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® Vers un enseignement axé sur les besoins des communautés locales et contribuant à l'harmonie et au développement de la nation thaïlandaise
N . Bennett et K . Vorapipatana
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Document de séminaire de 1SIIPE ® Vers un enseignement axé sur les besoins des communautés locales et contribuant à l'harmonie et au développement de la nation thaïlandaise
N . Bennett et K . Vorapipatana
Une contribution au Séminaire de l'IIPE sur "Les modalités d'organisation de l'enseignement en tous genres pour les collectivités locales" 9 - 1 7 décembre 1974
INSTITUT INTERNATIONAL D E PLANIFICATION D E L 'EDUCATION
(créé par l'Unesco) 7-9, rue Eugène-Delacroix, 75016 Paris
0 Unesco 1975
Les auteurs sont responsables du choix et de la présentation des faits figurant dans ces ouvrages ainsi que des opinions qui y sont exprimées, lesquelles ne sont pas nécessairement celles de l'Institut et n'engagent pas 1'Unesco.
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
PHILOSOPHIE DE L'EDUCATION
TROIS NOUVEAUX PROGRAMMES AXES SUR LES BESOINS DES
COMMUNAUTES LOCALES
A» Programme d'alphabétisation fonctionnelle
В» Centres de lecture des journaux С» Fonctionnalisation des programmes d'éducation
des adultes à équivalences scolaires
AUTRES PLANS
Aо Mise au point d'un système de formation technique répondant aux besoins professionnels des villageois
В« Création de centres d'éducation permanente
Go Création de centres régionaux d'éducation des adultes
Conclusions
(i)
Note ; Les opinions exprimées dans cet exposé sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de 1'Unesco ou du gouvernement thaïlandais. Le Dr Kowit Vorapipatana5 Directeur de la Division d'Education des Adultes au Ministère de l'Education., a apporté une précieuse contribution à l'élaboration de ce document en fournissant à l'auteur tous les renseignements nécessaires et en discutant avec lui de tous les problèmes soulevés. Ce document n'aurait pas pu être écrit sans son aide mais l'auteur prend seul la responsabilité des conclusions qu'il en a tirées«
I. INTRODUCTION
lo Etant donné la relative homogénéité sociale et culturelle
de la Thaïlande,, il ne semblerait pas à première тае q&© le besoin d'adapter les moyens éducatifs aux exigences locales soit, et de loin
aussi urgent que dans beaucoup d'autres pays. Plus de 90 fo de la
population est d'origine thaï et de religion bouddhiste, plus de
80 % vit dans les zones rurales où le riz est la principale culture
vivrière, et la majorité des populations vivant dans les diverses
parties du pays ont un héritage culturel simi1 aire.
2. Néanmoins, comme tous les autres pays en voie de développe
ment, la Thaïlande a l'infortune de présenter une dichotomie entre
un secteur moderne (principalement urbain) et un secteur traditionnel
Les habitants des villes cherchent en général à imiter le style de
vie moderne occidental, tandis qu'à la теше époque ceux des zones
rurales plus retirées suivent un mode de vie traditionnel qui n'a
pas évolué de façon significative depuis le siècle dernier. Autre
infortune, encore plus importante, le système d ' en se igneaeiit existant
est conçu bien plus pour répondre aux besoins du secteur moderne
urbain (moins de 20 f de la population) qu'à ceux du secteur rural
plus traditionnelo
3o Nous soutenons toutefois que même si le système éducatif
est transformé pour répondre aus besoins de la grande masse de la
population, tant qu'il restera de conception nationale, il continuera
à ignorer un grand nombre des besoins éducatifs essentiels de la
masse, car il est inévitable que dans un pays de la taille de la
Thaïlande (l 500 kilomètres du nord au sud et une population de plus
de 38 millions d'habitants) il y ait des différences nombreuses,
significatives et cruciales sur le plan régional et sur le plan local
en dépit d'une homogénéité apparente»
К с Le pays comporte par exemple plusieurs sones agricoles % plantations de caoutchouc dans le sud, culture du tabac dans le nord, importante industrie de la pêche le long d'un littoral très étendu
(La Thaïlande occupe le Sème rang mondial pour la pêche), etc.. Les
régimes de propriété foncière diffèrent largement suivant les régions
de шезе que la fertilité du sol, le climat et la prospérité de la
population« Le revenu net moyen par ménages baisse par exemple dans 1
nord—est du pays et représente moins du quart de celui de la région
- 2 -
centrale (:¿ui est en augmentât i on) о Même du point de vue linguistique
on observe communéient que la majorité de la population parle divers
dialectes thaï mais que presque 10 % parle le cambodgien ou le malais
5* Ungrand nombre des éducateurs thaï les plus influents
tirent leur inspiration de la philosophie bouddhiste et considèrent
que dans sa fonction, l'éducation ne doit pas tant participer d'un
système social de "récompense" qu'être un moyen d'aider les hommes à
comprendre leur milieu environnant et à y vivre en harmonie» L'une
des prémisses centrales des projets de réforme de l'éducation de ces
quelques dernières années a donc été de mettre en oeuvre cette philo
sophie de l'éducation par la part i cularisati on régionale et locale des
programmes et de l'administration de l'enseignement«
6c Dans un pays comme la Thaïlande, avec sa structure sociale
extrêmement rigide et hiérarchisée, sa bureaucratie inerte et plus
que centralisée«, ses 30 000 établissements scolaires, son quart de
¡nil lion d'enseignants et ses sept millions d'élèves répartis sur
55 000 villages,, toute réforma de lséducation est extrêmement difficil
à mettre en oeuvre, sans parler d'une réforme tranchant radicalement
avec les pratiques établies. Toute tentative de mise au point de moyen
éducatifs adaptés aux besoins locaux particuliers se heurte au dogme
établi» En Thaïlande l'éducation est toujours conçue fondamentalement
coase un processus continu, la principale justification d'un programme
à quelque degré que ce soit3étant des préparer les élèves au degré
supérieur (que n'atteint qu'une faible minorité). L'éducation est
considérée comme le moyen de favoriser l'unité nationale et l'égalité
des chances шеше si les facteurs sociaux et la répartition des
ressources démontrent à l'évidence que les enfants des régions pauvres
ne reçoivent qu'une portion congrue de ce "шеше plan national d%edu~*
cation" qu'ils partagent avec leurs frères plus fortunés des filles» L'éducation est considérée с oíame le moyen de distribution des postes importants dans la société«, les parents se souciant bien plus des
diplomes que rapportent leurs enfants que de l'utilité de ce qu'ils
apprennent о Elle est enfin regardée comme un moyen de maintenir la
discipline et la structure hiérarchique de la société, tout ce
qu'apprennent les élèves leur venant du professeur et tout ce qu 'en
seigne le professeur lui étant dicté par des instructions du pouvoir
с entrai о 7° Il y a de nombreuses années que les principaux éducateurs
thaïlandais se sont rendus compte de ce qu'en dépit d'un enseignement
- 3 -
élémentaire universal et obligatoire et d'effectifs importants dans
les degrés supérieurs, le système classique d'enseignement bénéficiait
davantage au secteur moderne urbain de la société qu8aux sones rurales
et qu'en fin de compte il avait гаеше probablement une influence négative sur le développement des campagnes. îl y a dis—sept ans un
plan spécial a été mis виг ¡-pied pour développer Is éducation dans les
régions de l'intérieur ; il y a quatorze ans un nouveau programme a
été lancé dont l'un des objectifs était d' "aider les enfants à
apprendre à faire face à leur environnement" ; i 1 y a onze ans
l'administration de toutes les écoles élémentaires urbaines a été
transférée aux autorités municipales , il y a huit ans celle de toutes
les écoles élémentaires rurales a été virtuellement transférée du
Ministère de l'Education aux autorités locales (ce qui en réalité
s'est avéré être un transfert au Ministère de l'Intérieur) ; plus
récemment enfin des écoles normales régionales ont été créées dans
toutes les régions du pays, l'une de leurs fonctions étant censément
d'aider au développement de l'éducation dans la région considérée.
80 Bn dépit de tous ces efforts siaeères, le système scolaire
thaï demeure axé sur le maître, il reste traditionnel, favorise le
secteur moderne urbain et tend à aliéner la grande masse de la popula
tion de son milieu environnant» Près de 60 fo des établissements
d'enseignement secondaire du Sème cycle (classes de seconde et de
première) se trouvent dans la région de Bangkok*, Le gouvernement
consacre toujours entre 30 et 160 fois plus de crédits à l'éducation
d'un enfant des villes de la classe moyenne qu'à celle d'un enfant
d'un village isolé de la campagne, et 6 % seulement encore des
étudiants sortant de l'université sont issus de familles de paysans»
9o L'enseignement traditionnel continue à transmettre toute (l) une quantité de messages caches improductifs , et notamment que la
seule voie de progrès individuel est 1'émigration hors de la commu
nauté locale, que le travail physique ne compte pas (et que seules
les connaissances scolaires sont récomensées dans les examens), que
(i) Pour une description plus complète des manques du système scolaire-
traditionnel voir Nicholas Bennett "The Crisis in formal education
in Thailand ". Social Science Review. Bangkok» Thaïlande»
Septembre 1973»
- 4 -
l'intérêt et la participation aux affaires de la communauté locale
n'ont pas de valeur (et que seules comptent les connaissances dans les
matières théoriques sans lien avec le réel), que la mémorisation
des faits est plus importante que leur compréhension et que le naître
( c'est-à-dire le supérieur hiérarchaique de l'élève/ a toujours
rais on.
