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Croyances et pratiques alimentaires chez des diabétiques de type 2 à Bamako (Mali)

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Cahiers de nutrition et de diététique (2009) 44, 136—142

COMPORTEMENT ALIMENTAIRE

Croyances et pratiques alimentaires chez desdiabétiques de type 2 à Bamako (Mali)

Beliefs and food practices of type 2 diabetic patients in Bamako (Mali)

Aïssatou Coulibaly, Huguette Turgeon O’Brien,Isabelle Galibois ∗

Département des sciences des aliments et de nutrition, faculté des sciencesde l’agriculture et de l’alimentation, université Laval, local 2415, pavillonComtois, Québec, Québec GIV 0A6, Canada

Recu le 18 mars 2008 ; accepté le 26 fevrier 2009Disponible sur Internet le 17 avril 2009

MOTS CLÉS Résumé Les croyances et les pratiques alimentaires de diabétiques de type 2 au Mali ont été

Croyances etpratiques ;Diabète ;Nutrition

étudiées de mai à octobre 2005 chez 57 sujets fréquentant le Centre national de lutte contrele diabète (CNLD) de Bamako. Les croyances et les pratiques alimentaires ont été obtenuesà l’aide d’un questionnaire. La majorité des participants (96 %) ont répondu avoir recu desconseils sur l’alimentation des diabétiques qui ont été prodigués essentiellement par le médecin(94 %). Plus de femmes (98 %) que d’hommes (83 %) ont rapporté avoir changé leurs habitudesalimentaires depuis la découverte de leur diabète. Aucun des hommes diabétiques de l’étuden’a rapporté être responsable de l’achat ou de la préparation de la nourriture du ménage.Concernant les croyances sur la nutrition, la proportion des participants qui pensaient qu’undiabétique ne peut plus manger les mêmes aliments que les autres membres de sa famille étaitsignificativement plus élevée chez les hommes que chez les femmes (p = 0,001). En revanche,plus de femmes que d’hommes croyaient qu’un diabétique ne doit plus manger dans le platcommun (p < 0,04) et ne devait plus manger de fruits car c’est sucré (p < 0,02). La proportiondes participants qui pensaient que l’alimentation joue un rôle important dans l’apparition dudiabète était significativement plus élevée chez les hommes que chez les femmes (p = 0,04).Cette étude montre la nécessité d’une meilleure information et l’amélioration de la prise encharge alimentaire des diabétiques de type 2 au Mali.© 2009 Société francaise de nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDSBeliefs and practices;Diabetes;Nutrition

Summary Beliefs and food practices of type 2 diabetes in Mali were assessed from May toOctober 2005 in 57 outpatients attending the primary health care services for diabetes at theCentre national de lutte contre le diabète (CNLD) in Bamako. Beliefs and food practices wereobtained using a questionnaire. The majority of participants (96%) reported that they had recei-ved advice on the diabetic diet provided by the doctor (94%). More women (98%) than men (83%)reported that they had changed their dietary habit since the discovery of their diabetes. None

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (I. Galibois).

0007-9960/$ — see front matter © 2009 Société francaise de nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.cnd.2009.02.002

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of the diabetic men in the sfood in the household. Conthought that a diabetic cansignificantly higher amongbelieved that a diabetic shofruits because of their sweeplays an important role in t(p = 0.04). This study showscare and counselling of diab© 2009 Société francaise de

Introduction

Le diabète de type 2 est un problème de santé importantdans le monde. Cette affection qui semblait rare en Afriqueest devenue plus courante [1,2]. Les populations vivant dansdes zones rurales et urbaines de l’Afrique ne sont pas enmarge de l’épidémie de diabète [3]. Au Mali, le nombreestimé de personnes affectées par le diabète était 140 000en 2000 et on s’attend à ce qu’il atteigne 405 000 d’ici2030 [4]. L’augmentation du diabète de type 2 en AfriqueSub-saharienne peut être en partie due à la modernisationet à l’adoption du mode de vie occidental, avec une aug-mentation de la consommation d’aliments riches en calorieet de l’obésité ainsi qu’une réduction de l’activité phy-sique [5]. Le diabète constitue une menace immesurableà la santé globale, aux structures de soins de santé etaux économies nationales [6]. L’analphabétisme, le manqued’éducation sanitaire et la dominance de fausses croyancescompromettent la prise en charge du diabète [7]. De cefait, instruire le patient est essentiel pour la prévention descomplications [8,9].

