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HÉLÈNE CARDIN ET DANIELLE MESSAGER PRÉSENTENT A BON ENTENDEUR D R PATRICK AÏDAN LE GUIDE DE L’AUDITION : SAVOIR TRAITER LA SURDITE Éditions Jacob-Duvernet Plus de 4 millions de personnes en France sont touchées par une baisse de l’acuité auditive et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Vivre avec une surdité, même partielle, est une véritable épreuve et parfois une grande souffrance. Il est en effet souvent difficile de communiquer avec le monde extérieur : une conversation dans un lieu bruyant peut se révéler être un véritable enfer et la surdité mène malheureusement quelquefois à une solitude forcée. Outre l’injustice de la génétique, nos modes de vie sont en cause. Nous mettons chaque jour nos oreilles à rude épreuve. Il est temps de réagir ! Notre ouïe est un sens primordial qu’il faut protéger et il faut apprendre de toute urgence à se méfier des sons trop élevés. Il existe des conseils simples pour préserver son ouïe au quotidien, comme ne plus écouter de la musique sur un baladeur à forte intensité. De nombreuses solutions existent par ailleurs, comme la prothèse auditive, pour corriger une sur- dité dévenue trop handicapante. Grâce à des témoignages et de nombreux conseils de spécialistes, ce guide fait le point sur les avancées médicales pour mieux combattre ce fléau et aider chacun à mieux appréhender la perte de sa sensibilité auditive. Patrick Aïdan est chirurgien ORL à l’Hôpital Américain de Paris. Ancien interne et chef de clinique des Hôpitaux de Paris, il a travaillé aux États-Unis avec des médecins américains de renom pour importer de nouvelles techni- ques chirurgicales en France. Il a été le premier chirur- gien français à mettre en place un implant d’oreille totalement invisible avec microphone « naturel intégré ». A BON ENTENDEUR LE GUIDE DE L’AUDITION : SAVOIR TRAITER LA SURDITE ISBN : 978-2-84724-234-8 A BON ENTENDEUR LE GUIDE DE L’AUDITION : SAVOIR TRAITER LA SURDITE Éditions Jacob-Duvernet D R PATRICK AÏDAN Éditions Jacob-Duvernet 12,95 COUV GUIDE SURDITÉ 13/05/09 16:42 Page 1

A BON ENTENDEUR PATRICK AÏDAN - [email protected] · dire qu’avec le vieillissement de la population, les jeunes vont avoir de plus en plus de mal à se faire entendre… Un enjeu

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HÉLÈNE CARDIN ET DANIELLE MESSAGER PRÉSENTENT

A BONENTENDEUR

DR PATRICKAÏDAN

LE GUIDE DE L’AUDITION : SAVOIR TRAITER LA SURDITE

Éditions Jacob-Duvernet

Plus de 4 millions de personnes en France sont touchées par une baissede l’acuité auditive et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Vivre avec unesurdité, même partielle, est une véritable épreuve et parfois une grandesouffrance. Il est en effet souvent difficile de communiquer avec le mondeextérieur : une conversation dans un lieu bruyant peut se révéler être unvéritable enfer et la surdité mène malheureusement quelquefois à unesolitude forcée.Outre l’injustice de la génétique, nos modes de vie sont en cause. Nousmettons chaque jour nos oreilles à rude épreuve. Il est temps de réagir !Notre ouïe est un sens primordial qu’il faut protéger et il faut apprendrede toute urgence à se méfier des sons trop élevés. Il existe des conseilssimples pour préserver son ouïe au quotidien, comme ne plus écouter dela musique sur un baladeur à forte intensité. De nombreuses solutionsexistent par ailleurs, comme la prothèse auditive, pour corriger une sur-dité dévenue trop handicapante.Grâce à des témoignages et de nombreux conseils de spécialistes, ce guidefait le point sur les avancées médicales pour mieux combattre ce fléau etaider chacun à mieux appréhender la perte de sa sensibilité auditive.

Patrick Aïdan est chirurgien ORL à l’Hôpital Américain deParis. Ancien interne et chef de clinique des Hôpitaux deParis, il a travaillé aux États-Unis avec des médecinsaméricains de renom pour importer de nouvelles techni-ques chirurgicales en France. Il a été le premier chirur-

gien français à mettre en place un implant d’oreille totalement invisibleavec microphone « naturel intégré ».

A BON ENTENDEURLE GUIDE DE L’AUDITION : SAVOIR TRAITER LA SURDITE

ISBN : 978-2-84724-234-8

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Éditions Jacob-Duvernet12,95 €

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À bon entendeurLe guide de l’audition : savoir traiter la surdité

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© Éditions Jacob-Duvernet, 2009

Déjà parus dans la collection

• Ce qu’il faut savoir sur les cures thermales, Astrid Charlery, 2006

• Une nouvelle vie pour la femme,

Docteurs Christian Jamin et Jocelyne Raison, 2006

• La grippe aviaire, comment s’y préparer ?, Philippe Presle, 2007

• Le Manuel de la bonne santé, Marie-Françoise Padioleau, 2007

Collection « Les livres santé »

dirigée par Hélène Cardin et Danielle Messager

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DR PATRICK AÏDAN

Éditions Jacob-Duvernet

A BONE N T E N D E U R

LE GUIDE DE L’AUDITION :SAVOIR TRAITER LA SURDITE

Avec la collaboration de Frédérique Féron

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PREMIÈRE PARTIEL’OREILLE, CE FORMIDABLE OUTIL

Chapitre 1

Un problème tabou 97 % au moins des Français, soit 4,5 millions de personnes, sont touchés par une

déficience auditive. Près des trois quarts de ces surdités sont liées au vieillisse-

ment. Entre résignation et refus, seuls 17 % des malentendants sont appareillés.

En matière d’oreille, les tabous ont la vie dure.

Chapitre 2

Une fonction complexe et essentielle 25Associée à la parole, notre oreille nous permet de communiquer. En nous don-

nant des informations, elle nous procure des repères et nous assure l’équilibre.

Enfin, elle nous offre d’intenses émotions lorsqu’un son mélodieux vient la frap-

per. Son rôle est essentiel !

Chapitre 3

Les oreilles, une mécanique de haute tech n o l o g i e 49Le plus souvent, on les cache. Et pourtant, elles sont une merveille d’architecture,

une formidable mécanique capable de transformer les sons qu’elles captent pour

les transmettre au cerveau. Mais cette belle mécanique est aussi d’une extrême

fragilité…

DEUXIÈME PARTIELES CAUSES DE LA SURDITÉ

Chapitre 4

Le vieillissement, cause première 65On dit souvent qu’elle est à l’audition ce que la presbytie est à la vue : une baisse

progressive et irréversible de l’acuité d’un sens liée à l’âge. Mais la presbyacou-

sie résulte aussi du vieillissement de tout l’appareil auditif. Mal connue, mal

vécue, mal comprise, elle touche pourtant plus de 50 % des gens après 70 ans.

TABLE DES MAT I È R E S

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Chapitre 5

Le bruit, mal du siècle 79Et l’homme inventa le bruit… Deuxième cause de surdité, il est le plus souvent lié

à l’activité humaine. Gênant, fatiguant, il est source de troubles de l’audition.

L’oreille est délicate, elle n’a pas été conçue pour supporter le bruit assourdis-

sant des concerts de musique amplifiée, ou les fréquences élevées émises par

les MP3. La surdité de demain viendra-t-elle des loisirs ?

TROISIÈME PARTIELES SOLUTIONS À LA SURDITÉ

Chapitre 6

Le diagnostic précoce, une étape capitale 93Le dépistage à la naissance se généralise, mais les personnes touchées par la

presbyacousie se font toujours tirer l’oreille pour aller consulter. Or, pour les

enfants comme pour les personnes âgées, le port de prothèses auditives permet

souvent de retrouver une vie normale.

Chapitre 7

Aides auditives : des solutions innovantes 109Efficaces et très peu visibles, voire invisibles, les implants auditifs signent le

début d’une grande aventure dans la prise en charge des surdités de perception,

notamment de la presbyacousie.

Chapitre 8

Les implants auditifs : révolution technique 131Avancée majeure pour ceux qui ne peuvent pas porter d’aides auditives, l’implant

cochléaire est souvent la meilleure solution pour compenser la surdité profonde.

Efficaces et quasiment invisibles, ces implants suscitent un intérêt croissant

auprès des Français. C’est le début d’une grande aventure, notamment pour les

cas de surdité les plus graves…

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Quand elles vont bien, on les cache. Quand elles fonction-

nent moins bien, on les ignore. Nos oreilles sont l’objet de peu

d’attention. Ce sont pourtant de merveilleuses mécaniques qui nous

permettent de communiquer et de comprendre le monde dans lequel

nous vivons. Une bonne audition est indispensable aux jeunes enfants

dans l’apprentissage du langage et elle est nécessaire aux personnes

âgées qui ne veulent pas connaître une solitude forcée. Vivre avec

une surdité, même partielle, est souvent une grande souffrance

lorsqu’elle n’est pas prise en charge.

O r, 7% au moins de la population française souffre de

s u r d i t é , un pourcentage qui est en constante augmentation. Six per-

sonnes âgées de plus de 65 ans sur dix n’entendent plus bien : la

principale cause de surdité est en effet le vieillissement. Une grande

majorité de malentendants ne veut pourtant pas admettre sa surdité,

refuse de consulter et laisse son ouïe se détériorer avec des consé-

quences parfois graves, comme la dépression par exemple.

Outre l’injustice de la génétique, le caractère inéluctable du vieil-

lissement, nos modes de vie sont aussi en cause. Nos oreilles sont mises

à rude épreuve et il faut apprendre à les protéger.

Heureusement, la surdité n’est plus une fatalité. Certes, on

ne sait toujours pas la guérir. Mais les récents progrès tech n o l o g i q u e s ,

l ’ i n f o r m a t i sation, la miniaturisation, ont mis à notre disposition des

aides auditives discrètes et efficaces. On est loin des prothèses impo-

santes de nos grands-parents, accrochées derrière l’oreille ! Et les

derniers implants totalement invisibles que le Dr Patrick Aïdan, auteur

de ce livre, a été le premier à poser en France, est une véritable révo-

lution dans la prise en charge de la surdité, notamment celle liée au

vieillissement, la presbyacousie.

Il fallait bien un guide comme celui-ci pour remettre les oreilles à leur

place et faire le point sur toutes les solutions formidables qui nous sont

aujourd’hui proposées pour garder bon pied, bonne ouïe.

Hélène Cardin et Danielle Messager

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7 % au moins des Françaissont touchés par une défi-cience auditive. En l’absencede statistiques officielles, onestime que ce sont 4,5 mil-lions de personnes – et sansdoute bien plus – qui connais-sent des difficultés de commu-nication dues à un problèmed’audition. Près des troisquarts de ces surdités sontliés au vieillissement : c’est lapresbyacousie. Entre résigna-tion et refus du handicap oudes signes de l’âge, seuls17 % des malentendants sontappareillés. En matièred’oreille, les tabous ont la viedure.

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Chapitre 1

UN PROBLÈME T AB OU

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10 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

1UN PHÉNOMÈNE DE SOCIÉTÉ TOUJOURS TABOU

Ce n’est un secret pour personne : il y aura bientôt plus

de grands-parents que de petits-enfants. Selon l’Ins-

titut national d’études démographiques (INED), la

France, en 2009, compte 19,5 millions de personnes de plus

de 60 ans, ce qui représente presque un quart de la population.

Et 26 % d’entre elles (selon une enquête SOFRES) souffri-

raient d’un problème d’audition, la moitié des personnes âgées

de 70 ans et 4 personnes sur cinq âgées de 85 ans ! Autant

dire qu’avec le vieillissement de la population, les jeunes vont

avoir de plus en plus de mal à se faire entendre…

Un enjeu de santé publique en France

Selon un rapport de la Haute Autorité de

Santé (HAS) de 2007, la déficience auditive,

quel que soit son degré de gravité, touch e r a i t

7 % des Français, soit près de 4,5 millions de per-

sonnes d’une moyenne d’âge de 52 ans. Les

personnes âgées de plus de 65 ans représen-

teraient 63 % de cette population malenten-

dante, les moins de 18 ans, 11 %, et les 18-65

ans, 25 % au moins.

Si la surdité concerne plus particulièrement les personnes

âgées, elle peut aussi frapper à tout âge. De nombreux adul-

tes encore en activité et en bonne santé souffrent de ce han-

dicap. Les statistiques – qui sont bien en dessous de la réalité,

é tant donné qu’un grand nombre de malentendants s’ignore, ou

ne veut pas se reconnaître comme tel – ont été jugées suffisa m-

ment alarmantes pour que les parlementaires reconnaissent la

Q u e l q u e ss tatistiques

La surdité augmenteprogressivement àp a rtir de 40 ans :

� 2,5 millions deFrançais deplus de 65 ansentendent mal, � 1 million a entre18 et 65 ans, � 470 000 ontmoins de 18 ans.

É TAT DES LIEUX : DE PLUS EN

PLUS DE PERSONNES TOUCH É ES

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déficience auditive comme problème de

santé publique. À l’occasion du vote de la

loi sur les objectifs de Santé publique

pour la période 2004-2008, ils affichent

leur ambition : « réduire la fréquence des

troubles de la vision et des pathologies audi-

tives méconnus, assurer un dépistage et une

prise en charge précoces, et prévenir les limita-

tions fonctionnelles et restrictions d’activités associées et leurs

conséquences ».

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 11

Lasurdité du

jeune enfant estassez fréquente :

dans une famille sansantécédent, un enfant

sur mille naît sourd.

Indice…

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Il faut savoir que 10,7 % des hommes de plus de 50 ans

déclarent être atteints d’une déficience auditive contre 7, 5 %

des femmes du même âge. Les femmes, par coquetterie ou

p u d e u r, se plaindraient-elles moins d’une baisse d’audition que

les hommes ? Pas sûr.

Cette disparité serait plutôt dûe aux types d’activités profes-

sionnelles exercées : les hommes travailleraient plus souvent dans

des milieux bruyants, comme ceux du bâtiment ou de certa i n e s

industries, et seraient exposés sur de plus longues périodes aux

nuisances sonores.

Un problème mondial

L’importance de la surdité touche les populations de l’ensem-

ble des pays du monde. D’après les estimations de l’Organisa-

tion mondiale de la santé (OMS) pour 2005, 278 millions de per-

sonnes souffrent d’une perte auditive modérée, sévère ou

profonde. Les deux tiers d’entre elles vivent dans les pays en

voie de développement, un tiers dans les pays développés.

Le nombre de personnes présentant des altéra-

tions plus ou moins importantes de la fonction

auditive augmente, principalement sous l’effet

de l’accroissement démographique mondial et

de l’allongement de l’espérance de vie.

On estime que les ventes actuelles de prothè-

ses auditives couvrent moins de 10 % des besoins

mondiaux.

12 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

1UN PHÉNOMÈNE DE SOCIÉTÉ TOUJOURS TABOU

É ta t s - U n i s …Chez les personnes

âgées américaines, ladéficience auditive est

déjà la troisièmeaffection chronique laplus commune après

l ’ h y p e rt e n s i o na rtérielle et l’art h r o s e .

LES HOMMES, PLUS ATT EIN T S

QUE LES FEMMES

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À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 13

Les trois degrés de surditéIl existe différents stades de gravité de la déficience auditive. Les spé-cialistes parlent de déficience auditive légère, moyenne, sévère ou pro-fonde.Parmi la population française atteinte de surdité :� 55 %, soit 2,2 millions de personnes, souffriraient de surdité ou défi-cience auditive (DA) légère : le malentendant perçoit bien la paro l edes voix normales, mais avec dif-ficulté les voix basses ou loin-taines. Il est gêné lors d’unec o n v e rsation dans un lieubruyant ou lorsque la sourc esonore est éloignée ;� 42 %, soit 1,7 million de per-sonnes, souffri raient d’une s u r-dité moyenne à sévère :

� atteint d’une surd i t émoyenne, le malentendantperçoit les sons re l a t i v e-ment forts. Mais il est gêné lors d’unec o n v e rsation dans un lieubruyant ou lorsque la sourc es o n o re est éloignée. Il s’aideparfois des mouvements deslèvres de son interlocuteur. Son handicap est surmontable ;� atteint d’une surdité sévère, le malentendant perçoit les voixfortes et très proches de lui. Son handicap est important ;

� 3 %, soit 120 000 personnes, souffriraient d’une surdité profonde ettotale : atteints d’une surdité profonde, la parole ne peut être enten-due. Seuls les bruits très puissants sont perçus, sans forcément êtreidentifiés. Le handicap est alors lourd.On parle de surdité totale (ou cophose) lorsque aucun son n’est perçu.

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14 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

1UN PHÉNOMÈNE DE SOCIÉTÉ TOUJOURS TABOU

Sourd… ou malentendant ?« Est-on aveugle lorsque l’on porte des lunettes ? Non.Alors pourquoi serait-on sourd lorsque l’on porte desprothèses auditives ? »

Le parallèle entre sourd et aveugle est difficile à faire.En effet, dans le dictionnaire, le mot « sourd » signifie

« qui perçoit mal les sons ou ne les perçoitpas du tout ». On est donc sourd a priori à

partir du moment où l’on entend mal.

En re v a n che, est aveugle celui qui ne voitplus du tout. La fro n t i è re entre malen-tendant et sourd est ainsi bien plus diffi-

cile à faire qu’entre aveugle et mal voyant.

Mais pour beaucoup d’entre nous, le mot« s o u rd » reste ta bou. Afin de minimiser le handicap oud’éviter de blesser les personnes en ques-tion, on parle alors de malentendants,parfois même de déficients auditifs.

Les mots employés par une per-sonne handicapée pour se quali-fier dépendent souvent de la façondont elle vit son handicap. Ainsi,celle qui assume sa surdité, quelqu’en soit le degré, se qualifiera volon-tiers de « sourde ».

Il est cependant vrai qu’on parlera plus volontiers de« malentendant » pour celui qui n’a qu’une simple gêne

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auditive, et de « s o u rd » pour celui qui n’a pratique-ment plus aucune audition (déficience auditive pro-fonde).

Quant à l’expression « déficient auditif », elle s’appli-que à l’ensemble des personnes sourdes ou malen-tendantes et renvoie à une classification de l’OMS : les

maladies ou troubles à déficience, àincapacité, à handicap.

Quelques sourds célèbre s

� Le cinéaste François Truffaut

� Les compositeurs Ludwig van

Beethoven et Gabriel Fauré

� Les écrivains Joachim du Bellay,

Henri Bergson, Ernest Hemingway,

Pierre de Ronsard,

Jean-Jacques Rousseau

� Les hommes politiques Leonid Brejnev,

Winston Churchill, Georges Clemenceau,

Édouard Herriot, Charles Maurras

et Ronald Reagan

� L’ingénieur Marcel Dassault

� Le peintre Francisco Goya

Est-on aveuglelorsque l’on portedes lunettes ? Non. Alors pourquoiserait-on sourdlorsque l’on portedes prothèsesauditives ?

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Un phénomène toujours tabou

« Le président n’est pas appareillé, et s’il a testé un appa-

reil un jour pour son confort, visiblement cela n’a pas été

concluant ». La déclaration de ce proche de Jacques Chirac à

l ’A FP, en 2003, fait suite à l’embarras, voire à la colère, de celui-

ci, alors âgé de 71 ans, devant la rumeur de son éventuelle

baisse d’audition.

À la question des journalistes « le président porte-t-il des

aides auditives ? », le « Oui, je crois » de la ministre de l’Envi-

ronnement de l’époque, Roselyne Ba chelot, a tout de suite été

contrecarré par le très catégorique « Évidemment non » du

porte-parole du gouvernement.

Comme quoi, la surdité est suffisamment ta bo u e pour don-

ner l’occasion aux journalistes de faire un scoop d’une informa-

tion, pourtant très banale, et pour mettre tout un gouvernement

en émoi !

« Je ne suis pas sourd, tu sais ! »

Nous avons tous, dans notre entourage, des parents, des amis

ou des connaissances qui, objectivement, ont

une baisse de l’audition, mais qui ne veu-

lent pas l’admettre. Et lorsqu’ils le

reconnaissent, ils refusent de s’en

occuper et de faire contrôler leur

audition.

