)

LA COMTESSE ET DAME RAGONDEDans ce séjour calme et tranquille S’écoulent nos jours, nos jours innocents ; Et nous bravons dans cet asile Les entreprises des méchants, Et nous bravons dans cet asile les entreprises des méchants, (oui, nous bravons,) oui,

nous bravons, les entreprises des méchants.

CHŒUR DES DAMES D’HONNEUREt nos bravons dans cet asile Les entreprises des méchants, Oui, oui, des méchants, Oui, oui, des méchants.

LA COMTESSE(assise et brodant une écharpe) Je tremble encore quand j’y pense ; Quel homme que ce Comte Ory ! De la vertu, de l’innocence C’est le plus cruel ennemi.

DAME RAGONDEC’est le nôtre... Dieu ! quelle audace ! Dieu ! quelle audace ! D’un saint homme prendre la place ! Et me parler de mon mari !

LA COMTESSEPar bonheur, nous pouvons sans crainte Le défier dans cette enceinte, Par bonheur, nous pouvons sans crainte Le défier dans cette enceinte, Qui nous protège contre lui, Qui nous protège contre lui.

LA COMTESSE ET DAME RAGONDEDans ce séjour calme et tranquille S’écoulent nos jours, nos jours innocents ;

LA COMTESSE ET DAME RAGONDE*Et nous bravons Les entreprises des méchants, Et nous bravons dans cet asile Les entreprises des méchants,

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66 67*simultanément *simultanément

LA COMTESSE(souriant) Quel excès, quel excès de frayeur, Quel excès de frayeur !

LA COMTESSE*Ah ! quel excès d’ivresse ! D’où vient cette tendresse ? Pourquoi cette tendresse ? La crainte encor l’oppresse Quoique si loin de lui. Ah ! vous pouvez sans crainte Braver le Comte Ory ici. Ah ! vous pouvez sans crainte ici braver, Ah ! vous pouvez sans crainte vous pouvez braver, braver le Comte Ory. Ah ! vous pouvez sans crainte Braver, le Comte Ory ici. Ah ! vous pouvez sans crainte ici braver, Ah ! vous pouvez sans crainte braver, Vous pouvez braver le Comte Ory, Braver, braver, braver, le Comte Ory, Braver, braver le Comte Ory.

LE COMTE ORY*Il faut avec adresse

Modérer ma tendresse. De quelle douce ivresse

Malgré moi j’ai frémi ? Quoi ! vous osez sans crainte

Braver le Comte Ory. Quoi ! vous osez sans crainte

ici braver, Ah ! vous osez sans crainte,

vous osez braver Braver le Comte Ory.

Quoi ! vous osez sans crainte Braver le Comte Ory.

Quoi ! vous osez sans crainte ici braver,

Ah ! vous osez sans crainte braver, Vous osez braver le Comte Ory,

Braver, braver, le Comte Ory, Braver, braver, braver

le Comte Ory.

- Allegro -

LE COMTE ORYOn le dit téméraire.

LA COMTESSEJe brave sa colère.

LE COMTE ORY On prétend qu’il vous aime.

LA COMTESSELui ! ... Quelle audace extrême !

LE COMTE ORYPour obtenir sa grâce S’il tombait à vos genoux, Madame, que feriez-vous ?

LA COMTESSED’une pareille audace La honte et le mépris Seraient le prix, Seraient le prix.

- Allegretto -

LA COMTESSE*Ce téméraire Qui croit nous plaire, En vain espère Être vainqueur ; Moi je préfère L’amant sincère Qui sait nous taire Sa tendre ardeur... Mais on doit rire Du faux délire Et du martyre D’un séducteur. Ce téméraire Qui croit nous plaire, En vain espère Être vainqueur, En vain espère

Séduire mon cœur, En vain, en vain, Séduire mon cœur.

LE COMTE ORY*Beauté si fière,

Prude sévère, Bientôt j’espère

Toucher son cœur ; Je ris d’avance De sa défense ;

La résistance Est de rigueur...

Puis l’heure arrive Où la captive,

Faible et plaintive, Cède au vainqueur,

Oui, céde au vainqueur. Beauté si fière,

Prude sévère, Bientôt j’espère Être vainqueur, Bientôt j’espère

Toucher ton cœur, Bientôt, bientôt

toucher ton cœur

LE COMTE ORYIl faut, je pense, Être en défense. La confiance N’est pas prudence, La confiance N’est pas prudence.

LA COMTESSEEn confiance, On peut d’avance Braver, je pense, Son insolence, Braver, je pense, Son insolence.

LA COMTESSECe téméraire Qui croit nous plaire, En vain espère Être vainqueur.

Moi, je préfère L’amant sincère Qui sait nous taire Sa tendre ardeur… Mais on doit rire Du faux délire Et du martyre D’un séducteur, D’un séducteur. Ce téméraire Qui croit nous plaire, En vain espère Être vainqueur, En vain espère Séduire mon cœur, En vain, en vain séduire mon cœur.

LE COMTE ORYBeauté si fière, Prude sévère, Bientôt j’espère Toucher ton cœur. Je ris d’avance De sa défense, La résistance Est de rigueur… Puis l’heure arrive Où la captive, Faible et plaintive, Cède au vainqueur, Oui, cède au vainqueur. Beauté si fière, Prude sévère, Bientôt j’espère Être vainqueur, Bientôt j’espère Toucher ton cœur, Bientôt, bientôt toucher ton cœur, Bientôt j’espère Être vainqueur, Être vainqueur, Être vainqueur, Être vainqueur,

(LA COMTESSE, DAME RAGONDE,) CHŒUR DES DAMES D’HONNEUREn ce moment (celui)/l’époux que j’aime, Est peut-être aussi malheureux, Est peut-être aussi malheureux, Est peut-être aussi malheureux.

LA COMTESSE ET DAME RAGONDEEn ce moment celui que j’aime

CHŒUR DES DAMES D’HONNEUREn ce moment l’époux que j’aime,

(LA COMTESSE, DAME RAGONDE,) CHŒUR DES DAMES D’HONNEUREn ce moment (celui)/l’époux que j’aime, Est peut-être aussi malheureux, Est peut-être aussi malheureux, Est peut-être aussi malheureux, Est peut-être aussi malheureux, Est peut-être aussi malheureux, Oui, en ce moment (celui)/l’époux que j’aime, Est peut-être aussi malheureux.Dame Ragonde sort.

SCÈNE 2- Récit apres l’introduction -

(Dame Ragonde revient.)

DAME RAGONDE(d’un air agité) Quand tomberont sur lui Les vengeances divines ? Quelle horreur !

LA COMTESSE Qu’avez-vous ?

DAME RAGONDEDieu ! quel crime inouï !

LA COMTESSEMais qu’est-ce donc ?

DAME RAGONDEEncore un trait du Comte Ory ! De malheureuses pèlerines Qui, fuyant sa poursuite, Et cherchant un abri, Pour la nuit vous demandent un asile.

LA COMTESSEQue nos secours leur soient offerts !

DAME RAGONDEJ’ai prévenu vos vœux ! Ce soin m’était facile. On aime à compatir Aux maux qu’on a soufferts...LA COMTESSECes dames sont-elles nombreuses ?DAME RAGONDEQuatorze.LA COMTESSEC’est beaucoup !DAME RAGONDEMais quel air ! quel maintien !LA COMTESSELeur âge ?DAME RAGONDEQuarante ans.LA COMTESSELeurs figures ?DAME RAGONDEAffreuses ! Ce Comte Ory n’a peur de rien ! Je les ai fait entrer au parloir en silence. Elles tremblaient encore de froid et de frayeur. L’une d’elles pourtant, dans sa reconnaissance,

De vous voir un instant demande la faveur. Mais c’est elle, je pense : Elle approche.LA COMTESSEC’est bien. Laissez-nous un instant.DAME RAGONDE(au Comte Ory, qui paraît en pèlerine et les yeux baissés) Entrez, ne craignez rien. (Toutes les dames sortent.)LA COMTESSERagonde avait raison, quel modeste maintien ! Approchez, approchez, Madame.

N° 7

SCÈNE 3La Comtesse, le Comte Ory.

- Duo la Comtesse / le Comte Ory -

LE COMTE ORYAh! quel respect, Madame, Pour vos vertus m’enflamme : Souffrez que de mon âme J’exprime ici l’ardeur !LA COMTESSEL’ ardeur ?LE COMTE ORYVotre prudence, Votre obligeance Nous a sauvé l’honneur, Votre prudence, Votre obligeance Nous a sauvé l’honneur, Nous a sauvé l’honneur, Votre obligeance Nous a sauvé l’honneur.

