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Prévi immédiate Vigie à temps complet LE MAGAZINE DE METEO-FRANCE - JANVIER 2004 - N°21 La canicule de l’été 2003 PAGE 13 PAGE 4 PAGE 30 CAM, la grande mutation CEPMMT, prévi numérique à moyenne échéance Vigie à temps complet

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Prévi immédiateVigie à temps

complet

L E M A G A Z I N E D E M E T E O - F R A N C E - J A N V I E R 2 0 0 4 - N ° 2 1

La canicule de l’été 2003

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CEPMMT, prévi numériqueà moyenne échéance

Vigie à temps complet

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2 Janvier 2004 ATMOSPHÉRIQUES

ÉDITORIAL

Le plan stratégique 2000-2010 fait des pro-grès de la prévision immédiate l’un desobjectifs majeurs de l’établissement. Onsait que Météo-France fait de la prévi-sion immédiate pour le tournoi de

Roland-Garros où il s’agit de prévoir avec la plusgrande précision possible la chronologie, la durée,l’intensité et la localisation exactes des précipita-tions dans un espace de temps de l’ordre de troisheures. Un grand projet « prévision immédiate »,confié à Isabelle Leleu, a été lancé en 2001 avecl’ambition de passer d’une assistance quasi expé-rimentale et ponctuelle à un produit opérationnelutilisable le plus largement possible.Il est apparu important – notam-ment au regard des événements mé-téorologiques exceptionnels quenous avons connus encore cetteannée et sur lesquels nous revenonspour évoquer les inondations du Sud-Est – de faire le point sur ce projet etmontrer les progrès que l’on peut enattendre, notamment pour rendreplus efficace encore notre mission desécurité des personnes et des biens.

On pourra se rendre compte desefforts en cours pour développer leprogramme du réseau d’observationau sol Radôme, le doter de fonctionsintelligentes d’alerte, le coupler à desanalyses numériques pour spatialiser les donnéeset détecter les risques de convection (Diagpack).

L’un des secteurs les plus sensibles est naturel-lement la prévision des inondations. On prendrala mesure des actions majeures en cours en ce do-maine, au travers des articles de Pierre Tabary surles nouvelles technologies et algorithmes radar,de Christophe Morel et Stéphane Sénési sur lesOpic qui visent à surveiller les orages et dans larubrique “Proximités” on découvrira le Schapi installé sur la Météopole de Toulouse.

Pour l’ensemble de ces actions de prévision im-médiate les données et produits satellitaires vont

Vers une prévisionpour chaque heure

devenir l’un des vecteurs les plus importants denos progrès. Emmanuel Legrand fait le point à cesujet en évoquant le projet Pampa et en donnantquelques illustrations de nouveaux outils, commela classification nuageuse à basse altitude queMSG va nous permettre de mettre en œuvre.

Bien entendu, tous ces instruments, outils et lo-giciels continueront à dépendre largement pourêtre efficaces de l’expertise humaine sur laquellePascal Brovelli et Stéphane Sénési renouvellentl’éclairage .

L’actualité nous conduit à réserver une largeplace à un reportage sur l’inauguration des nou-

veaux locaux du CAM à Toulouse-Francazal, et à rappeler l’importancede la mesure aéroportée pour larecherche. Vous saurez tout surl’avancement du gros chantier detransformation et d’instrumentationde notre nouvel avion de recherche,l’ATR42.

Nous n’avons pas eu l’occasion dansles numéros précédents de parler d’unpartenaire essentiel de Météo-France,le Centre européen de prévisions mé-téorologiques à moyen terme. Nousréparons cet oubli en ouvrant large-ment nos colonnes au nouveau direc-teur de la recherche du CEPMMT,notre collègue Philippe Bougeault.

Voilà un vingt et unième numéro d’Atmosphériques,qui vous intéressera, je l’espère. Nous y avonscomme toujours, consacré beaucoup d’efforts pouren faire à la fois un outil d’information riche et sé-rieux et un moment de détente pour ses lecteurs.A propos de détente je ne saurais trop vousconseiller de lire l’article de Gérard De Moor sur« l’approximation de Boussinesq ».

Je me tourne vers ces lecteurs, fidèles mainte-nant depuis cinq ans déjà, pour leur adresser aunom de la Rédaction mes vœux les plus chaleu-reux pour 2004. Je souhaite à tous une heureuseet excellente année. ■

Jean-Pierre Beysson

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2004 3

SOMMAIRE 21

Trimestriel publié par Météo-France 1 quai Branly 75340 Paris cedex 07Tél. : 0145567171

Directeur de la publication :Jean-Pierre BeyssonDirectrice éditoriale :Geneviève DelsolRédactrice en chef :Germaine Rochas

Iconographe :Farida Tatem Bacha

Secrétaire de rédaction :Bernadette Bizieux

Conseiller de la rédaction :Frank Jubelin

MAGAZINE N°21 - JANVIER 2004Responsables de rubrique :• Météo : Pierre Bessemoulin• Actualités : Philippe Parmentier• Dossier : François Duvernet• International : Philippe Courtier• Proximités : Jacques Manach• Bloc-notes : Brigitte Hamdaoui

Conception graphique :L'atelier Gilles CarminePhotogravure : D2C/PROImpression : Studium

Abonnement : 19 €/an©Météo-France 2004. ISSN 1295-2168

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13MÉTÉO

4 La canicule de l’été 2003GRAND ANGLE

8 Orages en fanfareACTUALITÉS

10 En région ; Instantanés ; ParutionsREPORTAGE

13 CAM, la grande mutation LE DOSSIER

18 Au plus près du tempsINTERNATIONAL

30 Prévision numérique à moyenne échéance au CEPMMT

PROXIMITÉS

33 Duo au Schapi PROFIL

36 Haut les pagaies !BLOC-NOTES

37 Lu pour vousIL Y A 150 ANS

39 L’« approximation de Boussinesq »a cent ans

EN COUVERTURELa couverture radar de la métropole prévue par le projet Panthere.Au premier plan, Corinne Van Peteghem, prévisionniste à la direction interrégionale Île-de-France, Centre. Photo Pascal Taburet/Météo-France

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4 Janvier 2004 ATMOSPHÉRIQUES

MÉTÉO

La première moitié du mois d’août 2003, marquée par un épisode caniculaire dramatique, s’inscrit dansune période estivale (juin-août) durant laquelle les températures se sont révélées bien au-dessus desnormales saisonnières. Un épisode climatique uniquedans les annales, qui risque cependant de se reproduiretôt ou tard.

Après un mois de juinglobalement chaud (+ 4 à + 5 °C par rapportaux normales) et un

mois de juillet plus proche desnormales, le début du moisd’août est marqué par une trèsforte chaleur. En effet, débutaoût, les hautes pressions dues à l’influence de l’anticyclone desAçores s’installent sur l’Europe del’Ouest. Cette situation, classiqueen été, devient cette fois tout àfait remarquable quant à sa durée(près d’une quinzaine de jours).Les conditions deviennentpropices à l’aspiration, versl’Europe, de masses d’airsurchauffées d’originesaharienne, qui bloquent le passage des habituellesperturbations orageuses enprovenance de l’Atlantique.

L'été le plus chaud, en France,depuis cinquante ans

Du 1er juin au 31 août 2003, la moyenne sur la France destempératures, aussi bienminimales que maximales, est la plus élevée que l’on aitconnue depuis 1950. Cet été estlargement plus chaud – de 1,7 à2,7 °C – que les trois précédents étésles plus chauds (1976 est le recordprécédent pour les maximales,1983 et 1994 sont les records

précédents pour les minimales).La carte (1) d’écart à la

normale (1971-2000) révèle quesur la majorité de l’Hexagone cetété 2003 est de 3 à 7 °C plus chaudque la moyenne, avec les valeursles plus élevées à l’est d’une ligneallant des Landes à la Lorraine.

Au cours de ces trois mois, le nombre de jours où la tempé-rature a dépassé les 35 °C est tout

à fait remarquable, comme le montre la carte (2) ; dans le centre du pays, pour un grandquart sud-ouest, le Sud-Est et leCentre-Est, ce nombre dépassevingt jours. L'examen des résultatsindividuels est égalementspectaculaire. À Montélimar, parexemple, vingt-huit jours voientune température supérieure ouégale à 35 °C, dont treize joursconsécutifs ; alors que sur lapériode 1971-2000, les 35 °C n’ontété dépassés que trois jours enmoyenne pendant la périodeestivale.

La canicule exceptionnelle de la première quinzained’août

La canicule qui s’installe début

août est exceptionnelle par sadurée (près de deux semaines) et son intensité. La montée destempératures est progressiveentre le 1er et le 5 août, lesmaximales évoluent en l’espacede cinq jours de 30 ° jusqu’à prèsde 40 °C, puis se stabilisentgénéralement à un niveausupérieur à 35 °C jusqu’au 13 août. Une canicule durant au moins neuf jours consécutifspour bon nombre de régions,avant de retomber ensuite assezrapidement à un niveau plus

La canicule* de l’été 2003

Les valeursélevéesdestempéra-turesminimalespendantles pics dela canicule ontaggravé les effetsnéfastes enempêchantune récu-pérationnocturne.

1. Écart à la normale de la température maximale.Moyenne des températures maximales du 01/06/2003 au 31/08/2003.Normales 1971-2000 pour les mois de juin à août.

Moyenne destempératurespour la période du 1er juin au 31 août(moyenneeffectuée sur les stationsreprésentativesdes 22 régionséconomiques)

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2004 5

Est, ce nombre varie parfois de sept à onze jours.

Un épisode caniculaireextrême à Paris

À Paris, où Météo-Francedispose d'une sériechronologique depuis 1873, onpeut s'intéresser aux séquencesde jours consécutifs où latempérature maximale a dépasséles 35 °C. Il faut cependantrelativiser les informations quisuivent, car les conditions demesures ont évolué, rendant lacomparaison entre des donnéestrès anciennes et les donnéesactuelles parfois délicate. En 2003, du 4 au 12 août, avec une séquence de neuf jours

consécutifs qui connaissent une température maximalesupérieure ou égale à 35 °C, les records précédents de 1911(cinq jours) et 1998 (quatre jours)sont battus.

De plus, les 11 et 12 août, le record absolu de températureminimale est battu ; il s'élève à 25,5 °C et dépasse de très loin le record précédent de 24 °C, enjuillet 1976. Pour la températuremaximale, le record absolu restecelui de 40,4 °C le 28 juillet 1947.Cette période de canicule, par sonintensité et sa longueur, dépassede très loin les précédentsépisodes connus, tant au niveau

normal, inférieur à 30 °C à partirdu 15 août. Les records absolus de température maximale ont étébattus au cours de cette périodesur bon nombre de stationsmétéorologiques, et destempératures supérieures à 40 °Cseront observées dans 15 %environ des stations. Des recordshistoriques de températureminimale quotidienne vont êtreégalement battus. Le nombre dejours où la température a dépasséles 40 °C est exceptionnel, tant par son importance que par l'étendue géographiqueconcernée, comme on peut le voirsur la carte (3) pour la période du 1er au 18 août ; dans le centre du pays, un grand quartsud-ouest, le Sud-Est et le Centre-

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A Paris, auprès de l’arc du Carrousel, les touristes du début août cherchent un peu de fraîcheur.

� 2. Nombre dejours avectempératuremaximale > = 35 °C

� 3. Nombre dejours avectempératuremaximale > = 40 °C

des températures minimales,maximales que moyennes. Du 7 au 14 août 2003, à Paris-Montsouris, les températuresminimales sont restées de façonquasi continue au-dessus des23 °C. Les valeurs élevées destempératures minimales pendantles pics de la canicule ontcontribué à aggraver les effetsnéfastes en empêchant unerécupération nocturne.

La période du 4 au 12 août estunique dans les annales de Parisdepuis 1873. Dans cette période,il faut insister particulièrementsur les 11 et 12 août, deux jourstout à fait exceptionnels,intervenant à un moment où leseffets cumulatifs de la caniculesont déjà très sensibles dans de

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6 Janvier 2004 ATMOSPHÉRIQUES

MÉTÉO

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positive de la températuremaximale d’août se retrouve surune large étendue de l’Europe.

Quelques épisodes de canicule connus

Seule la séquence de caniculede 1976 est comparable par sadurée à celle de 2003. La mise en parallèle de la vague dechaleur de 1976 est intéressante,car l'épisode a touché une grandepartie du pays, tout particu-lièrement une grande moitiéouest ainsi que les régions Île-de-France et Champagne. Les fortes

là, la période de canicule étaitdonc aussi longue mais plusintense (de 2 °C environ) que celle de 1976. En 1983, du 25 au 31 juillet, la canicule n’avaittouché que le quart sud-est, avecune extension sur l’est du Massifcentral et la Franche-Comté.

Un avant-goût de ce qui nous attend ?

Cet événement caniculaireapparaît extrêmement rare et n'a jamais été observé avec unetelle acuité depuis le début desobservations disponibles. D'aprèsles estimations pour le XXIe siècle,reposant sur la physique desprojections plausibles pourl'ensemble des scénariosgénéralement utilisés, et sur lejugement d'experts, il apparaîtqu'il y aura au cours du XXIe siècleune augmentation très probabledes jours de canicule sur presquetoutes les terres. ■

Nicole Bourdette

* Canicule : Époque de grande chaleurdurant laquelle Sirius de la constellation du Grand Chien (en latin, canis) se lève et se couche avec le Soleil (27 juillet - 23 août).Définition du « Glossaire de météorologie et de climatologie », d’Oscar Villeneuve.

multiples domaines. Par exemplele vent, devenu très faible les 11 et 12, qui jouera un doublerôle : d’abord pour la pollutioncar, aux pics d’ozone observésparticulièrement forts etpermanents pendant cettepériode, est alors venu s’ajouterun pic de dioxyde d’azote ;ensuite pour la diminution de la ventilation qui va encoreaccentuer le sentimentd’inconfort.

La canicule n’a pas épargnénos voisins européens

Le tableau ci-dessous illustreles valeurs maximales etmoyennes des températuresmaximales et minimales

Max. TX Moy. TX Max. TN Moy. TNOrange 42,6 38,9 22,0 19,9Lisbonne 42,0 34,9 28,4 22,7Madrid 39,8 37,1 22,4 20,0Paris 39,5 35,2 25,5 22,1Cologne 38,8 32,8 19,6 16,6Londres 37,9 29,9 20,3 17,2Vienne 37,6 32,8 21,4 18,8Prague 37,0 30,4 18,7 15,4Rome 36,8 33,8 23,1 21,0Bruxelles 35,1 29,7 21,8 17,2

La forte anomalie positive de la température maximaled’août se retrouve sur unelarge étendue de l’Europe.

Plus qu’ailleurs, dans les maisons de retraite, la canicule a étédouloureusement ressentie.

Seule laséquencede lacaniculede 1976 estcomparablepar sadurée à celle de2003.

intensités ont duré une dizainede jours en fin juin et débutjuillet. Par exemple, cette année-là, au Mans il a fait plus de 35 °Cdu 24 juin au 4 juillet (avec un pic à 37 °C le 1er juillet). On notera toutefois qu’en 2003,du 2 au 12 août, il a fait entre 35 et 40 °C au Mans. Cette année-

enregistrées sur la période du 1er au 15 août 2003 pour quelquesvilles européennes.La canicule aura donc concernéd’autres régions en Europe.Cependant, le tableau faitressortir la forte valeur de la moyenne des températuresminimales à Paris (22,1 °C), quin’est dépassée que par Lisbonne(22,7 °C). Plus généralement,comme le montre la carte ci-dessous, une forte anomalie

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ATMOSPHÉRIQUES Juillet 2002 7

TEMPÉRATURES

Après un mois de juinexceptionnellement chaud,les températures de juilletsont encore, au-dessus des normales saisonnières.

En août on retiendra la canicule exceptionnelle de la première quinzaine(voir page 4); l’écart à lanormale de la températuremoyenne d’août 2003 estglobalement supérieur à 4°C.

