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41 VISIBLE #15 VISIBLE #15 01/2016 40 RÉINVENTER LES ESPACES DE TRAVAIL, ENTRE UTILITÉ ET IDENTITÉ Dossier réalisé par Lorraine Bôle du Chaumont Le célèbre « métro-boulot-dodo 1 » a mauvaise presse. Il a aussi la vie dure. Des millions de citadins se reconnaissent encore dans cette évocation routinière de leur rythme de vie. Quoique… Le schéma ne commence-t-il pas à se fissurer, au moins côté boulot ? Les comportements au travail changent. Les collaborateurs n’ont plus ni les mêmes besoins, ni les mêmes attentes. Les entreprises ne s’y trompent pas. Et si l’aménagement des espaces de travail était un levier de productivité, une source de satisfaction, un outil de flexibilité, un prolongement des valeurs de l’entreprise ? Et si, pour réussir cette mue, la communication visuelle avait un rôle majeur à jouer ? Autant de suppositions à vérifier, exemples et témoignages à l’appui. ENTRÉE EN… MATIÈRE ! Imaginez. Ce matin, tout juste sorti de la station Rome (métro), vous avez rendez-vous (boulot) au 73-75 rue de La Condamine, au siège de l’agence de publicité DDB° Paris. Vous poussez la porte et là, stupeur, vous débou- chez dans un café ! Mal réveillé (dodo), vous êtes-vous trompé d’adresse ? Pas du tout. Depuis son emménage- ment dans le 17 e , en mars 2014, pour pénétrer dans les locaux de l’agence, collaborateurs et visiteurs empruntent obligatoirement l’entrée commune : Le Café Parisien. Pas de doute, si vous ressortez sur la rue, vous verrez flotter le drapeau DDB. Anne-Marie Gibert, directrice des relations presse se souvient du buzz suscité par cette installation atypique, en plein quartier des Batignolles. « Le personnel de l’accueil gère les appels téléphoniques, la réception des plis aussi bien que la préparation des cafés. Au-delà des coursiers qui, les premiers temps, pensaient à une erreur d’adresse, le café est un symbole puissant qui illustre bien le projet imaginé par les co-prési- dents de l’agence, Matthieu de Lesseux et Jean-Luc Bravi : fluidifier les contacts en même temps que la circulation, travailler en partageant de bons moments. Aux bureaux individuels très cloisonnés de l’ancien siège ont succédé des open spaces, ponctués à chaque étage d’une cuisine. Si la superficie totale est un peu moindre, l’aménagement a gagné en convivialité. » « Un an et demi après notre installation au nouveau siège, c’est la façon dont les salariés vivent les lieux et se les sont appropriés qui témoigne le mieux de la réussite du projet d’aménagement. » Anne-Marie GIBERT, DDB° Paris SUITE LES 3 ASPECTS LES PLUS IMPORTANTS POUR LES ACTIFS FRANÇAIS : Source : Etude du CSA pour Actinéo, nov. 2013 1. L’intérêt du travail 2. La qualité de vie au bureau 3. Le niveau de rémunération LA CAFÉ PARISIEN, ENTRÉE DU SIÈGE DE L’AGENCE DDB°. LA CRÉATION DE L’INTÉGRALITÉ DU NOUVEAU SIÈGE DE DDB° A ÉTÉ CONFIÉE À L'ARCHITECTE AGATHE PERROY.

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VISIBLE #15VISIBLE #15 01/2016

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RÉINVENTER LES ESPACES DE TRAVAIL,

ENTRE UTILITÉ ET IDENTITÉ

Dossier réalisé par Lorraine Bôle du Chaumont

Le célèbre « métro-boulot-dodo1 » a mauvaise presse. Il a aussi la vie dure. Des millions de citadins se reconnaissent encore dans cette évocation routinière de leur rythme de vie. Quoique… Le schéma ne commence-t-il pas à se fissurer, au moins côté boulot ? Les comportements au travail changent. Les collaborateurs n’ont plus ni les mêmes besoins, ni les mêmes attentes. Les entreprises ne s’y trompent pas. Et si l’aménagement des espaces de travail était un levier de productivité, une source de satisfaction, un outil de flexibilité, un prolongement des valeurs de l’entreprise ? Et si, pour réussir cette mue, la communication visuelle avait un rôle majeur à jouer ? Autant de suppositions à vérifier, exemples et témoignages à l’appui.

ENTRÉE EN… MATIÈRE !Imaginez. Ce matin, tout juste sorti de la station Rome (métro), vous avez rendez-vous (boulot) au 73-75 rue de La Condamine, au siège de l’agence de publicité DDB° Paris. Vous poussez la porte et là, stupeur, vous débou-chez dans un café ! Mal réveillé (dodo), vous êtes-vous trompé d’adresse ? Pas du tout. Depuis son emménage-ment dans le 17e, en mars 2014, pour pénétrer dans les locaux de l’agence, collaborateurs et visiteurs empruntent obligatoirement l’entrée commune : Le Café Parisien.Pas de doute, si vous ressortez sur la rue, vous verrez flotter le drapeau DDB. Anne-Marie Gibert, directrice des relations presse se souvient du buzz suscité par cette installation atypique, en plein quartier des Batignolles. « Le personnel de l’accueil gère les appels téléphoniques, la réception des plis aussi bien que la préparation des cafés. Au-delà des coursiers qui, les premiers temps, pensaient à une erreur d’adresse, le café est un symbole puissant qui illustre bien le projet imaginé par les co-prési-dents de l’agence, Matthieu de Lesseux et Jean-Luc Bravi : fluidifier les contacts en même temps que la circulation, travailler en partageant de bons moments. Aux bureaux individuels très cloisonnés de l’ancien siège ont succédé des open spaces, ponctués à chaque étage d’une cuisine. Si la superficie totale est un peu moindre, l’aménagement a gagné en convivialité. »

