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L’INFO CPAS LE JOURNAL D’INFORMATION TRIMESTRIEL DU CENTRE PUBLIC D’ACTION SOCIALE DE LIÈGE N° 70 - Quatrième trimestre 2016 PB-PP BELGIE(N) - BELGIQUE P705096 ACTUALITÉ L’accueil des demandeurs d’asile à Liège

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L’INFO CPASLe journaL d’information trimestrieL du Centre PubLiC d’aCtion soCiaLe de Liège

n° 70 - Quatrième trimestre 2016

Pb-PPbeLgie(n) - beLgiQue

P705096

ActuAlité

l’accueil des demandeursd’asile à liège

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L’IMAGEEDITO

L’INFO CPAS Quatrième trimestre 2016 2 L’INFO CPAS Quatrième trimestre 2016 3

... est le journal d’information trimestriel du Centre Public d’Action Sociale de Liège.

N°70 - Quatrième trimestre 2016

Rédaction et mise en page : Cellule Communication du CPAS de Liège.

Photo de couverture : Virginie Nguyen - © Fedasil.

Impression : CIM de la Ville de Liège

Tirage : 4.000 exemplaires

Editeur responsable :Marie-France Mahy, Place Saint-Jacques 13, 4000 Liège

Contact : [email protected]/220.69.89

www.cpasdeliege.be

SOMMAIRE

2 Edito

3 L’image

4 Interview : Anne-Françoise Bastin, responsable du service social de l’asbl « Aide aux personnes déplacées » / Alix Dequiper, Directrice de l’Aide sociale du CPAS de Liège

10 l’Accueil des réfugiés et des primo- arrivants à liège : l’offre de services

12 Focus : le parcours de l’asile en Belgique

14 Retour sur la 11ème Journée des insertions : Les conclusions de Roger Dehaybe, Administrateur général honoraire de la Francophonie

16 Le Service d’Accueil des Demandeurs d’Asile

L’INFO CPAS...je remercie l’ensemble des participants à la 11ème journée des insertions d’avoir mis en mots et en engagement cette équité-là au service des migrants.

Scientifiques, chercheurs, hommes et femmes de terrain ont répondu à l’appel sans hésitation pour partager avec nous leur expertise et leur témoignage.

notre identité est multiple. elle s’est construite avant nous, dans nos familles et dans nos communautés. elle a pris d’autres formes au fur et à mesure de nos parcours de vie et jusqu’au bout, nous pouvons interagir avec elle.

Celle des exilés - adolescents, personnes âgées, hommes dans la force de l’âge, femmes avec enfants qui arrivent chez nous - l’est également, loin des stéréo-types et des jugements qui prétendent valoir.

nous avons été ou nous pourrions être de ceux-ci.

Chacun en cette journée de novembre l’a admis gardant de ces migrations univer-

selles et leur caractère de défi et leur caractère d’opportunité.

toute ma reconnaissance va égale-ment à ceux qui ont conjugué leurs efforts pour que nos actions solidaires en matière d’asile prennent une consis-tance supplémentaire par le biais de cette journée et de cet « info CPas » qui l’amplifie.

une équipe motivée a tout assuré avec compétence, du choix du thème et des intervenants à sa mise en place concrète et le travail était d’importance.

au terme de cette année passée au sein de l’institution, je partage avec vous cette évidence : « au CPAS, chaque jour est utile » et je vous souhaite pour cette année qui vient santé, courage et beaucoup de bonheur.

Marie-France MahyPrésidente du cPAs

de liège

L’asbl « article 27- Liège » - dont le siège était situé depuis sa création au sein du bâtiment de l’administration centrale de notre CPas - vient de déménager dans les anciens locaux de l’of-fice du Tourisme situés en Féronstrée.

Le déménagement dans les bureaux situés au rez-de-chaussée du bâtiment de l’Échevinat de la Culture permettra à l’équipe de l’association

de disposer d’un espace de travail sensiblement plus grand et confortable, mais également de réaliser de nouvelles synergies avec la Ville de Liège, son service Culture et ses musées en vue de mieux promouvoir la culture pour tous.

Bien entendu, le partenariat avec le CPAS de Liège est maintenu et renforcé par la création d’un comité de spectateurs à l’antenne-jeunes.

Le mode de distribution des tickets « article 27 » reste, quant à lui, inchangé.

Contactarticle 27 - LiègeFéronstrée, 92 - 4000 LiègeTél. : 04/222.19.21 / Fax : 04/267.50.40Courriel : [email protected]

insertion par la culture :Déménagement de l’asbl « Article 27 - liège »

16 novembre 2016 : La 11ème Journée des insertions qui s’est déroulée pour la cinquième fois consécutive à la Haute École de la Province de Liège a été un succès. Un public nombreux – composé majoritairement d’étudiants et de professionnels de l’action sociale – a suivi avec attention les débats et ateliers consacrés à la question très actuelle de l’accueil des réfugiés.

« L’équité, c’est considérer que les hommes sont égaux en droits et en dignité, même quand ils sont inégaux, comme presque toujours, en talents, pouvoirs, richesses »

André Comte-Sponville

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ACTUALITE

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Quelles sont les répercussions de ce que l’on appelle la « crise des réfugiés » sur votre association ?Anne-Françoise Bastin : nous avons constaté une augmentation des demandes d’aide avec l’arrivée dans nos services d’une toute nouvelle population issue de la dernière vague de migrants et de demandeurs d’asile. mais étant donné que nous avons une capa-cité d’accueil limitée, cela n’a pas vraiment eu d’impact quantitatif sur le travail que nous effectuons. nos services sont occupés en permanence et cela veut dire que nous ne pouvons pas absorber toutes les demandes. En cas d’affluence importante, on voit cer-tains habitués se tourner vers d’autres ser-vices pour les problématiques qui ne relèvent pas du droit des étrangers.

Qu’en est-il au CPAS de Liège? « La crise des réfugiés » a-t-elle eu un impact sur le nombre des demandes d’aide ?Alix Dequiper : nous constatons une aug-

mentation générale et continue du nombre des demandes d’aide – elle n’est donc pas uniquement due à l’arrivée sur le territoire de nouveaux migrants. Par ailleurs, et contrai-rement au public des associations, les per-sonnes qui viennent chez nous n’ont pas la possibilité de s’adresser à d’autres institu-tions pour demander l’aide financière. Cela complique notre mission, accroît la pression sur les travailleurs sociaux et nous oblige à diminuer le temps que nous consacrons à l’examen individuel des demandes. Cela dit, certaines demandes d’aide peuvent être ré-orientées vers le réseau associatif ou caritatif.

Pourquoi avoir mis en place un groupe de travail sur les collaborations entre asso-ciations et CPAS en matière d’accueil des réfugiés sortant des centres d’accueil ?AD : nous avons besoin de travailler en-semble pour répondre à toutes les demandes d’aide qui sont en croissance exponentielle. De plus, une même personne peut s’adres-

ser au même moment à plusieurs interve-nants, d’où la nécessité de mieux coordon-ner nos actions. Par ailleurs, engager un dialogue entre tous les partenaires permet de désamorcer les tensions qui peuvent parfois survenir entre tissu associatif et pouvoirs pu-blics. C’est ainsi que l’on pourra par exemple apporter des explications sur les raisons de la lenteur ou de la rigidité de certaines de nos procédures qui peuvent être incomprises par nos partenaires associatifs. En outre, la loi qui définit clairement le champ de notre inter-vention nous donne la possibilité de travailler en collaboration avec les associations, de prendre en compte les solutions qu’elles pro-posent et de les intégrer dans nos processus. Prenons l’exemple des personnes qui sortent d’un centre et qui ne trouvent pas immédia-tement un logement personnel. Lorsqu’elles se font héberger par d’autres personnes qui peuvent les dépanner provisoirement, le CPas doit tenir compte de cette situation de fait et peut accorder l’aide financière. À la

l’Accueil Des PriMo-ArrivAnts :le rôle Des cPAs et Des AssociAtions

L’arrivée dans notre pays de nombreux demandeurs d’asile sur une période relativement courte constitue un important défi - en terme d’accueil, d’accompagnement et d’insertion sociale – que les pouvoirs publics et la société civile se doivent de relever. Anticipant un accroissement considérable du nombre des demandes d’aide sociale émanant de primo-arrivants, Ville et CPAS de Liège ont pris l’initiative de mettre en place une concertation réunissant les opérateurs des secteurs public et associatif concernés par l’accueil des primo-arrivants. L’objectif de ce groupe de travail est d’accroître la coordination entre les différents services et de renforcer la complémentarité de l’action publique et de l’action citoyenne en vue d’améliorer la qualité des ser-vices proposés à un public particulièrement fragilisé.

