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l Aisne 4 actualité Crise et philosophie 10 développement durable L'abeille a le bourdon 16 culture Les dix ans du Printemps des conteurs 26 territoire de l'Aisne Promenade dans la vallée de la Marne 176 Janvier/Février 2010/ le magazine du Département de l’Aisne www.aisne.com L’Aisne solidaire

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l’Aisne■ 4 actualité Crise et philosophie ■ 10 développement durable L'abeille a le bourdon ■ 16 culture Les dix ans du Printemps des conteurs ■ 26 territoire de l'Aisne Promenade dans la vallée de la Marne

176 Janvier/Février 2010/ le magazine du Département de l’Aisne

A l'écoledu numérique

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L’Aisnesolidaire

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éditorial 3

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010

Le magazine du Conseil général de l’Aisne n° 176 de Janvier/Février 2010 / 245 000 exemplaires / Conseil général de l'Aisne - rue Paul Doumer 02013 Laon Cedex - Secrétariat Journal l'Aisne 03 23 24 86 99 - Fax : 03 23 24 62 84 / [email protected]

Directeurs de la publication : Yves DAUDIGNY / Philippe MIGNOT - Responsable communication : Pascale CARTEGNIE - Rédacteur en chef : Bruno WALTER - Rédaction : Bruno WALTER/ François-Xavier DESSIRIER - Recherches documentaires : Sophie LEVERT et Adeline CHEUTIN / Centre de documentation du Conseil général de l’Aisne - Remerciements à Tony LEGENDRE pour la rubrique Histoire. Photos : François-Xavier DESSIRIER / Bruno WALTER / Christian JOMARD Réalisation graphique : Christian JOMARD / Service communication Conseil général de l’Aisne - Secrétariat : Annie BEAUVILLAIN - Imprimerie : Groupe MORAULT - Distribution : La POSTE/MÉDIAPOST

Imprimé sur papier 100% recyclé

4/9 actualités> L’Aisne évolue, son magazine aussi

> La crise, décryptée par un philosophe

> Economie : CPIL dans le train de la croissance

> Sport : une école pour un moto-cross propre

> Santé : le bilan d’Aisne-Préventis

> Une web-tv branchée à Soissons

10/11 développement durableLes abeilles ont le bourdon

L’agenda 21 pour tous

12 tribune

13/16 cultureClaude Mouflard, un écrivain en Thiérache

L’archéologie à la recherche des trésors enfouis

Printemps des conteurs : c’est la dixième !

17/21 dossierL’Aisne solidaire : à la rencontre de bénévoles qui

donnent de leur temps pour soulager ceux qui

souffrent.

22/23 ils font bouger l'aisneElise Hardy, photographe dans les pas de Doisneau

Bénédicte Pernet, prof et concertiste laonnoise

Nicolas Gautier, un jeune chef qui monte

24 un temps d'avanceSylphéo transforme votre téléphone mobile en bureau

25 histoireLe bon juge de Château-Thierry et la voleuse de pain

26/29 territoire de l'AisneDouceur de vivre dans la vallée de la Marne

30/31 les rendez-vousThéâtre, expo, concert : le meilleur des deux

prochains mois.

32 l’image

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010

2 sommaireAu quotidien, le Conseil général de l’Aisne est au

service des usagers du département. Il est aux côtés de l’en-

fant et de la personne âgée ; du sportif le plus émérite et du

metteur en scène ; de l’artisan commerçant et de l’allocataire

du RSA. Le Département agit pour le cadre de vie des plus

petites communes comme pour le développement des grands

équipements - Géodomia, BUL de Saint-Quentin… Il s’enga-

ge pour l’environnement et pour le développement économi-

que - Center parcs, par exemple.

Une partie de ces missions nous sont confiées par la loi et sont

obligatoires : dépenses sociales, collèges, routes départemen-

tales… D’autres résultent uniquement d’une volonté politique :

soutenir l’économie, la culture ou le sport, assurer la gratuité

du transport scolaire pour tous.

Deux réformes, engagées par l’Etat, hypothèquent aujourd’hui

l’avenir proche de notre collectivité. La suppression de la

taxe professionnelle et la réorganisation territoriale risquent,

par leurs effets conjugués, de priver le Département de ses

moyens d’agir. Dans un contexte de difficulté budgétaire,

marqué par un alourdissement des dépenses sociales et une

raréfaction de nos recettes, la disparition de la taxe profes-

sionnelle obère un peu plus encore notre capacité d’action.

La réforme territoriale, de son côté, privera le Dé-

partement de deux leviers, la clause de compétence

générale et la possibilité de financements croisés,

qui seront strictement limités.

Ces débats peuvent apparaître techniques et virtuels.

Techniques, ils le sont assurément ; en revanche, ils

n’ont rien de virtuels. Au-delà des mots, il y a l’action

publique de terrain, le service à la population, le dé-

veloppement de notre territoire.

D’une manière très concrète, je vous invite à vous

informer, à vous documenter, à vous saisir d’un dé-

bat fondamental pour votre avenir. “Nous ne connaissons

pas le vrai si nous ignorons les causes” écrivait Aristote. Voilà

pourquoi nous vous proposons un supplément de huit pages,

le plus objectif possible, pour vous aider à vous forger votre

propre opinion. Yves DAUDIGNYSénateur de l’Aisne

Président duConseil général

Je vous inviteà vous informer,

sur ce débatfondamental

pour votreavenir et à vous

forger votrepropre opinion.

17/21 dossierDes milliers de bénévoles s’investissent aux côtés de ceux qui souffrent – de la maladie, de la précarité.Portrait d’une Aisne solidaire.

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L’Aisne : La philosophie peut-elle nous aider à trouver un sens à la crise économique et financière ?

Gérard Lemarié : une certaine for-me de philosophie ne parle pas de “crise” mais de “rupture”, et explique en quoi cette dernière représente une étape “normale” dans un processus “normal” de développement, qu’il soit socié-tal, politique, économique ou existentiel.

La rupture peut - et doit - être radicale, définitive, avec impossi-bilité de revenir sur une situation passée et dépassée. C’est ce que je nommerais volontiers crise réelle ou rupture.

La rupture peut être cyclique, conjoncturelle,c’est à dire éphé-mère, avec possibilité de retour à la situation antérieure. C’est ce que je nommerais crise, ou faus-se rupture.

C’est la seconde définition qui me semble adaptée à la situation présente. C’est la seconde voie que me semble emprunter la société contemporaine. Comme si, nous dit-on, il n’existait aucun autre chemin possible. La phi-losophie “populaire” donne son sens à la rupture dans la mesure où il y a cassure avec la situation précédente, cassure par exemple

avec l’organisation capitalistique. Nous avions ainsi une chance historique de rompre vraiment. Il me semble que nous avons laissé passer cette chance et que cette “rupture” va devenir une crise comme les autres. Ce sera pour une prochaine fois.

"Nous avons laissé passerune chance historique"

Plans sociaux,licenciements…

La réalité quotidienneest difficile pour les

victimes d’une actualité sociale agitée.

Au-delà de ces jours sombres, que

signifie cette crise ? Pour le philosophe

Gérard Lemarié,elle est avant tout une

occasion manquée.

Gérard Lemarié,philosophe de la rupture

Jacques Tardi a signéson nouvel ouvrage,“Putain de guerre !”,à l’occasion des Journées du livre de Craonne,les 7 et 8 novembre.

Le dessinateur s’estassocié à l’historien Jean-Pierre Verney pour livrer une vision au plus proche de la réalité du premier conflit mondial.

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 actualité 5

Gérard Lemarié est profes- seur de philosophie à Reims. Auteur de nombreux ouvra-ges, il donne régulière-ment des conférences dans l’Aisne, où il a également animé des “classes philos” à Saint-Quentin ou Laon.

qu’est-ce, sinon dépendre de ce qui m’est extérieur et de ce que je ne comprends pas ? Or, nous l’avons vu, la rupture est une constante, une évidence dans le déroulement de toute une vie, une étape nécessaire qu’il faut objectiver, c’est à dire compren-dre avant d’être surpris.

Etre victime, comme vous dites, c’est précisément ne pas avoir prévu cette “chose” qui arrive et qui me “prend par surprise”.

D’autre part, cette “crise” nous montre à quel point l’économie, science récente, redevient philo-sophique, en ce sens qu’elle ose affirmer l’absence de réponses nettes et définitives aux ques-tions posées. Cette science éco-nomique là me plaît par son hu-milité, à l’instar de la philosophie, qui ne cesse de répéter qu’elle ne sait rien, mais que la volonté de savoir rend heureux.

C’est à chacun, semble dire dé-sormais cette “nouvelle” éco-nomie, de régler les problèmes, ajoutant que les “lendemains ne chanteront plus”. C’est à chacun de se retrouver, parce que nous avons testé tous les systèmes et que les problèmes existentiels demeurent éternellement les mêmes.

Que peut révéler cette crise aux individus qui en sont les vic- times ?

G. L. : si on parle de rupture fi-nancière, économique, elle ne peut apporter aux “victimes” que la confirmation de ce que nous venons de dire. Etre victime,

L’Aisne avance, son magazine aussi

Les conclusions de l’enquête qualitative, menée au printemps 2009, ont montré l’attachement des Axonais au magazine l’Aisne, mais aussi leurs attentes. “L’intérêt et la connaissance du magazine sont ici nettement supérieurs à ce que l’on peut constater ailleurs” conclut l’enquête. Les lecteurs saluent una-nimement la discrétion politique - l’Aisne n’est pas un organe de pro-pagande, mais bien un outil d’in-formation et de communication -, apprécient les portraits comme les articles de fond. Pourquoi chan-ger une formule qui plait ? Parce que nos lecteurs nous deman-dent, aussi, de nous adapter. Ils souhaitent ainsi que le magazine parle plus encore du patrimoine et du territoire ; qu’il continue à mettre en avant les talents, qu’il valorise les initiatives, notamment des jeunes. Autant de rubriques qui sont donc renforcées dans ce

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 4 actualité

Au fildes pages“

Retouren

images

www.aisne.com

Le magazine l’Aisne adopte une nouvelle for-mule en ce début d’année. Des rubriques diffé-rentes, une maquette au goût du jour, mais une

ligne éditoriale qui ne varie pas : décryptages des grands enjeux du département, valorisation

des Axonais, promotion du territoire. Cette ligne, définie il y a dix ans, est largement approuvée par

les lecteurs, selon une étude indépendante qui a servi de base pour élaborer le nouveau magazine.

Un avis, une remar-que sur notre nouvelle formule ? N’hésitez pas à nous écrire sur [email protected] ou par courrier, rue Paul Doumer 02013 Laon Cedex.

magazine.

Les pages actualité sont plus nombreuses ; elles se déclinent en actualités sociales, économi-

ques, sportives… Suivent deux pages sur le dévelop-pement durable, un thème qui prend de plus en plus d’importance dans notre

vie, et qui nécessite des explica-tions. Le dossier est plus court : cinq pages. Deux pages sont ensuite dédiées à des portraits d’Axonais. L’Aisne consacre dé-sormais une page à l’Histoire, à partir de faits qui ont encore un sens aujourd’hui. Histoire mais aussi avenir avec la rubrique “l’Aisne un temps d’avance”, qui fait la part belle à l’innovation dans le département. Territoire de l’Aisne, sur quatre pages, pro-pose une plongée à la découverte

d’un terroir particulier. Les pages culture et rendez-vous restent in-changées.

Le magazine l’Aisne renforce éga-lement la synergie avec le site www.aisne.com. Plus encore, vous trouverez des compléments des articles sur le site internet du Département.

Comment se fabriquel’Aisne sur

Juillet/Août 2003

Mai/Juin 2005

Le salon du blog culinaire organisé à Soissons fin novembre a tenu toutes ses promesses.

Près de 150 bloggueurs gourmands du mondeentier ont rivaliséde talent lors d’ateliersde cuisine, organisésau lycée hôtelier.

Vidéos et photos sur www.salondublogculinaire.com

Janvier/Février 2010

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Ancien de chez Carnaud Metal-box, à Laon, Philippe Bonenfant a perdu son emploi en janvier, lors-que l’usine a fermé ses portes. “A 43 ans, il fallait rebondir. Depuis 15 ans, j’ai mon brevet d’Etat d’édu-cateur sportif pour le motocross et l’enduro… En juillet, je me suis lancé et j’ai ouvert mon école.”

Philippe est un ancien pilote de niveau national. Quand Julien, son fils, alors âgé de 8 ans, veut se mettre au pilota-ge, son père est à ses cô-tés. Les résultats suivent : Julien décroche deux ti-tres de champion de France.

