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Agrestep r i m e u rN ° 51 - J A N V IE R 1 9 9 9 - 1 6 F
LA STATISTIQUE AGRICOLE
Les conséquences sur l’agroalimentaire de la crise financière asiatique
Succès des vins français au Japon malgré la crise
excédent agroalimentaire français avec l ’Extrême-Orient résiste bien à la crise financière asiatique grâce aux ventes de vins au Japon. Mais les exportations reculent dans tous les autres pays de la zone. Les ventes de cognac sont les plus touchées. L ’extension de la crise hors de sa zone d ’origine se traduit par l ’arrêt quasi immédiat des ventes françaises en Russie.
■ Les exportations agroalimentaires françaises à destination de l’Asie ont jusqu’à présent bien résisté à la crise financière qui sévit sur ce continent. L’excédent agroalimentaire français avec l’ensemble du monde affiche pourtant, à 27 milliards, un recul de 2,8 milliards entre les premiers semestres 1997 et 1998. Mais l’excédent avec la zone asiatique1 n ’enregistre qu’un modeste repli de 0,2 milliard. Ce bon résultat provient pour l’essentiel des ventes de vins à destination du Japon qui continuent leur progression. Les Japonais en avaient acheté pour 720 millions au premier semestre 1997, ils en ont importé pour près de 2 milliards au
1 La zone asiatique se compose du Japon, de la Chine, de Hong Kong, de Taïwan, de la Corée du Sud, des 7 pays de l ’Asean (Bruneï, Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, et Vietnam) ainsi que du Cambodge, de la Corée du Nord, du Laos, du Myanmar, de la Mongolie et de Macao.
Croissance des exportations vers le Japon, chute des ventes dans les autres pays asiatiques
Évolution des exportations agroalimentaires françaises entre les premiers semestres 199 7 et 1998
en %
75
autres produits agroalim entaires
- 63
Japon Chine Taiwan ^ HKO0ngg M a|a is ie S e P h i ï p p m ^ s ^ |ndonésie
Sources : Agreste et Douanes
ins et alcools
78 - 78
ministère de l’agriculture et de la pêche
Les ventes françaises s'accélèrent pendant les deux premiers mois de la crise puis chutent
Agrestep r i m e u r
1 3 0 0 -,
1 200 -
1 100 -
1 000
9 0 0
800
Exportations agroalimentaires françaises vers la zone asiatiquemoyenne mobile mensuelle sur 3 mois
i de francs
|anvier
031
Janvier 1999
premier semestre 1998. En conséquence, l’ensemble des exportations agroalimentaires à destination du Japon augmente de moitié entre ces deux périodes. Les ventes à la Chine résistent aussi. Elles ne diminuent que de 2 % grâce au dynamisme des exportations de céréales. Dans les autres pays de la zone asiatique, les ventes agroalimentaires françaises reculent. Ce repli atteint de 30 à 40 % à Singapour, Taïwan et Hong Kong, des pays relativement épargnés par la crise financière. Les ventes de vins et alcools français y ont néanmoins pâti de la baisse du tourisme. Le recul des exportations agroalimentaires est plus sensible, de l’ordre de 45 à 60 %, en Thaïlande, aux Philippines, en Corée du Sud et en Indonésie, qui sont les pays les plus touchés par la crise financière.
Sources : Agreste et Douanes
exportations agroalimentaires françaises en Asie retrouvent, début 1998, leur niveau du début 1997. Elles se sont par la suite stabilisées au premier semestre 1998, mais avec de grosses différences selon les produits. Sauf au Japon, les exportations de vins et d’alcools sont toujours davantage touchées que les autres produits
pas choisi la voie de la récession pour rétablir ses équilibres financiers. Le Japon fait exception avec une croissance de 50 % des exportations agroalimentaires françaises malgré le recul de la consommation intérieure japonaise. Cette augmentation des ventes provient surtout de celle des vins qui bénéficient depuis un an d’une cote de
Sauf au Japon, les exportations de vins et alcools sont les plus touchées par la crise asiatique
Hormis en Thaïlande, le déclenchement de la crise financière en juillet 1997 n’a pas eu d’effet négatif immédiat sur l’évolution des ventes agroalimentaires françaises dans la zone asiatique. Elles ont au contraire poursuivi leur croissance pendant les premiers mois de crise. Le décrochage s’est produit au cours des deux derniers mois de l’année 1997. Il résulte en grande partie de l’effondrement des exportations de cognac sur Hong Kong. En conséquence, les
agroalimentaires. À Taïwan, le pays qui a le mieux traversé l’épreuve jusqu’ici, les produits agroalimentaires autres que les vins et alcools obtiennent un meilleur résultat au premier semes t re 1998 q u ’au p rem ie r semestre 1997. C’est aussi le cas en Chine et même en Malaisie, unique pays du Sud-Est asiatique à n ’avoir
faveur inespérée au pays du Soleil Levant. Mais elle concerne aussi, dans une moindre mesure, les autres produits agroalimentaires.
