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Chapitre 3. Le monde en 2011 3.1. le capitalisme mondial et la crise économique 3.2. le capitalisme et la crise écologique 3.3. changement des rapports de force dans le monde : vers un monde plus multipolaire, dans lequel la lutte pour l’hégémonie mondiale va encore être plus dure 3.4. les tâches des communistes 3.1. le capitalisme mondial et la crise économique 1. Le système capitaliste fait face à la crise la plus grave depuis la dépression de 1929. Il ne s’agit pas d’une récession passagère et conjoncturelle, mais d’une crise généralisée du système capitaliste, dont la source se situe dans la sphère de la production. Cette crise sera longue et profonde et nous n’en sommes qu’au début. 2. Cette crise changera inévitablement la face du monde. Les rapports de force entre grandes puissances seront bouleversés. Les contradictions de classe s’aiguiseront. Les travailleurs et les peuples payent déjà les frais de la crise, à travers de nouvelles séries de mesures au profit des monopoles, par la montée du chômage et une exploitation renforcée, par de nouvelles charges et des économies dans les secteurs sociaux. Tous ceux qui gagnent leur vie grâce au travail connaîtront plus d’insécurité, de faim et de pauvreté. 3. Les travailleurs et les peuples du monde ont devant eux la tâche de lutter pour des changements profonds de la structure économique et sociale, dans une perspective de renversement révolutionnaire du capitalisme et de construction du socialisme. C’est la seule et unique réponse efficace à la crise du système et pour éviter que le capital se relance sur les mêmes bases après avoir vaincu la crise par ’l’assainissement’ du marché, de sorte qu’il puisse profiter d’une nouvelle période de développement capitaliste et de profits plantureux. 4. Les causes de la crise : Les gouvernements des pays capitalistes entretiennent sciemment la fausse perception selon laquelle la crise actuelle trouve son origine dans la sphère financière parce qu’ils craignent que le système économique lui-même soit remis en cause. Selon eux, il suffirait d’une régulation plus stricte des acteurs et des opérations financières pour redémarrer comme avant. La chute vertigineuse de la production ne serait qu’une conséquence des problèmes du monde financier qu’on pourrait résoudre par la restauration de la confiance des consommateurs et des investisseurs. 5. Il est vrai que la sphère financière a pris une place de plus en plus dominante depuis l’éclatement d’une crise économique au début des années 70. Il suffit de constater qu’entre 1980 et 2007 le produit mondial a été multiplié par cinq et que les stocks financiers ont été multipliés par quatorze. Ainsi un écart croissant s’est formé entre la sphère productive et la sphère financière, gonflée par un développement gigantesque de produits spéculatifs. Mais l’éclatement de cette bulle financière, qui s’est orientée de plus en plus avidement vers les

Chap 3 Seminaire de formation politique & ideologique du pcco

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Le système capitaliste fait face à la crise la plus grave depuis la dépression de 1929. Il ne s’agit pas d’une récession passagère et conjoncturelle, mais d’une crise généralisée du système capitaliste, dont la source se situe dans la sphère de la production. Cette crise sera longue et profonde et nous n’en sommes qu’au début.

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Chapitre 3. Le monde en 20113.1. le capitalisme mondial et la crise économique

3.2. le capitalisme et la crise écologique

3.3. changement des rapports de force dans le monde : vers un monde plus multipolaire, dans lequel la lutte pour l’hégémonie mondiale va encore être plus dure

3.4. les tâches des communistes

3.1. le capitalisme mondial et la crise économique

1. Le système capitaliste fait face à la crise la plus grave depuis la dépression de 1929. Il ne s’agit pas d’une récession passagère et conjoncturelle, mais d’une crise généralisée du système capitaliste, dont la source se situe dans la sphère de la production. Cette crise sera longue et profonde et nous n’en sommes qu’au début.

2. Cette crise changera inévitablement la face du monde. Les rapports de force entre grandes puissances seront bouleversés. Les contradictions de classe s’aiguiseront. Les travailleurs et les peuples payent déjà les frais de la crise, à travers de nouvelles séries de mesures au profi t des monopoles, par la montée du chômage et une exploitation renforcée, par de nouvelles charges et des économies dans les secteurs sociaux. Tous ceux qui gagnent leur vie grâce au travail connaîtront plus d’insécurité, de faim et de pauvreté.

