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1 COMMISSION DES RECHERCHES BOVINES Session 2004-2005 Rapport à destination de la DS APA Baisse du prix du lait : quelles incidences sur la production ? et quel impact sur nos recherches ? Note sur l’organisation du document : Le contexte d’évolution de la filière laitière a fait l’objet d’une première réunion de la commission en novembre 2004. Les quatre points abordés ont concerné l’évolution du contexte économique (présentation de V. Requillard INRA Economie Toulouse), du cheptel, (PL Gastinel Institut de l’Elevage Paris), des systèmes d’élevages (G. Sidot BTPL le Mans), ainsi que de la transformation et de la commercialisation des produits finis (Alain Loone ). Sur la base de ces présentations, un scénario assez probable du cadre dans lequel évolueront les élevages laitiers français parait émerger. C’est le scénario « du bureau » (partie 1 de ce document) que le groupe a utilisé pour réfléchir aux recherches qui lui semblaient nécessaires. Celles-ci sont présentées dans la partie 2 de ce document. Cette réflexion a dans un premier temps été organisée à l’intérieur de groupes (Annexes 1 et 2). Mais, pour s’assurer d’un travail prospectif correct, nous avons confronté ces besoins et thèmes de recherches avec les scénarios issus du rapport Lacombe adaptés à la filière laitière. Cette forme de validation a été synthétisée dans un tableau. Cette représentation permet de mettre en évidence la nécessité de travailler certains thèmes quels que soient les futurs envisagés. Un contexte en mutation : quel futur pour la filière laitière ? Les éléments de contexte suivants ont été soulignés : 1) Une réelle difficulté à accroître le produit brut de l’exploitation laitière (valorisation du lait ). On sait modifier la composition chimique du lait, soit en agissant par la nutrition soit en agissant par la génétique. Depuis de nombreuses années, le lait aurait donc pu être payé de façon significativement différente selon sa composition (uniquement à la quantité de Matières Protéiques, par exemple) : il n’y a cependant aucune certitude que les industriels soient près à favoriser la différenciation, et à payer plus cher des laits de qualités différentes certifiées. Le cas du lait de la zone de Beaufort indexé sur le prix de vente du fromage semble rester une exception. Mais les systèmes de paiement du lait à la qualité pourraient converger dans l’Union européenne, notamment dans les grand bassins de production de l’Ouest (Pays Bas, Belgique, Bretagne, …). La probabilité de voir se réduire encore davantage la variabilité des prix, tout en les ramenant à un niveau « bas » est à considérer. Cela n’exclut pas le développement plus ou moins important de quelques « niches ». Rapport Session Lait CRB INRA 2004-2005

Baisse du prix du lait : quelles incidences sur la … 2005/CRB...Mais les systèmes de paiement du lait à la qualité pourraient converger dans l’Union européenne, notamment dans

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COMMISSION DES RECHERCHES BOVINES

Session 2004-2005

Rapport à destination de la DS APA

Baisse du prix du lait : quelles incidences sur la production ?

et quel impact sur nos recherches ? Note sur l’organisation du document : − Le contexte d’évolution de la filière laitière a fait l’objet d’une première réunion de la commission en

novembre 2004. Les quatre points abordés ont concerné l’évolution du contexte économique (présentation de V. Requillard INRA Economie Toulouse), du cheptel, (PL Gastinel Institut de l’Elevage Paris), des systèmes d’élevages (G. Sidot BTPL le Mans), ainsi que de la transformation et de la commercialisation des produits finis (Alain Loone ).

− Sur la base de ces présentations, un scénario assez probable du cadre dans lequel évolueront les élevages laitiers français parait émerger. C’est le scénario « du bureau » (partie 1 de ce document) que le groupe a utilisé pour réfléchir aux recherches qui lui semblaient nécessaires. Celles-ci sont présentées dans la partie 2 de ce document. Cette réflexion a dans un premier temps été organisée à l’intérieur de groupes (Annexes 1 et 2). Mais, pour s’assurer d’un travail prospectif correct, nous avons confronté ces besoins et thèmes de recherches avec les scénarios issus du rapport Lacombe adaptés à la filière laitière. Cette forme de validation a été synthétisée dans un tableau. Cette représentation permet de mettre en évidence la nécessité de travailler certains thèmes quels que soient les futurs envisagés.

Un contexte en mutation : quel futur pour la filière laitière ?

Les éléments de contexte suivants ont été soulignés : 1) Une réelle difficulté à accroître le produit brut de l’exploitation laitière (valorisation du lait ). On sait modifier la composition chimique du lait, soit en agissant par la nutrition soit en agissant par la génétique. Depuis de nombreuses années, le lait aurait donc pu être payé de façon significativement différente selon sa composition (uniquement à la quantité de Matières Protéiques, par exemple) : il n’y a cependant aucune certitude que les industriels soient près à favoriser la différenciation, et à payer plus cher des laits de qualités différentes certifiées. Le cas du lait de la zone de Beaufort indexé sur le prix de vente du fromage semble rester une exception. Mais les systèmes de paiement du lait à la qualité pourraient converger dans l’Union européenne, notamment dans les grand bassins de production de l’Ouest (Pays Bas, Belgique, Bretagne, …). La probabilité de voir se réduire encore davantage la variabilité des prix, tout en les ramenant à un niveau « bas » est à considérer. Cela n’exclut pas le développement plus ou moins important de quelques « niches ».