Selon Badruddin et al. [10], s’ils recevaient des conseilset l’éducation appropriés concernant la prise en charge dudiabète, les patients seraient en mesure d’améliorer signi-ficativement leurs conditions de vie, ce qui les aiderait àmaintenir un bon contrôle glycémique. L’éducation peut

être efficace si les caractéristiques des patients en termesde connaissances, attitudes et pratiques au sujet du dia-bète sont connues. Pour planifier un programme d’éducationefficace, l’identification des groupes vulnérables et des per-sonnes atteintes fournit des informations utiles.

L’objectif de cette étude était d’évaluer les caractéris-tiques générales, les croyances et les pratiques liées audiabète de patients diabétiques de type 2 fréquentant leCentre National de Lutte contre le Diabète (CNLD) à Bamako.

Méthodologie

Sujets

Le recrutement des participants a été fait parl’intermédiaire des médecins traitants du CNLD entremai et octobre 2005. Les critères de sélection étaientd’être âgé de 25 à 75 ans, d’avoir un diagnostic de diabètede type 2 et de ne pas être traité à l’insuline. L’échantillonétait constitué de 57 sujets adultes fréquentant le CNLD etsatisfaisant à ces critères. Au fur et à mesure de leur arrivéeau centre pour une visite de suivi, tous les patients éligiblesont été invités à participer à la recherche. Pour les finsde l’étude, les sujets ont été rencontrés individuellement

e 2 à Bamako 137

reported to be responsible for the purchase and preparation ofng beliefs about nutrition, the proportion of participants whoonger eat the same food as other members of his family weres than females (p = 0.001). However, more women than men

not eat in the common dish (p < 0.04) and should no longer eat(p < 0.02). The proportion of participants who believe that dietset of diabetes is significantly higher among men than womeneed for better information and the necessity of improving the

s in Mali.rition. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

par un membre de l’équipe (A.C.) et les entretiens sedéroulaient en Bamana qui est une langue locale. Lesrencontres se tenaient au CNLD même. L’approbationde l’étude avait été préalablement obtenue du Comitéd’éthique de la recherche de l’université Laval où sontrattachés les auteurs.

Mesures anthropométriques

Lors de la rencontre, la taille et le poids de chaque sujet ontété mesurés en vêtements d’intérieur, sans les chaussures.Le poids a été obtenu grâce à un pèse-personne électroniqueHW114 de marque Salter, précis au dixième de kilogrammeprès. La taille a été mesurée à l’aide d’une toise. L’indicede masse corporelle (IMC) a été calculé et est exprimé enkilogramme par mètre carré.

Questionnaire

Suite aux mesures anthropométriques, chaque participanta été soumis à un questionnaire général au cours duquelil a été interrogé entre autres sur ses croyances et pra-tiques alimentaires. Le questionnaire comportait égalementdes items sur la durée du diabète, les données socio-démographiques, le type de traitement médicamenteuxsuivi, l’activité physique, la mesure de la glycémie, les

complications liées au diabète et les conseils recus surl’alimentation.

Analyses statistiques

Toutes les analyses statistiques ont été effectuées en utili-sant le progiciel SAS version 9.1 (SAS Institute, Cary, NC).Les données descriptives pour l’ensemble des participantsont été rapportées sous formes de moyennes plus ou moinsécarts-types (ET), de fréquences ou de pourcentages.

Le test non paramétrique du chi-carré a été utilisé pourvérifier statistiquement les différences entre les hommes etles femmes quant aux habitudes alimentaires et à l’adhésionà certaines croyances liées à l’alimentation. Le niveau designification a été fixé à p < 0,05.