3. Les travailleurs et les peuples du monde ont devant eux la tâche de lutter pour des changements profonds de la structure économique et sociale, dans une perspective de renversement révolutionnaire du capitalisme et de construction du socialisme. C’est la seule et unique réponse effi cace à la crise du système et pour éviter que le capital se relance sur les mêmes bases après avoir vaincu la crise par ’l’assainissement’ du marché, de sorte qu’il puisse profi ter d’une nouvelle période de développement capitaliste et de profi ts plantureux.

4. Les causes de la crise : Les gouvernements des pays capitalistes entretiennent sciemment la fausse perception selon laquelle la crise actuelle trouve son origine dans la sphère fi nancière parce qu’ils craignent que le système économique lui-même soit remis en cause. Selon eux, il suffi rait d’une régulation plus stricte des acteurs et des opérations fi nancières pour redémarrer comme avant. La chute vertigineuse de la production ne serait qu’une conséquence des problèmes du monde fi nancier qu’on pourrait résoudre par la restauration de la confi ance des consommateurs et des investisseurs.

5. Il est vrai que la sphère fi nancière a pris une place de plus en plus dominante depuis l’éclatement d’une crise économique au début des années 70. Il suffi t de constater qu’entre 1980 et 2007 le produit mondial a été multiplié par cinq et que les stocks fi nanciers ont été multipliés par quatorze. Ainsi un écart croissant s’est formé entre la sphère productive et la sphère fi nancière, gonfl ée par un développement gigantesque de produits spéculatifs. Mais l’éclatement de cette bulle fi nancière, qui s’est orientée de plus en plus avidement vers les

nouveaux produits à très haut risque, a mis à nu et renforcé une crise structurelle sous-jacente de surproduction.

6. Comme chaque entreprise ou groupe capitaliste a comme seul souci de s’accaparer le marché des autres, il est poussé à exploiter toujours plus les travailleurs, à produire plus, plus vite et à moindres frais. Il s’ensuit une contradiction croissante entre le développement de la capacité de production d’une part et la baisse relative du pouvoir d’achat des masses d’autre part. Cette contradiction se reproduit inévitablement sous les rapports de production capitalistes où une petite minorité possède les moyens de production et s’enrichit par l’exploitation de la force de travail de la grande majorité. Engels a caractérisé ainsi les crises de surproduction: « Les travailleurs manquent de moyens de subsistance parce qu’ils ont produit trop de moyens de subsistance. »

7. Après la Seconde Guerre mondiale, on a connu une période de croissance stable relativement importante, qui provenait en grande partie de la reconstruction d’après-guerre. Mais à la fi n des golden sixties, le moteur économique a commencé à s’enrayer. En 1973, la crise a éclaté complètement lorsque les pays de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) ont quadruplé le prix du pétrole et l’ont à nouveau doublé en 1979. Cette crise de surproduction a entraîné dans les années 70 d’importantes restructurations dans les secteurs de l’exploitation minière, de l’acier, du verre, du textile et de la construction navale.

8. Depuis les années 80, les États-Unis ont développé face à la crise une politique leur permettant de maintenir artifi ciellement une consommation élevée. Sous le président Reagan, on a réduit de manière considérable les impôts des riches qui se retrouvaient ainsi avec plus d’argent à dépenser. Plus tard, on a également poussé les pauvres à consommer en facilitant les emprunts. Dès 2000, les gens ont pu contracter un emprunt hypothécaire sans devoir fournir le moindre justifi catif quant à leurs revenus. C’est ainsi que six millions de personnes non solvables ont acheté une maison. Il s’agissait là d’une immense bulle fi nancière. Sur ces six millions, deux à trois millions se retrouvent aujourd’hui sans maison.

9. La crise de surproduction rendait les investissements dans l’économie réelle peu - voire pas du tout - rentables. Le capital a donc cherché une issue, à savoir le secteur fi nancier. Dès le début des années 80, l’économie fi nancière a été globalisée et tous les freins ont été levés. Les autorités ont dérégulé un nombre important d’opérations fi nancières et stimulé la spéculation en bourse, même pour les particuliers. Depuis, le secteur fi nancier a connu une croissance trois fois plus rapide que celle du secteur de production. Tandis que le PIB au niveau mondial connaissait une croissance de cinq pour cent, le secteur fi nancier lui augmentait de quinze pour cent. Mais cette économie fi nancière en réalité vit du secteur de production. Tôt ou tard, ce système devait s’effondrer et c’est ce qui se passe en ce moment.