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L’accroissement significatif et durable du produit « viande » du troupeau laitier (vaches de réforme, veaux) est peu envisageable dans la quasi-totalité des systèmes. De plus, il ne représente qu’une part faible du produit total des exploitations.

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2) Le lait un substrat incontournable d’une série de nouveaux produits. La filière est caractérisée par une très forte capacité d’innovation « produits ». Cette situation pose le problème de l’investissement « recherche publique» à faire et à poursuivre pour la maîtrise de la composition du produit. Faut-il laisser ce thème aux entreprises qui en tireront les profits correspondants ? 3) Des animaux de plus en plus plastiques ? La réduction des charges d’exploitation par litre ou par animal et l’accroissement recherché de la productivité du travail (agrandissement des troupeaux) vont imposer la réduction continuelle des interventions sur les animaux de la part de l’éleveur. Le panel des réponses est vaste entre la simplification des pratiques et des interventions, et /ou la mécanisation et l’automatisation. De façon caricaturale, cela conduit à faire vivre la vache et sa suite soit dans des milieux très artificialisés (zéro pâturage) soit complètement à l’inverse, en plein air intégral, et en maximisant le pâturage, … Les possibilités de simplifications des pratiques pour réduire le temps passé par animal portent principalement sur l’alimentation (recours quasi systématique à la ration mélangée distribuée en lots), sur la traite, sur la gestion des pâturages et sur les cultures associées aux productions (maïs). S’ajoutent les effets possibles sur les pratiques d’élevage du recours aux biotechnologies qui vont encore beaucoup se développer (sexage de la semence, ou encore taureaux à descendance mono-sexe, par exemple). 4) Une augmentation possible des marges des exploitations laitières par la nécessaire réduction de leurs charges. La variabilité des charges qui constituent le coût de production est considérable. L’écart de marge brute entre le quart supérieur et le quart inférieur des exploitations suivies par le BTPL est de 70 €, pour une moyenne de 243 € par 1000 litres de lait (cv = 30% environ). Il semblerait que les charges d’alimentation (environ 96 € par 1000 litres) ne varient pas trop entre régions et qu’elles soient moins variables que les charges de structure (amortissements de matériels et bâtiments, frais financiers et charges pour l’énergie). 5) Des exploitations dont la structure sociale évolue et au sein desquelles l’éleveur -salarié ou non- veut modifier sa manière de vivre. Dans ce domaine, l’éventail des différentes stratégies individuelles est très large. Elles peuvent faire appel aux structures collectives (CUMA), à des logiques d’entreprise pour l’emploi (salariat, délégation). Chaque choix modifie la manière de travailler, et influe plus ou moins fortement sur la production. 6) La nécessité pour les exploitations de s’insérer dans des objectifs de développement durable de l’espace rural, et de répondre aux demandes de la société vis-à-vis de l’environnement (maîtrises des rejets notamment des gaz à effet de serre (méthane) et des nitrates), de la biodiversité flore faune, de la gestion des paysages, du bien être animal, …).

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Des questions de recherche pour les années à venir Compte tenu de ce cadre de travail, les thèmes de recherche à développer ou à conforter ont pu être identifiés. Plusieurs propositions développées dans les rapports de 1998 et 2001 de la Commission bovine restent d’actualité. Ces rapports soulignaient déjà la demande pour une plus grande sécurité du consommateur par une qualité sanitaire irréprochable et garantie du lait et des produits laitiers. Ils encourageaient également la connaissance de la maîtrise de la composition de la matière première, et plus particulièrement la maîtrise génétique et nutritionnelle de la synthèse des protéines et des lipides, afin de l’adapter à des utilisations diverses. Au-delà de la composition et de la sécurité alimentaire des produits laitiers, les propositions d’actions (voir en Annexe 2 le résumé des propositions faites en 1998) portaient également sur :

• -le développement de modes de production plus herbagers voire extensifs, s’appuyant sur des signes de qualité,

• -la prédiction et la maîtrise de la qualité sensorielle en lien avec la typicité. • -le bien-être animal,

Les programmes de recherches en cours menés par les équipes des différents départements répondent pour partie à ces questions. Les propositions de ce rapport ne se substituent pas à ces interrogations, mais positionnent des besoins en continuité, sans se prévaloir d’exhaustivité. Ce sont des points que la commission a considérés comme importants et qu’elle a relevé. Tout en observant que, dans le secteur des produits laitiers et des systèmes laitiers de nombreuses actions de recherche sont réalisées par les entreprises privées ou des organismes professionnels, la commission a listé les points de recherche spécifiques qui devraient continuer a être pris en compte par la recherche publique. Nous avons retenu une présentation sous forme de liste partant du produit pour aboutir au système d’élevage. Malgré sa lourdeur, cette forme permet une certaine clarté de présentation.