LA COMTESSEJe suis heureuse et fière D’avoir d’un téméraire Soustrait à la colère Une vertu si chère !

LE COMTE ORYVertu !

LA COMTESSEOui, je suis fière Qu’à sa colère Échappent tant d’attraits, Oui, je suis fière Qu’à sa colère Échappent tant d’attraits, Échappent tant d’attraits, Qu’à sa colère Échappent tant d’attraits !

LE COMTE ORYEn mon cœur rien n’efface Tant de charme et de grâce. (prenant sa main) Cette main que j’embrasse Vous l’atteste à jamais.

LA COMTESSEQue faites-vous ? Ah ! de grâce!

LE COMTE ORYDe ma reconnaissance, Quoi ! l’excès vous offense ! Et sans votre assistance, Hélas ! lorsque j’y pense... Quel était notre sort ! ... Hélas ! lorsque j’y pense... D’effroi j’en tremble encor !

LA COMTESSE(avec bonté, et lui tendant la main) Calmez, calmez votre âme.

LE COMTE ORY(pressant sa main sur ses lèvres) Ah ! Madame !

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68 69*simultanément

- Récit après le duo -

LA COMTESSEVoici vos compagnes fidèles.

LE COMTE ORY

Je les entends... ce sont eux... (se reprenant) Ce sont elles ! (à part et regardant vers le fond) Mes chevaliers ! sous ces humbles habits !

LA COMTESSE(montrant une table qu’on a apportée à la fin du duo) J’ordonne qu’on vous serve et du lait et des fruits.

LE COMTE ORYQuelle bonté céleste ! (il baise avec respect la main de la Comtesse, qui sort en le regardant avec intérêt. Le Comte la suit quelque temps des yeux ; puis il dit, en montrant la table) L’ordinaire est frugal, et le repas modeste Pour d’aussi nobles appétits.

N° 8

SCÈNE 4Le Comte Ory, le Gouverneur, onze chevaliers.Ils sont vêtus d’une pèlerine qui est entr’ouverte, et laisse apercevoir leurs habits de chevaliers.

- Chœur -

LE COMTE ORY, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉES HOMMES,

CHŒUR CHEVALIERSAh ! la bonne folie !

C’est charmant, c’est divin ! Le plaisir nous convie À ce joyeux festin, À ce joyeux festin, À ce joyeux festin. C’est charmant, c’est divin ! C’est charmant, c’est divin ! Le plaisir nous convie À ce joyeux festin. C’est charmant, c’est divin ! C’est charmant, c’est divin ! Le plaisir nous convie À ce joyeux festin. Ah ! la bonne folie ! Ah ! la bonne folie ! C’est charmant, c’est divin ! C’est charmant, c’est divin ! Le plaisir nous convie À ce joyeux festin. C’est charmant, c’est divin ! C’est charmant, c’est divin ! Le plaisir nous convie À ce joyeux festin. À ce joyeux festin, À ce joyeux festin, À ce joyeux festin.

LE COMTE ORYL’aventure est jolie, N’est-il pas vrai ? ... Monsieur mon gouverneur ?

LE GOUVERNEUR Je pense comme Monseigneur. Mais si le duc...

LE COMTE ORYMon père...

LE GOUVERNEURApprend cette folie, Ma place me sera ravie ! Il faut donc prendre garde.

LE COMTE ORYEh ! mais, c’est ton emploi ;

Tu veilleras pour nous, et nous rirons pour toi. Rien ne nous manquera, je pense ; Car sagement j’ai su choisir Mes compagnons, pour le plaisir ; Mon gouverneur, pour la prudence.

LE GOUVERNEURQui peut vous inspirer pareille extravagance ?

LE COMTE ORY C’est mon page

Isolier... mon rival.

LE GOUVERNEURL’imprudent !

LE COMTE ORYQui ne connaissant point l’objet de ma tendresse, M’a conseillé tantôt un tel déguisement Pour mieux enlever sa maîtresse.

LE GOUVERNEUREt le ciel le punit.

LE COMTE ORYEn me récompensant.

LE COMTE ORY, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉES HOMMES, CHŒUR CHEVALIERSAh ! la bonne folie ! C’est charmant, c’est divin ! Le plaisir nous convie À ce joyeux festin, À ce joyeux festin, À ce joyeux festin. C’est charmant, c’est divin ! C’est charmant, c’est divin ! Le plaisir nous convie À ce joyeux festin. C’est charmant, c’est divin ! C’est charmant, c’est divin !

Le plaisir nous convie À ce joyeux festin. Ah ! la bonne folie ! Ah ! la bonne folie ! C’est charmant, c’est divin ! C’est charmant, c’est divin ! Le plaisir nous convie À ce joyeux festin. C’est charmant, c’est divin ! C’est charmant, c’est divin ! Le plaisir nous convie À ce joyeux festin. À ce joyeux festin, À ce joyeux festin, À ce joyeux festin.

Ils se mettent à table

- Récit après le chœur -

LE GOUVERNEUREh ! mais, quelle triste observance ! Rien que du laitage et des fruits.

LE COMTE ORYC’est le repas de l’innocence, Mesdames.

LE GOUVERNEURPoint de vin ! ...

CHŒUR CHEVALIERSPoint de vin ! ...

SCÈNE 5Les précédents ; Raimbaud, tenant un panier sous son manteau de pèlerine.

RAIMBAUDEn voici, mes amis.

CHŒUR CHEVALIERS (SE LEVANT)C’est Raimbaud !

RAIMBAUDEn héros j’ai tenté l’aventure, Et je viens avec vous partager ma capture. Approchez ! Écoutez le récit des exploits Que pour vous j’ai tentés.

N° 9- Air de Raimbaud -

RAIMBAUDDans ce lieu solitaire, Propice au doux mystère, Moi, qui n’ai rien à faire, Je m’étais endormi. Dans mon âme indécise, Certain goût d’entreprise Que l’exemple autorise Vient m’éveiller aussi.

CHŒUR CHEVALIERSQuoi ! Raimbaud s’en mêle aussi !

RAIMBAUDC’est le seul moyen d’être Digne d’un pareil maître, Et je veux reconnaître Ce manoir en détail ! Je pars... je m’oriente ; À mes yeux se présente Une chambre élégante, C’est celle du travail.

CHŒUR CHEVALIERSEt quel est ce travail ?

RAIMBAUDUne harpe jolie... De la tapisserie ; Près d’une broderie J’aperçois un roman ! Même en une chambrette, J’ai, dans une cachette, Cru voir l’historiette Du beau Tyran-le-Blanc !

CHŒUR CHEVALIERSQuoi, vraiment ? Un roman ?

RAIMBAUDJe sors de l’oratoire Et j’entre au réfectoire Où rien ne me fait croire À l’espoir d’un festin.

Marchant à l’aventure Sous une voûte obscure, J’entrevois l’ouverture D’un affreux souterrain.

CHOEUR CHEVALIERSUn affreux souterrain !

RAIMBAUDUne beauté naïve Peut y gémir, captive. Je m’élance et j’arrive Dans un vaste cellier, Dont l’étendue immense Et la bonne apparence Attestaient la prudence Du sir de Formoutier.

CHOEUR CHEVALIERSPouvait-on mieux tomber ?

RAIMBAUDArsenal redoutable, Qui fait qu’on puise à table Un courage indomptable Contre le Sarrasin. Armée immense et belle, D’une espèce nouvelle, Plus à craindre que celle Du sultan Saladin...

CHŒUR CHEVALIERSC’est charmant, c’est divin !

RAIMBAUDPrès des vins de Touraine, Je vois ceux d’Aquitaine : Et ma vue incertaine S’égare en les comptant. Là, je vois l’Allemagne ;

Ici, brille l’Espagne ; Là, frémit le Champagne Du joug impatient.

CHŒUR CHEVALIERSC’est divin, c’est charmant !

RAIMBAUDJ’hésite... ô trouble extrême ! Ô doux péril que j’aime ! Et seul, avec moi-même, Contre tant d’ennemis, Au hasard, je m’élance. Sans compter, je commence, J’attaque avec vaillance À la fois vingt pays. Sans compter, je commence, J’attaque avec vaillance À la fois vingt pays, À la fois vingt pays, À la fois vingt pays.

