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1 A Tahiti Sur les traces de mon père Jean TRANAPE, et des Tamari'i Engagés volontaires en 1940 Le Calédonien Jean TRANAPE Jean TRANAPE Le 25 octobre 2011 à l'hôtel des Invalides à Paris Sur les traces de mon père Je m'appelle Jean-Claude TRANAPE. Je suis né le 18 octobre 1946 à Nouméa. Mon père Jean TRANAPE né également à Nouméa était engagé volontaire dans le Bataillon du Pacifique. Il participa activement à la célèbre bataille de Bir-Hakeim en Lybie, à la campagne d'Italie, et au débarquement en Provence. Il fut décoré 2 fois par le Général De Gaulle . Son nom est inscrit dans la liste des 1038 Compagnons de la Libération. On dit qu'il est le plus décoré du Bataillon du Pacifique, et que c'est pour cette raison qu'il fut désigné comme porte-fanion du Bataillon. Après la guerre, les rescapés du Bataillon regagnèrent leur terre natale sur le Sagittaire. Mon père et ma mère ont gardé un souvenir inoubliable de l'accueil des Tahitiens avec les pirogues, les chants et toutes les fêtes et réjouissances qui furent organisées pour le retour des enfants chéris du Pacifique. Ma mère, qui avait rencontré mon père à Paris, me raconta qu'un chinois Tahitien voulait offrir à mon père son magasin en signe de reconnaissance et qu'un vieux Tahitien accompagné de sa femme (et de sa gamine) l'invitait dans son district et qu' 'il aurait lui aussi une gamine. Bien sur ma mère veillait au grain et mon père resta bien sage. C'est donc à cette occasion que je passais pour la première fois à Tahiti, mais bien au chaud dans le ventre de ma mère.

A Tahiti Sur les traces de mon père Jean TRANAPE, et …ekladata.com/WAmm1QVCpUS_FKR8qpL1qr6Hi2U/Sur-les... · Il fut décoré 2 fois par le Général De Gaulle. Son nom est inscrit

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A Tahiti

Sur les traces de mon père Jean TRANAPE,

et des Tamari'i

Engagés volontaires en 1940

Dans le Bataillon du Pacifique

Le Calédonien Jean TRANAPE

Jean TRANAPE

Le 25 octobre 2011 à l'hôtel

des Invalides à Paris

Sur les traces de mon père

Je m'appelle Jean-Claude TRANAPE. Je suis né le 18 octobre 1946 à Nouméa.

Mon père Jean TRANAPE né également à

Nouméa était engagé volontaire dans le

Bataillon du Pacifique. Il participa activement

à la célèbre bataille de Bir-Hakeim en Lybie, à

la campagne d'Italie, et au débarquement en

Provence.

Il fut décoré 2 fois par le Général De Gaulle.

Son nom est inscrit dans la liste des 1038

Compagnons de la Libération. On dit qu'il est

le plus décoré du Bataillon du Pacifique, et

que c'est pour cette raison qu'il fut désigné

comme porte-fanion du Bataillon.

Après la

guerre, les

rescapés du

Bataillon

regagnèrent leur terre natale sur le Sagittaire. Mon

père et ma mère ont gardé un souvenir inoubliable

de l'accueil des Tahitiens avec les pirogues, les

chants et toutes les fêtes et réjouissances qui furent

organisées pour le retour des enfants chéris du

Pacifique.

Ma mère, qui avait rencontré mon père à Paris, me

raconta qu'un chinois Tahitien voulait offrir à mon

père son magasin en signe de reconnaissance et

qu'un vieux Tahitien accompagné de sa femme (et

de sa gamine) l'invitait dans son district et qu' 'il

aurait lui aussi une gamine. Bien sur ma mère veillait

au grain et mon père resta bien sage.

C'est donc à cette occasion que je passais pour la

première fois à Tahiti, mais bien au chaud dans le

ventre de ma mère.

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Le Bataillon du Pacifique défile devant l'Arc de Triomphe à Paris.

En tête, le porte-fanion Jean TRANAPE

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Jean-Claude TRANAPE à l'entrée de

l'Exposition

Jean-Christophe SHIGETOMI : Un fabuleux travail de mémoire

Sur la route de mon tour du monde, je suis une nouvelle fois à Tahiti. Une petite

visite à l'Office du Tourisme et me voici à découvrir et a admirer la remarquable et

émouvante exposition temporaire sur les

"Poilus Tahitiens" au musée de Tahiti et

des Iles, présentée par Jean-Christophe

Teva Shigetomi,. mémoire vivante de

l'engagement des Tahitiens dans l'armée

française.

C'est un gigantesque travail qui a été

réalisé et qui est très important pour la

mémoire du peuple Polynésien car un

des cadeaux les plus précieux pour un

peuple c'est son histoire. C'est un

cadeau qui situe les gens dans le temps,

qui leur donne de la force et une identité.

