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CITOYENS & DATA Au cœur de la ville connectée ? le 16 juin 2016 de 18h30 à 21h15 à l’Ecole des Mines de Paris - 60, Boulevard Saint-Michel - Paris 6ème L’idée centrale du concept de « Smart City » est que le numérique va, d’une manière ou d’une autre, perme8re d’apporter des réponses plus intelligentes, durables et sobres aux défis urbains auxquels les villes vont être confrontées dans les prochaines années et décennies. Chaque ville évolue dans son propre contexte, à son rythme, qui varie également. Deux approches de la « Smart City » coexistent actuellement. La première est techno-centrée avec une ville peuplée de capteurs collectant les données et pilotant l’ensemble des services urbains. L’autre approche consiste à posiFonner l’humain au cœur de la ville intelligente ; grâce aux données, services et applicaFons mises à disposiFon, les citoyens peuvent s’impliquer dans la gesFon et les projets de la ville. En combinant ces deux approches, il est possible de construire la ville dont nous avons besoin, où la technologie est au service de l’homme. Les avis et points de vue des experts et les témoignages de réalisaFons ont montré qu’au-delà de la ville connectée, c’est la ville du partage qui se profile à l’avenir. La conférence présidée par Didier Carré, Président du club professionnel Mines InformaFque et animée par Marie-Odile Charaudeau s’est déroulée en deux tables rondes, le retour d’expérience de trois mises en œuvre et une présentaFon des leviers de financements. De la Data à l’Open Data : Quelles données pour quels usages ? Actuellement plus de la moiTé des 7 milliards d’humains habitent en ville ! Et, en 2030, 5 milliards des 8,3 milliards d’habitants du monde seront des urbains. Smart Ci)es, villes intelligentes ? Quelle réalité se cache derrière ces mots ? Les travaux menés par le Professeur Emmanuel Eveno au sein du laboratoire d’étude urbaine LISST et de l’associaFon Villes Internet nous ramènent au temps long. La Smart City ou Ville Intelligente est une noFon d’origine « industrielle » à qui il faut donner une épaisseur historique. La Smart City est la conjugaison de deux tendances fortes des poliFques publiques : les Technologies de l’InformaFon d’une part et le Développement Durable. L’intervenFon du 1 Pr Emmanuel Eveno @Villes_Internet Professeur, Université de Toulouse II Président, Ass. Villes Internet Didier Carré @didierycarre Président, Club Mines InformaFque Secrétaire Général, InsFtut G9+ Marie-Odile Charaudeau @MOC_AllianceBD Coordinatrice, Alliance Big Data

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CITOYENS&DATA Aucœurdelavilleconnectée?

le16juin2016de18h30à21h15àl’EcoledesMinesdeParis-60,BoulevardSaint-Michel-Paris6ème

L’idée centrale du concept de «Smart City »est que le numérique va, d’une manière oud’une autre, perme8re d’apporter desréponsesplusintelligentes,durablesetsobresauxdéfisurbainsauxquels lesvillesvontêtreconfrontées dans les prochaines années etdécennies. Chaque ville évolue dans sonpropre contexte, à son rythme, qui varieégalement.Deux approches de la « Smart City »coexistent actuellement. La première esttechno-centrée avec une ville peuplée decapteurs collectant les données et pilotantl’ensemble des services urbains. L’autreapproche consiste à posiFonner l’humain aucœur de la ville intelligente ; grâce auxdonnées, services et applicaFons mises àdisposiFon, les citoyens peuvent s’impliquerdans la gesFon et les projets de la ville. Encombinantcesdeuxapproches,ilestpossibledeconstruire lavilledontnousavonsbesoin,oùlatechnologieestauservicedel’homme.

Les avis et points de vue des experts et lestémoignages de réalisaFons ont montréqu’au-delà de la ville connectée, c’est la villedupartagequiseprofileàl’avenir.La conférence présidée par Didier Carré,Président du club professionnel MinesInformaFque et animée par Marie-OdileCharaudeau s’est déroulée en deux tablesrondes, le retour d’expérience de troismisesenœuvre et une présentaFon des leviers definancements.

DelaDataàl’OpenData:Quellesdonnéespourquelsusages?Actuellementplusde lamoiTédes7milliardsd’humainshabitentenville!Et,en2030,5milliardsdes8,3milliardsd’habitantsdumondeserontdesurbains.SmartCi)es,villesintelligentes?Quelleréalitésecachederrièrecesmots?