Avec une premièredécade de septembreparfois fraîche, à partir du 16 les températuresmaximales grimpent au-dessus des moyennes desaison et des records sontbattus: 30,6 °C à Wy-dit-Joli-Village (Val-d’Oise),ancien record 29,3 °C.

Les premières geléessont relevées à partir du 23 septembre sur le norddu pays où les minimalessont déficitaires pour cettedécade alors que lesmaximales sont encoreexcédentaires.

De juillet à septembre, lamoyenne de la températureest de 2 à 3 °C au-dessusde la normale sur lamajorité du territoire; dansle Sud-Ouest, le Centre-Estet le Nord-Est l’excédentdépasse parfois 3 °C.

PRÉCIPITATIONS

Les précipitations de juilletn’atteignent pas 50 % de la normale des Landes auCentre-Est, et en Corse. Deviolents orages, le 15, duSud-Ouest à la Normandieapportent des cumulsimportants.En août, seulsquelques violents épisodesorageux amènent locale-ment des précipitations. Le déficit est partoutimportant, de l’ordre de50 %. Canicule et séche-resse se conjuguent, et dèsla mi-juillet des incendiesravagent le Sud-Est. La finde septembre est marquée

par de très violentsépisodes pluvieux dans le quart sud-est: 187 mm à Montpellier (Hérault),208,6 mm à La Quille(Hérault). Un moisdéficitaire, surtout sur le nord du pays. Juillet àseptembre 2003, ces troismois sont déficitaires surla quasi- totalité duterritoire avec des déficitssupérieurs à 70 % en paysniçois et en Corse;localement, en Pays-de-Loire, sur le pièmontpyrénéen et surtout surHérault, Gard et Bouches-du-Rhône, on note desexcédents importants.

Quelques événementsremarquables ont marquéces trois mois:- les orages du 15 juillet:51,2 mm à Biscarosse(Landes), dont 37,2 mmentre 17h00 et 18h00.Des rafales sous oragedévastatrices ont atteint158 km/h à Biscarosse etBordeaux-Mérignac(Gironde). A Biscarosse,ces orages causent desdommages dans descampings qui sont évacués ;- la canicule de la premièrequinzaine d’août ;- les incendies qui ravagentle Sud-Est : les 17 et18 juillet en Provence,Alpes-de-Haute-Provenceet Var; du 28 au 30 juilleten Provence, dans l'Aude,les Alpes du Sud, en Corseet le Var où un incendie afait quatre morts, provoquédes milliers d'évacuationset laissé derrière lui un paysage de ruine; du25 août au 2 septembreen Haute-Corse; le31 août, dans le Var, troispompiers ont été tués en luttant contre le feu ;- la sécheresse qui persistedepuis février. Sur le Sud-Est, on n'avait pas vu unetelle sécheresse depuis1989. ■

Nicole BourdetteResponsable de la division

Analyse du climat et Publications

JUILLET À SEPTEMBRE 2003Ça s’est passé

chez nous

Rapport à la normale des précipitations (en %)Période du 01/07/2003 au 30/09/2003

Écart à la normale de la température moyenne (en °C)Période du 01/07/2003 au 30/09/2003Stations d’altitude < 500 m

Cartes obtenues à partir des données en l’état de la BDClim

en datedu 5 décembre 2003.

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Une ligne de grains est une population d’oragesorganisés en ligne, accompagnés d’un courant de densitéqui entretient le système. La ligne de grains est l’un des plus puissants phénomènes météorologiques. Entrons avec Jean-Philippe Lafore au cœur de cemécanisme du ciel puissant et ingénieux.

8 Janvier 2004 ATMOSPHÉRIQUES

L a ligne de grains (LG) estun mode particulierd’organisation de laconvection, où les orages

s’organisent le long d’un arc plusou moins régulier. Cette bandeorageuse, dite « partie convective »,peut s’étendre sur quelquescentaines de kilomètres sous lesmoyennes latitudes (taille du rayonde déformation de Rossby) et peutatteindre quelques dizaines dekilomètres de large. Elle est suiviepar une enclume épaisse, associée à des précipitations faibles –dénommée « partie stratiforme » –s’étendant sur une centaine dekilomètres. L’ensemble peut sepropager rapidement de 30 à 70 kilomètres/heure, parfois plusvite que le vent observé dansl’environnement à l’avant de laligne. Une composante essentiellede la ligne de grains est le courantde densité (CD), composé d’air froidet humide. Il est produit parl’évaporation des précipitationsaussi bien dans la partie convectiveque dans la partie stratiforme. Cettemasse d’air plus dense s’écoule versla surface puis s’étale de manièredissymétrique à cause du profil devent non constant sur la verticale.La « tête » du courant de densité estplus épaisse, de 1 à 2 kilomètres,alors que sa queue s’amincit versl’arrière du système.

Laboureur des cieuxLa ligne de grains est un

système auto-entretenu dans saphase mature, une fois que lecourant de densité a atteint unetaille et une intensité suffisantes.La propagation de la tête ducourant de densité se comportecomme le socle d’une charrue ensoulevant l’air chaud et humideprovenant du secteur sud àl’avant de la ligne de grains. De puissants cumulonimbussont ainsi générés le long du bordd’attaque avant du courant de

GRAND ANGLE

Le moteurde la lignede grainsrésidedans lamassed’air froidqu’ellegénèreprès dusol,d’où sonrégimepermanentauto-entretenu.

densité et provoquent de fortesprécipitations, dont l’évaporationalimente partiellement lecourant de densité, et déchaîne de violentes rafales près du sol.Cependant, une partieimportante des hydrométéoresformés par ces orages se trouventexpulsés dans l’enclume àl’arrière du système sous formede particules glacées. Ces cristaux retombentlentement (1 à 2 mètres/seconde)dans l’enclume épaissecaractérisée par un écoulementvers l’arrière faiblementascendant (environ 50 centi-mètres/seconde). Ces particulescroissent ainsi, par diffusion de vapeur et collection d’autresparticules, formant des agrégatsqui finissent par sortir del’enclume. Traversant alors une couche sèche, ils sublimentpartiellement tout enpoursuivant leur chute. Ilstraversent alors l’isotherme 0 °C,ce qui provoque leur fonte dansune couche de 500 mètres à 1 kilomètre d’épaisseur, puisrejoignent rapidement le sol(environ 7 mètres/seconde) sousforme de précipitation liquidetout en s’évaporant. Au cours de cette trajectoire, qui dure deune à deux heures, les particulescroissent dans l’enclumestratiforme, puis contribuent trèsefficacement à alimenter la pochefroide du courant de densité parsublimation, fonte et évaporationsous l’enclume. Selon les ventsdans la haute troposphère, ellespeuvent parcourir de longuesdistances avant de retomber ausol, expliquant ainsi la taille de la partie stratiforme. Vers l’arrièrede l’enclume, qui devient plusmince et plus élevée, lesprécipitations subliment, ous’évaporent totalement, avantd’atteindre la surface, si bien que la largeur de la zone de

Orages en fanfare

précipitation stratiforme estmoins étendue que celle del’enclume.

Un système qui s’entretient tout seul

La distribution des libérationsde chaleur, dans la partieconvective et dans l’enclume, et des puits de chaleur sousl’enclume active une circulationde méso-échelle à l’échelle de la ligne de grains qui est trèsefficace pour maintenir lastabilité du système. Ainsi, unepuissante aspiration sousl’enclume permet la formationd’un flux retour dans la moyennetroposphère à l’arrière dusystème s’affaissant lentement(environ 20 centimètres/seconde)et venant alimenter le courant dedensité. En s’étalant au sol, unepartie s’écoule vers l’avant enpermettant la formation du « rotor » dans la tête du courantde densité qui active depuissantes rafales en surface,tandis que le reste s’évacue versl’arrière du système dans la queuedu courant de densité. Le flux de retour dans la moyennetroposphère est convergent etcyclonique. Localement, auxextrémités nord et sud de la ligne,la déflection par la ligne de grainsde l’écoulement de moyennetroposphère, puis l’aspiration àl’arrière, génère des tourbillonsde méso-échelle, respectivement

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Vue tridimen-sionnelle de lastructure verticaleet de la circulationassociée à une lignede grains, enrichied’une coupeverticale médianeau premier plan.

permettant l’évaporation desprécipitations nécessaire à laformation d’un puissant courantde densité. Le dernier élément clésera un profil de vent, avec unfort cisaillement entre la surfaceet la moyenne troposphère, quipermettra de rendre dissymé-trique le courant de densité en favorisant une tête épaisse et efficace pour déclencher denouvelles cellules orageuses.Ainsi, sous nos latitudes, les lignes de grains se formentsouvent à l’avant d’une forteadvection d’air sec dans lamoyenne troposphère.

Une signature bien reconnaissable

La caractérisation des lignes de grains à l’aide des observationsest assez aisée. Le réseau solpermet d’identifier la signaturede son passage, correspondant à une chute très rapide de latempérature et à une hausse depression, suivies par de fortesprécipitations et de fortes rafalesde vent. Derrière, on observe des précipitations faibles etcontinues : l’atmosphère va

cyclonique et anti-cyclonique. À l’avant du système, uneenclume peut se développer si levent dans la haute troposphèreest aussi ou plus rapide que laligne de grains.

Des conditions de formationprécises

La genèse d’une ligne de grainsest très souvent associée à desconditions propices de grandeéchelle, comme par exemple uneconfiguration du type « sortiegauche » de jet d’altitude, ou àdes zones de relief. Cependant, la structuration d’un système à longue durée de vie (jusqu’àdouze heures sous nos latitudes),avec une dynamique interne luipermettant de survivre la nuit etdans des zones moins instablesconvectivement, fait intervenird’autres conditions. Le schémaconceptuel de ligne de grainsdéveloppé ici permet decomprendre ces facteurspropices. Outre une certaineinstabilité convective et une lamed’eau précipitable importantepour former beaucoup deprécipitation, un des ingrédientsmajeurs des lignes de grains sera une couche sèche dans la moyenne troposphère

retrouver en quelques heures ses caractéristiques initiales, avec une chute de pressioncorrespondant à une dépressionde surface sous l’enclume.L’imagerie satellite infrarougepermet d’identifier l’enclume etun arc plus froid correspondant à la ligne d’orages. La propa-gation rapide du système estfacilement identifiable avec unalgorithme de suivi automatiquedu type Isis. L’imagerie radarconfirme la ligne de convectionsuivie par la partie stratiforme.Cependant, seule l’explorationvolumique permet réellementd’identifier la structure de lapartie stratiforme, avec l’enclumeprésentant des réflectivitésmoindres, puis la zone de fontede plus forte réflectivité (bande brillante) et les faiblesprécipitations au-dessous. ■

Jean-Philippe LaforeResponsable de l’équipe Moana du CNRM

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10 Janvier 2004 ATMOSPHÉRIQUES

ACTUALITÉS

A près 1999 (+ 0,55 °C), puis 2002 (+ 0,48 °C), 2003 devraitêtre la troisième année la plus chaude depuis le début desmesures en 1861. Elle dépasse en effet de 0,45 °C la

normale calculée pour la période 1961-1990. Pris séparément, les deux hémisphères Nord et Sud se placent aussi au troisièmerang des températures les plus élevées depuis 1861. La hausse de la température moyenne durant le XXe siècle a été supérieure à 0,6 °C, mais depuis 1976, elle progresse à un rythme environtrois fois plus élevé que celui calculé sur un siècle. D'après desdonnées indirectes, la chaleur de la fin du XXe siècle estexceptionnelle sur l'hémisphère Nord, du moins pour le derniermillénaire. Les années 90 y sont la décennie la plus chaude et1998 l'année la plus chaude depuis mille ans. ■

Troisième marche

Urgences climatiques

Le rouge est mis sur l’Hérault

Un nouveau météo?Quel est le point commun

entre AOL, le CEA, l'AFP, Ernst & Young, Renault... et lerestaurant Gérard Besson ? Necherchez plus, tous ont accueilliun sénateur au cours d'un staged'immersion en entreprise. Au cours de la première semainede décembre, c'était le tour deMétéo-France de rejoindre cette

liste plutôt flatteuse. Répondantà l'invitation de Jean-PierreBeysson, Pierre Jarlier, sénateurdu Cantal et maire de Saint-Flour, rejoignait en effet Météo-France pour quelques jours. Pour avoir été convenue delongue date, la période étaitnéanmoins particulièrementbien choisie pour son actualitémétéorologique avec unevigilance rouge à peine levée. M. Jarlier put ainsi assister à un débriefing en direct à laconférence des prévisionnistesdu 4 décembre au matin toutd'abord, puis à la réuniond'information des directeurs quisuivit. La météorologie deterrain était aussi au programmeavec une visite de la DSO et duCDM 78 à Trappes, avec uneparticipation au radiosondage.Ce n'est certes pas en trois jours

Jean-Pierre Beysson, Dominique Versini, Gilles de Robien

Jean-Louis Gaumet, MichelLeroy et Pierre Jarlier. Àl’arrière-plan, en chapeau,Jacques Parent du Châtelet.

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D ominique Versini, secrétaire d'État à la Lutte contre laPrécarité et l'Exclusion, et Jean-Pierre Beysson ont signéle 29 octobre, en présence de Gilles de Robien, ministre de

l'Équipement, des Transports, du Logement, du Tourisme et de laMer, une convention « Urgences climatiques » pour les personnessans-abri. Météo-France fournit quotidiennement aux directionsdépartementales des Affaires sanitaires et sociales (DDASS) desinformations météorologiques et biométéorologiques en cas degrands froids. Il s'agit de prévisions jusqu'à trois jours pour unetrentaine de villes: températures minimale, maximale etressentie ainsi que vitesse du vent. Ces données sont reprisessous la forme d'une carte de France synthétique mise à disposition sur un site internet spécifique que nous avons créé.Des informations «canicule» seront aussi fournies au niveaudépartemental. Cette convention s'inscrit dans notre mission de service public. Elle prend le relais du premier « Plan grandsfroids », défini en 2002 avec Dominique Versini. Elle améliore cedispositif en distinguant deux niveaux de froid (« Période detemps froid » et «Attention période de grand froid»), enaugmentant le nombre de villes couvertes et en l’élargissant à la canicule. Ultérieurement, d'autres informations relevant des «Urgences climatiques» et présentant un impact sanitaire et social seront définies. ■

Dans son dernier numéro, Atmosphériques se faisait l'écho du colloque tenu le 8 septembre, un an après les inondationscatastrophiques dans le Gard les 8 et 9 septembre 2002. Début

décembre, le niveau rouge était atteint pour la seconde fois depuisl’entrée en vigueur de ce système le 1er octobre 2001, mais c’étaitaussi la première fois que des départements restaient au niveauorange plus de quarante-huit heures. C’était aussi le baptême du feupour le Service central d'hydrométéorologie et d'appui à la prévisiondes inondations (Schapi) implanté sur le site de la météopole.L'épisode a fait six victimes directes et il est encore trop tôt pourfaire le compte des dégâts matériels. Depuis plusieurs jours, Météo-France avait placé plusieurs départements du Sud-Est et du Centre-Est en vigilance orange, prévoyant de fortes pluies accompagnées devents violents. Le 3 décembre de 10h36 à 17h27 locales, le niveaude vigilance était accru au rouge sur l'Hérault en raison de laquantité de précipitations. En pareille situation, une cellule de criseest activée où se retrouvent des membres de la direction générale,dont le responsable de permanence, des prévisionnistes du Centrenational de prévision de Toulouse, des prévisionnistes des régionsaffectées et des responsables de la communication. D'une façongénérale, l'ensemble du dispositif a une fois de plus prouvé sapertinence et son efficacité. ■

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que l'on devient météo, mais ilne fait guère de doute que celafut suffisant à notre «stagiaire»pour appréhender les qualitéstechniques et scientifiques denos métiers mais aussi leurutilité sociale.

