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BULLETIN DE L’ÉTÉ 2010 A l’heure où ces mots sont écrits, quarante soldats sont morts pour la France en Afghanistan. Les titres des journaux qui rendent compte de ces événements sont les mêmes que s’il s’agissait de faits divers ou d’accidents du travail (…) Le soldat tué au combat est dépeint comme une victime passive qui subit un sort contraire, un peu comme lors d’une catastrophe aérienne. Et le pouvoir politique a renforcé cette idée en 2008 lorsque le ministre de la Défense a accompagné en Afghanis- tan les familles des soldats tués lors de l’embuscade d’Uzbin. Il n’est donc pas surprenant que certaines de ces mêmes familles portent plainte quelques mois plus tard pour mise en danger de la vie d’autrui. Dans le cadre d’un pro- cessus de victimisation, il est naturel de chercher les coupables qui ont créé les victimes. Pourtant, il semble beaucoup plus juste et profi- table pour la société française de remettre à l’honneur la figure du héros militaire qui a disparu au profit de celle de la victime. Ces événements récents s’inscrivent dans une évolution plus large et plus ancienne qui tend à substituer la figure de la vic- time à celle du héros. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne le héros militaire, qui n’existe plus depuis la Résis- tance. Pourtant, l’étymologie du mot “héros” nous apprend que ce terme est un emprunt du grec hérôs, c’est-à-dire un chef militaire de la guerre de Troie comme Ulysse ou Agamemnon. (…) Par la suite, la Grande Guerre a continué à mettre à mal le concept de héros. En raison du nombre abominable de tués, le soldat a commencé à devenir une victime. La Shoah consti- tue en outre l’étape déterminante vers la valorisation de la vic- time, et ce mouvement aboutira à la naissance de la victimologie en tant que discipline indépendante au début des années 1960. De nos jours, on assiste en France à la création de communautés qui se soudent autour de leurs souffrances passées ou présentes comme les “indigènes de la République”. Cette démarche aboutit au constat que “les victimes incarnent une nouvelle forme d’hé- roïsme”. Un exemple frappant de l’héroïsation de la victime est constitué par la personne d’Ingrid Bétancourt. En effet, le prési- dent de la République lui a remis les insignes de chevalier de la Légion d’honneur le 14 juillet 2008 peu de temps après sa libéra- tion par les FARC de Colombie. Pourtant, il est difficile de dis- cerner en quoi M me Bétancourt a fait preuve «de mérites éminents acquis au service de la nation soit à titre civil soit à titre militaire». On peut donc penser que cette haute distinction lui a été conférée en tant que victime d’une très longue et éprouvante séquestration. Cependant, la victimisation à ou- trance et l’exploitation politique et médiatique qui peut en être faite ne servent pas les personnes qui ont subi des préjudices, mais au contraire les enferment dans une sorte de statut so- cial. Au niveau de la société, l’irruption de la victime sur le devant de la scène politique est également dangereuse car celle-ci ne parle qu’un seul langage : celui de l’émotion au détriment de ce- lui de la raison, servant l’atteinte des objectifs fixés. Pour revenir aux soldats français tués en Afghanistan, ceux-ci n’étaient pas des victimes consentantes mais des hommes qui ont choisi librement d’aller au bout de leur engagement pour les valeurs de la nation. Bien plus, la plupart d’entre eux n’ont pas subi la mort mais se sont battus avec un héroïsme remarquable. La famille du brancar- dier-secouriste d’Uzbin fait partie de celles qui ont déposé plainte. Au-delà de cette démarche, il est certain que le processus de deuil de cette famille aurait été grandement facilité en mettant à l’honneur l’héroïsme de leur proche plutôt qu’en le présentant comme une victime. (…) A l’heure où l’Etat français sent le be- soin d’interroger ses citoyens sur l’identité nationale, il faudrait élargir le débat en s’interrogeant sur les modes de fonctionnement de notre société afin de remettre à l’honneur le héros et abandon- ner un discours trop victimisant. En s’appuyant sur ces authen- tiques héros militaires, le pouvoir politique offrirait en outre des modèles pour une jeunesse en quête de sens, pas seulement à cause de leur mort ni en tant que guerrier mais grâce au caractère absolu de leur engagement au service des valeurs de la France. SoldatS françaiS tombéS en afghaniStan rendez-nous nos héros ! L’intégralité de ce très beau texte de Samuel Duval, chef d’escadron et officier stagiaire au Collège interarmées de défense (CID), peut être consulté sur le site www.lemonde.fr, où il a été publié le 11 mars dernier dans la rubrique “Opinions”.

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A l’heure où ces mots sont écrits, quarante soldats sont morts pour la France en Afghanistan. Les titres des journaux qui rendent compte de ces événements sont les mêmes que s’il

s’agissait de faits divers ou d’accidents du travail (…) Le soldat tué au combat est dépeint comme une victime passive qui subit un sort contraire, un peu comme lors d’une catastrophe aérienne. Et le pouvoir politique a renforcé cette idée en 2008 lorsque le ministre de la Défense a accompagné en Afghanis-tan les familles des soldats tués lors de l’embuscade d’Uzbin. Il n’est donc pas surprenant que certaines de ces mêmes familles portent plainte quelques mois plus tard pour mise en danger de la vie d’autrui. Dans le cadre d’un pro-cessus de victimisation, il est naturel de chercher les coupables qui ont créé les victimes. Pourtant, il semble beaucoup plus juste et profi-table pour la société française de remettre à l’honneur la figure du héros militaire qui a disparu au profit de celle de la victime.

