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Monsieur Georges Souville Essai d'interprétation des gravures rupestres du Haut Atlas marocain In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 135e année, N. 4, 1991. pp. 767- 782. Citer ce document / Cite this document : Souville Georges. Essai d'interprétation des gravures rupestres du Haut Atlas marocain. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 135e année, N. 4, 1991. pp. 767-782. doi : 10.3406/crai.1991.15047 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1991_num_135_4_15047

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Essai d'interprétation des gravures rupestres du Haut Atlasmarocain

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  • Monsieur Georges Souville

    Essai d'interprtation des gravures rupestres du Haut AtlasmarocainIn: Comptes-rendus des sances de l'Acadmie des Inscriptions et Belles-Lettres, 135e anne, N. 4, 1991. pp. 767-782.

    Citer ce document / Cite this document :

    Souville Georges. Essai d'interprtation des gravures rupestres du Haut Atlas marocain. In: Comptes-rendus des sances del'Acadmie des Inscriptions et Belles-Lettres, 135e anne, N. 4, 1991. pp. 767-782.

    doi : 10.3406/crai.1991.15047

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1991_num_135_4_15047

  • -V

    COMMUNICATION

    ESSAI D'INTERPRTATION DES GRAVURES RUPESTRES DU HAUT ATLAS MAROCAIN, PAR M. GEORGES SOUVILLE

    L'art rupestre du Maroc est vari et trs rpandu. Si les gravures se comptent par milliers, les peintures y sont rares, leur valeur artistique mdiocre et les reprsentations gnralement rduites des points ou des lignes plus ou moins ondules ; on trouve ces peintures dans le Nord du Maroc Magara Sanar1, proximit du littoral atlantique au Kef el Baroud2, au Moyen Atlas Ifrane3 et dans le Haut Atlas Toulkine4. Elles sont toujours monochromes.

    Les gravures, elles, sont trs abondantes et se rpartissent en deux domaines gographiques principaux : le Haut Atlas et les rgions prsahariennes. Ce sont celles de cette zone mridionale qui furent trs tt dcouvertes, ds le xixe sicle, grce au rabbin Mardoche et Henri Duveyrier5. Depuis, les prospections de voyageurs, d'officiers, de gologues et de prhistoriens comme Armand Ruhlmann6 ou Andr Simoneau7 en ont permis une bonne connaissance.

    1. G. Souville, Atlas prhistorique du Maroc, 1, Le Maroc atlantique, Paris, 1973, p. 43-45.

    2. A. de Wailly, Le site du Kef-el-Baroud (rgion de Ben Slimane) , Bull. Archol. marocaine, Rabat, 9, 1973-1975, p. 61-72.

    3. J. Choppy, Peintures rupestres dans la rgion d'Ifrane , Bull. Soc. Prhist. Maroc, Casablanca, n.s., 5-6, 1952, p. 101-106.

    4. A. Glory, Une nouvelle industrie prhistorique. Les tridres toulkiniens , Congr. panafricain Prhist., actes 2e session, Alger, 1952 (Paris, 1955), p. 429 et 439 A. Rodrigue, Les peintures rupestres de Toulkine (Atlas marocain) , Prhist. arigeoise, Tarascon- sur-Arige, 44, 1989, p. 121-129.

    5. H. Duveyrier, Sculptures antiques de la province marocaine du Sous , Bull. Soc. Gographie, Paris, 12, 1876, p. 129-137 Y. D. Smach, Un rabbin voyageur marocain : Mardoche Aby Serour , Hespris, Rabat, 8, 1928, p. 385-399.

    6. A. Ruhlmann, Les gravures rupestres , dans Les recherches de prhistoire dans l'extrme Sud marocain, Publ. Sera. Antiquits Maroc, Rabat, 5, 1939, p. 52-87.

    7. A. Simoneau, Les chasseurs-pasteurs du Draa moyen et les problmes de la nolithi- sation dans le Sud marocain, Rev. Gographie Maroc, Rabat, 16, 1969, p. 97-116 Id., La rgion rupestre de Tazzarine. Documents nouveaux sur les chasseurs-pasteurs , ibid., 29, 1971, p. 107-118 Id., Les rhinocros dans les gravures rupestres du Dra- Bani , Antiquits africaines, Paris, 10, 1976, p. 7-31 Id., Catalogue des sites rupestres du Sud marocain, Rabat, 1977, 117 p.

  • 768 COMPTES RENDUS DE L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

    En dehors de ces deux zones principales, on ne peut mentionner l'existence de gravures que dans quelques sites du littoral atlantique : Temara8, Kef el Kerma^ et Gorane10.

    On s'attachera ici la seule tude des gravures du Haut Atlas. La premire fut signale en 1948 par M. Pinguet POukameden11 mais l'essentiel des dcouvertes et tous les relevs sont dus Jean Malhomme, instituteur puis professeur Marrakech12. Trs bon connaisseur de la rgion et de ses habitants, il reconnut des milliers de gravures ; durant prs de quinze ans, quelles que soient les circonstances politiques, il s'enfonait dans la montagne pied ou dos de mulet, souvent seul, parfois accompagn d'un guide. S'il fut encourag dans ses recherches par l'abb Breuil et le doyen L. Balout, il reut aussi des populations de l'Atlas, le meilleur accueil.

    Il m'est agrable de rendre hommage la mmoire de ce chercheur modeste et passionn. Il crivit de nombreux articles et notes13 mais eut surtout le mrite de regrouper ses relevs dans les deux volumes du Corpus des gravures rupestres du Grand Atlas publi dans les Publications du Service des Antiquits du Maroc avec une prface de l'abb Breuil1*.

