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DIEU SEUL

LE SAIT

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DOMINIQUE ROUCH

D I E U S E U L

L E SAIT

(Enquête sur les miracles)

HACHETTE/CARRÈRE

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Couverture : Patrick Julien. Photo : The Image Bank.

© Hachette/Carrère, 1990.

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A ma mère

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INTRODUCTION

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Les miracles nous dérangent. Ils bouleversent nos certitudes et perturbent notre tranquillité. Pourtant, quelle que soit leur origine, ils existent et, quand on a décidé de ne pas les passer sous silence, suscitent mille questions.

Dans son sens étymologique, le mot miracle ne pos- sède aucune connotation divine, ni même religieuse. Du latin miraculum, qui signifie « prodige », le miracle n'est rien de plus qu'un fait étonnant qui s'inscrit comme une rupture dans le cours naturel des choses. En d'autres termes, une violation des lois de la nature établies et immuables. Bien entendu, tout phénomène inexplicables ou inexpliqué allant à l'encontre de ce qui semble logique et « normal » n'a pas systématique- ment le privilège d'entrer dans le registre des miracles. Ainsi certains critères doivent être respectés. Dans un premier temps, il faut rechercher l'origine et, plus pré- cisément la cause.

C'est Dieu, paraît-il. Encore faut-il le prouver. Excluant toutes sortes de réponses frôlant le déborde- ment mystique du genre : « Si je suis guéri c'est grâce à

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Dieu », ou encore « Dieu est libre, Dieu est puissant, Dieu est sage, il n'y a que Lui pour accomplir de telles grâces », l'analyse de Voltaire dans son Dictionnaire philosophique revêt, semble-t-il, davantage de bon sens. Posant comme axiome : « Dieu à l'origine de tout, donc Dieu créateur », il est logique qu'Il soit l'Unique capable de transformer son « ouvrage ». Une résurrection prouve bien que seul, l'auteur de la vie peut la rendre à un mort. Une loi, par conséquent, étant établie par Dieu ne peut être suspendue que par son auteur. Dans ce cas, un miracle serait « la viola- tion des lois divines, éternelles et immuables », et notre histoire en est couverte : « les filles du grand prêtre Anuis, continue Voltaire, changeaient tout ce qu'elles voulaient en blé, en vin ou en huile ; Athalide, fille de Mercure, ressuscita plusieurs fois ; la chevelure de Bérénice devint un assemblage d'étoiles; la tête d'Orphée rendait des oracles après sa mort; les murailles de Thèbes se construisirent d'elles-mêmes au son de la flûte... »

Mais comment croire aux miracles quand on exalte l'immutabilité de l'Être suprême, l'éternité de Ses lois, la régularité de Ses mondes infinis? Dire que Dieu répare ou modifie ce qu'Il a créé, ne serait-il pas lui attribuer une quelconque faiblesse ou imperfection dans son essence même?

Les philosophes ne répondent à ces objections qu'en riant et en haussant les épaules, mais les philosophes chrétiens disent : « Nous croyons aux miracles opérés dans notre Sainte Religion ; nous les croyons par la foi

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et non par notre raison que nous nous gardons bien d'écouter; car, lorsque la foi parle, on sait que la raison ne doit pas dire un seul mot. Nous avons une croyance ferme et entière dans les miracles de Jésus-Christ et des apôtres.»

La croyance en la réalité des miracles va donc de pair avec la foi. Affirmer que Dieu est à l'origine de faits étranges, illogiques ou «anormaux», percevoir son empreinte dans des manifestations inexplicables présuppose la foi. Celle-ci consiste à croire, non ce qui semble vrai, mais ce qui paraît faux à notre entende- ment. Les Orientaux, par exemple, ne croient que par la foi au voyage de Mahomet dans les sept planètes, aux incarnations des Dieux, etc. La foi porte sur des choses étonnantes, impossibles et contradictoires. Elle offre l'existence aux miracles en leur donnant comme cause : Dieu. Mais, concrètement, une foi réelle peut s'accompagner d'un sentiment de réserve.