Ces événements récents s’inscrivent dans une évolution plus large et plus ancienne qui tend à substituer la figure de la vic-time à celle du héros. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne le héros militaire, qui n’existe plus depuis la Résis-tance. Pourtant, l’étymologie du mot “héros” nous apprend que ce terme est un emprunt du grec hérôs, c’est-à-dire un chef militaire de la guerre de Troie comme Ulysse ou Agamemnon. (…) Par la suite, la Grande Guerre a continué à mettre à mal le concept de héros. En raison du nombre abominable de tués, le soldat a commencé à devenir une victime. La Shoah consti-tue en outre l’étape déterminante vers la valorisation de la vic-time, et ce mouvement aboutira à la naissance de la victimologie en tant que discipline indépendante au début des années 1960.

De nos jours, on assiste en France à la création de communautés qui se soudent autour de leurs souffrances passées ou présentes comme les “indigènes de la République”. Cette démarche aboutit au constat que “les victimes incarnent une nouvelle forme d’hé-roïsme”. Un exemple frappant de l’héroïsation de la victime est constitué par la personne d’Ingrid Bétancourt. En effet, le prési-dent de la République lui a remis les insignes de chevalier de la

Légion d’honneur le 14 juillet 2008 peu de temps après sa libéra-tion par les FARC de Colombie. Pourtant, il est difficile de dis-cerner en quoi Mme Bétancourt a fait preuve «de mérites éminents acquis au service de la nation soit à titre civil soit à titre militaire». On peut donc penser que cette haute distinction lui a été conférée en tant que victime d’une très longue et éprouvante séquestration.

Cependant, la victimisation à ou-trance et l’exploitation politique et médiatique qui peut en être faite ne servent pas les personnes qui ont subi des préjudices, mais au contraire les enferment dans une sorte de statut so-cial. Au niveau de la société, l’irruption de la victime sur le devant de la scène politique est également dangereuse car celle-ci ne parle qu’un seul langage : celui de l’émotion au détriment de ce-

lui de la raison, servant l’atteinte des objectifs fixés. Pour revenir aux soldats français tués en Afghanistan, ceux-ci n’étaient pas des victimes consentantes mais des hommes qui ont choisi librement d’aller au bout de leur engagement pour les valeurs de la nation. Bien plus, la plupart d’entre eux n’ont pas subi la mort mais se sont battus avec un héroïsme remarquable. La famille du brancar-dier-secouriste d’Uzbin fait partie de celles qui ont déposé plainte.

Au-delà de cette démarche, il est certain que le processus de deuil de cette famille aurait été grandement facilité en mettant à l’honneur l’héroïsme de leur proche plutôt qu’en le présentant comme une victime. (…) A l’heure où l’Etat français sent le be-soin d’interroger ses citoyens sur l’identité nationale, il faudrait élargir le débat en s’interrogeant sur les modes de fonctionnement de notre société afin de remettre à l’honneur le héros et abandon-ner un discours trop victimisant. En s’appuyant sur ces authen-tiques héros militaires, le pouvoir politique offrirait en outre des modèles pour une jeunesse en quête de sens, pas seulement à cause de leur mort ni en tant que guerrier mais grâce au caractère absolu de leur engagement au service des valeurs de la France.

SoldatS françaiS tombéS en afghaniStan

rendez-nous nos héros !

L’intégralité de ce très beau texte de Samuel Duval, chef d’escadron et officier stagiaire au Collège interarmées de défense (CID),

peut être consulté sur le site www.lemonde.fr, où il a été publié le 11 mars dernier dans la rubrique “Opinions”.

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2 BULLETIN DE L’ÉTÉ 2010

aCtion “l’exCellenCe par l’étude”

nos boursiers ont la pêche !SecourS de France soutient depuis 2006 les meilleurs projets de formation de jeunes de la 3ème génération harkie. Certains d’entre eux en effet ont du mal à boucler des études prometteuses parce qu’il leur manque de quoi couvrir tel ou tel coût de leur formation. Nos donateurs pourront juger – sur les trois cas que nous présentons ci-dessous – de la qualité de leur engagement personnel, dans un projet de vie.

devenir “ingénieur d’affaires” à l’international

Nabil Semida, 23 ans, fait partie

de ces jeunes issus d’une filière tech-nologique (bac de génie mécanique et BTS d’automa-tismes industriels) qui se donnent les moyens de grim-per plus haut, à bac + 5, au niveau de leurs ambitions. “Pour moi, la com-pétence technique

n’est pas une fin en soi. Elle doit rester au ni-veau des moyens et au service des projets. Je veux devenir ingénieur, rien de moins : le premier ingénieur de la famille ! Avec des ob-jectifs, des fournisseurs, des clients, des res-ponsabilités… ”

Nabil a donc postulé et réussi en 2007 au concours d’entrée du cycle “ingénieur d’af-faires” de l’Ecole Supérieure de Commerce et Technologie du Groupe Euromed de Toulon. Une formation en alternance, avec des stages en entreprise et à l’international, pour maîtri-ser toutes les dimensions techniques et com-merciales d’un projet industriel, de l’étude marketing à la relation client.

Son stage de fin d’études le conduit ac-tuellement à dresser un audit complet des circuits de distribution et de retraitement de la Société des Eaux de Marseille, en quête d’amélioration de sa chaîne logistique et de ses performances qualitatives ou environne-mentales.

