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QUELQUES NOTES repères de l’intervention de MARYSE METRA. Le 9 novembre 2011 à ARRAS. « Les aides Rased réinvesties en classe. Un défi. Comment font-ils ? » Jacques Lévine dit que « l’échec scolaire désapproprie l’enfant d’une partie de son MOI ». IL y a donc chez l’élève en échec deux parties qu'il nous faut voir en même temps : - la partie accidentée du MOI où quelque chose s’est cassé - la partie intacte du MOI qui est un espace de réussite pour envisager un projet, une futurisation Il faut s’appuyer sur ces espaces de réussite potentielle. Mais aussi avoir une écoute pour cette partie accidentée. Est-ce que la classe est le lieu pour le faire ? Pour certains enfants la classe n’est pas le lieu sécurisant qu’il devrait être. C’est un lieu qui peut représenter une menace pour l’élève en échec. L’élève à l’école est un être multiple. L’illustration ci-dessous de Keith Haring montre bien la composition complexe de l’individu.

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QUELQUES NOTES repères de l’intervention de MARYSE METRA.Le 9 novembre 2011 à ARRAS.

« Les aides Rased réinvesties en classe. Un défi. Comment font-ils ? »

Jacques Lévine dit que «  l’échec scolaire désapproprie l’enfant d’une partie de son MOI ».

IL y a donc chez l’élève en échec deux parties qu'il nous faut voir en même temps : - la partie accidentée du MOI où quelque chose s’est cassé

- la partie intacte du MOI qui est un espace de réussite pour envisager un projet, une futurisation

Il faut s’appuyer sur ces espaces de réussite potentielle. Mais aussi avoir une écoute pour cette partie accidentée. Est-ce que la classe est le lieu pour le faire ?Pour certains enfants la classe n’est pas le lieu sécurisant qu’il devrait être. C’est un lieu qui peut représenter une menace pour l’élève en échec.

L’élève à l’école est un être multiple.

L’illustration ci-dessous de Keith Haring montre bien la composition complexe de l’individu.

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Etre socialEtre cognitifEtre affectif

Etre corporel

Les 2 premiers aspects sont surtout sollicités à l’école. Les côtés affectif et corporel sont assez peu mis en avant ; alors que ce serait utile de s’appuyer sur ces différents ressorts. Les intelligences multiples dont parle Howard Gardner sont un appui aussi pour penser les espaces de réussite de l'élève. Quand un élève n’est pas mobilisable, il ne faut jamais oublier qu’il a un corps. D’où l’importance du choix de la médiation dans la relation d’aides. Certaines médiations ne peuvent pas prendre place dans une classe organisée.Proposer un espace hors classe c’est donner à l’enfant un espace sécure où le « risquer à penser » peut de faire.

On rencontre souvent dans les classes les enfants bolides qui transforment la classe en classe bataille. Ce sont des enfants qui sont tout-corps pour se mettre à l’abri de penser. Il y a de l’affectif dans une classe mais certains enfants ne sont que dans l’affectif : ils travaillent pour faire plaisir. On est là dans la séduction, or, l’éducation consiste à amener l’autre à sortir de lui.

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Cercle vicieux des troubles d’apprentissage.

Ce schéma met en valeur les différents aspects de l’échec scolaire et que tout se tient. Les émotions jouent un rôle énorme sur la cognition (Antonio Damassio). Bien souvent on se focalise sur des troubles de langage, alors qu’il s’agit parfois d’agir sur un des items de ce schéma pour remettre les enfants dans les apprentissages.

On peut se rendre compte de la complexité de l’acte d’apprendre. Il y a des choses que l’on ne peut pas travailler en classe. Il faut se poser la question : «  est ce que les enfants se sentent écoliers ? ». Etre écolier, c’est quelque chose qu’il faut travailler en aparté et non en classe. Avec le rééducateur ou le maître E, l’enfant peut se libérer de choses. En classe, c’est important pour lui qu’il garde la tête haute. C’est la réaction de prestance décrite par Henri Wallon. (Postures représentant une forme d'accommodation aux décharges émotionnelles provoquées par autrui). C’est bien que l’enseignant ne sache pas tout sur le vécu des enfants.

