APPROCHE CONCEPTUELLE economie monétaire

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  • 7/30/2019 APPROCHE CONCEPTUELLE economie montaire

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    SECTION 2 : APPROCHE CONCEPTUELLE

    Paragraphe 1 : la conception de la monnaie comme bien.

    A : Marchandise ou bien spcifique

    Lorsquun bien remplit des fonctions montaires, il peut navoir que cet usage, on parlera

    alors de bien et de monnaie spcifiques, ou dtre utilis des fins non montaires, et on

    le qualifiera de marchandise et de monnaie marchandise.

    Mtaux prcieux : monnaie marchandises, puisquil y avait une utilisation industrielle.

    Plus le cas aujourdhui, car dmontiss. Mais ce nest pas pour autant nexiste que des

    monnaies spcifiques.

    Les nouveaux produits (par exemple les transferts lectroniques) ont un double usage :

    financier et montaire : peut tre qualifis de monnaie marchandise.

    Problme lors de la dtermination du prix de la monnaie marchandise : difficile

    dexpliquer le pouvoir dachat de la monnaie en tant que telle, et en tant que moyen

    dchange (usage de la monnaie comme moyen dchange et usage de la monnaie

    comme marchandise).

    Thorme de la rgression (Von Mises): explique la demande montaire par la demande

    dchange quavait la marchandise lorsquelle tait dun usage non montaire : la

    demande montaire daujourdhui dpend du prix dhier de la monnaie marchandise,

    lequel est influenc par la demande montaire davant-hier, qui dpend du prix et la

    rgression sarrte le jour o la marchandise fait lobjet pour la premire fois dune

    demande montaire, laquelle ne dpend que de sa valeur dchange non montaire de la

    veille. Cette formation rgressive de la demande de monnaie est aussi celle du pouvoir

    dachat de la monnaie qui peut ainsi tre dtermine par loffre et la demande.

    B : Bien matriel ou bien dmatrialis.

    Processus de dmatrialisation de lintermdiaire gnral des changes afin de minimiser

    les couts dchange : choix des moyens dchange de mieux en mieux adapts leur

    fonction de transaction. Dmatrialisation accrue grce la technologie.

    Les couts de production dune monnaie dmatrialise ne sont pas nuls : il sagit descouts dtablissement de la confiance. Pour quun lment immatriel puisse remplir son

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    rle dintermdiaire gnral des changes, il faut quil soit accept par tous, il faut quil

    inspire confiance; loffreur doit ainsi susciter la confiance.

    Seule la confiance permet de comprendre pourquoi les individus accordent la monnaie

    une valeur indpendante de la substance matrielle.

    C : Bien de consommation ou bien de production

    Friedman et Don Patinkin, noclassiques, considrent la monnaie comme un bien de

    consommation ou un bien de production. La monnaie nest pas confondue avec ces deux

    types de biens. Il faut en retenir un pour les mnages, et lautre pour les entreprises.

    Lorsque les services rendus par la dtention de la monnaie sont assimils ceux desbiens de consommation, la monnaie entre comme argument dans la fonction dutilit des

    agents : U=f (C indices des biens de conso ; valeur relle des encaisses montaires).

    Si assimils des biens de production, la monnaie est un facteur de production : Y=f(K

    ;L ;M/P).

    M/P : valeur relle des encaisses montaires.

    D : Bien priv ou public

    Selon que la monnaie est considre comme un bien priv ou un bien public, loffre de

    monnaie peut, sur la base darguments conomiques, tre confie au march ou ltat.

    Un bien est public, selon Paul Samuelson, sil a comme caractristiques techniques tre la

    disposition de tous, des lors quil est fourni un seul (critre de non rivalit), sans quil soit

    possible den exclure quiconque (critre de non-excluabilit). Dans une seconde

    dfinition, un bien est qualifi de public sil engendre des externalits positives que lemarch ne peut internaliser

    Chacun bnficie dautant plus de services dune monnaie que celle-ci est utilise par

    dautres individus. Une monnaie dtenue par un seul individu na donc pas dintrt.