Apparue avec la crise, l ’évolution divergente des ventes par pays accentue encore leur concentration géographique au sein de la région. Le Japon a acheté pour 3,7 milliards de francs de produits agroalimentaires à la France au premier semestre 1998, soit 60 % du total de la zone asiatique. Il renforce encore sa part déjà forte avant la crise. Celle de la Chine se maintient à 5 %. Principaux perdants, Hong Kong, Singapour et Taïwan - trois des « Dragons » - qui n’absorbent plus que 25 % des exportations françaises dans la zone. Les autres pays asiatiques plus affectés par la crise n ’en reçoivent plus que 8 %. Les exportateurs français n’occupent toutefois que 2 % du marché
Vin et cognac : deux conjonctures différentes
Sources : Agreste et Douanes
Les vins français poursuivent leur percée au Japon pendant la crise
Exportations de vins français au Japonpar semestre
en million de francs
1er sem. 2e sem. 1er sem. 2e sem. 1er sem. 2e sem. 1er sem.
1995 1996 19 97 1998
Sources : Agreste et Douanes
agroalimentaire japonais qui reste très largement dominé par les États-Unis et les autres pays asiatiques.
La crise financière a également renforcé le poids des vins dans les exportations agroalimentaires françaises vers l’Extrême-Orient. Ils constituent désormais le premier produit exporté en Asie en lieu et place du cognac.
En 1995, les exportations de vins et champagnes dans les pays asiatiques étaient trois fois moins importantes que celles de cognac. Au premier semestre 1998, les ventes de vins sont désormais deux fois plus élevées que les exportations de cognac. Et la crise asiatique ne paraît pas avoir jusqu’à présent de prise sur leur expansion qui atteint encore 50 % au premier semestre 1998. Toutefois, alors que la quasi-totalité des pays asiatiques contribuaient à leur développement jusqu’à l’été 1997, le succès des vins ne repose plus désormais que sur le seul Japon. En dehors de ce pays, les exportations de vins dans la zone asiatique ont chuté de moitié entre les six premiers mois de 1997 et de 1998. Très sensible auprès des Japonais, le « French paradox », selon lequel une consommation régulière et raisonnable de vin rouge protège de certaines maladies cardiovasculaires, a
probablement eu un impact sur l’évolution des ventes de vins au Japon, bordeaux en tête. Le marché japonais est désormais le quatrième débouché pour le vin français. Il représente à lui seul 80 % des expéditions françaises de vins en Asie. Avec une hausse de 45 % au troisième trimestre, ses bonnes dispositions paraissent durer. Le marché japonais n ’a pas pour autant permis de préserver les
ventes de cognac en Asie. Il résiste encore au premier semestre 1998 alors que les ventes de cognac baissent dans tous les autres pays asiatiques. Mais il est atteint dès le troisième trimestre 1998 où il accuse une baisse de 50 %. Le déclin du cognac en Asie ne provient pas que de la
Agrestep r i m e u r
Janvier 1999
seule crise financière, mais remonte à 1995. En 1997, les ventes de whiskies britanniques ont ainsi dépassé pour la première fois celles de cognac.
Les exportations des autres produits agroalimentaires sont moins touchées que celles de cognac. Elles ne reculent que de 7 % du premier semestre 1997 au premier semestre 1998. Elles ne s’affaissent vraiment que dans les pays en forte récession. Les eaux en bouteilles rencontrent un succès grandissant que la crise n ’altère pas. Les exportations de fromages s’accroissent de moitié au premier semestre 1998. Le développement récent des exportations de viande porcine ne paraît pas non plus compromis. Stimulées par les achats du Japon, de la Corée du Sud et de Hong Kong, elles font plus que doubler entre les premiers semestres 1997 et 1998. En revanche, la croissance des exportations de poudres de lait et de lactosérum, très vigoureuse en 1997, s’interrompt brutalement pour déboucher sur une baisse de 50 %, tandis que les ventes de malt se replient de 30 % depuis le début de l’année.