lueur de cette explication légale, les associa-tions peuvent envisager de nouvelles solu-tions pour venir en aide à leur public.AFB : je salue l’initiative du CPas de Liège même si je dois aussi préciser que notre col-laboration n’est pas du tout récente. nous travaillons en effet depuis longtemps avec le sada dans le cadre de l’atelier « séjour précaire » qui constitue le cadre d’une bonne communication entre CPas et réseau asso-ciatif liégeois. Cela ne veut évidemment pas dire que nous partageons toujours les mêmes points de vue – rappelons que le rôle des associations consiste parfois à aider les personnes à aller en recours contre les décisions prises par le CPas - mais nous nous écoutons et nous nous respectons. Ces rencontres permettent aussi aux asso-ciations d’expliquer à leurs usagers certaines décisions prises par le CPas qui peuvent leur paraître dures, injustes ou incompré-hensibles. Il faut dire que nous avons la chance de travailler en dehors du contexte de contrôle, d’enquête et de sanction auquel les assistants sociaux du CPas sont soumis. il en résulte que nous avons parfois une image plus favorable auprès des usagers ce qui nous procure une certaine légitimité pour dire et expliquer des choses qui sont parfois délicates ou difficiles à accepter. Il s’agit là d’un point de complémentarité important avec le CPas.

Sur quoi portent précisément les de-mandes des primo-arrivants? AD : Les personnes qui quittent les centres de la Croix-rouge viennent au CPas pour demander l’aide financière mais aussi des aides en matière de logement : premier loyer, caution, prime à l’installation, prime du plan MEBAR permettant aux personnes de chauf-fer leur logement… nous proposons égale-ment un accompagnement au niveau de l’ac-cès à un logement correct même si ce travail reste très compliqué à réaliser parce qu’il n’y a pas assez de logements disponibles. Dans ce contexte, nous ne soutenons les installa-tions que lorsque les logements trouvés sont corrects. En effet, si - par facilité ou pour écourter la recherche d’un logement - nous laissions les personnes s’installer dans des logements inadaptés ou insalubres, nous nous retrouverions très rapidement avec de nombreuses difficultés. En effet, même pour un logement insalubre, un renon en bonne et due forme doit être donné, les démarches

pour récupérer une caution peuvent être compliquées et la loi ne nous permet d’accor-der la prime à l’installation qu’une seule fois.AFB : En ce qui nous concerne, les de-mandes qui nous sont adressées dépendent aussi bien de l’idée que se font les usagers de nos services que des informations qui cir-culent de bouche à oreille à notre sujet. En tant que centre de service social régi par un décret généraliste, nous menons un travail d’accompagnement au quotidien et d’aide à l’intégration. Mais au fil du temps, nous avons été amenés à acquérir des connaissances et

des compétences juridiques de plus en plus pointues parce que les personnes trouvent que le système d’assistance juridique légal ne répond pas suffisamment à leurs attentes. Ainsi, nous sommes de plus en plus sollicités pour des problèmes qui relèvent du droit des étrangers et en premier lieu pour des dos-siers regroupement familial. En effet, bien que la loi encadre précisément cette ques-tion, les personnes concernées se sentent souvent démunies face à des procédures froides, lourdes et qui varient en fonction des pays dont sont originaires les demandeurs.

Anne-Françoise Bastin, responsable du service social AsBl Aide aux Personnes déplacées

Alix Dequiper, directrice de l’Aide sociale

cPAs de liège

interview croisée :

Photo : Pauline Beugnies / © Fedasil

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ACTUALITE

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La dernière vague de migration a-t-elle eu un impact sur la nature du travail effectué par les services du CPAS ?AD : L’une des difficultés les plus impor-tantes auxquelles nous sommes confron-tés depuis quelques mois réside dans le fait que les personnes qui introduisent des demandes d’asile obtiennent une réponse beaucoup plus rapidement qu’auparavant. C’est heureux pour la personne mais cela modifie leur mode d’intégration. Les séjours dans les Centres sont courts. il en résulte qu’elles n’ont pas le temps d’apprendre la langue et encore moins de se rendre compte des spécificités sociales, culturelles et insti-tutionnelles de notre pays avant d’être aux prises directes avec cette réalité. nous avons également constaté que les langues étran-gères les plus usuelles – y compris l’arabe classique – n’étaient pas si fréquemment utilisées et que l’on a même parfois affaire à des langues pour lesquelles on ne trouve même pas de traducteurs agréés. L’actuelle vague migratoire nous met aussi face à de nouvelles réalités sociales. C’est ainsi que l’on voit venir de syrie un nombre important d’universitaires qui ont des attentes parti-culières en terme d’insertion socioprofes-sionnelle. beaucoup parmi eux demandent à reprendre des études pour faire valoir un niveau de compétences équivalent à celui qu’ils avaient dans leur pays d’origine. Cela a évidemment un impact sur le nombre de nos

ficultés.AFB : La difficulté du moment et qui est spé-cifique aux primo-arrivants est liée au fait que beaucoup d’entre eux quittent les centres d’accueil en même temps et subissent une pression importante pour trouver où se loger. Par conséquent, certains se voient contraints d’accepter des logements inadaptés ou insa-lubres.

Il existe un nombre important de struc-tures qui proposent des aides au loge-ment. Sont-elles vraiment efficaces ?AD : Les aides au logement proposées sont réelles et l’accompagnement aux personnes à la recherche d’un logement peut vraiment être efficace. Et même lorsqu’il s’agit de solutions d’hébergement provisoires, ce type d’aide est précieux parce que cela permet d’éviter que les personnes tombent dans le sans-abrisme. Mais ce qui rend le travail diffi-cile, c’est le fait que la plupart des personnes souhaitent s’installer dans les grandes villes, voir même dans des quartiers spécifiques afin d’y retrouver une communauté qui par-tage les mêmes origines et la même culture qu’eux.AFB : de nombreux services consacrent beaucoup de temps à la recherche de so-lutions de logement mais il y en a très peu au regard du nombre des demandeurs. Souvent, le simple fait de se présenter en tant que travailleur social à un propriétaire suffit pour que ce dernier refuse de fixer un rendez-vous pour la visite du logement. C’est un travail terriblement ingrat et chrono-phage, car nous sommes confrontés à beau-coup de préjugés à l’égard des étrangers. il y a également énormément de méfiance à l’égard des candidats locataires qui n’ont pas un emploi même quand ils peuvent prouver qu’ils perçoivent régulièrement le revenu d’intégration.

La difficulté majeure n’est-elle pas la cher-té des loyers ? Ne faudrait-il pas prioritai-rement remédier à ce problème ? Certains avancent par exemple l’idée d’une alloca-tion spécifique dédiée au logement…AFB : La cherté des loyers est indéniable au point que, depuis quelques années, l’on a complètement abandonné l’idée que le coût d’un logement ne devait pas représenter plus d’un tiers du budget d’une personne. en ce qui concerne les aides financières liées au lo-gement, elles existent mais ne sont pas tou-

jours faciles à mobiliser. il n’est par exemple pas toujours facile de trouver des logements qui correspondent aux normes de la région wallonne afin de pouvoir bénéficier de la prime adeL1. Cela dit, je ne suis pas favo-rable à la multiplication des aides financières spécifiques pouvant être activées en fonction des besoins car elles contribuent à créer des pièges à l’emploi et à fausser l’image que les bénéficiaires ont de leur propre situation. Je suis donc plus favorable à des allocations sociales de base qui permettent à ceux qui en bénéficient de vivre décemment.