    Certes, depuis, d'autres chercheurs comme Andr Jodin15, surtout Andr Simoneau16 et Alain Rodrigue17 ont pu dcouvrir de nouvelles gravures, prciser ou corriger certains relevs, reconnatre des sites plus ou moins proches de l'Atlas. Mais leurs publications sont disperses ; seul le corpus prsente actuellement un ensemble satisfaisant et cohrent permettant les analyses chiffres qui vont tre tentes ici.

    8. J. Roche et A. Jodin, Une gravure rupestre Temara (rgion de Rabat) , BulL Archol. marocaine, 6, 1966, p. 447-453.

    9. G. Souville, Atlas prhistorique, op. L, p. 184-187. 10. G. Souville, A proposito de unos objetos peltiformes en los grabados rupestres

    de Marruecos , Trabajos Prehistoria, Madrid, 29, 1972, p. 255-260. 11. J. Malhomme, Corpus des gravures rupestres du Grand Atlas, op. l. infroj 1959, p. 2. 12. G. Souville, Jean Malhomme (1895-1963) , Libyca, Anthr.-Prhist.-Ethn., Alger,

    11, 1963, p. 261-267 Id., Jean Malhomme (1895-1963) , Hommes et destins (Acad. Sci. Outre-Mer, Paris), 7, 1986, p. 327-329.

    13. Cf. G. Souville, Libyca, 11, 1963, p. 265-267. 14. J. Malhomme, Corpus des gravures rupestres du Grand Atlas, Publ. Serv. Antiquits

    Maroc, 13, 1959, X-156 p. et 14, 1961, 166 p. 15. A. Jodin, Les gravures rupestres du Yagour (Haut Atlas). Analyse stylistique et

    thmatique , Bull. Archol. marocaine, 5, 1964, p. 47-116 Id., Les gravures rupestres de l'Oukameden (Haut Atlas) : documents indits , ibid., 6, 1966, p. 29-54.

    16. En particulier A. Simoneau, Les gravures du Haut Atlas de Marrakech , Rev. Gographie Maroc, 1 1, 1967, p. 67-76 Id., L'androgyne et les gravures du Haut Atlas , Bull. Archol. marocaine, 7, 1967, p. 91-135 Id., Recherches sur les gravures rupestres du Haut Atlas marocain , Bull. Soc. prhist. fr., Paris, 65, 1968, p. 642-653 Id., Nouvelles recherches sur les gravures rupestres du Haut Atlas et du Dra , Bull. Archol. marocaine, 8, 1968-1972, p. 15-36.

    17. Par exemple : A. Rodrigue, Les gravures rupestres de la rgion de Marrakech , Soc. Et. et Recherches prhist., Les Eyzies, 34, 1984, p. 19-22.

  • GRAVURES RUPESTRES DU HAUT ATLAS MAROCAIN 769

    Fig. 1. Carte des principaux sites rupestres du Haut Atlas et de ses environs.

    En dehors de Koudiat el Mouissiera, colline situe une quinzaine de kilomtres de Marrakech, les autres gravures se trouvent dans le Haut Atlas proprement dit : Oukameden, Yagour et Tizi n'Tirlist (fig. 1). Le Haut Atlas s'tend sur sept cents kilomtres, de l'Atlantique aux hautes plaines du Maroc oriental. Si plusieurs sommets dpassent 4 000 m, les hauteurs tabulaires qui dominent donnent l'Atlas une apparence lourde.

    Les gravures n'y sont pas en grottes ou sous abri mais l'air libre, sur des dalles plus ou moins inclines. Elles paraissent lies aux sommets de la ligne de crte centrale. Ainsi, l'Oukameden, un adret o sont groupes les gravures est domin par l'Angour (3 616 m) ; le Meltsen (3 588 m) surplombe les sites du Yagour et le Rhat (3 738 m) ceux du Tizi n'Tirlist18.

    L'emplacement de ces gravures n'est pas fortuit ; on constate une grande densit de reprsentations en contrebas des sommets ; la moiti des personnages du Yagour regarde vers le sud en direction du Meltsen.

    18. G. Souville, Les gravures rupestres du Haut Atlas marocain , BulL Acad. Var, Toulon, 153, 1985, p. 193-205.

  • 770 COMPTES RENDUS DE L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

    z'-:''.':-\ Anthropomorphes

    E==d Armes

    Hi Chars

    fcaj Faune

    t=J Gomtriques

    rV1 Rticuls

    I I Divers

    Fig. 2. Les principaux thmes des gravures du Haut Atlas.

    On peut, par ailleurs, constater une persistance de cultes probablement trs anciens sur ces hauts lieux o des rites maraboutiques ont succd des traditions protohistoriques. Enfin les sites gravs semblent lis aux itinraires de transhumance ; des azibs, enclos intermittents pour les bestiaux, contenant l'intrieur des gravures, sont encore utiliss par les bergers.

    Ces gravures sont rarement isoles ; elles sont gnralement groupes et peuvent parfois constituer des ensembles cohrents et ordonns, voire de vritables frises19.

    De nombreuses publications ont signal depuis lontemps les principaux thmes reconnus : personnages aspect humain, armes, chars deux roues, animaux, figures gomtriques, signes rticuls, cupules ; certains sont trs difficiles identifier et mme dcrire. On a galement soulign la juxtaposition de gravures d'poques diffrentes et notamment de reprsentations de l'ge du Bronze et de graffiti libyco- berbres . Les premires avaient trs vite t identifies par J. Malhomme20. Les autres sont bien connus dans le Sud marocain21, leur dessin est schmatique ; ils montrent parfois des cavaliers avec leur monture (cheval, voire dromadaire) pouvant mme tre associs des inscriptions libyques et proches de textes arabes.

