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Mars 2010 Le Délit d’initié Transac EDHEC Dossier. L’immobilier. Aux Emirats, une solution à la dépendance en pétrole ? En Chine, créateur de chômage ? Page 2 et 3 Société. Fiscalité. Comment optimiser ses revenus par une holding ? Page 4 Histoire. La City. Comprendre le succès de cette place financière. Page 5 Dossier. Les «darks pools». Révolution en perspective. Page 6 et 7 Actualité. Forum de Davos. Que doit-on en retenir? Pages 8 Marchés. L’or. La demande va-t- elle se réduire ? Pages 9 Economie. Politique et industrie. La Clio: une stratégie bien politique. L’avenir sera green ou ne sera pas. Page 10 et 11 Tout d’abord, nous vous remercions pour votre participation nombreuse le jeudi 11 Février à la Coupe de France de Trading que nous organisons avec notre partenaire Saxo Banque. Félicitations aux qualifiés qui auront la chance de sonner l’ouverture des marchés le 23 avril prochain dans les locaux de NYSE Euronext. Intéressons-nous aux statistiques pour suivre l’évolution des marchés cette année, il en existe quelques unes qui devraient nous faire frémir pour l’année en cours. Janvier est censé être le meilleur mois de l’année pour les marchés actions, le gérant Russell (un des plus efficaces au monde), par exemple, surpondère tous ses portefeuilles en actions pendant ce mois. Résultat : - 300 points pour le CAC. Les mêmes statistiques existent pour le pétrole, une perte supérieure à 10% pour ce qui est normalement le meilleur mois de l’année pour l’or noir. Que devons-nous en penser ? Nous sommes plus optimistes que les statistiques sur l’avenir des marchés actions pour cette année, les marchés devraient consolider dans un canal qui pour le CAC sera compris entre 3700 et 4000. De plus, nous faisons confiance à Winston Churchill qui a eu cette phrase : « Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées ». Bonne lecture, la rédaction. EDITO SOMMAIRE L’immobilier: solution à l’or noir Les «darks pools» : Révolution en perspective !

Délit d'initié n°12

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Voici le Délit d'initié n°12. Rerouver des articles inédits sur notre site dédié e-delit.com !

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Page 1: Délit d'initié n°12

Mars 2010

Le Délit d’initié

Transac EDHEC

Dossier. L’immobilier. Aux Emirats, une solution à la dépendance en pétrole ?

En Chine, créateur de chômage ? Page 2 et 3

Société. Fiscalité. Comment optimiser ses revenus par une

holding ?Page 4

Histoire. La City. Comprendre le succès de cette place financière.

Page 5

Dossier. Les «darks pools». Révolution en perspective.

Page 6 et 7

Actualité. Forum de Davos. Que doit-on en retenir?

Pages 8

Marchés. L’or. La demande va-t-elle se réduire ?

Pages 9

Economie. Politique et industrie. La Clio: une stratégie

bien politique. L’avenir sera green ou ne sera pas.

Page 10 et 11

Tout d’abord, nous vous remercions pour votre participation nombreuse le jeudi 11 Février à la Coupe de France de Trading que nous organisons avec notre partenaire Saxo Banque. Félicitations aux qualifiés qui auront la chance de sonner l’ouverture des marchés le 23 avril prochain dans les locaux de NYSE Euronext.

Intéressons-nous aux statistiques pour suivre l’évolution des marchés cette année, il en existe quelques unes qui devraient nous faire frémir pour l’année en cours. Janvier est censé être le meilleur mois de l’année pour les marchés actions, le gérant Russell (un des plus efficaces au monde), par exemple, surpondère tous ses portefeuilles en actions pendant ce mois.

Résultat : - 300 points pour le CAC. Les mêmes statistiques existent pour le pétrole, une perte supérieure à 10% pour ce qui est normalement le meilleur mois de l’année pour l’or noir.

Que devons-nous en penser ?

Nous sommes plus optimistes que les statistiques sur l’avenir des marchés actions pour cette année, les marchés devraient consolider dans un canal qui pour le CAC sera compris entre 3700 et 4000. De plus, nous faisons confiance à Winston Churchill qui a eu cette phrase : « Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées ».

Bonne lecture, la rédaction.

EDITOSOMMAIRE

L’immobilier: solution à l’or noir

Les «darks pools» : Révolution en perspective !

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Les Emirats arabes unis (EAU) ont connu en 50 ans une croissance sans précédent. Pays sous-développé avec la pêche comme activité principale en 1960, c’est désormais l’un des pays les plus riches de la planète. Petite plongée dans le monde extravagant de l’or noir.