La surdité, et plus encore les pro-

thèses auditives (qui restent jusqu’à

présent le principal moyen de com-

penser ce problème), sont en effet tou-

jours taboues dans nos sociétés occi-

d e n tales, particulièrement en F r a n c e .

16 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

1UN PHÉNOMÈNE DE SOCIÉTÉ TOUJOURS TABOU

« N o u sposons proportion-nellement trois fois

moins d’appareils auditifs enFrance qu’ailleurs en Europe »

( Pr Jean-Pierre Bébéar,président du Conseil nationaldes universités pour l’ORL )

Constat

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À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 17

Ces expressions qui nous tournent autour des ore i l l e s

On re t rouve, dans la littéra t u re, des sourds « comme une pioche »,ou même « comme un sac de charbon », mais l’expression la plus cou-rante est, bien entendu, « sourd comme un pot ». L’auteur allemandWalter Gottschalk, dans son livre sur les expressions fra n ç a i s e s1,donne une explication – invérifiable – de cette expression : née auX VII I

e siècle, elle serait un ra c c o u rci de « sourd comme un pot àa n s e s », les anses re p r é s e n tant les oreilles du pot, dont on se doutebien qu’elles n’aident pas celui-ci à mieux entendre. Si l’on est « sourd comme un pot » en France, on est « sourd commeun poteau » en Gra n d e - B re tagne, « comme un mur » en Espagne et« comme une cloche » en Italie. Le résultat cependant est le même :qu’on leur prête l’oreille ou qu’on la leur tende, les malentendantsont beau être toute ouïe, sans traitement ils re s t e ront durs de lafeuille. Et comme le proclamaient les éducateurs de jadis, gare à cesadolescents à l’ouïe fine, que la masturbation pourrait bien re n d res o u rds !

1. Die Französische Schülersprache, Heidelberg, C. Winter, 1931.

La surdité est encore un problèmequ’il est difficile d’aborder…

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 17

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Une prise en charge insuffisante et souvent inadaptée

La très grande majorité des personnes malentendantes,

en effet, ne font rien pour améliorer leur audition. Dans notre pays,

selon le rapport de la HAS :

17 %seulement des malentendants portent des aides

auditives. Et les professionnels estiment que seuls

les deux tiers d’entre eux utilisent réellement leur prothèse. On

peut donc imaginer que seule une personne sur dix bénéficie

d’une prise en charge efficace de sa surdité.

66 %des personnes âgées déficientes auditives refu-

sent de ch e r cher une solution qui pourrait les

aider, même si elles sont poussées par leurs proches.

26 %des personnes âgées bénéficient du port d’aides

auditives au Royaume-Uni, selon une enquête

publiée dans The Lancet. Mais seulement la moitié

d’entre elles portent un appareil auditif.

60 %seulement des personnes âgées équi-

pées d’un appareil auditif l’utilisent de

manière régulière, et la moitié d’entre elles possèdent

un équipement leur fournissa n t

une capacité auditive insuffisa n t e .

Ainsi, lorsque la prise en charge

est effective, elle est souvent

mal adaptée.

Des études ont pourtant

démontré que la bonne uti-

lisation d’aides auditives

améliore nettement la qua-

lité de vie du malentendant.

18 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

1UN PHÉNOMÈNE DE SOCIÉTÉ TOUJOURS TABOU

Le ch i f f r e23 % desm a l e n t e n d a n t sn’ont pas envie de porter desp r o t h è s e sa u d i t i v e s .

Selonune étude Ipsos,

près de la moitié desFrançais n’a jamais faitcontrôler son ouïe : le

nombre officiel de malenten-dants est donc certainement

bien inférieur à la réalité.

Des sourds quis’ignorent ?

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La perte d’audition liée à l’âge reste taboue

C’est peu dire qu’en France, la surdité est mal vécue. À cela,

plusieurs raisons : certains malentendants trouvent le prix des

prothèses auditives trop élevé, d’autres estiment qu’elles sont

inefficaces ou encore allèguent qu’elles leur sont déconseil-

lées par leur médecin. Il existe, c’est vrai, une grande mécon-

naissance des aides auditives classiques, et surtout des tech-

niques plus récentes que sont les implants.

Mais le principal frein est psychologique : une majorité de

malentendants n’a tout simplement pas envie de s’appareiller,

et cela se vérifie encore plus si elle ne souffre que d’une sur-

dité légère ou moyenne.

Le cas Chirac aura finalement servi la cause des malenten-

d a n t s . Le Monde2 écrit alors : « La baisse d’audition touch e

des millions de Français. Pourquoi le premier d’entre eux serait-

il à l’abri ? Un tabou est bousculé. Sans doute de nombreux

sourds et malentendants auront-ils moins de complexes pour

s’appareiller, en se consolant d’être “comme le président”. »

À l’heure où il faut être jeune à tout prix, on comprend la

réticence de ceux qui constatent une diminution de leur audi-

tion liée à leur âge. Mais aujourd’hui, les aides auditives sa v e n t

se faire discrètes, toutes petites, et même invisibles…

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 19

« Si je porte une prothèse, je vais tout de suite être relégué dans

la catégorie des vieux impotents », confient parfois des patients à

leur médecin. Sans doute est-ce ce qui s’est passé avec Jacques

C h i rac qui, du jour au lendemain, s’est vu accolé l’étiquette de

« vieux » : tout ce que redoutait le président !

T É MOIGNAGE

2. Éric Fortini, Le Monde.

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Des malentendants résignés

Les Français se font moins de souci pour leurs oreilles que

pour leurs yeux. Dès que nous constatons que nous voyons

moins bien, nous allons très vite consulter. Mais quand l’ouïe

baisse, nous avons tendance à laisser traîner…

Nombreux sont ceux qui considèrent qu’il est

normal d’entendre moins bien lorsqu’on vieillit et

qui, du coup, négligent leur problème d’audition

ou celui de leurs proches.

Pourtant, socialement, la déficience auditive

constitue un handicap aussi important, voire

s u p é r i e u r, à la déficience visuelle, car elle isole et

conduit facilement à la dépression. N’oublions

20 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

1UN PHÉNOMÈNE DE SOCIÉTÉ TOUJOURS TABOU

Attention !Les conséquences dela privation sensoriellede l’ouïe alert e n tmoins que celles de lavue, car la perte del’audition se fait trèsprogressivement :c o n s tater, ou ressentirune réelle gêne, peutprendre du temps.

Plus facile de porter des lunettesOn porte plus facilement des lunettes que des aides auditives. Certes, mais

n’oublions pas que, pendant des siècles, les lunettes ont été considérées

comme d’horribles prothèses réservées « aux pauvres gens âgés ». Il aura

fallu attendre le début des années 1960 pour qu’après 700 ans d’évolu-

tion, elles deviennent des accessoires de mode et parfois même des

objets de séduction.

Notez que chausser des lunettes « demi-lune » n’est pas non plus un

signe de jeunesse. Heureusement pour les pre s b ytes, il existe aujourd ’ h u i

les fameux « verres pro g ressifs » que l’on peut garder toute la journée car

ils sont adaptés aux différentes déficiences visuel-

les, et même… des lentilles de conta c t

p ro g ressives ! Par ailleurs, on tro u v e

maintenant de nouvelles pro t h è s e s

incluses dans des bra n ch e s

de lunettes pour faciliter

la vente de prothèses « dis-

simulées ».

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À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 21

pas que l’audition a plusieurs fonctions : elle nous relie au

monde, elle nous alerte et nous apporte d’immenses émo-

tions. C’est dire qu’il faut en prendre soin.

Vers la fin des idées reçues ?

Force est de consta t e r, cependant, que les idées reçues

ont peut-être entamé un recul. En effet, les spécialistes de

l’audition remarquent unanimement que les personnes âgées

atteintes d’une baisse d’audition consultent plus facilement.

Sans doute parce que la recherche a récemment fait pro-

gresser les connaissances en matière d’audition et que la

prise en charge de la malentendance s’est nettement amé-

liorée : avant, on était sourd et il n’y avait pas grand-chose

à faire ; aujourd’hui, les médecins ont des réponses aux

questions des patients sur l’origine de leur surdité, et sur-

tout des solutions efficaces et esthétiques à leur apporter.

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Le sourd de naissance à travers l’histoireEt d’abord par les grands philosophes de l’Antiquité.Aristote estime que l’ouïe est nécessaire à l’intelli-gence et que tout être qui n’a pas accès au langage nepeut être considéré comme un être pensant. « C’estpourquoi, écrit-il, parmi les hommes privés congéni-talement d’un sens, les aveugles-nés sont plus intel-ligents que les sourds-muets. »

Privé de la parole puisqu’incapable de reproduire lesmots qu’il n’entend pas, le sourd pousse parfois dessons inintelligibles qui effraient. Or, sans mot, pas deraisonnement : et Platon, lui aussi, pense que le sourdest irrémédiablement ignorant.

L’enfant sourd est d’ailleurs le plus souvent ca ché parses parents, lorsqu’il n’est pas tout simplement sup-primé. Rejeté de la société, on le traite facilementcomme un animal. Au V I

e siècle, le code Justinien classeles sourds suivant leur aptitude à parler : le sourd de

naissance est donc le plus souventdestitué de tout droit civique.

Dans les villages, jusqu’à la fin duMoyen-Âge, le sourd muet a lemême statut que les fous. Po u rl’Église, il est sans âme, car sans

parole. Il ne lui est reconnu aucune responsabilité (ilne peut disposer de ses biens, qui sont placés sousle contrôle de tuteurs), n’est pas éduqué et ne peut sem a r i e r. Po u r tant, à cette époque, certaines commu-nautés monacales, comme les Chartreux, qui doivent

22 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

1UN PHÉNOMÈNE DE SOCIÉTÉ TOUJOURS TABOU

Longtemps, la personne

née sourde aété considérée

comme idiote…

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respecter le silence et qui communiquent par gestes,recueillent volontiers les enfants sourds.

C’est l’Église, au X V Ie siècle, qui s’aperçoit qu’une édu-

cation des sourds est possible : on essaie tant bien quemal de les initier à l’oralité, c’est-à-dire à la parole. Carl’idée reçue est toujours vivace dans les esprits : pasde parole, pas de pensée. Dans ses E s s a i s, Monta i g n eécrit même : « Nos muets disputent, argumentent etcontent des histoires par signes […]. Il ne leur man-que rien à la perfection de se savoir faire entendre. »

Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que les

philosophes en France s’intére s-sent véritablement à la communi-cation des sourds, re m e t tant enquestion toutes les connaissancesdans la relation de la parole et dela pensée. On découvre alors queles sourds sont doués d’intelligence et qu’ils peuventapprendre un langage pour exprimer leur pensée.

C’est l’abbé Charles-Michel deL’Épée (1712-1789) qui a initié lare ch e rche sur la langue dessignes. Grâce à ses travaux et àson action, l’Assemblée consti-tuante reconnaît aux sourds en1791 le statut de citoyens à partentière.

Il n’empêche… Jusque dans lesannées 1960, la majorité dessourds, en France, était massive-ment sous-éduquée !

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 23

Ce n’est qu’en 1791que le statut decitoyen est reconnuaux sourds !

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Chapitre 2

UNE FONCTIONCOMPLEXE ETESSENTIELLE

Associée à la parole, l’au-dition nous permet de com-muniquer. En nous donnantdes informations sur les dis-tances, les mouvements,les volumes, elle nous pro-cure des repères. Elle nousassure aussi l’équilibre,grâce à l’oreille interne.Enfin, elle nous offre d’in-tenses émotions lorsqu’unson mélodieux vient frap-per notre oreille. Dansnotre vie, l’audition tientdonc une place essentielle.

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L’artiste fait glisser l’archet sur son violon. Que se

passe-t-il alors, lorsque la corde se met à vibrer ? Les molé-

cules d’air qui l’entourent entrent en mouvement et bous-

culent les molécules voisines qui se mettent à leur tour en mou-

vement et ainsi de suite. Ces ondulations de l’air

portent le nom d’ondes acoustiques. Elles sont

comparables aux vaguelettes, ces cercles concen-

triques provoqués à la surface de l’eau lorsqu’on

jette une pierre.

Seule différence : elles sont invisibles. Ces ondes

acoustiques créent des sensations auditives : les

sons. Le son est ce que l’oreille perçoit de la vibra-

tion d’une corde de violon… ou de tout autre ch o s e .

2UNE FONCTION COMPLEXE ET ESSENTIELLE

Le son a horreurdu vide !

À 70 km au-dessusde la Terre, le son

n’existe plus…parce qu’il n’y a

plus d’air ni de gaz.Or le son, qui se

diffuse dans l’air, nese propage pas

dans le vide.

LE SON : DES MILLIERS DE RONDS DANS L’AIR

Les ondulationsde l’air créentdes sensationsauditives :les sons.

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Les sons varient selon la fréquence et l’intensité

La fréquence

Un son peut être grave ou aigu, faible ou fort. Le nombre de vibra-

tions par seconde, appelé fréquence, définit les sons graves et

aigus et est mesuré en Hertz (Hz).

L’intensité

L’amplitude de la vibration, l’intensité, définit les sons forts ou

faibles. On l’exprime en décibels (dB).

Le timbre

Un son se caractérise également par son timbre, une particu-

larité uniquement qualitative qui nous permet d’identifier les

voix et les instruments de musique, de faire la différence, pour

une même note, entre un piano et une guitare, par exemple.

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 27

Des animaux à l’ouïe fineFace à celle de nos amis les bêtes, l’ouïe humaine paraît biensous-développée. Le chien, par exemple, entend jusqu’à 40 0 0 0 H z ,la chauve-souris jusqu’à 120 000 Hz, soit respectivement un et sixo c taves de plus que nous dans les aigus. La taupe, elle, perçoit desfréquences de quelques hertz, et l’éléphant des infrasons de 10 Hzseulement. É tant donné que les basses fréquen-ces se propagent loin, les pach y-dermes sont donc capables decommuniquer sur une dis-tance d’au moins quatre kilo-mètres et nous avertir ainside l’imminence des tre m b l e-ments de terre, des perturba-tions météorologiques et detous les phénomènes nature l squi émettent des infrasons.

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28 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

2UNE FONCTION COMPLEXE ET ESSENTIELLE

Le fœtusentend dèsla 22e s e m a i n e

L o rsqu’il perçoit la voixde sa maman ou unevalse de Chopin, le bébés ’ é t i re d’aise. Certa i-nes études ont mon-tré que le fœtusréagissait en effetà des stimulationsauditives dès la 22e

semaine de gro s-sesse. Il entend donc,même si le liquideamniotique dans lequelil est plongé modifieles sons. Il a également étép rouvé que le bébédéveloppe unem é m o i re auditivedès qu’il est capa-ble d’entendre ,puisqu’il réagit après lanaissance aux voix et aux musiques entendues in utero. La formation de l’ouïe commence par celle de l’oreille interneet se poursuit par l’oreille externe. Le développement de l’ouïene se termine qu’à 35 semaines de gro s s e s s e .Mais si la cochlée a achevé son développement à la naissance,les voies et centres auditifs se développeront tout au long dela petite enfance. Attention ! Si le fœtus aime les jolies comp-tines, il déteste les bruits violents et le prouve parfois en don-nant un grand coup de pied à sa mère !

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Plus la fréquence est élevée, plus le son est aigu

La fréquence du chant d’un oiseau est élevée, tandis que celle

du tonnerre est basse. Pour être entendue par l’oreille humaine,

cette fréquence doit être comprise entre 20 Hz et 20 000 Hz.

Au-dessous de 20 Hz, il s’agit d’infrasons, et au-dessus de

2 0 0 0 0 Hz, d’ultrasons, que l’homme ne perçoit pas.

Les voix masculines les plus basses ont une fréquence de

80 Hz et les voix féminines les plus élevées – de certains sopra-

nos, par exemple – une fréquence de 1 150 Hz.

Un son peut ne comporter qu’une seule fréquence. C’est un

son pur comme le « L a » du diapason (440 Hz), qui sert de

référence aux musiciens, car la fréquence de sa vibration est tou-

jours la même.

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 29

Piège à ados !

Les enfants entendent des fréquences supéri e u res à celles que peu-

vent entendre les adultes. L’ouïe commence en effet à se dégra-

der dès l’âge de 18 ans. Les jeunes sont ainsi capables d’enten-

d re des sons aux fréquences supéri e u res à 17 000 Hz, généra l e m e n t

inaudibles pour les adultes.

Un ingénieur gallois s’est appuyé sur cette consta tation pour met-

t re au poing une « arme sonore de dissuasion anti-ado », baptisée

Mosquito, qui émet des sons puissants et désagréables d’une fré-

quence de 17 000 à 18 000 Hz et d’une intensité de 95 dB. Très pri s é

en Gra n d e - B re tagne et vendu en France depuis 20 06, le Mosquito

est utilisé pour déloger les jeunes des lieux où leur présence n’est

pas la bienvenue, comme des magasins ou des entrées d’immeuble.

L’existence et l’usage de cet instrument sont évidemment très

c o n t ro v e rsés. Selon le même principe, des sonneries de téléphone

de très haute fréquence (17 000 Hz) ont été mises en vente, afin

que les ados puissent communiquer en toute discrétion… à l’insu

des profs ou des parents !

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Mais en général, tous les sons de notre environnement sont

complexes, c’est-à-dire qu’ils sont composés d’un ensemble de

fréquences. Il n’existe pas de son pur dans la nature.

Plus l’intensité est élevée, plus le son est fort

Le décibel évalue la « force », c’est-à-dire la pression exer-

cée par le son sur le tympan. Le niveau d’audition s’étend de

0 à 120 dB, un niveau très élevé et rarement rencontré, qui est

douloureux et nocif pour l’oreille.

� La plupart des sons de l’environnement sont compris entre

30 et 90 dB.

� Le bruit peut être perçu comme important

à partir de 60 dB.

� Dans la vie professionnelle, à l’usine,

dans l’armée ou sur les chantiers, par

exemple, mais aussi dans certains loi-

sirs comme la chasse, la musique ou

les sports mécaniques, on trouve des

niveaux sonores supérieurs à 90 dB.

Le décibel suit une progression loga-

rithmique et non arithmétique. Ainsi :

� une augmentation de 3 décibels équivaut à mul-

tiplier l’intensité sonore par deux,

� une augmentation de 5 dB équivaut à trois fois plus de « b r u i t » ,

et 10 dB de plus, dix fois plus.

Une baisse d’audition de plus de 30 dB est donc très signifi-

cative.

Quand les sons deviennent dangereux

Certes, un marteau-piqueur fait beaucoup de bruit (de 10 0

à 110 dB). Il est très désagréable de passer rapidement à prox i-

mité d’un tel engin lorsqu’il est utilisé, mais cela n’est pas dan-

30 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

2UNE FONCTION COMPLEXE ET ESSENTIELLE

L’oreillehumaine peut

discerner une différencede niveau de 1 dB. Chaquefois que le niveau croît de

10 dB, le son est perçu 2 foisplus fort. C’est entre 50 et 70 dB

que les sons sont les plusconfortables pour l’oreille.

L’oreille fine…

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Dans la viequotidienne, les sonsdeviennent pénibles

à partir de75 dB environ.

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gereux pour notre audition. En revanche, rester un moment à

proximité peut être dommageable pour l’ouïe.

L’intensité d’un bruit et surtout la durée d’exposition à ce bruit

peuvent en effet être à l’origine de troubles auditifs graves.

� Dans la vie courante, les sons deviennent pénibles lors-

que leur niveau dépasse 75 à 80 dB.

� Ils sont nocifs pour l’oreille à partir de 85 dB, dangereux

à partir de 100 dB,

� et insupportables autour de 120 dB.

� Au-delà, la destruction des cellules de l’oreille interne et

des neurones entraîne des pertes auditives irréversibles.

32 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

2UNE FONCTION COMPLEXE ET ESSENTIELLE

LORSQUE LE GOÛT EST DIS T RAIT PAR L’ OU Ï E …

Si le nez, l’œil, et bien sûr la langue, sont les organes sensoriels fon-d a m e n taux pour tout professionnel de la cuisine, l’ouïe n’est pas sansi m p o r tance. C’est ce qu’explique le chef étoilé JoëlR o b u ch o n : « On voit des gens qui, pourévaluer la cuisson du pain, frappent sur lacroûte pour, à son craquement, en éva-luer le stade de la cuisson, à l’ore i l l e .L’ouïe perçoit les bruits du rissolage, dupoëllage, de la friture, ainsi que la musi-que du vin qui coule de la bouteille versle verre dans l’attente dupalais. Mais lorsque l’ouïe estsollicitée par des bruits tro pintenses, elle atténue lap e rception des saveurs .Tous les gastronomes et lesa m a t e u rs de vin savent qu’ilest impossible d’effectuerune dégustation dans uneambiance musicale. Le goûtest alors distrait par l’ouïe.