Nabil a gardé un très grand souvenir de son semestre d’études à l’Université de Bue-nos Aires, et rêve aujourd’hui de travailler à l’international. Avec le français, l’arabe et l’espagnol qu’il domine parfaitement, et un anglais qu’il a résolu de perfectionner dans l’année, c’est un candidat qui saura faire son chemin partout. La lettre de motivation qu’il avait adressée au Secours de France en donnait d’avance la principale raison : une éthique de rigueur et d’engagement person-nel, dans le respect des autres, au service d’une ambition. n

Le grand-père de Nabil, caporal-chef Mohamed Semida,

a été blessé en Indochine, et a fini sa carrière militaire comme sergent au 39e RI.

une passion pour la Qualité

Sandra Boulmaiz a 21 ans, une

formation initiale scientifique (licence de chimie), et un projet profession-nel bien arrêté : rejoindre au sein d’une entreprise l’équipe chargée des contrôles et du

développement des systèmes Qualité. “C’est un secteur plein d’avenir, surtout

depuis l’évolution vers des dispositifs inté-grant au contrôle Qualité des produits et des services toutes les autres contraintes liées à l’hygiène, à la sécurité et à l’environnement. Dans le master que je prépare actuellement à l’Université Paul Cézanne de Marseille, l’es-sentiel des cours est assuré par des profes-sionnels, avec beaucoup d’applications pra-tiques : on ne risque pas de se noyer dans la théorie, sans vision concrète du métier que nous souhaitons exercer !”

Pour boucler son Master 1 “Profession-nel en Analyse et Qualité”, Sandra vient de décrocher un stage de six mois au centre de recherches du Commissariat à l’Energie Atomique de Cadarache : une référence prestigieuse, qui va compter dans son cur-riculum vitae.

Elle espère bien obtenir son Master 2 l’année prochaine, pour faire ensuite ses premières armes dans un métier rigoureux, au cœur des nouveaux défis stratégiques de l’entreprise, et qui la passionne complè-tement.

En attendant, Sandra ne recule pas de-puis 2006 à participer au financement de ses études en multipliant des “jobs d’été” sou-vent ingrats : conditionnement de charcute-rie industrielle, nettoyage de bureaux, etc. La bourse du Secours de France tombe à pic pour lui permettre de concentrer toute son énergie sur le stage au CEA de Cadarache, qui va durer jusqu’à la fin du mois de sep-tembre 2010. n

Le grand-père de Sandra, Sergent Ahmed Boulmaiz, a servi successivement, dans les

années cinquante, au 16e Régiment d’Infanterie Coloniale et au 21e Spahis.

Il y a obtenu la Croix de Guerre, celle de la Valeur Militaire et deux citations

à l’ordre de la Brigade.

Sergent-dessinateur, et de la suite dans les idées !

Philippe Maka-brou est un in-

corrigible fonceur, servi par un formi-dable appétit de vivre et de parta-ger. A 27 ans, il a déjà visité la moi-tié de l’Europe, les Etats-Unis, le Brésil, appris la boxe anglaise et la capoeira, réalisé cinq fresques monu-mentales pour des villes de Provence, passé son brevet de secouriste, suivi des formations militaires et obtenu le grade de sous-officier sergent réserviste au 21e RIMA de Fréjus…

Sa passion cardinale, c’est la création par l’image, la peinture, le dessin. Et spécialement le dessin animé. Il se prépare aujourd’hui à y faire carrière par une formation d’assistant réalisateur à l’Ecole des Métiers du Cinéma d’Animation d’Angoulême. Avec un grand projet personnel : réaliser un jour un long mé-trage d’animation sur l’histoire des harkis.

“Je pensais en faire mon film de fin d’études, et j’accumule depuis longtemps toute la documentation possible au plan his-torique et iconographique. Mais, sur un sujet aussi grave, aussi fort au regard de mes ori-gines familiales, je ne veux pas virer dans le pathos, la désinformation du politiquement correct ou la langue de bois. J’attendrai donc d’être mûr sur le fond et la forme pour monter le projet.” Sage résolution.

En attendant, Philippe s’initie à fond aux techniques du numérique qui sont en train de révolutionner tout l’univers de l’image, de la photographie au cinéma. L’année pro-chaine, il sera diplômé et pourra intégrer un studio de création.

Avis aux producteurs, scénaristes et réalisa-teurs de dessins animés : ce sergent-là est de

taille à les étonner. S’il devient un jour une vedette dans l’uni-vers de la création numérique, il le devra à ce que son acharne-ment et son énergie personnelle ont réussi à faire d’un potentiel de talent. Secours de France pourra alors se féliciter de l’avoir écouté et un moment soutenu dans son projet de vie. n

Le grand-père de Philippe, Larbi Makabrou, a servi dans l’Armée Française en Grande Kabylie.

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3BULLETIN DE L’ÉTÉ 2010

19 marS 1962 (suite)

mémoire sélective : de Katyn à evianDurant 45 ans, l’Union Soviétique et ses amis ont attribué aux Allemands le massacre des officiers et de l’élite polonaise à Katyn. Alors que la vérité était connue depuis longtemps, le film “Katyn” ne fut diffusé en France qu’en 2009, de manière très confidentielle, et dans de toutes petites salles. Patatras ! Le drame du 10 avril fait connaître au monde entier les vrais responsables du crime de Katyn, et leur volonté de tuer la Pologne en exterminant ses élites.