Résultats

Caractéristiques générales des participants

L’échantillon comportait 40 femmes et 17 hommes. L’âgemoyen des sujets de l’étude était de 54,5 ± 9,4 ans et ladurée moyenne de leur diabète était de 3,8 ± 3,5 ans.

Quatre-vingt-dix pour cent des participants étaient denationalité malienne et les 10 % restants étaient originaires

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Concernant l’exercice, 35 % des participants ont répondufaire de l’activité physique de loisir et majoritairement dela marche. Un participant a mentionné faire du jardinage.Les participants ayant fait de l’activité physique ou un tra-vail nécessitant des efforts au cours de la semaine précédantl’enquête ont répondu y avoir passé en moyenne 45 minutes.

Analyses sanguines

La majorité des participants (95 %) ont affirmé faire mesu-rer leur glycémie à chacune de leur visite chez le médecinau CNLD. En revanche, la mesure à domicile de la glycémiecapillaire n’a été rapportée que par 11 % des participants etseulement cinq d’entre eux l’avaient fait au cours du derniermois précédant l’interview. Parmi ceux-ci, deux participantsavaient mesuré leur glycémie une seule fois au cours dumois, un participant l’avait mesurée trois fois et les deuxautres l’avaient mesurée quatre fois. L’ensemble des sujetsa répondu ne faire aucune analyse sanguine autre que laglycémie capillaire.

Complications liées au diabète

Le Tableau 1 indique les complications liées au diabète rap-portées par les participants à l’étude. Les deux-tiers des

Tableau 1 Complications liées au diabète selon le dys-fonctionnement percu de certaines parties du corps.

Parties du corps atteintes Oui (%) Non (%) Ne saitpas (%)

Les yeux (tâche ou toiled’araignée dans le champde vision, visionembrouillée)

68 32 0

Les reins (petites quantitésd’albumine dans les

2 0 98

38

es pays voisins (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Sénégal etauritanie).

Cinquante-neuf pour cent des hommes et 13 % desemmes (p = 0,0003) avaient un emploi à l’extérieur du foyert la majorité avait un horaire de travail de jour (81 %).uarante-deux pour cent des diabétiques n’avaient aucunecolarité, environ 15 % avaient étudié à l’université et lesutres avaient atteint soit un niveau primaire soit le secon-aire ou le lycée.

Les participants à l’étude ont répondu en majorité avoirans la famille des moyens de transport qui étaient laoiture (à la fois source de revenu familial et moyen deransport) pour 44 %, la mobylette pour 53 % et le véloour 16 %. Quatre-vingt-huit pour cent des participants ontépondu avoir une télévision. Plus de la moitié des par-icipants (58 %) avaient l’eau courante. L’électricité étaitrésente dans la majorité des foyers des participants (89 %)t le téléphone (familial ou personnel) était présent chez1 % des participants. Un peu plus de deux tiers des par-icipants vivaient dans une maison en dur (maison faitentièrement de briques), 12 % dans une maison semi-duremélange de brique et de terre argileuse) et 21 % dans uneaison en banco (un mélange de terre argileuse et de paille

échée).Plus de trois quarts des sujets avaient une situation mari-

ale et 37 % des participants ont répondu vivre une situatione polygamie. Dans ces foyers polygames, il y avait soiteux co-épouses (33 %), trois co-épouses (57 %) ou quatre co-pouses (10 %). Dans les familles des sujets, le repas étaitartagé par 16 convives en moyenne.

istoire familiale et contrôle du diabète

e tiers des participants ont répondu avoir dans leuramille d’autres personnes atteintes du diabète. Parrdre d’importance, les parents suivants ont été men-ionnés : mère (32 %), frère (26 %), père (21 %), oncle16 %), sœur (10 %), cousin (5 %), grand-mère (5 %) ou tante5 %).

