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É N° 35 - MARS 2009 E n Carême, les chrétiens sont censés vivre un temps fort dans leur vie chrétienne, en se laissant interpeller dans leur vie par l’Evangile, par la personne et le mys- tère du Christ. Pour y arriver, un par- cours nous est proposé sur les traces de Jésus à partir des tentations du désert après son baptême, en proie aux privations, jusqu’à la Croix et le Matin de Pâques. Cette année ce parcours se profile sur un fond de crise financière mon- diale, de conflits sociaux, de réces- sions économiques, d’accroisse- ments des pauvretés qui creusent et élargissent les privations de biens de subsistance dans de larges couches de l’humanité. La TV nous montrait il y a quelques semaines des gens cherchant à la fin du marché des restes de nourriture plus ou moins consommables. Un lec- teur écrivait dans un journal de pro- vince : « J’ai vu un jeune d’une ving- taine d’années faire les poubelles, et j’ai été choqué qu'il en retire un mor- ceau de pain et qu'il le mange ». Ils n’étaient pas des clochards, mais des gens comme vous et moi. Crise finan- cière aidant, la crise alimentaire de 2008 a touché 40 millions supplémen- taires de personnes. Ce ne sont pas ces privations qu’encourage le parcours chrétien de carême, mais elles nous interpellent et doivent interpeller notre société de consommation et nos systèmes de croissance. Ce sont des privations imposées aux plus défavorisés par l’égoïsme et la recherche effrénée ou systématisée et même légalisée du profit. C'est inacceptable. Les privations qui balisent, avec la prière, le parcours de Carême, sont la réponse de notre solidarité avec celui qui a faim, soif, est nu, malade, privé de liberté ou des libertés, enchaîné par des addictions de toutes sortes. La société se doit d’assurer un mini- mum de répartition de biens, de par- tage. On est bien obligé, à moins de périr tous ensemble, de réglementer, mondialisation oblige, le marché mon- dial, de moraliser les finances, de répartir les bénéfices. Car, comment se fait-il que l’on trouve sans grande difficulté mille milliards pour soutenir les instituts financiers et que l'on n’arrive pas à débloquer quarante milliards qui permettraient à tous de manger à leur faim ? Est-ce que la faim de certains est plus faim que celle des autres ? Réglementer, moraliser, cela est nécessaire, mais ne suffit pas. Les conférences de Rome et de Madrid de 2008 n’ont pas eu de suites. Le parcours de Carême entraîne à une conversion, c’est-à-dire à ne pas regarder l’autre à partir de moi (de mes intérêts, de mes besoins, de mes ambitions), mais à regarder à partir de lui (de ses intérêts, de ses besoins, des ambitions de Dieu pour lui). Une conversion que seul l’amour peut engager, soutenir et accomplir. Il est heureux que la morosité dans ce temps de crise, de précarité de l’emploi, d’un futur incertain, n’ait pas affecté la générosité de ceux qui répondent aux sollicitations de détres- se, à l’effort de Carême. « La solidari- té avec ceux qui souffrent a encore plus de sens ». A la suite du Christ, il convient de partager leurs privations, en nous privant nous-mêmes, il convient de partager les biens, parta- ger la faim. Le Christ, « de riche qu’il était, s’est fait pauvre pour nous enri- chir de sa pauvreté » (2Co 8,9). Il a partagé notre mort pour nous rendre la vie. « Le jeûne est l’âme de la prière, la miséricorde est la vie du jeûne. Donc, celui qui prie doit jeûner ; celui qui jeûne doit avoir pitié ; qu’il écoute l’homme qui demande et qui en demandant souhaite être écouté ; il se fait entendre de Dieu celui qui ne refuse pas d’entendre lorsqu’on le supplie » (St. Jean Chrysologue). Laissons-nous interpeller par l’Evangile et nos frères dans le besoin et interpellons, par notre vie, la société dont nous faisons partie. PARTAGER LA FAIM MISSIONNAIRES CLARÉTAINS 159, route de Seysses 31100 Toulouse (France) Tél. (0)5 62 87 89 60 - Fax (0)5 62 87 89 62 -Email: [email protected] Si vous souhaitez recevoir “Clarétains dans le monde” à votre domicile, veuillez nous comumuniquer votre adresse. N°35- CLARETAIN:N°35- CLARETAIN 12/03/09 12:04 Page 1

Clarétains dans le monde Mars 2009

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Clarétains dans le monde Mars 2009