10. Derrière cette crise fi nancière spectaculaire se cache donc une crise économique prête à présent à se développer complètement. L’économie mondiale a été « dopée » depuis les années 80 grâce à la consommation artifi cielle, les crédits et la spéculation. Le problème c’est qu’aujourd’hui ces stimulants sont épuisés.

11. Les États les plus puissants (les pays de l’OCDE) sont intervenus massivement pour sécuriser les profi ts capitalistes, pour sauver leurs banques ainsi que leurs monopoles industriels et pour éviter l’éclatement du système fi nancier mondial. Après avoir libéralisé complètement les marchés fi nanciers et après avoir soutenu à fond ’la main invisible du marché’, les États sont appelés à la rescousse pour payer les pots cassés. Cela détruit le mythe social-démocrate selon lequel les États auraient perdu leur pouvoir. Ils ont aboli volontairement leur pouvoir d’intervention pour laisser la liberté totale au capital. Les nationalisations actuelles servent à protéger les intérêts du grand capital avec l’argent de l’État, de sorte que le secteur redevienne suffi samment rentable pour le rendre intégralement au privé. Il en sortira une concentration encore plus grande du capital. Les fonds que l’État met à disposition du capital privé, sous forme d’augmentations de capital ou de garanties d’État montrent une fois de plus combien le système capitaliste est parasitaire. Les bénéfi ces sont privatisés, les pertes sont socialisées.

12. En 2010 on peut dire que la crise fi nancière s’est déplacée vers les États : les États-Unis accusent un défi cit d’environ 12 % et un déséquilibre dans leur balance commerciale. Alors que les pays de l’Union européenne sont prêts à appliquer des plans d’austérité pour 400 milliards. Le gouvernement Irlandais, par exemple, avait avant la crise en 2008 un budget de 29,5 milliards d’euros, après plusieurs plans d’austérité ce budget s’est réduit aujourd’hui jusqu’à 15 milliard d’euro. Entre 2010 et 2014 le gouvernement irlandais veut encore diminuer avec 6 milliards d’euros vers 9 milliards donc. On peut diffi cilement imaginer que cela n’aura pas d’infl uence sur les dépenses des gens, leur pouvoir d’achat et leur niveau de vie. Voyez la Grèce et son plan d’austérité radical : l’an prochain, on y attend une croissance de moins 4 %.

13. Suite à la crise actuelle, le fossé entre riches et pauvres s’agrandit, la majorité des pays du monde vont connaître une dégradation encore plus désastreuse. Cette dégradation frappera avant tout les pays en développement. Les diktats du FMI, de l’OMC, des EU et de l’UE ont détruit leur tissu industriel local et leur agriculture et les ont soumis à la domination de compagnies transnationales. Cela les a rendus de plus en plus dépendants de la conjoncture économique du monde développé. Cette vulnérabilité les pousse une fois de plus dans le cycle d’emprunts, d’endettement et de nouveaux diktats des sphères impérialistes. Aussi dans le monde capitaliste les travailleurs et paysans risquent la montée rapide du chômage, de la précarité et de l’exclusion. Les mesures d’austérité des différents gouvernements prévoient prolongation d’âge de pensions, baisses de salaires avec 5 à 30 %,licenciements massifs dans le secteur public… Entre-temps la pauvreté augmente.

14. Le capitalisme ne s’effondre pas de lui-même. C’est un système condamnable, mais il cherchera toujours des issues et ce sera toujours au détriment de la population laborieuse. Lors de la dépression des années 30, ce n’est pas le « New Deal » qui a sorti l’économie capitaliste du marasme, mais bien la Deuxième Guerre mondiale. Nous sommes devant une période de contradictions renforcées pendant que le capital devient plus agressif. Cela risque d’aboutir à de nouveaux confl its armés. La crise actuelle fait peser également une menace énorme de régression sociale et démocratique et crée la base pour des mouvements autoritaires et militaristes, comme l’histoire l’a montré.

15. C’est aux communistes de développer et de soutenir toute lutte de résistance contre les tentatives de faire payer la crise par les victimes. En même temps, nous avons un important débat idéologique à lancer, le débat sur la faillite du système capitaliste et sur la supériorité du projet socialiste.

16. Les communistes consacreront toutes leurs forces pour être en première ligne de la lutte des travailleurs, de la paysannerie, petite et moyenne, et des indépendants. La période à venir sera pleine d’opportunités pour faire avancer la cause communiste. Mais la crise n’amène pas automatiquement la lutte. Elle peut aussi la paralyser temporairement ou écraser la révolte par la peur. Il s’agit de travailler avec confi ance et patience parmi les masses et de découvrir la créativité et l’esprit de solidarité, car ce seront fi nalement la classe ouvrière et les autres masses travailleuses qui détermineront le cours de l’histoire.