« Un an et demi après notre installation au nouveau siège, c’est la façon dont les salariés vivent les lieux et se les sont appropriés qui témoigne le mieux de la réussite du projet d’aménagement. »

Anne-Marie GIBERT, DDB° Paris

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LES 3 ASPECTS LES PLUS IMPORTANTS

POUR LES ACTIFS FRANÇAIS :

Source : Etude du CSA pour Actinéo, nov. 2013

1. L’intérêt du travail2. La qualité de vie au bureau

3. Le niveau de rémunération

LA CAFÉ PARISIEN, ENTRÉE DU SIÈGE DE L’AGENCE DDB°. LA CRÉATION DE L’INTÉGRALITÉ

DU NOUVEAU SIÈGE DE DDB° A ÉTÉ CONFIÉE À L'ARCHITECTE AGATHE PERROY.

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SE DÉTACHER DES CODES TRADITIONNELS

LE BIEN-ÊTRE COMME MARQUEUR IDENTITAIRE

Convivial par excellence, même s’il reste exceptionnel par sa radicalité, le parti-pris de DDB° reflète parfai-tement le changement actuellement engagé. « Une rupture avec l’ancienne configuration de l’accueil, espace qui portait mal son nom », se remémore en souriant Vincent Dubois, directeur général d’Archimage, agence indépendante spécialiste des espaces de travail et de l’immobilier tertiaire. « Surmontée du logo, la banque d’accueil en marbre ou en métal, souvent perpendiculaire à l’axe d’entrée, dissimulait presque totalement une hôtesse statique, encadrée au mieux de plantes vertes. Par cette organisation intimidante, plus cerbère que sésame, l’entreprise affichait d’em-blée son pouvoir. Bureaux et sièges sociaux sont la « maison » d’une marque. Les matériaux, la signalé-tique, les couleurs ou les technologies mis en œuvre sont porteurs de sens et constituent autant d’éléments de langage qui racontent son histoire. Or aujourd’hui, les besoins et les envies des entreprises tendent vers des signes de représentation moins conventionnels, plus vivants, plus dynamiques et cependant tout aussi forts. »Exit donc les espaces standardisés. Indéniablement, les bureaux de Google, souvent cités en exemple - ou en contre-exemple - tous très designés, mais totalement différents en fonction des pays, ont ouvert une brèche. L’heure est au sur-mesure, à la personnalisation des espaces de travail. Tout est désormais possible avec pour fil rouge quelques points communs… ou non.

Pour accéder à l’accueil de Webhelp, il vous faudra gagner direc-tement le 3e étage, sachant que le rez-de-chaussée, nouvellement aménagé est entièrement dédié au « Club ». Soit 550 m2 (sur 3 500 au total) consacrés aux espaces alternatifs qui se répar-tissent entre cafétéria, jardin, bulles de silence, salles de fitness, de sport et de jeux.Pour s’adapter à sa croissance, cette société leader des centres d’appels2 a préféré l’extension au déménagement pur et simple, chargeant Archimage de concevoir les espaces intérieurs de son siège parisien, de gérer les travaux et d’accompagner cette trans-formation. « Loin des clichés véhiculés sur nos métiers, la direction de Webhelp a la volonté de doter tous ses salariés, où qu’ils soient, de la même excellence en termes de conditions de travail », déclare Jérémy Côme, directeur de la communication Groupe. Dans cet environnement soigné, l’identité visuelle de l’entreprise se fait discrète. On la trouve par touches sur un bloc notes, une clef USB, ou sur un kakémono en salle de réunion. « Notre iden-tité, c’est notre façon d’habiter les lieux. Nos valeurs corporate se traduisent davantage par l’atmosphère générale que par la décli-naison de notre logo, insiste Jérémy Côme. D’ailleurs Archimage l’a très bien compris, s’attachant à restituer une ambiance à la fois conviviale et propice au travail. » Choix des matériaux et des couleurs, performances acoustiques, création d’espaces différen-ciés contribuent à créer un lieu dont l’entreprise souhaite que ses collaborateurs soient fiers de l’occuper et de le faire visiter.

Prise de décisions : un glissement de terrain révélateur « Il n’est de richesse que d’homme », paraît-il. Question bureaux, l’entreprise en a pris conscience progressivement comme le montre le glissement qui s’est opéré dans les fonc-tions en charge des décisions. Vincent Dubois, directeur général de Archimage récapitule : « Il y a 25 ou 30 ans, c’étaient les services généraux et les Achats qui déterminaient l’aména-gement. Dix ans plus tard, ce rôle incombait aux directeurs financiers pour qui les économies d’échelle prévalaient. Dans les années 90-2000, ce fut le tour des directeurs de l’immobilier. La vision financière se doublait dorénavant d’une vision plus stratégique. Aujourd’hui, nos interlocuteurs sont systématique-ment les DRH et les directeurs de la communication. L’idée que des collaborateurs qui se sentent bien sur leur lieu de travail, seront plus productifs, est presque devenue une évidence. Une évidence que nous nous employons à concrétiser. »

Rêver ses bureaux pour mieux les réaliser

À la tête d’une agence de communication dédiée au nouvel art de vivre, Olivia Cuir fondatrice de Esprit des Sens, anticipe le prochain déménagement de son siège social. Son ambition : être le laboratoire de ce qu’elle préconisera à ses clients.