L'exemple des guérisons de Lourdes, qui pour cer- tains se produisent grâce à la volonté divine, appelle à réfléchir sur une tout autre méthode qu'on pourrait nommer méthode déductive, prouvant là encore qu'au-delà des traitements médicaux parfois ineffi- caces, de l'auto-suggestion qui joue un rôle important et d'autres facteurs que nous aborderons par la suite, il ne reste que la «main de Dieu» pour agir.

Prenons, à cet effet, le cas d'une jeune Italienne, Delizia Cirolli, atteinte d'une tumeur maligne à l'extré- mité supérieur du tibia droit. Devant la gravité de l'affection et la fatalité du pronostic, les médecins conseillent des thérapeutiques palliatives comme

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l'amputation ou la radiothérapie (médication par les rayons X). Mais son père refuse tout soin et préfère que sa fille meure en paix. C'est en août 1976 que Deli- zia se rend à Lourdes avec sa mère. Cependant, même si au cours d'un bain aux piscines, l'enfant croit res- sentir « quelque chose d'inexplicable », rien ne se pro- duit. A son retour, son état ne s'est pas amélioré. Sou- dain, tout bascule. Les signes de guérisons se manifestent. Delizia se sent mieux et peut, très rapide- ment, reprendre une vie normale. En 1977, elle se rend au Bureau Médical de Lourdes où elle est examinée : son état de santé est parfait. Le cancer a disparu. De quelle façon? On ne sait pas.

Elle se représente en 1978 et 1979 pour de nouveaux contrôles : rien d'anormal, Delizia va bien. Dans leur réunion du 26 septembre 1982, les membres du Comité Médical International ont admis par un vote quasiunanime que la guérison de l'enfant constitue un phénomène tout à fait exceptionnel « contraire à toute observation et prévision de l'expérience médicale, et, en outre, inexplicable ». Les autorités catholiques ont reconnu le miracle le 29 juin 1989.

Ainsi, face à un tel cas, certains lieront le mystère de cette guérison à Dieu. D'autres, plus réfléchis et consciencieux, comme le docteur Mangiapan, pré- sident du Bureau des Constatations Médicales de Lourdes, se limiteront à reconnaître qu'elle est, en effet, inexplicable, sans pour autant lui attribuer un caractère surnaturel. A la question : « comment expli- quez-vous un tel phénomène?», il répond: «je ne l'explique pas car il est inexplicable». Voila qui n'éclaire guère le problème.

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Selon les idées reçues, l'inexplicable est quasiment toujours qualifié de miraculeux, les miracles ayant pour cause Dieu qui manifeste sa puissance et sa sagesse.

Mais pourquoi Dieu fait-il des miracles? «Pour venir à bout d'un certain dessein sur quelques êtres vivants », dit Voltaire. Immédiatement, un problème se pose : pourquoi certains et pas tous? Selon quels cri- tères Dieu favoriserait-il un homme plutôt qu'un autre? Comme si tel malade avait davantage besoin d'aide que tel autre. Les fidèles optent alors pour la liberté divine sans même soupçonner une quelconque injustice. La réponse est insuffisante.

On serait tenté de croire qu'il existe une «recette miracle » pour obtenir de Dieu ce que l'on souhaite : une façon d'agir particulière ou encore un comporte- ment à adopter? Non, le zèle dans les prières ou les implorations n'offrent que très peu de chances en plus: Dieu n'agit pas en fonction de la piété. Il se manifeste à des mécréants, mais aussi à des enfants encore trop jeunes pour imaginer Son existence, et, bien heureusement, à des croyants, de fervents croyants. Il est donc, difficile d'établir des règles puisqu'il n'existe aucun point commun entre les « pro- tégés de Dieu » : chacun, sans y croire ni même le sou- haiter, a des chances un jour dans sa vie, de bénéficier d'une «grâce céleste ».