Les travaux menés par le ProfesseurEmmanuel Eveno au sein du laboratoired’étudeurbaineLISSTetdel’associaFonVillesInternet nous ramènent au temps long.La Smart City ou Ville Intelligente est unenoFon d’origine « industrielle » à qui il fautdonner une épaisseur historique. La SmartCity est la conjugaison de deux tendancesfortes des poliFques publiques : les

Technologiesdel’InformaFond’unepartetleDéveloppement Durable. L’intervenFon du

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PrEmmanuelEveno @Villes_InternetProfesseur,UniversitédeToulouseIIPrésident,Ass.VillesInternet

DidierCarré@didierycarrePrésident,ClubMinesInformaFqueSecrétaireGénéral,InsFtutG9+

Marie-OdileCharaudeau@MOC_AllianceBDCoordinatrice,AllianceBigData

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Professeur Eveno s’intéressera surtout à lapremièretendance.Au tout début de l’informaFque dans lesannées 50, dans les grandes villes aux EtatsUnis, l’objecFf est surtout de normaliserl’administraFon des grandes collecFvitéslocales et de lu8er contre la corrupFon, unproblème très important à l’époque. EnFrance, l’informaFque arrive beaucoup plustard,l’unedespremièresvillesàs’yintéresserest la ville de Marseille sous le mandat deGastonDefferrequiprenden1967ladécisiondel’équiperd’unouFlinformaFqueambiFeuxen s’associant avec de grandes insFtuFonspubliques. Ce8e informaFque de la grandegesFonne serauFliséequedans les grandesvilles de France en perme8ant l’élaboraFonde ce qu’Emmanuel Eveno appelle la« Citadelle InformaFque », un serviceinformaFque au sein de l’organigramme destrès grandes villes, première évoluFontechniqueetorganisaFonnelleaprèsunsièclesans innovaFon majeure dans le monde descollecFvitéslocales.Alafindesannées70etaudébutdesannées80,la«CitadelleInformaFque»estbousculéepar l’appariFon de l’informaFque en réseauavec une redistribuFon des compétencesbeaucouppluséquitableauseindesdifférentsservices des collecFvités locales. C’est aussil’appariFon, certes très Fmide de latélémaFque,avecuneévoluFondesrapportsdeforce.Deplusenplus,cesontlesgensdelacommunicaFonquirentrentdanslejeudesTechnologie de l’InformaFon et de laCommunicaFon.Dans les années 90, vient la déferlante del’Internet et ce sont plutôt quelques villespeFtes ou moyennes qui s’emparentd’Internet. A la fin des années 90 est crééel’associaFonVilles Internetquiapourrôledes’inscrire dans le ra8rapage français dansl’adopFond’InternetetdesFmulerl’adhésion

des collecFvités locales aux technologies del’Internet.Comme l’avaient fait l’informaFque degesFon, puis l’informaFque en réseau,l’adopFond’Internetpar lescollecFvitésauneffet sur l’organisaFon des services. Lescompétences sont distribuées différemmente n m e8a n t p l u s l ’a c c e n t v e r s l acommunicaFon alors que les « CitadellesInformaFques » se consacraient plutôt aucontrôle de gesFon et à l’organisaFon. Alorsque les citoyens n’avaient pas accès àl’informaFque de gesFon, l’Internet estsuscepFble deme8re en relaFon directe lescitoyens-administrés et les Services de lacollecFvité.C’est à ce moment que se développent denouveaux labels et appellaFons (French Techpar exemple) et qu’apparait la noFon de« Ville Intelligente ». Mais, autour de cesnouveaux labels, on assiste à un retour desplus grandes villes. Elles sont, en effet, lesseules à pouvoir consFtuer des marchéssuffisamment importants pour jusFfier leseffortsdesgrandesentreprisesmaisaussi lesinnovaFonsdéveloppéespardepeFtesStart-Up.Avec le développement très rapide del’Internet des Objet et des systèmes cyber-physiques, nous entrons dans une nouvellephase avec le besoin de compétences trèspointues et extrêmement onéreuses. Unnombre limité de collecFvités comme lesvilles de Paris ou d’Issy-les-Moulineaux,deviennent les locomoFves comme dans detrès nombreux pays sous l’appellaFon SmartCity. Pour autant, le modèle français resteplus « municipaliste » en laissant une placeimportante aux acteurs locaux alors qu’enAsie en parFculiers ils leurs restent très peudemarged’intervenFon.