- Allegro Con Brio -

Quelle conquête Pour moi s’apprête ! ... Mais je m’arrête : J’entends un bruit. Quelqu’un s’avance, Vers moi s’élance ! De notre course Les murs frémissent, Ils retentissent, On me poursuit. On crie : « arrête ! Arrête... arrête ! » L’écho répète Ces cris d’alarme, Je fuis soudain, Je fuis soudain. Quel jour de fête, Ô mes amis ! Quel jour de fête, Ô mes amis, De ma conquête Voilà les fruits. Quel jour de fête ! Quel jour de fête !

De ma conquête Voilà tous les fruits ! Ah ! mes amis, De ma conquête Voilà, voilà les fruits, mes amis ! De ma conquête, oui, De ma conquête, Voilà les fruits !

CHŒUR CHEVALIER*De sa conquête Prenons les fruits, De sa conquête Prenons les fruits, De sa conquête Prenons les fruits, De sa conquête Prenons les fruits, De sa conquête Prenons les fruits, De sa conquête Prenons les fruits, De sa conquête, De sa conquête, De sa conquête, De sa conquête Prenons les fruits, Les fruits !

RAIMBAUD*On crie : « arrête ! »

L’écho répète Et leurs pas et leurs cris.

Les murs frémissent Et retentissent

Sous le bruit de nos pas. Quelqu’un s’avance,

Vers moi s’élance, Mais je ne l’attends pas.

On crie : « arrête ! Arrête ! arrête ! »

L’écho répète Ces cris d’alarme.

Je fuis soudain, Je fuis soudain.

RAIMBAUD Quel jour de fête, Ô mes amis, Quel jour de fête !

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70 71*simultanément *simultanément

Ô mes amis, De ma conquête Voilà, voilà les fruits !

RAIMBAUD*Quel jour de fête ! Quel jour de fête ! De ma conquête Voilà tous les fruits ! Ah ! mes amis, De ma conquête Voilà, voilà les fruits, mes amis ! De ma conquête, Oui, de ma conquête, Voilà les fruits ! Quel jour de fête, ô mes amis ! De ma conquête, de ma conquête Voilà tous les fruits ! Quel jour de fête, ô mes amis ! De ma conquête, de ma conquête Voilà tous les fruits, Mes amis, oui, voilà les fruits, Mes amis, oui, voilà les fruits, Voilà les fruits, voilà les fruits, Voilà les fruits !

CHŒUR CHEVALIERS*De sa conquête, De sa conquête,

Prenons les fruits, Tous les fruits !

Oui, prenons, prenons, Les fruits, mes amais ! Prenons les fruits, oui !

De sa conquête, De sa conquête

Prenons les fruits, oui, Les fruits !

De sa conquête, De sa conquête

Prenons les fruits ! Prenons les fruits ! Prenons les fruits ! Prenons les fruits, Prenons les fruits, Prenons les fruits,

Prenons les fruits !

- Récit après l’air de Raimbaud -

LE COMTE ORYDu fruit de sa victoire Il fait hommage à l’amitié. Dans sa conquête et dans sa gloire Soyons tous de moitié.

N° 10- Chœur -

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉE, CHŒUR CHEVALIERSBuvons, buvons, buvons, Buvons soudain ! ... Qu’il avait de bon vin Le seigneur châtelain ! Qu’il avait de bon vin Le seigneur châtelain ! Pendant qu’il fait la guerre Au Turc, au Sarrasin, Pendant qu’il fait la guerre Au Turc, au Sarrasin,

LE COMTE ORY, LE GOUVERNEURÀ sa santé si chère, buvons ce jus divin,

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉE, CHŒUR CHEVALIERSÀ sa santé si chère, buvons ce jus divin

CORYPHÉEBuvons,

LE COMTE ORY

Buvons,

RAIMBAUD, LE GOUVERNEURBuvons,

CORYPHÉEBuvons !...

LE COMTE ORYBuvons !...

RAIMBAUD, LE GOUVERNEURBuvons !

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉEQu’il avait de bon vin, le seigneur châtelain, Qu’il avait de bon vin, le seigneur châtelain,

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉE, CHŒUR CHEVALIERSQu’il avait de bon vin, Le seigneur châtelain. Buvons, buvons, buvons, ce jus divin, Jusqu’à demain, Buvons, buvons, buvons, ce jus divin, Jusqu’à demain, jusqu’à demain, Jusqu’à demain.

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉEQuelle douce ambroisie ! Quelle douce ambroisie ! Célébrons tour à tour Le vin et la folie, Le plaisir, oui, le plaisir et l’amour,

CHŒUR DES CHEVALIERSCélébrons,

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉECélébrons tour à tour

CHŒUR DES CHEVALIERSCélébrons,

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉELe plaisir et l’amour,

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉE, CHŒUR CHEVALIERSCélébrons tour à tour Le vin et la folie, Le plaisir, oui, le plaisir et l’amour, Célébrons le plaisir et l’amour, Célébrons le plaisir et l’amour.

- Allegro Moderato -

RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR

Qu’il avait de bon vin, Le seigneur châtelain,

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉEQu’il avait de bon vin, Le seigneur châtelain,

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉE, CHŒUR CHEVALIERSQu’il avait de bon vin, Le seigneur châtelain, Buvons, buvons, buvons, Ce jus divin,

Jusqu’à demain, Buvons, buvons, buvons, Ce jus divin, Jusqu’à demain, Jusqu’à demain, Jusqu’à demain.

LE COMTE ORYOn vient ! ... c’est la tourière ! ...

Silence ! taisez-vous ! Mettez-vous en prière, Ou bien c’est fait de nous.

SCÈNE 6Les précédents. Dame Ragonde, traversant le théâtre et examinant si les pèlerines n’ont besoin de rien.

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉE(fermant leur pèlerine, et cachant leur bouteille, sans avoir l’air de voir Ragonde) Toi que je révère, Entends ma prière, Ô Dieu tutélaire, Viens dans ta bonté, sauver l’innocence, Et que ta puissance, un jour récompense, L’hospitalité, Un jour récompense, L’hospitalité, L’hospitalité, L’hospitalité. (Ragonde les regarde d’un air attendri ; lève les yeux au ciel et s’éloigne.)

RAIMBAUDElle a disparu, Réparons bien le temps perdu.

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉE, CHŒUR CHEVALIERS

Buvons, buvons, buvons, Buvons soudain ! ... Qu’il avait de bon vin Le seigneur châtelain ! Qu’il avait de bon vin Le seigneur châtelain !

Pendant qu’il fait la guerre Au Turc, au Sarrasin, Pendant qu’il fait la guerre Au Turc, au Sarrasin,

LE COMTE ORY, LE GOUVERNEURÀ sa santé si chère, buvons ce jus divin,

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉE, CHŒUR CHEVALIERSÀ sa santé si chère, buvons ce jus divin

CORYPHÉEBuvons,

LE COMTE ORYBuvons,

RAIMBAUD, LE GOUVERNEURBuvons,

CORYPHÉEBuvons !...

LE COMTE ORYBuvons ! ...

RAIMBAUD, LE GOUVERNEURBuvons !

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉE

Qu’il avait de bon vin, le seigneur châtelain, Qu’il avait de bon vin, le seigneur châtelain,

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉE, CHŒUR CHEVALIERSQu’il avait de bon vin,

le seigneur châtelain. Buvons, buvons, buvons, ce jus divin, Jusqu’à demain, Buvons, buvons, buvons, ce jus divin, Jusqu’à demain, Jusqu’à demain, jusqu’à demain.

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉEQuelle douce ambroisie ! Quelle douce ambroisie ! Célébrons tour à tour Le vin et la folie, Le plaisir, oui, le plaisir et l’amour,

CHŒUR DES CHEVALIERSCélébrons,

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉECélébrons tour à tour

CHŒUR DES CHEVALIERSCélébrons,

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉELe plaisir et l’amour,

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉE, CHŒUR CHEVALIERSCélébrons tour à tour Le vin et la folie, Le plaisir, oui, le plaisir et l’amour, Célébrons le plaisir et l’amour, Célébrons le plaisir et l’amour.

