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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie
Département ECONOMIE
MAITRISE option : « Macroéconomie et Modélisation »
Mémoire
pour l’obtention du
Diplôme de Maîtrise – es – Sciences Economiques
Impétrante : RAKOTOARISOA Vonin’Oliva (n°190)
Encadrée par Monsieur RAMIARISON Herinjatovo Aimé
Date de soutenance : 31 Janvier 2011
Année universitaire : 2009-2010
ANALYSE COMPARATIVE DE
L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE AU
DEVELOPPEMENT EN ASIE DE L’EST ET EN
AFRIQUE SUBSAHARIENNE : CAS DE LA
THAÏLANDE ET DE LA TANZANIE
i
Remerciements
En premier lieu, je rends grâce à Dieu pour sa bienveillance et sa bénédiction.
Ma gratitude doit particulièrement aller à mon encadreur de mémoire, Monsieur
RAMIARISON Herinjatovo Aimé, qui a bien voulu accepter de placer ce modeste travail
sous son autorité et a eu la bonne volonté de le diriger.
Je tiens également à exprimer mes sincères reconnaissances à :
− Monsieur FANJAVA Refeno, chef de Département de l’Economie,
− Monsieur RAVELOSON Harimisa, responsable du second cycle du Département
Economie.
Je tiens aussi à adresser mes vifs remerciements à tous les professeurs de ce département, à
ma famille qui m’a soutenue moralement et financièrement dans la réalisation de ce travail,
ainsi qu’à tous ceux qui m’ont encouragée, soutenue et aidée de près ou de loin, dans
l’élaboration de cet ouvrage.
ii
Liste des abréviations − APD : Aide Publique au Développement
− APEC : Asia-Pacifc Economic Cooperation
− ASEAN: Association des Nations du Sud-Est Asiatique
− BAD : Banque Africaine de Développement
− BIRD : Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement
− CAD : Comité d’Aide au Développement
− CIDA: Canadian International Development Agency
− COMESA : Common Market for Eastern and Southern Africa (Marché commun de
l’Afrique orientale et australe)
− CSLP : Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté
− EAC : East African Community
− FAO : Food and Agriculture Organization
− FMI : Fonds Monétaire International
− FPD : Financements Publics au Développement
− IOR-ARC : Indian Ocean Rim Association for Regional Cooperation (association des
Etats riverains de l’Océan Indien)
− IPPTE : Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés
− NEPAD : Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique
− OCDE : Organisation de la Coopération et du Développement Economique
− ODA : Overseas Development Administration
− OIT : Organisation Internationale du Travail
− OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
− OMS : Organisation Mondiale de la Santé
− ONG : Organisation Non Gouvernementale
iii
− ONU : Organisation des Nations Unies
− PED : Pays En voie de Développement
− PIB : Produit Intérieur Brut
− PMA : Pays les Moins Avancés
− PME : Petites et Moyennes Entreprises
− PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
− PRI : Pays à Revenu Intermédiaire
− RNB : Revenu National Brut
− SADC : Southern African Development Community (Communauté économique
d’Afrique Australe)
− SAT : Stratégie pour l’Aide à la Thaïlande
− SIDA: Swedish International Development Agency
− TICA : Thaïland International Development Cooperation
− UE: Union Européenne
− UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization
− USAID : United States Agency for International Development (Agence américaine
pour le développement international)
− USD: United States Dollar
iv
Liste des illustrations
Encadré 1 : Définition de l’APD
Encadré 2 : qu’est-ce que la SAT ?
Liste des tableaux Tableau 1 : Liste des bénéficiaires de l’APD établie par le CAD
Tableau 2 : APD nette des pays du CAD (en millions USD)
Tableau 3 : Flux d’aide reçue par le Thaïlande (USD)
Tableau 4 : Impact direct de l’aide sur la croissance
Tableau 5 : Flux d’aide reçue par la Tanzanie (USD)
Tableau 6 : Croissance du PIB réel (en pourcentage)
Tableau 7 : Croissance du PIB réel par habitant (en pourcentage)
Tableau 8 : Stratégies-pays pour la Tanzanie des quatre donneurs (Danemark, Finlande,
Irlande et Japon)
0
Sommaire
INTRODUCTION ................................................................................................................................. 1
Partie 1 : GENERALITES SUR L’AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT ............................... 2
Chapitre 1 : Contexte de l’aide publique au développement ............................................................. 2
I. Définitions et objectifs de l’aide publique au développement .................................................... 2
II. Historique de l’aide publique au développement....................................................................... 6
III. Les différents types d’aides ...................................................................................................... 8
IV. Les différentes formes de l’aide et son mécanisme .................................................................. 9
V. L’APD en chiffres.................................................................................................................... 11
Chapitre 2 : Approches théoriques sur l’efficacité de l’aide publique au développement ............... 14
I. Effet de l’aide publique au développement sur la croissance ................................................... 14
II. Effet de l’aide sur la réduction de la pauvreté ......................................................................... 18
Partie 2 : ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’APD EN ASIE DE L’EST ET EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE.................................................................................................... 21
Chapitre 3: La Thaïlande .................................................................................................................. 21
I. Données générales sur l’économie du pays ............................................................................... 21
II. Evolution et répartition de l’aide ............................................................................................. 22
III. Impacts de l’aide ..................................................................................................................... 27
Chapitre 4 : La Tanzanie .................................................................................................................. 31
I. Données générales sur l’économie du pays ............................................................................... 31
II. Evolution et Répartition de l’aide ............................................................................................ 33
III. Impacts de l’aide ..................................................................................................................... 36
CONCLUSION .................................................................................................................................... 44
1
INTRODUCTION
Pourquoi certaines économies se développent-elles alors que d’autres stagnent ? Des écarts de
revenus et de niveau de vie considérables existent aujourd’hui entre pays riches et pays pauvres. Le
revenu moyen des populations subsahariennes, par exemple, est largement inférieur au revenu moyen
d’un pays développé. Expliquer les énormes écarts entre pays riches et pays en de développement est
l’une des questions fondamentales de l’économie de développement. Pour pallier à ce problème, le
système de financement « aide publique au développement » était alors institué pour soutenir les
initiatives de développement des pays pauvres.
L'APD reste la principale source de financement extérieur et les pays en développement et leurs
partenaires sont obligés de miser sur l'aide pour briser le cercle vicieux de la faiblesse des revenus,
de l'épargne et du manque d'investissement dans lequel de nombreux pays sont enfermés. Par
ailleurs, l'objectif de l'aide est d'élever le niveau de vie et de réduire la pauvreté. L'aide est
aujourd'hui l'une des principales variables auxquelles les gouvernements des pays en développement
comptent pour réaliser leurs objectifs du développement. Toutefois, avec l’appui d’une aide, certains
pays ont pu sortir du gouffre de la pauvreté alors que d’autres sont continuellement envahis par le
poids de leurs dettes. Alors, il est raisonnable de se poser la question suivante « l’aide publique au
développement assure t-elle réellement un rôle de« bienfaiteur», un élément décisif, pour permettre
à tous les pays de se mettre sur un même niveau de développement ? »
L’intérêt soutenu par cette étude est porté sur l’efficacité de l’aide publique au développement
du pays bénéficiaire, illustrée par le cas de la Thaïlande, pays de l’Asie de l’Est et celui de la
Tanzanie, pays de l’Afrique Subsaharienne. Le but de l’ouvrage étant de déterminer les effets de
l’APD en termes de croissance économique et de réduction de la pauvreté sur l’économie de ces
deux pays.
Afin de mieux analyser la problématique, nous verrons d’une part l’aide publique au
développement dans sa généralité et d’autre part une analyse comparative sur l’efficacité de l’aide
publique au développement au niveau de ces deux pays. . Ainsi, le présent travail sera structuré
comme suit : les généralités sur l’APD seront d’abord abordées dans la première partie en exposant,
plus précisément, le contexte de l’APD et les approches théoriques sur l’efficacité de cette APD.
Tandis que l’analyse comparative de l’efficacité de l’APD pour le cas de la Thaïlande et celui de la
Tanzanie fera l’objet de la seconde partie.
2
Partie 1 : GENERALITES SUR L’AIDE PUBLIQUE AU
DEVELOPPEMENT
Dans cette partie, nous allons d'abord faire un bref aperçu de l'évolution de la notion d'aide
avant de passer en revue l'efficacité de l'aide suivant l'optique de la croissance, puis suivant celle de
la réduction de la pauvreté.
Chapitre 1 : Contexte de l’aide publique au développement
I. Définitions et objectifs de l’aide publique au développement
I.1 Définitions
Globalement, les ressources financières apportées au tiers monde se répartissent en
financements publics au développement (FPD) et en apports privés. Au sein des FPD, on distinguera
l’aide publique au développement (APD) des autres apports publics tels que les crédits d’exportation.
L’APD se définit comme l’aide provenant de sources publiques et qui est administrée dans le
but principal de promouvoir le développement économique et le bien-être des pays bénéficiaires ;
elle a un caractère concessionnel, c’est-à-dire comportant un élément de libéralité qui peut être
inférieur à 25%.1
Ainsi, l’APD représente l’ensemble des dons et des prêts à des conditions financières
privilégiées accordés par le secteur public d’un pays ou par un organisme international à un pays en
développement. Plus précisément, l’APD regroupe les versements de dons et de prêts à des
conditions financières privilégiées fournis par les instances officielles des pays membres du Comité
d’Aide au Développement (CAD), par les organisations multilatérales de développement et par des
pays non membres du CAD, en vue de promouvoir le bien-être et le développement économiques
des pays pauvres et des pays à revenu intermédiaire figurant dans la liste des bénéficiaires établie par
le CAD.
1 BARBIER, « L’aide publique au développement : discours et idées reçues ». Afrique Contemporaine, n°171, Juillet‐Septembre, 1994, p.45
3
Encadré 1: Définition de l’APD
Pour le CAD, ressortent de l’APD les ressources :
− Fournies dans un cadre bilatéral aux pays en développement ou accordés
par le biais des institutions,
− Attribuées par des organismes publics,
− Dont le but est de favoriser le développement économique,
− Assorties de conditions financières favorables : dons ou prêts dont
l’élément de libéralité est au moins égal à 25%.
Source : BRUNEL Sylvie, Le Sud dans la nouvelle économie mondiale, collection Major,
PUF, Paris, 1995, p.185
Rappelons que les pays bénéficiaires d’APD sont divisés en différents groupes de revenus basés
sur le revenu national brut ou RNB par habitant selon les critères de la Banque mondiale, avec les
pays moins développés séparément identifiés tels que définis par les Nations Unies. D’où le tableau
ci-après, au vu duquel le CAD distingue quatre catégories de bénéficiaires qui sont entre autre les
pays les moins avancés ou PMA, les pays à faible revenu, les pays à revenu intermédiaire tranche
inférieure et les pays à revenu intermédiaire tranche supérieure.
Tableau 1 : Liste des bénéficiaires de l’APD établie par le CAD
4
Source : CAD-OCDE
5
L’APD inclut aussi l’allègement de la dette promis au titre de l’Initiative en faveurs des Pays
Pauvres Très Endettés ou IPPTE ; Elle comprend les abandons de créances consentis par les
pays donateurs en vertu de l’IPPTE. Ainsi, les fonds non remboursés aux donateurs seront utilisés
par les pays bénéficiaires pour des fins de développement. L’APD inclut également les flux non
monétaires à savoir les transferts de technologie et l’assistance technique accordés par les donateurs
aux pays récipiendaires.
Selon l’Organisation de la Coopération et du Développement Economique ou OCDE : l’APD
est l'ensemble des efforts consentis par les Etats membres de l'OCDE afin de favoriser le
développement dans les pays moins avancés et dans les pays à revenu intermédiaire (PRI),
conformément aux règles du CAD de l'OCDE.
Jean-Michel SEVERINO et Olivier CHARNOZ ont recours aux cinq paradigmes suivants afin
d’interpréter l’aide : le « néoréalisme », le « néomarxisme », le « néolibéralisme », le « libéralisme »
ainsi que l’ « idéalisme ». Ces approches conduisent toutes, en dépit de leurs divergences théoriques,
à une même conclusion: « la nécessité de repenser et resserrer les liens Nord-Sud par conséquent,
l’aide au développement ». Pour le paradigme néoréaliste des relations internationales, chaque État
maximise sa puissance ; Chacun poursuit des objectifs stratégiques de nature politique, sécuritaire,
économique: l’APD n’est jamais qu’une arme de plus à disposition. Le paradigme néomarxiste, lui,
structure la scène internationale autour de la lutte entre « États prolétaires » et « États capitalistes »,
étant entendu que ces derniers luttent aussi entre eux: l’APD n’est que l’avatar post-mortem du
colonialisme. Pour le paradigme néolibéral, chaque État maximise son bien-être économique absolu,
et non pas sa puissance relative, par conséquent personne ne cherche à dominer. L’APD est alors
perçue comme un investissement en vue d’un gain d’utilité ; elle est utilisée notamment, dans la
correction des imperfections des marchés mondiaux. Le paradigme libéral propose une lecture
encore différente: comme toute politique publique, l’APD est déterminée par un processus politique
au cours duquel des groupes entrent en concurrence pour imposer leur intérêt privé. Enfin, le
paradigme idéaliste, renverse les quatre perspectives précédentes en mettant l’accent sur les intérêts
des pays bénéficiaires, non plus sur ceux des donateurs.