Aux Emirats, le pétrole est roi. La production de 3 millions de barils de pétrole par jour leur vaut la place honorifique de 3e producteur mondial et contribue à un tiers de leur PIB. Un règne du pétrole qui devrait persister pendant encore 100 ans, échéance à partir de laquelle les réserves devraient commencer à se faire rares. Résultat : les EAU se retrouvent avec d’énormes surplus de pétrodollars qu’ils réinvestissent dans des projets pharaoniques, notamment dans le secteur de l’immobilier et du tourisme. Une stratégie qui fonctionne, au vu de la croissance exponentielle connue par les EAU depuis la découverte du premier gisement dans l’Emirat d’Abu Dhabi en 1960. Devenus indépendant en 1972, ils ont quitté leur statut de pays sous-développé en 1982 et présentent aujourd’hui un IDH de 0,903 et le 7e PIB par habitant du monde (55025$ contre 47440$ aux Etats-Unis). C’est ainsi que sont nées des métropoles ultramodernes sur fond de désert, notamment celles d’Abu Dhabi et de Dubaï.

La crise financière de Dubaï à relativiser

C’est d’ailleurs à Dubaï que le contraste est le plus saisissant.

L’Emirat s’est lancé dans des projets immobiliers révolutionnaires, faisant de lui la vitrine mondiale du secteur. Parmi ces projets, Burj Khalifa, la tour la plus haute du monde, est un fleuron à la pointe de l’innovation qui aurait coûté 1,5 milliards $. Symbole de cette folie des grandeurs, cette tour haute de 826 m était inaugurée le 4 janvier dernier alors que l’Emirat était

frappé de plein fouet par une crise financière. Une crise à relativiser toutefois au vu de la faiblesse de la dette de Dubaï comparée à celles des pays occidentaux (80 milliards $ contre 1500 milliards en France). En fait, si cette crise a créé tant de remous sur les marchés financiers (baisse de 4% en moyenne sur les places de Paris, Londres, Tokyo et Francfort en une journée), c’est parce que ceux-ci craignent un éclatement de la bulle immobilière de Dubaï. Une crainte relayée par les agences de notations, qui depuis la crise ne cessent d’abaisser les notes des principales entreprises de Dubaï. Heureusement, Abu Dhabi, l’Emirat le plus riche

et possédant 90% des réserves de pétrole des EAU, s’est porté volontaire pour éponger les dettes de son petit frère.

Un avenir incertain

Mais voilà, la durée de vie du pétrole est comptée et les EAU ne disposent guère d’autres ressources naturelles. N’en concluons pas pour autant que le déclin de l’économie émiratie coïncidera avec la raréfaction de l’or noire, car sa dépendance vis-à-vis du pétrole est bien moindre qu’auparavant. Pour preuve, les revenus pétroliers représentaient 70% du PIB dans les années 80, ils ne représentent désormais plus qu’un tiers du PIB. Une évolution largement due aux milliards de dollars investis qui ont permis aux Emirats de diversifier leurs activités. Ainsi, des projets comme la construction d’un Louvre bis à Abu Dhabi ou d’îles artificielles en formes de palmiers à Dubaï ont permit aux EAU d’améliorer leur attractivité culturelle, touristique et immobilière. Les Emirats pourront d’autre part suivre l’exemple de Ras Al Kaimah, un Emirat sans pétrole, qui a enregistré une croissance de 10% en 2009 axée sur l’industrie et le tourisme. L’avenir des Emirats n’est donc plus tout noir. La transition vers une économie de l’après pétrole, basée sur l’industrie du bâtiment et du tourisme, est en marche. La folie des grandeurs des Emirats n’est donc pas si folle que ça.

Emmanuel BADOUAL

Le Délit d’initié - Page 2

DOSSIEREmirats: la folie des grandeurs

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Alors que les Etats-Unis commencent à sortir de la crise immobilière (PIB en hausse de 5,4% au 4e trimestre 2009), la Chine risque à son tour de connaitre une bulle immobilière !

Une économie en confiance.

Avec une croissance économique de 10,7% en 2009, la Chine est le pays qui tire son épingle du jeu en cette période de crise. Le plan de relance de $600 Mds lancé par le gouvernement a permis de protéger l’économie chinoise contre le risque de la récession. Cette forte croissance chinoise permet à de plus en plus de chinois d’entrer dans la catégorie des classes moyennes. Ainsi cette forte confiance vers l’avenir incite les chinois à investir davantage et en particulier dans l’immobilier. Posséder une berline européenne ou encore acquérir un appartement dans les grandes villes chinoises telles que Beijing, Shanghai ou Hong Kong est devenu un signe extérieur de réussite social.

Qui fonctionne de plus en plus sur le crédit.