Pour Philippe, la sécurité doit être au cœur de l’apprentissage. Il ne loue que des terrains homologués,

à Plomion, Amigny-Rouy et Mes-brecourt. “Le but de l’école, c’est d’enseigner le plaisir de rouler en sécurité. Et pour cela, il faut des

terrains adaptés. J’ap-prends aussi à gérer la machine… J’insiste beaucoup sur une prati-que propre.” Moto pro-

pre ? Philippe Bonenfant plaide pour une pratique sur circuit, pour éviter les dégradations en forêt. Il veille au respect des décibels des

Motocross : piloter "proprement"Molinchart

Philippe Bonenfant a ouvert en juillet dernier une école de motocross,

unique dans le dépar-tement. L’un de ses plus

brillants élèves estson fils, déjà double champion de France.

contact : 06 18 46 06 93

23 janvierHirson : 14e meeting international de saut en hauteur en salle. Concours interrégio-naux de 14h à 18h30 et concours inter-national masculin à 20h30. Salle Georges HébertRens. 03 23 58 38 88 http://hauteurhirson.onlc.fr/

24 janvierSoissons : Escrime challenge maître Clé-ment. A partir de 9h au gymnase Jean Da-vesne, finale vers 16hRens. 03 23 59 91 87

6 févrierUrcel : cross organisé par le comité d’anima-tion de 13h30 à 17h. 6 catégories - Inscrip-tions à partir de 13h30 - Lieu de départ place de la mairieRens. Mairie d’Urcel03 23 21 60 20 / [email protected]

7 marsPavant : raid des com-munes du sud de l’Aisne. Parcours pro-posé en milieu natu-rel avec un minimum sur route. Plusieurs épreuves sportives (tir à l’arc, relais VTT, biathlon, boomerang, escalade, canoë...)De 8h à 13h Rens. 03 23 69 22 41 ou www.raidomois.fr

sportl'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 actualité 7

vos rdv

Sous les conseils de Philippe Bonenfant, Rudy Houzet, 16 ans,champion de Picardie, a progressé rapidement.

pots d’échappements, demande à ses élèves de remporter leurs dé-chets… “Tout cela fait partie d’une hygiène de vie” conclut-il.

Son école accueille principalement des jeunes, de 12 à 20 ans, même si l’on peut pratiquer dès 8 - 9 ans. Des adultes, aussi, viennent se perfectionner depuis la région pari-sienne, la Marne et, bien entendu, l’Aisne.

Respectet sécurité“

Des chaunoises contre le cancerDany Degonville, licenciée à l’UA Chauny, est à l’origine de la créa-tion d’une équipe, les Pic’athlètes, qui s’est illustrée lors de la course La Parisienne, une épreuve très

particulière. Comme son nom l’in-dique, cette course, qui part de la Tour Eiffel, a lieu dans la capitale, en septembre. Son originalité : elle est réservée aux femmes et sert à

récolter de l’argent pour la recher-che contre le cancer.

“J’y suis allée une première fois en 2005, explique Dany. L’ambiance est vraiment conviviale. On court pour une bonne cause, on y va dé-tendue.” En 2007, Dany parvient à convaincre sept copines d’y parti-ciper puis, en 2009, une quinzai-ne. “Il ne s’agit pas forcément de licenciées. Certaines sont motivées notamment parce qu’elles ont été touchées par la maladie.” Enga-gée dans la catégorie “copines”, l’équipe chaunoise s’est, en outre, illustrée par un excellent temps : “nous avons terminé 8e sur 240 équipes.” Ce n’est pas de la com-pétition, mais tout de même…

Une équipe de copines.

Le “petit“ train en marche

Image d’Epinal dans les stations balnéaires, les petits trains s’invi-tent de nos jours dans des lieux touristiques de plus en plus di-vers comme les parcs de loisirs ou les villes d’art et d’histoire, à l’image du petit train de Laon. “La locomotive plaît beaucoup aux en-fants, assure Julien, papa de trois bambins en visite sur le plateau de la cité médiévale. Le tour proposé

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 6 actualité

Unique concepteur et fabricant françaisde trains touristiques, la société CPILde Beautor affermit ses positions sur

un marché en plein essor et se projette dans celui des transports urbains.

permet de voir les principaux sites comme la cathédrale et la porte d’Ardon. En plus il passe partout, même dans les petites rues pa-vées et en pente.” Les trains de norme Euro5 peuvent en effet s’attaquer sans frémir à des pen-tes de 15 % et même 20 % et plus pour les modèles de catégorie IV développés dans les ateliers de CPIL à Beautor. C’est là que le train de Laon a été conçu, fabriqué et mis en couleur. “Nous devons ces performances à notre système de transmission hydro- statique, une technologie que nous avons intégrée par le rachat d’un

concurrent belge et un partenariat étroit avec Poclain Hydraulics” précise Béatrice Stourbes, direc-trice commerciale de l’entreprise. Si le train le plus répandu reste le

modèle “Far West”, les designers de CPIL ont développé de nouveaux looks radicalement dif-férents. Formes arron-dies et allure urbaine, le Delphis séduit les ag-

glomérations alors que le modèle Carrosse, en service à Belfort et à Chantilly cible plutôt les châteaux. Sur le seul volet “balade touristi-que”, le marché du petit train est très loin d’être saturé et de nom-breux sites restent à exploiter. L’entreprise axonaise vise un ob-jectif de 40 trains par an et place ses pions jusque dans le sud de la France, territoire historique du leader européen, l’italien Dotto. “Notre activité reste saisonnière. Pour lisser notre production nous approchons de nouveaux mar-chés comme les stations de sport d’hiver et bientôt les aéroports,” ajoute Béatrice Stourbes.

L’utilisation du train comme “na-vette” est déjà une réalité. A Ar-gelès par exemple, 12 petits trains assurent un service identique à celui des bus entre les campings, la plage et le centre-ville, d’où l’idée de créer un modèle spé-cifique. Labellisé par le pôle de compétitivité “I-Trans”, le projet “Urban Hys” porté par CPIL est développé depuis 2004 par un consortium regroupant l’UTC de Compiègne, Michelin, Poclain, Stratiform et Saint-Gobain. Pou-vant transporter jusqu’à 152 pas-sagers, ce mini-tramway sans rails se présente sous un jour résolu-ment “écolo” et intègre le coupla-ge à terme avec une motorisation électrique. Amiens sera ville pilote pour les deux premiers prototypes dont la livraison est prévue pour 2011.

économie

Le petit train modèle “Far West”, un franc succès à Laon.

Un mini-tramway

sans rails“Beautor

Les lignes du modèle “carrosse” séduisent de nombreux sites.CPIL assure égalementl’entretien de tous les trainssortis de ses ateliers.

Chauny

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Les logiciels libres - c’est-à-dire gratuits, mis au point par une com-munauté de programmeurs - ont le vent en poupe. Dans l’Aisne, neuf entreprises ont fondé à Soissons une association pour le développe-ment de ce que l’on appelle aussi “l’open source”. L’univers du “li-bre”, a désormais sa télévision sur le web, Intelli’n TV. Très profession-nelle, avec des journaux télévisés, des interviews, des ru-briques, cette télévision, dont le siège est ins-tallé au parc Gouraud, se veut “apprenante” : son ambition est de développer les compétences de ceux qui la regar-dent. Accessible au grand public, elle s’adresse toutefois principale-

ment aux professionnels du sec-teur informatique.

La qualité s’explique : “le contenu est réalisé par un prestataire exté-rieur dont c’est le métier”, explique Jonathan Le Lous, jeune doctorant

toulousain recruté com-me chargé de mission par l’association. Ce prestataire n’est autre que 2SI Prod, basée

elle aussi à Soissons. Pour équi-librer ses comptes, Intelli’n TV se donne trois ans et mise sur la for-mation, payante, qu’elle dispense.

Une web TV consacrée au logiciel libre Soissons

Depuis six mois,Intelli’n TV est

la première télévision au monde diffusée sur internet exclusivement dédiée au logiciel libre.

contact : www.intelli-n.tv.

D’ici 2018, de

50 à 70 % des systèmes d’infor-mation seront composés d’open source

40 % des emplois informatiques nécessi-teront des compétences sur le logiciel libre en 2012.

Toujours en 2012, onestime ce marché à

2 milliards d’euros en France.

49 % des collecti-vités locales en Europe utilisent des logiciels libres.

La France est le leader mondial dans l’utilisa-tion de l’open source.

sur le netl'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 actualité 9

en chiffres

La première Web TV consacrée à l’univers du libre est axonaise.

“Dans l’open source, la rentabi-lité est dans le service apporté au client, plus que le produit”. Formation au logiciel, installation, service après-vente : c’est là que se font les bénéfices désormais. C’est aussi ce qui créé des em-plois au niveau local. En mars prochain, la toute jeune chaîne sera présente au salon Linux (le plus populaire des systèmes d’ex-ploitation libre), où elle installera un plateau TV. Une belle preuve de sa crédibilité.

Diffusionet formation“

Contre les coulées de boue à répétitionAprès les coulées de boues dramatiques du 15 juin der-nier dans le sud de l’Aisne, une association s’est créée : “Sauvegarder son patrimoine en région agro-viticole”. Sa pré-sidente, Liliane Devillers, habi-tante de Saulchery, un village où cinq maisons ont été détrui-tes, pointe du doigt la difficulté de cohabiter avec certains vi-ticulteurs et s’interroge sur les retards pris dans l’adoption des plans de prévention aux risques d’inondations dans le secteur de la vallée de la Marne.

“Saulchery a subi 7 coulées de boue depuis 1983. A Château-Thierry, Essômes, il y en a eu

A Saulchery, en juin, un véritable torrent de bouea déferlé des vignes situées sur les coteaux.

10. Ce ne sont plus des catas-trophes très naturelles ! “ Liliane Devillers demande que des me-sures fortes soient prises pour que les habitants n’aient plus à subir les conséquences du ravinement : enherbement, tra-vaux hydrauliques réellement efficaces… “On ne veut pas la guerre avec les vignerons, pré-cise-t-elle, on veut juste pouvoir habiter tranquillement chez nous.”

L’association compte déjà une centaine d’adhérents et a reçu plus de quatre cents signatures de soutien, dans un secteur où la question est particulièrement sensible.

Saulchery

Aisne Préventis : dépisterpour vaincre le cancer

L’Aisne : c’est la 4e campagne de dépistage du cancer du sein, la 2nde pour le cancer colorectal, quel bilan peut on établir ?

Dr Jérome Peng : La participation est en hausse, mais on meurt en-core trop du cancer dans l’Aisne ! 120 décès annuels dus au cancer du sein et 140 au cancer du cô-lon, quand on sait qu’un dépistage précoce conduit presque toujours vers la guérison ! Le taux de par-ticipation au dépistage organisé était de 55,3 % pour le cancer du sein en 2008, la moyenne euro-péenne est de 70 % ! On constate aussi malheureusement une forte disparité selon les cantons, il y a de gros efforts à faire sur des sec-teurs comme Guise ou Wassigny par exemple.

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 8 actualité

Trois questions au docteur Jérôme Peng, médecin coordonna-

teur d‘Aisne Préventis, organisme

pilote du dépistage organisé du cancer du

seinet du cancer colorectal.

L’A : quels sont les principaux freins au dépistage.

Dr J. P. : le sentiment de pas être concerné, les problèmes écono-miques qui passent avant la san-té, surtout pour les populations les plus défavorisées, qui consultent le moins régulièrement. Et puis tout simplement la peur de savoir. Tant qu’on n’a mal nulle part, on préfère ne pas y penser et bien souvent, la tumeur est décelée à un stade avancé nécessitant des traitements lourds. Les chances de guérison sont plus faibles compa-rées à un cancer décelé de façon précoce, guéri dans 90% des cas. C’est encore plus vrai pour le dé-pistage du cancer colorectal car il permet de déceler des lésions mi-neures, des polypes, avant même qu’ils ne présentent un caractère cancé-reux. A ce stade on en guérit plus de 9 fois sur 10.

L’A : quels sont les atouts du dépistage organisé par rapport à une démarche individuelle ?

Dr J. P. : gratuité et qualité. L’exa-men est pris en charge à 100 %

et, pour les mammographies, le Conseil général de l’Aisne prend en charge le transport en car ou

taxi à hauteur de 40 E pour les fem-mes qui habitent à plus de 15 km d’un cabinet de radiologie. Quant à la qualité, seul le dépistage organisé

du cancer du sein donne lieu à la double lecture systématique des mammographies. Les toutes petites tumeurs sont générale-ment difficiles à voir en 1re lecture. Rappelons qu’en France, 6,5% des cancers sont détectés grâce à la seconde lecture. Les seconds lecteurs ont reçu une formation spécifique et leur expérience est validée par la lecture d’au moins 2000 mammographies par an.

Mieux vieillir avec le CODERPALa mission du Comité départemental des re-traités et des personnes âgées de l’Aisne (CO-DERPA) est de défendre les intérêts des seniors, quelle que soit leur si-tuation. Les enquêtes diligentées par cet orga-nisme sont les principa-les sources de données remontant vers les ser-vices sociaux du Conseil général quant aux pro-blèmes liés au vieillis-sement. Dans le cadre du schéma départemen-tal de gérontologie, les travaux du CODERPA visent en priorité le ren-forcement du maintien à domicile, l’amélioration des conditions d’hé-bergement en maison de retraite et la prise en charge des patients Alzheimer et apparen-tés. Particulièrement vi- gilant sur les cas de maltraitance, l’organis- me siège à la commis-sion d’agrément des maisons de retraite et au Conseil d’administration de l’ALMA (association contre la maltraitance des aînés). Permanence du CODER- PA, tous les mardis, 61 rue Léon-Nanquette à LaonContact : 03 23 79 50 84

santé

Autour du docteur Peng, toute l’équiped’Aisne Préventis est engagée dans la lutte contre le cancer.