6
L’APD apparaît dans ce cas comme l’expression d’une volonté de répondre aux difficultés des
pays en développement. Cette approche renvoie à un idéal moral: celui d’une « aide désintéressée »2.
I.2 Objectifs de l’aide
L’objectif principal de l’APD est de sortir les pays en développement de leur pauvreté, qui peut
être de manière à les soutenir dans leurs efforts de développement. L’aide est ainsi destinée à
financer les initiatives de lutte contre la pauvreté et à combler les déficits des pays en développement
pour favoriser l’investissement mais aussi à assister ces pays dans leurs initiatives de
développement. L’APD sert également à briser le cercle vicieux du sous-développement. Elle a aussi
pour objectif d’intégrer les PED au niveau mondial et de réduire l’inégalité entre les pays développés
et les pays en développement.
Bref, l'aide a pour principaux objectifs de : surmonter les obstacles financiers qui maintiennent
les pays en développement dans une situation de dépendance ; répandre les bienfaits de l'intégration
au niveau mondial ; renforcer le partage de la prospérité ; réduire de manière considérable la
pauvreté de masse3.
II. Historique de l’aide publique au développement
Durant la période coloniale, il n’existe aucun système d’aide d’Etat à Etat et notamment aucune
aide officielle de la métropole vis-à-vis de ses colonies. La notion d’un transfert financier important
et systématique vers l’Afrique naît à une époque juste avant la seconde guerre mondiale.
L’aide publique, c’est-à-dire l’aide apportée aux Etats par d’autres Etats ou transitant par des
organismes internationaux fait une apparition relativement récente dans l’histoire économique : elle
a été instituée pour la première fois après la seconde guerre mondiale. Son bénéficiaire était à cette
époque l’Europe. La Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD),
aujourd’hui appelée « Banque Mondiale »a en effet été créée pour permettre à l’Europe de se
relever après les destructions et le traumatisme de la guerre. Le Plan Marshall fut un volet essentiel
de cette stratégie de reconstruction d’une Europe en ruine. 2 SEVERINO, CHARNOZ, « Les mutations impromptues : état des lieux de l’APD ». Afrique Contemporaine, n° 213, 2005, pp.13‐131
3 ibid
7
Ce n’est que vers 1955 environ que l’aide va se reporter vers le Tiers Monde, nouvellement
indépendant, principalement l’Asie, dans un but à la fois politique et humanitaire.
La notion même d’« Aide Publique au Développement »n’a été définie qu’en 1969 par le
« Comité d’Aide au Développement » de l’OCDE. Une telle définition signifie que ni l’aide des
ONG, des organismes privés, ni les prêts bancaires ne peuvent être comptabilisés dans l’APD, pas
plus que l’aide militaire.
L’APD est dirigée vers les pays les plus pauvres à partir de la grande sècheresse de 1973-19744.
Malheureusement, les financements octroyés furent vains car les pays bénéficiaires, pour la plupart,
furent incapables d’amorcer leur décollage économique. Par conséquent, il y avait une aggravation
du chômage, des inégalités au niveau des revenus et une augmentation de la pauvreté. De ce fait, la
réduction de la pauvreté devient les objectifs prioritaires de l’APD. Elle a été allouée dans les
programmes de lutte contre la pauvreté, lesquels impliquent une réallocation sectorielle des projets
d’aide ; Ceux-ci sont orientés vers l’agriculture, le développement rural et les services sociaux.
Vers les années 1980, l’APD a été utilisée pour la réalisation du programme d’ « ajustement
structurel ». Les équilibres internes et externes deviennent alors les priorités de l’APD, avant la
réduction de la pauvreté. L’objectif de l’Aide change ainsi fondamentalement. Dorénavant, elle vise
à encourager, par une conditionnalité complexe, l’adoption d’un ensemble de politiques de
stabilisation et d’ajustement structurel, et à permettre aux pays en développement d’honorer le
service de la dette5.
Par ailleurs, dans les années 1990, la lutte contre la pauvreté redevient progressivement la
priorité de l’APD. Le concept de pauvreté s’est modifié, pour passer de la simple notion de revenu à
celle, plus générale, de « qualité de vie », en considérant la scolarisation, la santé, et plus récemment
la vulnérabilité, et le manque de pouvoir et d'expression.
En 2000, l’APD est orientée vers le financement des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) instaurés par les Nations Unies, et que 191 pays se sont engagés à soutenir.
L’OMD a pour objectif principal de réduire de moitié la pauvreté dans le monde en 2015 néanmoins
ils insistent également sur la satisfaction des besoins de base : éducation, santé, ainsi que sur la
4 BRUNEL Sylvie, Le Sud dans la nouvelle économie mondiale, collection Major, PUF, Paris, 1995, p.185
5 JACQUET Pierre, « Les enjeux de l’Aide Publique au Développement ». Mondialisation et rapports Nord/Sud – Politique Etrangère, 4 :2006, pp.941‐954
8
nécessaire mise en oeuvre des stratégies de développement durable, à travers un partenariat global
pour le développement.
III. Les différents types d’aides
L'aide peut être de différents types tels que :
− Les prêts qui sont les fournitures de ressources lesquels doivent être remboursées selon les
conditions fixées dans l’accord de prêt et se présentent sous forme d’aide projet et d’aide
programme ;
− Les dons qui sont les fournitures de fonds et les transferts en nature par un donateur sans
obligation de remboursement pour le gouvernement bénéficiaire. Les dons se présentent sous
forme d’aide alimentaire et d’aide d’urgence ;
− Et la coopération technique qui se manifeste par la fourniture de ressources visant à assurer le
transfert de compétences et de connaissances techniques et administratives ou de technologie
afin de renforcer la capacité nationale à étendre des activités de développement, sans que ces
ressources soient liées à l'exécution de tel ou tel projet d'investissement
En effet, l’aide projet est l’ensemble des fonds alloués pour la mise en oeuvre de projets
spécifiques. Le plus souvent, elle est utilisée pour construire des infrastructures comme les routes, les
hôpitaux, les barrages hydroélectriques et les projets de développement rural. L’aide projet consiste à
soutenir le financement des projets et elle vise à appuyer les plans d'investissement du pays
bénéficiaire. Dans la plupart des cas, le gouvernement du pays bénéficiaire établit un plan
d'investissement puis, sur la base de ce plan, les donateurs choisissent les projets auxquels ils
souhaitent financer. En outre, les donateurs surveillent l’utilisation des fonds. Ils vérifient chaque
étape du projet : études préalables, appels d’offre, contrôle des travaux, afin d’assurer la traçabilité
des fonds. Tandis que l’aide programme est destinée au financement de projet de plus grande
envergure. Elle ne s’inscrit pas dans le cadre de projet précis d’investissement mais sur des objectifs
plus larges de développement macroéconomique. Au cours de l’allocation de ce type d’aide a lieu
une négociation plus approfondie entre donateur et bénéficiaire sur les stratégies de développement à
adopter puisque les fonds sont versés directement au bénéficiaire, sans intervention ultérieure
possible de la part du donateur. Cette aide programme est utilisée dans différents cas: le soutien à la
balance de paiement pour soutenir les importations du pays bénéficiaire en compensant les déficits
de la balance de paiement, l’aide budgétaire globale ou sectorielle qui suppose une stratégie
9
commune, des politiques économiques reconnues et un système de contrôle des dépenses transparent
et enfin l’allègement de la dette des pays en développement.
En outre, l'aide alimentaire se présente sous forme de fourniture de vivres pour l'alimentation
des hommes à des fins de développement, y compris les dons et prêts pour l'achat de vivres. Les
dépenses comme le transport, le stockage, la distribution... figurent dans cette rubrique, ainsi que les
articles apparentés fournis par les donateurs, la nourriture pour animaux et les intrants agricoles, par
exemple, pour les cultures vivrières lorsque ces apports font partie d'un programme alimentaire.
Cependant, l'assistance et secours d'urgence sont la fourniture de ressources visant à alléger
immédiatement des situations de détresse et à améliorer le bien-être des populations touchées par des
catastrophes naturelles. L'aide alimentaire à des fins humanitaires et dans les situations d'urgence fait
partie de cette rubrique. L'assistance et les secours d'urgence ne sont généralement pas liés aux
efforts de développement du pays et ne visent pas à accroître les moyens d'action de ce dernier. Ils ne
relèvent donc pas de la coopération pour le développement.
IV. Les différentes formes de l’aide et son mécanisme
IV.1 Formes de l’aide
Selon le nombre de partenaires concernés, on distingue l'aide multilatérale et celle bilatérale. En
effet, l'aide multilatérale est celle qui est accordée par un groupe d'Etats ou plus généralement par
une organisation internationale. Ce sont en majorité des institutions spécialisées de l’Organisation
des Nations Unies qui ont été créées pour accompagner le développement des pays non développés.
L'aide multilatérale est par conséquent réalisée par le système de l'ONU où l'Etat donateur injecte des
ressources dans des organismes internationaux (UNESCO, PNUD, FMI, Banque Mondiale, etc.) qui
reversent à des Etats bénéficiaires. Autrement dit, c’est une aide acheminée à des institutions
multilatérales, entre autres les agences de l’ONU et les institutions spécialisées de Bretton Woods.
Une aide est donc spécifiée de multilatérale lorsqu’elle transite par une organisation multilatérale
telle citée précédemment. Il s’agit de la somme des dons aux organismes multilatéraux et
souscriptions à leur capital et des prêts accordés aux organismes multilatéraux à des conditions
libérales.
Par ailleurs, les contributions multilatérales désignent les apports versés à une organisation
bénéficiaire qui consacre toutes ou une partie de ses activités au développement et qui est un
organisme, une institution ou une organisation de caractère international ayant pour membres des
10
gouvernements. Les institutions multilatérales ont des compétences sectorielles et ne sont pas
opérateurs de terrain mais plutôt actives en termes d’élaboration de normes et de programmes (OIT,
FAO, OMS, etc.) et de conseils aux gouvernements dans leurs choix de politiques, et ont aussi un
rôle de recherche.
Tandis que, l'aide bilatérale est accordée par un Etat à un autre Etat. Elle provient des pays
riches qui sont pour la plupart membres du CAD lequel est issu de l’OCDE. Ces membres sont
l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, l’Espagne, les Etats-Unis,
la Finlande, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Japon, le Luxembourg, la Norvège, la Nouvelle-
Zélande, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. Néanmoins, une part de
l’APD provient des pays à revenu intermédiaire à l’issu des négociations entre ces pays et certains
pays moins avancés. Ces pays sont par exemple la Chine, l’Inde et le Pakistan. Habituellement, les
donateurs planifient et accordent les prêts et les dons relevant de l’aide bilatérale par l’intermédiaire
d’un organisme d’aide, tel que l’Agence américaine pour le développement international (USAID),
l’Overseas Development Administration (ODA) britannique, les agences de développement
international canadienne (CIDA) et suédoise (SIDA).
IV.2 Mécanisme de l’aide
Vers la fin des années 70 et le début des années 80, le monde assistait à l’éclatement de la
crise de la dette, avec d’un côté des pays dont l’endettement étranglait le développement et de
l’autre côté des Etats, institutions et banques qui exigeaient le remboursement de leurs prêts et
réduisant considérablement les nouveaux financements. Les bailleurs de fonds rompent
avec la politique de crédits illimités et imposent des conditions à leurs interventions : ce sont les
« conditionnalités »6. En effet, les conditionnalités dictent les choix politiques que les gouvernements
devraient faire en liant ensuite l'aide à la mise en œuvre de cette politique. La conditionnalité de
l’aide au développement peut prendre deux formes différentes, entre autre la conditionnalité forte ou
négative qui suppose que l’aide sera réduite ou suspendue si le bénéficiaire n’adopte pas la norme
proposée ; et la conditionnalité douce ou positive encourageant les pays qui s’efforcent de respecter
la norme. En fait, la pratique de la conditionnalité permet aux donneurs d’accorder leurs
6 MORRISSEY Oliver, « Aide publique au développement : efficacité et conditionnalité ». Techniques Financières et Développement, n°71, Juin 2003
11
financements en contrepartie de réformes. Les bailleurs de fonds deviennent en quelque sorte des «
conseillers-payeurs»7.
Par ailleurs, la crise de l’endettement qui pèse lourdement n’est pas la seule
cause, mais il y avait surtout l’émergence des politiques économiques néolibérales prônées par les
Etats-Unis et la Grande Bretagne. Les objectifs étant d’améliorer la situation comptable du pays
emprunteur et sa capacité à attirer les investisseurs étrangers, mais aussi implicitement à garantir le
paiement du service de la dette. Parmi les moyens préconisés figuraient la réduction du déficit
budgétaire par une diminution drastique des dépenses publiques, la suppression des barrières
financières et commerciales, la promotion des produits d’exportation. Les conditions initialement
d’ordre économique se transformaient progressivement en des conditions politiques basées sur la «
bonne gestion » et la « bonne gouvernance ».