- Allegro Moderato -

RAIMBAUD, LE GOUVERNEURQu’il avait de bon vin, Le seigneur châtelain,

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉEQu’il avait de bon vin, Le seigneur châtelain,

LE COMTE ORY, RAIMBAUD, LE GOUVERNEUR, CORYPHÉE,CHŒUR CHEVALIERSQu’il avait de bon vin, Le seigneur châtelain, Buvons, buvons, buvons, Ce jus divin, jusqu’à demain, Buvons, buvons, buvons, Ce jus divin, jusqu’à demain, Qu’il avait de bon vin, Le seigneur châtelain, Qu’il avait de bon vin, Le seigneur châtelain, Buvons, buvons, buvons, Jusqu’à demain, Qu’il avait de bon vin, Le seigneur châtelain, Qu’il avait de bon vin, Le seigneur châtelain, Buvons, buvons, buvons, Jusqu’à demain, Jusqu’à demain, Jusqu’à demain, Jusqu’à demain, Jusqu’à demain.

- Récit après le Chœur -

LE COMTE ORYElle revient... silence !

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72 73*simultanément

SCÈNE 7Les précédents, la Comtesse, Dame Ragonde, plusieurs femmes portant des flambeaux.

LA COMTESSE(à part, aux autres femmes) Quel doux recueillement ! Combien je les admire !

- Allegro Moderato - (haut) Du repos voici le moment. Que chacune de vous, Mesdames, se retire Dans son appartement.

LE COMTE ORY Adieu, noble Comtesse... Ah ! si le ciel m’entend, Bientôt viendra l’instant peut-être, Où pourrait vous faire connaître Ce qu’éprouve pour vous Mon cœur reconnaissant.

Le Comte Ory et les chevaliers prennent les flambeaux des mains des dames, et se retirent.

SCÈNE 8La Comtesse, Dame Ragonde, quelques autres dames.

LA COMTESSE(commençant à défaire son voile) Oui, c’est une bonne œuvre, Et qui, dans notre zèle, Doit nous porter bonheur.

- Allegro Vivace -

On sonne à la tourelle,Qui vient encore ?

DAME RAGONDE (REGARDANT PAR LA FENÊTRE)Un page.

LA COMTESSEUn page dans ces lieux, Dont l’enceinte est par nous Aux hommes interdite ! ... Je veux savoir quel est l’audacieux...

SCÈNE 9Les précédents, Isolier et les autres femmes.

ISOLIERC’est moi, belle cousine, Et point je ne mérite Le fier courroux qui brille En vos beaux yeux.

LA COMTESSEQui vous amène ici ?

ISOLIERLe duc mon maître. Il m’a chargé de vous faire connaître, À ces dames, à vous, Qu’aujourd’hui, cette nuit, Leurs maris, votre frère, Arrivent à minuit.

CHŒUR DES DAMES D’HONNEURQuoi ! nos maris... bonté divine ! ...

ISOLIERIls reviennent de Palestine Et veulent, en secret, Vous surprendre ce soir.

CHŒUR DES DAMES D’HONNEURAh ! cet heureux retour Comble tout notre espoir !

ISOLIERLe duc le croit aussi ; Mais il pense en son âme Qu’un mari bien prudent Prévient toujours sa femme. Un bonheur trop subit Peut être dangereux.

DAME RAGONDEQuoi ! nos maris enfin Reviennent dans ces lieux ! Ah ! le ciel les devait À nos vives tendresses. Je cours en prévenir Nos aimables hôtesses.

ISOLIER(l’arrêtant) Et qui donc ?

DAME RAGONDEQuatorze vertus... Que le Comte Ory, votre maître, Poursuivait.

ISOLIERDe terreur tous mes sens sont émus. Achevez... ce sont peut-être Des pèlerines ?

DAME RAGONDEOui, vraiment.

ISOLIER C’est fait de nous... Sous ce déguisement Vous avez accueilli Le Comte Ory lui-même, Et tous ses chevaliers.

CHŒUR DES DAMES D’HONNEURÔ ciel !

LA COMTESSETerreur extrême !

DAME RAGONDEQue dire à mon mari, Trouvant en ses foyers Sa chaste épouse Avec quatorze chevaliers ?

CHŒUR DES DAMES D’HONNEURHélas ! à quel péril sommes-nous réservées ?

ISOLIERUne heure seulement, Et vous êtes sauvées. On va nous secourir... Il faut gagner du temps.

CHOEUR DES DAMES D’HONNEURHélas ! hélas, je tremble

- Récit -

LA COMTESSEPlus terrible à lui seul Que les autres ensemble, Ce Comte Ory... le voici... je l’entends.

ISOLIERNe craignez rien ! au péril de ma vie Je vous défendrai contre tous.

- Andante -

Toutes les dames s’enfuient en poussant un grand cri. Isolier va souffler la lampe qui est sur le guéridon, puis, s’enveloppant du voile que la Comtesse vient de quitter, il se place sur le canapé, et fait signe à la Comtesse de s’approcher de lui.

LA COMTESSED’effroi je suis toute saisie.

ISOLIERDame tant chérie, âme de ma vie, Ne craignez rien, je suis auprès de vous.

N° 11

SCÈNE 10Isolier, assis sur le canapé ; la Comtesse, debout, s’appuyant près de lui ; le Comte, sortant de sa chambre.Quand le page souffle : nuit totale.

- Trio -

ISOLIER, LA COMTESSE, LE COMTE ORY

LE COMTE ORYÀ la faveur de cette nuit obscure, Avançons-nous, et sans la réveiller. Il faut céder au tourment que j’endure ; Amour me berce, et ne puis sommeiller.

Avançons-nous, et sans la réveiller. Il faut céder au tourment que j’endure ; Amour me berce, et ne puis sommeiller. D’amour et d’espérance je sens battre mon cœur ;

LE COMTE ORY ET ISOLIERD’amour et d’espérance je sens battre mon cœur ; La nuit et le silence,

LA COMTESSEDe crainte et d’espérance, De crainte et d’espérance, Je sens battre mon cœur ; La nuit et le silence Redoublent ma frayeur, La nuit et le silence, oui, Redoublent ma frayeur, La nuit et le silence, oui, Redoublent ma frayeur, Redoublent ma frayeur, Redoublent ma frayeur.

ISOLIER Oui, le nuit et le silence Redoublent son erreur, Son erreur, La nuit et le silence Redoublent son erreur, Oui, son erreur, La nuit et le silence, oui, Redoublent son erreur, La nuit et le silence, oui, Redoublent son erreur, Redoublent son erreur, Redoublent son erreur.

LE COMTE ORYOui, le nuit et le silence Assurent, assurent Mon bonheur, Assurent mon bonheur, Assurent mon bonheur, Oui, mon bonheur,

La nuit et le silence Assurent mon bonheur, La nuit et le silence Assurent mon bonheur, Assurent, assurent Mon bonheur, assurent, Assurent mon bonheur.

ISOLIER(bas à la Comtesse) Parlez-lui.

LA COMTESSEQui va là ?

LE COMTE ORYC’est moi : c’est sœur Colette. Seule et dans cette chambre Où je ne puis dormir, Tout me trouble, tout m’inquiète. J’ai peur... J’ai peur… Permettez-moi… permettez-moi… Près de vous… de venir. Permettez-moi… permettez-moi… Près de vous… de venir.

ISOLIER(à part) Ah ! quelle perfidie !

LA COMTESSE (avançant près d’Isolier) Ah ! quelle perfidie !

LE COMTE ORY (avançant près d’Isolier) Ô moment plein de charme ! Quand on est deux, quand on est deux, On a moins peur.

ISOLIER (à part) Oui, lorsqu’on est deux !

LE COMTE ORY (prenant la main d’Isolier) Ah ! je n’ai plus d’alarmes.

LA COMTESSEQue faites-vous ?

LE COMTE ORY (pressant la main d’Isolier) Pour moi, plus de frayeur ! Plus de frayeur quand cette main Est sur mon cœur.

LA COMTESSE(à part, et riant) Il presse ma main sur son cœur.

ISOLIER(bas, à la Comtesse) Beauté sévère, Laissez-le faire ; Son bonheur ne vous coûte rien. Beauté sévère, Laissez-le faire ; Son bonheur ne vous coûte rien.

LE COMTE ORY Grand Dieu ! Quel Bonheur, quel bonheur est le mien ! Grand Dieu ! grand Dieu ! Quel bonheur est le mien ! D’amour et d’espérance Je sens battre mon cœur,

LE COMTE ORY ET ISOLIERD’amour et d’espérance je sens battre mon cœur ; La nuit et le silence,

LA COMTESSEDe crainte et d’espérance, De crainte et d’espérance, Je sens battre mon cœur ; La nuit et le silence Redoublent ma frayeur, La nuit et le silence, oui, Redoublent ma frayeur, La nuit et le silence, oui, Redoublent ma frayeur, Redoublent ma frayeur, Redoublent ma frayeur.