    19. J. Malhomme, Deux tables graves du Grand Atlas (Maroc) , Notes africaines, Dakar, 67, 1955, p. 79-83.

    20. J. Malhomme, Une reprsentation de haches du Bronze (Grand Atlas) , Bull. Soc. Prhist. Maroc, n.s., 7-8, 1954, p. 105-109.

    21. Cf. par exemple A. Ruhlmann, Les graffiti libyco-berbres , dans Les recherches de prhistoire dans l'extrme Sud marocain, Publ. Serv. Antiquits Maroc, 5, 1939, p. 88-96 A. Rodrigue, Les gravures rupestres libyco-berbres de Marrakech. Analyse thmatique et statistique , Prhistoire arigeoise, 43, 1988, p. 203-219.

  • GRAVURES RUPESTRES DU HAUT ATLAS MAROCAIN 771

    Le but de cette communication n'est pas de les analyser nouveau mais d'abord de les dnombrer et de distinguer les thmes reprsents. Les 1 408 numros du corpus de J. Malhomme correspondent 2 429 figurations. Certes, cette mthode ne peut tre d'une parfaite rigueur ; il est souvent trs difficile d'individualiser certains sujets ; en outre plusieurs thmes peuvent tre associs, des sujets diffrents groups intentionnellement ; un personnage, parfois deux, peuvent tre accompagns d'armes, d'animaux, de signes divers. Mais ainsi, on pourra constater la frquence de certains sujets, leur rpartition dans les diffrents sites, l'importance et les caractristiques de ces derniers.

    L'examen de quelques graphiques montre que dans l'ensemble de l'Atlas (fig. 2) les sujets les plus frquents sont des figures gomtriques [648], des rticuls [509], des armes [410] et de la faune [274] ; les reprsentations anthropomorphes [98] sont plus rduites et les chars deux roues relativement rares [16].

    La rpartition des thmes varie avec les diffrents sites. Au Koudiat el Mouissiera (fig. 3, a), qui apparat plus rcent que la plupart des stations du Haut Atlas et o il n'y a que 88 gravures, les armes et les dessins gomtriques dominent. A l'Oukameden (fig. 3, b), sur les 342 sujets, les armes en reprsentent presque la moiti ; sont galement prsents des gomtriques, de la faune et des anthropomorphes relativement nombreux.

    A Lalla Mina Hammou (fig. 3, c), site trs particulier du Yagour, les rticuls, les gomtriques et des dessins nigmatiques sont prdominants ; les armes, les anthropomorphes sont peu nombreux et la faune pratiquement inexistante. Les autres sites du Yagour (fig. 3, d), forment un ensemble diffrent ; sur les 818 gravures, il y a de nombreux animaux [219], des armes [190], des figures gomtriques [175], des anthropomorphes [51] et quelques chars [15].

    Enfin au Tizi n'Tirlist (fig. 3, e) les gomtriques forment presque la moiti des reprsentations : 75 sur 155 ; on remarque galement des armes [30], des animaux [15] et quelques anthropomorphes [9].

    En quoi consistent les diffrents sujets gravs dans le Haut Atlas ? Les gomtriques forment le groupe le plus important (26,77%) ; elles reprsentent prs de la moiti des gravures du Tizi n'Tirlist, sont dominantes au Koudiat el Mouissiera et demeurent importantes au Yagour et l'Oukameden. Il s'agit de disques, de rectangles, de triangles, de formes plus ou moins rgulires, les rectangles pouvant virer aux trapzes. Certains sont accompagns d'appendices souvent onduls. Seuls les contours sont indiqus dans de nombreux cas ; l'intrieur peut tre excav. Mais trs souvent ces figures gomtriques sont ornes : points au centre, croisillons, damiers,

  • liiiiiiJAnthropomor

    1=3=1 Armes

    Chars

    b&'lJ Faune

    [ 1 Gomtriques

    hlitJ Rticuls

    I I Divers

    FlG. 3. Les principaux thmes des gravures des diffrents sites du Haut Atlas : a, Koudiat el Mouissiera ; b, Oukameden ; c, Lalla Mina Hammou ;

    d, Yagour (en dehors de Lalla Mina Hammou); e, Tizi n'Tirlist

  • GRAVURES RUPESTRES DU HAUT ATLAS MAROCAIN 773

    cercles concentriques, rectangles ou triangles embots ; ceux-ci peuvent mme tre jumels22. Le remplissage est extrmement vari.

    Deux formes doivent retenir l'attention, les rectangles et les disques. Parmi ceux-ci23, des distinctions peuvent tre opres. De petits disques ronds, non dcors, sont brandis sur des gravures libyco- berbres par des personnages schmatiquement dessins, fantassins ou cavaliers ; il s'agit videmment de boucliers. Pour les autres disques, plusieurs interprtations sont possibles. Pour la plupart, ce ne sont que des dessins comme les autres figures gomtriques ou les reprsentations nigmatiques d'identification difficile. D'autres sont certainement des boucliers, faits de pices colles ou cousues d'o les diffrents motifs observs ; le dcor central indiquait l'ambo, les lments annexes, des moyens de prhension24. Ils ont t rapprochs de certaines reprsentations ibriques25 et associs des armes du Bronze moyen26. D'autres, comme l'avait bien vu Jean Malhomme27, sont incontestablement lis une cosmogonie et un culte astral connu dans la pninsule Ibrique28 ; certains motifs ondes, des demi-cercles concentriques qui existent en outre sur des stles marocaines sont dans la tradition du Bronze atlantique29. L'aspect solaire est confirm par la prsence de radiations30 rduites parfois de simples points31. Ceci est particulirement net pour les grands cercles de l'Oukameden (fig. 4)32, de Talat n'Iisk33 et du Tizi n'Tirlist34 o sont rassembls entrelacs, lignes ondes, demi-cercles concentriques et o les disques portent des radiations

    22. J. Malhomme, Igoudmane des At Inzel (Yagour, Grand Atlas). Gravures rupestres , Actes 79'Congr. nat. Soc. savantes, Archol, Alger, 1954 (Paris, 1957), p. 11-18.