Seulement 11 % des participants ne prenaient aucune

édication alors que 33 % prenaient une médication tra-itionnelle avec ou sans antidiabétiques oraux. Près de laoitié des sujets qui prenaient des antihyperglycémiants

raux utilisaient des médicaments de la classe des sulfo-ylurés, principalement de l’Amarel®, du Glucophage®, de’Hémidaonil® et du Daonil®. Seulement 14 % de ceux quirenaient les antidiabétiques oraux trouvaient cela contrai-nant. Les médicaments traditionnels étaient consommésajoritairement sous forme d’infusion de plantes. La prisee ces médicaments traditionnels avait été conseillée auxépondants par diverses personnes (tradipraticien [16 %] ;n autre diabétique [40 %] ; un ami [21 %] ; un parent2 %] ou le médecin [2 %]). Les participants qui pre-aient les antidiabétiques oraux dépensaient en moyenne714 ± 3125 FCFA par mois pour l’achat des médicamentslors que ceux qui prenaient les médicaments tradition-els dépensaient beaucoup moins, soit 696 ± 885 FCFA parois.

ndice de masse corporelle

es participants avaient un IMC de 26,2 ± 5,1. Environ leseux tiers des femmes (63 %) avaient un IMC supérieur à 25t 28 % avaient un IMC supérieur à 30, alors que chez lesommes, ces proportions n’atteignaient respectivement que5 et 6 %.

A. Coulibaly et al.

ratique de l’activité physique

urines : micro-albuminurie)Les nerfs (diminution de la

sensibilité à la douleur, à lachaleur et au froid dans lesextrémités ; picotementsou sensation de brûlure)

56 44 0

Les pieds (enflure,changements de couleur dela peau, douleurs, perte desensation aux pieds)

67 33 0

Le cœur (palpitations) 42 58 0Les intestins (constipation,

diarrhée)58 42 0

L’estomac (sensation deballonnement et/ou derégurgitations après lesrepas)

39 61 0

La vessie (absence desensation de vessie pleine,absence de vidangecomplète de la vessie)

11 89 0

Les organes génitaux del’hommea

29 71 0

a Seulement pour les hommes.

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Croyances et pratiques alimentaires chez des diabétiques de typ

participants ont affirmé avoir des troubles visuels et desproblèmes au niveau des pieds. Dans des proportions simi-laires, ils ont répondu avoir une diminution de la sensibilitéà la douleur, à la chaleur et au froid dans les extrémitésainsi que des sensations de picotements ou de brûlure. Ence qui concerne les problèmes rénaux, la majorité des parti-cipants (98 %) ont répondu ignorer s’ils en étaient atteints.Environ 30 % des hommes ont dit avoir des problèmes dedysfonctionnement érectile.

Recommandations alimentaires

La presque totalité des participants (96 %) ont répondu avoirrecu des conseils sur l’alimentation des diabétiques quileur avaient été prodigués majoritairement par le médecin(94 %). Tous ces répondants avaient recu la recommanda-tion de suivre un régime alimentaire particulier, notammentl’information d’éviter certains aliments recensés sur une

Tableau 2 Pratiques alimentaires des participants.

Variables Fréquen

Homme

Nombre de repas quotidiensUn repas 0Deux repas 6Trois repas 65Trois repas et une collation 18Trois repas et deux collations 12

Prise des repas à des heures fixesNon 6Parfois 18Habituellement 76Toujours 0

Mode de consommation du petit déjeunerBol commun 12Assiette individuelle 88Autres 0

Mode de consommation du déjeunerBol commun 18Assiette individuelle 76Autres 6

Mode de consommation du dinerBol commun 18Assiette individuelle 70Autres 12

Prise des petits déjeuners hors domicileJamais 53Rarement 6Souvent 41

Prise des déjeuners hors domicileJamais 59Rarement 12Souvent 29

Prise des dîners hors domicileJamais 82Rarement 6Souvent 12

* Niveau de signification selon le test du chi-carré.

e 2 à Bamako 139

fiche de conseils nutritionnels. La majorité des partici-pants (93 %) ont dit avoir été renseignés sur les quantitésd’aliments qu’ils devraient consommer quotidiennement,mais dans une proportion identique ils ont déclaré ne pasavoir recu de recommandations sur le mode de cuissondes aliments, le type ou la quantité de matières grasses àutiliser ou encore le type d’assaisonnement à privilégier.En ce qui concerne le niveau d’information générale surl’alimentation des diabétiques, 71 % des hommes pensaientêtre peu informés alors que 50 % des femmes pensaient êtrebien informées.