ISOLIEROui, le nuit et le silence Redoublent son erreur,

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Son erreur, La nuit et le silence Redoublent son erreur, Oui, son erreur, La nuit et le silence, oui, Redoublent son erreur, La nuit et le silence, oui, Redoublent son erreur, Redoublent son erreur, Redoublent son erreur.

LE COMTE ORYOui, le nuit et le silence Assurent, assurent Mon bonheur, Assurent mon bonheur, Assurent mon bonheur, Oui, mon bonheur, La nuit et le silence Assurent mon bonheur, La nuit et le silence Assurent mon bonheur, Assurent, assurent Mon bonheur, Assurent, assurent Mon bonheur.

LA COMTESSEMaintenant, je vous en supplie, Sœur Colette, rentrez chez vous.

LE COMTE ORY (à Isolier) Vous quitter... c’est perdre la vie... Oui, je demeure à vos genoux.

LA COMTESSE

(à part) Je tremble, ô ciel ! (haut) Que faites-vous ? Que faites-vous ?

LE COMTE ORYSachez le feu qui me dévore ! C’est un amant qui vous implore.

LA COMTESSE Ah ! grand Dieu, quelle trahison ! Ah ! grand Dieu, quelle trahison !

LE COMTE ORYL’amour qui trouble ma raison Doit me mériter mon pardon. (à Isolier qui veut se lever) Ne m’ôtez point, je la réclame, Cette main, que ma vive flamme...

LA COMTESSEAh ! comme vous me pressez ! Laissez-moi.

LE COMTE ORY(embrassant Isolier) Vrai Dieu ! Madame, Peut-on vous aimer assez ?

- Andante -

En ce moment on entend sonner la cloche, et un bruit de clairons retentit à la porte du château.

LA COMTESSEJ’entends d’ici le bruit des armes, Le clairon vient de retentir, Vient de retentir.

LE COMTE ORYJ’entends d’ici le bruit des armes, Le clairon vient de retentir, Vient de retentir.

ISOLIER J’entends d’ici le bruit des armes, Le clairon vient de retentir, Vient de retentir.

LA COMTESSE ET ISOLIERPlus de frayeur et plus d’alarmes, On vient enfin nous secourir, On vient enfin, on vient enfin nous secourir.

J’entends d’ici le bruit des armes, Le clairon, oui, le clairon vient de retentir. J’entends d’ici le bruit des armes, Le clairon, oui, le clairon vient de retentir. J’entends d’ici le bruit des armes, Le clairon, oui, le clairon vient de retentir De retentir, de retentir, de retentir. Plus de frayeur et plus d’alarmes, On vient enfin nous secourir, Nous secourir.

LE COMTE ORYAh ! quel danger Faut-il courir ! Faut-il courir ! J’entends d’ici le bruit des armes, Le clairon, oui, le clairon vient de retentir. J’entends d’ici le bruit des armes, Le clairon, oui, le clairon vient de retentir. J’entends d’ici le bruit des armes, Le clairon, oui, le clairon vient de retentir, Vient de retentir, de retentir, de retentir. Faut-il quitter autant de charmes ? Ah ! quel danger faut-il courir, Faut-il courir !

LA COMTESSEJ’entends d’ici le bruit des armes, Le clairon vient de retentir, Vient de retentir.

LE COMTE ORYJ’entends d’ici le bruit des armes, Le clairon vient de retentir, Vient de retentir.

ISOLIER J’entends d’ici le bruit des armes, Le clairon vient de retentir, Vient de retentir.

LA COMTESSE ET ISOLIERPlus de frayeur, plus de frayeur,

On vient enfin nous secourir, Plus de frayeur, plus de frayeur, On vient enfin nous secourir, On vient, on vient nous secourir, (nous secourir). <Ah !> Plus de frayeur, plus de frayeur, On vient enfin nous secourir, Plus de frayeur, plus de frayeur, On vient enfin nous secourir, On vient, on vient nous secourir, (nous secourir). <Ah !> On vient enfin nous secourir, On vient enfin nous secourir, On vient enfin nous secourir, On vient enfin nous secourir, Nous secourir !

LE COMTE ORYÀ quel danger faut-il courir ! À quel danger faut-il courir ! À quel danger faut-il courir ! Faut-il courir. À quel danger faut-il courir ! À quel danger faut-il courir ! À quel danger faut-il courir, Faut-il courir ! À quel danger faut-il courir ! À quel danger faut-il courir ! À quel danger faut-il courir ! À quel danger faut-il courir, Faut-il courir !

- Recitatif après le trio -

Les femmes de la Comtesse se précipitent dans l’appartement, en tenant des flambeaux.

LE COMTE ORYÔ ciel ! quel est ce bruit ?

ISOLIER(jetant son voile) L’heure de la retraite. Car il faut partir, Monseigneur.

LE COMTE ORY (le reconnaissant) C’est mon page Isolier !ISOLIERCelui que sœur Colette Embrassait avec tan d’ardeur.LE COMTE ORY Je suis trahi ! crains ma colère !ISOLIERCraignez celle de votre père ! Il arrive dans ce castel. Entendez-vous ces cris de joie ?LE COMTE ORYÔ ciel !

SCÈNE 11Les précédents ; le Gouverneur, Raimbaud, et les compagnons du Comte Ory,en habits de chevaliers, et paraissant à la grille à droite.

LA COMTESSEVous qui faisiez la guerre aux femmes, Vous voilà donc nos prisonniers !LE COMTE ORY

Oui, nous sommes vaincus ! À vos pieds, nobles dames, Je demande merci Pour tous mes chevaliers. Pour leur rançon, qu’exigez-vous ?LA COMTESSE Un gage. Votre départ... Évitez le courroux de nos maris.ISOLIER Par un secret passage Je vais guider vos pas, Et votre page Fermera la porte sur vous.

LE COMTE ORY C’est lui qui nous a joués tous.

N°12- Final -

LA COMTESSEEcoutez ces chants de victoire... Ce sont de braves chevaliers Que l’amour ainsi que la gloire Ont ramenés dans leur foyers.

LE COMTE ORYÀ l’hymen cédons la victoire, Et qu’il rentre dans ses foyers. Quittons, quittons ces lieux hospitaliers.

LE COMTE ORY ET LE CHŒUR DE CHEVALIERS D’ORYQuittons, quittons ces lieux hospitaliers. (Isolier ouvre à gauche une porte secrète, par laquelle le Comte Ory et ses chevaliers disparaissent. En ce moment s’ouvrent les portes du fond. Le duc et les chevaliers revenant de la Palestine entrent, précédés de leurs écuyers, qui portent des étendards et des faisceaux d’armes. Dame Ragonde et les autres femmes se précipitent dans les bras de leurs maris, et la Comtesse dans ceux de son frère : puis Isolier va baiser la main du Comte de Formoutier, qui le relève et l’embrasse pendant le chœur suivant.)

LA COMTESSE ET DAME RAGONDEHonneur aux fils de la victoire, Honneur aux braves chevaliers

LA COMTESSE, DAME RAGONDE, ISOLIER,CHŒUR DES CHEVALIERS DU DUC, CHŒUR DES DAMES D’HONNEURQue l’amour ainsi que la gloire Ont ramenés dans leurs foyers, Ont ramenés dans leurs foyers, Ont ramenés dans leurs foyers.

CHOEUR DES CHEVALIERS DU DUC, CHŒUR DES DAMES D’HONNEURHonneur aux fils de la victoire, Honneur aux braves chevaliers, Que l’amour ainsi que la gloire Ont ramenés dans leurs foyers. Honneur aux fils de la victoire, Honneur aux braves chevaliers, Que l’amour ainsi que la gloire Ont ramenés dans leurs foyers !

DAME RAGONDE Seules dans ce séjour, Nous vivions d’espérance, Attendant le retour De nos preux chevaliers ! Pendant cinq ans d’absence, Aucun homme en ces lieux.

ISOLIER(aux maris) Vous êtes les premiers, Vous êtes les premiers.