" Il faut rappeler que par deux fois, les Etablissements français de l’Océanie sont venus au secours de la mère Patrie, en 1916 dans les rangs du bataillon mixte de marche du Pacifique et en 1940 avec la France libre. Le travail de mémoire que j’ai entrepris ces dernières

années leur est dédié, afin que vivent, je dirais même plus, survivent leur histoire et leur épopée, souvent méconnues par nos contemporains. C’est une aventure humaine palpitante que de repartir dans son histoire, de retrouver tous ces noms qui nous sont aujourd’hui si familiers mais aussi de découvrir les destins extraordinaires d’hommes qui sont restés anonymes". (Extrait du discours de Jean-Christophe Shigetomi du 6 juin 2014). Le goût du voyage, l’envie d’aventure n’expliquent pas tout. Ils étaient assurément

portés par un idéal à leurs yeux bien plus important que leur propre existence. Ils

étaient prêts à donner leur vie pour la Mère patrie, si lointaine, parfois si abstraite, et

pourtant si chère à leurs yeux ». (Extrait du discourt de Béatrice CHANSIN, ministre

au sein du gouvernement du Président Gaston FLOSSE).

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En Polynésie, on les appelle les

"Tamari'i volontaires", les enfants

volontaires, avec un sens affectif

patriotique.

KARARO, le premier Tahitien du

Bataillon du Pacifique mort

pour défendre la Mère Patrie

(Illustration de Jean-Louis

SAQUET)

Les Conscrits et Engagés Volontaires Tahitiens dans la seconde

guerre mondiale 1939 -1945

C'est avec une grande émotion que j'ai lu les ouvrages sur les "Tamari'i volontaires" et visionné le film "Aux Armes Tahitiens". (http://www.dailymotion.com/video/x38s6tl)

Je crois que c'est la première fois que je découvre un film ou l'histoire est commentée par un mort, un guerrier "transparent" comme le disait Kararo le

premier Tahitien décédé le 4 avril 1942 dans le secteur de Bir-Hakeim. C'est un film remarquable très émouvant. Bravo au réalisateur Jacques Navarro, à son

monteur. et à son équipe. Ce film mérite d'être connu de tous.

C'est donc de cette façon que j'ai fait la connaissance de Kararo et j'en suis tout ému car il était avec mon père à Bir-Hakeim. Nous n'avons aucune photo de Kararo, juste cette

illustration et ce nom gravé sur la pierre.

Le Tahitien John MARTIN témoigne "Partie de Bir Hakeim, la jock column de Kararo avait pour mission de simuler une attaque de la 8e armée Britannique afin d'attirer sur elle le gros de la Luftwaffe basée en Méditerranée, et ainsi permettre à un convoi de la Royal Navy de ravitailler Malte.

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L'aviateur Tahitien LICO et tant d'autres..

Sa colonne fonce sur Bir El Hanarin à une centaine de km de Bir Hakeim ... La division atteint son but mais la brigade perd treize véhicules incendiés dans des engagements avec l'ennemi. Kararo adossé à la benne de son camion tient fermement son fusil anti-tank. Le long crépuscule du désert s'installe. Les camions qui flambent ajoutent un éclairage ténébreux aux assauts des chasseurs ennemis. Les bombes antipersonnel pleuvent, leurs mitrailleuses crépitent. Kararo tire avec son fusil antichar sur un avion presque à bout portant, réitère son tir sur un second. Un troisième avion se présente par le travers et lance une petite bombe qui explose non loin de lui. Un éclat lui ouvre le ventre. Malgré sa terrible blessure, Kararo est toujours debout. De son bras gauche, il essaie de contenir ses entrailles tout en continuant de tirer."

Découverte

Grace au travail de Jean-Christophe SHIGETOMI, J'ai découvert aussi avec surprise et admiration que les Tahitiens étaient présents non seulement dans le Bataillon du Pacifique, mais également dans : - l'Aviation, - la Marine, - les Parachutistes S.A.S., - la Résistance Intérieure, - la Deuxième Division Blindée - les Commandos d'Afrique ...

Le monument du Général de Gaulle,

réinstallé avenue Pouvanaa a Oopa (ex avenue Bruat) est gardé par les noms de ceux qui ont rejoint la France Libre dans les rangs du Bataillon du Pacifique et autres unités. Ils y sont tous ou presque. Des gerbes de fleurs avaient été déposées pour le 18 juin. Les "Tamari'i

Volontaires", n'avaient pas été oubliés.

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6 mai 1946 - Tahiti - Inhumation de Tehaamoana

Le dernier Tahitien

Il y a aussi le nom du dernier Tahitien dont mon père m'avait parlé. Il ne se souvenait plus de son nom, mais il m'a raconté qu'il était mort sur le Sagittaire, quelques jours avant d'arriver à Tahiti et que ce jour là tout le monde était triste à bord. J'ai découvert son nom grâce aux ouvrages de Jean-Christophe. Il s'appelait Teoheau Moeva Tehaamoana. C'était un S.A.S. Le jour de son inhumation à Tahiti, mon père Jean TRANAPE qui était le porte fanion du Bataillon du Pacifique lui rendit les honneurs avec ses camarades.

Vive émotion.

J'ai retrouvé mon père, sur les magnifiques illustrations de Jean-Louis SAQUET tirées des photos d'origines prises avec l'appareil de mon père et publiées avec son accord.

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Admiration,

Pour le travail de recherche de Jean-Christophe. Ici ; l'armement du "Groupe Jean TRANAPE", est identifié et décrit dans le moindre détail. On ne peut pas être plus

précis ! Ces ouvrages constituent une véritable base de données.

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.Merci à toi Jean-Christophe et merci à tous ceux qui ont contribué à cet exceptionnel

travail de mémoire. Grace à vous tous, nos morts resteront toujours vivants dans nos

cœurs.

Jean-Claude TRANAPE

Tahiti le 11 juillet 2016