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À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 33

Valeurs de quelquesenvironnements sonores

De 0 à 10 dB Seuil normal d’audition

De 0 à 10 dB Désert

De 20 à 25 dB Studio d’enregistrement,

campagne sans vent, insectes

De 25 à 35 dB Conversations chuchotées,

lieux de culte, bibliothèques

De 35 à 55 dB Bureaux, salle de classe

De 55 à 75 dB Conversation courante,

rue piétonne, lieux de vie

De 75 à 90 dB Aspirateur, restaurant bruyant,

voix criées, rue à fort trafic

De 90 à 110 dB Route à circulation dense, sports

mécaniques, discothèque

De 100 à 110 dB Marteau-piqueur à moins de

5 mètres dans une rue, discothèque

De 110 à 120 dB Tonnerre, atelier de chaudronnerie,

rave party

120 dB Seuil de la douleur et risque de

traumatisme aigu

De 120 à 130 dB Sirène d’un véhicule de pompier,

avion au décollage (à 300 mètres),

concert amplifié

130 à 180 dB Décollage de la fusée Ariane,

lancement d’une roquette

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Les personnes à la fois sourdes et aveugles se plai-

gnent davantage de leur surdité. « Le son de la voix,

véhicule du langage, éveille les pensées et nous per-

met de demeurer intellectuellement en compagnie des hom-

m e s », écrivait au début du X Xe siècle l’Américaine Helen

Ke l l e r, qu’une maladie avait rendue sourde, muette et aveugle

à l’âge de 19 mois. « Être sourd, c’est ne pas avoir le stimulus

le plus vita l . »

34 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

2UNE FONCTION COMPLEXE ET ESSENTIELLE

Entendre et écouter

Voir n’est pas regarder et entendre n’est pas écouter. De la mêmefaçon qu’avec la vue, l’aspect sensoriel de l’ouïe est complété parl’aspect intellectuel. Ce qui fait la différence entre ces deux aspects,c’est l’attention. En recevant du son, nous pouvons avoir une atti-tude passive, comme lorsque nous entendons le bruit de fond dela circulation. L’audition a alors surtout une fonction d’alerte. En revanche, « écouter » implique une attitude active qui fait appelà l’éveil, à la concentration, à la mémoire. Il n’est pas toujours besoin d’un son pour entendre. Un texte peutfaire surgir un environnement sonore ou une musique dans notreesprit, comme le démontre la lecture de cet extrait du livre E nRoute de J. K. Huysmans : « Un chant lent, désolé, montait, le De Profundis. Des gerbes de voixfilaient sous les voûtes, fusaient avec les sons presque verts desharmonicas, avec les timbres pointus des cristaux qu’on brise.Appuyées sur le grondement continu de l’orgue, étayées par desbasses si creuses qu’elles semblaient comme descendues en elles-mêmes, comme souterraines, elles jaillissaient, scandant le verset. »

L’OUÏE : UN SENS PRIMORDIAL

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Dans l’évocation des cinq sens, l’ouïe et la vue ont toujours

p r é d o m i n é , et semblable hiérarchie s’est imposée dans le

domaine artistique. Si la vue a longtemps été considérée comme

le sens le plus noble, il est évident que l’ouïe est le sens fonda-

mental de la communication.

L’ouïe permet de communiquer et de comprendre

Le bruyant klaxon d’une voiture nous signale que nous

sommes près d’une route et nous alerte d’un danger poten-

tiel. Un coq qui chante nous rappelle que nous sommes à la cam-

pagne et qu’il est encore un peu tôt pour se lever ! Par l’oreille,

son récepteur, l’ouïe permet de capter les sons du monde,

c’est-à-dire d’entendre ce qu’il se passe autour de nous. En

analysant ces sons, elle permet de les localiser, d’en identifier

la nature et l’intensité, de comprendre notre environnement et

de réagir en retour.

E n t e n d re permet aussi de communiquer avec les autre s . L e

plus souvent, cette communication se fait par la parole et le

langage. Or, l’ouïe joue un rôle fondamental dans le dévelop-

pement du langage et donc dans la communication.

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Une valse de Chopin, un mot doux glissé

au creux de l’oreille, etc., peuvent nous don-

ner la chair de poule et c’est toute notre peau

qui réagit. Preuve que l’ouïe est aussi source

d’émotions intenses. « Elle est, de tous les sens,

la meilleure alliée du pathos, des passions »,

dit le philosophe grec Théophraste avant d’ajou-

ter : « Rien de visuel, de gustatif, ni de tactile ne

provoque autant de transport que lorsqu’un

son vient frapper l’oreille. »

Pour ceux qui n’ont jamais entendu ou qui,

du jour au lendemain, perdent l’audition,

c’est le no world (non monde), ainsi qu’Helen

Keller qualifiait l’univers auquel elle apparte-

n a i t : un univers silencieux dénué de toute

conversation humaine. Coupés du monde, ceux qui souffrent

d’une baisse d’audition le sont aussi. Et d’autant plus que la perte

est importante.

Les répercussions de la surdité chez l’enfant né sourd

Qui n’entend pas ne parle pas. L’immersion dans le monde

sonore permet en effet au nourrisson de développer ses capa-

cités phonologiques, lexicales et syntaxiques, et d’accéder à une

langue.

La surdité a donc toujours des conséquences sur l’appre n-

tissage du langage. Ces difficultés sont d’autant plus impor-

36 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

2UNE FONCTION COMPLEXE ET ESSENTIELLE

La surdité précoceLe retentissement sur le

langage est d’autant plusi m p o rtant que la surdité

est sévère et précoce. On appelle s u r d i t é

p r é l i n g u a l e, celle quiapparaît avant

l’acquisition du langage(avant 18 mois) ;

surdité péri-linguale,celle qui apparaît

pendant la périoded’acquisition du langage

(entre 18 mois et36 mois environ) ;

surdité post-linguale,celle qui apparaît aprèsl’acquisition du langage

(après 3 ans environ).

« À 24 mois, nos jumelles ne réagissaient pas à l’appel de leur pré-

nom. Elles ne parlaient toujours pas. Lorsqu’un médecin nous a

confirmé que nos petites filles étaient sourdes profondes, nous

avons été plongés dans le désarroi. J’ai pleuré pendant des semai-

nes », témoigne Isabelle.

T É MOIGNAGE

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Les étapes de l’acquisition du langageLa pre m i è re année de la vie d’un bébé est fondamentale dans le pro-cessus d’acquisition du langage. Entre huit et dix mois, la plupartdes bébés développent des capacités communicatives et cogniti-ves considérables. C’est une phase nécessaire à l’acquisition dulangage. Dès les premières semaines de sa vie, le bébé est capable de per-cevoir tous les contrastes phonétiques entre les sons. Au cours decette période, le bébé commence à émettre des sons, le babillage.L’apprentissage du langage, à proprement parler, se fait généra-lement en quatre étapes : entre 8 et 10 mois, les enfants montre n t ,par leurs réactions et leur comportement, qu’ils comprennent cer-tains mots. Entre 11 et 13 mois, ils forment généralement leurspremiers mots. Vers 20 mois, il y a une accélération dans l’acqui-sition du vocabulaire qui s’accompagne bientôt de l’apparition desp re m i è res combinaisons de mots. Suivent plus ta rd, à partir de2 ans et jusqu’à 4 ou 5 ans, la mise en place de phrases organi-sées : c’est l’émergence de la grammaire.

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tantes que la surdité est profonde et précoce. L’enfant qui n’a

jamais entendu n’a pas de son à imiter et, s’il n’est pas pris en

charge rapidement, accumule les retards de langage. La sur-

dité est alors responsable de handicaps dans l’intégration sco-

laire puis, plus tard, dans la vie professionnelle et dans la vie affec-

tive ou sociale.

La privation de l’ouïe tend à couper le jeune malentendant du

monde extérieur, provoquant parfois des troubles du compor-

tement et des troubles psychologiques.

Troubles psychologiques

30 % d’enfants sourds présentent des troubles psycholo-

giques selon une étude réalisée par Benoît Virole. Le psycho-

logue note par exemple que certains, en fuyant les relations, en

é v i tant le regard des autres, ou encore en étant attiré par les jeux

de lumière, vont jusqu’à développer des attitudes qui s’appa-

rentent à de l’autisme.

38 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

2UNE FONCTION COMPLEXE ET ESSENTIELLE

« Mon enfant est sourd »L’angoisse des pare n t s

L’annonce aux parents de la surdité de leur enfant génère toujoursune grande souffrance. Comme l’explique Benoît Virole, psycholo-gue et psychanalyste spécialisé dans la surdité des jeunes enfants,« l’impact traumatique généré par l’annonce faite aux parents dela surdité de leur enfant modifie en profondeur les relations d’at-tachement entre les parents et l’enfant du fait de l’anxiété mater-nelle. […] Même si les attitudes pare n tales devant l’enfant sourdparviennent à se techniciser de façon adéquate (communicationen face de l’enfant, utilisation du LPC, de la LSF, attentions aux ébau-ches de langage de l’enfant, etc.), il n’en reste pas moins que lesrelations sont souvent infiltrées d’une angoisse parentale intensedont on sait qu’elle a des répercussions négatives sur le dévelop-pement psychique de l’enfant. »

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Un enfant sourd, même appareillé, doit faire

des efforts consta n t s pour arriver à compren-

dre – souvent en partie seulement – son envi-

ronnement sonore ou les conversations qui ont

lieu autour de lui. En classe, il doit compenser

ses problèmes auditifs par une concentration

bien plus importante que les autres élèves. Mais

ses efforts d’attention ne peuvent être soutenus

en permanence. Le jeune « décroche », prend

du retard, et peut très vite être sujet au décou-

ragement.

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 39

Les signesDifférents signes doiventattirer l’attention desparents et laisser penserà une surdité :- une dépression- l’anomalie du regard- une hyperactivité- des troubles dusommeil et de laconduite de l’enfant…

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40 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

2UNE FONCTION COMPLEXE ET ESSENTIELLE

Pour aider à communiquer :coder ou signer ?

Il existe deux techniques pour aider les sourds à com-muniquer.

La LPC : décoder les lèvres

La langue parlée complétée (LPC) est une techniqued’aide à l’acquisition de la langue française orale pourles enfants sourds. Elle utilise un code fait de gestesexécutés près du visage qui complète la parole, syllabepar syllabe. « Bébé » ou « pépé » ? Un enfant sourd, même appa-reillé ou implanté, reçoit les sons affaiblis ou déformés.De nombreuses confusions sont donc possibles. Grâceau code manuel syllabique LPC, qui souligne les pho-nèmes, l’enfant a une précision visuelle à ce qu’il per-çoit auditivement. Les codes manuels du LPC n’évo-quent rien par eux-mêmes, ils sont indissociables dela lecture sur les lèvres.

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À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 41

La LSF : une langue en signes

La langue des signes française (LSF) est au contraireune langue à part entière reconnue en tant que telle parla loi du 11 février 2005. C’est une langue visuelle etgestuelle qui possède son voca b u l a i re, sa syntaxe, sag r a m m a i re… Quand on signe, on ne parle pas, car lessignes eux-mêmes ont un sens. A p p re n d re la langue des signes, c’est comme appre n-d re une langue étrangère : cela prend du temps et il fautp r a t i q u e r. Pour certains, la langue des signes est lepilier d’une véritable culture des sourds, une culturep a r t i c u l i è rement revendiquée par ceux qui appartien-nent à des familles où l’on est sourd de génération engénération.

« À l’école, j’aide une petite fille appareillée de CE2 qui signe, qui

connaît le code, et qui parle très bien, raconte Mari e - France Bazan-

tay, tra d u c t rice en LPC et mère d’un jeune garçon sourd. Il faut

donner toutes les chances à son enfant pour qu’il arrive à l’auto-

nomie, qu’il s’en sorte le mieux possible dans un monde d’enten-

dants fait pour les entendants. »

POUR UNE PLUS GRANDE AU T ONOMIE

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Les répercussions de la surdité chez l’adulte

Martine a tout juste 20 ans en 1982 lorsqu’une voiture la re n-

verse. Le traumatisme crânien consécutif à son accident lui

laisse comme séquelles une surdité de 60 % à l’oreille gauch e

et de 80 % à l’oreille droite : « Cette surdité remettait beaucoup

de choses en question, tant sur le plan social qu’affectif. La

surdité, c’est une souffrance psychologique certaine par l’iso-

lement qu’elle provoque », témoigne Martine.

On ne devient jamais malentendant sans déprime

Les malentendants atteints d’une surdité pro f o n d e et qui sont

toujours dans la vie active doivent souvent renoncer à leurs

r e s p o n sabilités. Souvent, une reconversion professionnelle

s’impose. Les activités associatives, la participation à des dis-

cussions deviennent difficiles. En famille ou entre amis, les

malentendants, qui se sentent en état d’infériorité ont tendance

à se faire oublier et, peu à peu, s’écartent du cercle des proch e s

ou sont mis à l’écart.

La surdité altère les relations aux autres

Suivre une conversation demande aux malentendants de

fournir des efforts permanents. La fatigue ainsi engendrée

42 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

2UNE FONCTION COMPLEXE ET ESSENTIELLE

L o rsqu’un handicap auditif s’installe… Quand on commence à souffrir d’un handicap auditif, c’est toutela vie qui est bouleversée :

- des problèmes de communication apparaissent - l’atmosphère familiale devient tendue- les amis se lassent et finissent par s’éloigner- les contacts avec les collègues se raréfient - une reconversion professionnelle s’impose parfois - la vie culturelle et la vie sociale s’appauvrissent.

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conduit inévitablement au repli sur soi-même et, irrémédiable-

ment, à l’isolement. Ce sont parfois les autres qui, lassés d’avoir

à répéter, finissent eux aussi par renoncer au dialogue. Le malen-

tendant s’extrait progressivement de la vie sociale et sombre par-

fois dans la dépression.

Face à un handicap invisible, souvent sous-estimé par l’en-

tourage, les personnes devenues sourdes ou malentendantes

ne peuvent s’intégrer ni au monde des

sourds de naissance, dont la culture

est très différente, ni à celui des

entendants dont elles se sentent

plus ou moins rejetées.

Les personnes âgées sont sou-

vent confrontées à cet isole-

ment car nombre d’entre elles sont

atteintes de presbyacousie, une

baisse d’audition liée au vieillisse-

ment. Le Dr Didier Bouccara, spé-

cialiste de l’évaluation de la

surdité témoigne : « La sur-

dité, lorsqu’elle n’est

pas accidentelle,

est le résulta t

d’une longue

histoire. Elle

« Avant d’être appareillé de prothèses auditives, on me considérait

comme un homme froid, distant, peu souriant et même assez

désagréable, se souvient Loïc, atteint d’une surdité suite à la mala-

die des oreillons contractée à l’âge adulte. Je me sentais en fait peu

sûr de moi, j’avais toujours l’impression que l’on parlait de moi

dans mon dos. Je faisais semblant de ne pas m’intéresser aux

autres ou alors je devenais agressif. »

T É MOIGNAGE

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 43

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 43

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s ’ i n s talle surtout chez les gens âgés, au fil du temps, assez sour-

noisement. Elle finit par gêner la communication. Elle entraîne des

phases de rupture : la personne renonce à certains loisirs, à

c e r taines activités, à la vie associative par exemple. Sans s’en

rendre compte, les malentendants modifient peu à peu leur vie

de façon considérable. Ce changement progressif a un impact

p s y chologique pouvant aller jusqu’à la dépression. »

Lorsque la surdité n’est pas traitée…

L’audition joue un rôle important dans la stimulation du cer-

veau. Lorsque nous entendons moins bien, le cerveau reçoit une

quantité moindre d’informations à traiter. Il va alors progressive-

ment s’habituer à une activité partielle.

Avec les conséquences suivantes :

44 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

2UNE FONCTION COMPLEXE ET ESSENTIELLE

Les conséquences de la pre s b y a c o u s i e

Un document sur la presbyacousie, édité par la Direction généra l e

de la Santé, souligne les conséquences graves de la surdité, ch e z

le sujet âgé : « L’ a l t é ration pro g ressive des troubles de l’audition

aboutit à un isolement de la personne âgée, un repli sur soi, une

absence de communication et un refus de participer aux activités

sociales ou familiales. Cette pathologie contribue largement au

vieillissement général de l’individu. De même, il faut certa i n e m e n t

s ’ i n t e r roger sur la part des difficultés d’audition dans la dépre s s i o n

du sujet âgé. L’ a l t é ration de l’audition, la perte de discri m i n a t i o n

s o n o re est également à l’origine d’accidents. Accidents de tra v a i l

l o rsque la presbyacousie est précoce chez un patient encore actif,

accidents de la voie publique et de la vie de tous les jours chez la

p e rsonne âgée qui ne perçoit plus les signaux auditifs d’alerte ou,

quand elle les perçoit, ne les situe plus à leur bonne ori g i n e … »

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1Moins notre cerveau est sollicité, plus il vieillit : la baisse

d’audition participe – avec bien d’autres facteurs, bien

sûr – au processus dégénératif observé notamment dans

la maladie d’A l z h e i m e r.

2La réorganisation neuronale qui accompagne la dispari-

tion de la perception de certaines informations auditives

à traiter contribue à la déformation de l’univers sonore.

Une déformation qui accentue la difficulté à identifier les sons. L’ a p-

pareillage permet d’éviter que ce phénomène ne s’amplifie.

3Lorsque nous perdons l’habitude d’entendre un son, nous

perdons aussi l’habitude de le reconnaître. Ainsi, plus nous

attendons avant de prendre en charge notre surdité, plus

il faudra de temps pour renouer avec les bruits de notre entourage.

H e u reusement, contrairement aux idées re ç u e s (et encore trop

largement répandues), la surdité n’est pas une fatalité. Des solu-

tions existent aujourd’hui pour redonner aux malentendants une

bonne audition et donc une nouvelle confiance en eux, une nou-

velle joie de vivre, une place à part entière « dans ce monde d’en-

tendants fait pour les entendants ».

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 45

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Très vite, une grand-mère dira à sa petite fille : « Jecomprends très bien ton frère, mais toi, j’ai du mal. »Ce sont d’abo rd les aigus qui s’estompent : les voix desenfants, plus encore celles des petites filles, devien-nent difficilement audibles.

Ou bien ce sera un voisin énervé qui demandera quel’on baisse le volume de la télévision… Lorsqu’on commence à augmenter le son, c’est lesigne qu’il faut vite aller faire un test d’audition !

Et malheureusement, ça se termine trop souvent pardes déclarations comme celle-ci : « Je n’irai plus dansces réunions, il y a trop de bruit, je ne comprends rienà ce qu’on me raconte. » Un des signes de la mauvaise audition est la difficultéà compre n d re la parole dans le bruit, par exemple à sui-v re une conversation dans un café ou dans un re s ta u-rant. Ce stade s’accompagne volontiers d’une intolé-rance aux sons forts.

S’ensuivent une fatigue, un stress, une irritabilité quirendent le malentendant agressif. « Il vieillit mal »conclut le plus souvent son entourage.

Consulter et se faire appare i l l e r, ou envisager de se fairei m p l a n t e r, évite de tomber dans l’isolement social,amical et familial et d’accélérer le processus de vieil-lissement général.

Idéalement, c’est au début de la pre s b y a c o u s i e ,lorsqu’elle ne gène pas encore celui qui en est atteint,qu’il faudrait intervenir. Mais en général, la personneconcernée re chigne et son entourage doit insister pourqu’elle aille consulter !

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Et l’homme inventa le bruit… Deuxième causede surdité, il est le plus souvent lié à l’activitéhumaine. Au travail ou dans les loisirs, le bruitest gênant. C’est une source de fatigue, maisaussi de troubles de l’audition. L’oreille estdélicate, elle n’a pas été conçue pour suppor-ter les 110 dB des concerts de musiqueamplifiée, ni les fréquences élevées émisespar les MP3 dont tous les ados sont équipés.Selon des spécialistes, les bruits des loisirssont en train de fabriquer une génération demalentendants précoces.

