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Dossier de presse

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LE RËVE D’UN ENFANTDANS UN MONDE EN MÉTAMORPHOSE.Sur le fleuve Maroni, à la frontière entre la Guyane Française et le Suriname, la communauté amérindienne Wayana est en plein bouleversement culturel, social et identitaire. Dans le village de Talhuwen, le petit Derreck découvre un monde en métamorphose. Les différentes générations cohabitent sans trop se comprendre. L’enfant, lui, continue à jouer, offrant une infinité de portes sur l’avenir. Le calme apparent du village est bousculé par les foisonnantes découvertes de l’enfant. Il se perd entre les rêves et la réalité. Ses proches, eux aussi, sont pris dans ce voyage onirique qui fait émerger leurs souvenirs, leurs fantasmes et leurs mythes. « Anuktatop » (métamorphose en langue Wayana) ouvre un univers qui conjugue les temps, mettant en relief les souvenirs des anciens, détenteurs d’un riche passé et les nouvelles perspectives de la jeunesse.

L’association « Chercheurs d’Autre » tend à tisser des liens entre des cultures proches ou lointaines. Les actions développées permettent une meilleure compréhension mutuelle, elles favorisent l’équité et le vivre ensemble par une meilleure connaissance de nos réalités respectives. Chercheurs d’Autres s’attache à mettre en lumière les patrimoines qui dessinent les identités et les particularités des peuples. Cela au travers de productions donnant la parole et impliquant les habitants dans le processus de création et de médiation.

Je parle d’un monde invisible. Je parle de ce que les hommes ont perdu par leur propre faute. Je parle du monde des transformations, ou toutes

les formes sont brumeuses.

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I l y a longtemps nous vivions tous dans la forêt profonde. C’était le temps des guerres. Nous avions peur du fleuve car il y avait beaucoup de monstres aquatiques qui souvent nous dévoraient et nous amenaient au plus profond du fleuve. Nous restions donc toujours loin du

fleuve, dans la forêt profonde.

Cette nuit l’esprit est revenu. Il fait du bruit, il grince, il ronronne à mes oreilles comme une nuée de criquets. Il me tourne autour, il volette... Mais après il se calme et il chuchote – il me parle de son étrange voix. Il m’a parlé longtemps cette nuit. Il m’a parlé du monde invisible, celui où tout se transforme. Les choses se mélangent là-bas, rien ne reste fixe. Mais notre créateur Kuyuli en a interdit l’entrée aux hommes et il a figé toutes les formes. Parfois, des esprits viennent du monde des transformations. Ils viennent nous aider... Moi elle m’a

enveloppé de vert, elle était pleine de lucioles et elle a étoilé ma nuit. L’esprit est encore revenu, il était éclatant et brillant - peut-être que je rêvais. Ou alors c’était un cauchemar : il est incontrôlable quand il nous enveloppe de son halo phosphorescent, sa lueur verte ne me quitte plus pendant des heures et je le sens partout après. Quand même, je ne l’ai pas invité moi, à venir dans mon hamac. Il joue, il veut agir sur le présent, comme un esprit ressuscité. Dans la pénombre de la nuit, il me fait rencontrer les héros d’antan, ceux qui vivaient aux coeur de la forêt.

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La collaboration avec la société de production « Les films du Sud » permet la rencontre entre Nicolas Pradal, le réalisateur, et la famille Opoya dans la communauté Wayana de Talhuwen. Cette première immersion fait éclore la première écriture du film.

Pierre Selvini, co-réalisateur, rejoint l’aventure. La création d’un film test de 40mn avec les jeunes du village permet de mettre en action la présence des auteurs et de prolonger l’écriture. Les relations avec le petit Derreck, fils de la famille Opoya, s’approfondissent. La rencontre entre les réalisateurs et l’association « Chercheurs d’Autres » permet de renforcer l’aspect participatif du projet. Une collaboration est née.

Les auteurs et l’association participent à un stage audiovisuel impliquant des jeunes amérindiens du fleuve. La confiance avec les habitants du fleuve permet d’intégrer des villageois dans l’écriture du film. La rencontre avec Renzo Duin, anthropologue spécialisé dans la culture Wayana, offre une approche scientifique fondamentale au projet.

Une équipe de tournage constituée de techniciens et de jeunes villageois passe trois mois de tournage sur le fleuve Maroni. Les images documentaires sont filmées en équipe réduite. Les parties «fictions» sont tournées en un mois, avec 3 semaines de préparation en amont. Elles impliquent une vaste équipe avec la mise en marche d’une dynamique sociale d’envergure : plus de 130 personnes sur le fleuve, un échange inter générationnel du savoir, des jeunes rémunérés impliqués dans l’équipe de tournage. Fin 2013, les auteurs et « Les films du Sud » finissent le montage du documentaire de 52min « La Jeunesse du Fleuve ».

L’association « Chercheurs d’Autres » lance la post-production de la nouvelle version du projet intitulé « Anuktatop : la métamorphose ». Les auteurs se rendent sur place afin d’échanger sur le montage en cours. La post-production se termine début 2016.