1. Un produit adapté à la diversité des marchés Mieux comprendre le comportement des consommateurs • Le comportement d’achats des ménages est à suivre et à comprendre. Il faut ensuite décortiquer les consommations effectives selon les consommateurs au sein des groupes familiaux. • Les réseaux de produits en circuits courts dans les zones périurbaines se développent mais dans quelles conditions ? Qui achète , pourquoi, et jusqu’à quel prix ?. Y a t’il possibilités d’augmentations conséquentes Maîtrise et amélioration des process technologiques La priorité industrielle est de bien utiliser les co-produits, et de faire baisser la proportion de produits mal valorisés. La maîtrise des coûts des procédés industriels n’est pas nécessairement un domaine du ressort de la recherche publique, Par contre, la recherche d’une meilleure valorisation de la poudre de lait, et la diversification de son utilisation est une question pertinente. Envisager le développement de petits ensemble de traitements du lait à la ferme pour répondre à la demande de circuits courts (cf ci-dessus) impose, pour une qualité sanitaire irréprochable, un premier traitement du lait à la ferme tout en minimisant sa modification chimique. Comment réaliser au mieux ces traitements (et à moindre coûts) ? La transformation du lait et les process correspondants, impliquent de connaître et maîtriser les déterminants des constituants fins du lait, pour les adapter/modifier quand nécessaire. Cette question d’importance sur laquelle portent déjà des programmes de recherche, rejoint celle évoquée dans la partie 2 « mécanismes biologiques et fonctionnement de l’animal et de la mamelle ».

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Qualités nutritionnelles du lait et santé humaine L'importance de la maîtrise de la chaîne alimentaire "de l’animal au produit consommé" a été rappelée. Une série d'interrogations portent sur la matière grasse laitière.

• La MG butyrique pose problème en nutrition et santé humaine : manque de connaissances et souvent de discernement sur les molécules incriminées, manque d’explications exactes sur le lien entre MG laitière et santé. Quel serait l’effet santé spécifique des lipides laitiers dans un contexte d’apports équilibrés entre les différents acides gras ? Y a t’il une valeur santé spécifique du lait cru ?

• La gestion du taux d’acides gras, notamment les acides gras saturés (en priorité), par différentes voies (génétique, alimentaire) est à conforter. Mais la question de savoir s'il faut prévoir de diminuer drastiquement la MG du lait produit (au moins à destination industrielle) n'a pas de réponse claire et unique. (cf “utilisation du gène DGAT”). Il faut néanmoins étudier des systèmes d’alimentations défavorables à la matière grasse et à priori plus économiques car à même énergie ingérée, ils pourraient laisser davantage d’énergie disponible pour fabriquer des protéines.

D'autres interrogations portent sur le lactose. D'abord pour son implication dans certains cas d'intolérance pour les jeunes nourrissons : peut on y remédier par la production d’un « lait humanisé » (par transgénèse ? collaborations à prévoir INRA INSERM). Puis pour sa richesse dans le lait :, quelles seraient la possibilité, la faisabilité, l'intérêt, et les conséquences d’une réduction de son taux dans le lait du point de vue de l'animal ?. Y a t'il variabilité entre animaux ? Y a t’il modification des bilans énergétiques? Il faut également rechercher des voies d’amélioration de la richesse du lait pour les micronutriments de haute valeur nutritionnelle. Dans ce domaine de la santé, il faudrait enfin accroître nos collaborations pour prévenir les allergies par une meilleure connaissance du caractère allergène des protéines laitières. Sécurité sanitaire de la matière première un préalable toujours à garantir. Ce point rejoint le précédent. L'importance de la maîtrise de la chaîne alimentaire de l’animal au produit consommé est ici aussi réaffirmée. Les besoins reste grand d’évaluer et prévenir les risques en lien avec l’animal. Il faut considérer la maîtrise des contaminants microbiologiques, (éviter notamment les flores pathogènes pour les fabrications avec laits crus, mais pas uniquement) et xénobiotiques par limitation des résidus médicamenteux en limitant les interventions, et développer la connaissance des différents polluants chimiques du lait. Ce point nécessite également de savoir développer des procédures de gestion de crise, face à un danger non conventionnel et inconnu aujourd’hui. Conserver et gérer la biodiversité microbienne des laits (développer les flores d’intérêt qui participent à l’effet terroir) Les questions envisagées là sont de trois ordres : • Relever le défi technologique de gérer la qualité sanitaire tout en conservant les systèmes microbiens

participants à l’évolution des caractéristiques sensorielles. Il s'agit notamment de conforter et élargir les réseaux « micro-organismes d’intérêt laitier ».

• Comprendre les mécanismes de régulation des écosystèmes microbiens et les interactions avec la matrice alimentaire : maîtriser les flores indésirables, améliorer les qualités nutritionnelles et organoleptiques des produits fermentés.

• Développer les méthodes et techniques d’authentification des produits sous labels (fromages AOC, Bio, montagne). Cela amène également à comprendre comment les interactions modes de production, technologies fromagères participent à la différenciation de ces produits (et de leur “terroir”).