Or pour réaliser ces opérations, les chinois sont dans l’obligation de s’endetter et les investissements massifs dans le secteur immobilier

favorisent la création d’une bulle immobilière (situation comparable au Japon dans les années 90). Ainsi en 2009, la demande de crédit en Chine a augmenté de 35% par rapport à 2008 et lorsque la création monétaire est importante, l’inflation est encore plus importante. Dans un pays où de fortes inégalités sociales existent entre les habitants, l’inflation peut représenter une menace pour la stabilité politique du pays. Il faut garder en mémoire que ce sont les crises alimentaires lié à l’envolée des prix qui ont donné naissance à la révolution communiste de Mao Zedong.

D’où la nécessité d’augmenter les taux d’intérêts.

En augmentant les taux d’intérêts, la Chine pourra sans doute éviter la surchauffe économique et l’inflation. Cependant en resserrant les conditions du crédit, elle risque de perdre des points de croissance. Les économistes estiment qu’avec un point de

croissance en moins, la Chine perd la possibilité de créer 1 million d’emplois dans le pays sachant que chaque année environ 10 millions de chinois entrent sur le marché du travail !

Le dilemme : chômage ou bulle immobilière ?

La Chine devra donc faire un arbitrage entre chômage et inflation. A priori la meilleure solution consisterait à éviter la crise immobilière car elle risquerait de compromettre la croissance de la Chine à long terme. La Chine devra donc s’inspirer du cas japonais où l’explosion de la bulle a fait plonger le Japon dans une décennie de déflation ! En améliorant les aides aux chômeurs, la Chine pourra en partie atténuer le mécontentement des chômeurs. Cependant un ralentissement de l’économie en Chine risque également de compromettre la reprise de l’activité économique mondiale.

Aninh SOUIDARAY

Vers une nouvelle bulle immobilière en Chine ?

DOSSIER

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Le Délit d’initié - Page 4

SOCIETES Hold-up par holding

Dans le numéro précédent nous vous parlions de la facilité de créer sa propre entreprise via le statut de l’auto entrepreneur, nous allons vous prouver que créer une holding à l’étranger peut être tout aussi facile. Mais dans quel but et pour quel gain ?Depuis la crise financière, certains pays qualifiés de paradis fiscaux, sont montrés du doigt mais pour autant le nombre de créations de holdings ne diminue pas. Il est même possible de trouver sur le net, des sites spécialisés afin de créer en quelques clics sa holding dans le pays de son choix : Luxembourg, Suisse, Grande-Bretagne, USA (Delaware)…

Une holding ou société mère a pour vocation de regrouper les participations de diverses sociétés afin d’assurer une unité de direction, de bénéficier d’une fiscalité plus favorable et de regrouper sous une même entité des sociétés ayant des activités diversifiées localisées dans des pays différents. La holding permet donc à une personne physique ou morale de contrôler une ou plusieurs sociétés et peut être un facteur de développement pour les sociétés dites « filles ». Regroupant toutes les activités financières, la holding permet grâce à la mise en commun des fonds de bénéficier de conditions bancaires intéressantes (taux et montant emprunté) ou de s’exonérer des banques en empruntant entre filiales afin de valoriser les trésoreries des sociétés filles. Certaines

sociétés holdings, n’exercent aucune activité commerciale ou de production, leur activité se résume à effectuer des actions de contrôle, de gestion de brevets, de placements et de financements.

Il n’y rien de plus simple, rentrer dans un moteur de recherche création de holding et vous n’aurez que l’embarras du choix. Cependant chaque site est spécialiste d’un pays : Luxembourg, Suisse, Grande-Bretagne. Comme le choix du pays vous revient, afin de diminuer au mieux votre fiscalité, vous devez définir votre objectif, il est bon d’étudier les différentes conventions fiscales entre la France et les autres pays. Vous pouvez même faire transiter vos résultats via un troisième pays, pour optimiser au mieux, mais dans ce cas, vous devez être surs de réaliser un résultat positif sinon l’optimisation fiscale deviendra une charge supplémentaire pour l’entreprise.

Choisissons de traiter un cas où les résultats transitent entre trois pays. Nous avons choisi une entreprise établie en France qui fait remonter son résultat de 100 mille euros à une société intermédiaire belge. Il n’y a pas de retenue à la source due à la directive mère-filiale entre sociétés de l’union européenne. La société intermédiaire belge fait remonter les 100 mille euros à sa société mère basée à Hong Kong. Les revenus sont taxés à hauteur de 5% la première année et bénéficient ensuite d’une exonération fiscale grâce à une convention entre la Belgique et Hong Kong. Il reste donc 95 mille

euros à partager entre les associés, le rapatriement des fonds ne subit aucune taxe entre Hong Kong et tout autre pays du monde. L’aller retour aura coûté 5 mille euros, sans compter les frais de gestion et de création de sociétés que l’on peut établir au total pour les deux sociétés à 7 mille euros la première année et de 4 mille euros pour les années suivantes. Sans montage fiscal, les associés auraient reçus 66 700 euros soit un gain de 22 mille euros la première année et de près de 30 mille les années suivantes.

