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Programme « Voyager pour apprendre les métiers d’art » Je m’installe sur un petit tabouret de la hauteur d’une demi-marche. J’installe un plan de travail devant moi. Composé suivant les disponibilités du moment, j’empile un tas en acier sur un tabouret et une boîte de conserve si je dois limer. Je remplace la boîte de conserve par un second tas en acier si l’artisan ne s’en sert pas. Je travaille accroupie. Je mets mon corps à l’épreuve. Je m’étire plusieurs fois par jours, afin de ne pas rester bloquée dans cette position quelque peu inconfortable. J’apprends à travailler sans confort. J’essaye de reproduire les motifs traditionnels ciselés. Ici, je n’ai que mes mains et mes yeux, quelques vieux outils, la plupart sont rouillés et en fin de vie. J’essaye de comprendre l’artisan quand il me parle, je préfère quand il s’approche de moi et me montre le bon geste. Je me concentre et apprends par moi-même comment tenir les outils, avoir la bonne position pour gagner en précision. L’atelier est situé sur le pas de la porte, dehors nous profitons ainsi de la journée et du rythme du village. Nous sommes interrompus par des clients, des passants qui s’étonnent de ma présence, des enfants qui viennent jouer entre les copeaux, la disqueuse, le chalumeau et les marteaux. Je ne suis pas efficace. Je suis une débutante. Tout leur semble si évident, mais moi qui ai l’habitude du confort absolu je ne m’en sors pas vraiment. Je découvre le monde de la débrouille et ça me plaît. Tout d’abord timide je commence à prendre mes aises ici. Je sens qu’une belle complicité entre l’artisan, Khanh, et moi s’installe. Il m’amène déjeuner chaque jour dans son fief, je n’y ai croisé aucune femme, mis à part la cuisinière. Je suis assise au milieu de ces hommes qui fument la pipe à eau, boivent du thé et discutent entre autre de l’étrangère que je suis. Je croise des sourires interrogateurs, des sourires francs, des sourires amusés, des sourires perdus. Il m’amène chez des amis du métier pour me présenter. Je sens qu’il est fier d’accueillir une petite française chez lui, la fierté est partagée. Je suis honorée d’être son hôte, fière d’être son apprentie. Alors j’ose créer à ma façon en m’inspirant de son savoir, je pense que je l’amuse, malgré les intonations intimidantes qu’il me lance lorsque je ne réussis pas à faire bien. Je vis au rythme des marteaux, logée chez l’artisan je m’habitue au rythme. J’entrevois ce qu’est la vie d’un artisan du métal à l’autre bout du monde. Du lundi au dimanche sans coupure ils travaillent, en attendant les vacances du Têt, nouvel an vietnamien, pour un mois de repos. Je sais que j’ai choisi mon chemin et que ça n’a pas été le cas de mon artisan mais ressens et partage l’amour du métier de cet homme. Maëlle Molina Partie au Vietnam avec le programme « Voyager pour apprendre les métiers d’art » Aperçu de l’expérience de Maëlle, partie travailler le verre au Vietnam

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Programme « Voyager pour apprendre les métiers d’art »

Je m’installe sur un petit tabouret de la hauteur d’une demi-marche. J’installe un plan de travail devant moi. Composé suivant les disponibilités du moment, j’empile un tas en acier sur un tabouret et une boîte de conserve si je dois limer. Je remplace la boîte de conserve par un second tas en acier si l’artisan ne s’en sert pas. Je travaille accroupie. Je mets mon corps à l’épreuve. Je m’étire plusieurs fois par jours, afin de ne pas rester bloquée dans cette position quelque peu inconfortable. J’apprends à travailler sans confort. J’essaye de reproduire les motifs traditionnels ciselés. Ici, je n’ai que mes mains et mes yeux, quelques vieux outils, la plupart sont rouillés et en fin de vie. J’essaye de comprendre l’artisan quand il me parle, je préfère quand il s’approche de moi et me montre le bon geste. Je me concentre et apprends par moi-même comment tenir les outils, avoir la bonne position pour gagner en précision. L’atelier est situé sur le pas de la porte, dehors nous profitons ainsi de la journée et du rythme du village. Nous sommes interrompus par des clients, des passants qui s’étonnent de ma présence, des enfants qui viennent jouer entre les copeaux, la disqueuse, le chalumeau et les marteaux. Je ne suis pas efficace. Je suis une débutante. Tout leur semble si évident, mais moi qui ai l’habitude du confort absolu je ne m’en sors pas vraiment. Je découvre le monde de la débrouille et ça me plaît. Tout d’abord timide je commence à prendre mes aises ici. Je sens qu’une belle complicité entre l’artisan, Khanh, et moi s’installe. Il m’amène déjeuner chaque jour dans son fief, je n’y ai croisé aucune femme, mis à part la cuisinière. Je suis assise au milieu de ces hommes qui fument la pipe à eau, boivent du thé et discutent entre autre de l’étrangère que je suis. Je croise des sourires interrogateurs, des sourires francs, des sourires amusés, des sourires perdus. Il m’amène chez des amis du métier pour me présenter. Je sens qu’il est fier d’accueillir une petite française chez lui, la fierté est partagée. Je suis honorée d’être son hôte, fière d’être son apprentie. Alors j’ose créer à ma façon en m’inspirant de son savoir, je pense que je l’amuse, malgré les intonations intimidantes qu’il me lance lorsque je ne réussis pas à faire bien. Je vis au rythme des marteaux, logée chez l’artisan je m’habitue au rythme. J’entrevois ce qu’est la vie d’un artisan du métal à l’autre bout du monde. Du lundi au dimanche sans coupure ils travaillent, en attendant les vacances du Têt, nouvel an vietnamien, pour un mois de repos. Je sais que j’ai choisi mon chemin et que ça n’a pas été le cas de mon artisan mais ressens et partage l’amour du métier de cet homme.

Maëlle Molina Partie au Vietnam avec le programme

« Voyager pour apprendre les métiers d’art »

Aperçu de l’expérience de Maëlle, partie travailler le verre au

Vietnam