Habitudes alimentaires

Plus de femmes (98 %) que d’hommes (83 %) ont rapportéavoir changé leurs habitudes alimentaires depuis la décou-verte de leur diabète. La majorité des participants disaients’abstenir de consommer certains aliments, notamment les

ce (%) Valeur de p*

s (17) Femmes (40)

NS2,52,5

75,017,52,5

NS15,025,057,52,5

NS5,0

92,52,5

NS10,082,57,5

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90,05,0

0,00985,07,57,5

0,0290,05,05,0

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liments sucrés (banane plantain, fruits sucrés, sucre. . .) etes aliments à éviter selon la fiche d’enseignement. Plus de

a moitié des sujets ont affirmé consommer particulièrementertains aliments qui pourraient être bénéfiques pour leuriabète, notamment les aliments contenus dans la liste desliments à mesurer (riz étuvé, fonio, œuf, poisson) ou àonsommer sans mesure (légumes), ainsi que les sauces àase de feuilles. En ce qui concerne les difficultés liées à’alimentation, 60 % des participants ont affirmé avoir desifficultés pour le choix, 63 % pour la préparation et 51 %our la quantité d’aliments à consommer.

Il est à noter qu’aucun des hommes diabétiques de cettetude n’a rapporté être responsable de l’achat ou de laréparation de la nourriture du ménage. Chez les femmesiabétiques, 20 % ont dit être responsables des achats deourriture et seulement la moitié de celles-ci tenaientompte de leur diabète au moment des achats. Un peu de laême facon, seulement 30 % des participantes préparaient

a nourriture pour le ménage. Les deux-tiers de celles-cienaient compte de leur diabète lors de la préparation dea nourriture.

Les résultats présentés dans le Tableau 2 et relatifs à cer-aines pratiques alimentaires quotidiennes indiquent qu’uneajorité des participants, aussi bien masculins que fémi-

ins, consommaient trois repas par jour, utilisaient unessiette individuelle plutôt que le bol commun et prenaientes repas le plus souvent à des heures fixes. En revanche,a fréquence de prise de repas à l’extérieur différait entre

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Tableau 3 Croyances en matière de nutrition selon le sexe : év

Allégations Hommes

Vrai Faux

Un diabétique peut manger tous lesaliments qu’il désire

35 65

Un diabétique peut manger des aliments quicontiennent du sucre

29 71

Un diabétique doit manger moins que lesnon diabétiques pour être en bonne santé

82 12

Un diabétique peut manger à tout momentde la journée

24 76

Un diabétique peut manger la quantitéd’aliments qu’il souhaite

24 76

Un diabétique peut manger des aliments quicontiennent des matières grasses

18 82

Le poisson et la volaille ne sont pas bonspour les diabétiques

0 100

La viande et les œufs ne sont pas bons pourles diabétiques

12 82

Un diabétique ne peut plus manger lesmêmes aliments que les autres membres desa famille

53 47

Un diabétique ne doit plus manger dans leplat commun

35 65

Un diabétique ne doit plus manger les fruitscar c’est sucré

35 65

Un diabétique peut tout manger mais doitmesurer d’abord ses aliments

88 12

Si un diabétique prend des médicaments, iln’a pas besoin de faire attention à sonalimentation

6 94

N.S.P. : ne sait pas.

A. Coulibaly et al.

es hommes et les femmes, celles-ci mangeant hors de laaison beaucoup plus rarement.

royances liées à l’alimentation

e Tableau 3 indique les opinions concernant la nutritionelon le sexe des participants, en fonction de diverses allé-ations proposées. Les participants ont donné des réponsesrès variables selon les items.

