132
http://portaildoc.univ-lyon1.fr Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.0 France (CC BY-NC-ND 2.0) http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/fr TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

http://portaildoc.univ-lyon1.fr

Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.0 France (CC BY-NC-ND 2.0)

http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/fr

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 2: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE MAIEUTIQUE LYON-SUD CHARLES MÉRIEUX

Année 2016 Thèse N° 154

« VAPOTER » POUR NE PLUS FUMER : ATTENTES ET VÉCUS DES ADULTES SUR LE SEVRAGE TABAGIQUE AVEC LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE

Étude qualitative à partir de 18 entretiens semi-dirigés

THÈSE D’EXERCICE EN MÉDECINE

Présentée à l'Université Claude Bernard -Lyon 1

Et soutenue publiquement le 13 septembre 2016

En vue d’obtenir le diplôme d’état de Docteur en Médecine

Par

TOVENA Laëtitia

Née le 6 octobre 1986

À Carpentras (84)

Sous la direction de : Docteur FARGE Thierry

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 3: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE MAIEUTIQUE LYON-SUD CHARLES MÉRIEUX

Année 2016 Thèse N° 154

« VAPOTER » POUR NE PLUS FUMER : ATTENTES ET VÉCUS DES ADULTES SUR LE SEVRAGE TABAGIQUE AVEC LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE

Étude qualitative à partir de 18 entretiens semi-dirigés

Thèse

Présentée à l'Université Claude Bernard -Lyon 1

Et soutenue publiquement le 13 septembre 2016

Pour obtenir le diplôme d’état de Docteur en Médecine

Par

TOVENA Laëtitia

Née le 6 octobre 1986

À Carpentras (84)

JURY :

PPrrééssiiddeenntt :: Monsieur le Professeur DEVOUASSOUX Gilles

MMeemmbbrreess :: Monsieur le Professeur MOREAU Alain Madame le Professeur ERPELDINGER Sylvie Monsieur le Professeur SOUQUET Pierre-Jean

DDiirreecctteeuurr ddee tthhèèssee ::

Monsieur le Docteur FARGE Thierry

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 4: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

UNIVERSITÉ CLAUDE BERNARD – LYON 1 ___________________

2015-2016

. Président de l'Université Frédéric FLEURY . Président du Comité de Coordination des Etudes Médicales Jérôme ETIENNE . Directeur Général des Services Alain HELLEU SECTEUR SANTÉ UFR DE MEDECINE LYON EST Doyen : Jérôme ETIENNE UFR DE MEDECINE ET DE MAIEUTIQUE LYON SUD - CHARLES MERIEUX Doyen : Carole BURILLON INSTITUT DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES (ISPB) Directeur : Christine VINCIGUERRA UFR D'ODONTOLOGIE Doyen : Denis BOURGEOIS INSTITUT DES SCIENCES ET TECHNIQUES DE READAPTATION (ISTR) Directeur : Yves MATILLON DEPARTEMENT DE FORMATION ET CENTRE DE RECHERCHE EN BIOLOGIE HUMAINE Directeur : Anne-Marie SCHOTT SECTEUR SCIENCES ET TECHNOLOGIES UFR DE SCIENCES ET TECHNOLOGIES Directeur : Fabien DE MARCHI UFR DE SCIENCES ET TECHNIQUES DES ACTIVITES PHYSIQUES ET SPORTIVES (STAPS) Directeur : Yannick VANPOULLE POLYTECH LYON Directeur : Pascal FOURNIER I.U.T. LYON 1 Directeur : Christophe VITON INSTITUT DES SCIENCES FINANCIERES ET ASSURANCES (ISFA) Directeur : Nicolas LEBOISNE OBSERVATOIRE DE LYON Directeur : Bruno GUIDERDONI

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 5: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

U.F.R. FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE MAIEUTIQUE LYON SUD-CHARLES MÉRIEUX PROFESSEURS DES UNIVERSITÉS - PRATICIENS HOSPITALIERS (Classe exceptionnelle)

BERGERET Alain Médecine et Santé du Travail BROUSSOLLE Emmanuel Neurologie BURILLON-LEYNAUD Carole Ophtalmologie CHIDIAC Christian Maladies infectieuses ; Tropicales COIFFIER Bertrand Hématologie ; Transfusion

DUBREUIL Christian O.R.L. FLOURIE Bernard Gastroentérologie ; Hépatologie FOUQUE Denis Néphrologie

GILLY François-Noël Chirurgie générale GOLFIER François Gynécologie Obstétrique ; gynécologie médicale GUEUGNIAUD Pierre-Yves Anesthésiologie et Réanimation urgence LAVILLE Martine Nutrition LAVILLE Maurice Thérapeutique MALICIER Daniel Médecine Légale et Droit de la santé

MATILLON Yves Epidémiologie, Economie Santé et Prévention MORNEX Françoise Cancérologie ; Radiothérapie

MOURIQUAND Pierre Chirurgie infantile NICOLAS Jean-François Immunologie PEIX Jean-Louis Chirurgie Générale SALLES Gilles Hématologie ; Transfusion

SAMARUT Jacques Biochimie et Biologie moléculaire SIMON Chantal Nutrition THIVOLET Charles Endocrinologie et Maladies métaboliques VALETTE Pierre Jean Radiologie et imagerie médicale VIGHETTO Alain Neurologie

PROFESSEURS DES UNIVERSITÉS - PRATICIENS HOSPITALIERS (1ère Classe)

ADHAM Mustapha Chirurgie Digestive ANDRE Patrice Bactériologie – Virologie BERARD Frédéric Immunologie BONNEFOY Marc Médecine Interne, option Gériatrie BONNEFOY- CUDRAZ Eric Cardiologie

BROUSSOLLE Christiane Médecine interne ; Gériatrie et biologie vieillissement CAILLOT Jean Louis Chirurgie générale CERUSE Philippe O.R.L DES PORTES DE LA FOSSE Vincent Pédiatrie ECOCHARD René Bio-statistiques FESSY Michel-Henri Anatomie FLANDROIS Jean-Pierre Bactériologie – Virologie ; Hygiène hospitalière FRANCK Nicolas Psychiatrie Adultes FREYER Gilles Cancérologie ; Radiothérapie

GEORGIEFF Nicolas Pédopsychiatrie GIAMMARILE Francesco Biophysique et Médecine nucléaire GLEHEN Olivier Chirurgie Générale JOUANNEAU Emmanuel Neurochirurgie KIRKORIAN Gilbert Cardiologie LANTELME Pierre Cardiologie

LEBECQUE Serge Biologie Cellulaire LINA Gérard Bactériologie LLORCA Guy Thérapeutique LONG Anne Chirurgie vasculaire

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 6: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

LUAUTE Jacques Médecine physique et Réadaptation MAGAUD Jean-Pierre Hématologie ; Transfusion

PEYRON François Parasitologie et Mycologie PICAUD Jean-Charles Pédiatrie PIRIOU Vincent Anesthésiologie et réanimation chirurgicale POUTEIL-NOBLE Claire Néphrologie

PRACROS J. Pierre Radiologie et Imagerie médicale RODRIGUEZ-LAFRASSE Claire Biochimie et Biologie moléculaire SAURIN Jean-Christophe Hépato gastroentérologie

TEBIB Jacques Rhumatologie THOMAS Luc Dermato -Vénérologie TRILLET-LENOIR Véronique Cancérologie ; Radiothérapie

PROFESSEURS DES UNIVERSITÉS - PRATICIENS HOSPITALIERS (2ème Classe)

BARREY Cédric Neurochirurgie BOHE Julien Réanimation urgence BOULETREAU Pierre Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie

CHAPET Olivier Cancérologie, radiothérapie CHOTEL Franck Chirurgie Infantile COTTE Eddy Chirurgie générale DAVID Jean Stéphane Anesthésiologie et Réanimation urgence DEVOUASSOUX Gilles Pneumologie DISSE Emmanuel Endocrinologie diabète et maladies métaboliques DORET Muriel Gynécologie-Obstétrique ; gynécologie médicale DUPUIS Olivier Gynécologie-Obstétrique ; gynécologie médicale FARHAT Fadi Chirurgie thoracique et cardiovasculaire FEUGIER Patrick Chirurgie Vasculaire FRANCO Patricia Physiologie GHESQUIERES Hervé Hématologie KASSAI KOUPAI Berhouz Pharmacologie Fondamentale, Clinique LASSET Christine Epidémiologie., éco. santé LEGER FALANDRY Claire Médecine interne, gériatrie

LIFANTE Jean-Christophe Chirurgie Générale LUSTIG Sébastien Chirurgie. Orthopédique,

MOJALLAL Alain-Ali Chirurgie. Plastique., NANCEY Stéphane Gastro Entérologie PAPAREL Philippe Urologie PIALAT Jean-Baptiste Radiologie et Imagerie médicale POULET Emmanuel Psychiatrie Adultes REIX Philippe Pédiatrie RIOUFFOL Gilles Cardiologie SALLE Bruno Biologie et Médecine du développement et de la reproduction SANLAVILLE Damien Génétique SERVIEN Elvire Chirurgie Orthopédique SEVE Pascal Médecine Interne, Gériatrique TAZAROURTE Karim Thérapeutique THAI-VAN Hung Physiologie

THOBOIS Stéphane Neurologie TRAVERSE-GLEHEN Alexandra Anatomie et cytologie pathologiques TRINGALI Stéphane O.R.L. TRONC François Chirurgie thoracique et cardio. WALLON Martine Parasitologie mycologie WALTER Thomas Gastroentérologie - Hépatologie

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 7: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

PROFESSEURS ASSOCIÉS

FILBET Marilène Thérapeutique LESURTEL Mickaël Chirurgie générale SOUQUET Pierre-Jean Pneumologie

PROFESSEUR DES UNIVERSITÉS - MÉDECINE GÉNÉRALE

DUBOIS Jean-Pierre

PROFESSEURS ASSOCIÉS - MÉDECINE GÉNÉRALE

DUPRAZ Christian ERPELDINGER Sylvie

PROFESSEURS ASSOCIÉS SCIENCES ET TECHNOLOGIES - MÉDECINE GÉNÉRALE

BONIN Olivier

MAITRES DE CONFÉRENCES DES UNIVERSITÉS - PRATICIENS HOSPITALIERS (Hors Classe)

ARDAIL Dominique Biochimie et Biologie moléculaire BOUVAGNET Patrice Génétique CHARRIE Anne Biophysique et Médecine nucléaire DELAUNAY-HOUZARD Claire Biophysique et Médecine nucléaire LORNAGE-SANTAMARIA Jacqueline Biologie et Médecine du développement et de la reproduction MASSIGNON Denis Hématologie – Transfusion RABODONIRINA Méja Parasitologie et Mycologie VAN GANSE Eric Pharmacologie Fondamentale, Clinique VIART-FERBER Chantal Physiologie

MAITRES DE CONFÉRENCES DES UNIVERSITÉS – PRATICIENS HOSPITALIERS (1ère Classe)

BELOT Alexandre Pédiatrie BREVET Marie Anatomie et Cytologie pathologiques CALLET-BAUCHU Evelyne Hématologie ; Transfusion COURAUD Sébastien Pneumologie DECAUSSIN-PETRUCCI Myriam Anatomie et cytologie pathologiques DIJOUD Frédérique Anatomie et Cytologie pathologiques DUMITRESCU BORNE Oana Bactériologie Virologie GISCARD D’ESTAING Sandrine Biologie et Médecine du développement et de la reproduction MILLAT Gilles Biochimie et Biologie moléculaire PERROT Xavier Physiologie PONCET Delphine Biochimie, Biologie moléculaire RASIGADE Jean-Philippe Bactériologie – Virologie ; Hygiène hospitalière

MAITRES DE CONFÉRENCES DES UNIVERSITÉS - PRATICIENS HOSPITALIERS (2ème Classe)

BRUNEL SCHOLTES Caroline Bactériologie virologie ; Hyg.hosp. COURY LUCAS Fabienne Rhumatologie DESESTRET Virginie Cytologie – Histologie FRIGGERI Arnaud Anesthésiologie

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 8: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

6

LE SERMENT D'HIPPOCRATE

Je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans l'exercice de la Médecine.

Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans discrimination.

J'interviendrai pour les protéger si elles sont vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité.

Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l'humanité.

J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai

jamais leur confiance.

Je donnerai mes soins a l'indigent et je n'exigerai pas un salaire au dessus de mon travail.

Admis dans l 'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés et ma conduite ne servira pas a

corrompre les mœurs.

Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement la vie ni ne provoquerai

délibérément la mort.

Je préserverai l'indépendance nécessaire et je n'entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je

perfectionnerai mes connaissances pour assurer au mieux ma mission.

Que les hommes m 'accordent leur estime si je suis fidèle a mes promesses . Que je sois couvert d'opprobre et

méprisé si j'y manque.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 9: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

7

REMERCIEMENTS

À mon Président de thèse,

Monsieur le Docteur DEVOUASSOUX Gilles, Professeur des Universités - Pneumologie Pour l’honneur que vous me faites en acceptant la présidence de ce jury de thèse. Acceptez en retour la marque de mon plus profond respect.

Aux membres de mon jury,

Monsieur le Docteur MOREAU Alain, Professeur des Universités - Médecine Générale Merci d’avoir accepté de siéger au jury de thèse. Veuillez accepter mes respectueux remerciements ainsi que ma gratitude.

Madame le Docteur ERPELDINGER Sylvie, Professeur Associé - Médecine Générale Pour l’attention que vous avez bien voulu me témoigner en acceptant de juger ce travail. Veuillez trouver ici l’expression de mes remerciements les plus sincères.

Monsieur le Docteur SOUQUET Pierre-Jean, Professeur Associé - Pneumologie Pour votre présence et pour avoir accepté de juger cette thèse. Je vous prie de trouver ici le témoignage de ma plus grande reconnaissance.

À mon Directeur de thèse,

Monsieur le Docteur FARGE Thierry, Maître de conférence associé - Médecine Générale Pour l’aide que vous m’avez apportée dans la réalisation de ce travail, vos conseils avisés, votre implication, et votre disponibilité. Merci pour l’écoute et le soutien que vous m’avez accordé durant mon internat. Veuillez recevoir mes très sincères remerciements, et croire en ma profonde reconnaissance.

À ma famille,

Ma maman, Pour ton soutien sans faille durant toutes ces années qui m’a sans cesse redonné du courage. Merci également pour ton immense patience. Tes relectures m’ont été très précieuses. Que cette thèse témoigne de mon respect et de mon amour.

Mon papa, Je suis tellement heureuse de présenter cette thèse devant toi et d’aboutir ce long parcours à tes cotés. Sans toi, je n’en serais pas là aujourd’hui.

Ma sœur, Nathalie, Pour ton immense aide lexicale et syntaxique dont toi seule as le secret. Sache que je suis très fière de ta personne et de ta famille.

Mon frère jumeau, Cyril, Sans toi l’idée de cette thèse n’aurait jamais germé.

À celui qui partage ma vie, Justin, Pour ta présence, ton écoute, ton soutien, ta patience et ton aide. Merci de m’avoir remotivé dans les moments difficiles, de partager et d’enrichir mon quotidien. Trouve ici le témoignage de mon amour.

À mes copines, Particulièrement Camille, Raphaëlle, Estelle, Margot, Annette et tous ceux que j’oublie. Merci pour votre présence, pour les moments que nous avons passés ensemble et ceux qui nous attendent encore. À Clotilde, ma co-interne préférée, tous les moments passés avec toi sont gravés dans ma mémoire.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 10: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

8

SOMMAIRE

RÉSUMÉ ................................................................................................................................................................. 11

I. INTRODUCTION ............................................................................................................................................ 12

A. Le problème du tabac dans le Monde et en France................................................................................. 12

B. L’arrivée de la cigarette électronique ...................................................................................................... 13

C. Problématique de l’étude ........................................................................................................................ 14

II. GÉNÉRALITÉS ................................................................................................................................................ 15

A. Rappels : Les Maladies liées au tabac ...................................................................................................... 15

B. Composition de la fumée de la cigarette « tueuse » ............................................................................. 16

C. Rappel sur la dépendance physique du tabac ......................................................................................... 17

D. Sevrage tabagique avec les méthodes conventionnelles ........................................................................ 18

E. Revue des connaissances sur la cigarette électronique ........................................................................... 19

1. Origine de la cigarette électronique .................................................................................................... 19

2. Anatomie de la cigarette électronique ................................................................................................ 20

3. Fonctionnement de la cigarette électronique ..................................................................................... 21

4. Les différents types de cigarettes électroniques ................................................................................. 22

5. Composition des e-liquides ................................................................................................................. 23

6. Connaissances actuelles sur les effets indésirables des composants du e-liquide sur la santé .......... 25

7. Prévalence des « vapoteurs » : un nombre qui croît chaque année ................................................... 28

III. MATÉRIEL ET MÉTHODE ............................................................................................................................... 29

A. Méthode de recherche bibliographique .................................................................................................. 29

B. Méthode de recherche employée ........................................................................................................... 29

C. Élaboration du guide d’entretien pour les entretiens semi-dirigés ......................................................... 30

D. Caractéristique de la population cible ..................................................................................................... 30

E. Période et lieu d’inclusion, méthode de recrutement ............................................................................. 31

F. Effectif de l’étude ..................................................................................................................................... 31

G. Déroulement des entretiens .................................................................................................................... 31

H. Méthodologie pour le recueil et l’analyse des données .......................................................................... 32

I. Présentation des résultats ....................................................................................................................... 32

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 11: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

9

IV. RÉSULTATS .................................................................................................................................................... 33

A. Caractéristiques de la population étudiée ............................................................................................... 33

B. Analyse thématique ................................................................................................................................. 34

1. La Problématique du Tabagisme pour le fumeur : Vécu et Comportement tabagique ...................... 34

2. Dépendance et sevrage tabagique : Vécu et comportement .............................................................. 42

3. Cigarette électronique : Perception, Vécu et comportement ............................................................. 53

4. Dépendance à la cigarette électronique.............................................................................................. 86

5. La place du médecin dans ce type de sevrage ..................................................................................... 88

6. La réussite du sevrage tabagique reste une question de volonté ....................................................... 89

C. Schémas de synthèse des principaux résultats ........................................................................................ 90

V. DISCUSSION .................................................................................................................................................. 93

A. Fiabilité de l’étude ................................................................................................................................... 93

B. Biais et limites de l’étude ......................................................................................................................... 93

1. Difficultés liées à la méthode choisie .................................................................................................. 93

2. Représentativité de l’échantillon ......................................................................................................... 93

C. Confrontation des principaux résultats aux données de la littérature .................................................... 95

1. Perception, vécu du tabagisme et complexité de la dépendance qui en découle .............................. 95

2. L’intérêt des fumeurs pour la cigarette électronique .......................................................................... 98

3. « Vapoter » est comportement différent qui demande un apprentissage ....................................... 102

4. Les avantages de la « vape » reconnus par les « vapoteurs » ........................................................... 106

5. Les inconvénients de la « vape » ....................................................................................................... 110

6. Dépendance à la cigarette électronique............................................................................................ 113

7. L’arrêt du tabagisme reste une question de volonté ........................................................................ 115

8. Place du médecin dans le sevrage tabagique avec la cigarette électronique ................................... 116

9. Perspectives de l’étude ..................................................................................................................... 118

VI. CONCLUSION .............................................................................................................................................. 119

VII. BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................................... 121

VIII. ANNEXES ................................................................................................................................................ 126

A. Canevas pour entretien semi-dirigé ....................................................................................................... 126

B. Affiche de recrutement de patients déposée dans les cabinets de médecine générale ....................... 129

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 12: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

10

Je soussignée, TOVENA Laëtitia, atteste avoir rédigé ce travail de thèse sans avoir de conflit ni lien d’intérêt que ce soit avec les firmes de tabac, de cigarettes électroniques ou les industries pharmaceutiques de substitution

nicotinique.

Liste des abréviations

AMM : Autorisation de Mise sur le Marché

AFSSAPS : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé

AIDUCE : Association Indépendante Des Utilisateurs de Cigarette Électronique

ANSM : Agence Nationale de Sécurité du Médicament

BPCO : Broncho-pneumopathie chronique obstructive

CE : cigarette électronique

CIM : Classification Internationale des Maladies (Psychiatrie)

DSM: Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders

ECLAT: EffiCacity and safety of an eLectronic cigAreTte

ETINCEL : Enquête Téléphonique pour l’Information sur la Cigarette Électronique

FDA : Food Drug Administration

HNZ : Health New Zealand

HSCP : Haut Conseil de la Santé Publique

HAS : Haute Autorité de Santé

INRS : Institut National de Recherche et de Sécurité

INSERM : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale

InVs : Institut de Veille Sanitaire

INPES : Institut National de Prévention et d'Éducation pour la Santé

MG : médecin généraliste

NCHS: National Center for Health Statistics

NHIS: National Health Interview Survey

OFT : Office Français de prévention du Tabagisme

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

OFDT : Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies

TNS : traitement nicotinique substitutif

TCC : thérapies cognitivo-comportementales

PG : propylène glycol

VG : glycérine végétale

Glossaire

- « Vapoter », « vaper »: pour désigner l’utilisation de la cigarette électronique et se différencier du verbe fumer.

- « E-liquide » : Liquide de recharge des cigarettes électroniques, mélange à base de propylène glycol et glycérine

végétale pouvant contenir des arômes et de la nicotine à des taux variables.

- Base : E-liquide sans arôme.

- « Throat hit », « hit » : sensation dans la gorge ressentie lorsque la vapeur est aspirée (picotement, contraction

de la gorge, raclement à l’arrière de la gorge).

- « Mod » : pour "Modification", il s'agit de cigarettes électroniques améliorées/modifiées afin de créer un

aérosol plus dense et de meilleure qualité.

- « Accu » : Abréviation familière d’accumulateur électrique, qui est un appareil emmagasinant de l’énergie sous

forme chimique pour la restituer à volonté sous forme de courant (Batterie).

- « Craving » : Le désir compulsif, défini comme le besoin irrépressible de consommer, est considéré par certains

auteurs comme la manifestation clinique la plus caractéristique de l’addiction.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 13: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

11

RÉSUMÉ

Contexte : En France le tabac tue 73 000 personnes chaque année.

Le sevrage tabagique est difficile, 97 % des fumeurs n’arrivent pas à se sevrer sans une aide.

La cigarette électronique (CE) est utilisée principalement pour le sevrage tabagique et permettrait d’envisager

une réduction des risques mais il reste beaucoup d’inconnus à son sujet.

Objectifs : Cette étude vise à mieux connaitre les attentes, les vécus et comportements des adultes fumeurs

utilisant la CE pour leur sevrage.

Matériel et méthode : Étude observationnelle par méthode qualitative à partir d’entretiens semi-dirigés. Les

patients étaient des fumeurs majeurs utilisant la CE pour leur sevrage, recrutés sur les mois de Février/Mars

2014 puis Décembre/Avril 2016 sur la base du volontariat dans des cabinets de médecine générale urbains en

Rhône-Alpes. Le recrutement fut arrêté selon le principe de saturations des données.

Résultats : Dix femmes furent interrogées contre huit hommes, de catégories socioprofessionnelles variées. La

moyenne d’âge était de 39.5 ans.

Les patients sont attirés par la CE parce qu’elle permet d’imiter l’acte de fumer. Elle est perçue comme moins

nocive et moins chère que le tabac. L’influence des autres « vapoteurs », l’odeur moins incommodante ainsi

que la liberté d’usage sont des attraits supplémentaires.

Se renseigner pour choisir le bon modèle de CE et le e-liquide adapté à la dépendance nicotinique et au goût

semble essentiel pour la réussite. L’évolution des modèles dans le temps est à prendre en compte.

L’utilisation de la CE demande un certain apprentissage que ce soit dans la méthode d’aspiration, l’adaptation

du geste ou l’entretien et la gestion du matériel.

La fréquence et la durée d’usage apparait différente. Les prises sont plus courtes et plus nombreuses. Les

habitudes d’utilisations sont sensiblement les mêmes. L’entretien du matériel devient un rituel. L’usage de la

CE évolue avec le temps. Les patients l’utilisent intensivement dans les débuts par phénomène de sevrage, puis

diminuent progressivement leur besoin en nicotine et leur addiction.

Les avantages sont la sensation dans la gorge lors de l’aspiration, le « throat hit » avec une vapeur visible, le

geste et l’apport discontinu en nicotine qui permettent de mieux soulager le patient. La CE apparait comme un

nouveau plaisir. Les désavantages sont principalement les difficultés dans l’apprentissage et la gestion du

matériel. Le risque d’achat de mauvais matériel. La toux, la sècheresse des muqueuses ORL et la peur de sa

toxicité peuvent être des freins.

La dépendance à la CE est avouée par certains patients mais vécue comme moins forte que le tabac. C’est un

type de sevrage solitaire faisant peut intervenir les médecins.

Les patients insistent sur le fait que la CE n’est pas une aide magique et ne remplace pas la volonté qu’il faut

pour se sevrer du tabac.

Conclusion : Cette étude permet l’amélioration des connaissances sur les attentes, les comportements et vécus

des patients concernant l’usage de la CE pour leur sevrage.

La CE, correctement réglementée, pourrait permettre de diminuer la prévalence tabagique dans le monde.

Mots clefs : Cigarette électronique, e-cigarette, nicotine, sevrage tabagique, produit de sevrage tabagique,

tabagisme, dépendance tabagique.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 14: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

12

ATTENTES ET VÉCUS DES ADULTES SUR LE SEVRAGE TABAGIQUE AVEC LA CIGARETTE

ÉLECTRONIQUE

I. INTRODUCTION

A. Le problème du tabac dans le Monde et en France

Le tabagisme tue la moitié de ceux qui en consomment. L'épidémie de tabagisme tue près de 6 millions

de personnes chaque année dans le monde. Ainsi, toutes les 6 secondes, une personne meurt du tabac.

Pourtant, il reste la première cause de mortalité évitable. Selon le rapport de l’Organisation mondiale de la

Santé (OMS), si aucune mesure n’est prise d’urgence pour endiguer l’épidémie de tabagisme, le nombre annuel

de décès pourrait atteindre 8 millions d’ici 2030(1).

La France est un des pays développés où la prévalence du tabagisme reste la plus élevée. La fumée du

tabac tue 73 000 personnes chaque année(2), 200 par jour. Soit autant que l’alcool, les accidents de la route, le

sida, les suicides, homicides et drogues illicites, réunis(3).

Les dernières données du Baromètre santé INPES 2014 (datées du 24 février 2015) indiquent une prévalence

du tabagisme stable à 34 % des 15-75 ans, 38 % chez les hommes et 30 % chez les femmes. Le coût social du

tabac est estimé à 120 milliards d'euros, du même ordre que celui de l'alcool. Le coût social des drogues illicites

est seulement 8,7 milliards d'euros (4).

Le tabagisme est considéré comme une maladie chronique et concerne un tiers de la population (plus de 13

millions de personnes)(5).

Il n’existe pas de seuil en dessous duquel fumer soit sans risque. L'arrêt du tabac est donc toujours bénéfique

pour la santé, quelle que soit la quantité de tabac consommée et la durée du tabagisme.

Près de deux fumeurs sur trois souhaitent arrêter de fumer, mais 97% des fumeurs n’y arrivent pas sans

aide. En effet, L’intensité de la dépendance au tabac est plus forte que celle induite par l’alcool, le cannabis ou

les drogues de synthèse, et voisine de celle de la cocaïne et de l’héroïne(5).

Les professionnels de santé ont un rôle essentiel à jouer dans ce domaine pour faire prendre conscience

à leurs patients des dangers du tabac et les accompagner dans le sevrage tabagique.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 15: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

13

B. L’arrivée de la cigarette électronique

La cigarette électronique est un nouveau produit dont l’utilisation en France augmente de façon

exponentielle depuis quelques années.

Commercialisée depuis les années 2000, la cigarette électronique est connue de la très grande majorité

des Français, parmi lesquels on compterait entre 7,7 à 9,2 millions d'expérimentateurs(6).

Elles sont notamment utilisées comme alternatives aux cigarettes classiques dans un but d'arrêt ou de

réduction de la consommation de tabac.

Compte tenu de la médiatisation du produit et du nombre important de magasins qui ouvrent régulièrement,

on peut raisonnablement penser que ce nombre va croitre chaque année.

Cependant ce dispositif reste source de multiples interrogations.

L’OMS déclare que son innocuité et son efficacité dans le sevrage tabagique n’ont pas été

scientifiquement démontrées(7).

L’Haute Autorité de Santé (HAS) ne recommande pas la cigarette électronique comme outil de l’arrêt du tabac

mais considère que son utilisation chez un fumeur qui a commencé à « vapoter » et qui veut s’arrêter de fumer

ne doit pas être découragé (4).

Pourtant il est clairement démontré que ce sont les cancérogènes de la fumée du tabac qui sont

responsables des cancers. Que le monoxyde de carbone et les particules fines sont les deux vecteurs majeurs

de la toxicité cardio-vasculaire de la fumée des cigarettes, que les particules solides jouent un rôle important

dans la survenue de la BPCO. Il est tout aussi démontré que ces trois produits n’existent pas à des taux

significatifs dans la « vapeur » des e-cigarettes. Il est donc logique d’attendre une réduction de ces trois risques

chez les fumeurs de tabac qui passent à l’e-cigarette, bien que ces faits restent à démontrer(8).

Ainsi l’apparition des cigarettes électroniques permet aujourd'hui d'envisager une politique de

réduction des risques liés au tabac.

Le Baromètre santé INPES 2014 estime que 12 millions de personnes ont essayé la CE, 3 millions de

personnes de 15 à 75 ans sont utilisateurs de CE dont 1,5 millions d'utilisateurs quotidiens. La majorité de ceux

qui utilisent la CE sont des fumeurs (83,1 %) dont 74,7 % des fumeurs quotidiens. Seulement 2 % des

utilisateurs de CE n'ont jamais fumé évoquant le risque que la CE peut être une porte d'entrée dans une

trajectoire tabagique(9).

Le constat est établi, la cigarette électronique est utilisée principalement dans le cadre du sevrage

tabagique(6).

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 16: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

14

C. Problématique de l’étude

L’utilisation de la cigarette électronique par les adultes fumeurs comme moyen de sevrage est un

nouveau phénomène de société à explorer. C’est une méthode novatrice que l’on ne peut incontestablement

ignorer en tabacologie mais aussi dans la pratique de la médecine au sens large, et ce malgré la position des

autorités sanitaires.

De nombreuses études ont déjà été menées. Notamment des études sur l’analyse de ses composants,

des études de prévalences sur son utilisation, ainsi que des études randomisées ou de cohortes faisant état de

son efficacité en termes de substitut ainsi que les effets indésirables aigus occasionnés.

Il n’existe que peu d’étude s’intéressant à mieux connaître ce nouveau comportement en terme

représentation individuelle. Étudier et comprendre les attentes et les vécus en terme de ressentis et de

comportements chez les patients est une étape essentielle pour la recherche et ainsi ouvrir la voie à d’autre

type d’étude.

Il s’agit aussi d’une phase cruciale pour notre pratique professionnelle afin de comprendre davantage nos

patients et de les encadrer au mieux dans cette démarche.

L’objectif de l’étude pose donc la question de savoir dans quelle mesure la cigarette électronique

influence les attentes et les vécus, en terme de comportement et de ressentis, des patients au cours de leur

sevrage tabagique.

Elle a pour vocation de mieux caractériser et comprendre :

-leurs représentations

-leurs attentes

-leurs motivations

-leurs objectifs

-leurs vécus, que ce soit sur le versant comportemental ou sentimental.

Dans un second temps ce travail permet de faire le point sur les vécus et comportements des patients à

l’égard de leur tabagisme et de la dépendance qui en découle. Domaine déterminant pour la compréhension

de leur sevrage.

La vision et la place du médecin donnée par les patients dans l’aide au sevrage sera de même étudiée, thème

essentiel pour notre pratique.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 17: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

15

II. GÉNÉRALITÉS

A. Rappels : Les Maladies liées au tabac(10)(11)

La morbidité liée au tabac s’étend à plusieurs organes et systèmes.

> Un tiers des cancers sont liés au tabac. Le plus connu est le cancer du poumon, dont 90 % des cas sont liés au

tabagisme actif et 5 % au tabagisme passif. Mais d’autres cancers sont également causés par le tabac : plus de

la moitié des cancers des voies aérodigestives supérieures selon la localisation, 40% des cancers de la vessie et

30% des cancers du pancréas. Il est aussi impliqué dans les cancers des voies urinaires et du rein, du col de

l'utérus, de l'estomac, de certaines leucémies, des ovaires, du colon et du rectum. Il pourrait être en cause dans

l'apparition de cancers du sein.

> Les maladies cardio-vasculaires thrombosantes : Avant 45 ans, 80 % des victimes d’infarctus du myocarde

sont des fumeurs. Au niveau cérébral, le tabac est un facteur de risque d’accident vasculaire cérébral aussi

important que l’hypertension artérielle, avec un risque multiplié de 2,5 à 6 selon le tabagisme. Le tabac est

responsable de 90 % des artérites avant 65 ans. De nombreuses autres pathologies sont retrouvées : les

anévrismes, l’hypertension artérielle sont également liés, en partie, à la fumée de tabac. L’atteinte vasculaire

peut aussi provoquer des troubles de l’érection.

> La broncho-pneumopathie chronique obstructive, avec l’emphysème, est essentiellement due au tabagisme. C’est la cinquième cause de décès en France (16 000/an), elle touche 3,5 millions de personnes, dont deux tiers

l’ignorent. Cette maladie évolue vers l’insuffisance respiratoire si l’usage du tabac n’est pas stoppé.

> Les liens entre le tabac et les maladies psychiatriques sont intriqués de façon complexe. Pour la dépression

une relation bidirectionnelle est démontrée entre tabagisme et dépression. La dépression conduit au

tabagisme mais fumer déprime au long cours. L’anxiété est fréquente chez les fumeurs. Les ex-fumeurs sont

plus sereins, car le tabac est un excitant (ce qui calme, c’est de soulager le manque). Les liens avec la

schizophrénie et les troubles bipolaires sont étroits.

> D’autres pathologies ont un lien ou sont aggravées par le tabagisme : les gastrites, les ulcères gastro-

duodénaux, le diabète de type II, l’hypercholestérolémie, l’hypertriglycéridémie, l’eczéma, le psoriasis, le lupus,

les infections ORL (Nez - gorge - oreilles) et dentaires, la cataracte et la DMLA (Dégénérescence Maculaire Liée

à l’Age). Sans oublier la parodontite, maladie des gencives qui provoque le déchaussement et la perte des

dents.

>Il augmente le risque de fausse couche chez les femmes enceintes. Il est aussi responsable d’hypotrophie

fœtale et d’une augmentation du risque d’accouchement prématuré. Le tabagisme des parents augmente les

risques de mort subite du nourrisson, d'infections respiratoires notamment chez les enfants.

>Par ailleurs le tabagisme entraîne de nombreux effets secondaires:

- Carences en vitamines B et C.

- Une diminution des capacités sexuelles et de la fertilité.

- Une altération de l'épiderme (rides, teint terne, doigts jaunis) car le tabac réduit l'oxygénation de la peau et

rend celle-ci terne, moins souple ; ainsi rides et ridules apparaissent de manière précoce.

- On retrouve des atteintes multiples buccales : affections gingivales, la coloration des dents en jaune,

l'haleine, des risques de déchaussement des dents et fragilise les gencives, altération de la muqueuse buccale

et nasale, des lèvres et de la langue, des papilles gustatives, des organes vocaux, des glandes salivaires.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 18: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

16

B. Composition de la fumée de la cigarette « tueuse » (10)(11)

Les 2 000 substances de la cigarette inerte passent à 4 000 (voire 7000 selon certains) lors de la

combustion, lorsque le tabac brule à 850°C. C’est la fumée de cigarette qui est dangereuse principalement avec

au moins 50 substances cancérigènes. Elle représente un danger mortel aussi bien pour les fumeurs que pour

les non fumeurs.

On peut retenir schématiquement dans les composés de la fumée de cigarette :

– la nicotine, agent de dépendance mais non cancérigène, dont le caractère naturellement très addictogène est

renforcé par certains additifs, comme l’ammoniac. Lors de l’inhalation de tabac, la nicotine parvient au cerveau

en 7 secondes. C’est le « shoot nicotinique », qui est 2 fois plus rapide qu’une intraveineuse.

– le monoxyde de carbone est responsable de l’hypoxie à cause de sa très forte affinité pour l’hémoglobine

(200 fois plus que l’oxygène). Le produit formé est la carboxyhémoglobine. L’intoxication chronique au

monoxyde de carbone est fortement pathogène en raison de l’hypoxie tissulaire, et donc du vieillissement

accéléré de l’organisme et joue aussi sur l’athérogenèse par toxicité directe sur la paroi des artères. Pour

contrer ce manque d’oxygène, la fréquence cardiaque et la pression artérielle augmentent, ce qui accroît le

risque d’accident cardiaque et vasculaire.

D’autres gaz toxiques sont retrouvés tels que l’oxyde d’azote, acide cyanhydrique, ammoniac…

– les goudrons (jusqu’à 10 mg de goudron par cigarette) sont de puissants cancérigènes, au premier rang

desquels on trouve des hydrocarbures comme le benzène. Il y a une cinquantaine d’autres agents

cancérigènes ;

– les particules fines et substances irritantes, très diverses, comportent acétone, phénols, acide cyanhydrique,

acroléine, dioxines, nitrosamines. Ces substances attaquent les muqueuses respiratoires, modifient le tapis

mucociliaire des bronches et petites bronchioles, et altèrent la protection des parois alvéolaires. Elles affectent

donc la capacité de respiration.

Combinées aux goudrons, elles favorisent l’inflammation des bronches et la toux.

–les métaux lourds (cadmium, mercure, plomb, chrome), les substances radioactives (polonium), l’arsenic... ;

–les additifs, dont certains ont des propriétés bronchodilatatrices (théobromine).

Les trois fléaux de la fumée du tabac sont : Les goudrons, le monoxyde de carbone, les particules

solides.

Certains composés proviennent de l'environnement et du mode de culture du tabac (pesticides,

produits radioactifs). Certains plants de tabac sont génétiquement modifiés afin de rendre la nicotine plus

« efficace » et les fumeurs plus « accros ».

De plus les industriels ajoutent de nombreuses substances au tabac. Différents arômes (comme la

vanille) sont utilisés pour plaire aux jeunes et aux fumeurs débutants. D’autres substances, agissant comme

broncho-dilatateurs (le cacao par exemple) facilitent l’inhalation de la fumée et surexposent les poumons aux

goudrons, monoxyde de carbone et nicotine. Le génol et le menthol ont des vertus adoucissantes sur les voies

respiratoires et masquent l’effet irritant de la fumée.

L'ammoniac est utilisé pour favoriser la fixation de la nicotine et renforce la dépendance des fumeurs.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 19: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

17

C. Rappel sur la dépendance physique du tabac

La dépendance désigne la sujétion à l’usage d’une substance psychoactive, dont la suppression induit un

malaise psychique, voire physique, obligeant le sujet à pérenniser sa consommation. Les addictions sont des

comportements de consommation de substances psychoactives (ou autres) assorties de conséquences

délétères (souffrance psychologique et troubles physiologiques) et face auxquels le sujet perd une partie de sa

liberté. L’addiction inclut la notion de dépendance, mais aussi celle d’abus(10).

La nicotine est une substance psychoactive agissant sur le système nerveux central. Elle est responsable

du comportement de dépendance tabagique, en stimulant les récepteurs nicotiniques, et en activant ainsi les

circuits de la récompense.

La nicotinémie augmente rapidement dès les premières bouffées de cigarettes, et atteint un pic plasmatique à

la fin de celles-ci. Quelle que soit la quantité de nicotine du tabac indiquée par le fabricant, il est impossible de

prédire la dose absorbée. En effet, des études ont montré que la dose absorbée peut aller de 0,4 à 1,6 mg par

cigarette, dépendant du comportement tabagique. Le fumeur peut contrôler sa nicotinémie en modulant

l’intensité, la durée, le volume ou le nombre de ses bouffées (13).

La clef de voûte du système de récompense est constituée de projections dopaminergiques quittant l’aire

tegmentale ventrale (localisée dans le mésencéphale), pour aboutir d’une part dans le noyau accumbens (situé

dans le striatum ventral), d’autre part dans le cortex préfrontal. Cette voie dopaminergique méso-cortico-

limbique est sous le contrôle régulateur de nombreux systèmes (cholinergique (nicotinique), sérotoninergique,

etc.). Les corps cellulaires des neurones dopaminergiques de l’aire tegmentale ventrale sont tapissés de

récepteurs nicotiniques alpha4-bêta2, qui, stimulés, augmentent l’activité de ces neurones, induisant par là

une partie des effets psychoactifs de la nicotine (14). Ainsi ce « système de récompense » est responsable de la

libération de dopamine, neuromédiateur du plaisir.

La dépendance repose sur un système de récompense et de manque. Lorsqu’elle est fumée, la nicotine

atteint le cerveau en quelques secondes. Ce pic dans le sang artériel libère la dopamine qui se traduit par un

sentiment aigu de plaisir, associé à un soulagement immédiat du manque. Cette vitesse d’action est en lien

avec l’addiction sévère qui en résulte. Le tabac a le potentiel addictif le plus fort parmi l’ensemble des

substances psychoactives, devant l’héroïne, l’alcool et la cocaïne. (15)

Le circuit de la récompense dans l’addiction. © Inserm (Fig.1)

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 20: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

18

D. Sevrage tabagique avec les méthodes conventionnelles (16)(5)(14)(17)

L'arrêt du tabac est toujours bénéfique pour la santé, quelle que soit la quantité de tabac consommée et

aussi longtemps qu'on ait fumé. Quand on arrête de fumer, le risque diminue au fur et à mesure que passent

les années sans tabac : 5 ans après la dernière cigarette, il est presque réduit de moitié. Il n'est donc jamais

trop tard pour arrêter de fumer.

Il faut savoir que le nombre de tentatives augmente la probabilité d’un arrêt définitif.

Les dernières recommandations de l’HAS expliquent que l’accompagnement par un professionnel de

santé est un des facteurs clefs pour arrêter de fumer (sans accompagnement, 97 % des fumeurs n’arrivent pas

à arrêter). Cet accompagnement peut être effectué par son médecin traitant dans le cadre de consultations

dédiées destinées à apporter un soutien psychologique et à renforcer la motivation du fumeur.

Selon la dépendance évaluée par le professionnel de santé, les traitements nicotiniques de substitutions

(TNS) peuvent être prescrits en première intention. Ils peuvent être utilisés dans une stratégie d’arrêt ou en

stratégie de réduction de la consommation de tabac, si l’arrêt n’est pas encore envisageable pour le fumeur.

Les autres traitements médicamenteux tels que la varénicline et le bupropion ne doivent être prescrits qu’en

seconde intention.

Traitements proposés pour le sevrage tabagique

SUBSTITUTION NICOTINIQUE

- Remplace la nicotine afin de réduire les symptômes de sevrage. - Différents types : les patchs 24 h et les patchs 16 h, les formes orales (gommes, tablettes, pastilles), les inhaleurs (contenant une cartouche de 10 mg de nicotine), le spray buccal. - Effets indésirables bénins : céphalées, dysgueusie, nausées, dyspepsie, douleurs et paresthésies au niveau des tissus mous de la cavité buccale, stomatite, hypersécrétion salivaire, brûlure des lèvres, sécheresse de la bouche et/ou de la gorge.

- Efficacité supérieure à l’absence de traitement ou au placebo. Les TNS augmentent l’abstinence à 6 mois de 50 % à 70 %.

VARENICLINE

- Agoniste partiel des récepteurs nicotiniques destinés à activer les récepteurs alpha-4-bêta-2 mimant l’action de la nicotine et entraînant la libération au niveau du système mésolimbique de dopamine. - Effets secondaires : risques de survenue d’épisodes dépressifs avec comportements suicidaires y compris chez des sujets sans antécédents dépressifs. - Efficacité supérieure au placebo pour l’arrêt du tabagisme à 6 mois et au bupropion pour l’arrêt du tabagisme à 12 semaines. Pas de supériorité par rapport aux TNS.

BUPROPION

- Inhibiteur de la recapture de la norépinéphrine et de la dopamine, initialement proposé comme antidépresseur, mais découverte d’un effet sur la diminution du craving et sur les symptômes de manque. - Effets secondaires : insomnie (propriété stimulante semblable à l’amphétamine), la bouche sèche et les nausées. - Contre-indications : antécédents de convulsions, antécédents de troubles graves du comportement alimentaire, troubles bipolaires, insuffisance hépatique grave, tumeur bénigne ou maligne du cerveau ou de la moelle épinière, pas d’association avec les IMAO (Inhibiteur de la Monoamine Oxydase). - Efficacité supérieure au placebo pour l’arrêt du tabagisme à 6 mois, mais pas supérieur aux TNS, et inférieure à la varénicline.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 21: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

19

E. Revue des connaissances sur la cigarette électronique

La cigarette électronique correspond à un appareil électrique sans tabac ni combustion qui permet de

simuler l’acte de fumer. Elle génère un aérosol destiné à être inhalé en vaporisant un liquide, appelé « e-

liquide », qui peut être aromatisé et contenir ou non de la nicotine.(18)

Ses utilisateurs sont appelés communément des « vapoteurs », pour se démarquer des fumeurs de

tabac. Le verbe « vapoter » s’est déjà imposé dans les nouveaux mots des éditions 2015 du Robert et du

Larousse et son équivalent anglais « to vape » a été désigné mot de l’année 2014 par l’Oxford Dictionary.