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2 Une production maîtrisée que l'on sait simuler. Traite, sécrétion du lait, et persistance de la production Modifier l’écart de temps entre traites est une voie pour réduire les contraintes de travail des éleveurs. Il faut construire la loi de réponse de la PL à la variation d’écart entre traites (de 12 h classique double traite, à 24 h monotraite quotidienne) et cela pour différents niveaux de production. Cela amène à comprendre les mécanismes (stockage du lait dans les alvéoles) à l'origine de la variabilité, importante, de la variation de production (de 10 à 50 %) selon l’intensité de la traite. Il faut rechercher des solutions d’amélioration par la génétique, et par la conduite des animaux. En complément il faut étudier l’organisation, la faisabilité, l’économie, la durabilité (en lien avec la reproduction) de systèmes basés sur des lactations longues de 16 mois minimum, destinées à réduire la fréquence des mammites/litre de lait produit, et à compenser les difficultés de reproduction des vaches hautes productrices. Production et qualité du lait, selon le génotype de l’animal et son environnement Il faut envisager l’étude systématique des caractéristiques biologiques des gènes majeures au fur et à mesure de leur apparition. Etudier finement les allèles responsables de caractéristiques du lait pouvant modifier les qualités nutritionnelles et intéresser l’industrie de la transformation. Rapidement il faut par exemple explorer les possibilités génétiques de réduction du taux butyreux et leurs conséquences, en particulier avec des animaux porteurs de gènes majeurs déjà connus (DGAT) ou de ceux qui seront décrits dans le futur proche. Il faut étudier (et prévenir) les conséquences d’une fixation éventuelle des allèles défavorables au TB et au rapport MG/MP, en particulier au niveau de la composition fine de la matière grasse et plus globalement au niveau du stockage des réserves corporelles de la vache. Dans une démarche comparable, on peut aussi développer des indicateurs génétiques de l’efficacité nutritionnelle des vaches, et de la capacité digestive individuelle des animaux, et étudier la variabilité de ce caractère pour mieux sélectionner des vaches efficaces, qui pourraient rejeter moins de polluants (azote, méthane…). Toutes les conséquences zootechniques de telles modifications génétiques seraient alors à analyser, mais il faut concevoir de les prévoir à partir d’une plateforme de simulation adaptée car il ne sera pas possible de tout expérimenter. D’une façon générale il faut savoir décrire les lois de réponse de l’animal à différents systèmes de production et d’alimentation pour être capable de les modéliser et de remplacer par la simulation, certaines expérimentations onéreuses et trop limitées à leur contexte (systèmes particuliers). En particulier ceci amène à savoir analyser, et modéliser la nutrition et la gestion des réserves par l’animal en liaison avec la production de lait et la reproduction. Comment l’animal gère-t-il à plus ou moins long terme ses réserves selon les conditions d’élevage? Il est tout aussi nécessaire de développer en parallèle des outils de simulation des stratégies sanitaires et des risques résiduels afférents. Pour la filière laitière dans son ensemble la liaison entre simulation(s) et expérimentations est sans aucun doute à renforcer. Il faut en plus prévoir l’organisation de protocoles d’observations minimum dans les sites d’expérimentations INRA (connaissance des phénotypes) et la gestion d’une banque d’ADN pour les besoins futurs d’études rétrospectives de gènes intéressants (connaissance des génotypes qui sera à priori bien moins coûteuse). Reproduction dans des systèmes variés Les propositions portent sur presque toutes les étapes du processus de reproduction. Il faut : • Concevoir des méthodes automatisables et plus précises pour la détection des chaleurs (phéromones,

température, rythme cardiaque, … ) pour mieux choisir l’heure de l’IA • Etudier les anomalies de reprise de cyclicité post-partum : fréquence, facteurs de risque selon les races

et les systèmes.

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• Augmenter la durée de persistance du pouvoir fécondant, en améliorant la technologie de fabrication des doses d’IA par une meilleure connaissance de la physiologie des spermatozoïdes, et l'étude de nouveaux dilueurs.

• Maîtriser la fertilité femelle en interaction avec l’environnement et les systèmes de conduite : IA à 200 jours après vêlage, fertilité à l’herbe ou en stabulation, lactations longues, interaction avec la gestion des réserves Cela conduit à évaluer l’importance et le rôle de la mortalité embryonnaire dans la baisse observée de la fertilité des VL.

Remarque : l'adaptation des méthodes de génétique quantitative à l’évaluation de la fertilité femelle pose

encore un problème difficile et mal résolu aujourd’hui. Il est en effet lié au caractère discret et à la qualité des données, à l'hétérogénéité du caractère selon l’âge, à la complexité des effets de l’environnement, à la faible héritabilité ...Autant de points à travailler entre équipes de physiologie et de génétique.

La simulation et la modélisation de la reproduction doivent se développer en liens avec la plateforme de simulation de la production citée précédemment. Sur ce thème un premier travail serait par exemple de modéliser l’impact du sexage de la semence et ainsi prévoir d'optimiser le sexe ratio des veaux si cette technique est amenée à se développer. Cela permettrait de s’interroger en parallèle sur la nécessité des recherches sur cette question à l’INRA. Evaluation génétique et contrôles de performances Les propositions sont dans la continuité des objectifs actuels : • Les méthodes de la génétique quantitative doivent continuer à évoluer et à se renouveler, pour intégrer

les différentes solutions déjà proposées : sélection assistée par marqueurs, indices de sélection combinant valeur génétique et parenté pour permettre un maintien ou une meilleure gestion de la variabilité génétique, évaluation génétique à partir de caractères longitudinaux, évaluation sur des caractères non linéaires ou complexe, interaction génotype*système de production.