La Vérité, sœur préférée de la Justice, finira toujours par ressortir du puits où les falsificateurs pensaient

l’avoir noyée.Depuis plus de cinquante ans, certaine association d’An-ciens Combattants dans la même mouvance, prétend imposer à la France le 19 mars 1962, première station du chemin de croix des harkis et des pieds-noirs, sans oublier les militaires disparus, comme seule et unique date de célébration de la fin de la guerre d’Algérie.Très habile, elle instille ses thèses auprès des élèves des lycées et collèges par le biais de l’exposition sur la guerre d’Algérie présentée par le GAJE (Guerre d’Algérie Jeunesse En-seignement). Toute l’exposition et le questionnaire (…!) sont ac-cessibles sur internet.Faisant fi de décisions prises en toute légitimité républicaine, elle disqualifie les cérémonies mémorielles du 5 décembre et interdit à ses membres d’y participer sous peine d’exclusion (Rueil-Mal-maison, Draguignan, etc…). Tous ses contradicteurs sont des

“extrémistes”, des “suppôts de l’OAS”, etc…. La guerre d’Algérie était une “sale guerre”. Les appelés en furent les “malgré nous”. “Vivent les accords d’Evian et la paix qui s’en suivit” (au prix de plus de 80 000 morts dans l’année 1962… et l’on sait dans quelles conditions).Un certain nombre d’associations, dont l’UNC et le se-cours de France se sont mobilisées en écrivant aux Maires de France pour leur expliquer la réalité des “Ac-cords d’Evian”, obligeant la FNACA à se défendre par une lettre circulaire dans le plus pur style stalinien.

Par ailleurs, son opposition forcenée à l’hommage aux victimes innocentes du 26 mars 1962, et à l’inscription de leurs noms sur le monument du Quai Branly à Paris, lui a valu une réponse ferme et nette de M. Falco, Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants. Celui-ci a demandé que les personnalités officielles s’abstiennent désormais de toute participation aux cérémonies du 19 Mars.La Vérité, sœur préférée de la Justice, finira toujours par s’im-poser… M.C.

le film Sur leS harKiS

entre vérité et préjugés : La BlessureSous le titre initial Le drame des harkis, nous vous avons déjà annoncé la participation financière du SecourS de France à ce film. Produit par la même équipe qui a réalisé l’excellente série Apocalypse sur la deuxième guerre mondiale et programmé lundi 20 septembre à une heure de grande écoute (20h30) sur FR3, il s’annonçait comme un événement important, peut-être le dernier susceptible de faire connaître enfin à un large public la vérité sur la tragédie vécue par les harkis, nos compagnons d’armes.

La lettre d’intention et le synopsis qui nous étaient proposés répondaient pour

l’essentiel à cette préoccupation et portaient sur ce drame un regard de vérité.

Ce projet s’accordait par ailleurs complè-tement, tant avec les missions du SecourS de France dans son soutien permanent aux harkis qu’avec les objectifs récents de l’association qui visent à rétablir – par les moyens de l’écrit et de l’audiovisuel – la vérité sur notre histoire récente. Nous avons donc adhéré avec enthousiasme à ce projet, tout en nous réservant, en cours de réalisa-tion, d’intervenir sur des points essentiels.

C’est la situation devant laquelle nous venons de nous trouver et qui a fait appa-raître la difficulté de l’exercice ; un docu-ment sur un sujet aussi sensible présenté sur une chaîne publique ne pouvant échapper complètement à une lecture “politiquement correcte” désormais incontournable.

Une partie des modifications que nous avons proposées a cependant bien été prise en compte, sans que disparaisse pour au-

tant un sentiment de malaise provoqué par certaines prises de positions, comme le ca-ractère trop majoritairement économique de l’engagement des harkis, l’occultation des responsabilités du général De Gaulle dans cette tragédie, la parole donnée trop souvent à des historiens “engagés” et une présence excessive de la torture.

Il reste cependant un document de qua-lité qui présente la grande nouveauté de montrer le terrorisme FLN dans toute son horreur et celui du massacre des harkis d’une façon poignante.

Nous avons donc été confrontés au di-lemme habituel dès lors qu’il s’agit de communication sur la guerre d’Algérie, partagés entre une attitude inflexible qui aurait condamné le film à la confidentialité ou accepter qu’y restent glissés un certain nombre des préjugés qui courent les mé-dias depuis cinquante ans, mais en sauvant l’essentiel et son objet : l’ information la plus large sur le sort tragique de nos cama-rades harkis.

C’est le choix difficile que nous avons fait. Cependant, pour ne pas apporter notre caution à certains des points évoqués plus haut, nous avons décidé – en l’état actuel d’avancement du film et sous réserve d’ul-times modifications – de ne plus apparaître au générique de ce film comme cela était initialement prévu et de revoir les condi-tions de notre participation financière.

Nous espérons que vous nous rejoin-drez dans cette décision difficile et vous donnons rendez-vous le lundi 20 sep-tembre à 20 h 30 sur FR3 pour la diffu-sion de La blessure, nouveau titre de ce film. n

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4 BULLETIN DE L’ÉTÉ 2010

CinQuantenaire

albert Camus, fils d’alger

in memoriamgénéral alain bizard

Une grande figure de notre armée et un ami du secours de France

vient de nous quitter. Le général de corps d’armée (2S) Alain Bizard, soldat hors du commun, est parti à 84 ans re-joindre l’Archange Saint Michel.Discret, modeste, c’était aussi un hom-me de conviction, un patriote et un chré-tien. Sa carrière est exemplaire, celle d’un officier de terrain aux états de service exceptionnels.En Indochine, où il effectue trois séjours – le dernier se terminant par un saut sur Dien Bien Phu avec ses paras vietna-miens suivi d’une éprouvante captivité au camp n° 1 – et en Algérie où il sert avec le 1er RCP, il totalise trois blessures et dix-huit citations dont sept à l’ordre de l’Armée. Symboles très forts de sa carrière et de ses engagements, ce sont les cavaliers parachutistes du 13ème RDP, les para-chutistes du 8ème RPIMA et les élèves des écoles de Saint Cyr-Coëtquidan qu’il avait commandés qui lui rendaient les honneurs. Son fils, l’abbé Hubert Bi-zard, célébrait la messe. Une délégation du secours de France emmenée par son président Jean-Marie Schmitz, qui avait servi sous ses ordres, était venue lui rendre un dernier hommage.Le général Bizard était Grand Croix de la Légion d’Honneur et de l’Ordre National du Mérite.Adieu, mon général !