Un élément semble tout de même important à rele- ver dans le « choix divin » : il s'agit, bien souvent, de gens crédules, parfois simples d'esprit, par conséquent

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facilement influençables et impressionnables. Peut- être, est-ce pour ces raisons de simplicité mystique que ces personnes voient des miracles là où il n'y en a pas. Dans tous les cas, il y a résultat : le miracle prépare et dispose à la religion. C'est parce qu'il est manifeste- ment dû à Dieu qu'il est capable de mener les hommes à la foi ou de les y confirmer. Sa finalité est claire : croire en Dieu avec tout ce que cela implique.

En se manifestant, Il offre à certains le rôle de mes- sagers qui témoignent de sa bonté et de sa puissance. Des êtres qui authentifient son omniprésence : « Dieu m'a guéri, donc Dieu existe. »

Pour le Magistère, les miracles sont un moyen dont Dieu se sert pour manifester la Révélation. Les écrits du Nouveau Testament leur attribuent explicitement un rôle apologétique qu'ils considèrent comme une preuve directe de la vérité du christianisme. Par le contraste qu'il y a entre le fait divin et les faits natu- rels, les miracles attirent notre attention. Ils deviennent des signes de la volonté divine dans un intérêt privé et personnel (guérison...) ou un intérêt général comme la Révélation chrétienne. Les miracles de l'Évangile ne sont donc pas des événements extra- ordinaires en opposition aux lois de la nature, mais des signes de la puissance de Dieu.

Quelques miracles sont bien connus : Sodome et Gomorrhe, les villes maudites, sont détruites par une pluie de feu tandis que la femme de Loth, qui s'est retournée malgré l'interdition divine est changée en « statue de sel ». Pour décider Pharaon à laisser partir

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le peuple hébreux, Moïse change son bâton en serpent - ne le comptons pas pour miracle, d'ailleurs, puisque les prestidigitateurs du souverain égyptien en font autant -, mais Dieu envoie également les «plaies d'Égypte»: eaux du Nil qui se changent en sang, pluies de grenouilles, de sauterelles, invasions de moustiques, etc., et pour finir, la plus terrible de toutes, la mort de tous les premiers nés d'Égypte. Et la manne qui tombe du ciel pour nourrir les Hébreux errants dans le désert pendant quarante ans, la source que Moïse fait jaillir du rocher...

Ailleurs, c'est le prophète Élie qui est enlevé au ciel dans un char de feu, ce sont les pierres qui tombent du ciel pour écraser les Amalécites, les murailles de Jéri- cho qui s'écroulent au son de la trompette, l'Arche d'Alliance qui foudroie les insolents qui osent porter la main sur elle... (Un certain nombre seraient scienti- fiquement explicables.)

Et le plus étonnant de tous, Josué qui arrête le soleil lors de la bataille de Béthoron pour permettre aux Hébreux de parachever leur victoire... La terrible vision d'Ézéchiel, enfin : Ainsi parle le Seigneur Dieu : J'existe !

Plus près de nous, d'autres manifestations prodi- gieuses ou singulières ; tel le « labarum » qui apparut dans le ciel à l'armée de Constantin au moment de la bataille contre Maxence : On se souvient de cet éton- nant phénomène : vers l'an 311, les deux prétendants à l'empire de Rome livrent la bataille décisive. Soudain, les soldats de Constantin voient apparaître dans le ciel une croix de lumière tandis qu'une voix céleste tonne :

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In hoc signo, vinces! (Par ce signe, tu vaincras!) Constantin se fait chrétien à l'instant et triomphe de l'armée de Maxence.

D'autres encore qui relèvent plus de la légende, voire du conte populaire : miracle des roses de sainte Élisabeth de Hongrie, saints de Bretagne navigant dans des auges de pierre, encore qu'on puisse à la rigueur flatter sur de la pierre ponce et que la lumière des géants soit volcanique, comme le suggérait Georges Gustave Tandouze, miracle des Sept Dormants d'Éphèse que l'on retrouve dans la légende de Rip Van Winckle, miracle des loups, illustré par le cinéma, pro- dige des trois petits enfants ressuscités par saint Nico- las (mais est-ce une légende?), sur lesquels se greffe tout un merveilleux, bric-à-brac indo-européen accommodé à la sauce chrétienne, légende de saint Christophe portant l'enfant Jésus sur ses épaules, saints massacreurs de dragons, légende de saint Julien l'hospitalier, etc.