Un sourire nous a quittésNous avons appris avec

beaucoup de tristesse le décèsprématuré de François Fandeux.Journaliste, fils de météos –sonpère Michel avait travaillé delongues années au SCEM–,François a fait son servicemilitaire à Météo-France, où il y a obtenu un diplômed'aide météorologiste, avant derejoindre l'équipe d'Alain Gillot-Pétré sur TF1. Il a ensuite créé le Festival international deMétéo d'Issy-les-Moulineaux,qu'il dirigeait avec passion

depuis plus de dix ans. C'est aucours de l'édition 2001 qu'il alancé le manifeste « SOS Climat»afin de sensibiliser l'opinionpublique sur les changementsclimatiques et encouragerl'information sur ce sujet.François Fandeux avait aussiparticipé à la création du Collègedes Présentateurs Météo dont il était le secrétaire général.

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E N R É G I O N■ La Dirne se qualifie

Après un audit des sitesd'Illkirch, Metz, Nancy, Épinalet Bâle-Mulhouse débutoctobre, l'Associationfrançaise d'assurance de laqualité (Afaq) a décidéd'accorder le renouvellementet l'extension du certificat ISO9001 version 2000 à la Dirne.La partie n'était pas gagnéed'avance, mais nos collèguesde la Dirne l'ont emportée. Et pas par hasard :aboutissement d'effortsconstants, cette qualificationa été soigneusement préparée.Les auditeurs se sont, biensûr, attachés à vérifier lesprocédures Qualité, relevantau passage plusieurs pointsforts, mais ils se sont aussiintéressés à nos métiers. La remise officielle se fera audébut de l'année 2004.

2 décembre électoral

Une force pour la venteLe premier séminaire Ventes à

Météo-France a réuni, du 7 au 9octobre à Toulouse autour des DCC(Chefs de la division commerce etcommunication des DIR) et dudépartement des ventes de laD2C, les responsables des venteset les attachés de clientèlerécemment mis en place dans les DIR. Axé sur la présentationd'une approche innovante de la relation-client, le séminaire a permis d'appréhender ladémarche sur la cible descollectivités territoriales qui feral'objet d'une opération importantede prospection nationale en 2004.Au-delà de son intérêt pédago-gique et du thème choisi, cetterencontre marque la naissance dupremier réseau commercialstructuré à Météo-France. Il vient

compléter en le professionna-lisant davantage le dispositif quireposait jusqu'à maintenantessentiellement sur les seuls DDMet les DCC. L'enjeu est de fairevivre et se développer ce réseau,en lui offrant l'animation et lesressources nécessaires, qui luipermettront de faire la preuve deson efficacité.

Vigilance en hausseL'institut Louis Harris a réalisé

une étude fin septembre auprèsd'un échantillon nationalreprésentatif de mille personnesde plus de dix-huit ans. Le thème :la vigilance météo. Les résultats :deux tiers des Français (66%)estiment être aujourd'hui suffisam-ment informés des dangers météo-rologiques. Ce sentiment d'êtrebien informé a progressé de vingt-deux points par rapport à 2002.

■ Les Pyrénéennes de Saint-Gaudens

Tous les trois ans se tientune Fête de l'agriculture et de la forêt à Saint-Gaudens.Cette année, Météo-France y était présent, ainsi que denombreuses personnalitéslocales et des délégationsétrangères d'Amérique du Sudet d'Europe. L'espace Météo-France était constitué dumétéomobile avec uneexposition sur l'effet de serre.Plusieurs contacts ont été pris avec des élus et desagriculteurs venus de Midi-Pyrénées mais aussi d'autresrégions.

■ La décentralisation à Rouen

Météo-France a été convié,pour la première fois, àl'Assemblée départementaledes maires de la Seine-Maritime, qui s'est tenue à Rouen le 29 novembredernier. Nicolas Sarkozy,ministre de l'Intérieur, de la Sécurité intérieure et desLibertés locales présentait lethème central de ces travaux :la décentralisation et letransfert de compétences. Les divers ateliers ont portésur des pistes d'expérimen-tation et le transfert decompétences de l'État vers le département. Véritableespace réunissant acteurs del'État, des collectivités localeset des établissements publics,l'événement a été l'occasiond'étoffer davantage notreassise institutionnelle dansun département où lesmissions de service publicmétéorologique de proximitésont reconnues.

■ À la rencontre des collectivités locales

L'Institut national desétudes territoriales organisaitla 6e édition des «Entretiensterritoriaux de Strasbourg»(ETS) du 2 au 4 décembre2003. Cette manifestation estle rendez-vous privilégié desdécideurs des collectivitésterritoriales de plus de quinzemille habitants, de Métropolecomme de l'outre-mer. Alorsque nos concitoyens, et doncleurs élus, sont de plus enplus sensibilisés à lamétéorologie, nos collèguesde la Dirne ne pouvaient pas laisser passer cetteopportunité. Cette rencontrefut l'occasion de promouvoirnotre image de partenaire des collectivités locales etterritoriales, de rencontrerdes clients et de présenternos solutions.

Jean-Pierre Chalon à l'Écolenationale de la météorologie

Dominique Marbouty au Centreeuropéen de prévisions météo-rologiques à moyen terme

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D ans la matinée du 2 décembre 2003, Jean-Pierre Chalon,directeur de l'ENM, a été nommé coordonnateur d'Eumetneten remplacement de Claude Pastre qui a pris sa retraite

le 31 décembre 2003. Quelques minutes plus tard, à Reading, le conseil du Centre européen de prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT) élisait un nouveau directeur pourremplacer David Burridge dont le mandat arrive à expiration le 18 juin 2004. Le nouvel élu est bien connu à Météo-France, puisqu'il s'agit deDominique Marbouty qui y débuta comme chercheur au Centred'étude de la neige (CEN) en 1975. Directeur interrégional du Sud-Ouest de 1984 à 1989, il a ensuite été directeur adjoint chargé des opérations avant de rejoindre son dernier poste à Météo-France, celui de directeur général adjoint chargé de la stratégie.Depuis 1999, il était chef des opérations du CEPMMT. ■

La notoriété de la vigilanceprogresse de douze points. Cesbons résultats n’empêchent pas la réflexion quant à l’évolutiondu système. C’est ainsi qu’unesoixantaine de personnes, dontune trentaine de prévisionnistes,ont participé les 16 et 17 octobre

à Toulouse à un Atelier consacréà ce sujet. Après un dialogueavec certains des principauxdestinataires, cette réunion a étél’occasion de faire un point aprèsdeux années de vigilance maisaussi de faire des propositionsd’amélioration.

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Si Met Mar fête cetteannée ses cinquanteans, son rédacteur en

chef, notre collègue MichelHontarrède, peut s'enor-gueillir d'autres succès. En effet, ces mêmes qualitésprofessionnelles etpersonnelles, qui font de Met Mar une revue deréférence en météorologiemarine, lui ont valu cetautomne la reconnaissancegénérale. Ainsi, le 15 octobre,l'Académie de Marineremettait à l'occasion de sa séance de rentrée et enprésence de DominiqueBussereau, secrétaire d'Étataux Transports et à la Mer,

le prix André Giret à Michel Hontarrède, un « des marins météo-rologistes les plus remarquables de sa génération ». À Venise, ledimanche 26 octobre, il recevait la « bricola » au cours du salon du nautisme de plaisance d'Aprila. Parmi une sélection internationalede qualité, le jury récompensait ainsi un météorologiste pour sacontribution à la sécurité de la navigation de plaisance, notre collèguePhilippe Dandin étant lui aussi récompensé par ce même jury. Ce n'étaitpas tout, car Michel devait maintenant voir son mérite récompensé et être reçu dans l'ordre du même nom quelques jours plus tard. C'estJean-Louis Guibert, administrateur général des Affaires maritimes, qui,après un discours remarqué, lui remit les insignes de sa distinction. La rédaction d'Atmosphériques s'associe à ces prestigieuses académieset personnalités pour féliciter chaleureusement Michel Hontarrède. ■

12 Janvier 2004 ATMOSPHÉRIQUES

ACTUALITÉS

MétéorologieMontgolfière,carnets de volPar Thiéry Beaudenon.Cépaduès éditions,Toulouse, 2003, 142 p.

Piloter une mont-golfière demande desavoir tirer le meilleurparti des loisphysiques del'atmosphère. Thiéry Beaudenon est prévisionniste àMétéo-France et pilotede montgolfière. Il a eu la très bonne

idée de se servir del'aérostation pour fairecomprendre lesprincipaux paramètreset phénomènesmétéorologiques. Cetouvrage, toujours trèsaccessible, intéresserales pratiquants de la montgolfière maisaussi un publicbeaucoup plus largedésireux de découvrirla météorologie. Il bénéficie du label de Météo-France.

Le climat de la TerrePar Yves FouquartPresses universitairesdu septentrion,Villeneuve d’Asq, 2003,168 p., 13,50€.

Ce pédagogue duLaboratoire d’optiqueatmosphérique, bien connu pour sestravaux sur l’inter-action entre le

P A R U T I O N Srayonnement etl’atmosphère, ne décritpas le climat de laTerre, mais lesprocessus physiquesqui participent à saformation et à sonévolution. Nous avonsdonc là un livre dephysique qui présentel’effet de serre, leréchauffement de laTerre, les méthodes de connaissance desclimats passés. Il s’agitd’étudier le systèmeclimatique terrestre et, sans dogmatisme,l’auteur ne masquepas les incertitudesqui subsistent.L’auteur présenteensuite une rétros-pective de l’activitédiplomatique sur laquestion du climat quipeut avantageusementvous épargner lalecture des troisvolumes du rapport du GIEC.

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Sur tous les fronts

Michel Hontarrède honoré par l’Académie de Marine le 15 octobre dernier.

Dans les locaux de la Sogerma à Bordeaux, une équipe de mécaniciens de l’entrepriseintervient dans la cabine de l’ATR 42, mise à nu pour lesbesoins du chantier.

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Le Centre d’aviation météorologique(CAM) est installé, depuis septembre2003, sur la base 101 de Toulouse-

Francazal. Il s’associe à la composante recherche aéroportée de l’Insu (CNRS) afinde former, en collaboration avec le CNES,une nouvelle structure appelée « Servicedes avions français instrumentés pour la recherche en environnement » ou Safire. Pendant ce temps le nouvel avion de Météo-France – un ATR 42 – subit àBordeaux chez Sogerma les transforma-tions nécessaires pour supporter à sonbord capteurs et calculateurs. C’est-à-diretrois chambardements majeurs, opérés ensimultané, pour un service pourtant biendiscret de Météo-France !

la grande mutationCAM

REPORTAGE

Jean-Pierre Beysson, Daniel Cariolle, le général Porchier, et Daniel Guédalia lors de l’inauguration du CAM, le 8 novembre 2003.

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Les nouveaux locaux de l ’unité mixte deservice en formation, des Algéco flam-bant neufs, jouxtent le dernier hangar dela base aérienne de l’armée de l’air deFrancazal, mis à disposition du CAM.

Cette base très active accueille déjà le Ciet 340 – centre de formation des équipages de transport –et sert de base d’entraînement aux appareils duCOS, les forces spéciales françaises. « L’armée del’air nous héberge très cordialement, souligne MarcPontaud, le directeur du CAM. Nous avons dû quit-ter Brétigny-sur-Orge dans l’urgence : j’ai appris seu-lement début janvier 2001 que la plate-forme ferme-rait avant 2004. Cette délocalisation du CAM n’étantpas du tout prévue au Contrat d’objectifs, elle n’étaitdonc pas financée. Cela tombait mal, nous venions justede décider l’acquisition d’un ATR 42 pour remplacerle Merlin, arrivé en bout de potentiel… » Le choix dunouveau site fut compliqué : la logique Météo-France orientait vers Toulouse, qui abrite le Centrenational des recherches météorologiques ainsi quetoute la Production. Mais il y avait aussi la possi-bilité de rejoindre le service aviation de l’IGN, enrégion parisienne, qui contribue à la mise enœuvre du Falcon 20 de l’Insu, partenaire du CAMdans Safire. Finalement, l’environnement aéro-nautique de Toulouse a fait la différence. « J’étais contente de descendre à Toulouse, reconnaîtCatherine Audouze, qui s’occupe depuis dix ansde toute la partie administrative du Centre d’aviation météorologique, mais ce n’était pas le caspour tout le monde. Certains n’ont pas pu suivre, essentiellement pour des raisons familiales. Trois d’entre eux ont un petit sursis, car l’ATR 42 étant unprojet de longue haleine, ils travaillent depuis Paris. »« J’étais également au CAM depuis une dizaine d’an-nées, indique François Goyon, de l’équipe infor-matique et traitement de données (ITD) et météonavigant, je suis descendu parce que travailler sur unavion à Météo-France c’est exceptionnel, mais nousavons laissé des copains à Paris. Aujourd’hui, fairepartie d’une unité qui regroupe différents organismesva nous obliger à changer notre manière de tra-vailler. » Quant au responsable de l’équipe ITD,William Maurel, il a été recruté sur place pourgérer l’informatique du centre. « Il y a des systèmes informatiques embarqués dans l’avion etd’autres au sol, permettant de réaliser le traitement depremier niveau des données (s’assurer que le signal estbon) ; une autre équipe est chargée du traitement finaldes données. Le passage à l’ATR 42 nous a conduits àchanger tout notre système d’acquisition temps réeldes données. D’abord, les performances et la techno-logie ont évolué, ensuite nous étions équipés en HewlettPackard, un matériel qui n’est désormais plus fabri-qué ; nous développons ainsi, en association avec l’Insu,un même système d’acquisition pour l’ATR et le Falcon 20. » Même nouveauté pour PatriciaVarvoux, une technicienne d’instrumentation

REPORTAGE

mutée depuis peu au CAM : « Mon rôle sera d’intégrer les capteurs sur l’avion. Avant, je faisais dela maintenance régionale, à Toulouse. Je viens du mi-lieu de l’exploitation opérationnelle de la météo ; c’estun autre monde ».À l’arrivée à Toulouse-Francazal, le CAM est dansune phase de transition, Safire n’est pas encoreen place. « Nous aurons sans doute besoin de nousagrandir, sur le plan immobilier, d’ici trois ou quatreans, note Marc Pontaud. Nous sommes partis surune base minimale en modulaire. Nous avons dû réagir dans l’urgence. Mais d’autres organismes peu-vent nous rejoindre, le Centre d’essais en vol (CEV)et l’Onera sont d’ores et déjà attirés par Safire. »D’autant qu’un autre projet de grande envergurese profile : Eufar (European Fleet for AirborneResearch). « Cette collaboration européenne a été lan-cée en 1996 par la France, la Grande-Bretagne etl’Allemagne, indique Guy Penazzi, directeur ad-joint de Safire et jusqu’ici coordinateur des avionsde recherche atmosphérique à l’Insu (UPS 855).Il s’agissait de mettre nos avions à disposition d’équi-pes de recherche européennes ne disposant pas demoyens aériens. Nous essayons maintenant de pro-mouvoir un système commun pour la mesure des aéro-sols, qui permettrait d’étalonner les avions les uns parrapport aux autres. » « Ce projet européen, animé parJean-Louis Brenguier du CNRM, précise MarcPontaud, entend mobiliser une trentaine d’avions àvocation scientifique en fédérant les opérateurs au seind’un réseau. L’objectif est de permettre une meilleuretransparence sur l’utilisation des moyens, mais ausside promouvoir les échanges au sein de l’Europe. »

Cependant, la grande affaire du futurSafire, passé les péripéties du démé-nagement et de la réforme de sa struc-ture, reste la mise en œuvre, au coursde l’année 2004, des deux nouveaux

avions qui renouvellent entièrement son plateautechnique. « Il fallait remplacer les anciens avionsqui n’étaient plus compatibles avec les normes actuel-les de la navigation aérienne, note Guy Penazzi. Nousavions des dérogations, mais, au bout d’un moment,la DGAC nous a demandé de nous mettre en règle. Pourprolonger ces avions anciens, il aurait fallu refairetoute l’avionique (systèmes anti-collision en vol, etc.),ce qui aurait engendré des coûts aussi importants qu’a-cheter un avion d’occasion mais déjà aux normes. Enplus, leurs vieux moteurs consommaient et polluaientbeaucoup trop. » « C’est pour mettre en cohérence laflotte des avions de recherche en France qu’est né Safire,explique Marc Pontaud. Les investissements en jeusont énormes ; le projet ATR porte sur quinze millionsd’euros (dont quatre millions pour acheter l’avion d’oc-casion et huit millions pour le transformer et le fairecertifier) et le Falcon représente un budget de dixmillions d’euros. Safire proposera alors à la commu-

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31. Une équipe de mécaniciens de la Sogerma intervient sur lafosse avant de l’avion pour laphase finale de l’intégration dela « bassine » radiative inférieurequi assurera les mesures derayonnement.2. Marc Pontaud, directeur du CAM, descend du Merlin IV,l’avion de recherche de Météo-France arrêté depuis juillet 2003.Avion qui sera remplacé par l’ATR 42, en 2004.3. ATR 42 : Hubert Bellec, del’équipe instruments du CAM,examine le passage de câbleentre l’aile et le mât sous voilurequi permettra l’emport des

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sondes microphysiques quimesureront les caractéristiques des précipitations liquides ou solides.4. Frédéric Pouvesle du CAMpense et dessine l’aménagement de la cabine de l’ATR 42. 5. Un mécanicien de la Sogermaintervient sur l’une des deuxfosses de l’ATR 42.6. Michel Cluzeau de l’équipeinstruments du CAM dans le laboratoire de microphysique. Il vérifie les cartes de contrôled’une sonde PMS, sonde quipermet de mesurer la taille des gouttes d’eau nuageuse par diffusion laser.