Cependant ces optimisations n’ont de sens pour les petites structures que si elles réalisent des résultats supérieurs au coût d’entretien des sociétés mères mais gardent un intérêt très important dans le cadre de grandes sociétés ou pour les particuliers comme Richard Branson ou Bernard Arnault qui ont construit des patrimoines sur leurs holdings.

Marc PRIMOT

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Quoi de mieux que la crise économique actuelle pour faire un petit point d’histoire sur l’origine des banques ? Pour cela il faut se plonger au 17ème siècle, au cœur des 3km² de la City que borde la Tamise.

A l’origine des banquiers.L’invention du système bancaire moderne prend ses racines au 17ème siècle. A cette époque, les personnes fortunées étaient à la recherche de protection pour leur or. Dans leurs échoppes, les orfèvres eurent alors l’idée de prendre en dépôt cet or et de prêter cet argent à des tiers contre des taux d’intérêts. Outre un moyen de rémunération intéressant, il s’agissait d’un pari sur l’avenir car si demain un client devenait plus riche alors il mettrait plus d’or en dépôt et des sommes plus importantes pourraient de fait être prêtées. Quelques orfèvres fondèrent alors les premières banques comme la Barclays et la Lloyds. Dans un pub ces premiers banquiers se réunissaient régulièrement afin d’échanger leurs titres de créances voire même déjà spéculer sur leurs remboursements. La finance anglaise était née.

La confiance comme origine.Rien ne laissait soupçonner que Londres recelait de grands banquiers, rien sauf son statut d’île. Par sa situation géographique, l’Angleterre était obligée de commercer par mer pour développer son économie. Mais comme il ne peut y avoir de commerce maritime sans acceptation de l’argent et sans confiance, les armateurs se tournèrent très tôt vers les banques pour financer leurs expéditions qui étaient les seules à pouvoir supporter le risque que le bateau ne revienne pas. Faire confiance était donc une nécessité géographique en Angleterre. Cette confiance est à la racine même du mot “crédit” issu du latin “credere” qui veut dire croire. Le déposant fait confiance au banquier et le banquier croit en la capacité de remboursement de l’emprunteur. Pour cela les banquiers avaient besoin

de stabilité, d’un Etat pour garantir le système et condamner les brebis galeuses.

La démocratie à l’origine de la banque.En 1694 le roi d’Angleterre déclare la guerre à la France. Pour ce faire il a besoin de financement massif et se tourne alors vers les nouveaux banquiers. Cependant il s’avère très risqué de prêter à un roi car plutôt que de rembourser, il peut vous faire jeter au cachot, comme l’illustre si bien le royaume de France sous Louis XIV à cette même époque. La différence est qu’en Angleterre, conscient de ce problème et du fait que ce système renchérit le coût des emprunts royaux, le roi d’Angleterre a accordé un pouvoir accru au Parlement. Avec la fin de la monarchie absolue c’est le Parlement qui garantit le remboursement des emprunts royaux. Pour prêter à l’Etat,

les anciens orfèvres fondent alors une super-banque, la Banque d’Angleterre capable de brasser des sommes considérables. De plus celle-ci garantit que toutes les banques de la City ont assez de réserves pour rembourser les dépôts. Le fondement de la confiance dans le système bancaire c’est donc en tout cas à l’origine, la démocratie.

La religion comme origine.Alors que la France chassait de son royaume les protestants suite à la révocation de l’Edit de Nantes en 1685, l’Angleterre les accueillait. Les anglais sont en effet anglicans, une branche

du protestantisme. Contrairement à la pensée catholique, l’anglicanisme ne condamne pas l’argent, au contraire. L’argent est un don de Dieu, quelque chose que l’on peut utiliser pour aider les autres dans le sens de l’Evangile. Il est un moyen et non une fin. Le protestantisme et le catholicisme ont une éthique du travail différente, comme le rappelle Max Weber dans son œuvre L’Ethique Protestante et l’Esprit du Capitalisme. La croyance religieuse outre-manche était donc propice au développement de la banque.

L’origine de la banque dans l’industrie.Au 17ème et surtout au 18ème siècle, l’industrie connaît un essor considérable en Angleterre bien avant les autres nations. Les banques traditionnelles ne sont plus adaptées face à des projets coûteux et complexes. Alors aux côtés

des traditionnelles banques de dépôts se développent de nouvelles banques, les banques d’affaires. Ces nouvelles banques, qui possèdent le prestige social, se sont les Barings, Rothschild… Elles investissent à long terme, prennent des risques et soutiennent des projets industries. Ainsi la construction des chemins de fer britanniques fut financée à 70% par la City.