En France, aucun type de cigarette électronique ne dispose d’une autorisation de mise sur le marché

(AMM). Par ailleurs les cigarettes électroniques ne peuvent être vendues en pharmacie car elles ne figurent pas

sur la liste des produits dont la délivrance y est autorisée.

Du fait de leur statut actuel de produit de consommation, les cigarettes électroniques échappent à la

réglementation sur les médicaments et aux contrôles applicables aux produits du tabac. (19)

Ses synonymes sont : e-cigarette, e-cig, vaporisateur personnel, ENDS (Electronic Nicotine Delivery

System) et ENDD (Electronic Nicotine Delivery Device)

1. Origine de la cigarette électronique

Le concept d'une cigarette électronique avait été élaboré par Herbert A. Gilbert en 1963 aux Etats-Unis,

avec un brevet déposé en 1965 présentant le schéma d'une cigarette électronique « remplaçant le tabac et le

papier par de l’air chauffé et aromatisé ». Gilbert fut approché par des sociétés souhaitant fabriquer cette

cigarette, mais son invention ne fut jamais commercialisée.

On attribue son invention à Hon Lik, un pharmacien chinois qui eut l’idée en 2000 d’utiliser les u ltrasons

fournis par un dispositif piézoélectrique pour vaporiser sous pression un jet de liquide contenant de la nicotine

diluée dans une solution de propylène glycol. Ce dispositif produisait un aérosol ressemblant à de la fumée qui

pouvait être inhalé et fournissait un vecteur pour délivrer sans combustion la nicotine dans la bouche et les

poumons. Il a également proposé d’utiliser le propylène glycol pour diluer la nicotine sous forme de base libre.

La nicotine liquide était placée dans une cartouche jetable en matière plastique qui servait de réservoir de

liquide avec un embout buccal à son extrémité(8).

L’idée de cette invention lui vint parce qu’il était gros fumeur, mais aussi parce que son père atteint d’un

cancer du poumon continuait son intoxication tabagique. Il voulu alors vaporiser la nicotine pour éviter la

combustion du tabac afin de réduire la toxicité, et ainsi préserver le geste du fumeur.

En 2001, le premier prototype de cigarette électronique vaporisait à l’aide d’une résistance sur

accumulateur lithium une solution de glycérol imbibant un tampon d’ouate. L’aspiration commandait le

mécanisme par l’intermédiaire d’une valve.

Le dispositif a d’abord été introduit sur le marché intérieur chinois en mai 2004 comme une aide à

l’arrêt du tabac. Elles furent commercialisées en Europe en 2006.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 22: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

20

2. Anatomie de la cigarette électronique (8)

Il existe des cigarettes électroniques à usage unique et qui sont complètement scellées. D’autres sont

réutilisables, c’est-à-dire rechargeables.

Ces dernières qui sont les plus utilisées se composent en général de trois parties :

- Une batterie qui est le dispositif alimentant en énergie électrique la résistance de la cigarette

électronique. Elle est composée généralement de lithium, et peut être, soit à usage unique, soit

rechargeable par câble USB ou chargeur.

- Une cartouche ou réservoir (ou encore tank) qui est le contenant du e-liquide. La partie supérieure est

destinée à accueillir l’embout buccal appelé « drip-tip » et la partie inférieure vient se loger sur

l’atomiseur.

- Un atomiseur (chambre d’aérosolisation) est une pièce métallique cylindrique comportant un pas de

vis pour se fixer sur la batterie. Elle est composée d’une résistance (spirale ou treillis métallique) entourée

d’une mèche permettant de chauffer l’e-liquide afin de le transformer en vapeur. Souvent intégrée dans la

cartouche, il se nomme alors « cartomiseur », et si la cartouche est transparente, on l’appelle alors

« clearomiseur ».

« Cartomiseurs » et « clearomiseurs » sont des consommables dont la durée de vie varie énormément

suivant le modèle et l’utilisation. Certains modèles offrent la possibilité de ne changer que la partie contenant

la résistance lorsqu’elle est trop usée, afin de ne pas jeter le reste du dispositif.

Sur quelques modèles on retrouve un voyant lumineux (diode rouge ou bleue à l’extrémité) simulant la

fraise de l’extrémité d’une cigarette de tabac.

Anatomie de la cigarette électronique (Fig.2)

Rapport et avis d’experts sur l’e-cigarette, OFT - Office français de prévention du tabagisme, mai 2013

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 23: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

21

3. Fonctionnement de la cigarette électronique (8)

Selon les modèles, le déclenchement de l’alimentation de l’atomiseur se fait soit par contacteur (=

manuellement) soit par inspiration qui le déclenche à partir d’une micro valve libérant l’alimentation

(=automatique).

La montée rapide en température (50-250°C) de la résistance de l’atomiseur qui reçoit le courant

électrique de la pile fait passer de l’état liquide à l’état gazeux le liquide (parfois absorbé par un textile) présent

dans la cartouche. L’e-liquide à l’état gazeux se condense en fines gouttelettes qui forment un aérosol simulant

la fumée de cigarette.

L’aérosol est défini par la dispersion en très fines particules d’un liquide d’une solution ou d’un solide

dans un gaz. Il n’y a pas de fumée, car pas de combustion.

Le mot « vapeur » est un abus de langage, ce terme a été introduit par les fabricants des cigarettes

électroniques à la place du mot « fumée ». Le verbe « vapoter » est issu des forums de discussion ; il a été

ensuite adopté par les fabricants.

Cet aérosol inhalé, va venir frapper l’arrière-gorge (sensation dite « throat hit ») et être en partie

absorbé plus ou moins profondément dans les voies respiratoires.

Fonctionnement de la cigarette électronique (Fig.3) Rapport et avis d’experts sur l’e-cigarette, OFT - Office français de prévention du tabagisme, mai 2013

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 24: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

22

4. Les différents types de cigarettes électroniques :

Depuis leur création, les cigarettes électroniques évoluent constamment. Il existe de nombreux modèles

à l’esthétique et aux performances très variables avec une taille de batterie proportionnelle à son autonomie.

On répertorie trois générations différentes :

-Les premières connues sous le nom de « cigalike », similaires aux cigarettes traditionnelles, sont des systèmes

non rechargeables, prêts à vapoter, mais ayant une fonctionnalité médiocre.

Cigarette électronique « cigalike »(Fig.4)

-La CE de deuxième génération est utilisée par la majorité des vapoteurs, elle est composée de trois parties

distinctes décrites plus haut. De longueur plus importante, mais toujours fines, les « middles » ou « pens »

ressemblent à un stylo. La cigarette électronique de référence, la plus répandue actuellement est la « eGo »

représentée ci-dessous.

Cigarette électronique « eGo » (Fig.5)

-La CE de troisième génération correspond aux « Mods ». Plus volumineuse, et plus lourde, elle offre une

grande autonomie et un meilleur rendu des saveurs des e-liquides. Elles sont destinées aux vapoteurs plus

expérimentés et exigeants.

Les « Mods » peuvent être classés en deux catégories :

- Les « mods » dits mécaniques, « mod méca » : n’embarquant pas d’électronique dans leur mécanisme ; ils

ont l’avantage d’être plus fiables, plus solides et moins volumineux. Ils sont composés d’un connecteur

permettant de visser les atomiseurs, « cartomiseurs » ou « clearomiseurs », d’un corps pour insérer la

batterie et d’un « switch » avec un ressort pour faire contact avec la batterie.

Cigarette électronique « mod méca » (Fig.6)

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 25: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

23

- Les « mods » électroniques à voltage variable et « wattage » variable, « mod VV/WV » : dispositif

électronique (avec microprocesseur) souvent accompagné d’un écran LCD permet de jouer sur la tension

et la puissance délivrée par la batterie. On peut ainsi faire varier le chauffage de la résistance modifiant la

quantité et la température de la vapeur à inhaler. Selon les modèles, les « mods » peuvent également

renseigner sur la puissance, le nombre de bouffées, la charge de la batterie restante, la valeur de la

résistance utilisée.

Cigarette électronique « mod électronique » (Fig.7)

5. Composition des e-liquides (8)(18)

Les e-liquides présentent généralement un mélange de propylène glycol et de glycérine végétale dosés

80/20, voire 70/30, qui ont l’avantage de s’évaporer à basse température. Ces deux substances représentent

environ 75 à 95% du volume des e-liquides.

Propylène glycol (PG) :

Substance artificielle obtenue par chimiosynthèse, il s’agit en chimie organique d’un diol. Visqueux,

corps lipidique incolore et pratiquement inodore, saveur légèrement sucrée. Modérément inflammable, peu

volatil, se vaporise rapidement entre 60 et 100°C.

Il s’agit d’un produit utilisé massivement par l’industrie en général :

- Dans industrie du tabac comme humectant afin de garder l’humidité du tabac.

- Dans les night-clubs pour simuler la fumée.

- Dans les cosmétiques.

- Dans l’alimentation (Additif alimentaire E 1520), il est humectant, émulsifiant, liant et épaississant.

- Comme excipient dans les médicaments tels que les sirops, les pommades, les solutions nasales et oculaires et

notamment pour le traitement pour l’asthme ou dans les TNS (Foradil, Miflonil et le spray NicoretteSpray par

exemple).

Glycérol ou glycérine végétale (VG) :

Composé chimique liquide et transparent, incolore et inodore, résultant de l’hydrolyse (=réaction

chimique dans laquelle une liaison covalente est rompue par action d'une molécule d'eau) de graisses

végétales, notamment de l’huile de palme ou huile d’olive.

Moins efficace que le PG pour la production aérosol mais puissant en exhausteur de goût, permet de

renforcer les arômes.

Utilisé également par les industries alimentaires (Additif E 422), pharmaceutique et cosmétique pour ses

propriétés hydratantes et fluidifiantes (suppositoires, sirops expectorants, dentifrices, crèmes etc.). On le

retrouve de même dans le tabac à chiquer pour préserver l’humidité.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 26: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

24

Arômes, agents de saveurs et colorants :

Il existe principalement deux types d’arômes :

- Arômes naturels d’origine animale ou végétale (fraise/vanille/menthe/tabac etc.)

- Arômes artificiels fabriqués par chimiosynthèse.

Les Goûts sont variés : tabac/fruits/boissons/bonbons/cannabis.

L’arôme le plus utilisé est celui de tabac, suivi de menthe et fruits.

En général ils sont résistants à la température tels que les arômes alimentaires mais les connaissances sont

insuffisantes sur leur toxicité lorsqu’ils sont transformés en vapeur et absorbés par inhalation.

Alcool éthylique :

L'alcool éthylique est utilisé en tant que solvant d'arômes et fluidifiant des e-liquides. Utilisé selon les

liquides pour favoriser la sensation du « throat hit », mais le taux dépasse rarement 4%, et le volume nébulisé

est faible.

Nicotine :

On rappelle, substance psychoactive capable de se fixer dans le corps, en particulier dans le cerveau, sur

des récepteurs à l’acétylcholine de type nicotinique, responsable de la dépendance.

C’est un poison naturel, produit par les plantes pour se protéger des insectes qu’elles tuent en agissant

sur leur système nerveux.

La nicotine des e-liquides (s’ils en contiennent) ainsi que des substituts nicotiniques est naturelle

(extraite du tabac) parce que lorsqu’elle est synthétisée de façon artificielle, elle ne possède pas les mêmes

propriétés pharmacologiques.

Elle permet aux « vapoteurs » d’assouvir leur dépendance mais aussi procure une sensation de « throat

hit » plus intense.

La plupart des marques proposent des cartouches sans nicotine, avec nicotine dosage faible, dosage moyen, ou

forte (0 mg/ml, 6 mg/ml, 8 mg/ml, 11 mg/ml, 12 mg/ml, 16 mg/ml, 18 mg/l ou 19,9 mg/ml).

Le taux de nicotine des cartouches commercialisées en France est actuellement compris entre 0 et 19.9

mg/ml. L'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) demande aux

fabricants de ne pas atteindre 20 mg/ml, sauf si le produit est enregistré comme médicament.(19)

Il faut spécifier qu’une étude réalisée par l’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits

de Santé) montrait que la teneur réelle en nicotine des e-liquides ne correspondait pas à la teneur indiquée sur

les flacons.(20)

Depuis 2010, la fabrication des e-cigarettes et des e-liquides s'est sensiblement améliorée.

Une étude plus récente de mai 2013 a analysé les contenus en nicotine et produits associés sur 20 échantillons

de 10 e-liquides différents achetés dans le commerce. Le taux de nicotine semblent très proche de ceux

annoncés et répondent à la norme pharmaceutique (Etter JF, Zätter E, Svensson S, 2013).(21)

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 27: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

25

6. Connaissances actuelles sur les effets indésirables des composants du e-liquide sur la santé

Les questions de sécurité et de toxicité des cigarettes électroniques concernent surtout leur e-liquide et

l’aérosol qu’elles génèrent.

- Le propylène glycol (PG) :

Le PG et la GV sont deux sucres dont l’organisme est capable de métaboliser en acide lactique pour le

propylène glycol et en acide pyruvique pour les deux. Il est oxydé par le foie et éliminé dans l’urine. Chez

l’homme sa demi-vie est de deux heures dans l’organisme.(22)(23)

Comme il a été détaillé plus haut, le propylène glycol est utilisé comme solvant et excipient dans de

nombreux domaines tels que les industries pharmaceutiques car considéré comme peu toxique en exposition

prolongée et répétée. Il n’est non mutagène, non cancérigène selon les études réalisées sur les animaux. Il

n’agit pas non plus sur la fertilité. Les expositions professionnelles ont pu mettre en évidence des irritations

cutanées et muqueuses, rarement des allergies cutanées.(23,24)

D'après l'INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité), le propylène glycol est considéré

généralement comme non-toxique. Il ne se révèle toxique qu'à dose élevée. Plusieurs études ont montré que le

propylène glycol n'était pas cancérogène chez le rat et la souris en administration orale, cutanée ou sous-

cutanée.(23)

Malgré son utilisation très large, il est considéré par l'Agence nationale de sécurité du médicament et

des produits de santé (ANSM) comme un excipant à effet notoire : par voie orale ou parentérale 400 mg/kg

chez les adultes et 200 mg/kg chez les enfants peut provoquer des symptômes semblables à ceux provoqués

par l'alcool.(25)

En effet, on reconnait chez l’homme une tolérance bonne si une certaine dose n’est pas dépassée.

La toxicité du propylène glycol est double en intoxication aigüe, directe (dépression du système nerveux

central, coma, convulsions) et indirecte par ses métabolites hépatiques, acide pyruvique et acide lactique

responsables d’acidose métabolique avec trou anionique. La dose minimale toxique chez l’adulte est de l’ordre

de 5g. Chez l’enfant, celle-ci n’est pas connue, des ingestions de l’ordre de 200 mg/kg ont abouti à

d’authentiques intoxications(22). De plus son exposition chronique dans l’air peut exacerber ou induire une

rhinite, asthme, eczéma ou autre allergie.

Cependant, les études ont surtout porté sur l'ingestion du produit et très peu sur son inhalation. Les

effets de son inhalation à long terme restent inconnus.

Le Rapport et avis d’experts sur l’e-cigarette de l’OFT (Office français de prévention du tabagisme) de

mai 2013 considère le propylène glycol comme peu toxique, non cancérogène, non toxique pour la

reproduction. Mais souligne cette ignorance quant à la toxicité à long terme par inhalation.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 28: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

26

- La glycérine végétale (VG) :

En ce qui concerne la glycérine végétale, les conclusions sont similaires.(26)

Elle est considérée comme substance non dangereuse pour la santé tout en sachant que l’on ne connait pas les

effets au long court dans l’usage chronique en inhalation.

Il faut souligner que si la GV est chauffée à haute température (plus de 200°C), elle se décompose en

acroléine, substance extrêmement irritante présente dans la fumée du tabac. Normalement les atomiseurs des

cigarettes électroniques ne devraient pas atteindre une telle température mais ce point reste à être contrôlé.

- La nicotine :

À forte dose, la nicotine est un poison très toxique, par ingestion comme par contact cutané, agissant

sur leur système nerveux. Un surdosage en nicotine se manifeste par des symptômes tels nausées, palpitations,

céphalées, insomnies, diarrhées, lipothymies, sècheresse buccale, hypersalivation, douleurs abdominales,

diminution de l'acuité auditive, faiblesse générale, etc.

À doses plus élevées, peuvent apparaître une hypotension, un pouls faible et irrégulier, une dyspnée,

une prostration, un collapsus cardiovasculaire et des convulsions allant jusqu’au coma puis au décès.

C’est pour ces raisons que les bouteilles d’e-liquide nicotiné, contenant de fortes doses de nicotine et donc

extrêmement dangereuses, doivent impérativement être conservées hors de portée des enfants. En effet, au

mois de mai 2013, en Israël, une fillette de deux ans et demi est décédée après avoir bu un flacon d’e-liquide

nicotiné.(27)

La tolérance aux effets toxiques de la nicotine est très variable selon les individus.

D’après sources anciennes, la dose létale chez l’homme est de 120 mg pour les fumeurs, et de 30 à 60 mg pour

les non fumeurs, 10 mg pour les enfants. (18)(28)

Cependant au Danemark, une femme ayant tenté de se suicider avec un flacon e 50 ml e-liquide à 30 mg/ml

n’est pas décédée. (29)

Le risque de surdosage chez les fumeurs et les « vapoteurs » est quasiment inexistant, en raison d’un

phénomène inconscient connu sous le nom d’auto-titration, semblable à un phénomène de satiété. (18) En

effet les tabacologues recommandent dans le principe de ne pas sous doser la nicotine des TNS au risque de

voir émerger le « craving » poussant à allumer une cigarette. Au pire le patient ressent les symptômes

classiques de surdosage à la nicotine à type de vertige, nausée, céphalées.

La nicotine est largement utilisée pour le sevrage tabagique dans les TNS et ne présente pas de réelles

contre-indications.

Les risques potentiels au long cours de la nicotine provenant des produits du tabac sans fumée (snus, snuff) ont

été passés en revue. Il a été fait état d'effets hémodynamiques, de dysfonctionnement endothélial, de cas de

thrombogenèse, d'inflammation systémique, ainsi que d'autres effets métaboliques.(30)

Donc on peut raisonnablement penser avec ses données que la nicotine des cigarettes électroniques

pour les « vapoteurs » est principalement une substance psycho active responsable d’une dépendance, dont

l’intensité reste à analyser.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 29: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

27

- Des arômes sont reconnus plus toxiques que d’autres : (18)

- Le menthol pouvant provoquer des allergies. Il procure une impression de fraicheur, adoucit la fumée

ou vapeur, provoque une légère anesthésie locale et dilate les bronches (mais de ce fait augmente la

nicotinémie).

- La cannelle présenterait une cytotoxicité accrue.

- La réglisse pouvant favoriser l’hypertension artérielle.

- Arômes contenant diacétyle : Pouvant provoquer des bronchiolites oblitérantes dans le milieu

industriel. Présent dans les produits type lactés ou arôme de beurre (capuccino, tiramisu etc.).(31)

- Impuretés liés au tabac :

Ce sont des substances extraites des feuilles de tabac en même temps que la nicotine (anatabine,

anabasine, cotinine, nitrosamines cancérogènes).

La FDA (Food Drug Administration) et HNZ (Health New Zealand) ont tous les deux rapporté des traces de TSNA

(nitrosamines), qui sont des substances cancérogènes, dans les e-liquides mais cela représente une très faible

fraction (0.008mg/e-cigarette cartouche contenant 16mg de nicotine) par rapport au 6.3mg dans une Marlboro

classique.

Des doses similaires, à l’état de traces et donc non-toxiques, sont présentes dans les substituts nicotiniques.

Il vaut mieux privilégier la nicotine pharmaceutique qui a des niveaux limités d'impuretés, comparables à ceux

des produits de substitution à la nicotine, alors que la nicotine non pharmaceutique pourrait présenter des

niveaux plus élevés de nitrosamines du tabac.(32,33)

- Autres solvants considérés dangereux car possiblement cancérigènes :

Une méta-analyse de 29 études (qui ont évalué entre 2007 et 2013 les composants chimiques des e-

cigarettes) montre que de nombreuses substances chimiques et des particules ultrafines connues pour être

toxiques, cancérigènes et/ou irritantes pour les voies respiratoires ont été identifiées dans les aérosols, les

cartouches, les liquides de recharge (nitrosamines, métaux, composants organiques volatiles , aldéhyde,

acroléine, acétone éthanol et solvants chlorés). (34)

En outre, certaines traces de métaux retrouvées dans les cartouches sont en partie des nanoparticules

issues des processus de fabrication et qui peuvent pénétrer profondément dans les poumons. (35)

Une étude néo-zélandaise a montré que le cadmium, arsenic, de chrome, de nickel, de plomb étaient

indétectable dans le liquide des e- cigarettes.(33)

Tout cela demande une surveillance accrue des liquides, des cartouches et des cigarettes électroniques,

des normes de fabrication et surtout de nouvelles études afin de donner des estimations fiables des quantités

des produits chimiques des e-cigarettes et d'évaluer leur éventuelle toxicité.

Selon le Pr Jean-François Etter (18), à l’état de traces ces substances ne présentent pas de dangers pour

la santé. Ces solvants sont surtout présents dans les premières bouffées d’une cigarette neuve.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 30: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

28

7. Prévalence des « vapoteurs » : un nombre qui croît chaque année

Il n’existe pas beaucoup de données sur l’utilisation de ces dispositifs à l’échelle mondiale.

En 2013, 47 % des fumeurs et des anciens fumeurs aux États-Unis avaient essayé la cigarette électronique, mais

la prévalence du vapotage régulier était de 4 % dans ce groupe.(36)

Un eurobaromètre complet a été publié fin mai 2015 dans le cadre de la journée sans tabac. L’enquête

Eurobaromètre révèle quelques chiffres intéressants sur la cigarette électronique : 12 % des Européens ont

testé l’e-cigarette, ils sont actuellement 2 % à l’utiliser quotidiennement. Ces chiffres ont sensiblement

augmenté depuis 2012 (où ils se situaient respectivement à 7 % et 1 %).(37)

Selon les résultats d’une étude de prévalence (27 460 Européens de 28 pays) publiée fin juin 2016 dans

la revue Addiction, 48,5 millions d'Européens ont déjà essayé la cigarette électronique, et 7,5 millions sont des

utilisateurs actuels. Cette analyse est issue des données de l'Eurobaromètre 2014 sur le tabagisme et

l'utilisation de la cigarette électronique et réalisée par les scientifiques grecques de l'Université de Patras et du

centre de chirurgie cardiaque Onassis et l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM,

Paris). (38)

En France, en novembre 2013, l’OFDT a mené une enquête sur la cigarette électronique afin de fournir

aux pouvoirs publics une première estimation fiable du phénomène. L’étude ETINCEL-OFDT (enquête

téléphonique pour l’information sur la cigarette électronique) a été conduite sur 2052 individus âgés de 15 à 75

ans représentatifs de la population métropolitaine. Les résultats montrent que la cigarette électronique est

connue de la très grande majorité des Français (88%), parmi lesquels on compterait entre 7,7 à 9,2 millions

d’expérimentateurs. Une personne sur cinq (18 %) l’a déjà testée au moins une fois. En un an, une progression

de 8% de l’expérimentation est observée, soit plus de 3,5 millions de personnes supplémentaires. Par contre, le

vapotage quotidien concerne déjà en 2013, 3,3 % de la population générale.(6)

Plus récent, le Baromètre santé INPES 2014 estime que 99 % des Français connaissent la cigarette électronique

et que 12 millions de personnes ont essayé la CE, 3 millions de personnes (soit 6%) de 15 à 75 ans sont

utilisateurs de CE dont 1,5 millions d'utilisateurs quotidiens (soit 2.9 %). L'utilisation est plus fréquente chez les

hommes que chez les femmes. Presque 6 fumeurs sur 10 (57,8%) disent avoir expérimenté la cigarette

électronique. Un pourcentage de 86,1 des utilisateurs de CE emploient des CE à nicotine. La majorité de ceux

qui utilisent la CE sont des fumeurs (83,1 %) dont 74,7 % des fumeurs quotidiens. L’usage de la cigarette

électronique et la consommation de tabac sont donc étroitement liés. De plus, 24 % des fumeurs, n’ayant

jamais expérimenté la cigarette électronique, déclarent avoir l’intention de l’utiliser à l’avenir. (9)

Ces données confirment bien l'importance du phénomène et la nécessité de l'étudier.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 31: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

29

III. MATÉRIEL ET MÉTHODE

A. Méthode de recherche bibliographique

Les recherches bibliographiques ont été réalisées, à partir du site de la bibliothèque universitaire de

l’université Lyon 1, sur les bases de données suivantes : SUDOC, Banque de Données en Santé Publique (BDSP),

EM Premium, CisMef, Pascal, PubMed, MedLine.

D'autres sources ont été utilisées telles que le moteur de recherche non médical : Google Scholar.

Les mots clefs utilisés ont été :

-En français : Cigarette électronique, e-cigarette, e-cig, nicotine, sevrage tabagique, produit de sevrage

tabagique, tabagisme.

-En anglais: Electronic cigarette, vaping, e-cigarette, e-cig, Behaviour, Users of e-cigarettes, electronic nicotine

delivery systems, Smoking cessation, substitute

-Les mots Mesh utilisés (retrouvés grâce au CisMef) ont été : Tobacco product cessation, smoking cessation.

De plus les sites web en lien avec la santé ont été visités :

OFT ( Office Français de Prévention du Tabagisme) consulté le 16/06/16, OFDT ( Observatoire Français des

Drogues et des Toxicomanies) consulté le 16/06/16, CNCT (Comité National Contre le Tabagisme) et CCLAT

(Convention Cadre pour la Lutte Anti-Tabac) ) consulté le 14/04/2016 , Tabac-info-service.fr consulté le

14/06/2016, le site de l’HAS ( Haute Autorité de Santé), l’INRS ( Institut National de Recherche et de Sécurité),

de l’INPES (Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé) consulté le 26/06/16, de l’ANSM

(Agence National de Sécurité du Médicament et des produits de santé) et AFSSAPS ( Agence Française de

Sécurité SAnitaire des Produits de Santé), de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé, Who-int) consulté le

23/06/16, e-sante.fr, e-cancer.fr.

Pour mieux s’imprégner de ce nouveau monde qui s’est construit autour de la cigarette électronique des

sites créés par des « vapoteurs » militants ont été consultés : AIDUCE (Association Indépendante Des

Utilisateurs de la Cigarette Electronique), www.forum-ecigarette.com (pour le sondage de sa page d’accueil).

B. Méthode de recherche employée

Il semblait opportun de réaliser comme travail de recherche une étude observationnelle de type

qualitative parce que mieux adaptée aux objectifs de l’étude qui était de faire état des vécus et attentes des

fumeurs adultes dans le sevrage tabagique avec la CE ainsi que de leurs comportements.

En effet la méthode quantitative correspond aux études de prévalence. Elle permet de quantifier de

multiples données et de procéder à des analyses de corrélation, cherchant à répondre à des hypothèses, mais

elle permet difficilement d’analyser le sens que les acteurs donnent à leur pratique et aux événements

auxquels ils sont confrontés.

La recherche qualitative est plutôt adaptée à l’étude de phénomènes sociaux. C’est une recherche dite

inductive car elle permet de créer des hypothèses pouvant être ensuite vérifiées par des méthodes

quantitatives. Elle est particulièrement adaptée lorsque le domaine est mal connu. Ainsi le recueil les données

verbales, qualifiées « verbatims » (informations subjectives), permet une démarche descriptive et

interprétative. Cette méthode permet d’explorer les expériences personnelles et ainsi comprendre les

comportements mais aussi les ressentis des personnes interrogées. La problématique n’est pas de résoudre un

problème mais est une réflexion sur les pratiques et le sens donné par les personnes : représentations

individuelles et culturelles. Étude proche des sciences sociales elle n’a pas comme vocation la représentativité

au sens statistique. Le but étant de développer une théorie et des hypothèses.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 32: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

30

Pour recueillir les données il a été choisi de réaliser des entretiens semi-dirigés. L’entretien n’est ni

totalement libre ni fermé par un trop grand nombre de questions. L’intervieweur dispose d’une grille

d’entretien (appelé aussi canevas d’entretien) contenant les principaux thèmes au sujet desquels il souhaite

obtenir le point de vue de la personne interrogée. Le but étant que l’interviewé parle de la façon la plus

spontanée possible, les thèmes ne sont pas forcément abordés dans l’ordre établi au préalable.

Le choix de cette enquête a été utilisé parce que l’utilisation de questions fermées ne laisse pas de place au

recueil des émotions ressenties.

C. Élaboration du guide d’entretien pour les entretiens semi-dirigés

Dans un premier temps il a été effectué une revue de la littérature dans le but d’identifier les données

actuelles sur le sevrage tabagique avec la cigarette électronique, de cibler les données existantes sur les raisons

de leur choix de méthode de sevrage, les attentes, les ressentis et les comportements des utilisateurs de la CE.

Le canevas d’entretien ou guide d’entretien a été confectionné pour suivre une trame lors des

interviews listant les thématiques à aborder.

Il comportait plusieurs questions ouvertes s’articulant autour de trois parties jugées nécessaires :

- La première partie concernait la vie ancienne ou actuelle en tant que fumeur de l’interviewé et

permettait de comprendre les raisons qui l’ont poussées à fumer, et de connaitre son rapport au tabac

dans la vie, ses ambivalences envers la cigarette.

- Ensuite l’étude de la dépendance à la cigarette avant l'utilisation de la cigarette électronique semblait

primordiale car conditionne en partie la réussite du sevrage. Elle a été analysée sur ses deux versants,

physique et psychique-comportementale, parce que tout aussi important pour évaluer leur statut de

fumeurs ou ex-fumeurs. Il a été recherché l’existence de sevrages antérieurs et évalué les ressentis et

les causes d’échecs.

- Puis les personnes ont été interrogées sur leur usage de la CE dans le cadre de leur sevrage. Sur leurs

perceptions et leurs attentes dans ce type de sevrage. Sur leurs objectifs d’utilisation, leur

comportement et leur vécu.

Dans les deux dernières parties il était recherché la place du médecin donnée par les patients.

Il faut préciser que le guide d’entretien a subi un test de faisabilité à l’occasion de la réalisation d’un

mémoire durant l’internat lors du stage chez le praticien, ainsi les questions ambigües ou les oublis ont pu être

corrigé.

D. Caractéristique de la population cible

Les critères d’inclusion de la population de référence de ce travail étaient :

- Sujets adultes de 18 ans et plus,

- Fumeurs bien entendu,

- Utilisant la cigarette électronique pour le sevrage tabagique ou du moins dans un premier temps pour

réduire leur consommation,

- Ils devaient avoir une expérience minimale vis-à-vis de l’utilisation de la cigarette électronique

d’environ 3 mois, avec ou sans utilisation de cigarette classique.

Les critères d’exclusion étaient les personnes mineures ou se trouvant dans une incapacité de répondre

aux questions de l’entretien (barrière linguistique, déficience mentale).

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 33: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

31

E. Période et lieu d’inclusion, méthode de recrutement

Une première partie des entretiens s’est déroulée, sur les mois de Février-Mars 2014, dans la région

Rhône-Alpes. Dans les cabinets de médecine générale de mes maîtres de stage sur Givors et Tassin-la-Demi-

Lune. Dans un second temps, le recrutement a été réalisé grâce à la sélection de patients volontaires au sein

de certains cabinets de médecine générale sur Lyon, Villeurbanne et Caluire-et-Cuire de Décembre 2015 à Avril

2016. Une annonce de recrutement pour l’étude avait été mise dans les salles d’attente des cabinets. Il était

proposé aux patients volontaires de se manifester au cours de leur consultation.

F. Effectif de l’étude

On rappelle que la norme en ce qui concerne l’effectif d’une thèse qualitative est d’environ 12-15

entretiens. La taille des échantillons est volontairement réduite par rapport à une étude quantitative. La qualité

des entretiens prime sur le nombre. En effet, les informations issues des entretiens sont validées par le

contexte et n'ont pas besoin de l'être par leur probabilité d'occurrence. Une seule information donnée par

l'entretien peut avoir un poids équivalent à une information répétée de nombreuses fois dans des

questionnaires.

Le nombre de cas à inclure dans l’étude est défini par la saturation des données et non par un calcul du nombre

de sujet nécessaire a priori. C’est-à-dire que le recrutement s’est arrêté lors de la redondance dans les discours

après un dernier entretien test n’apportant aucune nouvelle notion. C’est une garantie méthodologique dans

les études qualitatives.

G. Déroulement des entretiens

L’articulation des entretiens se faisait de la façon suivante :

- Les enregistrements ont été effectués grâce à un dictaphone de Smartphone. Il a été certifié à chaque

participant l’anonymat, et la confidentialité, avec demande d’une autorisation pour l’enregistrement.

- Chaque entretien s’est déroulé en face à face dans un lieu calme approprié.

- Chaque entretien faisait l’objet d’une introduction standardisée avec une présentation personnelle et une

explication des objectifs du travail et du contexte. La thématique de recherche était énoncée sans donner

d’éléments théoriques, pratiques ou spécifiques de sa problématique pour éviter les biais :

« Bonjour, je suis TOVENA Laëtitia, médecin généraliste remplaçant.

Je réalise un travail de thèse sur le thème du sevrage tabagique chez les adultes avec la cigarette électronique.

Mon objectif est de connaitre les raisons qui poussent les patients à utiliser la cigarette électronique dans leur

sevrage. Je veux essayer de comprendre leur vécu en termes de ressentis et de comportements.

L’entretien sera enregistré par un dictaphone pour plus de facilité, si vous n’y voyez pas d’inconvénient. Il

restera bien entendu totalement anonyme.»

-À la fin des entretiens, chaque participant remplissait un questionnaire d’une page afin de récolter des

données socioprofessionnelles, leur statut familial, ainsi qu’un questionnaire pour évaluer leur dépendance

tabagique avant l’utilisation de la cigarette électronique (short tabac test) et l’existence ou non d’autres

addictions.

Il n’y a pas eu de limite de temps fixée aux patients. L’entretien était cadré sans étouffer la spontanéité

du discours. Lors des grandes transgressions ou hors sujets, une intervention était réalisée avec reformulation

de la question, demande de précisions ou recentrage.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 34: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

32

H. Méthodologie pour le recueil et l’analyse des données

Le recueil des données repose sur l’enregistrement des entretiens et la retranscription verbatim est

fondamentale pour assurer la validité et la richesse des résultats. Les entretiens ont été entièrement

retranscrits sur le logiciel Word de façon manuelle et de façon anonyme.

En moyenne il fallait 4 à 6 heures pour 45 minutes d’entretien en ce qui concerne le temps de retranscription.

Les attitudes des personnes (hésitations, soupirs, rires…) lors de l’entretien ont été précisées au maximum sur

le format papier.

L’intégralité des entretiens est disponible sur CD-Rom.

Les entretiens étaient ensuite relus afin de faire ressortir les thèmes clefs en général communs et ainsi

faire émerger des concepts à analyser et à confronter aux données de la littérature actuelle.

Pour plus de précision sur la méthodologie, il est rappelé que ce type d’analyse est une étude

descriptive et progressivement extraite des données. L’analyse qualitative est un processus évolutif et continu

qui démarre après le premier entretien. Cela permet non seulement d’adapter le guide d’entretien si

nécessaire entre deux groupes, mais aussi de déterminer le moment où on arrive à « saturation d’idées » et

ainsi terminer le recueil de données.

L’analyse commence par un codage axial des verbatims. Ainsi, chaque partie du verbatim sera classée dans une

catégorie représentant l’idée qu’elle véhicule. Ces catégories sont ensuite regroupées en thèmes plus généraux

et parfois déclinées en sous-catégories plus détaillées selon la particularité de l’idée émise. Il en résultera un

arbre de concepts qui représente les résultats du travail. La construction de cet arbre de concepts est

progressive et évolutive, constamment enrichie par les nouveaux verbatims. Ensuite, chaque catégorie fait

l’objet d’une synthèse descriptive qui peut être quantifiée très grossièrement (sans aucune validité statistique).

Pour ce travail d’analyse, il a été utilisé un logiciel d’analyse thématique, le logiciel NVivo pour classer les

verbatims lors du codage axial.

Le temps d’apprentissage de ce logiciel est long, ainsi toutes les fonctionnalités prévues dans ce logiciel n’ont

pas été utilisées. Son utilisation a surtout facilité l’organisation des données. Il permettait de classer et

d’extraire les thèmes à partir des discours de participants. La comparaison des réponses était plus aisée. Le but

était de diminuer le risque de pertes de données.

Ainsi les transcriptions ont été relues à plusieurs reprises, codées et classées en fonction des thématiques qui

en ressortaient en restant aussi proche que possible des perceptions des personnes interrogées. Il en est

ressorti 180 pages de « verbatims » analysés à trier.

I. Présentation des résultats

Une synthèse de chaque thème trouvé et de ses catégories a été présentée de façon succincte avec une

ou deux citations pour illustrer les propos. Les citations ont été choisies pour leur pertinence et/ou leur

représentativité.

Des schémas de synthèse des principaux résultats sont présentés à la fin de la partie « résultats » et

permettent de clarifier les idées trouvées.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 35: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

33

IV. RÉSULTATS

A. Caractéristiques de la population étudiée

On rappelle que l’effectif minimum n’était pas établi dès le départ. Le nombre d’entretiens s’est défini

sur le terrain selon le principe de saturation des données. C’est-à-dire qu’il a été choisi d’arrêter le recrutement

lors de la redondance dans les discours. Sur les deux derniers entretiens, il n’a pas été recueilli d’informations

réellement nouvelles.

En moyenne les enregistrements duraient 30-40 minutes.

Dix femmes ont été interrogées contre huit hommes. La moyenne d’âge est de 39.5 ans.

âge

Sexe

Statut

marital

Nombre d’enfant

Profession

Nombre de

cigarettes fumées

par jour*

Dépendance à la

nicotine : Short Tabac

Test

Autres

addictions

Entretien N° 1 34 F Célibataire 0 Sans emploi 10-20 Forte 0

Entretien N° 2 27 M Fiancé 1 Ingénieur en Informatique

<10 Nulle 0

Entretien N° 3 50 M Marié 1 Reporter photographe

>30 Forte 0

Entretien N° 4 37 M Concubinage 2 Salarié >30 Forte 0

Entretien N° 5 30 M Célibataire 0 Fonctionnaire 10-20 Modérée 0

Entretien N° 6 27 F Célibataire 0 Secrétaire 10-20 Modérée 0

Entretien N° 7 24 M Célibataire 0 Technicien qualité

<10 Modérée 0

Entretien N° 8 58 F Divorcée 1 Chargée de mission

insertion

10-20 Forte Alcool, anxiolytique

Entretien N° 9 45 M Marié 3 Artisan 10-20 Nulle 0

Entretien N° 10 45 F Divorcée 2 Professeur des écoles

<10 Modérée 0

Entretien N° 11 43 F Mariée 2 Gestionnaire RH

<10 Nulle 0

Entretien N° 12 43 F Pacsée 2 Employée 10-20 Modérée 0

Entretien N° 13 32 F Mariée 1 Gestionnaire du personnel

10-20 Modérée 0

Entretien N° 14 31 F Pacsée 3 Gestionnaire du personnel

10-20 Modérée 0

Entretien N° 15 54 F Mariée 1 Gestionnaire RH

<10 Nulle 0

Entretien N° 16 50 M Marié 2 Gérant de société

>30 Forte 0

Entretien N° 17 40 M Concubinage 0 Responsable gestionnaire

>30 Forte Alcool

Entretien N° 18 46 F Concubinage 2 IADE <10 Modérée 0

*Cigarettes fumées avant l’utilisation de la CE

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 36: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

34

B. Analyse thématique

Il semble important de découper l’analyse en quatre parties.

La première partie consiste à comprendre le problème du fumeur quant aux comportements et ressentis que

sous-tend le tabagisme.

La deuxième partie expose le problème de la dépendance au tabac et du sevrage ainsi que la position des

professionnels de santé dans ce domaine.

La troisième partie est le partie principale, elle fait état des raisons qu’ont les fumeurs à utiliser la cigarette

électronique dans leur sevrage, relate leur vécu et leur comportement.

Enfin la dernière partie permet de conclure sur l’importance de la volonté, clef de la réussite du sevrage

tabagique, idée tant exprimée par les participants.

1. La Problématique du Tabagisme pour le fumeur : Vécu et Comportement tabagique

Entrée dans le tabagisme :

Début à l'adolescence : Pour l’ensemble des participants de l’étude, l’entrée dans le tabagisme s’est faite durant leur adolescence. Il

s’agit d’une période d’expérimentation, de curiosité, d’affirmation du soi et d’opposition vis-à-vis des interdits

imposés par les adultes.

Première expérience par « curiosité ou pour rigoler » La recherche de sensation durant l’adolescence se caractérise par le besoin d’expériences nouvelles et la volonté de s’engager dans des activités physiques et sociales risquées, dont le tabagisme.

Entretien N°2, 4, 7, 10, 12

ENTRETIEN N°5 « On était avec mon frère en vacances dans le Périgord…je devais avoir 16 ans, un truc comme ça. J’ai dû piquer une clope à mon père, une Marlboro light. Tout ça pour se marrer. J’étais avec mon frangin et puis des potes que l’on avait rencontré sur place.»

Fumer pour braver les interdits

La tendance à la rébellion de l’adolescent est une dimension impliquée dans le début du tabagisme.

Entretien N°12, 16, 11

ENTRETIEN N°12 « Et puis les interdits, braver les interdits, c’était la crise d’ado parfaite ! (rire) » ENTRETIEN N°16 « Et puis il y avait aussi un petit coté voyou parce qu’on se cachait. Sûr il ne fallait pas se faire attraper.»

Début par influence d'un proche fumeur

La nécessité de s’intégrer à une bande est caractéristique avec un besoin d’entrer dans le monde des adultes. L’influence des autres fumeurs apparait comme centrale :

Entretien N° 5, 6, 7, 8, 8, 16 ENTRETIEN N°15 « Ma première expérience ça devait être au Lycée. *…+ C’est ma cousine qui était plus âgée que moi, et c’est elle qui m’avait « incité » on va dire…Si c’est ma cousine, c’est sa faute ! (rire) » ENTRETIEN N°17 « Heu…j’avais 15 ans…Oui je m’en souviens, c’était tout simplement une copine qui m’a fait fumer parce qu’elle me trouvait trop stressé.»

C’est un ensemble de phénomènes sociaux qui font que l’adolescent devient fumeur.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 37: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

35

Tabagisme par phénomène de société : Les participants font émerger au travers des entretiens des dimensions sociales dans l’initiation au tabac mais

aussi au maintien de la dépendance tabagique.

Tabac considéré comme une mode

Faire comme les autres, se donner une allure, le paraître. Le tabagisme possède un effet de mode comme un

vêtement ou une coiffure, et s’intègre à une «image de soi».

Entretien N° 4, 7, 12

ENTRETIEN N°1 « *…+ j’ai fait comme mes amis, j’ai acheté les cigarettes pour faire bien, pour être à la mode. » ENTRETIEN N°7 « Se poser et puis aussi faire le malin des fois devant les copains. *…+ C’est assez dur à dire, il y avait un peu du coté je pense pour se donner un genre…Heu ouais se donner un genre. »

Facteur de socialisation Les témoignages affirment une pression sociale dans le tabagisme. L’initiation au tabac est aussi favorisée par la pression du groupe des pairs. Entretien N° 5, 14, 17

ENTRETIEN N°2 « C’était aussi pour le coté social. Comme les autres gens fument, ça fait un peu comme eux, ça fait bien de fumer avec les autres. Ben c’est cliché, voilà ! » ENTRETIEN N°8 « Mais alors il y a des choses très bizarres parce que quand je me suis remise à fumer, j’ai dis à des amis « je me suis quand même arrêtée deux ans et demi » *…+ Alors on me dit « ça t’allait pas ! ». Alors ça c’est bien la chose la plus idiote que j’ai jamais entendu *…] Là je me suis aperçue qu’il y avait quand même oui une sorte de pression sociale dans certains groupes… »

Une époque de normalisation du tabac : Omniprésence du tabac Les patients verbalisent une modification de la vision du tabagisme au cours des époques.

Au cours de la première moitié du XXème siècle, fumer restait bien considéré socialement. C’est dans les

années 70-80 que la toxicité fut clairement prouvée, et que le tabagisme commençait à être montré du doigt.