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REPORTAGE

nauté scientifique, avec le petit bimoteur Piper Aztec,un ensemble cohérent de trois vecteurs permettant d’in-vestir l’atmosphère de la couche limite de surface auxpremières couches de la stratosphère. Mais le pilotagede ces avions n’est pas simple, le niveau de qualifica-tion se rapproche de celui exigé pour le transport depassagers. » D’ailleurs un pilote extérieur à Météo-France travaille depuis maintenant un an et demiau CAM. Une révolution, en effet, depuis sa créa-tion, il y a soixante ans, il y a toujours eu plusieurspilotes issus de Météo-France. « Étant pilote et in-structeur, quand je suis disponible, j’y travaille par pé-riode, en particulier quand il y a des campagnes de me-sures, indique Jean-François Bourdinot. Le côtéscientifique m’intéresse : ces missions et ces vols sont ra-rement routiniers. » Autre nouveauté sur le plan avia-tion : l’arrivée d’un mécanicien avion. « Jusqu’àmaintenant, toute la maintenance était sous traitée, in-dique Pierre Vitupier, qui vient de la DGAC à Muret.J’ai été embauché pour assurer le suivi du plateau tech-nique de l’avion, mais je m’occupe également des modi-fications réalisées sur l’ATR à Bordeaux. »Dans l’avenir, grâce à ces nouveaux moyens et aucadre adapté de Toulouse-Francazal, MarcPontaud espère attirer des scientifiques européensou américains au futur Safire pour qu’ils appor-tent à la structure de nouvelles compétences. « Lesbesoins existent, ils vont même croissants, estime-t-il.Nous pouvons faire des mesures in situ essentielles àla recherche. Nos avions, qui volent à 400 ou 800 kilo-mètres/heure, ont des instruments capables de pren-

dre dans les nuages les gouttes une par une, de mesu-rer leur taille et de les compter ; or nous savons que lataille des gouttes d’eau a une influence majeure sur leclimat, car elles agissent directement sur l’impact durayonnement solaire. Nous pouvons également pré-lever l’air atmosphérique et mesurer de simples tracesde gaz. Dans l’avenir, je souhaite parvenir à la spec-trographie aéroportée qui permettra d’obtenir la com-position de l’air en direct. Mais avant tout, l’une desfiertés des techniciens du CAM est d’être en mesure defaire voler et fonctionner les instruments, souvent ex-traordinairement tarabiscotés, que les scientifiques ima-ginent dans leur laboratoire. » ■

Propos recueillis par FKJReportage photographique de Pascal Taburetet Jean-Marc Destruel

Le Centre d’essais en vol (CEV)

et l’Onera sont d’ores et déjà attirés par Safire.

Depuis l’automne 2003, le CAM est installé sur la base de Francazal, ici Marc Pontaud devant l’emblème de la base.

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1. Jean-Claude Etienne de l’équipe instrument du CAM installe dansl’enceinte climatique du laboratoire dethermodynamique le bloc égalisateur detempérature (dit bloc « barillet ») contenant uncapteur de températurepour l’étalonner.

2. L’ATR 42 sans sonradôme vu de face : on distingue le radarmétéorologiqueenveloppé d’uneprotection.

3. Falcon 20 : vue avantdu radôme, articulé en position ouverte, il supporte la perche qui permettra les mesuresthermodynamiques aprèsl’installation des capteurset transducteurs.

4. Hubert Bellec vérifie le fonctionnement d’un analyseur d’ozoneaéroporté dans lelaboratoire de physico-chimie du CAM.

5. Le Falcon 20 duCNRS/INSU et du CNES vu de dessous. Il est en chantier chezDassault Falcon Serviceau Bourget.

6. Gros plan sur l’antenneGPS scientifique.

7. Devant le Falcon 20,André Gribkoff,responsable technique du projet Falcon 20 de l’Insu en discussion avec Pascal Simon, chefde projet chez Dassault.On reconnaît à gaucheGuy Penazzi, chef duprojet de l’Insu, qui serale directeur adjoint del’unité Safire.

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LE DOSSIER

Faire face auxévéne-mentsmajeurs,aider lesprofes-sionnels et accom-pagner lesactivitésde loisirs.

premier concerne les systèmesd’observation, il s’agitd’améliorer au maximum, tant quantitativement quequalitativement, chaque typed’observation – observation sol,radar, satellite, etc. – et, surtout,de faire en sorte que l’ensembledes prévisionnistes tire lemeilleur parti de toutes lesdonnées disponibles. Ledeuxième volet porte sur lediagnostic : comment disposer aumieux et au moment nécessairedes informations les pluspertinentes ? Dans le tempsd’abord : en prévision immédiate,il est essentiel de déceler le plusvite possible l’informationintéressante, aussi travaille-t-onsur des outils diagnostics sur les observations capablesd’alerter le prévisionniste ; lesstations Radome, par exemple,peuvent déjà de façon autonomeindiquer le dépassement d’unseuil. Dans l’espace ensuite, on peut aussi travailler sur lesdonnées de façon spatialisée :c’est le cas de l’analyse horaireDiagpack qui fournit desdiagnostics sur l’instabilitélatente, lesquels indiquent donc

Aussi, pendant des années, nousavons utilisé les informationsradar de façon essentiellementqualitative ; nous sommesmaintenant capables de mieuxles évaluer de manièrequantitative, grâce aux logicielsde traitement de données. Nousréalisons également mieux lecroisement de données de diverstypes : observations au sol, radar,satellite. Combiner des donnéesde différentes sources nouspermet d’obtenir des indicationsprécieuses sur l’activité desphénomènes météorologiques et,en particulier, sur les cellulesconvectives à développementexplosif.

Isabelle Schmidely-Leleu� Pour un maximum d’efficacitéet de manière très pragmatique,le projet Prévision immédiate estun regroupement d'actions quisont menées de front. Ce projettrès ambitieux, qui a démarré en2001 et se propose d’aboutir en2004, nous a imposé de mettreen place une façon de gérer sesdiverses composantes de manièrepérenne. Nous avons découpé le projet en quatre volets : le

La prévision immédiate a acquisses lettres de noblesse lors de manifestationsponctuelles comme le tournoi de Roland-Garros, souventtributaire de l’instant fatidiquedu bâchage des courts, ou encore le festival de jazz enplein air de Marcillac. Elle sort désormais de ces cerclesprivilégiés et vient compléter la gamme des prévisions en direction du grand public et des professionnels. Bernard Strauss, directeur de la Prévision et Isabelle Leleu,en charge du projet Prévisionimmédiate, nous en présententles contours.

Bernard Strauss� La démarche en est à sesdébuts au sein de notreétablissement. Le projet Prévisionimmédiate a pour objetd’apporter une première réponseaux besoins de nos concitoyens et aux demandes, dûmentrépertoriées, de nos clients.Certes, nous savons produiredepuis longtemps des prévisionstrès pointues, et nous l’avonsprouvé chaque année à Roland-Garros, mais nous aimerionsrendre le même service, au quotidien, à toute lacommunauté des utilisateurs sur l’ensemble du territoire. Sicette volonté ne date pas d’hier, ce n’est qu’aujourd’hui que nouspouvons envisager de rendre ceservice, et cela grâce aux progrèsréalisés ces cinq dernières années.

D’abord, nous disposons deplus de données, par exemple le réseau des radars météo-rologiques couvre maintenantl’ensemble du territoire enmétropole, même si, enparticulier en montagne,l’observation n’est parfois paspossible. Cependant, la donnéeradar reste difficile à utiliser carelle consiste en réflectivités radarsur les gouttelettes d’eau, certesliées à la pluie, mais d’une part de façon très complexe et d’autrepart cette donnée est insuffisantepour connaître directementl’intensité de la pluie au sol.

Au plus prèsPa

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les endroits où il y a un risque de démarrage de la convection. Un troisième volet concerne les clients : jusqu’à présent, endehors des assistancesponctuelles négociéesdirectement localement, nous ne proposons pas de produitsstandards en prévisionimmédiate. Cette réflexion sur lesproduits de prévision immédiateporte sur tout ce qui touche auxévénements majeurs – c’est-à-direceux mettant en jeu la sécurité :inondations, tempêtes, ventsviolents – et sur les produitsquotidiens, pour aider lesprofessionnels ou pour lesactivités de loisir de tout unchacun. Parallèlement à ces troisvolets, l’organisation de Météo-France doit se repenser pourprendre en charge ces nouvellesproductions et mieux faire faceaux événements majeurs.

Bernard Strauss� Ainsi, prenons le cas d’unetempête comme celle de 1999.Même correctement annoncéedouze heures à l’avance, pourpréciser l’endroit et l’heure dupoint d’impact la prévisionimmédiate est nécessaire.Ensuite, une fois la tempêtearrivée, il ne faut plus se focaliserlà où elle passe, mais il fautpouvoir aussi renseigner ceux quiseront touchés deux heures plustard. C’est très précisément le rôledes bulletins de suivi prévus pourcompléter les cartes de vigilanceen situation orange ou rouge.

Isabelle Schmidely-Leleu� Actuellement, nos clients sontrelativement bien servis enprévision de un jour à unesemaine, ils le seront bientôtmême en prévision saisonnière.Mais, en prévision immédiate, sinous savons pour le momentapporter des réponses, c’est dusur-mesure et sous la forme deréponse personnalisée à unedemande ponctuelle. Si l’on veutgénéraliser et élargir l’offre, on nepourra pas multiplier à l’infini ce que l’on sait faire à un momentdonné pour un client donné avec des ressources dédiées àcette demande. Aussi cherche-t-on à automatiser,tout en gardant une large place

Isabelle Schmidely-Leleu� Précisons qu’il ne s’agit pas de mettre en place une nouvellestructure dans l’établissementmais bien d’insérer lescomposantes nécessaires de laprévision immédiate au sein de la structure actuelle de Météo-France. Le projet ne fait quecoordonner l’ensemble, ce sontles services qui se sont engagésdans ce travail. Des équipespérennes ont déjà été mises enplace en matière de recherche etdéveloppement : une équipe dehuit personnes de la direction de la Prévision avec un renfort de trois agents de la direction des Systèmes d’observation.

Bernard Strauss� Pour conclure, constatons queles demandes des clients vonttoujours un peu au-delà de ce quel’on sait faire… Chaque fois quel’on s’améliore, la demande duclient augmente également ! ■Propos recueilllis par FKJ

Avec une coor-dinationnationale,lesprincipauxacteursde laprévisionimmédiateopéra-tionnelle seront les CMIRpour laformu-lation del’expertise,mais tousles centresdispo-seront duproduitprévisionimmé-diate.

à l’expertise du prévisionniste,c’est le paradoxe de la prévisionimmédiate.

Bernard Strauss� Sur le plan de la connaissancescientifique, tous nosprévisionnistes connaissent les mécanismes en jeu, mais desmodifications d’organisation du travail et des actions deformation seront nécessairespour la mise en place opéra-tionnelle des nouveaux outils.Dans le schéma actuel, il estprévu de confier la prévisionimmédiate opérationnelle aux centres régionaux, avec, bien évidemment, unecoordination nationale. Les principaux acteurs seront les CMIR pour la formulation del’expertise, tandis qu’au niveaude la production tous les centresinterviendront. Cela ressemblera au mode defabrication actuel de la carte devigilance.

D epuis l’été 2002, la villede Paris, la Zone de

Défense de Paris, TPS,Globecast, … disposent deproduits de prévisionimmédiate pour surveiller lesorages de la façon la plus finepossible. Ainsi, lorsque la situation est propice auxorages, ils reçoivent un«Bulletin alerte» rédigé par le prévisionniste du centremétéorologique interrégionald’Île-de-France qui lesmobilise. Ils peuvent alorsconsulter le suivi des oragessur Internet. Ce produit estréactualisé toutes les cinq

L E S O R A G E S À L A L O U P Eminutes. Il permet de visualiserl’animation de l’observation au cours des vingt minutesprécédant la consultation et dispose d’une animation de la prévision pour la demi-heure à venir. Aujourd’huigrâce à la couverture radar du réseau Aramis, on pourraitdisposer de produitséquivalents sur 75 % duterritoire en métropole. ■

Patrick Thomas

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S U R L E F R O N T D E S F E U Xélevée sur la plus grande partie dudépartement. À 14 heures, les valeursoscillent entre 60 et 70 %. De ce fait, le danger d'éclosion de feu est réduit, et le risque d'incendie reste limité.Seule la partie nord du département, au niveau de la vallée de la Durance,présente une humidité plus basse, autourde 40 %, avec, en conséquence, undanger d'éclosion de feu plus marqué.C'est la zone à surveiller en priorité.Quant à la situation dans l'heure à venir,et même jusqu'en fin d'après-midi, elle nedevrait guère évoluer. Le lendemain: il n’yaura effectivement pas eu de départsd’incendie signalés pour cette fois. ■

Jacqueline BidetResponsable de l’activité feux de forêt dans la Dir/SE

20 Janvier 2004 ATMOSPHÉRIQUES

La confrontation entre lesbesoins et l'existant en matière deréseaux d'observation a montréque des avancées sont possibles à court et moyen termes grâceaux projets en cours, tant à Météo-France qu’à l'étranger, et aux actions de recherche et de développement. Qu'il s'agissedes mesures au sol et en altitude,ou des données des radars, dessatellites ou de la foudre, lesréseaux existants sont toutefoisjugés satisfaisants pour traiter les situations météorologiquesclassiques en cours de journée. À l’exception de certaines zonesurbaines ou maritimes qui sonttraditionnellement pauvres enobservations météorologiques et cependant stratégiques.

Observer, transmettre et visualiser

Le constat est tout autre lors de phénomènes paroxysmiques,en particulier s’ils sont de faibleétendue. Il est en effet trèsimprobable de disposer d’un point

Il estindispen-sable demettre enplace dessolutionsde secours,permettantun accèscontinuaux obser-vationsdurant lessituationsmétéoextrêmes.