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ÉN° 35 - MARS 2009

En Carême, les chrétiens sontcensés vivre un temps fortdans leur vie chrétienne, en se

laissant interpeller dans leur vie parl’Evangile, par la personne et le mys-tère du Christ. Pour y arriver, un par-cours nous est proposé sur les tracesde Jésus à partir des tentations dudésert après son baptême, en proieaux privations, jusqu’à la Croix et leMatin de Pâques. Cette année ce parcours se profilesur un fond de crise financière mon-diale, de conflits sociaux, de réces-sions économiques, d’accroisse-ments des pauvretés qui creusent etélargissent les privations de biens desubsistance dans de larges couchesde l’humanité.La TV nous montrait il y a quelquessemaines des gens cherchant à la fin

du marché des restes de nourritureplus ou moins consommables. Un lec-teur écrivait dans un journal de pro-vince : « J’ai vu un jeune d’une ving-taine d’années faire les poubelles, etj’ai été choqué qu'il en retire un mor-ceau de pain et qu'il le mange ». Ilsn’étaient pas des clochards, mais desgens comme vous et moi. Crise finan-cière aidant, la crise alimentaire de2008 a touché 40 millions supplémen-taires de personnes.Ce ne sont pas ces privationsqu’encourage le parcours chrétien decarême, mais elles nous interpellentet doivent interpeller notre société deconsommation et nos systèmes decroissance. Ce sont des privationsimposées aux plus défavorisés parl’égoïsme et la recherche effrénée ousystématisée et même légalisée duprofit. C'est inacceptable.Les privations qui balisent, avec laprière, le parcours de Carême, sont laréponse de notre solidarité avec celuiqui a faim, soif, est nu, malade, privéde liberté ou des libertés, enchaînépar des addictions de toutes sortes.La société se doit d’assurer un mini-mum de répartition de biens, de par-tage. On est bien obligé, à moins depérir tous ensemble, de réglementer,mondialisation oblige, le marché mon-dial, de moraliser les finances, derépartir les bénéfices. Car, commentse fait-il que l’on trouve sans grandedifficulté mille milliards pour soutenirles instituts financiers et que l'onn’arrive pas à débloquer quarantemilliards qui permettraient à tous demanger à leur faim ? Est-ce que lafaim de certains est plus faim quecelle des autres ? Réglementer,

moraliser, cela est nécessaire, maisne suffit pas. Les conférences deRome et de Madrid de 2008 n’ont paseu de suites.Le parcours de Carême entraîne àune conversion, c’est-à-dire à ne pasregarder l’autre à partir de moi (demes intérêts, de mes besoins, de mesambitions), mais à regarder à partir delui (de ses intérêts, de ses besoins,des ambitions de Dieu pour lui). Uneconversion que seul l’amour peutengager, soutenir et accomplir.Il est heureux que la morosité dans cetemps de crise, de précarité del’emploi, d’un futur incertain, n’ait pasaffecté la générosité de ceux quirépondent aux sollicitations de détres-se, à l’effort de Carême. « La solidari-té avec ceux qui souffrent a encoreplus de sens ». A la suite du Christ, ilconvient de partager leurs privations,en nous privant nous-mêmes, ilconvient de partager les biens, parta-ger la faim. Le Christ, « de riche qu’ilétait, s’est fait pauvre pour nous enri-chir de sa pauvreté » (2Co 8,9). Il apartagé notre mort pour nous rendrela vie.

« Le jeûne est l’âme de la prière, lamiséricorde est la vie du jeûne. Donc,celui qui prie doit jeûner ; celui quijeûne doit avoir pitié ; qu’il écoutel’homme qui demande et qui endemandant souhaite être écouté ; ilse fait entendre de Dieu celui qui nerefuse pas d’entendre lorsqu’on lesupplie » (St. Jean Chrysologue).Laissons-nous interpeller par l’Evangileet nos frères dans le besoin et interpellons, par notre vie, la sociétédont nous faisons partie.

PARTAGER LA FAIM

MISSIONNAIRES CLARÉTAINS159, route de Seysses 31100 Toulouse (France)

Tél. (0)5 62 87 89 60 - Fax (0)5 62 87 89 62 -Email: [email protected] vous souhaitez recevoir “Clarétains dans le monde” à votre domicile, veuillez nous comumuniquer votre adresse.

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Avec ses 23.000 habitants, KANYAKUMARI, laville la plus au sud de l’Inde est connuecomme la ville de la « fin du monde ».