10o Lors des quatre ou cinq dernières années plusieurs mouvements
se sont dessinés en faveur d'une réforme du système d'enseignement
pour le rendre plus adapté aux besoins locaux ; tous proposaient des
solutions appropriées et intéressantes dont la plupart sont restées
lettres mortes. Après la révolution d'octobre 1973, les pressions
pour une réforme de l'enseignement traditionnel se sont intensifiées
et un nouveau mouvement regroupant des représentants de toutes les
catégories sociales s éducateurs, enseignants, intellectuels, agricul
teurs, ouvriers, hommes d'affaires, etc00 s'est formé, mais шеше une action à grande échelle de ce genre a à peine plus de chance que les
précédentes de voir les projets aboutir effectivement»
11» Il nous semble que cette incapacité à mettre en oeuvre sur
une large échelle au niveau local des réformes scolaires adéquates
vient de plusieurs facteurs déterminants au nombre de sept s
1) La majorité des enseignants, administrateurs et parents voient
l'éducation comme une fin en soi et non comme un moyen
d'acquérir des connaissances, des qualifications, des attitude.?
et des idées qui peuvent être utiles 5
2) On croit qu'en matière d'éducation, égalité de chances signifie
similarité, c'est-à-dire qu'il ne peut y avoir égalité entre
les personnes que si tout le monde dans la totalité du pays
étudie exactement la шеше chose et de la шеше manière \
3) Beaucoup d'éducateurs estiment que la qualité de l'éducation
(et par là ils entendent les "normes" traditionnelles) doit
être renforcée et améliorée ;
4) Ils pensent également que seules des personnes "qualifiées"
(c'est-à-dire ayant des certificats appropriés) peuvent être
autorisés à enseigner, quelqu'inadéquate que puisse avoir été
la formation leur ayant donné ces certificats ,
5) Etant donné l'inadaptation des programmes, ou bien les parents
ne comprennent pas à quoi servent les années d'école (80 % des
cas dans les sones rurales) ou bien ils n4j voient qu'une étape
dans la suite de la formation de leurs enfants et la sécurité
par la suite d'un emploi salarié permanent ,
) En dépit de l'acceptation de l'idée de dé с entrai i sat ioa, étant
donné la hiérarchisation de la structure sociale, le pouvoir
central a en fait peu confiance dans les enseignants et
administrateurs locaux et veut contrôler leur action par toute
une série de règlements insignifiants, leur laissant ainsi
peuj sinon aucune, liberté d'expérimentation de leur propre
in it iat ire 1
12,
Toujours à cause des facteurs sociaux et hiérachique s* le
processus de budgétisation est fondé sur des compromis et des
discussions et non sur des normes de pris de revient» II en
résulte que les écoles ou régions riches (et puissantes)
arrivent toujours à obtenir des augmentations de budget supé
rieures à celles des écoles ou régions pauvres et démunies, en
raison d.e leur position de force, socialement pariant, dans ( l)
les négociationsà ;° Mous estimons que ces facteurs ont une influence inappré
ciable car nous sommes convaincus au' système éducatif ne peut
jamais anticiper sur les valeurs de la société . Ce n'est donc qu'en
changeant l'échelle des valeurs des parents, des administrateurs et
des enseignants qu'on peut espérer voir jasais mettre en oeuvre
nombre de projets importants d'adoption d'un système d?enseignement
adapté aus besoins locaux0
13. Du fait, d'une part, de la centralisation et de la sectori"
sation observées dans le système de planification, de financement
(une part infime des ressources scolaires provient des autorités ou
collectivités locales), de budgétisation, d'administration, de mise
au point des programmes et des manuels et d'évaluation des résultats
des élèves — (chaque organisme préserve son autorité sur un domaine
d'activités particulier et signe avec les autres des "pactes tacites
de non—agression") — et, d'autre part, de 1'ampleur atteinte par le
système sco^iaire traditionnel, il est impossible de concevoir une
réforme graduelle et de faire évoluer peu à peu les esprits vis—à-vis
de l'éducation о La situation est très différente par contre pour
l'éducation des adultes et 1'enseignement extra-scolàire. En effet,
(l) Voir par exemple "The problems of financing the Thai education
system" par Nicholas Bennett et al. ÏЛ.P.E, Paris 19T4
- 6 ~
les pré jugé sjiS ont moins nombreux, les activités sont centrées sur des
personnes déterminées à apprendre et non sur des élèves forcés à
participer (la loi et les parents contraignent les enfants à aller à
l'école) et de cette manière les programmes extra—scolaires ne gagnent
une audience que s'ils s'avèrent adéquats et utiles. Encore plus
important que tout le reste néanmoins, il y a le fait que les acti
vités d'éducation des adultes et extra-scolaires se déroulent à une
échelle relativement restreinte et a'ont pas à lutter contre la même
inertie bureaucratique que le système scolaire traditionnel.
TA. Aussi depuis quelque temps déjà (et particulièrement ces
cinq dernières années) conçoit-on en Thaïlande l'éducation des adultes
et 1 ' en se ignement extra—seola ire non seulement comme des moyens d'aide;
le peuple à acquérir les connaissances, attitudes et idées dont il a
tant besoin, mais aussi comae un test des idées nouvelles et un moyen
de changer l'attitude du public vis-à-vis de l'éducation, et de poser
les jalons d'une réforme de l'enseignement traditionnel. C'est donc
dans le doraaine de l'éducation des adultes et de l'enseignement extra—
scolaire que l'on observe les initiatives réelles (par opposition aux
initiatives restant sur le papier) qui semblent les plus prometteuses
pour aider les hommes à se changer eus—¡aimes ou à changer leurs
conditions de vie de façon à se mettre à la hauteur du monde où ils
vivent et à y vivre harmonieusement.
15„ Nous ne prétendons pas bien évidemment que les programmes
extra—3col aires puissent résoudre tous les problèmes d'éducation local
ni qu'ils concernent un noabre particulièrement élevé de personnes«,
Tout ce que nous soulignons, c'est que plusieurs programmes d'éducatioi
ont été élaborés et mis en application sur le plan local et qu'ils
démontrent aux enseignants, aux administrateurs et aux parents la vali
dité d'une philosophie nouvelle et d'idées neuves en matière
d ' éducation.
ï ï. PHILOSOPHIE DE L'EDUCATION
l6« Malgré le nombre important de programmes d'éducation et
d'enseignement pratique pour adultes mis en place en Thaïlande tout
au long du dernier demi-siècle, la plupart d'entre eux sont demeurés
jusqu'à une date toute récente des copies de second ordre des pro
grammes scolaires normaux à plein temps. ïl s'est néanmoins développé
récemment un certain mécontentement devant l'acceptation automatique
- 7 -
de beaucoup de concepts occidentaux en matière d'économie et de
développement scolaire et le besoin est apparu de concevoir une
philosophie de 1 * éducation pour les adultes qui soit réaliste et
humaniste (par opposition à la philosophie matérialiste actuelle
dans ce domaine) .
( l)
17= Cette philosophie se fonde sur l'hypothèse que le
bonheur et la satisfaction sont les buts de tout isdividna ©t que le
bonheur se définit par le degré d'harmonie auquel peut parvenir
l'homme р-чг rapport à son sjilieu. L'homme atteint au bonheur parfait
lorsqu'il n'existe aucun conflit entre lui-même et son milieu envi—
ronnant, ni physiquement, ni intellectuellement. Pour prendre un
exemple simple, il est probable qu'un homme qui doit porter un complet-
chaud sous un climat tropical ne sera pas complètement heureux quelle
que soit sa fierté de porter ce complet« De même il est probable que
s'il a à exercer une fonction officielle le même homme sera encore
malheureux s'il ne dispose que d'un short, même si celui-ci est frais
à porter et s'il s'y sent à l'aise. Un homme pauvre qui n'a pas asssa
à manger est certainement aussi malheureux qu'un riche qui a beaucoup
à manger mais est bourrelé de remords ou souffre de maus d'estomac»
L'homme doit continuer à lutter jusqu'à ce qu'il atteigne .cet équili
bre qu'il peut trouver soit en changeant de milieu, soit en s'y adap
tant soit des deux manières о l8o L'éducation et le développement visant à servir l'homme,
ces deux activités doivent donc naturellement tendre à augmenter sa
capacité de bonheur et de satisfaction, c'est-à-dire à l'aider dans
sa quête des outils qui lui serviront à se forger lui—même son
harmonie .
