Brieg Huon

Portfolioet autres

histoires courtes

Ma pratique se compose et s’hybride à travers ma double formation, de design graphique et d’art visuel. Durant mon cursus en design graphique, j’ai questionné l’image et son potentiel narratifs, notam-ment à travers l’expérimentation du médium du livre d’artiste. J’ai ensuite intégré l’option Appropriation en 3e année à la HEAD Genève, où j’ai envisagé des questions de présentation et d’exposition du livre, ce qui m’a mené par la suite à l’installation et à la sculpture.

Par l’utilisation de modèle standardisé, normé, tel que le mobilier IKEA ou le format encyclopédique, mon travail, ancré dans une pratique du « déplacement » post-appropriationniste, se compose d’objets et de référents au quotidien, permettant au spectateur d’investir ses formes, de les comprendre, lui laissant un espace d’inter-prétation renouveler ; l’idée étant, idéale-ment, de balayer l’image de « l’artiste créateur », pour proposer la figure de l’artiste « copieur/agenceur ».

Note au lecteur

Ce portfolio est composé d’une douzaine d’histoires et de projets. C’est un livre, un récit, qui propose de dépasser la simple présentation du travail. Il est conçu non pas comme une présentation du travail, mais fait partie intégrante du travail ; l’objet devenant ainsi « le travail », révélateur de ma manière de produire.

Les textes principaux sont de courtes anecdotes (des indices), et les notes de bas de pages décrivent chaques projets.

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Quelques faits antérieur à 2010

Quand j’avais 12 ou 13 ans, j’avais produit mon premier petit fanzine, imprimé sur l’imprimante jet d’encre couleur de mes parents. Je ne me souviens que de son sous-titre : « La revue courte à lire. »

Vers mes 14 ans, j’ai refait, dans l’atelier de menuiserie de mon père, le fétiche Arumbaya de « Tintin et l’oreille cassé ».

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20 minutes

Je me souviens, quand j’étais enfant, nous allions chez des amis de mes parents, et quand les adultes discutaient entre eux, on pouvait aller lire des bandes dessinées, qui étaient rangées dans la grande armoire du salon. Souvent, je feuilletais la même bande dessinée, les 7 formules du professeur Sato, un Blake et Mortimer. Je ne lisais pas vraiment les textes, je regardais surtout les images.

Il y avait notamment un passage où Olrik construit un clone de Mortimer, que l’on voit à travers un écran. Un scientifique fait des tests sur la résistance du clone, jusqu’à ce que celui-ci se disloque telle une poupée articulée. Cette image m’a profondément marqué. Dernièrement je suis retombé sur ce tome de Blake et Mortimer, et j’ai ressenti le même émoi étrange, me renvoyant dans les fauteuils aux accoudoirs en bois inconfor-tables des amis de mes parents.

Impression numerique sur papier recyclé, 29,7 x 42 cm, 2011

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1. 20 minutes est un poster imprimé en laser sur papier recyclé 80 grammes. Il a été produit en 2011, et est en quelque sorte le point de départ des projets autour de l’image qui ont suivi. Cette image a été découpée dans le journal 20 minutes, un quotidien gratuit distribué à la sortie du métro. L’article traitait du meurtre d’une petite fille ; l’image utilisée était particulièrement violente : une pelle plantée au milieu d’un champ, une caméra, un caméraman qui filme la pelle. Cette image est publiée sans ménagement. On feuillette 20 minutes dans le métro, et l’image est éclipsée comme toutes les autres images auxquelles nous sommes confrontés toute la journée. J’ai choisi d’agrandir cette image au format A3. Ainsi on se retrouve devant l’atrocité de celle-ci : pourquoi une seule caméra ? Est-ce une mise en scène ? Est-ce avec cette pelle que le crime a été commis ? Qui est derrière cette caméra ?

Il m’arrive encore d’être confronté à des images étranges, intrigantes, et dont je n’arrive pas à me détacher. Je les découpe et les mets de côté1.