Entretien N°1, 8, 12

ENTRETIEN N°9 « Moi j’ai eu la clope à la gueule par phénomène de société comme il est important d’avoir un beau téléphone maintenant. Pour moi je le vois comme ça, c’est un truc vachement …c’était le truc à faire ! Tu vivais avec ça quoi. Tu te posais pas la question. *…+La clope ne me gênait pas du tout ! En plus dans les années 80…dans tout les films les mecs fumaient, tu fumais dans le train, dans l’avion, tu fumais à l’hôpital ! Tu fumais partout ! Je suis vraiment quelqu’un qui est né en pleine « clopitude » quoi ! *…+Ça change…Tu te rends compte qu’on ne fume plus dans les trains…Avant on fumait dans les trains, dans les avions, l’hôpital ! Les médecins ils venaient te voir sur le lit ils avaient la clope au bec quoi ! Oui c’est clair que ça a changé ! Heureusement ! »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 38: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

36

Tabagisme inscrit dans les mœurs Il existait ainsi une époque de « normalisation du tabac », où la cigarette avait une fonction socialisante. Entretien N°6, 8

ENTRETIEN N°16 « Et c’était un peu l’étape normale d’un garçon pensionnaire dans une pension de garçon. Il fallait fumer quoi. » ENTRETIEN N°9 « On pensait pas à arrêter de fumer, c’était naturel ! Enfin naturel, c’était pas naturel, mais c’était dans les mœurs quoi ! »

Persévérance dans le tabagisme et comportement du fumeur :

Les raisons que donnent les fumeurs dans le maintien de leur tabagisme ont une dimension sociale mais aussi comportementale, l’idée d’un conditionnement émerge des entretiens.

Les autres fumeurs et leur influence : Fumer avec les copains L’individu cherche prioritairement à signifier son intégration au sein d’un groupe d’appartenance et le fait de

fumer signe cette intégration. Fumer semble alors une « norme » dans certains groupes :

Entretien N°1, 13, 14, 15

ENTRETIEN N°9 « Ouais c’est ça, mes souvenirs de premières clopes c’est les potes ! *…+ On fumotait avec des copains, tu vois on faisait déjà un peu de mécanique à l’époque, j’avais des grands copains qui fumaient déjà à coté, gauloise sans filtre, je crapotais quoi. Mais bon j’ai vraiment commencé à fumer, vraiment vraiment, à l’âge de 14 ans. Des Cravens. Ouais avec les copains *…+ »

Les autres fumeurs incitent au tabagisme L’entourage et leur influence est décisif dans les comportements des gens, il en va de même pour le tabagisme,

comme déclarent les participants :

Entretien N°2, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 17

ENTRETIEN N°15 « Et là depuis que j’ai ce nouveau travail, je me suis remise à refumer parce que j’étais avec des gens qui fumaient. *…+ Et je suis peut être plus sous l’influence des gens…Quand je suis avec des gens qui fument, j’aurai peut être tendance à fumer…Et quand je suis avec des gens qui ne fument pas, c’est bon quoi ! »

Association alcool tabac : « fêtes et copains » La polyconsommation de substances psychoactives est reconnue par les patients. Dans les soirées, l’alcool

pousse à la consommation tabagique :

Entretien N° 1, 2, 5, 8, 10, 11, 13

ENTRETIEN N°2 « La cigarette…ce n’est pas venu tout de suite après, ce n’est pas parce que j’ai essayé, c’était juste une expérience, voilà. C’est venu après quand on commençait à faire la fête avec les copains. C’est vrai que c’était agréable de fumer une cigarette avec l’alcool. Ça a été plutôt lié aux soirées et à l’alcool qu’autre chose. Je pense que ce doit être pareil pour tout le monde. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 39: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

37

Comportement tabagique : Le comportement tabagique est associé à une situation ou une émotion particulière (stimulus) au cours de la

vie du fumeur. On retrouve un conditionnement acquis, où chaque fois que le fumeur se retrouvera dans un

certain contexte, il fumera.

Un rituel dans la journée On retrouve plusieurs situations classiques du quotidien qui rythment le tabagisme : Entretien N° 1, 5, 12

ENTRETIEN N°13 « Ouais, le matin…à peine levée, café clope…pour moi café clope c’est indissociable ! *…+ Comme là tu vois je viens de manger…et bien quand j’ai fini de manger il me faut mon café clope…et la ma pause repas sera terminée (rire) ! » ENTRETIEN N°14 « Oui ! Quand je sors de la maison pour aller au boulot j’allume ma cigarette…Dès que je sors de la maison en fait il faut que je fume une cigarette ! Quand je monte en voiture…si c’est moi qui conduis, il faut que j’ai ma cigarette…oui il y a pleins de petits trucs comme ça ! »

Fumer devient une habitude L’acte de fumer s’inscrit dans un automatisme, certaines cigarettes s’imposent parce qu’elles font parties du quotidien, et pas forcément parce que le fumeur en a envie : Entretien N° 1, 5, 6, 9, 5, 10,14, 17

ENTRETIEN N°12 « Il y avait les cigarettes plaisir d’après le repas, et puis il y avait toutes les cigarettes d’habitude. » ENTRETIEN N°4 « L’habitude…le reflexe, on prend le paquet de cigarette et avant de le mettre dans la poche on prend une cigarette. *…+ Non mais même il n’y avait pas de manque, c’était plus une dépendance comportementale que la dépendance physiologique au produit que ce soit la nicotine ou autre. »

Fumer par temps libre, par ennui Les patients expliquent plus fumer lorsqu’ils ont du temps. La cigarette devient une occupation qui comble les vides : Entretien N° 1, 2, 7, 12, 18

ENTRETIEN N°1 « Je pense que ça comble certains vides. C'est-à-dire moi qui suis actuellement sans emploi et inactive je fume beaucoup plus. Alors que quand je travaille je fume beaucoup moins. Et j’en ai moins besoin et je sais que je suis capable de ne pas fumer pendant des heures. En revanche ma situation actuelle fait que j’ai fume plus parce que j’ai un peu plus le temps de le faire et d’y penser surtout. » ENTRETIEN N°13 « Dès qu’on veut passer cinq minutes et qu’on a rien à faire ben une clope…c’est un passe temps… »

Fumer pour faire une pause La « pause clope », l’excuse de la cigarette pour s’arrêter dans son travail est retrouvée: Entretien N° 2, 13, 15

ENTRETIEN N°12 « Puisque voilà il y a des périodes où je ne peux pas fumer, au bureau, donc ça me permet de souffler cinq minutes dehors, de faire une pause. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 40: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

38

Fumer pour déstresser et se relaxer Le tabac joue un rôle dans la gestion des émotions, son effet anxiolytique est souvent mentionné dans les entretiens : Entretien N°2, 7, 10, 15, 16, 17

ENTRETIEN N°1 « Déjà à la base parce que je suis quelqu’un de stressé et d’angoissé. Ça permet de déstresser énormément » ENTRETIEN N°4 « Après j’étais quelqu’un de relativement nerveux étant jeune et ça me permettait de me calmer mes nerfs, c’est clair ! *…+ Il y avait certaines cigarettes qui ont toujours été…heu la détente n’est pas le mot qu’il faut…plus une manière de calmer les nerfs. »

Fumer par dépendance Il est évident que le maintien du tabagisme est causé en grande partie par la dépendance : Entretien N°6, 10, 15

ENTRETIEN N°4 « Et le reste c’était de l’addiction bête et méchante. » ENTRETIEN N°2 « Même si ça devenait vite un besoin, la nicotine quoi. »

Il existe ainsi un contexte de conditionnement où le fumeur associe automatiquement une situation, une

pensée ou un sentiment avec l’acte de fumer. Associée à la dépendance à la nicotine, on retrouve alors une

dépendance comportementale.

Vécu du tabagisme :

Fumer est un plaisir :

L’acte de fumer apparait, pour la majorité des participants, associé à un plaisir. Le plaisir de fumer C’est un plaisir plus ou moins intense et facile à s’offrir dans la vie de tous les jours : Entretien N°2, 3, 5, 7, 11, 17

ENTRETIEN N°1 « Alors moi mon plaisir le plus important il y a quelques années quand j’ai commencé à fumer c’était la cigarette après le repas, c’est vraiment quelque chose d’extraordinaire pour moi ! » ENTRETIEN N°16 « Étant pensionnaire, c’était…c’était un plaisir ! Je m’étais créé un plaisir, j’avais associé la cigarette à un moment de détente *…+ Et puis deuxièmement la vie est tellement parfois chiante que le tabac c’est un petit plaisir qu’on peut se permettre. On grignote peut être un peu de notre temps de vie…mais bon après tout pourquoi pas ! »

Une des participantes met l’accent sur la caractéristique de ce plaisir qui est pour elle solitaire et donc particulier :

ENTRETIEN N°18 « Après c’est quand même solitaire pour moi, parce que ce n’est pas devant ma famille. Donc forcément c’est mon petit plaisir à moi aussi, c’est mon moment à moi…c’est un peu à part. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 41: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

39

Plaisir de la nicotine Certains participants décrivent le plaisir de fumer issu de l’effet psychoactif de la nicotine : Entretien N°5

ENTRETIEN N°12 « Oui sur le moment on avale de la fumée, le plaisir je l’ai bien identifié maintenant, c’est voilà j’ai ma dose ! C’est exactement ça, j’ai ma dose de nicotine. » ENTRETIEN N°2 « C’est pas la cigarette qui est vraiment un plaisir mais plutôt la nicotine.»

Plaisir de la sensation dans la gorge Un des plaisirs provient par ailleurs de la sensation dans la gorge lorsque la fumée passe, le « throat hit » : Entretien N°6

ENTRETIEN N°2 « C’est difficile à discerner mais on le ressent quand même le plaisir. C’est clairement l’effet de la nicotine et ce qu’on ressent dans la gorge…Le « hit » comme ils appellent…ça j’aime bien ! »

Ce plaisir retrouvé dans le comportement tabagique a comme résultat un renforcement positif qui poussera le patient à renouveler son comportement de fumeur, c’est ce qui crée en partie la dépendance psychologique.

Représentation du tabagisme dans la vie du fumeur :

On retrouve un certain cycle dans la vie du fumeur concernant sa représentation du tabagisme : Cigarette occupant une place centrale dans la vie Comme il a été exposé plus haut, la cigarette est un plaisir ancré dans le quotidien du fumeur. La cigarette est associée à des moments de vie, et devient un partenaire dans la gestion des émotions. De cette manière elle trouve une place centrale dans la vie de quelques participants : Entretien N°4

ENTRETIEN N°16 « C’était un plaisir, il y avait ça et la lecture. Et aussi bizarre que ça puisse paraître, en tant que pensionnaire, je me rappelle aussi du plaisir que j’avais à manger […+ et…Dormir ! C’était 4 choses indispensables ! » ENTRETIEN N°12 « Vers dix huit, dix neuf ans c’était un rituel, il me fallait mon paquet de clope par jour. Et voila, c’était ma façon de vivre, j’avais ma cigarette en permanence. » ENTRETIEN N°1 « C’est quelque chose qui fait partie de moi. Mais je pense que c’est une partenaire. »

Mais souvent ambivalence des sentiments Mais par la suite la nuisance reconnue du tabagisme ainsi que les ressentis négatifs liés à la dépendance font que le fumeur se retrouve dans une phase d’ambivalence sentimentale pour le tabagisme : Entretien N°10

ENTRETIEN N°18 « *…+ ça me dégoûtait quelque part et en même temps ça m’attirait ! » ENTRETIEN N°5 « *…+ je sais que ce n’est pas bon mais j’aime bien ça ! Je sais que je vais arrêter un jour mais je ne sais pas quand.»

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 42: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

40

Au final doute sur l’importance de la cigarette dans la vie

À partir d’un moment, certains doutent au final de la place accordée à la cigarette :

Entretien N° 7, 9, 16

ENTRETIEN N°3 « Je sais pas…en tout cas elle ne m’a pas aidé. Si je n’avais pas été fumeur ça aurait été pareil. »

ENTRETIEN N°5 « Mais après est-ce que ça a été vraiment une vraie aide…non je ne pense pas. »

Nocivité de la cigarette souvent non prise en compte pendant une période

On remarque que malgré la connaissance des méfaits du tabac, les fumeurs l’occulte plus ou moins consciemment pendant une certaine période et préfèrent poursuivre leur tabagisme :

Entretien N° (tous)

ENTRETIEN N°16 « Mais il y a quand même un coté assez suicidaire dans le fait de fumer. Le problème c’est que celui qui tient le flingue il ne s’en rend pas compte. Et je ne peux pas jeter la pierre, j’ai été comme ça pendant une grande partie de ma vie. Mais il y a un coté suicidaire, c’est évident. »

Tendance à repousser le problème du tabac à plus tard malgré sa dangerosité

De la même manière, la conscience de la nocivité de la cigarette est plus ou moins prise en compte, mais le fumeur ne se sent pas encore concerné et le problème est remis à plus tard :

Entretien N°3, 4, 5, 10, 14, 18

ENTRETIEN N°16 « Et par contre je me souviens très bien qu’en étant fumeur, tout le monde me disait mais arrête de fumer c’est mauvais pour la santé. En tant que fumeur on ne s’en rend absolument pas compte. *…+ C’est terrible *….+ c’est de se dire ça arrive qu’aux autres les problèmes liés au tabac *…+ »

ENTRETIEN N°2 « Tous les effets secondaires du tabac sont frappants. *…+Tout ça fait peur mais ça reste dans un coin du cerveau et on remet à plus tard…on s’en occupera plus tard. Là pour l’instant on est jeune et faut profiter, alors on verra plus tard. Quand ce problème là arrivera. »

Cette ambivalence de sentiments, liée à la conscience de la dangerosité du tabac fait un cheminement dans

l’esprit des patients. Les renforcements positifs liés au plaisir du tabagisme, de la nicotine, le conditionnement

installé au quotidien dans leur comportement, l’aspect sociétal sont un ensemble créant une certaine

dépendance. Cette dépendance prend ainsi le dessus jusqu’au jour où le fumeur perçoit enfin le problème du

tabac.

Perception du tabac comme un problème :

Ainsi ce cheminement révèle au fumeur le problème que présente le tabagisme. Il entre dans une phase où ses représentations mentales pour le tabac changent :

Coté absurde de fumer

Il prend conscience de sa distorsion cognitive, les croyances et convictions pour la cigarette se perdent, et le fumeur devient lucide sur l’absurdité de fumer :

Entretien N°7, 9

ENTRETIEN N°10 « Je pense que oui je me trouve des excuses à me dire que ça me calme quand je suis stressée. Même si en soit, effectivement quand on pousse la réflexion, c’est un peu ridicule… »

ENTRETIEN N°12 « Tu te dis ben voilà quel plaisir tu y trouves ? Il n’y a aucun plaisir, ça pu, ça sent mauvais, on est dehors il pleut, il vente, il neige, on est dehors coincé en train de fumer nos clopes…On est toujours dans l’angoisse de se dire j’en aurai pas assez pour la journée, faut en acheter…Le briquet il est passé où ?...Il n’y a aucun plaisir à fumer ! »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 43: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

41

Écœurement vis à vis du goût et de l'odeur

On retrouve pour quasi l’ensemble des témoignages un sentiment aversif pour le tabac que ce soit pour le goût ou pour l’odeur, le déplaisir prend sa place :

Entretien N°4, 6, 7, 9, 11, 10, 16, 17, 18

ENTRETIEN N°13 « Mais là en ce moment je commence à avoir un peu de dégoût ! Des hauts le cœur *…+ Même là la petite, là elle a treize mois, si je fume une clope je brosse mes dents tout de suite, je me lave les mains…je mets du parfum…pour pas qu’elle ne sente ! L’odeur de la clope c’est dégueulasse ! Ça pue, c’est horrible ! »

Pas de plaisir à fumer

Le fait s’établit, la cigarette n’est plus forcément un plaisir. C’est un comportement qui s’impose et son addiction peut faire souffrir le fumeur :

Entretien N°4,5 ENTRETIEN N°1 « Le plaisir est bien loin, là on est plus dans la phase de plaisir *…+ Malheureusement, c’est devenu quelque chose qui me réveille le matin. C’est là la problématique *…+ ça me réveille et ce fait là est extrêmement angoissant. Donc j’ai un petit peu du mal à envisager de m’en passer totalement un jour » ENTRETIEN N°10 « Mais c’est vrai que quand je fais le bilan, alors moins maintenant, mais quand je faisais le bilan d’une journée, ce qu’on fait avec les collègues, les copines, heu…Il n’y a pas beaucoup de cigarette plaisir sur toutes celles qu’on fume quoi ! »

Peur pour la santé

Connaissant les dangers que représentent la consommation du produit pour sa santé et les risques pour sa vie, le sujet n’en demeure pas moins consommateur mais la peur pour sa santé se fait de plus en plus présente :

Entretien N°3, 8, 15, 16

ENTRETIEN N°1 « *…+ quand le matin je me réveille, je sens la trace des cigarettes de la veille. Je me suis remise à faire du sport et j’ai l’impression d’avoir des cigarettes dans les mollets. Je sens que mes poumons me pèsent un petit peu. *…+. J’ai peur de le regretter un jour et que ce soit trop tard. » ENTRETIEN N°10 « Heuuu ça me stresse en fait hein ! Ça me stresse de voir les années passer et de voir le nombre d’années où j’ai fumé et de ne pas me dire mais stop tu arrêtes les dégâts, ça prend pas le pas sur l’addiction ! »

Regret d’être fumeur

Le fumeur se sent piégé, il est dépendant d’un comportement qui ne lui apporte plus forcément du plaisir, un sentiment de regret surgit alors :

Entretien N°1, 6

ENTRETIEN N°18 « Après pour conclure (en rigolant), le seul truc c’est que je n’aurai jamais dû fumer en gros c’est ça ! Pour résumer en gros c’est ça ! C’est mon grand regret entre guillemets de m’être laissée entrainer.

La prise de conscience du problème du tabac, et ainsi l’envie d’arrêter de fumer vont lever le voile sur la

dépendance tabagique.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 44: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

42

2. Dépendance et sevrage tabagique : Vécu et comportement

Dépendance au tabac :

La prise de conscience de la dépendance au tabac :

La dépendance au tabac peut s’installer sournoisement, parfois en quelques semaines, à l’insu du fumeur.

Inconscience de la dépendance au début : Les fumeurs pensent pouvoir s’arrêter facilement Pendant une période, le fumeur peut ignorer sa dépendance, il a un sentiment d'omnipotence et d’autonomie vis-à-vis du tabac, pensant pouvoir abandonner la cigarette du jour au lendemain : Entretien N°2, 5, 7, 18

ENTRETIEN N°6 « On dit qu’on peut arrêter de fumer du jour au lendemain par exemple, et en fait ce n’est pas vrai ! On le pense, on le dit, on essaye et c’est plus du tout la même chose. »

Installation de la dépendance à l’insu du fumeur : Fumeur piégé Pour beaucoup, les participants ne pensaient pas se retrouver aussi rapidement dépendants, et se sentent comme piégés : Entretien N°3, 5, 6

ENTRETIEN N°18 « J’ai fumé de 15 à 44 ans voilà ! (rire). Au final j’avais trouvé ça dégueulasse, mais phénomène de groupe, et j’ai persévéré jusqu’à que je ne puisse plus m’en défaire ! » ENTRETIEN N°2 « Tu te fais prendre au jeu ! »

Conscience de la dépendance à posteriori C’est en général plus tard que les fumeurs comprennent que le tabac les prive de leur liberté : Entretien N°1, 3, 7, 10, 14, 17

ENTRETIEN N°16 « Donc j’ai commencé à fumer vers l’âge de 14 ans. Et je m’en souviens très précisément. Et je pense que je suis devenu accro à la cigarette très vite en fait, un an ou deux ans après. »

Prise de conscience sur la perte du contrôle de la consommation Un des critères classiques de la dépendance reconnu par les patients est la perte de contrôle de la consommation : Entretien N°10, 16, 17

ENTRETIEN N°9 « Ben tout simplement parce que….quand j’étais vraiment un gros gros fumeur, je me suis rendu compte que j’étais dépendant par la taille des cendriers pleins *…+ Mais si tu veux l’anecdote elle est flagrante, un jour j’étais un bureau, j’avais un boulot à responsabilités, enfin bref, je fumais clope sur clope, je pense que je fumais vraiment clope sur clope. *…+ Et je me suis retrouvé à un moment, alors je ne sais quoi comment, mais avec deux clopes en même temps dans le cendrier qui cramaient plus une que j’avais au bec ! *…+ Donc ce jour là je me suis vraiment rendu compte, ouais putain en effet j’avais tout le temps la clope à la main quoi ! »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 45: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

43

Prise de conscience sur l'anticipation des achats des paquets Un autre critère de dépendance retenu par les patients est l’anticipation des achats des paquets de cigarettes pour éviter la pénurie : Entretien N°2, 6, 8, 10, 14

ENTRETIEN N°5 « *…+ je me débrouillais toujours pour ne jamais être en rade de clope. Et ça c’est un facteur de dépendance. À partir du moment que tu prévois…que tu te dis « putain demain c’est dimanche donc faut que je prévois pour demain »…à partir de là…tu ne fais pas la relation tout de suite mais quand on me pose la question, c’est le premier truc qui me vient à l’esprit. Pas plus que quelques mois après avoir commencé à fumer je pense ! »

Prise de conscience de la dépendance en cas sevrage involontaire D’autres décrivent la survenue de symptômes de sevrage en cas d’arrêt involontaire et la recherche compulsive de trouver du tabac pour se soulager : Entretien N°1, 8, 12

ENTRETIEN N°17 « Oui je m’en rappelle, un jour j’avais plus de cigarettes, j’habitais en région parisienne, et je suis allé jusqu’à Paris pour m’acheter un paquet de cigarettes parce que c’était un dimanche et là où j’habitais il n’y avait pas de bureau de tabac ouvert…heu j’avais fait, avant d’y aller, le cendrier pour récupérer les mégots mal écrasés ou pas complètement finis ! (rire) Tout ça pour pouvoir fumer, et là je me suis dit « je suis vraiment dépendant ! ». Je devais avoir 18 ou 19 ans. »

Prise de conscience sur la difficulté d'arrêter Certains témoignent de la difficulté pour arrêter leur consommation malgré l’envie : Entretien N°7, 14

ENTRETIEN N°10 « Heu…Pfff…non je ne me suis pas trop…ben si quand mon conjoint actuel me dit d’essayer d’arrêter, et bien effectivement j’ai besoin de fumer quoi. » ENTRETIEN N°13 « Des fois je me dis j’en ai vraiment marre, il faut que j’arrête, et puis deux heures après « ha ben il me faut une clope » ! »

Pas de conscience de la dépendance Pour quelques patients, le fait de pouvoir stopper leur consommation pendant un temps et de ne pas ressentir physiquement de manque les incite à ne pas se considérer comme de « vrais fumeurs » : Entretien N°6, 10, 11, 15

ENTRETIEN N°9 «Il m’est arrivé de partir un week-end à la campagne, paumé, il devait avoir un tabac je ne sais où. On a passé le week-end au bord de la cheminée avec des potes à boire des canons, j’ai pas fumé du week-end quoi ! Parce que j’en avais pas et je n’en avais pas besoin. Voilà, j’en avais pas besoin. Donc je pense que j’étais un gros fumeur mais j’étais pas un vrai fumeur ! »

Mais lorsqu’ils poussent à la réflexion, ils comprennent qu’ils ont occulté les autres facettes de la dépendance : Entretien N°10, 11

ENTRETIEN N°9 « Ça se trouve si j’étais dépendant mais je ne m’en suis pas rendu compte. Et c’est d’ailleurs là le drame ! »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 46: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

44

Différentes sortes de dépendance :

Au travers des entretiens, la plupart des patients exposent clairement trois types de dépendance : physique liée à la nicotine, puis psychologique et comportementale. Dépendance physique La dépendance liée à la nicotine et le syndrome de sevrage physiologique quand le sujet diminue ou arrête sa consommation sont rapportés par la majorité des patients : Entretien N°2, 4, 6, 8, 12, 14, 16

ENTRETIEN N°1 « Et que c’est quelque chose qui me motive à me lever le matin, qui me réveille *…+ » ENTRETIEN N°3 « Après c’est vrai qu’il y a la dépendance à la nicotine qui s’installe. »

Tabac perçu comme une drogue La dépendance physique peut être perçue comme puissante et ainsi certains assimilent le tabac à une drogue : Entretien N°8, 9

ENTRETIEN N°12 « *…+ j’étais une vraie droguée…par contre ce n’est pas une drogue qui crée pas non plus des phases de manque catastrophiques, enfin pas pour mon cas ! » ENTRETIEN N°4 « Le tabac c’est une des drogues les plus fortes…mais elle est autorisée ! C’est une des drogues les plus dures avec l’alcool et ce sont les deux seules drogues autorisées ! (rire) »

Dépendance psychologique et comportementale D’autres comprennent que la nicotine n’est pas la seule responsable dans la dépendance au tabac : Entretien N°6, 9, 10, 12

ENTRETIEN N°11« Heu…j’ai jamais été par contre dépendante à la nicotine, tu vois c’était vraiment la cigarette plaisir. Je pouvais m’arrêter plusieurs jours, ça ne me manquait pas. *…+Pourtant j’ai fumé *…+ Mais ouais j’avais besoin du geste, de tout ça, un ensemble *…+ Ben je ne me voyais pas arrêter *…+ Ouais il y a un besoin c’est sûr ! » ENTRETIEN N°8 « La question dans l’addiction au tabac, c’est bien psychologique *…+ »

L’envie de fumer : Le « Craving » Le besoin de fumer est décrit par beaucoup comme une envie irrésistible. C’est le « craving » : désir puissant et compulsif d’utiliser une substance psychoactive : Entretien N°4, 6, 7, 14 ENTRETIEN N°18 « Au bout d’un moment on a beaucoup de mal à s’arrêter parce que l’envie est toujours là, et c’est surtout ça ! *…+ Mais à chaque fois au bout d’un moment c’est l’envie ! Je sais pas comment le décrire, le goût du tabac…je fumais par dépendance. »

Ainsi le cheminement mental du patient l’emmène à envisager une fin dans cette dépendance. Les motivations et les envies d’arrêt submergent le patient. La balance bénéfice-risque pèse pour le sevrage.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 47: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

45

Sevrage tabagique :

Motivation au sevrage tabagique : Les motivations au sevrage tabagique sont différentes selon la personnalité et le mode de vie des patients : Pour la santé Une majorité d’entre eux souhaite se désintoxiquer pour leur santé : Entretien N°2, 5, 10, 13, 18

ENTRETIEN N°1 « C’est vraiment pour ma santé, beaucoup plus que ma volonté. » ENTRETIEN N°8 « C’est un peu la médecine qui m’a donné l’envie *…+ Et après quand j’ai repris de fumer, je me suis dit « il faut que j’arrête de nouveau puisque j’ai quand même des problèmes artériels ». »

L’activité sportive oblige certains à se sevrer pour retrouver leurs capacités physiques : Entretien N°7, 15

ENTRETIEN N°5 « Mais j’ai surtout eu envie de refaire du sport. Donc nécessairement ça implique de fumer moins voir plus du tout. »

Pour les grossesses La plupart des femmes, du fait de leur instinct maternel à protéger leur enfant, se sèvrent assez facilement durant leur grossesse, mais elles reprennent souvent par la suite : Entretien N°12, 13, 14, 18

ENTRETIEN N°11 « Non non, je ne me vois pas enceinte et puis imaginer que tu es en train de fumer, tu tires une latte et tu imagines ton petit en même temps ! On sait ce que ça engendre après *…+ Non et puis après dès que j’ai su j’ai stoppé tout de suite. Et puis j’ai pas eu de mal parce que comme je disais physiquement j’ai jamais ressenti un manque vraiment. Non j’ai arrêté et puis je me suis dis que de toute façon je reprendrai…c’était juste une période…et j’ai repris ! »

Aspect financier Un des objectifs des politiques de lutte contre le tabac est de faire diminuer les ventes de tabac en augmentant régulièrement le prix des cigarettes. Quelques patients admettent y être réceptifs : Entretien N°6, 9

ENTRETIEN N°11 « Et puis après il y a eu le prix aussi, le coût de la cigarette, après je me suis dit non c’est pas possible, moi je ne peux pas. Je me disais sept euros dans un paquet de cigarettes, non ! Non c’est pas convenable. »

Écœurement au tabac On retrouve le sentiment d’aversion pour le tabac comme motivation à l’arrêt chez une majorité des patients : Entretien N°4, 6, 13, 17, 18

ENTRETIEN N°9 « Mais je veux dire tu tu…ça puait vraiment, je puais de la gueule, je puais des doigts et c’est ça qui m’a vraiment écœuré et qui m’a vraiment donné envie d’arrêter. Ça plus qu’autre chose. *…+ Je me suis dégoûté, je pense que je me suis écœuré de l’odeur de la clope avant d’être un ancien fumeur »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 48: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

46

Inutilité du tabac Les patients deviennent clairvoyants sur l’inanité du tabagisme, et cela devient une source de motivation : Entretien N°7, 12

ENTRETIEN N°4 « *…+ parce qu’il y a rien de spécial à fumer. » ENTRETIEN N°5 « Et qu’au final ça a un intérêt relativement limité. Et que c’est pas bon pour la santé ! (rire) »

Pour se libérer de cette dépendance Le sentiment de perte de liberté en lien avec la dépendance les incite parfois au sevrage : Entretien N°7

ENTRETIEN N°6 « Comme ça. En fait j’ai eu envie d’arrêter de fumer déjà pour m’enlever cette dépendance…Ben je dépends de quelque chose en fait, et ça m’énerve de sortir du travail et de me dire il faut absolument un paquet de cigarettes parce que les bureaux de tabac ils vont fermer. De me dire que je dépends de quelque chose et qu’il me le faut…Et je ne supporte pas l’idée…Enfin je ne supporte plus l’idée en fait on va dire. »

Poussé par l'entourage familial Pour les parents, la famille et surtout les enfants deviennent un motif d’arrêt : Entretien N°2, 11, 13, 18

ENTRETIEN N°10 « Et puis j’ai quand même des enfants…heu et c’est là où l’on parle d’addiction…dont notamment à un adolescent …on parle très souvent d’alcool, de drogue et de cigarette…et en même temps je ne leur montre pas le bon exemple ! » ENTRETIEN N°16 « J’ai eu envie d’arrêter de fumer quand ma fille est née, c’était donc il y a 8 ans. C’était un deal que j’avais fait avec mon épouse et je m’étais engagé à arrêter de fumer. C’est donc la première fois que j’ai eu cette démarche. Pour mon épouse, pour ma famille, pour ma fille.»

Ainsi les étapes du changement des comportements se font de manière progressive. Les fumeurs rassemblent

l’ensemble des critères les poussant à se sevrer. Puis alors vient l’étape de décision, l’étape où le fumeur

décide de se sevrer.

Tentative de sevrage :

Pour beaucoup, multiples tentatives de sevrage Dans la majorité des cas, le sevrage tabagique est difficile et est caractérisé par de fréquentes rechutes et par conséquent de multiples tentatives : Entretien N°5, 6, 8, 12, 13, 16, 17,18

ENTRETIEN N°4 « Cinq fois ! La première fois sans rien, d’un coup, et j’ai tenu deux mois ! La deuxième fois en diminuant progressivement et en tenant à zéro cigarette pendant trois mois. La troisième fois toujours en diminuant progressivement et j’ai tenu à zéro cigarette pendant deux mois. La quatrième fois avec des patchs. *…+ Et la cinquième fois, on y est ! » ENTRETIEN N°2 « J’ai dû arrêter une dizaine de fois sur les neufs ans. Ça variait entre une semaine et pratiquement 6 mois. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 49: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

47

Pour certains, peu de tentatives malgré l'envie Malheureusement, quelques patients restent emprisonnés dans leur dépendance, et malgré l’envie de se sevrer, ils font peu de tentatives : Entretien N°3

ENTRETIEN N°1 « Je n’ai pas tenté d’arrêter complètement mais plutôt de réduire avec l’aide de mon médecin généraliste qui est aussi acupuncteur. Mais je n’ai pas continué les séances. » ENTRETIEN N°10 « Après effectivement je n’ai jamais fait de démarche de patch, de nicorette *…+ Mais c’est vrai que je n’ai rien essayé ! »

Méthode de sevrage : Il existe une multitude de méthodes de sevrage. Un grand nombre ont été énoncées par les patients. Arrêt brutal L’arrêt brutal a été tenté par une grande partie des patients, méthode simple demandant ténacité : Entretien N°2, 4, 6, 7, 8, 15

ENTRETIEN N°13 « Non, moi c’était vraiment j’éteignais ma clope et c’est bon j’arrête, demain c’est fini ! C’est la dernière, j’arrête ! » ENTRETIEN N°5 « Oui, une seule fois. J’ai arrêté du jour au lendemain. Ça a marché pendant six mois. »

Substitut nicotinique Certains ont compris leur dépendance à la nicotine, et utilisent les TNS pour faciliter leur sevrage : Entretien N°3, 4, 8

ENTRETIEN N°17 « J’ai arrêté trois ans et demi avec les patchs. Je les avais utilisés pendant 6 mois. D’une simplicité vraiment enfantine. Pas de manque, rien, tout s’était bien passé. » ENTRETIEN N°2 « Et la seule fois où j’ai utilisé des substituts ça avait bien marché. J’avais utilisé des chewing-gums pour essayer de me procurer exactement comme la cigarette. Je le ressentais énormément que j’avais de la nicotine dans le corps grâce aux chewing-gums. C’était efficace. J’ai arrêté pratiquement 6 mois. »

Varénicline Deux patients se sont fait médicaliser leur sevrage par de la varénicline et racontent les effets indésirables :

ENTRETIEN N°16 « Mais le Champix est quand même très très efficace parce qu’on ne pense absolument plus à fumer. On n’a même pas envie ! On n’a même pas envie d’essayer de regarder une cigarette ! On oublie totalement la cigarette, l’addiction à la cigarette ! *…+Mais par contre tu sens que ça te tape sur la tête ! Ça te modifie ta perception, ça te modifie pas mal de choses… » ENTRETIEN N°17 « Donc je me suis tourné vers le Champix. Et j’ai eu un effet secondaire assez sévère. J’ai voulu me suicider sans aucune raison ! Donc j’ai arrêté le Champix et j’ai repris la cigarette.»

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 50: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

48

Médecine alternative La médecine douce est parfois essayée pour les sevrages : Entretien N°8, 10

ENTRETIEN N°17 « J’ai eu recours à l’acupuncture pour un des sevrages…Heu (rire), ça m’a aidé mais pour une autre dépendance ! Parce que j’étais dépendant aussi de l’alcool. Et bizarrement ça a marché la dessus alors que j’y allais pour la cigarette »

Méthodes alternatives : D’autres décrivent des méthodes personnelles qui sont souvent des contre-conditionnements : -Bâton de réglisse

ENTRETIEN N°9 « C’est vraiment l’habitude d’avoir ce geste là, parce que je l’ai remplacé après par un bâton de réglisse *…+ je fumais quand même, c’était juste pour essayer de diminuer. »

-Cassage des rituels

ENTRETIEN N°5 « Oui et d’ailleurs pour ralentir la clope c’est le cassage de ce rituel qui marche. Enfin pour moi en tout cas. J’ai réussi justement à séparer le café clope ! Ça a été un peu dur…mais maintenant je peux boire un café sans fumer de clope...et ça c’est déjà pas mal ! »

-Livre

ENTRETIEN N°12 « Donc on a discuté à droite à gauche et puis on avait une collègue qui nous dit « Tiens ! J’ai lu un bouquin sur arrêter de fumer, je te donne le nom machin et tu essayes ! ». On a acheté le fameux bouquin *…+ donc on l’a lu tout les deux, et quand j’ai eu fini de le lire, on a dit « on arrête ! ». Et donc on a tenu deux ans et demi ! Du jour au lendemain !»

La dynamique de l’arrêt du tabac est sous la dépendance de multiples facteurs. Les stratégies mises en œuvre par le fumeur pour avancer sur ce parcours sont font de manière progressive et souvent apprises des échecs.

Cause des échecs lors du sevrage : Comme il a été narré par les participants, la dépendance tabagique est forte et est influencée par de multiples composantes. Les échecs dans le sevrage sont fréquents et de causes variées : Arrêt trop brutal et manque insurmontable L’arrêt brutal est une méthode délicate, les symptômes de manque sont intenses et les envies difficiles à gérer : Entretien N°4, 6, 7

ENTRETIEN N°2 « La plupart c’est que j’ai arrêté beaucoup trop soudainement, et après il y a une envie qui monte et puis on craque. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 51: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

49

La dépendance au tabac n’est pas qu'une histoire de nicotine Malgré l’apport de nicotine, la dépendance psycho-comportementale rend le sevrage pénible : Entretien N°6, 8

ENTRETIEN N°3 « Mais ça n’a pas marché ! J’avais une boite de patch pour essayer ça. Au début on se dit on a le patch, on va pas fumer mais ça dure deux ou trois heures et puis ça y est c’est reparti. J’avais le patch et je fumais la même quantité de cigarettes. Le patch amène la nicotine, mais il n’y a pas que ça. Pour le coup il n’y a pas que ça ! »

L’envie de fumer : Le « Craving » L’envie compulsive de fumer, perçue comme une perte de commande de son esprit peut être puissante : Entretien N°7, 14

ENTRETIEN N°6 « Ça ne dure que deux minutes l’envie de fumer mais les deux minutes elles sont quand même là. Après ça passe. *…+ Et je sais que du jour au lendemain je peux re-craquer. » ENTRETIEN N°4 « Au niveau des rechutes *…+ c’est le cerveau qui dit « tiens prends une cigarette tu vas voir ça va te calmer ! ». Le pire c’est que je savais que c’était complètement débile.»

Croire que l'on peut contrôler sa consommation Perdre conscience de sa dépendance et penser pouvoir contrôler sa consommation est une cause fréquente dans les rechutes : Entretien N°8, 12, 17

ENTRETIEN N°16 « J’ai donc arrêté 4 mois derrière. Et ensuite après avoir arrêté, je me suis dit il me manque quelque chose dans ma vie…parce que la cigarette m’apportait beaucoup de satisfaction…Je vais essayer de fumer le cigare, les petits cigares, mais j’en fumerai un de temps en temps. Piège ! Gros piège ! Donc voilà je suis tombé dans une nouvelle addiction, je fumais le cigare *…+Et j’en fumais quasiment autant que les clopes ! »

Les autres fumeurs et les soirées, le coté social de la cigarette Les fumeurs «sociaux» rechutent fréquemment par l’intermédiaire de l’influence des autres fumeurs : Entretien N°1, 5, 6, 7, 8, 11, 17

ENTRETIEN N°2 « Souvent on craque du fait de l’environnement autour. Car si j’étais tout seul chez moi, s’il n’y avait personne qui venait fumer autour de moi ça peut s’effacer très vite. Le problème c’est que l’on vit dans un environnement où il y a beaucoup de gens qui fument autour. Ce n’est pas spécialement leur faute mais ça rappelle. » ENTRETIEN N°4 « *…+ c’était plus difficile lors de soirées ou autres…j’avais beaucoup d’amis fumeurs…c’était compliqué de résister à l’attraction de la cigarette. »

L’habitude Le tabac devient un conditionnement. Il rythme le comportement au quotidien, et cette habitude est dure à modifier : Entretien N°7

ENTRETIEN N°6 « L’envie de fumer, de me dire qu’à cet instant, je pouvais habituellement m’allumer une cigarette…et là non. Donc on y pense, et on se dit non mais on y pense. Ça revient de temps en temps. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 52: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

50

Le stress et difficulté dans la gestion des humeurs Le tabagisme agit sur les émotions. Il apparait comme une aide pour gérer les sentiments, et à l’occasion d’un moment de stress ou d’une tristesse les patients replongent dans le tabac : Entretien N°4, 13, 14

ENTRETIEN N°4 « Ho oui la contrariété en général. Au niveau vie de famille je me suis dit à un moment bon faut fumer parce que je vais en taper un (rire). » ENTRETIEN N°6 « …j’ai re-craqué parce que aussi psychologiquement *…+ Dès que ça va plus on re-craque ! Il suffit d’un mal être et c’est fini en fait ! »

Perdre son but, sa motivation Avoir un but pour le sevrage tabagique permet de moins faire appel à la volonté. Les bénéfices du sevrage deviennent concrets. Cependant la perte de ce but rend d’autant plus facile la rechute : Entretien N°10, 11, 12, 13, 18

ENTRETIEN N°14 « *…+ en fin de grossesse où je savais que j’allais accoucher et que je savais que j’allais pouvoir refumer ! Là oui c’était vraiment difficile. Tant que je savais qu’il fallait tenir, ça ne me posait pas de problème…voir les gens fumer aucun souci…Et une fois que j’avais accouché ben là je me disais là je fumerai bien…là je fumerai bien *…+ et on refume ! »

Manque de volonté Le manque de volonté est cité par la quasi totalité des patients. La volonté aurait une place centrale dans la réussite et le maintien du sevrage tabagique : Entretien N°3, 5, 6, 7, 10, 12, 16, 17, 18

ENTRETIEN N°1 « Pour moi les causes des échecs de mes sevrages étaient le manque de motivation totale. Un problème de volonté. Je n’ai aucune volonté. J’ai le cheminement de diminuer les choses et d’envisager une fin mais je manque de courage. » ENTRETIEN N°4 « Au niveau des rechutes c’est le manque de volonté *…+ c’est purement un manque de volonté ! A l’instant T une disparition de la volonté ! »

Les données ne manquent pas pour concilier une approche sociocomportementale avec une approche psychopharmacologique de la dépendance au tabac. Le sevrage s’apparente à un processus d’apprentissage pour contrer un ensemble de sensations et de comportements inhérents de l’addiction au tabac.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 53: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

51

Place du médecin dans l'aide au sevrage : L’avis des patients sur la place du médecin a été étudié. Une minorité d’entre eux font intervenir les professionnels de santé dans le sevrage tabagique. Besoin d’une aide médicale ou autre, besoin d'une thérapie de soutien Quelques patients font appel aux médecins pour se faire aider dans leur sevrage, que ce soit pour l’information et la prescription des aides à l’arrêt ou pour une thérapie de soutien : Entretien N°1, 6, 10

ENTRETIEN N°4 « J’ai eu recours à un médecin de famille pour les patchs dans un premier temps. Et derrière j’ai eu recours à des conseils d’une tabacologue. *…+ elle m’a expliqué qu’on pouvait mettre plus de patch. Contrairement à beaucoup d’idées reçues il n’y avait pas vraiment de limites dans les dosages de nicotine. *…+ Dans un premier temps c’était de savoir si le substitut nicotinique sous forme de patch était réellement une bonne aide ou si ça valait rien. Et avoir des techniques sur comment arrêter quoi. » ENTRETIEN N°8 « J’ai essayé l’acupuncture…et puis comme il ne parlait pas et qu’il me foutait dans un coin *…+ Je me suis dit de toute façon pour arrêter de fumer il faut un peu qu’il cause *…+ ça ne m’aidait pas, il n’y avait pas de soutien derrière.»

Important de ne pas faire culpabiliser Ils recherchent dans l’aide des professionnels de santé un soutien, sans comportement moralisateur et culpabilisant :

ENTRETIEN N°8 « Moi j’ai un couple d’ami qui a arrêté, suivi par l’hôpital d’Annecy où il y a de l’accompagnement en addiction-tabacologie. Ils sont très bien ! Ha ben justement on les a pas culpabilisé ni rien du tout. Parce qu’il parait qu’à Lyon il n’y a je sais pas quel hôpital où une de mes participantes a été envoyée, on ne l’a pas bien traité…mais ce n’est qu’une personne car il parait qu’il y en a d’autres bien hein ! »

Peu d'efficacité du discours préventif si patient non motivé pour l’arrêt du tabac Beaucoup de patients se disent pendant un temps imperméables au discours préventif et aux informations concernant les dangers du tabagisme. Ils ne se trouvent pas dans une démarche de sevrage avec un minimum de motivation pour : Entretien N°8, 9, 16

ENTRETIEN N°1 « Mon médecin traitant souvent quand je vais le voir me parle du fait que je fume et que je prenne la pilule, idem pour mon gynécologue *…+ Et donc mon médecin me parle souvent et il envisage de m’aider. Je ne suis pas forcément réceptive. » ENTRETIEN N°10 « Oui c’est important mais en même temps quand il me parle du problème des cigarettes je ne l’écoute pas plus autant… »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 54: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

52

Pour certains, le sevrage tabagique est une histoire personnelle Le sevrage tabagique est parfois vécu comme un problème personnel, et le médecin n’est pas identifié comme une possible aide : Entretien N°5, 11, 15

ENTRETIEN N°2 « Non, parce que tout simplement je connais très bien le problème de la cigarette et je pensais être très conscient du problème. Donc je n’avais besoin de quelqu’un pour me rappeler le problème. Même si je n’en parlais pas ce n’est pas pour cela que j’étais inconscient. Je connaissais les problèmes de santé, les problèmes de dépendance et je savais très bien que j’étais moi-même dépendant. Je connaissais aussi les traitements. Chose que j’ai fait tout seul. » ENTRETIEN N°6 « Je préférais le faire de moi-même. C’est peut être une question de fierté j’en sais rien. »

Cette partie avait pour vocation de mieux comprendre le problème du fumeur, étape essentielle pour saisir la

difficulté du sevrage tabagique.

L’étude du vécu et comportement tabagique ainsi que la dépendance qu’il en découle révèle qu’il s’agit d’un

phénomène complexe qui ne se limite pas seulement à un besoin physique en nicotine. C’est une dépendance

fait entrer en jeu des facteurs individuels, environnementaux en lien avec une pression sociale et conviviale

(des circonstances, des lieux et des personnes suscitent l’envie de fumer). La dépendance psychologique se

qualifie par la mémoire du plaisir de la cigarette et de son importance dans la gestion des émotions.