Chapitre 5

LE BRUI T, MALDU SI È CLE

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5LE BRUIT, MAL DU SIÈCLE

L’exposition au bruit est aujourd’hui, en France, la

deuxième cause de surdité. Nous vivons dans un monde

bruyant. Certaines personnes sont exposées au bruit sur

leur lieu de travail, d’autres s’y exposent volontairement, pen-

dant leur loisir. C’est le cas des passionnés de motos et des ama-

teurs de musique bruyante.

C e r tains médecins ORL hospitaliers ont constaté que les

ados constituaient une part importante de leur patientèle du

lundi matin : des jeunes, qui sont allés en boîte de nuit ou ont

assisté à un concert amplifié pendant le week-end viennent

consulter, généralement assez excités, et se plaignent d’avoir

un bruit dans l’oreille ou la sensation d’oreille bouchée.

Tout niveau sonore supérieur à 85 dB peut en effet entraî-

ner un traumatisme auditif, surtout si l’oreille a été exposée

de façon prolongée au bruit. Or la musique des rave parties o u

de certains concerts oscille entre 110 et 120 dB…

UN RÉEL DANGER

POUR L’OREILLE

80 — GUIDE DE LA SURDITÉ

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 80

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Les sons naturels n’ont généralement pas une durée

suffisamment longue ou un niveau assez élevé pour

être nocifs. Mais l’homme a créé des sources sonores

assez puissantes pour altérer l’audition rapidement et de façon

irréversible.

C o n t r a i rement à la croyance populaire , les bruits forts ne

font généralement pas « éclater le tympan » : ils agissent sur les

cellules sensorielles de l’oreille interne qu’ils détruisent.

L’altération de ces cellules conduit, à plus ou moins long

terme, à des troubles irréversibles de l’audition :

� surdité,

� perception d’acouphènes,

� et hyperacousie.

Les sons nocifs sont rencontrés dans trois sortes d’activités :

les activités professionnelles, les loisirs, la musique.

Des activités professionnellesà risque

La surdité est la deuxième

maladie professionnelle en

France. On estime qu’un quart

des ouvriers de l’industrie tra-

vaille dans un environnement où

les niveaux sonores sont trop éle-

vés. Dans les usines, le risque de

surdité lié au travail est loin d’être

négligeable. Il faut avoir exercé une acti-

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 81

CES BRUITS NOCIFS

CRÉÉS PAR L’HOMME

Lesmétiers de la

chaudronnerie, du forgeage ou de la tôlerie,

ceux du bâtiment, des scieries, des verreries ou encoredes industries de tissage, sontdes métiers à risque et sontofficiellement répertoriés.

Les métiers risquéspour l’audition

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 81

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La pollution sonore, première cause

de nuisance en France

Des sons gênants se trouvent dans notre environne-ment habituel. Ils sont le plus souvent dus à l’activitéhumaine. Radio du voisin, circulation ro u t i è re, bro u-haha d’une rue piétonne, climatiseur…

N o t re quotidien est envahi de sons qui nous gênent.Leur intensité n’estpas forcément éle-vée, ils n’ont doncpas toujours uneaction nocive surn o t re audition. Maisils affectent la santé àlong terme en éta n t ,par exemple, à l’ori-gine de troubles psy-chologiques : anxiété,i r r i tabilité, dépre s-s i o n .

Ces nuisances sono-res peuvent pro v o-quer une gêne collec-

tive – c’est le cas de la circulation ro u t i è re ou de lap roximité d’un aéroport – et touchent un nombrei m p o r tant de personnes. Les associations de défensec o n t re l’environnement se mobilisent régulière m e n tc o n t re la pollution sonore. Les pouvoirs publics s’enpréoccupent et essaient de l’atténuer en réglemen-tant les émissions sonores, l’urbanisation, la construc-tion… Dans d’autres cas, la gêne est individuelle ou ne

Sur la gêne due au bruitOn sait que la gêne

� c roît avec le niveau sonore, mais sur-

vient aussi à un niveau relativement fai-

ble,

� c roît avec le cara c t è re informatif du

son gênant : à niveau égal, la parole est

plus gênante que la circulation ro u t i è re,

� peut également résulter d’une mau-

vaise compréhension de la parole mas-

quée par le bruit,

� est d’autant plus ressentie qu’elle est

associée à un autre facteur de désagré-

m e n t .

82 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

5LE BRUIT, MAL DU SIÈCLE

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concerne que quelques personnes. Pour ces bruitsisolés, qui sont souvent liés au voisinage, la régle-mentation définit des critères : c’est ainsi que le bruitperturbateur ne doit pas dépasser le niveau de bruithabituel de plus de 3 décibels pendant la nuit et de plusde 5 décibels pendant la journée. Des critères plutôtdifficiles à apprécier pour le particulier… ! Maislorsqu’ils sont dépassés, il y a obligation pour l’auteurdu bruit d’en réduire le niveau.

Des bruits quotidiens,gênants, auxquelson ne fait plus forcément attention… et pourtant nocifs !

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 83

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 83

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vité classé à risque pour être admis à déclarer une surdité pro-

fessionnelle.

Une directive européenne a fixé à 80 dB le niveau d’expo-

sition quotidienne au-dessus duquel on doit déclencher les

mesures de prévention. Elles consistent essentiellement à faire

porter aux travailleurs des protecteurs auditifs. Les mesures

sont renforcées au-delà de 87 dB et le port de protecteurs

auditifs devient alors obligatoire.

Si la réglementation est appliquée dans les grands groupes,

les PME et les artisans sont souvent mal informés et les travail-

leurs mal protégés.

Des loisirs trop bruyants

De nombreux ch a s s e u r s , tireurs ou adeptes de

sport mécanique sont confrontés à des niveaux de

bruits importants et donc à des problèmes auditifs.

Un groupe de scientifiques de l’université de Flo-

ride a ainsi passé en revue 33 motos différentes et

a enregistré leur niveau de bruit. Près de la moitié pro-

duisait des sons de plus de 100 dB. Le bruit sous

un casque de moto à 140 km/h peut atteindre

100 dB : il n’y a donc rien

d’étonnant à ce que 46 %

des motards subissent une

perte d’audition. Car si le casque offre

une protection de la tête en cas de

chute, il ne protège pas du bruit. Les

m o tards devraient tous s’offrir une

bonne paire de bouchons auditifs.

Les chasseurs aussi. Du reste, ils le

font en général assez volontiers

aujourd’hui. Tout serait-il question de

pays ? Une étude polonaise sur

1 8 chasseurs d’une moyenne d’âge de

84 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

5LE BRUIT, MAL DU SIÈCLE

Des motos tropb r u y a n t e s

« Presque toutesles motocyclettes

que nous avonstestées atteignent

des niveauxd’action qui

nécessiteraient lep o rt de protection

auditive sur unlieu de travail »,

dit Joy Colle,ch e r cheur etaudiologiste.

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 84

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4 2 ans a en effet montré que les trois quarts

souffraient de déficience auditive.

Une musique assourdissante

Difficile, évidemment, d’imaginer qu’un musicien

peut porter des boules Quiès. C’est ce que fait pourtant Antoine,

2 6 ans, batteur dans un groupe de rock. Sceptique au début, il

avoue aujourd’hui que « ça sonne toujours aussi bien », et qu’au

moins, il ne risque plus d’avoir une surdité précoce comme nom-

bre de ses amis. Le témoignage des nombreux musiciens victi-

mes d’un excès sonore et souffrant de troubles auditifs peut inci-

ter les jeunes à protéger… leurs oreilles aussi !

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 85

« J’ai des acouphènes depuis six mois. Après un concert où lamusique était vraiment à fond, j’ai ressenti des bourd o n n e m e n t squi, depuis, ne partent pas. J’ai un ami guita riste qui, lui, a des acou-phènes depuis 3 ans et qui ne peut plus jouer d’instrument ni alleren boîte ou en concert. C’est l’horreur ! », témoigne Alexandre ,21 a n s .

T É MOIGNAGE

20 %des utilisateurs

de baladeurs recon-naissent les écouter

plus de 5 heures par jourà plus de 100 dB.

Plein les oreilles !

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 85

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Après les walkmans, ce sont les lecteurs mp3 qui déclen-

chent les foudres des spécialistes de l’audition. Selon eux,

les forts volumes sonores associés à de longues durées

d’écoute pourraient entraîner des pertes

auditives.

Peu soucieux de leur capacité auditive,

les jeunes gens aiment la musique forte.

Les volumes sonores peuvent atteindre

110 à 120 dB, des niveaux correspon-

dant aux maximums lors de certa i n s

concerts de rock ou dans des boîtes de

nuit. Ce qui est assez pour entraîner une

perte auditive après seulement une heure et quart d’écoute !

Selon les spécialistes, les bruits des loisirs sont en train de fabri-

quer une génération de malentendants précoces.

Les niveaux sonores sont réglementés par la loi à :

� 100 dB pour les baladeurs,

� 105 dB pour les discothèques.

Ces niveaux, qui restent dangereux puisque la nocivité com-

mence à 85 dB, ne sont d’ailleurs pas toujours respectés.

En 2002, Apple a dû re t i rer du marché des Ipod qui

n ’ é taient pas en conformité. Mais la loi est facile à contour-

ner : sur les forums de discussions circulent les explications

pour « débrider » un lecteur mp3, en chargeant tout simple-

ment les versions américaines des logiciels faisant fonction-

ner ces appareils…

86 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

5LE BRUIT, MAL DU SIÈCLE

Les bruits des loisirsfabriquent unegénération de

malentendants

précoces.

Les lecteurs mp3 dans l’œil du cycloneDéjà dans les années 1980, l’arrivée des walkmans, puis des lec-t e u rs de CD portables avaient fait réagir les médecins. Maisa u j o u rd’hui, l’extra o rd i n a i re succès des lecteurs mp3 pourrait poserplus de problèmes encore. Car ces produits combinent de fortsvolumes sonores et de longues durées d’écoute. De plus, les petitsécouteurs qui se glissent dans l’oreille seraient capables d’ampli-fier de 6 à 9 décibels le signal sonore.

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Acouphènes et hypera c o u s i e

Les acouphènes et l’hyperacousie, qui sont souvent les séquelles

d’un traumatisme sonore, peuvent entraîner des problèmes de sur-

dité précoce.

Le terme d’hyperacousie désigne une intolérance aux bruits, même

les plus banals, qui sont vécus comme une agression douloure u s e .

Elle accompagne l’acouphène dans 40 % des cas.

Les acouphènes sont un bourdonnement ou un sifflement plus ou

moins fort, qui se manifeste dans les oreilles ou de manière dif-

fuse dans la tête. On les entend jour et nuit, en l’absence de sourc e

sonore. Ils apparaîssent quelquefois en même temps que la sur-

dité, et généralement après une exposition à des sons forts. Il

peuvent être aussi le symptôme d’une maladie du système audi-

tif, comme l’otospongiose, la maladie de Ménière, le neurinome de

l’acoustique, etc.

10 % des personnes atteintes de presbyacousie ont aussi des

acouphènes.

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Dans les restaurants…

À table, le bruit peut être aussi dévastateur, ou pres-que… Des expériences réalisées à Lo n d res et publiéesdans la revue New Scientist ont montré que le niveaus o n o re de certains re s taurants branchés dépasse par-fois les niveaux recommandés pour certains secteursindustriels. Ces re s taurants affichaient un niveausonore moyen de 88 décibels ou plus. Dans un décorminimaliste ou les sols et les murs sont nus, en sim-ple béton, le bruit des conversations est renvoyé avectrès peu de pertes d’énergie.

Et comme le bruit engendre le bruit, les clients doiventparler plus fort pour se faire entendre, d’où une aug-m e n tation du niveau sonore. Lorsque ce niveau serapproche des 80 dB, il faut véritablement crier pourêtre entendu. Selon l’article, les restaurants tradition-nels, avec leurs tapis et leurs tentures épaisses, sontplus sûrs… pour les oreilles en tous cas.

5LE BRUIT, MAL DU SIÈCLE

88 — GUIDE DE LA SURDITÉ

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 88

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… et au cinéma

Une amélioration de la technologie du son fait qu’ilest maintenant possible d’augmenter le volume sansavoir de distorsion du son, comme c’était le cas dansle passé. Ce qui ne signifie pas un moindre dangerpour vos oreilles.

Des études faites sur les niveaux sonores d’une séancedu film Harry Potter et la chambre des secrets p a rexemple révèle que la moyenne est d’environ 74 dB,avec des pointes à 93 dB pendant la bataille avec le ser-pent. Le film Le Seigneur des Anneaux s’est révélé êtree n c o re plus bruyant, avec un niveau sonore moyen de78 dB sur une durée de plus de trois heures. Et pen-dant 29 % du temps de la durée du film, le niveausonore dépasse les 80 dB !

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 89

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 89

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Les re ch e rches sur la surdité due au bruit, appelée sur-

dité traumatique, ont permis de fixer la limite de noci-

vité à une valeur, qui dépend de chaque individu, mais

située entre 80 et 90 dB.

Au-dessus de ce seuil, le risque croît avec la durée d’expo-

sition.

� À partir de 110 dB, on peut contracter un traumatisme

sonore en quelques minutes. Un coup de fusil inattendu, un

p é tard dans une fête foraine peuvent entraîner une destruction

irréversible des cellules ciliées

de l’oreille interne.

� Il est reconnu que l’exposi-tion a des bruits de plus de10 0 dB ne doit pas dépasser15 minutes et qu’une défi-cience auditive permanente peut être entraînée par une expo-sition au bruit de 85 dB pendant 8 heures.

En bref, il est important de pre n d re conscience du niveau

de bruit partout dans notre vie quotidienne et de mettre

en œuvre les mesures qui s’imposent : le vieillissement est

i n é v i table et irréversible, mais en évitant de s’exposer à des

niveaux sonores élevés, en traitant certains troubles circula-

toires, en faisant un usage raisonnable de certains médica-

ments, on peut conserver plus longtemps une oreille fine.

90 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

5LE BRUIT, MAL DU SIÈCLE

SE PROTÉGER

DES BRUITS

Tout niveau sonore

supérieur à 85 dB

peut entraîner

un traumatisme auditif.

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 90

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Des moyens simplesde prévention

Pour les membres de professions à risquesou les adeptes de loisirs bruyants

� Porter des bouchons auditifs pro t e c t e u rs. Ceux qui tondent leur pelouse

aussi…

Pour les amateurs de concert et de boîtes de nuit � S’éloigner des enceintes et se reposer, si possible, toutes les demi-

heures en allant dans une partie plus calme.

Pour les utilisateurs de MP3 � Respecter la règle des « 60 minutes/60 % » : ne pas utiliser les lec-

teurs mp3 plus d’une heure à un volume supérieur à 60 % du maximum

(c’est-à-dire juste au-dessus du volume moyen).

� Adopter de préférence aux écouteurs intraauriculaires des casques

(moins esthétiques, mais nettement plus confortables pour les ore i l l e s … ) .

Pour tous � Veiller à ne pas intro d u i re d’agents pointus dans le conduit

auditif (cotons tiges), afin de limiter les risques de perforation du

tympan.

� Porter un casque lors de la pratique de certaines activités comme

la moto ou les sports violents.

� Éviter de faire de la plongée sous-marine en cas de rhinite ou

d’otite.

� Éviter l’avion ou la plongée lors des épisodes infectieux.

GUIDE DE LA SURDITÉ — 91

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Le dépistage à la naissance se généralise, mais les per-sonnes touchées par la presbyacousie se font

toujours tirer l’oreille pour aller consulter. Chez lesenfants atteints d’une surdité de perception comme chez

les personnes âgées, le port de prothèses auditives permet souvent de retrouver une vie normale. Mais pour une correction optimale,

l’appareillage doit se faire dès les premiers signes desurdité. Or 17 % seulement des malentendants

possèdent des aides auditives… et un tiers d’entre euxlaisserait son appareil au fond d’un tiroir !

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LE DIAGNOSTICPRÉCOCE, UNE

ÉTAPE CAPITALE

Chapitre 6

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 93

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Isolement, anxiété, dépression et parfois même para-

noïa : les conséquences de la surdité sur la qualité de vie

sont importantes. La détection des déficiences auditives,

chez les jeunes comme chez les plus âgés, est donc devenue

un véritable enjeu de santé publique.

Simples et fiables, des tests d’audition devraient se pratiquer

de façon systématique à la naissance : c’est d’ailleurs ce qui se

fait de plus en plus souvent. Si une surdité néonatale est détec-

tée, une prise en charge peut ainsi avoir lieu dès les premiers

mois de l’enfant. Plus tard, si l’on entend mal, il est important

de ne pas hésiter à consulter

rapidement un médecin ORL

qui fera le diagnostic et indi-

quera si la surdité peut béné-

ficier d’un traitement ou être

opérée. Dans le cas d’une sur-

dité de transmission, la pres-

byacousie par exemple, il

pourra prescrire le port d’ai-

des auditives.

L’idéal serait de faire tester

régulièrement son audition

dès 50 ans et d’accepter de

porter des aides auditives dès

les tout premiers signes de

presbyacousie. Malheureuse-

ment, des études ont permis

de constater que la régularité

du contrôle de l’audition dimi-

nuait souvent avec l’âge.

6LE DIAGNOSTIC PRÉCOCE, UNE ÉTAPE CAPITALE

POUR UN DÉPISTAGE

À TOUT ÂGE

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 94

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Vers un dépistage systématique à la naissance

La surdité néonatale est le handicap le plus fréquent à la

naissance. Elle atteint plus d’un nouveau-né sur mille, et a des

conséquences sérieuses sur l’ac-

quisition du langage, sur le déve-

loppement affectif et sur le dérou-

lement de la scolarité. Le

diagnostic des surdités congéni-

tales est encore souvent fait ta r d i-

vement – après l’âge de 2 ans –,

alors qu’il est possible de déceler une surdité dès la naissance.

Il a été prouvé que plus la prise en charge d’un enfant sourd

est faite précocement – dès les premiers mois de vie –, plus ses

chances de parler correctement et de suivre une scolarité nor-

male sont grandes.

L’enfant sourd peut grandir presque normalement

Pour cela, il faut que sa surdité soit prise

en charge le plus tôt possible. En

effet, le cerveau de l’enfant pré-

sente une grande plasticité

durant les premiers mois de sa

vie. Un appareillage auditif pré-

coce, accompagné de séan-

ces d’orthophonie, lui permet-

tront de rattraper son reta r d

rapidement.

À l’inverse, si le traitement est

mis en place ta rdivement, le cer-

veau de l’enfant, dont la plasticité dimi-

nue naturellement après quelques mois de

vie, ne pourra combler totalement son reta r d .

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 95

Il y aplusieurs années, la

Haute Autorité de Santé(HAS) a entamé une réflexion

sur la pertinence d’organiser undépistage néonatal systématique

dans les maternités, dans le but de per-mettre un diagnostic et une prise en

charge précoces de la surdité congéni-tale bilatérale. Une majorité de

maternités réalise maintenant cedépistage.

Dès la maternité !

Prise en charge très

tôt, la surdité ne sera

pas un handicap majeur

pour l’enfant.

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 95

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Des études ont montré qu’en cas de prise en

ch a rge précoce, 70 % des enfants parlent norma-

lement ou presque et suivent une scolarité classi-

que – les autres doivent suivre une scolarité dans

un centre spécialisé pour enfants sourds. Ces

enfants pourront, plus tard, atteindre un niveau

socio-économique identique à celui de la popula-

tion entendante.

Le dépistage chez le jeune enfant

Tout enfant qui ne dit rien à 18 mois, qui ne prononce pas de

petites phrases à deux ans et demi, ou que l’on comprend mal

à 4 ans, doit bénéficier d’un examen auditif. Un test auditif doit

également être envisagé si l’enfant ne répond pas lorsqu’on

l’appelle ou s’il fait répéter ce qu’on lui dit. Le comportement de

l’enfant malentendant peut être très trompeur, il s’agit le plus sou-

96 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

6LE DIAGNOSTIC PRÉCOCE, UNE ÉTAPE CAPITALE

Le test néonata lLe test de

d é p i s tage estréalisé au 3e j o u r

de vie, pendant lesommeil de

l’enfant. To ta l e m e n tindolore, il est

effectué en10 m i n u t e s .