La fin des origines ?La City est aux origines du système bancaire actuel

et est toujours l’un de ses épicentres. Cependant beaucoup pensent qu’avec la crise actuelle son rôle est amené à décroître durablement au cours des prochaines années au profit des places boursières des pays émergents. Si son rôle risque en effet de s’amoindrir, la City est toutefois capable de spectaculaires rebonds comme en témoigne sa renaissance dans les années 80.

Armand VIDAL

La City des originesHISTOIRE

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Présentation des « dark pools » ?

« Transparence » : ce terme apparaît près d’une cinquantaine de fois dans le rapport du dernier G20. Nous en sommes bien loin en réalité…

S’apparentant au premier abord à un nouveau type de billard, les « dark pools » constituent bien au contraire une innovation financière des plus étonnantes alors que le monde tente de tirer les leçons de la crise et de réguler la planète finance.

Ces « marchés de l’ombre » sont des marchés spécialisés dans l’échange confidentiel d’actions constituant ainsi des plateformes boursières alternatives aux bourses réglementées. Elles permettent à leurs clients d’acheter ou de vendre de grosses, voire de très grosses quantités d’actions, de façon anonyme et en gardant secret le prix des transactions jusqu’à leur finalisation. Un « dark pool » est par conséquent un système alternatif aux grandes bourses réglementées de chaque pays et aux systèmes multilatéraux de négociation. Les transactions sur ces marchés ne sont pas effectuées en OTC (Over The Counter = de gré à gré) puisque les transactions y sont anonymes et l’opérateur est le seul à connaître les parties, comme c’est le cas en bourse. Aux Etats-Unis, ce système existe depuis la fin des années 1990. Les ordres passés sur ces marchés représenteraient 50%

des flux des marchés financiers en volume. Un article de l’ International Herald Tribune de décembre 2006 affirmait que 12% des transactions sur action américaine étaient enregistrées hors bourse sur des « dark pools ». Ce même article pariait sur une hausse de 18% de ces flux d’ici 2010.

En Europe, la directive Marché d’instruments financiers (MIF) datant du 1er novembre 2007 a permis le développement de nouveaux modes de négociation des actions aux côtés des marchés réglementés. Les titres peuvent être négociés sur des marchés réglementés (Wall Street, Londres,…), sur des systèmes multilatéraux de négociations (SMN), sur des marchés de gré à gré ou via des prestataires de services d’investissement (PSI). Même si les « dark pools » opèrent sans transparence pré négociation, elles restent soumis à des

obligations de transparence post négociation.

En quelques mois, de nombreuses plateformes de ce type ont émergé. Etant donné que le monopole des bourses a été levé depuis peu, le nombre de ces marchés en Europe reste restreint mais risque très probablement de se multiplier à

court terme. A titre d’exemple, le SMN (Système Multilatéral de Négociation) Turquoise a été fondé par neuf banques prestigieuses (BNP Paribas, Société générale, Citigroup, Credit Suisse, Deutsche Bank, Goldman Sachs, Merrill Lynch, Morgan Stanley et UBS). Ou encore Smartpool, créée par JP Morgan, HSBC et BNP Paribas avec l’aide de NYSE Euronext. Des banques aussi connues que puissantes qui ont été au centre de la tempête financière…

Les conséquences de ce système

DOSSIER

Les « dark pools », véritable univers parallèle de la finance

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Le Délit d’initié - Page 7

Un « dark pool » a l’avantage d’assurer la rencontre, en son sein et selon des règles définies, des transactions (achats et ventes) sur des instruments financiers, tout en permettant à ses clients de rester anonymes. Un autre avantage des « dark pools » est leur coût. Les frais pour passer un ordre sur de tels marchés peuvent être plus faibles que sur une bourse classique. Les opérateurs agissant sur ces marchés peuvent être des brokers qui appareillent les ordres de leurs clients avant de les transmettre en bourse. Par conséquent, les ordres ne font pas l’objet de frais de bourse.

D’un autre côté, un « dark pool » est un marché où se confrontent des ordres d’achat et de vente à un prix qui est indexé sur un cours publique. Les gros ordres ne perturbent ainsi plus les cours des marchés officiels et les délits d’initiés deviennent indétectables. Si on imaginait le cas extrême où la majorité des transactions ont lieu sur des « dark pools », le cours de bourse ne serait plus représentatif de l’offre et de la demande. A ce sujet, la SEC déclarait même

que ces marchés risquaient de « saper la confiance du public dans l’équité des marchés ».