Le dépistage organisé du cancer du sein donne lieu à une double lecture systématique des mamographies.

“Un dépistageprécoce conduit

presque toujours vers la guérison !

contact :www.aisnepreventis.fr03 23 23 58 48N° vert 0800 137 300appel gratuit

La création d’unitésAlzheimer, une prioritépour le CODERPA.

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Développement durable.Depuis le XIXe siècle et la Révolu-tion industrielle, les pays se sont développés sans se soucier réel-lement des conséquences envi-ronnementales et sociales de leur croissance. Résultat, aujourd’hui, nous vivons totalement au des-sus de nos moyens écologiques et les conséquences sont déjà gra-ves. Les scientifiques s’accordent aujourd’hui, dans leur immense majorité, sur la réalité du réchauf-fement climatique. Si l’on continue comme cela, si les pays en déve-loppement nous suivent dans cette voie, nous allons dans le mur. Si tous les habitants vivaient comme les Français, il faudrait trois planè-tes équivalentes à la Terre pour sa-tisfaire l’ensemble de nos besoins.

Au contraire, le développement durable se propose à la fois de ré-pondre à nos besoins actuels, sans compromettre la capacité des gé-nérations futures à répondre aux leurs. Cela passe par une remise en cause complète de nos mo-des de production, nos habitudes de consommation et, finalement, notre manière de vivre. Il ne s’agit pas de retourner à l’âge de pierre, mais, bien au contraire, d’adapter notre développement, notamment économique, aux exigences éco-logiques. Attention, le développe-ment durable ne s’intéresse pas qu’à l’environnement. Il aborde également les aspects sociaux, éducatifs ou démocratiques de la vie en commun.

Agenda 21. “L’Agenda 21” est la traduction du développement du-rable en actions concrètes pour le

XXIe siècle, d’où son nom, adopté au Sommet de la Terre de Rio, en 1992. Les Agendas 21 se déclinent à tous les niveaux : in-ternational, national, régional, départemen-tal et local.

Ils comportent trois phases : un diagnos-tic ; la définition d’une stratégie ; l’adoption de fiches actions et leur mise en œuvre. Ces actions sont toujours transversales et doivent prendre en compte les trois “piliers” du dé-veloppement durable : l’environne-ment ; l’impact socio-économique ; la gouvernance du projet.

Et dans l’Aisne ? Un tiers des départements français a délibéré et adopté un Agenda 21. L’Aisne est, de son côté, engagé dans le pro-cessus qui devrait l’amener, d’ici 2012, à valider ses fiches actions.

Petit lexique à l’usage de touspour comprendre l’Agenda 21

Le Département s’engage pour le développement durable ; cela passe notamment par l’adoption d’un “Agenda 21”. Vous n’avez pas compris ? Rassurez-vous, c’est tout à fait normal. Ces termes nouveaux

demandent des explications, d’autant plus que, ce qui se joue, ce n’est rien moins que notre avenir à

tous. Quelques livrespour aller plus loinGuide du territoire du-rable, de Jean-Marc Lo-rach et Etienne de Qua-trebarbes

Territoire et développe-ment durable, de Fran-çois Besancenot

Agir ensemble pour des territoires durables, édi-té par le Comité 21

Mobilisation des équi-pes pour le développe-ment durable, 10 fiches pratiques, édité par le Comité 21.

Ces ouvrages sont dis-ponibles à Géodomia

agenda 21l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 développement durable 11

à lire

Des capteurs solaires sur le toit de Géodomia à Merlieux.

Car l’élaboration d’un Agenda 21 est longue. Il faut installer un comité de pilotage, un comité de suivi, et associer, le plus possi-ble, les acteurs socio-économi-ques et la population. La démar-che est participative, sinon, elle n’aurait aucun sens. Le Conseil général est aujourd’hui dans la phase de diagnostic. Une char-gée de mission a été recrutée

pour mener la dé-marche jusqu’au bout. Ceci dit, le Département, avant même de formaliser ses actions dans un Agenda 21, est déjà fortement im-pliqué dans le dé-veloppement du-rable. L’ouverture

récente à Merlieux du centre de ressources environnementales Géodomia en est un exemple.

Au niveau communal, la ville de Château-Thierry est la première de l’Aisne à s’être engagée dans le processus d’adoption d’un Agenda 21. La communauté de communes de la Thiérache d’Aumale a, elle aussi, enclen-ché la démarche.

Aujourd’hui,nous vivonstotalement

au dessus denos moyensécologiques

Des sites internet à consulterwww.comite21.orgle site du comité français pour l’environnement et le développement dura-ble.

www.geodomia.frle site du centre de res-sources environnemen-tales du Département

sur le net

Les abeilles ont le bourdon

Ce matin là, Daniel Ayoul, api-culteur depuis 1985, se rend à ses ruches, du côté de Sissonne. “Au fond des ruches, j’ai vu des tapis d’abeilles mortes.” Pas une de ses seize ruches n’est épargnée. Son voisin, qui en a une vingtaine, perd tout également. Un coup terrible pour l’apiculteur amateur, déjà touché, depuis une dizaine d’an-nées, par la baisse de production. “Je récoltais 1,5 tonne en 1995. J’étais descendu à 65 kg…” Dans l’Aisne, les apiculteurs constatent également des problèmes de ferti-lité des mâles, des malformations, des essaims sans reine…

Des histoires comme celle de Da-niel, le syndicat apicole départe-mental de l’Aisne en recense cha-que année. Pour Gérard Caura, son secrétaire, l’affaire est claire. “Depuis 1995, c’est difficile pour nous, à cause de l’emploi des pro-duits systémiques dans les cultu-res” explique-t-il. Les apiculteurs sont déjà parvenus à faire inter-dire ou limiter l’emploi de certains produits chimiques destinés à l’agriculture. Les enjeux financiers sont énormes : la France est le second utilisa-teur mondial de pesticides, avec plus de 100 000 tonnes par an et un chiffre d’affai-res estimé à près de deux milliards d’euros. A la sui-te du Grenelle de l’environnement, la France s’est engagée à réduire de 50 % l’utilisation de ces produits, d’ici 2018.

Un parlementaire, Martial Sadier, a été chargé par le Premier minis-

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 10 développement durable

www.aisne.com

En dix ans, on estime que 14 milliards d’abeilles ontdisparu en France. Dans l’Aisne, comme dans le reste de

l’Europe et de l’Amérique du Nord, les apiculteurs sont inquiets. Ils ne sont pas les seuls : les abeilles jouent,

depuis 60 millions d’années, un rôle essentiel dansla pollinisation. Un tiers de ce que l’on mange

est directement lié à leur activité.

tre d’un rapport sur la question. Il évoque, comme la plupart des spécialistes, des causes “multi-factorielles”. Si les pesticides sont bien en cause, les ruches sont, aussi, affaiblies par les parasites ou les maladies. Invité à répon-dre aux apiculteurs de l’Aisne par l’association Omois Environne-ment début novembre à Château-Thierry, Martial Sadier a avancé différentes propositions.

S’il est convaincu de la toxicité de certains produits utilisés par les cultivateurs, Gé-rard Caura n’est pas en guerre contre eux. Au contraire. “Nous avons déjà tenu un stand en commun avec les jeunes agri-

culteurs ; ici, quand je parle à mes voisins cultivateurs, qui sont de la nouvelle génération, on sent qu’ils sont sensibles à nos arguments, qu’ils écoutent. Je suis assez op-timiste, je pense que l’on pourra dialoguer avec ces jeunes et qu’ils

adopteront des pratiques meilleu-res pour nous comme pour eux.” Selon une étude menée par l’Asso-ciation pour la recherche contre le cancer, le risque d’être victime de tumeur cérébrale est multiplié par 2,6 chez les personnes les plus exposées aux pesticides, essen-tiellement les agriculteurs et les viticulteurs. Lors de la venue de Martial Sadier à Château-Thierry, le président d’Omois Environne-ment, Jacques Raflin, a proposé au Directeur départemental de l’agriculture d’organiser une mé-diation entre les mondes apico-les et agricoles, pour sortir de la crispation et entamer un dialogue constructif. L’abeille, “sentinelle de l’environnement” est un bien commun. A tel point que Martial Sadier propose de la classer au patrimoine mondial de l’Unesco...

Le rapport complet de Martial Sadier “Pour une filière apicole durable” / Des liens pour créer

votre jardin mellifère /Le Grenelle et les pesticides /

Des sites où en débattre

Apiculteurs en baisse. Le syndicat apicole dé-partemental de l’Aisne compte 360 adhérents, contre 1 200 il y a 20 ans.Un rucher école pour apprendre. Devenir api-culteur n’est pas très compliqué. Un rucher école, animé par Gérard Caura et le syndicat, est implanté à Coucy-basse, un autre à Sains-Ri-chaumont. Cinq same-dis après-midi suffisent pour être initié.Tél. 03 23 52 30 50Omois Environnement en pointe. L’association Omois environnement a été distinguée par la fé-dération France Nature Environnement comme l’une des vingt meilleu-res associations de l’an-née au niveau national. Une récompense due à son engagement pour la sauvegarde des insectes pollinisateurs.Tél. 03 23 70 30 87

repères

Si les abeillesdisparaissaient de

la surface du globe,l’homme n’aurait plus

que quatre annéesà vivre.

Albert Einstein

Page 7: aisne176

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010

culture 13

Fouilles : encore des richesses enfouies

14 FouillesLes aventuriers de l'Aisne perdue.

15 Claude MouflardA 75 ans, l'écrivain thiérachien est publié pour la première fois.

16 Printemps des conteursPour sa dixième édition, le Printemps offre un "Best Of".

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 12 tribune Obligation prévue par la loi de 2002 relative à la démocratie de proximité. Les propos publiés ci-dessous le sont sous l’entière responsabilité de leurs auteurs.

Le 16 novembre dernier, l’Assemblée des Dé-partements de France avait invité l’ensemble des conseillers généraux à se rendre à Paris pour débattre de la nouvelle réforme des col-lectivités territoriales. Ils étaient plus de 2000 de toutes tendances politiques confondues à s’être déplacés. L’inquiétude, le mécontente-ment et les interrogations étaient perceptibles face à ce projet dangereux.

Avec cette nouvelle réforme, les élus départementaux se-ront privés des relations de proximité qui font la force d’un département. Comment le Conseiller territorial (appelé à remplacer le Conseiller régional et le Conseiller général) parviendra t-il à cumuler action départementale et action régionale ?

Le mode d’élection lui-même nous laisse pantois : les conseillers territoriaux seraient élus au scrutin uninominal à un seul tour pour 80% d’entre eux, et pour 20% res-tants au scrutin de liste parmi les non élus du 1er tour !!!

Le gouvernement tente de diaboliser les élus sous prétexte qu’ils coûtent trop cher alors que la réforme risque bien d’augmenter les charges. De plus, c’est la solidarité ter-ritoriale, notamment en zone rurale qui serait gravement remise en cause. Il n’y aura plus d’autonomie locale.

Avec ces projets les Conseils généraux auraient moins de moyens financiers et perdant la clause de compétence générale ne pourraient plus intervenir dans certains do-maines tels que les aides aux communes, les transports scolaires, la culture, le sport, et avec des difficultés dans les domaines tels que les collèges, la petite enfance, les personnes âgées.

Ce projet est un coup d’arrêt à la décentralisation. Il me-nace la démocratie locale et les services publics, met à mal l’autonomie financière et fiscale des départements, et donc leur liberté, leur capacité à prendre en compte les spécificités d’un territoire et de les traduire dans les orientations politiques.

Pourtant, dans un récent sondage commandé par l’Asso-ciation des départements de France, il ressort que : > 82 % des personnes interrogées sont attachées à leur département.> 78 % sont plutôt satisfaites de l’action du conseiller gé-néral.> 83 % pensent que le département est une institution qui fait partie de l’identité de la France qu’il faut préserver.> 73 % sont opposées à la suppression des départe-ments.

Nous le savons bien, l’objectif du gouvernement est électo-ral. Cette volonté de réforme ressemble fort à une attaque contre le pouvoir réel que représentent les territoires. A ce jour 59 % des Conseils généraux sont dirigés par la gauche ainsi que 20 des 22 régions… !!!

La Majorité de Gauche : groupessocialiste, progressiste et communiste

Les territoireset les services

publicsen danger !

A l’aube de cette nouvelle année, permettez-nous de vous adresser nos vœux les plus cha-leureux. Que cette année, soit pour vous et vos proches, synonyme de bonheur et de réussite.

L’année 2009 fut particulièrement éprouvante pour l’économie mondiale et la crise sans pré-cédent que nous avons vécue a durement frappé notre pays. L’Aisne n’a pas échappé à ce tsunami bancaire et beaucoup d’entre nous ont vu des proches touchés par cette crise. La réaction rapide du Gouvernement par la mise en place d’un plan de relance efficace a toutefois permis d’éviter le pire.

Nous sommes persuadés que l’année 2010 verra les me-sures prises par le gouvernement porter leurs fruits pour permettre à notre économie nationale de redémarrer et de retrouver sa compétitivité. Les premiers signaux sont encourageants et témoignent de la solidité de notre sys-tème.