17. L’important, c’est de construire et de renforcer les partis communistes. Ce sera le facteur décisif pour pouvoir saisir les opportunités qui s’offriront aux peuples et travailleurs dans le futur et pour frayer la voie à une société socialiste, une société sans exploitation ni oppression par le capital.

18. Les communistes intensifi eront la collaboration internationale entre partis communistes et développeront une stratégie unifi ée contre l’impérialisme, car c’est une condition essentielle pour avancer plus rapidement vers un futur de progrès, de justice et de paix et pour être à la hauteur des tâches qui sont devant nous.

3.2. le capitalisme et la crise écologique

19. Le système capitaliste est un système de production et de consommation qui vise le profi t illimité, coupe l’homme de la nature, met en place une logique de domination de la nature et transforme tout en marchandise : l’eau, le sol, le génome humain, la culture de nos ancêtres, la biodiversité, la justice, l’éthique, les droits des peuples, la vie et la mort mêmes.

20. Pendant les 50 dernières années, la température en surface a augmenté au niveau planétaire deux fois plus rapidement qu’au cours du siècle dernier, et elle devrait augmenter encore plus vite dans les décennies à venir. La cause principale en est que l’industrialisation sous le capitalisme a engendré un rejet croissant de CO

2.

Un réchauffement de deux degrés représente pour 20 à 30 % de toutes les espèces vivantes sur terre un risque accru d’extinction. Ce scénario entraînera une forte extension des déserts et des steppes. Et si les rejets de CO2 à l’échelle mondiale ne baissent pas à partir de 2020, la situation peut devenir irréversible…

21. Les pays industrialisés accusent les pays en développement d’être les plus grands pollueurs. Ils ont déjà bâti toutes leurs infrastructures (routes, écoles, logements, hôpitaux. Or les pays du tiers monde se trouvent dans une phase de construction et de développement économique, ils ne pourront bâtir leurs infrastructures s’ils ne peuvent pas dépasser des normes de rejets de CO

2. Quand on calcule le rejet de CO

2 d’un pays entre 1900 et aujourd’hui, divisé par le

nombre d’habitants de ce pays, alors la Chine a un rejet historique cumulatif de 23 tonnes de carbone par personne. Pour la France, le chiffre est de 211 tonnes, pour l’Allemagne de 280 tonnes et pour les États-Unis de 587 tonnes. La plupart des pays industrialisés ont déjà largement dépassé leur « budget historique honnête en carbone »

22. Les capitalistes essaient aussi de culpabiliser la population travailleuse dans les pays

développés. Or les déchets ménagers récoltés localement représentent seulement 2,5 % du total des déchets américains. Tout le reste consiste en déchets industriels, résidus de matériaux de construction et travaux de démolition et ce que l’on appelle les « déchets spéciaux » comme ceux issus de l’exploitation minière.

23. Le premier consommateur de pétrole du monde est le Pentagone. Offi ciellement, l’armée américaine consomme chaque jour 320 000 barils de pétrole, un chiffre qui n’inclut pas la consommation des entreprises travaillant sur mandat ni des installations louées ou privatisées, sans parler des énormes quantités d’énergie et de ressources englouties dans la production et l’entretien de son arsenal meurtrier, comme les bombes, les grenades ou les missiles.

24. Toutes ces responsabilités sont esquivées par les gouvernements des pays capitalistes développés. Les États-Unis ont d’abord fait inscrire dans l’accord de Kyoto en 1997, que des dépenses militaires sont exclues de l’accord. Ensuite ils ont même refusé de signer l’accord qui prévoyait en une diminution de rejet de CO

2 vers 2012 avec 5,2 % par rapport à 1990. Et

l’Union européenne n’a pas atteint les normes qui y avaient été fi xées. Dans les conférences suivantes à Copenhague et à Cancún, cet objectif a été balayé et ces conférences ont failli à arriver à des conclusions effi caces.