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Quelques livres

Quand j’étais petit, le soir, ma grand-mère me racontait l’histoire des musiciens de Brême en breton, sa langue maternelle, qui est aussi la mienne. Il y avait des dessins d’un côté de la page, et de l’autre le texte. J’adorais cette histoire. Un jour, j’ai retrouvé ce livre, et j’ai relu l’histoire, qui était en fait en français. Et j’ai été très déçu : ce n’était pas du tout la même histoire2.

2. Entre 2012 et 2014, deux années passées à étudier le design graphique à l’École des beaux-arts de Rennes, j’ai produit plusieurs éditions, qui usent du potentiel fictionnel de l’image par son appropriation.

Like a rollin’ stone avec leboncoin.fr, produit à Rennes en 2012, décom-pose une image mythique des Rolling Stones. Passée au travers du prisme du site de petites annonces, cette publication, pensée comme un catalogue, propose au lecteur de recomposer le décor de cette photographie à partir d’objets glanés sur le site (meubles, rideaux, habits ...).

Pièces à conviction, produit à Rennes en 2013, est composé à partir d’images collectées encore une fois sur le bon coin, dans la rubrique jardi-nage. Exploitant le potentiel narratif des images, cette publication, impri-mée sur papier journal, met en scène des crimes potentiels, à la manière d’un Cluedo (arme du crime, lieux du crime, meurtrier). Elle rejoue le fait divers en reprenant les codes des journaux (images tramées noir et blanc). Comme une intrigue de roman policier, l’édition se déploie, s’ouvrant sur deux petites images, suivies d’une grande image (poster), quand elle est entièrement déployée.

Enfin, Les mariées sans tête, produit en 2013 à Rennes, est une édition de petit format qui regroupe une collection de 200 images de robes de mariée, provenant d’un site de petites annonces. Les photographies sont prises directement dans les albums photo des mariages (‘‘le plus beau jour de leur vie’’). Les visages, pour qu’ils soient impossibles à reconnaître, sont cachés malhabilement avec le logiciel Paint, barbouillés, caviardés, défigurés. Les codes habituels de la photographie de mariage (qu’elle soit amateur ou professionnelle), sont ici détournés, laissant place à de nou-velles images étranges, fantomatiques et absurdes.

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Like a rollin’ stone, Impression laser sur papier recyclé, 20 x 29 cm, 2013.

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Pièces à conviction, Impression laser sur papier journal, 2013.

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Les mariées sans têtes, Impression laser couleur, 2013.

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Suggestion de présentation, série de photographies

au magasin IKEA Genève,Mai 2015.

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Encyclopédie Trouvée

En trois ans, j’ai perdu3 deux fois mon portable, perdu et retrouvé deux fois mon portefeuille, puis perdu une troisième fois sans le retrouver. J’ai aussi perdu une paire de chaussures (ça, c’était vraiment étrange).

3. Encyclopédie trouvée, ou dictionnaire raisonné des mots ordinaires, produit en 2013 à Rennes, est une collection, constituée de deux ans de cueillette de mots trouvés au sol. Classé par ordre alphabétique, de manière très pragmatique (date, lieu, grammage et taille du papier, contenu texte ...), et reprenant le code graphique d’une encyclopédie, cet inventaire de la vie citadine propose la construction d’une fiction sans personnage. Chaque note perdue / abandonnée, reproduite à taille réelle, comme un trompe-l’oeil, devient objet pérenne.

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Impression numerique sur papier bouffant, couverture toilé, 25 x 37 cm, 2013

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SPAM

Je n’ai pas mis d’avertissement « stop pub » sur ma boîte aux lettres. Je me dis souvent qu’il est quand même bête de ne rien faire avec toutes ces images4 que l’on reçoit gratuitement chez soi. Durant ma troisième année d’école, en design graphique, je les gardais dans un coin de ma chambre, en pile, au cas où. J’ai finalement tout jeté à la fin de l’année, cela prenait tout un coin de ma chambre.