La crise financière asiatique exerce également des effets indirects sur les exportations agroalimentaires françaises. Les États-Unis et l’Australie,
Le vin représente 40 % des exportations agroalimentaires françaises en Asie
Au 1er semestre 1997 Au 1er semestre 1998en m illion de francs
Total : 6 226 Total : 6 117
Volailles^ Lait en poudre
Lactosérum-. Préparation
à base de céréales”
/ Autres Vins e t \26 % champagne
26 %
Cognac i
M alt ' Fromages '
Eaux minérales '
;-de-N 31 %
Volailles Lait en poudre
Lactosérum Préparation
à base de céréalesMalt
Fromages Eaux minérales
Sources : Agreste et Douanes
Le déclin du cognac en Asie commence dès 1995
Agrestep r i m e u r Les exportations en Russie chutent fin 1998
Exportations agroalimentaires françaises vers la Russie
en m illion de francs
L’Asie est le pôle le plus dynamique pour l’agroalimentaire français depuis dix ans
Janvier 1999
pour lesquels l ’Asie constituait un marché agroalimentaire à fort potentiel de croissance, accentuent leur offensive dans les autres pays. Les ventes françaises de viandes sont les premières concernées. L ’extension de la crise financière hors de sa zone d ’origine est également lourde de conséquences. L’effondrement du système financier russe au cours de l ’été 1998 a eu des répercussions immédiates sur les ventes françaises qui étaient jusqu’alors en vive expansion. Elles s’affaissent dès le mois d’août pour devenir quasiment symboliques en septembre alors qu’elles atteignaient près de 0,4 milliard par mois un an plus tôt. Les viandes, qui constituaient près de la moitié des ventes agroalimentaires françaises à la Russie avant la crise, sont touchées de plein fouet. Le choc est d’autant plus rude pour la filière porcine, en excédent de production en 1998, qu’elle avait exporté sur le marché russe 61500 tonnes au cours des sept premiers mois de 1998 soit moitié plus que pendant la même période de 1997. L’effondrement inattendu de ce débouché important a certainement contribué à accélérer la chute du cours du porc. La situation est également préoccupante pour la volaille dont le marché russe représentait 12 % des ventes hors de l’hexagone avant la crise.
Gilbert Terroux Scees - Bureau de la conjoncture
générale et de l ’analyse
Pour en savoir plus
■ Agreste- Commerce extérieur agroalimentaire, 12 num éros par an.
■ L ’ U n ion eu ropéenne est le p rem ie r débouché po u r l’a g roa lim en ta ire frança is . Elle a absorbé 72 % des expo rta tions fra n çaises en 1997. L ’Asie en a accue illi 6 %. Elle cons titue déso rm a is le second m arché p o u r la France devan t l ’A lena, le m arché c o m m u n de l ’A m é riq u e du Nord. Bénéfic iant d ’une fo rte cro issance, l’Asie a lo n g te m p s été cons id é rée co m m e l’ une des rég ions les p lus so lvab les de la p lanète. Elle est devenue au co u rs des années q u a tre -v in g t le pô le le p lus a ttra c tif po u r l’ag roa lim en ta ire frança is , qu i y a m u ltip lié ses ven tes par 8 entre 1980 et 1997. Les ven tes fra n ça ise s en A s ie rep ré sen ten t a ins i près du qua rt des expo rta tion s ag ro a lim e n ta ire s de l’ U n ion européenne. Les É ta ts-U nis dem euren t cependant de lo in le p r in c ip a l fo u rn is s e u r de l’A s ie , avec des e x p o rta tio n s deux fo is et dem ie p lus é le vées que celles de l’Union.
■ Les im p o rta tio n s ag roa lim en ta ires fra n çaises en provenance de la zone asia tique son t peu élevées. A tte ig n a n t 4 ,8 m illia rd s de fra n c s en 1997 , e lles se c o m p o se n t po u r 30 % de po isso n s , c ru s ta cé s et de conserves, pou r 13 % de café et de thé, et po u r 8 % de riz. Les dé va lu a tio n s des dev ises as ia tiq ues n ’o n t eu q u ’ un fa ib le im pact su r l’évo lu tion des im p o rta tio n s qui n ’o n t augm en té que de 6 % en v a le u r au p re m ie r sem estre 1998. Faib lesse des im p o rta tio n s et dyn a m ism e des e x p o rta t io n s on t fa v o ris é l ’e sso r de l’excédent fran ça is avec les pays asia tiques. En hausse de 1,5 m illia rd par rapport à 1996, ce lu i- ci a tte in t 8,4 m illia rd s de fra n cs en 1997, so it p lus de la m o itié de l’excédent ag ro a lim enta ire hors Un ion européenne.
Exportations agroalimentaires françaises hors Union européenne
■*!Alena
267
676
55 53
H *Europe occidentale Peco et CEI
hors UE
96
4 5 #M aghreb
53
Extrême-Orient
valeur 1997 en m illia rd de francs
Sources : Agreste et Douanes
taux de croissance 19 8 0 -1 9 9 7 en %
Directeur de la publication : G. RAULIN Rédacteur en chef : L. BISAULT Composition : Scees (B. POULLETTE)Impression : Im prim erie Médous - Toulouse Dépôt légal : À parutionISSN : 0246-1803 © Agreste 1 99 9 5̂
M I N I S T È R E
DE L’AGRICULTUBE
E T DE LA P Ê C H E
DIRECTION DES AFFAIRES FINANCIÈRES ET ECONOMIQUES
Service Central des Enquêtes et Études Statistiques
2 5 1 , rue de V a u g ira rd - 7 5 7 3 2 PARIS Cedex 15 Tél. : 01 4 9 5 5 8 5 8 5