L’accès des primo-arrivants à l’aide so-ciale pose parfois problème, avec notam-ment des délais d’examen des demandes d’aide qui peuvent être très longs. Qu’y a-t-il à dire à ce sujet ?AD : Au CPAS, nous avons l’obligation de traiter toutes les demandes qui nous parviennent. mais face à l’augmentation constante du nombre des personnes qui poussent les portes de notre institution et à la complexification des procédures, il arrive un moment où le travailleur social atteint les limites de ce qu’il peut accomplir. je peux témoigner que de plus en plus fréquemment, les assistants sociaux dépassent les limites de leur horaire habituel de travail parce qu’ils sont conscients que les difficultés de cer-taines personnes doivent être résolues sans attendre. Par ailleurs, nous avons l’obligation d’accomplir de plus en plus de tâches admi-

nistratives ce qui réduit le temps que l’on peut consacrer à l’aide sociale proprement dite. AFB : La plupart de nos usagers savent que nous n’avons pas de levier sur cette problé-matique qui est du ressort des CPas. tout ce que nous pouvons faire c’est de leur sug-gérer de demander des aides alimentaires auprès de telle ou telle autre structure carita-tive. L’allongement des délais d’examen des demandes d’aide sociale accroît aussi la dif-ficulté des personnes à trouver un logement.AD : nous sommes bien conscients de cette problématique, raison pour laquelle nous prenons régulièrement la décision de déblo-quer une partie de la prime à l’installation quand les personnes sortent de centre et qu’elles trouvent un logement qui doit être équipé. nous pouvons également accorder des aides financières urgentes en fonction de certaines situations. Le revers de la mé-daille est que l’octroi de ces aides urgentes nous prend aussi du temps que l’on pourrait consacrer aux dossiers sociaux et que cela ralentit le processus décisionnel sans pour autant toujours rencontrer les attentes des bénéficiaires.

Que pourrait-on faire pour remédier à ces difficultés ?AD : nous sommes nombreux à penser que les CPas des communes dans lesquelles

dossiers « étudiants » et sur la nature de l’ac-compagnement social que nous proposons.AFB : nous assistons effectivement à un changement spectaculaire, car il n’y a pas si longtemps, les personnes pouvaient attendre pendant deux ou trois ans une réponse à leur demande d’asile et pouvaient pendant ce temps acquérir beaucoup de connaissances. Actuellement, on a affaire à des personnes qui au bout de quelques semaines de séjour en centre d’accueil doivent apprendre à vivre de manière autonome dans un pays qu’ils ne connaissent pas. C’est un handicap majeur mais qui est contrebalancé par le fait que beaucoup de nouveaux migrants sont beau-coup mieux armés pour affronter la nouvelle réalité sociale que d’autres populations que nous avons pu accueillir par le passé. L’ac-compagnement social que l’on peut proposer à une maman guinéenne seule avec enfants et peu scolarisée est évidemment très dif-férent de celui que l’on propose à un jeune syrien ayant un diplôme universitaire...

Qu’en est-il des personnes déboutées ? Quelles aides le CPAS leur apporte-t-il ?AD : Les personnes en illégalité de séjour ont uniquement droit à l’aide médicale ur-gente. il s’agit là d’une situation paradoxale et absurde aussi bien pour les personnes concernées que pour les assistants sociaux dont l’une des missions consiste à contrôler les ressources financières des demandeurs

préalablement à l’octroi de toute aide. Or, il est évident que des personnes présentes sur le territoire depuis un certain temps doivent bien disposer d’un minimum de ressources, ne fut-ce que pour se nourrir – même si l’on sait que beaucoup d’entre elles peuvent compter sur un réseau de solidarité parfois important. Par ailleurs, les travailleurs so-ciaux se trouvent régulièrement confrontés à des situations qui sont humainement très difficiles à gérer. Par exemple, il nous est arrivé d’octroyer l’aide médicale urgente à des personnes diabétiques tout en sachant qu’elles ne disposaient pas de ressources suffisantes pour se nourrir sainement, ce qui constitue évidemment la condition mini-male de l’efficacité du traitement médical. De temps en temps, nous parvenons à aider des personnes à obtenir un statut de séjour grâce à l’enquête sociale qui permet parfois de dé-tecter des failles procédurales. mais dans la plupart des cas, nous n’avons pas d’autres solutions à proposer que d’orienter les per-sonnes concernées vers le réseau associatif. AFB : Le réseau associatif en question dispose de très peu de moyens pour venir en aide aux personnes en séjour illégal. L’absence de perspectives de régularisation fait que les « sans-papiers » sollicitent de moins en moins d’aide à ce sujet. Le réseau caritatif reçoit quant à lui de plus en plus de demandes d’aide à la vie quotidienne. Par ailleurs, si je peux comprendre que l’octroi de l’aide médicale urgente seule met les tra-vailleurs sociaux devant des situations très difficiles, je ne pose pas tout à fait le même regard sur l’ambiguïté que constituerait ce droit. Il est vrai qu’il y a quelques années, les personnes en séjour illégal obtenaient l’aide sociale parce que les juges estimaient que cela était indissociable du droit à la dignité humaine. On n’en est plus là, cependant le droit à la scolarité et aux soins me paraissent être deux droits élémentaires qui doivent res-ter dissociés du droit au séjour.

Revenons à la question des aides en ma-tière de logement. Pensez-vous que les primo-arrivants éprouvent des difficultés particulières pour se loger ?AD : Si de manière générale, la recherche d’un logement correct avec un loyer accep-table est difficile, la méconnaissance de la langue et la discrimination compliquent la recherche d’un logement. Les différences culturelles sont également sources de dif-

1 Allocation de déménagement et de loyer propo-sées par la Région wallonne.

Photo : Wouter Van Vaerenbergh / © Fedasil

Photo : Sanne De Wilde / © Fedasil

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ACTUALITE

L’INFO CPAS Quatrième trimestre 2016 8 L’INFO CPAS Quatrième trimestre 2016 9

se trouvent les centres d’accueil devraient prendre provisoirement en charge l’aide so-ciale des personnes dès qu’elles obtiennent le statut de séjour. Actuellement, ce sont les centres d’accueil qui assurent l’aide matérielle. C’est ce que prévoit la loi et cela convient évidemment bien aux CPas préci-tés, craignant une charge de travail supplé-mentaire trop importante. Cela dit, nous pen-sons que cette charge de travail pourrait être gérable sans trop de difficulté, car même en recevant un nombre important de demandes, les aides ne seraient accordées que pour une courte durée. Cela allégerait la charge déme-surée qui pèse sur les CPas des grandes villes comme Liège. Cela permettrait aux personnes de rechercher plus sereinement un logement et cela allègerait la pression qui pèse aussi sur les travailleurs sociaux.

En quoi consiste le parcours d’intégration en Wallonie ? AFB : Le parcours d’intégration, mis en œuvre par les Centre régionaux d’intégra-

tion, est structuré en quatre axes : un module d’accueil – une information sur les droits et devoirs -, accompagné d’un bilan social individuel ; 20h minimum de formation en citoyenneté ; 120h minimum de cours de français, en fonction des besoins ; une orien-tation vers le dispositif d’insertion sociopro-fessionnelle, pris en charge par le FOREM, également en fonction des besoins. Le par-cours est depuis peu obligatoire pour les primo-arrivants et par ailleurs accessible à toute personne d’origine étrangère qui n’est plus primo-arrivante.

Ce parcours vous semble-t-il réellement utile et efficace ?AFB : je ne suis pas critique par rapport aux choix qui ont été faits à condition que les moyens humains et financiers nécessaires à la bonne exécution de ce parcours suivent, ce qui n’est pas le cas. Pour le moment, je constate qu’il y a beaucoup de personnes qui après un séjour en centre d’accueil sou-haitent suivre des cours de français mais

sont renvoyées d’une organisation à l’autre sans avoir la possibilité de s’inscrire. Par ail-leurs, je trouve que 120 heures de français ne sont pas du tout suffisantes pour maîtriser la langue.