Lieu de pèlerinage avec le tombeau de Gandhi, on yvit de la pêche avec deux ou quatre euros par jour.Il y règne de graves problèmes de logement.Plusieurs familles peuvent cohabiter dans unemaison de 30 mètres carrés. Le tsunami de 2004 alaissé plus de 800 morts dans son district. La vie à Kanyakumari est en train de changer depuislors avec l’aide des ONG et la présence de diversInstituts religieux, parmi lesquels les MissionnairesClarétains.A 1500 mètres de la côte, « Claret Nager » (VillageClaret) accueille 400 familles. Elles proviennent dela population affectée par le tsunami ou des milieuxvivant dans des conditions d’une extrêmepauvreté. Le couple Riboldin et Ubraldal Alargaram viventdans le quartier du port, eux, leur fille, leurmaman aveugle, âgée de 80 ans, une petitesœur, dans un espace de 35 mètres carrés.C’est le cas de nombreuses familles depêcheurs, faute de maisons pour tous à « ClaretNager ».Les familles accèdent à la propriété de leurlogement en payant le terrain, mais les pluspauvres ont pu bénéficier des aides des ONGou de crédits bancaires, car le terrain revient à1.200 € (75.000 roupies).L’œuvre de « Claret Nager » ne se limite pas aulogement. Elle s’inscrit dans une vision pluslarge et a des effets plus profonds dansl’éducation et la formation et dans la promotionde la femme. Les classes accueillent indistinctement garçonset filles. Elles comprennent depuis

l’enseignement général des plus petitsjusqu’aux cours sur les technologies del’information, l'hôtellerie, le commerce, l'infirmerie, la mécanique, la confection,l'anglais, etc.Les résultats ne peuvent être meilleurs pour lesjeunes. Après quelques mois de formation,selon le coordinateur des cours, les jeunes de18-26 ans, la plupart des femmes, ont toustrouvé du travail.Pour les filles il y a là quelque chose de trèsimportant, mais aussi pour les familles. Lafemme devient un membre de la société à partentière et à égalité avec les hommes.Elles acquièrent leur indépendance vis-à-vis deleur famille, de leur futur mari, libérant du

même coup leurs parents du règlement de ladot au moment du mariage. À Kaniakumari ladot est en moyenne d’un million de roupies(10.000 €) une fortune impossible pour le plusgrand nombre des familles de la région.En Inde les filles sont un malheur et deviennenttrès coûteuses, de telle sorte que beaucoup defamilles cherchent à s’en défaire. À « ClaretNager » fonctionne, sous la direction du P.Gaspar Masilamani, 44 ans, une maisond’accueil pour les filles rejetées par leursparents.Avec la formation, les familles comprennent,elles aussi, l’importance de la formation desfilles.Majil Sagolia et sa femme Jeiya, 43 et 36 ansrespectivement, vivent de la pêche. Ils ont troisfilles, 13, 11 et 5 ans. Tous les deux sontconvaincus de l’importance de l’éducation pourleur avenir et dépensent 5.000 roupies (100 €)par an pour chacune en dépenses scolaires.Ce n’est pas toujours le cas dans beaucoup defamilles, soit parce qu’elles n’ont pas assez deressources, soit tout simplement parce qu’ellesn’en ont pas la volonté.Du reste, l’effort pour reconstruire leur vie aprèsle tsunami a fait que les femmes ont un rôlebeaucoup plus actif dans la société deKanyakumari.Il ne s’agit plus d’administrer les maigressalaires des maris, c’était leur affaire déjà ;maintenant elles deviennent une pièce-clé dansl’organisation de la communauté et ellesparticipent aux décisions à égalité avec leursmaris, avec les mêmes droits.

LA VILLE DE LA « FIN DU MONDE »

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Cent ans au service de l’évangélisation despopulations indiennes et afro-américainesdu Chocó. Cent ans aussi de présenceclarétaine en Colombie.

Karahali. Première pierre d’un nouveaucentre de vocations. Le P. Ezakias (en soutane) est destiné àPékin.

Ordinations pour la France. Le 23novembre 2008 à Bogotá. Le P. FabioLopez et le 6 décembre le P. RaymondAdormeo aux Philippines, dans la photo.

Le P. Roger SABIRON,de la communauté deToulouse nous a quit-tés le 8 d’octobre2008.

Depuis 1988 il était au service de la parois-se du Sacré Cœur,chargée particulière-ment de la pastoralede maisons de retraitesur le territoire de laparoisse.