V. L’APD en chiffres
L’appréciation quantitative de l’aide au développement dépend du recul historique pris par
l’observateur. D’une manière globale, il est indéniable que l’aide au développement représente,
depuis les années1940, le plus grand effort historique jamais consenti par les pays les plus
développés pour aider les nations les plus pauvres8.
En 2008, les volumes d’aide ont atteint le record historique de 122 milliards USD. Les
principaux donneurs ont été les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume Uni, la France et le Japon.
Ainsi, l’APD nette des Etats-Unis s’est chiffrée à 26 milliards USD.
En 20099, les apports nets d’APD consentis par les membres du CAD ont légèrement augmenté
en termes réels, pour totaliser 119.6 milliards USD, représentant 0.31 % de leur RNB cumulé. En
effet, les donneurs qui se sont montrés les plus généreux, par le volume de leur aide, sont toujours les
Etats-Unis, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Japon.
Par ailleurs, Les pays dont les apports nets d’APD en termes réels ont le plus augmenté en
pourcentage sont la Norvège, la France, le Royaume-Uni, la Corée, la Finlande, la Belgique et la
7 AMPROU, CHAUVET, « Efficacité et allocation de l’aide : revue des débats ».Notes et Documents, AFD, n°6, 31 Août 2004
8 COLLOMBAT Thomas, Le point sur l’aide au développement, Février 2004, 36P.
9 webnet.ocde.org/oda2009
12
Suisse. Des accroissements significatifs ont également été enregistrés au Danemark, aux Etats-Unis
et en Suède.
En 2009, les Etats-Unis se sont classés au premier rang des donneurs avec des apports nets
d’APD de 28.7 milliards USD, en progression de 5.4 % en termes réels par rapport à 2008. Le ratio
APD/RNB est ainsi passé de 0.19 % en 2008 à 0.20 % en 2009. Une ventilation géographique des
apports nets d’APD des Etats-Unis fait en outre ressortir une augmentation dans toutes les régions, à
commencer par l’Afrique subsaharienne avec + 10.5 % à 7.5 milliards USD et l’APD consentie à
l’Afghanistan s’est, elle aussi, considérablement accrue avec + 39.5 % à 3.0 milliards USD. Les
concours nets d’APD au groupe des PMA ont pour leur part progressé de 13.6 %, à 8.1 milliards
USD. L’APD nette du Japon a, quant à elle, fléchi de 10.7 % en termes réels avec 9.5 milliards USD,
soit 0.18 % du RNB. Ce recul s’explique principalement par une diminution des allégements de
dettes, en faveur de l’Irak en particulier, par rapport à leur niveau de 2008. En outre, l’APD nette
cumulée des quinze membres du CAD appartenant aussi à l’Union Européenne ou UE a légèrement
diminué de 0.2 % pour tomber à 67.1 milliards USD soit 0.44 % de leur RNB global. Les apports des
membres du CAD appartenant à l’UE ont représenté 56 % de l’APD totale émanant des membres du
CAD.
L’APD nette a augmenté en termes réels dans les sept pays du CAD membres de l’UE suivants :
la Belgique (+ 11.5 %), le Danemark (+ 4.2 %), la Finlande (+ 13.1 %), la France (+ 16.9 %), le
Luxembourg (+1.9%), le Royaume-Uni (+ 14.6 %) ainsi que la Suède (+ 7.4 %). Elle a par contre
fléchi dans les pays tels que l’Allemagne (- 12.0 %), l’Autriche (- 31.2 %), l’Espagne (- 1.2 %), la
Grèce (- 12 %), l’Irlande (- 18.9 %), l’Italie (- 31.1 %), les Pays-Bas (- 4.5 %) et le Portugal (- 15.7
%). Dans les autres pays du CAD, l’APD nette a connu les évolutions suivantes : Australie (- 1.4 %),
Canada (- 9.5 %), Corée (+ 13.5 %), Norvège (+ 17.3 %), Nouvelle-Zélande (- 3.2 %), Suisse (+ 11.5
%).
Les données citées précédemment sont justifiées par le tableau ci-après, qui représente le total
de l’APD des pays du CAD durant cinq années consécutives.
13
2005 2006 2007 2008 2009Australia 1 680 2 123 2 669 2 954 2 761Austria 1 573 1 498 1 808 1 714 1 146Belgium 1 963 1 977 1 951 2 386 2 601Canada 3 756 3 683 4 080 4 795 4 013Denmark 2 109 2 236 2 562 2 803 2 810Finland 902 834 981 1 166 1 286France 10 026 10 601 9 884 10 908 12 431Germany 10 082 10 435 12 291 13 981 11 982Greece 384 424 501 703 607Ireland 719 1 022 1 192 1 328 1 000Italy 5 091 3 641 3 971 4 861 3 314Japan 13 126 11 136 7 679 9 579 9 480Korea 752 455 696 802 816Luxembourg 256 291 376 415 403Netherlands 5 115 5 452 6 224 6 993 6 425New Zealand 274 259 320 348 313Norway 2 786 2 954 3 728 3 963 4 086Portugal 377 396 471 620 507Spain 3 018 3 814 5 140 6 867 6 571Sweden 3 362 3 955 4 339 4 732 4 546Switzerland 1 772 1 646 1 685 2 038 2 305United Kingd 10 772 12 459 9 849 11 500 11 505United States 27 935 23 532 21 787 26 842 28 665
TOTAL DAC 107 830 104 823 104 181 122 296 119 573
Tableau 2: APD nette des pays du CAD en millions USD
Source : www.oecd.org/dac/stats
14
Chapitre 2 : Approches théoriques sur l’efficacité de l’aide publique
au développement
Dans cette partie, nous allons voir successivement l’effet de l’aide publique sur la croissance
ainsi que son effet sur la réduction de la pauvreté.
I. Effet de l’aide publique au développement sur la croissance
« L’efficacité de l’aide » est un concept peu clair, malgré l’abondance de littérature sur cette
question. Le débat sur l'efficacité de l'aide s'est concentré sur son impact sur la croissance avant de
tourner vers les années 1990 sur la réduction de la pauvreté.
En général, le débat sur la relation entre aide et la croissance s’articule autour de la relation
existant entre l’aide et la croissance. L’aide contribue-t-elle à la croissance ? Sur cette question, trois
grands courants de pensée ressortent des études empiriques.
I.1.L’aide stimule effectivement la croissance.
Ce courant tend à montrer que l’aide, bien qu’elle n’ait pas le même impact dans tous les pays, a
en moyenne un effet positif et non pas nul sur la croissance. En effet, l’argument principal de ce
courant est que l’impact de l’aide sur la croissance n’est pas linéaire10.
Il est possible de rattacher à ce courant les travaux récents de Clemens, Radelet et Bhavnani11qui
proposent une analyse originale. Ils distinguent l’aide ayant un impact à court terme sur la
croissance, essentiellement l’aide sous forme d’appui budgétaire, de projets d’infrastructures
physiques, et l’aide ayant un impact à long terme qui sont des projets de développement humain.
Leurs travaux suggèrent que la première catégorie d’aide a un impact positif fortement significatif
sur la croissance, contrairement à la deuxième catégorie. Ces auteurs ont aussi présumé que l’aide
stimulerait la croissance en augmentant l’épargne et le stock de capital et en finançant 10 SEVERINO, CHARNOZ, « Les mutations impromptues : état des lieux de l’APD ». Afrique Contemporaine, n° 213, 2005, pp 13‐131
11 CLEMENS, RADELET, BHAVNANI, « Aide et Croissance : débat en cours et données nouvelles ». Center for Global Development, Février 2004, 17P
15
l’investissement. De plus, il se pourrait que l’aide contribue à l’accroissement de la productivité des
travailleurs par des investissements en santé ou en éducation ou encore serve de courroie de
transmission de la technologie ou des connaissances entre les pays riches et les pays pauvres en
finançant les importations de biens d’équipement ou dans le cadre de programmes d’assistance
technique.
En fait, il existe plusieurs bonnes raisons de présumer un effet positif de l’aide sur la croissance.
Les résultats micro-économiques de l’aide démontrent de façon incontestable son efficacité à cette
échelle. En effet, l’évaluation d’un programme d’aide se fait à plusieurs moments et sur différents
aspects du projet. Cette évaluation peut aussi se faire de manières prospective et rétrospective, c’est-
à-dire quelques temps après la fin du programme. Les théories macro-économiques de la croissance
renforcent également cette idée. En effet, l’aide améliore la balance des paiements des pays
bénéficiaires. Par ailleurs, l’aide finance des projets de développement qui sont considérés comme
des investissements. Indirectement, l’aide peut aussi permettre d’augmenter la consommation d’un
pays si elle entraine une baisse d’impôts de la part du gouvernement du pays récipiendaires12.
Il existe d’autres études empiriques sur le lien entre l’aide et la croissance. Oliver
MORRISSEY, dans son article intitulé « aide publique au développement : efficacité et
conditionnalité», propose les principales conclusions sur les questions fondamentales suivantes :
« l’aide contribue-t-elle à la croissance ? » et « l’aide encourage-t-elle les réformes politiques ». Les
pays recevant plus d’aide enregistrent de meilleures performances que les autres, sur le plan de la
croissance économique. L’aide contribue à la croissance par le biais principalement du financement
de l’investissement et de capitaux : l’aide sera donc plus efficace dans les pays où l’investissement
est plus productif. Les variables de politiques économiques ont des influences sur la croissance ; le
consensus est moindre sur la façon dont l’aide affecte les politiques économiques. Les pays instables
connaissent plus de volatilité dans les flux de l’aide avec une faible croissance. Des variables
institutionnelles semblent importantes pour déterminer le niveau de croissance. Ce qui a permis de
conclure la preuve de l’efficacité de l’aide, c’est-à-dire son impact sur l’amélioration de la
croissance.
Malgré ces arguments, on trouve peu d’études affirmant de manière globale l’impact positif de
l’aide sur la croissance ; Il s’agit le plus souvent d’études portant sur l’APD d’un pays particuliers
envers ses principaux bénéficiaires. 12 LARQUEMIN Aurélie, L’APD est‐elle efficace à l’échelle macroéconomique?, Mémoire de 4ème Année d’I.E.P, Juin 2008
16
I.2 L’aide n’influe pas sur la croissance.
Vu l’importance de l’APD dans les pays en développement, nombreux auteurs ont cherché à
évaluer l’impact de cette aide dans ces pays. De nombreux travaux théoriques ont été menés mais en
général, l’aide publique au développement est contestée par rapport à son efficacité.
En fait, certains économistes sont très virulents contre ce qu’ils considèrent comme les effets
néfastes de l’aide au développement. « L’aide extérieure n’a jamais été nécessaire pour le
développement d’un pays, quel qu’il soit, où que ce soit dans le monde »13, Jean-Jacques Gabas
explique cette opinion en montrant comment, au Sahel, l’aide, fournie en trop grande quantité et à
des conditions très avantageuses pour la communauté internationale, a provoqué une politique de
taux d’intérêt particulièrement bas, exerçant un effet dépressif sur l’épargne intérieure. Loin de
favoriser le développement des pays de cette région, cette aide a un triple effet négatif. En effet, elle
a donné naissance à un endettement excessif qui est très lourd à assumer pour les pays concernés ;
Les capitaux fournis n’ont pas servi à la mise en place d’une économie productive puisque l’aide a
été détournée au profit de la fonction publique ; Les processus productifs mis en place dans le cadre
des programmes d’aide n’étant pas viables, la conséquence a été le gonflement de l’aide dite « hors
projet » destinée à soutenir les Etats.
Il se pourrait aussi que l’aide ne favorise pas la croissance pour plusieurs raisons. En effet, l’aide
pourrait être absorbée dans des emplois futiles par les gouvernements; Elle pourrait aussi encourager
la corruption car elle peut aider les « mauvais » gouvernements à se maintenir au pouvoir. L’aide
pourrait également entraîner une appréciation de la monnaie et ainsi diminuer la rentabilité de la
production des biens échangeable. Et si elle est mal gérée, l’aide alimentaire peut être à l’origine
d’une baisse du prix des produits agricoles et du revenu des producteurs14.
I.3 La relation entre et la croissance est conditionnelle.
Si pour certains l’aide est un pur gaspillage, pour d’autres c’est un investissement efficace. En
effet, la croissance dans les pays en développement dépend pour beaucoup des politiques
13 BRUNEL Sylvie, Le Sud dans la nouvelle économie mondiale, collection Major, PUF, Paris, 1995, p.203
14 CLEMENS, RADELET, BHAVNANI, « Aide et Croissance : débat en cours et données nouvelles ». Center for Global Development, Février 2004, 17P
17
économiques en place. Sur cette notion, s’est développée la thèse selon laquelle l’impact de l’APD
sur la croissance est conditionné à la présence de ces mêmes politiques économiques. Cette thèse est
défendue par Craig BURNSIDE et David DOLLAR. Ces derniers se sont appuyés sur une base de
données incluant cinquante-six pays en développement et se sont intéressés à une période de vingt-
quatre ans (1970-1993). Et les seules politiques prises en compte sont le surplus budgétaire, le taux
d’inflation et l’ouverture économique15.