• L’automatisation du suivi des animaux va avoir un impact significatif sur les producteurs et le contrôle de performance. Dans ces conditions il faut s’interroger sur la manière de simplifier les contrôles en ferme, tout en augmentant leur fiabilité et le nombre de caractères évalués ?

Santé des animaux (et zoonoses alimentaires ou non) Les besoins de recherche sont en partie couplés avec la sécurité et les zoonoses (exemple de la fièvre Q), mais portent aussi sur les maladies animales dont l’ impact économique est significatif sur les coûts de production (certaines priorités sont partagées avec les bovins-viande). Les besoins génériques sont les suivants : • Moyens de prévention (et thérapeutiques) alternatifs à la chimioprévention antibiotique et

antiparasitaire : - évaluation du risque en « points critiques » (épidémiologie analytique quantitative pour ciblage et

moindre coût des préventions) et détection des émergences, - développement de vaccins sûrs multivalents, - résistance génétique (évaluation génétique des caractères directement ou indirectement liés à la

santé animale : cellules du lait, introduction des mammites cliniques, longévité fonctionnelle, morphologie de la mamelle, des membres …, recherche, et analyse de gènes de résistance),

- mécanismes de l’immunité et de la résistance non spécifique à l’infection et mécanismes de la résistance spécifique, immuno-modulateurs, thérapie génique.

• Mise au point et l’évaluation en situation d’utilisation de moyens de détection et de diagnostic des agents étiologiques « pratiques » = en temps réel : plans (troupeau, région), traitements précoces vu les restrictions sur certaines classes thérapeutiques, certifications et contrôles intra-filière.

• Développement de modèles prédictifs pour l’évaluation ex-ante de programmes de surveillance et d‘intervention par simulation ; économie des actions sur la santé.

Des priorités vues sous un angle étiologique peuvent également être identifiées :

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• Pour les bactéries : infections mammaires (analyse de risque, méth. de diagnostic rapide, traitements alternatifs/sélectifs, sélection ; vaccination), fièvre Q. (épidémiologie, efficacité vaccination, évaluation), Paratuberculose (épidémiologie, méthodes de diagnostic, vaccination, évaluation), Mycoplasmes et Pasteurella (efficacité vaccination), Salmonella et E. Coli (analyse et gestion du risque, prévention dont vaccin).

• Pour les virus : RSV et autres virus respiratoires (épidémiologie, méthode de diagnostic, vaccination, évaluation), virus de la BVD et pestivirus (pouvoir pathogène, gestion du risque, efficacité de programmes collectifs) ; virus digestifs/maladies néonatales : méthodes de diagnostic, vaccination, évaluation).

• Pour les parasites : helminthoses (analyse de risque, méthodes alternatives, résistance génétique vaccination, évaluation) ; coccidies et cryptosporidies ainsi que Neospora caninum (épidémiologie, diagnostic, vaccination, résistance génétique) ; émergences de maladies à vecteurs avec le réchauffement climatique.

• Et encore les ESST (sources résiduelles, formes atypiques).

3 Des systèmes d'élevages laitiers durables Intégration des contraintes sociétales dans le fonctionnement des systèmes laitiers Quels systèmes pour quelle demande ? L’objectif est de tendre vers des systèmes intégrés “amicaux” pour le bien-être, la santé animale, la sécurité des produits et l’environnement. Il faut étudier des aliments (fourrages) et les rations (% de concentrés) permettant la meilleure insertion des systèmes laitiers dans leurs différents environnements : maîtrise et valorisation des rejets, intégration raisonnée dans les cycles du Carbone et de l’Azote, réduction du méthane rejeté par la vache, ... Il faut aussi dans cette optique prévoir de réduire le besoin d’eau et d’irrigation du système fourrager (utiliser par exemple du sorgho à la place du mais, des légumineuses à faibles besoins, du soja à la place du trèfle…) La question de la (es) vache(s) la mieux adaptée à tel(s) système(s), est posée depuis longtemps. Au delà des questions biologiques sur la connaissance et la maîtrise de l'animal (capacité d'ingestion et de valorisation des fourrages, reproduction, pathologie mammaire, parasitisme), se pose la question de l'adéquation du type génétique aux différents systèmes et/ou de son adaptabilité aux changements (robustesse) : savoir hiérarchiser les performances nécessaires (de lactation, de reproduction, de résistance aux maladies) en fonction du système souhaité. (liens avec la plateforme de simulation citée précédemment). Il faut aussi développer une capacité d'évaluation des impacts (environnemental, bien-être animal, travail) de systèmes d'élevage laitier différents. Cela pose la question de l'évaluation multicritère de leur durabilité : évaluation du compromis satisfaisant entre contraintes opposées. Les effets induits par l'agrandissement des structures de production Cette tendance lourde soulignée dans la 1ère partie pose le problème de la modification et de la structuration de l’organisation du travail. Les questions qui nous sont posées touchent à - la modélisation de la robustesse du système soumis à des contraintes de travail. - la simplification (réduction) des tâches : analyse de la faisabilité (contraintes biotechniques), des

effets sur l'animal. - la délégation et l’organisation du travail à plusieurs, ou en spécialisant les tâches. Y a t’il des effets

sur l'animal de modifications répétées et/ou périodiques de la conduite. (ceci est à étudier sur des animaux sensibles eux stress (ovins, caprins)

• - la mécanisation, de l’alimentation hivernale des vaches qui se raisonne pour des groupes : effets, sur les performances de l'animal et du troupeau, et l'analyse de l'impact de l’éclatement du parcellaire sur les systèmes fourragers et notamment la gestion des pâturages.