25. Or le temps presse. Le GIEC, groupe d’étude des Nations unies, déclare qu’en 2020, le point de changement de cap dans les rejets de CO2 devrait être atteint. À partir de cette année, le rejet ne pourrait plus augmenter, sinon on risque de subir des dynamiques que l’on ne sait plus arrêter. Mais si l’on veut donner la chance aux pays du Tiers Monde de se développer, les pays industrialisés devraient réduire leurs rejets à eux d’au moins 85 % et, de préférence, de 95 %. Cela requiert un revirement tellement grand dans l’organisation de la société et un planning de l’économie qui est seulement possible dans une société socialiste

26. Les communistes exigent la reconnaissance de la dette climatique historique amassée dans le passé par les pays industrialisés capitalistes. Ils sont conscients de la nécessité de mesures draconiennes en faveur du droit à une existence saine pour l’humanité dans le futur. Des mesures draconiennes qui ne seront pas possibles dans le cadre du capitalisme.

3.3. changement des rapports de force dans le monde : vers un monde plus multipolaire, dans lequel la lutte pour l’hégémonie mondiale va encore être plus dure

27. La crise renforce la tendance au changement des rapports de force sur les marchés mondiaux avec un déclin de la part relative des EU dans le produit mondial brut, la montée de celle des pays émergents comme la Chine, l’Inde et même le Brésil. Le pouvoir économique glisse vers l’Asie et vers la Chine. La Russie se redresse elle aussi et, en Amérique du Sud, quelques pays essaient de collaborer plus étroitement… Les États-Unis se préparent à réagir à la perte de leur position de force. Nous allons avoir un monde plus multipolaire, dans lequel la lutte pour l’hégémonie mondiale va encore être plus dure.

28. L’aigle blessé (l’économie nord-américaine) L’économie nord-américaine est de plus en plus dépendante des produits fabriqués à l’étranger, et particulièrement dans le Sud. Il en était tout autrement il y a un quart de siècle. En 1973, quasiment tout était produit aux États-Unis mêmes. Aujourd’hui, l’industrie américaine ne produit plus que la moitié des besoins du pays, tandis que les importations de pays en voie de développement assurent plus d’un quart des besoins. C’est la cause de l’énorme déficit commercial des États-Unis, déficit qui approchait 800 milliards de dollars en 2006, soit 6 % du PIB 8. Si cela se passait dans un autre pays, on verrait y débarquer les experts du Fonds monétaire international pour redresser l’économie. Mais tant que les États-Unis peuvent s’appuyer sur leur statut international de superpuissance, ils peuvent compenser ce déficit par un apport de capitaux étrangers. Pour 2006, on estime cet apport à environ 800 milliards de dollars.

29. La dette du gouvernement étasunien monte aujourd’hui (janvier 2011) à 13.950 milliards de dollars, soit 1000 fois la dette de la RDC avant l’annulation de la dette en juillet 2010. Entre 31 mars et 16 mai, cette dette va casser le plafond de 14.500 milliards de dollars que les États-Unis s’étaient imposé. Ou bien il faudra augmenter le plafond ou diminuer la dette. Dans les deux cas, cela annonce une catastrophe économique pour les États-Unis. Des millions de chômeurs risquent d’augmenter les rangs des 17,1 millions de chômeurs actuels.

30. L’Union européenne : du plomb dans l’aile Voilà neuf ans que les dirigeants de l’Union adoptaient à Lisbonne l’objectif avancé par les grands industriels européens : devenir pour 2010 l’économie la plus compétitive au monde. Mais l’Union européenne ne parvient pas à combler l’écart avec les États-Unis. Aux États-Unis, l’âge légal de la retraite est de 70 ans. Un ouvrier y trime en moyenne 1 900 heures par an, contre 1 700 dans l’Union européenne. Les charges sociales n’y sont que de 26 %, contre 40 % dans l’Union européenne, etc. Toutes les tentatives de lancer des plans draconiens pour « rattraper le retard » de différents gouvernements européens, se heurtent à la résistance des travailleurs.

31. Les États européens ont dû s’endetter pour sauver le marché fi nancier, or aujourd’hui ils sont devenus eux-mêmes les cibles du même marché fi nancier. Des fonds de couvertures spéculent sur les dettes des États. La Grèce et l’Irlande sont devenues les premiers États européens qui ont été obligés de demander de l’aide fi nancière et qui sont tombés ainsi sous la tutelle du FMI. Avant ce n’étaient que des pays du Tiers Monde à qui cela arrivait. La première semaine de janvier 2011 les gouvernements français et allemand ont exhorté le Portugal de demander de l’aide à son tour à fi n « d’éviter une contagion à l’Espagne voisine ou à la Belgique ».