L’affirmation selon laquelle l'efficacité de l'aide dépend de la qualité des politiques
économiques, résulte alors de la mise en évidence, dans les estimations de croissance, d'un effet
significativement positif du terme croisé de l'aide avec l'indicateur de politiques économiques. Ainsi
ce résultat économétrique est reproduit dans l'équation suivant :
Croissance = - 0.60. (Revenu initial par habitant) +0.71**. (POL) - 0.021.(Aide/PIB) +
0.19**. (Aide/PIB x POL)+ âX
R2= 0.3 6, N = 270, ** : significatif au seuil de 5%.
Où POL représente un indicateur agrégé de politiques macroéconomiques et âX est un
ensemble de variables de contrôle, entre autre la fragmentation ethnolinguistique, les assassinats
politiques, la profondeur financière, la qualité institutionnelle.
L’aide extérieure accélère la croissance économique et la réduction de la pauvreté dans les pays
en développement menant des « bonnes politiques », au sens d’actions, ayant pour effet démontré de
promouvoir la croissance : ouverture du commerce, discipline budgétaire et mesures permettant
d’éviter une forte inflation. En revanche, elle n’a pas d’effet quantifiable dans les pays qui suivent de
« mauvaises politiques16. Ainsi, la principale conclusion de cette thèse est que si l'aide est plus
efficace dans un bon environnement macro-économique, elle devrait alors cibler les pays les plus
pauvres ayant de bonnes politiques économiques. Dans ce cas, s'esquisse alors un principe de
sélectivité des pays receveurs dans la logique d'une conditionnalité ex-ante fondée sur la qualité des
politiques économiques.
15 BURNSIDE, DOLLAR, « Aid, Policies and Growth ». Document de travail de la Banque Mondiale, n°1777, 1997, Washington DC
16JAMES H.Michel, « L’aide au développement en question ». Problèmes économiques, n°2587, 21 0ctobre 1998
18
L'analyse de ces deux auteurs est au cœur du débat sur l'efficacité de l'aide qui a animé la
communauté internationale dans les années 1990. Ainsi, elle marque un tournant dans l'étude de
l'efficacité de l'aide, puisqu'elle aborde la question des conditions macro-économiques favorables à
une plus grande efficacité. De plus, la recherche menée par ces auteurs a eu des implications
politiques très importantes, puisqu'elle fonde les recommandations exprimées dans le rapport
« Assessing Aid » publié par la Banque mondiale en 199817. Elle représente également une avancée
majeure de la réflexion menée par cette institution sur une allocation sélective de l'aide fondée sur les
performances et dont certains bailleurs de fonds bilatéraux se sont inspirés pour élaborer leurs
stratégies d'aide au développement.
II. Effet de l’aide sur la réduction de la pauvreté
Le débat de l'efficacité de l'aide s'est déplacé d'une problématique de croissance vers celle de la
réduction de la pauvreté et entraîne deux interrogations : la première étant « quelle est l'influence de
la croissance sur la réduction de la pauvreté ? » et la seconde « existe-t-il un effet direct de l'aide sur
la réduction de la pauvreté ? ». En effet, la discussion sur l’efficacité de l’aide s'est toujours focalisée
sur son impact sur la croissance. Toutefois depuis le début des années 1990, l'aide s'est
progressivement recentrée sur l'objectif de réduction de la pauvreté, évolution concrétisée par
l'engagement de 189 pays aux Nations Unies à réduire la pauvreté dans le monde de moitié d'ici à
2015.
II.1Relation entre croissance et réduction de la pauvreté
A l’égard de cette première interrogation, la fin des années 1990 a vu l’émergence d’un relatif
consensus sur la contribution positive de la croissance à la réduction de la pauvreté. Cette question a
fait l'objet d'une très vaste littérature. En effet, un grand nombre d’études ont tenté de déterminer
dans quelle proportion les bénéfices de la croissance profitent aux populations les plus pauvres. Cette
vaste littérature suggère dans l’ensemble une relation positive entre croissance et réduction de la
17 AMPROU, CHAUVET, « Efficacité et allocation de l’aide : revue des débats ».Notes et Documents, AFD, n°6, 31 Août 2004
19
pauvreté, mais avec des élasticités estimées qui diffèrent grandement, de 2 à 0,8, et qui se traduit de
la manière suivante : une augmentation du revenu moyen de 10 %, par exemple, se traduirait donc
par une diminution de 8 à 20 % du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté.
Dorénavant, les débats portent sur les conditions structurelles ou initiales des pays susceptibles
d’affecter le lien entre croissance et réduction de la pauvreté. Ce courant de pensée souligne que la
contribution de la croissance à la réduction de la pauvreté est d’autant moins bonne que les inégalités
initiales sont fortes. D’autres facteurs ont également été identifiés, comme la part de l’agriculture
dans le PIB et certaines caractéristiques démographiques telles que le taux de croissance de la
population, la distribution de la population entre les secteurs ruraux et urbains. Enfin, la « qualité »
de la croissance peut également jouer. Ainsi, par exemple, le développement du secteur secondaire
réduit moins la pauvreté que celui des secteurs primaire et tertiaire18.
Cependant, si l'influence positive de la croissance pour la réduction de la pauvreté est largement
acceptée, sa relation avec les inégalités fait toujours l'objet d'un important débat.
II.2.Effet direct de l’aide sur la réduction de la pauvreté
Pour comprendre l'effet de l'aide sur la réduction de la pauvreté, certains auteurs ont invoqué
son impact sur la croissance économique : si l'aide contribue à la croissance et que la croissance
contribue à la réduction de la pauvreté, alors l'aide permet de lutter contre la pauvreté. Cependant, ce
raisonnement repose sur l'hypothèse que l'aide n'a pas d'effet direct sur la pauvreté et que son effet
passe essentiellement par la croissance. Cette approche est remise en cause par les résultats d'un
certain nombre d'études, qui soulignent un effet direct de l'aide sur des indicateurs de développement
humain, ou encore un effet indirect qui passe par d'autres canaux que celui de la croissance. Ainsi par
exemple, Burnside et Dollar analysent l'effet de l'aide sur la baisse de la mortalité infantile, un
indicateur de bien-être des populations très fortement corrélé au niveau de pauvreté et dont les
données sont disponibles pour de nombreux pays. Leur étude économétrique suggère que dans un
bon environnement de politiques économiques, l'aide permet de réduire la mortalité infantile19.
18 GUEYE Fatou, L’efficacité de l’aide publique au développement : cas du Sénégal, Mémoire de DEA, 2006‐2007
19 SEVERINO, CHARNOZ, « Les mutations impromptues : état des lieux de l’APD ». Afrique Contemporaine, n° 213, 2005, pp.13‐131
20
Toutes ces analyses sont importantes et utiles. Pour autant, tout discours sur l’efficacité de l’aide
est nécessairement partiel face à la diversité des enjeux qu’elle est censée traiter.
21
Partie 2 : ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE
DE L’APD EN ASIE DE L’EST ET EN AFRIQUE
SUBSAHARIENNE
Cette partie s’intéresse au questionnement qui vient de suite: quelles sont les contributions de
l'aide publique au développement dans l’économie de ces deux pays : la Thaïlande et la Tanzanie?
Chapitre 3: La Thaïlande
I. Données générales sur l’économie du pays
Le Royaume de la Thaïlande est un pays de taille moyenne : sa superficie est de 514.000 km2.
De plus, la Thaïlande est un des rares pays tropicaux de l’Asie du Sud-Est n’ayant jamais été
colonisés, ce qui a fortement marqué son identité nationale. Elle a une longue histoire, au carrefour
des grandes civilisations chinoises et indiennes, et un peuplement assez homogène qui compte
environ 65, 7 millions d’habitants. L’unité monétaire du pays est le “Baht “, ce qui équivaut à 0,026
USD. La Thaïlande est un pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure, qui a fait des progrès
remarquables dans le développement humain au cours des vingt dernières années. Le PIB, du pays
s’élève à 273,3 Milliards USD ce qui revient à 4000 USD PIB par habitant. En 2008, ce PIB de 273
milliards de dollars positionnait le Thaïlande juste après l’Indonésie au sein de l’ASEAN20. Les
parts des principaux secteurs d’activités dans le PIB sont les suivantes : agriculture : 10 %, industrie :
44 % et services : 46 %.
La Thaïlande maintient également un indice de développement humain de 0,78321 et cet indice
de développement humain du PNUD la place à 78 sur 177 pays. Elle a réduit la pauvreté de 27% en
1990 à 9,8% en 200222. Et son taux de croissance n est de 2,6 % 2008 pour être de 3,5% en 201023
20 www.banquemondiale.org
21 www.un.or.th/thailand/economy
22 www.un.or.th/thailand/economy
23 Estimations de la Banque mondiale
22
L’économie de la Thaïlande se caractérise par son dynamisme et son ouverture. En effet, elle est
le troisième exportateur et le deuxième importateur de la région Asie du Sud-Est. De plus, elle est le
premier exportateur mondial de riz.
La Thaïlande joue un rôle actif en Asie du Sud-Est et dans la région Asie-Pacifique, ainsi, elle
fait partie des cinq pays fondateurs de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est ou ASEAN. La
Thaïlande est aussi un allié stratégique des Etats-Unis dans cette région. Tandis que le Japon est son
premier partenaire économique, et était son premier pourvoyeur d’aide au développement. Par
ailleurs elle accorde une importance à ses relations avec la Chine ainsi que la République de Corée,
l'Inde et l'Union Européenne. Elle cherche également à jouer un rôle constructif dans le cadre de
l'ONU ainsi que dans d'autres cadres multilatéraux24.
II. Evolution et répartition de l’aide
La Thaïlande a commencé à recevoir l'aide au développement au cours de la période
postérieure à la Seconde Guerre mondiale en 1950. Les Etats-Unis et quelques pays des Nations
Unies ont été quelques-uns des principaux donateurs au début de cette période. En effet, elle a reçu
de l’aide qui couvre une zone de développement des secteurs plus large tels que le secteur
économique et industriel, infrastructures, la gestion publique, les transports, la santé et le
développement communautaire.
En règle générale, la Thaïlande a continué de recevoir l'aide au développement tout au long de
1960-1970. Une subvention d'un montant de 506,0 millions de bahts en 1960, bien que réduite à
376,0 millions de bahts en 1965, augmenté après 1975 de 899,1 millions de bahts à 3,512.5 millions
de bahts25. En d'autres termes, l'aide reçue par la Thaïlande a augmenté plus de quatre fois au cours
de la période. La principale raison de la réception d'une telle quantité d'aide peut découler de la
stabilité politique ainsi que la croissance économique parmi les pays donateurs. Après 1975, le rôle
des États-Unis en Asie du Sud a diminué et ceci favorise un rôle plus influent pour le Japon dans la
24 thailand.prd.go.th
25 PHIJAISANIT Euamporn, « Time series analysis of endogenous fiscal response to development aid in Thailand ». Research journal of International Studies, Issue 15, August 2010, pp.12‐26
23
région. Désormais, le Japon est devenu le haut de la liste des contributeurs d'aide au développement
à la Thaïlande. Lors de la période antérieure, le Japon a fourni une assistance sous forme de
compensations de guerre. L’aide au développement venant du Japon, avait pour objectif le
développement économique et la promotion des entreprises japonaises en Thaïlande et depuis, les
pays d'Asie du Sud ont été les principales destinations pour les exportations japonaises. Ainsi, le
Japon a fourni des prêts spéciaux à la Thaïlande pour l'infrastructure économique.
En 1980, la Thaïlande a reçu une grande quantité d'aide au développement vu que le niveau
d'assistance a été incertain chaque année et que les conditionnalités de l'aide ont été plus fermes, à
savoir, prévenir la propagation du communisme depuis que la Thaïlande est située dans une
proximité stratégique du centre de l’Asie du Sud, à côté des pays autrefois gouverné par le
communisme. En conséquence, de nombreux pays concernés par les propos de la propagation du
communisme ont fourni une assistance de plus en plus axée sur la défense. Toutefois, à la fin de la
guerre froide, l'aide en matière de défense a inévitablement diminué.
La tendance de l'aide que la Thaïlande a reçu a commencé à diminuer depuis 1990. Elle a reçu
respectivement 6,605.3 millions de bahts, 5,006.5 millions de bahts et 3,472.4 millions de bahts en
1990, 1991 et 1992. On peut observer que, en 1992, l'aide a diminué de plus de la moitié de celle
reçue en 199026. Par ailleurs, le pays était parmi les dix premiers pays aidés par le Japon en 1992,
avec un montant de 4,2 millions de dollars d’aide, à l’instar de l’Indonésie, les Philippines, la Chine,
l’Inde, l’Egypte, la Malaisie, la Jordanie, le Pérou ainsi que la Turquie.27
Bien que la Thaïlande ait un faible montant d'aide pour le développement économique, elle a
reçu une aide d'une autre dimension, à savoir les aspects non économiques du développement tels
que la protection de l'environnement, promotion de l'éducation et le développement des ressources
humaines.