Le CPAS joue-t-il un rôle dans ce parcours d’intégration ?AD : Dans l’état actuel des choses, nous observons que les CPas ne sont pas direc-tement associés au parcours d’intégration spécifiquement destiné aux primo-arrivants. ils ont néanmoins un rôle important à jouer en matière d’intégration sociale de l’en-semble des bénéficiaires de l’aide. Je rap-pelle en effet que la loi du 26 mai 2002 - qui a profondément redéfini les missions de nos institutions - nous oblige à garantir à nos usagers une intégration et une participation maximales à la vie sociale. Le problème, c’est que les moyens financiers manquent cruellement pour la mise en place d’un accompagnement réellement efficace. Il y a en ce moment beaucoup d’attention qui est

portée sur la crise de l’accueil des réfugiés mais les CPAS connaissent des difficultés financières structurelles qui doivent aussi être résolues !

Quelles réponses apporteriez-vous aux personnes qui – dans un contexte de crise économique et de chômage accru - craignent que l’arrivée de nouveaux migrants soit synonyme de davantage de concurrence sur le marché de l’emploi et de diminution de l’offre d’aides sociales pour les plus précarisés ?AFB : nous traversons une période de grande incertitude et il me paraît donc assez légitime que les citoyens de ce pays aient des craintes. Cela dit, je pense que les compétences des nouveaux migrants peuvent contribuer au développement éco-nomique de notre pays. Objectivement, cela fut moins le cas pour de précédentes vagues d’immigration constituées essentiellement de personnes peu scolarisées. Par ailleurs, beaucoup de primo-arrivants ayant obtenu le statut de réfugié après un séjour dans des centres d’accueil wallons préfèrent s’installer en flandre parce qu’ils espèrent y trouver davantage de possibilités d’emplois. Cela confirme que ces personnes cherchent avant tout à s’intégrer par le travail et à contribuer à notre société et que contrairement aux pré-jugés, ils ne viennent pas en Belgique pour profiter des avantages sociaux. Les travail-leurs sociaux eux-mêmes peuvent avoir ce type de préjugés à l’égard des étrangers et traverser des phases de questionnement et de découragement. amenés à aider quoti-diennement les personnes les plus fragili-sées, ils ne voient pas toutes les autres per-sonnes qui parviennent à trouver leur chemin seuls et à s’intégrer plus aisément dans notre société. AD : D’une part, j’aurais envie de dire qu’un migrant n’est perçu comme une menace que tant qu’il n’est pas intégré à la société. et dès qu’il est intégré, paradoxalement, il peut voir lui-même un nouveau migrant comme une menace. D’autre part, je ne pense pas que la crise est accrue par l’arrivée de migrants mais par les politiques qui laissent l’écono-mique prendre les commandes.

Vous évoquiez des frictions qui peuvent exister entre le secteur associatif et insti-tutionnel. Sur quoi portent-elles ?AFB : Le dialogue que nous entretenons au

niveau des instances est positif mais on peut regretter que l’on se rencontre moins facile-ment entre travailleurs sociaux de terrain car c’est à ce niveau que les tensions peuvent parfois survenir. L’augmentation de la charge de travail et les difficultés croissantes à finan-cer correctement nos actions sont source de beaucoup d’énervement et de frustrations au sein des équipes. sans compter sur un certain nombre de représentations négatives que les travailleurs du secteur associatif ont vis-à-vis des travailleurs des CPas et vice versa. Cela dit, je voudrais insister sur le fait que ces tensions restent rares. et en ce qui concerne notre association, nous avons établi depuis des années une collaboration exemplaire aussi bien avec le sada qu’avec les autres antennes sociales du CPas de Liège. AD : Nous éprouvons parfois des difficul-tés à communiquer entre travailleurs d’une même institution et à partager la même phi-losophie de travail. Au sein de notre dépar-tement, nous venons d’entamer un travail de sensibilisation de nos agents administratifs chargés de l’accueil des demandeurs d’aide parce que nous avons constaté qu’il était nécessaire de rappeler certaines valeurs fondamentales : accueillir les personnes avec bienveillance, prendre le temps de les écouter, être conscient qu’elles peuvent être en train de traverser de très grandes difficul-tés, ne pas les considérer comme des frau-deurs potentiels, etc. Le stress et la fatigue peuvent amener les travailleurs à oublier ces valeurs essentielles. De plus, nous ac-cueillons au sein de nos équipes beaucoup de jeunes qui ne partagent pas toujours la même approche du travail social que les plus anciens. nous devons par exemple rappeler et les rendre attentifs à la portée et à la signification du travail dans un ser-vice public. nous devons davantage com-muniquer aussi bien avec nos partenaires associatifs qu’avec nos propres équipes mais nous disposons de moins en moins de temps pour le faire.

La multiplication des associations qui proposent un accompagnement social et administratif en faveur des primo-arri-vants ne correspond-elle pas à un désen-gagement délibéré de l’État de ses mis-sions sociales ?AFB : il me semble au contraire que les pouvoirs publics ont développé de nom-

breux services à la population qui n’exis-taient pas auparavant. Certes, beaucoup d’associations se créent et se développent mais beaucoup d’entre elles disparaissent faute de professionnalisme et de moyens financiers suffisants. En ce qui concerne notre association, les subsides ne couvrent jamais la totalité de nos actions, nous béné-ficions de moins en moins de dons privés – qui vont surtout aux organisations bénéfi-ciant d’une grande visibilité médiatique – et il devient de plus en plus difficile de mettre en places des activités pouvant générer des revenus. je ne perçois donc pas un désen-gagement de l’État au profit du secteur as-sociatif. Par contre, on a l’impression qu’au fil des ans, les « politiques d’activation » ont placé les CPas dans un carcan qui les a quelque peu éloignés de leurs bénéficiaires et que du coup, ce sont les associations qui ont pris la relève pour être davantage aux côtés des usagers, pour les aider dans leur vie quotidienne. Les personnes nous en sont reconnaissantes et nous marquons ainsi des points sur le terrain de l’accompa-gnement social qui est de moins en moins occupé par les pouvoirs publics…AD : nous trouvons très regrettable que les assistants sociaux ne disposent plus de suffisamment de temps pour effectuer un véritable travail d’accompagnement social. il est évident que celui-ci ne peut pas se résu-mer à dix minutes d’entretien par personne ! L’accompagnement social est difficilement quantifiable et n’est pas une succession de phases déterminées de manière mécanique. Accompagner une personne, c’est d’abord l’écouter et cela prend du temps - c’est aussi être en mesure d’entendre ce qu’elle ne dit pas expressément -, c’est détecter certains freins à l’insertion qui ne sont pas mesurables avec des grilles. Or, nous sommes de plus en plus contraints à « objectiver » notre travail, à le chiffrer. Si cela est légitime, notre travail par contre ne peut se résumer à ça. je pense qu’il est totalement contre-productif de vou-loir faire rentrer les gens dans des cases et des profils prédéterminés et qu’il faut revenir à une approche globale de la personne alors que les chiffres ne montrent que quelques fragments de la réalité.

Propos recueillis par SK

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L’agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile contribue à la conception, à la préparation et à l’exécution de la politique d’accueil. Elle garantit l’octroi d’une aide matérielle, organise un accueil et un accompagnement durant la procé-dure de demande d’asile, coordonne les programmes de retour volontaire à partir de la belgique et veille à l’intégration des centres d’accueil dans la communauté locale. fedasil se donne également pour mission de gérer les sorties de centre en colla-boration avec Caritas international. www.fedasil.be

Unia est un service public indépendant de lutte contre la dis-crimination et de promotion de l’égalité des chances. Cette lutte contre les discriminations concerne de nombreux domaines : l’accès à l’emploi, à l’enseignement, au logement, aux soins de santé, aux biens et services. Unia donne des avis, organise des actions de sensibilisation, commandite des recherches, soutient des projets d’autres organismes, entretient des contacts avec les différents acteurs et administrations impliquées. unia dispose d’un service local pour la zone de Liège-Verviers. www.unia.be

le Bourgmestre : Coordination générale (via le Collège communal) des services qui travaillent à l’accueil des primo-arrivants.

le Plan de cohésion sociale : • mise en place d’une commission « Habitat » : analyse de la

situation de logement à Liège et élaboration d’actions visant un meilleur accès au logement.