Avec ce projet nous avions l’envie de créer un vrai film, un moment de cinéma, profond, réfléchi, dans les meilleures conditions possibles et en accord avec toutes les personnes impliquées. Cependant, nous n’imaginions pas qu’il prendrait une telle ampleur.

Pour être au plus près de la réalité et pour insuffler une dynamique commune, nous avons entamé une collaboration avec les gens du fleuve, en tissant une relation sincère et humaine. Nous nous sommes d’abord placés dans une position d’observateurs attentifs, à l’écoute des différentes volontés et contraintes qui surgissaient autour de nous.

Malgré toutes les difficultés rencontrées durant les quatre années de repérage, de véritables relations d’amitié se sont tissées. De ce relationnel ont émergé des échanges autour de la construction du film. Cette implication que nous avons renouvelée chaque année nous a poussés à élaborer le film en plusieurs étapes.

Tout d’abord, dans une phase d’écriture qui a duré trois ans, nous avons passé plusieurs mois au sein de la famille Opoya, où nous avons pu vivre de nombreux moments qui nous ont permis une écriture au plus proche du réel. Certains villageois se sont impliqués dans le projet d’eux-mêmes. D’autres nous ont raconté des histoires. La doyenne

Malilu nous a conté un souvenir de sa jeunesse, Sylvana nous a fait partager son histoire d’amour impossible. Stéphane, lui, nous a confié son rêve le plus fou : partir dans le ciel avec cette fusée qu’il voit parfois au loin. Un autre habitant est venu nous conter l’histoire mythologique de Kaïlawa.

En ce qui concerne la phase de tournage, la partie documentaire a été tournée dans l’intimité de la famille, avec une équipe réduite. Les fictions qui s’entremêlent au documentaire ont, elles, été longuement préparées. Un échange essentiel entre la jeune et l’ancienne génération a permis de reconstituer les scènes d’antan fidèlement. Un petit village des années 1960 a été construit par des détenteurs du savoir-faire traditionnel, avec l’aide de jeunes. Ce lieu est d’ailleurs devenu aujourd’hui un petit village où vit la famille d’un des protagonistes. Pour la reconstitution du conte mythologique, l’imagination des jeunes a apporté une véritable fraicheur, permettant à une histoire ancienne d’être revitalisée.

Enfin, en 2014, nous avons rapporté le montage au village afin de pouvoir entendre les ressentis des habitants. Certaines remarques étaient essentielles au bon fonctionnement du récit. Après ces cinq années de création, nous regardons avec fierté les difficultés et les richesses de ce travail commun.

PA R L ES R É A L I S AT E U R S :N I CO L A S P R A D A L P I E R R E S E LV I N I

Georges Ba land ier (2003)

La soc iété n ’ex iste pas comme un donné, comme dé jà- là , e l le est que lque chose vers quo i l ’on tend . C ’est une sorte d ’hor izon qu i s ’é lo igne dès qu’on cro i t s ’en rapprocher . . . C ’est le l ieu d ’un trava i l cont inue l de mise en forme, de mise en s ign if icat ions , de mise en inst i tut ions . . . Dans toute soc iété , l ’ordre et le désordre se con juguent , l ’ inachèvement est de sa

nature . . . I l est le moteur du mouvement h istor ique .

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Ma l i l uO P O YA

S t é p h a n eT O I N E Ï K E

S y l v a n aO P O YA

D e r r e c kO P O YA

Malilu est l’arrière grand-mère de Derreck, et la fille du créateur du village. Son mari, mort en 2010, avait participé au film « Dirty Paradise » qui traitait des dégats de l’orpaillage et de la pollution du fleuve par le mercure. Elle n’a jamais connu l’école durant sa jeunesse, elle parle uniquement la langue Wayana. Malgré ces barrières elle soutient le projet depuis le tout début, disant que le film restera comme une mémoire ici sur le fleuve. Durant les repérages, Malilu nous a raconté ses souvenirs. Le récit qui nous a le plus marqué a été son arrivée sur les berges françaises pendant son enfance. C’est ce souvenir qui remontera à la surface du film.

Elle est la jeune tante de Derreck. Tout au long de l’année scolaire, elle vit dans une famille d’accueil à Kourou. Pendant les vacances, elle revient dans sa famille au village. Durant le tournage, nous lui avons demandé d’écrire sa voix intérieure, qui rendrait compte de ses pensées personnelles. Elle y parle de la difficulté de partir du village et de persister dans les études, de la peur de revenir après un échec et ce vide face à l’existence que l’on peut ressentir quand l’on est adolescent. Elle nous mène aussi dans son histoire d’amour impossible qu’elle a vécue avec un jeune Bushinengué.

Derreck est le fil conducteur du film. Durant le tournage il avait six ans, il rentrait en CP à l’école du village. Il est le fils de Kindy Opoya et de Jocelin Jubitana (indien Kali’na, nation amérindienne des côtes littorales). Il est le fruit d’un mélange entre ethnies amérindiennes. Il parle le Wayana, le taki-taki (langue du fleuve) et le français. Le matin il va à l’école du village, puis la journée, il va et vient entre les maisons de ses nombreux cousins, de ses oncles et tantes et de ses grands-parents. La nuit, ses rêves le plongent dans l’obscurité de la forêt où il croisera les guerriers d’antan.