32. Il s’agit d’une bataille pour la survie de l’euro. En décembre 2010, la Commission européenne avait prévu un fonds de sauvetage pour stopper la spéculation contre les États membres. En janvier 2011 déjà le journal allemand Der Spiegel note : « Les membres de la zone euro devraient s’engager à fournir tous les moyens nécessaires pour défendre la monnaie unique, quitte à dépasser les 750 milliards d’euros déjà mis à disposition ».

33. Au niveau politique et militaire, l’Union européenne s’est élargi les années passées à de

nouveaux États membres. Cependant, les milieux dirigeants de ces nouveaux adhérents de l’Europe de l’Est sont souvent étroitement liés aux États-Unis. C’est ainsi que l’élargissement de l’Union européenne a aggravé ses contradictions internes. Afi n de renforcer son unité, L’UE s’est vue obligée de faire de plus en plus des compromis avec les forces pro-américaines en son sein. Le renforcement de l’OTAN, l’envoi des troupes européennes en Afghanistan, l’unité de Sarkozy et d’Obama dans la question du Côte d’Ivoire, l’attitude hostile contre la Chine… Tout cela sont des exemples du suivisme européen vis-à-vis des États-Unis.

34. Aujourd’hui, la Chine est devenue le premier exportateur au monde. Au rythme de croissance actuel d’environ 10 % par an, son produit intérieur brut dépassera celui des États-Unis avant la moitié du siècle, certains disent avant même 1927. La crise a fait en sorte que la Chine est devenue aujourd’hui le moteur le plus important de l’économie mondiale, après que les États-Unis l’ont été durant 65 années d’affi lée.

35. C’est ainsi qu’en 2009, la Chine est devenue la première partenaire commerciale de l’Afrique, au détriment des États-Unis. Cette année, la Chine a également dépassé les États-Unis pour devenir la première partenaire commerciale du Brésil, le plus grand et le plus important pays de l’Amérique latine. En 1995, le Japon exportait trois fois plus en direction des États-Unis que vers la Chine. Mais, aujourd’hui, la Chine est devenue la première importatrice de produits japonais.

36. La Chine est également la première partenaire commerciale de l’Australie, de Taiwan, de la Corée du Sud et de l’Inde. Cela rend la position des États-Unis en Asie nettement plus faible : Taiwan, la Corée du Sud, le Japon et l’Australie étaient des alliés des États-Unis dont le rôle était de tenir la Chine en respect. La Chine est même devenue une plus grande importatrice de pétrole du Moyen-Orient que les États-Unis. Le Moyen-Orient ! – depuis soixante ou septante ans la réserve pétrolière privée des États-Unis !

37. L’Union soviétique démembrée, la Maison blanche a rêvé de réduire la Russie au rang de pays dépendant. Washington a tout fait pour affaiblir la Russie et la déchirer et susciter des guerres séparatistes en son sein – comme en Tchétchénie. Les États-Unis ont étendu l’OTAN jusqu’aux portes de la Russie et l’ont encerclée de bases militaires. Mais la Russie se redresse. Son économie profite des immenses richesses naturelles, comme le gaz naturel et le pétrole, et de nombreux minéraux. Le PIB par exemple a grimpé de 260 milliards de dollars en 2000 à 1.232 milliards de dollars en 2009. La grande bourgeoisie, avec à sa tête Poutine, tente – non sans succès – de rendre à la Russie son statut de puissance mondiale.

38. Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et depuis décembre 2010 aussi l’Afrique d Sud, forment le « BRICS », les pays des économies émergentes. De nombreuses études démontrent que le développement vigoureux de grands pays du sud suscite une telle demande envers les entreprises des pays industrialisés qu’en fait ils jouent au moteur économique et ils avouent l’effet de la crise.

39. Différentes nouvelles organisations de collaboration économique, politique et même militaire renforcent cette tendance au développement indépendant. En 2001, la Chine concluait une

collaboration à multiples facettes avec la Russie et quatre républiques de l’Asie centrale, la fameuse Shanghai Coopération Organisation (SCO). L’Inde (plus d’un milliard d’habitants), la Mongolie, le Pakistan et l’Iran y ont demandé et reçu le statut d’observateurs. Lors de leur réunion de juin 2009, ils représentaient ensemble plus d’un tiers de la population mondiale.