R.S.

Cette terre qu’il exalte dans son “Ap-pel pour une trêve civile en Algérie”, le 22 janvier 1956, Albert Camus

en a fait l’un des person-nages principaux de son œuvre. Celle du journaliste comme celle du romancier. Camus publie ses premiers articles dans Alger étudiant en 1934, mais ce sont ses tribunes dans Alger ré-publicain sur la “Misère en Kabylie” qui le font connaître, en 1939 : il y dé-nonce l’injustice sociale et l’incurie du gouvernement colonial à l’encontre de ces populations. En 1942, Camus publie L’Etranger, premier roman d’une série qui, de la pre-mière à la dernière page, à l’exception de La Chute, met en scène cette Algérie qui l’a vu naître. Dans Noces, son recueil de jeunesse, Camus avait chanté le soleil et la mer, les ruines de Tipasa, les sentiers de Djemila ou les gorges de la Chifa, les parfums enivrants qui montaient de la terre et donnaient aux hommes le privilège de jouir, tels des dieux, d’une nature intense, entière. Sur cette terre-là on vivait intensé-ment, plus vite qu’ailleurs, on y mourait aussi plus vite. Le soleil d’Algérie pouvait être cruel : dans L’Etranger, c’est lui qui rendait fou Meursault, l’anti-héros, au point de lui inspirer, en un instant, le meurtre absurde d’un ouvrier arabe croisé sur une plage. Dans La Peste, la chaleur étouffante alourdissait l’atmosphère close de cette ville d’Oran pestiférée. L’Algérie était par-tout, ou presque, dans l’œuvre de Camus.

Le cinquantième anniversaire de sa mort accidentelle fut l’occasion de redé-couvrir la figure contrastée de cet écrivain de gauche rejeté par son propre camp, toujours plus proche de l’homme que de l’idée qui dérive presque fatalement vers l’idéologie et le mépris des êtres. Ce Fran-çais d’Algérie milite pour l’équité sociale, appelle à “rendre toute la justice au peuple arabe d’Algérie”, à le “libérer du système

colonial”, pour construire une “Algé-rie nouvelle”, où vivraient côte à côte et en paix, les “fils différents d’une même

terre” (L’Algérie déchirée, l’Express, 1955-1956).

Mais il récuse jusqu’au bout l’idée d’indépen-dance, qui lui semble elle aussi une injustice et une absurdité historique. Il refuse absolument le terrorisme aveugle de l’ALN, qui lui inspire cette fameuse phrase, au lendemain de son prix Nobel, en décembre1957, trois mois après la fin de la bataille d’Alger : “Je crois à la justice, mais je

défendrai ma mère avant la justice.” Dé-sespéré de la situation qu’il voit évoluer dramatiquement, Albert Camus choisit le silence sur cette question. En mars 1959, il retourne une dernière fois en Algérie, et ar-pente le pays de son enfance, celui des fau-bourgs d’Alger, des vignes de Mondovi, du monde des colons pauvres venus tenter leur chance quelques générations plus tôt, des premiers soubresauts d’un conflit qu’il pressent tragique. Ces souvenirs odorants lui inspirent le chef-d’œuvre inachevé du Premier homme, dont on retrouve le manuscrit sur lui, lors de son accident de voiture, le 4 janvier 1960. Riche de son histoire, de cette exigence honnête qui ne sacrifie rien de la richesse du réel, Le Premier homme est la réponse de Camus à cette tragédie de l’histoire qui s’accomplit sous ses yeux, un chant d’amour vi-brant à une Algérie désormais révolue, dont on goûte, pêle-mêle, l’âpreté et la douceur de vivre, la dureté et l’en-voûtement unique.

Isabelle Schmitz(Chez Gallimard,

collection Folio)

“J’ai aimé avec passion cette terre où je suis né, j’y ai puisé tout ce que je suis, et je n’ai jamais séparé dans mon amitié aucun des hommes qui y vivent, de quelque race qu’ils soient. Bien que j’aie connu et partagé les misères qui ne lui manquent pas, elle est restée pour moi la terre du bonheur, de l’énergie et de la création.”