Ce n’est quand même pas très écologique, de ne pas mettre d’avertissement « stop pub ».

4. SPAM est un projet éditorial entamé en janvier 2014, qui s’est développé sur 3 mois. Pensé comme une tentative de Spam analogique, ce projet amorce une réflexion sur les modes de diffusion de l’image et de l’édition. Le protocole est le suivant : dix personnes choisies (des artistes, des amis, des anciens professeurs, une maison d’édition) reçoivent une publication une fois par semaine, par voie postale. Sur un papier jour-nal, l’impression est faite à la main en transfert, engendrant par la même occasion une détérioration de l’image. La feuille (format A3) est ensuite pliée en quatre, et tenue fermée par une pastille autocollante, timbrée puis postée. Dans la mesure où il est impossible de savoir si les destinataires reçoivent le courrier, s’il est lu (ou bien jeté à la corbeille), l’idée est autant de questionner notre rapport à l’image que la relation au travail et aux outils de productions de l’image.

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Projet éditorial, 2014

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BH

© BH

® BH

BH™

BH sa

BH inc.5

5. BH, produit en 2015 à Genève, est une enseigne lumineuse créée à partir du ‘‘logo trouvé’’ sur un camion-toupie (mes propres initiales). En gardant la déformation et l’angle pris sur la photographie, les deux lettres, appropriées par isolement et agrandissement, deviennent signa-ture, logo éventuel d’une entreprise qui n’existe pas. À travers l’utilisation des médiums de la communication, cette pièce rend floues les frontières entre objet d’art et objet marchand, confrontant le spectateur à un objet manufacturé, qui n’en est finalement pas un, reproduisant une identité visuelle que l’on pourrait imaginer multiple, mais qui est ici objet unique. Sont présentées avec la pièce Quatre photographies d’un camion-toupie avec mes initiales, toutes quatre prises à la suite, décomposant le mouve-ment de la toupie, jouant la référence avec l’art conceptuel.

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Metal, plexiglas, néon, système electrique, 40 x 60 x 10 cm / Photographie numerique, encadrement, 4 tirages 15 x 35 cm, 2015

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Lack (12 kilos), Suggestion de présentation

Mes travaux, tant quand j’étais en design gra-phique que maintenant, sont très souvent basés sur des modèles6 que je m’approprie. Ils sont pratiques pour trois raisons :

1. Ils sont bien faits.2. On peut y mettre ce que l’on veut.3. Leurs tailles sont trouvables sur internet.

6. Lack (12 kilos), produit en 2015 entre Genève et Saint Hernin, re-prend les proportions exactes d’une table Lack Ikea, best-sellerde la firme. Prenant le contrepied de la table d’origine, conçue pour engendrer le moins de coût possible, celle-ci est en hêtre massif. Oscillant entre dispo-sitif de monstration et sculpture minimale, entre onctionnel et décoratif, Lack (12 kilos) reconsidère la place de la sculpture, dans une pratique per-sonnelle multiple, où j’endosse tour à tour le rôle de designer graphique, artisan et artiste.

Suggestion de présentation est une exposition qui s’est déroulée le 26 septembre 2015 à Rennes sur une proposition de IDEA - Zelarrayan, (International Domestic Exhibitions by Affinity), et qui propose la mise en place d’un dispositif de monstration/consultation pour livre d’artiste. Jouant encore avec un modèle préexistant, la Ikea Billy, l’étagère dispose d’une seule étagère ou sont posés des livres. Une odeur de pin flotte dans l’espace. Au mur, une photographie de qualité moyenne d’une scierie est accrochée, imprimée sur papier recyclé au format A3.

Construit pour l’exposition, cette étagère est composée avec un bois premier prix, dont la découpe a été faite en magasin. Le bois ne dégageant aucune odeur, celui-ci est par la suite imbibé de quelques goûtes d’essence de pin achetée dans le commerce, et augmenté d’une photographie directe-ment imprimée depuis internet.