LE DOSSIER

de mesure à l’épicentre de cesphénomènes. Et, quand cela seproduit, la valeur fournie sembledouteuse car anormalement fortepar rapport aux données avoi-sinantes. Les prévisionnistespointent aussi un manqued'observations durant la nuit et lors des épisodes hivernaux,surtout en ce qui concerne lesphénomènes glissants.Cependant, ce n'est pas l'absenced’observations qui est la pluscritiquée mais plutôt leurdispositif de collecte et latransmission de la mesurejusqu’au poste de travail duprévisionniste. Chaque donnéeobservée doit être acheminée trèsrapidement, sans perte en ligne, et assortie d'informations sur saqualité. Dès lors, la console devisualisation, unique interfaced'accès à l'observation, devientprimordiale. En effet, leprévisionniste doit très vite traiterles données reçues pour enconclure l’évolution du tempspour les quelques heures à venir.Dans ces conditions, une donnéequi arrive trop tard ou dont lavisualisation est inadaptéeapparaît comme inutile.

Disposer de toutes les observations

La prévision immédiate estparticulièrement précieuse dansles situations météorologiquesextrêmes. Or c'est justement dansces moments-là que le système de transmission des informationspeut faillir. Il est donc indis-pensable de mettre en place dessolutions de secours permettantun accès continu aux obser-vations pendant les épisodes les plus intenses. En outre, la quantité de données mise àdisposition des prévisionnistesdoit être la plus large possible.L'accès régulier aux mesures denos partenaires, la multiplicationdes observations qualitatives et le traitement amélioré del'information permettront auxprévisionnistes de disposer de la richesse d'informationsnécessaire à leur travail deprévision immédiate. ■

Barbara Bourdelleset Sophie Horn

De l’équipe d’études des réseauxd’observation de la DSO

I l faut connaître le temps qu'il fait pour prévoir celuiqu'il fera. » Cet adages’applique à la prévision

immédiate concentrée sur les très courtes échéances. Lors de mauvaises conditionsmétéorologiques, survenantrapidement et présentant uncaractère dangereux, ce besoindevient impérieux : des épisodesdramatiques comme lesinondations du Gard enapportent régulièrement lapreuve.

Observer vite et bien pour prévoirLa première action du projet Prévisionimmédiate s'est focalisée sur les besoins en observation des prévisionnistes,amplifiés lors des phénomènesmétéorologiques difficiles.

Le jeudi 28 août 2003, 14 heures 30 :antenne de prévision feux de forêt

de Météo-France pour la zoneméditerranéenne. Le vent marin vient dese lever. Appel téléphonique du Codis13(le Centre opérationnel départementald'incendies et secours des Bouches-du-Rhône). Avec la sécheresse exceptionnellequi se maintient dans le département,ses responsables craignent une montéeimportante du danger d'incendies deforêt. Ils nous demandent de préciserquel est le niveau actuel de danger etson évolution. Le prévisionniste analyseaussitôt les dernières données reçues et les communique au Codis13.Certes, le vent souffle à 50 kilomètres/heure en rafales, mais l'humidité est

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2004 21

V O I R AVA N T D E P R É V O I R

C ette analyse combine une ébauche d’Aladin-France avec l'ensemble des observations

de surface pertinentes disponibles issuesprincipalement du réseau Radôme. Depuis le 1er juillet 2003 : les analyses Diagpacksont désormais disponibles, toutes les heures, sur les consoles Synergie, dans les quinze minutesqui suivent le réseau. Leurs visualisations sontégalement envisagées dans la version 2 du PIC.Ces analyses sont issues d’une expérimentationréalisée dans le cadre d’une action Retic associantle CNRM et des prévisionnistes des régions Île-de-France, Ouest et Sud-Est. Plusieurs points fortsauront été mis en évidence : une utilisationoptimale du réseau Radôme, la facilité du suivi et du contrôle par le prévisionniste des premièreséchéances d’Aladin et la mise en évidence de structures à méso-échelle. Les conclusions del’expérimentation ayant été favorables, sontransfert à la direction de la Prévision a été décidéeet l’analyse est opérationnelle depuis le 1er juillet.Ces analyses Diagpack auront une meilleure qualitéau terme du déploiement, et de la concentrationtemps réel de la totalité du réseau Radôme. ■

Gérard TherryResponsable du Retic au CNRM

Diagpack permet de spatialiser à échelle fine,

la pression, le vent, la température et l’humidité près de la surface.

Il fournit aussi des indicateurs de convection.

E n 1999, le chef deprogramme Radôme et les directionsinterrégionales ont

défini un réseau cible Radômede cinq cent cinquante-quatresites, en optimisant sarépartition géographique. Validé par la Direction générale,ce réseau cible est un compro-mis entre les besoins et lespossibilités financières del’établissement. Quatre centssites isolés seront équipés àterme de la station automatiqueXaria, avec deux cent vingt sitesopérationnels dès la fin 2003. Ce déploiement représente uninvestissement total de l’ordrede 9 millions d’euros, avec uneffort important porté sur laqualité des matériels, des sites et des infrastructures. Les autressites consistent en stations« professionnelles » actuel-lement équipées de stationsMiria et du calculateur Caobs et ils bénéficient souvent d’unobservateur humain.

Le temps en directToutes les stations transmettent

toutes les heures des informationsrégulières: des données horaires etcelles prises toutes les six minutes.Le concentrateur régionaltransmet sans délai des messagesBUFR vers Transmet, diffusésensuite sur Retim 2000, le tout enmoins de dix minutes. Les stationspeuvent aussi émettre desmessages d’alerte basés sur desdépassements de seuils. Ces seuils ont été définis sur leplan national pour les précipi-tations, le vent, la température,avec parfois des adaptations

régionales. Ces messagespermettent de déclencher latransmission de la cause de l’alerteet les paramètres mesurés dans un délai inférieur à six minutes.

En cas d’alerte, le mode turboLes données à pas de temps

fin sont systématiquementtransmises, même lorsqu’enroutine la transmission n’a lieuque toutes les heures. La stationpeut être programmée pourpasser automatiquement enmode turbo en cas d’alerte, elletransmet alors, quasiment entemps réel, les données toutes les six minutes, jusqu’à ce que la condition de l’alerte soit levée.Ces données offrent une visiontrès fine de l’évolution tempo-relle des paramètres météo-rologiques. Un passage en modeturbo est aussi possible par unecommande manuelle, actuel-lement sur le concentrateurRadome, bientôt à travers uneinterface Web.

Ces fonctionnalités d’alerte et de mode turbo avaient étédemandées lors de la création duprogramme et du réseau Radome,et donc implantées sur lesstations Xaria. Pour les stations« professionnelles », les mêmespossibilités d’alerte et de passageen mode turbo sont possibles,grâce à un logiciel développéderrière Caobs ; il est en coursd’installation par les directionsinterrégionales. Si, pour lacentaine de stations connectéesau réseau interne de Météo-France,les lignes de communicationsautorisent un fonctionnement en mode turbo permanent sanssurcoût, aujourd’hui, un

Le programme de réseau d’observation au sol Radômes’achèvera en 2005. Il faut maintenant apprendre à mieux exploiter ses fonctions d’alerte et dans ces situations à tirer le meilleur parti desdonnées qui seront disponibles toutes les six minutes.

Radômeen mode turbo Michel Leroy consulte des données du concentrateur Radôme.

Sur l’écran de gauche, l’état de fonctionnement des stations du Nord-Est,consultable depuis tous les postes de travail de Météo-France.

fonctionnement des stationsXaria en mode turbo permanentn’est pas envisageable pour desraisons financières – coût destélécommunications RTC ouGSM – et de consommationélectrique – les stations sontalimentées par panneau solaire.

Dès que les outils de travail du prévisionniste auront intégréces possibilités, il restera à sefamiliariser avec l’exploitation deces fonctions d’alerte et d’analyseà un pas de temps aussi fin. ■

Michel LeroyChef du département Observation au sol

de la DSO

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22 Janvier 2004 ATMOSPHÉRIQUES

La compo-sante « explo-rationvolumi-que» dePanthere consiste àexplorerdavantaged’anglesde site etainsiéradiquerdes erreursdans lamesure dela pluie parradar.

de Bollène dans le Vaucluse. Un produit de visualisation 3Détait envoyé en temps réel auxprévisionnistes des Dirse et Dirce(figure 1). L’expérience a étéreconduite à l’automne 2003 cettefois sur deux radars du Sud-Est :Nîmes et Bollène.

Ainsi, depuis septembre 2003,trois produits de démonstrationsont évalués en temps réel par les prévisionnistes des DIRconcernées : un produit devisualisation 3D, un prototype de nouvelle lame d’eau incluantcorrection de masques, correctionde PVR et composition multi-sites(figure 2) et enfin des cartes,baptisées « Virap », indiquant surune base tri-horaire les valeurs des rapports mesures radar –mesures pluviomètre. Uneréunion de débriefing est prévueau début 2004 pour faire lasynthèse de l’évaluation de cesnouveaux produits. ■

Pierre TabaryProjet Panthere

Observer la pluieRéussir à quantifier la pluie observée parun radar est un objectif ancien ; le projetPanthere met en œuvre un ensembleéquilibré de technologies et d’algorithmespour le réaliser.

L a mesure de la pluie parradar est affectée par uncertain nombre d’erreurs.Elles sont maintenant

bien identifiées : il y a d’abordtout en amont de la chaîne detraitement la question del’étalonnage de l’électronique du radar. À cet égard, le nouveaucalculateur radar Castor apermis de progresser considé-rablement sur la fiabilisation de la mesure. Ensuite se pose laquestion de la loi de conversiondes réflectivités radar en taux de pluie : le volet « diversité depolarisation » du projetPanthere apporte une réponsescientifique à cette question.Enfin, il existe toute une séried’erreurs liées à la physique de la mesure par radar : échos fixes,masques partiels liés au relief,élévation du faisceau avec la distance, effets de bandebrillante, etc. La composante« exploration volumique » du projet Panthere, qui consistetout simplement à explorerdavantage d’angles de site parpériode de cinq minutes, permetd’éradiquer une bonne partie de ces erreurs.

Une chaîne complète de traitements pourl’hydrologie

Le volumique permet deréduire considérablement leséchos fixes en région

montagneuse en utilisant aumieux, en fonction du relief, lesmesures effectuées aux différentsangles d’élévation. Les effets demasques partiels peuvent êtrecorrigés en utilisant des outilsmaintenant bien maîtrisés, desimulation de l’interaction onde-relief. Il est alors possibled’estimer précisément les taux de masquage dans chaque azimutet, par suite, d’en déduire lescorrections à appliquer auxdonnées. Enfin, la connaissancede la structure tridimensionnelledes précipitations permetd’estimer avec précision le profilvertical de réflectivité (PVR) et del’utiliser pour corriger l’ensembledes mesures effectuées auxdifférents sites.

Des mesures précieuses pour la prévision immédiate et la prévision numérique

D’autre part, la connaissancede la structure tridimensionnellede la pluie présente un intérêt en prévision immédiate (altitude du sommet des échos, altitude de l’isotherme O °C, présence de grêle…) ainsi qu’en prévisionnumérique à méso-échelle(initialisation du champd’humidité de l’atmosphère).Dans ce contexte, le projetPanthere a mené avec succès une première expérimentation de fonctionnement volumique, à l’automne 2002, sur le radar

LE DOSSIER

Figure 1 : coupe horizontale (à gauche) à 700 hPa du champde réflectivité le 9 septembre 2002 à 05.00 UTC. Ci-dessous,coupe verticale le long de la ligne convective. On distinguetrès bien une partie convective au sud et une partie plusstratiforme avec signature de bande brillante au nord.

Figure 2 : cumul 48 heures de l’épisode du Gard (8 et 9 septembre 2003). À gauche : cumul Hydram ; à droite : cumul obtenu avec la nouvelle lame d’eau. Les mesures des pluviomètressont indiquées par les ronds de couleur.

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2004 23

Q uels sont les principauxapports de MSG ?Délivrer des images plusfines, plus fréquentes

et plus précises, avec surtout unéchantillonnage beaucoup plusriche du rayonnementatmosphérique (les célèbrescanaux). Tout cela permet unbien meilleur suivi des nuages,en particulier la nuit, où lapremière génération Météosat nefournissait pas d’information surles nuages bas ni sur l’épaisseurdes nuages élevés. Les autresaméliorations concernent le suivide la dynamique atmosphérique,la détermination de paramètrescomme la température du sol(terre ou mer) dans les zones de ciel clair, de l’ozone stratos-phérique, la détection des ventsde sable, des cendres volcaniqueset autres poussières dansl’atmosphère, voire dans certainscas la localisation des feux deforêt. MSG aura sans doute peud'impact sur la qualité de la prévision à plusieurs joursd'échéance, mais il constitue unprogrès considérable pour la prévision immédiate.

S’adapter à MSGPour rendre les produits MSG

utilisables, le travail de Pampa estorienté selon deux axes princi-paux : la coordination techniquedes différents acteurs et laformation des futurs utilisateurs.Le domaine technique va del’acquisition des données à lamise à disposition des produitssur les terminaux desutilisateurs, en passant par les

LesdonnéesMSG sontenvironvingt fois plus nom-breusesque cellesdeMétéosat.

Intégrer une nouvellegénérationLe projet Pampa* a pour objectifde permettre le meilleur usagepossible des données de la sériede satellites MSG (Météosatseconde génération). Le premiersatellite, lancé avec succès le 28 août 2002, doit deveniropérationnel en janvier ou février 2004.

chaînes de traitement, les basesde données, le stockage etl’archivage, les télécom-munications. Les données MSGsont environ vingt fois plusnombreuses que celles deMétéosat et nécessitent destraitements plus élaborés.

La formation est déclinée enune gamme d’actions vers despublics plus ou moins larges avecun niveau de détail adapté. Latenue à Toulouse d’ateliers MSG,initiée par le CMS avant même le lancement du projet Pampa, et poursuivie par le projet,rythme l’action : 1999, 2002, 2004.Le cru 2004 sera en partie ouvertaux utilisateurs extérieurs. Pourdélivrer l’information au plusprès, un tour de France des DIRsera entrepris durant le premiersemestre 2004. Appuis locauxprécieux, des formateursrégionaux ont été formés endécembre à Lannion, ilsrelaieront l’information, enparticulier vers les prévision-nistes. Des supports serontfournis, en version résumée et détaillée.

Réussite communePampa est un projet de

coordination, un projet « sanstroupe » qui s’appuie sur lesefforts du CMS, bien sûr, enpremier lieu, mais aussi de la DSI,de la DClim, de la DPrévi, duprogramme Synergie, du projetOppidum, de l’ENM. Aussi, si l’échéance de début 2004 est,comme on s’y attend, un succès,cela sera la réalisation, la réussitecollective de l’établissement. ■

Emmanuel LegrandDirecteur adjoint scientifiquede la direction de la Prévision

* Pampa, « Préparer l’arrivée de MSG, ses produits, ses applications ».

Tableau comparatifMSG Météosat

cadence des images 15’ 30’résolution infrarouge 3 km 4,5 kmrésolution maxi visible 1 km 2,3 kmnombre de canaux 12 3

Image visible Météosat.La résolution plus fine de MSGpermet de mieux reconnaître la couverture nuageuse.

Classification nuageuse MSG correspondant à l’image infrarouge.De nuit Météosat ne permet pas d'identifier les nuages bas ; MSG le permet (teintes orangées dans le produit de classification nuageuse présenté ici).

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LE DOSSIER

24 Janvier 2004 ATMOSPHÉRIQUES

Les Opicsontproduitstoutes les dixminutessur laFrancemétro-politaine.Leurvisualisa-tion est en coursd’intégra-tion dansles postesPic etSynergie.

Les Opic actuels sont définis à partir du produit RDT (RapidDeveloping Thunderstorms) qui détecte et suit les nuagesconvectifs à partir des images de Météosat ou de MSG. Pourchacun des orages détectés, ilfournit la définition d’un « objetconvectif » (à partir d’unseuillage en température desimages du canal infrarouge 10,8 micromètres) dans lequel est stocké un ensemble decaractéristiques de cet orage(position, contour, vitesse dedéplacement, température desommet, tendances detempérature et de surface…).