Mais l’année 2010 sera également une année capitale pour l’organisation territoriale de notre pays. Depuis plusieurs mois d’importantes réformes sont en discussion pour per-mettre à la France de se moderniser et de rationaliser ses dépenses. En effet, il n’est plus envisageable de laisser courir un déficit de plus de 8% de notre PIB ; des efforts doivent être consentis tant par l’Etat que par les Collectivi-tés locales. L’Etat a montré la voie en se modernisant par le biais de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP), la modernisation des collectivités est également en cours.

Ainsi, la réforme de la Taxe Professionnelle s’inscrit dans cette démarche de modernisation et de compétitivité de notre territoire. En effet, est-il normal de taxer les entre-prises qui prennent le risque d’investir ? Cet impôt n’a-t-il pas été qualifié “d’impôt imbécile” ? Les craintes des col-lectivités locales sont certes légitimes tant la TP est une ressource importante et nécessaire pour leur construc-tion budgétaire, mais infondées car elles bénéficieront en 2010 d’une compensation de ressources au moins égale au produit perçu en 2009.

Par ailleurs, à partir de 2011, l’autonomie financière des communes et des EPCI sera préservée car ces collectivités disposeront d’un panier diversifié de recettes fiscales, avec un large pouvoir d’en fixer les taux.

L’intergroupedu Conseil général de l’Aisne

Mesdames,Messieurs,Chers Axonais,

Page 8: aisne176

Le Thiérachien Claude Mouflard a 74 ans et, pour la première fois de sa vie, il vient d’être édité. 74 ans : l’âge d’Henri-Pierre Roché lorsqu’il publie Jules et Jim, son premier roman, adapté plus tard par Truf-faut au cinéma. Claude Mouflard écrit depuis l’âge de 10 ans. “C’est la lecture de François Mauriac qui m’a ouvert les yeux et tracé le chemin” raconte-t-il aujourd’hui depuis sa ferme thiérachienne de Buire village. Il se rappelle avoir achevé sa première nouvelle en 1955, le jour de la mort de Paul Claudel. De ses études classiques - “ce qu’on apprenait autrefois, latin, grec, rhétorique…” - dans une pension religieuse, à Reims, il conserve l’amour des phrases joliment ciselées, la rigueur d’une grammaire maîtrisée. Même s’il a abrégé ses études rapidement : “mes lectures ne plaisaient pas aux Frères. Quant à mes écrits, c’était pire !” Ses parents l’avaient rêvé en libraire, le voici travaillant à la Van-nerie française, à Origny-en-Thié-rache. Il y restera 17 ans, jusqu’à la fermeture, avant de finir sa carrière à l’usine Renault de Maubeuge. Et toujours, il écrivait, sauf lorsqu’il a été représentant pour la vannerie, faute de temps. “Je lisais mes histoires à mes collègues, à l’usine, pendant la pause de midi” se souvient-il.

Désormais retraité, Claude Mouflard a tout le temps d’écrire. Et il s’y met sérieuse-ment - “le soir, vers 17 heures, et jusqu’à 20 heures parfois”. Ecri-re, c’est sérieux. “Je reprends, je triture, je veux que chaque mot soit à sa place dans la phrase. Je suis perfectionniste. Je veux que tout soit utile dans mon texte.” La lecture de son roman, Laure

Crandelain, confirme son attache-ment aux belles lettres classiques. Claude Mouflard a travaillé le ryth-me de ses phrases, a su couper là

où il le fallait. Il n’est pas tombé dans le piège du lyrisme facile. C’est un roman littéraire, et non pas une simple évoca-tion de sa Thiérache, sur laquelle il aurait greffé une vague his-toire mal bricolée. Non. Dans Laure Crandelain, aucune lourdeur, pas de temps morts et une intrigue bien construite. Celle de Laure, 17 ans, qui vit chez sa grand-mère. Père inconnu, mère qui joue la poule

de luxe à Paris, la jeune fille voit son destin tracé : travailleuse de l’osier, fiancée à un gars du vil-lage, Antoine. Résignée, elle sait

Les belles histoires de Claude Mouflard

Buire

Avec son premier roman édité, “Laure Crandelain”, le ThiérachienClaude Mouflard offre à son écriture travaillée l’occasion de rencontrer

des lecteurs. Loin du roman régional à quatre sous, Laure Crandelaindévoile un auteur talentueux.

Laure Crandelain,de Claude Mouflard,14 E, en vente chez l’auteur39 rue de Verdun02500 Buire

contact :Joël Lévèque, éditeurwww.acontresenseditions.com

Ça tournedans l’AisneLe Département est par-tenaire du prochain long métrage de Philippe de Pierpont, “Elle ne pleure pas, elle chante”, d’après le roman d’Amélie Sarn. Le film sera tourné ce printemps, en grande partie dans l’Aisne, à Laon et aux alentours. Il raconte l’histoire de Laura, qui, veillant son père dans le coma, ose affronter leur passé in-cestueux. Sa parole se libère et elle en sor-tira réconciliée avec son passé. Bouleversant, le roman d’Amélie Sarn ouvre aussi de belles perspectives. C’est le récit d’un espoir.

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 culture 15

cinéma

que “les Laure Crandelain ont été de tout temps prévues pour épouser les Antoine Jombard, avoir beaucoup d’enfants et faire tourner la roue.” L’installation, au village, d’un écrivain hollan-dais va briser la roue. Ce roman se lit d’un trait et l’on s’attache rapidement à ces personnages contraires, liées par leurs diffé-rences.

Avec moncomité de

lecture, on s’est vite dit qu’on avait

trouvéune perle.

Joël Lévèque,son éditeur.

Les aventuriers de l’Aisne perduel'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 14 culture

Opérateur habilitéà mener desdiagnostics

préventifs et des fouilles lors

de projetsd’aménagement,

le pôle archéologie du Conseil général

explore notreterritoire à travers

les âges.

ici.” Expert en histoire des civili-sations, un archéologue doit aussi savoir son code du patrimoine sur le bout des doigts car sa discipline est très encadrée.

Tout opérateur, public ou privé, reçoit un agrément de l’Etat qui lui permet ou non de répondre à une prescription de fouilles selon la nature des découvertes faites lors d’un diagnostic préventif. Les services du département ont l’agrément pour ce qui relève de la protohistoire (âge de bronze et âge de fer) de l’Antiquité, du Moyen-Age et de l’époque moderne. “On espère toujours trouver quelque chose, poursuit Alexandre, mais le but n’est certainement pas de blo-quer les chantiers. La loi précise bien que l’Etat veille à concilier la recherche scientifique, la conser-vation du patrimoine et le dévelop-pement économique et social.”

www.aisne.comPlus d’infos sur

Parmi les fouilles les plus intéres-santes, notons celles la caserne Gouraud de Soissons. Outre de petites pièces parfaitement intac-tes (lampe à huile, statuette de Vénus) le site donne de nombreu-ses informations sur les pratiques funéraires à différentes périodes de l’Antiquité.

“On sait que la mortalité infantile était importante mais il est rare de découvrir des restes de très jeunes enfants, précise l’anthro-pologue Nadège Robin, désignant un minuscule sachet qui semble contenir les restes d’un oiseau. Ceux-ci étaient inhumés dans une société qui pratiquait d’ordinaire la crémation, cela atteste que leur statut était différent.”

Sur la zone du Griffon, une importante nécropole gauloise.

Recoller les morceaux,la spécialité d’Elise Pichet.

“Il y a une forte présence des archéologues dans l’Aisne, c’est historique. La région est dense en population, son développement consomme du territoire et com-me des diagnostics sont souvent prescrits, il y a beaucoup de dé-couvertes.” Responsable du pôle archéologie au sein du Conseil gé-néral de l’Aisne, Alexandre Aude-bert arpente la “zone du Griffon” à proximité de l’A26 où deux si-tes d’importance font l’objet de fouilles. Ici, les contours d’une grande ferme gallo-romaine, un peu plus loin c’est une nécropole antérieure à la conquête des Gau-les qui est passée au crible par une équipe de l’institut national de recherches archéologiques

préventive (Inrap). “L’Inrap est présent depuis long-temps sur le département, précise l’archéologue, no-tamment dans la vallée de l’Aisne. Nous sommes en principe concurrents sur les prescriptions de

fouilles comme sur l’attribution des diagnostics dont ils n’ont plus le monopole. Dans les faits nous travaillons en bonne intelligence et parfois en partenariat comme

Le but n’est certainement

pas de bloquer les chantiers.

Créapôle à Vervins, on attend le diagnostic des archéologues.

Il écrit depuis l’âge de dix ans :Claude Mouflard est un amoureux des mots.

Une lampeà huiledécouverte à Soissons.

Page 9: aisne176

PPDA pour dix printemps

Rien n’était joué quand, en l’an 2000, la Bibliothèque départe-mentale de prêt (BDP) lançait la première édition du “Printemps des Conteurs“. Le conte ? Une discipline mal identifiée, réservée aux plus petits ou aux veillées champêtres ; pensait-on. Gros-sière erreur car si le conte est bel et bien un art ancestral qui puise son inspiration dans une tradition populaire, la scène actuelle du conte est un véritable laboratoire de dramaturgie contemporaine en pleine effer-vescence. En dix éditions, un pu-blic axonais tou-jours plus fourni a découvert une pléiade d’artis-tes protéiformes, raconteurs, déclameurs et acteurs en tous genres, généralement sans lourds moyens techniques et pouvant aller à la rencontre du public directement chez lui, dans sa commune.

Du 5 mars au 2 avril, ceux qui ont

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 16 culture

Pour son dixièmeanniversaire, le

Printemps des Conteursfait son Best Of !

A revoir ou à découvrir,les spectacles qui ont

marqué les esprits ainsi que deux nouveautés

dont les coups de cœurpoétiques et musicaux

de Patrick Poivre d’Arvor.

Un final poétique et musical avec Jean-Philippe Collardet Patrick Poivre d’Arvor à la MAL de Laon.

marqué ces dix années d’aventure sur les routes de l’Aisne viennent refaire un tour de piste : Daniel Lhomond, Rachid Bouali, Alberto Garcia Sanchez sur un texte de

Dario Fo, Elodie Retière et Cédric Cartier, Pepito Mat-teo pour Une nuit aux urgences, Phi-lipe Sizaire, Michel Boutet, Alain Le Goff et Achille Gri-maud, sans oublier une rencontre avec

Michel Abecassis autour des jeux de langage de l’Oulipo.

Inédit et présenté en ouverture à l’Arsenal de Soissons, le Cirque des Mirages propose un cabaret-théâtre expressionniste et fantas-magorique. L’étrange duo Parker

et Yanowski y développe une ex-périence totale, musicale, visuelle, à la fois violente et poétique.

Pour conclure en beauté, en par-tenariat avec l’ADAMA et la Ville de Laon, le pianiste Jean-Phillipe Collard et Patrick Poivre d’Arvor seront sur la scène de la Maison des Arts et Loisirs pour présenter “Chopin, l’âme déchirée” où val-ses, nocturnes et préludes, dialo-guent avec les poèmes d’amour que l’écrivain et journaliste a choi-sis parmi ses auteurs de chevet.

www.aisne.comLe programme détaillé sur

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010

dossier 17

L’Aisnesolidaire

18/19 Les restos à cœur ouvert20/21 > Jalmalv à l'écoute des mourants> CIMADE : solidarité avec les migrants.

La scène actuelledu conte est un

véritable laboratoirede dramaturgiecontemporaine.

contact : Bibliothèquedépartementale de l’Aisne03 23 75 55 70

Le château de Villers-Cotterêts en Valois, édité par la Société histori-que régionale de Vil-lers-Cotterêts (18 €, auprès de la société, 24 rue Desmoustiers 02600 Villers-Cotterêts). Cet ouvrage, qui a demandé deux ans de travail aux érudits de la Société historique, comble un vide et permet de mieux faire connaissance avec un édifice exception-nel mais finalement peu connu. Depuis 1214, il appartient à la couronne de France, puis à l’Etat. L’actuel édifice Renais-sance est “habité” par François 1er, qui hérite d’un “vieil bastiment” qu’il décide de trans-former et d’agrandir. Napoléon en fait une “maison de mendicité”. Aujourd’hui Maison de retraite, le château a ainsi été “oublié” der-rière ses murs. Toute son histoire est à lire dans cet ouvrage pas-sionnant.

à lire

Le Laonnois pittoresque de Charles Westercamp, éditions Le livre d’his-toire (56 €, tirage limité et numéroté) est une réédition de la célèbre monographie publiée en 1930. Véritable ouvrage d’érudit, abondamment illustré, Le Laonnois pit-toresque fait référence aujourd’hui encore. Un livre pour bibliophile exigeant.

Ils reviennent ! Rachid Bouali, Elodie Retière et Philippe Sizanie.

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l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010

18 dossier

sants pour faire face aux charges, l’électricité, le loyer… “Ici c’est la campagne, souligne Josiane, la plus ancienne, les gens doivent aller loin pour travailler, souvent pour des petits contrats. Les jeu-nes ne trouvent pas de formation adaptée sans parler des licencie-ments qui se multiplient en ce moment.” Fiches en main, une bénévole fait le compte. Il est 15h et 176 repas ont déjà été distribués. Accueillie individuelle-ment, chaque famille repart avec le nécessaire pour une semaine,

soit six repas équi-librés pour chaque membre. “Les re-pas, c’est une cho-se, mais en milieu rural le contact est très important, re-connaît Danièle. Les gens nous connaissent et

nous font confiance. Certains arrivent ici vraiment au bout du rouleau, ils ont tellement besoin d’écoute.”