« Le cercle vicieux des troubles d’apprentissage » ; La spirale psychopathogénique

« Le cercle vicieux des troubles d’apprentissage » ; La spirale psychopathogénique

Troubles de la

personnalité

Conflits avec

l’environnement

Complexe d’échec

Troubles de la

scolarisation

Echec scolaire

Sentiment d’infériorité

Dévalorisation de soi

Troubles d’apprentissage

Troubles

d’apprentissage Langage oralLecture cacalculEcritureCalcul

Blocages – inhibition intellectuelleManque de motivation – désinvestissement

Conduite de fuite – indiscipline, agitation, opposition

Milieu familial Milieu scolaireMilieu social

AnxiétéSentiment de culpabilitéAgressivité réactionnelleEtat dépressif réactionnel

D’après L. VAIVRE-DOURET, Revue ADSP Mars 1999 / IR IEN ASH 74

Annexe 5

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La pyramide de Maslow

La pyramide de Maslow est une classification hiérarchique des besoins humains.

Maslow distingue cinq grandes catégories de besoins. Il considère que le consommateur passe à un besoin d’ordre supérieur quand le besoin de niveau immédiatement inférieur est satisfait.

Les besoins humains selon Maslow :

  Les besoins physiologiques sont directement liés à la survie des individus ou de l’espèce. Ce sont typiquement des besoins concrets (faim, soif, sexualité,...).

  Le besoin de sécurité consiste à se protéger contre les différents dangers qui nous menacent. Il s’agit donc d’un besoin de conservation d’un existant, d’un acquis. Il s’inscrit dans une dimension temporelle.

  Le besoin d’appartenance révèle la dimension sociale de l’individu qui a besoin de se sentir accepté par les groupes dans lesquels il vit (famille, travail, association, ...). L’individu se définissant par rapport à ses relations, ce besoin appartient au pôle « relationnel » de l’axe ontologique.

  Le besoin d’estime prolonge le besoin d’appartenance. L’individu souhaite être reconnu en tant qu’entité propre au sein des groupes auxquels il appartient.

  Le besoin de s’accomplir est selon Maslow le sommet des aspirations humaines. Il vise à sortir d’une condition purement matérielle pour atteindre l’épanouissement. Nous le considérons donc comme antagoniste aux besoins physiologiques

En classe, on travaille avec le niveau le plus haut.

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Le 3ème niveau, besoin d’appartenance, besoin d’amour est le niveau de « devenir écolier ». C’est une action de prévention à mener en Rased avec l’enfant qui ne s’inscrit pas dans la classe.

Exemple de la Finlande qui a un taux d’échec scolaire très bas. La Finlande a décidé de ne pas médicaliser les difficultés scolaires et propose un « plan individuel d’éducation ». il y a deux adultes par classe (un enseignant et un assistant). Les enseignants spécialisés couvrent à 2 un secteur de 300 élèves. Envie d’Ecole n° 67- juin 2011

Devoir, pouvoir, savoir, vouloir

Important de toujours avoir en tête ces différentes actions autour de l’acte d’apprendre.

devoir Parler, lire, écrire, compter, apprendre...pouvoir Parler, lire, écrire, compter, apprendre...savoir Parler, lire, écrire, compter, apprendre...vouloir Parler, lire, écrire, compter, apprendre...