    23. G. Souville, Disques et reprsentations nigmatiques sur les gravures rupestres du Haut Atlas. Essai d'interprtation et de datation , L'Anthropologie, Paris, 94, 1990, p. 569-576.

    24. F. Buttin, Les adargues de Fs , Hespris-Tamuda, Rabat, 1, 1960, p. 409-455. 25. M. Almagro, Las estalas decoradas del Suroeste peninsular, Madrid, 1966. 26. R. Chenorkian, Les armes mtalliques dans l'art protohistorique de l'Occident mditer

    ranen, Paris, 1988, p. 144, 318-319. 27. J. Malhomme, Les cercles de Lalla Mina (Yagour) : Quelques rflexions , Actes

    86' Congr. nat. Soc. savantes, Archol, Montpellier, 1961 (Paris, 1962), p. 35-40. 28. R. Sobrino Lorenzo-Ruza, Ensayo sobre los motivos de discos solares en los petro-

    glifos gallego atlnticos , Zephyrus, Salamanca, 7, 1956, p. 11-19 M. Almagro, Las estalas decoradas..., op. l. M. del Amo y de la Hera, Los grabados rupestres de Los Aulagares (Zalamea la Real, Huelva) , Miscelnea arqueolgica, Ampurias, Barcelona, 1, 1974, p. 69-86.

    29. G. Souville, Stles graves du Maroc occidental , Boll. Centro camuno Studi preist., Capo di Ponte, 7, 1971, p. 77-85.

    30. J. Malhomme, Corpus des gravures rupestres, op. L, n* 99e, 110, 134, 162, 171, 329, 330, 931, 1027, 1362, 1396, 1405, 1407, 1408.

    31. Ibid., n08 134, 155, 24b, 842, 935, 1352, 1353, 1364, 1369, 1396, 1408. 32. Ibid., nos 155, 24b. 33. Ibid., n 171. 34. Ibid., n 1353.

  • 774 COMPTES RENDUS DE L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

    1284

    40 cm

    1231 Fig. 4. Quelques reprsentations du Haut Atlas.

    Oukameden : 155, 24 b, disque (avec pointe de javelot) Azibs n'Ikkis : 1231, lphants, antilopin, cavaliers libyco-berbres ; 1284, l'homme l'inscription (les numros correspondent au corpus de J. Malhomme).

    extrieures sur toute la circonfrence. L'orientation vers le sud d'un grand nombre de ces gravures ne peut que renforcer cette hypothse solaire35.

    35. A. Simoneau, Les gravures du Haut Atlas de Marrakech , Rev. Gographie Maroc, 11, 1967, p. 67-68.

  • GRAVURES RUPESTRES DU HAUT ATLAS MAROCAIN 775

    Quant aux rectangles, de formes irrgulires, sans remplissage ou aux motifs simples, ils doivent tre rangs dans la catgorie trs rpandue des reprsentations difficiles interprter. En revanche, certains d'entre eux avec des rectangles embots et des lignes parallles peuvent tre des boucliers, bien qu'on n'en connaisse pas de ce type aux temps protohistoriques. Il s'agirait de formes purement locales36.

    Les figures rticules forment un deuxime groupe particulirement important, spcialement Lalla Mina Hammou37. Il s'agit de cercles, d'ovales, de rectangles et de trapzes plus ou moins rguliers, diviss et parfois subdiviss en compartiments ingaux38. Ces rticuls peuvent tre rapprochs des dessins peu prs identiques de la Valle des Merveilles39 et considrs galement comme des jeux du type des marelles, des symboles de parcs bestiaux mais aussi des parcellaires40.

    On a regroup sous le terme vague de divers, des cupules, des lignes ondes ou serpentifonnes, des sries de points, des labyrinthes et des figures complexes et nigmatiques, difficiles dcrire comme interprter41. Ce sont sans doute des jeux de bergers42.

    La faune est abondante et varie, spcialement au Yagour. Les dterminations sont difficiles car les dtails anatomiques sont peu prcis. Il serait ncessaire d'en faire une tude complte en collaboration avec des zoologistes43.

    Les bovines sont les plus nombreux suivis par les antilopins. Il y a galement des flids (lionnes), des chiens, une girafe, un rhinocros et trois lphants (fig. 4)44. On doit noter aussi la prsence de douze autruches et outardes.

    36. R. Chenorkian, Les armes mtalliques..., op. /., p. 319. 37. J. Malhomme, Les ptroglyphes du Grand Atlas. Quelques curiosits , Congr.

    prhist. Fr., C.R. 16e session, Monaco, 1959 (Paris, 1965), p. 845-852. 38. H. de Lumley, Les gravures rupestres de l'ge du Bronze de la Valle des Merv

    eilles, Mont Bego, Alpes-Maritimes , L'Anthropologie, 88, 1984, p. 622. 39. G. Souville, Disques et reprsentations nigmatiques... , op. /., p. 574. 40. H. de Lumley, Les gravures rupestres de l'ge du Bronze... , op. /., p. 625, 628-629. 41. G. Souville, Disques et reprsentations nigmatiques... , op. /., p. 571. 42. Cf. par exemple J.-P. Lebeuf, Jeux phmres , J. Soc. Africanistes, Paris, 61,

    1991, p. 139-144. 43. A. Rodrigue, La faune du Maroc au nolithique et dans la protohistoire d'aprs

    les gravures rupestres , Soc. Et. Rech. prhist., Les Eyzies, 37, 1987 (1988), p. 85-97 G. Camps, Des incertitudes de l'art aux erreurs d'Hrodote. La faune des temps nolithiques et protohistoriques de l'Afrique du Nord , C.R. Acad. Inscriptions et B.-L., 1990, p. 35-55.