• Lancement d’une campagne de communication « Propriétaire solidaire » afin de permettre aux allocataires sociaux d’accéder à des logements décents.

• edition d’un guide des services en matière de logement à Liège, à destination des travailleurs sociaux accompagnant les locataires précarisés : www.liege.be/telechargements/pdf/social/guide-des-services-logement-liege-avril-2016.pdf

• Organisation de l’Atelier « Séjour précaire », une coordination d’opérateurs publics, associatifs et citoyens.

• etablissement de conventions de partenariat avec 5 services du CPas de Liège dont le service d’accueil des demandeurs d’asile, le Relais Santé et le relais Logement.

le service des étrangers : Le service effectue les démarches nécessaires à l’inscription des étrangers arrivant à Liège, gère les dossiers des étrangers demeu-rant sur le territoire de la Ville, délivre les documents de séjour et assure dans ce cadre les contacts nécessaires avec d’autres ser-vices, notamment avec l’Office des Étrangers.

Les aides financières :Après analyse de la situation et des besoins de chaque deman-deur, le CPAS accorde une série d’aides financières : • une prime à l’installation (prime unique). une part de cette

prime (25% pour des isolés et 50%, pour des familles) peut être accordée avant l’octroi du revenu d’intégration si un logement est trouvé ;

• une aide récupérable pour un premier loyer caution ;• aide récupérable pour un mois de garantie locative ;• Le revenu d’intégration.

la cellule éco-logement : La cellule propose un accompagnement dans la recherche de logements (capacité limitée) et procède à la vérification de l’état de sécurité et de salubrité des logements trouvés par les candi-dats locataires.

le relais santé : Le service est chargé d’octroyer l’Aide médicale urgente aux per-sonnes en séjour illégal ainsi qu’aux réfugiés reconnus en attente de leur inscription à une mutuelle.

Les centres d’accueil de la Croix-rouge en région liégeoise (centre de la rue de la Tonne à Liège, centre de Bierset et centre de fraipont) proposent aux demandeurs d’asile qu’ils hébergent, avant leur sortie, une information, un suivi admi-nistratif et une aide à la recherche de logement. Le centre de la rue de la tonne organise des dons de meubles. La maison Croix-rouge de Liège propose différents services destinés aux personnes sans revenus / sans droits : une information et une orientation du public, une distribution de colis alimentaire, une vente à prix symboliques de vêtements. www.croix-rouge.be

Le service public wallon de l’emploi et de la for-mation a conclu une convention de partenariat avec les Centres régionaux d’intégration afin de renforcer les moyens destinés à l’intégration socioprofession-nelle des primo-arrivants. En outre, les Relais de l’emploi (implantés dans les quartiers de Droixhe, saint-Léonard et sainte-marguerite) proposent à ce public une aide à la recherche d’emploi.

... et un impressionnant maillage associatif !

Association de droit public, le Relais social du Pays de Liège assure une coordination générale des actions des services publics et associatifs au profit des personnes en situation de grande précarité. L’objectif est de permettre aux usagers de dépas-ser la crise et l’urgence pour s’orienter vers l’insertion sociale, socioculturelle ou socioprofessionnelle. www.rspl.be

Le Centre régional d’intégration des personnes étrangères ou d’origine étrangère de Liège, organe agréé par la Région wallonne, mène des actions visant à faciliter la participation à la vie sociale, économique, culturelle et politique du public cible. Le Cripel est char-gé de la mise en œuvre du Parcours d‘accueil des primo-arrivants qui comprend un bilan social, des séances d’information sur les « Droits et Devoirs » des citoyens en Belgique, un suivi individualisé, une orientation vers des organismes agréés chargés de dispenser une formation à la langue française et/ou à la citoyenneté, ainsi qu’une orientation vers des organismes d’insertion socioprofession-nelle. Le centre organise des séances d’information dans les centres d’accueil, édite une brochure sur la question de l’accueil des primo-arrivants, propose un accompagnement et des formations continues destinés aux associations, aux organisations publiques et aux en-treprises qui travaillent avec des personnes étrangères et d’origine étrangère. www.promotionetculture.be/cripel/

Aide aux personnes déplacées asbl propose à toute personne en situation d’exil un accompagnement social, juridique et administratif qui vise à l’accueillir, à œuvrer au respect de ses droits (procédure d’asile, regroupement familial…) et à l’aider à trouver sa place dans la société. Elle joue un rôle de sensibilisation de l’opinion publique et d’interpellation des autorités sur la question de l’accueil des étrangers. À Liège, l’association dispose d’un service social, dispense des cours de français et est présente dans les centres fermés. www.aideauxpersonnesdeplacees.be • La Bobine asbl a pour but de favoriser l’intégration harmonieuse des familles d’origine étrangère avec des jeunes enfants et de créer un espace interculturel d’échanges, d’informations, de formation et d’action. Dans ce cadre, l’asbl propose des cours d’alphabétisation et de français langue étrangère, un service d’insertion sociale, une halte-accueil, un service d’accueil d’urgence ainsi que des actions d’éducation permanente et de développement communautaire dans le quartier de Droixhe/Bressoux-bas. www.labobine.be • Cap Migrants : Lieu d’accueil pour toute personne étrangère récemment arrivée en Belgique, en particulier les demandeurs d’asile, l’association propose un accompagnement psychosocial et juridique afin de guider la personne dans son processus d’insertion (droit au séjour, au regroupement familial, procédure d’asile, demandes de régularisation, logement, retour volontaire, permis de travail, sécurité sociale, problèmes administratifs...). Elle propose également une aide au retour volontaire ainsi que diverses actions collectives et communautaires : cours de français, activités d’insertion socioculturelle, remédiation scolaire, formations à la citoyenneté, aide à la recherche de formation et d’emploi. • Caritas International œuvre pour mieux accueillir les étrangers en belgique et pour apporter une assistance internationale lors de situations d’urgence. L’organisation soutient des programmes structurels de développement autour du thème de la sécurité alimentaire. Elle propose aux demandeurs d’asile un accompagnement social et administratif à la sortie des centres d’accueil ainsi qu’une aide à la recherche de logements, en s’appuyant notamment sur un réseau partenarial et en mettant en place des groupes collectifs de recherche de logement. www.caritassecoursliege.be • CIRÉ : Les migrations, l’accueil des demandeurs d’asile, la régularisation des sans-papiers, la politique d’enfermement et d’expulsion des étrangers ou encore l’intégration de ces personnes dans notre société sont au cœur des activités et des réflexions menées par la Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Étrangers. www.cire.be • Habitat-service asbl propose un accompagnement aux personnes mal-logées ou sans-abri dans la recherche d’un logement. L’association possède et gère une vingtaine de logements à Liège et dans sa banlieue et en suit une trentaine d’autres dans le cadre du bail glissant. Habitat-service a mis en place un groupe d’épargne collective et solidaire afin d’aider les ménages à acquérir leur logement. www.habitat-service.be • Live in Color asbl est une initiative citoyenne menant des projets variés liés à l’enfance en difficulté, à l’éducation et à l’intégration socio-professionnelle des réfugiés. L’association a mis en place un pro-gramme de parrainage permettant un accompagnement social et administratif par des citoyens volontaires. Live in Color organise des écoles de devoirs et des activités quotidiennes dans plusieurs centres de la Croix-rouge. une plate-forme a été créée pour mettre en relation les propositions et les demandes d’aide. www.liveincolorasso-ciation.com • Le Monde des Possibles asbl est un lieu d’accueil et d’orientation des personnes d’origine étrangère primo-arrivantes en vue d’une prise de confiance en soi et d’une resocialisation. L’asbl propose un accompagnement social, administratif et juridique, des cours de français langue étrangère et d’informatique, une formation collective de 160 heures destinée aux demandeurs d’asile hébergés en centres ouverts de la Croix-Rouge ainsi que divers ateliers et activités d’éducation permanente. www.possibles.org • Point d’appui asbl est un service social spécialisé en droit des étrangers et une association militante qui propose aux personnes étrangères en séjour précaire («sans-papiers», anciens étudiants, clandestins, demandeurs d’asile …) une aide juridique, sociale, médicale, scolaire, alimentaire ou en matière de logement. L’asbl vise également à sensibiliser les citoyens et à influencer favorablement les pouvoirs publics sur les difficultés vécues par les demandeurs d’asile et les personnes « sans papiers ». www.pointdappui.be • Le Service d’aide aux migrants asbl vise à favoriser et à promouvoir l’intégration du migrant. différents services sont proposés : une sensibilisation à la citoyenneté et à la santé, des séances d’information en matière de recherche d’emploi et de formation, une aide à la recherche de logement, un accompagnement psychosocial et juridique ainsi qu’un service d’interprétariat social. Un encadrement spécifique est mis en place en faveur de mineurs non accompagnés en exil. L’asbl développe des projets d’économie sociale « tout public » : potager communautaire, vestiboutique, espace maman-bébé... www.sam-asbl.be • Le Service social des étrangers propose des permanences sociales, administratives et juridiques en droit des étrangers, des accompagnements individuels et des traductions, un suivi et une orientation des personnes, un travail de médiation, de conseil et de relais entre les populations étrangères et les institutions privées ou publiques. Le service organise également un espace de rencontre et de formation citoyenne ainsi qu’une action de lutte contre le décrochage scolaire. • SeTIS wallon asbl : Le service de tra-duction et d’Interprétariat en milieu Social fournit des prestations de traduction et d’interprétariat afin de faciliter la communication des services publics et des associations avec les personnes d’origine étrangère maîtrisant peu ou pas le français. Le SeTIS wallon propose aux professionnels de l’accueil et l’accompagnement psycho-médico-social wallons 4 types de prestations : l’interprétariat par déplacement, l’interprétariat par permanence, l’interprétariat par téléphone et la traduction écrite. www.setisw.be • Dispositif Tabane : Le Club André Baillon collabore avec l’asbl Tabane pour proposer un accompagnement et une assistance médico-psychologique à toute personne migrante ou issue de l’immigration en souffrance psychique : demandeurs d’asile en procédure, personnes sans papiers, réfugiés reconnus, migrants par regroupement familial, étudiants étrangers, enfants adoptés, couples mixtes présentant des problèmes de santé mentale. Le dispositif propose également de former les opérateurs à la compréhension des publics cibles. www.clubandrebaillon.be • Thaïs asbl a pour objet social l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement des personnes en difficulté sociale, en lien avec les assuétudes ou la prostitution. Thaïs est agréée et subventionnée en tant qu’association de promotion du logement. L’accompagnement psycho-social est envisagé en hébergement, en post hébergement ou en suivi ambulatoire, avec pour objectif d’améliorer de façon globale la situation sociale, de logement, de santé et familiale des personnes accompagnées. www.asblthais.org