    Ladoption dun intermdiaire gnral des changes rduit les couts dinformation et de

    transaction du systme dchange de telle faon que cela bnficie tout le monde sans

    quil soit possible dexclure quiconque de cet avantage, satisfaisant ainsi le critre denon-excluabilit. De plus, en tant quunit de compte, chacun peut sy rfrer est utilis

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    comme base des contrats, sans pour autant dtenir la monnaie dans laquelle le contrat

    libell, ce qui satisfait le critre de non rivalit.

    La monnaie a une productivit sociale suprieure la somme des utilits individuelles ;

    elle gnre des externalits positives dinformation et de transaction dont les

    bnficiaires ne peuvent tre strictement identifis. La monnaie remplirait ainsi les

    critres de dfinition des biens publics.

    Toutefois, en ce qui concerne les services de lintermdiaire gnral des changes, une

    certaine somme de monnaie ne rend des services et ne permet de faire des achats

    quaux seules personnes qui la dtiennent, lexclusion des autres. Ceux qui nont pas

    dencaisses sont en situation de rivalit avec les dtenteurs de monnaie car ils ne

    peuvent profiter des avantages tirs de la dtention.

    Dans la mesure ou le flux de services dchange rendus par la monnaie dpend de la

    valeur relle des encaisses montaires, et puisque la dtention dencaisses est un

    phnomne priv aux acteurs identifiables, il est difficile de maintenir que lintermdiaire

    gnral des changes est un bien public ou de consommation collective.

    Dissocier les fonctions dintermdiaire des changes et dunit de compte, admettre le

    caractre de bien priv de la premire, tout en maintenant celui de bien public pour la

    seconde : Leland Yeager. Il pense que lunit de compte fournit une information aux

    individus en mettant leur disposition une nouvelle rfrence de calcul. Lunit de

    compte serait un substitut dinformation, un quivalent dinformation, et puisque

    linformation est un bien collectif, il en serait de mme pour lunit de compte.

    Cest sans doute la conception mme de la monnaie comme bien qui pose problme. La

    notion de bien fait implicitement rfrence un lment matriel peu compatible avec la

    dmatrialisation de la monnaie. Concevoir la monnaie comme un actif permet, entre

    autres, dviter cet inconvnient.

    Paragraphe 2 : la conception de la monnaie comme actif

    La monnaie entre dans le patrimoine des agents aux cots des actifs financiers et rels,

    et peut donc tre qualifie dactif montaire, mme si elle est dtenue temporairement.

    Conception mise lhonneur par Keynes dans son trait sur la monnaie, repris par

    Friedman ou encore Don Patinkin. On peut appliquer la thorie des choix, le calculconomique, ce qui ntait pas le cas auparavant.

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    A : Monnaie et richesse

    Les actions, obligations sont une crance pour leurs dtenteurs, mais aussi une dette

    dun montant quivalent pour leurs metteurs.

    Lactif financier est une crance compense par une dette : reprsente une richesse nulle

    au plan global.

    Leffet Pigou : la monnaie est une richesse qui permet de mettre en vidence un

    rquilibrage automatique de la demande globale. Suppose que les agents maintiennent

    constant le rapport entre la valeur relle des encaisses montaires (M/P), et leurs

    demandes de biens de consommation et de production (C+I). Si la demande globale C+I,

    est insuffisante, le niveau gnral des prix aura tendance baisser, augmentant la valeur

    relle des encaisses montaires. Pour maintenir le rapport constant, le numrateur (M/P)

    augmentant, les agents accroitront leur demande (C+I), comblant linsuffisance initiale.

    Ce mcanisme repose sur lide que laugmentation de (M/V) accroit la richesse des

    agents, lesquels se sentant plus riches, consomment et investissent plus.

    Selon Kalecki, leffet Pigou est incompatible au niveau global avec une conception de

    lactif montaire quivalente celle dun actif financier, cest--dire ayant un aspect

    positif pour les dtenteurs (crance), compens par un aspect ngatif pour les metteurs

    (dette).

    Monnaie interne et externe : Gurley et Shaw vont introduire lhypothse dune asymtrie

    entre le comportement des dtenteurs et celui des metteurs. Selon que lmetteur -

    dbiteur est le systme bancaire priv ou lEtat. Le systme bancaire priv est suppos

    se comporter en unit de dcision conomiquement rationnelle, ragissant comme les

    individus un accroissement de ses engagements. En revanche, lEtat est suppos tre

    insensible au niveau de ses engagements, et la monnaie externe apparait comme un actif

    net au plan global, un actif assimilable aux actifs rels et qui, offre un support au

    mcanisme de leffet Pigou.