19e Les programmes thaï d'éducation eitra-scolaire font état
d'une doctrine appelée "Khit-Phen" comme véhicule menant à cette
harmonie. Certains traduisent l'expression "Ehit—Phen" par "pensée
critique", d'autres par "pensée rationnelle", d'autres encore par
"solution des problèmes". C'est en réalité toutes ces notions en
même temps et quelquechose en plus. Un homme s'étant rendu maître
(i) Voir Koivit Vorapipatana . "The "Khit-Phen" Man". Ministère de
l'Education. Bangkok. 1974.
- 8 -
da cette technique ordonne son optique de rie quotidienne selon une
systématique. Il est capable d'envisager simultanément toutes les
alternatives d'action possibles et de peser les mérites de chacune,
en fonction des valeurs qui lui sont propres, de ses capacités, de
sa situation personnelle, de ses rapports avec le reste de la société
et des possibilités de réalisation de chaque solution»
20» Si, pour des raisons indépendantes de sa volonté ou par
manque de connaissances ou de capacités, il ne peut pas mettre en
pratique immédiatement la solution de son chois, l'homme de la "Khit—
Fhen" ne se sentira pas frustré» Au contraire il adoptera une solution
moindre et continuera à préparer la voie à la solution de son choix»
Cette "préparation1' pourra aller de l'acquisition des connaissances
ou qualifications requises jusqu'à la création des conditions néces
saires par transformation de l'environnement»
21» En d'autres termes« cette philosophie encourage l'homme à
évoluer« mais pas à se détruire physiquement ou intellectuellement
p our ce faire »
22» Prenons un prisonnier emprisonné pour un certain temps» s'il
adopte la philosophie "Khit—Fhen"« après avoirexploré et essayé, sans
succès, toutes les voies d'une possible évasion, il va essayer de
vivre aussi heureux que possible dans sa situation présente jusqu'à
ce qu'une occasion se présente de pouvoir en sortir»
23» Pour le peuple thaï, et en particulier les bouddhistes,
cette philosophie signifie acceptation que la vie est souffrance et
qu'il faut vivre le plus heureux possible en essayant de réduire cette
souffrance au minimum« Le premier pas vers cet allégement des souf
frances auquel peut contribuer un programme éducatif est d'aider
l'homme à connaître la "Khit—Fhen".
24» Bien que théoriquement l'éducation puisse contribuer de
nombreuses façons au développement de l'homme de la "Khit-Phen", du
fait que les adultes ne peuvent pas être des élèves à temps complet,
mais sont d'abord agriculteurs, artisans, ménagères, ayant à affronter
les problèmes immédiats de leur vie quotidienne, la solution la plus
prometteuse semble être de centrer l'action éducative sur les problème
immédiats rencontrés par les élèves eus—mêmes»
25» Les поитеамх programmes d'éducation des adultes tendent
principalement à créer des situations et à soulever des problèmes en
- 9 -rapport атес la rie qotidienne des Tillageois ; ils les encouragent également à disenter entre eus et à envisager toutes les solutions
possibles à leurs problèmes* En mettant en commun leurs expériences
ans le cadre d'une classe et grâce à .tres activités semi-scolaire
ces village/'ois arrivent à trouver une solution à leurs problèmes et
peu à peu à se familiariser avec la "Khit-Phen"(
26„ Bans le reste du présent document nous allons étudier d'une
part trois programmes récemment mis en oeuvre en réponse aux besoins
propres des villageois^ et d'autre part3 trois autres programmes?
actuellement au stade de la planification mais qui visent à prolonger
cette initiative. Il est à noter que ces projets récents sont en nom
bre très restreint en comparaison des projets scolaires погшаи, sais leur impact n'est pas tant lié au nombre des personnes qu'ils touchent
réellement (bien que celui—ci soit néanmoins élevé) qu'aux répercus
sions que leur mise en oeuvre est en train d'avoir et aura sur le
système d'enseignement traditionnel.
TROIS NOUVEAUX PROGRAMME;
LOCALES
AXES SUR LES BESOINS SES COMMUNAUTES
RÜGRAMME D'ALPHABETISATION FONCTIONNELLE
" ^rr 3- ère—pi an
2r7e II était de tradition en Thaïlande que les hommes apprennent
à lire et à écrire dans les temples bouddhistes^ mais tout au long
du siècle dernier, c'est l'école traditionnelle qui a peu à peu assumé
ce role» Elle n'a toutefois pas été d'une grande efficacité dans sa
fonction d'alphabétisation car un tiers environ des enfants terminant
l'école obligatoire (dont 60 % dans les zones rurales reculées) n ? a
pas d'instruction fonctionnelle trois ans après avoir obtenu le certi
ficat de fin d'études. Les quarante dernières années ont donc vu le
lancement en Thaïlande de plusieurs campagnes d'alphabétisation fonc
tionnelle des adultes, dont aucune n'a remporté un succès très narqusii
280 En 1968 la Thaïlande a expérimenté un programme d'alphabé
tisation fonctionnelle conçu par 1'UNESCO ( à la suite de la Conférenc
des Ministres de l'Education organisée en 1965 à Téhéran sur l'élimi
nation de l'analphabétisme.
29. £-e projet devait contribuer à une alphabétisation axée sur
le travail en se fondant sur l'hypothèse que les adultes seraient
incités à étudier si l'alphabétisation avait rapport avec leur
- IQ -
expérience professionnelle» Cependant avec les Thaï il a fallu rapi
dement se rendre compte qu'en fait le maître n'en savait pas plus
long que le fermier sur 1 'agriculture, ni plias long que 1 'artisan sur
tel métier. Aussi très rapidement le maître a—t-il glissé à nouveau
vers des sujets qu'il connaissait mieux,, c'est —à-dire apprendre à lire,
à écrire et à compter, d'où une diminution accélérée de la motivation
des participants (et donc de leur assiduité) «, Il a également fallu
se rendre compte qu'une fois mis devant le programme complet, les
élèves étaient souvent rebutés par la quantité de; choses à apprendre
avant de terminer le cours.
— Le projet
300 En Í97Q donc un groupe d'éducateurs thaï pour adultes se
convainquit que cette optique devait être modifiée, en partie pour
les raisons indiquées ci—dessus et en partie parce qu'ils estimaient
qu'un peupla analphabète (notamment dans les régions rurales) avait
à affronter des problèmes importants le faisant souffrir dans bien
d'autres domaines que celui de son travail« Ils ont donc mis au point
une nouvelle méthode asée sur divers problèmes de la vie de différents
groupes d'hommes <; cette méthode fut présentée lors d'une conférence
organisée par la World Education Ine» qui accepta ensuite de subven
tionner cette initiative» Avant même le défout d'une planification dé
taillée, il fut décidé que la nouvelle méthode devait au minimum
répondre aux principes suivants s
1) aider à développer les qualités de la "Khit—Phen" |
2) être conçue de manière à inciter les élèves non seulement à
suivre les cours, mais encore à continuer à étudier une fois
ceux-ci terminés ;
3) fournir aux élèves les moyens d'acquérir les informations et
les idées applicables à leur milieu environnant et susceptible
de les aider à affronter les problèmes de leur vie quotidienne
Tout didactisme était à proscrire ,
4) permettre une grande souplesse, tant dans le contenu et l'orga
nisation de l'enseignement que dans les méthodes pédagogiques»
5I0 Compte tenu de ces conditions préalables, certaines décision
furent prises avant la mise au point du programme» La première fut
que dès le premier jour du cours chaque participant devait recevoir
le texte complet des leçons, discuter d'un problème particulier de
- l i
sa vie quotidienne et, ce faisant, apprendre quelques mots-clés. En
d'antres termes, il ne fallait pas insister auprès des participants
sur la nécessité de lire toutes les leçons depuis le début (ce qui
en aurait restreint le contenu) mais admettre en postulat que dans les
premières classes les élèves mémoriseraient le teste et apprendraient
un certain nombre de mots-clés» En deuxième lieu, il fut décidé de
ne pas préparer des manuels ordinaires, mais au contraire, de fournir
à chaque participant une с hem ise vide à remplir de feuilles volantes,,
A. chaque leçon à laquelle il assisterait on lui donnerait une fiche
avec une image d'un coté et un teste de l'autre» De cette manière les
participants pourraient voir leur savoir augmenter en proportion du
gonflement de la chemise, et , de plus, en changeant les fiches en
fonction de la région, on pourrait adapter le programme aux conditions
de vie de la région considérée» Il fut en troisième lieu décidé que
le maître devait se concentrer su? les problèmes posés par chaque
leçon et non sur les disciplines académiques correspondantes» Il fut
enfin décidé qu'afin d'inciter les adultes à suivre ces cours, des
certificats équivalant à ceux des enfants de cours mojen (classe I1/)
seraient délivrés en fin d'études»
32» Le point le plus important était que le contenu des cours
devait être totalement adapté à l'environnement et aux problèmes du
participant et ce, depuis le premier jour» On décida alors d'éprouver
le nouveau système dans deux provinces du nord de la Thaïlande,
homogènes du point de vue social, culturel et économique»
33° ^ a première mesure de l'élaboration du nouveau programme
fut la réalisation d'une enquête K.A.?, sur les attitudes et pratiques
culturelles dans les villages des deux provinces» Des enquêteurs venus
de Bangkok allèrent dans les villages, munis de questionnaires pour
interroger les villageois et essayer d'identifier leurs problèmes et
l'origine de ceux—ci» Une fois l'enquête teraiinée, des spécialistes
locaux 1 experts en agriculture, hygiénistes, etc»» furent également
envoyés sur place pour dégager les problèmes se posant aux villageois
de ces régions dans leur domaine particulier» Ces deux sources d'in
formation permirent de sérier 73 problèmes prioritaires» Bes respon
sables et spécialistes locaux en matière d'éducation discutèrent alors
de ces 73 problèmes pour prévoir les comportements possibles des par
ticipants lisant et expliquant les textei par la technique "Khit—Phen",
et se rendre compte de quels renseignements ceux-ci auraient besoin
pour adopter le comportement qu'on attendait d'eux» On veilla parti"
12 ~
culièrement à faire usage de concepts réalistes compte tenu du milieu
considéré«, (il n'était pas question par exemple de suggérer qu'un
villageois puisse aller consulter un pédiatre si son enfant était
malade)» Des conseillers pédagogiques locaux en Eiatière d'éducation de
adultes ainsi que d'autres responsables locaux de l'éducation mirent
alors au point un programme d'études asé autour de ces 73 concepts., en
essayant en même temps de façon indirecte d'arriver à ce que, du
point de vue de l'alphabétisation proprement dite (lire, écrire et
compter),, les participants puissent atteindre le niveau du cours moyen
(classe IV) «, Un cours d'environ 200 heures à raison de 2 1/2 heures
de cours par semaine (soit normalement 6 mois d'études) fut mis au
point sur 220 fiches«
J>ko On procéda ensuite à la formation des maîtres (qui pouvaient
soit être de véritables instituteurs, soit des villageois ayant au
moins le niveau du cours moyen)*, Cette formation avait pour but
d'initier à une méthode pédagogique nouvelle (à tout le moins en
Thaïlande) où la fonction du maître n'est plus de faire des exposés
devant un auditoire, mais de diriger les discussions ©'engageant entre
les participants sur un sujet particulière En d'autres tercies l'ensei
gnant est considéré davantage comroe un "révélateur5' que comme un
pédagogue» Cette formation eut lieu dans les provinces d'origine des
en se i gnants .