En 1997, la Thaïlande a rencontré une crise du « baht », ce qui entraîne le chômage et le déclin
de sa croissance économique. À la suite de cette crise, le pays a reçu une aide sous forme de dons et
de prêts. En effet, le montant de l’aide et de l’allégement de la dette d’une valeur de 921 millions
26 tfh.phillipkern.de/Semester1/tt_l/presentations/Economic‐Thailand_fuat_handout.pdf
27 BRUNEL S., Le Sud dans la nouvelle économie mondiale, coll. Major, PUF, Paris, 1995, p.207
24
USD, soit environ 36.840 millions de bahts28 a classé la Thaïlande comme étant le premier dans la
liste des dix bénéficiaires dans la même année.
Après la crise financière, la Thaïlande a reçu une aide maximum de 4,402.2 millions de bahts,
4,409.3 millions de bahts, 4,201.3 millions de baht et 3,802.8 millions de bahts respectivement en
1998, 1999, 2000 et 200129.
Après la crise, la Thaïlande a commencé à se reconstruire en vertu d'une aide venant du FMI
d'une valeur de 17,2 milliards de dollars30, ce qui a permis à rétablir l’épuisement de ses réserves de
change et, éventuellement, à stabiliser la monnaie.
A partir de début 1999, avec la macroéconomie qui s'est stabilisée, le gouvernement a axée les
programmes décrits dans les plans de relance majeur pour stimuler la demande intérieure et
l'investissement. La Thaïlande est donc entrée dans une phase de récupération et a connu une
expansion de 4,2%, principalement en raison de la vigueur des exportations, qui ont augmenté
d'environ 20% en 2000. De plus, avec l'année 2001, l'économie thaïlandaise a augmenté de 1,9%.31
L'économie thaïlandaise a connu, au quatrième trimestre de l’année 2007, une expansion
impressionnante de 5,7%, supérieure à 4,4 % au cours des trois premiers trimestres de cette même
année32. En effet, les composantes de la croissance ont été plus équilibrées que dans les trois
premiers trimestres. Désormais, l’économie de la Thaïlande est en pleine croissance ; elle n’est plus
tributaire de l’aide extérieure surtout pour ses programmes de lutte contre les maladies et elle jouit de
bonnes capacités institutionnelles dans les domaines liés à la santé.
En tant que pays à revenu intermédiaire avec une forte croissance, la Thaïlande est déterminée à
"sauter" au statut de développement. Le but ultime est sa transformation en un «pays développé,
capable de soutenir la croissance de qualité de long terme et une prospérité durable ». À cette fin, le
gouvernement thaïlandais a été résolu en cherchant à consolider l'indépendance de la nation et se
déplacer vers un statut de contributeur net. 28 tfh.phillipkern.de/Semester1/tt_l/presentations/Economic‐Thailand_fuat_handout.pdf
29 tfh.phillipkern.de/Semester1/tt_l/presentations/Economic‐Thailand_fuat_handout.pdf
30 www.thailand.com
31 tfh.phillipkern.de/Semester1/tt_l/presentations/Economic‐Thailand_fuat_handout.pdf
32 www.thailand.com
25
Cette transformation continue de l'état de développement a deux caractéristiques principales : la
première est de se concentrer sur le fait que la Thaïlande devient un partenaire de développement
avec les anciens pays donateurs, par opposition à un bénéficiaire de l'aide internationale, tandis que
la seconde est le désir de la Thaïlande de devenir un pays donateur lui-même et aider au
développement des pays pauvres, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la région immédiate à travers
son projet «Forward engagement »33. Dans cette optique, la Thaïlande est prête à partager son
expertise en développement et atteindre les autres pays pour promouvoir la réduction de la pauvreté.
Par ailleurs, la Thaïlande est un chef de file dans un certain nombre d’initiatives de coopération
sous-régionale et régionale dans des domaines comme le commerce, l'investissement et le tourisme.
Ces initiatives sont menées par des organes, des mécanismes et des coopératives tels que l’ASEAN,
l'Asia-Pacific Economic Cooperation (APEC), et la coopération Mékong-Gange (MGC). Ce
programme n'est pas, cependant, limité à la région. La politique de coopération Sud-Sud de la
Thaïlande a également conduit à l'engagement dans des programmes d'aide au développement aux
pays africains, notamment dans le domaine de la prévention du VIH / SIDA.
Aussi, la Thaïlande est le seul pays au monde, non-OCDE, à avoir produit un rapport sur
l' « OMD 8: Partenariat mondial pour le développement ». Cet objectif concerne principalement à
convaincre, les pays donateurs développés de fixer des objectifs pour accroître l’aide publique au
développement, en facilitant l'accès aux biens et services des pays en développement, et assurer
l'accès de ces derniers aux technologies et aux médicaments essentiels. De ce fait, la coopération
technique internationale venant des donateurs étrangers est supervisée par la Thailand International
Development Cooperation Agency (TICA). En plus de gérer la coopération au développement
technique, la TICA est également chargée de coordonner l'assistance technique de la Thaïlande qui
s'étend à d'autres pays en développement.
Le tableau ci-dessous représente le flux d’aide reçue par la Thaïlande en dollars américains
courants depuis 2005 jusqu’en 2008.
Il est à remarquer que l’APD nette désigne les décaissement de prêts consentis à des taux
concessionnels (hors remboursement de capital) et les subventions des agences membres du CAD,
des institutions multilatérales et des pays non membres du CAD pour promouvoir le développement
économique et le bien-être dans les pays bénéficiaires d’APD. Aussi, il est à noter que les 33 www.un.or.th/thailand/economy
26
estimations du RNB ainsi que les estimations de la population de la Banque mondiale sont utilisées
comme dénominateur.
Tableau 3 : Flux d’aide reçue par le Thaïlande (USD)
2005 2006 2007 2008
APD nette reçue
(montant)
-168 750 000,00 -217 760 000,00 -312 070 000,00 -620 530 000,00
APD nette reçue
(% du RNB)
-0,1% -0,1% -0,1% -0,2%
APD nette reçue
par habitant
-2,56 -3,27 -4,66 -9,21
Source : Indicateurs du développement dans le monde (www.oecd.org/dac/stats/idsonline)
A l’heure actuelle, la Thaïlande est en train de devenir un donateur important, fournissant des
niveaux substantiels d'APD à ses voisins et stratégiquement en train de s'engager dans la coopération
au développement dans la région. Avec un succès de pays à revenu intermédiaire avec des décennies
d'expérience et les leçons apprises dans la promotion du développement humain, elle est bien placée
pour contribuer au partenariat mondial pour le développement.
Plus de 80% de l'APD thaïlandaise est sous la forme de prêts concessionnels à l'appui de projets
d'infrastructure de base dans le Cambodge, le Laos, le Myanmar et les Maldives comme la
construction de routes, de ponts et de barrages. Le reste de l’APD est sous la forme d'une assistance
technique et de formation dans les domaines de l'éducation, santé publique, agriculture, transport,
27
économie, banque, finance, sciences et technologie, ainsi que des contributions au système des
Nations Unies et le Fonds asiatique de développement de la BAD.
En outre, en 2008, l'APD de la Thaïlande a été estimée à 167 millions de dollars. Cette
contribution représente 0, 2% du montant brut du revenu national. Auparavant, en l'an 2003, la
Thaïlande a fourni une aide au développement à la quantité équivalente à 0,13% du produit national
brut, classé au quatrième rang après le Japon, l'Italie et les États-Unis dont l'APD s'élevait
respectivement à 0,20, 0,17 et 0,15%34.
Tandis que 94 % de l'APD thaïlandaise va aux PMA, en comparaison avec une moyenne de
26% pour les pays de l'OCDE, qui demeure une contribution significative pour un pays à revenu
intermédiaire. Toutefois, la Thaïlande est loin des objectifs de l'OCDE parce que 8 % seulement de
l'APD de la Thaïlande va à l'appui direct des secteurs sociaux tandis que l'objectif de l'OCDE est de
20%. La plupart des APD thaïlandaises aux PMA sont sous la forme de prêts bonifiés et une grande
partie de celle-ci est encore liée à l'acquisition de biens et services thaïlandais.
III. Impacts de l’aide
Les flux de l’aide sont caractérisés par la prépondérance des flux bilatéraux. Parmi les
donateurs, le Japon se positionne clairement en première position depuis le début des années 1970.
L’idée de l’aide japonaise a été efficace dans les pays d’Asie de l’Est car elle fut attribuée à des pays
à forte capacité d’absorption. Le concept de « self-help », qui se trouve au cœur de la politique
d’assistance japonais, s’est traduite par une aide essentiellement sous forme de prêts sur la base d’un
plan de développement cohérent de pays manifestant une volonté nationale et qui ont mis en œuvre
des politiques actives de transformations des structures de l’économie. En d’autres termes, l’aide
japonaise est venue complétée un effort national, en jouant un rôle de stimulant, à la fois direct et
indirect. En effet, cette aide a eu un impact direct sur le développement des infrastructures
économiques et un impact indirect en entrainant un afflux de capitaux privés et en favorisant leur
34 www.thailand.com
28
absorption35. Des évaluations économétriques et empiriques illustrent que le programme
d’assistance des pays de la zone fut positif. Observons tout de suite l’impact direct de l’aide sur la
croissance de la Thaïlande à travers le tableau suivant :
Tableau 4 : Impact direct de l’aide sur la croissance
Variable
s explicatives
IDE AIDE XM FBCF S
Résultats de
la Thaïlande
0, 01 (0, 16) 0,18 (1,39) 0,08 (4,41) 0,07 (3, 39) 0,02 (0,64)
Résultats sur
la zone-Panel
0, 09 (4,60) -0,07 (1, 96) 0,04 (5, 82) 0,03 (7,58) 0,01 (4,81)
Avec : IDE : investissements directs étrangers ; XM : exportation et importation ; FBCF :
formation brute de capital fixe et S : épargne.
Source : BLAISE Séverine, Efficacité de l’aide et développement : le cas de l’Asie de l’Est,
Résumé de thèse de Doctorat ès Sciences Economiques, 17 Décembre 2004, p.20
Il est à noter que les chiffres indiqués entre parenthèses donnent les t-ratios.
Toutefois, la Thaïlande continue à recourir à l'assistance technique de la communauté bilatéraux
et le système des Nations Unies sous une variété de formes. En effet, les rapports des organismes
donateurs indiquent que certains domaines d'intervention sont apparus et dans lesquels la
communauté du développement peut apporter une valeur ajoutée au développement thaïlandais. Les
domaines d'intérêt pour l'activité des bailleurs de fonds comprennent entre autre une coopération
35 BLAISE Séverine, Efficacité de l’aide et développement : le cas de l’Asie de l’Est, résumé de thèse de Doctorat ès Sciences Economiques, 17 Décembre 2004
29
pour l'éducation, la recherche et le développement institutionnel ; une amélioration de la
compétitivité des petites et moyennes entreprises (PME) en soutenant l'amélioration de la
compétitivité nationale ; une assistance en matière de gouvernance et des domaines sociaux, y
compris des partenariats conçus pour renforcer la démocratie, le système parlementaire, le secteur
public, le secteur juridique et la société civile ; une coopération pour le développement durable et la
protection de l'environnement dont la gestion des ressources naturelles, la gestion du développement
urbain, les systèmes d'eau, gestion de l'énergie, la gestion des déchets, les techniques de réduction de
la pollution, l'éco-efficience de l'industrie sont des exemples de cette coopération ; un support pour
les femmes et les questions de genre, y compris la prévention de la traite ; le traitement du VIH /
Sida, la prévention et la sensibilisation, ciblant en particulier les groupes vulnérables ; une
coopération pour améliorer la compétitivité des produits agricoles pour les marchés internationaux, y
compris l'assistance technique pour répondre aux exigences des normes de l'OMC et des SPS
(mesures sanitaires et phyto-sanitaires) ainsi qu’un appui à l'amélioration des terres et des ressources
en eau pour réduire la vulnérabilité aux catastrophes naturelles et d'améliorer la productivité36.
Fin 2007, les relations de la Thaïlande avec l’UE ont évolué positivement. L'accent est mis sur
le partenariat et les négociations d'accord de coopération avec un objectif de porter les relations
bilatérales au niveau de l'ambition poursuivie mutuellement. En dépit de l'évolution du contexte
politique, économique et social, l'examen a confirmé à mi-parcours la validité du document de
stratégie « Strategy Paper » (2007-2013)37. Cette stratégie aidera la Thaïlande à améliorer et à
moderniser les infrastructures connexes, les institutions, les systèmes, les compétences des
entreprises et des capacités qui permettront de renforcer la concurrence internationale. Ce cadre de
coopération continuera à approfondir la relation UE-Thaïlande avec un accent particulier sur les
relations économiques, scientifiques et la coopération technique ainsi que l'enseignement supérieur et
de la culture ; à aborder les contraintes de capacité spécifiques essentiels à l'avancement du
programme national de développement ; à promouvoir la coopération sur la bonne gouvernance, la
justice, les droits de l'homme, et à cibler l’augmentation de la connaissance mutuelle entre l'UE et la
Thaïlande.