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Issy les Moulineaux est une des grandes références et un précurseur des SmartCi)es.Commentadémarréleprojet?Pouvez-vousexpliquerladémarchemenéeetlesdifférentesétapesdelamiseenœuvre?

Ce8e année a été célébrée le vingFèmeanniversaire du site internet d’Issy-les-Moulineaux. Pour la vi l le d’ Issy- les-Moulineaux,iln’yapaseudegrandsoiroùila été décidé d’avoir une stratégie de SmartCity, la ville est passée par tous les stades :CyberCité,VilleConnecté,VilleInternet…Dès le départ, André SanFni a eu l’intuiFonque cela pouvait améliorer l’a8racFvitéde laville qui, à l’époque, avait été très fortementsinistréeparlacriseéconomiquedel’époque.Quand il a fallu reconstruire sur les frichesindustrielles, il a fallu choisir un axe dedéveloppement : les industries d’avenir bienque ce soit toujours difficile de les définir.C’est avec les médias que cela a commencéavec Jacques Séguéla et son agence depublicitéet le journalL’Equipequionteu, lespremiers,lecouragedetraverserleboulevardpé r i phé r i que . Pu i s l e s en t rep r i s e sd’informaFque sont arrivées et le maire adécidé qu’il fallait les accompagner pour nepas que la ville et son administraFon soientp o u s s i é r e u s e p a r r a p p o r t à c ebouillonnement. La ville a ainsi édité lapremière fiche d’état civil électronique, alancé le premier vote électronique… Enaccompagnement de l’évoluFon de lapopulaFon, en travaillant auprès des acteurs

de terrain, la municipalité a fait un lobbyingauprès des grands opérateurs télécom pourqu’ils commencent à invesFr à Issy-LesMoulineaux.En 1996, deux avant la libéralisaFon desté lécommunicaFons, des opérateursaméricainsontétésollicitéspoursepréparerau1erjanvier1998.Pendantdeuxàtroisans,lesentreprisesarrivaienttoutesseulesà Issy-les-Moulineaux, seule commune de l’ouestparisien à offrir de tels services, la premièreville de plus 50 000 habitants complètement«fibrée».Depuislavillechercheàmaintenirtoujours ce8e avance. Chaque fois qu’unenouvelle tendanceapparaitcomme lessmartgrid…,elleessayed’êtreprésente.Cen’estpasune quesFon d’argent, c’est une quesFon devolontépoliFque,destratégie,d’étatd’esprit.Une collecFvité ne doit pas avoir peurd’expérimenter et donc d’échouer, ne pasavoir peur du regard des autres et d’être enavance.Celapeutêtre long: lepaiementpartéléphone du staFonnement a été testé en2003/2004, ila fallucinqanspourpouvoir legénéraliser à Issy-les-Moulineaux et cinq depluspourletrouverdansd’autrescollecFvitésetquecela rentredans lesmœurs.Undétaildoit être menFonné, IssyMédia dirigée parEricLegaleestuneSociétéd’EconomieMixtequi est plus agile qu’une administraFoncommunale. IssyMédia peut monnayer lesouFenauxStart-uppar lacommunicaFonetla valorisaFonde leur implantaFondansunevillebienexposéedanslesmédias.

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EricLegale@elegaleDirecteurgénéral,IssyMédia

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Comment gérer les datas et respecter le citoyen ? Comment gérer les idenTtésnumériques?

Lorsque nous parlons de donnée et deterritoire, c’est la noFon de confiance qui seprofile, la légiFmité des élus, de ceux quiinterviennent autour de la collecFvité. C’estunsujetextrêmementcriFque.Iln’yapasdeprojet de « Smart City » qui ne puisseadresserd’unpointdevuepoliFque ce sujetdelaconfianceetdesdonnées.Au-delàdeça,lesenjeux sontbeaucoupplus compliquésetpeuventêtretraitésendeuxpoints.Toutd’abordla«Privacy»ou«inFmité»quin’estpasquelquechosequitombeduciel.Leparadoxede la«Privacy»montrequ’iln’yapas de profil type de ce8e noFon qui variebeaucoup selon les individus. Nous pouvonsaussi vouloir communiquer nos donnéespersonnelles comme dans le cas de larecherche médicale où il est primordial depouvoiraccéderàdesdonnéespersonnelles.Il n’est pas possibilité de déterminersimplementcequiestdudomaineprivéetdudomainepublic.LadeuxièmenoFonestcellede«contexte».Vous pouvez être idenFfié très rapidementavec une probabilité très élevée. Par contre,