j55o Les enseignants furent ensuite renvoyés dans leurs villages
avec la responsabilité de trouver un endroit pour dispenser leur
enseignement (école, temple ou maison particulière) et de mobiliser
l'attention des villageois pour obtenir leur participation»
360 Une évaluation très sérieuse fut entreprise à la fin de la
première année, tant du point de vue de l'alphabétisation (dont les
résultats furent comparés, à leur avantage, à ceux des méthodes plus
classiques) que du point de vue de l'évolution éventuelle des esprits
(de nombreux changements positifs furent notés dans les attitudes) -
Certaines fiches furent alors révisées, le contenu théorique du cours
fut légèrement augmenté de façon que les participants se sentent en
mesure de poursuivre leur formation dans d'autres programmes pour
adultes, et son domaine d'application fut étendu«
370 Au début, les mêmes textes servaient pour différentes par
ties du pays, mais on se rendit rapidement compte que dans certaines
régions les résultats n'étaient pas satisfaisants car les testes
étaient insuffisamment adaptés au milieu ambiant | les éducateurs
13 -
régionaux et proTiaciaux furent laissés.libres de remplacer toutes
les fiches leur semblant inappropriées par des matériels plus adaptés
ans conditions et aux problèmes de leur région. Aucune enquête K.A.P
détaillée n'eut lieu pendant la révision des testes en fonction des
régions, sauf dans une région de langue et de culture plus malaises
que thaï, mais un dialogue considérable s'engagea entre les éducateurs
les villageois«, les enseignants ayant travaillé avec les fiches ori
ginales (et qui sentaient le besoin de quelques corrections) et enfin
les spécialistes des programmes. Pour donner une idée de la souplesse
de ce programme*, on peut citer les exemples suivants t
l) au Songkhla, au sud de la Thaïlande, les conseillers pédago
giques changèrent une bonne partie des fiches i
2) pi u s au au "ala, région dans laquelle prédomine le malais
une série de fiche fut quasi—complètement remaniée et les
méthodes pédagogiques furent changées. C'est ainsi que non
seulement l'introduction du sujet fut faite en malais par le
maître, mais encore que les premières fiches furent établies
entièrement en malais (à l'exception de quelques mots-clés)»
en utilisant toutefois l'écriture thaï. Le thaï fut introduit
peu à peu au fur et à mesure de l'avancement du programme ;
3) dans une région pauvre du nord de la Thaïlande (Nan) on util is
les fiches originales, mais an lieu de faire venir les par
ticipants au cours, ce fut le maître qui fit le tour des
maisons du village, éduquant de 3 à 20 adultes à la fois.
Certains enseignants ou "révélateurs" furent ainsi employés
à plein t ешр s 5
4; au nord du pays se déroula, en plus du cours, pour les jeunes
gens de la tribu Hill, un stage avec hébergement de sis mois
pour l'initiation aux pratiques agricoles.
Outre les variantes citées plus haut, beaucoup d'autres
furent et sont toujours avises en place, telles que sélection de diffé
rents types de personnes comme enseignants, sélection d'endroits
différents pour les cours, parfois, autorisation des parents à amener
avec eus leurs jeunes enfants, adaptation des horaires aux nécessités
du travail agricole, etc..
j)Ç)0 Toutes ces adaptations furent rendues possibles par l'absenc
décidée d'examen final (bien que le maître ait à évaluer les progrès
tous les trois cours) . Un certificat équivalant au cours moyen (classe
IV) fut donné à tous les participants ayant suivi au moins 70 fo du
58.
- 14 -
programme d'études»
— Administration et financement
40o L'idée originale de ce programme Tient des administrateurs
du Ministère de l'Education de Bangkok (grâce à certains appuis
financiers et conseils de la World Education Incorporated)„ Mais
étant l'un des rares programmes demandant une aide créatrice des
responsables locaux de l'éducation, ce programme à réussi à s'attirer
le soutien d'un grand nombre des meilleurs éducateurs dans les diffé
rentes régions et provinces. Les deux premières années, les ргошо" teurs de ce projet furent principalement les fonctionnaires du ministère à l'échelon central, mais peu à peu l'initiative fut reprise
par les provinces, dont les administrateurs vont maintenant de village
en village pour repérer les endroits à la fois ajaat besoin de cours
d'alphabétisation fonctionnelle et susceptibles de fournir les
enseignants nécessaires, Ils envoient ensuite leurs demandes à Bangkok
et les administrateurs ceatraui négocient avec le Bureau du Budget
pour obtenir les subsides nécessaires« En fonction des crédits déblo
qués, la Division d'Education des Adultes approuve ou rejeté alors la
proposition provinciale, la décision se prenant sur des critères tels
que le degré de développement de la province en question, l'aide à
recevoir éventuellement pour adapter les programmes aus: besoins locaux
et pour surveiller de façon régulière les opérations, et le succès ou
l'échec d'entreprises du меше type dans la province les années précédentes,. Une subvention est allouée annuellement à chaque province
pour un certain nombre de cours et ce sont les administrateurs locaux
qui décident exactement de l'endroit où les cours doivent avoir liée.
La Division d'Education des Adultes forme ensuite les enseignants au
EOEeat correspondant aux besoins de la province et à partir de là,
la n;ise en oeuvre revient aux responsables provinciaux de reeducation«
L'évaluation globale reste néanmoins sous la responsabilité de la
Division d'Education des Adultes с
4lo Les participants ne pavent aucun droit d'inscription mais les enseignants reçoivent une rémunération de 20 baht par heure de
cours. | 1-$ américain = 20 baht)* A l'heure actuelle le projet est
entièrement financé par le gouvernement central (sauf dans certains
cas où des organisations charitables privées subventionnent leurs
propres prográmales) mais on espère que dans 1 'avenir les autorités
provinciales trouveront une possibilté de participer au f inane ement <>
Etant donné qu'on tire toujours parti des moyens existants, il n'est
- 15 -
pas besoin de prévoir des dépenses d ' investissesieat » Le coût mojen
d'un cours pour 25 élèves est de 7 019 baht qui se répartissent comme
suit
Rémunération des enseignants
Matériel scolaire
Rémunération et déplacement des
conseillers pédagogiques
Formation des enseignants
Impression des manuels d'ensei
gnement et des fiches
Total
4 00 0 baht
600 baht
412 baht
800 baht
1 207 baht
7 019 baht
Le prix de revient par élève est donc d'eniiron 281 baht,
ce qui est considérablement moindre que les quelque 2 000 baht que
coûte une formation classique (sans connaissances fonctionnelles) de
même niveau dans une école primaire normale„
~° Conclusions
42e Ce programme d'alphabétisation fonctionnelle a fourni aus
planificateurs de 1 'enseignement normal une quantité considérable de
renseignements« On a vu par exemple i
— que les motivations des participants (ou des élèves) pouvaient
être intensifiées si dès la première leçon on leur fournissait
des connaissances immédiatement transpоsables à leur environ
nement. L'alphabétisation ne peut réussir que s i ? dès le premie]
jour, l'élève est mis en possession de testes complets et
adapté s |
— qu'il était possible d'obtenir des résutats scolaires équiva
lents dans des régions différentes même si le contenu des cours
était différent selon ces régions §
— qu'il était possible d'enseigner d'une saniere non pédagogique?
en incitant les participants à dialoguer entre eus, le maître
nгintervenat que sur demande pour faciliter la discussion \
— qu'il n'était pas nécessaire de prendre des enseignants "quali
fiés" pour enseigner et que les villages fourmillaient d'autres
enseignants en puissance ;
— qu'il n'était pas nécessaire d'alourdir les programmes de
quantité de règles et de règlements bureaucratiques et ques si
on leur en donnait la chance, les administrateurs locaux de
- 1б -
l'éducation pouvaient faire preuve d'esprit créateur et
d'imagination pour gérer leurs programmes.