LA COMTESSE ET DAME RAGONDEHonneur aux fils de la victoire, Honneur aux braves chevaliers,

LA COMTESSE, DAME RAGONDE, ISOLIER,CHŒUR DES CHEVALIERS DU DUC, CHŒUR DES DAMES D’HONNEURQue l’amour ainsi que la gloire Ont ramenés dans leurs foyers,

CHŒUR DES CHEVALIERS DU DUC, CHŒUR DES DAMES D’HONNEUROnt ramenés dans leurs foyers

LA COMTESSE, DAME RAGONDE, ISOLIERQue l’amour ainsi que la gloire Ont ramenés dans leurs foyers,

LA COMTESSE, DAME RAGONDE, ISOLIER,CHŒUR DES CHEVALIERS DU DUC, CHŒUR DES DAMES D’HONNEURQue l’amour, que la gloire, que l’amour, que la gloire Ont ramenés dans leurs foyers, Dans leurs, dans leurs foyers, Que l’amour, que la gloire, que l’amour, que la gloire, Ont ramenés dans leurs foyers, Dans leurs, dans leurs foyers, Ont ramenés dans leurs foyers, ont ramenés dans leurs foyers, Dans leurs foyers, dans leurs foyers, dans leurs foyers.

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76 77L ’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É . À C O N S O M M E R A V E C M O D É R A T I O N .

ON NE PLAISANTE PASAVEC LE GOÛT

Les moines de l’Abbaye d’Affl igem approuvent encore aujourd’hui avec soin la recette d’Affl igem Cuvée Blonde.

10400-AP-OperaComique-BLONDE EPI-215x185.indd 1 03/04/2017 10:37

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BIOGRAPHIES

LOUIS LANGRÉEDIRECTEUR MUSICAL

Louis Langrée est directeur musical du Cincinnati Symphony Orchestra et du Mostly Mozart Festival au Lincoln Center à New York. Il dirige de nombreux opéras, notamment aux Metropolitan Opera de New York, Staatsoper de Vienne, Scala de Milan, Covent Garden à Londres, Bayerische Staatsoper à Munich, Festivals de Glyndebourne, d'Aix-en-Provence… En concert, il est invité par les orchestres philharmoniques de Berlin, Vienne, Londres, Tokyo, l'Orchestre National de France, le Gewandhaus de Leipzig, Philadelphia Orchestra… Après Fortunio en 2009 et Pelléas et Mélisande en 2014 et avant Hamlet la saison prochaine, il dirige à l'Opéra Comique sa 3e production.

DENIS PODALYDÈSMISE EN SCÈNE

Entré en 1997 à la Comédie-Française, il en devient sociétaire en 2000. Joue, entre autres, dans Le Revizor (Molière de la révélation théâtrale), La Forêt, La Grande Magie, L’Avare, Hamlet, et cette année Les Damnés. Nombreux films au cinéma, notamment avec son frère Bruno, Emmanuel Bourdieu, Desplechin, Tavernier, Dupeyron, Angelo, etc. Mises en scène, entre autres, de Cyrano de Bergerac (Molière de la mise en scène), Fantasio, Lucrèce Borgia, dernièrement Les Fourberies de Scapin. À l’opéra, Fortunio, Don Pasquale, La Clémence de Titus. Il a publié plusieurs livres dont Voix off (prix Femina Essai 2008) et récemment l’album Pléiade Shakespeare. Officier dans l’ordre des Arts et Lettres.

ÉRIC RUFDÉCORS

Acteur, metteur en scène et scénographe, Éric Ruf entre à la Comédie-Française en 1993. Nommé sociétaire en 1998, il en devient administrateur général en août 2014. En tant que scénographe, il collabore notamment avec l’Opéra Comique, le Théâtre des Champs-Élysées, le Théâtre des Bouffes du Nord, l’Opéra national de Paris et la Comédie-Française. Prix Gérard-Philipe de la Ville de Paris (1999), Molières du décorateur et du second rôle masculin pour Cyrano de Bergerac en 2007, il reçoit le Grand Prix du syndicat de la Critique pour Peer Gynt en 2012, le Molière de la création visuelle pour 20 000 lieues sous les mers en 2016 et, en 2017, le Grand prix du meilleur spectacle lyrique de l’année pour Pelléas et Mélisande.

CHRISTIAN LACROIXCOSTUMESChristian Lacroix est connu pour la création de sa marque éponyme en 1987, bien qu’il se soit formé en histoire de l’art et à l’École du Louvre pour être conservateur de musée. Dès le début, le couturier de la couleur impose son style. Véritable esthète, il est costumier pour le théâtre, le ballet et l’opéra mais également décorateur (Hôtel du Continent), illustrateur (Éd. Livres de Poche, Petit Larousse…) et designer (TGV…). Il est l’auteur de nombreux ouvrages et commissaire d’expositions sur l’univers de la mode.

STÉPHANIE DANIELLUMIÈRES

Stéphanie Daniel a collaboré avec de nombreux metteurs en scène de talents comme Dautremay, Nordey ou encore Podalydès. Elle a mis en lumière

les trois performances de Tilda Swinton imaginées par Olivier Saillard. Elle conçoit également des éclairages pour des expositions temporaires (Louvre, Musée d’Orsay) tout comme pour de grands projets tels que le ré-éclairage du Musée Rodin ou la nef de la Grande Galerie de  l’Évolution au Muséum National d’Histoire Naturelle. Elle a reçu en 2007 le Molière du créateur de lumières pour Cyrano de Bergerac de Rostand.

CÉCILE BONCOLLABORATION AUX MOUVEMENTSDanseuse de formation contemporaine, Cécile Bon signe de nombreuses chorégraphies au théâtre et à l’opéra (Youssef Chahine, Anatoly Vassiliev, Jorge Lavelli, Matthias Langhoff, Michel Didym, Guy Freixe, François Chattot, Irina Brook, Irène Bonnaud, Pierre Meunier, Dan Jemmet,

Antoine Rigot, Gaëtan Vassart…). Elle collabore avec Denis Podalydès sur Cyrano, Fantasio, Le Cas Jekyll, Don Pasquale et La Clémence de Titus. Dernièrement elle a travaillé pour La Poupée Sanglante, En attendant Bojangles et Welcome to Woodstock.

BERTRAND HALARYCHEF DE CHANTAprès ses études au C.N.S.M. de Lyon, Bertrand Halary se perfectionne auprès de György Sebök à l’université de Bloomington. En France, il est chef de chant à l’Opéra de Montpellier. Attiré par l’aspect pédagogique, il rejoint le CNIPAL à la demande de Jocelyne Dienst. Depuis 2002 il est chef de chant à l’Académie européenne de musique d’Aix-en-Provence. Il a également enseigné à la chapelle musicale Reine Elisabeth et à la Musikhoschule de Karlsruhe. Bertrand Halary a été chef de chant au Festival

de Radio France, à l’Opéra National de Paris Bastille, l’Opéra National de Lyon, l’Opéra de Lille et au Deutsche Oper Am Rhein de Düsseldorf.

JOËL SUHUBIETTECHEF DE CŒUR Du répertoire a cappella à l’oratorio, de la musique de la Renaissance à la création contemporaine, en passant par l’opéra, allant à la rencontre des compositeurs d’aujourd’hui, Joël Suhubiette consacre l’essentiel de son activité à la direction de ses ensembles, le chœur de chambre toulousain les Éléments qu’il a fondé en 1997 et l’ensemble Jacques Moderne de Tours dont il est le directeur musical depuis 1993. Il interprète également l’oratorio avec de nombreux orchestres et ensembles instrumentaux français et dirige l’opéra à Dijon, Massy, Saint-Céré… Il est depuis 2006 directeur artistique du festival Musiques des Lumières de l’Abbaye-école de Sorèze.

PHILIPPE TALBOTTÉNOR LE COMTE ORYPhilippe Talbot est très apprécié dans le grand répertoire français (rôles-titres d’Hippolyte et Aricie, de Platée, de Béatrice et Benedict, Nadir dans Les Pêcheurs de perles, Gérald dans Lakmé…), il chante aussi Mozart (Ferrando dans Cosi fan Tutte, Don Ottavio dans Don Giovanni…) et le bel canto italien (Almaviva dans Il Barbiere di Siviglia, Ramiro dans Cenerentola, Aménophis dans Moïse et Pharaon, Lindoro dans L’Italiana in Algeri…). Ses récentes performances dans le répertoire de l’opérette ont également été saluées : Piquillo (La Périchole) au New York City Opera, Alfred (La Chauve-souris), Gloria Cassis (Les Brigands) et Le Lieutenant d’Azincourt (Fortunio) à l’Opéra Comique, Orphée aux Enfers…

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Retrouvez l'intégralité des biographies sur notre site internet.

