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industriels, pr~ts /t l'emploi, sans les transvaser. Dans 10 % des diarrh6es de r6animation, on re- trouve l'infection par Clostridium difficile. Cette cause est d'autant plus envisageable que la patiente a regu de l'Ampicilline r~cemment et qu'elle s6journe /t l'h6pital, la contamination de Clostridium difficile se faisant sur un mode nosocomial. Le traitement se fait soit par le m~tronidazole, soit par la van- comycine ; on pr6f6rera le m6tronidazole/t la vanco- mycine, susceptible de favoriser l'6mergence de sou- ches d'ent~rocoque r6sistant/t la vancomycine. Plus exceptionnellement, il faut ~voquer une colite fi Klebsiella oxytoca dont le diagnostic n6cessite une coloscopie, une biopsie muqueuse et une mise en culture sp6cifique. 3) La cause la plus probable d'une diarrh6e lors- qu'elle survient au d~cours d'un geste op~ratoire, est li6e fi l'intervention elle-m~me. Quatre causes peu- vent ~tre envisag6es : - un abc~s intra-abdominal ou p6ri-anastomotique ; -une isch6mie colique toujours possible lorsqu'on interrompt la vascularisation colique lors de la r6section ; des troubles de transit li6s/t la r6section 6ventuelle de la derni~re anse gr~le et de la valvule de Bauhin, il faudra se renseigner sur la nature exacte du geste op6ratoire et l'6ventualit6 du sacrifice de la valvule de Bauhin ; - enfin, l'intervention r~alise une vagotomie dont on sait qu'elle peut ~tre compliqu~e d'une diarrh6e too- trice. En pratique, l'importance de la diarrh6e (/t v~rifier sur le volume) justifie l'arr~t momentan~ de la nutri- tion ent6rale, la compensation hydro61ectrolytique et une enqu~te ~tiologique. La pr6occupation essentielle est d'61iminer une complication abdominale postop6- ratoire (~chographie ou scanner, coloscopie en fonc- tion de la date de l'intervention) et une colique pseudomembraneuse (recherche de toxine). L'utilisa- tion conforme aux recommandations des nutriments doit ~tre v6rifi6e en l'absence de cause patente, un ralentissement du transit et l'utilisation de Saccharo- rnyces boulardii peuvent ~tre propos6s lors de la reprise progressive de l'alimentation g~n~rale. Bibliographie 1. Bleichner G, B16haut H, Mentec H, Moyse D. Saccha- romyces boulardii prevents diarrhea in critically ill tube-fed patients. A multicenter, randomized, double-blind placebo-controlled trial. Int Care Med 1997; 23: 517-23. R~ponse 3 X. H6buterne, F6d6ration des Maladies de I'appareil digestif, En alimentation ent6rale (AE), une diarrh~e est rapport6e dans 2 /t 60% des cas selon les 6tudes. Bien que sa d~finition fasse appel /t la notion du poids des selles (> 300 g/j), il est probable que chez cette patiente, chez qui nous n'avons pas cette infor- mation, l'6mission de 10 selles liquides par jour traduise une << vraie diarrh6e >> et non une simple augmentation du nombre des selles fr6quente en d6but d'AE et sans consequence clinique. L'6tiologie de la diarrh6e en AE est complexe et rel+ve de causes multiples, mais il faut en premier lieu 6voquer une erreur technique telle qu'une administration par bolus dans le duod6num ou une augmentation bru- tale et non contr616e du d6bit de l'alimentation, d'autant qu'il s'agit d'un produit hyperosmolaire, ce qui n'est pas le cas chez cette patiente. Dans ce cas, il est peu probable que la diarrh6e air un rapport avec la r~section colique qui est quantitativement mo- deste et touche en g6n~ral le c61on transverse, alors que le sigmoide, lieu principal de l'absorption d'eau et d'61ectrolytes, est ~pargn6. L'hypoth6se la plus probable chez cette patiente est une diarrh6e d'origine infectieuse. Deux m6canis- CHU Nice. rues parfois intriqu6s peuvent ~tre ~voqu~s dans la gen6se d'une diarrh6e infectieuse en AE : l'apport de germes pathog6nes et le d6s6quilibre de la flore intestinale. L'utilisation, chez cette patiente, d'une pr6paration di~t6tique commerciale st6rile rend l'hypoth6se de l'apport de germes exog6nes peu probable. L'6cosyst~me microbien que constitue la flore intestinale est profond6ment modifi6 par I'AE. L'association d'une antibioth~rapie /t I'AE semble exercer un effet synergique et est tr~s souvent responsable de diarrh6e. Keohane et al. [1] ont not6 17 cas de diarrh6es chez 35 patients en AE et sous antibiotiques, alors que chez les 83 patients qui ne recevaient pas d'antibiotique, aucun n'a pr6sent6 de diarrh~e. Une autre ~tude a retrouv~ une incidence de la diarrh6e de 3% chez les patients sans antibiotique contre 41% chez les patients sous antibiotiques au cours d'une AE polym6rique. Chez ces derniers, la recherche syst6- matique de toxines de Clostridium difficile s'est r~v~16e positive dans un cas sur deux [2]. En pratique, chez cette patiente il convient de r6ali- ser des examens bact6riologiques des selles en de- 59