La préparation au sevrage est essentielle pour que le fumeur apprenne à vivre dan son environnement habituel

sans fumer. La plupart des patients recherchent des méthodes permettant de contrecarrer leur comportement

dicté par cette dépendance forte. Le sevrage peut être considéré par les patients comme un problème

personnel sans nécessité d’une intervention médicale.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 55: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

53

3. Cigarette électronique : Perception, Vécu et comportement

Comme de nombreux fumeurs, les participants de l’étude utilisent la cigarette électronique pour leur sevrage. Dans cette partie sera étudié leur perception et leur attirance pour la CE en tant que substitut, leur objectif en termes de sevrage. Ensuite sera décrit leur vécu et comportement dans ce sevrage novateur, en mentionnant les caractéristiques singulières de l’utilisation de la CE, ainsi que leur ressenti en termes d’efficacité, avec les avantages et les inconvénients. Perception de la cigarette électronique dans le cadre du sevrage tabagique :

Mode de découverte :

La découverte de la CE se fait principalement par deux manières :

Entourage « vapoteur » Pour une grande partie des patients la découverte de la CE s’est faite au travers des autres usagers : Entretien N°1, 3, 4, 6, 7, 9, 12, 13, 18

ENTRETIEN N°11 « Oui, et bien c’est un ami qui me l’a fait découvrir…il y a deux ans et demi. Heuuu, lui c’était un gros fumeur, il était à un paquet tous les deux jours. Et puis il est passé à ça, et c’est lui qui nous l’a montré. » ENTRETIEN N°15 « Alors la cigarette électronique je l’ai découverte justement avec des collègues qui en ont acheté et qui m’ont dit que c’était bien ! »

Les « vapoteurs » incitent les fumeurs Les « vapoteurs » admettent, de par leur satisfaction dans ce type de sevrage, influencer les fumeurs : Entretien N°7

ENTRETIEN N°11 « Ben moi je dis que c’est que du plus ! Je le conseille. Autour de moi, quand j’en vois qui fument, ben je leur en parle, je leur dis que c’est bien et je leur conseille » ENTRETIEN N°13 « Non, c'était plus du bouche à oreille. Les amis qui eux fumaient, qui nous ont dit « ha mais c’est bien, nous on a arrêté de fumer ! ». C’est vrai qu’il y a des personnes qui ont arrêté de fumer grâce à ça… »

Les médias La CE fait couler de l’encre, le sujet est régulièrement abordé dans les journaux et la télévision. De plus il existe des publicités vantant son utilisation : Entretien N°5

ENTRETIEN N°16 « Heu…je l’ai découverte par la pub je crois. » ENTRETIEN N°2 « Heu…je ne sais plus …télé, internet…non ce n’est pas internet ! Soit la télé, soit j’ai du voir quelqu’un qui en avait une. Ou alors dans un avion…oui dans les avions ils étaient un peu à l’avance, ils vendaient déjà des cigarettes électroniques avant même que tout le monde en parle. »

La CE est un phénomène médiatique. Les fumeurs la découvrent facilement au travers des autres « vapoteurs » et des médias. Les « vapoteurs » avouent influencer les fumeurs en les incitants à passer à la CE pour se sevrer.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 56: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

54

Attirance pour la cigarette électronique : Considérée comme un bon substitut : ressemble à l’acte de fumer : geste, nicotine, vapeur Un des attraits principal énoncé par l’ensemble des patients est que la CE est perçue comme un substitut cohérent pour le tabac. Elle conserve une bonne partie des attributs de la cigarette : la nicotine, le geste ainsi que de la vapeur visible que l’on peut inhaler. Ainsi le patient pense se retrouver dans un sevrage plus facile où il garde un certain plaisir lié au tabagisme : Entretien N°1, 3, 4, 6, 7, 8, 9, 11, 13, 14, 16, 17, 18

ENTRETIEN N°2 « J’ai choisi la cigarette électronique parce que déjà il y a de la nicotine dedans. Il y a de la fumée. *…+. Et ouais c’est un bon substitut. » ENTRETIEN N°5 « Parce que tu conserves le geste. Tu conserves la fumée. Et surtout parce que j’en ai trouvé une très bien qui fait la même taille qu’une cigarette. Et c’est un substitutif en fait. C’est pour éviter de fumer une vraie cigarette. »

Sevrage plus facile

ENTRETIEN N°18 « Mon objectif était de trouver moyen d’arrêter de fumer sans passer par les patchs *…+ C’était soit j’arrête complètement, mais pour que ce soit plus doux passer à un intermédiaire. Pour un sevrage plus facile quoi. »

Sevrage avec plaisir

ENTRETIEN N°16 « Et puis je me suis dis c’est peut être vraiment la solution pour arrêter et garder le plaisir du tabac. Donc je me suis lancé comme ça dedans. »

Considérée comme moins toxique pour le patient Les patients perçoivent la CE comme moins nocive pour leur santé : Entretien N°1, 2, 3, 4, 5, 7, 8, 9, 15,13, 16,18

ENTRETIEN N°11« Et je pense que pour la santé c’est mieux ! Il y a pas le goudron…il y a moins…enfin j’espère, on verra bien ! »

Considérée moins toxique pour l'entourage De même elle est assimilée comme moins dangereuse pour leur entourage : Entretien N°4, 9, 10, 11, 13

ENTRETIEN N°17 « Alors la première que j’ai acheté *...+ c’est tout simplement parce que je recevais des amis dont une amie qui s’était battue contre un cancer et j’avais pas envie spécialement qu’elle respire ma cigarette. » ENTRETIEN N°2 « Et il y a aussi le fait qu’à priori ce serait beaucoup moins toxique pour son entourage.» Aspect financier Le tabac est devenu cher, et pour certains le bénéfice du coût est un attrait supplémentaire : Entretien N°1, 11, 16

ENTRETIEN N°13 « *…+ déjà pour le prix du tabac en lui-même parce que là ça a augmenté *…+ » ENTRETIEN N°9 « Et puis le fric que tu gagnes quoi ! Voilà c’est pour cela que j’y suis venu. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 57: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

55

Curiosité C’est un nouvel objet devenu médiatique qui fait appel à la curiosité et qui rend la CE attrayante : Entretien N°2, 5, 18

ENTRETIEN N°1 « Et ça m’a interloqué, j’ai tenté et je me suis dit tiens…pourquoi pas ! » ENTRETIEN N°3 « J’ai voulu essayé *…+ par curiosité. »

Influence des autres « vapoteurs » Comme l’initiation au tabac, on retrouve un phénomène social dans la CE. L’influence des autres « vapoteurs » est un élément fréquemment retrouvé : Entretien N°3, 9, 11, 13, 14

ENTRETIEN N°12 « Et puis j’ai quelques collègues dans le service qui avaient commencé à l’utiliser, et dont une qui m’a dit « ha ben je ne fume plus du tout de clopes normales, c’est génial », voilà, bon ! Effet de mode, je me suis dit je vais essayer *…+ » ENTRETIEN N°7 « Et après je suis quelqu’un je pense de très influençable *…+ Et j’étais avec heu… un collègue qui lui fumait que ça donc forcément ça m’a incité à changer. *…+ Ouais si après c’est vraiment arrivé comme une mode, donc on va dire que pour les personnes un peu comme moi qui sont…enfin qui s’inspirent un peu des autres et qui vont être facilement être influençables et bien ils vont vite se tourner vers ce procédé là parce que c’est un phénomène de mode. »

Attirance du coté inodore de la cigarette électronique L’aversion pour l’odeur de la cigarette rend la CE attirante de par son coté inodore : Entretien N°5, 7, 9, 11, 14, 16

ENTRETIEN N°10 « Et heu…ben cigarette électronique parce que *…+ ouais il y a tout ce qui va avec...sans l’odeur ! » ENTRETIEN N°17 « Pour l’odeur…et aussi parce que j’ai mon ami qui a arrêté de fumer. Mais principalement l’odeur ! »

Utilisation dans les lieux interdits L’absence de législation pour son utilisation dans les lieux publics ainsi que son coté inodore est un atout pour certains : Entretien N°1,2, 8, 12, 17

ENTRETIEN N°3 « J’ai voulu essayé pour pouvoir fumer dans les restaurants, entre autre, et dans les lieux publics. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 58: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

56

Envie de changer Pour deux participants, l’attirance pour la CE était en lien avec une envie de changer et de remplacer le tabac :

ENTRETIEN N°12 « *…+ j’étais pas plus motivée que ça pour arrêter de fumer *…+ c’est je passe à autre chose finalement.» ENTRETIEN N°7 « Heu non je sais pas…je ne sais pas si c’est vraiment que j’ai eu envie d’arrêter, c’est plus j’ai eu envie de changer. Parce que voilà j’étais rentré dans un cycle où toutes les semaines j’allais acheter mon paquet de roulées, mes filtres…Et heu même en période d’hiver fallait tout le temps se la rouler dehors et tout ça c’était un peu chiant… »

Connaissances des « vapoteurs » sur la cigarette électronique et les e-liquides : La découverte de son mode de fonctionnement, de sa dangerosité, des différents systèmes de CE et des e-liquides associés semble être une phase primaire dans l’utilisation de la CE. Il existe des sources diverses pour mieux connaître ce nouveau produit.

o Origine des connaissances : Recherche des informations principalement sur internet Comme souvent, internet est une source majeure d’informations : Entretien N°2, 3, 5, 18

ENTRETIEN N°4 « Et puis j’ai fait ma petite enquête sur le truc. Sur les produits qu’il y avait dedans…J’ai cherché dans les médias, sur internet sans sites particuliers, un peu partout, j’ai fait attention aux sites car c’est comme tout…tout le monde fait un peu sa propagande *…+ Après je me suis basé sur des recherches qui ont été faites par le ministère de la santé.»

Existence d’une communauté « vapoteur » sur internet On retrouve par ailleurs sur le net des sites dédiés à la CE, où des utilisateurs expérimentés font état de leur connaissance. Il existe des associations de « vapoteurs » experts dans le domaine, les « vapogeeks » :

ENTRETIEN N°3 « Donc je vais sur internet pour voir où ça en est. Comment ça a évolué. Et là, je découvre un monde extraordinaire. *…+ Je suis allé chercher partout ! Il y a beaucoup de revue en vidéo. Il y a des sites particuliers. Il y a l’AIDUCE. Mais là j’ai fait quasiment une étude. »

Connaissance issue des médecins : Importance de leur avis L’avis des médecins sur ce mode de sevrage semble convaincant pour les patients : Entretien N°8, 9, 13, 16

ENTRETIEN N°18 « *…+ j’ai trouvé des tas de choses, des tas de choses pour, des tas de choses contre, et puis au final je ne sais plus le nom du médecin…Professeur Dautzenberg…un pneumologue très connu, c’est un peu lui en lisant ce qu’il en pensait qui m’a fait franchir le cap, en disant que c’était un moindre mal entre guillemets par rapport à la cigarette classique. Alors je me suis dit « allez j’y vais et je verrai bien, allez on se lance la dedans ». »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 59: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

57

o État des connaissances des « vapoteurs » au sujet de la cigarette électronique : On retrouve une certaine disparité sur la prise de connaissance sur le sujet selon les participants. Pour certains peu de connaissance Certains se laissent orienter par les vendeurs, et se renseignent peu : Entretien N°6, 10, 15

ENTRETIEN N°1 « Sincèrement je ne sais pas grand-chose sur la cigarette électronique à part que c’est de la vapeur. Et qu’on utilise le terme « vapoter » à la place de fumer. Qu’on peut la prendre avec ou sans nicotine. Avec un dosage lié à l’addiction de la personne. Je ne sais pas plus de chose que ça. » ENTRETIEN N°12 « Non, pas plus ça. Non c’était juste des discussions comme ça entre collègue…J’avais posé deux trois questions au buraliste qui me l’avait vendu mais c’est tout quoi. Je ne me suis pas plus renseignée sur les risques, sur les bienfaits… »

Connaissance sur les e-liquides D’autres sont très bien renseignés, et maîtrisent bien le sujet tel que l’utilisation des e-liquides : Entretien N°2, 4, 7, 18

ENTRETIEN N°3 « Moi je prends des arômes dans une boite française. Ce sont des trucs certifiés. Et puis j’achète les bases, c'est-à-dire le propylène glycol et la glycérine végétale en Pologne car ce sont eux qui sont les meilleurs. Et dans les bases il y a le taux de nicotine que je veux. *…+Et c’est en fonction aussi de ce que l’on met dedans. Si l’on met de la glycérine végétale, ça va faire plus de vapeur mais on aura moins d’arômes. Et si on met plus de propylène ça va faire moins de vapeur mais les arômes seront meilleurs. » ENTRETIEN N°5 « Je sais qu’en ce moment il y a une grosse polémique sur le contenu des liquides pour cigarette électronique. Par rapport au propylène glycol notamment. *…+ Techniquement c’est un additif alimentaire. C’est la glycérine végétale qui fait la fumée on va dire. Plus le pourcentage de glycérine végétale est élevée plus ça fera de la fumée. Et à priori il y a ça, de la nicotine et divers arômes pour ceux qui désirent des trucs aromatisés. »

Connaissance sur la cigarette électronique : mode de fonctionnement On trouve des patients bien informés sur le mode de fonctionnement de la CE : Entretien N°4, 5, 7, 18

ENTRETIEN N°2 « Je connais à peu près comment ça marche de façon technique. C’est une résistance qui fait que le liquide s’évapore. Il se consume grâce à la mèche. Il y a une batterie. » ENTRETIEN N°3 « Ben pour la cigarette électronique c’est la même chose. Il y a une batterie. Il y a un système pour faire la vapeur, il est fabriqué en général en un seul bloc. *…+Un Mod c’est une cigarette électronique artisanale, c’est juste un réservoir, un système de connexion à l’intérieur, où dedans je fais ma résistance, je mets ma mèche. Donc je sais ce que je mets à l’intérieur. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 60: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

58

o Avis sur l'éventuelle toxicité de la cigarette électronique : Cet ensemble de connaissances fait que les patients se font un certain avis sur la CE et sa dangerosité. Pour certains sans avis et peu d'inquiétude Deux patients signalent ne pas porter d’intérêt sur l’éventuelle toxicité de la CE :

ENTRETIEN N°1 « Pas d’avis sur le rôle toxique de la cigarette électronique. Ça m’inquiète moins que la cigarette en tout cas… » ENTRETIEN N°17 « Mais c’est vrai que le coté santé n’est pas quelque chose de primordial pour moi. »

Peu d'inquiétude comparée à la cigarette classique Une grande partie ne sont pas inquiets et considèrent la CE comme moins nocive : Entretien N°3, 9, 11, 16

ENTRETIEN N°5 « Heu je sais pas…cette histoire ne me pose pas plus de problème que ça parce que à priori le propylène glycol est un additif qui est quand même relativement utilisé. Donc effectivement tout est plus ou moins dangereux selon les doses etcetera…mais je pense que ça reste largement moins nocif qu’une cigarette standard. Quand bien même ça serait un petit nocif, à mon avis ce serait sans commune mesure avec la vraie cigarette. C’est un peu une tempête dans un verre d’eau pour moi cette histoire de propylène glycol. »

Peu d'inquiétude mais probable répercussion sanitaire dans l’avenir Certains considèrent la CE moins toxique mais émettent des doutes quant à l’usage au long terme : Entretien N°2,7

ENTRETIEN N°4 « Ben ça m’inquiète oui et non. Ça m’inquiète forcément parce que comme je l’ai dit tout à l’heure, arrêter quelque chose de néfaste pour reprendre quelque chose de néfaste…même si c’est quand même moins mauvais je pense que ça reste mauvais. *…+ Après on verra, peut être que dans 25 ans on nous sortira de nouvelles maladies ! Faut vivre dangereusement ! (rire) Ça m’inquiète grandement moins que le tabac, et je ne me prends pas la tête. » ENTRETIEN N°18 « Après je pense que ça fait moins de dégâts au niveau pulmonaire je pense, même si les composés, la glycérine et le glycol, on ne sait pas trop. Enfin je sais qu’on l’utilise en médecine déjà, mais on ne sait pas trop ce que ça fait en inhalation, il faut du recul, on saura peut être dans les années à venir *…+ »

Pour certains, inquiétude Pour deux participants, l’inquiétude face à la probable nocivité reste présente et gênante : Entretien N°13

ENTRETIEN N°6 « Mais heu c’est comme la cigarette, au début personne ne savait, puis au bout de quelques années il y en a un qui est décédé*…+ Là pour moi c’est pareil, on est dans les débuts, on est certain de rien, et c’est ce qui me fait un peu peur *…+ Si en plus je me rends dépendante de quelque chose qu’on ne sait pas …C’est pas la peine ! Donc ouais c’est l’inconvénient, je ne sais pas quoi en penser de la cigarette électronique. »

Une certaine phase de prise de connaissance semblerait essentielle pour les patients pour mieux appréhender ce nouvel objet, comprendre son mode de fonctionnement et se faire une idée sur l’éventuelle toxicité. Internet est une source de connaissance principale. L’avis des médecins sur le sujet est déterminant. Une majorité des patients considèrent la CE comme moins dangereuse que le tabac.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 61: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

59

Objectifs d'utilisation : Les objectifs d’utilisation peuvent être différents selon les patients : Sevrage tabagique simple Certains souhaitent simplement arrêter le tabac et la CE est une alternative : Entretien N° 3, 6, 9, 11, 14, 18

ENTRETIEN N°2 « J’ai pris la cigarette électronique pour arrêter le tabac …la cigarette sans difficulté *…+ Pour l’instant je suis bien à fumer de temps en temps ma cigarette électronique. Je ne me suis pas fixé d’objectif en me disant dans un an ou demain j’arrête.»

Sevrage tabagique et nicotinique D’autres ont comme objectif de se sevrer du tabac et de la nicotine : Entretien N°16

ENTRETIEN N°8 « Remplacer la cigarette et ne plus mettre de nicotine dans ma cigarette électronique. »

o Diminuer le tabac :

Quelques uns ont le désir de pouvoir contrôler et diminuer leur consommation tabagique : Entretien N° 5, 8

ENTRETIEN N°17 « Au début je l’avais pris comme maintenant, c’était pour diminuer ma consommation. » ENTRETIEN N°1 « Mes objectifs au départ c’était de voir si j’étais capable de réduire la cigarette. Mon objectif n’était pas du tout de fumer uniquement la cigarette électronique car j’ai besoin de la cigarette. Après ce que j’en attends c’est que ça m’amène à envisager d’utiliser que la cigarette électronique. »

- Moins d'une par jour : cigarette plaisir

ENTRETIEN N°10 « Moi j’aimerai avoir la cigarette plaisir de deux trois cigarettes par semaine ». » ENTRETIEN N°17 « Heu *…+ j’aimerai retrouver ce que j’avais fait il y a un temps, c'est-à-dire une cigarette par jour avant d’aller au travail. La cigarette plaisir ! »

- Arrêter les cigarettes d’habitude

ENTRETIEN N°12 « Et puis peut être de dire aussi ben tiens finalement t’auras plus ces clopes d’habitude. »

Arrêter pour une grossesse Les femmes peuvent utiliser la CE pour arrêter de fumer durant leur grossesse :

ENTRETIEN N°13 « Parce que j’étais en essai bébé, donc c’était juste avant la grossesse. *…+ Je savais que la clope c’était pas très bon, en plus j’ai de l’endométriose, donc j’ai pas voulu mettre tous les mauvais cotés pour nous. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 62: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

60

Arrêter le tabac et la cigarette électronique Certains ont l’objectif d’arrêter toute addiction, le tabac et la CE : Entretien N°15, 16 ENTRETIEN N°4 « Par contre moi dans l’idée c’est de tout arrêter au final. Dans l’hypothèse que j’atteigne mon objectif, je pense que c’est un moindre mal ! *…+ à terme l’objectif final est à la limite manger un bonbon, et voilà pas plus ! J’espère que j’y arriverai, c’est l’objectif ! (rire) »

Comportement des « vapoteurs » dans le sevrage tabagique :

À présent cette partie a pour but de détailler le comportement des patients. Le mode d’achat de leur matériel ainsi que les critères de choix, leur comportement dont leur méthode d’utilisation de la CE sera explorée.

Achat de la cigarette électronique :

La CE est un produit en vogue, et on retrouve une multiplicité de lieux de vente. L’expérience des participants a

donc été recherchée dans ce domaine.

o Importance des lieux d’achat pour la qualité :

Dans les bureaux de tabac Beaucoup de bureaux de tabac se sont mis à la « mode » et vendent des CE. C’est souvent en allant dans ces lieux que le patient achète sa première CE. Mais certains mettent en garde sur le risque d’acheter des produits de mauvaise qualité : Entretien N°10

ENTRETIEN N°3 « Mais il y a trois ans, je vais au tabac chercher mon tabac. Et là le buraliste, cet imbécile parce qu’il perd des clients (rire), il vendait des cigarettes électroniques *…+ Ça ressemblait à un stylo, peut être que ça a évolué. Et j’ai pris un kit. » ENTRETIEN N°16 « Et j’ai acheté ma première cigarette électronique dans un bureau de tabac. Et c’est une saloperie, ça marche pas ! Et ça ne marche pas du tout, et je me rappelle le premier week-end où j’ai décidé d’acheter une cigarette électronique, elle marchait mal…Ce premier week-end ça a été l’enfer ! Dès la semaine d’après, je suis allé dans un magasin spécialisé *…+ Aujourd’hui je conseillerai d’acheter du bon matériel plutôt qu’un truc acheté au bureau de tabac. »

Dans les magasins de cigarette électronique Dans les magasins spécialisés, les patients trouvent un effet rassurant (conseils et gage de qualité) : Entretien N°16

ENTRETIEN N°1 « En tout cas je n’aurai pas fait mon achat par internet. Quand je suis allée l’acheter dans le magasin, je cherchais quelqu’un de qualifié qui puisse m’aider, me conseiller et je pense que c’est plus prudent. *…+ J’ai été conseillée par rapport à mon addiction et ce que je venais chercher… et j’ai été très satisfaite. » ENTRETIEN N°11 « Mais il ne faut pas aller essayer n’importe où ! Faut prendre son temps et faut être un minimum encadré ! C’est pour cela que je conseille d’aller dans les magasins, ils te conseillent et te font essayer plusieurs cigarettes électroniques, et je pense que c’est important. Je leur conseille vraiment d’aller dans des magasins, et de prendre le temps de choisir, d’essayer et si ça va pas d’y retourner, de changer de cigarette, de prendre autre chose…faut prendre son temps et ne pas s’arrêter juste à une première expérience. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 63: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

61

Certains conseillent de rester prudent, tous les magasins de cigarette électronique ne se valent pas : Entretien N°2

ENTRETIEN N°4 « Après je suis passé en boutique sachant que je pense qu’il y a certaines personnes qui surfent un peu sur la mode et qui vendent des produits qui ne correspondent pas aux attentes de leurs clients. » ENTRETIEN N°3 « Je suis allé voir les magasins, mais je n’ai pas trouvé quelque chose d’extraordinaire. Je m’y connais plus je pense. Parce qu’il y en a qui ont ouvert des magasins sur Lyon mais qui n’y connaissent rien ! » Sur internet Il existe énormément de sites proposant des CE à l’achat, le choix est varié. Les « vapoteurs » recommandent d’avoir une certaine connaissance sur le sujet pour se lancer dans ce type d’achat :

ENTRETIEN N°3 « *…+ Et très vite, enfin deux jours après, je commandais du matériel sur internet, le plus sophistiqué. Que j’ai déjà changé trois, quatre fois…peut être même plus ! » ENTRETIEN N°4 « *…+ mais faut quand même faire attention sur internet, on trouve beaucoup de cochonneries ! Donc il faut être sûr que le site où l’on achète soit un site sérieux. »

o Choix de la cigarette électronique :

Comme il a été vu dans les généralités, le marché de la CE évolue sans cesse. Les patients se retrouvent devant un grand choix de prototype. Prudence pour l'achat du matériel : Attention aux produits de mauvaise qualité Il y aurait des précautions à prendre lors du choix du matériel, des conseils et informations de base sont nécessaires pour ne pas acheter du matériel de mauvaise qualité :

ENTRETIEN N°17 « Et j’avais pris pas mal de renseignements…Je sais qu’il y avait pas mal de magasins qui en proposaient…Donc on m’avait conseillé un magasin qui avait des batteries vraiment intéressantes…Surtout que j’avais vraiment besoin de retrouver l’effet de quand on fume, comme on dit le « hit »…Et je sais qu’avec certaines cigarettes on ne ressent pas du tout ça et d’autres un peu plus. *…+ Je me suis renseigné avec des amis.» ENTRETIEN N°5 « Faire attention, se renseigner sur ce qu’ils achètent. Ça reste un investissement relativement raisonnable. Pour le coup, toutes les cigarettes électroniques ne se valent pas. Ça vaut le coup de se renseigner un peu avant plutôt que d’y aller comme ça un peu au pif. Comme c’est très peu réglementé et que ça pousse comme des champignons, il faut faire attention. Je pense que le bouche à oreille c’est ce qui reste le mieux. »

Choisir son modèle selon des critères adaptés à la personne : Qualité de la vapeur/ Praticité/Esthétique etc. Il existe tout type de CE pouvant s’adapter aux besoins particuliers d’une personne : Entretien N°7, 9 ENTRETIEN N°2 « Ce qui me fait choisir ma cigarette électronique c’est un tout…je regardais si elle marchait bien, si elle procurait un bon effet de cigarette, si c’était un bon substitut de façon générale. » ENTRETIEN N°8 « C’est très important ! Et puis faut se faire plaisir ! Je veux dire esthétiquement, ne pas prendre n’importe quoi, là ils sortent des trucs (en levant les yeux au ciel). Après chacun son goût, non mais choisir sa cigarette, et puis il y a le choix hein. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 64: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

62

Au début attirance format cigarette classique On remarque chez certains patients le besoin d’avoir lors du premier achat une CE similaire à la cigarette : Entretien N°5

ENTRETIEN N°11 « *…+ ça m’avait plus, les toutes petites par lesquelles on avait commencé, c’était vraiment enfin comme une cigarette. Et ça ça m’avait plu parce que tu avais vraiment le même geste ! *…+ Je crois qu’heureusement il y avait ce format là de cigarette. Non les trucs comme maintenant (en montrant sa cigarette électronique actuelle de type « eGo »), enfin j’en ai une maintenant (rire). Ça ne faisait pas envie… »

Peu d'intérêt des cigarettes de premières générations Les patients signalent leur déception envers les CE de première génération, les « cigalikes » : Entretien N° 8

ENTRETIEN N°1 « Non je n’ai pas eu d’autres cigarettes électroniques. Sauf une cigarette jetable goût vanille, mais aucun intérêt. » ENTRETIEN N°3 « Les toutes premières c’était sans intérêt, quoique c’était rigolo car on pouvait fumailler au restaurant, et encore à l’époque personne ne connaissait donc il fallait expliquer. Mais ça tombait en panne au bout de trois jours. »

Difficulté pour trouver un modèle de qualité : être curieux et ne pas s'arrêter à un échec Parfois les « vapoteurs » ne sont pas complètement conquis par leur premier achat. Ils ne s’arrêtent pas à cette déception et expérimentent d’autres modèles : Entretien N°3, 7, 9, 16

ENTRETIEN N°11 « Faut être un peu curieux, mais c’est pas évident, il y en a tu sens bien que non, ça passera pas. *…+Quoique si je connais quelqu’un qui fumait presque un paquet et lui il a réussi hein ! Je pense qu’il a trouvé le bon truc…il a réduit, et je sais même pas si il n’est pas à zéro maintenant ! Il y a de tout ! Mais je pense qu’il faut essayer ! » ENTRETIEN N°2 « En conseil, bien choisir sa cigarette même si au début il faut investir dans plusieurs avant de trouver la bonne. C’est vrai que parfois on peut tomber sur une mauvaise expérience de cigarette électronique par exemple mal dosée, mal réglée, qui ne convient pas et ça peut se solder par en échec, se dire c’est quoi cette merde et recommencer à fumer. Mais si on est un persistant et que l’on en essaye plusieurs, on peut trouver une cigarette qui plait et qui finalement substitut très bien. »

Changement et évolution des modèles avec le temps On remarque que quelques « vapoteurs » curieux suivent les évolutions des CE et n’hésitent pas à changer de matériel plus avoir quelque chose de plus sophistiqué : Entretien N°2, 3, 7, 9, 11, 17

ENTRETIEN N°16 « Entre temps je suis passé sur d’autres systèmes mieux, plus évolués. J’ai appris…je les ai tous acheté les systèmes je crois. Et j’ai vraiment trouvé celui qui me convenait le mieux. *…+ Mais je dirai même dans l’absolu, au départ je serai parti sur un produit avec 3 % de nicotine, et un matériel comme j’ai aujourd’hui, je serai allé beaucoup plus vite. Si j’avais eu le vrai conseil, d’acheter tout de suite un appareil de qualité…mais il n’y avait pas forcément à l’époque ! *…+J’ai du avoir 3-4 différents modèles de cigarettes électroniques. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 65: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

63

Achat et choix de l’e-liquide : Le choix du e-liquide tient compte de plusieurs paramètres dont les arômes et le taux en nicotine. Bien se renseigner pour ne pas acheter de l’e-liquide de mauvaise qualité Tout comme les prototypes de CE, il s’agit d’un marché non réglementé, et les patients conseillent d’être méfiant quant à l’achat du e-liquide : Entretien N°4, 5

ENTRETIEN N°11 « *…+ il ne faut pas acheter n’importe quoi. Et plutôt acheter du e-liquide français, faut pas prendre des trucs fabriqués en chine.»

Importance d'essayer dans les magasins

Pour éviter toute déception, les patients préconisent de tester les e-liquides dans les magasins spécialisés :

Entretien N°1, 3, 16

ENTRETIEN N°11 « On a essayé d’autres tabacs, mais c’est vraiment celui là…quand tu trouves ton e-liquide, je pense que c’est important, ha ouais ! [...]Oui il y a des personnes qui ne trouvent pas et qui se remettent au tabac…Et puis c’est pour cela que c’est bien ses magasins, parce que tu peux essayer, ils te font essayer tout ce qu’ils ont. »

Importance du choix des arômes Il existe une panoplie d’arômes disponibles sur le marché. Le choix de l’arôme du e-liquide est décrit comme important et plusieurs essais peuvent être nécessaires avant de trouver celui qui convient : Entretien N°3, 16

ENTRETIEN N°15 « Non, il y a juste le problème du produit, qu’il faut juste trouver le bon produit. » ENTRETIEN N°6 « Ouais…Ben le liquide c’est plus…heu le goût c’est plus une question personnelle…« les goûts et les couleurs »…Voilà quoi ! »

Le choix de la CE et des e-liquides apparaissent déterminants pour adhérer à ce système de sevrage. D’après les témoignages, les usagers doivent faire en sorte de bien se faire conseiller et d’essayer les produits pour parvenir à satisfaire leurs exigences et besoins.

Comportement du « vapoteur » dans l’utilisation des e-liquides : Attirance au début par le goût tabac puis par les goûts fruités/sucrés On retrouve un comportement classique où les « vapoteurs » s’orientent dans un premier temps vers les arômes tabac, puis ensuite expérimentent les autres goûts : Entretien N°2, 3, 7, 13

ENTRETIEN N°4 « En goût j’ai essayé beaucoup de truc. J’ai commencé par un goût tabac mais un goût tabac un peu fruité…enfin plutôt un goût de cacahuète. Pas parce que j’aime la cacahuète mais parce que d’après les connaissances que j’avais sur les liquides à l’époque, c’était le liquide qui me paraissait être celui qui m’agréait le plus. *…+ Après bon j’ai fait comme tout le monde, j’ai essayé des goûts plus fruités *…+ »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 66: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

64

Premier choix goût tabac pour se rapprocher de ses habitudes de cigarettes Les « vapoteurs » essaient dans un premier temps les arômes tabac parce qu’ils ont besoin d’un goût qui se rapproche de leur tabac : Entretien N°10, 18

ENTRETIEN N°1 « J’ai commencé par le goût tabac blond qui était relativement le plus proche que celui que je fumais car au magasin on te demande la marque de cigarette utilisée. Pour utiliser le liquide qui se rapproche le plus de ton habitude. » ENTRETIEN N°11 « Et puis il faut trouver après le tabac qui te correspond…oui c’est ça ! Moi j’ai recherché un tabac qui se rapproche le plus du tabac…enfin qu’il n’y ait pas de goût sucré…il faut que ça se rapproche le plus possible d’une cigarette.»

Le liquide arôme tabac n’a pas le goût des cigarettes Les patient disent ne pas retrouver le goût de leurs cigarettes des les e-liquides aux arômes tabac : Entretien N°7

ENTRETIEN N°3 « Parce que c’est vrai que c’est différent au niveau du goût…faut essayer les produits au début...car ça n’a rien à voir avec le goût des cigarettes. » ENTRETIEN N°4 « Je n’ai jamais pris des goûts tabac tabac…même si le vendeur vous dit que ça a un goût tabac mais en fait ça n’a pas le goût du tabac. »

Conseil de « vapoter » avec un autre goût que le tabac dès le départ

Ainsi certains conseillent de se lancer dans un autre goût que celui du tabac qui ne correspond pas aux

attentes :

ENTRETIEN N°8 « Parce qu’au début je vous ai dit que j’achetais du goût tabac, je fume des cigarettes, je ne vais pas fumer de la fraise, ben c’était une erreur parce que je n’ai pas le même goût tabac, c’est encore plus frustrant. C’est mieux tout compte fait de prendre d’autres parfums. » ENTRETIEN N°16 « Alors, la première personne que j’ai rencontré dans un magasin m’a dit *…+ « Je vous donne un conseil », conseil que je répercute maintenant au gens quand j’en parle, c’est de partir sur un tout autre goût que le tabac. *…+ Je n’ai plus le rapport au goût tabac, et je pense que c’est important.»

Les goûts fruités/Gourmands : Se faire plaisir Les patients déclarent choisir des arômes qui leur donnent du plaisir : Entretien N°13, 16, 13

ENTRETIEN N°1 « Et j’avais envie d’être un peu originale donc j’ai pris quelque chose que j’aime beaucoup à savoir le réglisse. C’est une valeur sûre pour moi, c’est celui que je fume le plus. » ENTRETIEN N°8 « Bon bref, quand j’ai recommencé j’ai essayé d’autres goûts. *…+ Donc j’ai pris fruits rouges, des choses comme ça qui me faisaient plaisir. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 67: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

65

Choix du goût Menthe : augmente le « hit » La menthe est choix fréquent. La sensation est perçue comme agréable et elle augmente la sensation dans la gorge, le « hit ». Les patients peuvent même en devenir dépendants : Entretien N°4, 8, 9, 13, 16, 17

ENTRETIEN N°2 « Et au final je me suis rendu compte que ce que je préférai le plus c’était la menthe puisque ça donnait un meilleur effet un niveau de la gorge. » ENTRETIEN N°15 « Et la menthe moi ce qui m’embête un petit peu, et d’ailleurs je vais l’arrêter… Je trouve qu’on est beaucoup plus accro à la menthe…On a plus le besoin de fumer…ça dégoûte moins quoi…parce que c’est vrai que c’est agréable, c’est menthe glacial *…+ c’est un petit peu fort. »

Varier les goûts Les patients recommandent d’alterner les différentes saveurs pour plus de satisfaction : Entretien N°7

ENTRETIEN N°13 « Alors j’avais pris à la menthe, et après comme je suis gourmande, j’ai pris plein d’autres goûts *…+ j’avais acheté des petites fioles en plus…et je changeais à chaque fois les goûts ! » ENTRETIEN N°16 « Et je suis resté très longtemps à la vanille. Et là maintenant je suis à la menthe. Et j’ai encore quelques bouteilles de vanille, j’aime bien, j’alterne.»

Liquide de base nicotiné sans arômes Deux patients choisissent de se passer des arômes, ils craignent que ce plaisir les rende dépendants :

ENTRETIEN N°12 « Et pour le liquide c’était que nicotine, il n’y avait pas de parfum. » ENTRETIEN N°5 « Mon choix de départ est neutre, sans goût. Surtout pas de goût de fruit...il y a des choses totalement aberrantes dans les goûts de e-liquide ! Je pense que c’est une très mauvaise idée…il n’y a rien de mieux pour s’habituer à ça ! »

Le choix des arômes dépend des préférences de la personne. Les patients sembleraient vouloir dans un premier se rapprocher de leurs habitudes en achetant des arômes tabac. Or, ils précisent ne pas retrouver le goût de leurs cigarettes, et ainsi s’orienter vers des arômes parfumés faisant appel au plaisir.

o Dosage de la nicotine dans les e-liquides : Le besoin en nicotine est non négligeable dans le sevrage tabagique. Les patients doivent choisir parmi les différents taux existants. Trouver le bon dosage en nicotine en fonction de la dépendance Le dosage en nicotine dépend de la dépendance du patient à la nicotine. Trouver le bon dosage n’est pas évident et les patients se font souvent conseiller : Entretien N° 14

ENTRETIEN N°6 « *…+ après dans le e-liquide c’est le taux de nicotine qui est important. C’est suivant la personne, combien de cigarettes elle fumait, quel type de cigarette *…+ » ENTRETIEN N°18 « *…+ j’ai une dame qui me demande combien je consommais, à l’époque c’était autour de 5-6 cigarettes par jour. Donc elle m’a proposé une cigarette équivalente *…+ Donc j’ai pris ça au départ, et la nicotine j’étais à 11 mg au début. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 68: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

66

ENTRETIEN N°4 «Un conseil…ne pas prendre tout de suite un dosage de nicotine trop faible. De ne pas faire du yoyo, c'est-à-dire je fais deux jours à tel niveau et de suite après je descends. *…+ On a chacun besoin d’un certain dosage. Il vaut mieux commencer très haut et diminuer doucement, plutôt que commencer moyennement et se retrouver le lendemain avec un paquet de clope car ça ne suffit pas. »

Importance de la nicotine pour le goût et pour le « hit » Les patients insistent sur l’importance de la nicotine. C’est un exhausteur de goût et de « hit » : Entretien N°3

ENTRETIEN N°11 « *…+ par contre je suis toujours restée à cette dose là. Parce que c’est ça qui te procure le « hit », la contraction dans la gorge, comme la cigarette hein ! Donc je ne me vois pas passer en dessous.» ENTRETIEN N°18 « *…+ le problème c’est que quand tu n’as pas de nicotine dans le liquide, il faut savoir que les saveurs sont moins fortes et du coup tu peux avoir l’impression de « vapoter » dans le vide et c’est moins agréable. »

Cette dépendance s’estime par le nombre de cigarettes fumées et sa marque. Les conseils dans les magasins paraissent utiles. Le risque du sous-dosage est de ne pas compenser ses besoins et de se retrouver en manque. La nicotine permet aussi aux patients de mieux ressentir les saveurs des e-liquides de même que le « hit ».

Comportement du « vapoteur » dans le cadre du sevrage tabagique :

o Méthode de « Vape » différente de l’acte de fumer : Le « vapotage » est une méthode qui présente des similitudes mais aussi beaucoup de différences avec les cigarettes classiques. On retrouve tout un apprentissage pour cette utilisation. Apprentissage de la « vape » : méthode d’aspiration La méthode d’aspiration sur la CE est différente de la cigarette classique, elle s’apprend : Entretien N°6

ENTRETIEN N°4 « Au début oui…ça m’a fait tousser les 2-3 premières prises mais c’est parce que je pense que l’on ne vapote pas comme l’on fume. Les premières bouffées de cigarette électronique sont compliquées. Parce que l’on aspire beaucoup trop de fumée, on se sert de la cigarette électronique comme de la cigarette normale et il n’y en a pas besoin. Une aspiration douce ça suffit amplement. *…+ Si on tire dessus comme une cigarette, heu non ! Tirer est un mot qui va bien avec la cigarette mais qui ne va pas du tout pour l’utilisation de la cigarette électronique. » ENTRETIEN N°16 « *…+ j’ai tiré dessus et je me suis brûlé. Ouais j’avais pas bien compris le système…tu as l’appel d’air, la puissance…on t’explique mais quand tu l’as, tu es loin de tout ça…Et tu tires, tu tires ! *…+Et après tu t’habitues à ça »

Apprendre à changer son geste Le geste aussi est différent. Le « vapoteur » n’utilise plus l’index et le majeur, mais fait une pince pouce-index : Entretien N°8

ENTRETIEN N°13 « Avec la clope électronique, c’est une autre gestuelle. Mais au début c’était un peu chiant, parce que bon on a toujours la gestuelle de l’index et du majeur de la clope, mais après il faut trouver un peu la bonne position pour bien vapoter*…+. Après moi je la fumais, comme ça quoi (mime le geste avec la pince pouce index), c’était l’index qui appuyait sur le bouton, et je la tenais derrière avec le pouce, donc déjà la gestuelle elle avait changé. Au début c’est un peu chiant, mais après on prend l’habitude, c’est une autre habitude. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 69: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

67

Apprendre à entretenir sa cigarette électronique La CE n’est pas toujours facile d’utilisation. Les « vapoteurs » doivent apprendre à la gérer et à l’entretenir : Entretien N°2, 3, 4, 7, 16

ENTRETIEN N°18 « Par contre j’ai quand même du batailler entre guillemets pour m’y habituer. Parce que c’est pas seulement le fait de prendre sa clope dans le paquet et l’allumer. Là il y a tout un entretien, il y a des saveurs qui parfois sont dégueulasses, qui ont des goûts de brûlé, c’est particulièrement dégueulasse (grimace). Il faut s’y habituer à tout ça, au fait de l’entretien *…+Bon recharger ses batteries c’est comme son téléphone ça n’a rien de compliqué mais faut le faire tous les soirs. Il faut la nettoyer régulièrement, il faut changer les mèches…Enfin quand même il y a tous ces aspects là, parfois on a pas le rendu que l’on voudrait, donc faut aller voir, la dépecer pour voir dedans ce qui ne va pas, si c’est la mèche qui est mal mise, est-ce qu’il faut la nettoyer…Il y a des tas de petites bricoles que j’ai appris au fur et à mesure en fait.»

Prévoyance des pannes et du matériel La gestion du matériel n’est pas aisée. Parfois le « vapoteur » peut se retrouver en panne pour diverses raisons, et alors être tenté de refumer. Certains patients suggèrent l’importance de prévoir ces pannes et d’avoir du matériel de secours : Entretien N°3, 8 ENTRETIEN N°16 (conseil) « Moi je ferai en sorte de n’être jamais en déficit, jamais être en manque. C'est-à-dire que j’achèterai deux réservoirs, deux batteries, quelques bouteilles de liquide d’avance, quelques mèches d’avance *…+ Donc il y a quand même ce coté addict, tu prévois un peu comme un toxicomane, j’en ai conscience. Mais à cette condition fait qu’avec les années, le temps, ben tu descends ta consommation de nicotine petit à petit et après il te reste plus que le sympa *…+ »

o Temporalité de la « vape » différente : Les entretiens permettent d’identifier des différences concernant la fréquence et la durée d’utilisation de la CE. Perte du repère de fin La cigarette classique se consume et a alors une fin. Les « vapoteurs » perdent ce repère avec la CE : Entretien N°7, 18, 17

ENTRETIEN N°11 « *…+…enfin c’est pas exactement pareil c’est sûr…Il y a pas…comment dire tu aspires sur ta cigarette, elle se consume…c’est pas tout à fait pareil. » ENTRETIEN N°3 « Oui et bien je l’ai tout le temps avec moi ça c’est sûr. Une cigarette…et bien on grille sa cigarette jusqu’à la fin. *…+Mais la vape c’est désorganisé »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 70: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

68

o Deux méthodes de « vape » en termes de temporalité : À cause de cette perte de repère, la « vape » apparait plus désorganisée, bien que les « vapoteurs » reconnaissent avoir deux modes de « vape » :

- « Vapotage» intermittent

Le patient peut se contenter selon l’envie de tirer juste plusieurs fois quelques lattes sur une courte durée :

ENTRETIEN N°18 « Et là c’est très intermittent, comment dire, c’est une bouffée, deux bouffée et j’arrête *…+ au final on peut se contenter de fumer deux lattes, de la reposer puis la reprendre après *…+ » ENTRETIEN N°4 « C’est plus rapproché, mais des prises plus courtes. Alors que la cigarette c’est long. Alors que là c’est une prise mais énormément de prises sur une journée. Mais la quantité reste amoindrie *…+ c’est plus par à coup, plus à l’instant T, à l’instant où le besoin s’en fait ressentir *…+ »

- « Vapotage » en continu

Ou bien il peut se mettre à « vapoter », c'est-à-dire utiliser la CE sur une plus longue période :

ENTRETIEN N°7 « *…+ sauf que les soirs par exemple où je me mets devant la télé *…+ si on est captivé et pris dans un film…heu la cigarette électronique des fois on peut la fumer une demi-heure.»