Dépistage systématique en Haute-Normandie

Tous les nouveaux-nés ont droit à un contrôle de leur audition. Àcet égard, la Haute-Normandie est l’une des premières régions àavoir pro g ressivement instauré un dépistage systématique de la sur-dité à la naissance dans toutes ses maternités. Le centre hospi-talier d’Évreux a été précurseur en 1999, et en 20 03, c’est l’ensem-ble des maternités de l’Eure qui a mis en place le système. En20 06, la maternité du CHU de Rouen leur a emboîté le pas. Etaujourd’hui, le dépistage de l’audition se fait dans toute la région,grâce à l’aide des deux conseils généraux de Haute-Normandie( E u re et Seine-Maritime) et de l’Agence régionale d’hospitalisation. Les enfants présentant un test d’audition suspect à la maternitésont convoqués un mois plus tard, à proximité de la maternité denaissance, afin de confirmer ou d’infirmer ce dépistage. En cas detest toujours suspect, les bilans de confirmation sont réalisés surles centres hospitaliers de Rouen et d’Évreux.

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 96

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vent d’un enfant « hyperactif », très agressif, comme si il était en

« manque » …

La principale cause de déficit auditif chez l’enfant

est la présence de liquide inflammatoire dans l’oreille

moyenne due à des otites séreuses. Il s’agit alors d’un

problème réversible et curable.

À partir de trois ans, les examens de médecine

scolaire comportent un test auditif. Au moindre

doute, il faut consulter un médecin spécialisé en

audiologie infantile. Il utilisera des tests adaptés à

l’âge de l’enfant, présentés sous forme de jeux.

Le dépistage chez l’adulte

Un tiers des plus de 60 ans ont une surdité significative. M a i s

seulement 30 % d’entre eux ont conscience de mal entendre.

Le dépistage est donc nécessaire pour détecter la perte d’au-

dition, qui est progressive et insidieuse.

La gêne à la compréhension de la parole, en particulier

dans le bruit, est le premier signe de la pre s b y a c o u s i e .

C’est le signal d’alerte pour aller consulter. Et mieux vaut ne pas

trop tarder : plus le problème auditif est ancien, plus la diffi-

culté de compréhension est importante et plus la période

d ’ a d a p tation aux aides auditives sera compliquée. Les patients

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 97

Les otitess é r e u s e sChez l’enfant, lesotites séreuses quisont indolores etaltèrent l’oreillemoyenne setraduisent souventpar un retard dulangage dû à unemauvaise audition.

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qui ont été appareillés tardivement ont bien du mal à suppor-

ter leurs prothèses : une étude a montré que 80 % des sujets

appareillés à 60 ans portent leurs appareils auditifs en perma-

nence, contre seulement 14 % des sujets appareillés à 80 ans.

6LE DIAGNOSTIC PRÉCOCE, UNE ÉTAPE CAPITALE

D a v a n tage de dépistage chez les jeunes

Une enquête Baro m è t re national de l’Audition, réalisée par Ipsos

en 20 03 auprès de 2 109 personnes de plus de 15 ans, a révélé

que, lors d’une fête, d’une réunion de famille ou d’un repas au

re s ta u rant :

� 32 % des personnes ont du mal à suivre les conversations,

� et 18 % considèrent avoir de réelles difficultés auditives.

Il apparaît aussi que :

� un peu plus d’un sondé sur deux seulement a déjà fait contrô-

ler son audition,

� et que ceux qui ont déjà effectué des contrôles sont para-

doxalement en majorité des jeunes : 61 % des personnes âgées

de 15 à 19 ans contre 49 % des 70 ans et plus !

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 98

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Il faudrait consulter un médecin ORL dès les pre m i e r s

signes de malentendance. Le diagnostique repose sur l’in-

terrogatoire du patient, l’examen clinique et des tests auditifs.

Première étape : l’interrogatoire

Il est essentiel dans la détection d’une pre s b y a c o u s i e . I l

permet une évaluation subjective du déficit auditif global. Le

médecin demande au patient s’il ressent :

� une baisse de la netteté des phrases,

� une impression de son « brouillé »,

� une gêne ou une douleur aux sons forts,

� une sensation de message « pénible » lorsqu’il y a du bruit.

Le médecin demande également au patient :

� s’il fait répéter,

� s’il doit augmenter le son de la télévision,

� s’il entend toujours la sonnerie de la porte ou du téléphone,

� s’il entend bien au téléphone,

� s’il comprend tous les interlocuteurs en réunion,

� s’il est parfois surpris par un bruit extérieur qu’il n’a pas

entendu,

� s’il entend les oiseaux, les cigales, un ruisseau qui coule,

etc.

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 99

LES MESURES DE L’AUDITION

Des tests simples et efficacesLes tests de base n’ont pas changé. Un audiogramme, qui n’est nidouloureux ni compliqué à faire, permet de mesurer la perte audi-tive précisément. Bien sûr, des tests plus spécialisés auront lieu pourdes indications particulières, pour des personnes atteintes au niveaudu cerveau ou de l’oreille interne par exemple. Dans ce cas, le déve-loppement de l’imagerie scanner et IRM a permis, ces dernière sannées, de faire de grands progrès dans le diagnostic.

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Deuxième étape : l’examen de l’oreille

À l’aide de son otoscope, l ’ ORL vérifie l’intégralité du conduit.

Il s’assure, par exemple, qu’il n’y a pas de bouchon de cérumen

et que le tympan est en bon état.

Troisième étape : les tests auditifs

Ces tests, appelés tests audiométri-

ques, permettent de quantifier la sur-

d i t é , c’est-à-dire de préciser si elle est

légère, moyenne, sévère ou profonde.

L’audiométrie a également un intérêt

diagnostique, car elle permet de loca-

liser le siège de l’atteinte auditive.

Les tests sont le plus souvent exécu-

tés par voie aérienne et par voie

o s s e u s e : un son est émis par l’inter-

médiaire d’un casque et passe par le

conduit jusqu’à l’oreille moyenne, puis

interne. Puis les mêmes sons sont

envoyés à l’oreille interne par l’intermé-

diaire d’un vibrateur posé derrière l’oreille. Le système audi-

tif est donc évalué dans sa globalité.

Ces tests sont dits « subjectifs », car ils dépendent de la

réponse du patient. Ils sont effectués de préférence par le

médecin ORL pour le diagnostic de la surdité, et par l’audiopro-

thésiste dans un but d’appareillage. Les résultats obtenus sont

transcrits sur des courbes ou audiogrammes.

Les tests les plus fréquents sont l’audiométrie tonale et

l’audiométrie vocale.

6LE DIAGNOSTIC PRÉCOCE, UNE ÉTAPE CAPITALE

100 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 100

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L’audiométrie tonaleElle porte sur la perception des sons. La bonne oreille, s’il en existe

une, est testée en premier.

Des sons purs d’intensité croissante (de très faible à très forte) sur

d i v e rses fréquences (de très graves à très aiguës) sont transmis au

patient au moyen d’écouteurs. Dès que celui-ci entend, il

lève la main pour avertir le médecin qui note alors sur un

g raphique le moment où le son a été perçu.

L’axe vertical représente la perte exprimée en décibels

(dB). Plus on s’éloigne de 0 dB, plus la perte est importa n t e .

Sur l’axe hori z o n tal, on a les fréquences en hertz (Hz).

On teste ainsi tout le spectre sonore, des graves aux aigus,

sur des fréquences préétablies allant de 125 à 8 000 Hz. On calcule le

degré de surdité, c’est-à-dire la perte en décibels, sur les fréquences

500 Hz, 1 000 Hz, 2 000 Hz et 4 000 Hz.

L o rsque le patient est un très jeune enfant, les réponses aux tests sont

données par des attitudes réflexes. Cela nécessite donc un tra v a i l

d’observation et d’interprétation.

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 101

Fr é q u e n c e sL’ a u d i o m é t r i etonale mesure lesp e rtes auditivesaux fréquencesperçues parl’oreille humaine.

Cet audiogramme révèle une

presbyacousie (examen réalisé

par le Dr Didier Bouccara).

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 101

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102 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 102

Page 73: A BON ENTENDEUR PATRICK AÏDAN - docteur@aidan.fr · dire qu’avec le vieillissement de la population, les jeunes vont avoir de plus en plus de mal à se faire entendre… Un enjeu

La courbe en pente de skiC’est la courbe du début de la surdité liée au vieillissement, appe-lée presbyacousie. Celle-ci est en pente descendante sur les fré-quences élevées : plus on monte dans les aigus, plus l’auditionbaisse. On peut distinguer dans cette surdité deux éléments : l’unrevient à la cochlée, l’autre est rétrocochléaire et dépend du vieil-lissement du système nerveux.

L’ a u d i o m é t rie vocale

Elle porte sur la perception de la paro l e . Ce test est complémenta i re au

test tonal. Il ch e rche à mesurer les capacités de reconnaissance des mots

par le sujet.

On fait entendre des listes de mots d’une ou deux syllabes selon une

intensité de son donnée : en général, le test est réa-

lisé dans la zone d’intensité correspondant à la

surdité détectée à l’audiométrie tonale.

Pour une audiométrie tonale évaluée à 40 dB,

par exemple, on donnera des listes de mots

avec des intensités de 30 à 60 dB. Le patient

doit répéter ces listes avec le moins d’erre u rs

possible.

Plus le nombre d’erre u rs est élevé, moins la com-

préhension est bonne. Les résultats sont reportés sur

un graphique. La courbe ainsi dessinée forme la courbe d’intelligibilité.

L’audiométrie vocale permet d’évaluer la gêne sociale à travers l’esti-

mation de la compréhension de la conversation. Elle est importa n t e

pour tester l’audition globale de l’enfant, mais aussi des pers o n n e s

atteintes de presbyacousie.

Quatrième étape : les examens complémentaires

S’il le juge nécessaire, le médecin peut pre s c r i re des exa-

mens complémenta i res, comme un scanner ou une IRM (ima-

gerie par résonance magnétique), avant de poser son diagnos-

tic. La perte auditive est souvent symétrique : toute asymétrie

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 103

L’audiométrievocale mesure les

difficultés à comprendrela parole avec des mots

ou des phrases.

Entendre etcomprendre

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 103

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104 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

6LE DIAGNOSTIC PRÉCOCE, UNE ÉTAPE CAPITALE

prononcée doit faire rech e r cher une atteinte rétrococh l é a i r e ,

c’est-à-dire au niveau du nerf auditif ou du cerveau.

À l’issue de ces examens, et une fois

le diagnostic de surdité établi, l e

médecin ORL explique à son patient

quelles sont les différentes solutions de

traitement pour les surdités de trans-

mission, ou de compensation pour les

surdités de perception. Dans ce der-

nier cas, il pourra prescrire une aide

auditive en insistant sur ses bénéfices :

retrouver un certain degré d’audition et

gagner une meilleure qualité de vie.

Il évoquera aussi les limites des pro-

thèses auditives : le patient atteint

d’une surdité de perception ne retrou-

vera jamais l’audition de ses 20 ans.

Scannerset IRM

Le scanner a révolutionnél’étude des structures osseu-ses de l’oreille moyenne enparticulier. L’utilisation del ’ IRM, qui offre des imagesdes tissus, permet de dépis-ter des tumeurs du nerf audi-tif (neurinome) ou encored’apporter des informationssur certaines malformationsde l’oreille qui peuvent être lacause de surdité.

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 104

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Les métiers de la surdité

Bien souvent, c’est le médecin généraliste qui repèreles troubles de l’audition. Il envoie alors le patientconsulter un confrère ORL. L’ O RL, l’audioprothésiste et l’orthophoniste formentl’indissociable trio du succès dans la prise en chargede la surdité.

Le médecin ORLL’otorhinolaryngologiste (ORL) est spécialisé dansl’examen et le traitement médical ou ch i r u rg i cal dunez, de la gorge ou de l’oreille. Lorsqu’un patient seplaint d’une gène auditive, l’ORL examine l’oreille etteste l’audition du patient par audiométrie. Il posealors son diagnostic. En cas de surdité de perception, il peut pre s c r i re le portd’aides auditives, après s’être assuré qu’il n’y a pas dec o n t re - i n d i cation. Il rédige alors une ordonnance quipermet le re m boursement par la Sécurité sociale.Le médecin ORL a un rôle important dans l’informationdu patient et de sa famille.

Diagnostiquer la surdité

et la mesurer.

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L’audioprothésiste

Le travail de l’audioprothésiste consiste à trouver lasolution auditive la mieux adaptée à la perte auditive,mais aussi au mode de vie… et aux moyens finan-

ciers de son client. Il le conseille sur lechoix de l’aide auditive et adapte l’appare i là son oreille. Plusieurs rendez-vous sontdonc nécessaires. � Une pre m i è re séance permet de faire lepoint avec le patient sur ses attentes, ses dif-ficultés, ses besoins, ses conditions de viematérielle, sociale et psychologique. Cete n t retien, qui demande une grande ca p a c i t éd’écoute de la part de l’audiopro t h é s i s t e ,est complété par des tests audiométriques.Il doit ensuite proposer un ou plusieurs

types d’appareillage, parmi les 40 0 modèles pro p o s é ssur le marché… À l’issue de ce premier contact, si la déci-sion d’appareillage est prise, l’audioprothésiste réaliseune empreinte du conduit auditif externe.

� Les séances suivantes compre n n e n tl’essai, les réglages et l’éducation dupatient à l’utilisation de ses prothèses. � Enfin, des visites de contrôle per-mettent de vérifier la bonne marche de

l ’ a p p a reil. Le patient doit revenir aussi souvent quen é c e s s a i re, jusqu’à ce qu’il se sente à l’aise avec lasolution auditive choisie.Indépendamment des problèmes ponctuels, il est sou-haitable de prendre rendez-vous une à deux fois paran chez l’audioprothésiste pour faire vérifier les appa-reils et ajuster les réglages aux nouveaux besoins.Si l’audioprothésiste observe une dégradation impor-tante de l’audition du patient, il le renvoie vers l’ORLqui fera les explorations nécessaires.

106 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

6LE DIAGNOSTIC PRÉCOCE, UNE ÉTAPE CAPITALE

Appareiller,familiariser,

ajuster.

Que fait-il ?Le travail de

l ’ a u d i o p r o t h é s i s t ecomprend :

� le choix de l’aideauditive,

� son adaptation, � sa délivrance,

� le contrôle de sonefficacité immédiate

et permanente � et l’éducation du

client à l’utilisation deson appareil.

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L’orthophoniste

L’orthophonie concerne toutes les fonc-tions associées à la compréhension, à laréalisation et à l’expression du langageoral et écrit, ainsi que toutes les autres for-mes de la communication non verbale.Dans le domaine de l’audition, l’ortho-phoniste peut intervenir sur l’enfant oul’adulte atteint d’une surdité sévère ou profonde : � il exécute des bilans de parole et de langage ; � il initie à l’apprentissage isolé de la lecture labialeen cas de surdité acquise ou non ; � il participe à l’apprentissage précoce de la paro l e ,de la voix et du langage dans les surdités du premierâge.Les prothèses auditives sont indispensables à l’amé-lioration des capacités fonctionnelles auditives àlaquelle vise l’orthophonie. Chez les patients appa-reillés ou implantés, l’orthophoniste a un rôle primor-dial de rééducateur de la parole.

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 107

S ta t i s t i q u e sLa France compte 3 100 médecins ORL ,2 000 audioprothésistes,et 15 550 orthophonistes,dont 96 % sont desfemmes.

L’orthophoniste estle spécialiste de la

rééducation auditive

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Aux oubliettes, les prothèses imposantesaccrochées derrière l’oreille, impossibles àdissimuler et pas toujours performantes !Grâce aux progrès de l’informatique et del’électronique, il existe désormais de vérita-bles petits ordinateurs auditifs qui, en toutediscrétion, restituent un son « sur mesure »adapté à la surdité de chacun. Mais lesréticences sont encore fortes : une grandemajorité de malentendants refuse toujoursde porter des aides auditives…

Chapitre 7

AIDES AUDI T IVES :

DES SOLU T IONSINNOV AN T ES

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«J’ai un ami qui m’a dit que ses prothèses ne ser-

vaient à rien, qu’elles n’amplifiaient que les bruits

inutiles et que cela lui faisait mal à la tête et aux oreil-

les. Du coup, il les laisse dans le tiroir. »

Ce genre de témoignage est monnaie cou-

rante en consultation. Les idées fausses, le man-

que d’informations sur les nouvelles possibilités

d’appareillage et de leurs résultats, le mauvais

choix ou la mauvaise utilisation des prothèses

expliquent la mauvaise image que les Français

ont encore trop souvent des prothèses auditives.

Sans compter les réticences psychologiques, le

coût élevé des appareils et leur faible prise en

charge… On estime à 4 ou 5 millions le nombre

de malentendants en France : et effectivement,

moins d’un million d’entre eux est appareillé !

7AIDES AUDITIVES : DES SOLUTIONS INNOVANTES

PALLIER UNE SURDITÉ

DE PERCEPTION

Quelques ch i f f r e sSeuls 10 % des

personnes atteintesde presbyacousiep o rtent des aides

auditives. Selon uneenquête Ipsos 2003,

27 % des interv i e w é sdisent que c’est unequestion de coût et23 % avouent qu’ils

n’en onttout simplement

pas envie.

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Pourtant les personnes attein-

tes de presbyacousie n’ont pas

le choix : aucun médicament ne

soigne les surdités de percep-

tion. Porter des aides auditives

est donc la seule solution pour

améliorer son audition. Et plus

l’appareillage est précoce, meil-

leure sera la correction. Pour ceux

qui ont réussi à les adopter, ces

aides auditives « changent la vie »

et permettent de se réinsérer

socialement.

Il est vrai que ces appareils ont

longtemps été encombrants, gênants et… pas toujours

efficaces : cette image explique leur mauvaise réputation, qui

a nui à la prise en charge de la surdité et à l’usage des aides

auditives. Heureusement, des progrès tech-

niques ont été récemment faits.

De nouveaux appareils miniaturisés, bo u r-

rés d’électronique et très performants,

sont en effet depuis peu proposés sur le mar-

ché. Et à l’heure où chaque citoyen, enfant ou

adulte, est équipé d’oreillette – qui pour écou-

ter de la musique, qui pour téléphoner, etc. – ,

les appareils auditifs passent de plus en plus

inaperçus.

Les surdités de perception ne se soignent pas

Les surdités de transmission, qui touchent l’oreille externe

ou moyenne, peuvent être guéries, dans la plupart des cas, par

des traitements médicamenteux ou chirurgicaux. En revanche,

aucun traitement, pour l’instant, ne peut soigner les surdités

de perception ou mixtes dans lesquelles, à la difficulté d’en-

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 111

Une image négative… mais dépasséeManque d’information,réticences psych o l o g i q u e s ,mauvaise presse del’appareillage auditif, coût etprise en charge insuffisanteexpliquent le faiblep o u r c e n tage d’appareillageen France.

Aides auditives :des ch i f f res en hausseUn rapport de la Haute Autori t éde Santé note pourtant que lesventes annuelles d’aides auditivesen France sont passées de 55 000en 1975 à 365 000 en 20 05 .Depuis quelques années en effet,d’immenses progrès tech n i q u e sont été accomplis et l’idée quel’on se fait de l’appareillage audi-

tif commence enfin à évoluer.

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tendre les sons, s’ajoute une perturbation de la

fonction d’analyse. Et le chirurgien ne peut inter-

venir dans l’oreille interne sans détruire la

cochlée.

La compensation par l’intermédiaire de

p rothèses auditives ou d’implants e s t

donc la seule solution pour résoudre certa i n s

problèmes d’audition, par exemple la pres-

byacousie. Et cet appareillage est bénéfique

et souhaitable, car s’il ne guérit pas la surdité,

il permet une réhabilitation de la fonction auditive.

Pourquoi il faut s’appareiller…

Nous avons déjà parlé de la plasticité cérébrale : plus la

perte d’audition s’installe, plus l’univers sonore est déformé…

Des équipes du CNRS ont constaté la réversibilité du phéno-

mène suite au port d’aides auditives, notamment chez des per-

sonnes atteintes de presbyacousie. Les études ont comparé

l’audition avant et après l’appareillage. Des mesures d’audition,

faites à partir de tests tonals et vocaux, ont été réalisées après

un, trois et six mois d’appareillage.