43о Résultat encore plus important que tous les autres, il a ét<
prouvé non seulement qu'il était possible d'élaborer un programme
éducatif réel autour de problèmes et de condition e r e t
mais encore que ce type de conception permettait de mettre en oeuvre
ce programme dans un temps plus court., à moindre frais et, \. .. . sur , , tant , . , , j. i 1 A л • j. -
le plan des connaissances acquises que des cnangements d'attitunes, avec de meilleurs résultats que les méthodes plus classiques d 'éduca-
tion "nationales"»
CENTRES BE LECTURE DES JOURNAUX
 r r i ère'
44 = II est bien connu que 1 'alphabétisation n'a que peu de
valeur en soi car, à, moins que les nouveaux alphabètes ne soient inci
tés a lire, et aient quelq^echose à lire, ils retombent rapidement
dans 1 ' i gil o r a n с e .
45« Bes cours d'alphabétisation étant donc organisés, on a senti
le besoin de créer des sortes de centres de lecture о Au début^ on
décida de construire des petits centres de lecture , ou bibliothèques
villageoises et de les approvisionner en divers ouvrages appropriés,
romanesques ou autres. Mais cornue rien n'incitait les agriculteurs à
s'y rendre régulièrement et parce que les matériels de lecture dispo
nibles ne convenaient pas à de nouveaux alphabètes, les premiers
centres se virent mal subventionnés*,
46о On décida alors de changer d'optique et s
1) de ne fournir du matériel de lecture qu'aux villages en ayant
canif este l'intérêt en créant un cosita ©bcrgl de* ¡iollecter le:
fonds des villageois et de persuader ceux-ci de contribuer par
leur travail à la construction теше du centre \
2) de fournir à chaque centre ainsi construit trois journaux
quotidiens (ainsi que d'autres matériels) de façon que les
villageois soient poussés à se rendre régulièrement au centrée
— Le projet
47» Tout village désirant recevoir trois journaux quotidiens et
d'autres matériels de lecture doit créer un Comité Villageois pour la
Création d'un Centre de Lecture des Journaux. Constitué habituellement
- 17 -
de cinq à six membres et ayant comme secrétaire un enseignant ou 1'un
des habitants du village le mieux "instruit", ce Comité exerce cinq
fonctions principales. D'abord il doit informer les administrateurs
provinciaux de son désir de créer un centre, et vérifier qu'il dis
pose pour l'année en cours d'un budget suffisant pour acheter les
joirnaux. Le Comité reçoit alors un guide pratique contenant toutes
les informations sur la manière de créer et d'organiser un centre,
c'est-à-dire sa taille, les critères de sélection de l'emplacement,
les équipements nécessaires, les fonctions du Comité, etc.. Deuxiè
mement, le Comité doit réunir les villageois, leur exposer son idée,
discuter des emplacements possibles de ce centre et solliciter leur
appui sous forme d'argent, de matériaux ou de travail pour la cons
truction de ce centre» Troisièmement, le Со шit é doit prendre les
dispositions nécessaires pour aller chaque jour chercher la collection
de journaux et autres matériels de lecture au point de distribution
le plus proche (en général le chef—lieu de district)» Quatrièmement
ie Comité doit décider des heures quotidiennes d'ouverture et de
fermeture du centre. Cinquièmement enfin, le Coraité est censé tenir
un registre des personnes visitant le centre.
48. Chaque centre est en général logé sous un préau (de 6 mètres
sur 6 de coté par exemple). Son mobilier se constitue d'une table,
de bancs, de présentoirs à journaux, d'un tableau d'affichage et d'une
armoire fermant à clef. îi est normalement construit à proximité du
centre de la communauté, temple ou maison du chef du village.
49° A l'heure actuelle un centre de lecture moyen possède les
matériels suivants ;
— un journal national et un journal local f
— le journal mural sur l'éducation des admîtes, publication bi
mensuelle de la Division d'Education des Adultes, et les cinq
ou six livres de lecture couramment destinés aus nouveaux
alphab êtes |
— un journal publié par une fondation privée à l'usage des nou
veaux alphabètes ,
— divers autres matériels conçus par d'autres organismes s asso
ciations de planning familial, comités de propagande démocra
tique, ministères du développement ,
— des dons de livres sollicités par le Comité du centre de
lecture lui-même.
- 18 -
50. Une moyenne de 15 à 40 adultes (selon les saisons) à
laquelle Tient s'ajouter un grand, nombre d'enfants des écoles font
usage de ce centre chaque jour., Plus la participation à la construc
tion du centre a été élevée et plus l'usage qn !on en fait est grands
— Administration et financement
5i„ L'initiative du projet revient à la Division d'Education
des Adultes. Il a d'abord fonctionné sur une base pilote dans les
deux provinces déjà choisies pour le programme d'alphabétisation
fonctionnelle. Son administration est maintenant entièrement entre
les sains des comités locaux et administrateurs provinciaux, bien q,ue, central
la majorité des dépenses courantes soit toujours payée par le gouvernement.
52о La Division d'Education des Adultes n'a que quatre fonctions majeures dans ce projet» Premièrement elle négocie le
budget et alloue le peu de crédits disponibles aux diverses provinces«
Deuxièmement elle prépare le guide pratique et fournit tous les autres
szoyensde formation nécessaires» Troisièmement elle est chargée d'appro
visionner les provinces en journaux muraux et autres publications
pour nouveaux alphabètes, et cela en quantité suffisante, ß^ß-tr i ème—
ment enfin elle est responsable de 1 'évaluation du projet«
53>° Les administrateurs locaux ont un rôle beaucoup plus impor
tant à jouer» Ils doivent par exemple aider à mobiliser les villages
en faveur de la construction et du fonctionnement du centre et con
seiller les eoiités. Ils doivent décider des journaux à acheter et
contacter les distributeurs» Ils doivent trancher entre les projets
à subventionner si trop de villages désirent un centre» Enfin ils
sont chargés de la surveillance périodique des centres«
54» La seule contribution financière directe du gouvernement
est une subvention de 3 bâtit par centre et par jour. Cela suffisait
auparavant pour acheter les trois jouraaux mais ne permet plus depuis
peu que l'achat de deux. Le coût annuel de fonctionnement de ces
centres est ainsi le теше que celui de l'instruction de deux ou trois élèves dans les écoles élémentaires.,
55° Chaque année le Bureau du Budget reçoit beaucoup plus de
demandes de création de centres qu'il n'est prêt à en financer (du
fait notamment que beaucoup d'administrateurs ne peuvent concevoir
l'éducation qu'avec des élèves«, des enseignants et dans des écoles
véritables). A la grande surprise de nombre de ces administrateurs
centraux, plusieurs provinces ont décidé maintenant de réunir leurs
- 19 -
propres fonds de façon à développer les programmes plus rapidement que
ne le leur permet le financement central,,
— Conclu s i on s
56« La principale conclusion à tirer de ce projet est qu'avec
un minimum d'appui gouvernemental, les villageois sont prêts à
con stru ire et à faire fonctionner un centre qui les met en contact
avec le monde extérieur et leur fournit également des choses interés—
santés et utiles à lire«,
57° Un investissement gouvernemental très faible permet de
créer une habitude de lecture qui suffit à justifier les ressources
consa. crées à l'alphabétisation fonctionnelle ainsi que les ressources
légèrement plus importantes investies dans 1 'enseignement scolaire
élémentaire. Ces petits centres permettent tant aux enfants qu'aux
adultes de se rendre compte de l'intérêt qu'il y a à apprendre à lire
et rendent ainsi plus efficace . n'importe quelle méthode d'alpha
bétisation.