quand des droits vous sont accordés, lasituaFonestdifférente:paiement,accèsàunservice public, vote électronique… Il s’agitalors de la problémaFque de l’IdenFtérégalienne dont l’état est propriétaire et nonl’individu. Il fauts’assureralorsque lachainedeproducFondesesidenFtésestsolidesousle couvert de réglementaFons en cours demise en place au niveau européen : lerèglement sur l’idenFficaFon électronique etlesservicesdeconfiancepourlestransacFonsélectroniques au sein du marché intérieurconnue sous le sigle « eIDAS » (electroniciden8fica8on and trust services) adopté le23/07/2014et le règlement sur laprotecFondes données personnelles adopté le14/04/2016. La mise en place de sesrèglements, lepremierdèsce8eannée,auraunimpacttrèsstructurant.

Quelle est la valeur des données dans la ville connectée ?Quels opportunités etquelsrisquespourleCitoyen?Ilyaunconsensussurlavaleurquipeutêtrecréée avec les données, la Data. Elle lie etrelie lemonde que nous vivons. Elle permetde finaliser, prolonger les produits existantsen générant de nouveaux usages qui, eux,créent de nouvelles données avec leurstraces… Ces expériences perme8entd’ impl iquer l ’ensemble des acteurs ,transformant les équi l ibres, avec ladésintermédiaFon, la personnalisaFon,notammentdanslaville.L e c i t o y e n p e u t a v o i r u n d o u b l ecomportement : le plus souvent uFlisateurdes données dont il n’est pas maitre ouacteurs desdonnéesdont il a lamaitrise. Entantqu’éme8eurdedonnées sur les réseauxsociaux par exemple, la valeur est souvent

captéepard’autres.Siunjourlescitoyensnevoulaient plus donner leurs données àFacebook sans être rémunérés, que sepasseraitil?Unpouvoirrenduaucitoyen?!

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CaroleMaurage@carolemaurageDirectricedulaboratoiredesusagesàToulouse2014-15etdeC3COP21,Dirigeante,MyNeedMySoluFon

FabriceBenaut@FBenautFondateurCEOiDeaTransSAS, CommissaireauxdonnéesC3

LaurentCharreyron @LCharreyronExpertidenFténumériqueUNIQ.eu

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S’il y a un encouragement à partager lesdonnées avec l’open data, beaucoup deque sFon s r e s t en t o u ve r t e s s u r l aconfidenFalité, le périmètre, la granularitépour que ce8e richesse puisse réellementbénéficier au bien commun. Ce n’est pas lecas à l’heure actuelle. Peu de données sonteffecFvement disponibles à l’usage. Ce sont,leplussouvent,desexpertsquipeuventFrerparF des données comme celles mise àdisposiFonpar lamissionEtalab. L’opendatareste néanmoins une opportunité dedéveloppementdenouveauxservicesdans lacité comme c’est déjà le cas dans lesapplicaFons qui facilitent l’uFlisaFon destransportsdanslaville.Le risqueest que cesdonnéesqui nous sontrenvoyées « prémâchées » nous enfermentdans des comportements formatés .

L’opportunité serait que ces données nousreviennentetnousperme8entdemieuxnousconnaître,quelescitoyensnesoientpasjustedes consommateurs mais des acteurs, lesdonnéescontribuantàleurapprenFssage.La France, classée au 3ème rang mondial del’OpenData index2014,parFcipeacFvementàce8evagued’ouverturedesdonnéesdepuisles années 2000, dynamique renforcée etfacilitée par l’émergence des nouvellestechnologies, les iniFaFves de Data Gouv etdes collecFvités via l’Open Data France.Laurent Charreyron ajoute que le RoyaumeUni est très en pointe sur la problémaFqued’appropriaFondesdonnéesqui s’appliquentà tous les collecteurs de données publics ouprivés.