Objet d’intérêt reconnuÀ l’heure actuelle, les Opic

sont produits opérationnel-lement avec Meteosat Rapid Scanet les données Météorage à lafréquence de dix minutes sur undomaine recouvrant la Francemétropolitaine. La pertinence etl’intérêt d’OPIC ainsi définis ontété démontrés pour les premièresphases du cycle de vie des oragesisolés (déclenchement etdéveloppement de la tourconvective). C’est pourquoi leurvisualisation est en coursd’intégration dans les postes PICet Synergie, et leur diffusion surles postes Synergie est planifiéepour la prochaine saisonconvective, avec une formationdébut 2004. Une visualisation estd’ores et déjà disponible en tempsréel sur le quart sud-ouest

M ême en laissant de côté la difficilequestion de laprévision du

déclenchement des orages, la prévision de l’évolution desorages déjà observés reste un défipour au moins deux raisons :d’une part la rapidité et lacomplexité de l’évolution de ces phénomènes, d’autre part lenombre – souvent grand –d’orages coexistants. Ce constatmet le prévisionniste dans unesituation très délicate puisqu’ildoit concilier rapidité (afind’alerter suffisamment tôt lesusagers) et justesse de sonexpertise. Dans ce contexte, toutoutil permettant de détecterprécocement (le plus tôt possibleavant l’apparition de tempssévère : grêle, rafales et fortesprécipitations) les orages etconduisant à faciliter l’étaped’analyse et de prévision de cesorages revêt une importanceparticulière. Les Opic ont pourobjectif de répondre à ce besoin.

Sous l’œil du satelliteLes Opic sont des objets.

Le principe est de rassembler, en temps réel et à une fréquencerapide de rafraîchissement, surun même support (un Opic),d’une part l’ensemble desobservations associées à un orage(caractéristiques satellite et radar,observations de surface, activitéélectrique…) et d’autre part unensemble de diagnosticsautomatiques potentiellementutiles à sa prévision (estimationdu déplacement, de sonintensification…).

Les Objets pour la prévisionimmédiate de la convection, dits « Opic », se proposentd’aider les prévisionnistes àsurveiller les orages* afin d’enfaciliter l’analyse et la prévisionimmédiate.

Sur la piste des orages

de la France à l’adressehttp://intraoper/opic/France_SO/index. htm.

Le rôle de l’image radarEn dehors des premières

phases des orages isolés, et pourles autres types d’orages (oragesnoyés dans la masse ou sedéclenchant sous des enclumespréexistantes), la définition d’unobjet Opic fondée uniquementsur une détection satellite de laconvection s’avère insatisfaisanteet conduit à définir des objetspouvant être très éloignés,notamment en taille et endéplacement, de la perceptionintuitive, laquelle est fortementfondée sur l’image radar. Pourpallier cette forte limitation, ladivision Prévision immédiate de la direction de la Prévisions’emploie à la mise au pointd’une méthode similaire dedétection et de suivi de laconvection à partir de l’imagerieradar et prévoit un test despremiers Opic-radar pour l’été2004. ■

Christophe Morel,Frédéric Autones

et Stéphane SénésiDivision Prévision immédiate

de la direction de la Prévision

* La prévision des orages est d’une grandeutilité. L’aide à leur surveillance fondée surl’imagerie satellite ayant montré son intérêtet ses limites, les mêmes principes vont êtreappliqués à l’imagerie radar, qui estcomplémentaire.

Exemple de visualisation d’Opic sous Synergie : superposition desimages infrarouge et radar et affichage interactif de certainescaractéristiques des Opic (contour, vitesse de déplacement, caractéristiquessatellitaires et nombre d’impacts de foudre associés à l’Opic).

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2004 25

L orsque les conditionsmétéorologiquesdescendent au-dessousde certains seuils de

visibilité (600 mètres de portéevisuelle de piste) et/ou deplafond nuageux (200 pieds), le contrôle aérien met en placedes régulations de trafic quiréduisent pratiquement demoitié la capacité d’accueil desaéroports. Dans un aéroportcomme celui de Roissy-CDG, lamise en place de ces régulationsdoit être organisée et anticipéepour éviter l’encombrement del’espace aérien d’arrivée. Or, les prévisions aéronautiquesréglementaires (TAF et tendance)ne sont pas destinées à cetteutilisation et ne permettent pasau contrôle aérien local etrégional de s’organiser

à 9 heures légales. Le bulletin faitl’objet d’un contrôle permanent,objectif et chiffré. Ainsi, lesprévisionnistes connaissent lafiabilité observée des différentsniveaux pour chacune destranches horaires décrites. Sur la base des résultats obtenus surune année de fonctionnement eninterne, le centre Météo-Francede Roissy s’est engagé vis-à-vis de la Navigation aérienne àatteindre un niveau de fiabilitéquantifié.

Les services de la Navigationaérienne ont mis en place unestratégie qui s’appuie sur lesdifférents niveaux du bulletin :les régulations sont calibréespour avoir un impact progressifsur le trafic. Un premier bilan dudélai global d’attente a été réalisé.Une amélioration de 18 % a étéconstatée, alors qu’il y a eu 30 %de cas de brouillard en plus. La satisfaction des opérateursaéronautiques a été exprimée par la Commission aviation detransport du Conseil supérieur de la météorologie, qui ad’ailleurs demandé que cebulletin soit également réalisé àOrly et à Lyon Saint-Exupéry. ■

Gilbert MonceauDélégué départemental de Météo-France

pour le Val-d’Oise

La visibilité est un facteur essentiel dans l’activité des aéroports modernes. À Roissy-CDG, où le volume du trafic atteintle 6e rang mondial avec le hub d’Air France,Météo-France a créé un bulletin spécial de prévision immédiate pour restreindre au maximum la gêne occasionnée par le brouillard et les nuages bas.

Sur le fil du brouillard

efficacement. Aussi, les servicesconcernés de la Navigationaérienne et de Météo-France sesont concertés, et Météo-Franceproduit désormais un bulletin deprévision immédiate adapté.

Une fiabilité quantifiéeCe nouveau bulletin

caractérise le risque de passer en LVP (Low Visual Procedures)par quatre niveaux (certain,probable, improbable, exclu)pour quatre tranches horaires (H à H+30’, 30’ à 1 h, 1 h à 2 h, 2 hà 3 h) et cela à 6 heures et 9 heures légales.

Il est élaboré et diffusé cinqminutes avant l’heure auxservices régionaux et locaux de la Navigation aérienne pour desprises de décision à 6 heures et

Depuis laproduc-tion d’unbulletindeprévisionimmédiateadapté àlavisibilité,uneaméliora-tion de18% dudélaiglobald’attente a étéconstatéeà Roissy.

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L’automa-tisationgarantituntraitementhomogèneetcohérentde tousles phéno-mènesprévus.Et l’experta seul lacapacitédediagnos-tiquer lecaractèreexcep-tionneld’unesituation.

26 Janvier 2004 ATMOSPHÉRIQUES

LE DOSSIER

La Bdepi est la base de données d’expertise en prévisionimmédiate qui permettra d’harmoniser – au bénéfice de la fiabilitéet de la précision de nos alertes – l’expertise du prévisionniste et les automatismes pour suivre les phénomènes significatifs aux échéances de la prévision immédiate.

I l s’agit pour la Bdepi destructurer le dispositifd’alerte en prévisionimmédiate (PI) afin de

renforcer notre missionpremière de sécurité endécrivant les phénomènesmétéorologiques significatifspour les quatre heures à venir, et uniquement ceux-là. Bien sûr, cette description desphénomènes est confrontée enpermanence aux observations.Pour la première version, lesphénomènes retenus sont lesorages, les fronts, les tempêtes,les brouillards, les pluiesorographiques, les zones dechute de neige, les zones depluie verglaçante. Mais la Bdepine contient des informationsqu’en présence de phénomènessignificatifs : aussi certainsbesoins en prévision immédiate,comme la signalisationpluie/non-pluie, devront êtreissus d’autres filières.

La description desphénomènes adopte uneformulation dite « objet PI », quidécrit la localisation et l’intensitédes phénomènes, ainsi que leurévolution. L’objet PI intègreégalement les degrés d’impré-cision et d’incertitude quis’attachent à la prévision. Ces objets seront disponibles en temps réel aux trois niveauxde prévision, mais seuls lesprévisionnistes en régiondisposeront des outilsd’alimentation de la Bdepi.

Diagnostic et expertise du prévisionniste

La Bdepi vise à concilier defaçon pertinente les informationsissues de l’expertise du

prévisionniste avec celles des traitements automatiques. Ces automatismes exploitent les différentes sourcesd’observations (MSG, radar,Radome…) pour proposer unedescription rafraîchie etsynthétique des objets PI etcontrôler la cohérence del’évolution prévue duphénomène avec sa réalitéobservée. L’expertise duprévisionniste permetd’anticiper, à partir de cettedescription il peut prévoirl’apparition puis l’évolution desphénomènes. Le prévisionnistearbitre aussi les incohérencessignalées par les contrôlesautomatiques. Et surtout, l’experta seul la capacité, essentielle pour notre mission de sécurité, de diagnostiquer le caractèreexceptionnel d’une situation.

Jouer la carte del’automatisme

L’intérêt d’une base d’objets PIest de permettre en aval uneproduction automatisée avec des mises en forme adaptées aux divers usages : alerteinstitutionnelle, production de sécurité commerciale ou à l’attention du grand public. Si cette représentation objetdédie la Bdepi à la productiond’avertissements, elle permetégalement le rafraîchissement de la production routinière : par exemple l’ajout automatiqued’un module PI au bulletin dukiosque téléphonique lorsqu’unphénomène sévère intéresse telleou telle zone du département.L’automatisation garantit untraitement homogène et cohérentde tous les phénomènes prévus

L’expertise au cœur de la prévision immédiate

qui peuvent être comparés àchaque événement pertinentpour chaque client. Ainsi, aucundestinataire n’est oublié et tousont une information fondée surla même expertise.

Une base bientôtopérationnelle

La première version de laBdepi est en cours de réalisation.Son caractère innovant incite à la prudence avec une démarcheprogressive et une collaborationétroite entre les équipes dedéveloppement et les futursutilisateurs. Un démonstrateurde la chaîne complète deproduction intégrant lesfonctions de formulationd’expertise est en cours dedéveloppement pour uneexpérimentation en conditionsopérationnelles vers l’été oul’automne 2004. Une étuded’ergonomie accompagne cetteréalisation afin d’intégrer aumieux les exigences desprévisionnistes. Les précisionsapportées aux modes opératoiresde formulation d’expertisepermettront de finaliser lesspécifications pour consolider le plan de développement de la première version. ■

Pascal Brovelli et Stéphane Sénési

Division Prévision immédiate de ladirection de la Prévision

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L’extra-polationen 2PiRapporteuneamélio-rationnotable parrapport à laprévisionpar persis-tance.

ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2004 27

Au cours de l’année 2003, la méthode 2PiR(Prévision immédiate de précipitation par imagerie radar) a été implantée tant au niveau central que sur les postes de travail des prévisionnistes.

chef les hydrologues. Une étude menée pour la ville

de Nîmes, dans le cadre dumarché Espada, a été l’occasiond’évaluer sa quantification dansles conditions les plus difficilespossibles : celles des systèmesconvectifs régénératifs et quasistationnaires de la façademéditerranéenne. Pour cela, à partir des cartes de cumul deprécipitation des sept épisodesles plus intenses des deuxdernières années sur la région, on a identifié les sites les plusarrosés pour chaque cas. Puis on a réalisé des simulations ensupposant que Nîmes étaitimplanté sur chacun de ces sites.C’est-à-dire qu’on a relocalisé lesbassins versants de Nîmes surchacune de ces villes fictives –des bassins d’environ 15 kilo-mètres carrés chacun – pourcalculer les lames d’eauobservées et prévues et enfinquantifier de différentes façons laqualité de cette prévision de lamed’eau. Le résultat substantiel est à peu près le même quelle quesoit la méthode choisie :l’extrapolation 2PiR apporte uneamélioration notable par rapportà la prévision par persistance, et cela jusqu’à des échéances dequinze à quarante-cinq minutesselon les situations. Au-delà, et à des échelles d’espace plusgrandes, la logique de la méthodeautomatique actuelle ne permetpas de représenter lacombinaison des phénomènes en jeu, caractérisée par descellules convectives mobiles qui s’organisent en un systèmestationnaire. Ce qui laisse place à des études complémentaires,tant dans la même voie deprocessus automatique que danscelle d’un pilotage des processusd’extrapolation par l’expertised’un prévisionniste.

Un autre type de produitprécieux est la prévisionpluie/non-pluie à la résolutionspatiale la plus fine possible.Dans ce contexte, l’extrapolationmontre davantage sa force : elle obtient typiquement, à une heure trente d’échéance sursituation stratiforme, un scoredeux à trois fois meilleur quecelui de la persistance. ■

Stéphane Sénésiet Frédéric Autones

Division Prévision immédiatede la direction de la Prévision

Les précipationssont-elles bien annoncées ?

I l s’agit d’un progrèssignificatif dans la mise en exploitation par Météo-France de la partie amont

d’une chaîne de prévisionimmédiate de précipitation. Sur le plan national, un moduled’analyse des déplacements deszones de précipitation a été mis en service par le CMR (Centre demétéorologie radar de la directiondes Systèmes d‘observation). Il analyse des paires de mosaïquesnationales et produit toutes les cinq minutes le champ dedéplacements correspondant.Grâce au concours de l’équipe en charge des développementsinformatiques de la région Île-de-France, les versions 3.6 de Synergieet 1.5 du poste Prévi-Surveillancesont dotées de fonctionnalitésd’exploitation de ces champs dedéplacement : visualisation detrajectoires et rétro-trajectoires,calcul possible d’imagesextrapolées et module rénové

d’alerte sur dépassement de seuil.Ces premiers progrès concernent le volet du système portant sur la mise à disposition d’outils pourles prévisionnistes.

L’autre volet consiste en une production de donnéesqualifiées pour les usagers,tant qualitatives quequantitatives.

Il faudra mettre en forme les produits de façon adaptée etconforme à notre déontologie, et bien préciser les limites de cesprévisions. Certes, les limitationsde la méthode de prévision par extrapolation sont qualita-tivement bien connues, maiscelles des produits qu’on peut en tirer le sont un peu moins,surtout sur le plan quantitatif. La lame d’eau moyenne prévuesur un bassin versant est leproduit qui intéresse au premier

L’équipe Prévisionimmédiate de la direction de laPrévision.De gauche à droite :Stéphane Sénési,Jérôme Reynaud,Renaud Tzanos,Pascal Brovelli,Christophe Morel et Frédéric Autones (absents : Michel Bouzom et Isabelle Bernard-Bouissières)

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28 Janvier 2004 ATMOSPHÉRIQUES

LE DOSSIER

Jean-Marie Delattre est responsablede la gestion d’un réseaudépartemental d’assainissementd’une longueur de 700 kilomètres à la direction de l’Eau et del’Assainissement (Dea) du conseilgénéral de Seine-Saint-Denis. Il nous explique le rôle de laprévision immédiate dans lagestion de ces collecteurs.

� À quoi sert ce réseau ?Nous collectons les eaux usées de quarante communes, qui sontacheminées vers deux stationsd’épuration, et les eaux pluviales,qui sont rejetées dans les rivièresaprès un traitement partiel de la pollution. Par ailleurs, nousrégulons les eaux pluviales pour éviter des inondations, entélégérant des bassins de stockageet des ouvrages de délestage. Le stockage en bassins permet une dépollution partielle, pardécantation mécanique.Aujourd’hui, les stationsd’épuration, gérées au niveaurégional par le Siaap, permettentde traiter aussi les eaux de pluie,grâce à des procédés physico-chimiques ou biologiques.