« Déjà installée à Lyon Confluence, l’opportu-nité de déménager dans un an et demi dans le même quartier me donne envie de concevoir pour l’agence un lieu de vie encore plus en adéquation avec son positionnement. À notre activité connectée à l’innovation, au design et à l’art de vivre à la française appliqués à la personne, au foyer et à l’urbain, il manquait un axe : l’art de vivre au bureau. Sensibilisée par mon propre rythme fou de travail, je souhaite mener une réflexion avec mes équipes pour trouver du bien-être au bureau. Nous allons co-construire le projet en confrontant nos envies individuelles et collectives, nos besoins et ceux de l’entreprise. Pendant cette phase préparatoire, ma seule limite : ne pas en avoir ! Dès maintenant, nous commençons à changer nos habitudes et à nous projeter dans nos futurs locaux, pourquoi pas en expérimentant des réunions debout le lundi pour lancer la semaine puis, le vendredi, installés en bord de Saône dans des fauteuils autour d’un thé pour débriefer. En conservant certains codes inhé-rents au travail, nous viserons un bien-être lié au « comme à la maison ».Une consultante en accompagnement au changement va nous suivre et la réalisation du projet sera confiée à un cabinet d’architecture d’intérieur spécialisé en workstyle. Mettre le design d’usage, la bienveillance, le plaisir de travailler et de bien vivre ensemble au cœur de mon ambition de chef d’entreprise ne relève pas de la pure philanthropie. Je souhaite que chaque détail contribue à stimuler l’envie d’être créatifs ensemble, à la fois pour garder mes collaborateurs et pour tester sur nous-mêmes, pour vivre et pour faire évoluer, les solutions que nous conseillerons à nos clients. »

« Dans notre agence, au propre comme au figuré, tout est construit autour de l’individu. Il constitue le pivot de notre réflexion. » Vincent DUBOIS, Archimage

RÉINVENTER LES ESPACES DE TRAVAIL, ENTRE UTILITÉ ET IDENTITÉ

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Espaces alternatifs chez Webhelp

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DÉCLINEZ VOTRE IDENTITÉ

EN TOUTE CRÉATIVITÉ

Pour faire mentir l’adage selon lequel les cordonniers sont les plus mal chaussés, la société GSDI (91), experte en cosmétique urbaine, - entendez en pose d’adhésifs techniques tels que solaires, anti graffitis, etc. sur des verrières comme sur des véhicules de transports collectifs - a pris une décision radicale. Elle a confié l’habillage intérieur de son siège social et de ses bureaux de Massy à ATC Groupe, spécialisé en impression numérique, qui intègre et maîtrise le volet créatif. L’idée : doter les locaux de GSDI d’une iden-tité unique, et en profiter pour montrer l’étendue de son offre produits et de son savoir-faire de poseur. Audrey Fonterme, en charge de la direction artistique chez ATC a donc disposé d’un « terrain de jeu » gran-deur nature avec pour principale envie l’utilisation du plus possible de matériaux différents. « Pour créer un lieu très identitaire sans que l’image de l’entreprise devienne pesante, explique la jeune femme, j’ai puisé mon inspiration dans son logotype et dans sa charte graphique afin de décliner un vocabulaire visuel varié mais fédérateur. » Extraits du logo institutionnel, les losanges colorés sont réinterprétés de multiples façons et déposés en divers endroits. Au rez-de-chaussée sur les vitrages, via un adhésif transparent imprimé spécialement pour corres-pondre exactement à la teinte de la charte. À l’étage

« Cet exemple est très représentatif de nos derniers chantiers », reprend Vincent Dubois. « Même lorsqu’ils ont diminué leurs effectifs en externalisant certaines tâches, nos clients ne nous disent pas, ‘nous souhai-tons réduire le nombre de m2’ mais plutôt, ‘adaptons mieux la destination des lieux en fonction du type d’activité des salariés (sédentaires, nomades, besoin de confidentialité de certains postes, etc.) et surtout développons les espaces collaboratifs’ ». Parmi les critères pour choisir une entreprise, le cadre de travail se classe désormais au premier rang, avant la rémunération ! (cf. page 40) On comprend pour-quoi, dans un contexte économique et budgétaire difficile, les directions cherchent à chouchouter leurs salariés avec des espaces de travail attractifs. Les grosses « boîtes » pour attirer les majors de promo-tion et toutes, de façon générale, pour conserver leurs meilleurs éléments. Cependant, les sociétés n’ont ni les mêmes besoins ni les mêmes budgets à allouer à l’aménagement des locaux. Heureusement, leur embellissement ne passe pas forcément pas de lourds travaux de restructuration. Mise à l’image ou relooking qualitatifs, rapides et réversibles sont désor-mais accessibles grâce à des produits bien maîtrisés et dont la souplesse d’impression et d’utilisation constitue un formidable support d’expression.

« L’ADN de l’entreprise donne une place importante au bien-être des collaborateurs et conjugue au quotidien la maxime ‘Work hard, Play hard’ ! »

Jérémy CÔME, Webhelp

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sur les murs et les portes, en utilisant une toile Jet Tex imprimée puis un adhésif mat teinté dans la masse pour le prolongement du motif. Audrey Fonterme a également retravaillé le silhouettage de bâtiments, très présents dans les plaquettes de communication de l’entreprise, ou encore, mis en exergue sur les murs des messages clefs de GSDI. Au total, 130 m2 d’ad-hésifs et de toile Jet Tex imprimés, découpés, posés. Elle explique : « Complet, ce travail global sur l’image est valorisant pour l’entreprise. Il montre comment, grâce à des solutions peu intrusives et réversibles, il est possible de relancer l’intérêt autour d’une iden-tité visuelle en temps maîtrisé : 6 jours de création (maquette, mises en situation sur photo, correc-tions, réalisation des fichiers de fabrication), 2 jours de production et 2 jours de pose. Disposer en interne du panel des savoir-faire (création, fabrication, trans-formation) permet un résultat très qualitatif : les bons produits exploités au maximum de leur technicité et posés aux bons endroits. » En somme, un trait d’union entre le message corporate de l’entreprise et l’embel-lissement de ses espaces de travail.