JULIE FUCHSSOPRANO LA COMTESSE Récemment Julie Fuchs a interprété Nannetta, La Folie (Opéra de Paris), La Fille du Régiment (Wiener Staatsoper, Opéra de Lausanne), Susanna, Morgana (Zurich Opernhaus), Zerlina (Festival d'Aix), Giunia (Teatro Real de Madrid) ou encore Musetta (Bayerishe Staatsoper). En concert, elle chante au Festival de Salzbourg, aux BBC Proms et aux Chorégies d’Orange... Julie Fuchs donne des récitals de mélodies, enregistre de la chanson et joue dans des comédies musicales. Originaire d’Avignon, elle a d'abord pratiqué le violon et le théâtre. Elle est lauréate du concours Operalia et a obtenu deux Victoires de la musique (Révélation Lyrique et Artiste Lyrique). Artiste exclusive Deutsche Grammophon, elle sort son premier album solo, Yes, en 2015. Son prochain album sortira la saison prochaine. Cette saison, elle sera aussi Morgana (TCE), Poppea (Opéra de Zurich) et Pamina (Opéra de Hambourg).

GAËLLE ARQUEZ MEZZO-SOPRANO ISOLIERNommée Révélation Lyrique aux Victoires de la Musique en 2011 et diplômée en musicologie ainsi que d’un Prix de Chant au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, Gaëlle Arquez fait ses débuts dans Don Giovanni à l’Opéra de Paris puis dans le rôle-titre de La Belle Hélène au Théâtre du Châtelet. Récemment elle interpréte les rôles-titres d’Armide au Staatsoper de Vienne, de Serse et de Mélisande à l’opéra Frankfurt, de Carmen au Teatro Real de Madrid qu’elle reprendra prochainement au Covent Garden de Londres. Elle vient de sortir son premier album solo Ardente Flamme chez Deutsche Grammophon.

ÈVE-MAUD HUBEAUX MEZZO-SOPRANO, DAME RAGONDEÈve-Maud Hubeaux entreprend d’abord des études de droit jusqu’au doctorat mais, fascinée par le monde

lyrique, elle intègre l’Opera Studio du Rhin. Ces dernières saisons, elle fit ses débuts remarqués dans Carmen, Die Tote Stadt, Ariane et Barbe-Bleue, Tristan und Isolde (Lyon), Wozzeck, Rosenkavalier (Bastille) et s'imposa dans Ermione (Andromaca) au TCE Paris sous la direction du regretté Maestro Alberto Zedda. Actualité : Eboli dans Don Carlos à l’Opéra de Lyon, The Rake's progress à l'Opéra de Bâle et Rinaldo en tournée sous la direction de Christophe Rousset. Discographie récente : Das Lied von der Erde dirigé par Jean-François Verdier.

PATRICK BOLLEIREBASSE LE GOUVERNEURAprès ses débuts sur la scène à l’Opéra du Rhin dans le cadre de l’Opéra Studio, les engagements de Patrick Bolleire se multiplient sur les plus grandes scènes européennes. Il se distingue notamment dans le répertoire français : Le Spectre (Hamlet), Père Laurent

(Roméo et Juliette), Le Comte des Grieux (Manon), Abimelech (Samson et Dalila), Mephisto (Faust), l’Arbre et le Fauteuil (L’Enfant et les Sortilèges)... Rossini est l’un de ses compositeurs de prédilection, il a chanté notamment le Gouverneur (Comte Ory), Melchthal (Guillaume Tell), Orbazzano (Tancredi), Fenicio (Ermione), Oroe (Semiramide), Leucippo (Zelmira) et bientôt Basilio (Il Barbiere di Siviglia)…

JEAN-SÉBASTIEN BOUBARYTON RAIMBAUDJean-Sébastien Bou fait ses débuts dans le rôle de Pelléas, un rôle qu’il a notamment interprété à l’Opéra Comique, au Liceu de Barcelone, à Moscou... Il s’affirme rapidement dans le répertoire français : Valentin (Faust), Escamillo (Carmen), rôles-titre de Werther, Hamlet... Son répertoire éclectique s’étend du baroque (rôle-titre d’Orfeo) au contemporain (créations de Claude d’Escaich à l’Opéra

de Lyon, de Charlotte Salomon de Dalbavie au Festival de Salzbourg), et chante régulièrement le répertoire italien : Figaro (Il Barbiere di Siviglia), Malatesta (Don Pasquale), Marcello (La Bohème), Sharpless (Madama Butterfly) ; Mozart : rôle-titre de Don Giovanni, Don Alfonso (Così fan tutte), mais également le rôle-titre d’Eugène Onéguine…

JODIE DEVOSSOPRANO ALICEAprès avoir été récompensée au prestigieux Concours Reine Elisabeth de Belgique, Jodie Devos intègre l’Académie de l’Opéra Comique à Paris. À l’opéra elle a notamment incarné Rosina (Il Barbiere di Siviglia), Eurydice (Orphée aux enfers) à Liège, le Feu, le Rossignol et la Princesse (L’Enfant et les sortilèges) à Montpellier, Ida et Adèle (La Chauve-souris) à l’Opéra Comique, le rôle-titre de Lakmé à Tours, La Reine de la nuit (La Flûte enchantée) à Dijon, Limoges... Elle chantera prochainement Rigoletto, Les Noces de Figaro

et Lakmé à Liège, Les Contes d’Hoffmann à l’Opéra de Paris, L’Enlèvement au sérail à Monte Carlo, La Flûte enchantée à la Monnaie de Bruxelles…

LAURENT PODALYDÈSCOMÉDIEN Laurent Podalydès assiste son frère, Denis, régulièrement au théâtre depuis de nombreuses années. Il a travaillé sur des pièces écrites par Emmanuel Boudieu toujours mises en scène par Denis mais également sur des opéras, notamment sur Fortunio, monté à l’Opéra Comique en 2009 sous la direction de Louis Langrée. Il est également acteur au théâtre, notamment sur Le Bourgeois gentilhomme pour une production des Bouffes du Nord. Il travaille aussi au cinéma avec leur frère ainé Bruno.

LÉO REYNAUD COMÉDIEN Leo Reynaud s'initie au théâtre avec Brigitte Jaques-Wajeman puis travaille notamment avec Antoine Juliens, Ismaël

Djema, Denis Podalydès ou encore Cécile Messineo. À l'image il est dirigé par Élie Wajeman, Benjamin Biolay, Charlotte Brandström et Jean-Philippe Amar mais Reynaud est aussi derrière la caméra avec deux courts-métrages (VespaSSiennes, C'est Lui !). Après avoir participé aux Talents Cannes Adami, il travaille à présent sur un projet de mini-série sur l'univers du football. En parallèle il enregistre régulièrement des chroniques pour France Culture et France Inter.

CHŒUR LES ÉLÉMENTSDepuis sa création par Joël Suhubiette en 1997 à Toulouse, le chœur de chambre les éléments est devenu l’un des acteurs principaux de la vie chorale professionnelle française. Récompensés en 2005 par l’Académie des Beaux Arts avec le prix de la Fondation Liliane Bettencourt pour le chant choral et par une Victoire de la musique classique en 2006, les éléments s’illustrent dans les répertoires de la Renaissance à la création contemporaine

et commandent régulièrement des œuvres aux compositeurs d’aujourd’hui.

ORCHESTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES L’Orchestre des Champs-Élysées se consacre à l’interprétation, sur instruments d’époque, du répertoire allant de Haydn à Debussy. Sa création en 1991 est due à l’initiative commune d’Alain Durel, directeur du Théâtre des Champs-Élysées et de Philippe Herreweghe. Il s’est produit dans la plupart des grandes salles de concert du monde entier (Philharmonies de Munich, de Berlin, Lincoln Center de New York). Depuis 2014 l’Orchestre des Champs-Élysées développe une relation privilégiée avec le chef d’orchestre Louis Langrée à la fois pour l’opéra et la musique française. Par ailleurs, 2017 a marqué l’aboutissement du Beethoven Projekt conclu par une intégrale des symphonies au Théâtre des Champs-Élysées après plus de 30 concerts en Europe.