Ce dispositif permet autant d’expérimenter des manières d’exposer le livre (en le gardant consultable), que de questionner le statut de ses objets, produits à très peu d’exemplaires, mais qui reprennent l’esthétique d’un objet multiple et manufacturé.

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Bois massif (hêtre), 55 x 55 x 55 cm, 2015

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Suggestion de présentation, vues d’exposition, Rennes, Septembre 2015.

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Bois massif sapin, essence de pin, livres, impression laser sur papier recyclé, 202 x 80 x 28 cm, 2015

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113 noms d’artistes corrigés par Word

Il est très difficile d’écrire Broodthaers correctement7; plus encore de le dire à l’oral. Un ami disait « Broudzaèrs », moi pendant un temps j’ai dit « Brouteurs » ; apparem-ment ça se dit « Brotars ».

7. 113 noms d’artiste corrigés par Word est un petit livre produit en 2015 à Genève et publié à 30 exemplaires. Pour ce projet, la production est divisée en deux temps ; premièrement, le contenu est généré rapidement avec un protocole simple : d’une liste d’artistes en art contemporain provenant de Wikipedia, je sélectionne les noms d’artistes que je connais, puis ceux-ci sont corrigés par un simple clic droit dans Word (leurs noms de famille) L’opération remplace des noms propres (considérés comme des fautes par le logiciel) par des noms communs. Le livre est ensuite entiè-rement composé en typographie plomb, une technique traditionnelle d’impression, qui demande beaucoup d’heures de production. Tout en portant un regard ironique sur le monde de l’art, 113 noms d’artiste (…) est aussi un moyen de ré-interroger le médium du livre et sa production.

Un « plagiat » de cette édition a été produit en 2016, 112 noms d’artistes corrigés par Open Office, et dont la production me sembla nécessaire quand 113 noms d’artistes corrigés par Word fut exposé derrière une vitrine le rendant non-consultable. Imprimé à bas coût sur une imprimante laser noir et blanc en tirage non limité, il fut proposé gratuitement au public le temps de l’exposition du livre.

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Edition, impression en typographie plomb sur papier bouffant, 9 x 13 cm, 2015

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Suggestion de présentation, série de photographies

au magasin IKEA Genève,Mai 2015.

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112 noms d’artiste corrigés par Open Office,

edition plagiat, Decembre 2015.

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Livres

J’ai toujours eu envie de faire un très gros livre8.

8. Livres a été produit en 2015, à Genève. Ce projet est pensé lors de la production d’un port-folio, pour présenter mes différentes publications. S’il n’est pas envisageable d’envoyer à un jury une édition originale, il est difficile de se résoudre à mettre uniquement deux ou trois images des livres ouverts, le risque étant de tronquer le projet. C’est pourquoi j’ai photoco-pié un par un chacun de mes livres dans leurs intégralité à l’échelle 1/1, et ainsi conservé le rythme et la temporalité de lecture inhérente au livre. Réunissant les livres produits entre 2012 et 2014 à Rennes, cette produc-tion est aussi un moyen de prendre du recul et de « faire le point » sur une pratique de l’édition développée durant ma formation en design graphique. En résulte un livre au format A3, composé de plus de 600 pages recto verso.

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Edition, photocopie noir et blanc, 29,7 x 42 x 6,5 cm, 2015

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Accrochage Bachelor, juin 2015

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2015 - 2016

Ramer paraît très simple au premier abord9. Or il semblerait que c’est un art qui s’est perdu peu à peu. Voici certaines choses à savoir pour ramer avec une petite barque. Quand on débute, on est le plus souvent confronté à des barques assez basiques, plutôt longues et étroites et donc assez ins-tables, alors attention quand vous montez à bord. Le premier pied doit être posé au centre du bateau, pour provoquer le moins de mouvement et de remous possible. Ensuite, asseyez-vous en arrière, c’est-à-dire dans le sens contraire de la marche, ce qui vous fera ramer vers l’avant.