Au siège de l’association dépar-tementale, à Laon, c’est une véri-table plateforme logistique qui se met en marche quand approche le début de la campagne d’hiver. “Sans être une entreprise, nous

A cœur ouvert Laon

Le Nouvionen Thiérache

Au Nouvion en Thiérache, la 25e campagne des Restos commence avec 25% d’inscrits en plus.

devons assurer une gestion simi-laire, assure Jean-Paul Lefèvre, le président. Conformité des mé-thodes et traçabilité des produits, nous sommes contrôlés comme une société privée.” Avec des frais de fonctionnement ramenés à 8,3% des ressources, les Res-tos passent pour exemplaires en matière de gestion comme le sou-ligne le dernier rapport de la Cour des comptes. Si 875 644 repas ont été distribués dans l’Aisne l’an dernier, la partie “alimen-taire” ne représente que 60% de l’action des Restos, les 40% res-tants relevant de l’aide à la per-sonne à travers des actions de lutte contre l’illettrisme, des ate-liers cuisine, l’aide au logement. “Un large volet est d’ordre admi-nistratif, pour orienter les gens et les aider à se reprendre en main, appuie Jean-Paul Lefèvre. Notre aide est “inconditionnelle”, nous devons recevoir ceux qui vien-nent vers nous, quelle que soit leur situation, c’est dans notre charte.”

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010

dossier 19

578 bénévoles motivés à bloc, 24 centresde distribution sur le pied de guerre pour une 25e

campagne sous le signe de la crise. Dans l’Aisne comme au niveau national, les Restos du Cœur

s’appuient sur une organisation solideet un fort capital confiance.

Au siège laonnois, c’est une véritable plateforme logistiquequi se met en marche.

Nous devonsrecevoir ceux qui

viennent vers nous, quelle que soitleur situation.

contact : 03 23 24 73 95www.restosducoeur.org

“Il y a eu de rares périodes de reprises d’activités où le nombre de demandeurs diminuait, mais cet hiver nous démarrons avec 25% de bénéficiaires en plus et des familles viennent encore s’inscrire.” 12 ans de bénévo-lat aux Restos du Cœur et une motivation intacte en ce jour de lancement de la 25e campagne, Danièle Baillet est responsable du centre du Nouvion-en-Thié-rache. Les signes d’une préca-rité croissante se confirment : de plus en plus d’inscrits travaillent, mais n’ont pas les revenus suffi-

Jean-Paul Lefèvre,président départementaldes restos :“nous avons distribué875 644 repas l’an dernier” .

vêtements pour rentrer l’alimen-taire et inversement, il faudrait un peu plus de place… Le co-mité de Chauny est encore plus embarrassé, pour l’heure ils n’ont pas de local du tout.” La deman-de est pourtant de plus en plus forte comme en témoignent les chiffres de 2009 sur l’ensemble du département dès le premier trimestre : 4 916 bénéficiaires de l’aide alimentaire et 953 per-sonnes fréquentent le vestiaire, les statistiques faisant apparaî-tre toujours plus de “travailleurs pauvres“.

La très grande majorité des den-rées et produits divers provien-nent de donateurs, particuliers, entreprises industrielles et de la grande distribution. Dans un coin, une bibliothèque propose quelques livres et en cette pé-riode, les jouets et les décora-tions de Noël sont recherchés. Le Secours Populaire Français a d’ailleurs son propre Père Noël, le Père Noël Vert qui vient en aide à son collègue en rouge pour qu’il y ait moins d’enfants oubliés. Ils étaient 661 l’an dernier. “C’est l’une des cinq campagnes que nous menons chaque année, précise Francine Milly, présidente de la fédération départementale

“Tout ce qui esthumain est nôtre"

Laon

qui coordonne les six comités de l’Aisne et l’antenne de Beautor, pour un total de 138 bénévoles. La campagne Don’Action nous permet de collecter des fonds. La vente de carnets nous a rapporté plus de 3 000 E en 2009. La campagne “pauvreté-précarité“ concerne l’aide alimentaire et l’aide vestimentaire, sans oublier l’aide aux vacances et la campa-gne “Solidarité Monde”.”

Dirigée l’an dernier vers les en-fants du Liban, cette action in-ternationale s’engage aujourd’hui pour trois ans dans une coopéra-tion entre la Picardie et la Région Pays de la Loire pour une aide d’urgence en Haïti suite aux der-niers cyclones. Action phare du SPF, la journée des oubliés des vacances (J.O.V) a permis l’an dernier à 343 enfants et accom-pagnateurs de l’Aisne de passer une inoubliable journée à la Mer de Sable d’Ermenonville.

Fidèle à sa devise, le Secours Populaire

Français intervient sur tous les fronts en direction des popula-

tions les plus démunis. Vendus à un prix symbolique, les vêtements passent à la peséepour la tenue des statistiques.

contact : 03 23 21 63 76www.secourspopulaire.fr

“Je suis contente, j’ai trouvé trois pulls pour mon fils, ça va bien m’aider pour l’hiver.“ Mère de trois enfants, Joëlle quitte le “vestiaire” du Secours Populaire le sourire aux lèvres et un sac bien rempli à la main. Tous les jeudis, devant ce local au pied d’un HLM du quartier Champagne à Laon, ils sont quelques dizaines à venir ainsi garnir leur propre vestiaire de vêtements, certes déjà portés, mais en bon état et correctement présentés. 1,50 E pour un pan-talon, 3 E le manteau, les prix sont plus symboliques qu’autre chose. “Ici, tout le monde peut venir s’inscrire sans autre forma-lité, informe Marie-France, béné-vole de longue date. Pour l’aide alimentaire, il faut en revanche produire certains documents et déclarer les revenus du foyer. Le principal souci c’est que notre lo-cal sert pour les deux activités, il faut à chaque fois vider tous les

Francine Milly est présidentede la Fédération départementaledu Secours Populaire Français.

“Livres, jouetset décorations de Noël

sont recherchés.”

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l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010

20 dossier

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010

dossier 21

contact :Aisne Jalmalv03 23 67 63 30

CIMADE : une solidarité active pour les migrantsTout est dit dans l’article premier de ses statuts : “la Cimade a pour but de manifester une solidarité active avec ceux quisouffrent, qui sontopprimés et exploités et d’assurer leur défense, quelles que soient leur nationalité, leur position politique ou religieuse.”

En France, la Cimadeintervient notamment dans les centres derétention, là où sontretenus les étrangersen situation irrégulière.

A Soissons, autour de Françoise Mamdy, un groupe agit pour faire respecter leurs droits.

Les étrangers sans papier ont tous des histoires douloureuses.

contact : CIMADE de Soissons06 77 97 72 04

Françoise Mamdy milite depuis des années. Il y a trente ans, elle accueillait une famille de “boat people” fuyant la terreur du régi-me vietnamien. Faute d’être nés dans un pays libre ou suffisam-ment riche pour les nourrir - voire les deux - de nombreux êtres hu-mains sont contraints de quitter leur terre natale. Ils arrivent en France, sans papier. A la premiè-re occasion, ils sont interpellés et placés dans un centre ou un local de rétention administrative. Il existe un local à Soissons, au commissariat. Françoise en par-le avec une émotion contenue. “C’est toujours humainement dif-ficile de se retrouver dans ce lieu de privation de liberté, face à une personne qui n’a commis aucun crime, qui n’a rien fait, et dont le seul tort est de ne pas avoir de papier.” Il y a trois ans pourtant, elle n’en soupçonnait qu’à peine l’existence.

Présidente départementale du Comité catholique contre faim et pour le développement (CCFD) pendant onze ans, c’est une ren-contre avec Thierry Flesch, coor-dinateur de la Cimade au niveau régional, qui va la décider à en-trer au service des étrangers. Elle

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L’ensemble des contacts,le calendrier

des manifestations sur

Soissons

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Le rapport de la CIMADEsur les centres et locaux de

rétention administrative sur

En attente d’habilitationEn février 2008, la Cimade a envoyé une demande d’habilitation en pré-fecture, avec la liste détaillée des bénévoles soissonnais. Mais l’Etat n’a toujours pas validé cette de-mande. “On nous répond toujours que c’est en cours…” regrette Fran-çoise Mamdy. “Pourtant, nous ne sommes pas des gens prêts à mettre le bazar, explique cette ancienne professeur de mathématiques, nous

voulons juste expliquer leurs droits aux étrangers.”

En attendant, Françoise n’intervient que lorsqu’elle a connaissance qu’un étranger est retenu dans le local du commissariat de Soissons. Mais ce ne sont jamais les autorités qui la préviennent. “Nous n’avons été alertés que 6 fois en 2008, alors que 67 personnes y sont passées” déplore-t-elle.

a tôt fait de rassembler autour d’elle un groupe de bénévoles, à Soissons. Leur travail : intervenir auprès des migrants placés en rétention administrative, pour qu’ils connaissent leurs droits. Ce “placement” - en fait, un en-cellulement - dure 48 heures : c’est le délai légal pour déposer un recours. Mais ça, la plupart des sans-papier l’ignorent et même lorsqu’ils sont informés, ils savent rarement comment exercer leurs droits. Françoise se souvient de son premier cas, en janvier 2008. “La Cimade me prévient qu’un homme est au lo-cal, à Soissons. Je vais au commissariat, je me présente, et on me laisse entrer. Lorsque comme moi, on n’est pas ha-bituée à cette atmos-phère, c’est prenant.” Elle raconte la porte, fermée par une lourde barre de fer ; les bar-reaux. “Cet homme m’a raconté son histoire. C’est toujours poi-gnant.” Françoise constate que le téléphone ne fonctionne pas dans le local. Or, c’est obligatoi-re. Le sans papier est libéré et, au bout du compte, obtiendra un titre de séjour. Sans Françoise, il aurait probablement été expulsé. “Nous servons à faire respecter leurs droits. Nous sommes tou-jours dans la légalité. Mais nous avons aussi un rôle d’écoute. Ces gens sont seuls, enfermés, notre présence humaine leur apporte un peu de réconfort.”

A chaque intervention, Françoi-se en ressort bouleversée. “On rencontre des êtres humains,

des hommes, des femmes et des enfants, pas des dossiers. A chaque fois, je reçois une le-

çon d’humanité. L’humanité pas-se par l’autre.” La militante sois-sonnaise va plus loin. Elle accom-pagne jusqu’au

bout ces migrants, qu’elle ap-pelle pour certains ses “enfants de cœur”. Dans sa bouche, les prénoms et les histoires défilent : Daniel, débouté du droit d’asile, qu’elle soutient jusqu’à ce qu’il obtienne enfin un titre de séjour ; Maryam, la Nigérianne, avec ses deux enfants ; ou Espoir, le jeune Congolais, qu’elle emmène dans les collèges, pour qu’il rapporte son témoignage.

“La vie, pour ces étrangers, est extrêmement difficile. Ils sont dé-pourvus de tout, se font exploiter. Nous en avons rencontré, dans l’Aisne, qui travaillaient pour une société de nettoyage, la nuit, mais dont toutes les heures n’étaient pas payées. Bien sûr, ils ne peu-vent pas revendiquer.” Dans le

monde glacé des sans-papiers, Françoise et ses bénévoles ap-portent une authentique chaleur humaine. De celle qui fait fondre les barreaux.L’humanité

passepar l’autre.

C’est toujours humainement difficile de se retrouver dans ce lieu de privation de liberté, face à une

personne qui n’a commis aucun crime, qui n’a rien fait, et dont le seul tort est de ne pas avoir de papier.

“ “

Monique et Christine, deux bénévoles actives.

Un engagement lourd : les béné-voles qui veulent devenir accom-pagnants suivent une formation, s’entretiennent avec un psycho-logue, signent une charte par laquelle ils s’engagent à donner du temps. “En moyenne, à Laon, c’est une après-midi par se-maine” explique Christine Saint-Jean, la responsable de l’antenne laonnoise. Une fois par mois, les bénévoles se retrouvent pour un groupe de paroles, avec une psy-chologue, pour évacuer tout ce qu’ils ont vécu. “Mais attention, on rit souvent ! Ce n’est pas triste. Les gens savent qu’ils vont mou-rir, pour la plupart, mais ils nous apportent beaucoup, nous avons une relation vraie, sans artifices” reprend Monique Dumas.

L’association cherche aussi des bénévoles pour faire fonctionner la bibliothèque, s’engager dans la communication, préparer les nombreuses actions (conféren-ces, expositions…).

Jalmalv-Aisneà l'écoute des mourants

Faire évoluerles mentalités

vis-à-visde la mort .

Accompagner les mourants et leurs familles : c’est la mission de l’association Jalmalv (Jusqu’à la mort, accompagner la vie), qui compte près de 600 adhérents dans l’Aisne. Monique Dumas lance l’antenne départementale à Saint-Quentin, il y a quinze ans. Puis, elle essaime et Jalmalv est

aujourd’hui présente à Hirson, Laon, Soissons, Château-Thierry et Saint-Quentin. “L’association départementale aide les antennes locales pour la recherche des sub-ventions et la formation des bénévoles”, explique

Monique. Les bénévoles : l’as-sociation en recherche toujours, tant la demande est forte. “Nous avons deux objectifs : faire évo-luer les mentalités vis-à-vis de la mort, mais aussi accompagner les mourants, leurs familles, et les équipes soignantes.”