L’INFO CPAS Quatrième trimestre 2016 10 L’INFO CPAS Quatrième trimestre 2016 11

ACTUALITE l’Accueil Des réFugiés et Des PriMo-ArrivAnts à liège : l’oFFre De services

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ACTUALITE

L’INFO CPAS Quatrième trimestre 2016 12 L’INFO CPAS Quatrième trimestre 2016 13

L’enregistrement de la demande se fait auprès de l’Office des étrangers, dans les huit jours qui suivent l’entrée en Bel-gique, à la frontière, en prison ou dans un centre fermé. s’il s’avère que le deman-deur a pénétré dans l’union européenne par un autre pays que la Belgique, l’Of-fice des étrangers peut demander que ce pays reprenne la demande d’asile (« Règlement Dublin »).

L’Office des étrangers enregistre les données d’identité et le parcours du demandeur ainsi que les raisons pour les-quelles l’asile est demandé puis transmet le dossier d’asile au Commissariat géné-ral aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) chargé de son examen.

la demande d’asile

L’Office des étrangers désigne une place d’accueil dans laquelle le demandeur d’asile bénéficie d’une aide matérielle - hébergement, nourriture, habillement - et un accompagnement social, juridique, médical et administratif. il s’agit géné-ralement de centres d’accueil de Fedasil ou de la Croix-Rouge. Le demandeur peut se déplacer librement sur le territoire belge. S’il choisit de ne pas se rendre dans la structure d’accueil désignée, il ne reçoit pas d’aide matérielle, à l’exception des soins médicaux.

la désignation

il s’agit de centres communautaires « ouverts » caractérisés par une grande diversité de nationalités, de religions et d’âges. s’y retrouvent aussi bien des familles avec enfants que des hommes ou femmes isolés. Les convictions philo-sophiques et religieuses de chacun sont respectées dans la plus grande neutra-lité. Les résidents y reçoivent trois repas par jour, un nécessaire de toilette et, si besoin, des vêtements. Ils ont l’obligation d’y respecter l’ordre, la sécurité et la tran-quillité.

le centre d’accueil

Dans les centres d’accueil, les deman-deurs d’asile ont droit à un accompagne-ment social individuel (informations sur la procédure d’asile, aide dans la gestion administrative du dossier d’asile, orienta-tion vers des services spécialisés), une aide juridique (désignation d’un avocat), médicale et psychologique.

l’accompagnement

Le Cgra convoque le demandeur d’asile à une audition qui permettra au demandeur d’asile d’expliquer la raison pour laquelle il a quitté son pays. un avocat ou une personne de confiance peut y assister.

Le Cgra évalue la crédibilité des informations fournies, confronte la de-mande aux critères de la Convention de Genève et examine si les conditions sont remplies pour obtenir l’asile (avoir quitté son pays parce que l’on éprouve une crainte fondée de persécution en rai-son de sa nationalité, de sa race, de ses convictions religieuses ou politiques ou de son appartenance à un groupe social) ou la protection subsidiaire (risque réel d’être victime d’atteintes graves : peine de mort, exécution, torture, traitement inhumain ou dégradant, menace grave pour la vie en raison de violences suite à un conflit armé).

l’audition

Seuls les demandeurs d’asile qui, six mois après l’introduction de leur de-mande d’asile, n’ont pas encore reçu de décision, peuvent demander un permis de travail. si les revenus des résidents travailleurs dépassent un certain mon-tant, le centre d’accueil peut leur deman-der une participation aux frais de l’accueil ou décider de mettre fin au droit à l’aide matérielle.

diverses formations (cours de langues ou d’informatique, formations tech-niques…) sont organisées à l’intérieur ou à l’extérieur du centre d’accueil.

Les résidents ont droit à une allocation journalière (argent de poche) qui leur est remise une fois par semaine. ils ont la possibilité d’effectuer des « ser-vices communautaires » (nettoyage des espaces communs, distribution des repas…) pour lesquels ils reçoivent une somme d’argent complémentaire.

Tous les enfants âgés de six à dix-huit ans doivent aller à l’école. ils peuvent s’inscrire en « classe d’accueil » où des cours adaptés leur permettent d’atteindre un certain niveau de connaissances lin-guistiques avant de rejoindre les classes ordinaires. En principe, les structures d’accueil prennent en charge les frais scolaires.

la vie dans le centre

après quatre mois de séjour dans une structure d’accueil communautaire, la personne peut demander à être héber-gée dans un logement individuel. il s’agit de logements qui sont pour la plupart gérés par des organisations non gou-vernementales ou par les CPAS. s’il n’y a pas de logement individuel dispo-nible, le demandeur est repris sur une liste d’attente. Le demandeur ne peut pas choisir la commune dans laquelle il sera hébergé, mais peut toujours refuser la place qui lui est proposée.

le logement individuel

Lorsque la procédure d’asile est entière-ment terminée, les personnes reconnues réfugiées ou ayant obtenu la protection subsidiaire doivent quitter la structure d’accueil. Elles peuvent choisir libre-ment la commune de leur lieu de rési-dence et éventuellement introduire une demande d’aide au CPAS.

Fin de l’aide matérielle

La personne dispose d’un délai de 30 jours pour introduire un recours contre une décision de retrait ou d’annula-tion du statut de réfugié ou de protec-tion subsidiaire auprès du Conseil du contentieux des étrangers (CCE). (15 jours en cas de séjour en centre fermé ou en prison).

retrait ou annulation du statut accordé

Si la personne n’introduit pas de recours, l’Office des étrangers remet un ordre de quitter le territoire dans un certain délai. La personne peut recevoir une aide lorsqu’elle retourne dans son pays d’ori-gine.