Quelques lattes par intermittence ou « vapotage » en continu Un des patients résume ce phénomène :

ENTRETIEN N°3 « Il y a deux choses différentes. La première est que je peux juste tirer une taffe dessus et la reposer sur le bureau. Même juste pour le goût. Ou bien dans une discussion ou dans une soirée, je m’en rends pas compte quoi, et je vape comme on dit…en continu. Donc ça fait les deux. »

o Quantification de la « vape » différente :

De même il est retrouvé avec la CE des différences pour quantifier la consommation : Mesure de la consommation du tabac par le nombre de cigarettes et de paquets Les fumeurs jaugent leur consommation à partir du nombre de cigarettes ou de paquets fumés :

ENTRETIEN N°18 « Sur la fin je fumais 5 cigarettes par jour.» ENTRETIEN N°5 « Du coup pendant presque dix ans j’ai dû fumer presque un paquet par jour pratiquement. »

Mesure de la « vape » par le nombre de lattes Les « vapoteurs » estiment leur consommation à travers le nombre de bouffées :

ENTRETIEN N°11 « Hooo…je la garde avec moi environ deux heures, et je vapote un petit peu. Combien de lattes je prends, je sais pas, je ne m’en rends pas bien compte. Peut être une quinzaine. » ENTRETIEN N°9 « Alors je suis super content de l’avoir tu vois, en soirée je vais tirer une quinzaine de lattes dessus, donc ça représente peut être une clope et demi quoi ! »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 71: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

69

o Un rituel dans la « vape » similaire à la cigarette classique : Les patients « vapotent » dans les mêmes contextes que ceux de la cigarette classique : Entretien N°7, 6, 18, 15

ENTRETIEN N°2 « Pareil que la cigarette…Au quotidien…par exemple avant d’aller au boulot je tire juste deux taffes…avant je fumais une cigarette entière et maintenant je tire deux lattes sur ma cigarette électronique. Puis le matin au travail je fume pas spécialement. Mais parfois je prends une petite pause et je vais fumer comme si j’allais fumer une cigarette. Un peu à midi, un peu après le repas avec le café. Ça c’est relativement pareil. »

Bien que certains décrivent quelques dissimilitudes sur la façon de procéder :

ENTRETIEN N°13 « Ben il fallait que je boive d’abord mon café le matin, et après je vapotais. C’était pas une gorgée de café et une taffe de clope. C’était différent. »

o Les « vapofumeurs » : Objectif réduire la cigarette classique Quelques patients ont pour objectif premier de réduire leur consommation tabagique. Ils utilisent alors la CE dans des contextes à risque où en général ils fument beaucoup : Entretien N°8, 10, 17

ENTRETIEN N°1 « En revanche quand je sors j’en ai toujours une sur moi (de e-cigarette) et c’est une victoire quand je rentre et qu’il reste la moitié de mon paquet de cigarettes. Donc je l’utilise vraiment quand je suis en sortie, quand je bois de l’alcool où que je vois des gens. Et j’arrive à faire une soirée avec lors de mes sorties festives. Et j’en suis satisfaite ! »

o Les « Vapogeeks » : Cigarette électronique comme passion Certains usagers sont devenus des passionnés. Ils sont experts en la matière, et utilisent du matériel de pointe complexe. Ce sont les « vapogeeks » :

ENTRETIEN N°3 « C’est devenu une passion. J’en ai pas mal (rire). J’ai des Mods électroniques, des Mods mécaniques. Beaucoup de Mods mécaniques. J’en ai un ici…voilà ça c’est un Mod mécanique qui est fabriqué en Grèce. C’est pratiquement des pièces uniques…le gars il n’en a pas fait beaucoup. *…+ Puis il y en a plein ce sont des geeks comme on dit. Eux ils s’y connaissent. »

Fabrication de matériel et d’e-liquide Les « vapogeeks » sont capables de fabriquer matériel et e-liquide afin d’obtenir une « vape » de qualité : Entretien N°7

ENTRETIEN N°3 « J’ai mon petit atelier, je fais mes produits moi-même, enfin mes mélanges moi-même. Je fais mes résistances moi-même pour avoir un truc qui me convienne le mieux. *…+Et puis mon coton aussi ! (rire) Ça permet de varier plein de paramètres pour arriver à quelque chose de bien. On peut régler l’arrivée d’air par exemple aussi…enfin c’est comme une usine à vapeur! »

Rituel dans l'entretien du matériel

Les « vapoteurs » décrivent un nouveau comportement, le rituel dans la gestion et l’entretien du matériel :

Entretien N°7, 18

ENTRETIEN N°3 « Il y a le rituel de faire sa résistance soit même, faire sa mèche qui va dedans. Ça c’est un rituel maintenant »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 72: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

70

o Évolution de la « vape » avec le temps : La consommation de la CE en termes de quantité évolue en général avec le temps.

- Au début nécessité d’une utilisation importante afin de se sevrer du tabac

Les patients décrivent une utilisation intensive dans les débuts qui serait liée au phénomène de sevrage :

Entretien N°2, 6, 9, 10

ENTRETIEN N°16 « Oui…pour la première cigarette électronique, dû à l’addiction, j’étais collé dessus ! C’est à cette époque où je me brulais les lèvres tellement je tirais tirais tirais ! *…+ Je reviens sur ma théorie des 15 jours où tu dois te sevrer en fait ! » ENTRETIEN N°4 « Au début non, c’est du constamment, comme le tabac. Au début, il n’y a pas de super man, c’est continuel *…+ Disons que l’on supprime l’habitude, au début je pense que c’est l’habitude qui manque et c’est ce qui fait qu’on est tout le temps en train de pomper dessus. »

- Avec le temps diminution des besoins

Puis progressivement les besoins diminuent avec le temps :

Entretien N°9

ENTRETIEN N°16 « *…+ au départ, on tape très fort dans les watts, c'est-à-dire dans la résistance, et aujourd’hui…parce qu’il y a deux choses, il y a non seulement la nicotine, mais il y a également la force, la puissance…Et moi avec le temps j’ai appris à jouer sur les deux. J’ai peu besoin de puissance et j’ai pas besoin de nicotine. Je descends même la puissance encore parce que parfois c’est un peu fort je trouve. Et je garde le bon coté du contact, du « hit ».»

Diminution dosage nicotine Plusieurs patients décroissent naturellement leur taux de nicotine avec le temps jusqu’à parfois s’en passer : Entretien N°3, 16, 18

ENTRETIEN N°9 « Six, donc l’équivalent de ce que je fumais je pense…moi j’étais à 10, 15 clopes par jour. Et maintenant zéro nicotine. » ENTRETIEN N°15 « Alors au niveau de la nicotine j’ai réduit…J’ai commencé à 11 mg, mais c’est trop fort en fait…Là j’en suis à 6…Donc j’ai pris 6 avec du 0, parce qu’ils font pas 3, donc je fais 6+0, je mélange.» ENTRETIEN N°16 « *…+ avec les années, le temps, ben tu descends ta consommation de nicotine petit à petit et après il te reste plus que le sympa. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 73: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

71

Diminution de la « vape » avec le temps

De même, quelques patients signalent moins « vapoter » à la longue :

*Diminution de l’addiction

Le besoin lié à l’addiction se fait moins ressentir, disparition des compulsions connues sous l’effet du tabac, le patient explique pouvoir se passer de sa CE :

Entretien N°16

ENTRETIEN N°18 « Et là actuellement je travaille en 12 heures, je m’en passe pendant 12 heures ! Pendant 12 heures je ne vais pas vapoter *…+ Alors qu’avec la clope à l’époque, je ne pense pas que j’aurai passé 12 heures sans aller fumer une clope» ENTRETIEN N°9 « Tout le temps, au début je l’utilisais tout le temps, comme la clope ! Et ça évolué que je l’ai oublié ! Ben tu sais le matin tu pars, pwaou t’as pas ta clope ! Ben tu l’as pas ! Tu fumes pas ! Arf non je peux pas me racheter des clopes normales ! Ça pue ! Et puis finalement tu la prends plus du tout de la journée, et tu fumes plus que le soir. Ma cigarette électronique est restée à la maison, je ne l’ai pas pris depuis hier soir. Et ça pour moi c’est génial ! »

*Finissent par « Vapoter » pour le plaisir Certains patients décrivent ne plus ressentir l’addiction, ils « vapotent » peu, seulement pour le plaisir : Entretien N°9

ENTRETIEN N°11 « Comme je disais, je ne vapote pas de la journée. Ben c’est mon petit plaisir tu vois le soir après manger. Heu voilà, je vais m’installer devant ma télé, sur mon canapé et je vais vapoter un peu. C’est vraiment mon petit instant plaisir. » ENTRETIEN N°16 « Et moi aujourd’hui je suis dans le sympa, c'est-à-dire que je n’ai plus de nicotine, et si je l’ai pas…ben je l’ai pas. Mais si je l’ai j’aime bien ! Voilà. »

Les patients nous apprennent que pour bien « vapoter » il faut se procurer du matériel de bonne qualité adapté aux besoins de la personne. C’est un marché en pleine expansion, et choisir correctement sa CE et son e-liquide demande informations de base et conseils. Le « vapotage » est une méthode différente à apprendre que ce soit pour le geste, l’aspiration ou la gestion du matériel qui demande un certain investissement. Les patients décrivent une phase de sevrage où ils utilisent excessivement leur CE, pour ensuite progressivement diminuer leurs besoins en nicotine, et parfois de s’en abstenir totalement.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 74: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

72

Vécu de l’utilisation de la cigarette électronique dans le cadre du sevrage tabagique : Cette partie se consacre à relater le vécu des patients dans l’utilisation de la CE au cours de leur sevrage. Il sera détaillé les avantages qu’ont exprimés les patients à l’égard de la CE, mais aussi les inconvénients pouvant être cause d’échec. Les patients seront aussi interrogés sur la dépendance ressentie au cours de cette utilisation.

Avantages de la cigarette électronique :

o Efficacité ressentie sur le sevrage tabagique :

- Vécu comme un bon substitut du tabac Ressemble à l’acte de fumer : Ressenti de la vapeur visible/Geste/ Nicotine Les patients indiquent l’importance d’avoir un substitut similaire à la cigarette classique. Ils ont besoin de retrouver leur comportement de fumeur pour être mieux soulagés, l’apport seul de la nicotine n’est pas suffisant : Entretien N° (tous)

ENTRETIEN N°10 « Et heu…ben cigarette électronique parce que il y a le coté où l’on aspire, où on a l’impression de fumer quoi. Donc il y a quand même le geste, ouais il y a tout ce qui va avec...sans l’odeur ! » ENTRETIEN N°8 « Parce qu’en fait tout ce qui est ennuyeux c’est pas le manque de nicotine ! *…+ Mais c’est d’avoir ce geste et la fumée, voilà c’est ça !»

Le « hit » : Besoin d’aspirer et de sentir la vapeur passer Le besoin d’aspirer une vapeur visible et de ressentir son passage dans la gorge est décrit comme essentiel : Entretien N° (tous)

ENTRETIEN N°18 « La fumée qui circule dans la gorge… Il y a le fait de sentir la bouffée, ce qu’ils appellent le « hit », ce fameux truc, c’est ça peut être qui est le plus important, qui retient le plus. » ENTRETIEN N°3 « Oui car c’est comme ce que disent les « vapoteurs », c’est le « hit ». C'est-à-dire que quand on avale une bouffée de vapeur, ça se resserre dans la gorge et ça c’est super agréable. C’est super important. D’ailleurs tous les geeks, en l’occurrence, recherchent le meilleur « hit », c'est-à-dire pas trop, pas assez…il faut que ce soit pile poil ! Donc ça c’est assez important. »

Besoin d’une gestuelle, même si différente selon les modèles La tenue de l’objet et le besoin d’avoir un geste apparait important, même si certains modèles de CE créent des différences : Entretien N°17

ENTRETIEN N°11 « Ça m’avait plu parce que tu avais vraiment le même geste ! *…+ tu la tenais comme une cigarette classique. » ENTRETIEN N°16 « Ce qui me manquait c’était vraiment le coté…souvent on dit que le fumeur il a besoin de la nicotine, des produits bien sûr, mais il a besoin du geste *…+ » ENTRETIEN N°8 « *…+ je la fume comme ça (en me montrant comment elle vape avec la pince pouce index) *…+ je pourrai aussi avoir un fume cigarette, c’est très élégant…Je trouve ça très élégant en plus ! »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 75: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

73

Besoin de la nicotine avec apport discontinu

Soulager la dépendance physique par la nicotine est considéré aussi cruciale. Et un avantage reconnu par les patients est l’apport discontinu similaire à la cigarette classique :

Entretien N°1, 2, 4, 9, 16, 17

ENTRETIEN N°5 « Il n’y a pas de sensation de manque en remplaçant par la cigarette électronique…il y a vraiment un problème de nicotine. À partir du moment où il y en a ça marche. Je pense que ça marche très bien par le fait qu’il n’y ait pas de sensation de manque parce que ça reste comme une cigarette c'est-à-dire que c’est un apport immédiat de nicotine contrairement aux patchs qui vont diffuser toute la journée là on a vraiment un pic à un moment donné. »

Cependant, l’apport de nicotine est ressenti comme moins intense comparé au « shoot » nicotinique de la cigarette classique :

Entretien N°7 ENTRETIEN N°2 « Et puis la nicotine je la sens différemment…c’est peut pas la même façon de l’ingérer. Peut être qu’elle monte moins vite. »

- Effet sur la consommation de tabac

Réussite du sevrage tabagique

Une majorité des participants sont fiers d’annoncer leur succès quant à leur sevrage tabagique :

Entretien N°2, 3, 6, 7, 8, 15

ENTRETIEN N°11 « Ha oui oui, tout de suite. Du jour au lendemain j’ai arrêté le tabac. Dès que je suis passée à la cigarette électronique, c’était finit. » ENTRETIEN N°18 « Oui, je ne fume plus depuis deux ans, je n’ai pas touché une clope depuis deux ans quasiment. »

Pour certains sevrage complet : Tabagique et nicotinique

Deux participants de l’étude confient s’être sevré du tabac et de la nicotine :

ENTRETIEN N°16 « Je me dis aujourd’hui, j’ai plus le problème du tabac. J’ai plus l’addiction à la nicotine.» ENTRETIEN N°9 « *…+ au niveau sevrage tabagique j’y suis arrivé parce que je suis à zéro nicotine. J’étais quand même à un paquet de clope, du jour au lendemain un paquet de clope à la petite « eGo » quoi ! *…+ ouais plus de deux ans et demi que je ne fume plus ! (en me regardant satisfait) »

Aide à la réduction du tabagisme : « Vapofumeurs »

Pour les autres participants, la CE les aide à diminuer leur consommation, et pour quelques uns leur consommation de tabac est devenue mineure :

Entretien N°5, 8, 10, 17

ENTRETIEN N°1« Pour ma réduction de tabac, passer de 8 à 4 paquets de cigarettes, c’est plutôt positif ! J’arrive à fumer moins de 4 paquets de cigarettes par semaine. *…+ Mais ça m’a permis de réduire énormément ! » ENTRETIEN N°4 « Et bien elle a réduit à 99%. *…+ les mauvais jours je dois fumer trois, quatre cigarettes. Et les bons jours aucune. Ça a été relativement rapide. Alors qu’avant les bons jours je fumais 30 cigarettes. Les mauvais jours je montais à 50 ! »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 76: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

74

o Vécu sevrage tabagique :

Sevrage plus facile

La moitié des patients considèrent le sevrage tabagique plus aisé avec la CE, le syndrome de manque se fait moins ressentir :

Entretien N° 3, 5, 6, 7, 9, 11, 18

ENTRETIEN N°17 « Alors la première que j’ai acheté une cigarette électronique c’était en pharmacie *…+ Donc je me suis dit je vais essayer avec ça, si ça se trouve ça marchera. Et en fait je n’avais pas eu envie de cigarette de toute la journée, alors qu’en principe il me la faut ! » ENTRETIEN N°2 « Je la conseillerai aux autres pour arrêter le tabac car c’est facile, surtout si on trouve la bonne cigarette qui s’adapte à la personne…celle qui te correspond. »

Aide à réduire l’addiction à la cigarette

Pour certains patients la CE est moins efficace, mais ils reconnaissent qu’elle permet de réduire leur addiction :

Entretien N° 8, 10

ENTRETIEN N°1 « Je sens que j’ai besoin d’être aidée et cet objet m’aide un petit peu. Il me permet de réduire en tout cas mon addiction. » ENTRETIEN N°4 « À mon avis c’est excellent moyen, enfin pour arrêter je ne sais pas, mais du moins pour modérer la consommation de cigarettes. Faut quand même rester dans des termes pas trop forts ! »

Aide psychologique : Caractère apaisant et aide pour les situations à risques

La CE est vue comme un substitutif qui apaise et soulage les envies compulsives lors des situations à risque :

ENTRETIEN N°16

ENTRETIEN N°6 « Mais psychologiquement aussi, ça joue énormément de l’avoir, des fois je m’en sers pas du tout en soirée mais avant je l’avais pas. Mais du coup je me tirais les cheveux. Maintenant j’ai cette chose qui me rassure.» ENTRETIEN N°4 « Mon père est mort et ça ne m’a pas empêché de ne fumer que la cigarette électronique donc voilà ! Le plus dur ça a été cet évènement, mais ce n’est pas pour cela que je suis allé acheter un paquet de cigarettes. »

Pas une aide magique : Ne se substitue pas à la motivation

Plusieurs insistent sur le fait que la CE n’est pas une aide magique et le sevrage tabagique nécessite malgré tout une certaine motivation et détermination :

Entretien N°1, 11, 18

ENTRETIEN N°5 « Je pense que c’est un bon moyen mais il faut trouver aussi une autre source de motivation pour arrêter le tabac. *…+ je pense que la cigarette électronique seule ce n’est pas suffisant. » ENTRETIEN N°16 « Et souvent ce que je dis aux gens qui commencent la cigarette électronique et qui me disent je tiens pas, je leur dis il y a quinze jours super durs ! Et après on commence à prendre l’habitude. *…+ Faut être déterminé et puis il faut en voir les bénéfices ! »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 77: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

75

Les « vapoteurs » se dégoûtent du tabac

Un phénomène décrit par quelques patients est le dégoût pour la cigarette majoré par le sevrage avec la CE :

Entretien N°3, 7

ENTRETIEN N°18 « A l’heure actuelle je vois les autres fumer, ça m’écœure, ça ne me fait plus du tout envie, je parle bien sûr de la cigarette classique. » ENTRETIEN N°9 « Ouais carrément ! Je n’y reviendrai pas ! Ça m’indispose à un point que tu ne peux même pas imaginer ! Ça me pique…ça me donne presque…heu, ça me met mal à l’aise ! *…+ la clope ça pue !»

o Effet bénéfique sur la santé :

Les patients informent ressentir des améliorations de leur état de santé durant l’utilisation de la CE :

Entretien N°2, 5, 6, 7

ENTRETIEN N°16 « *…+ en plus j’ai vraiment eu tous les fruits de mon arrêt de la cigarette. J’ai eu l’odeur, mon corps, ma peau…j’en ai vraiment eu, tous les avantages d’un coup ! C’est pour ça que je ne retournerai pas dans la clope ! J’étais gris avant…beurk ! Là je suis bien ! Ce coté bien être, ce coté respirer…Allez jusqu’au fond de ses cavités respiratoires…de ses capacités…de pouvoir respirer un grand coup sans devoir tousser *…+ » ENTRETIEN N°3 « Et bien déjà la grosse toux du matin, voire même des fois dans la journée et bien ça s’est arrêté assez vite. *…+ Le souffle aussi parce que j’étais tout le temps essoufflé, c’était une horreur ! Je suis encore un peu essoufflé mais bon pas comme avant. L’odorat…en bien et en mal ! *…+Et le goût ! »

Effet bénéfique sur l'apparence physique

Certains racontent une amélioration de leur apparence physique, notamment pour la peau et les phanères :

Entretien N°6, 16

ENTRETIEN N°1 « Mais c’est vrai que quand j’ai passé une soirée, par exemple au resto à ne fumer que la cigarette électronique et bien le lendemain j’ai l’impression d’avoir *…+ une plus jolie peau quand j’ai arrêté de fumer pendant une soirée. J’ai l’impression que j’ai les cheveux moins cassants… »

De plus, l’utilisation de la CE pour le sevrage tabagique éviterait de prendre trop de poids selon certains dires :

Entretien N°9

ENTRETIEN N°16 « Et ça coupe l’appétit aussi je pense, comme la clope. *…+ Tous mes copains qui ont arrêté on va dire entre 5 et 10 ans, et qui eux ont arrêté par volonté, ben ils ont tous pris 15 kg qu’ils n’ont jamais perdu ! Moi ce n’est pas mon cas. »

o Effet bénéfique psychologique :

La satisfaction de sortir de la dépendance du tabac

Quelques patients décrivent ressentir un bien être en se libérant de la dépendance tabagique grâce à la CE :

Entretien N°6, 7

ENTRETIEN N°18 « Au niveau psychologique il y a une forme de libération aussi, de s’être débarrassée de l’emprise du tabac *…+ » ENTRETIEN N°9 « Mais on était tellement content de sortir de la clope *…+ »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 78: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

76

o Notion de plaisir dans la « Vape » :

Les patients confient retrouver dans le « vapotage » un nouveau plaisir ce qui les satisfait : Entretien N°2, 11

ENTRETIEN N°1 « *…+ je prends du plaisir à « vapoter » mais c’est un plaisir différent. Mais j’ai du plaisir ! » ENTRETIEN N°16 « J’ai un appareil qui m’amène que du bonheur, qui ne me fait pas de mal, qui me calme les nerfs quand j’en ai besoin. Pourquoi arrêter ? Ce serait con !»

Plaisir du geste :

Entretien N°8

ENTRETIEN N°18 « Oui. J’aime bien la gestuelle c’est sûr *…+»

Plaisir de la vapeur visible :

Entretien N°7

ENTRETIEN N°3 « Après…je ne sais pas, ça doit être psychologique mais c’est la quantité de vapeur que ça peut produire. Ça dépend des fois, mais j’aime bien quand ça fait beaucoup de vapeur. » ENTRETIEN N°5 « *…+ on ne perd pas les jeux avec la fumée. »

Plaisir du « hit » :

Entretien N°3, 6, 7, 9, 11, 17, 18

ENTRETIEN N°16 « Ce qui me manquait *…+ c’est cette sensation, que je ne peux décrire autrement que par les mots que je vais employer, c’est cette sensation quand tu avales la fumée. Cette sensation qui te remplit. Voilà, le « hit », moi j’ai plus que ça aujourd’hui, et ça me comble ! » ENTRETIEN N°2 « Ce que j’aime bien dans la cigarette électronique…ouais la sorte de fumée…et puis j’aime bien le « hit », c'est-à-dire la sensation dans la gorge lorsque l’on tire sur la cigarette… *…+ »

Plaisir du goût :

Entretien N°1, 2, 3, 4, 7, 13, 15, 16

ENTRETIEN N°18 « Et il y a aussi les saveurs malgré tout. Je ne pense pas que ça marcherait autant sans tout ça. *…+ il y a quand même une recherche de plaisir dedans. » ENTRETIEN N°8 « *…+ j’ai pris fruits rouges, des choses comme ça qui me faisaient plaisir. Et je prends plaisir à la fumer. »

Plaisir de bricoler :

ENTRETIEN N°3 « Moi si on me vend que des trucs tout prêts…déjà ça va pas être bon et en plus ça va m’enlever le plaisir de bricoler, donc on a été beaucoup à avoir eu peur de ça ! »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 79: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

77

o Avantage de l’odeur moins incommodante de la CE :

Avantage pour l’entourage : peu de « vapotage » passif

La vapeur de la CE se dissipe rapidement dans l’air et l’odeur est souvent agréable. Ainsi les patients pensent moins gêner leur entourage en termes d’effluve et de toxicité :

Entretien N°2, 4, 7, 10, 11, 17

ENTRETIEN N°18 « Ça pue pas ! Ça c’est primordial ! (rire). Je pense moi que c’est moins incommodant pour l’entourage que la clope, même si des fois ils ressentent un peu la vapeur.» ENTRETIEN N°9 « Et bien c’est plus ou moins ce que je disais tout à l’heure, ça ne t’indispose pas, ça n’indispose personne. Que logiquement dans le peu que j’ai lu, les enquêtes /contres enquêtes que j’ai vu à la télévision, la vapeur reste quelques secondes dans l’air donc c’est peu nocif pour celui qui est à coté. »

L’odeur de la « vape » ne reste pas

Les patients sont heureux de ne plus imprégner eux-mêmes, leur entourage ou leur lieu de vie de la fumée de la cigarette. L’odeur de la CE ne reste pas :

Entretien N°5, 7, 10, 11, 13, 17

ENTRETIEN N°18 « C’est pas du tout pareil. Tu n’as pas les habits imprégnés. » ENTRETIEN N°9 « Vraiment ça pue pas, tu pues plus de la gueule. Tu peux rentrer et rouler une pelle à ta femme le soir, tu sens pas la clope !»

o Avantage du caractère inodore pour « vapoter » partout :

Le caractère inodore de la CE (odeur qui ne reste pas) et l’absence de législation limitant son utilisation dans les lieux publics pendant un certain temps font qu’il existe une certaine liberté d’usage :

« Vapotage » dans les endroits interdits au tabac

ENTRETIEN N°10 « *…+ je vais fumer dans des lieux ou a des moments où je ne pourrais pas fumer. Du coup c’est agréable. Ça c’est bien ! » ENTRETIEN N°3 « *…+ il y avait des endroits où on ne pouvait pas fumer. Là on peut quasiment « vaper » partout sans problème. »

« Vapotage » chez soi

Certaines personnes se sont remises à « vapoter » dans leur maison du fait de l’absence d’odeur :

Entretien N°5, 7, 11, 16, 17

ENTRETIEN N°9 « Et puis aussi le plaisir de refumer entre guillemets, ce qui n’est pas forcément très bon non plus, à la maison…je refume un peu à la maison, donc ça sent pas le tabac *…+ »

« Vapotage » au travail

D’autres se permettent de « vaper » sur leur lieu de travail malgré l’interdiction :

Entretien N°5

ENTRETIEN N°8 « Parce que je fume discrètement dans mon bureau. Comme on ne me voit pas, ça sent pas, c’est très bien. *…+ et d’ailleurs au début quand je fumais dans des réunions, personne ne me remarquait »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 80: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

78

o Aspect financier :

Investissement lors du premier achat

Lors de leur premier achat, les patients déclarent réaliser un investissement financier non négligeable :

Entretien N°7, 12

ENTRETIEN N°1 « Au niveau du coup ça m’a coûté la première fois environ une centaine d’euros environ. J’avais le pack avec deux batteries et plusieurs embouts. Et deux bouteilles de liquide afin de tenir environ deux mois » ENTRETIEN N°9 « Après j’ai fait vite le calcul, je me suis dis putain il y a 50 balles d’investissement, je ressens la même chose quand je fume, je me suis trouvé finalement devant un produit qui me correspondait ! »

Avantage financier malgré l’investissement du premier achat

Cependant, une fois passé l’investissement du premier achat, les patients affirment faire des économies :

Entretien N°8, 9

ENTRETIEN N°16 « Et puis le coût bien moindre que les cigarettes ! Bien bien moindre, rien à voir ! Alors ça a tout de même augmenté en deux ans, il y a eu une explosion des produits. Bon ça me parait être dans l’ordre des choses. *…+ Mais le coût est bien moins inférieur…moi je fumais des Partagas…la boite est à 35 euros ! Donc je suis gagnant gagnant ! » ENTRETIEN N°5 « Au niveau financier aussi…à vue de nez je dois économiser 80 euros par mois ! »

o Avantage matériel :

Plus pratique que la cigarette

Le caractère pratique de la CE est suggéré par deux patients, ils ont un stock de matériel à la maison et n’ont pas besoin de courir au bureau de tabac :

Entretien N°12

ENTRETIEN N°11 « Et puis…heuuu…c’est vrai que c’est pratique aussi. Par rapport aux cigarettes, faut que tu ailles acheter ton paquet, des fois tu dis mince j’en ai plus, faut que j’aille au tabac. Ça a son coté pratique, tu as ton e-liquide…moi je ne vapote pas non plus énormément, donc ça me dure longtemps. »

Aspect esthétique de l’objet

Certains participants ressentent une satisfaction de par la beauté de l’objet :

Entretien N°11

ENTRETIEN N°13 « Et moi j’en avais pris une toute colorée, vraiment féminine… » ENTRETIEN N°3 « Et en plus ce sont de jolis objets...j’aurai dû en amener d’autres. Il y en a qui sont gravés…enfin je sais pas…il y a autre chose ! Autre chose que la cigarette, la cigarette c’est laid ! Et puis les paquets de cigarettes sont encore plus laids avec tout ce qu’ils mettent dessus. »

Le sevrage tabagique avec la CE est vécu comme efficace car elle substitue les différentes facettes de la dépendance tabagique. Elle soulage la dépendance physique par l’apport de nicotine en discontinu. Les patients compensent leur comportement de fumeur par une gestuelle bien que différente. De plus ils trouvent dans la CE une aide psychologique pour les envies compulsives et les situations à risque, bien qu’elle ne remplace pas la motivation. Au travers des discours émane le sentiment de plaisir dans la gestuelle, la vapeur visible mais surtout du plaisir ressenti dans la gorge : le « throat hit » ainsi que le plaisir gustatif des arômes. Les patients ressentent physiquement une amélioration, de même qu’un bien être de sortir de la dépendance tabagique. La liberté d’usage par le caractère inodore, la moindre nocivité et désagrément pour l’entourage sont reconnus comme des atouts. L’avantage financier est décrit comme non négligeable par les patients.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 81: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

79

Désavantages de la cigarette électronique et causes d’échecs dans le sevrage tabagique :

Cette partie a pour objectif de détailler les désavantages ainsi que les causes d’échec rencontrées dans ce type de sevrage, qu’elles soient en lien avec la CE ou le patient.

o Désavantages et causes d’échecs liées à la cigarette électronique :

- Aspect technique et matériel

Apprentissage de son utilisation et de son entretien

La CE peut être considérée comme une nouvelle technologie, et les patients décrivent un certain apprentissage à acquérir pour une utilisation correcte, ce qui peut décourager certains :

Entretien N°3, 4, 7, 16

ENTRETIEN N°2 « L’autre inconvénient c’est qu’il faut bien savoir s’en occuper car sinon ça peut vite partir dans des trucs cramés, des goûts dégueulasses. Mais ça bon ça vient avec l’expérience, maintenant je n’ai plus de problème avec ça. » ENTRETIEN N°18 « Moi je pense qu’il faut une certaine motivation parce que sinon on peut vite la lâcher, il faut quand même un peu persévérer dans le système pour que ça marche. Il ne faut pas attendre que ce soit miraculeux. Ça demande un investissement pour continuer la dedans *…+. Pour les personnes que je connais et qui ont eu des cigarettes électroniques, ils l’ont en général abandonnée en général pour ça. Ils la gardent de temps en temps, par intermittence, mais ce n’est pas resté la cigarette de tous les jours. »

Gestion du matériel

La CE rechargeable est un appareil électronique et sa gestion consiste à réalimenter la batterie, à recharger les clearomisers en e-liquide, et à changer les consommables (résistances, mèches etc.). Cet ensemble peut être considéré comme un inconvénient :

Entretien N°3, 4, 7, 16, 18

ENTRETIEN N°14 « Et puis il faut penser à les recharger ! (rire) Enfin pénible non…mais on ne peut pas se rendre compte vraiment de quand elle va nous lâcher la batterie ! » ENTRETIEN N°17 « Le coté, pareil dans la fiole on ne sait pas combien de temps ça va nous faire, donc c’est toujours ben on peut en manquer. Ou la batterie d’un coup tombe en rade et on en a pas d’autres. Alors qu’avec un paquet on sait exactement combien on en a.»

Rupture ou perte du produit

Certains patients reconnaissent rechuter s’ils se retrouvent dans une situation où ils n’ont plus leur CE. Par exemple s’ils la perdent :

ENTRETIEN N°8 « Et puis j’ai oublié ma foutue cigarette électronique dans un endroit où j’intervenais le vendredi après-midi seulement. Je suis partie, je l’ai cherché partout mais je ne savais plus où elle était. Donc je me suis racheté des cigarettes (en parlant du coin des lèvres, pas contente).»

Ou s’ils se trouvent en panne de produit :

ENTRETIEN N°2 « J’ai rechuté quand je n’avais pas la cigarette électronique...C’est à dire il y a eu une période où je n’avais plus de produit et j’ai vite ressenti l’envie de tabac. Et comme j’avais un stagiaire qui fumait au boulot, et bien il m’en a passé une et j’ai recommencé à en acheter. Mais j’ai vite re-eu la volonté d’arrêter le tabac et j’ai juste re-acheté du produit. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 82: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

80

- Matériel de mauvaise qualité

Mauvais matériel

Comme détaillé plus haut, la CE est un produit à la mode et il existe ainsi une multitude de possibilité d’achat. La qualité des produits n’est pas réglementée, et les patients peuvent parfois se procurer des CE de mauvaise qualité et alors abandonner :

Entretien N°2, 4, 9, 11, 13, 16

ENTRETIEN N°3 « Les kits vendus à 20-30 euros, c’est pas bon parce qu’on ne sait pas ce qu’il y a dedans et parce que ça marche très mal ! Ça fuit…le goût est pas terrible... le rendu est inégal. *...+ Ça peut décourager complètement. Il ne faut pas se faire une idée tout de suite. » ENTRETIEN N°7 « Heu après il y avait des fois où j’avais acheté la cigarette premier prix…heu là c’était pareil c’était vraiment pas pareil donc c’était dur de se sevrer et d’adhérer à ça. »

Fuite de liquide

Beaucoup de patients se sont confrontés à des CE de qualité médiocre dont le e-liquide fuyait, ils insinuent que la technologie s’adapte pour éviter ce type d’inconfort :

Entretien N°4, 5, 7, 9, 16

ENTRETIEN N°2 « Sur certaines cigarettes, le liquide coulait et c’était désagréable. Je pense que sûrement ça évolue…au début c’était pas très bien perfectionné, maintenant ça commence à être mieux. » ENTRETIEN N°17 « Alors là j’ai changé pour les nouvelles cigarettes à cartouches « Logicpro », donc voilà j’ai changé pour celle-ci. Parce que j’ai taché beaucoup de pulls avec les cigarettes qui fuyaient, c’est toujours chiant, il faut un mouchoir et tout et tout…donc du coup ça devenait plus chiant et je fumais beaucoup plus de cigarettes que ma cigarette électronique qui fuyait…donc voilà j’ai pris ça, elle ne fuit pas *…+ »

Objet encombrant

L’importance de la taille de l’objet peut déplaire à certains :

Entretien N°6

ENTRETIEN N°1 « Ça pose un problème au niveau de l’importance de l’objet. C’est lourd, peu pratique. » ENTRETIEN N°8 « Par contre il en existe, ce sont des énormes trucs, non…j’ai essayé, j’ai appuyé, ben j’arrivais même pas à appuyer ! »

- Désavantages concernant le goût du e-liquide

Les patients peuvent être rebutés par les goûts retrouvés dans les e-liquide et ainsi abandonner la CE :

Entretien N° 8

ENTRETIEN N°14 « Je pense que ça n’a pas marché parce que mon liquide n’était pas adapté. La cigarette elle a vite pris le goût du cramé même en changeant les embouts…donc il fallait le changer tout le temps…Enfin c’était pas bon, non, non ! Donc du coup, de file en aiguille j’ai vite arrêté ! » ENTRETIEN N°1 « Un arrière goût dans la bouche équivalent au narguilé qui n’est pas forcement très agréable. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 83: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

81

- Vécu comme une aide insuffisante au sevrage tabagique

Sensation trop différente de la vraie cigarette

Pour certains la CE n’a pas assez de similitudes avec les cigarettes classiques, et ils n’arrivent pas à compenser entièrement leur manque :

Entretien N°8, 12, 13, 14

ENTRETIEN N°10 « Au tout début, je l’utilisais beaucoup *…+ Et j’avais beaucoup plus réduit les cigarettes. Et puis après voilà, pfff on est bête ! On se dit rhoo là c’est quand même pas pareil, donc voilà on se laisse retenter pas une cigarette et puis après on retombe dans un rythme ! » ENTRETIEN N°3 « Il y en a ils vont se dire chouette je vais retrouver mes Camels parce qu’il y a un chameau vendu dessus… (Rire) Non ça n’a rien à voir. Parce que c’est vrai que c’est différent au niveau du goût…faut essayer les produits au début...car ça n’a rien à voir avec le goût des cigarettes...faut essayer voilà quoi ! »

« Hit » pas assez efficace et sous dosage en nicotine

Le sous-dosage en nicotine, et le ressenti trop faible du « hit », deux éléments souvent intriqués, sont des freins à la réussite du sevrage :

Entretien N° 10, 14

ENTRETIEN N°12 « *…+ moi ce que j’ai identifié c’est que je fumais et je ne sentais pas dans la gorge, le « griiiii » ! Quand la fumée passe ! Je sentais pas ça, et je me suis dit ce n’est pas ce qu’il me convient. Après je suis allée voir mon buraliste chez qui je l’avais acheté, il m’a dit c’est peut être que le dosage est trop faible. Donc il m’a donné un dosage plus élevé, et puis effectivement là je sentais mieux la sensation de fumer. » ENTRETIEN N°17 « La sensation de quand on aspire c’est pas mal mais c’est pas extraordinaire *…+ Et il n’y a pas tout de même ce coté fumée qu’on a dans la gorge *…+ Le « hit » est pas assez fort ! »

Doute sur son efficacité pour le sevrage

Certains font part de leurs doutes quant à la réelle utilité de la CE dans le sevrage tabagique, notamment à cause de la dépendance comportementale et psychologique qui peut perdurer avec ce type de sevrage :

Entretien N°10, 12

ENTRETIEN N°5 « Parce que la cigarette électronique on peut considérer ça en quelque sorte comme un sevrage tabagique. Mais ce n’est pas un sevrage nicotinique. Donc comme les clopes aromatisées sont probablement encore plus addictives que les cigarettes natures entre guillemets…je pense que c’est une erreur. Et je ne suis même pas sûr que ce soit une bonne chose pour arrêter de fumer la cigarette électronique. » ENTRETIEN N°8 « La question dans l’addiction au tabac, c’est bien psychologique, et là on ne travaille pas sur le psychologique, du tout ! Donc on ne résout pas le problème, et ça ça m’ennuie fortement, réellement. Et je me dis bon sang si j’arrive à un niveau de zéro nicotine tant pis pour le coté psychologique de l’addiction *…+ Mais franchement je ne suis pas convaincue, ça n’enlève pas l’addiction avec le geste, il n’y a pas de travail la dessus. »

Geste trop différent

Deux patients se disent dérangés par la tenue différente de la CE :

ENTRETIEN N°1 « La cigarette électronique est plus importante au niveau de la forme, ce n’est pas extrêmement naturel. Le geste non plus contrairement à celui que j’ai avec la cigarette depuis des années. » ENTRETIEN N°13 « Et puis aussi une autre gestuelle à adopter. C’était différent quoi…»

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 84: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

82

- Effets indésirables physiques

Dans les désavantages liés à la CE, les patients décrivent quelques effets secondaires physiques :

Essoufflement

Un patient décrit une légère dyspnée lors du « vapotage » :

ENTRETIEN N°4 « Je me suis rendu compte qu’il y avait des vasodilatateurs dans les cigarettes ! Parce que j’avais l’impression au début d’être plus vite essoufflé en « vapotant » qu’en fumant. »

Toux

Beaucoup de patients décrivent un problème de toux durant le « vapotage ». Certains émettent des hypothèses quant aux raisons de cette gêne (trop de nicotine, de puissance, mauvais matériel/e-liquide ou encore mauvaise méthode d’aspiration) et ainsi trouvent des solutions pour passer outre :

Entretien N°2, 4, 8, 14

ENTRETIEN N°16 « Quand je dosais mal la puissance je pouvais tousser, là maintenant je règle bien…non non j’ai jamais de toux. » ENTRETIEN N°18 « Ça m’arrivait de tousser à 11mg, mais dans le dosage en dessous non. » ENTRETIEN N°13 « *…+ j’avais l’impression que ça me brûlait la gorge. Donc je me suis dit « ha c’est pas normal ! ». Le menthol…si c’est trop mentholé, ça brûle à la gorge. *…+ et je toussais encore plus qu’avec de la clope normale »

Lèvres brûlées

Un patient avertit d’un risque de brûlure en cas de mauvaise utilisation :

ENTRETIEN N°16 « Non le seul truc c’est que je m’étais brulé les lèvres au début. Et une fois en roulant au début en moto, je l’avais mal réglé, et on s’en rend pas compte en roulant…j’ai tiré dessus et je me suis brûlé. »

Sècheresse des muqueuses ORL

Quelques patients signalent avoir la bouche et la gorge sèches après utilisation :

Entretien N°2, 11

ENTRETIEN N°1 « En effet secondaire j’ai souvent trouvé que j’avais la bouche pâteuse. Le lendemain matin, la bouche sèche donc soif donc on a tendance à boire beaucoup. » ENTRETIEN N°3 « Heu non…au début ça assèche un peu la bouche. Alors je sais si après c’est parce que j’ai évolué avec les produits, mais là ça ne me le fait plus du tout. Ça s’est équilibré j’ai l’impression, je ne sais pas comment. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 85: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

83

- Interrogation sur potentielle nocivité et peur de l'inconnu

La peur des probables répercussions sur la santé peut empêcher quelques uns de se lancer sereinement dans ce type de sevrage :

Entretien N°6

ENTRETIEN N°13 « *…+ et puis après j’avais peur ! *…+ On savait pas exactement l’origine et les conséquences que ça allait avoir pour l’avenir…Pour la clope on sait qu’on risque un cancer, ça on le sait hein…pour moi de ne pas savoir c’est encore plus inquiétant ! *…+ Donc voilà, la peur elle a pris le dessus et j’ai dit on va prendre sur moi pour arrêter. » ENTRETIEN N°11 « Mais il y en a qui restent vraiment sceptiques par rapport aux e-liquides, et pourtant…je sais pas, faudrait plus en parler peut être. Pourtant j’ai entendu des médecins, des spécialistes en parler. *…+ Et puis ils en parlent d’une façon positive…et pourtant il y en a qui reste fermé la dessus. »

Pas d'avantages financiers

Pour les fumeurs qui avaient une petite consommation, « vapoter » peut demander un plus gros budget :

Entretien N°4

ENTRETIEN N°18 « Après ça a un coût aussi hein ! On a beau dire que c’est moins cher que le tabac, mais ça a aussi son coût. Par rapport à ma consommation de tabac qui n’était pas énorme, je ne pense pas que j’y ai gagné énormément. Non parce qu’entre tout ce qui faut, tout les accessoires qu’il faut changer et les liquides. »

Perte de la quantification en cigarette et paquet

Deux participants se disent contrariés par la perte de la notion de consommation en nombre de cigarettes :

Entretien N°7

ENTRETIEN N°17 « Le coté, pareil dans la fiole on ne sait pas combien de temps ça va nous faire, donc c’est toujours ben on peut en manquer *…+ Alors qu’avec un paquet on sait exactement combien on en a. »

Perte du coté social de la cigarette

Un patient mentionne l’importance du coté social de la cigarette et de l’inconvénient de sa disparition avec la CE :

ENTRETIEN N°17 « *…+ je trouve que le coté social est moins présent dans la cigarette électronique qu’avec la vraie cigarette où on va sortir, on se regroupe et on va fumer une cigarette. Là c’est un peu tout le temps comme ça donc il y a ce coté là que j’aimais bien et qu’il n’y a plus. C’est complètement autre chose. Après j’ai ma dose de nicotine, mais sinon il y a pas de….ouais le coté social que je trouve dommage de perdre. »

Peur sur l'utilisation excessive du début

Les patients, dans les débuts, utilisent intensivement la CE, et en plus de la liberté d’usage, et ils ne retrouvent pas de limites dans cette utilisation. Cet ensemble crée une peur de majorer leur dépendance :

Entretien N°5

ENTRETIEN N°12 « Et puis ce que je me rendais compte en fait c’est que je fumais encore plus (en parlant de la CE)! Voilà comme il n’y avait entre guillemets plus de limites, je tirai dessus quand je voulais! » ENTRETIEN N°14 « Mais moi je passais ma journée sur ma cigarette électronique ! *…+ je fumais toute la journée et encore plus qu’avant ! Donc je pense que le tabac ne m’était pas adapté non plus ! Mais du coup oui c’était pas bon *…+ il n’y avait plus de limites en fait ! Donc j’ai préféré arrêter ! »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 86: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

84

Gêne vis-à-vis du regard des autres

À ses débuts, la CE pouvait être vue comme un comportement marginal, et certains patients n’aiment pas se démarquer des autres :

ENTRETIEN N°1 « Alors au départ j’étais un petit gênée de la sortir dans les trains, les restaurants, les lieux publics en général. » ENTRETIEN N°2 « Je ne la sors pas facilement dehors…je sais pas trop pourquoi…parce que ça fait bizarre un peu devant les autres gens. Je la sors pas trop devant les gens du travail. »

Les entretiens apprennent que les principaux inconvénients de la CE sont l’apprentissage et la gestion du matériel. L’achat de mauvais matériel est un risque pour que l’usager soit déçu et ne poursuive pas son sevrage. Des participants expliquent ne pas être satisfaits de l’effet de la CE quant à leur manque de sensation dans la gorge et de l’apport de nicotine insuffisant. Les effets indésirables physiques sont la sècheresse des muqueuses ORL et la toux que les patients admettent s’habituer avec le temps. La peur pour la santé et risque de dépendance restent des freins dans cet usage.

o Causes d’échecs liées à la personne :

Difficulté pour changer les habitudes

Pour certains, le comportement lié au tabagisme est installé depuis des années, et il leur est difficile de le changer :

Entretien N°8, 10, 17

ENTRETIEN N°1 « J’ai une cigarette électronique dans une trousse et un paquet de cigarette devant moi et bien je prends une cigarette quand je suis chez moi…la facilité…l’habitude aussi. C’est terrifiant mais c’est ça. »

Dépendance forte au tabac

La dépendance forte au tabac peut évidemment être une barrière pour adhérer à ce type de sevrage :

Entretien N°8, 11

ENTRETIEN N°1 « Après je ne suis pas sure que c’est une solution pour ceux qui fument depuis des années et des années et qui penseront toujours à aller acheter une cigarette plutôt qu’une baguette et je pense surtout aux gens qui sont assez âgés. Et qui sont dans le tabac depuis quasiment toute leur vie. » ENTRETIEN N°10 « Je pense oui que j’ai une grosse addiction au tabac quand même…Voilà c’est facile, même si on n’a plus de cigarette, de sortir et d’aller en acheter une ! Et alors comment changer sa volonté… »

Garder des cigarettes sur soi

Les fumeurs qui gardent des cigarettes sur eux restent trop tentés par celles-ci et mettent de coté leur CE :

Entretien N°1

ENTRETIEN N°10 « Après je ne m’interdis pas de m’acheter des cigarettes ! Donc ça c’est pas bien je trouve, faudrait vraiment que je sois plus motivée. » ENTRETIEN N°8 « Là j’ai diminué, mais ce que je veux c’est plus en acheter. Parce que je trouve que tant que je fume des cigarettes…j’ai bien vu la différence quand je ne fumais que la cigarette électronique et que ça avait fonctionné. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 87: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

85

Stress

Les difficultés dans la gestion des émotions est une cause classique de rechute, et pour deux patients la CE n’était pas suffisante :

Entretien N°17

ENTRETIEN N°13 « Mais bon après c’est vrai que quand on a des soucis dans la vie, ben la clope elle passe mieux que la cigarette électronique !»

