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Apprentissage du lexique en MS en tenant compte du contexte Mylène Lebon-Eyquem Université de La Réunion

Apprentissage du lexique en MS en tenant compte du …ien-stdenis5.ac-reunion.fr/fileadmin/user_upload/st-denis5/... · Ne pas étudier un mot de façon isolée mais choisir les mots

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Apprentissage du lexique en MS en tenant compte

du contexte

Mylène Lebon-Eyquem Université de La Réunion

Plan de l’exposé

1 – Quelques définitions : les différentes compétences langagières et le lexique

2 – Les stratégies cognitives mobilisées lors du développement lexical et les processus en jeu

3 – Proposition d’une démarche d’acquisition lexicale lors d’une séance d’apprentissage et propositions d’activités

Les compétences langagières Trois types de compétences ont été définies, notamment par Mairal et Blochet (Maîtriser l’oral, 1998, éd Magnard) : * Les compétences communicationnelles qui prennent en compte :

- le désir de communiquer (avec ou sans sollicitation),

- les règles conversationnelles (tenir compte des autres), l’attitude lors de l ’ é c h a n g e ( l ’ i n t o n a t i o n , l ’ é l o c u t i o n , l a

gestuelle). Attention, elles sont devenues transversales dans les nouveaux programmes

* Les compétences linguistiques qui concernent : le lexique et la syntaxe (construction des phrases).

•  Les compétences textuelles qui permettent de déterminer : le type d’oral utilisé (narratif, explicatif, argumentatif, descriptif) et la structuration de l’oral (l’organisation et la cohérence des propos).

Attention, il faut veiller à mettre ne place des situations d’apprentissage pour chaque compétence et ne pas se contenter de les mobiliser.

Définition du lexique Attention : le lexique ne doit pas constituer une liste de mots Il y a quelques années, l’objectif pédagogique = favoriser l’accroissement du lexique, de tendre à l’« enrichissement du vocabulaire ». Par ex : on demandait aux enseignants de faire acquérir 6 mots par semaine aux PS, 10 mots au MS, etc. 0r, l’enfant de 2 ans est capable de passer de 200 mots en moyenne à 1500 mots vers 4-5 ans (Cf. études sur l’acquisition langagière) à Le nombre de mots préconisé par semaine en classe est donc

insuffisant. à Il s’agit de faire acquérir une méthodologie, des stratégies

cognitives à l’élève pour lui permettre d’acquérir de façon autonome le lexique : cela revient à lui apprendre à pêcher plutôt que de lui donner le poisson.

Définition du lexique Quels mots choisir ?

Les mots ont des relations

* de sens (synonyme, antonyme, champ lexical, etc.), de hiérarchie (hyperonyme),

* de forme (suffixe, préfixe)

* hiérarchiques (termes génériques, termes spécifiques)

* syntaxiques fortes (on dit « une peur bleue » et non une « peur « blanche ». « Pour » est associé à un infinitif : « pour manger »).

Définition du développement lexical Quels mots choisir ?

Le lexique = ensemble organisé : un mot n’est jamais isolé à Ne pas étudier un mot de façon isolée mais choisir les mots en

fonction des relations qu’ils établissent entre eux. On augmente ainsi le capital mot de l’élève de façon importante. Exemple : opter pour des mots de la même famille comprenant des préfixes et des suffixes. Quand on fait acquérir le mot chant, on peut faire acquérir le mot chanteur, chanter, etc.

à Ne pas soumettre à l’élève des listes de mots hors contexte. à Mettre en place des activités de catégorisation : dimension fondamentale de l’apprentissage du lexique. Préférez en PS des catégorisations thématiques, par champ lexical (ex : le chien est mis en relation avec la niche, avec l’os, avec la laisse, etc.).