С . FGNCTIONNALISATION DES PROGRAMMES D'EDUCATION SES ADULTES A EQUIVALENCES SCOLAIRES
irriere-Dlan 580 La Division d'Education des Adultes organise des cours du soir à teEps partiel pour les enfants ayant abandonné l'école et
d'autres jeunes adultes. Ces cours demandent trois heures d'études
par soirj cinq soirs par semaine. Les niveaux 1 et 2 sont équivalents
aus quatre premières années de scolarité é1 ementa ire et ont déjà
юге sitee été remplacés p ; rograisie d'alD-habétisation fonctionnelle.
Le niveau 3 exige 18 mois de cours à temps partiel (contre 3 ans dans
une école ordinaire) et les diplômés reçoivent un certificat équivalant
dans le système normal à celui de la septième classe» Le niveau 4
(l8 mois de cours à temps partiel) confère aux élèves un certificat
du niveau de la dixième classe du système normal et enfin le niveau 5
( 2 ans de cours à temps partiel) leur donne un certificat du niveau d
la douzième classe.
59° Ье succès du programme d'alphabétisation fonctionnelle a
incité à functionaliser graduellement les autres niveaux de formation
équivalant à une scolarité normale. Bien qu'aucun nouveau programóle
n'ait encore été utilisé, le processus de fonctionali sat i on des pro-
gramsies du niveau 3 est presque tereiaé . Nous pensons donc qu'une
- 20 -
brève description ..de ce processus pourrait fournir à d'autre
cipants des informations utiles.
parti
60o Un comité formé des éducateurs les plus innovateurs et les
plus radicaux a été formé au sein du Ministère de 1 'Education avec
mission d'établir un nouveau programme d'études fonctionnelles
orientées sur des problèmes particuliers pour le niveau 3» Ce comité
a décidé de ne pas assumer seul tout le travail mais de le confier à
des villageois, à des ménagères, à des administrateurs locaux de
1"éducation et à des spécialistes du développement« Un agriculteur
ami du progrès a ainsi été choisi dans chaque région (les régions
étant au nombre de douze) de теше qu'une ménagère dans une région
sur deux. Sont venus s'y ajouter«, également par région, un éducateur
eminent et un spécialiste du développement (expert en a g *"* ̂ " "! "fr-ieulture
éconossiste, médecin, etc..)
6lo Ces quelque quarante -personnes ont été conduites à Bangkok»
(il se peut que cela ait été une erreur de les amener dans la capitale
mais cela, les incitait à participer plus activement à l'entreprise)о Après quelques exposés d'introduction leur expliquant ce qu'on atten
dait d ' eux? on les a répartis en trois groupes i
groupe I - agriculteur-s et ménagères
groupe II— éducateurs
groupe 113= spécialistes du développement»
Cette division avait été décidé tout d'abord pour laisser aux villa
geois une chance d'exprimer leurs points de vue sans être intimidés
par leurs supérieurs hiérarchiques» Fendant les premières réunions,
les participants étaient censés définir les conditions et les problème
les plus importants selon leur expérience personnelle dans les régions
rurales» Ces personnes furent ensuite renvoyées dans leurs provinces
et dans leurs villages, avec la mission de Eiéditer sur ces conditions
et s vi r ces problèmes. La première partie de la période de réflexion
devait être consacrée à l'étude et à l'analyse sérieuses des problèmes
les plus liés aux conditions de vie dans leur région, à 1 'établisse
ment d'une liste des différents points par ordre de priorité et à
l'envoi de leurs conclusions à Bangkok» La seconde partie devait être
consacrée à une étude en profondeur de ces problèmes pour en établir
les causes et aussi, si possible, y suggérer des solutions»
62» La Division établit alors une liste-type des problèmes et
conditions classés par centres d'intérêt et leur donna un ordre de
priorité sous les> têtes de chapitres suivantes s national¿ régional?
provincial et local. Tous les participants furent ensuite ramenés à
Bangkok«, divisés en groupes (mais cette fois en groupes multi-disci-
pîinaires? les villageois ayant gagné une certaine confiance en soi)
et chargés d'étudier en détail la liste des problèmes? de donner leurs
commentaires sur les priorités et leur bien-fondé géographique? et
enfin d'ajouter le cas échéant à la liste des causes et des solutions,;
Une liste—type comprenant les conditions? les problèmes? leurs causes
et leurs solutions fut ensuite dressée en séance plénière? analysée
par ordre de priorité? par domaine d'intérêt et par catégorie d'inci
dence géographique»
63о Cette liste fut ensuite transmise à des chercheurs qui
établirent un questionnaire permettant d'en vérifier la valeur dans
les diverses parties du pays. Ce questionnaire fut distribué dans les
villages? villes et chefr-lieus de chaque région? et la liste-type fut
modifiée en fonction de l'impact géographique des problèmes enumeres.
Tel est le stade actuel auquel est parvenu le projet,
64 0 La question doit encore être suivie par le groupe des spé
cialistes du développement? qui doit fournir des informations techni
ques plus détaillées sur les questions à régler si une solution des
problèmes est envisagée? puis par le groupe des éducateurs qui devra
concevoir un programme autour de ces concepts? en y incluant le
maximuEi possible du programme des classes ¥ à VII „
65° Des testes modulaires programmés avec variantes régionales
(et éventuellement provinciales et locales) devront enfin être élaboré
à l'usage tant des classes ordinaires que des onaes vivant dans
des régions isolées et suivant des cours par correspondance avec 1 'aid
de la radio? les programmes radiophoniques scolaires diffuses au
veaux aaî i o n a1 et régional dépend ant ce с e11 Q U 11 on
— Conc1us i on s
660 Le processus décrit ci-dessus a démontré que dans la situa
tion de la Thaïlande? il était possible de faire participer des agri
culteurs? des ménagères et d'autres personnes sans formation pédago
gique spéciale au pr oc e s sué d ' é lab orat i on de programmes d'études«, Il a
aussi attiré 1 'attention sur un fait très important, à savoir que des
villageois estiment prioritaires des problèmes considérés comme mineur
par les éducateurs ou les spécialistes du développement et vice versa.
Sn d'autres termes? les éducateurs ont pu se rendre compte que les
22
villageois avaient une façon de concevoir les réalités différente de
la leur et que pour obtenir leur collaboration il était nécessaire
de tenir compte de ce qu'ils considéraient comme importante
67» Il est vraisemblable que les résultats de ce processus de
recherche sur les conditions ée vie, les problèmes, leurs causes et
leurs solutions auront des répercussions plus grandes que celles que
l'on imaginait initialement. Déjà on en tient coBipte dans les tenta
tives de fonctionalisati on du programme du niveau 4 (classes YIII al)
et dans la revL-sion des programmes de formation professionnelle dans
le cadre de 1'éducation des adultes» Ces résultats ont en outre retenu
l'attention de nombreux éducateurs éminents chargés de la réforme des
programmes scolaires normaux»
68„ Ce qui est toutefois le plus important«, c'est que ce pro
cessus permet à un nombre important et sans cesse croissant de jeunes
adultes, incités à fréquenter les cours à équivalences scolaires par
les certificats qu'on y décerne, d'apprendre en même temps des choses
qui leur sont utiles dans leurs vies quotidiennes pour affronter le
sonde environnant»
IV. AUTRES FLANS
690 Alors que les trois programmes analysés dans le chapitre IIÏ
ci-dessus sont effectivement réalisés ou en voie de' Petre, с eus qui suivent sont planifiés pour les quelques années à venir pour appuyer
ou faire progresser les initiatives précédentes.