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L'ÉQUIPE DE L'OPÉRA COMIQUEPRÉSIDENT Jean-Yves LarrouturouPRÉSIDENTE D'HONNEUR Maryvonne de Saint Pulgent

LE CONSEIL D'ADMINISTRATIONMEMBRES DE DROIT Directrice Générale de la Création Artistique (Ministère de la Culture) Régine HatchondoSecrétaire Général (Ministère de la Culture) Hervé BarbaretDirectrice du Budget (Ministère de l’Économie et des Finances) Amélie VerdierPERSONNALITÉS QUALIFIÉES Mercedes Erra  Marie-Claire Janailhac-FritschREPRÉSENTANTS DES SALARIÉS Michaël Dubois Dominique Gingreau

DIRECTIONDirecteur Olivier ManteiSecrétaire Karine BelcariChargée de mission auprès du Directeur Agnès Marandon

ADMINISTRATIONS ET FINANCESDirectrice administrative et financière Nathalie LefèvreDélégué à la DAF Nicolas HeitzResponsable de la comptabilité Agnès KolteinComptable / régisseur de recettes Patricia AguyAgent comptable Jean Yves Blanc

RESSOURCES HUMAINESDirectrice des ressources humaines Myriam Le GrandAdjointe, juriste en droit social Pauline LombardAssistant ressources humaines Aimad HammarResponsable de la paye Marie-Noëlle FigueiredoGestionnaire paye Laure Joly

SECRÉTARIAT GÉNÉRAL / COMMUNICATIONSecrétaire général Gérard DesportesAdjointe en charge de la communication et de la médiation Laure SalefranqueAdjointe en charge du marketing et des partenariats Nathalie Moine

Attachée de presse Alice BlochRédacteur multimédia David Nové-JosserandChargée de communication éditoriale Juliette EstroumsaChargée de mécénat Clémentine Sourbet-Pennanéac’hChargée du numérique et de son développement Juliette Tissot-VidalChargée d’administration, du protocole et des entreprises Margaux Levavasseur Chargé de médiation Maxime GueudetChef du service des relations avec le public Angelica DogliottiChef adjointe Philomène LoamboCaissiers Sonia Bonnet Théo Maille Frédéric MancierChef du service de l’accueil Laurence CoupayeChef adjoint Stéphane ThierryOuvreurs / ouvreuses Mélissa Arnaud Louis Babronski Selim Bourokba Cécile Bru Sandrine Coupaye Séverine Desonnais Alice Duranton Anne Fischer Pauline Fourniat Clémence Gschwindt

Nicolas Guetrot Clémence Heurtebise Youenn Madec Patrick Maitrugue Julien TomasinaContrôleurs Victor Alesi Stefan Brion Pierre Cordier Baptiste GourdenVendeurs de programmes  Arthur Goudal Benjamin Lebigre

PRODUCTION /COORDINATION ARTISTIQUEDirectrice de la production et de la coordination artistique Sophie HoulbrèqueAdjointe en charge de la coordination artistique Maria-Chiara ProdiAdministrateurs de production Marion Bois Caroline Giovos Antoine LiccioniChargée de production Cécile DucournauApprentis Nina Courbon Florimond Plantier

COLLABORATION ARTISTIQUE Dramaturge Agnès TerrierConseiller artistique Christophe Capacci

ÉQUIPES TECHNIQUESDirecteur technique Edouard GouhierDirectrice technique adjointe par intérim Aurore QuenelSecrétaire Alicia ZackRégisseur technique de production Thomas JanotBureau d’études Laurène Gitton Charlotte Maurel Louise Prulière Agathe TrehenChef de la sécurité et de la sureté Pascal Heiligenstein Régisseur général de coordination Emmanuelle Rista Régisseur général  Michael DuboisRégie de scène Anne-Claire Di Meglio Elsa Lilamand Annabelle Richard Céverine TomatiRégisseur d’orchestre Antonin LanfranchiGarçons d’orchestre Cédric des Aulnois Hugo Delbart Alexandre Ferran Eli Frot Natan Katz Alexandre Lalande Marina de Munck Timon Nicolas Jérôme Paoletti Florent SimonRégie de surtitrage Cécile DemoulinChef du service machinerie et accessoires Bruno DrillaudChefs adjoints du service machinerie/accessoires Jérome Chou Laurent Pinet Baptiste Vitez

Machinistes/accessoiristes Stéphane Araldi Smail Aroussi Mathieu Bianchi Julien Boulenouar Luigino Brasiello Benoît Brechemier Henri Broussalis Antoine Cahana Théo Chaptal Yannick Chemin Fabrice Costa Lolita Demiselle Abdelkader Diawara Emilien Diaz Mathieu Gervaise Clémence Harre Loïc Le Gac Patrick Macquart Thierry Manresa Pablo Mejean Abdelaziz Mohsni Stéphane Nectar Anton Pace Jacques Papon Marion Pellarini Adrian Reina Cordoba Paul Rivière Eric Rouille Jérémie Strauss Pierre VassalliChef du service audiovisuel Quentin DelisleChef adjointe Aline GuillardBrigadier chef Habib ZahouaniTechniciens audiovisuel Céline Bakyaz Julien Guinard Stanislas Quidet Benoit TonnerreChef du service électricité  Sébastien BöhmSous-chef Csaba CsomaÉlectriciens Sohail Belgaroui Grégory Bordin Julien Dupont Cédric Enjoubault Dominique Gingreau

Ridha Guizani Daniel Mittelmann Téné Niakaté David Ouari Geoffrey ParrotChef du service couture, habillement, maquillage-perruques Christelle MorinChef adjointe couture Johanna RichardChef adjointe habillage Clotilde TimkuChef adjointe maquillage-perruques Amélie LeculHabilleuses/couturières Léa Bordin Lucille Charvet Marie Lossky Marine ValetteChef Atelier Vera BoussicotSeconde atelier Lydie Lalaux Camille LamyCouturières Marine Alise Hélène Boisgontier Hélène Chancerel Tifenn Deschamps Sarah Di Prospero Ophélie ParmentierModiste Laetitia MiraultTeinture et patine Dorotha Klecz Alicia Maistre Marjory SallesChef adjointe habilleuse Elisabeth JacquesHabilleuses Valérie Caubel Aurélie Conti Valérie Coué Sibiril Marie Courdavault Séverine Huot-Marchand Noémie Reymond Agathe Trotignon

Chef adjointe maquillage-perruques Laurence AuePerruquières Juliette Hui Monique SudlarekMaquilleurs-perruquiers Maurine Baldassari Laurence Couture Olivier Duriez Emmanuelle Flisseau Shirley Guingaut Virginie Lacaille Audrey Largeteau Goergia Neveu-Coste Nathalie Notheisen Magalie OldmanIntendant, responsable du bâtiment et des marchés publics Laurent MussioResponsable du service intérieur Christophe SanterHuissiers Cécilia Tran Céline Dion Céline Le Coz Rachel L’Hostis Santiago Palacio Sylvain Sape Audrey HeveStandardiste  Fatima Djebli Ouvrier tous corps d’état Noureddine Bouzelfen

MAÎTRISE POPULAIRE DE L’OPÉRA COMIQUEDirectrice artistique Sarah KonéChargée de production Morgane FaureEmployée administrative Léa Matias

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L'OPÉRA COMIQUE REMERCIESES MÉCÈNES ET PARTENAIRES

fonds de dotation

SES PARTENAIRES MÉDIA

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Direction de la publicationOlivier Mantei

RédactionAgnès Terrier

Coordination et éditionLaure Salefranque Juliette Estroumsa

Traduction anglaise Philipe Sicard

Création graphiqueInconito

Photos[p. 6 à 24] Stéfan Brion

IconographiesCouverture Matthieu Fappani[p. 26] Gioachino Rossini, portrait par Henri Grevedon, 1829, BnF[p. 38] Maquettes des costumes de la création à l’Opéra le 20 août 1828 : le Gouverneur, le comte Ory en nonne et Ragonde (acte II)[p. 42] Maquettes des costumes de la création à l’Opéra le 20 août 1828 : le comte Ory au civil ; Isolier et le comte Ory en ermite (acte I)

Impression Alliance Partenaires Graphiques

LICENCE E.S.1-1088 384 ; 2-1088 385 ; 3-1088 386

LOCATIONTéléphone0825 01 01 23 (0,15€/min.) Internetwww.opera-comique.com Guichet 1 place Boieldieu – 75002 Paris Suivez-nous sur

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DRACAENA CONSEIL - GABRIELLE CHANEL - Annonce presse OPÉRA COMIQUE - FRANCE - L 215 mm x H 185 mm - 28/07/17OPERA C_215x185_Gabrielle_France.indd 1 31/07/2017 17:57

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