Puis, prenez la rame qui se trouve du côté de l’eau, installez-la en la passant dans le tolet, puis calez-lasous le banc en face de vous, pour la maintenir hors de l’eau. Saisissez l’autre rame puis – toujours assis – éloignez-vous du quai en poussant celui-ci avec votre main libre. Placez la seconde rame dans le tolet. Saisissez la première rame, et ramez.

Installation, technique mixte, dimension variable, en cours.

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Un bon rameur va faire pivoter la rame quand elle sort de l’eau la plaçant ainsi à l’horizontale, de sorte qu’elle aie moins de prise au vent, et qu’elle fende l’air. Pour tourner, il suffit simplement de ramer d’un seul côté. Quand vous accostez un quai, il faut mettre vos rames à l’intérieur de la barque, pour ne pas qu’elles tombent à l’eau. Sortez de la barque comme vous y êtes monté.

9. La première année de master a été une année consacrée à la recherche ; elle s’est axée sur des les figures du voleur, du copieur, du faussaire. Rassemblant différents éléments hétéroclites, divers documents et personnages se croisent : des voleurs connus, l’aventure de « Tintin et l’oreille cassée », les duplicateurs à alcool ou encore les machines produisant de l’écho. Rassemblé autour de la maquette fictive de l’intérieur de la maison de Stephan Blumberg, connu aux États-Unis pour avoir volé des livres pendant plus de vingt ans à divers musées et bibliothèques, celle-ci est pensé comme une espace mental, un lieu où pourrait prendre place la fiction que cette documentation glanée semble induire. Les photographies qui suivent font état de l’avancement du projet, celui-ci étant toujours en cours. Un tissus imprimé d’une copie d’écran de mon dossier ou sont rangé mes images de recherche fait office de « couverture théorique », et est activé lors des présentations de la maquette.

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Lapsteel

Je joue de la guitare depuis que j’ai 7 ans. J’en ai jamais fait grand chose, alors que je joue assez bien. Je joue pour moi, dans ma chambre.

10. Lapsteel est une sculpture à activer. Produit en 2017, elle prend comme point de départ l’instrument du même nom, un instrument hawaïen qui ressemble à une guitare, mais qui se joue à plat avec un morceau de métal. Cette nouvelle façon de jouer de son instrument, en surélevant les cordes, puis en glissant un morceau de métal, découvert à Hawaï à la fin du XIXe siècle, gagne rapidement en notoriété dans les années 20 et 30 aux états unies. Quand il se voit électrifié et amplifié, il devient un instru-ment privilégié dans la Country/Folk américaine à partir des années 40. Dans la configuration traditionnelle « country », le joueur de Lapsteel est toujours en arrière plan de la musique, et vient de temps en temps « ornementer » le morceau. Il y a une raison bien précise à cela : la hauteur de la lapsteel étant la même que celle de la voix, le joueur doit composer avec le chanteur, et ainsi joue de son instrument dans les inters-tices de la voix, l’un répondant à l’autre, pour ne pas se brouiller.

L’instrument ici adapté à une table qui reprend les formes d’une IKEA Lack allongée s’expérimente d’abord comme sculpture minimaliste (proche d’un cube). Enfin, quand le discours et la forme s’essouffle, qu’il n’y a plus rien à dire, il suffit d’aller jouer de l’instrument pour décorer et combler l’espace vide.

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Bois contreplaqueé, gravure laser, corde de guitare, métal, plastique, electronique de guitare, 90 x 55 x 45 cm, 2017

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Accrochage Master, juin 2017

Installation, sculpture, livres, maquette,tissus, amplificateur, dimension variable, 2017

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Repro du Léman

J’ai toujours eu envie d’avoir ma propre maison d’édition10.