5IS0INS_FR0FESSI0NNELS DES VILLAGEOIS
— Arrière—р!аз
esiste actuellement de nombreux programmes de formation 70, : professionnelle des adultes en Thaïla. as réalisés par des
unités semi-mobiles, les autres dans des endoits fixes, certains
exigeant une participation à plein temps, d'autres simplement l'assis-*
tance à des cours du soir. En pratique toutefois, tous ont été conçus
au niveau central, sans analyse préalable des besoins des participants
en matière d'apprentissage, ils sont tous spécifiques d'un métier
déterminé et manquent tous d'une certaine souplesse que ce soit dans
les études (la plupart comportent 300 heures de cours), dans les
horaires ou dans le lieu où est dispensé 1 'enseignement (à cause de
- 23 -
leur action à grande échelle«, les unités mobiles ne peuvent jamáis en
fait aller jusque dans les villages)»
7Io Se fondant sur la philosophie de la "Khii—Fhen" et sur
l'expérience acquise avec les programmes de fonetionali sat iOE des
cours à équivalences scolaires, les éducateurs pour adultes se sont
convaincus que pour une rentabilité réelle, les programmes de forma
tion professionnelle devaient obligatoirement être soumis à une ré
vision complète«
e F
72o Cette révision implique les facteurs essentiels suivants s
1) une étude des Besoins prioritaires en matière de formation
professionnelle des différents groupes de population dans to
tes les régions du pays 3
2) la mise au point d'un grand nombre de modules de programmes
de formation professionnelle visant à satisfaire les besoins
prioritaires de ces différents groupes, et de durée d'étude
variâDie 55 ш dules ne devant cas Í i* •; e speciîiq G. ' u;
eétier déterminé mais susceptibles de donner à chaque vil lag
ois le bagage de connaissances techniques dont il peut avoir
besoin. Ainsi dans une région où se construit un nouveau
barrage, les fermiers peuvent—i 1 s avoir besoin d'en savoir u
peu plus sur la construction et l'entretien des digues et de
chenaux 5 un peu plus en mécanique simple (pour pouvoir entre
tenir et réparer leurs pompes à eau) et un peu plus en gross
menuiserie (pour pouvoir fabriquer ou réparer les aubes de с pompes) 5 il s ont en outre besoin de savoir comment choisir 1 meilleur matériel» On peut ainsi concevoir plusieurs modules
"d'irrigation" pluri—profes s ionnels de longueur et de comple
xité différentes, préparés dans le but unique de donner aui
agriculteurs les qualifieaiioî Quit ils о e so 1: et noi pour c o r r e s p o n d r e au?: r é s u l t a t s d'une é v a l u a t i o n e x t é r i e u r e
q u e l c o n q u e de ce qu ' i i faut c o n n a î t r e en t h é o r i e et en pra t i
H en 'menuiserie ou e шее an 1n u e
3) le regroupeiaeat (initial) des unités mobiles de formation
professionnelle autour de Centres Régionaux d'Education des
A duItes ( voir С ci-dessous), sériant de centres de perfec
tionnement et de base pour le personnel ,
4) l'envoi dans les villages, soit en réponse aux demandes des
- 24
Tillageoiss soit à 1 initiative ties centres d'éducation
permanente ( voir E ci-dessous)s soit encore à l'occasion
d'un, désastre он d'un problème particuliers, de petites
équipes de deux ou trois moniteurs spécialisés, munis des
matériels et équipements simples nécessaires et chargés de
dispenser (pendant une période de deux ou trois semaines par
exemple) une formation déterminée avant de retourner à leur
base. Un village peut par esemple demander l'organisation
d'un stage de deux semaines pour apprendre aux femmes à
coudre une robe ; un centre d'éducation permanente peut
demander un cours de trois semaines par demi-journées sur
l'irrigation 5 une équipe de spécialistes en construction
de bâtiments peut être envoyée dans un village durement tou
ché par les inondations.
73о Par essence même ce plan repose d&nc sur le développement de
capacités professionnelles données en réponse à des demandes directes
ou indirectes de villageois, par opposition au système actuel dans
lequel les participants ne peuvent qu'accepter ou refuser les quel
ques programmes professionnels spécifiques et relativement rigides
qui leur sont proposés. Il est évident que plus le nombre des modules
plur i —pr of e ss i onnel s grandit, et plus le pro grannie a des chances de
succès, et la deniande allant croissant, il est prévu de transférer
l'administration de ces programraes des Centres Régionaux pour Adultes
(à la base organes du gouvernement central) aus différentes provinces «
Mène au début, les administrateurs provinciaux auront un role impor
tant à. jouer car il leur faudra recueillir les deesandes des villages
et les évaluer, informer le centre des opérations de "sauvetage" à
pratiquer et aider à l'évaluation de la réussite des programmese
В . _®1ATÏCN_JDS CENTESS^D^EDUCATION^FEitMANSNTS
» Arrière — ni an
7̂-0 Ье haut degré de pe.rticipation dans la construction, l'orga
nisation et l'utilisation des Centres villageois de lecture des jour
naux avait découvert la potentialité des activités éducatives organi
sées et centrées sur les besoins des villages» ïl est vrai par ailleurs
que les Centres de lecture ne sont pas capable à &'ц& sent d'entretenir ches les villageois les capacités de la "Kbit—Fhen", car la lecture
non associée à d'autres activités reste une forme limitée et uni
directionnelle de communication» On a donc pensé que si la notion de
centre de lecture pouvait prendre une connotation plus large, le
25 centre devenant 1-е cadre d'autres activités d'éducation permanente des
adultes et donnant le caractère d'une certaine continuité à tous les
programmes disparates existants de formation an coup par coup de durée
fixe (pouvant aller du stage de sis mois à la visite d'une gournée
d'un éducateur populaire) , on pourrait réussir à transformer en réa
lité l'idée d'une formation continue entretenir les rudiments de
"Khi t—JL-'hen " acquis grâce à ces programmes et à familiariser les
villageois avec l'évolution de la technique et de 1'environnemen
te decide 75 ° C'est aiasi
avec les Centres Régionaux d'Education des Adulte
centres-pilotes d'éducation permanente
régions rurales.
- Le plan
creer, en association
, quatre-vingts
ont cinauante—six dans 1 a,
76, ifférents types de centres ruraux d'éducation permanente
doivent être mis à l'épreuv
d'autres au voisinas;© du te
ertains seront créés autour de l'école
d. ' aut r es en с or can es с en' с omiiunaut a ir e s et d'autres enfin près des Centres de lecture des
jou: ïacun de ces centre
i-v -4-
ce lecture, une salle ae suaioi
evra comporter au moins une salle
où. pourront se rencontrer les
se dérouler certain
s 9 ainsi qu'une
différents "clubs" du village ou bien où pourror
cours plus traditionnels -, de formation pour a du]
salle où 1 * on pourra écouter la radio, ou regarder la télévision (e
pouvant également servir pour la mise en application d'un jjrojet
d'éducation par les moyens audio-visuels qui est prévu concurrence
Comme pour les centres de lecture, la construction des équipements
nécessaires sera laissée sous la responsabilité des v i 11 a g e o i в, de теше ai la gestion du centre
Л ? а А к in 77» Il est prévu que ces centres d'éducation pourront en
compte avoir à exercer les fonctions suivantes t
1 ) servir de centre d'approvisionnement en livres et вз о y e n s audi o—vi su el s (films, diapositives, bandes magnétiques pour
cours enregistrés, postes de radio, etc..) pour la contrée
environnante, de salle d'exposition ainsi que de lieu de
démonstration de 1'utilisation des matériels pour exercices
d*entretien eо a piémentaire dans différents programmes d'ensei*
gnement et de développement ,
2) organiser des cours pour adultes ou mettre au point des pro
grammes de formation individualisée, soit d'alphabétisation
- 26 -
fonctionnelle, so.it de formation professionnelle soit des éeux §
3) servir de "banque" d'échage des connaissances, en mettant
les individus en contact soit avec des enseignants, soit avec
d'autres personnes syant les mêmes intérêts qu'eus» Les Centre
devront tenir à jour un livre des visiteurs (élèves et en
seignants) et de leurs centres d'intérêt qu'ils devront
Eiettre à disposition 5
4) dispenser des conseils pour l'éducation extra—seola ire §
servir de centre où peuvent et:
t eur s de rad i o s
organisés des clubs d'audi—
78c
a с
7)
a)
servir de centre où peuvent se réunir des personnes s'inté
ressant à un liiême domaine ( groupes de 15 personnes ou plus
avant un ьеше but éducatif et auxquels le centre pourrait
fournir un professeur, des programmes, etc.„;
servir de centre récréatif et culturel s
) servir de centre сoamunauta ire pour des activités diverses
(festivals, mariages, etc») et de centre de coordination pour
les projets de développement de la cometunaute
; servir de centre d^ns lequel d'autres
organiser des séminaires, des cours de
classes expérimentales»*
nismes peuven
ormation \J ЪЗ. V.
Cbarjue centre o i иьд е d s tr .veau: te ъев organ >ar centre lui
centre par d'autres organisées utilisant Èe s installations, activités
organisées pour le centre ваг des organismes fournissant 1 e '.-..aiat é r i e 1
79P Les organisateurs de ces centres doivent toutefois reeeve
leur formation, les jourt ^us, les livres et autres matériels des
Centres Régionaux d'Education des Adultes et ils reçoivent aussi
priorité pour certaines demandes de cours et de programmes0 Les admi
nistrateurs centraux et provinciaux ont en outre un rôle à jouer,
dans la mobilisation des villageois lors de la création du centre,
dans l'apport des aides techniaues et autres demande .ans la sur
veillance périodique des activités et enfin dans l'évaluation de
succès relatifs des différentes méthodes«
- 27 -
- Arr i ère—pi an
80o Etant donné les initiatives nouvelles mentionnées plus haut,
déjà réalisées ou prévues, et le besoin d'approfondir les problèmes
posés ans communautés dans les différentes parties du pays de façon
à élaborer àes programmes et des matériels de plus en plus appropriés,
il a été décidé de créer quatre centres régionaux de recherches, de
mise en oeuvre et de fonctionnement, chacun se situant dans une des
quatre entités géographiques homogènes constituant le pays.
8lo A bien des égards la création de ces centres peut être
considérée ce mme 1'institutional isation des efforts entrepris ces
cinq dernières années pour mettre au point des programmes et activités
d'éducation pour adultes adaptés aux conditions locales et fonction
nels, et cela en apportant dans les pays de l'intérieur des matériels
de recherche et de conception des programóles et équipements scolaires
ainsi qu'une assistance technique.