Des différences significatives ont été notées entre lesommes et les femmes pour certaines allégations. La pro-ortion des participants qui pensaient que l’alimentationoue un rôle important dans l’apparition du diabète étaitignificativement plus élevée chez les hommes que chez lesemmes (p = 0,04). De la même facon, plus d’hommes quee femmes (p = 0,001) pensaient qu’un diabétique ne peutlus manger les mêmes aliments que les autres membrese sa famille. À l’inverse, plus de femmes que d’hommesroyaient qu’un diabétique ne devait plus manger dans lelat commun (p < 0,04) et ne devait plus manger de fruitsar c’est sucré (p < 0,02).

Dans des proportions semblables, de fortes majorités dearticipants masculins et féminins croyaient qu’un diabé-ique doit manger moins que les autres personnes pour êtren santé et qu’il peut tout manger mais doit d’abord mesu-er ses aliments. En revanche, ils ne croyaient pas que leoisson, la volaille, la viande et les œufs soient domma-eables pour les diabétiques ou que si un diabétique prend

aluation à partir de quelques allégations (en pourcentage).

Femmes Valeur de p

N.S.P. Vrai Faux N.S.P.

0 15 78 8,0 0,14

0 8 90 2,5 0,08

6 98 2 0,0 0,10

0 10 90 0,0 0,18

0 8 92 0,0 0,09

0 45 55 0,0 0,05

0 0 98 2,5 0,51

6 23 77 0,0 0,21

0 8 92 0,0 0,001

0 65 35 0,0 0,04

0 67 33 0,0 0,02

0 98 0 2,5 0,07

0 0 100 0,0 0,12

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Croyances et pratiques alimentaires chez des diabétiques d

des médicaments, il n’a pas besoin de faire attention à sonalimentation.

Discussion

La prise en charge du diabète exige non seulement laprescription d’une médication et d’un régime alimentaireappropriés mais également une éducation intensive ainsiqu’une assistance au patient [11]. Celles-ci peuvent êtreefficaces lorsque les connaissances, attitudes et pratiquesdu patient en matière de diabète sont connues [10]. La pré-sente étude a été conduite pour documenter la situationfamiliale, la prise en charge personnelle du diabète, lescroyances et pratiques alimentaires chez des diabétiques detype 2 au Mali. Il est à noter que l’échantillon constitué eninvitant les patients du CNLD à participer à l’enquête pour-rait ne pas être représentatif de la population diabétiqueau Mali, compte tenu de sa taille limitée et de sa proportionimportante de femmes.

Parmi les participants de cette étude, la pratique del’activité physique était faible. C’était aussi le cas dansl’étude de Badruddin et al. [10] au Pakistan où sur les100 participants diabétiques de type 2, les deux-tiers nepratiquaient l’activité physique sous aucune forme. Pour-tant, plusieurs études ont montré l’effet bénéfique de lapratique de l’activité physique dans la prise en charge dudiabète chez les personnes atteintes de diabète de type 2[12,13]. Cette faible pratique de l’activité physique pourraits’expliquer par des facteurs culturels en ce sens que la majo-rité de nos sujets étaient relativement âgés. Dans la sociétémalienne, ces personnes ne doivent pas fournir d’effort carce sont les plus jeunes qui doivent s’occuper d’elles. À cela,on pourrait sans doute ajouter la méconnaissance de l’effetbénéfique de l’activité physique.