    44. En fait, ceux-ci sont beaucoup plus nombreux comme l'ont montr des recherches ultrieures : A. Simoneau, Les gravures d'lphants du Haut Atlas , Bull. Archol. marocaine, 7, 1967, p. 569-578 A. Rodrigue, Une frise d'lphants indite dans l'Atlas marocain , Soc. Et. et Rech. prhist., Les Eyzies, 36, 1986 (1987), p. 43-44.

  • 776 COMPTES RENDUS DE L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

    Dans les gravures libyco-berbres, l'interprtation est encore plus difficile en raison de la technique employe du piquetage et de l'irrgularit des contours. Il s'agit essentiellement de chevaux, souvent monts (fig. 4) et sans doute d'un dromadaire.

    Ces animaux se trouvent dans des situations varies, au repos, se dplaant, chasss ou sacrifis. Ils sont pratiquement toujours reprsents de profil. La prsence de liens, de licols montre que certains d'entre eux ont t apprivoiss, voire domestiqus.

    G. Camps a constat l'absence ou la raret de certaines espces (hyne, antilope bubale, sanglier, mouflon), pourtant trs bien reprsentes dans les gisements prhistoriques. Il y voit un filtre d'ordre culturel voire cultuel45.

    Cet aspect religieux se retrouve avec la prsence de bliers sphrode et de lzards46. Ceux-ci sont nettement figurs, les pattes cartes aux Aougdal n'Ouagouns, au Tizi n'Tirlist et surtout l'Oukameden, souvent groups, accompagnant parfois des hommes47. Le varan tient une place importante dans la symbolique saharienne et soudanaise, souvent prsent dans les amulettes et les philtres amoureux48. Il a pu jouer un rle similaire dans le Haut Atlas.

    Quant aux bliers sphrodes , G. Camps a dmontr qu'il ne s'agissait pas d'une particularit anatomique mais d'une parure, lie un rituel prcis pour la prparation d'un sacrifice49. Ainsi, l'Oukameden50, le blier se trouve plac derrire un homme ithy- phallique brandissant un bton avec lequel il menace un lphant renvers ; l'arme utilise et l'importance de l'animal montrent qu'il s'agit d'un sacrifice et non d'une chasse.

    Les reprsentations anthropomorphes (fig. 5, a) ne sont pas trs nombreuses mais varies ; elles prsentent des caractres particulirement intressants. A ct des quelques dessins libyco-berbres sommairement esquisss de cavaliers (fig. 4), on peut noter la prsence d'une main et de pieds soit uniques, soit par paires et de plusieurs

    45. G. Camps, Des incertitudes de l'art... , op. /., p. 46. 46. G. Souville, Aspects religieux des gravures rupestres du Haut Atlas marocain ,

    Actes V' Colloque intern. Hist. et Archol. Afrique N., Avignon, 1990 (Paris, 1992), p. 51-58. 47. Sur une gravure absente du Corpus de Malhomme, un orant semble envoter le

    lzard : M. Reganon, Deux gravures rupestres dans le Haut Atlas , J. Soc. Africanistes, 48, 1978, p. 97-99 et Bull. Archol. marocaine, 12, 1979-1980, p. 357-360.

    48. R. Mauny, Une nigme non rsolue : origine et symbolique de la croix d'Agads , Notes africaines, 63, 1954, p. 76-77.

    49. G. Camps, Un thme religieux dans l'art rupestre nord-africain : le blier sphrode , Studi di paletnologia in onore di S.M. Puglisi, Roma, 1985, p. 345-357 Id., Scnes de caractre religieux dans l'art rupestre de l'Afrique du Nord et du Sahara , Mlanges P. Levque, Besanon, 1, 1988, p. 65-82.

    50. J. Malhomme, Corpus des gravures rupestres, op. /., n 123b2.

  • GRAVURES RUPESTRES DU HAUT ATLAS MAROCAIN 777

    ' ' I Personnages schmatiques

    Orants, supplicis

    Idoles en violon

    Poignards

    Hallebardes

    Peltes

    Mains

    Libycoberbres

    ..lU Javelots.lances

    | Massues, haches, boomerangs

    I Poignards berbres

    FlO. 5. a, Les diffrents types de reprsentations humaines; b, Les armes figures sur les rupestres.

    dessins schmatiques avec principalement le contour de la tte et des membres linaires. Ces personnages peuvent soit tre seuls, soit participer une chasse ou un sacrifice comme l'homme prcdant un blier sphrode et menaant un lphant, dj voqu51.

    Les lments les plus caractristiques se trouvent au Yagour et rOukameden52. Dans ce dernier site des personnages ont les bras

    51. Ibid., n 123b. 52. J. Malhomme, Les reprsentations anthropomorphes du Grand Atlas (Maroc) ,

    Libyca, 1, 1953, p. 373-385 G. Souville, Reprsentations anthropomorphes l'Ouka- meden (Haut Atlas marocain) , Ars praehistorica, Barcelona, sous presse Id., Sur des gravures anthropomorphes du Grand Atlas marocain. Les supplicis du Yagour , Empries, Barcelona, sous presse.