Les soirées et les autres fumeurs

Les soirées, et l’influence des autres fumeurs font que les patients craquent pour la cigarette :

Entretien N°1

ENTRETIEN N°5 « Non pas vraiment sauf quand il y a une grosse soirée et que…c’est la fête et du coup je ne fais pas attention. Mais après je reprends vite mes habitudes. » ENTRETIEN N°8 « Et puis il y a toujours les autres ! Si tout le monde fumait des cigarettes électroniques, je ne rachèterai pas de cigarettes ! J’irai fumer avec les autres ma cigarette électronique. »

Rester sur un échec

Les témoignages ont montré qu’il n’est pas toujours évident de trouver le modèle répondant aux attentes de chacun et les patients conseillent de ne pas s’arrêter, comme certains le font, à un échec :

Entretien N°2, 3, 16

ENTRETIEN N°11 « Je leur conseille vraiment d’aller dans des magasins, et de prendre le temps de choisir, d’essayer et si ça va pas d’y retourner, de changer de cigarette, de prendre autre chose…faut prendre son temps et ne pas s’arrêter juste à une première expérience » ENTRETIEN N°13 « Après je pense que je vais ré essayer hein! Je ne vais pas rester sur cet échec là! »

Manque de volonté

Comme cela a déjà été mentionné, la CE ne remplace pas la volonté qu’il faut avoir pour se sevrer, et certains ne sont pas assez motivés pour se sevrer totalement :

Entretien N°8, 10

ENTRETIEN N°1 « Je ne suis pas encore dans la phase où j’ai la motivation extrême à l’idée de me sevrer du tabac. *…+ Et je ne pense pas forcement à la sortir alors que je devrais, c’est aussi une question de flemme. » ENTRETIEN N°12 « *…+ je me suis dit je vais essayer, j’étais pas plus motivée que ça pour arrêter de fumer. *…+ Et donc j’ai acheté tout mon kit, puis j’ai essayé une journée, et je me suis ben ça me fait rien. Ça me coupe pas l’envie de fumer…j’ai toujours autant envie de fumer. Et donc sur une journée j’ai fumé la cigarette électronique, et le soir en rentrant j’ai vite pris une clope, une vraie pour fumer »

Au final, les causes d’échec rattachées au patient ne sont pas nouvelles. On retrouve principalement des difficultés pour les personnes trop dépendantes et pas assez motivées.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 88: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

86

4. Dépendance à la cigarette électronique

Cette partie est consacrée à la question de la dépendance à la CE. Elle permet de clarifier ce qu’en pensent les patients.

Dépendance à la cigarette électronique

La dépendance à la CE est admise par certains :

ENTRETIEN N°18 « Bien que je sois assez consciente quand même que je retombe dans une autre forme d’addiction. Je pense que maintenant j’ai du mal à me sevrer de ma cigarette électronique. » ENTRETIEN N°7 « Ouais je pense que c’est une nouvelle dépendance après qui est peut être plus facile à arrêter que la cigarette.»

Dépendance à la nicotine

Quelques patients précisent continuer au final à être dépendant à la nicotine :

Entretien N°2

ENTRETIEN N°3 « Après je sais qu’il y en a qui diminue le taux de nicotine pour arrêter de « vaper », moi pour l’instant j’en ai pas envie. » ENTRETIEN N°4 « Ben oui ! Enfin je ne suis pas dépendant à la cigarette électronique…je reste dépendant à la nicotine. »

Dépendance au geste

La dépendance comportementale subsiste :

ENTRETIEN N°18 « Malgré tout, j’ai peut être le besoin d’avoir peut être un truc dans les mains *…+ »

Dépendance aux arômes

Le plaisir lié aux saveurs pourrait devenir un risque supplémentaire de dépendance :

ENTRETIEN N°15 « Ben oui je ressens finalement une certaine dépendance *…+ Je pense que le parfum y est pour beaucoup. Moi j’avais entendu dire que les gens qui fumaient des cigarettes menthols, étaient plus dépendants que s’ils fumaient des cigarettes normales. Alors je me dis que c’était peut être pareil…Le plaisir y est pour beaucoup…quand on aime on a envie d’y revenir. » ENTRETIEN N°5 « *…+ je pense que c’est une grosse erreur de prendre des e-liquides aromatisés. *…+Donc comme les clopes aromatisées sont probablement encore plus addictives que les cigarettes natures entre guillemets…je pense que c’est une erreur. »

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 89: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

87

Dépendance moindre que la cigarette classique Une bonne partie des patients insinuent ressentir une dépendance moins forte :

Entretien N°2, 7, 9, 11, 16

ENTRETIEN N°10 « Après je pense qu’il y a moins de dépendance à la cigarette électronique en comparaison avec la cigarette classique. » ENTRETIEN N°18 « Ce que je remarque moi par rapport au tabac *…+ Je ne ressens pas du tout la dépendance de la même façon. *…+ je n’ai plus ces envies comme ça compulsives d’aller fumer. Je n’ai plus ça ! *…+ Ça m’est arrivé qu’elle ne marche pas *…+ Tu es un peu déçue sur le coup, mais je n’ai pas comment dire, cette grosse envie qui m’aurait fait avant tout de suite courir au bureau de tabac du coin parce que je n’avais pas ma clope.»

Dépendance moins gênante

Cette dépendance gênerait moins les patients qui se sentent moins en danger vis-à-vis de leur santé :

Entretien N°2, 3

ENTRETIEN N°18 « Mais cette addiction m’ennuie moins. Autant le tabac me faisait culpabiliser, autant là non, moins ! Beaucoup moins ! Je me pose beaucoup moins de questions par rapport à la santé. » ENTRETIEN N°16 « J’ai un appareil qui m’amène que du bonheur, qui ne me fait pas de mal, qui me calme les nerfs quand j’en ai besoin. Pourquoi arrêter ? Ce serait con ! Si demain ils annoncent que les produits utilisés sont mille fois plus cancérigènes qu’une clope évidement j’arrêterai ! Mais dans l’immédiat… »

Interrogation sur dépendance nicotine

Certains patients s’interrogent sur la nocivité réelle de la nicotine :

Entretien N°2, 4, 5

ENTRETIEN N°12 « Et finalement la cigarette électronique ce qui me dérange c’est de ne pas dire j’arrête, c’est je remplace ma cigarette par autre chose. *…+ comme ça j’ai ma dose, j’ai plus les inconvénients de la cigarette donc c’est moins dangereux.» ENTRETIEN N°3 « Je sais pas ce que la nicotine me fait, si elle m’ouvre ou me ferme des portes…mais ce n’est pas dangereux la nicotine en la fumant, non ? Je pense que c’est pas dangereux, il ne faut pas boire le flacon bien sûr, (rire) ça ça peut faire un truc bizarre. »

Les entretiens évoquent l’existence d’une dépendance similaire à la cigarette, c’est-à-dire une dépendance pharmacologique et comportementale. La dépendance aux arômes est un risque à prendre en compte. Cependant les patients décrivent une dépendance moins forte, et ne ressentent pas les envies compulsives qu’ils ont pu connaitre sous l’emprise du tabac.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 90: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

88

5. La place du médecin dans ce type de sevrage

La position du médecin, l’avis et les conseils prodigués aux patients ont été explorés. Voici les principales données qui ressortent :

Conseils donnés aux patients :

Encouragement du patient dans ce type de sevrage

Certains professionnels approuvent ce type de sevrage et félicitent leurs patients :

ENTRETIEN N°16 « J’en ai parlé après avec mon médecin traitant *…+ la dernière fois que je l’ai vu, j’étais sous cigarette électronique, il m’a applaudit des deux mains ! Il m’a dit « vas-y continues, accroches-toi ! Vas-y à fond si ça peut te décrocher de la clope, vas-y à fond !» » ENTRETIEN N°9 « Je lui ai parlé de la cigarette électronique, je lui ai dit que je m’y étais mis. Il m’a dit « ouais bien ! ». »

Conseil de se sevrer en nicotine

Des médecins encouragent leurs patients dans ce type de sevrage mais en leur recommandant de se sevrer de la nicotine :

ENTRETIEN N°8 « J’en ai parlé à mon angiologue ! De toute façon on peut rien lui cacher. Il savait bien que je fumais même si je lui mentais comme un arracheur de dent ! Il ne m’a jamais cru…Vous voyez ? (rire) Alors lui il m’a dit « mettez vous y et ce sera parfait quand vous serez à zéro nicotine ». Oui, donc dans le désastre (en rigolant), il a dit « oui mais à zéro nicotine ». »

Conseil de se sevrer au long terme du tabac et de la cigarette électronique

D’autres proposent à leurs patients d’utiliser la CE seulement le temps nécessaire au sevrage puis de s’en passer :

Entretien N° 10

ENTRETIEN N°7 « *…+ ce médecin m’a clairement conseillé de diminuer la dose et d’arrêter progressivement en fait, jusqu’à arriver à un taux de nicotine à zéro pour pouvoir après me rendre compte que justement il n’y a rien dans ma cigarette électronique et que j’en n’ai pas besoin. »

Un mode de sevrage personnel laissant peu de place au médecin :

Mais souvent le patient s’isole dans ce type de sevrage et ne fait pas intervenir d’aide médicale qu’il juge peu utile :

Entretien N°2, 3, 4, 5, 6, 11, 12, 13, 14, 15,17

ENTRETIEN N°18 « Non parce que je ne me sens pas totalement à l’ouest par rapport à mes connaissances. » ENTRETIEN N°8 « Ça c’était tout à fait personnel, je n’ai pas demandé au médecin. »

Donc on retrouve une certaine implication de quelques médecins dans ce type de sevrage, où ils encouragent et conseillent leurs patients. Cependant les témoignages renseignent sur le caractère solitaire du sevrage tabagique, et encore plus avec la méthode de la CE.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 91: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

89

6. La réussite du sevrage tabagique reste une question de volonté

Tout au long des entretiens, les patients ont régulièrement parlé de la volonté, qui leur parait fondamentale pour réussir le sevrage tabagique.

La cigarette électronique ne remplace pas la volonté pour arrêter de fumer :

La CE reste une béquille dans l’aide au sevrage tabagique, mais ne peut se suppléer à la volonté :

Entretien N°18

ENTRETIEN N°16 « Ha ben oui ! Il y a beaucoup de gens qui pensent que la cigarette électronique c’est magique, mais il y a un petit peu de volonté tout de même, qui à mon avis est rien à voir avec la volonté d’arrêter complètement.» ENTRETIEN N°6 « Je sais que c’est bien pour aider, après il faut vraiment avoir la volonté d’arrêter c’est tout.»

L'idée, l’envie d'arrêter de fumer doit se mettre en place :

L’envie de se sevrer doit être claire et bien ancrée dans l’esprit des patients :

Entretien N°3, 5, 6, 8

ENTRETIEN N°1 « Mais après je pense que j’ai mal géré le fait d’envisager d’arrêter de fumer. » ENTRETIEN N°4 « *…+ parce que d’abord il faut que l’idée se mette dans la tête… l’idée de l’arrêt du tabac. »

Pour se sevrer les fumeurs ont souvent besoin d’un but ou d’un déclic :

Certains patients se font aider par un but ou un évènement de vie identifié comme un déclic pour renforcer

leur volonté :

Entretien N°12, 18

ENTRETIEN N°10 « *…+ il y a des personnes qui sont d’énormes fumeurs et qu’ils apprennent qu’ils ont un cancer, du jour au lendemain ils arrivent à s’en passer…et pourtant il y a dépendance ! Ce sont des électrochocs et c’est vraiment une histoire de volonté.» ENTRETIEN N°14 « J’ai arrêté deux fois, et c’était pour mes deux grossesses. Ce sont les seules fois où j’ai arrêté. Parce qu’il y avait vraiment un but, il y avait vraiment quelque chose.»

Pour se sevrer il faut de la volonté :

La volonté et la détermination apparaissent comme la solution au sevrage tabagique :

Entretien N°10, 17, 18

ENTRETIEN N°1 « Je pense que ça peut aider *…+ avec une certaine volonté, je pense qu’il faut dans tous les cas une certaine volonté. » ENTRETIEN N°6 « En fait j’ai plus de volonté cette fois ci. C'est-à-dire que je veux vraiment arrêter, je veux plus du tout retomber dedans. Qu’avant je me disais qu’un jour je vais retomber dedans…je le savais, j’avais pas vraiment de volonté. *…+ je ne pense pas pouvoir avoir d’échecs justement par rapport à cela. J’en suis presque certaine parce que c’est pas la cigarette électronique qui décide, ce n’est pas mon cerveau, c’est moi ! A partir du moment où ON décide, je ne pense pas qu’il puisse avoir d’échecs ! Quand on n’est pas certain par contre ouais. »

Ainsi, pour arrêter de fumer, les patients insistent sur l’importance de la volonté, et du travail mental à réaliser

pour préparer et maintenir sa motivation au sevrage.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 92: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

90

C. Schémas de synthèse des principaux résultats

INFLUENCE DES AUTRES FUMEURS ET ASPECT SOCIAL DU TABAGISME« C’était aussi pour le coté social. Comme les autres gens fument, ça fait un peu

comme eux »

HABITUDE ANCRÉE DANS LA VIE QUOTIDIENNE

« il y avait toutes les cigarettes d’habitude »

UN PASSE-TEMPS« Je pense que ça comble certains

vides »

COMPORTEMENT DU FUMEUR

GESTION DES ÉMOTIONS« ça me permettait de me calmer

mes nerfs »

UN PLAISIR DU QUOTIDIEN« le tabac c’est un petit plaisir qu’on

peut se permettre »

CURIOSITÉ POUR LES EXPÉRIENCES INTERDITES

« Et puis les interdits, braver les interdits, c’était la crise d’ado parfaite »

INFLUENCE DES AUTRES ET INTÉGRATION SOCIALE

« comme mes amis, j’ai acheté les cigarettes pour faire bien, pour être à la mode »

NORMALISATION DU TABAGISME« c’était dans les mœurs quoi »

ENTRÉE À L’ADOLESCENCE

PLACE CENTRALE DANS LA VIE« c’était ma façon de vivre, j’avais ma

cigarette en permanence »

AMBIVALENCE DES SENTIMENTS« ça me dégoûtait quelque part et en

même temps ça m’attirait »

DÉPLAISIR ET REGRET« là on est plus dans la phase de

plaisir/ J’ai peur de le regretter un jour et que ce soit trop tard »

REPRÉSENTATION DU TABAGISME

TABAGISME

SANTÉ« C’est vraiment pour ma santé »

GROSSESSE« je ne me vois pas enceinte et fumer »

COÛT« le coût de la cigarette/Non c’est pas

convenable. »

MOTIVATION AU SEVRAGE

FAMILLE« J’ai eu envie d’arrêter de fumer /Pour mon épouse, pour ma famille, pour ma

fille »

DÉPENDANCE PSYCHO-COMPORTEMENTALE« Le patch amène la nicotine, mais il n’y a pas que ça! »

GESTION DES HUMEURS« psychologiquement/Dès que ça

va plus on re-craque ! »

CRAVING« il y a une envie qui monte et puis

on craque. »

CAUSES D’ÉCHECS

MANQUE DE VOLONTÉ« au niveau des rechutes c’est le

manque de volonté »

EVÈNEMENTS SOCIAUX « c’était plus difficile lors de

soirées ou autres »

PHYSIQUE« c’est quelque chose qui me motive à me

lever le matin »

PSYCHO-COMPORTEMENTALE« j’avais besoin du geste, de tout ça, un ensemble/il y a un besoin c’est sûr ! »

CRAVING« on a beaucoup de mal à s’arrêter parce

que l’envie est toujours là »

DIFFÉRENTES SORTES DE DÉPENDANCE

IGNORANCE DANS LES DÉBUTS« On dit qu’on peut arrêter/et en

fait ce n’est pas vrai »

PERTE DE CONTRÔLE DE LA CONSOMMATION

« je fumais clope sur clope »

VÉCU DE LA DÉPENDANCE

ANTICIPATION DU MANQUE« je me débrouillais toujours pour ne

jamais être en rade de clope »

DIFFICULTÉ POUR ARRÊTER« j’ai besoin de fumer quoi »

DÉPENDANCE ET SEVRAGE TABAGIQUE

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 93: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

91

FRÉQUENCE ET DURÉE DIFFÉRENTE« je peux juste tirer une taffe dessus et la

reposer/Ou bien /je vape comme on dit/en continu.»»

QUANTIFICATION DE LA « VAPE » EN NOMBRE DE LATTES

« je vais tirer une quinzaine de lattes/ça représente peut être une clope et demi »

RITUEL D’UTILISATION SIMILAIRE« Pareil que la cigarette/Au quotidien/par

exemple avant d’aller au boulot je tire juste deux taffes/Un peu à midi, un peu après le repas avec

le café »

COMPORTEMENT D’USAGE

COMMUNAUTÉ « VAPOGEEKS »« C’est devenu une passion/Puis il y en a plein ce

sont des geeks/Eux ils s’y connaissent. »

IMITE DE L’ACTE DE FUMER« tu conserves le geste/la fumée/C’est pour éviter de fumer une vraie

cigarette.»

PERÇUE COMME MOINS NOCIVE« je pense que pour la santé c’est

mieux ! »

COÛT MOINDRE« Et puis le fric que tu gagnes

quoi ! »

ATTIRANCE POUR LA CE

INFLUENCE DES « VAPOTEURS »« Effet de mode, je me suis dit je

vais essayer »

ODEUR ET LIBERTÉ D’USAGE« Mais principalement

l’odeur ! »« pour pouvoir fumer/ dans les lieux publics. »

MÉTHODE D’ASPIRATION« ça m’a fait tousser/on ne vapote pas comme

l’on fume »

ENTRETIEN DU MATÉRIEL« il y a tout un entretien/recharger ses

batteries/la nettoyer/changer les mèches/des tas de petites bricoles que j’ai appris »

CHANGER LE GESTE« c’est une autre gestuelle/index/pouce »

APPRENTISSAGE DE LA « VAPE »

BIEN CHOISIR LE MODÈLE « Faire attention/Pour le coup, toutes les CE ne se valent pas. »

EVOLUTION DES MODÈLES« je suis passé sur d’autres

systèmes mieux, plus évolués/ J’ai appris »

DOSAGE DE LA NICOTINE« c’est le taux de nicotine qui est important»

« quand tu n’as pas de nicotine/tu peux avoir l’impression de « vapoter » dans le vide »

COMPORTEMENT D’ACHAT

CHOIX DES ARÔMES« j’ai essayé d’autres goûts/qui

me faisaient plaisir. »

SE RENSEIGNER « ne/pas/essayer n’importe où ! Je leur conseille/d’aller dans des magasins, et de prendre le temps

de choisir»

AU DÉBUT BESOIN IMPORTANT PAR PHÉNOMÈNE DE SEVRAGE

« pour la première cigarette électronique, dû à l’addiction, j’étais collé dessus »

PUIS DIMINUTION DU DOSAGE EN NICOTINE« avec les années, le temps/tu descends ta consommation de nicotine petit à petit »

DIMINUTION DE L’ADDICTION« avec la clope à l’époque, je ne pense pas que

j’aurai passé 12 heures sans/fumer»

ÉVOLUTION DE LA « VAPE »

CIGARETTE ÉLECTRONIQUE

Perception, vécu et comportement

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 94: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

92

APPRENTISSAGE DE SON UTILISATION« L’autre inconvénient c’est qu’il faut bien savoir s’en

occuper/ça vient avec l’expérience »

GESTION DU MATÉRIEL« dans la fiole on ne sait pas combien de temps ça va

faire/la batterie/qui tombe en rade »

MAUVAIS MATÉRIEL« Les kits vendus à 20-30 euros/ça marche très mal/Ça

fuit/le goût est pas terrible/le rendu est inégal. »

INCONVÉNIENTS

SENSATION TROP DIFFÉRENTE DE LA CIGARETTE« ça n’a rien à voir avec le goût des cigarettes»

TOUX ET SÉCHERESSE MUQUEUSES ORL« Ça m’arrivait de tousser à 11mg »

« ça assèche un peu la bouche. »

PEUR DE L’ÉVENTUELLE TOXICITÉ« j’avais peur/les conséquences que ça allait avoir pour

l’avenir »

« THROAT HIT »« sentir la bouffée/le « hit »/ce fameux truc/qui est le plus

important»

LE GESTE« le fumeur/a besoin du geste »

L’APPORT DISCONTINU EN NICOTINE« ça marche très bien par le fait/que c’est un apport immédiat

de nicotine/on a vraiment un pic à un moment donné. »

AVANTAGES

VÉCU COMME UNE BONNE AIDE POUR LE SEVRAGE« Je sens que j’ai besoin d’être aidée et cet objet m’aide»« Je la conseillerai/pour arrêter le tabac car c’est facile »

EFFET BÉNÉFIQUE SUR LA SANTÉ« j’ai/eu tous les fruits de mon arrêt de la cigarette/l’odeur,

mon corps, ma peau/Ce coté bien être, ce coté respirer/jusqu’au fond/sans devoir tousser »

NOUVEAU PLAISIR« je prends du plaisir à « vapoter »/c’est un plaisir différent.»

ODEUR, ENTOURAGE ET LA LIBERTÉ D’USAGE« Ça pue pas/moins incommodant pour l’entourage»

« je vais fumer dans des lieux ou a des moments où je ne pourrais pas fumer.»

LE COÛT« le coût bien moindre que les cigarettes ! »

NOUVELLE DÉPENDANCE MOINS FORTE« c’est une nouvelle dépendance/plus facile à arrêter

que la cigarette.»

DÉPENDANCE À LA NICOTINE« je reste dépendant à la nicotine. »

DÉPENDANCE AUX ARÔMES« je ressens/une certaine dépendance/le parfum y est

pour beaucoup. »

DÉPENDANCE À LA CE

LA CE NE REMPLACE PAS LA VOLONTÉ« beaucoup de gens/pensent que la cigarette

électronique c’est magique, mais il y a un petit peu de volonté tout de même.»

« Je pense que ça peut aider/ avec une certaine volonté»

SEVRAGE TABAGIQUE ET VOLONTÉ

CIGARETTE ÉLECTRONIQUE

Perception, vécu et comportement

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 95: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

93

V. DISCUSSION

A. Fiabilité de l’étude

La fiabilité des résultats était assurée en grande partie par :

-L’existence d’une étude pilote pour tester la compréhension des questions (mémoire de recherche en 2014),

-La neutralité de l’intervieweur,

-La clarification des réponses ambiguës,

-Le respect d’une méthodologie systématique,

-Le choix pertinent de l’échantillon théorique,

-L’obtention de la saturation d’idées,

-La reproductibilité de l’analyse.

B. Biais et limites de l’étude

1. Difficultés liées à la méthode choisie

Le but de l’étude était d’essayer d’appréhender les raisons profondes qui poussent les fumeurs à utiliser

la cigarette électronique dans le cadre du sevrage tabagique, de faire ressortir des entretiens les vécus et

ressentis ainsi que leur attentes.

Mais ce type d’étude a engendré des difficultés quant à la réalisation du canevas et des entretiens : en

effet la méthode semi-directive est un exercice délicat qui demande de l’entrainement et malgré plusieurs

essais, la réalisation de cet exercice reste imparfaite.

Il existe donc des biais liés à l’enquêtrice peu expérimentée et à la méthode choisie. En effet, de par le

manque d’expérience, les entretiens n’ont pas été menés de manière optimale. Bien que les principaux thèmes

qui en émanent soient importants et présents dans la plupart des données de la littérature comme il sera

démontré plus bas. Il reste toujours une empreinte subjective.

Il est rappelé que les biais liés au questionnaire, ont été limités par la réalisation d’un pré-test lors du

mémoire de recherche chez le praticien, permettant d’identifier les questions ambigües, mal posées.

2. Représentativité de l’échantillon

Il existe un biais de sélection, c'est-à-dire que l’échantillon ne constitue pas un groupe représentatif des

populations censées être étudiées s’expliquant par le faible nombre de personnes (mais qui reste tout de

même conséquent pour une étude qualitative) et les lieux restreints de recrutement.

L’étude est réalisée majoritairement à partir d’une population issue des cabinets de médecine générale

urbains. En ce sens, elle n’est pas forcément représentative de la population générale, puisque les attentes des

usagers pourraient être différentes dans d’autres milieux.

Cependant l’échantillon reste varié en termes d’âge, de genre et de catégories socio-professionnelles.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 96: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

94

Dans les biais de sélection, il faut ajouter que l’âge limite, pour une contrainte législative, était de 18

ans. Or il a été remarqué que le tabagisme débute en moyenne vers l’âge de 14 ½ ans(39), et il existe une part

de la population des fumeurs utilisant la CE pour le sevrage représenté par les mineurs qui semble importante

à étudier :

- C’est sur cette tranche d’âge, 15 à 75 ans, plus représentative que l’OFDT a réalisé son enquête « Prévalence,

comportements d’achat et d’usage, motivations des utilisateurs de la cigarette électronique » en Novembre

2013. Près d’un tiers des 15-24 ans fumeurs l’ont essayé.(6)

-Curieux d’une nouvelle technologie ou effet de mode, le Baromètre de santé de 2014 montre que 45 % des 15-

24 ans ont expérimenté l’e-cigarette contre 5 % des 65-75 ans. Par contre, son utilisation dépend moins de

l’âge avec des proportions proches dans toutes les tranches jusqu’à 54 ans. Les personnes âgées sont moins

enclines au vapotage.(9)

L’échantillon des dix-huit interrogés donne comme résultats :

- Dix femmes, huit hommes.

- Moyenne d’âge 39.5 ans.

Or on remarque que ces conclusions s’éloignent de la tendance des études antérieures dont l’étude de

prévalence de l’OFDT (Novembre 2013) qui montre que chez les fumeurs, les hommes sont plus nombreux que

les femmes à utiliser la CE (22 % contre 15%). Mais la tranche d’âge ciblée est cohérente aux résultats de

l’enquête, les utilisateurs sont nombreux dans la tranche d’âge 35 à 44 ans : un individu sur cinq.(6)

De même le Baromètre santé de 2014 nous apprend que les hommes sont plus séduits que les femmes

par la cigarette électronique, que ce soit sur l’expérimentation ou sur l’usage quotidien. 29 % des hommes l’ont

essayée contre 23 % des femmes et 3,5 % des hommes sont vapoteurs quotidiens contre seulement 2 % des

femmes. (9)

Les résultats divergent probablement à cause d’un biais de recrutement lié à la méthode car les sujets

n’ont pas été choisis au hasard mais sur la base du volontariat. Ils étaient intéressés par le sujet et acceptaient

de livrer leur ressenti. Mais ce biais est discutable car intrinsèquement lié à ce type d’étude.

Des biais d’information lors du recueil des témoignages des enquêtés peuvent être liés au statut de

l’enquêtrice en tant que médecin généraliste. Pour amoindrir ces biais, il été rappelé en début d’entretien qu’il

ne s’agissait ni d’une consultation, ni d’une évaluation des connaissances, et les informations resteraient

confidentielles et anonymes.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 97: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

95

C. Confrontation des principaux résultats aux données de la littérature

Au terme de cette analyse, il est intéressant de confronter plusieurs points aux études et données existantes

dans la littérature.

1. Perception, vécu du tabagisme et complexité de la dépendance qui en découle

Les enquêtes de prévalences concordent avec les dires des participants de l’étude sur le mode d’entrée

dans le tabagisme. L’initiation au tabac est précoce, environ 80% des fumeurs ont commencé à fumer lorsqu’ils

étaient mineurs. (40) Elle a lieu en moyenne à 14 ½ ans. (39) Le tabac est le produit psychoactif le plus

consommé quotidiennement à l’adolescence. En 2011, 23% des jeunes de 16 ans et 31,5% des jeunes de 17 ans

étaient des fumeurs quotidiens. La France se situe parmi les pays qui comptent le plus de jeunes fumeurs. (41)

Le démarrage d’une consommation régulière de tabac est donc, comme il a été vu au travers des

entretiens, le fruit d’éléments sociaux (la famille, les pairs), environnementaux (banalisation du tabac),

individuels (psychologiques et physiologiques).

La représentation du tabac et des fumeurs a beaucoup évolué depuis une dizaine d’années, comme en

attestent les résultats de plusieurs enquêtes abordant la question des opinions (Enquêtes sur les

représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes EROPP de l’OFDT). Plus encore que pour les

drogues illicites et l’alcool, la perception des dangers du tabac a progressé au sein de la population française.

Ainsi, dans la dernière enquête EROPP, la moitié des enquêtés (52 %) estime que le tabac pose plus de

problèmes à la société que la consommation de drogues illicites. Sur le plan des opinions relatives au tabac et à

ses usagers, en 2010, un Français sur cinq de 15 à 75 ans pense que « fumer permet d’être plus à l’aise dans un

groupe ». Cette opinion est plus fréquente parmi les 45-64 ans, traduisant probablement une évolution

générationnelle. La moitié des fumeurs enquêtés considère « qu’on est moins bien accepté quand on est

fumeur » (48 %) et « qu’il existe une sorte de guerre entre fumeurs et non-fumeurs » (52 %), des opinions aussi

répandues parmi les non-fumeurs. Les enquêtes témoignent d’une «dénormalisation » du tabac (c’est-à-dire

qu’il devient moins accepté socialement) qui s’est installée depuis une décennie grâce à une stratégie globale

incluant les interdictions de fumer dans les lieux publics et de vendre du tabac aux mineurs, les hausses de prix,

les campagnes d’information et de prévention, etc.(42)

Il faut noter que le tabagisme a longtemps été considéré comme une simple habitude, car il ne modifie

pas fondamentalement le comportement du fumeur ni le marginalise au sein de la société, mais aussi parce

que le syndrome de sevrage tabagique apparaît comme moins bruyant que celui du sevrage à l’alcool ou aux

opiacés. Cependant, le constat des difficultés rencontrées par certains fumeurs lors du sevrage tabagique, les

taux de rechute élevés ainsi que l’amélioration des connaissances des effets neurobiologiques du tabac,

notamment de la nicotine, ont conduit à un changement de regard vis-à-vis du tabagisme. La dépendance

tabagique est désormais considérée comme un phénomène complexe faisant intervenir à la fois des facteurs

constitutionnels et environnementaux. (15)

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 98: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

96

Résultante d’une rencontre entre une substance psychoactive, un environnement socio-culturel et un

individu avec sa vulnérabilité propre, le tabagisme entraîne ainsi une triple dépendance :

> La dépendance physique : elle s’installe rapidement. Elle est principalement liée à l’addiction à la nicotine qui

peut être puissante et difficile à surmonter. Elle se caractérise par des pulsions à fumer (« craving ») et un

syndrome de manque à l’arrêt. On estime que 70 à 80 % des consommateurs deviennent dépendant.(16)

> La dépendance psychologique : quand on est fumeur, la cigarette est un moyen de se faire plaisir, de gérer

son stress ou son anxiété, de surmonter ses émotions, de se stimuler, de se concentrer, etc. Cette dépendance

est liée aux effets psychoactifs de la nicotine qui procure plaisir, détente, stimulation intellectuelle, action

anxiolytique, antidépressive et coupe-faim. Cette dépendance peut apparaître peu de temps après les

premières cigarettes fumées et varie considérablement d’un fumeur à l’autre (hypothèse d’un terrain

génétique). La dépendance psychologique peut être associée au concept du réflexe pavlovien,

conditionnement lié à la gestuelle du fumeur source connue de plaisir, et peut perdurer des années voire ne

jamais quitter le fumeur.

> La dépendance environnementale ou comportementale : elle est liée aux interactions sociales. Le tabac est

en effet associé à des circonstances, à des personnes et à des lieux qui suscitent l'envie de fumer. (13,15,43)

On remarque via les témoignages une ambivalence de sentiments. La cigarette est la fois plaisir et déplaisir.

On sait que pour qu’une substance donne lieu à des comportements addictifs, il est nécessaire qu’elle

entraîne des effets positifs ressentis par l’usager et que l’usager soit en mesure d’associer ces effets positifs à la

prise du produit. L’effet renforçant est l’effet entraîné par la prise de la substance et va motiver la répétition de

l’usage. On distingue :

- Le renforcement positif : conséquences positives du comportement de fumer qui entraînent à le

renouveler toujours plus fréquemment dans le même type de conditions; par exemple, une sensation de plaisir

ou de bien-être, une amélioration des capacités cognitives ou physiques;

- renforcement négatif : soulagement d’une tension négative par le comportement qui amène

également à le répéter dans des circonstances similaires; par exemple, soulagement d’une souffrance physique

ou psychique préexistante ou due au sevrage. (13)

Les ressentis que procure le tabagisme et la dépendance engendrée sont ainsi composés de sentiments

positifs et négatifs. Pour la plupart, fumer est ou a été un plaisir. Un plaisir lié à l’inhalation de la fumée en

prenant une gestuelle de fumeur, et sentir l’effet rapide de la nicotine est un renforcement positif qui le rend

dépendant.

Ils décrivent des moments de manque, psychologique et physique, et des comportements permettant des les

éviter. Par conséquent, émerge le comportement de dépendance.

Les informations obtenues durant les entretiens concernant le comportement tabagique sont

caractéristiques du comportement de dépendance. La dépendance au tabac remplit parfaitement les critères

de dépendance de la Classification Internationale des Maladies (CIM-10), si l’on retrouve chez les fumeurs, la

présence simultanée de trois (ou plus) des manifestations suivantes, pendant un mois continu (17):

-forte envie / désir impérieux de consommer du tabac ;

-perte de contrôle sur la consommation, tentatives infructueuses / souhait permanent de réduire ou contrôler

sa consommation tabagique ;

- symptômes de manque physique lors de la réduction ou de l'arrêt de la consommation de tabac ;

-développement d'une tolérance ;

-abandon des centres d'intérêt ou des divertissements en faveur de la consommation de tabac ;

-patient en souci constant d’approvisionnement de tabac ;

-maintien de la consommation malgré les méfaits du tabagisme.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 99: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

97

La plupart des fumeurs de l’enquête se sentent prisonnier de cette dépendance au tabac et tous ont le

désir de se libérer de cette emprise. On sait que près de 2 fumeurs sur 3 souhaitent arrêter de fumer. Mais 97

% des fumeurs n’arrivent pas à arrêter sans aide.(5)

Le Baromètre santé 2014 révèle que 29 % des fumeurs quotidiens ont essayé d’arrêter de fumer dans l’année ;

sur ces 29 %, 71 % ont « stoppé » leur consommation de tabac pendant au moins une semaine. Les tentatives

d’arrêt de la cigarette concernent particulièrement la tranche d’âge 15-24 ans avec un taux atteignant 54 %.

59,5 % des fumeurs déclarent avoir envie de se sevrer du tabac.(4)

Pour le fumeur, il existe un parcours jusqu’au sevrage tabagique. Les entretiens révèlent un processus

motivationnel qui demande du temps. Les changements de perception et de comportement tabagique

demandent de franchir des étapes. La première étape est de prendre conscience de la distorsion cognitive et

du problème du tabagisme. Puis naturellement le fumeur entre dans une démarche de thérapie cognitivo-

comportementale. Ce phénomène a été décrit par deux psychologues américains sous le terme de cycle de

Prochaska. Le premier stade est celui du fumeur dit « en lune de miel » ou heureux. Il n’a aucune envie

d’arrêter. « Où est le problème ?» : le déni est fort.

Ensuite, le fumeur est ambivalent, indécis, c’est le stade de la « dissonance » Il voudrait bien, mais...

Vient alors le stade de la préparation, avec l’anticipation de la stratégie, les petits changements.

Puis le stade de l’action : le fumeur est dans l’arrêt.

Enfin, le maintien, chez cet ex-fumeur. Ou la reprise, qui est souvent la règle (rechutes fréquentes), mais qui ne

ramènera jamais le fumeur à la lune de miel.

Ainsi, on peut classer le parcours des fumeurs par des séries d’étapes correspondant à des changements de

comportements : (15)

- pré-intention: le sujet fumeur n’a pas encore envisagé d’arrêter de fumer ;

- intention: il pense à arrêter de fumer mais est encore ambivalent ;

- décision: il prend la décision d’arrêter de fumer et élabore une stratégie d’arrêt ;

- action: il est activement engagé dans le changement : il arrête de fumer ;

- maintien/liberté: il a retrouvé sa liberté face à la dépendance, mais reconnaît qu’il doit demeurer

vigilant pour éviter une rechute.

En effet, comme on a pu le voir, les patients ayant essayé de se sevrer du tabac ont rechuté plusieurs

fois. L’intensité de la dépendance au tabac fumé est plus forte que celle induite par l’alcool, le cannabis ou les

drogues de synthèse, voisine de celle de la cocaïne et de l’héroïne. Le sevrage tabagique est difficile et se

caractérise souvent par des rechutes (à 6 mois > 80 %). C’est pour cette raison que l’on peut considérer le

tabagisme comme une maladie chronique. (15)

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 100: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

98

2. L’intérêt des fumeurs pour la cigarette électronique

a. Attentes, perceptions et objectifs des « vapoteurs »

Dans cette étude, les patients ont comme objectif premier dans l’utilisation de la CE la réduction voire

l’arrêt du tabac. On sait 97 % des fumeurs n’arrivent pas à se sevrer sans une aide.(5) Ainsi, la majorité des

« vapoteurs » utilisent la CE comme un substitut. En seconde motivation, les patients se tournent vers la CE

pour une question de toxicité : elle est perçue comme moins dangereuse que ce soit pour eux ou pour leur

entourage. Puis les autres motivations moins fréquentes sont l’enjeu financier, la curiosité, l’influence des

autres « vapoteurs » et la liberté d’usage.

Il est retrouvé les mêmes attentes dans les principales études observationnelles visant à analyser les motifs

d’utilisation de la CE.

En France, l’OFDT a réalisé son enquête en France via le téléphone, « Prévalence, comportements

d’achat et d’usage, motivations des utilisateurs de la cigarette électronique » en Novembre 2013 sur 2052

individus, et informe que la moitié (soit 51%) des enquêtés déclarant utiliser simultanément tabac et CE

affirment spontanément que leur objectif principal et ultime est d’arrêter toute consommation de ces deux

produits. Ensuite le motif de la réduction du tabac par la CE (11.5%) puis le remplacement du tabac par la CE

(8.2%) ce qui peut s’apparenter dans les deux cas de réduction des risques. (6)

L’étude de J.F. Etter, C. Bullen, « Electronic cigarette : users profile, utilization, satisfaction and

perceived efficacy », enquête réalisée en France et en Angleterre via internet en 2011, montre que sur les 3587

participants utilisant la CE, 70% sont fumeurs. Cette étude a révélé que la CE était perçue comme utile pour

l'arrêt du tabac (96% des personnes ayant répondu à l'enquête) ou du moins pour réduire sa consommation de

tabac (92%); beaucoup l'utilisaient en raison de sa toxicité moindre par rapport au tabac (84%), d'autres parce

qu'elle leur permettait d'éviter la rechute (77%), de gérer les envie de fumer (79%) ou les symptômes de

manque de tabac (67%). Plus marginalement, certains utilisateurs étaient motivés par le coût moins élevé que

celui du tabac (57%) ou séduits par la possibilité de consommer dans des endroits où fumer est interdit (39%).

La plupart des ex-fumeurs craignaient une rechute si on les empêchait d'utiliser la CE (79%).(44)

Ou encore sur le même principe, l’étude de Dawkins et al. en 2013, enquête via internet interrogeant

principalement des européens, 76% des 1347 participants rapportaient utiliser la CE dans le but d’une

alternative complète à leur tabagisme, 19 % dans le but d’une alternative partielle à leur tabagisme. Les

motivations secondaires sont : 26 % par curiosité, 18 % via des recommandations d’amis, 22 % pour d’autres

raisons (dont : arrêter de fumer (7 %), raisons de santé (6 %), moindre coût (3 %), éviter les interdictions du

tabagisme (3 %)). (45)

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 101: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

99

Plus récemment en France, le Baromètre santé de 2014, enquête téléphonique ayant interrogé 15635

individus, nous apprend les raisons poussant à l’usage de la CE répertoriées dans l’enquête restent identiques :

-Trois quarts des vapoteurs fumeurs ou anciens fumeurs, avouent leur dépendance à la nicotine les poussant à

l’utilisation de la CE pour diminuer leur consommation de tabac, éviter les rechutes et faire face aux

symptômes de sevrage.

-Plus de 70 % des vapoteurs estiment que l’usage de la CE est moins nocif pour leur santé que les cigarettes

ordinaires.

-Le souci d’économie est également une des principales raisons d’utilisation de la CE, car fumer revient plus

cher que vapoter.

-La liberté d’usage est aussi évoquée, leur permettant de vapoter dans des situations où le tabac est interdit.

-Le respect d’autrui est une autre motivation car selon leurs dires, la CE permet de protéger leur entourage de

la fumée de cigarette.

-Un tiers des vapoteurs affirment que la CE a meilleur goût que la cigarette ordinaire.

-Enfin, la simple curiosité de découvrir un nouveau produit se retrouve chez près d’un quart des

consommateurs.(9)

Il est intéressant de comparer les résultats de cette étude à une étude qualitative en focus groupe (42

participants) similaire mais réalisée sur un échantillon différent : les adolescents et l’usage de la cigarette

électronique en suisse. Dans notre étude, il faut rappeler que notre principal critère d’exclusion pour

l’échantillon est le fait d’être mineur. Il est évident qu’il existe beaucoup de différences en ce qui concerne

l’attrait pour la CE chez les adolescents (curiosité, expérimentation, effet de mode et aspect ludique). Bien que

certains fumeurs disaient s’initier aux CE pour essayer de réduire ou arrêter leur tabagisme. Globalement, la CE

était perçue comme moins nocive que la cigarette traditionnelle, bien que les participants soient conscients du

manque d’études à ce sujet. Néanmoins, cette perception de manque de nocivité était également vu comme

un facteur attractif additionnel.(46)

Il existe par ailleurs une thèse qualitative réalisée par une doctorante en médecine en 2015 sur 14

entretiens dans le Puy-de-Dôme, ayant comme objectif principal de comprendre les comportements, les

motivations et les représentations des consommateurs de cigarette électronique. Les motivations retrouvées

étaient identiques : la réduction/sevrage tabagique, l’enjeu santé, puis l’enjeu financier.(47)

Pour « fumer » plus sain, les utilisateurs sont renseignés sur les contenus des e-liquides et présentent

moins d’inquiétude en comparaison avec la fumée de la cigarette.

Le Pr Jean François Etter, professeur de santé publique à la faculté de médecine de l’Université de Genève en

Suisse et ayant participé à la rédaction du rapport de l’OFT en mai 2013, déclare « Fumer du tabac est

extrêmement toxique et les études publiées à ce jour démontrent une toxicité relativement faible des produits

intervenant dans la composition des e-liquides. Ces éléments nous autorisent donc à penser que « vapoter »

pourrait réduire les risques de 99% à 99.9% par rapport au tabac. »(18)

En effet, comme cela a été détaillé dans les généralités, la CE lors de son fonctionnement normal n’a aucune

combustion, contrairement à la cigarette classique. La vapeur ne contient ni le monoxyde de carbone (CO), ni

les substances cancérogènes liées à la combustion, ni les particules solides présentes dans la cigarette. Ces trois

éléments sont responsables du déficit en oxygène de l’organisme, mais aussi des effets cancérogènes et d’une

grande partie de l’inflammation responsable des atteintes bronchiques, des effets cardiaques et du risque de

thrombose.