Quels mots choisir ? En fonction des thématiques (Cf. Boisseau)

On privilégie ainsi la catégorisation thématique. Ne pas oublier pour chaque thématique, les synonymes, antonymes, mots avec préfixes et suffixes). •  A 3 ans (750 mots de base)

–  la grande motricité –  la cuisine : crêpes, gâteaux, salades de fruits, soupe aux

légumes... –  les animaux : l'animal de la classe, la ferme... –  les coins-jeux : jeux d'eau, coin-marchande, coin-

déguisements... –  la fête : Noël, le carnaval... –  les mots de la classe

Quels mots choisir ? En fonction des thématiques

•  A 4 ans (1500 mots) –  moi et ma famille –  le quartier, le village –  un accident, la maladie –  le jardin de l'ècole –  les sorties : zoo, forêt, mer, musées... –  le temps : l'heure, le calendrier , la météo

•  A 5 ans (2500 mots), y compris les plus abstraits : –  les transports, les véhicules –  les métiers –  les activités scientifiques

Les stratégies cognitives du développement lexical des désignatifs

* Observer et étiqueter les caractéristiques de l’objet

* Sélectionner et hiérarchiser ses caractéristiques saillantes (déterminer les premiers invariants)

* Procéder à des analogies pour distinguer invariants et variables (principe de contraste)

* Synthétiser ces différentes informations et utiliser une forme linguistique appropriée à l’usage (principe de conventionalité)

* Association à une catégorie

On conceptualise en passant du concret à l’abstrait. Les images mentales s’élaborent par abstraction et par schématisation à partir d’expériences perceptives.

On procède par désignation et par catégorisation.

Intégration d’un mot : 3 étapes clés

•  Apprentissage du mot dans un contexte donné. Ex : la feuille de papier

•  Décontextualisation : utilisation du mot dans un autre

contexte ou avec un autre sens (ex : la feuille d’un arbre. Activités de catégorisation thématique. Ex : associer la feuille d’un arbre à l’arbre, à une fleur, à de la verdure etc. Associer la feuille de papier à un cahier, à un livre, à un stylo, un crayon, etc.

•  Recontextualisation : utilisation du mot en production

(orale pour les maternelles et/ou écrite pour les élèves plus grands).

Les processus en jeu lors de l’acquisition lexicale •  La surextension : l’enfant ne retient qu’une partie des traits attachés

au concept et néglige d’autres traits qui le spécifient. Ex : un chat est un animal à quatre pattes. Cette définition est juste mais elle est incomplète et elle peut engendrer des confusions car tous les animaux à quatre pattes ne sont pas des chats.

•  La sous-extension : l’enfant réduit le concept à un élément particulier en relation avec le contexte. Ex : un chat est un animal qui possède un pelage gris (comme mon propre chat ou celui de ma voisine).

•  La discordance : l’utilisation du concept n’a aucun rapport avec l’usage de l’adulte. Ex : un éléphant est un chat

•  L’identité ou la concordance : l’utilisation du concept est conforme à celle de l’adulte

d’exclusivité mutuelle

Les particularités lexicales à La Réunion

•  Utilisation de termes génériques. Par exemple : le linge pour tee-shirt, jupe etcà mettre l’accent sur les catégorisations

•  Présence de faux amis. « Karo » pour « fer à repasser » : même signifiant mais signifié différent à Mettre l’accent sur les invariants

•  Présence de termes qui ont subi des glissements de sens. « la boutik » désigne une épicerie en général tenue par des asiatiques alors que « la boutique » est « un magasin » en métropole (restriction de sens à La Réunion)àBien distinguer invariants et variables

•  Présence de termes ayant un signifié commun en français et en créole mais un signifiant différent. « Un goni » est un sac de jute. « un pié de bwa » est un arbre. « un baba chifon » est une poupée. « un estylo » à bien définir invariants et variables

•  Présence de termes désignant une réalité réunionnaise. « Un kari »

Les séances concernant le lexique

Les séances intégrées : apprentissage du vocabulaire dans divers domaines : des mathématiques, de la technologie, de la peinture.

à donnent du sens car les mots utilisés en contexte et facilitent leur mémorisation.

à Pb : 1) faible traitement des mots à faible mémorisation déperdition.

2) Abondance des mots Les séances spécifiques : phases de structuration = favorisent les multiples rencontres avec les mots et assurent mémorisation et réemploi du lexique en appui sur des objets, des jeux, des images ou des albums.

Proposition d’une démarche d’acquisition lexicale lors d’une séance

d’apprentissage (spécifique) 1ère étape : L’objet est représenté dans sa globalité

2ème étape : L’objet est représenté seul puis associé à sa fonction

Mise en évidence des caractéristiques saillantes de l’objet

3ème étape : l’objet est présenté parmi d’autres objets (ceux que l’on peut faire rouler, ceux qui sont ronds), voici quelques exemples.

Mise en évidence des invariants

4ème étape : l’objet est présenté sous des aspects différents (formes, couleurs, taille, etc.)

