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Troubles cognitifs & chutes du
sujet âgé aux urgences Dr Frédéric Bloch
Equipe d’intervention gériatrique
Hôpital Broca
Introduction
• Au recensement de mars 1999, la France comptait
4 504 911 personnes âgées de plus de 75 ans (7,7% de la
population totale)
• La morbidité augmentant avec l’âge, tous ces sujets
présentent un risque d’hospitalisation.
• La part des personnes âgées hospitalisées représente 50%
des hospitalisations, tous services confondus,
CREDES 1990-1991.
Une population vieillissante
Épidémiologie
• Du simple fait du vieillissement de la population, il y a de +
en + de sujets âgés.
• La réduction de la mortalité est double : infantile et tardive.
% de sujet âgé
en France
1950 1990 2020 2050
+ de 60 ans 19 19,5 26,8 33,7
+ de 65 ans 11 14 20,6 28
+ de 75 ans 35,6 45,8 61,5
+ de 85 ans 8,1 16 24,7
Épidémiologie
Les sujets âgés aux urgences
• Le sujet âgé se rencontre dans tout exercice médical : dans la médecine spécialisée et surtout en médecine générale où la gériatrie constitue aujourd'hui 40 % de l'activité.
• Les personnes dépendantes maintenues à domicile sont estimées à 200 000 en France et en cas de décompensation, le médecin traitant utilise souvent la solution du transfert vers les urgences,
• L’isolement de la personne âgée sans entourage soignant régulier peut également entraîner une hospitalisation via les urgences quand survient un problème.
Épidémiologie
• Situation géographique : Paris 14e
• Bassin Cochin :
– 1 607 020 habitants,
– dont 118 942 personnes âgées de plus de 75ans,
– 7.4% de la population.
• 1074 lits MCO
• SAU : Environ 50000 passages en 2008 sur le pôle
urgences adulte
• Pas de service dédié à la personne âgée
Épidémiologie
Les sujets âgés aux urgences de Cochin
Les sujets âgés au SAU
Représentation des sujets âgés au SAU
Population
adulte
87%
Patients > 75
ans
13%
Motif du passage
57%
43%
Motif médical Motif chirurgical
6375 personnes
Épidémiologie
Le concept de fragilité
• Relevant du prise en charge en secteur gériatrique
• Les meilleurs critères de fragilité sont:
– Âge >85ans
– Des comorbidités >3
– Atteinte d’au moins 1 ADL
– Au moins 1 syndrome gériatrique:
• Chutes
• Déficit cognitif
• Incontinence
Prise en charge de la PA de plus de 75 ans aux urgences. Conférence de
consensus, rev de gériatrie - Mars 2004
Le raisonnement gériatrique
Troubles cognitifs du sujet âgé
1. Comment raisonner devant les troubles
cognitifs chez le sujet âgé au SAU?
2. Comment différencier une confusion d’une
démence?
La problématique
30% des plus de 85 ans sont atteints d’une démence d’Alzheimer ou apparentée.
70% des plus de 85 ans sont indemnes de toute atteinte démentielle
Il ne faut pas banaliser la présence de troubles cognitifs parce qu’on est face à une personne âgée
La vieillesse n’est pas une cause de démence, ce n’est qu’un facteur de risque
Quelques notions de base…
Les critères diagnostiques du DSM-IV
A: Altération de la conscience avec diminution de la capacité à focaliser, maintenir ou changer le sujet de l’attention
B: Modification cognitive ou perturbation de la perception qui n’est pas mieux expliquée par une démence préexistante
C: Les troubles fluctuent sur une courte période de temps et tendent à fluctuer au cours d’une journée
D: On peut identifier une cause organique dans l’histoire,l’examen clinique ou les investigations
Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 4th ed Text
Revision (DSM-IV-TR). American Psychiatric Association 2000
Définition d’une confusion
L’agitation
Ne pas confondre état d’agitation et confusion
– Il y a des agitations sans confusion (délire)
– Il y a des confusion avec somnolence et hypoactivité+++
« tout va bien, c’est calme !!… »
La confusions, ce n’est pas:
La surdité
L’ictus amnésique L'ictus amnésique est un trouble aigu de la mémoire, de début
rapide, voire brutal, durant quelques heures, parfois après un choc affectif.