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5BULLETIN DE L’ÉTÉ 2010

franCophobie

Criminaliser la colonisation française ? Chiche !

contre le peuple algérien et leurs effets retardateurs sur la marche civilisationnelle du développement de l’Algérie, incluant les mines et les essais nucléaires. (Art 13, 14 )

A l’exception de la production pétrolière, et gazière, sans laquelle l’économie algé-rienne serait en faillite, ainsi que 90% des livres et des bibliothèques publiques et pri-vées, l’organisation de l’état-civil, du sys-tème de soins, des fondements du droit pénal civil et social, hérités de la “colonisation” et quoique contraires à la “marche civili-sationnelle.” Quant aux essais nucléaires, il sera souhaitable d’en imputer l’essentiel de la responsabilité au plus fidèle allié de M. Bouteflika, le Général De Gaulle.u La France doit remettre les listes des

Algériens recherchés, morts ou vivants, ainsi que les plans des champs de mines, les archives nationales et les monuments pillés. (Art 15, 16, 17)

Parmi ces citoyens morts et vivants, tous les écrivains algériens de langue française, les Malek Haddad, Kateb Yacine, Mou-loud Ferraoun qui ont reçu leur certificat d’études, à l’époque “coloniale”. Sont, à ce titre, recherchés les millions d’Algériens ayant voté avec leurs pieds pour vivre en France ainsi que leurs descendants.De même, les centaines de milliers de jeunes qui souhaitent s’expatrier chez l’infâme colonisateur et réclament des visas à cet effet… Quant à la restitution des archives et des monuments pillés, stèles funéraires incluses, la réciprocité sera naturellement de droit.u L’avenir des relations bilatérales reste lié

à la reconnaissance par la France de ces crimes et à la réparation des préjudices matériels et moraux causés durant la co-lonisation… (Art. 19)

Sous réserve de nos ajouts, chiche ! Secours de France

Résumons, commentons et complétons (en italique):

u La proposition de loi pour la criminali-sation de la colonisation, déposée sur le Bureau de l’Assemblée Algérienne, a pour objet de condamner la colonisation et tous les actes criminels commis en Al-gérie, de 1830 à 1962. (Art 1)

Parmi les actes criminels, il convient de ne pas faire figurer les milliers de kilomètres de routes et de voies ferrées, les ouvrages d’art construits par la colonisation, tous les ports et aéroports du pays, la quasi-totalité des centres-villes, des bâtiments publics, des écoles et des hôpitaux ou l’assèchement de “l’infecte Mitidja” bien que ces travaux aient défiguré la belle nature algérienne.u Sont ainsi considérés comme tels, les

crimes de guerre, les crimes collectifs et les crimes contre l’humanité… impres-criptibles. (Art 2 et 3)

Doivent faire l’objet d’un avenant : l’aboli-tion de l’esclavage, l’élimination de la pira-terie, l’affranchissement des berbères et des arabes du joug turc, la suppression des po-groms et du statut de sous-hommes imposé aux juifs, la protection des femmes, l’éradi-cation du paludisme et du choléra, le déve-

loppement d’une agriculture ruinée depuis la fin de l’Empire Romain.

u Un tribunal algérien sera spécialement créé à cet effet… Ses séances seront pu-bliques… et ses décisions, définitives...Si un accusé, ainsi convoqué, ne se présen-tait pas, il sera recherché par Interpol. (Art 4 ,5, 7, 8, 9)

Etant admis que, cette Loi étant à usage in-terne et peu compatible avec les principes du Droit international, il ne saurait être ques-tion d’en négocier les termes dans le cadre d’une convention multilatérale sérieuse.

u Toute victime de ces actes a le droit de porter plainte et de demander réparation. (Art 11)

Ont également le droit de demander répara-tion, les milliers de familles de pieds-noirs et de musulmans fidèles à la France, exécutés, égorgés, saignés, ébouillantés ou simple-ment spoliés en Algérie. Peut, en outre, se porter partie civile, la longue cohorte des soldats, médecins, missionnaires, agricul-teurs, ouvriers, morts tout au long de 132 années, pour que vive l’Algérie.

u En cas de décès de l’accusé, le gouver-nement français assume tous les crimes

Un projet de loi criminalisant la colonisation française de 1830 à 1962 a été déposé au bureau de l’Assemblée populaire algérienne. Il est soutenu par 120 députés du FLN. Parmi les 20 articles qui le composent, on relève l’article 14 : “Le gouvernement français assume tous les crimes commis contre le peuple algérien pendant la colonisation et leurs effets retardateurs sur la marche civilisationnelle de développement de l’Algérie de 1830 à 1962.” (sic) Tout est de le la même veine, et on serait tenté d’en rire si le sujet n’était pas aussi grave, qui ravive les vieilles blessures et compromet un peu plus toute véritable réconciliation.

Un monument parmi tant d’autres à “criminaliser” d’urgence : la Grande Poste d’Alger.

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6 BULLETIN DE L’ÉTÉ 2010

noteS de leCtureS

l’aventure et l’espérancehélie de Saint marc

Un DVD inédit (Indochine, notre guerre orpheline) est offert avec ce livre : des images

exceptionnelles et particulièrement émouvantes, commentées en voix off avec sa hauteur habituelle par Hélie de Saint-Marc.

Un rendez-vous à ne pas manquer !

Parmi les commentaires des critiques, lors de la sortie en 2004, de Toute

une vie, Françoise Giroud, qui ne peut être taxée d’être une inconditionnelle des bé-rets verts, écrit, en parlant d’Hélie de Saint Marc : “Un personnage lourd d’Histoire. En l’écoutant, on ne peut s’empêcher de penser que l’époque a été dure, oui, dure aux hommes d’honneur.”L’Aventure et l’Espérance est la nou-velle édition, revue et augmentée, de cette anthologie de textes et d’images qui retrace, certes, les étapes d’une vie d’homme confronté à tous les “bruits et les fureurs” du siècle écoulé, mais aussi l’exposé, avec des mots simples et com-bien denses, d’une éthique de rigueur et de vérité qui plonge ses racines au plus profond de notre terreau de France.Il justifie ce titre de manière concise et démonstrative : “L’aventure, parce que je n’ai pas passé ma vie “en retrait”, et citant Thoreau : “Avant de s’asseoir pour écrire, il faut se lever pour vivre.”L’espérance, “parce qu’au-delà de tout, il reste une flamme, fragile, minuscule, chancelante, mais si bouleversante”, cette grâce qu’il veut confier à ses lec-teurs avant de quitter, à 88 ans, le doux royaume de la terre.Alors ce “non” aux fausses leçons de l’Histoire, qui est le fil conducteur d’une existence sans compromis ni compro-missions, reste à méditer, en ce début de siècle où les repères moraux semblent sin-gulièrement faire défaut, tant à beaucoup de ceux qui commandent qu’à beaucoup de ceux qui suivent.