� Comment fonctionne-t-il ?Tout au long des 700 kilomètresdu réseau, cent trente sites,équipés de vannes, pompes,capteurs, automates, etc., sonttélésurveillés depuis notre centrede contrôle de Rosny-sous-Bois,avec une organisation d’astreinteshors heures ouvrables. Pourpouvoir agir à distance par tempsde pluie sur ce réseau, nousdisposons de vingt-six pluvio-mètres, qui fournissent desmesures ponctuelles observées :les images radar fournies parMétéo-France nous permettentd’anticiper et d’améliorer nosdécisions de télécommande, par exemple ouvrir telle vanne ou démarrer telle pompe,

afin de réguler les écoulements dans le réseau. Ces images radarcontribuent également à mieuxgérer la sécurité des intervenantsen réseau, par rapport aux risquesde pluie à quelques heuresd’échéance. Cela fait maintenantplus de vingt ans que nousrecevons ces images radar.

� Comment s’établit votrecollaboration avec Météo-France ?L’utilisation des outils de Météo-France est fondamentale pour nos activités opérationnellesquotidiennes, Aspic aujourd’huiet bientôt Météo+. Nous avonségalement un contrat d’assistanceavec les prévisionnistes de lamétéorologie : quand il y a unrisque de pluie ou d’orage quenous maîtrisons mal, nous lesappelons pour obtenir desexplications supplémentaires.Nous recevons également unealerte automatique et un bulletinquotidien de prévision à trenteheures par tranches de six heures.Par ailleurs, nous avons un contratavec la société Rhea pour desoutils permettant de calibrer,toutes les cinq minutes, nospluviomètres avec l’image radar.Cette image, ainsi calibrée enpermanence, nous permet de faireune estimation quantitative, pourl’heure qui suit, cette estimation

est intégrée directement dans nosoutils de télégestion.

� Quelle importancerevêtent ces alertes météo ?Quand il ne pleut pas ou lors defaibles pluies, nous avons tous lesjours des agents qui interviennenten réseau, pour effectuer desinspections d’ouvrages, descurages, de la maintenanced’équipements, etc. Ce qui estprimordial en termes de sécurité,c’est de savoir à quel moment ilfaut les faire remonter en surfacesans pour autant perdre du temps.Tout se décide en fonction desrisques météo : il est inutile de se déplacer sur le terrain, s’il fautévacuer deux heures plus tard. En disposant d’Aspic, notrecoordinateur au centre de contrôlea les moyens de prévenir lepersonnel intervenant en réseau.La procédure permet de continuerles activités par pluie faible, derester en contact étroit lorsqu’il y a des risques d’averses etd’arrêter l’activité sur risqued’orage ou de pluie forte.

� Que pensez-vous de Météo+Météo-France nous a déjà présentéMétéo+, les fonctionnalitésrépondent à nos besoinsopérationnels, et nous devrionsl’utiliser en 2004. Il est important

Un chemin difficile

L’usaged’Aspic,aujour-d’hui,et deMétéo+bientôt,est fonda-mentalpour nosactivitésopéra-tionnellesquoti-diennes.

Bassin à décantation du service d’assainissement de la communautéd’agglomérations du pays voironnais en Isère.

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2004 29

Récit d’une véritable alertemétéorologique orageuse, en septembre 2003, permettant de mesurer les progrès effectuésen quinze ans, par René Jourdan,responsable du service Prévision du Cmirse d’Aix-en-Provence.

L e héros involontaire decet événement récent,devenu un prévisionnistechevronné, se souvient

encore du 3 octobre 1988 : alorsjeune stagiaire, il découvraitl’ampleur de la catastrophe quis’était abattue sur Nîmes. Enquelques heures, 400 millimètresde précipitations avaientprovoqué la mort de onzevictimes et les prévisionnistesétaient alors sans outils pourcomprendre ce qui s’était produit.

22 septembre 20036 h 45 : Prévisionniste régional à Aix-en-Provence, il prend le

Alerte aux oragessur l’Hérault

relais de l’équipe de nuit. Lasituation météorologique sembleclassique: des orages vont seformer en fin de matinée sur leLanguedoc puis se décaler dans leflux de sud-ouest. Les bulletinsd’avertissements spécialisés pourles zones concernées ont déjà étéémis. La carte de vigilance est enjaune. Il sait que dans la région, encette saison, même si tous leséléments ne sont pas réunis apriori pour la formation d’oragesviolents, il convient de rester trèsvigilant.

9 h 00 : Il voit les premiers oragesse former sur Midi-Pyrénées. C’estplus tôt que prévu et les pluiesassociées se décalent vers leLanguedoc. Cependant, riend’alarmant pour l’instant, lescellules orageuses circulentrapidement et ne peuvent donnerde très forts cumuls de préci-pitations. Néanmoins le préviréactualise la productionrégulière, afin de la mettre encohérence avec la situationobservée.

11 h 00 : L’animation radar meten évidence que, du sud deMontpellier jusqu’à Arles, unsystème orageux multicellulaires’organise. En conséquence,l’ensemble se décale beaucoupmoins vite. Flash immédiat pour

pour nous de suivre les évolutionsdes produits diffusés par Météo-France et cela s’inscrit dans notrelongue collaboration. Météo+fournit des fonctionnalitéssupplémentaires, notamment desaccès Internet qui nous semblenttrès utiles, compte tenu de notreculture « prévision des pluies »,pour toute nos décisionsopérationnelles. ■

propos recueillispar FKJ

Inondations dans l’Hérault : les pluies intenses et orageuses se sont étendues sur 25 000 km2 dans le Sud-Est. Du 1er au 3 décembre 2003, Montpellier a reçu 206 litres d’eau au m2.

le prévi : un système quasistationnaire semble se mettre enplace. Avec les intensités possiblesen cette saison (30 à 40 millimètres/heure d’après les images radar),quelques heures sur la même zonepeuvent conduire à une situationcritique. Vite, les actionss’enchaînent: il faut comparer lescumuls de pluie issus de la mesureradar avec les valeurs relevées ausol (pour se faire une idée aussiprécise que possible des pluiesdéjà tombées) ; appeler les CDMconcernés (informations locales,remontées de terrain) ; estimer la durée du phénomène(aujourd’hui les conditionsdevraient rester propices auxorages jusqu’en soirée). Un contact est établi avec le chefprévisionniste du service central :celui-ci a fait la même analyse dela situation. Décision est prise depasser en vigilance orange surl’Hérault, le Gard et les Bouches-du-Rhône. Le Cogic est prévenupar téléphone et un bulletinrégional de suivi est rédigé.

12 h 00 : La carte de vigilance aété réactualisée, le bulletin desuivi diffusé. Et pour leprévisionniste, un épisodereprésentatif de l’état de l’art enmatière de suivi des pluiesorageuses. ■

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30 Janvier 2004 ATMOSPHÉRIQUES30 Avril 2002 ATMOSPHÉRIQUES

L e CEPMMT développedes systèmes numé-riques très performantspour réaliser des

prévisions météorologiquesjusqu’à dix jours. Il disposed’abord d’un logiciel detraitement des observationsmétéorologiques capable detraiter, chaque jour, plusieursdizaines de millions d’obser-vations de toute nature, de lesclasser en fonction de celles-ci etde caractériser leur incertitude.

Il dispose ensuite d’un systèmed’assimilation de ces observationsfondé sur les méthodes les plusavancées du calcul variationnel.Dans ce système, l’état de l’atmos-phère est décrit par un vecteur de très grande dimension. Latrajectoire de cet état, sur unepériode de douze heures, estoptimisée afin de passer au plusprès d’un ensemble de plusieursmillions d’observations choisiesparmi les précédentes.

Au cœur du dispositif, sonmodèle de prévision déterministecalcule l’évolution de l’atmos-

phère sur une période de dix joursen partant d’un état atmosphé-rique optimisé intégrant lesobservations.

Le CEPMMT dispose aussid’un système de prévisionprobabiliste à dix jours, fondé sur un ensemble de cinquante etune prévisions réalisées à partird’états initiaux légèrementperturbés par rapport à celui de la prévision de référence, afin de caractériser l’incertitude(variable d’un jour à l’autre) et depouvoir calculer les probabilitésde réalisation de certainsévénements, notamment lesévénements dangereux.

Tous les produits du Centresont mis en temps réel à ladisposition des États membres etcoopérants, ils forment la base desprévisions à moyenne échéanceémises par leurs servicesmétéorologiques nationauxrespectifs. Ces produits peuventaussi servir à piloter des modèlesnumériques à plus hauterésolution mais opérant sur des zones plus restreintes.

Fournir des prévisions météorologiques pour la moyenneéchéance, c’est la mission du Centre européen deprévision météorologique à moyen terme (CEPMMT),organisation internationale qui regroupe dix-huit Étatsmembres et six États coopérants. Son modèle numérique de prévision, co-développé avec Météo-France, se révèle,après un quart de siècle d’existence, le plus performant au monde.

LeCEPMMTdélivreactuel-lementlesprévisionsde trois àdix joursles plusprécisesdumonde…

Prévision numéri

Deux méthodes issues d’un même choix

Les choix politiques etscientifiques effectués par leCEPMMT et Metéo-France en1992 ont conduit les deuxorganismes à co-développer leslogiciels décrits ci-dessus sous les noms respectifs d’ « IFS » et« Arpege ». Ils sont exploités dansdes configurations complé-mentaires : le Centre privilégieune configuration où la totalitédu globe terrestre est traitée demanière équilibrée, et où le plusgrand nombre possibled’observations est utilisé àchaque optimisation. Météo-France, lui, privilégie uneconfiguration où les calculs sontplus précis sur l’Europe, et quiassure la plus grande rapidité de

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2003 31ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2004 31

… Il est le seulcentremondialcapablede réaliserdesprévisionsà dix jourssurl’ensembledu globeavec unpoint decalcul tous les 40 kilo-mètres.

avec notamment un programmede séminaires et d’ateliers cibles,veille scientifique des plusefficaces. Il a aussi établi des liensprivilégiés avec les agencesspatiales du monde entier.

Une qualité de prévisionétendue au monde entier

Depuis deux à trois ans, la qualité des prévisions duCEPMMT sur l’hémisphère Sudest comparable à celles desprévisions sur l’hémisphèreNord. Le « domaine utile » atteintmaintenant le jour huit et lenombre de mauvaises prévisionsest en diminution régulière.Depuis début 2003, les prévisionssont diffusées deux fois par jour.La stabilité des prévisions(ressemblance entre deuxprévisions successives pour unemême date) a également fait degros progrès. Mais l’effortprincipal reste axé surl’utilisation intensive desobservations par satellite : tousles instruments des satellitesaméricains en orbite polaire,ainsi que toutes les mesures descinq satellites en orbitegéostationnaire, sont dorénavantutilisés pour le plus grandbénéfice de la qualité desprévisions.

L’utilisation des satellites derecherche de la Nasa, du CNES et de l’Esa a fait également l’objetd’importants efforts. Lesobservations du premier sondeurinfrarouge à haute résolutionspectrale (Instrument Airs sur lesatellite Aqua de la Nasa), ainsique les mesures d’ozone de Mipas(sur Envisat de l’Esa), sont ainsiutilisées opérationnellementdepuis septembre 2003. Desaméliorations ont été égalementréalisées dans le domaine de laprésentation des prévisions : lacomparaison à la climatologie estmaintenant effectuée de manièresystématique, elle se traduit sousla forme d’un « indice desituation extrême » qui permetaux prévisionnistes des Étatsmembres de repérer plusfacilement une situation

INTERNATIONAL

au CEPMMT

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que à moyenne échéance

livraison possible de la prévisionà un à trois jours. Les prévisions à un-trois jours de Metéo-Francesont ainsi disponibles chaquejour avec environ sept heuresd’avance sur celles du Centreeuropéen.

Le logiciel Arpege/IFS est leplus sophistiqué existant à cejour dans le monde, et le Centreeuropéen délivre actuellementles prévisions de trois à dix joursles plus précises du monde,comme le montrent régulière-ment les statistiques établies parl’OMM. Ce résultat est dû à unensemble de facteurs remar-quables. D’abord, les Étatsmembres du CEPMMT ont,depuis sa création en 1977,toujours considéré que ce Centredevait être un pôle d’excellence,

porteur d’une haute image de la météorologie européenne dansle monde. Pour cela, ils ont dotéle Centre des moyens de calcul les plus importants en Europe, etprobablement sans comparaisondans le monde pour unorganisme dont la vocation est exclusivement la prévisionmétéorologique. Le Centreeuropéen est ainsi le seul centremondial capable de réaliser desprévisions à dix jours surl’ensemble du globe avec unpoint de calcul tous les 40 kilo-mètres. Il est également le seul àexploiter un système deprévisions d’ensemble composéde cent prévisions quotidienneset, enfin, le seul à utiliserpratiquement toutes lesobservations satellitairesdisponibles.

Son activité parfaitementciblée est étroitement surveilléepar le Conseil des États membres,ce qui lui permet de se focalisersur un petit nombre de tâches etde les réaliser au mieux. Maissurtout le Centre européen a pu s’assurer les services desmeilleurs spécialistes européensen prévision numérique. Cela lui permet de mettrerapidement à son profit lesavancées scientifiques dans tousles domaines de l’atmosphère,

Le CEPMMT à Reading.Dans la salle des opérations : Antonio Garcia-Mendez, spécialiste de la vérification des prévisions, et Austin Woods, assistant dudirecteur du centre.

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32 Janvier 2004 ATMOSPHÉRIQUES

météorologique potentiellementdangereuse.

L’avenir passe par lesprévisions saisonnières

Les progrès considérables desprévisions à moyenne échéance(à dix jours) ont suscité ledéveloppement de systèmes deprévision à plus longue échéance.Dans le cadre d’une activité,réalisée avec une fortecollaboration internationale, desprévisions saisonnières à six moissont effectuées une fois par moisdepuis quelques années. Il s’agitd’un système couplant unmodèle atmosphérique avec unmodèle océanique. Ce système estcapable de prévoir les grandesfluctuations climatiques commele phénomène El Niño. Enfin,depuis un an, des prévisions àtrente jours sont réalisées, à titreexpérimental, deux fois par mois.L’étude de la vague de chaleur del’été 2003 montre que ce derniersystème a été capable de donnerun signal utile jusqu’à environvingt jours d’échéance. Mais ilfaudra plusieurs années avant de pouvoir sérieusement évaluerla qualité de ces prévisionsmensuelles. ■

Philippe BougeaultDirecteur de la recherche au CEPMMT

INTERNATIONAL

Au fil des ans, depuis un quart de siècle, le CEPMMT est devenu un partenairescientifique majeur de Météo-France.

Depuis le début desactivités de prévision

numérique à longueéchéance, au début desannées 1980, le CEPMMT a été un auxiliaire précieuxde Météo-France. Onpouvait y trouver, en effet,des champs météoro-logiques globaux pourinitialiser les modèles etcalculer des scores. Quandl’établissement est passéaux analyses sur le globe, le Centre offrait, en outre,une disponibilité pérenne,depuis 1979 jusqu’à la datecourante. D’autre part,depuis l'époque du Cray 1jusqu'au VPP5000, le Centreeuropéen avait les mêmesmachines que Météo-France,à quelques variantes près,et des moyens de stockagesupérieurs aux nôtres. Leseul frein à l’utilisation desmoyens de Reading résidaitdans la lenteur de la liaisonentre nos machines. Dès lesannées 1990, le Centreeuropéen, voulant élargir lecarcan étroit de la prévisionà moyenne échéance, aregardé du côté de l'océanet de la prévision saison-nière. Il est devenu ainsi unpartenaire scientifique dansle projet Seasonal Forecast,piloté par Jean-ClaudeAndré, puis dans les projetseuropéens Provost etDemeter coordonnés parTim Palmer.

L A P R É V I S I O N S A I S O N N I È R E A U C E PM M T

Le temps de la prévisionsaisonnière

Dans le cadre du dernierappel d'offres européen,Météo-France et le Centreeuropéen sont partenaires de deux des projets retenusqui comportent tous deuxune part de prévisionsaisonnière. Il s'agitd'Ensembles et de Mersea.Le Centre européen jouedésormais un rôle centralen prévision saisonnière,secondé par Météo-Franceet par le Met Office. LeCentre s’appuie égalementsur des instituts derecherches, comme leCerfacs, le Lodyc ou le MPI,et sur des services météo-rologiques nationauxcomme le DMI (Danemark)ou l'INM (Espagne). Outrela coordination, comme onvient de le mentionner, desprojets de recherche, leCentre européen réalisedepuis 1997 des prévisionsopérationnelles dont lescartes sont disponibles surle Web (en accès restreinten dehors de la zonetropicale).