Retours d'expérience sur le partage de données, Synerthon et laméthodeMyNeedMySolu)on

Al’occasionduClimateChangeChallenge(C3)delaCOP21,plusieursgrandsgroupessesontposés la quesFon de l ’existence deproblémaFques communes, la résoluFon deces dysfoncFonnements devant perme8rel’amélioraFon de la compéFFvité et ainsi lefinancement de nouveaux services et lacréaFond’entreprises.Le premier exemple concerne le réseaurégional de distribuFon dirigé par JeanP a o l e z . L e s a l é a s c l i m a F q u e s ,parFculièrementdans lemonderural,ontunimpact important sur les nombreux poteauxélectriquesetdoncsurlaqualitéduservice.Pouvoir anFciper les endroits où les poteauxvont tomber perme8rait de pré-posiFonnerleséquipesdedépannageetainsiuneremiseenserviceplus rapide.Le réseaudecapteursde Météo France n’est pas suffisammentdense pour pouvoir a8eindre le niveau deprécision permise par les disposiFfs mis enplace,parexemple,lorsdesInternaFonauxdeFrance de Tennis à Roland Garros. L’idée estvenue alors d’équiper le réseau de

distribuFon de capteurs. Les données ainsicollectées seront exploitables par MétéoFrance pour améliorer ses prévisions etéventuellementêtredistribuéesousleformatOpenDataouShareData.Le deux ième exemple concerne lesarrachements de câbles de distribuFon lorsdes travaux dans les villes avec les risquespour la sécuritédes intervenantsde chanFeretlesconséquenceséconomiques.Lepartagede ce8e problémaFque par les différentese n t r e p r i s e s c o n c e r n é e s a p e rm i sl’idenFficaFon d’une Start-Up capable derepérerlescâblesélectriquesensous-terrain.Au final, ce8e collaboraFon a permis uneréducFondesaccidentssurleschanFers,uneamélioraFon du service de distribuFond’électricitéetlacréaFond’uneentrepriseaupotenFeldedéveloppementmondial.

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JeanPaolez@jean_paolezENEDIS(exERDF)

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Ces deux exemples nous incitent à partagernos dysfoncFonnements, ce sont notrerichesseprincipale!Le troisième exemple est parF d’unedémarche Laboratoire des Usages (StratégieSmart-city de ToulouseMétropole) dirigé parCarole Maurage et uFlisant sa méthode My Need My Solution.LescitoyensontidenFfiécommeproblémaFqueslesdésagrémentsdestravauxpublicsvusparlesentreprisescommedes opportunités d’acFvité et donc decréaFon d’emplois et les choix d’urbanismedesgesFonnairesdelacité.Lepartagedeces

problémaFques et ressenFs entre acteurspublics,privésetcitoyenspeutaideràréduirelesgênespourlesunsoupourlesautres.UneapplicaFon a été développée pour exploiterlesdonnéesOpenDatade lavilleet indiqueroùsontlestravauxetlesraisonslesjusFfiant.L e s c i t o yen s p euven t s i g n a l e r l e sd y s f o n c F o n n e m e n t s e t l e u r smécontentements,cequipermetdemesurerla qualité des prestaFons des intervenants.Avec l’applicaFon info’travaux, la qualité desintervenFons et la percepFon qu’en ont lescitoyenspeutêtreaméliorée.

Lesleviersdefinancementpourl’innovaTon

Les 200 ingén ieurs et docteurs dud é p a r t emen t I n n o vaFon d ’Aym i n gaccompagnent les entreprises dans lefinancement de leurs innovaFons. Un grandnombrededisposiFfsexistentenfoncFondutype de financement (subvenFons, avanceremboursable…)etdelamaturitéduprojet.Cesfinancementssontproposésparplusieursorganismes : l’Agence NaFonale de laRecherche (ANR), La Banque Publiqued’InvesFssement(BPIFrance),leFondUniqueInterministériel (FUI) au niveau naFonal. A

l’échelle européenne dans le cadre duprogramme Horizon 2020, les appels d’offre

spécifiques pour les Smart Ci8es sont encours.Le Crédit d’Impôt Recherche est le principaldisposiFf indirect d’aide à la recherche et àl’innovaFonpourtouteslessociétés,Start-Upou g rand g roupe en amé l io rant l acompéFFvité de la recherche française parrapportàsesconcurrentsinternaFonaux.Le déploiement des expérimentaFons SmartC i t y r e p r é s e n t e d e v é r i t a b l e sinvesFssements. Plusieurs modes definancementcumulaFfssontaccessiblespource type de projet. Les financements directs(e.g. FUI) sont condiFonnés par le niveau dematu r i té de l a te chno log i e e t l e sfinancements indirects (e.g. CIR) sontcondiFonnés par la levée d’incerFtudestechniques.