Ces études ont notamment montré

� qu’en trois mois, déjà, l’appareillage contribue à améliorer

le confort de l’audition ;

� que l’intolérance aux sons, observée avant l’appareillage,

disparaît progressivement ;

� et que les phénomènes de déformation de la perception

sont peu à peu corrigés, avec des résultats significatifs à par-

tir du 6e mois d’appareillage.

7AIDES AUDITIVES : DES SOLUTIONS INNOVANTES

Ce que disent les études« Un certain nombre de personnes âgées reçoivent des vasodilata t e u rs ,des “oxygénateurs cérébra u x ”, des fluidifiants sanguins, des médica-ments à visée neurologique, dans l’espoir de ralentir un phénomènede vieillissement, aux dépens de l’économie de la santé », lit-on dansle rapport de la HAS sur la surdité.

Pour les surdi-tés de perception

sévères ou profondes, lalecture labiale ou encore lecode LCR, peuvent aider les

personnes appareillées àmieux communiquer.

Langage codé

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Les chercheurs ont conclu que les aides auditives contri-

buent à la réhabilitation auditive, quel que soit l’âge de l’in-

dividu. Elles améliorent les performances en termes de compré-

hension et de discrimination sonore : l’appareillage auditif

permet de jouer sur la plasticité cérébrale pour restaurer une

o r g a n i sation des zones corticales de l’audition proche de celle

antérieure à la perte auditive.

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 113

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114 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

7AIDES AUDITIVES : DES SOLUTIONS INNOVANTES

… et même s’appareiller précocement !

Rappelons qu’à force d’entendre mal, le cerveau apprend à

travailler avec des sons détériorés. Si l’on attend trop pour por-

ter des aides auditives, un décalage important se fait entre les

nouveaux signaux restaurés par la prothèse et ce que le cerveau

a pris l’habitude d’entendre. L’ a d a p tation peut alors devenir un

peu plus difficile. C’est pourquoi un certain nombre de malen-

tendants préfèrent remettre leur appareil dans leur boîte, pré-

textant « qu’il ne fonctionne pas bien ».

Certes, les aides auditives ne

guérissent pas la surdité. E l l e s

n’empêchent pas non plus la

presbyacousie d’évoluer.

Mais la vie est quand même

plus belle lorsqu’on

entend correctement

en toutes circons-

tances !

T É MOIGNAGE

« À 65 ans, raconte Robert, je suis allé voir un ORL car il me sem-blait entendre moins bien. Le médecin a diagnostiqué une surditétrès légère, d’à peine 30 dB, et m’a conseillé de revenir un an plustard. Moralité j’ai laissé filer dix ans et aujourd’hui, j’ai une surditéimportante. Je suis obligé de porter des contours d’oreille pas trèsesthétiques… et j’ai bien du mal à m’y adapter. »

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Difficile aujourd’hui de s’y re t rouver dans une offre

pléthorique : 400 références, 16 marques, mais heu-

reusement plus de 2 000 prothésistes pour vous

aider à choisir !

Les aides auditives (appelées aussi « prothèses » ou « appa-

r e i l s » auditifs) conventionnelles visent à compenser la sur-

dité. Elles constituent l’appareil-

lage de première intention des

surdités de perception.

Les appareils auditifs détec-

tent les sons ambiants et les

amplifient selon les besoins

du patient. Le signal amplifié est

transmis au tympan et le fait

v i b r e r, ce qui stimule les osselets de l’oreille moyenne.

Ces appareils, qui traitent le message

s o n o re , se composent de trois éléments :

� un microphone extérieur qui capte

le son,

� un transducteur, appelé aussi ampli-

f i c a t e u r, qui forme le corps de la pro-

thèse et qui adapte le son au type

de surdité de l’individu,

� un écouteur, ou haut parleur, qui

est placé dans le conduit auditif

externe et qui restitue le son.

L’énergie du système est fournie par des piles, rech a r g e a b l e s

ou non.

DES PROGRÈS TECHNIQUES

REMARQUABLES

On peut essayer ?Le principal atout de laprothèse traditionnelle estd’être amovible et donc depouvoir être testée par lefutur utilisateur. Le prêtd’aides auditives, pendantune certaine durée, estd’ailleurs décisif :9 personnes sur 10 lesa chètent immédiatementaprès l’essai.

GUIDE DE LA SURDITÉ — 115

400 références,16 marques…

le choix desprothèses auditives

est large !

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Des cornets acoustiquesaux prothèses auditives

Aristote, déjà, effectuait de nombreux travaux sur lacompréhension des problèmes liés à l’audition. Depuisl’Antiquité en effet, l’homme tente d’aider les person-nes malentendantes à l’aide de divers coquillages etcornes d’animaux.

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les trompes et cornets

acoustiques ne font qu’augmenter légèrement levolume sonore sans améliorerla qualité des sons déformés.

La découverte de l’électricité etdu téléphone a permis de met-tre au point les premières pro-thèses modernes munies d’unm i c rophone, d’un amplifica t e u ret d’un écouteur. Ces pro t h è-ses pèsent alors tellement lourdqu’on ne peut pas se déplaceravec elles. Il a fallu un sièclepour miniaturiser et re n d re plusléger l’appareil.

Au début du X Xe siècle, le dis-

positif peut devenir porta b l e ,mais il est encore très volumi-neux. Les microphones renfer-ment des grains de ch a r bon qui,sous la pression des ondes

116 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

7AIDES AUDITIVES : DES SOLUTIONS INNOVANTES

Cornets acoustiques (trompe, pipe et trombone).

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s o n o res, pro d u i s e n tun courant électrique.Le défi est alors deréduire le volume dela source d’énerg i etout en assurant unequantité et une duréed’énergie suffisante.

C’est l’invention dutransistor et du micro-magnétique, en 1947,qui permet la fabrica-tion d’aides auditivesplus compactes etplus perfectionnées.Mais ce n’est qu’unpeu plus tard qu’on apu les placer derrièrel’oreille.

Dans les années1960, les aides auditives intra-auriculaires se déve-loppent, mais leur performance n’est pas aussi bo n n eque les vilains contours d’oreille, bien trop visibles.E n t e n d re ou passer inaperçu, il a longtemps falluchoisir !

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 117

De la prothèse au téléphoneC’est en 1876, alors qu’il essaie d’inventer une prothèse auditive poursa femme malentendante, que Graham Bell invente « par erreur »le téléphone !

Première miniaturisation.

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 117

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Plus petites et plus efficaces

Il y a encore dix ans, la personne touchée par une surdité

légère de début de presbyacousie, n’avait pas le choix : l’au-

dioprothésiste lui proposait d’emblée des appareils réservés

aujourd’hui aux surdités plus importantes (intra ou contours

d’oreille).

Inadaptées à ces surdités débutantes, les prothèses éta i e n t

alors vite reléguées aux oubliettes. Les patients leur repro-

chaient en effet de ne pas march e r, de les empêcher encore plus

d’entendre et préféraient s’accommoder d’une gêne, somme

toute, encore très… supportable.

Mais cette gêne de surdité débutante, au fil des ans, s’ac-

centuait : la surdité augmentait et la conviction que « les appa-

reils auditifs, ça ne marchent pas ! » restait. De fait, simples

amplificateurs avec quelques filtres et transpositions de fré-

quences, ces appareils n’amélioraient pas beaucoup la qua-

lité d’audition dans les cas de presbyacousie débutante.

Heureusement, d’immenses progrès ont été faits en quel-

ques années et il existe aujourd’hui des appareils miniaturi-

sés et dotés de puces électroniques hyperpuissantes, parfai-

tement adaptés aux presbyacousie naissantes. Des prothèses

118 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

7AIDES AUDITIVES : DES SOLUTIONS INNOVANTES

,

L’oreillette, c’est tendance !

Qui, aujourd’hui, n’a pas ses ore i l l e t-tes ? Du policier au journaliste detélévision en passant par l’adeptede MP3 ou le détenteur de télé-phone portable, le port d’écouteurs ,quels qu’ils soient, devient aussibanal que celui de lunettes… etmême presque « tendance » !

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« ouvertes », où seules les fréquences non entendues – les

sons aigus, dans le cas de la presbyacousie – sont amplifiées.

Elles sont légères, confortables, efficaces et plus discrètes

encore qu’une oreillette.

La révolution du numérique

L’arrivée, en 1996, des amplificateurs numériques a per-

mis de réaliser un grand pas technologique. Dans une aide

classique, l’amplification du son est faite par un circuit analo-

gique. Le traitement du signal sonore ajoute beaucoup de

bruits de fond. Les patients se plaignent d’entendre un « brou-

haha », des sifflements (effet Larsen), etc.

L’ a p p a reil numérique est un véritable ordinateur qui peut re s-

tituer un son « sur mesure » adapté à la perte auditive de

chacun. Ces aides « intelligentes » sont désormais capables

de déceler la présence de bruit (à ne pas amplifier) et de parole

(à amplifier) grâce à des logiciels de réglage qui analysent en

temps réel la situation sonore et modulent leur amplification

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 119

On peut comparerla différence entre une

aide traditionnelle et une aidenumérique à celle qui sépare undisque microsillon d’un disque

laser : le son est clair et sans bruitde fond dans une aide numérique.L’adaptation est donc moins diffi-

cile et l’appareil bien mieuxtoléré.

Du vinyle au CD

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 119

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selon l’environnement. Certains appareils peu-

vent traiter le son sur 16 à 18 canaux d’amplifi-

cation différents (il y a dix ans, il n’y en avait que

deux). Chaque canal amplifie une fréquence

sonore différente. Plus ils sont nombreux, plus

l’analyse du son est précise. Les appareils les

plus chers ont aussi des micros très sophisti-

qués, capables de s’orienter dans la direction

des voix.

Si la technologie numérique est en plein développement,

de tels appareils restent pour l’instant assez chers. Leur prix

devrait baisser avec leur normalisation.

120 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

7

AIDES AUDITIVES : DES SOLUTIONS INNOVANTES

Des arguments…c o n v a i n c a n t sDevant de telles

p e rformances, l’avisdes professionnels de

l’audition change :l’usage des nouveaux

appareils estdésormais conseillé

dès l’apparition de lapresbyacousie.

Les prothèses intra-auriculairesnumériques sont destinéesaux surdités de perceptionmoyennes.

7

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 120

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Le choix de l’appareillage dépend des ca r a c t é r i s t i q u e s

de la surdité, des besoins liés aux conditions de vie

sociale, de la préférence esthétique du patient et de sa

dextérité. Trois sortes de prothèses peuvent être distinguées :

� les aides « ouvertes »,

� les intra-auriculaires,

� et les contours d’oreille.

Surdités de perception légère : les open fitting

Derniers nés de l’industrie, les open fitting sont des appa-

reillages « ouverts », peu visibles, qui se composent d’un

embout de plastique, non occlusif, (qui ne bouchent pas l’inté-

gralité du conduit), placé dans le conduit auditif et relié, par un

tube en silicone quasiment invisible, à un mini contour mis der-

rière l’oreille.

Ils sont puissants, mais de petite taille. Ils offrent une qua-

lité sonore et un confort d’écoute supérieurs aux autres modè-

les existants.

Pour les presbyacousies débuta n t e s , ces aides ultralégè-

res, qui n’obturent que la moitié du conduit, amplifient exclusi-

vement les fréquences non entendues, c’est-à-dire les fréquen-

ces aiguës altérées, et laissent passer les fréquences graves

restées saines.

L’ i m p ression « d’avoir quelque chose dans l’oreille » est

réduite au minimum : on ne s’entend pas mâch e r, ni parler,

comme cela arrive avec d’autres types d’appareillage plus «

lourds ». Les open fitting se font donc facilement oublier et

sont, en général, très bien supportés.

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 121

DES SOLUTIONS ADAPTÉES

À CHAQUE SURDITÉ

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 121

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Pour les surdités de perception plus importantes : les intra-auriculaires ou contours d’oreilleR é s u l tat d’une miniaturisation extrême des circuits électro-

niques, les intra-auriculaires sont devenus très discre t s ,

même s’ils ne sont pas complètement dissimulés. Tous leurs

constituants – microphone, amplificateur, minus-

cule pile et écouteur – sont contenus dans un

embout fait sur mesure d’après une empreinte

du conduit auditif.

On positionne l’embout des intra-conduits à

l’entrée du conduit auditif. Des modèles semi-

profonds peuvent être placés dans le conduit

auditif externe ce qui les rend presque invisibles.

Un petit fil peut aider à enlever les modèles les plus discrets.

Ces modèles « réduits » réclament de bons yeux et une certa i n e

dextérité pour arriver à les manipuler, notamment à les nettoyer

et à les mettre en place dans l’oreille. Trop petits pour recevoir

de grosses piles, ils ne peuvent pas convenir si l’amplification

demande beaucoup d’énergie.

Pour les intra-conques, l’ensemble du dispositif est logé dans

une coque creuse et disposé à l’entrée du conduit, ce qui le rend

plus voyant, mais plus efficace, que l’intra-conduit.

7AIDES AUDITIVES : DES SOLUTIONS INNOVANTES

L’intra-auriculaire : le tout en unDeux sty l e sd’appareils existentdans cette famille desintra-auriculaires : lesintra-conduits et lesi n t r a - c o n q u e s .

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 122

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Les contours d’oreille : les plus puissants

Ils sont particulièrement efficaces pour les surdités sévè-

res ou profondes. Plus gros et donc plus maniables que les

aides auditives décrites plus

haut, les contours d’oreille clas-

siques sont adaptés aux person-

nes âgées qui ont perdu l’agi-

lité de leurs doigts ou la

précision de leurs mouvements,

ou encore à certaines personnes

atteintes de maladies invalidan-

tes comme Parkinson.

Une coque qui contient l’élec-

t ronique de l’appareil est pla-

cée derrière le pavillon. U n

petit tube mène à un embout

occlusif équipé d’un amplifica-

teur puissant qui se loge dans le

creux de l’oreille.

Très voyants il y a encore peu

de temps, les contours

d ’ o reille s’affinent. Il en existe de différentes dimensions. Les

plus grands sont les plus puissants. Les

nouvelles générations de contours,

à écouteurs déportés dans le

conduit auditif, permettent d’ob-

tenir des appareils de plus

petite dimension, mais qui

restent puissants. Ils sont

néanmoins apparents et ont

donc souvent mauvaise

presse, même s’ils représentent

les deux tiers des appareils adap-

tés en France.

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 123

À défaut de che-veux pour cacher les

contours d’oreille, ceux-cipeuvent être dissimulés danscertaines branches de lunet-

tes. Malheureusement, lechoix de ces montures audi-

tives reste encore limité.

Astuce

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Une adaptation parfois longue

Avoir dans l’oreille un appareil, même tout petit, a p p r e n-

dre à le manipuler, mais aussi entendre différemment avec de

nouveaux sons, tout cela demande une période d’adapta-

tion… plus ou moins longue. Une période

parfois difficile à vivre. Certains patients sont

déçus, car ils payent très cher un appareil

miracle qui, pensent-ils, va marcher du pre-

mier coup. C’est au médecin de donner des

explications simples mais précises aux

patients sans leur cacher les difficultés qu’ils

rencontreront au début. Quant à l’audiopro-

thésiste, il lui revient d’adapter progressive-

ment l’aide auditive en fonction du ressenti de ses clients.

Les prothèses, en effet, n’apportent pas le confort audi-

tif originel : la nécessité de boucher une partie du conduit par

un embout provoque toujours une impression désa g r é a b l e ,

du moins au début. Les sons sont également transformés : ils

124 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

7AIDES AUDITIVES : DES SOLUTIONS INNOVANTES

PRESBYACOUSIE :

RÉUSSIR SON APPAREILLAGE

« Au début, dit Agnès, 68 ans, j’étais découragée. J’ai cru que je neme ferais jamais à cette impression d’avoir un corps étranger quime bouchait l’oreille sans me donner l’audition que j’espérais re t ro u-ver. Mon médecin et mon audioprothésiste ont pris beaucoup detemps pour m’expliquer que mon oreille et mon cerveau allaient s’ha-bituer et qu’il fallait que je sois persévérante. Ils ont eu raison : enà peine un mois, tout allait mieux. J’arrivais à oublier mon appareilet surtout, j’entendais enfin ce que me ra c o n taient mes petits-enfants. Ma vie a changé du tout au tout, même si mon audition n’esttoujours pas parfaite ! »

T É MOIGNAGE

Quand préconise-t-ondes aides auditives ?

Le port d’une aideauditive est préconisé dès

que la perte auditivemoyenne tonale atteint 30à 35 dB ou/et que moins

de 80 % des mots sontcompris lorsqu’ils sont

prononcés à faible voix.

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 124

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deviennent « électroniques ou métalliques »,

selon les dires des patients. Car si la nouvelle

génération d’appareils traitent les sons de

manière à les rendre les plus naturels possi-

ble, le résultat n’est jamais parfait.

Et même si l’audition est nettement amé-

liorée avec le port d’aides auditives, il ne faut

pas espérer retrouver celle de nos 20 ans.

Quelle solutionalternative ?Si, au bout de deuxmois d’essai, le portd’un appareilconventionnel est uné chec, on peut, dansc e rtains cas, envisagerla pose d’un implant.

Conseils pour une priseen charge optimale

� Porter des aides auditives dès l’apparition d’une gêne, n o tamment lors-

que celle-ci survient dans un milieu bruyant.

� Prendre le temps de se faire conseiller sur le choix de l’appareil.

� Une fois appareillé, faire preuve de patience et aller régulièrement,

tout au long de la pre m i è re année, chez l’audioprothésiste pour faire pro-

céder aux différents réglages.

� Se faire appareiller si possible les deux oreilles. Seul le rétablisse-

ment de la stéréophonie permet en effet la discrimination sonore dans

le bruit. Malheureusement, le coût oblige parfois à n’appareiller qu’une

seule oreille. Dans ce cas, il est préférable de faire appareiller l’oreille

qui entend le mieux.

� Porter ses appareils le plus longtemps possible dans la journée, en

tout cas plusieurs heures par jour.

� Changer les appareils quand le besoin s’en fait sentir, en général à

partir de 5 ans d’utilisation.

GUIDE DE LA SURDITÉ — 125

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 125

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Les reproches les plus fréquents

Les causes les plus fréquentes de mécontentement dû au

port d’aides auditives ont longtemps été les suivantes :

� l’effet d’occlusion : cette sensation est comparable à

celle que l’on ressent lorsqu’on a les oreilles bouchées

(la voix du malentendant lui paraît lointaine, les autres

sons sont déformés…) ;

� une déformation des sons ou une mauvaise qualité

sonore ;

� des sifflements provenant de l’appareil auditif appelés

« effet Larsen » : cela peut arriver pour les appareils tota-

lement occlusifs, lorsque qu’ils sont mal positionnés ou

mal réglés, ou lorsqu’il y a présence d’un bouchon de

cérumen dans le conduit ;

� une mauvaise compréhension de la parole dans les

environnements bruyants ;

� une sensibilité aux bruits trop forts ;

� une gêne causée par l’embout placé dans le conduit

auditif.

Et, toujours, les patients reprochent aux aides auditive leur man-

que d’esthétisme.

Les appareils qui appartiennent à la nouvelle génération

d’aides auditives numériques entraînent moins de désagré-

ments : dans de nombreux modèles, l’effet Larsen, par exem-

ple, a disparu.

126 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

7AIDES AUDITIVES : DES SOLUTIONS INNOVANTES

A s s i s tants auditifs à domicile en NorvègeL’association norvégienne pour les personnes malentendantes( HLF) a créé son pro p re système d’aide pour les utilisateursd ’ a p p a reil auditif. Une équipe de 400 « assistants auditifs » actifsrend visite aux personnes malentendantes afin de leur donner desconseils sur la façon d’utiliser un appareil auditif et la manièrede résoudre les problèmes de communication issus de la défi-

cience auditive.

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À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 127

Le prix : principal frein à l’appareillage

Selon une enquête Ipsos, le faible remboursement des aides

auditives par la Sécurité sociale est le premier frein à l’appareil-

lage, avant les raisons esthétiques et « la honte de montrer son

handicap ».