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• −la modélisation de la restructuration du foncier sur l'impact environnemental des systèmes laitiers (parcelles utilisées, déplacement des animaux).

Des exploitations viables par la maîtrise des charges de structure Deux points ont particulièrement retenu l’attention : • L'analyse et la modélisation des impacts des différentes stratégies de réduction des charges de

structures. Comment évaluer les stratégies de réduction des charges de structures (bâtiments, …) ?. Etude de la relation homme-animal selon les types de bâtiments (jusqu’au plein air intégral). Mise au point des outils correspondants (travaux à conduire en partenariat et/ou dans le cadre d’agrotransferts°.

• L'Analyse les systèmes laitiers selon l’énergie fossile qu’ils utilisent : mise au point de systèmes plus économes en intrants, notamment énergétiques.

L'élevage laitier et la multifonctionnalité des territoires : vers une agriculture de services ? Ces questions touchent davantage les sciences sociales que le secteur APA de l’INRA, et se posent avec une acuité variable selon les territoires • Imbrication de zones urbanisées dans les territoires agricoles problèmes de foncier, relations avec les

urbains (conflits ou relations plus positives …). • Accroissement de la pluriactivité. En conclusion pour conforter cette liste et savoir s’il n’existe pas de manque grave dans les travaux de recherches présentés, nous avons confronté cette liste aux scénarii de prospective construits sur la base du rapport Lacombe (Travail proposé par G. de Fontguyon : annexe 1). Les conséquences de ces scénarios se déclinent sous des aspects de production, consommation de lait, sécurité sanitaire, préservation de l’environnement, qualité des produits. Quelque soit le futur possible il semble que les champs de recherche proposés couvrent les situations dans lesquels pourraient se trouver l’élevage laitier. Il faudrait bien entendu selon les situations mettre l’accent dans sur des points particulier. Les aspects productivité et maîtrise des charges dans les premiers scénarios, mais tout en conservant en même temps une nécessité pour de recherches forte dans les domaines qui relèveraient de la sauvegarde des biens publics (sécurité sanitaire, environnement). A l’opposé dans les autres scénarios, les recherches sur les liens entre qualité organoleptique et nutritionnelle des produits laitiers sembleraient à renforcer, sans négliger leur nécessaire compétitivité économique pour conserver des possibilités sur des marchés divers dont l’export. Dans tous les scénarios, l’obligation de sécurité sanitaire et la transformation du travail de l’éleveur laitier sont des réalités à coté desquelles la recherche publique ne pourra pas passer. Juin 2005 Rédaction (par ordre aphabétique) sur la base des travaux de la Commission Bovine : J. Agabriel, B. Bonaiti, C. Disenhaus, P. Faverdin, Y Heyman, H. Seegers.

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Annexes Annexe 1

Prospective 2015 : les 4 scénarios de politique agricole et leurs implications sur la filière lait

(Rédaction Synthèse : G. De Fontguyon) 1 Scénario "néo-protectionnisme vert" : pas de rupture avec les tendances actuelles. Politique basée sur des productions contingentées et une éco-conditionnalité des aides (sous contrôle d’un lobby agricole toujours présent) scénario le plus coûteux pour le budget de l’Union (se réformera à moyen terme au profit du scénario 2 ou du 4) Le modèle « Agriculture raisonnée » est le standard minimum de qualité au plan européen. Les droits à prime et à produire sont déterminants. La multifonctionnalité en agriculture se limite à l’agriculture de montagne. Filière lait : la confiance des consommateurs pour les produits laitiers se maintient, dans un contexte de croissance économique. Les produits standards sont rassurants au plan sanitaire et environnemental et de ce fait les ventes de produits sous signe officiel de qualité et d’origine déclinent en grande distribution ; la stratégie des enseignes est surtout de développer leurs Marques de Distributeur (MDD). Pour les industriels la matière première est relativement chère mais elle apporte de bonnes garanties (sanitaires, environnementales) ; la concurrence des MDD et à la concurrence entre industriels poussent les entreprises à innover, ce qui accentue la segmentation et le renouvellement de l’offre des distributeurs. Le troupeau laitier est stable, en effectif et au plan génétique; pas de regain des races mixtes. La taille des exploitations augmente. Clivage régional entre zones de production intensive (avec de nouveaux coûts liés au respect accru de l’environnement), les zones de montagne, les régions intermédiaires. 2 Scénario d'un pilotage de l'agriculture par les industriels et la grande distribution (vers une agriculture de sous-traitance). Le marché est ouvert, l’état se désengage. Dans la politique européenne, l’agriculture et l’alimentation sont devenues une activité et des produits comme les autres. La PAC se focalise sur la sécurité alimentaire, l’amélioration de l’environnement devient une priorité. Filière lait : les quotas sont supprimés, la libre concurrence à la production en lait standard oriente le prix du lait à la baisse. La plupart des ateliers exploitent pleinement la génétique Holstein, les races mixtes sont marginalisées. Ce contexte, d’une part encourage les stratégies de démarcation par la qualité (échapper à la concurrence par les prix), d’autre part facilite les innovations chez les industriels (une matière première peu coûteuse). Les marques d’industriels, les MDD et dans une moindre mesure les Signes officiels de qualité se développent (il existe une demande de réassurance des consommateurs en matière de traçabilité de l’origine et des