  • 778 COMPTES RENDUS DE L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

    en croix ou sont dans l'attitude d'orants. Sur certains, des points sur le visage ou le corps peuvent tre des tatouages53 ; d'autres ornements apparaissent sur la poitrine ou sous forme de bracelets54.

    Plusieurs gravures de l'Oukameden montrent un corps disproportionn, une tte trs troite, un cou dmesur. Des franges prolongent le corps et voquent un pagne. Des poignards sont proximit55. Il s'agit trs certainement de symboles religieux probablement d'idoles dites en violon.

    A l'Oukameden comme au Yagour, sont reprsents des personnages frapps ou mme transperces par des armes (poignards, pointes de flche ou de javelot). C'est le cas de la victime aux flches 56 qui a t ultrieurement l'objet d'une tentative de destruction intentionnelle par un martelage systmatique57. Parmi ces supplicis , on retiendra particulirement l'homme d'Israoul58 : tte ronde, traits sommairement dessins, bras levs, pieds carts, sexe bien marqu, bracelets au poignet et au bras. Sur lui et autour de lui sont places de nombreuses armes. Les mmes lments apparaissent dans l'homme de Bou Oudrouc59 et dans le supplici des Azibs n'Ikkis60. Celui-ci ne semble porter aucun vtement ; il devait tre tatou et prsente deux bassins61. L'homme tient une massue mais est frapp par sept pointes de flche ; un arc est sans doute reprsent de chaque ct du corps ; deux poignards sont ses cts. Il est domin par un autre personnage dont le corps est form de rectangles embots62, accompagn de poignards, d'une pointe de javelot, d'une hallebarde et un peu plus au sud, de l'homme l'inscription 63, trs sommairement dessin avec des bras filiformes et des franges de chaque ct ; un texte libyque est inscrit dans un cartouche l'intrieur mme du corps (fig. 4). Cette inscription apporte un des rares repres chronologiques, elle est plus proche des

    53. J. Malhomme, Corpus des gravures rupestres, op. L, n 111a Cf. H. Camps-Fabrer, Parures des temps prhistoriques en Afrique du Nord , Libyca, 8, 1960, p. 57.

    54. J. Malhomme, Corpus des gravures rupestres, op. h, n 155, 4. Ces orants peuvent tre compars ceux inconnus du corpus et publis par M. Reganon, Deux gravures rupestres dans le Haut Atlas , op. l. et A. Rodrigue, Gravures anthropomorphes toujours dcouvrir... mme l'Ouka , Bull. Club alpin fr., Casablanca, juin 1988, p. 44-48.

    55. J. Malhomme, Corpus des gravures rupestres, op. /., n08 153f, 153k, 153jl, 153)3. 56. Ibid., n 153h2. 57. J. Malhomme, Le Bronze II dans le Grand Atlas : les sacrifices humains , Bull.

    Archol. marocaine, 3, 1958-1959, p. 379-387. 58. J. Malhomme, Corpus des gravures rupestres, op. /., n 430. 59. Ibid., n 1345. 60. Ibid., n 1270. 61. A. Simoneau, L'androgyne et les gravures du Haut Atlas , Bull. Archol maroc

    aine, 7, 1967, p. 96, 98. 62. J. Malhomme, Corpus des gravures rupestres, op. L, n 1271. 63. Ibid., n 1284 J. Malhomme, L'homme l'inscription des Azibs n'Ikkis :

    Yagour, Bull. Archol. marocaine, 4, 1960, p. 411-417.

  • GRAVURES RUPESTRES DU HAUT ATLAS MAROCAIN 779

    inscriptions anciennes que des modernes mais est-elle bien contemporaine des armes graves ?64 On doit remarquer galement une scne de cot65 et la prsence probable de jumeaux66.

    Enfin un groupe exceptionnel du Tifirt n'Ourgou67 runit trois personnages ; l'un, trs grand, rejoint par les pieds un deuxime, plus petit ; tous les deux ont les bras en croix et sont bisexus. Le troisime personnage, encore plus petit est plac la droite du premier avec lequel il est accoupl. Ces androgynes68 appartiennent un ensemble de gravures o l'on observe une hallebarde, des antilo- pins et d'autres petits quadrupdes.

    Tous ces personnages sont caractriss par une grande simplification tendant parfois au gomtrisme69. Ce sont pratiquement tous des hommes et des guerriers. Des armes, des accessoires de vtement, des tatouages ou des ornements apparaissent mais les traits sont peu marqus. Les ttes sont rondes, les bras sont carts et les jambes replies. A la diffrence des animaux et surtout des armes, l'absence de ralisme semble lie un interdit. Ces guerriers, hros tus au combat, prisonniers immols, tmoignages de sacrifices humains ou signes d'une defixio, doivent tre lis des cultes et des croyances en relation avec les hauts lieux. Le souvenir de ces cultes a d subsister suffisamment longtemps pour avoir provoqu l'intervention d'iconoclastes.

    Parmi les armes (fig. 5, b), il faut mettre part les poignards lame courbe du Koudiat el Mouissiera et de Lalla Mina Hammou ; ceux-ci sont parfois munis d'une dragonne ou d'un baudrier. Souvent associs des graffiti libyco-berbres , ils sont dans la tradition des poignards marocains, notamment des kummya70.

    Certaines armes reprsentes sont peu caractristiques : pointes de flche ou de javelot, massues, boomerangs, haches. Les haches en forme de pelte prsentes au Yagour peuvent avoir une origine locale71.