« Mon intervention créative met en valeur les espaces de travail en transcendant graphiquement l’image

de l’entreprise. Une manière de transformer le quotidien en quelque chose d’exceptionnel. »

Audrey FONTERME, ATC Groupe

Source : Sondage Opinion Way commandé par le cabinet CD&B - Oct 2015 auprès d’un échantillon de 1003 salariés de bureau, dans des entreprises de 100 salariés et plus.

36 % en open space 30 % en bureau fermé en petit comité 19 % en bureau individuel

LES SALARIÉS FRANÇAIS DÉCLARENT TRAVAILLER :

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VISUEL IMPRIMÉ EN BICHROMIE SUR UNE TOILE JET TEX ENCOLLÉE

Déclinaison de la charte Losanges pour la signalétique des toilettes : adhésif toute surface évidé au centre (Hexis Skintac HX 30000)

VITRAGE ADHÉSIVÉ RECTO VERSO : TEINTÉ MASSE BLANC OU NOIR,LOSANGES DE COULEURS AVEC EFFETS DE MATIÈRE (CUIR, VELOURS CARBONE), ATC POUR GSDI.

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LE FENG SHUI S’INVITE AVEC BONHEUR AU BUREAU

Si rien n’est plus normal que d’exploiter son image lorsque l’on est installé dans ses propres locaux, que se passe-t-il dans en cas de location ? Un centre d’affaires a choisi de palier la difficulté de mettre en avant l’identité de ses locataires par une démarche originale venue d’Asie.À Paris, Lyon, Nantes, Annecy, Montpellier et Toulouse, de façon ponctuelle ou prolongée, des entreprises aux profils très divers se glissent dans les bureaux aménagés par Baya Axess. Chaque détail est pensé pour qu’elles arrivent dans des espaces « prêts à l’em-ploi », sans avoir à engager d’investissement. « La décoration déjà en place laisse peu de marge à la personnalisation puisque, par définition, les utilisateurs de centre d’affaires sont présents de façon ponctuelle, reconnaît volontiers Nathalie Deleuse, directrice commerciale. Hormis un logo à l’entrée des bureaux, l’impact identitaire de chaque entreprise est vraiment réduit. En revanche, nous leur offrons un grand confort de travail. » Cela passe par un mobilier optimisé – fauteuils réglables en hauteur, profondeur, inclinaison, etc. – ainsi que par une ergonomie des postes très réfléchie. Plus différenciante : l’adoption par Baya Axess de la démarche Feng Shui au service du bien-être au travail et de la performance économique. « Depuis l’ouverture de notre première agence en 2009, nous faisons appel à une consultante spécialisée. Elle nous accompagne pour valider nos choix lors de la sélection des plateaux – les lieux dégagent-ils des choses bénéfiques ou défavorables et dans ce cas peut-on les corriger ?- Puis dans leur aména-gement afin de déterminer axes de circulation, disposition des bureaux, choix des matériaux et des couleurs… Nous lui avons également confié la formation de nos équipes afin qu’elles soient capables d’expliquer à nos clients ces parti-pris en démystifiant certaines idées reçues et qu’elles assurent le suivi Feng Shui des locaux entre deux preneurs ».

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« Appliqué au milieu professionnel, le Feng Shui génère du bien-être mais aussi du business. Des notions qui ne sont pas contradictoires, mais totalement complémentaires. »

Nathalie DELEUSE, Baya Axess

Pas un commerce ou un siège social en Asie qui ne soit passés au crible du Feng Shui. Cette discipline millénaire est de plus en plus pratiquée en occident. Tout le monde a l’impression d’en connaître les principes comme : veiller à équilibrer dans une pièce les couleurs et la présence du bois, du métal, du feu, du verre, de l’eau, ne pas placer un bureau face à un mur, etc. Le tout pour favoriser l’harmonie et la bonne circulation des énergies. Autant de « recettes » bien trop réduc-trices que la consultante de Baya Axess remet en perspective : « Le Feng Shui est une démarche globale complexe qui fait appel au ressenti et demande connaissances et expérience. Appliqué au milieu professionnel, en plus de développer le bien-être, il peut aussi véhiculer les valeurs liées à une entreprise ou à une type d’activité. » Selon Nathalie Deleuse, les retours clients, notamment masculins, sont très positifs. Ils constatent une diminution du stress, génèrent plus d’efficacité dans le travail et une meilleure qualité relationnelle qui concourent à l’amélioration des performances des collaborateurs et les fidélise…À ceux qui doutent encore, il ne leur reste plus qu’à tester !