La mentalité biblique développe, cependant, sa propre critique du miracle. Elle fait appel à la raison pour lutter contre l'idolâtrie et la crédulité. Cette cri- tique est exprimée chez les rabbins, mais aussi dans le Nouveau Testament : « De faux messies et de faux prophètes se lèveront et feront des prodiges pour éga- rer, si possible, des élus» (MC 13, 22). Selon le Tal- mud, les faits d'apparence surnaturelle peuvent être d'origine divine si le prophète qui les accomplit n'en tire pas gloire, mais renforce la foi en Dieu. Cepen- dant, malgré les réticences et le scepticisme à l'égard

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du merveilleux, rares sont ceux qui ont mis en doute les miracles de la Bible et, en particulier, ceux effectués par Jésus et les apôtres.

Pourtant, les miracles du Christ gênent souvent. Dans son livre Ces miracles qui nous dérangent, Alphonse Maillot, pasteur de l'Église réformée de France, explique que les bienfaits de Jésus « semblent être des obstacles, voire des pierres d'achoppement (...) pour l'homme moderne qui aurait de la peine à avaler ces histoires aussi peu scientifiques que peu ration- nelles. »

Quant aux prédicateurs, ils traitent souvent ces pas- sages de manière symbolique. En d'autres termes, ils en tirent certains messages, mais sans que ceux-ci aient besoin de la réalité du miracle pour être vrais : la pré- dication serait la même.

Il est vrai que certaines communautés comme, par exemple, les milieux charismatiques où tout est concentré sur le spectaculaire et où les miracles sont monnaie courante, ont ôté toute crédibilité aux événe- ments bibliques.

L'Ancien Testament, contrairement à ce que l'on pourrait penser, n'est pas construit sur une accumula- tion de miracles. Le terme hébreu, ôth, qui les désigne est significatif : il veut dire signe. Il ne s'agit donc pas, au prime abord, de bouleversements spectaculaires mais de simples rites ou gestes par lesquels Dieu montre sa miséricorde à l'égard du peuple d'Israël. Ce sont, avant tout, des moments privilégiés et d'alliance. « Le Dieu de l'Ancien Testament est plus stupéfiant par l'élection d'Israël, par la fidélité qu'il lui manifeste

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que par toutes les merveilles ou les splendeurs de la création. » Bien entendu, un miracle doit pour les juifs, être mis en évidence, celui dont Israël vivra tout au long de son histoire : la sortie d'Egypte, miracle per- pétuel, fondateur du peuple, et qui le fait sortir de l'esclavage pour accéder à la liberté. Pour un livre reli- gieux, l'Ancien Testament reste un peu avare de récits miraculeux, contrairement au Nouveau. Sans la suré- valuer, la place occupée par les miracles dans le minis- tère de Jésus est considérable. « C'est pour authentifier son message, dit-on, que le Christ a fait tant de pro- diges. »

Il a guéri des gens rejetés et marginaux (le lépreux, Mc 1, 40, 45; le paralytique, Mc 2, 1-12); par des signes, il prouvait qu'il était bien celui que l'ancienne alliance annonçait (la multiplication des pains, Mc 6, 30ss ; 8, 1ss) : avec cinq pains et deux poissons, il a nourri cinq mille hommes.

Le début du récit de la « Résurrection de... Lazare » (Jn 11, 21-27. 35-44) est, à ce propos, assez révéla- teurs : Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donneras. » Jésus lui dit : « Ton frère ressus- citera. » «Je sais, répondit-elle, qu'il ressuscitera lors de la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « C'est moi la Résurrection et la Vie; celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela?» «Oui, Sei- gneur, répondit-elle, moi je crois que c'est toi le Christ, le Fils de Dieu, Celui qui vient dans le monde... » Tant

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et tant de miracles qui ont fait de Jésus celui que les croyants appellent aujourd'hui le Sauveur.