    64. L. Galand, L'inscription des Azibs n'Ikkis , ibid., p. 418-421 G. Camps, Recherches sur les plus anciennes inscriptions libyques de l'Afrique du Nord et du Sahara , Bull, archol. Comit Trav. hist. et sci., Paris, n.s., 10-11, 1974-1975, p. 148-151 L. Galand, Langue et littrature berbres (xn et xni) , Annuaire Afrique Nord, Paris, 16, 1977, p. 949.

    65. J. Malhomme, Corpus des gravures rupestres, op. /., n 1303. 66. Ibid., n08 1301, 1304 A. Simoneau a observ parmi des gravures indites de

    l'Aougdal n'Ouagouns (Yagour), un accouchement et un couple dans un enclos : Bull. Soc. prhist. fr., 65, 1968, p. 650-653.

    67. J. Malhomme, Corpus des gravures rupestres, op. /., n 459. 68. A. Simoneau, L'androgyne et les gravures du Haut Atlas , op. /., p. 97-135

    A. Schwarz, La dimensione vertical dell'androgino immortale , Valcamonica symposium' 79 (Capo di Ponte, 1983), p. 79-97, spcialement p. 91.

    69. G. Camps, Les civilisations prhistoriques de l'Afrique du Nord et du Sahara, Paris, 1974, p. 343.

    70. C. Buttin, Les poignards et les sabres marocains , Hespris, 26, 1939, p. 1-47. 71. G. Souville, A proposito de unos objetos peltiformes... , op. l.

  • 780 COMPTES RENDUS DE L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

    Quant aux hallebardes et aux poignards, dj voqus ici mme72, elles ont fait l'objet d'une minutieuse tude de R. Chenorkian73. On peut avec lui distinguer une premire priode d'influence arga- rique avec des poignards sans garde, manches plus ou moins excavs, lame rainures, rivets apparents ; on y trouve des hallebardes d'El Argar et de Carrapatas, des pointes foliaces ; celles-ci peuvent tre rapproches des pointes de Palmela dont quelques exemplaires ont t trouvs au Maghreb occidental74. Les boucliers rectangulaires et les haches en forme de pelte d'origine locale doivent appartenir au mme ensemble. Une deuxime phase est caractrise par une empreinte plus marque de la civilisation du Bronze : boucliers ronds, pointes troites et allonges, poignards garde fortement marque mais lame sans rainure.

    Il n'y a que seize chars, tous situs au Yagour, principalement aux Azibs n'Ikkis. Ils sont du type courant dans le Sud marocain et le reste du Maghreb75 : projection horizontale, essieu, deux roues ; les jantes sont souvent marques par des signes cruciformes. Lorsque la plateforme est reprsente, elle est rectangulaire ou semi- circulaire, plus rarement triangulaire. La barre de traction est curviligne ou rectiligne, mais parfois, n'est pas mme figure. Tous ces chars sont dtels et un seul timon ; ils ne sont jamais accompagns d'hommes ou d'animaux.

    Ces chars ne sont destins ni au transport ni la guerre ; ils tmoignent du prestige de quelques personnages ou d'un groupe particulier76. Ce qui est vrai pour l'ensemble du Maghreb est encore plus vident pour cette zone de l'Atlas o l'utilisation courante de tels engins aurait t bien difficile.

    Dans cet expos, les techniques de gravure n'ont pu tre abordes car elles n'ont pas fait l'objet d'tudes systmatiques. Certes, on peut distinguer, pour marquer le trait, l'utilisation d'un sillon

    72. G. Souville, Tmoignages sur l'ge du Bronze au Maghreb occidental , C.R. Acad. Inscriptions et B.-L., p. 110-112.

    73. R. Chenorkian, Les armes mtalliques dans l'art protohistorique..., op. l. Id., Armes des temps protohistoriques , Encyl. berbre, Aix-en-Provence, 6, 1989, p. 892-898.

    74. G. Souville, Tmoignages sur l'ge du Bronze... , op. /., p. 103-105. 75. G. Camps, Le cheval et le char dans la prhistoire nord-africaine et saharienne ,

    Les chars prhistoriques du Sahara, archologie et techniques d'attelage, Aix-en-Provence, 1982, p. 9-22 R. Wolff, Contribution l'tude des chars rupestres du Sud marocain , ibid., p. 139-151 H. Lhote, Les chars rupestres du Sahara. Leur significations , Mondes et cultures, Paris, 1984, p. 271-279 A. Muzzolini, Les chars des stles du Sud-Ouest de la pninsule Ibrique, les chars des gravures rupestres du Maroc et la datation des chars sahariens , Actas Congr. intem. El estrecho de Gibraltar , Ceuta, 1987 (Madrid, 1988), 1, p. 361-387.

    76. G. Camps, Chars protohistoriques de l'Afrique du Nord et du Sahara. Engins de guerre ou vhicules de prestige ? , Actes IV' Colloque intem. Hist. et Archol. Afrique N., Strasbourg, 1988 (Paris, 1991), 2, p. 267-288.

  • GRAVURES RUPESTRES DU HAUT ATLAS MAROCAIN 781

    profond, prolong par polissage ou piquetage l'emploi d'une sorte de gouge le martelage et le piquetage77, ce dernier procd paraissant le plus rcent. Mais dans l'tat actuel de nos connaissances, ces techniques ne peuvent aider prciser la chronologie des gravures.

    La morphologie de l'Atlas et l'examen de certaines gravures permettent une meilleure approche chronologique. Le Haut Atlas a connu les glaciations quaternaires et la morphologie des valles a subi l'rosion glaciaire. Les gravures ne peuvent qu'tre postrieures ces phnomnes et donc au palolithique.