deVoir de mémoire

frères d’armes 1940Un hommage national sera rendu le samedi 12 juin 2010 aux officiers français assassinés en juin 1940 par les Nazis pour avoir commandé contre eux les “sauvages” de l’Infanterie Coloniale dans la Campagne de France. Memento.

J UIN 1940. – Sous un ciel impitoyable-ment bleu, les Stukas mitraillent civils et soldats en déroute. La débâcle, seu-

lement elle ?… Non, car 100.000 morts pour la France en un mois de combats vont se rappeler à notre mémoire en cette année 2010, 70ème anniversaire de la Cam-pagne de France.

Parmi ceux-là, 23.000 de “la Colo-niale”, dont ceux de la 4ème Division d’In-fanterie Coloniale (4èmeDIC). Celle-ci est engagée dans les Ardennes, puis dans la Somme le 22 mai, et livrera de très durs combats à Au-bigny et à Ai-raines. Menacée d’encerclement, elle cède le ter-rain sans pour autant cesser de combattre à Ravenel, Angivillers, Lieuvillers, Erquin-villers et aura perdu 25% de son effectif au soir du 9 juin.

Aux pertes au combat s’ajoutent les massacres des tirailleurs africains des 16ème et 24ème Régiments de Tirailleurs Sénégalais (1) qui font partie de la Divi-sion. Le racisme et l’idéologie nazie en sont la cause. Les Africains sont laissés sur place, sans sépulture.

Dans la nuit du 9 au 10 juin, les débris de la Division tentent la percée vers le Sud. Trop tard, la nasse s’est refermée. Ils se dispersent alors en groupes constitués sous la conduite de leurs officiers et sous-officiers.

Le 10 au soir deux groupes des 16ème et 24ème RTS complètement épuisés sont capturés au Bois d’Eraine par le régiment Gross Deutschland après un bref combat.

Le colonel allemand fait séparer les Européens et les Africains et invective les officiers qui commandent de “tels

sauvages”. Le Commandant Bouquet lui réplique vertement, le Capitaine Speckel, alsacien, traduit en allemand, et exprime leur fierté de commander des combattants aussi valeureux.

Avec les six autres officiers des déta-chements, ils sont dès lors emmenés et fusillés en lisière du bois. Leurs huit corps seront retrouvés dans une fosse commune en 1941 avec ceux de deux tirailleurs africains (qui ont probablement creusé la fosse…), par M. Valère Guizelin, un

agriculteur de Cressonsacq. Ils sont d’a-bord inhumés dans le cime-tière de Cres-sonsacq.Par la suite les familles ré-cupèreront la plupart d’entre

eux. Cependant, le Commandant Bouquet, le Capitaine Speckel, les tirailleurs Léno Faya et Aka Tano reposent aujourd’hui dans quatre tombes identiques de la Né-cropole Nationale de Cambronne- les-Ri-bécourt.

Un hommage national leur sera rendu le samedi 12 juin 2010 de 8h45 à 12h30 au cours de deux cérémonies successives, au Bois d’Eraine puis à la Nécropole, organisées par la Fédération Nationale des Troupes de Marine (FNAOM) avec le concours de l’Armée d’active et de la majorité des associations patriotiques du Département de l’Oise.

M.C.

pour en savoir plus :

Une saison noire. Les massacres

de tirailleurs sénégalais,

mai-juin 1940,

par Raffael Scheck, Tallandier, 2007.

(1) mais originaires en fait de nombreux pays d’Afrique francophone.

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Entre existence et essence, Saint Marc n’a pas choisi : l’une et l’autre sont étroite-ment mêlées dans la fidélité à des valeurs inébranlables mais aussi, et surtout, à des rêves de jeunesse.Ce sera son testament à la jeunesse de notre temps… Celle-ci en fera son profit, si elle a encore envie de rêver…

p.b.Editions les Arènes, 3, rue Rollin – 75005 Paris, Tél : 01 42 17 47 80, 22 €

une vie de guerres 1940-1961bernard Cabiro

1944, la campagne d’Italie s’achève. Un général passe sur le front des

troupes. Son regard se pose sur un jeune gradé déjà décoré, tirailleur marocain.– Fin ouah el bled enta ? (d’où es-tu ?) de-mande le général.– De Mont-de-Marsan dans les Landes, mon général.Le général s’éloigne, perplexe. Pourtant, le caporal Bernard Cabiro a dit la vérité. Son teint recuit par le soleil est à l’origine de cette méprise.En 1945, après la campagne d’Alsace, il conquiert l’épaulette et choisit la Légion étrangère. Un premier séjour en Indochine lui vaut le surnom, qui claque comme un coup de fusil : le “Cab”. Adulé de ses lé-gionnaires, reconnu par ses pairs, fêté par ses chefs, le “Cab” sera l’une des figures les plus marquantes des paras de la Lé-gion, l’artisan de leur légende.Nous avons été un certain nombre à ser-vir sous ses ordres. Un talent incroyable d’homme de guerre lui valut dix-huit cita-tions. A une autre époque, Bernard Ca-biro eût pu faire un Hoche ou un Lassalle. “Donnez-moi des généraux qui aient de la chance”, disait Napoléon. Sa chance était insolente ; gravement atteint aux jambes, il fut le dernier évacué de Dien Bien Phu.Son sens exigeant de l’honneur, “de la pa-role donnée et du marché conclu”, lui fit assumer le commandement du 2ème R.E.P. en avril 1961. Certain colonel, gaulliste à