36 www.who.int/countries/tha/fr
37 Document de stratégie et le programme indicatif pluriannuel 2011‐2013
30
La Thaïlande est aussi peu à peu devenu un partenaire de développement, comme d'autres pays
à revenu intermédiaire en aidant les pays en développement, tant à l'intérieur et l'extérieur de la
région, à travers sa politique étrangère d '«engagement à terme» qui a mis en place la TICA pour une
coopération technique avec d'autres pays.
Vision de la Thaïlande tant que nouveau pays donateur
L’élaboration de la stratégie de la Thaïlande est formulée à partir d'un certain nombre de
tendances macro économiques, y compris la transition vers une économie du savoir, la nécessité pour
la sécurité énergétique, une société vieillissante, et les possibilités sur la base des tendances de
consommation mondiale.
Le PIB de la Thaïlande est passé de 4,5 trillions Baht en 2000 à environ 7,75 trillions Baht en
2006. Le PIB par habitant est aujourd'hui de quatre à cinq fois supérieures à celui de ses voisins dans
la région du Grand Mékong38.
L'aide aux pays voisins vise à combler cette lacune et permet de fournir de meilleurs revenus et
de bonnes conditions de vie dans les pays voisins ainsi que la réduction des flux négatifs à travers les
frontières comme la contrebande illégale de migration, et les médicaments. En outre, la stratégie de
développement officielle de la Thaïlande et la direction de sa stratégie régionale se fondent dans une
tentative à l'équilibre économique et au développement social durable. Elle est également fondée sur
un certain nombre d'accords de coopération régionale.
Les zones de concentration sectorielle incluent entre autre, les transports ou l'amélioration des
infrastructures régionales ; les télécommunications ou l'élaboration d'un réseau fédérateur régional ;
l'énergie en vu d’assurer la sécurité énergétique et la promotion de l’énergie alternative ; l’agriculture
ou la promotion de la co-production par l'agriculture sous contrat ; le tourisme ou la promotion de
l'écosystème régional et les liens du tourisme culturel ; le commerce et investissement ou
l'amélioration des lois et règlements et les procédures douanières, l’environnement ou conservation
de la biodiversité et d'assurer une moindre dégradation de l'environnement ; le développement des
ressources humaines pour améliorer la qualité des ressources humaines et l'augmentation des
possibilités d'études ; ainsi que le développement communautaire ou la promotion du développement
intégré au niveau local.
38 www.thailand.com
31
Certes, dans le passé la Thaïlande a reçu l'aide au développement sous la forme de conseils
techniques, de bourses d'études entrées de capitaux, et des subventions dont le pourcentage par
rapport au produit intérieur brut, qui a par la suite été réduite, pourtant elle a connu une croissance
économique rapide, et les politiques ont facilité l'amélioration des indicateurs économiques de
développement socio- économique. Cependant, l’instabilité politique prolongée et la crise financière
mondiale marque négativement la Thaïlande. Cette instabilité politique a également circonscrit le
gouvernement pour relever les défis politiques et engager des réformes structurelles nécessaires afin
d'assurer une croissance économique continue.
Chapitre 4 : La Tanzanie
I. Données générales sur l’économie du pays
La Tanzanie est le principal pays bénéficiaire de l’APD parmi les pays d’Afrique subsaharienne.
Sa superficie est de 945 087 km². Sa population compte environ 41,9 millions d’habitants. L’unité
monétaire du pays est le “ Shilling tanzanien “, de telle sorte que 1 euro= 1908 TZS. La Tanzanie est
un pays à faible revenu, dont le PIB s’élève à 20,7 Milliards USD ce qui revient à 521 USD de PIB
par habitant. Les parts des principaux secteurs d’activités dans le PIB sont les suivantes :
Agriculture, pêche, forêt : 25,8 % ; Industrie, construction, mines : 21 % et Services : 53,2 %
La Tanzanie maintient également un indice de développement humain qui la classe au 159ème
sur 177 pays. Et son taux de croissance est de 7,5 % en 2008 5,7.39
La croissance annuelle de la Tanzanie est ressortie en moyenne à 7 % du PIB entre 2001 et
2008. En 2008, le PIB a progressé de 7.5 % en étant l’une des croissances les plus rapides de
l’Afrique subsaharienne. Mais la crise mondiale a écourté ce record, d’où la croissance retombe à
5.5 % en 2009.
L’agriculture reste la principale activité des deux tiers de la population, alors que celle-ci ne
représente qu’un peu plus d’un quart du PIB et à peine le cinquième des exportations en 2007 et
2008. Les principales récoltes traditionnelles sont le café, le thé, la canne à sucre, le coton, le maïs,
39 Données du FMI et sources nationales
32
les fruits et légumes. D’autres récoltes moins traditionnelles sont importantes à l’instar de la noix de
cajou, du sisal, du clou de girofles, des épices, de la noix de cocos, de l’huile de palme et des fleurs
coupées. En outre, le secteur des activités manufacturières, du bâtiment et de l’extraction minière a
gagné en importance. De plus, les efforts pour diversifier l’économie ont mis en évidence d’autres
secteurs, qui se sont distingués par une croissance particulièrement soutenue, entre autre, les services
financiers, l’immobilier, les services commerciaux, les communications notamment la téléphonie
mobile et le tourisme. Et sous l’effet d’incitations fiscales favorables aux compagnies privées, le
secteur des mines (or, diamants, tanzanite) est, depuis 2000, le plus dynamique du pays. En fait, le
secteur des mines et de l’extraction a vu sa croissance s’effondrer à 2.5 % en 2008 contre 10.7 % en
200740. La Tanzanie est aujourd’hui le troisième producteur d’or d’Afrique, derrière l’Afrique du
Sud et le Ghana. Le secteur tertiaire, dont la contribution au PIB reste la plus forte, a crû de 8.5 % en
2008, contre 8.1 % en 2007, les services financiers et les communications affichant respectivement
les plus forts taux de croissance les années 2007 et 2008, avec 11.9 et 20.5 %.
L’économie nationale, soutenue en 2008, a accusé un ralentissement en 2009 à la suite de
l’effondrement de la demande extérieure comme intérieure dans le contexte de crise financière
internationale. Les exportations des secteurs émergents se sont notamment réduites, de même que les
entrées de capitaux privés. Les unes et les autres avaient contribué aux solides résultats affichés les
années précédentes. Bien que plus soutenue que celle de la plupart des pays africains, la croissance
du PIB tanzanien devrait ralentir à 5.5 % en 2009, puis rebondir modestement à 5.7 % en 201041.
Par ailleurs, la Tanzanie a une position charnière en matière d’intégration régionale : elle est à la
fois tournée vers l’Afrique orientale et vers l’Afrique australe. Elle est ainsi membre de la
Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (East African Community - EAC), avec le Kenya et
l’Ouganda, désormais rejoints par le Burundi et le Rwanda ; Elle est également membre de la SADC
(Communauté économique d’Afrique Australe/Southern African Development Community). Elle fait
aussi partie de l’IOR-ARC, association des Etats riverains de l’Ocean Indien (Indian Ocean Rim
Association for Regional Cooperation). La Tanzanie est sortie du COMESA (Marché commun de
l’Afrique orientale et australe/Common Market for Eastern and Southern Africa) en août 1999.
40 Données du ministère des Finances et des Affaires économiques.
41 Données du ministère des Finances et des Affaires économiques (estimations)
33
II. Evolution et Répartition de l’aide
En dépit d’un taux de croissance annuel du PIB élevé, la Tanzanie demeure l’un des quinze pays
les plus pauvres du monde42, si bien que sa dépendance à l’égard de l’aide semble persister.
L'évolution et la répartition de l'aide au niveau des pays africains se sont faites de manière
considérable suivant la situation politique du pays, sa stabilité et les ressources naturelles dont le
pays bénéficiaire dispose.
L'Afrique est le continent qui a le plus profité de l'augmentation récente de l'aide. L'attention
plus grande portée à l'Afrique dans les politiques d'aide des pays développés est à mettre au crédit du
processus du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique ou NEPAD. En effet,
l'Afrique Subsaharienne, du point de vue de l'aide internationale, est celle sur laquelle s'expriment les
plus fortes inquiétudes. Sa population était de l'ordre de 500 millions d'habitants en 1990 mais
pourrait atteindre 1300 millions vers 202543. Pourtant, la croissance de la production reste inférieure
à celle de la population, d'où une extension de la pauvreté qui, ajoutée à d'autres problèmes à l'instar
des taux élevés d'infection par le virus VIH, fragilisent régulièrement les équilibres toujours
précaires.
La communauté internationale de bailleurs de fonds a pris conscience de ces problèmes. Ils ont
en fait chargé la Banque Mondiale de mettre en œuvre et de coordonner un programme spécifique
destiné à aider les pays à faible revenu d'Afrique à s'ajuster et à améliorer leur gestion, si bien que la
mise en place de stratégies nécessaires a été recommandée pour drainer vers ce continent des fonds
supplémentaires. Une augmentation progressive de la part de l'aide dirigée vers l'Afrique s'est
traduite par le passage de celle-ci de 21% 0 31% entre 1980 et 1992.
La Tanzanie fait partie des dix premiers bénéficiaires de l’APD provenant de la CEE et des pays
de l’OCDE dans leur ensemble, dans les années 1991-1992, avec une part d’aide reçue
respectivement de 2 millions de dollars et de 1,3 millions de dollars44.
42 Au sens de l’indice de développement humain du PNUD ou Programme des Nations Unies pour le Développement
43 BARBIER, « L’aide publique au développement : discours et idées reçues ». Afrique Contemporaine, n°171, 3ème trimestre 1994, p.45
44 BRUNEL Sylvie, Le Sud dans la nouvelle économie mondiale, coll. Major, PUF, Paris, 1995, pp.207‐208
34
Depuis le Sommet du Millénaire de 2000, l’aide globale à l’Afrique n’a cessé d’augmenter. Le
début du siècle a marqué la fin d’une décennie de baisse des flux d’APD en faveur du continent. En
2003, le montant total net des décaissements en faveur de l’Afrique est passé à 26,3 milliards de
dollars, indique l’OCDE dans son rapport annuel sur la coopération pour le développement.
En outre, la part du continent dans l’aide totale ne cesse d’augmenter. En 1997-98, l’Afrique
subsaharienne a reçu 35 % du montant net des décaissements d’APD provenant des pays membres
du CAD. En 2002-03, cette part est passée à 41 %45.
L’aide d’urgence, qui est également comptabilisée dans les chiffres d’APD, a aussi augmenté en
Afrique subsaharienne. Entre 2001 et 2003, cette portion de l’aide a augmenté de 1,6 milliard de
dollars. Si l’on exclut l’allégement de la dette, l’aide d’urgence et une petite augmentation de l’aide
alimentaire, selon les calculs du CAD, l’Afrique subsaharienne n’a reçu qu’un montant
supplémentaire de 600 millions de dollars aux fins du développement pendant cette période.
En 2005, l'aide à l'Afrique a augmenté, à cause de la forme d'allègement de dettes. Après un
repli de 4,5 % en termes réels en 2006, l'APD nette consentie par les pays membres du CAD a de
nouveau reculé de 8,4% pour atteindre 103,7 milliards USD46. Les données du CAD ont ainsi révélé
une augmentation de l'aide humanitaire de 4milliards USD en 2007 à 5milliards USD en 200847.
Voici quelques informations sur l’aide reçue par la Tanzanie depuis les années 2005 jusqu’en
2008.
45 HARSC Ernest, « Axer l’aide sur les priorités de l’Afrique : Des financements plus importants pour les OMD, mais il reste beaucoup à faire». Afrique Renouveau, Vol.19, Juillet 2005, p.15
46 OCDE, « Augmentation de l’aide destinée à l’Afrique ». Perspectives Economiques en Afrique, 2010, OCDE Development Center
47 OCDE, Coopération pour le Développement, rapport 2010, 159P
35
Tableau 5 : Flux d’aide reçue par la Tanzanie (USD)
2005 2006 2007 2008
APD nette reçue
(montant)
1 497 500 000 1 813 750 000 2 819 550 000 2 330 720 000
APD nette reçue
(% du RNB)
10,7% 12,9% 17,5% 11,7%
APD nette reçue
par habitant
38 45 68 55
Source : Indicateurs du développement dans le monde (www.oecd.org/dac/stats/idsonline)
Les décaissements d’APD ont dépassé les deux milliards USD en 2007, doublant par rapport
aux années 1990. La contrepartie est une importante dépendance de l’économie tanzanienne vis-à-vis
des bailleurs internationaux vu que la dette publique de la Tanzanie a été estimée à
11 357.4 milliards TZS en juin 2009, l’endettement intérieur représentant environ 20 % de ce
montant, soit 2 262.4 milliards TZS48.
Ci-après, également, des tableaux qui retracent les pourcentages de la croissance du PIB réel et
celle du PIB par habitant de l’Afrique Subsaharienne en général ainsi que ceux de la Tanzanie en vue
de constater leur similarité.