L’aphasie L'aphasie de Wernicke se distingue de la confusion par l'existence
de paraphasies abondantes pouvant aboutir à un jargon. En leur absence, le diagnostic peut être difficile si le patient est obnubilé.
La confusions, ce n’est pas:
Troubles
cognitifs
oui non Notion
d’ancienneté
des troubles
La problématique
Confusion Démence Aggravation
Révélation
La démence
• Très difficile en urgence. Si doute il y a = c’est une confusion
• Attention un dément peut être confus
c’est fréquent puisque la démence est un Fdr (25% des patients confus sont finalement reconnus comme déments, 40% des patients déments entre confus à l ’hôpital)
• Modification brutale des Tb cognitifs +apparition de Tb de vigilance, du langage et de l’attention + fluctuations.
• Le traitement de la cause d’une confusion est une URGENCE (pas celui de la démence)
La confusions, ce n’est pas:
Critères diagnostiques du DSM IV:
A. déficits cognitifs multiples (mémoire + langage ou praxies ou gnosies
ou fonctions exécutives)
B. déclin cognitif // fonctionnement antérieur
C. début progressif et déclin continu
D. pas d’atteinte du SNC (AVC, Parkinson, HSB, hydrocéphalie,
tumeur…),
pas d’affection générale (hypothyroïdie, carence B12 ou folates,
hypercalcémie…), pas de toxicité médicamenteuse, d’alcoolisme ou de
stupéfiant
E. pas de confusion mentale
F. pas de dépression ou de psychose
Définition d’une démence
Confusion Démence
Début aigu Insidieux
Durée courte Chronique
Vigilance Fluctuante (aggravation nycthémérale) Conservée
Pensée Désorganisée, riche Pauvre
Fctions cognitives Obnubilation Déficit global
Différences cliniques
Souffrance cérébrale aiguë ORGANIQUE
Lésion cérébrale, AVC
Epilepsie…
Souffrance cérébrale aiguë FONCTIONNELLE
par agression aigue organique
qu’il faut chercher et qui peut parfois être évitée
Etiologie des confusions
causes de confusion du sujet âgé à rechercher en priorité :
• Toutes les affections somatiques aiguës générales (neuro, cardiopulm, postchir…)
• Fièvre et infections (urinaires)
• Déshydratation, hyponatrémie
• Fécalome, rétention urinaire, douleur,
• Médicaments – psychotropes,
– analgésiques,
– morphiniques,
– corticoïdes…
La confusion
Plus l’agression aigue sera minime pour entrainer une confusion, plus le statut cérébral sera fragile
L’avancée en âge est un facteur prédisposant à la confusion
FACTEURS DE RISQUE:
– Non modifiables (âge, démence, hospitalisation en urgence, fracture, terrain …)
– Modifiables: intéressants car en les prenant en compte on peut diminuer l ’incidence des confusions
Les facteurs de risque
• Atmosphère calme et rassurante
– Calmer TOUT le monde
– Pas de barrière, renforcer vigilance (hydratation…)
• Éviter une hospitalisation inutile
• Préparer la sortie
– Prévenir famille et entourage
– Replacer dans un circuit adapté
– Être alerté
• Eviter les neuroleptiques / les contentions
La prise en charge de la confusion
Chutes du sujet âgé
• 1 personne âgée sur 3 chute chaque année à partir de 65
ans, 1 sur 2 après 80 ans
• 2/3 de chutes uniques pour 1/3 de chutes récurrentes
• En France, les chutes seraient responsables à court terme
de 12 000 décès par an.
• Elles représentent également un facteur d'entrée dans la
dépendance : 40 % des sujets âgés hospitalisés pour chute
sont orientés ensuite vers une institution.
Épidémiologie des chutes
Toute chute chez un sujet âgé, quelles qu'en
soient les circonstances, doit être prise en
charge non comme un simple accident, mais
comme une affection potentiellement grave.