De nos jours, ce « Sauveur » n'intervient quasiment plus auprès des hommes. Dieu leur envoie des inter- médiaires pour accomplir ses grâces. Tout d'abord : La Vierge. Selon saint Thomas, Marie reçut en plus de ses dons, celui de faire des miracles. Au temps de Jésus, Dieu lui en refusait l'usage; il n'appartenait, en effet, qu'au Christ et aux apôtres de confirmer la vérité de leur prédication. Aujourd'hui, pourtant, presque tous les miracles qui se produisent ont Marie pour origine.

Les saints ont également leur importance et leur valeur. Il faut rappeler que les miracles se sont souvent accomplis au contact de vêtements ou d'ossements provenant d'un personnage mort en odeur de sainteté. Je prendrai, à cet effet, l'exemple des restes du bien- heureux Benoît Labre, pèlerin mendiant qui parcourut l'Europe, lesquels furent, lors de sa sanctification, entièrement dévaliser par les habitants de son village natal, Amettes. Réputé pour sa saleté, son corps fut d'abord la proie des fidèles qui lui arrachèrent ses vête- ments, les poils de la barbe, ses croûtes et jusqu'aux peaux d'orange trouvés dans sa sacoche. Dans un style beaucoup plus sérieux, sainte Thérèse de Lisieux a éga- lement provoqué des guérisons.

Enfin, les «objets» matériels comme la salive de Jésus qui a rendu la parole à un muet (Marc VIII, 23), l'eau de Lourdes, etc. La couronne d'épines fut, elle aussi, à l'origine de multiples guérisons. Elle a, entre autres, guéri une petite fille de dix ans, Marguerite

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Périer, d'un ulcère lacrymal le 25 mars 1656. On la conduisit devant une épine déposée dans un reliquaire à Port-Royal. La petite se mit à prier et approcha son œil malade de l'objet vénéré. Le miracle eut lieu.

A notre époque de scepticisme, on a du mal à croire à des phénomènes aussi peu rationnels. La constata- tion du caractère miraculeux d'un fait consiste à mon- trer qu'il n'a pas sa cause dans la nature, mais qu'il procède d'une intervention divine. Certains répon- dront qu'il est impossible de l'affirmer alors que nous sommes dans l'ignorance des forces naturelles et que, ce que nous appelons miracle peut avoir dans la nature des causes que nous ne connaissons pas encore.

La Science qui, elle aussi, a son mot à dire, nie toute éventualité surnaturelle. Le naturalisme scientifique explique ainsi que notre monde est un système clos, ou rien ne pénètre du dehors. Les événements qui s'y déroulent, si étranges soient-ils, doivent trouver leur explication dans les forces ou les éléments qui les constituent.

Alors, quelle conclusion en tirer? On aimerait demander à Dieu, s'Il existe et, s'Il fait des miracles, de nous le prouver. Mais, malgré certains phénomènes étranges que nous ne comprenons pas, malgré des gué- risons subites que nous n'expliquons pas, « les miracles existent» est une phrase encore difficile à prononcer. Jean de Viguerie a cependant, écrit un livre fort intéressant, Les caractères permanents du miracle, qui démontre plusieurs analogies. Notamment, l'unité de lieu: le miracle est quasiment toujours marial;

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l'unité de temps: il se produit les trois premières décennies du siècle ; l'unité d'action : le miracle est généralement une guérison. Les miraculés sont le plus souvent des aveugles ou des paralytiques. S'il s'agit d'une guérison, elle est souvent précédée d'une vive douleur. Cette sensation dure quelques secondes, pour donner suite à un redoublement de souffrances

accompagné de frissons. Puis, subitement, le mal cesse.

Il ne nous reste maintenant, qu'à juger à travers dif- férents témoignages.

Authentiques et troublants...

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I

LES APPARITIONS

« C'est aux chrétiens une occasion de croire, que de rencontrer une chose incroyable. »

Montaigne (Essais)