48 Données du ministère des Finances et des Affaires économiques
36
Tableau 6: Croissance du PIB réel (en pourcentage)
1997-
2002
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Tanzanie
4,8 6,9 7,8 7,4 6,7 7,1 7,4 5,0 5,6
Afrique
subsaharienne
4,1 5,1 7,2 6,2 6,4 6,9 5,5 1,1 4,1
Tableau 7 : Croissance du PIB réel par habitant (en pourcentage)
1997-
2002
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Tanzanie
2,3 4,8 5,5 5,1 4,8 5,0 5,3 2,9 3,6
Afrique
subsaharienne
1,8 2,9 5,0 4,1 4,2 4,8 3,1 -0,9 1,9
Sources : FMI, base de données du Département Afrique (22 septembre 2009) et des
Perspectives de l'économie mondiale (17 septembre 2009)
III. Impacts de l’aide
Ces considérations sur l’Afrique subsaharienne conduisent à souligner deux points. Tout
d’abord, sa forte dépendance à l’égard de l’APD. Ensuite, le fait que l’Afrique risque d’avoir du mal
à se maintenir comme pôle d’attraction de l’aide dès lors que surgissent d’autres enjeux touchant très
directement les intérêts des pays développés. Ce mouvement pourrait conduire à un déclin de l’APD
dirigée vers les zones subsahariennes, où l’investissement international stagne, voire recule.
37
Certains observateurs demeurent préoccupés par l’absence de progrès réalisés dans la réduction
de la pauvreté, malgré l’amélioration de la croissance économique. Cette dernière étant inégalement
répartie, c’est-à-dire, le secteur de services se dresse tandis que les zones rurales restent pauvres en
raison du manque de dynamisme du secteur agricole.
C’est décidément dans cette optique que le gouvernement tanzanien a pris de nouvelles
dispositions institutionnelles pour interagir avec la communauté des donneurs. Ces dispositions sont
reprises dans la stratégie pour l’aide à la Tanzanie ou SAT qui énonce des principes spécifiques pour
renforcer l’appropriation par le pays du processus de développement. Les domaines d’intervention
prioritaires définis dans cette stratégie sont les suivants : la prévisibilité des ressources extérieures, y
compris les questions de gestion financière ; la rationalisation des missions de consultation ainsi que
le renforcement de la capacité de coordination de l’aide et de gestion des ressources extérieures. En
fait, la prise en compte effective d ces dispositions institutionnelles en vigueur pose plusieurs défis
aux donneur, comme l’alignement des stratégies pays et des programmes de financement sur les
priorités tanzaniennes, le suivi des résultats, l’adaptation aux exigences de la coordination et la
gestion des risques. Par ailleurs, le gouvernement a aussi engagé un processus consultatif afin
d'élaborer une nouvelle vision du développement économique et social du pays. Ainsi, le processus a
débouché sur la vision du développement de la Tanzanie à l'horizon 2025, qui définit le cadre général
du développement.
La stratégie nationale d'élimination de la pauvreté de 1998 a servi de base à l'établissement du
Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP 2000). Cette stratégie témoigne d'une grande
connaissance du contexte international, et notamment des objectifs du millénaire pour le
développement.
Depuis 1995, le gouvernement tanzanien a recensé quatre grands obstacles au développement :
les carences de la gouvernance ; la dépendance à l’égard des donneurs ; la faiblesse des capacités de
gestion économique et l’inefficacité de la mise en œuvre. C’est pourquoi, il a mis en route cet
ensemble d’ambitieuses réformes pour venir à bout de ces obstacles politiques et économiques au
développement.
38
Encadré 2 : qu’est-ce que la SAT ?
La Stratégie pour l'Aide à la Tanzanie ou SAT est un cadre de développement national
cohérent devant permettre de gérer les ressources extérieures conformément aux grandes
orientations définies dans Vision 2025, dans la Stratégie nationale d'élimination de la
pauvreté et le CSLP. Il s'agit d'une initiative gouvernementale visant à rétablir
l'appropriation et le leadership à l'échelon local en encourageant le partenariat dans la
conception et l'exécution de programmes de développement. Elle cherche à promouvoir la
bonne gouvernance, la transparence, la responsabilisation, le renforcement des capacités et
l'efficacité de l'acheminement de l'aide. Il ne s'agit ni d'un programme, ni d'un projet, mais
d'un processus de changement.
Source : CAD, « Analyse conjointe de l’Appropriation et du partenariat en Tanzanie : Examen
comparatif du Danemark, de la Finlande, de l’Irlande et du Japon ». Revue de l’OCDE sur le
développement, Vol. 4, Issue 4, OCDE 2003, 29P.
En effet, le gouvernement définit sa stratégie de lutte contre la pauvreté en tenant compte du
contexte international. Et cette stratégie a servi de base à la fourniture d’une aide extérieure. Depuis
2002, de nouvelles dispositions ont été prises pour coordonner l’action des donneurs.
Un examen indépendant réalisé en Mars 199949a confirmé que des progrès substantiels avaient
été accomplis, mais il a été également signalé que certaines régions restaient confrontées à des
problèmes, à ne citer que la forte dépendance à l’égard de l’assistance technique, c'est-à-dire ne
dépendre que des consultants pour l’exécution des projets, ce qui est très onéreux ; ou les stratégies
d’aides pays sont non synchronisées ; ou encore une insuffisance des pouvoirs publics.
49 CAD, « Analyse conjointe de l’Appropriation et du partenariat en Tanzanie : Examen
comparatif du Danemark, de la Finlande, de l’Irlande et du Japon ». Revue de l’OCDE sur le
développement, Vol. 4, Issue 4, OCDE 2003, 29P.
39
Cette stratégie de développement tanzanienne suscite quelques préoccupations chez les
donneurs qui craignent qu’elle ne fasse une place suffisamment large à la viabilité des activités de
développement. Par ailleurs, les autorités tanzaniennes sont préoccupées par le manque de
cohérences des politiques suivies par les donneurs et par l’absence de concordance entre les actions
des donneurs multilatéraux et bilatéraux. Tout cela peut compromettre l’efficacité de l’aide publique
au développement.
En conséquence, la Tanzanie encourage la coordination de l’action des donneurs par divers
moyens et les donneurs ont réagi en améliorant leurs dispositifs. Ainsi, lors des débats menés au
CAD, certains membres ont fait valoir que la coopération pour le développement en Tanzanie s’était
beaucoup améliorée durant la dernière décennie. Les donneurs examinés ont souligné que les
donneurs et le gouvernement s’étaient lancés dans un processus d’engagement mutuel qui était
susceptible d’être étendu à terme à d’autres parties prenantes comme la société civile, le secteur privé
et les ONG internationales. Les mesures prises en vue d’améliorer la coordination se sont aussi
traduites par des améliorations substantielles au niveau de l’harmonisation des procédures entre les
donneurs, ainsi que des travaux conjoints. Les donneurs présents en Tanzanie ont entrepris
d’élaborer un code de bonne conduite pour les activités de coordination, qui améliorera encore la
situation.
Une analyse conjointe de la mise en oeuvre des stratégies de partenariat des quatre pays
donneurs nous aidera à comprendre la situation de la Tanzanie. Ces quatre donneurs sont le
Danemark, la Finlande, L’Irlande et le Japon. Les descriptions des donneurs ont été aussi mises au
point en accord avec leurs missions. C’est une comparaison des « stratégies-pays »qui porte sur les
différents liens existant avec la Tanzanie et sur la manière dont ces liens sont pris en compte par les
donneurs à l’égard de la SAT et du CSLP.
En guise d’illustration, on présente les stratégies-pays pour la Tanzanie des quatre donneurs
dans le tableau ci-dessous. Elles ont été élaborées à des périodes différentes mais toutes sont dans
l'ensemble conformes à la SAT. Bien que les stratégies-pays correspondent en gros aux besoins de la
Tanzanie, chacun des quatre donneurs centre plus particulièrement ses efforts sur certains secteurs
prioritaires et certaines questions transversales correspondant à son avantage comparatif, et soutient
la stratégie de lutte contre la corruption des autorités tanzaniennes.
40
De ce fait, le tableau fait apparaître que les quatre donneurs sont nettement convaincus de
l'intérêt des partenariats. Cependant, leurs approches sont très différentes sur certains points. En
effet, les quatre donneurs prennent une part active aux solides mécanismes de coordination qui
comprennent un CAD local et diverses approches sectorielles.
41
Tableau 8 : Stratégies-pays pour la Tanzanie des quatre donneurs (Danemark, Finlande, Irlande et Japon)
Aspects
Danemark
Finlande
Irlande
Japon
1. Relations avec la Tanzanie.
2. Mesures prises, compte tenu de la SAT et du CSLP.
3. Secteurs prioritaires et questions transversales, notamment aide aux activités anticorruption.
1. Une étroite relation de travail s’est établie depuis l'indépendance et le Danemark a contribué à lancer le débat avec la Tanzanie sur les relations d’aide en 1996.
2. La stratégie-pays du Danemark vise à intégrer la coopération danoise dans le programme de développement de la Tanzanie. Le Danemark soutient activement le CSLP, point de départ de sa propre stratégie ; la plupart des composantes de son programme sont alignées sur le CSLP.
3. Les secteurs prioritaires sont les routes, la santé, l'agriculture et les entreprises. Les questions transversales importantes sont l'environnement, la problématique homme-femme et la bonne gouvernance, questions pour lesquelles il existe au Danemark de forts groupes de pression. Des
1. Une étroite relation de travail s’est établie depuis l'indépendance, de bonnes relations diplomatiques existant au niveau présidentiel
2. La stratégie-pays est présentée dans un document interne qui sert de cadre au dialogue sur les mesures à prendre et porte notamment sur les échanges et les relations politiques. La Finlande soutient activement l'élaboration de la stratégie de lutte contre la pauvreté de la Tanzanie qui sert de base à son propre programme d'aide.
3. Les secteurs prioritaires sont l'éducation, l'exploitation forestière, le développement rural et la bonne gouvernance. La Finlande apporte son concours au programme tanzanien de lutte contre la corruption dans le cadre d'activités spécifiques du PNUD. Les questions transversales importantes sont la lutte contre la pauvreté (croissance favorable aux pauvres),
1. Les relations d'aide sont relativement récentes (années 1980). La stratégie de l'Irlande fait une très large place au partenariat avec les autorités tanzaniennes et à la lutte contre la pauvreté.
2. L'Irlande a aligné sa stratégie pays sur la stratégie de lutte contre la pauvreté de la Tanzanie.
3. L'Irlande axe ses efforts sur les secteurs sociaux et l'agriculture. La gouvernance, le VIH/sida, la décentralisation et la réforme de l'administration locale sont d'importantes questions transversales. Les activités de lutte contre la corruption sont intégrées dans l’ensemble des travaux sur la
1. Les relations d'aide ont commencé immédiatement après l'indépendance et aujourd'hui la Tanzanie est le principal partenaire du Japon en Afrique, pour ce qui est de l'APD.
2. Bien que la stratégie-pays du ministère des Affaires étrangères soit antérieure au CSLP et à la SAT, le Japon tient compte des demandes d'aide de la Tanzanie. Il aligne une grande partie de ses activités sur le CSLP, mais il fait une plus large place à la croissance économique.
3. Les secteurs prioritaires sont les infrastructures, l'éducation de base et les soins de santé de base, l'agriculture et la préservation de la forêt. La lutte contre la pauvreté (notamment la croissance économique) est la principale question transversale traitée. La JICA a lancé une formation sur la déontologie dans le cadre de ses
42
4. Régions prioritaires, rôle des"programmes locaux", le cas échéant.
5. Principales orientations de la stratégie pays.
activités d’anticorruption spécifiques sont menées dans plusieurs secteurs ; Par ailleurs, des activités en la matière sont intégrées dans la plupart des programmes du fait de l'accent mis sur la gouvernance et la transparence.
4. Les activités financées par le Danemark sont concentrées dans les régions d'Iringa et Kagera, mais le Danemark a mis fin depuis longtemps à ses programmes intégrés de développement rural.
5. Accent mis de plus en plus sur la lutte contre la pauvreté, les droits de l'homme, la problématique homme-femme, la bonne gouvernance et les zones d'accueil.
l'environnement, la problématique homme-femme et la société civile.
4. L'aide est concentrée dans le sud de la Tanzanie, à Zanzibar et dans les régions de forêts tropicales où sont mis en oeuvre les programmes localisés permettant d’obtenir des observations de terrain.
5. Place accrue accordée à la lutte contre la corruption dans le dialogue sur les mesures à prendre, réflexion plus approfondie sur l'aide au secteur privé et à la création d'emplois.
gouvernance.
4. Quatre programmes localisés, de plus en plus liés aux activités des administrations locales, permettent d’obtenir des observations de terrain et des informations qui sont prises en compte dans les débats sur les politiques sectorielles.
5. Engagements à long terme avec les autorités tanzaniennes et importants financements par le biais de financements communs sectoriels ou du soutien budgétaire.
activités de lutte contre la corruption.
4. L'aide est fondée sur la demande de la Tanzanie et porte généralement sur l'ensemble du pays si bien qu'il n'y a pas de concentration géographique des efforts d'aide.
5. Prise en compte des demandes des autorités tanzaniennes et promotion de la croissance économique pour le prochain CSLP.