Spécificité du sujet âgé
Spécificité du sujet âgé
CHUTE
Conséquences
immédiates
- Fracture
- Hématome
1
• Une chute sur deux entraîne des blessures cutanées et hématomes (7% demandant une suture)
• Dix pour cent de douleur liée à la chute
• La plupart des chutes n'entraînent pas de traumatisme physique sérieux. Six à 8 % seulement des chutes seraient responsables de fractures, dont 1 fois sur 3 de l'extrémité supérieure du fémur.
Ainsi, la morbidité des chutes ne peut en aucun cas se résumer à leurs seules conséquences traumatiques.
Conséquences immédiates
Spécificité du sujet âgé
CHUTE
Conséquences
immédiates
- Fracture
- Hématome
1
2
Conséquences secondaires
- Complication du décubitus
- Complication de l’immobilisation
Les complications du décubitus
• Les escarres
• Les complications thromboemboliques
• Les complications infectieuses…
Les complications de l’immobilisation
• Le syndrome de rhabdomyolyse
• Déshydratation et dénutrition
• Hypothermie
• Absence de suivi thérapeutique…
Conséquences secondaires
Les conséquences psychomotrices
• Elles représentent les conséquences les plus fréquentes et les plus graves des chutes,
• Le « syndrome post-chute » : la chute peut être à l'origine d'une sidération des automatismes acquis, entraînant une perte des réactions d'adaptation posturale, avec difficulté à se maintenir en orthostatisme.
• Le syndrome post-chute associe une composante motrice et une composante psychologique.
• C'est une urgence gériatrique.
Conséquences secondaires
La prise en charge au SAU
• Surveillance biologique
• Réhydratation, renutrition
• Traitement de la douleur
• Soins locaux
• Lever précoce
• Psychothérapie de soutien
Conséquences secondaires
Spécificité du sujet âgé
CHUTE
Conséquences
immédiates
- Fracture
- Hématome
1
2
Conséquences secondaires
- Complication du décubitus
- Complication de l’immobilisation
3
Bilan
étiologique
Evaluation du
risque
-Risque de
récidive
- Evaluation
médico-sociale.
• La chute peut avoir des significations diverses
• événement brutal lié à un facteur intercurrent (chute
fortuite),
• signe essentiel d'une étiologie unique (chute
symptôme),
• élément sémiologique d'un syndrome,
• Enfin, évènement dont la signification est sociale ou
psychique (chute symbole).
Etiologie des chutes du sujet âgé
Les facteurs intrinsèques
Patiente sous diurétique
Diarrhée avec hypokaliémie
Les Événements en cascade
GEA
Les facteurs prédisposant
Hypovolémie Troubles du rythme
Chute avec fracture
Les facteurs précipitant extrinsèques
La population âgée chutant à l’intérieur est différente de celle chutant dehors : les
premières sont des personnes très âgées peu autonomes alors que les seconds
sont plus jeunes, ambulatoires et chutant par des causes extrinsèques
Le risque de récidive
Il existe plus de 20 échelles d’évaluation du risque de chute (Perell 2001)
• Afin d’éviter une réadmission précoce par une récidive des chutes :
• En plus du diagnostic posé et de la prescription de sortie, il convient de s’assurer qu’il existe:
– Une bonne organisation pour le retour
– La mise en place d’aides nécessaires (humaines ou matérielles)
– Un entourage informé
Le contexte social
Bibliographie
• Prise en charge de la PA de plus de 75 ans aux urgences. Conférence de consensus, rev de gériatrie - Mars 2004
• Particularités diagnostiques et grands principes thérapeutiques en gériatrie. JP Bouchon, Encycl Med Chir – 2004
• La personne âgée malade. M Debray & C Bioteau, Rev praticien – 2005
• Principes de thérapeutique chez les PA. JP Bouchon, Chap 12 - Godeau 2ème ed.
• Geriatric Emergency Medecine. SW Meldon, Mc Graw Hill - 2004