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BUREAUX AMÉNAGÉS

PAR BAYA AXESS : UNE JUSTE HARMONIE

ENTRE IDENTITÉ ET BIEN-ÊTRE

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RÉINVENTER LES ESPACES DE TRAVAIL, ENTRE UTILITÉ ET IDENTITÉ

BUREAU / MAISON, LA FONTE DES FRONTIÈRES…

Quoi de plus représentatif du bureau contemporain que l’open space ? Adopté pour optimiser le ratio m2/salariés, d’abord plébiscité pour ses vertus de convi-vialité et d’échange, il a ensuite montré ses limites. Difficile cependant de faire marche arrière, les prix de l’immobilier restant élevés et la conjoncture écono-mique tendue. Pour en conserver les meilleurs aspects et en atténuer les moins bons, en plus des espaces alternatifs (salles de sport, restaurants), une atten-tion particulière est apportée aux espaces de réunion, désormais baptisés « collaboratifs ». L’idée : faire en sorte que les collaborateurs s’y sentent « comme à la maison », à l’instar du travail effectué par la division bâtiment du groupe Megamark pour aménager et décorer les bureaux d’Euronext à La Défense. Vraies salles de réunion et zones justes maté-rialisées par un mobilier spécifique, codes bureaux et codes maison sont mixés pour mettre en scène des ambiances identitaires valorisantes agrémentées d’une touche de cocooning. Photos encadrées comme des tableaux, tables basses et sièges confortables côtoient tabourets hauts et comptoirs, signalétique très décora-tive, plantes vertes et couleurs chaudes.

… ET LES ATMOSPHÈRES FEUTRÉES Y PARTICIPENT !

Lors d’un précédent dossier, Visible avait rencontré Lily Latifi, designer textile qui nous avait fait accéder à l’univers du trompe-l’œil. Cette fois, la voici aux côtés de TETRIS DB. Elle accompagne ce leader européen de l’aménagement d’espaces immobiliers dans son emménagement dans une tour de La Défense. Le département architecture de l’agence prescrit depuis longtemps les produits de Lily à ses clients. Ici, ils ont fait appel à son savoir-faire pour leurs propres locaux afin de tempérer les effets induits par des open spaces un peu trop « open » à leur goût. Leur volonté : intro-duire intimité et douceur dans un environnement où les affaires se traitent de façon intense et trépidante. Deux types de panneaux ont été installés afin de structurer l’espace. Ils prennent la forme de cloisons fixes décli-nées en textiles distincts. Les écrans solaires blancs isolent des regards tout en laissant passer la lumière, créant avec délicatesse une délimitation visuelle. En absorbant les sons, les panneaux de feutre apportent quant à eux un confort acoustique certain.

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CODES BUREAUX ET

CODES MAISON SONT MIXÉS POUR METTRE EN SCÈNE

DES AMBIANCES IDENTITAIRES

La signalétique se fait décorative (Megamark pour Euronext)

MEGAMARK POUR EURONEXT

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QUOI DE NEUF SOUSLE SOLEIL LEVANT ?

Ces dernières années, deux paramètres ont obligé les Japonais à reconsidérer leur façon de vivre, y compris au bureau. L’un est d’ordre environnemental. En effet, la catastrophe de Fukushima en 2011, suite au tremblement de terre qui a touché Tokyo, a mis en évidence la nécessité d’une alternance énergétique et plus largement, l’importance d’une approche écologique. L’autre paramètre est lié au vieillissement de la population dont le renouvellement est ralenti. Conséquences, aujourd’hui beaucoup d’immeubles de bureaux sont vacants et un grand mouvement de réhabilitation a été engagé pour les rendre plus confortables afin d’attirer de futurs preneurs. Côté salariés, les mots d’ordre sont désormais environnement et bien-être.

LUMIÈRE, UNE SOURCE DE BIEN-ÊTRE La mauvaise gestion de la lumière est un problème clairement identifié. Que ce soit à la maison avec les écrans de télévision et les tablettes, dans les transports en commun ou encore au bureau où ils travaillent jusqu’à tard le soir, les Japonais sont exposés à une lumière le plus souvent uniforme et surdosée (800 lux) qui génère des troubles du sommeil. D’ailleurs, un Tokyoïte sur trois en souffre. Pour tenter de remédier à ce problème, du moins au bureau, Motoko Ishii Lighting Design a conçu pour Okamura, expert en mobilier de bureau au Japon, un système de mobilier intégrant des sources de lumière en partie haute. Sa particularité : un éclairage indirect qui diffuse une lumière dont

la température de couleur et l’intensité varient au cours de la journée. Blanche et forte, la lumière soutient l’activité durant la matinée puis baisse en intensité et devient plus ambrée en fin de journée. Le dispo-sitif présente l’avantage d’accompagner les besoins liés au travail et d’améliorer le confort visuel des salariés mais aussi de respecter leur rythme biologique. Baptisé « THE office », le nom du produit joue sur le sens des mots puisqu’en japonais, « THE prononcé ZI » signifie « génération future ». Il évoque donc bien l’idée du bureau de demain.

AMÉNAGEMENTS, AUSSI UNE QUESTION DE MENTALITÉSSi les espaces de convivialité sont en vogue dans les bureaux en occi-dent, il n’en va pas de même au Japon. Une récente initiative menée par une grosse entreprise d’électronique en témoigne. À chaque étage de ses locaux, elle a aménagé de grandes terrasses donnant sur un puits de jour commun, pensant que ses collaborateurs, notamment des ingénieurs apprécieraient de s’y retrouver pour discuter ou organiser des réunions informelles. Au final, très réussies architecturalement, les terrasses restent vides, personne ne souhaitant être vu par ses collè-gues en train de se détendre… Comme quoi la perception du bien-être au travail n’est pas universelle ! Il n’en reste pas moins que le rénovation est aujourd’hui une source importante de business au Japon. D’autres solutions sont mises en œuvre en privilégiant souvent matériaux et design en lien avec la nature.

Au Japon, les espaces de travail sont à la croisée de préoccupations environnementales et sociologiques. Conceptrice lumière d’origine japonaise, Akari-Lisa Ishii, fondatrice de I.C.O.N., nous brosse un état des lieux et pointe des solutions émergentes.