Les banques ne l’entendent pas de la même oreille : en l’occurrence Goldman Sachs qui estime que les « dark pools » sont une évolution technologique gagnant-gagnant, puisqu’elle bénéficierait à la fois aux investisseurs institutionnels et aux particuliers en réduisant les coûts de transaction.

Malgré tout ce qui vient d’être dit sur l’opacité de ces marchés, certains garde-fous existent : un « dark pool » doit notamment recevoir une autorisation d’exercer,

attribuée par le régulateur de son pays d’implantation, comme l’Autorité des marchés financiers (AMF) en France ou la Financial Services Authority (FSA) en Grande-Bretagne. Aux USA, la SEC a voté à l’unanimité quelques propositions visant à rendre ces plateformes plus transparentes.

Les négociations économiques internationales devraient aboutir à la mise en place d’un ensemble de mesures réglementaires destinées à améliorer la transparence des marchés financiers. Reste à savoir si les « dark pools » pourront les contourner…

Guillaume WOLFF et Paul LAMY

Retrouve l’actualité financière en ligne sur : e-delit.com !

Page 8: Délit d'initié n°12

Le Forum économique mondial est une fondation connue pour sa réunion annuelle à Davos, en Suisse, qui est une manifestation phare parmi les divers événements qui rassemblent des responsables politiques et économiques de tous bords. Fondé par Klaus Schwab en 1971, l’objectif est d’y rechercher des solutions aux grandes problématiques économiques et sociales à l’échelle planétaire, une fois passées les récriminations en sourdine de la Confédération qui assume en partie les frais de sécurité de tout ce beau monde. Le slogan est « Committed to improving the state of the world. » Autant dire que la tâche est périlleuse.

Cette année, le Président français a prononcé le discours inaugural qui a consisté en une charge violente à l’encontre des vautours du capitalisme. Malheureusement, le manque de solutions proposées n’a pas précisément assis la crédibilité de son discours, malgré des critiques du système financier relativement

pertinentes. Hélas, sur la scène du théâtre davosien, la claque n’est pas toujours bonne.Le thème de la régulation bancaire était à l’honneur lors de ces quatre jours. Les banquiers américains en ont profité pour riposter à un discours récent d’Obama qui aurait l’outrecuidance de les empêcher de spéculer, notamment en interdisant les opérations de marchés sur fonds propres pour les banques commerciales, avec l’éventualité du démantèlement des établissements dont la faillite présenterait un risque systémique. Même s’il est facile de crier au populisme, il est vrai qu’il est nécessaire que le système financier accompagne la reprise et donc que les banques ne soient pas trop rationnées en liquidités. D’autres questions de fond, comme la raison sociale fondamentale d’une banque, ont été entendues dans les débats.Le programme des conférences et autres ateliers a été remanié d’urgence pour faire de la place au problème haïtien. Clinton en a profité pour déployer la pédagogie et l’optimisme dont il est féru. Rappelons que les

Etats-Unis ont interrompu la veille de la clôture du sommet l’évacuation des grands blessés haïtiens vers leur territoire dans l’attente d’une solution sur la prise en charge financière de leurs soins.Lula, président de la dixième puissance économique du monde, et chantre de l’altermondialisme, était absent pour cause d’hypertension. Il faut dire que la perspective de se jeter dans la mare aux piranhas pour y subir une foule de discours façon G20 le rendait sûrement un peu nerveux. Plus sérieusement, il a publiquement affirmé que le sommet de Davos a perdu beaucoup de son prestige en raison de la crise économique et financière.Pourtant, certains débats ne manquent pas d’intérêt, comme celui sur le thème « comment aider les Etats fragiles ? », où des interrogations pertinentes sont soulevées à propos de la structuration de certains Etats comme Gaza ou l’Afghanistan, où des élections ne sont peut-être pas la seule solution envisageable. Mais globalement, comme toujours, le plus important de ce qui a été dit et entendu l’a été dans les réunions informelles « en marge du forum de Davos ». En conclusion, ce type de grand raout planétaire entre dirigeants de tous poils brasse certes beaucoup de vent, mais trouve sa justification dans les négociations, dans les échanges et dans la circulation de l’information à propos des grands problèmes du moment qui y sont favorisés et qui finalement font avancer tant bien que mal les affaires mondiales.

Diane ROUSSEAU

Le Délit d’initié - Page 8

Forum de Davos, édition 2010

ACTUALITES

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La demande de l’or émane des quatre coins du monde alors que les sites de production de l’or restent ponctuels sur la carte du monde.