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Bénédicte Pernet,archet international

Professeur de violon au con-servatoire de musique de Laon depuis 1992, Bénédicte Pernet brille également sur les scènes du monde entier. New-York, Moscou, les grandes capitales européennes… la musique ba-roque a changé le cours de son existence. “Au début des années 2000, j’ai vraiment dé-couvert Jean-Sébastien Bach, au cours d’un séjour en Suisse avec un passionné. En 2004, je me suis réinscrite, comme élève, au conservatoire de Reims, en classe de violon baroque” expli-que la musicienne. Elle doit tout réapprendre : “l’instrument est un peu différent. Le violon baro-que n’a pas de mentonnière, par

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 22 ils font bouger l'Aisne

Elle prête son talent à d’autres ensembles ; très demandée, elle a des engagements jusqu’en dé-cembre 2010 !

Pour continuer à assurer ses cours laonnois, elle s’est mise en temps partiel. “Mais je ne veux pas abandonner l’enseignement,

j’adore ça. Je ne souhaite pas une vie de concertiste à 100 %. J’aime l’équilibre entre les deux.” Au conservatoire, Bénédicte a ouvert une classe de musique ancienne qui connaît un joli suc-cès, avec une trentaine d’élèves cette année.

Laon

Nicolas Gautier, un espoir aux fourneaux

Concertiste internationale, Bénédicte Pernet n’a pas lâchél’enseignement, dont elle ne pourrait se passer.

A 29 ans, Nicolas Gautier vient de recevoir la distinction de meilleur jeune chef de Picardie, décernée par le guide Gault-Millau. La reconnaissance pour ce fils de cuisinier tombé dans la marmite quand il était petit. “Mon

père et ma mère étaient dans le métier ; mon père a été formé à la prestigieuse école hôtelière de Lausanne, mais lorsque j’ai vou-lu suivre ses traces, il m’a plu-tôt conseillé l’apprentissage.” Et voilà Nicolas apprenti dans une belle maison axonaise, le Châ-teau de Fère. Il décroche son CAP de cuisine, part travailler un an à Paris au Bristol, étoilé Michelin à l’époque, avant de revenir dans l’Aisne, à Soissons, pour passer un BEP en salle, toujours par la voie de l’appren-tissage. “Ensuite, avec ma fem-me, qui est fleuriste, nous som-mes partis travailler en Suisse, à Genève.”

En 2000, Nicolas décide de re-venir travailler avec son père, dans le restaurant familial, à Ognes. “J’ai été son second jus-qu’en 2005. Il a pris sa retraite et je lui ai succédé en cuisine, ma mère a continué la salle

exemple, ça change totalement la façon de jouer.”

Elle complète sa formation au Conservatoire royal de Bruxelles, sous la houlette de Mira Glode-nau, pendant deux ans. “Grâce à Mira, j’ai eu des contacts avec différents ensembles de musi-que baroque, dont le Collegium vocale ensemble de Gand, sous la direction de Philippe Herrewe-ghe, qui est un mythe pour moi ! Je viens d’une famille de musi-ciens, et il y avait ses disques à la maison. Jouer sous sa direction est un rêve.” La violoniste axo-naise se produit désormais ré-gulièrement sous la baguette du maître, mais pas seulement.

Ognes

Nicolas Gautier a été élu meilleur jeune chef de Picardie par Gault-Millau.

jusqu’en 2007, où j’ai racheté le restaurant.” Un changement de nom - L’ardoise -, un nou-veau décor, et voilà Nicolas aux commandes. Dans l’assiette, il conserve des plats paternels, is-sus de la grande cuisine classi-que française - tête de veau, san-glier… - mais apporte sa touche de jeune chef, une touche plus inventive, plus moderne. La carte change tous les quinze jours, au gré des saisons. “Je prends des idées partout” dit-il. Un soir, il est invité chez des amis qui lui ser-vent un cocktail rhum, ananas, lait de coco. Dès le lendemain, il associe ces saveurs à des co-quilles Saint-Jacques. Cette in-ventivité a plu au Gaut-Millau. Ambitieux, Nicolas compte bien décrocher une toque dans le guide et conforter la réputation de son restaurant.

On ne naît pas photographe, on le devient. Le long chemine-ment qui a mené Elise Hardy à la photo ressemble à un ro-man initiatique américain. Née à Château-Thierry, elle prend la vie de plein fouet comme “bonne à tout faire” dans un restau routier posé au bord de la Nationale, à Viels-Maisons. Mais Elise n’a pas vocation à devenir Cosette. Elle rêve de Paris et y débarque un matin, avec son petit baluchon. On est en 1979, elle a dix-sept ans, l’âge où, comme disait Rimbaud, “on n’est pas sérieux”. En cinq jours, elle trouve un job qui lui permet d’économi-ser pour son grand projet : un voyage. Avec son co-pain de l’époque, pendant sept mois, le pouce tendu au bord des nationales, ils traver-sent la France, l’Espagne, partent pour le Maghreb, la Grèce, pren-nent l’avion pour la Thaïlande, Singapour, le Pakistan, l’Inde… A l’époque, l’œil d’Elise se gave de formes de visages, de couleurs, de paysages.

Retour à Mont-de-Bonneil, avec son petit ami. L’appel de Paris est plus fort : elle s’y installe, enchaîne les petits boulots et part au Népal, seule. Elle n’a que vingt ans. Elle s’est achetée un appareil photo, sans penser un instant en faire un métier. Les images sont dans sa tête. “Un lever de soleil à 5 heures du matin, face à la

chaîne de l’Himalaya… C’est…” Près de trente ans plus tard, elle n’a pas de mot, mais un geste qui en vaut mille. “En rentrant du Népal, j’avais envie d’exprimer ce que j’avais en moi, mais je ne savais pas comment. J’aimais le dessin, je suis donc allée prendre des cours aux Beaux Arts, tout en décrochant des jobs ici et là.”

Elle reçoit un couple d’amis, ses voisins. Lui, est photographe. Il remarque une photo au mur. Un tirage qui représente une enfant,

au Népal. Il apprend qu’Elise en est l’auteur. “Tu devrais faire de la photo.” Mais Elise dessine, sculpte, et elle n’écoute pas. Un

L’œil d’EliseChâteau-Thierry

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 ils font bouger l'Aisne 23

Elise Hardy, la gamine de Château-Thierryest aujourd’hui une

photographe reconnue.

an plus tard, ce voisin l’emmène enfin dans la chambre noire. “En voyant monter les images dans le bac, j’ai eu une révélation.” La se-maine suivante, Elise place sous l’agrandisseur son seul négatif noir et blanc, une photo de sa grand-mère adorée et disparue. “J’ai vu ma grand-mère revenir. C’était très fort. La photo, ça re-tient le temps.”

A partir de là, elle ne lâche plus son appareil. Elle vagabonde le soir dans les rues de Paris. Dévo-re tout ce qu’elle peut sur la pho-to, découvre les maîtres, perfec-tionne sa technique. Et décroche un poste d’aide documentaliste à l’agence Rapho, le 5 décembre 1992. Plus tard, elle parvient à

Sa vie bascule

à 29 ans. “

placer ses premières photos. Les années passent, son talent s’af-firme. Paris, noir et blanc, elle ne peut renier une filiation avec les grands messieurs de la photo humaniste, Doisneau, Boubat, Ronis, qu’elle a côtoyé du côté de la rue d’Alger à Paris, tem-ple de la “vieille” agence Rapho. Edouard Boubat, “correspondant de paix”, comme l’appelait Jac-ques Prévert, “a été comme un père. Il voulait m’emmener faire des photos avec lui, mais mal-heureusement, il est mort peu de temps après.” Ceci dit, Elise ne “fait” pas du Doisneau. “La

photo humaniste, c’est ter-miné. Il y a des gens, dans mes photos, bien entendu, mais l’époque a changé.” Elle soigne son cadre - elle répugne aux retouches et ne recadre jamais ses ima-ges - et attend le fameux “instant décisif.” “Ce que j’adore, c’est le moment où l’on déclenche. Où l’on se dit, là, j’ai quelque chose.”

Elle expose parce qu’il le faut. Dans des galeries à Paris. Et, depuis quatre ans, à Château-Thierry. En renouant avec sa ville, la photographe a fait la connaissance de René Pla-teaux, le président du pho-to-club local. Il lui a ouvert des portes, notamment

celle de l’entreprise Couesnon, fabriquant d’instruments à vent et percussion. Elise y a effectué un reportage, et avec René pré-pare un livre. Ils travaillent égale-ment sur un projet de livre sur la ville de Château-Thierry.

Mark Grosset, ex-directeur de Ra-pho, aujourd’hui disparu, lui a dit un jour, “Elise, surtout, ne lâche jamais la photo”. Il est exaucé.

Paris plage, vu par Elise Hardy. © Elise Hardy/Rapho Eyedea

contact : http://elise.hardy.free.fr

Elise Hardy, native de Château-Thierry, est photographe pour la prestigieuse

agence Rapho, celle de Robert Doisneau, Willy Ronis, Edouard Boubat et tant

d’autres mythes de la photo.Devenue parisienne, Elise a renoué

depuis quelques annéesavec ses racines axonaises.

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Un bureaudans le portable

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 24 l'Aisne, un temps d'avance

vend à des prix prohibitifs sous prétexte que vous êtes un profes-sionnel libéral…”

A force d’en discuter avec Pierre, l’idée germe : il doit, forcément, être possible de trouver des solu-tions pour amélio-rer le quotidien des avocats, mais aussi des médecins, no-tamment les spé-cialistes, des huis-siers, des experts, des agents immobi-liers… bref, de tous les professionnels qui dictent et doivent transmettre, par-fois à distance, leur dictée. “C’est notre premier produit pratique : le Dic-tosyl, un dictaphone numérique sur votre téléphone portable qui permet de transmettre votre dictée à votre secrétaire ou à un service que nous proposons, Mémosyl”, explique Pierre, l’ingénieur, qui a conçu le logiciel, à télécharger sur le téléphone du client. Seule contrainte : le client doit posséder un téléphone “androïd”, le sys-tème d’exploitation lancé par Goo-gle, qui a déjà une dizaine de mil-lions d’adeptes aux Etats-Unis et dont la diffusion en France est en plein boum. “L’avantage de l’An-droïd, c’est son prix abordable” précise Pierre. Le prix est une ob-session chez Sylphéo. “Notre mo-dèle économique, c’est de vendre beaucoup de produits à prix ré-

duit. Dictosyl, c’est 10 € par mois. A ce tarif-là, nous gagnons notre vie, et le client ne se ruine pas” indique Eric. Les premiers clients sont à Lille, Paris, Dijon, Bruxel-

les… “Nous avons d’abord démarché le monde francophone, Belgique, Suisse, Québec, et nous allons attaquer les pays Anglo-Saxons” s’enthousiasme l’ex-avocat.

La jeune société a d’autres produits en tête, notamment le Sylpad, plus par-ticulièrement des-tiné aux avocats. “La profession doit, de

plus en plus, dématérialiser ses dossiers. Le Sylpad permettra, à partir de l’appareil photo du télé-phone portable, de numériser les documents et de les transmettre en toute sécurité, car nous inté-grons le tampon du cabinet.” Le but à terme : “proposer toute les fonctionnalités d’un bureau dans son téléphone portable.”

Saint-Quentin

Eric Desrousseaux et Pierre Lecointre, dans leur bureau à Saint-Quentin.

Premier étage du bâtiment Créa-tis, à Saint-Quentin ; un coin ca-napé - table basse convivial ; un vélo électrique au bas de l’escalier. Ambiance start-up branchée chez Sylphéo, la société lancée en avril dernier par Eric Desrousseaux et Pierre Lecointre. Le premier est un ancien avocat ; le second, son beau-frère, est ingénieur en informatique. Des pratiques pro-fessionnelles de l’un et des com-pétences de l’autre, va naître leur petite entreprise. “Pendant toute ma carrière d’avocat, à Lille puis à Saint-Omer, j’ai été confronté, comme tous mes confrères, à des problèmes pratiques agaçants. Vous êtes en audience à l’autre bout de la France, mais vous de-vez dicter des conclusions dans un dossier à Lille. Vous appelez le bureau, la secrétaire se coince le téléphone sous le coude et vous y passez une heure… Et quand des solutions existent, on vous les

Dans la ville de La Fontaine, un magistrat, Paul Magnaud, a fait mentir la morale des Animaux malades de la peste, “Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous ren-dront blanc ou noir”.