Source : CAD, « Analyse conjointe de l’Appropriation et du partenariat en Tanzanie : Examen comparatif du Danemark, de la Finlande, de l’Irlande et du Japon ». Revue de l’OCDE sur le développement, Vol. 4, Issue 4, OCDE 2003, 29P
43
Suivant l’optique de l’efficience, l’efficacité, la viabilité et l’impact de l’aide venant de ces donneurs,
on arrive aux conclusions suivantes. Les effectifs peu nombreux des agents du Danemark gèrent un
programme relativement important. La décentralisation et la gestion axée sur les résultats favorisent
l'efficacité de l'aide. La viabilité à long terme est prise en compte dès la conception du programme,
d'où les efforts pour intégrer les activités dans les systèmes tanzaniens. L'impact des financements
communs a un caractère évolutif. Tandis que la Finlande dispose d'effectifs peu nombreux et son
programme est relativement restreint. Elle vise à accroître l'efficacité de l'aide en accordant une place
privilégiée aux approches participatives. La viabilité à long terme dépend des efforts déployés pour
intégrer le programme finlandais dans les systèmes tanzaniens. Les programmes localisés ont une
incidence microéconomique. En outre, le recours accru au financement commun a pour but de
promouvoir l'appropriation, d'accroître l'efficience et l'efficacité du petit nombre d'agents disponibles
et d'améliorer la viabilité. L'Irlande souhaite aussi être un donneur souple, ce qu'elle parvient à être.
Les programmes localisés ont un impact au niveau microéconomique. L'impact des financements
communs a un caractère évolutif. Enfin, par rapport à la taille du programme d'aide, les agents qui se
consacrent aux activités de développement sont peu nombreux. Enfin, la stratégie d'efficacité du
Japon met l'accent sur l'excellence technique et la fiabilité du financement de l'aide. La promotion de
la croissance économique est un moyen de soutenir la viabilité des projets. Des mesures sont prises
afin de poursuivre les résultats à court terme.
Certes la Tanzanie a atteint, ces dernières années, un taux de croissance annuel du PIB élevé et
une stabilité macroéconomique. En outre, des progrès significatifs ont été accomplis dans les
domaines de l’éducation primaire, de l’égalité des genres, de l’accès de la population urbaine à l’eau,
mais beaucoup reste à faire dans la mise à niveau des infrastructures, la lutte contre la pauvreté
extrême, la malnutrition et la santé. Malgré l’essor des investissements directs étrangers, l’expansion
du tourisme et du secteur minier qui constitue des atouts le pays, il reste handicapé par la
bureaucratie, fragilité de l’agriculture et la corruption.
44
CONCLUSION
D'une manière générale dans la littérature économique, la notion d'efficacité de l'aide au
développement n'apparaît pas très claire. Si pour certains l’aide au pays en développement est un
pur gaspillage, pour d’autres c’est un investissement efficace facilitant le développement. En effet,
l’aide publique au développement représente une opportunité permettant au pays bénéficiaire de
briser le piège de la pauvreté. Elle peut ainsi être un puissant moyen de promouvoir la croissance et
de réduire la pauvreté car le niveau de l'aide peut affecter positivement la croissance économique et
améliorer considérablement le bien-être de la population.
Il est vrai qu’aucun pays pauvres du Tiers Monde ne s’est développé grâce à l’aide extérieure,
pourtant, il existe d’autres cas où cette aide s’est révélée l’élément décisif qui a permis à certains
Etats de « décoller ». Et bien que les réalisations aient été moindres dans les pays les plus pauvres,
on a tout de même pu constater un progrès et l'aide y a contribué. En effet, d’une part, les
décaissements d’aide publique au développement ont dépassé des sommes colossales pour la
Tanzanie, toutefois, la contribution de celle-ci dans la croissance reste très modeste du fait qu’une
grande partie est consommée au lieu d’être investie de manière productive. Et d’autre part, force
est de constater que malgré la prépondérance des flux d’aide, le succès de la Thaïlande pourrait être
associée à un mélange des performances telles que une politique astucieuse de décisions, une solide
gouvernance démocratique, une population industrieuse, un investissement public dans les services
sociaux, des circonstances historiques et, surtout, la croissance économique, de manière à ce que le
pays soit en train de devenir, à son tour, un partenaire de développement . De plus, avec ses
performances, la Thaïlande a fréquemment été qualifiée de « cinquième dragon asiatique ».
En termes simples, l'aide a contribué à la croissance et au développement de certains pays,
contrairement à d’autres. Elle a certes eu une contribution importante, mais ne représente pas une
panacée. Néanmoins, un partenariat prolongé entre le bailleur et le pays bénéficiaire va
probablement soutenir le processus de réformes et accroître l'efficacité de l’aide.
Annexe
LES OBJECTIFS DU MILLENAIRES POUR LE
DEVELOPPEMENT :
Objectif 1: Faire disparaître l’extrême pauvreté et la faim Objectif 2 : Garantir à tous une éducation primaire Objectif 3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes Objectif 4 : Réduire la mortalité des enfants Objectif 5 : Améliorer la santé maternelle Objectif 6 : Combattre le VIH/ Sida, le paludisme et d’autres maladies Objectif 7 : Assurer la durabilité des ressources environnementales Objectif 8 : Mettre en place un partenariat mondial de développement
Bibliographie et webographie
− AMPROU, CHAUVET, « Efficacité et allocation de l'aide: revue des débats ».
Notes et Documents, n°6, 31 Août 2004, Agence Française de Développement
− BARBIER, « L’aide publique au développement : discours et idées reçues ».
Afrique Contemporaine, n°171, Juillet-Septembre, 1994, pp.44-93
− BLAISE Sévérine, Efficacité de l’aide au développement : le cas de l’Asie de l’Est,
Résumé de thèse de Doctorat ès Sciences Economiques, 17 Décembre 2004,
Université de la Méditerranée
− BRUNEL Sylvie, Le Sud dans la nouvelle économie mondiale, collection Major,
PUF, Paris, 1995, 406P
− BURNSIDE, DOLLAR, “Aid, policies and growth”. Policy research working paper,
n°1777, 1997, World Bank Development Research Group, Washington DC
− CAD, « Analyse conjointe de l’Appropriation et du partenariat en Tanzanie :
Examen comparatif du Danemark, de la Finlande, de l’Irlande et du Japon ».
Revue de l’OCDE sur le développement, Vol. 4, Issue 4, OCDE 2003, 29P.
− CLEMENS, RADELET, BHAVNANI, « Aide et croissance: débat en cours et
données nouvelles », Center for Global Development, Février 2004, 17P
− COLLOMBAT Thomas, Le point sur l’aide au développement, Février 2004, 36P
− GUEYE Fatou, L’efficacité de l’aide publique au développement : cas du Sénégal,
Mémoire de DEA, 2006-2007, Université Cheikh Anta Diop de Dakar
− HARSC Ernest, « Axer l’aide sur les priorités de l’Afrique : Des financements plus
importants pour les OMD, mais il reste beaucoup à faire». Afrique Renouveau,
Vol.19, Juillet 2005, p.15
− JACQUET Pierre, « Les enjeux de l’Aide Publique au Développement ».
Mondialisation et rapports Nord/Sud – Politique Etrangère, 4 :2006, pp.941-954
− JAMES H.Michel, « L’aide au développement en question ». Problèmes
économiques, n°2587, 21 0ctobre 1998
− LARQUEMIN Aurélie, L'APD est-elle efficace à l'échelle macro-économique?,
Mémoire de 4ème Année d’I.E.P., Juin 2008, Université Robert Schuman
− MORRISSEY Oliver, « Aide publique au développement : efficacité et
conditionnalité ». Techniques Financières et Développement, n°71, Juin 2003
− OCDE, « Augmentation de l’aide destinée à l’Afrique ». Perspectives Economiques
en Afrique, 2010, OCDE Development Center
− OCDE, Coopération pour le Développement, rapport 2010, 159P
− PHIJAISANIT Euamporn, « Time series analysis of endogenous fiscal response to
development aid in Thailand ». Research journal of International Studies, Issue 15,
August 2010, pp.12-26
− SEVERINO, CHARNOZ, « Les mutations impromptues : état des lieux de l’APD ».
Afrique Contemporaine, n° 213, 2005, pp.13-131
tfh.phillipkern.de
thailand.prd.go.th
webnet.ocde.org
www.africaneconomicoutlook.org
www.banquemondiale.org
www.oecd.org
www.thailand.com
www.un.or.th
www.who.int
Table des matières
Remerciements………………………………………………………………………………...i
Liste des abréviations………………………………………………………………………....ii
Liste des illustrations……………………………………………………………………….....iv
Liste des tableaux……………………………………………………………………………...iv
Sommaire
INTRODUCTION ................................................................................................................... 1
Partie 1 : GENERALITES SUR L’AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT ................ 2
Chapitre 1 : Contexte de l’aide publique au développement ............................................... 2
I. Définitions et objectifs de l’aide publique au développement ..................................... 2
I.1 Définitions............................................................................................................... 2
I.2 Objectifs de l’aide ................................................................................................... 6
II. Historique de l’aide publique au développement ........................................................ 6
III. Les différents types d’aides ....................................................................................... 8
IV. Les différentes formes de l’aide et son mécanisme ................................................... 8
IV.1 Formes de l’aide ................................................................................................... 9
IV.2 Mécanisme de l’aide .......................................................................................... 10
V. L’APD en chiffres......................................................................................................... 11
Chapitre 2 : Approches théoriques sur l’efficacité de l’aide publique au développement 14
I. Effet de l’aide publique au développement sur la croissance ..................................... 14
I.1.L’aide stimule effectivement la croissance. .......................................................... 14
I.2 L’aide n’influe pas sur la croissance. .................................................................... 16
I.3 La relation entre et la croissance est conditionnelle ............................................. 16
II. Effet de l’aide sur la réduction de la pauvreté ........................................................... 18
II.1Relation entre croissance et réduction de la pauvreté ........................................... 18
II.2.Effet direct de l’aide sur la réduction de la pauvreté ........................................... 19
Partie 2 : ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’APD EN ASIE DE L’EST
ET EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE ............................................................................... 21
Chapitre 3: La Thaïlande ................................................................................................... 21
I. Données générales sur l’économie du pays ................................................................ 21
II. Evolution et répartition de l’aide ............................................................................... 22
III. Impacts de l’aide ...................................................................................................... 27
Chapitre 4 : La Tanzanie ................................................................................................... 31
I. Données générales sur l’économie du pays ................................................................ 31
II. Evolution et Répartition de l’aide ............................................................................. 33
III. Impacts de l’aide ...................................................................................................... 36
CONCLUSION ..................................................................................................................... 44
Annexe
Bibliographie et Webographie
Nom : RAKOTOARISOA
Prénoms : Vonin’Oliva Thème : Analyse comparative de l’efficacité de l’aide publique au développement en Asie de
l’Ets et en Afrique subsaharienne : cas de la Thaïlande et de la Tanzanie.
Nombre de pages : 44 pages
Nombre des encadrés : 2
Nombre de tableaux : 8
RESUME EXECUTIF
L’aide publique au développement ou APD est l’ensemble des ressources octroyées par les
secteurs publics des pays développés ou par des organismes internationaux à des conditions
favorables aux pays en développement. Les principaux objectifs assignés à l’APD étant de
combler les déficits des pays bénéficiaires, de sortir ces derniers de leur pauvreté et
d’améliorer le bien-être de la population. L’APD a connu des changements importants depuis
une quinzaine d’années, dans un contexte caractérisé par la fin de la guerre froide, un certain
renouveau conceptuel et la mise en place de politiques nouvelles. Les diverses crises de la
dette ont également suscité de nouveaux débats sur l’efficacité de l’APD, qui se sont
concentrés sur l’impact de l’aide sur la croissance avant d’être orientés sur la réduction de la
pauvreté.
En d’autres termes, l’aide est contestée par rapport à son efficacité, si bien que de nombreux
auteurs ont cherché à évaluer l’effet de cette aide, non seulement au niveau de la croissance
des pays récipiendaires, mais aussi en termes de réduction de la pauvreté. Ainsi, il en résulte
que la relation entre l’aide et la croissance pouvait être positive ou bien négative, voire même
conditionnelle suivant les résultats de nombreuses analyses qui ont été menées.
Par ailleurs, les cas de la Thaïlande et de la Tanzanie permettent d’illustrer ces propos. En
effet, la Tanzanie compte en grande partie sur l’aide pour le financement de certains de ses
secteurs, tandis que la Thaïlande est en train de devenir un donateur important d’aide au
développement, malgré le fait que les deux pays aient été bénéficiaires de l’APD en vue de
favoriser leur développement. Plus précisément, à l’heure actuelle, la Tanzanie figure parmi
les pays les plus pauvres du monde, par contre, la Thaïlande est en phase d’évoluer en
partenaire de développement, fournissant des niveaux substantiels d’APD à ses voisins.
Mots clés : efficacité, aide publique au développement, impacts
Encadreur : Monsieur RAMIARISON Herinjatovo Aimé
Adresse de l’auteur: Lot IVG 19 Ankaditapaka Behoririka – Antananarivo 101