Ce jeune homme avait 21 ans durant le tournage. Il a fait des études dans le batiment qu’il n’a pu prolonger. Il est revenu au village, dans sa famille. Il veut à présent fonder sa famille et construire sa maison de ses propres mains. Mais il y a en lui de nombreux rêves qui bouillonnent. Il est intrigué par le passé de son peuple, son père étant un des détenteurs de nombreux savoirs. Il s’est lié d’amitié avec un ethnologue qui lui a transmis la passion pour l’archéologie. Son rêve est de devenir astronaute. C’est par ce désir que Stéphane va nous mener sur la base spatiale de Kourou. Dans ces vastes décors, le jeune homme va faire face à son identité double.

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ANUKTATOP la métamorphose Documentaire de création (documentaire/fiction)Langue : Français et Wayana sous-titré FrançaisAnnée de production : 2015Format : HDDurée : 110 min

Fiche ArtistiqueDerreck OpoyaMalilu OpoyaSylvana OpoyaStéphane ToineïkeEda Alupki

Fiche TechniqueTitre : Anuktatop, la métamorphose Réalisateurs : Nicolas Pradal et Pierre SelviniCaméra : Tarek SamiSon : Pierre Selvini et Lucie DècheRégie : David CrochetStagiaires : Jonika Aliwawpoe, Roberto Toineike, Booman Taluen, Marcel Aloike, Rani Palimino, Sakowe AsaukiliMontage : Fabien Daguerre, Nicolas Pradal et Pierre SelviniMusique et Sound Design : Pierre SelviniMontage son et Mixage : César MamoudyEffets Spéciaux : Matthieu TerrienÉtalonnage: Saul MêmeteauProduction : Chercheurs d’Autres

Financeurs L’Union-Européenne (PEJA)Le Ministère des Outre-Mer et le Ministère de la Culture et de la Communication (FEAC)Le Parc Amazonien de GuyaneLe Conseil Général de Guyanele Conseil Régional de GuyaneLa Mairie de Maripasoula

Soutiens Les films du sudAir Caraïbes Tic-Tac production

par Renzo Duin *

Le film Anuktatop: la Métamorphose, réalisé par Nicolas Pradal et Pierre Selvini, montre les dynamiques entre l’histoire Wayana et la situation actuelle sur le Haut Maroni, frontière entre la Guyane française et le Suriname. Ces cinéastes ne dépeignent pas les amérindiens de la Guyane comme des « nobles sauvages » ou « les derniers survivants des savoirs traditionnels », comme le font habituellement les documentaires sur l’Amazonie. Les Wayana se trouvent entre deux mondes, c’est-à-dire, un monde amérindien et une mondialisation envahissante.

Anuktatop est un mot Wayana dérivé du verbe tanuktai qui signifie « devenir » ou plutôt « s’éloigner sous une autre forme ». Pour les Wayana, cette métamorphose consiste en la familiarisation avec une coutume (tehepamnëphe) et l’acquisition d’un vêtement (epam). En s’appropriant des habitudes différentes, un individu change son apparence mais pas son ame. La scène dans laquelle un des protagonistes du film arrive au Centre Spatial Guyanais en costume amérindien d’antan, avec des cheveux longs avant d’entrer dans le bureau, vêtu d’un costume complet-veston avec une coupe de cheveux

à l’Européenne, est une formidable illustration artistique de ce qui est connu dans la littérature comme le « perspectivisme amazonien ».

Ce projet de film a permis à la jeune génération Wayana de s’engager activement, en renouant avec leur passé autochtone. Afin de reconstituer les scènes historiques, un village Wayana du milieu du XXème siècle a dû être construit. Cela a donné lieu à des réflexions et des échanges animés autour de la mémoire et des sources historiques. Les scènes plus anciennes, notamment celles de la période de Kailawa – le héros fondateur du peuple Wayana – ne pouvaient pas se fonder sur des sources historiques. La mémoire collective était elle-même imprécise quant à certains détails nécessaires aux reconstitutions des scènes d’antan.

Ces discussions entre les différentes générations ont aidé à perpétuer le savoir et le savoir-faire Wayana. Une démarche d’autant plus importante que cet héritage n’a que peu de place dans le système scolaire Français.

Anuktatop » fait suite à mes études anthropologiques, historiques et archéologiques menées chez et avec les

Wayana du Haut Maroni, entre autres les habitants du village Talhuwen, là-même où le film a été tourné. Cette rencontre entre l’art cinématographique et les sciences humaines va d’ailleurs permettre la création d’un nouveau projet de film qui se développera autour du processus complexe et dynamique du patrimoine immatériel Wayana.

* Research Associate, University of Oxford, School of Anthropology and Museum Ethnography. WEBPAGE : www.anthro.ox.ac.uk // ACADEMIA.EDU : oxford.academia.

edu/RenzoDuin

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CONTACTSRéalisateurs

Nicolas Pradal : [email protected] Selvini : [email protected]

Coordinateur David Crochet : [email protected]