Mise en évidence des variables

5ème étape : l’objet est associé à des objets de catégories différentes entretenant un lien entre eux.

Catégorisation thématique (champ lexical)

Quelles activités? •  En prenant appui sur la démarche exposée ci-dessus, voici quelques

pistes de travail pour une séance spécifique de langage (attention, ce n’est qu’un exemple) : le maillot de bain

1 – Lors de séances à la piscine (séance intégrée) : découverte et/ou familiarisation avec le mot « maillot de bain ». On insiste sur la fonction de cet objet (étape 2 de la démarche). Lors de la séance spécifique de langage :

- rappel de la situation dans laquelle ce mot a été découvert + rappel de la fonction de l’objet. - Des maillots de bain et d’autres vêtements sont proposés aux élèvesà déterminer les caractéristiques saillantes (invariants) du maillot de bain (étape 3 de la démarche).

2 – Des maillots de bain de formes, de motifs et de couleurs différentes sont proposés à déterminer les variables du maillot de bain (étape 4 de la démarche). On peut aussi demander à chaque élève de de retrouver son maillot parmi d’autres et de le décrire.

Quelles activités? •  Exmeple de séance spécifique de langage :

3 – Retrouver un maillot de bain sur des photos (après la manipulation des objets, on passe au travail sur des représentations iconiques). Retrouver les maillots en fonction des caractéristiques fournies par l’enseignant (forme, couleur motif). 4 – Activités de tri (étape 5 de la démarche) : Trier les maillots une pièce et deux pièces. Regrouper tous les maillots selon leur couleur, etc. Associer des objets au maillot de bain (piscine, douche, serviette, etc.) 5- Activités de production : un maillot est caché, on doit retrouver ses caractéristiques : ce sont les élèves qui posent des questions sur la forme, la couleur, les motifs afin d’identifier le maillot .

Quelles activités? Autres types de situation :

•  Des photos des enfants en action (album écho) •  Les interactions adulte-enfant aident l'enfant à

progresser en syntaxe orale. Certains de ces albums échos peuvent être à la première personne : je, d'autres à la troisième : il, elle, ils, elles, on.

.

Quelles activités? •  Création d'un imagier (thématique et

taxonomique cad par catégories) Ex : pour la grande motricité, l'imagier peut comprendre :

- tous les engins et matériels ( la montagne, l'échelle, le pont, la tour, le toboggan, une chaise, une table...)

- les parties du corps qu'on met en oeuvre pour se mouvoir (la main, le pied, le bras, la jambe, la tête, le dos, le ventre...)

- les actions les plus faciles à représenter ( il court, elle saute, il grimpe, elle glisse, il traverse...).

Quelles activités? •  Des jeux : lotos, kim... (réinvestissement)

- L'enseignant présente une par une les images : A chaque fois, on identifie l’image : "la montagne... le toboggan... l'échelle... un banc..." que chacun cherche sur sa planche : "Qui est-ce qui a la montagne sur sa planche ? Qui est-ce qui a le banc ?...". -  On attend que l'enfant dise clairement : "J'ai la

montagne... J'ai le banc... J'ai le toboggan..." avant de lui donner l'image .

-  De même, pour les verbes : "Qu'est ce qu' il / elle fait ? (Qu'est-ce qui se passe ?)"..."il saute... il grimpe... elle court... elle glisse..."

Quelles activités?

Jeux organisant le vocabulaire (à partir de 4 ans) : •  Catégorisations :

–  regrouper les meubles parmi les images : table, crayon, chaise, banc, tabouret, album, armoire, puzzle, placard, domino, bureau, gomme…

– Distinguer une catégorie, (ici les animaux) parmi : chat, table, chien, cheval, crayon, poule, vache, arbre.

•  Jeux sur les contraires : monter / descendre, entrer / sortir,

avancer / reculer…

Quelles activités? Jeux organisant le vocabulaire (à partir de 4 ans) :

•  Jeux de dérivation : pomme / pommier, abricot / abricotier, prune / prunier…

chat / chatte / chaton, canard / cane / caneton •  Jeux sur les polysémiques ou les homophones : ampoule au pied / ampoule électrique, faire ses courses / faire la course, une caisse de livres / payer à la caisse...

Des exemples de catégorisations

° à partir de planches comprenant un classement taxinomique

° à partir de planches mettant en évidence des propriétés abstraites