Le prix d’aide auditive (pour une seule

o reille) varie en effet de 1 000 à 2 000 euro s .

Pour un adulte de plus de 20 ans, le rembour-

sement est d’environ 130 euros par oreille.

Et depuis 2002, le remboursement peut se

faire sur les deux oreilles (avant la Sécurité

sociale ne remboursait l’appareillage que d’une

seule oreille). En revanche, pour les enfants

sourds ou pour les adultes touchés par des

troubles visuels associés, les appareils sont

mieux remboursés.

Vers des prothèsesj e tables ? On peut imaginer que,dans un futur proche, lesaides auditives serontvendues en grande surf a c eet réglables soi-même. Cequi abaisseraitconsidérablement leurc o û t : aujourd’hui ce sonts u rtout les nombreuxréglages faits parl’audioprothésiste qui fontgrimper le prix desa p p a r e i l s .

L’appareillage chez un enfant sourd

Les enfants peuvent être appareillés dès l’âge de 3 à 6 mois. Si lesp rothèses sont efficaces et bien tolérées, l’enfant grandit avec. Desr é s u l tats très satisfaisants ayant été obtenus chez la grande majo-rité des enfants, les professionnels préconisent d’appareiller pré-cocement tous les enfants sourds, pour faciliter l’apprentissage dulangage.Mais certains enfantss o u rds profonds ne tire n taucun profit de ces pro-thèses. Un implant coch-l é a i re (que l’on peut envi-sager de poser dès 18-24mois) peut alors s’avére rutile.

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Un audioprothésiste parle…

Vo t re clientèle a-t-elle évolué ces dernière s

années ?

Oui, heureusement notre clientèle rajeunit. Cela neveut pas dire que la surdité survient plus tôt dans la vie,cela veut dire que les gens attendent moins longtempsavant de prendre en charge leur déficience auditive.A u j o u rd’hui, nombre de sexagénaires sont toujoursen activité et ont donc besoin de toutes leurs facultésauditives. De jeunes seniors actifs me disent qu’ilssont gênés en réunion ou qu’ils n’arrivent plus à sui-v re les conférences en langues étrangères – en anglaisn o tamment, langue dans laquelle il y a encore plus desons aigus qu’en français. Et, comme vous le savez, lap resbyacousie s’attaque d’abo rd aux fréquencesaiguës. Ces personnes-là n’ont pas le choix : pour desraisons professionnelles, elles doivent retrouver unebonne audition.

Les prothèses auditi-

ves fonctionnent-elles

mieux lorsque la sur-

dité n’est pas encore

trop importante ?

Une personne qui n’ae n c o re qu’une surd i t él é g è re aura un tempsd ’ a d a p tation aux aidesauditives bien plus courtqu’une personne qui aattendu de longuesannées.Un patient âgé de 75 ou80 ans qui vient pour se

7AIDES AUDITIVES : DES SOLUTIONS INNOVANTES

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f a i re appareiller et qui n’entend pas bien depuis 20ans va mettre trois ou quatre mois à s’habituer à sa nou-velle audition. S’il était venu 20 ans plus tôt, il lui auraitfallu à peine 15 jours d’adaptation. C’est le problèmede la plasticité du cerveau : plus on attend, plus le cer-veau éprouve des difficultés à re t rouver et à compre n-dre des sons perdus depuis longtemps.

Quels types d’aides auditives ve n d e z - vous le

mieux ?

Pour les personnes atteintes de presbyacousie, 70 %des prothèses vendues sont des open fitting : ce sontles plus efficaces et les plus confortables pour ceuxqui débutent une presbyacousie. Nous vendons envi-ron 30 % d’intra-auriculaires, destinés aux personnesqui ont une surdité plus importante ou des difficultéspour manipuler de petits objets comme les open fit -ting. Mais en général, les trois quarts des appareilla-ges sont des contours d’oreille.

Selon vous, existent-il encore des freins à l’uti-

lisation d’aides auditives?

Le tabou a la vie dure. Mais, nous l’avons vu, certainsn’ont pas le choix, par exemple les jeunes seniorsactifs. Et les aides auditives ont connu ces dernièresannées des améliorations specta c u l a i res, tant du pointde vue du confort et de l’efficacité que de l’esthétisme.Il reste que les aides auditives sont toujours chères.La prise en charge est encore trop faible. Mais avec levieillissement de la population et l’augmentation del’âge de la retraite, les mutuelles et les assurancesvont bien devoir s’intéresser de plus près au problème.

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 129

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Chapitre 8

LES IMPLANTSAUDITIFS :

RÉVOLUTIONTECHNIQUE C’est une avancée technologiquemajeure pour ceux qui ne peuvent pas,ou ne veulent pas, porter d’aides auditi-ves. L’implant cochléaire est souvent lameilleure solution pour compenser la sur-dité profonde, notamment celles desenfants nés sourds. Les implants d’oreilleexterne et d’oreille moyenne sont appa-rus plus récemment. Efficaces et très peuvisibles, voire invisibles pour ceux quisont totalement implantables, cesimplants suscitent un intérêt croissantauprès des Français. Ils signent le débutd’une grande aventure dans la prise encharge des surdités de perception,notamment de la presbyacousie.

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L’implant auditif fait désormais partie intégrante de

l’arsenal thérapeutique pour lutter contre la surdité en

général et la presbyacousie en particulier.

Nous avons vu précédemment que, bien qu’ayant enregistré

de formidables progrès ces dernières années, les aides audi-

tives classiques continuent d’avoir mauvaise presse. La preuve :

10 % seulement des personnes atteintes de surdité liée au

vieillissement – la presbyacousie – sont appareillées. Une

récente étude américaine révélait que l’impression d’avoir l’oreille

bouchée (effet d’occlusion), les sifflements émis par l’appareil

(effet Larsen) et le manque d’esthétisme étaient les principales

causes d’échec.

Plus d’effet d’oreille bouchée !

Il y a ceux qui ne veulent pas porter d’aides auditives, mais

il y a aussi ceux pour lesquels les prothèses traditionnelles n’ap-

portent objectivement aucune amélioration, notamment dans les

surdités les plus profondes.

Enfin, il y a ceux qui ne peuvent pas utiliser des

aides auditives, par exemple lorsque des problè-

mes au niveau de l’oreille externe ou du conduit

auditif rendent le port d’un moule d’oreille impos-

sible ou inconfortable.

L’arrivée récente de prothèses semi-implanta b l e s ,

ou complètements implantables, propose en

effet une avancée thérapeutique majeure : aucun élé-

ment de l’appareil auditif implantable n’est intro-

duit dans le conduit auditif, ce qui élimine les pro-

blèmes fréquents des appareils auditifs : la

132 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

8LES IMPLANTS AUDITIFS : LA RÉVOLUTION TECHNIQUE

UNE ALTERNATIVE

AUX AIDES AUDITIVES

S o l u t i o na l t e r n a t i v eCeux qui ne

peuvent pas, ou neveulent pas, utiliser

un systèmed ’ a m p l i f i c a t i o nt r a d i t i o n n e l l e ,

b é n é f i c i e n tdésormais de la

t e ch n o l o g i erévolutionnaire des

implants auditifspour compenser

leur surdité.

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déformation des sons amplifiés, l’effet Larsen, l’effet d’occlusion,

les infections de l’oreille externe, la gêne au niveau du conduit

auditif ou encore l’accumulation de cérumen. On distingue :

� les implants dits cochléaires qui offrent à des personnes

atteintes de surdité profonde ou totale la pos-

sibilité d’entendre,

� les implants d’oreille externe, semi-implan-

tables, qui permettent une amplification

sélective des fréquences pour les sur-

dités légères comme la presbyacousie

débutante,

� et les derniers nés, révolutionnaires : les

implants d’oreille moyenne totalement invisi-

bles, dont l’un comprend un microphone naturel.

Très peu visibles, voire invisibles…

La pose d’implants auditifs nécessite une intervention ch i-

r u rg i ca l e effectuée sous anesthésie locale pour certains, mais

sous anesthésie générale pour d’autres, comme l’implant

cochléaire ou d’oreille moyenne.

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 133

Non occlusifs,les implants sontpartiellement ou

totalement invisibles.

Discrétionassurée

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La technique implanta i re é v i t e

aux patients d’avoir à supporter

– souvent assez mal – le port

d’un embout dans le conduit

auditif, comme cela se passe

avec des aides auditives tradi-

tionnelles.

Les implants auditifs sont

surtout très peu visibles, v o i r e

invisibles, pour les prothèses

totalement implantables. L’im-

plant est généralement mis en

activité quelques semaines

après la pose de la partie

interne. Puis au cours de plu-

sieurs séances, un ingénieur

ou un audiologiste ajuste l’ap-

pareil aux besoins auditifs du

patient.

Une décision concertée

Des tests médicaux et audiologiques sont préalablement

réalisés pour s’assurer que le patient peut recevoir l’implant :

� examen de l’oreille, destiné à vérifier qu’il n’a pas d’anoma-

lie empêchant l’implantation ;

� s c a n n e r, IRM et, éventuellement, d’autres examens, destinés

à vérifier que l’état de santé général autorise une interven-

tion chirurgicale sans risque particulier ;

� tests auditifs afin de bien déterminer le type et le degré de

perte auditive des deux oreilles.

Le ch i r u rgien ORL explique ensuite en détail la tech n o l o g i e

de l’appareil et les interventions prévues, et fixe avec le patient

des objectifs réalistes afin d’étudier si le type d’implant auditif

envisagé correspond bien aux attentes de celui-ci.

8LES IMPLANTS AUDITIFS : LA RÉVOLUTION TECHNIQUE

Les différents implantsauditifs

� Implants coch l é a i res d’oreille internepour les surdités profondes.� Implants électro-acoustiques pourles surdités profondes partielles (pertecomplète sur les fréquences aiguës).� Implants d’oreille externe semi-i m p l a n tables pour les surdités légère s .� Implants d’oreille moyenne pour less u rdités moyennes à sévères. Le dernierné est totalement implantable, et doncparfaitement invisible.Ces différents types d’implants sontg é n é ralement plus coûteux que lesaides auditives traditionnelles. Seulsles implants coch l é a i res sont pour l’ins-tant pris en ch a rge par la Sécuri t ésociale.

134 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 134

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Des patients heureux !Quelle que soit l’implantation envisagée – d’oreille externe,

moyenne ou interne –, certains patients seront plus satisfaits

que d’autres, pour un même niveau de perte auditive. Il n’existe

pas de test objectif permettant de déterminer le bénéfice que

peut apporter un appareil auditif implantable. Pour un maximum

de satisfaction et pour obtenir

les meilleurs résultats possibles,

il est important de formuler des

attentes réalistes, en discutant

avec le chirurgien ORL ou un

professionnel de l’audition.

Aucun implant ne rendra une

audition parfaite.

Mais l’implant auditif permet

d’accéder à une nouvelle vie

plus joyeuse plus épanouie : pour l’enfant né sourd qui entend

pour la première fois et se met à parler, pour l’adulte qui réen-

tend, qui sort de l’isolement et qui peut à nouveau, sans contrainte

et sans complexe, s’impliquer dans toutes les activités qu’il

avait peut-être peu à peu abandonnées.

« Pour la pre m i è re fois depuis aumoins quinze ans, j’ai pu réenten-d re, le tic tac de la pendule de l’hor-loge de la cuisine. Quand j’actionnemon implant, le matin, c’est commeun nouveau monde qui s’ouvre »Madame V, 65 ans, vient de se faireposer un implant d’oreille moyenne.

T É MOIGNAGE

« Au début, je ne compre n a i srien, tous les bruits éta i e n tmélangés, j’avais envie de toutre c o n n a î t re et je n’y arri v a i spas… Il a fallu que je m’accro-che pour commencer à bien uti-liser mon oreille… Aujourd ’ h u i ,je ne pourrais plus me passerde mon implant. » Robin, 11 ans,s u rdité acquise à l’âge de3 a n s ; on lui a posé un implantcochléaire il y a 2 ans.

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 135

T É MOIGNAGE

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Il a changé la vie de milliers de personnes dans le monde

depuis le milieu des années 1980. L’implant cochléaire est

en effet la seule solution pour corriger une surdité de per-

ception sévère à totale, pour laquelle les prothèses auditives n’ap-

portent pas de bénéfice suffisant. Il remplace la cochlée défi-

ciente en stimulant directement le nerf auditif en fonction des

sons captés par un microphone.

L’implant coch l é a i re s’adresse aux adultes devenus sourd s

p rofonds par suite d’une maladie ou d’un traumatisme a i n s i

qu’aux enfants sourds de naissance ou dont la surdité est appa-

rue dans les premières années de la vie. Il permet le dévelop-

pement du langage chez les plus jeunes. Les résultats sont

parfois lents, mais toujours remarquables… d’autant plus que

l’implantation a lieu rapidement après le début de la surdité.

136 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

8LES IMPLANTS AUDITIFS : LA RÉVOLUTION TECHNIQUE

L’IMPLANT COCHLÉAIRE :

POUR LA SURDITÉ PROFONDE

OU TOTALE

Sophia a 20 ans. À l’âge de 5 ans, elle a contracté une méningite qui l’a

rendue totalement sourde. Les appareillages successifs n’ont eu aucune

efficacité : elle est restée muette et plongée dans le silence pendant

près de 15 ans, jusqu’à ce qu’on lui pose un implant coch l é a i re.

« Avant, Sophia était toujours triste, témoigne Nasima, sa tante, tro i s

mois après l’implantation de sa nièce. Elle avait l’impression d’être à

l’écart de tout et surtout de tous, même au sein de sa famille. Depuis qu’elle

perçoit des sons, et surtout la musique, elle a le souri re aux lèvres tout

le temps. »

T É MOIGNAGE

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À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 137

Le plus tôt est le mieux

Si l’intervention a changé la vie de Sophia, la jeune fille n’a

p o u r tant pas le meilleur profil pour l’implantation cochléaire. En effet,

même s’il n’y a pas de limite d’âge pour ce type de prothèse, on

sait que chez les grands adolescents et les adultes sourds congé-

n i taux, les résultats sont moins spectaculaires que chez les jeu-

nes enfants. Ceci est dû à la perte de la capacité

d ’ a d a p tation du système nerveux central qui

survient avec l’âge. En revanche, dans la

petite enfance, le cerveau est très mal-

léable : l’implantation, dès 18 mois et

avant 2 ans, permet généralement aux

enfants sourds de naissance de suivre

une scolarité normale. Pour une resta u r a-

tion optimum de la communication orale,

il est primordiale d’intervenir avant

l’âge de 6 ans.

Chez les adultes, l’implant coch-

l é a i re est plutôt destiné aux per-

sonnes devenues sourdes suite à

une maladie ou un accident. L a

zone cérébrale dédiée à l’audition

est bien fonctionnelle et capable

d’analyser les informations transmi-

ses par l’implant v i a le nerf auditif. Dans

ce cas, il n’y a pas d’âge limite pour envisa-

Recommandations de la HASLa Haute Autorité de Santé préconise l’implantation cochléaire chezles adultes et enfants présentant une surdité profonde postlingualeb i l a t é rale n’obtenant pas de compréhension de la parole à 70 dB (surl’audiométrie vocale), avec un appareillage conventionnel ; chez lesenfants sourds congénitaux ou prélinguaux pour lesquels un appa-reillage conventionnel ne permet pas ou peu de discrimination de laparole à 70 dB.

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ger la pose d’un implant cochléaire. Plus l’implant est

mis en place tôt, meilleur sera le résultat. Un cas

particulier concerne la surdité survenue après une

méningite ; il faut implanter dans les six mois, car il

existe un risque important d’ossification de la coch-

lée rendant la pose d’implant plus difficile.

Un implant d’oreille interne

La longue chevelure de Sophia cache un contour

d’oreille avec un fil au bout duquel un petit aimant

appliqué sur le crâne, qui supporte vingt électrodes,

chacune reliée à une borne de fréquence. Lo rs de l’opé-

ration, un ingénieur était présent pour vérifier que le

courant passait bien dans tout l’appareil .

Un implant coch l é a i re est composé d’un pro c e s s e u r qui se

présente sous la forme d’un contour d’oreille. Le son est capté

par un microphone, inclus dans le processeur, puis converti en

ondes électriques. Ainsi traité, le son est envoyé à l’im-

plant par une antenne maintenue sur la peau, en

face de l’implant, grâce à un aimant.

Un acte ch i r u rg i cal permet la mise en

p l a c e, sous anesthésie générale, de la par-

tie interne de l’implant. Il s’agit de placer un

petit boîtier, le récepteur, sous la peau, der-

rière le pavillon de l’oreille. Le récepteur

reçoit les sons et les répartit sur vingt élec-

trodes qui ont été insérées dans la coch l é e

au cours de l’intervention. Les fibres du nerf audi-

tif sont ainsi directement stimulées par ces électrodes.

Pendant l’opération, un ingénieur effectue des tests électro-

physiologiques afin de s’assurer du bon fonctionnement de

l’implant cochléaire.

138 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

8LES IMPLANTS AUDITIFS : LA RÉVOLUTION TECHNIQUE

L’intervention,pour poser l’implant

interne, dure en moyennedeux heures et l’hospitalisa-tion varie de 2 à 4 jours. Les

suites de l’opération sontindolores.

Sans douleur

Plus tard aussi !À 80 ans ou plus,

c’est possible : unepersonne âgéepeut bénéficier

d’un implantc o chléaire, pourv u

qu’elle soit enbonne santé.

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 138

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La mise en route de l’implant et les premiers réglages se font

vers la fin du premier mois.

Concertation des experts, motivation du patient

Dans un an ou deux, sans doute, Sophia pourra s’ex p r i m e r

correctement… si toutefois son entourage immédiat la sti-

mule en la faisant parler et la soutient dans sa rééduca-

tion. C’est l’orthophoniste qui assure cette rééducation, qui

sera longue mais incontournable si la jeune fille veut appren-

dre à reconnaître les sons et à parler. Mais heureusement,

elle est très motivée.

La pose d’un implant coch l é a i re ne s’improvise pas. La déci-

sion est prise de façon concertée par une équipe multidiscipli-

naire (ORL, radiologue, audioprothésiste, psychologue…) et

après un bilan très complet qui comprend :

� un bilan audiométrique approfondi,

� un examen médical avec scanner,

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 139

Un implant coch l é a i re en 2 parties� Un contour d’oreille muni d’un microphone et une antenne émet-trice porteuse d’un aimant (à gauche).

� Un récepteur interneplacé sous la peau der-ri è re le pavillon del ’ o reille. Ce récepteurinterne est composéd’une antenne récep-t rice et d’un porte-élec-t rodes (8 à 22 électro-des en fonction desmodèles). Ce porte-é l e c t rodes est placédans la cochlée (oreilleinterne) ch i r u rg i c a l e-ment (à droite).

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� une IRM, pour déceler d’éventuelles

contre-indications d’ordre chirurgical,

� une évaluation orthophonique et

psychologique.

La motivation du patient – ou de

l’entourage si l’implant à lieu sur un

jeune enfant – est également fonda-

m e n tale dans la prise de décision.

Une motivation due en partie à la

contrainte imposée par le travail de

rééducation avec l’orthophoniste.

R é g u l i è rement, un technicien règle

l ’ a p p a reil afin de voir si les sons ont la bonne intensité : ch a-

que électrode correspond à une borne de fréquence, c’est-à-dire

à des graves ou à des aigus. Le patient passe régulièrement

des audiogrammes pour voir la progression de son audition.

L’important travail de réadaptation avec l’orthophoniste

Bien sûr, les premiers jours Sophia était effrayée par

tous les sons qu’elle percevait dans son env i r o n n e-

ment. Deux mois après l’opération, elle ne

comprenait pas encore tout, mais

elle commencait à répéter des

mots simples comme « Papa »,

« Maman », « b a t e a u » ou « b o n-

jour ». Le travail de Sophia ?

Emmagasiner le plus de

mots possible : un travail de

titan ! Mais la jeune fille est

volontaire et ses progrès

devraient être rapides.

Après l’implantation, on entend.

Mais dans un premier temps, celui qui

n’a jamais entendu auparavant (ou qui a

140 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

8LES IMPLANTS AUDITIFS : LA RÉVOLUTION TECHNIQUE

Le réglage de l’implant cochléaireDes séances de réglage del’implant ont lieu avec un ingé-nieur : environ tous les moisd u rant un an, tous les tro i smois durant la deuxièmeannée, tous les quatre moisd u rant la troisième année, tousles six mois par la suite.