Devoir lire : tu dois apprendre à lire car tu en auras besoin dans ta vie d’être humain. Cela fait partie des IO à l’école.Pouvoir lire : voir les déterminants neuro sensoriels.Savoir lire : c’est ce qui se travaille en classe Ce sont les savoirs accompagnésVouloir lire : c’est ce que nous travaillons beaucoup Est-ce qu’on peut travailler le vouloir lire en classe ?Les réponses sont souvent convenues dans cet espace. Ailleurs des peurs peuvent apparaître. Alors on peut travailler en groupe. Le groupe est un formidable ressort, on peut s’appuyer dessus.Jacques Bernardin « comment les enfants entrent dans la culture écrite»Selon Dominique Ginet, chacun d’entre nous a une école interne. C’est souvent l’école de nos parents.Au plus près d’une pédagogie différenciée, c’est intéressant d’être deux en classe caron prend le temps de comprendre, d’entendre la logique de l’enfant.

Apports de Jacques Lévine

Composition tripolaire d’une classe selon J. Lévine

Dans une classe il y a - des marginalisés- des co-dirigeants. (Ce sont eux que l’on interroge en inspection !)- des suivistes. Ce sont ceux qui ont toujours l’appréciation « pourrait mieux faire »

Il est important de travailler avec ces derniers.

Apprendre c’est : - modifier ses représentations- se confronter à soi-même, à ses émotions, à ses habiletés, à ses objets- comprendre- expérimenter.

Pour cela, l’enfant a besoin de se sentir important et apportant

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Jacques Lévine schématise la relation qu’a une personne au Monde. L’enfant est un être pluridimensionnel..Petit Tout : relation que tout individu a avec lui-même (construction identitaire)Le Petit Tout peut être morcelé car l’élève a une construction identitaire incomplète

Moyen Tout : relation que tout individu a aux groupes auxquels il appartient (famille, école, travail, sexe, …)Le Moyen Tout peut être plus grand, car l’image que l’élève a de lui dans le groupe prend une place colossale.

Grand Tout : relation de l’individu avec l’Univers dans sa totalitéLe Grand Tout peut être décalé car le Monde est loin. Il y a une désappartenance au groupe.

Il y a des étayages nécessaires pour se mettre à apprendre

étayage à son propre corps : L’enfant doit être autonome de son propre corps. En classe, on observe ces enfants bolides qui sont tout corps. Le langage est déficitaire. Ils prennent souvent des risques. On observe aussi des enfants en retrait, pas livrés qui ne s’investissent pas. Ils ont un contrôle excessif de leur corps. On ne peut être disponible en classe quand on se contrôle tout le temps.Le risque des aides qui se feraient uniquement en classe, seraient de ne faire que de la contention. « Tu vas t’asseoir ! » Alors que ces enfants ont besoin de se poser.

Etayage aux adultes : On est dans le trop ou le pas assez. Quelles relations a l’enfant avec ses parents ? Peut-il jouer seul ? C’est important de savoir que l’instit est là mais pas trop. Importance d’une confiance, or certains enfants ne peuvent pas faire confiance en classe. Au Rased, il y a des outils pour travailler cette confiance en dehors de la classe. Le groupe est une médiation que l’on peut proposer pour s’appuyer sur l’autre.

Etayage aux pairs : Les enfants s’appuient sur les autres. Mais il y a parfois un étayage excessif ou au contraire un sentiment de non appartenance. Le groupe peut apporter à l’enfant sans toucher ou mettre en danger son identité.

Etayage aux objets : où l'enfant va passer de l'objet transitionnel individuel aux objets transitionnels collectifs, les apprentissages, la culture. Certains enfants investissent trop les objets scolaires. Ce sont des enfants qui peuvent s’écrouler rapidement.A l’inverse d’autres ne s’investissent pas. Ce sont ceux qui jouent avec leur trousse au CP, pas d’investissement des objets scolaires et n’entrent pas dans le code.

Ces quatre étayages sont des indicateurs pour proposer des pistes de travail et servent de points d’appui au cours des entretiens avec les parents et les enseignants.

V. Delacourt avec la petite touche de Maryse Métra - nov 2011