•** iL e p i <x n
82о La première phase verra la création de quatre centres, l'un
dans la région centrale, le deuxième dans le nord, le troisième dans
le aord-est et le quatrième dans le sudo îî est prévu qu'à plus long
terme il y aura un centre dans chacune des douse régions et finalement
un dans chacune des soixante et une provinces„ Les quatre premiers
centres doivent être créés en cíeme tesrps et au аеше endroit que les Centres de Technologie de l'Education (qui sont responsables des prográmeles d'enseignement par la radio et autres moyens d'information
de masse) et feront donc un usage considérable des moyens audio-visuel
83» Chaque centre doit avoir un personnel de plus de 100 employé
composé de spécialistes de 1 'agriculture, hygiénistes, spécialistes
du développement communautaire, éducateurs pour adultes, spécialistes
des progrашшеs,áíiiEii|iiisiix professeurs d'enseignement profession
nel, chercheurs, etc«» Les centres seront également équipés des atelie
salles de classe, bibliothèques et dortoirs nécessaires pour remplir
les fonctions suivantes г
Í ) encourager et réaliser des recherches sur les besoins éduca
tifs (tant individuels que collectifs) et sur les conditions
socio-économiques des populations mises sous leur responsabilité
2) élaborer, éprouver et réviser les programmes, testes, livres
28
de lectures сomplémentaires et autres matériels pédagogiques
pour 1'éducation des adultes ,
З) planifier et organiser les programóles de formation des admi
nistrât eurs 5 conseillers pédagogiques, mon iteurs,et autres
personnels d ' ease i gneme^i 1
:\] évaluer les programmes existants et expérimenter les nouvelles
méthodes d'en seignerneut à 1'intention des adultes ,
5) aider les éducateurs provinciaux à faire marcher les program
mes existants et à prendre les décisions qui s'imposent en
leur fournissant des données à jour ou en les conseillant sur
les questions techniques 5
0) faire évoluer l'éducation des adultes dans le sens d'une
a m é 1 i о r a t i o n de la qualité de la vie des populations rurales
en organisant des classes expérimentales, en envoyant des
équipes de renfort résoudre les problèmes éducatifs urgents
qui ne peuvent p ?.. s l'être par les voies normales 5
7) servir de сoordonnateur en ce qui concerne les aspects techniques importants de l'éducation des adultes, tant pour
les programmes sous l'égide du Ministère de l'Education que
pour ceux des autres agences»
8H-C Ces centres ne doivent pas avoir la responsabilité des pro
grammes d'éducation continue des adultes (sauf dans la mesure où la
niise au point de ces programmes constitue une part essentielle de ses
recherches et de l'élaboration des plans d'études) car on attache
une grande importance à ce que la responsabilité de ces programmes
demeure entre les mains des éducateurs provinciaux о Toutefois ils doivent être responsables de tous les pr ogr aieme s — p i 1 ot e s nouveaux,
jusqu'à la fin de leur phase expérimentale et l'approbation de leur
mise en application à l'échelle du pays» Ces centres sont encore
chargés des centres d'éducation permanente, du nouveau système d'en—
sei an eme; pr oî e s s 1 onne es nouveaux programmes par correspondance
pour es с ou r s au n 1 v e au d men 11onn i Diu s hau
85» ïhi. dépit de leur manque de responsabilité globale en matière
de gestion, ces centres devront jouer un role determinant dans le
développement des divers programmes énuméréj d:.ns le présent exposée
Ce sont eux par exemple qui devront préparer les variantes de pro
grammes pour les cours d'éducation , .- f .011 et i onnel 1 e . eux qui p r é p a r e —
= 29-
ront les modules de programmes de formation professionnelle, eux
encore qui formèrent les enseignants pour la plupart des programmes
d'éducation pour adultes et d'enseignement extra-scolaire, qui édi
teront les journaux muraux régionaux et au moins une douzaine de
livres par an pour les nouveaux alphabètes (destinés aux centres de
formation permanente et de lecture des journaux/} qui organiseront
des séminaires pour les conseil¿ers pédagogiques, qui aideront à
établir les programmes radiophoniques, à préparer les films et autres
moyens audio-visuels à la base des nouvelles initiatives, qui orga
niseront des séminaires à l'intention des conseillers et administra
teurs provinciaux et leur fourniront l'a
sera de ces centres enfin que seront sis en oetvr
programmes de formation professionnelle»
86.
dépenses d'investissement correspondant à la création de ces centres
ainsi qu'un projet éducatif par des méthodes audi о—visuel1es qui leur est étroitement associé (bien -que le gouvernement thaï ne soit
pas encore convaincu de la nécessité d'emprunts extérieurs). Toutes
les dépenses courantes seront supportées par le gouvernement central
(à part les quelques bénéfices qu'engendrera le projet).
s s a i r e
s nouveaux
¡a BIRD semble disposée à financer une grande partie des
Y » CONCLUSIONS
87o Sn première analyse il aurait pu sembler qu'un pays tel que
la Thaïlande serait 1'un des derniers du monde à faire participer des
villageois et des éducateurs provinciaux à la conception, à ^élabo
ration«, à l'organisation et à la mise en application de prográmeles
d'éducation centrés sur les besoins des communautés locales.
88. JU e structure sociale y est extrêmement h i é г а г с h is ée et un respect considérable iure traditionnel ¡шеи les supérieurs
sociaux. Bien que les étudiants, les ouvriers, les paysans et d'autres
groupes de pression prennent graduellement une influence croissante
sur le gouvernement, le pouvoir réel reste concentré entre les mains
d'une poignée de militaires, universitaires et bureaucrates qui n'ont
jamais dans le passe témoigné ni d'un grand intérêt ni d'une grande
compréhension pour les problèmes des zones rurales,, Le processus de
décision a toujours agi au détriment des régions rurales, les sones
déjà riches et puissantes recevant plus de ressources.
89° Le peuple n'a jamais non plus traditionnellement adopté
d'attitude positive à l'égard du gouvernement et de ses fonctionnaires
- 30 -
en partie du fait, qu'on l'a rarement consulté dans la planification
des programmes touchant à sa propre Tie (cf. structure hiérarchique)
et en partie du fait de la corruption étendue qui existe»
90= De pins les paysans thaï ne pensent pas réellement que
l'éducation ait quelque chose à yoir avec les affaires de leur сошша-nautéj et теше, dans le cas contraires ils n'y voient qu'un moyen de s'en sortir grâce à l'emploi salarié assuré que peut leur apporter
4; la méthode systématique adoptée, chaque nouvelle étape décou
lant 1 ogi qu ement de 1 précédente «,
On a d'abord mis au point un programme d'alphabétisation foac-
tioîinelle fondée sur une étude extérieure des problèmes des
Tillages. Cette expérience a alors attiré l'attention sur le
besoin d'encourager à des habitudes régulières de lecture et a
conduit à mobiliser les Y i 11 a g e o i s pour la construction de
centres de lecture de journaux,, Le succès du prográmele
d'alphabétisation fonctionnelle a aussi engendré le désir de
fon сti onal i ser d'autres programmes, cette fois avec le concours direct des villageois» Ce système d'élaboration des
programmes a lui-même EU i s l'accent sur les faible ese s d'autres
programmes et notasment de ceux touchant à la formât i on pro
fessionnelle. De la теше manière le projet de centre de lectur*
a démontré que les villageois des régions rurales pouvaient
faire montre d'un potentiel considérable d'organisation pour
leurs propres activités éducatives, d'où la création de centre,
d'éducation permanente«, Toutes ces initiatives non nationales
prenant naissance dans différentes parties du pays ont souli
gné la nécessité de la création d'un organisme de recherche, di
développement et d'aasistance au niveau régional ¡ c'est ainsi
qu'à jailli l'idée de la création des Centres Régionaux d'Edu
cation des adultes « Cette procédure systématique, chaque
nouvelle étape venant consolider et renforcer les précédentes,
témoigne de la nais s nice d'une optique entièrement nouvelle
tant en matière d'éducation qu'en matière de planification de
1 'édu cat i on „
94o L'initiative des projets d'enseignement extra—scolaire et
pour les -adultes passe de plus en plus du gouvernement centra. 1 à celui
des régions, des provinces et des Tillages. Ce n'est toutefois pa. s un
phénomène qui peut s'accomplir en une nuit car chaque petit succès rent
plus probable les succès futurs, d'où un controle encore considérable
du gouvernement central« Néanmoins ces programmes permettent au peuple
lui-même de participer plus que jamais aupar-.vant à la détermination d •-
ce qu'il veut apprendre ainsi que où et quand il le veut»
95° On ne retrouve malheureusement pas la trace de succès simi
laires dans la participation locale à la planification et au développe
ment de l'enseignement traditionnel» 11 existe toutefois des signes
précurseurs d'une possible décentralisation et d'une diversification de?
programmes visant à rendre l'école élémentaire plus adaptée aux besoins
éducatifs. Si cela aboutissait, on pourrait alors consolider pour le
plus grand bien des deux, le mariage de 1'enseignement traditionnel et
de l'enseignement extra-scolaire qui a commencé depuis quelques années
à montrer des fissures certaines.