11. Repro du Léman est un collectif d’édition formé en 2015 et composé de cinq membres. Nous avons pour point commun d’avoir été étudiants à la HEAD au sein de l’option Appropriation. Nos pratiques individuelles sont multiples, allant de la peinture au dessin, en passant par l’objet, l’installation et la vidéo. Nos approches et nos questionnements en viennent néanmoins à se ressembler. Comment et par quels moyens travail-ler avec les images ? Comment emprunter, modifier et générer un contenu critique ? Quels sont les enjeux actuels de l’exposition et comment trans-mettre quoi ? au public potentiel ? Quelles sont les frontières entre art, savoir-faire, discours et politique ? Comment proposer un contenu riche et ambivalent visant à questionner le regardeur ? Rassembler sous le nom du collectif Repro du Léman, l’idée n’est pas uniquement notre regroupe-ment sous une même bannière et la publication de nos productions, mais plutôt le défi de travailler ensemble en proposant des éditions collectives, ainsi que des expositions. Nous cherchons à mettre en place une sorte de conversation, d’échange entre micro-édition, discours et art contemporain.

En plus de participer à différents salons d’édition (Fanzine ! Festival, FILAF …), nous avons organisé deux expositions sur invitation.

La première, Un perroquet témoin clé dans une affaire de meurtre, s’est déroulée à la Fanzinothèque Moderne de Poitiers sur l’invitation du Confort Moderne du 6 au 24 septembre 2016. Le principe était d’occu-per la vitrine de l’espace, en présentant notre travail et nos productions. Voulant éviter à tout prix la clôture de nos productions derrière une vitre, nous avons décidé d’y créer une fiction : un perroquet gît dans la galerie, un livre rouge et brillant trône sur un socle, il semble léviter. Impossible de le consulter.

Sur la vitrine un texte reprenant la mise en page d’un ouvrage de littéra-ture classique conte l’histoire. Le perroquet en est le premier protagoniste, il a été happé par le pouvoir du mystérieux du livre et n’a pas pu survire dans le white cube.

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Le perroquet questionne la place et la nécessité du spectateur dans l’espace d’exposition ; le livre est l’objet d’art, le code « mystique » mis en place par l’artiste dont émane une « aura » dans ce cas ridicule et mortelle. L’ensemble de l’intrigue est lisible de l’extérieur de l’espace, il est pensé pour un public externe au lieu. Nous avons produit de nombreux textes durant notre résidence à Poitiers, tous racontent l’histoire de l’exposition. Ils reprennent les formes et les styles de différents genres littéraires, allant du roman de gare, à la pièce de théâtre en passant par le registre épique ou le journal. Ils illustrent la subjectivité du récit et mettent en lumière les constructions et les partis-pris de l’auteur. Cet ensemble de dix textes rassemblés en une boîte a donné lieu à une édition, reprenant la forme de la vitrine de la Fanzinothèque. L’objet comprend l’ensemble des narrations sous forme de livrets indépendants, rejouant la mise en page des genres auxquels ils se réfèrent.

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La seconde est une exposition/présentation dans le cadre de la proposi-tion SKOOB dans l’espace One Gee in Fog sur l’invitation des éditions Clinamen. L’idée était de travailler à partir de la collection « de livres trouvés » que j’ai collectés avec un autre membre du collectif, de créer un glissement, une narration entre les ouvrages. Cette proposition se donnait à voir sous forme de bibliothèque, mais aussi sous la forme d’une Mixtape (sélection de passages lus) autour de question d’appropriation , de col-lection et du médium livre. L’aspect « rétro » de la Mixtape soulignait la désuétude des connaissances compilées par le biais de cette collection de « livres trouvés ».

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Projet en cours

Léticia Chanliau, Brieg Huon et Samuel Lecocq, ont créé un Atelier de recherche et de production. Cet atelier physique et/ou conceptuel (virtuel) s’organise autour de Sessions de travail. Elles prennent la forme de discussion et de moment de production. Une plateforme (un site internet à venir) permettra de rendre compte du processus de travail en cours, ainsi que l’archivage des projets.