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procédés). Parallèlement les offres « premier prix » et le hard discount progressent aussi (contexte d’accentuation des inégalités sociales). La production laitière progresse dans le Grand Ouest du fait d'avantages concurrentiels vis à vis des autres régions (coûts de production, organisation,…). La taille des exploitations augmente. On observe une délocalisation/spécialisation des espaces ruraux et une baisse globale de la production laitière. Les zones intermédiaires peu touristiques se désertifient (forets). 3 Scénario d'une politique Européenne de Qualité et d'Origine ; valorisation des spécificités territoriales. La situation sanitaire et la traçabilité des produits sont satisfaisantes. Les pouvoirs publics (Europe, France, régions) incitent au développement des Signes Officiels de Qualité et d'Origine ; cette politique favorise surtout la progression des AOP et des IGP (ils obtiennent leur reconnaissance au plan international) et celle de l’agriculture biologique. Cette politique européenne d’un plus fort soutien aux produits de qualité et d’origine contrarie les stratégies des groupes industriels agro-alimentaires ; la grande distribution s’adapte et ouvre par exemple davantage ses linéaires aux produits de l’agriculture biologique. Les consommateurs connaissent une progression de leur revenu, qui leur permet d’acheter davantage des produits de terroir, relativement plus chers mais pour lesquels ils ont une nette préférence; ceci favorise la progression des marchés de proximité et/ou régionaux ; la recherche systématique des prix les plus bas est un comportement en déclin. Les achats alimentaires des ménages privilégient la qualité à la quantité. L'effectif des vaches laitières augmente du fait de la progression des races mixtes. Les rendements en lait stagnent. Possibilité d’évolution vers le scénario 2 ou 4. 4 Scénario de la politique rurale et régionale ; régionalisation de la politique européenne, favorisant une agriculture de service La généralisation d’un modèle « Agriculture raisonnée », pas trop exigeant, aboutit à un standard minimum de qualité au plan européen. Les collectivités territoriales soutiennent un développement local et durable, qui a pour corollaire la multifonctionnalité croissante de l’agriculture et une revalorisation de l’espace rural: chaque région définit des incitations financières plus ou moins fortes dans le cadre de contrats du type CTE/CAD, les aides financières impliquent des contraintes spécifiques d'éco-conditionnalité et demandent parfois d’assurer des services (entretien de l’espace, activité touristique,…). Les tenants d’une agriculture exclusivement productiviste s’opposent à cette politique. Les consommateurs sont particulièrement sensibles aux circuits de proximité et à la garantie de modes de production et de transformation traditionnels; ces circuits courts ont, de par leur nature, une bonne traçabilité et ils s’appuient sur des marques régionales ou des signes officiels de qualité et d’origine. L’essor des ces produits freine d’autant celui des produits standards et par là même l’innovation technologique. Filière lait : les contraintes fixées aux éleveurs laitiers varient selon les choix politiques des régions et l'aide régionale devient une composante importante du prix du lait : ces deux facteurs sont une source de disparités entre les régions et ils favorisent une hétérogénéité des élevages

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laitiers (génétique utilisée, rendement en lait, mode d’alimentation,…). On aboutit à une dualité des marchés avec, d’une part des filières de produits standards à l’échelle nationale voire européenne, d’autre part des filières plus locales ou régionales de produits de qualité environnementale et organoleptique à identité territoriale forte (y compris en lait conditionné).

Scénario de politique agricole:

1 Néo protectionnisme

vert

2 Pilotage de l'agriculture par

l’aval

3 Politique Européenne de

Qualité et d'Origine

4 Politique rurale et régionale

Production de lait

* système intensif et spécialisé en lait* Maintien du troupeau allaitant

* système très intensif et spécialisé en lait. Spécialisation régionale* Maintien ou augmentation du troupeau allaitant

* retour des races mixtes (stagnation des rendements en lait; croissance du cheptel, extensification)* déclin du troupeau allaitant

* retour des races mixtes (stagnation des rendements en lait; croissance du cheptel, extensification)* déclin du troupeau allaitant; retour des races locales

Consommation

Maintenue :retour de la confiance, effet revenu, innovations.

Incertaine, dépend des stratégies des industriels et de la grande distribution

Déclin en volume, développement d'attentes plus qualitatives chez les consommateurs

Attrait pour les produits traditionnels et de proximité

Sécurité sanitaire, traçabilité

Très bonnes garanties;confiance globale des consommateurs vis à vis des modes d'élevage

Inquiétude des consommateurs sur les modes d'élevage et l'environnement

Sécurité renforcée, traçabilité généralisée

Standard minimum européen. Bonne traçabilité des circuits courts

Quelque soit le scénario, l'UE est peu active sur le marché mondial et plutôt importatrice. Les scénarios 1 et 2 conservent un système de production intensif spécialisé en lait, basé sur un effectif de vaches Holstein (ou identiques) proche de celui d’aujourd’hui. La sauvegarde de l’environnement est du ressort de la puissance publique qui doit faire appliquer les règlements négociés. Les scénarios 3 et 4 impliquent au contraire un accroissement du troupeau des vaches traites mais une diversification raciale vers des génotypes moins spécialisés. Les produits traditionnels doivent être bien connus pour être valorisés. La sauvegarde de l’environnement est assurée par les acteurs locaux qui nécessitent du soutien de proximité. Dans tous les scénarios, la sécurité sanitaire la plus complète doit être assurée.