    Lactif montaire est une richesse nette ; le clivage monnaie interne-externe fait de lactif

    montaire un tre hybride, tantt exclu, tantt inclus dans la dfinition de la richesse

    totale. Pour Pesek et Saving, la monnaie interne nest pas une crance/dette, car elle

    nest pas assortie dun intrt. Les banques noprent pas de compensation entre

    lacquisition dactifs rentables et la monnaie sans intrt quelles mettent en

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    contrepartie. Pour Marty, la montisation de la dette cre une utilit (sans dsutilit

    compensatrice) due aux services rendus par la monnaie interne en tant que monnaie.

    B : La monnaie, actif ne portant pas dintrt

    Lactif montaire se distingue des autres actifs par le fait quil ne rapporte pas dintrt ;

    cest la thorie de Pesek et Saving. Il y a une structure oligopolistique ou monopolistique

    des metteurs de monnaie.

    Risques dus lincertitude que procure la dtention de lactif montaire par rapport

    celles des autres dont la valeur est incertaine. Il faut dans ce cas que la valeur capitalise

    de lactif montaire soit certaine. Au-del du versement ou non dun intrt, ce serait

    donc le caractre certain ou incertain du rendement dun actif qui permettrait de leclasser actif montaire ou actif non montaire (thorie de Hicks). Il faut que les

    anticipations sur les prix soient parfaites. Ce critre nest pertinent que pour un rgime

    danticipations trs particulier supposant des prvisions parfaites sur les prix mais

    imparfaites quant lvolution des taux de rendement des actifs. Car, si les anticipations

    de prix des agents ne sont pas ralises, il y a des biens ou des pertes en capital

    inattendu sur le stock dencaisses montaires, et aucun actif na de valeur certaine ; et si

    lvolution des taux de rendement des actifs est parfaitement prvisible, tous les actifs

    sont alors montaires.

    Lapproche fonctionnelle de la monnaie suppose non seulement que cet actif soit

    changeable, ni mme le plus aisment changeable, mais quil soit changeable avec

    une quasi-certitude, cest--dire contre presque nimporte quoi, n importe o, et

    nimporte quel moment. Ce rsultat ne peut tre atteint quen prsence dun

    intermdiaire gnral des changes.

    C : La monnaie, actif liquide

    Keynes abandonne la notion fonctionnelle de la monnaie. Il distingue lactif montaire

    des autres actifs par son degr de liquidit : il est la liquidit par excellence.

    On dplace alors le problme de la dfinition de la monnaie vers le problme de la

    dfinition de la liquidit.

    Les actifs peuvent tre classs par leur degr de liquidit.

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    Plus lactif et montaire, plus il est liquide ; moins il est montaire, moins il est liquide.

    Tout ce qui est moins liquide nest pas de la monnaie.

    Relativit de la dfinition : dfinition arbitraire et limite, car les actifs ont un certain

    degr de liquidit.

    Il sagit dobtenir tout moment de la monnaie contre un actif, la monnaie ne peut tre

    dfinie par la liquidit puisque la liquidit implique que la monnaie soit dfinie. Sil sagit

    dobtenir nimporte quel autre bien en change de cet actif, alors lactif liquide par

    excellence est un intermdiaire gnral des changes.

    Selon JMK, la liquidit est la possibilit pour un actif dtre certainement ralisable dansun bref dlai et sans perte. Un actif liquide est certainement ralisable, et sans perte.

    Lactif liquide est alors lintermdiaire gnral des changes.

    La monnaie est une richesse que la fonction dintermdiaire des changes, tout comme la

    liquidit, peut tre remplie des degrs variables.

    Paragraphe 3 : la monnaie comme institution

    A : Lorigine de la monnaie

    Approche de Carl Menger

    Menger privilgie les caractristiques marchandes des biens, leur changeabilit pour

    expliquer leur aptitude tre slectionns comme moyens dchange, leurs

    caractristiques physiques. Il explique cette mergence comme celle dune institution

    sociale organique rsultant de laction humaine, sans tre pour autant le produit dundessein spcifique.