Louise Ménard a 22 ans. Elle ha-bite Charly-sur-Marne avec son fils, Auguste, âgé de deux ans. Le père ? Il n’y en a pas. Louise est une fille-mère, comme on disait autrefois avec mépris. Blanchis-seuse, elle est sans travail et sans le sou. Elle ne subsiste que par l’aide du bureau de bienfaisance de Charly. Tenaillée par la faim, voyant son petit Auguste le ventre vide, elle n’y tient plus et va chez son cousin, Pierre, qui est boulan-ger. Elle lui dérobe un pain de six livres. Deux heures plus tard, les gendarmes frappent à sa porte. Pierre a porté plainte. Ce 4 mars 1898, elle comparaît, modeste et pleine de crainte, sans l’assistance d’un avocat, au tribunal, présidé par Paul Magnaud. Sans le savoir, la petite blanchisseuse et l’homme de loi vont entrer dans l’Histoire. Le magistrat rend un jugement de clémence. Il relaxe la jeune femme et les attendus du jugement dénon-cent une société qui ne permet pas à tous de manger à sa faim. Louise Ménard est donc, pour lui, inno-cente, ceci non pas en vertu de la morale, mais en application du

droit, et précisément de l’article 64 du code pénal, qui invoque “l’état de nécessité”.

Dix jours plus tard, Georges Clémenceau, à la une du journal l’Aurore, raconte l’his- toire, sous le titre “Un bon juge” et s’enflam-me : “Il serait d’une charité mieux enten-due d’employer quel-que partie du superflu de ceux qui ont trop au soulagement de ceux qui n’ont pas assez”. La presse nationale s’empare de l’affaire et le président Magnaud gagne définitivement son surnom de bon juge et une notoriété internationale. On écrit des chansons à sa gloire, on publie des cartes postales... Une souscription nationale est lancée pour Louise Ménard, qui est même embauchée au journal féministe La Fronde. Le juge, lui, continue à délivrer des jugements

hors normes. Après Louise Ménard, il acquitte Lucien, un jeune men-diant de 17 ans (la mendicité était alors interdite) ; puis Eulalie, qui

a jeté des pierres sur son ancien amant, fils de bon famille, qui l’a délaissée. Le président Magnaud

4 mars 1898 : le "bon juge"de Château-Thierry et la voleuse de pain

Ce jour-là, Paul Magnaud, président du tribunal de Château-Thierry, voits’avancer à la barre une jeune femme, Louise Ménard. Elle a volé un pain pour

nourrir son fils, qui avait le ventre creux depuis trente-six heures. En s’appuyant sur le code pénal, le magistrat castel relaxe la prévenue. “Il est regrettable que,

dans une société bien organisée (…) une mère de famille, puisse manquer de pain autrement que par sa faute” écrit-il dans son jugement, qui provoque un

débat passionné et nous interroge, aujourd’hui encore, sur la justice.

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 histoire 25

A l’époque, le populaire juge Magnauda eu droit à des cartes postales.

se range du côté des faibles, des sans grades, des ouvriers licen-ciés, mais aussi des femmes, in-fluencé par son épouse, Thérèse, filleule de George Sand. Plus tard, devenu député, il sera de ceux qui demanderont l’abolition de la peine de mort, en 1908.

Que les coupa- bles soient punis

et les malheureuxsecourus.

Fondée à Saint-Quentin par un ancien avocat et un ingénieur en informatique, la sociétéSylphéo invente des applications nomades

pour téléphone portable à prix cassé.Sa cible principale : les professionnels libéraux ;

son marché : le monde entier.

contact : Sylphéoespace Créatis,avenue Archimède02100 Saint-Quentinwww.sylpheo.com

4 410 € L’aide du Conseil général à cette jeune entreprise innovante, à travers le FIDAC (Fonds d’inter-vention départemental d’aide à la création et à la reprise d’entreprise). Cette subvention va permettre à Sylphéo de financer une partie d’une étude de développement commercial.

le chiffre

Eric Desrousseaux, co-fondateur de Sylphéo“Nous nous sommes installés dans l’Aisne parce que les conditions étaient bien plus favorables qu’à Lille, où j’exer-çais avant. Dans la Métropole, nous n’aurions jamais trouvé aussi rapidement un local de cette qualité dans une pépinière d’entreprises comme Créatis. Là, ça a mis un mois seulement ! Ensuite, nous avons rencontré ici des interlocuteurs ouverts, intégrés dans des réseaux relationnels qui nous ont permis d’accéder aux subventions du Conseil général, du Conseil régional. Dans mon job d’avocat, j’ai accompagné beaucoup d’entreprises, c’est donc un domaine que je connais bien : ici, honnêtement, on a tout pour se lancer.”

Le Dictosyl,un dictaphone numérique sur votre téléphone portable qui permet detransmettrevotre dictée à votre secrétaire.

www.aisne.com

> Le jugement completdu président Magnaud

> L’article de Tony Legendre,paru dans Graines d’Histoire

L’avis del’avocat général Philippe Bilger“Même contestable, l’ar-gumentation du “bon juge” est d’une moder-nité étonnante. Il dit avec humanisme que le magistrat doit avoir, aussi, une vision politi-que. Notre travail, à mon sens, est de concilier le pluriel social au singu-lier judiciaire, le tout sans étiquette idéolo-gique. Car il peut exis-ter un extrémisme de la pitié, comme il existe un extrémisme de la ri-gueur. Nous devons être à la fois dans l’humanité et dans la rigueur. Pour reprendre le titre d’un livre récent, le magistrat doit avoir un “cœur in-telligent”, ou une intel-ligence sensible, si l’on préfère.Ce jugement est contes-table, d’un autre côté, parce que l’on peut tou-jours s’interroger : en dé-pit de l’état de nécessité, la liberté de l’accusée est-elle abolie ? Il fau-drait être, aujourd’hui, face à une situation de détresse absolue pour, sinon relaxer la préve-nue, du moins lui ac-corder une dispense de peine, par exemple.”

éclairage

Philippe Bilger est un haut magistrat français, avocat général à la cour d’assi-ses de Paris. Sa famille possédait une maison de vacances à Rozières-sur-Crise, où il s’est rendu de nombreuses années.

Château-Thierry

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l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 territoire de l'Aisne 27

Bonneil, sous l’œil de René Plateaux, président du photo-club de Château-Thierry.Présentation du photo-club sur

comme souvent dans les pays de rivières. Car la rivière est fédéra-trice. Elle crée une continuité de paysages et cette unité fonde le creuset de l’esprit local. “La Mar-ne draine, nous apporte des gens nouveaux, des idées nouvelles : elle nous fait voyager. On part, on revient… J’ai habité à Bruxelles, au Mexique, mais toujours, je re-

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 26 territoire de l'Aisne

Promenade aux bords de Marne

Vallée de la Marne

Pays desfables et duChampagne,

aussi proche de Paris que de Laon,

la vallée de la Marne présente, pour reprendre

les mots dumédecin poète de Château-Thierry

Claude Galien,“un abrégé

des merveillesdu Monde”.

“Certains parlent de nous com-me de la Riviera de l’Aisne… c’est un peu exagéré ! C’est vrai qu’il y a des viticulteurs fortunés, mais tout le monde n’est pas million-naire, loin de là.” Le journaliste Daniel Lambert, fondateur du magazine Autant en emporte la Marne, est intarissable sur “son” pays. Un pays “planté comme

une aiguille” entre les départe-ments de la Marne et de la Seine-et-Marne. Géographiquement, l’Aisne méridionale est comme une sorte de péninsule. “Quand je monte sur Soissons ou Laon, dès que je passe Oulchy-le-Château, ce n’est plus le même monde” tranche par ailleurs Noël Coret, critique d’art et président

du prestigieux Salon d’automne, à Paris, mais Castel pur jus (lire page suivante).

“Ici, l’esprit est champenois, in-contestablement, reprend Daniel Lambert. Le rattachement à la Picardie n’est qu’une pure vue administrative.” On est avant tout un habitant de la vallée, et plutôt

fier de l’être. “Une sous-préfète, un jour, a commis en lapsus en parlant de la Principauté de Châ-teau-Thierry, c’est tout dire !” re-prend le journaliste.

Ceci dit, l’Axonais des bords de Marne est loin d’être replié sur lui-même. Il est au contraire chaleureux, ouvert aux autres,

viens ici, à mes racines” souligne Noël Coret.

Vers l’aval, Paris est si proche. Ils sont des milliers, chaque jour, à prendre le train pour la Capitale. “Les flux sont transversaux sur l’axe Paris/Reims” explique Da-niel Lambert. “La proximité avec Paris apporte une ouverture d’es-

prit, c’est évident.” De nombreux ex-Parisiens sont d’ailleurs ins-tallés dans les cantons autour de Château-Thierry, séduits par ce cadre de vie si proche de Paris. L’arrondissement est celui dont la population a le plus augmenté de toute la Picardie, dopé par cette proximité avec l’Ile-de-France.

Telle est la Marne dans sa traver-sée de l’Aisne : un pays où l’on cultive d’autant plus son terroir que l’on est habitué à ouvrir ses bras à l’étranger. Un pays ou, écrivait le poète Paul Claudel, “chaque coin est plein de rêves.”

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La maison natale de Jean de La Fontaine, né à Château-Thierry en 1621, vient d’être totalement rénovée. Au pied du vieux château, cette belle demeure Renaissance abrite un musée à la gloiredu “bonhomme Jean”, dont les fables restentd’une pertinence absolue.(www.la-fontaine-ch-thierry.net)

Cequ'ilfautvoir

La route du Champagne, boucle de 120 kilomètres, offre des points de vue re-marquable sur la vallée de la Marne et ses vignobles. Elle permet également de découvrir de nombreux villages de charme du sud de l’Aisne. (www.evasion-aisne.com, un mini guide audio du Comité départe-mental de tourisme vous emmène sur la route du Champagne)

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 territoire de l'Aisne 29l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 28 territoire de l'Aisne

Savez-vous ce que l’on sert comme Champagne à bord des premières classes de l’Eurostar ? Du Pannier, la marque premium de la COVAMA (Coopérative vitico-le de la vallée de la Marne). Pan-nier, dont les caves médiévales ont reçu plus de dix mille visiteurs l’an dernier, s’affirme comme le fer de lance de la pétillante qualité “made in Aisne”. La COVAMA regroupe la moitié des viticulteurs de la val-lée. Membre fondateur d’Alliance Champagne, la coopérative axo-naise est désormais un acteur im-portant du vignoble, avec un poids économique non négligeable : plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, 6 millions de bouteilles produites… Pannier, maison plus

que centenaire installée à Châ-teau-Thierry, est sa marque de prestige. “Nous nous positionnons comme Champagne de gastrono-mie” souligne Elisabeth Corgié, responsable des relations publi-ques. Distribuée par un réseau de cavistes sélectionnés et dans les grands restaurants, Pannier vise une clientèle d’amateurs éclairés, séduits justement par la confiden-tialité de la maison. Pour sa der-nière cuvée, elle s’est associée à la créatrice de mode Sonia Rykiel. La COVAMA a investi, autour des caves médiévales, dans un centre de conférences et de séminaires, qui a permis d’attirer dans l’Aisne de nombreux congressistes et journalistes. “Nous bénéficions de la proximité avec Roissy et Marne-la-Vallée” assure Elisabeth Corgié. Lors du lancement de son dernier modèle, un constructeur auto-mobile a ainsi reçu chez Pannier 450 journalistes venus du monde entier. Les retombées dépassent, largement, la maison de Cham-pagne.

L’Aisne qui pétille

Depuis les bordsde Marne, on ne voit qu’elles. Les vignes

grimpent le long des coteaux, peignées

soigneusement comme des cheveux de

premier communiant. Le sud de l’Aisne,

c’est aussi le paysdu Champagne.

[L’alcool est à consommer avec modération]

Et la lumière fut…

Deux révolutions vont amener les artistes à poser leurs cheva-lets du côté de Château-Thierry : l’invention du tube de couleur, qui leur permet de quitter l’atelier, et l’essor du chemin de fer. Noël Co-ret a consacré plusieurs ouvrages à ceux qu’il nomme joliment “les imagiers” de la vallée de la Marne. Son préféré ? “Léon Lhermitte, le troubadour de la vallée. Lhermitte, c’est la chanson des blés d’or, c’est lui qui est à la source de ma passion pour la peinture.”

Noël Coret, écrivain d’art, président du Salon d’automne à Paris, voue un véritable culte à ces peintres qui ont su magnifier “sa” vallée. Corot, le maître, grand marcheur, venait à pied depuis Paris jusqu’à

Essômes. “Corot a semé : il est à l’origine de l’intérêt de nombreux peintres pour notre territoire. Et surtout, quel talent... Si l’on prend sa vue de Château-Thierry, il y a une économie de moyens extraor-dinaire pour décrire le théâtre du monde…” A la suite de Corot, dès le XIXe siècle, les grands peintres vont s’intéresser à la vallée de la Marne, de Camille Pissaro à Paul Cezanne. Un engouement qui se poursuivra au XXe siècle. “De Bar-bizon à l’impressionnisme, et jus-qu’au cubisme, la Marne a connu la révolution de la peinture.”

Malgré l’urbanisation, la lumière dont parle Corot est toujours là. “Nous avons souvent une brume flottante qui donne un côté diapha-

ne, merveilleux” décrit Noël Coret. Président du Salon d’automne, il a monté l’an dernier une exposi-tion remarquable sur ces “pein-tres historiques de la vallée de la Marne”, à Château-Thierry, pré-sentant, notamment, une œuvre de Corot. Une nouvelle exposition est en préparation. Son thème : “Pays, paysages et paysans”. 80 toiles, “De Léon Lhermitte au cu-bisme” seront présentées à l’hôtel Ibis, du 7 au 16 mai.