Diarrhée sous nutrition entérale en postopératoire

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industriels, pr~ts /t l 'emploi, sans les transvaser. Dans 10 % des diarrh6es de r6animation, on re- trouve l ' infection par Clostridium difficile. Cette cause est d'autant plus envisageable que la patiente a regu de l'Ampicilline r~cemment et qu'elle s6journe /t l 'h6pital, la contamination de Clostridium difficile se faisant sur un mode nosocomial. Le traitement se fait soit par le m~tronidazole, soit par la van- comycine ; on pr6f6rera le m6tronidazole/t la vanco- mycine, susceptible de favoriser l'6mergence de sou- ches d'ent~rocoque r6sistant/t la vancomycine. Plus exceptionnellement, il faut ~voquer une colite fi Klebsiella oxytoca dont le diagnostic n6cessite une coloscopie, une biopsie muqueuse et une mise en culture sp6cifique. 3) La cause la plus probable d'une diarrh6e lors- qu'elle survient au d~cours d'un geste op~ratoire, est li6e fi l 'intervention elle-m~me. Quatre causes peu- vent ~tre envisag6es : - un abc~s intra-abdominal ou p6ri-anastomotique ; - u n e isch6mie colique toujours possible lorsqu'on i n t e r r o m p t la vascular isat ion colique lors de la r6section ;

des troubles de transit li6s/t la r6section 6ventuelle de la derni~re anse gr~le et de la valvule de Bauhin, il faudra se renseigner sur la nature exacte du geste

op6ratoire et l'6ventualit6 du sacrifice de la valvule de Bauhin ; - enfin, l ' intervention r~alise une vagotomie dont on sait qu'elle peut ~tre compliqu~e d'une diarrh6e too- trice. En pratique, l ' importance de la diarrh6e (/t v~rifier sur le volume) justifie l'arr~t momentan~ de la nutri- tion ent6rale, la compensation hydro61ectrolytique et une enqu~te ~tiologique. La pr6occupation essentielle est d'61iminer une complication abdominale postop6- ratoire (~chographie ou scanner, coloscopie en fonc- t ion de la date de l ' intervention) et une colique pseudomembraneuse (recherche de toxine). L'utilisa- tion conforme aux recommandations des nutriments doit ~tre v6rifi6e en l'absence de cause patente, un ralentissement du transit et l'utilisation de Saccharo- rnyces boulardii peuvent ~tre propos6s lors de la reprise progressive de l 'alimentation g~n~rale.

Bibliographie

1. Bleichner G, B16haut H, Mentec H, Moyse D. Saccha- romyces boulardii prevents diarrhea in critically ill tube-fed patients. A multicenter, randomized, double-blind placebo-controlled trial. Int Care Med 1997; 23: 517-23.

R~ponse 3

X. H6buterne, F6d6ration des Maladies de I'appareil digestif,

En al imentat ion ent6rale (AE), une diarrh~e est rapport6e dans 2 /t 60% des cas selon les 6tudes. Bien que sa d~finition fasse appel /t la notion du poids des selles (> 300 g/j), il est probable que chez cette patiente, chez qui nous n'avons pas cette infor- mat ion, l'6mission de 10 selles liquides par jour traduise une << vraie diarrh6e >> et non une simple augmentat ion du nombre des selles fr6quente en d6but d'AE et sans consequence clinique. L'6tiologie de la diarrh6e en AE est complexe et rel+ve de causes multiples, mais il faut en premier lieu 6voquer une erreur technique telle qu 'une adminis t ra t ion par bolus dans le duod6num ou une augmentation bru- tale et non contr616e du d6bit de l 'alimentation, d'autant qu'il s'agit d 'un produit hyperosmolaire, ce qui n'est pas le cas chez cette patiente. Dans ce cas, il est peu probable que la diarrh6e air un rapport avec la r~section colique qui est quantitativement mo- deste et touche en g6n~ral le c61on transverse, alors que le sigmoide, lieu principal de l 'absorption d'eau et d'61ectrolytes, est ~pargn6. L'hypoth6se la plus probable chez cette patiente est une diarrh6e d'origine infectieuse. Deux m6canis-

CHU Nice.