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Annexe 3

Les principales propositions du rapport 98 de la commission (GEAY et al)

1. Détection et diagnostic des agents étiologiques en temps réel 2. Lutte contre les pathologies fréquentes : mammites, boiteries, infécondité, parasitisme, mortalité

néonatale 3. Robots de traite (conséquence de son usage sur les performances des animaux et leur bien être) 4. Optimiser les Stratégies d’intervention sur les animaux pour réduire les charges de structure, la

pénibilité et le temps de travail 5. Améliorer l’efficacité d’utilisation digestive et métabolique de la ration (mode de distribution,

adéquation apports/besoins, réduire les rejets) 6. Réduire les intrants et accroître la part des fourrages par une conduite adaptée avec une contrainte

sur la sécurité de conduite 7. Analyser la chute de fertilité 8. Améliorer le transfert embryonnaire (embryon in vitro, cryobiologie) 9. Optimiser le sexe ratio des veaux , mais le retard de l’INRA ne milite pas pour un investissement

INRA 10. Evaluation génétique pour les caractères fonctionnels (longévité, résistance aux mammites, réussite

à l’IA) 11. Démarrage de la Sélection assistée par marqueurs 12. Remplacer la chimioprévention antibiotique et antiparasitaire pour produire un lait dépourvu de

résidus et de bactéries pathogènes 13. Adapter la composition du lait au besoin de la filière Modélisation du processus de production du

lait pour mieux maîtriser la composition.. Réfléchir à une sélection sur d’autres critères de composition que TB et TP.

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Annexe 3

Développements sur la méthode de travail (2004 -2005) de la commission Une première réunion Sur la base des exposés, de la première réunion (17 novembre 2004), trois groupes de travail ont été chargés de faire émerger des besoins et des pistes de recherches dans les trois domaines complémentaires suivants : •1 Le lait et sa transformation. La diversité des produits et des marchés : au delà des produits laitiers déjà

très divers, la connaissance fine de la matière première et de sa chimie permet d’envisager une gamme très variée de biens marchands développés à d’autres fins que purement nutritionnelles. Le groupe a élargi la connaissance du marché du lait et de l’économie laitière, à la recherche de la perception des produits laitiers ou de leurs dérivés par le consommateur. Il a cherché également à savoir comment va se segmenter le marché du lait selon sa destination finale et quels en seront les répercussions sur la production. (Animateur : G. De Fontguyon, Loria Ivry).

•2 La connaissance de la biologie de l’animal avec différents niveaux d’approche. Son adaptabilité dans

des environnements variables La connaissance de la vache, de son génome (voir suite Agenae et sélection, …) de son alimentation et de sa santé, et des réponses qu’elle peut opposer à toutes les contraintes environnementales qui pèsent biologiquement sur sa reproduction et sa production. (Animateur : B. Bonaiti, SGQA Jouy).

•3 L’organisation des systèmes laitiers et leur intégration dans les contraintes sociétales durabilité

(environnement, temps libre, main d’œuvre, conditions de vie et de travail, image perçue …) L’environnement du troupeau laitier et de l’exploitation. Les contraintes sociétales pèsent sur la production (réglementation environnementale, perception du travail d’éleveur, …), mais induisent des choix nouveaux sur la manière de produire (simplifications, robotisation). Les conséquences de ces modifications sur la gestion des élevages et sur l’environnement au sens large, ont été envisagées a différentes échelles. (Animatrice : C. Disenhaus, UMR PL Rennes).

L’élaboration et la maîtrise biologique des caractéristiques du produit ont été considérées comme des thématiques transversales à ces trois points, partagées par chaque groupe. Ils ont ainsi proposé avec leur propre vision, et en fonction du niveau dans lequel ils se situaient, les besoins de recherche dans ce domaine.

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Annexe 4 Références L’avenir de la filière laitière française : Rapport Trédé (étude prospective) juillet 2004 (Conseil général du GREF) 93p. + Plan d’action issu du rapport 5p. Progrès technologiques au sein des industries alimentaires, impact sur la qualité des produits I – La filière laitière (bovine) mars 2004 24p. Rapport commun de l’Académie des Technologies et de l’Académie de France www.academie-technologies.fr/pdf/RAPP_LAIT_mars2004.pdf Cahier ONILAIT : état des lieux 2002 de la fabrication des produits laitiers en France Evolutions de la consommation des produits laitiers et attentes des consommateurs français et européens . S.GOUIN (AGRO Rennes) et F.THIBURCE (CIDIL), CEREL juillet 2003 12p. Cinquante ans de consommation de viande et de produits laitiers en France P.COMBRIS (INRA-CORELA) 3R 2003 (3p)