Dans de rares casde presbyacousie impor-tante, on peut proposer la

mise en place d’implant coch-léaire qui repose sur la mise enplace dans l’oreille interne d’uneélectrode qui envoie des signauxélectriques aux cellules nerveu-ses. Le signal est ensuite traduit

par le cerveau en son.

Presbyacousie

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entendu il y a trop longtemps et qui a oublié la signification des

sons) ne comprend pas. L’orthophoniste doit apprendre ou

réapprendre au patient à entendre, à décoder les nouveaux

sons reçus. Il explique ensuite la signification de ces sons qu’il

fait répéter. Un travail plus facile à faire lorsque le patient a déjà

entendu, ou chez les très jeunes enfants.

Comme toute technique médi-cale de pointe, le coût d’unimplant coch l é a i re est impor-tant. Environ 22 000 € l ’ i m p l a n tet 15 000 € l’hospitalisation etla ch i r u rgie sans compter lesséances d’orthophonie. Jusqu’àrécemment, ce coût était pri sen ch a rge par la Sécurité Socialeuniquement lorsque l’interven-tion avait lieu en hôpital public.A u tant dire que la liste des can-

didats à l’implant coch l é a i reétait longue et les places rares.Depuis un décret de mars 20 09 ,la prise en charge se fera éga-lement pour les interventionseffectuées en structures pri v é e s ,après accord de l’ARH (agencerégionale d’hospitalisation). Unedécision bienvenue qui va per-mettre de raccourcir les délaisd’intervention.

Les interventions effectuées dans des centres privés désormais remboursées

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Il est très important de compre n d re qu’un

implant coch l é a i re ne restitue en aucun ca s

une audition normale. D’abord, les sons

entendus sont électriques et non acoustiques

comme ceux perçus par les entendants.

Ensuite, l’implant, comme les prothèses audi-

tives, ne soigne pas la surdité, il la compense.

142 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

8LES IMPLANTS AUDITIFS : LA RÉVOLUTION TECHNIQUE

R é é d u c a t i o nLa rééducationo rthophonique faitappel à l’agilité desfonctions cérébralesqui joue un rôleprimordial dansl’acquisition desnouveaux sons.

H i s t o rique de l’implant coch l é a i rePour la communauté scientifique, les surdités profondes et le fonc-tionnement de la cochlée sont longtemps restés une énigme. C’esten 1930 qu’il a été démontré que le rôle essentiel de la cochlée éta i tde transformer une énergie acoustique en énergie électrique. L’ i d é ede stimuler directement les terminaisons nerveuses auditives res-tantes par un message électrique est apparue dans les années1 950. Après une période de développement menée essentiellementchez l’adulte sourd profond, l’application de la technologie desimplants coch l é a i res aux enfants n’a réellement débuté qu’au débutdes années 1990. Depuis l’implant coch l é a i re pédiatrique est entréedans le domaine « thérapeutique » à part entière.

L’implant électroacoustique :plus sélectif

Il stimule spécifiquement les fréquences a i g u ë sp e rdues. Le principe est le même que l’implantcochléaire sauf que l’électrode mise en placedans la cochlée est plus courte et ne stimuleque les fréquences aiguës. On fait appel à la «tonotopie » de la cochlée, c’est-à-dire que labase de la cochlée code pour les fréquencesaiguës et c’est seulement cette partie que l’onva stimuler. La partie haute de la cochlée cor-respond aux fréquences graves, qui sontconservées.

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À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 143

« L’implant cochléaire est une magnifique inventionqui facilite l’accès au langage, surtout s’il a été

implanté jeune. Je pense qu’il faut donner le plus de chance possibleà son enfant pour atteindre l’autonomie. Dans ce but, nous avons appri sà François à coder en LPC et j’espère qu’il apprendra aussi le langagedes signes, car il fait quand même parti du monde des sourds. » Marie-France Bazantay, mère de François, 16 ans, sourd de naissanceimplanté à 3 ans, et présidente de l’association Génération Cochlée.

« En quelques semaines, Charles réagissait à desbruits comme des coups de marteau, le sèche-che-

veux… Il suffisait alors de lui désigner la source de ce qu’il avaitentendu, de renouveler le bruit, de le laisser manipuler lui-même et ceson était mémorisé… » La mère d’un enfant sourd congénital implanté à l’âge de 2 ans et demi.

« Au début, les progrès n’ont pas été fulgurants. Sesbénéfices étaient flous, peu précis. Et puis, au fur et

à mesure des réglages, le temps de réaction au bruit a été de plus enplus court. Après 8 mois, François se retournait immédiatement dèsqu’on l’appelait. » Le père d’un enfant sourd congénital implanté à l’âge de 3 ans.

T É MOIGNAGE

T É MOIGNAGE

T É MOIGNAGE

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144 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

1LES IMPLANTS AUDITIFS : LA RÉVOLUTION TECHNIQUE

La presbyacousie est la surdité la plus répandue dans

les pays industrialisés. Elle est néanmoins la plus déli-

cate à prendre en charge, car la personne qui perd son

audition à cause de l’âge a beaucoup de difficulté à supporter

les prothèses conventionnelles.

Les anciennes prothèses traditionnelles de style intra-

a u r i c u l a i res ou contours d’oreille reposent sur l’occlusion

du conduit auditif externe et sont donc peu confortables, mais

aussi très peu efficaces sur la presbyacousie, car elles ne per-

mettent pas l’amplification sélective sur les fréquences aiguës.

L’IMPLANT D’OREILLE EXTERNE

POUR PRESBYACOUSIE NAISSAN T E

T É MOIGNAGE

« Je suis chef d’entre p rise, toujours enactivité. Je souffre d’une légère surd i t équi m’handicape lorsque je suis en réu-nion ou lorsque j’ai des déjeuners d’af-f a i re dans des re s ta u rants bruyants. Jesais qu’il faut s’appareiller tôt, pour quele cerveau garde l’habitude d’entendrel’ensemble des sons. Mais pourmoi, il était hors de question desupporter ce truc qui me bou-chait l’oreille. Mon ORL m’aparlé de la prothèse d’ore i l l eexterne. Quelques minutesseulement d’intervention etj’entends de nouveau trèsbien. Certes, j’ai un petitcontour d’oreille, mais il estc a ché par mes cheveux. » Louise, 62 ans

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À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 145

Compenser spécifiquement les fréquences aiguësCet implant semi-implantable d’oreille externe per-

met de remédier à tous les désagréments que

ressentent les personnes atteintes d’une sur-

dité légère liée à la presbyacousie, une sur-

dité de perception, rappelons-le, qui

atteint d’abord les fréquences aiguës.

Il compense spécifiquement les fré-

quences aiguës et est réservé aux surdi-

tés légères inférieures à 35 dB.

Une anesthésie locale de 15 à 20 mn

Il faut attendre 1998 pour que les ingénieurs réussissent à

m e t t re au point des dispositifs semi-implantables. C’est un

peu le principe de l’implant dentaire. Le chirurgien introduit l’im-

plant en titane derrière l’oreille, entre l’os mastoïdien et le car-

tilage de l’oreille : une vis en titane d’environ 3 cm de long et

0 , 4 mm de diamètre qui, par vibration, permet au son émis par

un récepteur externe de se propager à l’oreille interne. Sur

cette vis, on clippe le récepteur, une prothèse visible, mais faci-

lement dissimulable par les cheveux, que l’on doit retirer pour

dormir ou se baigner…

L’ a p p a reil est mis en activité deux mois après l’opération ch i-

rurgicale. Un piercing d’un nouveau genre est né !

Posépour la première

en France en 2004,l’implant d’oreille externe

peut aussi être utilisé dansle cas de surdité mixte etde surdité de perception

unilatérale légère.

Surdité légère

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Les implants d’oreille moyenne sont destinés à com-

penser les déficiences auditives de perc e p t i o n p a r

amplification via une stimulation mécanique directe de la

chaîne des osselets dans l’oreille moyenne.

Comme tous les implants auditifs, ce procédé évite l’oc-

clusion du conduit auditif externe, améliore la qualité du son

et procure des gains

i m p o r tants en évita n t

notamment le sifflement

lié à l’effet Larsen.

Il s’adresse aux per-

sonnes atteintes d’une

s u rdité de perc e p t i o n

modérée à sévère .

Il existe deux sortes d’im-

plants d’oreille moyenne :

� un implant semi-implan-

table

� et les tout nouveaux

implants tota l e m e n t

i m p l a n tables, dont un

avec un microphone

n a t u r e l .

Le choix se fait surtout

en fonction de l’indica-

tion, des résultats des

tests audiométriques,

du bilan préopératoire,

du coût et de la motiva-

tion du patient.

146 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

8LES IMPLANTS AUDITIFS : LA RÉVOLUTION TECHNIQUE

IMPLANTS D’OREILLE MO Y ENNE :

SURDITÉS MOD É R É ES À SÉVÈRES

guide surdité 5 13/05/09 16:38 Page 146

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À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 147

Implant à microphone sous cutané : la prothèse invisible

C’est un Américain, le docteur John M. Fredrickson, chirur-

gien ORL et chercheur à la faculté de méde-

cine de l’université Washington à Saint-Louis

(Missouri), qui a inventé le premier implant

d’oreille moyenne. À la différence des appa-

reils auditifs classiques, qui envoient un son

amplifié au tympan, cet implant amplifie les

sons par des vibrations directement appli-

quées sur les osselets de l’oreille moyenne.

Le son parvenant à la cochlée est donc plus

naturel, plus clair et moins déformé.

L’implant d’oreille moyenne semi-implanta b l e est destiné

aux adultes qui souffrent d’une surdité moyenne à sévère. Il est

réversible et n’affecte pas l’audition que le patient a gardé

i n ta c t e .

C o û tUne innovationt e chnologique quia un coût : entre15 000 et19 0 0 0 e p o u rles implantsd’oreille moyenne.

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L’implant, la révolution de demain est déjà là !

« Tout a commencé, en 2001, par des vertiges terri-bles que l’on a identifiés comme étant des vertigesde Ménières, dûs à un dérèglement de l’oreille interne.J’ai rapidement constaté des baisses d’audition. J’aid ’ a bo rd porté des aides auditives intra-auriculaire s ,puis des contours d’oreille, car ma surdité s’aggravait,atteignant bientôt les deux oreilles.

La perte auditive a vite atteint 70 dB et les pro t h è s e sdevenaient de moins en moins efficaces. Or je suisretraité mais très actif : je suis surveillant pendantdes examens et président d’un club sportif de bad-minton.

Pour moi, pas question d’arrêter mes activités et deme replier sur moi même. Je voulais vivre le plus nor-malement possible.

Un jour, on m’a parlé de la pose d’implant auditifd’oreille moyenne. Et très vite, je me suis décidé pourl’implant. J’ai fait un emprunt pour le payer, car c’estquand même assez cher ! J’ai subi trois heures d’opé-ration, mais n’ai pas ressenti de douleur au réveil.Aujourd’hui, cela fait deux mois que j’ai été opéré parle Dr Patrick Aïdan et l’ingénieur vient de me mettre enroute l’appareil pour la pre m i è re fois ! J’ai déjà complè-tement oublié que j’avais un implant dans la tête.

Un son plus naturel

P re m i è re impression : j’entends sans que rien n’ait étéi n t roduit dans le conduit, et le son est nettement

148 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

8LES IMPLANTS AUDITIFS : LA RÉVOLUTION TECHNIQUE

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À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 149

L’implant auditifreprésente une véritable

révolution technologique.

moins “nasillard” qu’avec lecontour d’oreille. Dans sixsemaines, je reviendrai pourun nouveau réglage : l’ingé-n i e u r, grâce à un ord i n a t e u rqu’il branche sur monimplant, va affiner le son.Pour l’instant, il faut que jem’habitue à ces nouveauxsons. Je dois éteindre mona p p a reil la nuit et le re ch a rg e rtoutes les 36 heures. D’ici unmois, je devrais entendre par-f a i t e m e n t ! »

Monsieur G, 65 ans, estatteint d’une surdité bilaté -rale due à une maladie deM é n i è r e très évoluée.

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150 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

8LES IMPLANTS AUDITIFS : LA RÉVOLUTION TECHNIQUE

Les osselets directement stimulés

L’implant se compose de trois parties :

� une capsule renfermant les éléments électroniques,

� un microphone,

� et un transducteur pour oreille moyenne.

La capsule électronique contient une pile, un aimant, un proces-

seur audio et un connecteur pour le transducteur.

Elle est implantée sous la peau, derrière l’ore i l l e . L e s

sons sont captés par le microphone, puis traités et transmis

au transducteur pour oreille moyenne. Le transducteur

contient un moteur actionnant une pointe qui touche l’anato-

mie de l’oreille moyenne. Le mouvement de cette pointe

contre l’anatomie entraîne une vibration de l’enclume de

l’oreille moyenne, tout comme les ondes sonores entraînent

une vibration du tympan et un déplacement des osselets de

l’oreille moyenne. Dès lors, les sons sont traités comme si le

patient entendait normalement.

Les autres composants, qui servent à fixer l’appareil et à trans-

mettre les signaux au transducteur, sont implantés sous la peau

et ne sont pas visibles.

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C’est une étape capitale dans la lutte contre la sur-

dité moyenne à sévère : l’implant d’oreille moyenne

totalement implantable est la première prothèse audi-

tive à prendre vraiment en compte la perte auditive et l’aspect

esthétique.

Plus besoin de micro extérieur

Pionniers de la ch i r u rgie neuro-otologique aux Éta t s - U n i s ,

les professeurs Michael Glascock et William House ont tou-

jours rêvé de créer un microphone naturel physio-

logique. Grâce aux fonds débloqués par une entre-

prise américaine, ils ont réussi à mettre au point un

processeur capable de jouer le rôle des osselets,

c’est-à-dire de récupérer les vibrations sonores

du tympan.

Un capteur est positionné sur l’enclume où il

reçoit et amplifie le son avant de l’envoyer sur un

autre capteur positionné sur l’étrier par l’intermé-

diaire d’un processeur. Plus besoin dans ce cas d’un

microphone extérieur ; les

vibrations du tympan sont uti-

lisées comme microphones

naturels.

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 151

IMPLANT À MICROPHONE NAT UREL :

UNE TECHNIQUE D’AVENIR

Une première !C’est en 2007, à

l ’ H ô p i tal Américain,qu’a lieu pour lapremière fois en

France la pose de laprothèse d’oreille

moyenne tota l e m e n ti m p l a n table à

m i c r o p h o n e« naturel ».

Pr W. House (Los angeles),

Dr P. Catalano (Massachusetts US ) ,

Dr P. Aïdan (Paris), Dr M. Glasscok

( Texa Austin), Pr Eshraghi (Miami US ) ,

Congrès franco-américain, juin 2007,

American Hospital of Pa r i s .

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152 — À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION

8LES IMPLANTS AUDITIFS : LA RÉVOLUTION TECHNIQUE

T É MOIGNAGE

« Avant d’accepter cette opération, je fuyais les contacts, je faisais

semblant d’écouter, je répondais à côté de la plaque. J’étais com-

plètement isolé. Et surtout je n’entendais plus la mer au bord de

laquelle j’ai toujours vécu. Impossible en outre de m’habituer à mes

a p p a reils auditifs : ça m’irri tait le conduit auditif, je n’avais pas l’im-

p ression d’entendre tellement mieux et en plus ça me fichait un coup

de vieux de me voir avec ça ! La pose de la nouvelle prothèse tota-

lement implantable était une pre m i è re ch i r u rgicale en France. Alors

j’ai plongé ! Et quel changement ! Bien sûr, il y a eu un temps

d’adaptation, mais aujourd’hui je revis : ma fille me dit que je parle

moins fort, que j’ai l’air plus calme. Je parviens à suivre normale-

ment les conversations, et même deux conversations en même

t e m p s ! J’oublie complètement que j’ai un appareil auditif implanté,

les autres aussi d’ailleurs, car rien ne se voit puisque tout est

implanté. Fini les contours d’oreille ! Je peux nager avec mon

implant. Et j’entends vraiment bien… les mouettes et surtout la

m e r ! » Monsieur A., opéré à l’Hôpital américain à Neuilly-sur-Seine.

Un son presque naturel

Au-delà de l’aspect esthétique qui

est importa n t , le bénéfice majeur

de cet implant auditif reste la com-

préhension de la parole.

En effet, ce système utilise l’anato-

mie naturelle, tout comme une oreille

normale et saine.

Les patients perçoivent des sons

avec une clarté et une qualité pro-

ches de l’état normal.

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De nouvelles perspectives d’avenir

Les implants d’oreille moyenne signent le début d’une grande

aventure en terme de traitement de la surdité de perception.

Il se pourrait que, dans un avenir proche, la technologie du

nouvel implant d’oreille moyenne puisse être transférée sur l’im-

plant cochléaire. La surdité profonde serait alors traitée par un

implant cochléaire invisible.

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 153

Un implant re m a rquable

� Il est totalement invisible, car logé sous la peau derrière l’oreille.

� Il fonctionne avec un microphone naturel : les processus d’audition

naturels sont renforcés.

� Sans microphone extérieur, le patient ne ressent pas physiquement

la présence « de l’implant ».

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Et demain

Est-il utile de souligner l’importance de

l’audition dans notre vie quotidienne !

C’est la principale manière pour nous

de communiquer et c’est la base de notre org a-

nisation sociale. Avec ce livre, le Dr Pa t ri ck

Aïdan décrit en termes simples comment fonc-

tionnent les structures complexes de notre

o reille. Les diverses surdités sont déta i l l é e s ,

ainsi que certaines des causes les plus com-

munes des troubles de l’audition comme l’al-

t é ration nerveuse liée à l’âge, la surdité due aux

nuisances sonores, de même que de nombre u-

ses autres ori g i n e s .

Pourquoi si peu de gens portent-ils en pratique une aide auditive, alors que

son utilisation profiterait nettement à ces personnes. Une part de cette réti-

cence est due à l’orgueil. Malheureusement, on associe facilement l’appare i l-

lage auditif à la vieillesse. C’est dommage, car les aides auditives sont effi-

caces. Les prothèses auditives numériques de toutes dernières générations ont

été améliorées pour être plus performantes.

Les systèmes pouvant re s ta u rer l’audition aux personnes ayant des déficien-

ces auditives d’origine nerveuse ont un bel avenir. L’ a p p a rition de pro t h è s e s

auditives totalement implantées (l’ensemble de l’appareil batterie compri s e )

est maintenant une technique pratique pour améliorer l’audition des patients.

Ces appareils peuvent être portés 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et utilisent

les structures naturelles de l’oreille pour recueillir les ondes sonores.

Ces nouveaux implants sont une voie novatrice et passionnante pour re s ta u-

rer l’audition. Autant dire que le livre du Dr Pa t ri ck Aïdan, qui fait le point sur

une affection si répandue, est particulièrement utile. Dans le monde, plus de

700 millions de personnes souffrent d’une forme de détéri o ration de l’audi-

tion. Ce qui n’est pas ri e n .

À BON ENTENDEUR. LE GUIDE DE L’AUDITION — 155

EPILOGUE

Pr M i chael Glascock III M.D. F. A . C . S .

Austin, Texas, Éta t s - U n i s

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32, 35, 39, 40-41, 43, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 52, 54, 56, 57, 60, 62, 63,

64-65, 67, 68, 70, 73, 75, 76, 78-79, 80, 83, 84, 85, 87, 88, 89,

91, 92-93, 94, 97, 98, 100, 102, 105, 107, 108-109, 110, 113,

114, 118, 119, 120, 122, 123, 127, 128, 130-131, 133, 155,

137, 141, 143, 145, 146, 149, 150, 152.

© Images source Limited : page 72.

© D.R. : pages 37, 101, 104, 116, 117, 139, 147, 151, 153, 155.

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À ma famille, en particulier à Nathalie.

À mes maîtres qui m'ont transmis leur savoir,

le Pr C. Freche pour son éternelle énergie.

Je dédie ce livre à la mémoire de GILDA DABI.

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ISBN : 978-2-84724-234-8

Cet ouvrage a été achevé d’imprimer en mai 2009

Dépôt légal : mai 2009

Imprimé en France

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