rues parfois intriqu6s peuvent ~tre ~voqu~s dans la gen6se d'une diarrh6e infectieuse en AE : l 'apport de germes pathog6nes et le d6s6quilibre de la flore intestinale. L'utilisation, chez cette patiente, d'une pr6parat ion di~t6tique commerciale st6rile rend l 'hypoth6se de l 'apport de germes exog6nes peu probable. L'6cosyst~me microbien que constitue la flore intestinale est profond6ment modifi6 par I'AE. L'association d'une antibioth~rapie /t I'AE semble exercer un effet synergique et est tr~s souvent responsable de diarrh6e. Keohane et al. [1] ont not6 17 cas de diarrh6es chez 35 patients en AE et sous antibiotiques, alors que chez les 83 patients qui ne recevaient pas d'antibiotique, aucun n'a pr6sent6 de diarrh~e. Une autre ~tude a retrouv~ une incidence de la diarrh6e de 3% chez les patients sans ant ibiot ique contre 41% chez les patients sous ant ibiot iques au cours d 'une AE polym6rique. Chez ces derniers, la recherche syst6- matique de toxines de Clostridium difficile s'est r~v~16e positive dans un cas sur deux [2]. En pratique, chez cette patiente il convient de r6ali- ser des examens bact6riologiques des selles en de-

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mandant sp~cifiquement la recherche des toxines A et B de Clostridium difficile. Dans la mesure du possible, il faut arr~ter l'amoxicilline et, si une anti- bioth~rapie doit ~tre poursuivie, le remplacer par un macrolide ou une quinolone dont la diffusion pul- monaire est bonne et la tolerance digestive meilleure. I1 faut probablement poursuivre I'AE pour des rai- sons nutritionnelles 6videntes, mais l'on peut propo- ser, tant que la diarrh~e persiste, d'en diminuer le d6bit horaire. I1 peut ~tre n6cessaire, pendant la p6riode aigu~, de couvrir les besoins hydro-61ectro- lytiques par une perfusion p~riph6rique. Dans Fat- tente des r6sultats bact~riologiques, l'on peut propo- ser tin traitement par Ultra Levure ® fi la posologie de 500 m g x 3/j dont l'efficacit~ dans la pr6vention des diarrh6es postantibiotiques est d~montr6e. Cette levure pourrait agir en diminuant ta prolif6ration microbienne pathog6ne et semble pourvue d'un pou- voir pr~ventif sur l 'action des toxines A et B de Clostridium difJicile [3]. Bien que th6oriquement logique dans cette situation, l ' appor t d 'une AE enrichie en fibres n'a pas, dans notre experience, ni dans la litt6rature, les r6sultats escompt6s sur la diarrh~e [4]. La d6couverte des toxines de Clostri- dium diJficile dans les selles n~cessitera un traitement

par m~tronidazole ou vancomycine. En l'absence d'am61ioration rapide de la diarrh~e il faudrait r6ali- ser une colonoscopie fi la recherche de l~sions coli- ques 6ventuellement favoris~es par le geste chirurgi- cal (colite isch6mique par exemple).

Bibliographie

1. Keohane PP, Attrill H, Love M, Frost P, Silk DBA. Relation between osmolarity of the diet on gastroin- testinal side effects in enteral nutrition. Br Med J 1984; 288: 678-80.

2. Guenter PA, Settle G, Perlmutter S, Marino PL, De Simone BA, Rolandelli RH. Tube feeding-related diarrhea in acutely ill patients. JPEN 1991; 15: 277-80.

3. Czerucka D, Nano JL, Bernasconi P, Rampar P. Rbponse aux toxines A et B de Clostridium difficile d'une lign6e de cellules 6pithbliales intestinales de rat : IRD 98. Effet de Saccharomyces boulardii. Gas- troenterol Clin Biol 1991; 15: 22-7.

4. Silk DBA. Fibre and enteral nutrition. Gut 1989; 30: 246-64.

CONCLUSION

Chez cette patiente, l'analyse des selles a r6v616 la pr6sence de toxine du Clostridium difficile. L'admi- nis t ra t ion de m6tronidazole (3 x 500 mg) via la sonde d'alimentation a permis une r6gression de la diarrhSe en 48 heures. Pendant ces deux jours, les apports par voie entSrale ont 6t6 transitoirement arrSt~s, en maintenant un apport hydro-6lectroly- tique par voie veineuse.

La nutrition ent6rale a 6t~ r6instaur6e progressive- ment en atteignant 1 500 mL au 4 e jour d'adminis- tration. La t016rance fut bonne avec 3 6missions de selles par jour. Les trois lecteurs ont mentionn6 l'int6r~t de recher- cher une infection par Clostridium difficile chez une patiente hospitalis6e et ayant regu des antibiotiques. Les autres causes de diarrh6e ~voqu6es par les lecteurs doivent ~tre bien stir recherch6es simul- tan6ment.

A. Van Gossum Hbpital Erasme,

Bruxelles

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