    La nature des changes exige de procder des changes indirects et donc utiliser des

    intermdiaires dchanges. Au fur et mesure de lexpansion des marchs, les

    intermdiaires les plus avantageux sont ceux dont les proprits marchandes sont les

    plus grandes. Leur changeabilit fonde leur acceptabilit en tant que moyen dchange,

    et la gnralisation de cette acceptabilit rsulte dun processus dimitation des individus.

    Les moyens dchange sont troitement lis au fonctionnement et au dveloppement desmarchs.

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    Selon Fisher, tout droit de proprit susceptible dtre gnralement accept dans les

    changes peut tre appel monnaie (le terme de monnaie peut tre pris dans trois sens,

    savoir le sens de richesse, de proprit, et dans le sens de reprsentation crite).

    Le plus important du point de vue de lanalyse conomique est le sens de proprit.

    La monnaie est une institution marchande, qui na pas t cre par dcret, les agents

    tant conduits par leur propre intrt, sans accord pralable, sans contrainte lgislative,

    et mme sans rfrence lintrt gnral adopter linstitution montaire qui facilite,

    au sein des conomies de march, la coordination des actions et interactions

    individuelles. On retrouve ainsi le principe de main invisible dAdam Smith, est dordre

    spontan dHayek.

    Simmel, sociologue allemand, montre que la monnaie permet des individus anonymes

    de se coordonner dans des conomies complexes.

    Au-del des divergences sur la vision du social, la monnaie est, pour les uns comme pour

    les autres une institution marchande, sinon linstitution marchande par excellence.

    B : De lintermdiaire gnral des changes la gnralisation des moyens de

    lchange

    Nouvelle conomie montaire.

    Mis en vidence de la notion de systme dchange dont le systme montaire nest

    quun exemple parmi dautres.

    a : Linfriorit de lconomie montaire ?

    Clower distingue les structures dconomie de troc pure (nimporte quel bien peut trechang contre nimporte quel autre) et dconomie montaire pure (la monnaie

    schange contre des biens, et les biens contre de la monnaie).

    Parfois, lexistence de monnaie entrave le dveloppement des marchs (conomie de troc

    pure) : tous les biens sont monnaie. En effet, il existe plus de march dans lconomie de

    troc pur que dans lconomie de montaire pure.

    Lintrt de lchange de Clower est de montrer quil peut exister des systmesdchange, ceux dont les structures dchange mettent en jeu plusieurs monnaies, plus

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    favorables que le systme montaire habituel. Cette possibilit nest pas utopique et

    caractrise mme lvolution des institutions montaires contemporaines.

    b : La nouvelle conomie montaire

    Due Robert Hall : cette appellation regroupe les crits dauteur pour lesquelles -les

    services montaires dchange doivent tre distingus de lexistence dune monnaie,

    dans la mesure o ces services peuvent tre rendus par dautres cadres institutionnels.

    Fisher Black considre ainsi un systme dchanges fonds sur des technologies de

    transaction qui permet de se dispenser dune monnaie au sens usuel. Lexistence dune

    telle monnaie ne se rduit des restrictions lgales imposes sur lemploi dautres

    moyens dchange tel que pourrait ltre les actifs financiers liquides. Elle nexisterait pasdans une conomie de libre march ou pourrait tre utiliss plusieurs intermdiaires des

    changes, et serait condamne terme, compte tenu de lessor des innovations

    financires des nouvelles technologies de transaction telle que les transferts

    lectroniques de rglement.

    Lvolution des techniques dchange est un processus continu, et le monde daujourdhui

    offre des exemples de mode de transactions prfigurant le systme dchanges de

    demain.

    Dune part la drglementation des marchs gnre une grande varit dactifs financiers

    liquides multipliant le nombre possible de moyens dchanges. Dautre part, les

    inconvnients ventuels de la multiplicit des moyens dchange peuvent tre limins

    par les technologies de transaction moderne. On passerait ainsi dun intermdiaire

    gnral des changes une gnralisation des moyens dchange. Le concept de

    monnaie qui se diluerait alors entre de multiples institutions marchandes concurrentielles

    remplissant ensemble la fonction de transaction.

    http://cours.pierrethurau.com/liste-des-cours/monnaie-banque-finance/