Cependant, la CE ne peut pas être considérée comme un produit sain, car elle libère, entre autres, des

substances irritantes et le plus souvent de la nicotine, substance addictive. Mais pour le moment aucune étude

ne prouve la toxicité du « vapotage » sur l’organisme. La CE possède alors les avantages des TNS dont l’objectif

est de soulager les symptômes de sevrage à la nicotine. Ils permettent un apport quotidien de nicotine sous

une forme différente du tabac, en évitant la toxicité des cigarettes.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 102: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

100

b. Le « vapotage » est perçu et vécu comme un bon substitut

Les entretiens révèlent que le « vapotage » répond au plaisir complexe de fumer, et soulage ainsi les

différentes composantes de la dépendance au tabac. La dépendance physique liée à la nicotine et psycho-

comportementale. La CE apporte une vraie solution face au manque psychologique. Cela confirme que la

nicotine seule ne comble qu’une parcelle du manque du fumeur.

Le besoin en nicotine :

L’apport de la nicotine est essentiel pour soulager le manque physique. On sait que les TNS, quelle que

soit leur forme, sont plus efficaces dans l’arrêt du tabac que l’absence de traitement ou le placebo, ils

augmentent l’abstinence à 6 mois de 50 % à 70 %.(15)

La CE est considérée par les utilisateurs comme source de nicotine plus saine, moins addictive et efficace.

En 2010 des études de cinétique comparant cigarette et la CE montraient que cette dernière n’arrivait

pas à délivrer le dixième de la nicotine qu’apportait la cigarette dans le sang. Les mêmes études reproduites en

2011 montrent une légère amélioration. Ce n’est qu’en 2013 que les publications font état de taux sanguins de

nicotine dépassant les 10 ng/mL, un taux qui permet de calmer efficacement le manque de nicotine d’un

fumeur.(8)

On rappelle que l’absorption de nicotine est très rapide avec les cigarettes de tabac et arrive en

8 secondes au cerveau.

En 2015, c’est a partir de ce dernier point que le Dr Farsalinos a expliqué la fréquence du vapotage par la

pharmacocinétique de la nicotine dans les CE. Comme la CE est sept fois plus lente pour délivrer la même

concentration de nicotine plasmatique, il est fréquent de constater que le vapoteur « tire » constamment sur

sa CE.(48) D’où le phénomène de « vapotage » intensif dans les premiers temps d’utilisation, qui peut être

rattaché à un phénomène de compensation.

Une autre étude moins récente (2014) faite encore une fois par l'équipe du Dr Farsalinos, compare

l'absorption de nicotine avec une CE de première génération type « cigalike » (V2) et une CE de dernière

génération (Mod). La mesure du « craving » était significativement plus atténuée par le mod que la V2

(respectivement sur 100 : 47,9 et 60,2 après 10 bouffées en 5 minutes, et de 25,3 et 32,0 à la fin de la séance

de vape). De même la satisfaction de la vape et le « throat hit » étaient significativement plus importants avec

le mod. Il démontre que les Mods seraient plus efficaces que les « cigalike » pour délivrer de la nicotine. Cette

raison pourrait expliquer l’évolution des vapoteurs à acheter des Mods, et du matériel de plus en plus

performant. (49)

L'étude, conduite par des chercheurs des Universités de Genève (Jean-François Etter, 2011) (50),analyse

les niveaux de cotinine (produit de dégradation de la nicotine par le foie) chez les utilisateurs de CE. Les

utilisateurs expérimentés (tous des ex-fumeurs), en situation réelle (hors laboratoire) obtiennent une dose de

nicotine semblable à celle que les fumeurs obtiennent habituellement des cigarettes ordinaires.

Ces résultats sont importants, car les gouvernements dans de nombreux pays élaborent des

réglementations sur la CE, et l’autorisation ou non des e-liquides avec nicotine. Il est alors important, pour les

autorités, les médecins et les consommateurs, de savoir que la CE peut délivrer autant de nicotine que les

cigarettes classiques, mais de façon plus lente et ainsi comble le manque dans un délai de quelques minutes.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 103: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

101

Le geste :

La CE englobe l’ensemble de la dépendance à la cigarette dont le geste. La simulation du comportement

des fumeurs par la manipulation de la cigarette électronique ne se retrouve pas dans les TNS et ce fait est

souligné par les fumeurs car essentiel pour pallier à leur dépendance.

Retenons une étude de 3 cas menée en Italie qui conclut que la CE est positivement perçue par des

fumeurs à l'histoire tabagique lourde, ayant déjà rechuté à plusieurs reprises malgré leur prise en charge dans

des consultations d'aide au sevrage. Ces patients déclarent que la CE leur est d'une grande aide, notamment,

selon les auteurs, parce que ce moyen reprend une gestuelle similaire à celle de la cigarette (Caponnetto et al.,

2011).(51)

Le goût :

Le goût semble important pour une part des « vapoteurs ». La diversité des arômes est un facteur

important, elle est le résultat d'une demande des utilisateurs pour leur satisfaction à « vaper ». Cette diversité

contribue à la fois au plaisir ressenti et à faciliter la réduction ou l'arrêt du tabac.

Une étude publiée par l'équipe de K. Farsalinos, réalisée chez plus de 4500 participants ayant répondu à

un questionnaire sur internet, indique que la variabilité des arômes est un facteur important pour réduire ou

arrêter de fumer. La grande majorité des participants ont rapporté qu'une restriction sur le nombre des arômes

disponibles rendrait l'utilisation de la CE moins agréable et voire ennuyeuse. Et 48,5% déclare que cela

accroîtrait leur envie de fumer.(52)

Le débat réglementaire européen sur les arômes des e-liquides est important car interdire le plaisir des

saveurs aux vapoteurs risque de les faire retourner vers le tabac.

Cependant ce nouveau plaisir est à risque de dépendance comme cela a été suggéré dans les entretiens. Ce

phénomène mérite alors d’être étudié pour trouver un juste milieu.

Le « throat hit » :

Le « throat hit », sensation particulière dans la gorge ressentie par les utilisateurs de cigarettes

électroniques correspondant à la vapeur chaude venant frapper l’arrière gorge est un phénomène essentiel

dans la « vape ».

Comme il a été constaté dans cette étude, les vapoteurs recherchent la meilleure sensation du « throat hit »,

afin de mieux de libérer de leur tabagisme. Les participants signalent que le « throat hit » est proportionnel à la

quantité de nicotine présente. De plus la qualité du matériel est importante : Plus le voltage est haut, plus la

résistance chauffe et plus la vapeur produite est abondante. Il a été vu que certains arômes de e-liquides sont

aussi réputés pour donner plus de sensations, comme par exemple la menthe.

Une enquête transversale sur Internet en 2012-2014, étudiant le « throat hit » rapporte les mêmes

résultats. Les participants étaient 1672 utilisateurs de CE, des visiteurs de sites dédiés aux CE et au sevrage

tabagique. Il a été évalué si la force de la frappe de la gorge était associée aux caractéristiques des CE et e-

liquides, ou à des comportements des usagers.

Le plus fort « throat hit » a été obtenue en utilisant des modèles et des liquides de meilleure qualité ayant une

teneur élevée en nicotine (p <.001).

Le lien entre « throat hit » et la dépendance pour les CE a aussi été étudié, mais l'efficacité perçue de la CE pour

soulager l'envie de fumer et faciliter le sevrage tabagique. Toutes les variables évaluant la satisfaction des CE

ont été associées à un « throat hit » fort. (53)

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 104: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

102

Le patient doit alors trouver un compromis entre les modèles de CE qui fournissent des niveaux élevés

de nicotine, un fort « throat hit », et donc une plus grande satisfaction, et une meilleure efficacité sur le

tabagisme mais en contre partie plus à risque de dépendance, et les modèles qui contiennent moins de

nicotine et donc moins addictifs, mais produisant un « throat hit » plus faible, et par conséquent moins

satisfaisants, et moins efficaces pour cesser de fumer.

Le « vapotage » est plus complet :

Les fumeurs sont conquis par la CE car elle prend en charge une grande partie des besoins inhérents au

tabac.

Barbeau et al. (54), à partir d’une étude qualitative en focus groupe de 11 personnes, a rapporté que

pour les patients pensent que les CE par rapport aux TNS ont moins d’effets secondaires dérangeants mais

surtout sont plus efficaces dans la prévention des rechutes. Cinq thèmes ont émergé décrivant les perceptions

des utilisateurs sur les raisons pour lesquelles les CE sont efficaces pour arrêter de fumer : 1) bio -

comportementale rétroaction (la CE mime la vraie cigarette, notamment par l’importance du « throat hit », ils

retrouvent leur comportement de fumeur), 2) les avantages sociaux (communauté des « vapoteurs »), 3)

éléments de passe-temps (apprentissage utilisation, plaisir des arômes), 4) identité personnelle (les fumeurs

deviennent des « vapoteurs »), et 5) distinction entre le sevrage tabagique et celui de la nicotine. L’accent est

mis sur l’importance du coté social et comportemental préservé par la CE.

L’acte de « vapoter » est ainsi plus complet. Le geste main-bouche, l’inhalation et l’expiration d’une

« fumée » visible, la sensation de la vapeur chaude dans la gorge dénommée par les « vapoteurs » le « throat

hit », le plaisir lié aux arômes, et bien sûr la nicotine. Le vapoteur peut retrouver quelques habitudes

comportementales et sociales.

3. « Vapoter » est comportement différent qui demande un apprentissage

Les entretiens apprennent que « vapoter » est une méthode qui s’apprend.

Que ce soit pour le choix du matériel, où les « vapoteurs » conseillent de se renseigner un minimum et de ne

pas hésiter pour essayer les différentes CE, et ainsi trouver le bon modèle.

Il en va de même pour le choix des e-liquides où il semblerait qu’il faille prendre en compte : le taux de nicotine

et les arômes. Le bon dosage de nicotine donne les meilleures sensations, le meilleur « throat hit » et surtout

évite de ressentir les symptômes de sevrage nicotinique (besoin impérieux de fumer). Tout comme avec les

substituts nicotiniques, l’adaptation du dosage en nicotine des e-liquides à la dépendance du fumeur est

indispensable à une compliance optimale. De la même façon, il est préférable de tester plusieurs arômes afin

de trouver celui ou ceux qui conviennent le mieux.

La méthode de « vape » apparait différente et demande une certaine habitude. L’entretien et la gestion du

matériel requiert un apprentissage et un investissement personnel.

Certains préconisent de prévoir du matériel de secours pour pallier à un problème de recharge par exemple et

ne pas acheter des cigarettes.

Une étude qualitative s'est occupée à identifier les centres d'intérêts et les préoccupations des

utilisateurs de CE en menant des entretiens auprès de 15 « vapoteurs » réguliers (McQueen, Tower, Sumner,

2011)(55). Certains thèmes récurrents sont ressortis de ces discussions. Par exemple, les auteurs parlent d'une

courbe d'apprentissage concernant la CE.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 105: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

103

En effet, ces objets sont plus complexes que les cigarettes de tabac, leurs utilisateurs apprennent à s'en

servir et à connaitre la technologie qui les compose. De plus l’étude évoque que les « vapoteurs » peuvent

exercer une influence sur d’autres fumeurs comme il est mentionné par les témoignages de cette étude.

La CE a fait naître une sorte de communauté pour certains « vapoteurs », que l’on nomme

« vapogeeks ». La CE est devenue une passion, ce sont des bricoleurs et collectionneurs. Les utilisateurs

expérimentés documentent les novices et expliquent toutes les astuces comme on peut le voir sur certains

forums comme le site « AIDUCE ».

Ces particularités d'emploi et cette complexité technologique sont à prendre en compte pour les études

futures, qu'elles portent sur l'efficacité de ces systèmes dans l'arrêt du tabac ou sur le danger qu'ils

représentent pour la santé.

Apprendre à choisir sa cigarette électronique :

Toutes les CE ne délivrent pas une dose adéquate de nicotine, et ne sont pas toutes efficaces pour le

sevrage tabagique. L’objectif des utilisateurs est d’obtenir des sensations proches d’une cigarette classique afin

de soulager leur manque. Les patients insinuent que les dispositifs de première génération type « cigalike »

seraient à éviter. Il vaudrait mieux privilégier les modèles clearomiseur avec un système de remplissage.

Une étude de cas sur 23 fumeurs menée par Le Dr Farsalinos en 2014, comparant les CE de première et

dernière génération, a montré que les CE de dernière génération fournissaient plus de nicotine et soulageaient

mieux les envies de fumer. L'augmentation de la puissance des nouvelles générations de CE conduit à une

teneur en nicotine plus élevée. Ainsi les CE modifiées (mods) seraient environ 3 fois plus efficace que la

« cigalike » pour délivrer de la nicotine.(49)

On rappelle que les Mods permettent d'avoir plus de vapeur en adaptant la puissance.

De même, une autre étude expérimentale de Talih et al., faite en 2014, a étudié à partir d’aérosols

générés par des machines la qualité de la « vapeur » des différentes CE. Cette étude évoque que les dispositifs

rechargeables de deuxième et troisième générations seraient plus efficaces pour le sevrage tabagique car ils

ont un apport plus efficace de nicotine. Les CE avec un voltage plus élevé ont plus de puissance et peuvent ainsi

produire un meilleur effet de cigarette.(56)

L’étude du marché (enquête ETINCEL de l’OFDT en 2013) des CE jetables qui apparait minoritaire

concorde avec ces études : seuls 4% des usagers dans le mois utilisent ce type de produit, qui est vendu dans

une perspective d’essai plus que de fidélisation. En effet, elles sont simples d’utilisation, ressemblent à des

cigarettes classiques et permettent d’essayer le produit en déboursant peu d’argent mais ne sont pas assez

efficaces. (6)

En somme, les usagers doivent choisir avec soin leur modèle qui soulage le mieux. Pour effectuer ce

choix, les patients peuvent s’informer sur internet, ou poser des questions aux utilisateurs expérimentés, ou

consulter un vendeur dans une boutique spécialisée. Il apparait souhaitable de tester plusieurs modèles afin

d’identifier le modèle adéquate, et les patients conseillent de ne pas se décourager si le premier modèle test

(souvent un « cigalike ») ne donne pas satisfaction.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 106: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

104

Des achats majoritairement en boutiques spécialisées :

Le marché des cigarettes électroniques est encore peu organisé et réglementé, de nombreux fabricants

et vendeurs se le partagent. Les patients de l’étude dévoilent dans leur comportement une préférence pour les

boutiques spécialisées.

C’est ce que confirment les résultats de l’enquête ETINCEL de l’OFDT de Novembre 2013 : les achats ont

lieu majoritairement dans un magasin spécialisé dans ce type de produit (58%), même si le recours à un bureau

de tabac n’est pas négligeable (21%). Internet représente un vecteur assez minoritaire: 9 % des personnes

interrogées y ont acheté leur CE. Pour ce qui est des liquides et recharges, les boutiques spécialisées sont aussi

majoritaires : 54% des enquêtés y recourent, ils sont 24% à s’être rendus chez un buraliste. Quel que soit le lieu

d’achat de la CE, une très grande partie des usagers recourent au même canal d’approvisionnement pour la

recharger. Cela signifie peut être que les utilisateurs sont attachés à la relation personnelle avec un vendeur,

qui pourra les conseiller.(6)

« Vaper » est une méthode différente de l’acte de fumer :

Le «vapotage» est un comportement singulier comme le soulignent les participants de l’étude

notamment dans la méthode d’aspiration, la gestuelle, la fréquence et la liberté d’usage. L’évolution de la

« vape » dans le temps est marquée par une diminution du taux de nicotine et l’achat de matériel plus

performant. La description faite par les participants est retrouvée dans les principales études réalisées.

Le Dr Farsalinos au travers d’une étude de cas randomisés de 45 « vapoteurs » contre 35 fumeurs comparant

leurs comportements permet de discuter des différences entre le « vapotage » et le tabagisme pour (57):

-La fréquence de l’usage : usage plus fréquent, plus régulier sur une journée, mais en plus petite quantité à

chaque prise.

-Une utilisation différente au cours du temps: au fil de l’utilisation le taux de nicotine diminue, et le matériel

devient de plus en plus performant.

-Une gestuelle: le geste d’une cigarette électronique rappelle celle d’une cigarette mais elle est tenue entre le

pouce et l’index contrairement aux cigarettes traditionnelles.

-Une liberté d’usage : la possibilité de vapoter dans plus de lieux, et la possibilité de créer soi-même son

matériel et de préparer ses propres e-liquides.

-Une sensation de plaisir: décrite comme plus forte et expliquée par la diversité des arômes, du matériel, et de

la qualité de vapeur.

Les patients décrivent une façon d'inhaler différente au cours du « vapotage », ce phénomène a été

étudier dans certaines études.

Trtchounian, Williams et Talbot (2010), en Californie, se sont intéressés aux propriétés d'inhalation spécifiques

des CE, comparativement à celles des cigarettes classiques. Ces chercheurs voulaient savoir s'il fallait "tirer"

différemment sur une CE que sur une cigarette standard pour obtenir la vapeur désirée. Pour ce faire, ils ont

mesuré le vide nécessaire à la production du nuage en couplant un manomètre à une machine à fumer. La

densité du nuage d'aérosol ou de fumée était également mesurée. Il en ressort que le vide requis pour la CE

était presque à chaque fois un vide supérieur en comparaison avec des cigarettes classiques de différentes

marques. Par ailleurs, à vide constant, la densité du nuage d'aérosol pour les CE diminuait avec le nombre de

bouffées, après dix bouffées il fallait un vide plus grand pour obtenir la même densité de nuage: cette propriété

ne se retrouvant pas pour les cigarettes de tabac, le rapport entre le vide nécessaire et la densité du nuage ne

variant qu'en fonction de la marque et non du nombre de bouffées.(58)

Ce phénomène est à prendre en compte pour les études portant sur la toxicité pulmonaire.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 107: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

105

Évolution des modèles de cigarette électronique :

C’est un marché en évolution constante. Au départ, la CE de première génération avait la forme d’une

cigarette classique. Elle était jetable et délivrait peu de nicotine. Celle de seconde génération, rechargeable,

délivrant plus de nicotine, a nettement supplanté la précédente : plus de 95 % des vapoteurs interrogés dans

l’enquête ETINCEL-OFDT l’avaient utilisée dans le mois précédent. La troisième génération est représentée par

les Mods et permet aux usagers de bénéficier d’un effet cigarette similaire aux cigarettes classiques.

D’autres modèles sont en préparation, par exemple, la “ Voke” est un vaporisateur de doses très précises de

nicotine, qui ne chauffe pas le liquide mais le disperse, première CE agréée par les pharmacies au Royaume-

Uni. Il est en effet prévu qu’elle ne dépasse pas la concentration plasmatique en nicotine que procurent les

TNS, probablement afin d’éviter que les utilisateurs n’en deviennent dépendants.

Une enquête américaine auprès de 104 utilisateurs a conclu que s'il était grandement recommandé

d'utiliser plutôt les traitements reconnus pour arrêter de fumer (consultations de tabacologie, thérapie

cognitive et comportementale, traitements de substitution, etc.), les CE sont préférables à la consommation de

tabac (Foulds et al., 2011)(59). Là encore, les utilisateurs avaient majoritairement recours à la CE pour arrêter

de fumer et avaient l'impression que cela les aidait (75% de l'échantillon). Par contre, les deux tiers utilisaient

des produits avec une concentration de nicotine de modérée à élevée (plus de 13mg). Par ailleurs, seulement

8% des personnes utilisaient les modèles les plus courants; la majorité des utilisateurs optaient pour d'autres

modèles délivrant une vapeur plus intense.

C’est un marché dynamique où les points de vente sont multiples et des boutiques s’ouvrent

régulièrement. L’évolution est constante, puisqu’on en est actuellement à la « troisième génération » de ces

dispositifs. Ce phénomène mouvant est à prendre bien sûr en compte dans les études expérimentales, pour

éviter les biais les chercheurs doivent bien se renseigner sur les modèles actuels de CE représentatifs des

utilisateurs.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 108: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

106

4. Les avantages de la « vape » reconnus par les « vapoteurs »

a. Moindre toxicité

Les fumeurs ayant recours à la CE confirment avoir ressenti une amélioration de leurs symptômes

(respiration, goût, odorat) due à l’arrêt voire la diminution du tabac.

Les études observationnelles vont dans ce sens.

Dans l’étude de Dawkins et al.en 2013, étude de cohorte via internet interrogeant principalement des

européens, sur 1347 participants, 70% rapportait une diminution des problèmes de toux et de respiration, et

81 % pensaient que la CE était moins nocive que le tabagisme. (45)

Une étude faite "in vivo", hors laboratoire, viendrait corroborer cette notion de satisfaction et de

moindre toxicité qu'apporterait la CE. Jean-François Etter en 2010 (60), à interrogé 81 utilisateurs de CE sur

leurs opinions quant à ce produit. La plupart d'entre eux les utiliserait pour les aider à arrêter de fumer ou à

réduire leur consommation et y ont trouvé un effet bénéfique (moins de toux, meilleur souffle, meilleure

condition physique).

Ce constat conforte les « vapoteurs » de la moindre nocivité de la CE et les encourage à continuer leur

sevrage avec.

L’absence de « vapotage » passif est rapporté par les interrogés dans cette étude.

Une étude expérimentale (Comparaison de l’aérosol de la cigarette électronique à celui des cigarettes

ordinaires et de la chicha Bertholon J.F et al. en 2013) montre que l’aérosol de la CE ne porte pas loin et se

dissipe rapidement dans l’air ambiant. Alors que le demi-vie de l’aérosol des produits de tabac est supérieur à

quinze minutes, celle de l’aérosol de la CE n’est que d’onze secondes.(61)

L’OFT dans son rapport déclare que même dans les conditions les plus extrêmes, on ne peut atteindre des

niveaux réputés toxiques dans une pièce où est utilisée la CE. (8)

Ces données laissent penser qu’il n’existe pas de « vapotage » passif. Mais il parait logique que la

nicotine reste dans l’environnement ambiant et donc on ignore les conséquences sur la santé.

L’étude expérimentale « Acute impact of active and passive electronic cigarette smoking on serum

cotinine and lung function » de Flouris et al. réalisée en 2012 avait pour but de tester les effets de la

consommation de 2 cigarettes classiques sur plusieurs paramètres physiques dont la cotinine sanguine chez 15

fumeurs actifs et les comparer à 15 non fumeurs exposés pendant 1 heure à un tabagisme passif ou exposés

pendant 1 heure à un équivalent en vapeur de CE. Les résultats montrent que le niveau de cotinine dans le sang

est équivalent après cigarette ou CE, tant chez les fumeurs actifs, que chez les non fumeurs, mais chez eux à

des concentrations beaucoup moindres. Pour les fumeurs passifs, de l’ordre de 2 à 3 ng/ml, contre 60 ng/ml

chez les fumeurs actifs (p > 0.001). Donc la nicotine des aérosols exhalée par les « vapoteurs » peut être inhalé

par les non-fumeurs situés à proximité, mais à des doses dix fois moindre. (62)

Bien que les résultats de ces premières études soient positifs, l'innocuité de ce produit pour la santé

n'est toujours pas réellement démontrée. D'autres études sont nécessaires pour évaluer la toxicité de ce

nouveau produit.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 109: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

107

b. Une aide supplémentaire pour le sevrage

Diminution voire arrêt du tabac avec moins de souffrance et plus facilement, c’est ce qui est rapporté

par les « vapoteurs ».

Efficacité du sevrage tabagique avec la cigarette électronique, quelques études :

Les résultats des études observationnelles, vont dans ce sens, bien utilisées, les CE sont très efficaces.

Plus de deux tiers des « vapoteurs » ont arrêté de fumer. S’ils n’arrêtent pas totalement, ils diminuent dans

tous les cas.

Une étude de cohorte en ligne réalisée aux Etats-Unis par Siegel et al., en 2011, indique que sur 222

participants, 31% sont devenus abstinents au tabac 6 mois après la première utilisation de CE, 66.8% ont

déclaré avoir diminué leur consommation, 48.8% ont arrêté complètement durant une période. Parmi ceux qui

ont arrêté, 57% utilisaient toujours la CE, 9% utilisaient des produits du tabac avec nicotine et 34% n'avaient

plus de dépendance à la nicotine.(63)

L’étude observationnelle déjà cité d’Etter J.-F., Bullen C., dans Addiction, 2011, enquête réalisée en

France et en Angleterre via internet, et dont l’objectif était de comprendre les motifs d’utilisation, les profils, la

satisfaction et les effets de la CE sur les utilisateurs montrait que sur 3587 participants, 77% de fumeurs avaient

arrêté de fumer.(44)

L’étude de Dawkins et al. en 2013, 74 % rapportaient qu’ils n’avaient pas fumé durant plusieurs

semaines depuis qu’ils avaient commencé à utiliser la CE, et 14 % rapportait une forte baisse de leur

consommation de cigarettes. Une proportion importante (94 %) de participants rapportait que l’utilisation de la

CE les avait aidés à arrêter de fumer ou à diminuer leur tabagisme. (45)

Une dernière étude récente révèle que plus de six millions de fumeurs dans l'Union européenne ont

arrêté de fumer et plus de 9 millions ont réduit leur consommation de tabac avec la CE, selon les résultats

d’une étude de prévalence (27 460 Européens de 28 pays) publiée fin juin 2016 dans la revue Addiction. Parmi

les utilisateurs actuels, 35,1% ont arrêté de fumer et 32,2% ont réduit leur consommation tabagique. (38)

Déjà, deux études expérimentales de cas ont postulé en faveur d'une certaine utilité de la CE dans l'aide

à l'arrêt.

Un essai clinique contrôlé randomisé de Chris Bullen et al. de l'Université d'Auckland, publiée dans The

Lancet en 2013, a permis de suivre 657 personnes pendant 13 semaines (289 usagers de CE nicotinées, 295

patchs, 73 CE sans nicotine). Elle a montré que la CE présentait une efficacité au minimum équivalente aux

patchs pour l'arrêt du tabac : La différence de risque CE versus patchs était de 1.51 (IC 95% [2.49-5.51]) et celle

pour la CE avec nicotine versus CE sans nicotine était de 3.16 (IC 95% [2.29-8.61]). Le critère de jugement

principal de cette étude était l’abstinence à 6 mois. Il en ressort de plus que la CE est nettement supérieure aux

patchs pour la réduction de la consommation de tabac. Un peu plus de la moitié de ceux qui ont testé la CE ont

réussi à diviser par deux ou plus leur consommation de tabac, alors que seulement 41% de ceux utilisant le

patch sont parvenus à ce résultat. On retrouvait par ailleurs une attractivité plus grande pour la CE que pour les

patchs. Cependant, cette étude a été menée avec des modèles de CE d'avant 2012, moins performants au

niveau de la délivrance de nicotine, et une faible puissance statistique.(64)

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 110: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

108

Une étude de P. Caponnetto – étude ECLAT– en 2013, randomisée en double aveugle sur 300 personnes

réparties en trois groupes (deux avec des dosages de nicotine différent et un groupe avec la CE sans nicotine)

donne un taux d’arrêt à 12 mois de 8,7% mais sans différence significative entre les trois groupes. Les fumeurs

n’avaient pas d’intention d’arrêter le tabac.(65)

Cependant les essais comparatifs randomisés, seule méthodologie permettant d’affirmer ou d’infirmer

l’efficacité de la CE comme outil d’abstinence tabagique, ne sont pas suffisamment nombreux pour établir une

preuve scientifique indiscutable. De plus, du fait des changements rapides des pratiques d’usage de la CE et de

la technologie qui l’accompagne, les méthodologies mises en œuvre permettant de l’évaluer à moyen et long

terme, comme des suivis de cohorte par exemple, comportent des biais. Elles ne permettent pas de disposer de

résultats correspondants aux derniers dispositifs et produits disponibles.

Même si des recherches plus rigoureuses et plus approfondies restent nécessaires, des données

suggèrent que les CE sont prometteuses dans l'aide à l'arrêt du tabagisme et qu'elles permettent aux

utilisateurs de réduire leur consommation, voire d'arrêter. Mais l’efficacité de la CE concernant les sevrages à

long terme reste à prouver.

Aide dans le besoin urgent de fumer : le « craving » :

Les études montrent une efficacité sur le manque. La CE diminue les symptômes de sevrage grâce à

l’apport de nicotine et plus rapidement que les substituts nicotiniques. Plus efficace dans les situations à risque

de rechute.

D'une manière assez clinique, Eissenberg (2010) et Vansickel (2010) ont testé en laboratoire les effets

ressentis et perçus de la CE. Cette étude de taille modeste (N=32) pourrait servir de base à une investigation de

plus grande envergure, dont le but serait d'évaluer cliniquement les effets des CE et leur utilité dans la

suppression des symptômes de manque.

Les auteurs ont réuni participants n'ayant pas fumé depuis 12 heures au moins (vérification par mesure de

monoxyde de carbone). Ces derniers ont été répartis en quatre groupes indépendants:

A) Ceux qui allaient fumer leur cigarette habituelle ; B) Ceux qui allaient "mimer" et utiliser leur cigarette

habituelle sans l'allumer ; C) Ceux qui allaient utiliser la CE avec des cartouches de 16-mg de nicotine; D) Ceux

qui allaient utiliser la CE avec des cartouches de 18-mg.

Après l'intervention, tous les participants sont évalués en aveugle avec différentes mesures objectives

physiologiques (pulsations cardiaques, mesure de monoxyde de carbone et analyses sanguines de la

concentration plasmatique en nicotine) et subjectives psychologiques (Questionnaire QSU-Brief sur le désir de

fumer, échelles visuelles, etc.).

Les cigarettes de tabac causent une augmentation significative de la nicotine dans le plasma, de la

concentration du monoxyde de carbone et des pulsations cardiaques dans les 5 minutes après la

consommation. Par contre, les CE ne montrent aucun de ces effets. Pourtant, ces dernières diminueraient de

manière significative les symptômes de manque et l'envie de fumer (dans une moindre mesure tout de même

que les cigarettes fumées). Le mime avec des cigarettes non allumées ne montre quant à lui aucun effet

significatif sur aucune mesure.(66)

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 111: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

109

Bullen et collaborateurs (2010) ont eux aussi mesuré les effets à court terme de la CE sur l'envie de

fumer et sur les symptômes de manque, ainsi que ses propriétés pharmacocinétiques et ses effets secondaires.

Les auteurs ont recruté 40 fumeurs adultes, consommant plus de 10 cigarettes par jour et qui n'étaient pas en

train ou sur le point d'essayer d'arrêter. Ils leur ont aussi demandé de ne pas fumer une nuit avant

l'expérimentation (vérification faite avec une mesure de monoxyde de carbone). À leur arrivée au laboratoire,

les participants ont été répartis aléatoirement dans un des quatre groupes suivants : A) Utilisation des CE,

groupe expérimental (capsule de 16mg de nicotine) B) Utilisation des CE, groupe contrôle (placebo, capsule de

0mg de nicotine) C) Utilisation d'inhalateurs de nicotine D) Utilisation de cigarettes de tabac. Après

l'intervention, tous les participants ont été évalués en aveugle avec des échelles et des questionnaires sur leur

satisfaction, leur symptômes de manque, leur intention d'arrêter, etc. Des indicateurs pharmacocinétiques ont

également été mesurés.(67)

Il en ressort que les utilisateurs de la CE avaient moins l'envie de fumer après l'intervention que ceux du

placebo et qu'il n'y avait pas de différence entre le groupe CE et celui de l'inhalateur. Par ailleurs, les CE étaient

perçues comme plus agréables et produisant moins d'irritations de la gorge et de la bouche que les inhalateurs.

Enfin, les indicateurs pharmacocinétiques pour les CE étaient plus proches de ceux des inhalateurs que de ceux

des cigarettes standards au tabac.

Ces résultats montrent que la CE peut constituer une aide à l'arrêt. Ce moyen permettant de diminuer

les perceptions de manque sans avoir le même impact sur l'organisme que les cigarettes fumées. Ces données

sont toutefois à prendre avec prudence avec le petit nombre de participants des études.

Par ailleurs les principales études observationnelles montrent que la CE diminue le « craving » persistant

chez les ex-fumeurs et ainsi diminue le risque de rechute.

L’étude de Dawkins et al. en 2013 avait pour objectif de caractériser l’utilisation, les utilisateurs et les

effets de la CE à partir d’un questionnaire en ligne, 1 349 participants ont été analysés issus de 33 pays (dont 72

% de participants européens), 83% d’entres eux étaient des ex-fumeurs, ces derniers affirment que l’utilisation

de la CE était associée à une réduction de 91 % du « craving » pour les cigarettes conventionnelles. Les ex-

fumeurs rapportaient une réduction significative du « craving » significativement plus importante que les

fumeurs actuels (95 % des ex-fumeurs versus 70 % des fumeurs (Chi2=133,66, p<0,0007)).(45)

De même dans l’étude longitudinale de 2011 à 2013 via internet de Jean-François Etter et Chris Bullen,

ayant comme objectif d’étudier le changement de comportement des utilisateurs de CE dans le temps, où 477

utilisateurs de CE pendant un mois ont été suivis, et 367 utilisateurs sur un an. La plupart des participants (72%)

étaient d'anciens fumeurs et 76% utilisaient des CE tous les jours. Parmi les anciens fumeurs qui « vapotaient »

quotidiennement au départ, seulement 6 % avaient recommencé à fumer après un mois et également 6% après

un an. Les CE peuvent contribuer à la prévention des rechutes chez les anciens fumeurs.(68)

La CE procure une satisfaction chez ses utilisateurs et pourrait s'avérer utile dans l'arrêt du tabac.

L’efficacité pour le sevrage au long cours reste tout de même à prouver mais il semblerait qu’elle soit une aide

pour le « craving » persistant et les situations à risque de rechute.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 112: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

110

Évolution du tabagisme en France :

La cigarette électronique est une innovation radicale qui est certainement responsable du recul des

marchés du tabac et du sevrage tabagique même si aucun lien de causalité n’a pour le moment, pu être

clairement établi.

En effet, l'année 2012 constitue la première baisse sensible du niveau des ventes du tabac, la plus forte depuis

2005 : le recul annuel a été de 3,4% après des années de relative stabilité. Les baisses se sont poursuites

jusqu’en 2014 : - 12,5 % pour les cigarettes. Ce net recul pourrait s’expliquer par deux évènements : la

régularité de l’augmentation des prix du tabac conjugué à l’essor prononcé de la CE. Cette diminution des

ventes officielles pourrait également être liée à une baisse de la prévalence tabagique au sein de la population

française, encouragée par des campagnes anti-tabac régulières.

Les dernières données d’avril 2016 dévoilent que les ventes de cigarettes connaissent de nouveau un recul de 6

% par rapport au mois d’avril 2015.

Il est intéressant de noter que l’on enregistre également un recul de 8,5% des consultations en tabacologie et

de 4% des traitements d'aide à l'arrêt. Une telle situation plaiderait pour la préférence de la CE comme aide au

sevrage tabagique en dehors des circuits classiques.(69)

Les utilisateurs de CE sont majoritairement des fumeurs, qui y voient un outil de «réduction des risques»

(en réduisant la quantité de tabac consommée) ou un moyen de sevrage pour arrêter plus facilement de fumer.

Elle pourrait aussi avoir détourné un certain nombre de fumeurs des solutions « classiques» pour l’arrêt que

sont les substituts nicotiniques ou le recours à un médecin spécialisé.

5. Les inconvénients de la « vape »

Effets physiques secondaires aigus et toxicité :

Les plus fréquemment rapportés sont la sècheresse de la gorge et de la bouche associés à une toux

irritative lors du « vapotage ». Ils sont dus au caractère irritant de la nicotine et le pourvoir humectant du PG et

VG (et donc absorbant les molécules d’eau).

Très peu de données existent et nous sommes loin de connaitre les effets à long terme d'une consommation

chronique de CE. Toutefois, des chercheurs se penchent déjà sur la question.

Pour le propylène glycol par exemple, il existe beaucoup de données toxicologiques pour la prise du

produit en ingestion ou inhalation aigue.

En 1989, des chercheurs ont fait inhaler des vapeurs de propylène glycol pendant trois mois à des rats. Les

observations furent irritation et saignements du nez, écoulement oculaires probablement dus à la sécheresse

des muqueuses nasales et oculaires.(23)

Une étude plus récente de 2011 où des rats et des chiens ont été exposés aux vapeurs de PG pendant 28 jours

donnèrent les mêmes résultats sur la sécheresse des muqueuses.(24)

Une étude réalisée en 2013 sur 14 schizophrènes dans le cadre du sevrage tabagique avec la CE sur un

an met en exergue ces effets indésirables : Au premier mois, 7% des sujets notaient une irritation de gorge et

28% une toux sèche. Ces symptômes disparaissaient avec le temps. (70)

Ces données correspondent aux effets indésirables reconnus pas les « vapoteurs ». À savoir bouche

sèche, sensation de gorge sèche et irrité, toux en lien avec le pouvoir humidifiant du PG et VG (et donc

absorbant les molécules d’eau).

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 113: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

111

Peu d’effets indésirables de la CE étaient rapportés dans l’étude de Dawkins et al. en 2013 : Moins de 16

% des participants rapportaient un effet indésirable. Les deux effets indésirables les plus fréquents étaient

l’irritation de la bouche (27 % des répondants) et l’irritation de la gorge (23 %).(45)

La CE a un effet modéré sur la fonction respiratoire.

L’exposition d’aérosol en concentration élevée, réalisée sur des volontaires sains, a montré une irritation

oculaire et respiratoire ainsi qu’une légère diminution du rapport VEMS/CV.(23)

De même dans une autre étude expérimentale réalisée par l’équipe Flouris et al. (2013), il a été observé une

légère broncho constriction lors du « vapotage » mais qui est deux fois moindre que lors de l’inhalation de

fumée de cigarette. Ainsi le VEMS diminue de 3% chez le « vapoteur » contre 7.2% chez le fumeur. (62)

Une étude a conclu que la tension artérielle et la fonction cardiaque ne semblent pas perturbées par la

CE (Farsalinos K et al, 2012). (71)

Cependant, une autre étude suggère le contraire : Vansickel and Eissenberg (2013) ont rapporté ainsi une

hausse de la fréquence cardiaque et l’étude a rapporté qu’à la fois fumer et vapoter induisaient une hausse

similaire de la fréquence cardiaque et du taux de nicotine dans le sang.(72)

l’OFT déclare, en lien avec l’absence de combustion, dans son rapport qu’il est clairement démontré que

de nombreux cancérogènes (benzène, arsenic, chrome, etc.) sont responsables des cancers liés au tabagisme,

que le monoxyde de carbone et les particules fines sont les deux vecteurs majeurs de la toxicité cardio-

vasculaire de la fumée des cigarettes, et enfin que les particules solides présentes dans cette fumée jouent un

rôle important dans la survenue d'une insuffisance respiratoire.

Il est tout aussi démontré que ces trois produits n'existent pas à des taux significatifs dans la « vapeur » des CE.

Il est donc logique d'attendre une réduction de ces trois risques chez les fumeurs de tabac qui passent à la CE,

mais ceci reste à démontrer.(8)

Le principal risque sanitaire que présente l’exposition à la nicotine par d’autres voies que l’inhalation est

une surdose par ingestion ou par contact cutané. Étant donné que la plupart des pays ne surveillent pas ces

incidents, les informations sont très rares. Les relevés communiqués par les États-Unis et le Royaume-Uni

indiquent néanmoins que le nombre d’incidents caractérisés par un empoisonnement à la nicotine a

sensiblement augmenté à mesure que l’utilisation des CE s’est accrue. (36)

Toute la complexité du problème est qu’un produit peut être sûr lorsqu’il est avalé, injecté ou appliqué

sur la peau mais il ne l’ait plus forcément lorsqu’il est inhalé et surtout de façon répétée et prolongée.

Et il n’existe aucune connaissance sur absorption par inhalation au long cours du propylène glycol, du glycérol

ou des arômes par manque d’études comme il l’est souligné dans le rapport et avis d’experts de l’OFT de mai

2013.(8)

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 114: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

112

Qualité des cigarettes électroniques : Mauvais matériel et toxicité :

Les e-liquides contiennent des arômes (souvent identiques que ceux employés en alimentaire) et des

transporteurs d’arômes (solanone, acétine ou diacétine). En plus de ceux reconnus comme toxiques, leurs

effets lorsqu’ils sont chauffés, vaporisés et inhalés dans l’arbre respiratoire restent inconnus. De plus leur

toxicité pourrait être augmentée par une mauvaise utilisation de la CE (mauvais approvisionnement en liquide

ou surchauffe).

Trois produits de la fumée du tabac reconnus comme dangereux par leur pouvoir irritant sont retrouvés

dans la vapeur des CE : formaldéhyde, acétaldéhyde, acroléine (produit dégradation du glycérol chauffé à

290°C). Et parfois traces de métaux en lien avec le processus de fabrications des appareils et des e-liquides.(8)

Jusqu’en 2010, la technologie des CE n’était pas au point et on a pu voir ainsi des accidents avec du

matériel ou des e- liquides.

Une étude (Hadwiger et al., 2010) suggère qu'il n'y a actuellement pas assez de contrôles de qualité et

d'analyses sur les CE. En effet, cette recherche a démontré par des techniques d'analyse chimique (la

chromatographie) que des produits ne devant pas contenir de nicotine en contenaient quand même et que

certaines CE délivraient des dérivés de substances non annoncés initialement (de l'amino-tadafil à la place de

tadafil et des oxydations de rimonabant à la place du rimonabant).(73)

L'administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments, Food and Drug

Administration(FDA), est arrivée aux mêmes constatations dans son rapport paru en été 2009.(32)

Le manque de transparence des fabricants ainsi que la grande disparité dans les produits proposés et le

manque de contrôle sur la qualité posent des problèmes majeurs pour la recherche: ces questions doivent être

résolues pour statuer sur la dangerosité des CE.

Cependant, les progrès sur les produits, leur qualité et leur fiabilité sont considérables.

Depuis 2011, les produits ont été progressivement fiabilisés, qu’il s’agisse des CE ou des e-liquides.

Depuis 2013, la majorité des e-liquides vendus dans notre pays est fabriquée en France dans des conditions

quasi pharmaceutiques avec des contrôles à tous les stades de fabrication et une traçabilité. Sauf pour les

arômes qui sont eux le plus souvent de qualité alimentaire. Tous les e-liquides sont déjà déposés à l’INRS selon

la réglementation REACH (déclaration de produit chimique pour la prévention des risques chimiques), des

progrès restent cependant à faire sur l’information des consommateurs.

Les CE sont le plus souvent fabriquées en Chine sur des chaînes qui produisent des dizaines de milliers de CE

par jour et qui ont des systèmes de contrôle de qualité efficaces. Les pannes et les fuites sont devenues

exceptionnelles. Bien entendu, des progrès restent à faire pour fiabiliser les produits, mais dès maintenant on

peut affirmer que la majorité des CE sont plus fiables que beaucoup d’autres produits de consommation

courante présents sur le marché.(74–76)

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 115: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

113

6. Dépendance à la cigarette électronique

Son efficacité dans l’arrêt de la dépendance tabagique fait émettre cependant des doutes concernant sa

dépendance. En effet on constate à partir des entretiens que : La dépendance comportementale subsiste, ainsi

qu’une part de la dépendance à la nicotine. La dépendance psychologique semblerait s’atténuer.

La cigarette électronique diffuse la nicotine moins vite que la cigarette classique :

La dépendance à la nicotine présente dans la CE et donc la dépendance à la CE, est une réalité décrite

par les « vapoteurs ». Il reste encore des inconnus sur ce sujet méritant d’être étudié. Mais quelques éléments

de réponses émergent de certaines études sur la cinétique artérielle de la nicotine inhalée par ce mode de

consommation.

On considère généralement que le niveau de dépendance que peut provoquer un produit est lié à la vitesse à

laquelle il procure le taux maximal dans le sang.

Or ce taux est obtenu plus rapidement avec la CE que les TNS dont le bénéfice est une sensation de manque

mieux contrôlée. Mais tout de même plus lentement en comparaison avec la vitesse de la cigarette

conventionnelle.

L’étude du Dr Konstantinos Farsalinos, comparant l'absorption de nicotine avec une CE de première

génération (V2) et une CE de dernière génération (Mod), montre que la nouvelle génération est plus

performante que la CE de première génération. A 20 minutes, le Mod permet une absorption de nicotine 70%

plus élevée que la V2. Mais le plus est la comparaison de l'absorption de nicotine avec la CE par rapport à la

cigarette de tabac. Les auteurs ont donc comparé leurs résultats avec une autre étude (Vansickel et al.