Ayant subi un tremblement de terre lors de la construction de son siège social, à l’Est du Japon, la société COOP est très sensible aux questions énergétiques. Elle a opté pour la solution « THE Office » afin de générer des économies d’énergie tout en respectant le rythme biologique de ses salariés. Ces derniers disposent aussi de lampes individuelles (de la même série) à la luminosité personnalisable. Ils peuvent ajuster la lumière en fonction de leurs besoins individuels, une flexibilité de gestion de la lumière « comme à la maison ».

© Japan CO-OP Insurance Consumers' Co-operative Federation

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RÉINVENTER LES ESPACES DE TRAVAIL, ENTRE UTILITÉ ET IDENTITÉ

« Il y a quelques années, le monde du bureau était tota-lement hermétique à l’utilisation du textile, se souvient Lily Latifi. Impensable d’introduire de la douceur dans ces lieux perçus comme sérieux où régnaient maté-riaux durs – métal, verre – et couleurs masculines – gris, bleu…-. Même si les univers que je propose en sont éloignés, la fantaisie de Google a probablement fait sauter quelques verrous et rendu acceptables des interventions fun, confortables et colorées. » Comme le fait justement remarquer la designer, l’emploi de la couleur fait son chemin dans les parti-pris déco des entreprises. Ici, feutre bleu, vert, jaune et violet reprennent avec bonheur le logo de TETRIS avec également, au sol, un rappel de ces teintes. Autre référence à son identité visuelle, les découpes en numérique de deux dessins de la collection de Lily Latifi – « Petites fenêtres » et « Lumières de la ville » - clins d’œil subtils à la forme cubique du logo. Un juste dosage entre propriétés techniques du textile et message identitaire pour cette intervention design. Force de l’exemple : depuis l’installation de cette solu-tion, les commandes pleuvent. Séduits, de nombreux clients de TETRIS réclament une déclinaison de ces panneaux à leur image.

« Confort, lumière, intimité : trois bénéfices parmi d’autres du textile qui participent au respect

de gens qui passent beaucoup de temps au bureau. »

Lily LATIFI, designer textile

CLOISONS TEXTILES DÉCOUPÉES AU LASER (LILI LATIFI POUR TETRIS DB)

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VISIBLE #15 01/2016 VISIBLE #15

RÉINVENTER LES ESPACES DE TRAVAIL, ENTRE UTILITÉ ET IDENTITÉ

ART ET ENTREPRISE, UN INVESTISSEMENT À DOUBLE « DÉTENTE »

Il est naturel d’associer design et espaces profession-nels. Serait-ce incongru lorsqu’il s’agit d’art ? Selon le peintre Felice Varini (cf. pages 28) dont les œuvres ornent les murs des plus grands musées du monde comme ceux de sièges sociaux, c’est loin d’être incompatible. « L’art donne de la pensée, et en plus de servir l’image de ces entreprises cela ne peut qu’ouvrir et stimuler l’esprit créatif des employés. » Emblématiques, certaines œuvres ont d’ailleurs marqué les esprits en rapprochant produits indus-triels et démarche artistique. Au début des années 60, la Compression « Ricard » du sculpteur César par exemple. À la même époque Andy Warhol se mettait également à représenter boîtes de soupe Campbell et bouteilles de Coca Cola. Cependant, même très célèbres, ces œuvres étaient plus le fruit d’un hasard créatif qu’une volonté réelle de mettre l’art au service de l’image des marques.Aujourd’hui, certains domaines de la création s’af-fichent plus ouvertement connectés à une démarche de communication visuelle. À l’aulne de sa propre expérience, Fabrice Peltier designer et créateur analyse quel peut être l’intérêt des entreprises à faire entrer l’art dans leurs murs. « À la fin des années 90, la brasserie

Munich Re : une galerie d’art pour bureau…Intégrer l'art dans l’univers quotidien du travail et rendre accessible l'expérience de découvrir de multiples formes d'expressions artistiques est une préoccupation fondamen-tale de Munich Re. La démarche a été initiée dès 1912 par le fondateur - et mécène des arts - de cette société de réassurance alle-mande qui reçoit dans ses immeubles clients et invités du monde entier. Plus surprenant, dans les salles de réunion comme dans les bureaux des salariés, l'art accompagne le personnel tout au long de sa journée. Les employés peuvent même emprunter photo-graphies, peintures, gravures et sculptures de la bibliothèque d'art pour en agrémenter leurs lieux de travail individuels… La visite des bâtiments de Munich Re constitue paraît-il une expérience visuelle extraordinaire. On veut bien le croire !

Leffe m’a sollicité pour commémorer les 850 ans de son Abbaye. Plutôt qu’un packaging en série limité, à partir de leurs bouteilles, j’ai créé un vitrail monumental de 9 m x 9 m. L’accueil reçu par cette œuvre m’a fait prendre conscience du pouvoir incroyable du détour-nement artistique d’un produit ou d’une marque et de son impact sur le public. » Depuis ont suivi des créa-tions pour Sidel avec des bouteilles en plastique avec des hommages à Daniel Buren, Mondrian, Alexander Calder… Au total 20 créations originales réalisées pour Tetra Pak en briques alimentaires décorent les murs de l'entreprise à Modena en Italie et à Denton au Texas.Exposées dans le hall de leurs sièges sociaux, mises en scène sur des salons professionnels, prêtées pour diverses manifestations, certaines de ces créations se retrouvent même dans des musées.« Une marque paye pour la réalisation de ses publi-cités puis pour leur diffusion et leur durée de vie n’est qu’éphémère, souligne Fabrice Peltier. La conception d’une œuvre fabriquée à partir de ses produits devient quant à elle un objet pérenne. Ce dernier garde de la valeur, voire en prend s’il est remarqué sur le marché de l’art. Et puis surtout, un détournement artistique sert l’image de la marque ou de l’entreprise dans la durée. Par exemple lorsqu’il est photographié, reproduit dans des livres ou bien encore réutilisé pour illustrer ses supports de communication. L’entreprise est donc plusieurs fois gagnante. »