Deladataàl’acTon:Commentfaireducitoyenunacteurdesaville?

Privowny, l’une des Start-Up dans lesquellesFabrice Benaut a invesF, a développé uneplateforme qui redonne aux uFlisateurs le

contrôle de l’usage de ses données endéfinissant à qui et pendant combien detemps un certain type de données est

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RomainChery@ayming_frConsultantenfinancementdel’innovaFon,Ayming

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partagé.Ils’agitd’installerdelaconfianceparlechoix.Commeledéfinit leDataCi8zenshipdeForrester,donnerlepouvoirdesadonnéepourco-construireenconfiancedanssaville.DemanièrepragmaFque,pourEricLegale, lecitoyenàIssy-les-Moulineauxcommedanslesautres villes, recherche des services quifacilitent sa vie quoFdienne. Depuis lelancementduportailOpenData,iln’ypaseud’enthousiasmepourexploiterlesdonnéesdela part des citoyens. Lebutduportail est demontrer aux citoyens quelles données sontpubliées et démontrer la volonté detransparence de la ville. Si les donnéesperme8ent de meilleurs services, le citoyensera ravi et paradoxalement l’Open Data ad’avantage amélioré le travail des servicesmunicipaux dans leur quoFdien. Le servicecommunicaFona,parexemple,uFlisé l’OpenData pour visualiser le budget primiFf etperme8re des simulaFons. Contrairement àcequiapuêtreobservédansd’autresvilles,iln’y a pas eu à Issy-les-Moulineaux deréacFons négaFves sur l’usage des donnéesqui y sont vues comme sources de servicespour faciliter la vie des citoyens. Il fautdisFnguer ce qu’ils font dans leur viequoFdienne et les craintes que nousimaginonsàleurplace.DucôtédeToulouse,l’approcherapportéeparCarole Maurage est sensiblement différente.Le postulat de départ est que la « villeintelligente»doitêtredéfiniepar ceuxqui yvivent et la praFquent. Citoyens, acteurspublics et privés, étudiants, start-ups,designers, universitaires, experts ont étéfédérés dans une démarche d’innovaFonouverte et d’intelligence collecFve pourdéfinircequedevaitêtre lavillededemain :poser une vision commune, faire émerger etdéfinir lesdéfisqu’elleposeet lesressourcesqu’elle demande, puis de créer les servicesperme8ant de concréFser ce8e vision. C’estainsiqu’aétédéfinileschémadirecteurdelaSmart City à Toulouse. Les méthodesd’intelligencecollecFveperme8entd’allerau-delà de la somme des intel l igencescomposants le groupe. A parFr des besoins

présentsetdesusagesfutursimaginésparlescitoyens, les services sont co-construits avecles entreprises, les startups, les servicesmunicipaux et métropolitains, commeinfo’travaux présenté par Jean Paolez.Impliqués dès la phase stratégique, le regarddes citoyens est changé, ils ne sont plus ena8entemaisdeviennentacteursaveclerestedelacommunautétoutencréantdesliensdeconfiance.Pourreleverlestroisdéfismajeursdesvilles-la densificaFon croissante, le défi climaFqueetleschangementsdunumériquedanslaviedescitoyens - Issy-les-Moulineauxmobilise laville collaboraFve en associant tous lesacteurs pour démontrer comment la viequoFdienneestchangée.Parexemple,les170applicaFonslistéesparlaCaissedesDépôtsetConsignaFons améliorent les condiFons detransport des franciliens, bien avant la miseenserviceduGrandParis.Pour Carole Maurage, préfigurant ce qu’ellea p p e l l e l a « d ém o c r a F e d i r e c t ecollaboraFve»,letypededémarchemenéeàToulouse par le Laboratoire des Usages en2014 et 2015 uFlise le numérique ainsi queles ouFls de l’intelligence collecFve pourimaginer la ville de demain. Avec laproducFon de soluFons, pourquoi ne pasintégrerlaproposiFondeloisetleurvotepartous les citoyens, les ouFls numériquesperme8ant aujourd’hui d’élargir avecconfiance les panels représentaFfs àl’ensemble quasi exhausFf des citoyens.L’innovaFonpoliFque, selonCaroleMaurage,consiste ainsi en des poliFques partagéespourdevraiesvillescollaboraFves.Eric Legale souligne que pour leur grandemajorité,lescitoyensn’uFlisentcesouFlsques’ilssontdirectementconcernés.Enoutre,lescitoyens sont mieux informés, il n’est pluspossible de leur raconter n’importe quoi oude leurproposerdesprojetsclésenmain. Ilsveulent pouvoir donner leurs avis. Parexemple, le projet de remplacement desanciens locaux d’Orange R&D a été présentéaujourd’hui parAndré SanFni et le présidentde la Caisse des Dépôts et ConsignaFons,