Elle est cependant plus importante en Asie de l’est, sur le sous-continent indien et au Moyen-Orient, leur demande représentant 70% de la demande globale en 2008. Chaque marché est soumis à des facteurs socio-économiques qui conditionnent cette demande. Par exemple, la forte demande en or en Inde est due à des pratiques religieuses et culturelles. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la demande est également accrue dans des secteurs divers tels que l’industrie, les médicaments ou même en électronique. A ce sujet, les utilisations médicales et industrielles représentent à elles seules 11% de la demande globale. L’or est même sollicité dans le traitement du cancer. On trouve aussi et surtout la demande d’investissement en or qui a quadruplé depuis 2003, et en terme annuel la progression est de 69%.Cette demande soutenue est motivée par le fait que l’or

prémunit contre le risque vu que la demande ne peut qu’augmenter et continuera de dépasser l’offre en or. Ceci assure bien évidemment des prix élevés du métal jaune. La majeure partie de la demande (deux tiers environ) demeure celle des bijoux.

L’offre elle, est limitée par le nombre de gisements d’or, qui bien qu’à première vue nombreux, ils sont épuisables. Quant aux banques centrales, elles détiennent un cinquième des réserves mondiales d’or. Elles sont, de surcroît, considérées comme un vendeur net vu qu’elles assurent en moyenne 447 tonnes d’approvisionnement annuel jusqu’en 2008. C’est la Central Bank Gold Agreement (CBGA) qui réglemente l’offre en or des banques centrales depuis 1999. Dès lors, l’offre de ces dernières a nettement diminué pour atteindre 246 tonnes en 2008. Il est intéressant d’observer de prés le rôle que joue la Chine dans la demande et l’offre. En effet, la production d’or de la Chine devance celle de l’Afrique du Sud. Par ailleurs, elle a intensifié l’exploitation de ses mines en raison du cours élevé de l’or en

même temps qu’elle a augmenté sa demande en or. Effectivement, ses réserves d’or sont passées de 400 tonnes en 2007 à 1054 en septembre 2009!

En somme, si l’or est une meilleure valeur de réserve que toute autre monnaie fiduciaire, la consommation accrue d’énormes pays comme la Chine ne peut que maintenir les cours déjà élevés de l’or (à 1050$ l’once au 4 Février dernier). Il semble de plus que son maintien au dessus des 1000 dollars a un peu fait perdre à l’or son statut de valeur refuge. En effet, lors de la violente correction du début février, l’or a subi dans les mêmes proportions la baisse des marchés. Il semble que le dollar, délaissé en période de hausse centralise toutes les attentions dans les périodes incertaines, les périodes d’aversion au risque. Cependant ce recours au dollar n’a pas vocation à durer car à l’heure actuelle beaucoup de pays souhaitent remettre en question le statut hégémonique du dollar, laissant la piste dégagée à notre métal jaune préféré.

Mouna LAAZIZ

L’offre et la demande de l’or

MARCHES

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Tout est parti d’une information parue dans La Tribune : Renault s’apprêterait à délocaliser la production de l’un de ses modèles phares, la Clio, dans son usine de Bursa en Turquie. Dès lors, c’est l’emballement médiatique et politique.

Le 8 janvier, La Tribune a publié un article indiquant que Renault songerait à produire la prochaine génération de Clio dans son usine turque. Le site de Bursa est en effet considéré comme « l’un des plus compétitifs ». Cette délocalisation se ferait au détriment de l’usine de Flins située dans les Yvelines qui emploie près de 3500 salariés et a produit plus de 200000 Clio en 2009 mais dont le différentiel de coût serait de l’ordre de 10% par rapport à Bursa. Actuellement, la production est partagée entre les usines de Flins, Bursa et Valladolid, en Espagne. Alors que Renault ne fait aucun commentaire, Christian Estrosi, ministre chargé de l’Industrie, convoque immédiatement Patrick Pélata, le directeur général de Renault.Cette délocalisation hypothétique a en effet provoqué beaucoup de

remous au sein du gouvernement et de l’ensemble de la classe politique. L’attitude de Renault est pointée du doigt étant donné que le constructeur, comme son concurrent PSA Peugeot Citroën, a reçu un certain nombre d’aides de la part de l’Etat : 3 milliards d’euros de prêts au moment de la crise, une législation favorable sur le chômage partiel ainsi que l’instauration de la prime à la casse qui a permis de booster les ventes de véhicules neufs. Ainsi, lorsqu’on parle de délocalisation, l’Etat a du mal à avaler la pilule et le fait savoir clairement. Christian Estrosi a déclaré que « Lorsque nous soutenons à hauteur de 6 milliards d’euros à la fois PSA et Renault pour leur permettre de faire face à la crise, l’Etat a à dire ce qu’il a à dire. » De plus, l’Etat français est actionnaire à hauteur de 15% de Renault et s’estime donc en position légitime pour réclamer le maintien de la production de la Clio en France.Le chef de l’Etat lui-même est intervenu et a convoqué en urgence à l’Elysée, le samedi 16 janvier, Carlos Ghosn, le PDG de Renault-Nissan. Au cours de cet entretien, le PDG du constructeur automobile s’est engagé à maintenir une partie de la production de la Clio à Flins, sans toutefois s’engager sur un