40. Depuis 2000 existait un plan visant à mettre sur pied le plus grand marché commun de la planète : « ASEAN + Chine ». Depuis le 1er janvier 2010, cette communauté libre-échangiste géante de près de 2 milliards d’humains est un fait. Impuissants, les États-Unis ne peuvent que regarder.

41. Depuis les années 90 d’éminents stratèges américains comme Zbigniew Brzezisnky et Henry Kissinger ont esquissé pour les États-Unis le scénario le plus grave imaginable : la naissance d’alliances en Asie, autour d’une Chine de plus en plus puissante économiquement (voir encadré). à éviter à tout prix, car, de ce fait, la position dominante des États-Unis allait s’en trouver compromise. La décennie écoulée a fait de ce cauchemar une réalité… Un responsable américain résumait la situation à la fi n de l’ère Bush comme suit : “On pourrait dire que la première décennie du 21e siècle a été la dernière décennie du siècle américain. Nous entrons maintenant le siècle multipolaire.”

42. Obama a été choisi et supporté par la grande bourgeoisie américaine pour 1) réparer les dégâts causés par Bush et restaurer vite la domination américaine dans le monde, et 2) au cas où l’unipolarité ne serait plus possible, manipuler la transition vers un monde multipolaire de cette façon que les États-Unis restent la première puissance mondiale.

43. Obama défi nissait sa politique économique ainsi : « Voyez-vous, Washington nous a dit d’attendre des décennies, même lorsque les problèmes empiraient. Entre-temps, la Chine n’a pas attendu pour renforcer son économie. L’Allemagne non plus n’attend pas. L’Inde n’attend pas. Ces nations ne piétinent pas. Ces nations ne jouent pas pour la seconde place.Eh bien, moi je n’accepte pas de seconde place pour les États-unis. … Il devient temps de devenir sérieux face aux problèmes qui bloquent notre croissance. Nous devons exporter plus de nos produits… Nous devons rechercher de nouveaux marchés de manière agressive, comme le font nos concurrents…Mais cela signifi e renforcer les accords internationaux, afi n que nos partenaires commerciaux se tiennent aussi aux règles. C’est pour cela que nous continuerons à forger un accord commercial à Doha qui ouvre les marchés globaux. C’est pour cela que nous renforcerons nos relations commerciales en Asie ainsi qu’avec des partenaires clés tels que la Corée du Sud, le Panama ou la Colombie… »

44. En ce qui concerne la politique étrangère et militaire, Obama a caché pendant sa campagne sa vraie position qu’il a montrée après en tant que Président. En 2007 déjà il écrivait : « Aujourd’hui nous sommes à nouveau appelés à fournir un leadership éclairé (visionnaire)… Afi n de renouveler le leadership américain, nous devons immédiatement commencer par revitaliser notre armée… Nous devons saisir ce moment afi n de reconstruire notre armée ainsi que de la préparer pour ces missions futures. Nous devons préserver la capacité de défaire aisément n’importe quelle menace conventionnelle contre notre pays et nos intérêts vitaux. Afi n de renouveler le leadership américain dans le monde, j’ai l’intention de reconstruire les

alliances, partenariats et institutions nécessaires pour faire face aux menaces communes et renforcer la sécurité commune. »

45. Comme pour affi rmer la continuité avec la politique fondamentale du passé, Hilary Clinton déclare le 8 septembre 2010 au « Council Of Foreign Relations », le plus important club en politique internationale : « Et maintenant, après des années de guerre et d’incertitude, les gens se demandent ce que sera l’avenir, ici et ailleurs. Laissez ainsi moi le dire clairement : Les États-Unis peuvent, doivent, et sauront être les dirigeants de ce siècle nouveau... Le moment doit être saisi grâce à un travail dur et des décisions fermes afi n de jeter les fondements pour un leadership américain durable pendant des décennies à venir..... Que personne ne s’y trompe. Naturellement, cette administration s’engage également à maintenir la plus grande force militaire de l’histoire du monde …..Aujourd’hui, nous pouvons dire en toute confi ance que ce modèle de leadership américain – qui met en œuvre tout instrument disponible au nom de nos intérêts nationaux – fonctionne – et qu’il permet d’espérer le meilleur dans ce monde dangereux. »

46. Les grandes lignes stratégiques des États-Unis depuis 2000 sont :- encercler l’Iran et la Chine avec des bases militaires et des fl ottes.- renforcer et réorganise les structures de commandes de l’armée américaine avec entre autres la création d’AFRICOM en 2008.- renforcer l’OTAN et le rôle dirigeant des États-Unis au sein de l’OTAN