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propriétaire du terrain. Trois ans auparavant,un mois après l’annonce du départ parOrange,des«conversaFonscitoyennes»ontété organisées pour demander aux citoyenscomment ils imaginaient le nouveau centre-ville avec des ouFls numériques et, surtout,avecdes enquêtes sur le terrain. Les plus de5000contribuFonsquiontétérecueilliesontétéprisesencompteparlemairepourétablirun compromis entre les objecFfs dupropriétaire et les besoins exprimés par lescitoyens.Alors qu’il y a trop de concentraFon depouvoirdanslenumériquecommelemontreencorel’acquisiFondeLinkedInparMicroso~,les ouFls numériques pourraient contribuerselon Fabrice Benaut à faciliter la mise enplace de nouvelles démocraFes plusparFcipaFves,plustransparentes.Laurent Charreyron a quesFonné Eric Legalesurlesdifficultésrésultantdeladifférencedetemporalitéentreledéveloppementagiledesservices et des gouvernances encorecompliquées.

En«off»,EricLegalerépondenencourageantl’innovaFon à contourner l’administraFon enprenant l’exemple des transports : ils ontt ou j ou rs é té ra i s onné s en t e rmesd’infrastructures par des ingénieurs. Dansl’équipedecampagned’AndréSanFnipourlesMunicipales de 2004, comme à chaque fois,des experts sont apparus pour faire desproposiFonsdeprolongaFonsde ligneoudenouvelles lignes de transport. Eric Legaleavait, au contraire, proposé l’amélioraFonduconfort des lignes existantes dont personnene parle mais qui sont au cœur despréoccupaFons des électeurs. Il ne faut paspenser qu’aux infrastructures mais aussi auxusagesavec,parexemple,lesnouveauxouFlsque sont les Smartphones qui perme8entd’éviter des heures de galère dans lestransports. Il encourage les Start-Up d’éviterlesretardsetlesobstaclesdel’administraFon.C’estenprenantconsciencequ’«Innoverc’estdésobéir»queleschosespeuventchanger.

QuelsespoirspourunevilleréconciliantlesCitoyensetlaData?

Pour Carole Maurage la ville de demain estuneville intelligenteoù la technologieestauservice de l’humain qui est, plus que jamais,au centre des préoccupaFons. C’est une villedurable,vivante,où le liensocialaura laplusgrande place. Les indicateurs seront plutôtdes indicateurs de bonheur et les citoyensseront très impliqués, dès l’amont desstratégies,jusqu’àladécisionetl’acFon.C’estunevillededémocraFecollaboraFve,dubien-vivreensemble.EricLegaleimagineunevilledanslalignéedescitéede l’AnFquité commeune communautéd’hommes et de femmes qui vivent et

construisentensemblece8evilleplusefficace.Ilcraintsurtoutquece8evillenesoitpilotée,réguléepardesalgorithmescommecescitésCoréennes qui nous sont montrées enexempleetquisont,certestrèsefficacesmaisterriblement ennuyeuses. Les villes doiventavoiruneâme.FabriceBenaut veut une ville qui (re)créedulien, proche de la nature, dans laquelle seretrouvelasolidaritéqu’iltrouveencoredansdes villages africains. La Data étant unsupport, voire un levier s i e l le estcorrectement générée et uFlisée. Lagouvernancedépendradel’intenFon.

Cette conférence était organisée par les clubs professionnels Mines Informatique et Mines Aménagement & Construction (www.inter-mines.org)

en partenariat avec l'Institut G9+ (www.g9plus.org, @G9plus) et l’Alliance Big Data (www.alliancebigdata.com)

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