nombre précis de véhicules. Carlos Ghosn a aussi tenu à rappeler que le site de Flins avait été choisi pour produire les futurs véhicules électriques E.Z. sur lesquels la marque a axé une part importante de sa stratégie pour le futur et qu’ainsi, « l’activité de l’usine était garantie. »Dernier épisode en date, Carlos Ghosn a annoncé jeudi 28 janvier que Renault fabriquera au moins autant de Clio en France qu’il en vend dans le pays (146267 en 2009). Renault s’en tire à bon compte et l’Etat français sauve les apparences. Fin mot de l’histoire.

Arnaud BAVELIER

ECONOMIE: POLITIQUERetour sur l’affaire Clio

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Le Délit d’initié - Page 11

«Green is green » affirmait le PDG de General Motors. L’homme était en effet visionnaire, il avait pressenti l’union de deux nuances de vert : le vert de l’écologie célébrerait-il ses noces avec le vert du dollar ? La situation actuelle laisse croire à une union définitive.

En ces temps de crise économique, le secteur vert semble avoir le vent en poupe. Les plans de relance de l’économie américaine semblent braqués vers ce secteur (8 Milliards $). Ainsi, la plupart des pays occidentaux (France, USA, Royaume Uni, Allemagne…) semblent voir l’avenir en vert. Si pendant longtemps, le vert a été synonyme de restriction (protocole de Kyoto,…), de barrières à la croissance, il semble bien que ce temps là soit bel et bien révolu : « the greening of business » titrait The Economist. Face à la nouvelle vague verte, l’ensemble du système a été modifié à toutes les échelles.

Les différents gouvernements ont fait le choix d’une politique axée vers le vert. Volonté de poursuivre dans la logique du protocole de Kyoto, volonté de suivre l’opinion générale, volonté d’être pionnier dans la vertu écologique, voila autant de raisons qui justifient une politique verte. A ce titre, les mesures « vertes » se multiplient en France (Tri sélectif, système Bonus/Malus, taxe carbone,…)

Les entreprises les plus dynamiques ont su surfer la vague verte. La contrainte initiale a été le juste motif de l’impulsion d’une stratégie novatrice. L’exemple le plus notable serait certainement l’automobile. La consommation et les rejets de Co2 sont des arguments mis en valeur

par les différents constructeurs automobiles. La collection Blue Lion de chez Peugeot, ou la collection Blue motion de chez Volkswagen bénéficient de 1000 euros de Bonus Ecologique. Ces modèles remportent un franc succès.

La mode green a aussi permis l’essor de nouveaux secteurs. Les allégements fiscaux pour les foyers (ou entreprises) qui utilisent des sources d’énergies renouvelables ont

eu un impact notoire sur le marché des panneaux photovoltaïques. Ce secteur a connu au cours de l’année 2008 une croissance de 300%.

Nous (à notre échelle de citoyens) avons connu une grande révolution dans notre manière de consommer : Tri sélectif, agriculture biologique, système de bonus/Malus Filtre à Particule … autant d’expressions qui sont venues enrichir notre quotidien. Bien plus qu’un simple phénomène économique, la mode verte est aussi sociologique. Aujourd’hui être green, c’est être dans l’air du temps. Le vert véhicule un panel de valeurs (responsabilité, partage, confiance…). Les équipes de Marketing l’ont bien compris ce qui explique que plus de ¾ des

publicités ont un rapport plus ou moins étroits avec le vert : Soit en vantant les vertus du produit (ou son faible impact sur l’environnement) soit en mentionnant que l’entreprise s’engage dans le cadre d’un programme pour le développement durable. Le vert est devenu un véritable label instrumentalisé pour être un argument de vente.

Malgré tout, la politique verte commence à porter ses fruits. Le tri sélectif est de plus en plus pratiqué, le vélo fait son grand retour, les panneaux solaires fleurissent : le comportement Eco citoyen remporte tous les suffrages. Un esprit Panglossien aurait pu dire « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Pourtant, on ne doit pas oublier que le programme vert s’accompagne d’avantages fiscaux intéressants. Sont-ils à la base du succès du programme ? Lequel des deux verts préfère-t-on réellement ? Celui du dollar ou celui de l’écologie ?

Guillaume KIN-SIONG

Green is green

ECONOMIE: INDUSTRIE

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