La personne dispose d’un délai de 30 jours pour introduire un recours contre la décision négative auprès du Conseil du contentieux des étrangers (CCE). (15 jours en cas de séjour en centre fermé ou en prison).

Pendant la durée du recours, la personne ne peut pas être expulsée de force du territoire et bénéficie toujours d’une aide matérielle.

Quand les recours sont épuisés, la per-sonne doit quitter le centre d’accueil (ou le logement) qui l’héberge. Elle n’a plus le droit à l’assistance sociale, mais bien à l’aide médicale urgente (gérée par les CPas).

une prolongation de l’aide matérielle peut être accordée dans des cas particu-liers (maintien de l’unité familiale, cas de force majeure, raison médicale).

un recours en cassation auprès du Conseil d’État est possible. il n’est pas suspensif et doit être introduit dans les 30 jours suivant la décision du CCe.

la décision négative

seule l’aide médicale urgente peut être accordée (par le CPas).

séjour illégal

retour volontaire ou forcé au pays d’origine.

le retour

Autorisation de séjour pour une durée limitée délivrée par l’administration com-munale (renouvelable tous les ans).

octroi d’un permis de travail pour une durée limitée.

autorisation de séjour illimité accor-dée 5 ans après la date de la demande d’asile. Le permis de travail n’est plus requis et les membres de la famille proche peuvent introduire une demande de regroupement familial.

octroi du statut de protection subsidiaire

Autorisation de séjour délivrée par l’administration communale pour une durée illimitée. inscription au registre des étrangers.

Possibilité de travailler en belgique comme salarié ou comme indépendant.

Possibilité pour les membres de la famille proche de demander un regroupement familial.

reconnaissancedu statut de réfugié

la décision positive

Focus : le PArcours D’Asile en Belgique

Source : « L’asile en Belgique - Brochure d’information pour les demandeurs d’asile concernant la procédure d’asile et l’accueil en Belgique » (/www.cgra.be)

Le Cgra communique la décision rela-tive à la demande d’asile par courrier recommandé. Ce courrier motive les rai-sons pour lesquelles la demande d’asile a été approuvée ou refusée.

la décision

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ACTUALITE

L’INFO CPAS Quatrième trimestre 2016 14 L’INFO CPAS Quatrième trimestre 2016 15

retour sur la 11ème Journée des insertions :

les conclusions de roger Dehaybe,Administrateur général honoraire de la Francophonie

La question des réfugiés et des migrants a pris ces dernières années une importance considérable. elle est d’autant plus épineuse que le nombre de personnes concernées est, en une seule « vague », important. De plus, la situation de détresse de familles quittant des combats meurtriers ne rend que plus dif-ficile le dialogue. L’accueil doit donc s’adap-ter à ces nouvelles conditions de la rencontre et je mesure bien les difficultés de ceux qui en ont la charge.

Cette question des migrants et des réfugiés a provoqué des débats politiques passion-nés et bien souvent dangereux. jamais sans doute n’a-t-on autant parlé de frontières ! beaucoup veulent construire des murs et certains sont déjà mis en place en Hongrie, aux États-Unis, en Israël... Quel recul alors que la mondialisation et les nouvelles tech-nologies promettaient à bien des populations de sortir de leur isolement !

mais les murs et les frontières ne sont pas que physiques. Ils sont d’abord culturels et poli-tiques. Car, dans tous les cas, et quelles que soient les conditions de l’arrivée des étran-gers, la question posée est celle du « vivre ensemble » et du rapport de chacun avec l’altérité.

L’étranger ne nous ressemble pas. il est por-teur d’une autre histoire. Souvent, il parle une autre langue et il porte sur le monde un autre regard. En un mot, il est différent et la ques-tion est simple, même si la réponse est com-plexe : sommes-nous disposés à considérer la diversité comme une valeur et la différence comme une richesse et un atout ? Sommes-nous décidés à créer les conditions pour permettre le dialogue entre des personnes et des groupes qui n’ont pas la même histoire, les mêmes convictions ?

Clôturant une journée d’échange et de réflexion sur la manière avec laquelle s’organise l’accueil des réfugiés et sur la nature du travail social qui encadre l’arrivée dans notre pays de nouveaux migrants, Roger Dehaybe a axé ses conclusions sur la question du rejet de l’étranger, de l’autre, de celui qui nous ne ressemble pas, un rejet qui selon lui constitue le socle d’un « projet identitaire » visant à imposer au sein de nos sociétés - contre l’intérêt des peuples – une identité culturelle unique.

Roger Dehaybe et Hassan Bousetta, Président scientifique de la 11ème Journée des Insertions.

Le projet « identitaire » qui traverse au-jourd’hui tant de discours est à l’antipode d’une telle conception. il ne vise pas à orga-niser le dialogue entre des identités mais à imposer une identité de référence comme le seul modèle. « nous sommes tous des gau-lois ». Plus précisément : « nous devons tous nous comporter comme des fils de Gaulois ».

Et pourtant, qu’est-ce que l’identité ? Chacun est porteur d’identités multiples. en fonction des situations, voire des confrontations, je me sens soit liégeois, soit wallon, soit franco-phone, soit belge, soit européen… et parfois en combinant l’une ou l’autre dimension. et ne me demandez pas de n’être que ceci ou cela ! C’est bien la multiplicité des identités de chacun qui fait l’intérêt de la rencontre et, de même, c’est la variété des identités qui donne à une société la richesse de son métissage…

Comment ignorer que les sociétés s’enri-chissent d’apports extérieurs ? C’est l’autre regard qui est source d’innovation et c’est celle-ci qui est le moteur du progrès écono-mique. Quelques chiffres : aux États-Unis, ¼ des start-up technologiques américaines ont été créées par des immigrés, 44% des inventions de la silicon Valley sont dues à des non-natifs américains, 60% des 25 plus grandes sociétés « high-tech » ont été fon-dées par des immigrés de la 1ère et de la 2ème génération.

59% de la population de Miami est née hors États-Unis. À Toronto, 44% sont nés hors Ca-nada, à Sidney, 31% sont nés hors Australie. À Londres, 300 langues sont parlées. Entre 1980 et 2000 en Amérique du Nord, le total des résidents nés à l’étranger a augmenté de 145% ! Durant la même période, en Eu-rope, le nombre de migrants venus d’Afrique,

d’asie ou des amériques a augmenté de 75 %. Ces quelques exemples permettent de relativiser l’impact du nombre, sans doute im-portant, des réfugiés que nous allons devoir accueillir dans les prochains mois.

au-delà de propos empreints de générosité ou de compassion, nous devons convaincre et, sans doute, nous convaincre d’abord nous-mêmes que l’immigration est une chance. Une démarche bien difficile, car le discours dominant est davantage celui du refus, de l’exclusion. Et alors que nous sa-vons que le regroupement familial est un fac-teur d’intégration, ce sont ceux qui plaident pour l’assimilation qui veulent supprimer ce regroupement. Et pourtant, ce matin, le Professeur andrea rea1 nous a montré que vivre en famille donne une meilleure chance d’accéder à l’emploi...

Bien sûr, nous pouvons aligner des exemples d’intégration réussie et je crois que la belgique n’a pas à rougir de son histoire. J’ai connu la période où nous par-lions des « Macaronis », celle où nous refu-sions les Maghrébins. Combien d’exemples avons-nous aujourd’hui de la réussite de ces étrangers de première ou de deuxième génération et de leur apport au développe-ment de notre pays?

Les travaux menés au cours de cette jour-née des insertions ont mis en évidence la difficulté de la langue. Mais, les Italiens tout comme les turcs qui ne connaissaient pas le français à leur arrivée se sont adaptés. Pour-quoi les syriens ou les irakiens ne s’adapte-raient-ils pas également ?