« Les détournements artistiques interpellent et touchent le public. Un capital sympathie qui rejaillit sur la marque ou sur l’entreprise et qu’elles peuvent réutiliser comme et quand bon leur semble. »

Fabrice PELTIER, créateur et designer

HOMMAGE À BASE DE PACKAGINGS

ALIMENTAIRES POUR L’ESPACE DE

RESTAURATION DANS L’ENTREPRISE

TETRA PAK

SCULPTURE DE FABRICE PELTIER DANS L’ESPACE VISITEURS DU CENTRE R&D DE SIDEL (76)

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VISIBLE #15 01/2016 VISIBLE #15

RÉINVENTER LES ESPACES DE TRAVAIL, ENTRE UTILITÉ ET IDENTITÉ

ÉVOLUER AU RYTHME DE L’ACTIVITÉSollicité par le groupe mutualiste Covéa3, ViaDirect a pu exploiter le panel des qualités d’une signalétique digitale interactive pour équiper le siège social établi dans l’ensemble immobilier Tivoli, rue St Lazare à Paris (9e). Une quarantaine de bornes sont réparties sur les 20 000 m2 et les 7 bâtiments du site. « Pour autant, la signalétique n’est pas dématérialisée, insiste Jérôme Hérard, puisque les écrans sont positionnées aux mêmes endroits que la signalétique analogique où il y a des choix à faire : accueil, paliers, en sortie d’as-censeurs, croisement de couloirs. » Seule persiste la signalétique traditionnelle de sécurité. Après 12 mois d’usage, il est intéressant de constater que l’utilisation des bornes ne faiblit pas, car en plus de répondre aux besoins d’information des visiteurs et des nouveaux arrivants, leur contenu évolue au rythme de l’activité de l’entreprise et de la vie des bâtiments. « Esthétiques, identitaires et dotées de fonctions sophistiquées, les installations digitales globales accroissent la valeur de marque de l’entreprise », constate le dirigeant de ViaDirect. Utilité, identité… la boucle est bouclée. À la lecture de tous ces témoignages, une évidence : l’homme est bien le pivot de l’aménagement du bureau. Sans philan-thropie de la part des entreprises, puisque l’objectif est d’accroitre la productivité via l’amélioration de l’envi-ronnement de travail. Un environnement qui au fil des évolutions technologiques se débarrasse du poids des

1 Le vers dont s'inspire cette expression est tirée du recueil de poésie Couleurs d'usine, de Pierre Béarn, paru en 1951 : « Au déboulé garçon pointe ton numéro Pour gagner ainsi le salaire D'un morne jour utilitaire Métro, boulot, bistro, mégots, dodo, zéro »2 31 000 collaborateurs répartis dans 21 pays et 8 sites en France.3 Covéa réunit GMF, MAAF, MMA.

SIGNALÉTIQUE DIGITALE : FLEXIBILITÉ DES CONTENUS, AUTONOMIE DES UTILISATEURS Dans un univers professionnel où la transformation numérique influe directement sur l’organisation et sur les habitudes de travail, la souplesse est un enjeu majeur. Désormais mature et doté d’indéniables qualités de flexibilité, la signalétique digitale amorce, sur le marché du tertiaire, un véritable tournant. La progression du carnet de commandes de Jérôme Hérard, co-dirigeant de ViaDirect, l’atteste : 2 installations en 2014, 10 en 2015 et une perspective d’au moins une vingtaine cette année ! Rares sont les projets d’aménagement récemment engagés qui ne comportent pas un volet digital.« Cependant, les clients qui viennent nous voir se trompent souvent d’approche. Soit ils souhaitent juste équiper un hall d’accueil d’un bel écran pour donner une touche de modernité à leur entreprise, soit en ils expriment des besoins de services multiples, persuadés de ne pas avoir les moyens de tous les financer. Dans les deux cas, ils ignorent le poten-tiel actuel du digital. À un écran ne correspond pas une seule fonction, mais plutôt une multiplicité. » Tactile et interactive, une même borne peut proposer la diffusion d’un contenu éditorial ou des informations

La SNCF se digitalise… même au bureauLa SNCF conduit actuellement un grand programme dans lequel le digital participe à l’optimisation des performances du Groupe pour tous les secteurs d’activité (voyageurs, agents, industrie). Pour mener à bien ses ambitions, la SNCF mobilise 450 M€ sur 3 ans et construit des « Usines Digitales ». Ces espaces de travail de dernière génération, 100 % conçus et aménagés pour aider tous les projets digitaux à se mettre en place, ouvrent leurs portes début 2016. En avant première, Stéphane Fériaut, DRH et directeur financier à la Direction du Digital et Direction de la communication et de l’information, nous les fait découvrir.

extérieures à la demande des utilisateurs (horaires des transports en commun en temps réel, état du trafic). Elle permet aussi la gestion des salles de réunions et de la sécurité du bâtiment (indication du défibrillateur et des issues de secours les plus proches), l’affichage des données signalétiques nécessaires à l’orientation dans le bâtiment via des plans en 3D avec calcul de l’itinéraire et du temps de déplacement, etc. Dès lors, il est légitime de parler de solutions élargies. Pourtant, avant d’aborder toutes ces fonctionna-lités, Jérôme Hérard avoue commencer par parler meubles, identité, intégration. L’approche design rend les projets moins techniques, plus concrets et facilite leur appropriation. Les bornes ne sont pas sorties d’un catalogue. Il s’agit au contraire pour ViaDirect de travailler leur esthétique sur-mesure afin de les intégrer à l’environnement architectural du bâtiment, d’utiliser les matériaux, les couleurs et les formes déclinées pour son aménagement intérieur.