47. Depuis son arrivé au pouvoir, en janvier 2009, Obama a continué ces grandes lignes et pris une série d’initiatives à fi n de récupérer le terrain perdu sous Bush. Voici une liste non exhaustive :- 18/02/2009 : liste des infrastructures dans le monde qui sont vitales pour les intérêts stratégiques des États-Unis publiée par WikiLeaks (premier pays mentionné sur cette très longue liste : Congo avec une mine de cobalt (Tenke Fungurume ?)- 28/06/2009 : Coup d’État au Honduras- 27/08/2009 : Colombie : installation de 7 nouvelles bases contre le Venezuela(“Why is the Obama administration pushing for these bases, despite having previously criticized Colombia’s human rights record?”)- 14/09/2009 : Obama renouvelle le blocus contre Cuba- 26/03/2010 : provocation autour du bateau de guerre sud-coréen- ? /10/2010 : speech de Michael Battle, ambassadeur américain chez l’Union Africain : Le but de l’Africom est de protéger les intérêts américains pour le pétrole dans le Golfe de Guinée et d’assurer un climat favorable pour les profi ts et les investissements des sociétés américaines.- 23/11/2010 : provocation autour de l’île coréenne de Yeonpyeong- 03/12/2010 : Obama annonce que Gbagbo doit partir et pousse vers la guerre en Afrique de l’Ouest- 09/01/2011 : Obama a obtenu le referendum sur l’indépendance du Sud Soudan et provoque ainsi une situation de guerre et de somalisation au cœur de l’Afrique.

48. À travers l’année 2010, on voit que l’administration Obama, suivie par l’Union européenne, essaie de commencer une nouvelle guère froide, cette fois contre la Chine. Les incidents provoqués autour du Daila Lama, le prix Nobel pour la paix, les incidents autour des Corées et la propagande contre la Chine qui serait à la base de la crise économique aux États-Unis à

cause du Yuan trop fort, etc. vont dans ce sens.

49. Or la Chine comme les autres membres des BRICS ont besoin d’un environnement pacifi que pour pouvoir continuer à aller de l’avant sur le plan économique et assurer leurs habitants développement et prospérité. La Chine essaie d’éviter la confrontation avec les États-Unis et de freiner son agressivité. Les États-Unis doivent aussi se montrer prudents, car la Chine possède plus d’un cinquième de la dette extérieure des États-Unis.

3.4. les tâches des communistes

50. La crise est grave, les tensions montent dans le monde. Le danger de guerre, les mouvements autoritaires et militaristes dans les pays industrialisés montent. Mais en même temps augmentent le nombre d’opportunités pour le mouvement communiste de jouer son rôle d’avant-garde. Au séminaire du mouvement communiste Internationale de mai 2009, la déclaration commune des partis signataires concluait en ce qui concerne les taches de communistes dans ce monde en crise avec les points suivants :

51. Les communistes ont un important débat idéologique à lancer, le débat sur la faillite du système capitaliste et sur la supériorité du projet socialiste. Ils doivent fermer également l’échappatoire du marché libre ’contrôlé’ ou ’régulé’, version sociale-démocrate de l’apologie du système. Leur critique vise le système économique et pas seulement les ’exagérations’, les ’abus’ ou la ’cupidité des banquiers’.

52. En même temps, ils consacreront toutes leurs forces pour être en première ligne de la lutte des travailleurs, de la paysannerie, petite et moyenne, et des indépendants. La période à venir sera pleine d’opportunités pour faire avancer la cause communiste. Mais la crise n’amène pas automatiquement la lutte. Elle peut aussi la paralyser temporairement ou écraser la révolte par la peur. Il s’agit de travailler avec confi ance et patience parmi les masses et de découvrir la créativité et l’esprit de solidarité, car ce seront fi nalement la classe ouvrière et les autres masses travailleuses qui détermineront le cours de l’histoire.

53. L’important, c’est de construire et de renforcer les partis communistes. Ce sera le facteur décisif pour pouvoir saisir les opportunités qui s’offriront aux peuples et travailleurs dans le futur et pour frayer la voie à une société socialiste, une société sans exploitation ni oppression par le capital.

54. Les communistes doivent intensifi er la collaboration internationale entre partis communistes et développer une stratégie unifi ée contre l’impérialisme, car c’est une condition essentielle pour avancer plus rapidement vers un futur de progrès, de justice et de paix et pour être à la hauteur des tâches qui sont devant nous.