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Une sélection d’ouvrages pour aller plus loin sur

L’abbatiale Saint-Ferreol d’Essômes-sur-Marne,édifice gothique remar-quable, a été fondée en 1080. L’édifice actuel est du XIIIe siècle. Ne pas manquer, dans le chœur, les 38 stalles, sculptées dans le chêne au XVIe siècle. (en savoir plus sur www.abbatiale.org)

Vallée de la Marne

Jean-Baptiste Corot, Château-Thierry, vue

d’ensemble (collection Reinhart, Winterthur)

La vallée de la Marne, dans sa partie axonaise,a inspiré de nombreux peintres. Le grand

Jean-Baptiste Corot disait même que,“nulle part, il n’y a une lumière aussi belle

que dans la vallée de la Marne.”

Noël Coret, écrivain d’art.

Daniel Lambert, journaliste.

“Champagnede l’Aisne”Tordons définitivement le cou à une idée reçue. Si, dans le département, on cultive 3 000 hectares, si l’on recense près de 800 viticulteurs, il n’existe pas un “Champagne de l’Aisne.” Le Champagne est issu d’assemblage, et les producteurs de l’Aisne fournissent les plus prestigieuses mai-sons de l’appellation, dont les sièges se trou-vent dans la Marne. Moët et Chandon, pour n’en citer qu’une, possède une centaine d’hectares dans l’Aisne.

éclairage

Au patrimoine mondial ?Le vignoble de Cham-pagne est candidat pour accéder au prestigieux classement du patrimoi-ne mondial de l’Unesco. Les caves médiévales Pannier de Château-Thierry font partie des six “sites exceptionnels” recensés à l’appui de la demande. Le Conseil gé-néral soutient officielle-ment cette candidature.

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Un dossier complet de l’ADA sur le Champagne

dans l’Aisne sur

Les caves médiévales ont attiré 10 000 visiteurs l’an dernier.

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l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 les rendez-vous 31

Plus d’infos : www.ville-chauny.fr / www.chateau-thierry.fr / www.ville-laon.fr / www.ville-gauchy.fr / www.transfrontalieres.eu / www.ville-soissons.fr / www.ville-saintquentin.fr

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cirque

expoDu 3 février au 31 mars Alaincourt : peintures et sculptu-res par M. Wandendries.Rens. 03 23 63 62 07

Jusqu’au 28 marsTergnier : l’appel du 18 juin et ses conséquences au musée de la Résistance et de la Déporta-tion de PicardieRens. 03 23 57 93 77

23 janvierPargny Filain : soirée cabaret d’Isis. Spectacle à 20h30, ouver-ture de la billetterie et de la res-tauration à partir de 19h, sous le chapiteau de la compagnie.Rens. 03 23 21 59 72 ouwww.cieisis.org

20 févrierPargny Filain : soirée cabaret d’Isis. Spectacle à 20h30 sous le chapiteau de la compagnie.Rens. 03 23 21 59 72 ouwww.cieisis.org

2 février Tergnier : Deux pas vers les étoi-les de Jean-Rock Gaudreault par la compagnie des lucioles à 9h30 et 14h30 au Centre culturel.Rens. 03 23 40 24 40

Du 3 au 28 février Soissons : Mam’Zelle Kitty et Mister Détritus. Sensibilisation au tri séléctif et au recyclage des déchets.Les mercredis et dimanches à 15h / Samedi à 18h et les 10, 11, 12, 17, 18, 19 février à 10h et 15hRens. 03 23 53 54 42 ouwww.theatresaintmedard.com

23 janvierSaint-Quentin : rando lumière aux lampions dans le centre ville à partir de 17hRens. et réservations :OT 03 23 67 05 00

24 janvierPont Saint Mard : randonnée de 10km avec l’ARPAL. Rendez vous à 13h45, place de la mai-rie.Rens. 03 23 22 80 84

31 janvierLaon : randonnée de 8km avec l’ARPAL. Rendez vous à 8h45, place de la NeuvilleRens. 03 23 22 80 84

14 févrierNouvion le Vineux : Chemin de François : randonnée de 13km. Rendez-vous à 13h45 place La-voir.Rens. 03 23 22 80 84

21 févrierVassogne : randonnée de 13km. Rendez-vous à 13h45 place de la mairie.Rens. 03 23 22 80 84

28 févrierMolinchart : randonnée de 9km. Rendez-vous à 8h45 place de la mairie.Rens. 03 23 22 80 84

7 mars Parfondru : Un bain de nature : randonnée de 9km. Rendez-vous à 8h45 foyer rural.Rens. 03 23 22 80 84

14 mars Filain : Mont Aiguillon : randon-née de12km. Rendez-vous à 13h45 place de la mairie.Rens. 03 23 22 80 84

21 mars Chalandry : randonnée de 8km. Rendez-vous à 8h45 à la mairie.Rens. 03 23 22 80 84

28 mars Aizelles : sur les traces du GR12 randonnée de 15,5km. Rendez-vous à 13h45 place de la mairie.Rens. 03 23 22 80 84

jeune public sortie nature

l'Aisne 176 magazine du Département - Janvier/Février 2010 30 les rendez-vous

23 janvier Château-Thierry : concert lecture : cycle opéra, les débuts. Organisé par le conservatoire, à 15h - Mé-diathèque Jean MacéRens. 03 23 69 04 47

musique musique27 janvierChauny : Spartacus par le ballet opéra national de Kiev à 20h30 au Forum.Rens. 03 23 52 23 52

danse30 janvierTergnier : concert du nouvel an à 17h au musée de la résistance et déportation de Picardie. Rens. 03 23 57 93 77

2 févrierChauny : soirée cabaret avec Lau-ren Faure à 20h30 au Forum. Rens. 03 23 52 23 52

7 févrierFère en Tardenois : concert avec Fabio Bonizzoni et la Risonanza à 15h30 à l’église.Rens. 03 23 82 31 57

23 févrierLaon : Génération 1810Schumann, Quintette pour pia-no et cordes op.44 et Chopin, Concerto pour piano n°1 en mi mineurA 20h45 à la MAL.Rens. 03 23 22 86 86

26 févrierChauny : Saïd Mesnaoui (mu-sique du monde) à 20h30 au Forum.Rens. 03 23 52 23 52

27 févrierTergnier : Carmen Maria Vega, 1re partie : Caro à 20h30 au Centre culturel.Rens. 03 23 40 24 40

25 janvierHirson : Paragraff dans le cadre des Lundis découvertes, à 20h30 Salle Eden.Rens. 03 23 58 38 88

28 janvierTergnier : spectacle musical “Frè-res Jacques… Dormez-vous ?” à 20h30 au Centre culturel.Rens. 03 23 40 24 40

30 janvierClastres : master class de flûte avec Eric Seyes. De 14h à 16h : cours individuels, de 17h à 19h : cours d’ensemble et à 20h30 : concert. Au pôle communau-taire. Rens. 03 23 63 36 51 ou [email protected]

théâtre20 janvier Chauny : les contes de La Fleur Qui Rit avec Anne-Sophie Péron et Marcel à l’accordéon à 14h au Forum. Rens. 03 23 39 90 96

31 janvierHirson : Courage Amélie à 16h30, salle de l’Eden. Rens. 03 23 58 38 88

5 févrierChâteau-Thierry : Le triomphe de l’amour de Marivaux à 21h, Théâtre Jean Cocteau.Rens. 03 23 69 43 00

7 févrierVervins : Le Canard à l’orange à 17h30 au Cinéma Piccoli-Pic-colo.Rens. 03 23 98 11 98

23 févrierChauny : Protée, 1re version farce lyrique de Paul Claudel à 14h et 20h30 au centre culturel.Rens. 03 23 52 23 52

Du 26 au 28 févrierChâteau-Thierry : La Confiance du Marquis Fabrice de Victor Hugo par Le Théâtre LèsGensDe.Les 26 et 27 à 20h30 et le 28 à 17h30 (à confirmer) au Palais des rencontresRens. 06 14 52 16 13 ouwww.theatre-lesgensde.com

5 févrierHirson : Galerie de Portraits par le duo Péroux - Ribes à 20h30, salle de l’Eden. Rens. 03 23 58 38 88

7 févrierSaint-Michel en Thiérache : Ga-

théâtrelerie de Portraits par le duo Pé-roux - Ribes à 17h, salle de la Rosace. Rens. 03 23 58 38 88

4 marsTergnier : Victor Hugo, mon amour à 20h30 au centre cultu-rel.Rens. 03 23 40 24 40

5 marsChauny : La règle de trois à 20h30 au ForumRens . 03 23 52 23 52

5 marsChâteau-Thierry : La seule certi-tude que j’ai, c’est d’être dans le doute de Pierre Desproges à 21h au Théâtre Jean Cocteau.Rens. 03 23 69 43 00

8 et 9 marsChâteau-Thierry : Les Dames buissonnières de Mariane Oets-reicher-Jourdain dans le cadre de la Journée Internationale de la Femme à 14h30 et 20h30 au Palais des rencontres.Rens. 03 23 62 19 58

11 marsSaint-Quentin : Les Dames buis-sonnières de Mariane Oetsrei-cher-Jourdain dans le cadre de la Journée Internationale de la Femme à 14h30 et 20h30 à la Manufacture.Rens. 03 23 62 19 58

Du 19 février au 2 mars / Gauchy10e festival des Voix d’hiver

Vendredi 19 à 20h : soirée d’ouverture du festival avec“Au bal taquin” par la Compagnie du Tire-LaineSamedi 20 à 20h : Karimouche / Courir les rues & sa BandDimanche 21 à 15h : “Mon Jubilé” par Anne SylvestreMardi 23 à 20h : Loic Lantoine / Bertrand BelinMercredi 24 à 20h : Manu Galure / Jacques Bertin / Laurent Madiot Jeudi 25 à 20h : MeLL / Les mauvaises languesVendredi 26 à 20h : MiCkey[3d] / 1re partie : Cécile Hercule / Imbert Imbert - Samedi 27 à 20h : Presque oui / Les BlaireauxDimanche 28 à 15h : Dick AnnegarnMardi 2 mars à 20h30 :Dominique A

Les concerts ont lieu à la MCL de Gauchy, sauf le concert de Dominique A au théâtre Jean Vilar de Saint-QuentinRens. 03 23 40 30 02

musique

5 marsFère en Tadenois : Orchestre de Picardie - Bacewicz, Wieniawski, Dutilleux, Beethoven. A 20h30, salle des fêtes Paul Claudel.Rens. 03 23 82 31 57

6 marsChauny : orchestre de Lorraine à 20h30 au Forum.Rens. 03 23 52 23 52

13 marsSaint-Eugène : Musicambule.Ambiance latino pour cette 5e édition - Ecole intercommunale de musique de Crézancy, collège De La Faye de Condé en Brie. Programmation en coursRens. 03 23 71 66 56 ouwww.musicambule.com

13 marsChauny : orchestre d’harmonie départemental à 20h30 au Fo-rum.Rens. 03 23 52 23 52

13 marsChâteau-Thierry : concert-lectu-re : Brahms, chambriste ou sym-phoniste ? A 15h à la Médiathè-que Jean Macé.Rens. 03 23 69 04 47

18 marsTergnier : Blick Bassy dans le ca-dre du festival d’Amiens, musi-que de jazz et d’ailleurs. A 20h30 au centre culturel.Rens. 03 23 40 24 40

20 mars Saint-Quentin : Les Musicales de Printemps: 1re partie : Cho-rale Maurice Ravel de Ribemont 2e partie: musique classique. A 20h au Temple, rue du Docteur Claude Mairesse Rens. 03 23 09 66 25

21 marsHirson : orchestre de Picardie à 16h, salle de l’Eden.Rens. 03 23 58 38 88

Jusqu’au 2 Février Chauny : Yvan Salomone, oeuvres du FRAC Picardie à la galerie d’art contemporain du collège Jacques Cartier, 60, rue Ernest Renan.Rens. 03 23 39 95 95

Jusqu’au 5 févrierTergnier : Le Martre (Mouvement ARtistique de Tergnier et sa Ré-gion) expose au centre culturel.Rens. 03 23 40 24 40

Du 22 janvier au 7 févrierHirson : exposition de Gilbert Ar-duin, salle Gilbert Arduin.Rens. 03 23 58 38 88

Du 8 mars au 1er avrilTergnier : illustrations de Barroux dans le cadre de sa résidence à la BDP au centre culturelRens. 03 23 75 55 70

Jusqu’au 28 mars Oulches la Vallée Foulon : prolon-gation d’Après la guerre. Aisne 1919… à la Caverne du Dragon. Rens. 03 23 25 14 18 ouwww.caverne-du-dragon.fr

expo

26 févrierHirson : Oups à 20h, salle de l’Eden. Rens. 03 23 58 38 88

10 marsTergnier : Fil de Faire, cirque vi-suel et musical à 15h au centre culturel.Rens. 03 23 40 24 40

19 marsChauny : Pétrouchka, création chorégraphique de Serge Keuten à 20h30 au Forum.Rens. 03 23 52 23 52

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19 février/2 mars Voix d'hiver Gauc

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© Amin Toulors