câbles, des connections, des directories vissés une fois pour toute et des cloisons fixes. « Ces changements nous ouvrent des perspectives en terme de commu-nication visuelle. Allégé, l’espace s’épure et permet l’émergence d’une esthétique renouvelée, s’enflamme Vincent Dubois avant de tempérer, les évolutions sont rapides et nous devons conduire les chantiers d’au-jourd’hui en menant déjà une réflexion sur 2025. Veiller à laisser la porte ouverte aux macro-tendances qui se font écho dans chaque projet : le besoin de flexibilité et la réinstallation de l’homme au cœur des espaces de travail. »

« À l’image d’un Barbapapa, en signalétique, l’outil digital a vocation à se lover partout où il y a des manques avec la capacité de parfaitement se combiner avec l’existant. » Jérôme HÉRARD, Via Direct

« À Saint-Denis, Nantes et Toulouse, dans nos nouveaux locaux dont le nom de code est « 574 », (en référence au record de vitesse du TGV), le support digital physique doit porter la transformation des façons de penser et de travailler de nos collaborateurs. Ils vont accueillir, pour des durées variables, beaucoup de « structures projets ». Nous avons donc besoin de locaux très évolutifs constitués d’espaces diversifiés, capables de recevoir des publics variés (ingénieurs, cheminots, informaticiens, commerciaux, etc.). La priorité n’est plus aux bureaux indi-

viduels, mais aux salles de co-création et de visioconférences, aux lieux de restauration, aux espaces événementiels et collaboratifs. Même Yves Tirode, notre directeur digital et de la communication, n’y possède pas de bureau en propre. Les bornes conçues sur-mesure par ViaDirect pour ces nouveaux espaces ont vocation à mettre en autonomie agents collaborateurs et éventuels visiteurs. Grâce aux écrans tactiles interactifs, chacun peut localiser en temps réel un collègue ou un interlocuteur, réserver ou se donner rendez-vous dans une salle, connaître la

localisation et le thème d’une conférence, etc. Bornes blanches aux lignes épurées, portant juste notre marque, leur design est en adéquation totale avec l’identité très contem-poraine de nos usines digitales. Bien sûr, les contenus sont également personnalisés et reprennent des visuels et des tonalités qui nous ressemblent. Dans ce programme digital, la forme rejoint le fond. Vraie rupture technologique, ce type de signalétique apporte à ses utilisateurs une souplesse mentale qui accompagne bien l’innovation. »

INTERFACE D'UNE BORNE DIGITALE 46’’

INCARNÉE DANS DES DISPOSITIFS DIGITAUX,

LA SIGNALÉTIQUE SE DÉCLINE AVEC LES MÊMES CODES IDENTITAIRES

QUE L’ARCHITECTURE INTÉRIEURE : BOIS, ALU BROSSÉ...

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VISIBLE #15 01/2016

RÉINVENTER LES ESPACES DE TRAVAIL, ENTRE UTILITÉ ET IDENTITÉ

CONCEVOIR DES BUREAUX, C’EST COMME LE RETAIL… OU PRESQUE

Quel rapport entre des boutiques et des bureaux ? Apparemment aucun. Si ce n’est qu’AKDV, bien connue en tant qu’agence d’architecture commerciale a aussi développé une expertise pour l’aménagement des espaces de travail. Similitudes et différences d’approche.

UNE APPROCHE COMMUNE… Beaucoup d’écoute, de temps pour observer, comprendre les attentes, les besoins avant de tracer le premier coup de crayon. En somme, la démarche pour concevoir un espace de travail est identique à celle de la création d’une boutique, nous dit Fran-çois Hannebicque, exception faite de l’aspect merchandising. On réfléchit également à des matériaux et à des codes plus pérennes car ils sont appelés à rester plus longtemps en place. L’identification de parcours distincts fait partie intégrante de la réflexion. Ainsi, dans tous les lieux de contact avec le public,

on travaille l’histoire de l’entreprise afin que le visiteur sache bien chez qui il est. On peut raconter son héritage, son mode de management ou son attachement au développement durable, etc. et mettre en avant un produit iconique si elle en possède. Dans les espaces de travail, on cherche davantage à traduire un état d’esprit. Là priment la personnalisation des services, la signalétique ainsi que le confort des collaborateurs avec désor-mais une attention particulière aux espaces collaboratifs.

Durant la dernière décennie, les espaces commerciaux ont fait leur mue. Complexes marchands de plusieurs dizaines de milliers de m2, ou boutiques de centre-ville, à Paris comme en région, à l’intérieur comme en façade, la qualité des espaces commer-ciaux s’est considérablement améliorée. Proposer de beaux produits dans de belles boutiques, concurrence oblige, quoi de plus naturel ?En revanche, du côté des entreprises, le gap reste souvent consi-dérable entre le discours émis - l’excellence de ses services, par exemple - et les locaux qui abritent son activité. « Difficile

d’imaginer L’Oréal promettant la beauté dans un écrin qui ne lui ressemble pas, lance François Hannebicque, cofondateur et directeur de la création d’AKDV. Pourtant, on est souvent surpris par la piètre qualité des sièges et bureaux de beaucoup d’en-treprises qui vantent l’innovation ou la créativité à longueur de publicités. Le décalage est flagrant. Mais aujourd’hui, l’importance de l’image est telle qu’il devient urgent d’apporter de la cohé-rence entre son discours et ce que l’on est. Nous sommes dans une société de la preuve et cela passe aussi par les bureaux. »