    L'inscription libyque incorpore une reprsentation humaine78 ne semble gure antrieure au vie sicle avant J.-C. tandis que les armes graves proximit appartiennent aux types du deuxime millnaire79. Si la figure anthropomorphe et l'inscription sont lies et prsentent la mme patine, sont-elles bien contemporaines de ces armes dont il serait difficile d'imaginer une telle persistance ?

    En revanche, ces armes ressemblent aux mmes objets figurs ou trouvs dans la pninsule Ibrique, datant du deuxime millnaire avant notre re. Elles forment donc un utile repre chronologique. Mais, recueillies en trs petit nombre au Maroc80, n'taient-elles que des objets rares, marques de prestige ? Ont-elles t graves longtemps aprs leur importation ? Il est difficile de donner une rponse dfinitive d'autant plus que notre connaissance des populations qui sont l'origine des gravures est trs rduite.

    Les gravures du Haut Atlas, seules examines ici, ne sont pas isoles ; des sites voisins, notamment ceux des Azibs de Tanant et du Rhat81 les relient aux stations du Dra. Un inventaire complet des gravures du Sud marocain permettrait une vue exacte de leur origine et de leur date. Il devrait tre associ une dlimitation prcise des ensembles et des associations et confront l'examen des autres rupestres du Nord de l'Afrique et du Sahara82.

    77. J. Malhomme, Les reprsentations de hallebardes du Grand Atlas : les techniques d'incision , Bull. Archol. marocaine, 3, 1958-1959, p. 371-377.

    78. J. Malhomme, Corpus des gravures rupestres, op. /., n 1284. 79. Cf. supra, notes 63 et 64. 80. G. Souville, Tmoignages sur l'ge du Bronze... , op. L, p. 103-107. 81. A. Simoneau, Recherches sur les gravures rupestres du Haut Atlas marocain , Bull.

    Soc. prhist. fr., 65, 1968, p. 642-653 Id., Gravures rupestres indites du Haut Atlas , Valcamonica symposium, 1968 (Capo di Ponte, 1970), p. 369-379 Id., Protohistoire religieuse du Jebel Rhat (Haut Atlas) , Valcamonica symposium' 72 (Capo di Ponte, 1975), p. 335-342.

    82. Cf. en particulier : G. et L. Lefebvre, Corpus des gravures et des peintures rupestres de la rgion de Constantine, Mm. Centre Rech. anthr., prhist. et ethn. (CRAPE), Paris, 7, 1967 M. Almagro Basch y M. Almagro Gorbea, Estudios de arte rupestre nubio, I, Yacimientos situados en la orilla oriental de Nilo..., Madrid, 1968 H. Lhote, Les gravures rupestres du Sud oranais, Mm. CRAPE, 16, 1970 Id., Les gravures rupestres de l'oued Djerat (Tassili-n-Ajjer), ibid., 25, 1975, 2 vol. J. Leclant et P. Huard, La culture des chasseurs du Nil et du Sahara, ibid., 29, 2 vol.

    1991 51

  • 782 COMPTES RENDUS DE L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

    Ces gravures sont certainement lies des cultes des hauts lieux, la vie de pasteurs transhumants et demeurent l'un des meilleurs tmoignages de l'existence d'un ge du Bronze au Maroc83.

    MM. Jean Leclant et Franois Chamoux interviennent aprs cette communication.

    83. Les dessins illustrant cette communication sont dus M. Edgard Lamouroux (Recherches d'Antiquits africaines, CNRS).

    LIVRES OFFERTS

    M. Jean Leclant a la parole pour deux hommages :

    J'ai le plaisir de dposer sur le bureau de l'Acadmie le 4e fascicule (novembre-dcembre 1990) des Comptes rendus des sances, qui est parvenu l'Acadmie le 6 novembre.

    Ce fascicule publie quatre communications, deux notes d'information, le contenu de la sance publique annuelle, dont nous parlerons plus loin. A ces textes s'ajoutent trois allocutions du Prsident Gilbert Lazard prononces l'occasion des dcs de Jan Waszink et Samuel Noah Kramer, associs trangers, et de Guido Mor, correspondant tranger. Nous n'omettrons pas l'analyse de plusieurs ouvrages prsents l'Acadmie et l'ensemble des tables annuelles, composes par Mme M.-M. Ducos-Fonfrde, toujours attentive l'ensemble des processus qu'entrane la publication.

    Les sujets des communications refltent la diversit de nos disciplines et de nos travaux. M. Rgis Vallet a inform l'Acadmie de dcouvertes d'ge prhistorique en Basse-Msopotamie. Deux communicants nous ont intresss l'Egypte : M. Jean Vercoutter, membre de l'Acadmie, s'inter- rogeant sur la dcouverte de Brnice Panchrysos dans le dsert entre Nil et mer Rouge, M. Jean-Claude Golvin offrant une tude dveloppe sur les murs assises courbes propos de l'enceinte du grand temple d'Amon- R Karnak. M. Edmond Frzouls, poursuivant les travaux de notre confrre M. Pierre Demargne, a expos le rsultat des fouilles entreprises au thtre de Xanthos, en Lycie. M. Claude Lepage nous a prsent une Contribution de l'ancien art d'Ethiopie la connaissance des autres arts chrtiens

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    IllustrationsFig. 1. Carte des principaux sites rupestres du Haut Atlas et de ses environsFig. 2. Les principaux thmes des gravures du Haut AtlasFig. 3. Les principaux thmes des gravures des diffrents sites du Haut AtlasFig. 4. Quelques reprsentations du Haut AtlasFig. 5. a, Les diffrents types de reprsentations humaines; b, Les armes figures sur les rupestres