Nous devons être conscients que, globale-ment, le monde reste un monde qui exclut celui qui est « simplement autre ». Le para-doxe c’est qu’au moment où nous débat-tons de notre capacité politique d’accueillir de nouvelles populations qui deviendraient des groupes minoritaires au sein de nos sociétés, il ne manque pas d’exemples pour montrer combien les minorités sont exclues, voire même détruites dans bien des pays du monde.

un rapport du Programme des nations unies pour le développement, le PNUD, révèle que près d’un milliard d’individus sont exclus des services économiques et sociaux à cause de leur origine ethnique ou religieuse. Les exemples ne manquent pas : les popula-tions roms en roumanie et en bulgarie

connaissent un taux de chômage avoisinant les 50 à 60% ; les autochtones en Amérique latine ont une espérance de vie inférieure au reste de la population ; aux États-Unis, la mortalité infantile des noirs est trois fois plus importante que la population blanche.

Pour beaucoup, la notion de minorité ou de diversité culturelle s’oppose à l’État-nation. Celui-ci ne pourrait « bien fonctionner » que dans un socle culturel unique. Fort heureu-sement, en 2002, le Sommet mondial de Johannesburg sur le développement durable a retenu la diversité culturelle comme une des bases du développement et l’Unesco, en 2005, a adopté une convention visant à pré-server et à promouvoir la diversité culturelle. Du reste, deux tiers des pays du monde ont une minorité ethnique ou religieuse représen-tant au moins 10% de la population. il s’agit bien là, déjà de sociétés multiculturelles.

imprégnons-nous de l’idée que notre société sera de plus en plus multiculturelle et fai-sons de cette diversité un bras de levier pour construire ensemble, c’est-à-dire avec ceux que nous accueillons, une société plus juste, plus riche, et pourquoi ne pas dire « une société plus colorée » ! transformons le pro-blème en chance ou, comme le dit le titre de cette journée, en « opportunité » !

Avons-nous le choix ? Selon les Nations unies, et compte tenu de la population en âge de travailler, l’Europe devra, d’ici 2050, dou-bler son apport d’immigration pour maintenir la taille de sa population. C’est donc bien de personnes venant d’Afrique, du Maghreb, d’Asie, de l’est de l’Europe dont nous avons besoin. je dis bien : besoin !

Si, effectivement, les populations qui vont nous rejoindre vont nous aider à surmonter nos difficultés démographiques, si l’immi-gration contribue au développement écono-mique, si nous entendons contribuer au dé-veloppement du sud par les transferts vers les pays d’origine (400 milliards de dollars alors que l’aide publique au développement est de 135 milliards), s’il se confirme que le « métissage culturel » est source d’innova-tion et de progrès, alors, notre regard sur le migrant peut changer !

Bien sûr, le discours ne peut être à sens unique et si nous défendons l’idée du respect de l’autre dans sa différence, nous devons aussi attendre que l’autre accepte également notre différence. C’est bien de dialogue des

cultures dont nous parlons, pas de confron-tations. Cela exige donc que nous nous mettions d’accord sur un socle commun de valeurs permettant effectivement un « vivre ensemble » marqué d’un esprit d’échanges et de respect, avec la volonté de préserver et de valoriser la créativité de chacun. C’est bien la différence entre une intégration impli-quant l’interculturalité et l’assimilation réduc-trice.

Construire une société riche de sa multicul-turalité est un immense chantier. Tous les ac-teurs sont concernés. L’école devrait davan-tage développer la curiosité de l’enfant quant à l’histoire de son voisin ; la politique cultu-relle devrait mieux valoriser la richesse créa-tive de ces populations encore regardées comme exotiques ; la politique économique devrait mieux utiliser la capacité d’innovation de travailleurs formés ailleurs.

La responsabilité des acteurs sociaux est grande car ils sont en première ligne de l’ac-cueil et de l’intégration.

Saint-Exupéry disait : « Si tu es différent, mon frère, tu m’enrichis » et Léopold Sédar Sen-ghor : « S’enrichir de nos différences pour construire la civilisation de l’universel ». C’est la prise en compte de cette différence, source de progrès, dont finalement les acteurs so-ciaux ont - ou dont ils auront - la charge.

Les travaux de cette 11ème journée des insertions ont mis en évidence les difficul-tés que ces acteurs sociaux rencontrent au quotidien. je tiens à saluer leur engagement car en prenant aussi en charge la différence, en la respectant et en contribuant à l’intégrer comme une richesse pour notre commu-nauté, ils remplissent un rôle éminemment politique.

ils sont des acteurs de la transformation !

Roger Dehaybe

1 Andrea Rea, Professeur en Sociologie à l’ULB, Directeur du Groupe de recherche sur les relations ethniques, les migrations et l’égalité (GERME) a présenté au cours de la 11ème journée des inser-tions les résultats d’une étude effectuée sur l’en-semble des personnes ayant obtenu le statut de réfugié durant les années 2000, résultats qui vont à l’encontre de la plupart des stéréotypes concernant l’insertion professionnelle de cette population.

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L’INFO CPAS Quatrième trimestre 2016 16

Créé en 1993 afin de répondre à la présence croissante de demandeurs d’asile et de per-sonnes de nationalité étrangère à Liège, le SADA a en charge la gestion de l’aide sociale publique à l’égard des personnes d’origine étrangère en séjour illégal ou pré-caire sur le territoire de Liège. il s’agit plus particulièrement des demandeurs d’asile, des personnes ayant obtenu le statut de protection subsidiaire, l’autorisation de séjour humani-taire temporaire, l’autorisation de séjour pour raison médicale ou encore l’autorisation de séjour dans le cadre de la procédure « traite des êtres humains ». Font également partie du public du service, les mineurs étrangers non accompagnés en séjour illégal ou précaire, les demandeurs de regroupement familial, les ressortissants européens en séjour précaire ainsi que les personnes séjournant illégale-ment ou clandestinement sur le territoire.

Le sada détermine la nature de l’aide en fonction de chaque situation de séjour : l’aide sociale équivalente au Revenu d’Intégra-tion sociale, l’aide médico-pharmaceutique (notamment l’aide médicale urgente) ou l’aide matérielle (hébergement, accompagnement médical) à charge de FEDASIL.

Le sada constitue un lieu d’écoute et

d’expression des migrants afin d’éviter les mécanismes de repli social. C’est dans cette optique qu’il mène des actions ponctuelles avec des groupes d’usagers. L’accueil et l’accompagnement qu’il propose permettent d’orienter les migrants vers les administrations et services compétents en matière de séjour, de santé, de logement et d’insertion sociopro-fessionnelle.

Le service œuvre au renforcement des syner-gies avec les partenaires locaux publics et privés, en particulier en matière de santé, de lutte contre les phénomènes d’exploitation et en matière d’intégration des personnes d’origine étrangère. C’est ainsi que le sada coordonne son action avec le service com-munal de la population, avec l’administra-tion de l’aide sociale du ministère de la santé publique mais également avec plusieurs ser-vices de notre CPas : le Relais Santé, le ser-vice d’aide médicale et hospitalière, CAP Insertion ou encore REINSER.

en matière d’insertion socio-profession-nelle, le SADA examine les modalités d’ac-cès au marché de l’emploi et à la formation en fonction des statuts de séjour. il aide les per-sonnes concernées dans leurs démarches administratives utiles - inscriptions comme

demandeurs d’emploi, demandes de permis de travail, équivalences de diplômes - et les oriente vers les services d’appui en matière de scolarisation, d’alphabétisation, de bi-lans de compétences, de remise à niveau, de formation qualifiante et d’aides à la recherche d’emploi.

en matière de logement, le SADA contribue - avec l’appui technique du Relais Logement - à installer sur le territoire communal et dans des logements conformes, les personnes quittant une structure d’accueil, à informer ces derniers des normes en matière d’occu-pation des logements et des conditions d’ac-cès aux aides locatives, à les orienter vers les services d’appui et à intervenir auprès des propriétaires afin de maintenir, lorsque cela est possible, les demandeurs dans leur logement.

ContactPlace Saint-Jacques, 13 - 4000 LiègeTél. : 04/220.69.00 - 04/220.69.94Fax : 04/221.10.17Courriel : [email protected]

Les travailleurs du Service d’ Accueil des Demandeurs’ d’ Asile du CPAS de Liège

vous présentent leurs meilleurs voeux pour 2017!

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