Orphelinat saint Kysito à Yaoundé.Voulez-vous contribuer à cette œuvre?

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SAINT ANTOINE MARIE CLARET

MISSIONNAIRES CLARÉTAINS55, Bd Rodocanachi 13008 MARSEILLE Tél (0)4 91 77 51 08 Email: [email protected]

11 rue Paul Fort 66000 PERPIGNAN Tél (0)4 68 61 10 99 Email:[email protected] rue de lʼIndépendence 11100 NARBONNE Tél (0)4 68 32 07 08 Email:[email protected]

2 place de la patte dʼOie - 31300 TOULOUSE - Tél (0)5 61 49 38 35 - Email : par-sacre-cœ[email protected] 51 bis, rue de la pompe 75116 PARIS Tél. (0)1 45 04 23 34 - Email : [email protected]

PROCURE MISSIONNAIRES CLARÉTAINS - CCP 6292 67 TOULOUSECe journal est gratuit, vous pouvez cependant nous aider à sa publication et à sa distribution. Dans vos donsprécisez toujours leur destination: missions en général ou en particulier, vocations; séminaires, feuilles; etc...

À L’ÉCOUTE

Un cœur compatissant

« J’ai reçu un cœur si tendre que je ne peux voir unmalheur sans que je le secoure ; je m’enlèverai le pain dela bouche pour le donner à un pauvre. Je me faisscrupule d’en user pour moi en pensant à tant denécessités auxquelles il faudrait remédier… » (Aut 10)

Pauvre pour évangéliser

Embarqué à Marseille sur le Tancrède, le P. Claret se voitoffrir de l’argent par des riches voyageurs. « Que vas-tufaire ? Accepter cet argent ou le refuser ? Si tu ne le veuxpas pour toi-même, n’y a-t-il parmi ces malheureuxEspagnols qui voyagent avec toi, quelqu’un qui en abesoin… ? J’acceptais donc l’argent, et je le répartisentre mes compagnons… sans garder pour moi lemoindre maravédis ; je ne voulais même pas unebouchée de ce que ces malheureux compagnonsachetaient à la cuisine, et je me contentais, très heureux,de manger mon pain trempé par l’eau de mer »(Autobiographie 133-134).

Pour les enfants des rues

« L’amour des pauvres m’a porté aussi à acquérir unepropriété à Puerto Principe [Cuba]. Quand j’ai quittéCuba j’avais dépensé pour cette œuvre 25.000 douros…Cette œuvre avait pour but de recueillir les enfantspauvres, garçons et filles, dont beaucoup se perdaientdans les rues des grandes villes où ils mendiaient. Onleur apprenait la religion, la lecture, l’écriture et les autresmatières qu’étudient les enfants de leur âge. De plus, onleur enseignait un métier de leur choix. On leurdemandait seulement de travailler une heure par jour àl’exploitation de la propriété ; cela suffisait à faire vivretous les habitants de l’établissement. Le surplusconstituait un bénéfice mis à la Caisse d’Epargne au nomdes enfants hébergés. En sortant de cette maison,chacun avait en main un métier et une petite avance enargent... De mes mains j’avais planté moi-même quatrecents orangers qui croissaient merveilleusement… »

Une caisse d’épargne populaire

« Une autre de mes fondations est la Caisse d’Epargne,dont le but principal était de venir en aide aux pauvres etde leur apprendre à économiser et à être prévoyants. J’airemarqué que si l’on donne aux pauvres un moyenhonnête de gagner leur vie et si on leur enseigne unebonne règle de conduite, ils mènent une vie honnête etvertueuse ; dans le cas contraire, ils s’avilissent et selaissent glisser sur la pente du mal… »

Prisonniers et malades

« J’allais visiter assidûment les prisonniers et lesmalades… leur portant quelques secours. J’étais leprésident de l’association dite : Les Amis du Pays. Lesréunions avaient lieu dans mon palais épiscopal ; nousavions pour but principal de promouvoir le bien-être et leprogrès social dans l’île de Cuba. Nous cherchions unmétier pour les jeunes pauvres et prenions soin à ce queles prisonniers apprennent dans la prison à lire, écrire, lareligion et un métier. Nous avions donc dans les prisonsune série d’ateliers, parce que l’expérience nousapprenait que nombreux étaient ceux qui finissaient dansle crime parce qu’ils n’avaient aucun office ni ne savaientcomment se procurer honnêtement la sustentation ». (cf. Aut 563-571)

DES PAUVRETÉS

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