L’Atelier s’organise autour de questionne-ments dans le champ de l’art contemporain en lien avec leurs pratiques respectives : la recherche et l’étude de dispositifs capables de générer des trames narratives. Le projet assume une indécision temporaire, mouvante, autant conceptuellement que formellement, envisagé comme une construction en briques molles.

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Session I : Catfish blues

Le point de départ est un objet : le trumeau. Traditionnellement, il est com-posé d’un miroir, d’une image (à l’origine d’une peinture), et d’un cadre ; autrement dit une représentation picturale, une repré-sentation de l’environnement dans lequel il se trouve, et une structure liante. Objet hybride son statut alterne entre décoratif et utilitaire.

Les pièces issues de cette première Session proposent une réappropriation contemporaine de cet objet historique. Dans chacun d’eux, les éléments qui le constituent habituellement fusionnent et s’envahissent mutuellement. Des acteurs extérieurs (poisson-chat et figuier de bar-barie) se mêlent à l’ensemble et génèrent formes et motifs. Leur histoire, en réson-nance à celle du trumeau, formule des postures de résilience et multiplie les points de vue autour de la question de l’invasion et de la contamination.

Le trumeau est un objet aux contours et aux définitions imprécises. Ballotté entre les modes et les avancées techniques, le trumeau est tout d’abord appelé entre-fenêtre : en termes d’architecture, c’est un mur solide et massif entre deux croisées ou fenêtres. Aussi, ces murs reçoivent au XVIe siècle des peintures spécialement produites pour habiller cet interstice. Son emplacement en contre-jour dessert la plupart du temps l’ouvrage de peintures, c’est pourquoi leurs factures vont petit à petit s’appauvrir. Dès que les glaces deviennent abordables, les peintures vont se réduire en taille (et en importance), se placer en haut du trumeau, et la partie inférieure sera occupé par un large miroir. C’est ainsi que l’assemblage peinture / miroir vient à se nommer trumeau, et n’est plus placé entre les fenêtres, mais au-dessus d’une cheminée. Passé de mode dès la moitié du XVIIIe siècle, il devient un terme péjoratif. Un « vieux trumeau » désigne une personne âgée, en particulier une vieille femme outrageusement fardée.

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Ictalurus melas est la dénomination scientifique du poisson-chat commun. Il vit dans les eaux calmes des cours d’eau ou dans les étangs. Poisson sans écailles, il mesure en moyenne de 15 à 20 cm et pèse entre 100 et 300 grammes. Il dévore tout ce que les autres poissons ne mangent pas, jusqu’aux oeufs de leurs congénères. Le poisson-chat est depuis le 8 novembre 1985 considéré comme une espèce suscep-tible de provoquer des déséquilibres biologiques (cf. Article R432-5 du code de l’environnement). Il est interdit de les relâcher ou de les transporter vivant. Ils doivent être détruits immédiatement après leur capture.

Les figuiers de barbarie ou figuiers du diable sont originaires du Mexique, ce sont des cactus fruitiers. Ils ont été importés en Europe par Christophe Colomb comme des « curiosités » végétales et se sont rapide-ment diffusés dans le bassin méditerranéen, au point de devenir un élément caractéris-tique du paysage. Leur forte prolifération est principalement due à leur multiplication

végétative (il suffit de replanter une raquette, la palme du cactus, pour générer un nouvel individu), additionné à une dispersion importante de graines par les oiseaux. Dans la plupart des pays où ils ont été introduits, les figuiers de barbarie furent rapidement perçus comme un fléau. Ils sont considérés comme une espèce invasive et envahissante. D’une part à cause de leur atteinte à la biodiversité, et d’autre part en raison de leur impact sanitaire et économique (destruction des cultures, appauvrissement des sols, etc.).

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Bois (sapin, sipo), verre, miroir sans tain, plexiglas, moteur de poubelle à ouverture automatique, métal (acier),

4 poissons chats, elastiques, système d’éclairage LED, detetcteur de mouvement infrarouge.

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Ce porfolio a été composé en Sabon.