En accord avec les résultats de Badruddin et al. où 50 %des diabétiques de type 2 de l’étude avaient un lecteur deglycémie et seulement 28 % de ceux-ci mesuraient régulière-ment leur glycémie, l’autosurveillance de la glycémie étaitrare parmi les participants de la présente étude. En effet,

à peine plus de 10 % d’entre eux faisaient la lecture dela glycémie à domicile. Plusieurs facteurs pourraient expli-quer ce fait, notamment les difficultés financières liées àl’achat d’un lecteur de glycémie et de bandelettes réac-tives qui sont très coûteux alors que les malades doiventdéjà dépenser pour la médication qui est indispensable. Ily a aussi le problème de disponibilité des lecteurs de gly-cémie qui peuvent ne pas être accessibles même pour lespersonnes qui peuvent se permettre de les acheter [14].À cela pourrait s’ajouter le manque de politique de santéen ce qui concerne le diabète dans les pays en développe-ment [2,14,15]. En effet, dans ces pays confrontés à d’autresmaladies (HIV, malaria et la tuberculose), la prise en chargedu diabète ne fait souvent pas partie des priorités de santé[2,14,15]. Ainsi, peu de moyens y sont alloués et les patientsse retrouvent seuls face aux dépenses liées à la maladie [14].

La présente étude a montré que la préparation ou l’achatde la nourriture n’était effectués par aucun des participantsmasculins. Cela est culturel, en effet dans les pays africainstel le Mali, les travaux ménagers dont la cuisine sont dévo-lus aux femmes. Toutefois, l’étude a montré qu’une faibleproportion de participantes s’occupait elles-mêmes de lapréparation ou de l’achat de la nourriture dans leur ménageet cela pourrait s’expliquer par l’âge avancé de ces femmesdiabétiques. En effet, dans les pays africains, les femmesd’un certain âge sont dispensées de faire la cuisine, cette

e 2 à Bamako 141

tâche étant alors attribuée aux filles, aux belles-filles ou auxco-épouses plus jeunes.

D’après les résultats de cette étude, la condition de dia-bétique semble rarement prise en compte lors de l’achatou de la préparation de la nourriture. Outre le fait que lesparticipants diabétiques étaient rarement en charge de cestâches, cela est probablement lié à la condition socioéco-nomique des familles au Mali. En effet, compte tenu de lapauvreté de la majorité des familles et du nombre élevé depersonnes partageant les repas, le premier souci des famillesest de parvenir à nourrir tous les membres au quotidien. Laméconnaissance de l’importance de l’alimentation dans laprise en charge du diabète et le coût que représente l’achatdes médicaments pour le traitement du diabète peuventexpliquer aussi cette situation. Il y a aussi le fait que lesfamilles ne sont probablement pas très impliquées de facongénérale dans la prise en charge de leurs membres atteintsde maladies chroniques.

Par ailleurs, il a été observé que la pratique del’alimentation hors domicile était plus répandue chez leshommes que chez les femmes diabétiques. Cela pourraitêtre dû au fait que les hommes sont plus amenés à travaillerà l’extérieur du domicile et donc plus portés à ne pas par-tager le repas familial. À cela s’ajoute aussi le fait que leshommes sont plus en mesure financièrement de s’acheterde la nourriture hors domicile que les femmes. Toutes cesdifférences liées au sexe pourraient expliquer que dans laprésente étude, une plus faible proportion d’hommes quede femmes ont rapporté avoir changé leurs habitudes ali-mentaires après leur diagnostic de diabète.

Sur un autre plan, cette étude a également noté desdisparités entre les hommes et les femmes en ce quiconcerne les croyances sur l’alimentation des diabétiquestelles qu’évaluées par diverses allégations. Le faible nombrede participants masculins ne permet toutefois pas dedéterminer si cela est représentatif de l’ensemble des dia-bétiques de type 2 au Mali. Cependant, indépendamment deleur sexe, les participants semblaient avoir généralementcompris certains messages simples recus sur l’alimentationdes diabétiques, notamment la nécessité de quantifier les