Addiction. 2012). Au bout de 5 minutes d'utilisation de la CE, la nicotinémie obtenue est 3 fois moindre avec le

mod et près de 4 fois moindre avec la V2. Il a fallu aux participants « vaper » 35 minutes avec le mod pour

obtenir la même nicotinémie qu'avec la cigarette en 5 minutes, et la e-cigarette de première génération (V2)

n'a permis en 35 minute d'atteindre qu'à peine plus de la moitié de la nicotinémie atteinte avec la cigarette en

5 minutes.(49)

Une étude de 2013 réalisée une nouvelle fois par l’équipe du Dr Konstantinos Farsalinos avait pour but

d’analyser précisément la façon dont les utilisateurs de CE « vapotent », et à évaluer la quantité de e-liquide

utilisée. Pour cela, 45 « vapoteurs » expérimentés et 35 fumeurs ont été recrutés. Selon ces données, et la

concentration à 9 mg/ml du e-liquide utilisé, les CE, dans ces conditions d'utilisation, ont délivré 0,46 +/- 0,12

mg de nicotine en 5 minutes et 1,63 +/- 0,41 mg de nicotine en 20 minutes. Afin de comparer avec la

consommation de cigarettes, et en estimant qu'une cigarette délivre environ 1 mg de nicotine au fumeur en 5

minutes (mesure moyenne observée dans les études), il a été estimé avec ces données qu'il faudrait un e-

liquide dosé à 21 mg/ml de nicotine pour délivrer 1 mg au vapoteur.(57)

En France, on trouve des flacons de 10 ml et de 30 ml, dosés entre zéro et 19,9 mg de nicotine/ml.

La cinétique de la nicotine dépend aussi beaucoup de la façon dont la CE est utilisée par le vapoteur. La

prise de 15 bouffées rapprochées en 5 minutes, comme cela se fait avec la cigarette, serait susceptible de

provoquer avec des CE de conception récente, des pics de nicotine dépassant la saturation des récepteurs,

entraînant donc leur multiplication et leur désensibilisation, phénomène connu pour entretenir, voire créer la

dépendance. À l’inverse, la prise de nicotine à raison d’une bouffée toutes les 5 minutes tout au long de la

journée reproduit plutôt la cinétique de délivrance de nicotine obtenue avec les patchs nicotiniques ne crée

pas de pics et n’est pas susceptible de provoquer la dépendance nicotinique car la nicotine est délivrée à doses

filées tout au long de la journée, sans ces pics d’absorption qui renforcent la dépendance.(74)

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 116: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

114

Pour atteindre la concentration maximale de nicotine dans le sang, il faut quelques secondes pour les

cigarettes de tabac, 25 min aux gommes et aux inhalateurs de nicotine, la CE et le vaporisateur buccal Nicorette

sont dans un délai intermédiaire, environ 6 min. (8)

Les « vapoteurs » diminuent leur dose de nicotine dans les e-liquides :

On observe une tendance des « vapoteurs » à diminuer spontanément les doses de nicotine qu’ils

utilisent.

L’étude de Farsalinos et al. en 2013, ayant étudié le comportement de « vapoteurs » sevré du tabac,

montre que les « vapoteurs » ont tous démarré l'utilisation de la CE avec des e-liquides > 5 mg/ml de nicotine,

74% d'entre eux ont utilisé des e-liquides > 15 mg/ml de nicotine. Lors de l'entretien, environ 8 mois après, les

taux de nicotine des e-liquides utilisés étaient, pour la majorité (64,9%), significativement plus faibles que lors

de l'initiation, et 4,5% utilisaient un e-liquide sans nicotine (0 mg/ml). (76)

La cigarette électronique est considérée moins addictive par « les vapoteurs » :

Dans les entretiens, les patients décrivent une dépendance à la CE ressentie comme moins forte. Ils

n’ont plus les envies compulsives en cas de manque qu’ils connaissaient sous l’emprise du tabac. Certains

affirment pouvoir oublier leur CE et s’en détacher facilement. Les résultats des études actuelles retrouvent ce

phénomène.

Dans l’étude de Dawkins et al.en 2013, les ex-fumeurs révèlent que le délai entre le réveil et la première

vape était significativement plus long que le délai de la première cigarette du matin, suggérant une moindre

dépendance à la CE comparé à la cigarette conventionnelle.(45)

L’étude de Farsalinos et al. en 2013, ayant comme but d'étudier le comportement de « vapoteurs »

ayant réussi à arrêter de fumer avec la CE a comparé la dépendance au tabac antérieure, et celle évaluée pour

la CE. Cette dernière était significativement plus faible avec la CE, tant avec le score du Fagerström qu'avec la

question d'évaluation de la dépendance sur une échelle de 1 à 100, la médiane a été de 83 (77-89) pour la

cigarette, et de 59 (49-66) pour la CE.(77)

L’avantage de la CE est de permettre aux patients d’obtenir un taux de nicotinémie proche de celui des

cigarettes classique, et de façon discontinue selon le besoin, et de diminuer donc les besoins impérieux et

faciliter le sevrage. L’inconvénient est le risque de dépendance. Les modèles de CE deviennent de plus en plus

performant, et ainsi augmentent de plus en plus l’apport en nicotine, donc l’effet « shoot ». Malgré un

« craving » décrit par les patients comme devenant moins fort avec les modèles actuels, la dépendance à la CE

sera probablement un problème pour l’avenir.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 117: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

115

7. L’arrêt du tabagisme reste une question de volonté

On reconnait que 60 % de fumeurs (hommes ou femmes) déclarent avoir envie d'arrêter de fumer.

Mais la motivation à l’arrêt est un chemin compliqué.

Pour arrêter de fumer, la préparation et la motivation sont des facteurs de succès. Un soutien psychologique et

un traitement à base de nicotine sont éventuellement utiles.

Le fumeur a conscience de l’effet nocif pour lui-même et pour son entourage. Il en a conscience parce

que l’information des méfaits du tabac est partout, même sur les paquets de cigarette. Mais aussi parce qu’il le

sent, physiquement.

Mais les facteurs les plus prédictifs d’arrêt du tabac reconnus sont un haut niveau d’éducation ou socio-

économique, une faible consommation de tabac, l’absence d’entourage fumeur, une faible consommation

d’alcool, un âge de début de tabagisme tardif, une durée de tabagisme brève, un long délai entre l’éveil et la

première cigarette. La connaissance des effets du tabagisme sur la santé ne semble pas avoir de lien avec

l’arrêt du tabac. L’envie d’arrêter de fumer augmente avec l’avancée en âge. Les fumeurs plus âgés sont plus

nombreux à réussir à arrêter de fumer de manière permanente et à devenir ex-fumeurs, ce qui pourrait être dû

à une motivation plus forte pour arrêter de fumer, en lien, par exemple, avec une dégradation de l’état de

santé. D’ailleurs, l’envie d’arrêter de fumer est de plus en plus importante à mesure que l’âge augmente. Mais

un des facteurs les plus prédictifs reconnu est une forte motivation à l’arrêt.(78)

C’est le problème de la volonté, élément essentiel pour le sevrage, qui est soulevé à plusieurs reprises dans les

entretiens. Bien que la CE permette de ne pas trop solliciter sa volonté, grande cause d’échec.

Une analyse a porté sur dix essais cliniques comparant l'efficacité d'un arrêt brutal du tabac à celle d'un

arrêt progressif chez des fumeurs motivés.

Ces essais, réalisés aux États-Unis et en Europe, ont inclus 3760 patients, âgés en moyenne de 43 ans, et

fumant en moyenne 25 cigarettes par jour.

Un soutien psychologique sous forme de groupes de discussion ou d'entretiens répétés par téléphone a été

proposé à tous les patients.

Dans trois essais, les patients ont utilisé des substituts nicotiniques.

Au total, environ 10 % des patients étaient abstinents à 6 mois. Pour l'ensemble des essais, les taux d'arrêt du

tabac ont été similaires, que les patients aient arrêté le tabac brusquement ou progressivement. Ces résultats

ont aussi été observés avec ou sans substituts nicotiniques, et quel que soit le type de soutien psychologique.

Les patients motivés ont le choix : arrêt brusque et arrêt progressif ont globalement la même efficacité, c’est la

volonté qui entre en jeux dans la réussite du sevrage tabagique.(15)

À l’image des traitements reconnus dans l’aide au sevrage tabagique, la CE ne peut pas se substituer à

l’envie d’arrêter de fumer.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 118: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

116

8. Place du médecin dans le sevrage tabagique avec la cigarette électronique

La reprise du tabac est très fréquente et les causes sont multiples : la démotivation, le stress, la prise de

poids, les situations de convivialité, le cerveau n’oubliant pas la nicotine et le fumeur étant toujours un ex-

fumeur. Le tabac reste un fléau de santé publique, d’où l’importance pour les médecins de s’impliquer dans la

prévention, primaire, secondaire ou tertiaire.

Cette étude montre que la plupart des patients ne demande pas d’aide à leur médecin parce qu’ils

pensent cela inutile. Il semblerait que le partenariat fumeur/médecin généraliste dans l’arrêt du tabac ne soit

pas établi. Or les études réalisées chez des fumeurs qui tentent d’arrêter sans aide suggèrent que les taux de

réussite après 6 à 12 mois sont de 3 à 5 %.(15)

Connaître et comprendre ce nouveau comportement est utile aux professionnels de santé, notamment

aux médecins généralistes.

Il serait d’ailleurs profitable pour les médecins de définir un profil de fumeurs chez qui l’utilisation de la

CE a toutes les chances de réussite pour le sevrage.

D’après les entretiens, la qualité du matériel, le conseil et le suivi sont des éléments favorisants. Il semblerait

que ce soit des patients réellement motivés par le sevrage avec un minimum d’engagement dans ce nouveau

domaine, comme par exemple lisant plusieurs études concernant la CE, et désirant maîtriser leur expérience.

Mais aussi des patients prêts à changer leur habitude, à ne pas abandonner au moindre échec, et à s’investir

dans l’entretien et l’utilisation de ce matériel de plus en plus sophistiqué.

Les médecins ont donc un rôle de conseils et d’informations auprès des fumeurs qui ont acheté leur CE

dans un bureau de tabac par exemple, qui n’utilisent pas internet et qui ont délaissé leur CE devant la

complexité de l’objet.

L’attitude des médecins et des professionnels de santé n’est pas encore standardisée en l’absence

d’études de bénéfice et de risque. Toutefois on retrouve quelques recommandations à l’attention des

professionnels de santé.

Selon les recommandations de la HAS de 2013 pour le médecin, les méthodes classiques d’arrêt du tabac sont

toujours préférables, mais tout fumeur qui se pose la question de passer à la CE ne doit pas être découragé,

voire encouragé, car tout ce qui peut conduire à arrêter de fumer doit être tenté tant que le risque de

dommage reste infiniment moins grand que celui du tabac.(17)

Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) en février 2016, recommande de poursuivre et d’intensifier les

politiques de lutte contre la consommation de tabac. Et de ce fait d’informer, sans en faire publicité, les

professionnels de santé et les fumeurs que la CE est un outil d’aide à l’arrêt du tabac chez les populations

désireuses de sortir du tabagisme. La CE apparaît être un mode de réduction des risques du tabac en usage

exclusif. Les avantages et les inconvénients doivent être soulignés.(79)

Un avis d’expert de l’OFT, fondé sur l’écoute des usagers et sur leurs pratiques, est paru en avril 2014. On

retrouve quelques recommandations de praticiens experts-tabacologues. Cet avis devra évoluer en fonction

des connaissances aujourd’hui insuffisantes. (80)

De même, il existe un guide officiel, réalisé par des organismes nationaux de santé publique (INPES et tabac-

info-service.fr), permettant d’encadrer le sevrage tabagique avec la CE, et ce à l’attention des patients.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 119: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

117

Il existe peu d’études se penchant sur les perceptions et les pratiques des médecins dans ce nouvel outil

d’aide au sevrage tabagique. Voici deux travaux de thèse en médecine intéressants où les avis divergent :

Un travail de thèse à partir d’une étude qualitative a été effectué en 2015. L’objectif était de recueillir la

position des médecins généralistes vis-à-vis de la CE dans le cadre du sevrage tabagique : 29 entretiens ont étés

réalisés auprès de médecins généralistes en Ile-de-France. Les résultats suggèrent que les praticiens semblent

impliqués dans la démarche d’arrêt du tabac. Mais l’engouement pour la CE ne fait pas l’unanimité. Elle

apparaît pour certains comme un produit de consommation courante et un phénomène de mode et sont

réticents à son utilisation. D’autres sont favorables à la CE car elle réduirait le risque lié au tabagisme, et une

partie préfère ne pas la recommander tant que les études n’auront pas prouvé sa toxicité et son innocuité. Ils

expriment leurs craintes sur le risque de re-normalisation du tabagisme, et la possible entrée des jeunes dans

un nouveau mode de consommation. La dépendance à la CE et le vapotage passif sont deux sujets qui les

préoccupent. (81)

Donc malgré les nouvelles recommandations des autorités de santé, certains médecins généralistes sont

partagés quant à l’utilisation de la cigarette électronique dans le cadre du sevrage tabagique, et ce

probablement par manque de connaissances sur le sujet.

On retrouve un autre travail thèse datant de 2014, mais cette fois ci à partir d’une étude de prévalence

dont l’objectif était de mesurer la perception des médecins généralistes (MG) sur la nocivité des CE par rapport

au tabac et d’évaluer son utilisation potentielle dans le sevrage tabagique. Un cinquième des MG du Calvados

(France) ont rempli un questionnaire en ligne de Mai à Juillet 2014 qui explorait leur perception de la CE et leur

conseil dans différentes populations. Aucun MG ne pensait que la CE était plus dangereuse que le tabac, 18%

n’avaient pas d’avis. 98,2% des MG pratiquaient le sevrage tabagique, parmi lesquels 19,8% conseillaient

régulièrement la CE. Ils la préconisaient avec les méthodes habituelles et avec l’objectif de l’arrêter ensuite.

Enfin, 91% aimeraient avoir plus d’informations. Les MG sont en accord avec les conclusions d’études déjà

réalisées que la CE est mois dangereuse que le tabac. Certains la conseillent en plus des aides habituelles, ce

qui est aussi en accord avec les recommandations françaises actuelles.(82)

Compte tenu de l’ampleur de ce phénomène (nombreux utilisateurs, résultats des études allant dans le

sens d’une efficacité), mais aussi des risques encourus par les patients (dépendance et toxicité incertaine)

l’usage de la CE dans le sevrage tabagique nécessite un encadrement.

Tous les professionnels de santé doivent pouvoir intervenir pour apporter de l’aide au fumeur. Il apparait alors

essentiel ces derniers soient mieux informés des données actuelles sur la CE afin d’apporter un message éclairé

aux patients et les accompagner dans ce type de sevrage.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 120: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

118

9. Perspectives de l’étude

Cette étude apporte un panel d’informations concernant le problème du tabagisme pour les patients.

Mais surtout les résultats amènent des éléments descriptifs sur l’attente, le comportement et le vécu des

fumeurs lors de l’utilisation de la CE pour le sevrage tabagique. Il semble nécessaire de continuer les

recherches sur le sujet. Notamment en termes d’efficacité sur le sevrage tabagique et de sa toxicité.

Il serait aussi intéressant d’étudier à plus grande échelle le comportement des « vapoteurs », au travers par

exemple de focus groupe et d’y inclure des mineurs qui représentent une part importante des « vapoteurs ».

Il est tout à fait concevable qu’un jour une CE obtienne une autorisation de mise sur le marché (AMM)

en tant que traitement nicotinique substitutif. Mais les essais publiés avec les CE n’emportent pas la conviction,

malgré les biais qu’elles comprennent. La CE peut apparaître aux yeux de certains comme un produit hybride

entre les produits du tabac et les substituts nicotiniques.

L’intérêt de séparer les populations et les marchés de la CE est partagé par un certain nombre des parties

prenantes, avec, comme l’Académie nationale de médecine l’a suggéré (Académie nationale de médecine,

2015), la création d’une « e-cigarette médicament ». Cette dernière aurait un double intérêt. D’une part, elle

permettrait de scinder les populations, entre ceux qui désirent s’inscrire dans une démarche de sevrage total

de nicotine et les autres ; et d’autre part de scinder les marchés, entre d’un côté l’industrie du tabac et

l’industrie de la CE, et de l’autre l’industrie pharmaceutique. Il apparaît en effet impensable de faire fabriquer

par l’industrie du tabac une CE médicalisée qui pourrait bénéficier d’un remboursement et du réseau

d’officines. (79)

La reconnaissance des autorités sanitaires de ce nouveau dispositif dans l’aide au sevrage permettrait de

mieux encadrer les médecins et les patients dans cette voie. Il s’avère aussi évident que la fabrication des CE et

des e-liquides soit encadrée afin d’assurer aux patients des produits normés et plus sûrs.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 121: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

119

VI. CONCLUSION

La lutte contre le tabagisme est une des priorités de santé publique. La moitié des fumeurs mourront

d'une maladie liée au tabac. On sait que deux fumeurs sur trois souhaitent se sevrer.

Cette étude aborde le comportement tabagique qui est le plus souvent sous-tendu par une dépendance

très forte. Fait longtemps ignoré de la médecine, cette dépendance s’appuie sur de multiples composantes :

physique (nicotine), comportementale et psychologique. La vie en société, l’influence des autres fumeurs et la

dépendance comportementale, existante depuis plusieurs années, sont des freins dans la réussite pour le

sevrage. Le tabagisme peut être aujourd’hui considéré comme une maladie chronique, caractérisée par une

évolution longue, émaillée de rechutes.

La cigarette électronique est un nouveau dispositif à la portée des fumeurs souhaitant se sevrer bien

que non reconnue comme un substitutif par les autorités sanitaires. Pourtant elle est expérimentée par une

grande majorité des français. C’est un produit médiatique dont le marché ne cesse d’évoluer. Ce phénomène

est en train de révolutionner le comportement de millions de fumeurs.

Cette étude permet de clarifier les attentes et les vécus des « vapoteurs » vis-à-vis du sevrage

tabagique. Les témoignages rendent compte d’une plus grande attractivité pour la cigarette électronique en

tant que substitut pour le tabac. En effet, elle comble les différentes facettes de la dépendance au tabac. Mais

elle est aussi perçue comme une solution moins nocive pour l’utilisateur et son entourage. Point important, le

« vapotage » passif est jugé comme moins incommodant, particulièrement de part son coté inodore. L’aspect

financier et la liberté d’usage restent des motivations secondaires.

Au travers des entretiens, les patients déclarent considérer la cigarette électronique comme un bon

substitut car elle englobe l’ensemble des besoins des fumeurs. Ils retrouvent les comportements inhérents du

tabagisme : le geste, l’inhalation de la vapeur visible, le « throat hit » sensation dans la gorge tant appréciée

par les « vapoteurs » et bien sûr la nicotine. Le plaisir reste présent, c’est un des aspects cruciaux. Le choix des

arômes est devenu une nouvelle satisfaction. Ainsi la cigarette électronique paraît comme une aide pour

soulager les symptômes de sevrage et éviter la rechute. La majorité des patients de l’étude ont abandonné le

tabac de façon plus ou moins progressive et sans trop de difficulté.

Se lancer dans le sevrage tabagique avec la cigarette électronique exige d’avoir quelques informations

de base. Il semble essentiel d’expliquer au fumeur que le choix de son e-liquide et de sa cigarette électronique

est important pour réussir son sevrage. Le risque est d’acheter du matériel inadapté voire défaillant ne pouvant

soulager correctement le manque du patient, ou ne correspondant pas à ses attentes, mais encore de se

retrouver avec des produits dangereux pour sa santé.

« Vapoter » est une méthode à apprendre au risque de se décourager et de l’abandonner trop

rapidement. Les matériels deviennent de plus en plus sophistiqués, ce qui demande un investissement

personnel et un savoir faire quant à leur usage et entretien.

Le « vapotage » est une pratique singulière, différente de la cigarette notamment en termes de gestuelle, de

fréquence et de liberté d’utilisation (durée et lieux).

La question de la dépendance à la cigarette électronique a été étudiée dans ce travail. Les réponses des

patients suggèrent l’existence d’une dépendance moindre. En effet les patients signalent, en majorité,

diminuer progressivement leur taux de nicotine des e-liquides et se détacher avec le temps de la cigarette

électronique, au terme de l’oublier parfois.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 122: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

120

Les patients avouent pour la plupart que la cigarette électronique ne peut constituer à elle seule le

traitement de l’aide à l’arrêt du tabac. Cette méthode ne remplace pas la volonté et la motivation qu’il faut

avoir pour se sevrer du tabac.

On remarque qu’il s’agit d’un mode de sevrage sans soutien médical. Malgré cela les professionnels de

santé sont obligés de s’y intéresser. Leur rôle étant d’accompagner et de soutenir le sevrage tabagique.

On peut ainsi envisager dans un futur que la cigarette électronique, correctement réglementée, pourrait

permettre de diminuer la prévalence tabagique dans le monde.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 123: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

121

VII. BIBLIOGRAPHIE

1. OMS | Tabagisme. Disponible sur: http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs339/fr/

2. Hill C. Épidémiologie du tabagisme, Monographie La Revue du Praticien, Vol 62, Mars 2012, p325-332.

3. CNCT-Enjeux et chiffres. Disponible sur: http://www.cnct.fr/enjeux-chiffres-71.html

4. INPES - Actualités 2015 - Le tabac en France : nouvelles données du Baromètre santé INPES 2014

5. Haute Autorité de Santé - Arrêter de fumer et ne pas rechuter : la recommandation 2014 de la HAS

6. Lermenier A, Palle C. Résultats de l’enquête ETINCEL-OFDT sur la cigarette électronique Prévalence, comportements d’achat et d’usage, motivations des utilisateurs de la cigarette électronique, OFDT( novembre 2013 ) Saint-Denis, le 12/02/2014

7. OMS | Questions-réponses sur les cigarettes électroniques http://www.who.int/tobacco/communications/statements/eletronic_cigarettes/fr/

8. Rapport et avis d’experts sur l’e-cigarette, OFT - Office français de prévention du tabagisme. Mai 2013

9. Premiers résultats tabac et e-cigarette - Caractéristiques et évolutions récentes - Résultats du Baromètre santé INPES; 2014

10. tabac-info-service.fr-Les risques du tabagisme actif / Les effets néfastes du tabac pour moi / Le tabac et moi

11. Dansou A, Maino B, Lemarié E. Addiction tabagique, Monographie La Revue du Praticien, Vol 62, Juin 2012, p 837-842

12. Définition addiction OFDT (Observatoire français des drogues et toxicomanies)

13. Abrous N, Aubin HJ, Berlin I, Junien C, Kaminski M, Le Foll B, et al. Tabac : comprendre la dépendance pour agir. 2004

14. Aubin H-J, Luquiens A, Dupont P, Borgne A. Stratégies thérapeutiques contre la dépendance tabagique-Monographie la Revue du Praticien, Vol 62, Mars 2012, p 347-355.

15. Argumentaire scientifique- Arrêt de la consommation de tabac - argumentaire_scientifique-_arret_de_la_consommation_de_tabac.pdf [Internet]. [cité 14 mars 2014]. Disponible sur: http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2014-01/argumentaire_scientifique-_arret_de_la_consommation_de_tabac.pdf

16. Peiffer G, Underner M, Perriot J, Paillot N, Renolleau F. Le sevrage tabagique. Rev Mal Respir Actual.

2013;5(5):e5‑15.

17. Recommandation de bonne pratique Arrêt de la consommation de tabac : du dépistage individuel au maintien de l’abstinence en premier recours- HAS ( Haute Autorité de Santé), Octobre 2013

18. Pr Jean-François ETTER, La vérité sur la cigarette électronique, Préface du Dr Gérard Mathern, Edition Fayard, 2013.

19. Communiqué de presse- L’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) recommande de ne pas consommer de cigarette électronique-ANSM : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé-30 mai 2011

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 124: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

122

20. Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), juin 2001, Enquête sur des solutions et des cartouches pour cigarettes électroniques

21. Analysis of refill liquids for electronic cigarettes - Etter - 2013 - Addiction

22. Guillot M, Bocquet G, Eckart P, et al. Environnement domestique et intoxication aiguë au propylène glycol chez un nourrisson de deux ans. À propos d’une observation inhabituelle - Archives de pédiatrie Volume 9, numéro 4 pages 382-384 (avril 2002)

23. N. Bonnard, M.-T. Brondeau, M. Falcy, D. Jargot, O. Schneider. INRS - Propylène-glycol, fiche toxicologique, Edition 2010

24. Werley MS, McDonald P, et al. Non-clinical safety and pharmacokinetic evaluations of propylene glycol aerosol in Sprague-Dawley rats and Beagle dogs

25. Liste des Excipients à Effet Notoire. Mise à jour de la liste et des libellés selon le Guideline européen 2003. Afssaps Deuxième révision. 2009 mars

26. ICSC: NFRN0624 International Chemical Safety Cards (WHO/IPCS/ILO) | CDC/NIOSH

27. Police investigating toddler’s death from nicotine overdose | The Times of Israel.

28. Presles P. La cigarette électronique, Enfin la méthode pour arrêter de fumer facilement. Versilio. 2013.

29. Christensen, L. B., van’t Veen, T., & Bang, J. (2013, May). Three cases of attempted suicide by ingestion of nicotine liquid used in e-cigarettes. In Clinical Toxicology (Vol. 51, No. 4, pp. 290-290).

30. Piano MR, Benowitz NL, FitzGerald GA, Corbridge S, Heath J, Hahn E, et al. Impact of Smokeless Tobacco Products on Cardiovascular Disease: Implications for Policy, Prevention, and Treatment A Policy

Statement From the American Heart Association. Circulation. 10 déc 2010;122(15):1520‑44.

31. Molimard R. Avec la cigarette électronique, est-ce « du sérieux »? mai 2013

32. Westenberger BJ. Evaluation of e-Cigarettes. Department of Health and Human Services, Food and Drug Administration, Center for Drug Evaluation and Research, Division of Pharmaceutical Analysis. 2009

33. Laugesen M. Second Safety Report on the Ruyan® e-cigarette [Internet]. Health New Zealand Ltd; 2008

34. Cheng T. Chemical evaluation of electronic cigarettes. Tob Control. 5 janv 2014;23(suppl 2):ii11‑7.

35. Williams M, Villarreal A, Bozhilov K, Lin S, Talbot P. Metal and Silicate Particles Including Nanoparticles Are Present in Electronic Cigarette Cartomizer Fluid and Aerosol. PLOS ONE. 20 mars 2013;8(3):e57987.

36. Inhalateurs électroniques de nicotine : Rapport de l’OMS. Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac Moscou; 2014 sept

37. Eurobarometer : Attitudes of europeans towards tobacco and electronic cigarettes. European Commission, European Commission, Directorate - General for Health and Food Safety and co - ordinated by the Directorate - General for Communication.; 2015 mai

38. Farsalinos KE, Poulas K, Voudris V, Le Houezec J. Electronic cigarette use in the European Union: analysis of a representative sample of 27 460 Europeans from 28 countries: E-cigarette use in the EU. Addiction. 2016

39. Le tabac en quelques chiffres - INPES

40. Programme National de Réduction du Tabagisme : Vers une France sans tabac -2014-2019.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 125: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

123

41. Aurélie Lermenier-Jeannet, OFDT. Tabagisme et arrêt du tabac en 2015. Février 2016

42. Lermenier- Jeannet A. Le tabac en France : un bilan des années 2004-2014. OFDT. mai 2014

43. La dépendance au tabac / Les effets néfastes du tabac pour moi / Le tabac et moi / Page d’accueil - tabac-info-service.fr

44. Etter J-F, Bullen C. Electronic cigarette: users profile, utilization, satisfaction and perceived efficacy.

Addiction. 1 nov 2011;106(11):2017‑28.

45. ‘Vaping’ profiles and preferences: an online survey of electronic cigarette users - Dawkins - 2013 - Addiction

46. Akré C, Suris J-C. Une étude qualitative sur l’usage des cigarettes électroniques chez les jeunes. Lausanne: Institut universitaire de médecine sociale et préventive; 2015 janv

47. GAILLARD C. Motivations, comportements et représentations des consommateurs de cigarette électronique étude qualitative auprès de vapoteurs dans le Puy de Dôme en 2015 [Faculté de médecine, Université de Clermont-Ferrand I].

48. Farsalinos KE, Spyrou A, Stefopoulos C, Tsimopoulou K, Kourkoveli P, Tsiapras D, et al. Nicotine absorption from electronic cigarette use: comparison between experienced consumers (vapers) and naïve users (smokers). Sci Rep. 17 juin 2015;5:11269.

49. Farsalinos KE, Spyrou A, Tsimopoulou K, Stefopoulos C, Romagna G, Voudris V. Nicotine absorption from electronic cigarette use: comparison between first and new-generation devices. Sci Rep. 26 févr 2014

50. Etter J-F, Bullen C. Saliva cotinine levels in users of electronic cigarettes. Eur Respir J. 1 nov

2011;38(5):1219‑20.

51. Caponnetto P, Polosa R, Russo C, Leotta C, Campagna D. Successful smoking cessation with electronic cigarettes in smokers with a documented history of recurring relapses: a case series. J Med Case Rep. 2011;5(1):585.

52. Farsalinos K, Romagna G, Tsiapras D, Kyrzopoulos S, Spyrou A, Voudris V. Impact of Flavour Variability on Electronic Cigarette Use Experience: An Internet Survey. Int J Environ Res Public Health. 17 déc

2013;10(12):7272‑82.

53. Etter J-F. Throat hit in users of the electronic cigarette: An exploratory study. Psychol Addict Behav.

2016;30(1):93‑100.

54. Barbeau AM, Burda J, Siegel M. Perceived efficacy of e-cigarettes versus nicotine replacement therapy among successful e-cigarette users: a qualitative approach. Addict Sci Clin Pract. 2013;8(1):5.

55. McQueen A, Tower S, Sumner W. Interviews With « Vapers »: Implications for Future Research With

Electronic Cigarettes. Nicotine Tob Res. 1 sept 2011;13(9):860‑7.

56. Talih S, Balhas Z, Eissenberg T, Salman R, Karaoghlanian N, El Hellani A, et al. Effects of User Puff Topography, Device Voltage, and Liquid Nicotine Concentration on Electronic Cigarette Nicotine Yield:

Measurements and Model Predictions. Nicotine Tob Res. 1 févr 2015;17(2):150‑7.

57. Farsalinos K, Romagna G, Tsiapras D, Kyrzopoulos S, Voudris V. Evaluation of Electronic Cigarette Use (Vaping) Topography and Estimation of Liquid Consumption: Implications for Research Protocol Standards Definition and for Public Health Authorities’ Regulation. Int J Environ Res Public Health. 18 juin

2013;10(6):2500‑14.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 126: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

124

58. Trtchounian A, Williams M, Talbot P. Conventional and electronic cigarettes (e-cigarettes) have different

smoking characteristics. Nicotine Tob Res. 1 sept 2010;12(9):905‑12.

59. Foulds J, Veldheer S, Berg A. Electronic cigarettes (e-cigs): views of aficionados and clinical/public health

perspectives: Electronic Cigarettes (e-cigs). Int J Clin Pract. oct 2011;65(10):1037‑42.

60. Etter J-F. Electronic cigarettes: a survey of users. BMC Public Health. 2010;10(1):231.

61. Bertholon J-F, Becquemin MH, Roy M, Roy F, Ledur D, Annesi Maesano I, et al. Comparaison de l’aérosol de la cigarette électronique à celui des cigarettes ordinaires et de la chicha. Rev Mal Respir. nov

2013;30(9):752‑7.

62. Flouris AD;Chorti MS;Poulianiti KP;Jamurtas AZ;Kostikas K;Tzatzarakis MN;Wallace Hayes A;Tsatsakis AM;Koutedakis Y. Acute impact of active and passive electronic cigarette smoking on serum cotinine and

lung function. Inhal Toxicol. 1 févr 2013;25(2):91‑101.

63. Siegel MB, Tanwar KL, Wood KS. Electronic Cigarettes As a Smoking-Cessation Tool. Am J Prev Med. avr

2011;40(4):472‑5.

64. Bullen C, Howe C, Laugesen M, McRobbie H, Parag V, Williman J, et al. Electronic cigarettes for smoking

cessation: a randomised controlled trial. The Lancet. nov 2013;382(9905):1629‑37.

65. Caponnetto P, Campagna D, Cibella F, Morjaria JB, Caruso M, Russo C, et al. EffiCiency and Safety of an eLectronic cigAreTte (ECLAT) as Tobacco Cigarettes Substitute: A Prospective 12-Month Randomized Control Design Study. Le Foll B, éditeur. PLoS ONE. 24 juin 2013;8(6):e66317.

66. Vansickel AR, Cobb CO, Weaver MF, Eissenberg TE. A Clinical Laboratory Model for Evaluating the Acute Effects of Electronic « Cigarettes »: Nicotine Delivery Profile and Cardiovascular and Subjective Effects.

Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 1 août 2010;19(8):1945‑53.

67. Bullen C, McRobbie H, Thornley S, Glover M, Lin R, Laugesen M. Effect of an electronic nicotine delivery device (e cigarette) on desire to smoke and withdrawal, user preferences and nicotine delivery:

randomised cross-over trial. Tob Control. 1 avr 2010;19(2):98‑103.

68. Etter J-F, Bullen C. A longitudinal study of electronic cigarette users. Addict Behav. févr 2014;39(2):491‑4.

69. Tableau de bord mensuel des indicateurs relatifs au tabac et au tabagisme en France - OFDT.

70. Caponnetto P, Auditore R, Russo C, Cappello G, Polosa R. Impact of an Electronic Cigarette on Smoking Reduction and Cessation in Schizophrenic Smokers: A Prospective 12-Month Pilot Study. Int J Environ Res

Public Health. 28 janv 2013;10(2):446‑61.

71. Farsalinos K et al, Acute effects of using an electronic nicotine delivery device (e -cigarette) on myocardial function: comparison with the effects of regular cigarettes European Society of Cardiology 2012 Congress; August 26, 2012; Munich, Germany.

72. Vansickel AR, Eissenberg T. Electronic Cigarettes: Effective Nicotine Delivery After Acute Administration.

Nicotine Tob Res. 1 janv 2013;15(1):267‑70.

73. Hadwiger ME, Trehy ML, Ye W, Moore T, Allgire J, Westenberger B. Identification of amino-tadalafil and rimonabant in electronic cigarette products using high pressure liquid chromatography with diode array

and tandem mass spectrometric detection. J Chromatogr A. nov 2010;1217(48):7547‑55.

74. Dautzenberg B, Dautzenberg M-D. La cigarette électronique est-elle fiable et efficace ? Presse Médicale.

juill 2014;43(7-8):858‑64.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 127: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

125

75. Burstyn I. Peering through the mist: What does the chemistry of contaminants in electronic cigarettes tell us about health risks? 2013

76. Goniewicz ML, Knysak J, Gawron M, Kosmider L, Sobczak A, Kurek J, et al. Levels of selected carcinogens

and toxicants in vapour from electronic cigarettes. Tob Control. mars 2014;23(2):133‑9.

77. Farsalinos, Romagna G, Tsiapras D, Kyrzopoulos S, Voudris V. Evaluating Nicotine Levels Selection and Patterns of Electronic Cigarette Use in a Group of « Vapers » Who Had Achieved Complete Substitution of Smoking. Subst Abuse Res Treat. sept 2013;139.

78. GUIGNARD R, BECK F, RICHARD J-B, LERMENIER A, WILQUIN J-L, NGUYEN-THANH V. La consommation de tabac en France en 2014 : caractéristiques et évolutions récentes - Évolutions n°31 avec tableaux

79. Haut Conseil de la Santé publique (HCSP). Avis relatif aux bénéfices–risques de la cigarette électronique ou e-cigarette étendus en population générale (22 février 2016). Rev Mal Respir. avril 2016

80. Dautzenbergo B, Adler M, Garelik D. Adaptations de la prise en charge de l’arrêt du tabac avec l’arrivée

de la cigarette electronique? Avis d’experts de l’Office français de prévention du tabagisme (OFT). Rev

Mal Respir. 2014;31:641‑5.

81. Voarick A-S. Cigarette électronique et sevrage tabagique : perceptions et représentations par les médecins généralistes d’Ile-de-France [enquête qualitative]. [Paris 6]: Université Pierre et Marie Curie (Paris); 2015.

82. Canonville A. Perception de la cigarette électronique, par les médecins généralistes, et utilisation potentielle dans leur pratique du sevrage tabagique. Enquête auprès de 111 médecins généralistes français du Calvados. Université de Caen; 2014.

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 128: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

126

VIII. ANNEXES

A. Canevas pour entretien semi-dirigé

Je réalise une thèse ayant pour thème le sevrage tabagique chez les adultes avec la cigarette électronique.

Mon objectif est de connaître les raisons qui poussent les patients à utiliser la cigarette électronique,

d’analyser leurs ressentis et leurs comportements. Comprendre les clefs de la réussite dans leur sevrage mais

aussi les causes d’échecs.

L’entretien restera anonyme et sera enregistré par un dictaphone pour plus de facilité.

VOTRE HISTOIRE AVEC LE TABAC

-Racontez-moi votre première expérience avec la cigarette ?

Souvenir de votre première fois ? Âge de votre première cigarette ?

- Pour quelles raisons avez-vous continué de fumer?

Comment décrire votre relation avec le tabac ? Est-ce un plaisir de fumer ? Ambivalence des sentiments ? Qu’est

ce que le tabac vous apporte? Dans quels moments est-elle indispensable ?

-Comment vous êtes-vous rendu compte que vous en étiez dépendant ?

Comment ressentez-vous votre dépendance à la cigarette ? Plutôt physique, psychique, comportementale ?

VOS HISTOIRES DE SEVRAGE

-Pour quelles raisons avez-vous eu envie d’arrêter de fumer ?

Quelles sont les raisons qui vous ont donné envie d’arrêter de fumer ?

-Combien de fois avez-vous essayé d’arrêter de fumer ? Quelles en étaient les durées et les méthodes ?

Avez-vous essayé d’autres substituts nicotiniques avant la cigarette électronique ?

-Avez-vous eu recours à l’aide d’un médecin ?

Si oui, pourquoi ? Était-ce utile pour vous ? Si non, pourquoi ?

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 129: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

127

VOTRE HISTOIRE AVEC LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE

- Pour quelles raisons avez-vous choisi d’utiliser la cigarette électronique ?

Quels sont vos objectifs vis-à-vis de votre consommation de tabac?

Comment avez-vous découvert la cigarette électronique ? Que savez-vous à son sujet (caractère inconnu de la

cigarette électronique) ? Vous êtes-vous informé à son sujet ?

- Avez-vous parlé de la cigarette électronique à votre médecin traitant ou autre ? Qu’en est-il ressorti ?

- Comment avez-vous choisi votre cigarette électronique et votre e-liquide ?

Pensez-vous que le choix de la cigarette électronique et du e-liquide est important pour réussir un sevrage?

Avez-vous eu d’autres modèles et pourquoi les avoir abandonnés ?

- Comment utilisez-vous votre cigarette électronique ? Cette utilisation a-t-elle évolué dans le temps ?

Comment l’avez-vous utilisée au début puis après ? Est-ce différent de l’utilisation de la cigarette classique ?

Avez-vous baissé le taux de nicotine du e-liquide durant l’utilisation ?

- Pour vous la cigarette électronique a-t-elle remplacé la cigarette classique ?

Que s’est-il passé avec votre consommation de tabac ? Fumez-vous encore des cigarettes ? Si oui, combien et

pourquoi ? Pourquoi continuez-vous d’utiliser la cigarette électronique ? Est-ce devenu un plaisir pour vous?

Pouvez-vous décrire vos sensations ? Ce que vous aimez dans la « vape »? Pensez- vous en être dépendant ?

- Quels sont pour vous les avantages de la cigarette électronique ?

Au niveau physique, avez-vous ressenti des différences ? Goût, odorat, respiration, forme physique ?

Conséquences sociales ?

- Quels sont pour vous les inconvénients ? Avez-vous eu des échecs et pour quelles raisons ?

Avez-vous découvert des effets secondaires ?

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 130: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

128

FICHE D’IDENTIFICATION

(À remplir par le patient)

PRÉSENTATION DE LA PERSONNE

Âge : ……….

Sexe : F M

Statut marital : ……………….

Nombre d’enfant : .....

Profession : ………………………..

ÉVALUATION DE LA DEPENDANCE

- Short tabac test:

Combien de cigarettes fumiez-vous par jour ?

10 ou moins

11 à 20

21 à 30

31 ou plus

Dans quel délai après le réveil fumiez-vous votre première cigarette ?

Moins de 5 minutes

6 à 30 minutes

31 à 60 minutes

Après plus d’une heure

- Autres types addictions ?

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 131: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

129

B. Affiche de recrutement de patients déposée dans les cabinets de médecine générale

Je me présente, TOVENA Laëtitia, médecin généraliste.

Je réalise une thèse ayant pour thème le sevrage tabagique

chez les adultes avec la cigarette électronique.

Cette étude s’effectue à partir d’entretien où je pose des

questions ouvertes. Mon objectif est de recueillir votre

expérience personnelle.

L’entretien restera anonyme.

Si vous souhaitez participer à cette étude, merci de le signaler

lors de vos consultations en laissant vos coordonnées afin

que je puisse prendre rendez-vous avec vous.

Merci par avance.

Cherche volontaire pour participer à une étude sur la

cciiggaarreettttee éélleeccttrroonniiqquuee dans le cadre du sseevvrraaggee ttaabbaaggiiqquuee

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 132: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/.../blobholder:0/THm_2016_TOVENA_Laetitia.pdf · Année 2016 Thèse N° 154 « VAPOTER » POUR NE PLUS

TOVENA Laëtitia

« VAPOTER » POUR NE PLUS FUMER

ATTENTES ET VÉCUS DES ADULTES SUR LE SEVRAGE TABAGIQUE AVEC LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE

Étude qualitative à partir de 18 entretiens semi-dirigés

Contexte : En France le tabac tue 73 000 personnes chaque année.

Le sevrage tabagique est difficile, 97 % des fumeurs n’arrivent pas à se sevrer sans une aide.

La cigarette électronique (CE) est utilisée principalement pour le sevrage tabagique et permettrait d’envisager une

réduction des risques mais il reste beaucoup d’inconnus à son sujet.

Objectifs : Cette étude vise à mieux connaitre les attentes, les vécus et comportements des adultes fumeurs

utilisant la CE pour leur sevrage.

Matériel et méthode : Étude observationnelle par méthode qualitative à partir d’entretiens semi-dirigés. Les

patients étaient des fumeurs majeurs utilisant la CE pour leur sevrage, recrutés sur les mois de Février/Mars 2014

puis Décembre/Avril 2016 sur la base du volontariat dans des cabinets de médecine générale urbains en Rhône-

Alpes. Le recrutement fut arrêté selon le principe de saturations des données.

Résultats : Dix femmes furent interrogées contre huit hommes, de catégories socioprofessionnelles variées. La

moyenne d’âge était de 39.5 ans.

Les patients sont attirés par la CE parce qu’elle permet d’imiter l’acte de fumer. Elle est perçue comme moins

nocive et moins chère que le tabac. L’influence des autres « vapoteurs », l’odeur moins incommodante ainsi que la

liberté d’usage sont des attraits supplémentaires.

Se renseigner pour choisir le bon modèle de CE et le e-liquide adapté à la dépendance nicotinique et au goût

semble essentiel pour la réussite. L’évolution des modèles dans le temps est à prendre en compte.

L’utilisation de la CE demande un certain apprentissage que ce soit dans la méthode d’aspiration, l’adaptation du

geste ou l’entretien et la gestion du matériel.

La fréquence et la durée d’usage apparait différente. Les prises sont plus courtes et plus nombreuses. Les

habitudes d’utilisations sont sensiblement les mêmes. L’entretien du matériel devient un rituel. L’usage de la CE

évolue avec le temps. Les patients l’utilisent intensivement dans les débuts par phénomène de sevrage, puis

diminuent progressivement leur besoin en nicotine et leur addiction.

Les avantages sont la sensation dans la gorge lors de l’aspiration, le « throat hit » avec une vapeur visible, le geste

et l’apport discontinu en nicotine qui permettent de mieux soulager le patient. La CE apparait comme un nouveau

plaisir. Les désavantages sont principalement les difficultés dans l’apprentissage et la gestion du matériel. Le risque

d’achat de mauvais matériel. La toux, la sècheresse des muqueuses ORL et la peur de sa toxicité peuvent être des

freins.

La dépendance à la CE est avouée par certains patients mais vécue comme moins forte que le tabac. C’est un type

de sevrage solitaire faisant peut intervenir les médecins.

Les patients insistent sur le fait que la CE n’est pas une aide magique et ne remplace pas la volonté qu’il faut pour

se sevrer du tabac.

Conclusion : Cette étude permet l’amélioration des connaissances sur les attentes, les comportements et vécus

des patients concernant l’usage de la CE pour leur sevrage.

La CE, correctement réglementée, pourrait permettre de diminuer la prévalence tabagique dans le monde.

Mots clefs : Cigarette électronique, e-cigarette, nicotine, sevrage tabagique, produit de sevrage tabagique,

tabagisme, dépendance tabagique.

JURY : Président : Monsieur le Professeur DEVOUASSOUX Gilles Membres : Monsieur le Professeur MOREAU Alain

Madame le Professeur ERPELDINGER Sylvie Monsieur le Professeur SOUQUET Pierre-Jean

Directeur : Monsieur le Docteur FARGE Thierry

Date de soutenance : Le mardi 13 Septembre 2016

Adresse postale de l’auteur : 3 Place de la Croix-Rousse 69004 LYON

Email : [email protected]

TOVENA (CC BY-NC-ND 2.0)