la folie, lui dit avec assurance qu’il serait sans doute fusillé. Il ne lui donna pas cette satisfaction.Il pratiquait l’humour, l’accueil des jeunes, l’humilité, vertus bien peu répandues chez certains qui étaient loin de posséder ces mêmes talents.Voilà longtemps, il avait raconté son his-toire, mais l’éditeur n’en avait retenu que les périodes Indochine et Algérie. Ce fut le livre Sous le béret vert paru en sep-tembre 1987.Cette réédition actuelle augmentée (644 pages au lieu de 376), réalisée par son fils Olivier, ainsi que l’ajout de documents photographiques inédits en font une nou-veauté à part entière.Indo Editions, 61 rue de Maubeuge, 75009 Paris, Tél. : 01 42 85 05 58, 29 €

au champ d’honneur de l’isère à Coc xa

la vie et la mort du Chef de bataillon Segrétain

du 1er bep (1909 – 1950)

par etienne et franck Segrétainpréface du père françois Casta

Ce livre retrace la vie et la mort du chef de bataillon Pierre Segrétain, fonda-

teur du 1er Bataillon Etranger de Parachu-tistes, le fameux BEP, qui fut anéanti, en octobre 1950, lors des terribles combats de la RC 4 où il trouva la mort à la tête de son bataillon.De la campagne de France en 1940, à la Syrie et la Tunisie, au débarquement de Provence, la libération de la France et la campagne d’Allemagne, jusqu’aux rizières d’Indochine, le commandant Se-grétain sera de toutes les campagnes.Le 1er juillet 1948, il prend le commande-ment du 1er BEP. En deux ans, il porte son bataillon au plus haut niveau opérationnel. Le 18 septembre 1950, il est parachuté sur That Khé avec la dure mission de re-prendre la citadelle de Dong Khé, tombée aux mains du Vietminh après 48 heures de combats acharnés.

Cerné dans les calcaires de Coc Xa, sub-mergé par un ennemi très supérieur en nombre, le chef de bataillon Segrétain est grièvement blessé à deux reprises. Il meurt au champ d’honneur le 8 octobre 1950. Inhumé au pied du col de Lung Phaï, le Vietminh lui rendra les honneurs militaires. Il avait quarante et un ans.Indo Editions, 25 €

opération turquoise rwanda, 1994

général Jean-Claude lafourcade,guillaume riffaud

En 1994, 800 000 Tutsis du Rwanda furent victimes d’un véritable gé-

nocide. Avec eux périrent des dizaines de milliers de Hutus opposés aux mas-sacres. La France mit tout en œuvre pour convaincre l’ONU d’envoyer une force de paix pour tenter de mettre fin à la tragé-die. Ce fut l’Opération Turquoise, placée sous le commandement du général fran-çais Jean-Claude Lafourcade. Pour ses hommes, tous soldats aguerris, le contact journalier avec l’horreur fut une épreuve à laquelle aucune formation ne les avait préparés.C’est cette intervention que rapporte ici le général. Il expose les motifs qui ont conduit la France à agir au Rwanda, il dé-crit la mission qu’il estime avoir remplie le mieux possible et les conditions dans lesquelles vécurent les hommes engagés dans cette histoire dramatique.En écrivant sa vérité, quoiqu’il lui en coûte, le général Lafourcade a voulu réfuter haut et fort les très graves mises en cause dont furent l’objet les militaires français, accu-sés par le gouvernement de Kigali d’avoir choisi un camp contre un autre, d’avoir perpétré des horreurs, et même de s’être rendus complices de génocide. Non, les soldats français et leur chef n’ont pas à rougir de leur action au Rwanda, même s’ils ne sont guère soutenus par les autori-tés politiques actuelles.

Editions Perrin, www.editions-perrin.com, 18 €

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Pour la justice et la charité envers les “oubliés de l’histoire”…Pour le devoir de vérité sur l’histoire de notre pays…Pour l’avenir des valeurs chrétiennes et françaises que nous défendons…

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M.Jean-Marie Schmitz, Président du SECOURS de FRANCE,et le conseil d’administrationseront heureux de vous accueillir

Maison Saint-François-Xavier7 Rue de Poitiers – 75007 Paris (métro Solférino)

jeudi 10 juin 2010 de 18 à 21 heuresà l’occasion du cocktail de bienfaisance

du SECOURS de FRANCEorganisé au profit des œuvres de l’Association.

Mgr Pierre Boz, archimandrite du rite melchite catholique et aumônier de la communauté des chrétiens kabyles de France,

nous fera l’amitié d’y dédicacer son livre :“Une fin des temps. Fragments d’histoire des chrétiens en Algérie” (1888-2008).

Vente d’enveloppes surprises toutes gagnantes, avec de très beaux lots.

Au rendez-nous annueldu SecourS de France, un invité d’exception t

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