portions et l’importance de contrôler l’alimentation en plusde suivre la médication. En revanche, certaines croyanceserronées semblent aussi répandues. Ainsi, une majoritéde participants pensaient que la consommation d’alimentssucrés était interdite. Pourtant, de nombreuses recherchesont conclu que les personnes diabétiques peuvent consom-mer des sucres sans que cela nuise à leur contrôlemétabolique [16]. Plusieurs facteurs pourraient expliquer lacroyance contraire notée chez nos participants, notammentle manque d’outils d’éducation nutritionnelle adéquats. Eneffet au Mali, l’éducation nutritionnelle des diabétiquesse limite à une feuille sur laquelle sont mentionnés desexemples d’aliments interdits, d’aliments à mesurer etd’aliments à consommer sans limite. Outre le fait que lesconseils ainsi prodigués peuvent ne pas avoir été scienti-fiquement vérifiés, cette facon de renseigner les patientspose non seulement le problème de lecture et de compré-hension, compte tenu du taux élevé d’analphabétismeau Mali, mais aussi celui de la non-personnalisation desconseils. Les facteurs intrinsèques à chaque individu à savoirson budget, ses goûts et certains facteurs culturels sont dèslors ignorés.

Cette étude indique un besoin d’amélioration del’éducation nutritionnelle des diabétiques de type 2 auMali. Étant un aspect important dans la prise en chargedu diabète, non seulement cette éducation nutritionnelle

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evrait-elle être mise à jour et individualisée mais pourraitgalement s’étendre au niveau familial pour une meilleuredhésion des patients. En effet, il a été montré que la thé-apie nutritionnelle pour les patients noirs est infructueuseorsque la prescription du régime alimentaire ne se rapporteas à l’environnement culturel et à la situation économiquet si elle est présentée de sorte que les patients à faible sco-arité puissent comprendre et appliquer [17]. À cet égard,a Fédération internationale du diabète et l’OMS par le biaisu programme Diabetes Action Now [18] encouragent lesesures destinées à lutter contre le fardeau croissant duiabète, notamment dans les groupes à faible revenu etrevenu intermédiaire dans les pays en développement.

e programme vise, entre autres, l’organisation d’atelierségionaux à l’intention des professionnels de santé, desécideurs et des représentants d’associations nationalesontre le diabète. En effet, il importe d’abord de bienormer les professionnels de santé qui n’expliquent généra-ement pas suffisamment la maladie au patient. L’utilisatione termes moins techniques et plus accessibles s’impose.e plus, une gestion efficace du diabète exige que l’onienne compte des pratiques et des croyances alimentaireses diabétiques de type 2. Plus spécifiquement au CNLD, deséances d’éducation en groupes pourraient être organiséesar le personnel médical au moment des visites de suivifin de démystifier les croyances et les mythes alimentairesdentifiés dans la présente étude et qui interfèrent avec leraitement nutritionnel du diabète. Des campagnes de sensi-ilisation dans les médias locaux constitueraient égalementne autre avenue afin de mieux orienter les choix alimen-aires des patients diabétiques en prenant en compte lesacteurs culturels et spirituels propres au milieu.

onclusion

ette étude a permis de cerner les perceptions et pratiqueslimentaires d’adultes Maliens atteints de diabète de type 2t a mis en évidence non seulement le besoin du change-ent de mode de vie des diabétiques, notamment en ceui concerne la pratique de l’activité physique, mais éga-ement l’amélioration de l’éducation nutritionnelle. Cettetude montre la nécessité de développer des moyens et desutils d’éducation nutritionnelle qui tiendront compte noneulement du niveau d’éducation des patients mais éga-ement de leur culture et préférences étant donné que lautrition est la pierre angulaire dans la prise en charge duiabète.

onflit d’intérêts

ucun.

emerciements

ous remercions les organismes suivants qui ont contri-ué financièrement à la réalisation de cette étude : le

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A. Coulibaly et al.

rogramme canadien des Bourses de la francophonie, leureau international de l’université Laval et l’Associationes étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux étudesupérieures. Merci à Dr Nientao Antoine pour avoir permise mener cette étude au CNLD.

Nous remercions également Dr Kadidia Konaké, Dr Bouké-em, Dr Niantao Ibrahim, Ali ainsi que tout le personnel duNLD et les participants de l’étude sans lesquels la réalisa-ion de ce projet aurait été impossible.

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18] WHO-diabetes action now. Geneva: World Health Organi-zation; 2006. http://www.who.int/diabetes/actionnow/en/[Référence consultée le 2 décembre 2008].