Depuis plusieurs années,le CEPMMT souhaitaitfédérer au moins ses deuxprincipaux partenaires, afinde constituer une prévisionopérationnelle multi-modèle. La réponse deMétéo-France, tout commecelle du Met Office, a étépositive. Si le Met Officefournit déjà sacontribution, nous nepourrons néanmoinscommencer qu’en 2004, car,

auparavant, il faut portersur l'IBM une versiond'Arpege-Climat version 4couplée au modèle d'océanOrca du Lodyc. Cependant,une difficulté réside dans le fait que, pour la premièrefois, le CEPMMT utilise unemachine assez différente dela nôtre.

Des temps de calculscolossaux

Les prévisions tournerontchaque mois sur lesressources de calcul de laFrance, à partir d'analysesdu Centre européen pourl'atmosphère et de Mercatorpour l'océan. Neufintégrations de six moisseront réalisées à partird’analyses globaleslégèrement perturbées, ainsi que des prévisionsrétrospectives sur les dixdernières années. Le tempsde calcul mis à notre dispo-sition est colossal, maisl'expérience des annéespassées a montré que, par le jeu des priorités enfile d'attente, il n'était pasfacile de consommer unepart substantielle de notreallocation. Ce printemps, la rapidité de passage desprogrammes a tourné àl'avantage du Centreeuropéen et le restera tantque le calculateur deToulouse est plus sollicitéque celui de Reading.

Dans le courant de 2004,on pourra trouver sur le siteWeb du CEPMMT desprévisions utilisant les troismodèles européens. Pouraccélérer la mise en place,les premières prévisionsseront produites «artisa-nalement» par le CNRM enattendant une intégrationdans une chaîne opéra-tionnelle. À Toulouse, lachaîne opérationnellecontinuera de produire desprévisions à quatre moisnon couplées (prévisionstatistique de l'état del'océan).■

Michel DéquéResponsable de l’équipe

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Austin Woods, qui prend sa retraite à la fin du mois de décembre, se propose d’écrire un livre surl’histoire du jeune CEPMMT.

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2004 33

L e Schapi s’est vu confiertrois types de missions :d’abord l’animation desservices de prévision des

crues, que nous sommes en train deréformer ou de créer pour certainsbassins. Il s’agit de mettre en placeun réseau regroupant l’ensemble desservices de prévision des crues, ce quinécessite un travail important dedéfinition de méthodes communes

pour assurer un fonctionnementharmonieux. » Cette réforme del’ensemble de la prévision descrues a pour objectif final depermettre des performancessimilaires aux vingt-deuxservices de prévision des crues.Un de ces services sera d’ailleurslocalisé au Centre météoro-logique interrégional d’Aix-en-Provence car « l’intérêt, c’est le

partage des cultures entremétéorologistes et hydrologues ». Le deuxième aspect concerne les missions opérationnelles sur les bassins à réaction rapide,un secteur où le Schapi jouevraiment un rôle d’interfaceentre les futurs services deprévision des crues et Météo-France. « Là, il y a encore beaucoupà bâtir : il faut d’abord servird’interface, puis validerprogressivement des modèleshydrologiques en confrontant nospropres prévisions avec lesprévisions des différents SPC. »Troisième et dernier aspect : lacréation d’une carte de vigilanceinondation. « Nous espérons êtreprêt à expérimenter ce système dansle courant de l’année prochaine. C’estun travail réalisé en liaison naturelleavec Météo-France : en effet, il fautassurer une cohérence totale entre la vigilance météorologique et lavigilance hydrologique. »

PROXIMITÉS

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Duo au Schapi Le Schapi, Service central d’hydro-météorologie et d’appui à la prévision des inondations, est installé depuis septembre 2003 sur le site de la Météopole à Toulouse. Un démarrage en trombe, pour un service qui regroupe météorologistes et hydrologistes et dont le mode de fonctionnement tient compte d’emblée de cette parité originale. Le directeur de l’Eau auministère de l’Écologie et du Développement durable,Pascal Bertaud, nous présente le nouvel ensemble.

Autour de ces trois missions,les équipes du Schapi se sontd’ores et déjà constituées, avecdes personnels d’originesdifférentes. « Faire travaillerensemble des météorologistes, c’est-à-dire des gens qui s’occupent de l’eau quand elle tombe, et deshydrologues, qui s’en occupentquand elle coule, est le grand objectifdu Schapi. Nous avons déjà regroupéune dizaine de personnes, elles serontvingt l’an prochain pour à termeatteindre trente personnes. Sur cettedizaine de personnes, à peu près lamoitié sont des hydrologues, l’autremoitié des météorologistes. Et, aprèsseulement un mois et demi de

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Lesrécentesinonda-tions enFrancedémon-trenttragique-ment l’absoluenécessitéd’uneveilleperma-nente. Letravail nefait quecommen-cer pour le Schapi.

34 Janvier 2004 ATMOSPHÉRIQUES

Schapi en tandemC’est un ancien de l’Équipement, Jean-Michel Tanguy, et un ancien de Météo-France, Jean-Marie Carrière, quidirigent le Schapi. Tandem de compétences qui illustrele choix stratégique de l’État quand il a pris la décisionde créer ce service, en 2001.

L e premier est passé del’animation d’unethématique Eau, au seindu réseau scientifique et

technique de l’Équipement, à lamise en place d’un serviceopérationnel de l’Environne-ment consacré à la prévision desinondations ; le second est passéde l’atmosphère, et de l’aviation,à l’eau douce ou un peu salée(dans les estuaires…). Pour tousdeux, il s’agit d’un changementimportant sur le plan personnel,avec une nouvelle maisond’emploi. Mais c’est surtout d’unformidable défi dont il estquestion, car l’opportunité de lacréation d’un service techniquecentral est rare dans une carrièrede manager public. Ce défi sedouble de la responsabilité d’uneréorganisation, décidée auniveau interministériel, del’ensemble du dispositif nationalde prévision des crues. Avectoujours les mêmes objectifs :utiliser des moyens d’obser-vation et de prévisionopérationnels, et des systèmesd’information, au bénéfice d’unegestion prévisionnelle de risques

naturels. Avant le démarrageopérationnel du Schapi, les deuxcoéquipiers ont eu l’occasion dese côtoyer et d’apprendre àtravailler ensemble. Jean-Michel Tanguy étaitresponsable, pour le ministèreen charge de l’Environnement,d’une mission de réflexion sur lamise en place du Schapi.Parallèlement, Jean-MarieCarrière assumait au sein deMétéo-France la responsabilitéde définir les interfaces del’établissement avec le Schapi.Dès l’origine du projet, le Ciadt(Comité interministérield’Aménagement et deDéveloppement du Territoire)avait souligné la nécessité des’appuyer sur un rapprochemententre experts en hydrologie et enmétéorologie. Afin de faciliter cerapprochement et pour favoriserdavantage la synergie avecMétéo-France le Schapi a étéimplanté sur la Météopole àToulouse.

Départ en trombeAprès deux ans de réflexion,

de réunions, d’analyse, d’appels

d’offres, de travaux, après unequantité incalculable de devis,d’additions et de coups detournevis, le Schapi a étéinauguré, le 5 septembre 2003,par Roselyne Bachelot, Ministrede l’Écologie et du Dévelop-pement durable. Le Service adonc pu commencer à assurerune veille permanente desinondations moins d’un an aprèsles dramatiques inondations duGard de septembre 2002.

Le travail ne fait quecommencer : pour atteindre lesobjectifs fixés dans l’arrêté decréation du Schapi il faut, pêle-mêle, développer les méthodes et les outils de la prévision desinondations, mettre en place une politique de recherche et dedéveloppement orientée vers laprévision des crues, consoliderles équipes techniques etadministratives, construire lesbâtiments définitifs en liaisonavec la direction régionale del’Environnement de Midi-Pyrénées, mettre en place unsystème national de vigilanceinondations en liaison avec les autres services de l’État ou des établissements publicsconcernés – en particulierMétéo-France, etc. La listecomplète des chantiers est troplongue pour les énumérer tous :rendez-vous dans Atmosphériquespour en dresser le bilan dansquelque temps. ■

Jean-Michel Tanguy,directeur du Schapi

Jean-Marie Carrière,directeur adjoint du Schapi

Jean-Marie Carrière et Jean-Michel Tanguy devant les locaux provisoires du Schapi.Le futur « pôle environnement » prévu pour 2006 hébergera aussi la Diren Midi-Pyrénées et les délégationsrégionales de l’ONCFS et du CSP.

fonctionnement, des synergies assezfortes sont déjà apparues. À tel pointque nous avons pu mettre en placedes astreintes, assurées par desbinômes hydrologue/météorologiste,qui sont dès à présent opérationnelssur les problèmes de crues dans leSud-Est. Nous constatons que lecroisement des métiers conduitchacun à découvrir le métier del’autre, ce qui présente un grandintérêt car l’approche des problèmesdes uns est complémentaire de celledes autres. Nous avons vraiment lesentiment d’être en train de bâtirquelque chose de nouveau. » ■

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PROXIMITÉS

ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2004 35

Interview de Marie-Pierre Nérard et Jean-Michel Soubeyroux, qui forment, depuis septembre 2003, l’une des premières équipes opérationnelles du Schapi.

B U R E A U C O M M U N

� Pourquoi travailler au Schapi?Marie-Pierre Nérard: J’ai une

formation d’ingénieur des travauxpublics de l’État, de niveau équivalentà celle de mes collègues de Météo-France. Mais chez nous, il existe unespécialisation en dernière année de formation: travaux publics,environnement, eau, urbanisme, etc.On peut ensuite travailler au ministèrede l’Équipement ou à celui de

une magnifique opportunité pourdécouvrir un nouveau domaine et pouressayer de travailler dans un esprit decollaboration avec les différentsservices techniques de nos ministèresde tutelle

� Installés dans le mêmebureau, avez-vous la mêmemission?

J.-M. S. : Nous travaillons dans lepôle veille hydrométéorologique et

modélisation (VHM) avec laresponsabilité particulièred’apporter un support auxservices de prévision des crues(SPC). Nous devons les aider àcoordonner et à mettre enplace des outils et moyens, mais nousparticipons aussi à certainesmissions opérationnelles: la vocation du Schapi estd’être disponible H24 sur les problèmes de cruestorrentielles de l’arcméditerranéen. Cela reste lapriorité parce qu’il s’agit d’unproblème de sécurité et quedes vies humaines sont en jeu.

M.-P. N. : Nous sommesinterchangeables au niveau dutravail quotidien, la spécificité

de nos métiers antérieurs n’entre pasen jeu. En revanche, dansl’organisation des astreintes, pourassurer la veille crues torrentielles, lescouples formés associentobligatoirement un météo et un hydrologue.

� Comment vous complétez-vous?

J.-M. S. : Marie-Pierre m’apportebeaucoup d’informations sur lefonctionnement de la direction de l’Eauet celui des Diren où elle a travaillé.Cela me permet de bien mieuxcomprendre les services que je suisamené à découvrir et de disposer d’unhistorique de gestion des questionstechniques, bref de gagner beaucoupde temps dans la prise en main desdossiers. Nous nous sommes répartisles dossiers en fonction des besoins ou des disponibilités. J’ai ainsi pris encharge le dossier technique sur la métrologie, car une coordinationforte du Schapi était attendue pourrenouveler les réseaux de mesure. Mais il y a surtout des chantierscommuns qui engagent vraiment le développement du Schapi comme la mission opérationnelle.

M.-P. N. : J’attends beaucoup deJean-Michel tant au niveauopérationnel que pour la compréhen-sion des phénomènes météorologiques.Jusqu’ici, les services d’annonces descrues n’étaient pas suffisammentproches de la météorologie etentretenaient peu de relations avec lesprévisionnistes de Météo-France. Tropsouvent, l’annonce des crues se faisaitquand le niveau commençait à monterréellement dans les rivières. Par manque de communication, nous ne profitions pas au maximumd’informations nécessaires etimportantes. On peut espérer réagirplus rapidement en apprenant àcommuniquer davantage et àinterpréter mieux les informations de Météo-France.

� Comment fonctionnent les astreintes?

J.-M. S. : Nous sommes en astreinteà partir de l’information vigilance deMétéo-France pour le risque orage et le risque de fortes précipitations.L’objectif est de diagnostiquer le risquede crues rapides sur les bassinssensibles à ces phénomènes. C’est uneinformation qui remonte au ministèrede l’Environnement où il existe unecellule Orages. Pour organiser cesastreintes, nous avons réalisé desbinômes complémentaires car, quandsurgit une crise, nous suivons souventdes territoires vastes avec de nombreuxinterlocuteurs au niveau des SAC,Météo-France, services de sécurité etDirections. Au départ, il s’agit d’établirune coordination afin de proposer uneexpertise plus large anticipant lesphénomènes.

Aujourd’hui, ces binômescomprennent un agent originaire del’Équipement mieux formé à l’hydrologieet un météo facilitant la compréhensiondu contexte météorologique et lescontacts avec le chef prévisionniste duCNP. À terme, nous souhaitons partagernos connaissances et devenir tous deshydrométéorologistes.

M.-P. N. Jusqu’aujourd’hui,l’annonce des crues était réalisée pardes services isolés les uns des autres,chacun ayant son domaine decompétence, sa responsabilité et sesobligations, souvent dans un cadredépartemental. Le Schapi va organiserles échanges et inciter les SPC àcommuniquer entre eux en période decrise, afin d’avoir une meilleure visiond’ensemble de la situation et doncd’augmenter l’efficacité du service. ■

Propos recueillis par FKJ

l’Environnement. Dès l’école, j’avaisorienté ma spécialisation vers l’eau et l’hydraulique. J’ai commencé à travailler sur le dossier de l’annoncedes crues au ministère del’Environnement. Mon poste suivant à Orléans était axé sur la Loire, et jefaisais partie de l’équipe chargée de la gestion et de l’écrêtement des cruesde ce fleuve. En fait, je baigne dans ledomaine des inondations depuis ledébut de ma carrière! Pour venir auSchapi, j’ai écourté la durée de monposte à Orléans car l’aspectopérationnel et novateur de cettemission de sécurité publiquem’intéressait.

Jean-Michel Soubeyroux: Cesdernières années, j’assurais lesfonctions d’adjoint au déléguédépartemental de la Haute-Garonne, jetravaillais notamment sur la prévisiondes risques d’avalanches dans lesPyrénées centrales. Ayant étéauparavant prévisionniste national, le problème de la prévision des cruesde rivière s’inscrit assez bien dans monparcours technique. J’avais envie d’allervoir ce qui se passait à l’extérieur de Météo-France. Habitant Toulouse,lorsque le Schapi s’est installé, c’était

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Dominique Bielli, au premier plan, Jean-Michel Tanguyet Jean-Marie Carrière dans la salle de veille du « PCcrues » national du Schapi.

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36 Janvier 2004 ATMOSPHÉRIQUES

PROFIL

Le calendrier des champion-nats démarre avec la course deRFO (Tahiti - Moorea - Tahiti) enavril et s'achève avec la coursede Hawaiki Nui en octobre.Selon le nombre de rameurs, lespirogues sont réparties endifférentes catégories (V1, V3,V6 et V16). Les pirogues dehaute mer V6 sont stabiliséespar un balancier, ou ama, etcomptent six membresd’équipage vêtus d’un paréo etd’une couronne de fleurs. Ces

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PROFIL

J e pratique la pirogue depuishuit ans. C'est une vraiepassion, qui exige beaucoupde sacrifice, mais elle

procure des moments de pures joies,confesse Victoire Laurent. Les rameurs ont un entraînementassez intense qui combine le joggingpour le souffle, la musculation ensalle pour travailler spécifiquementcertains muscles et des heures derame. L’alimentation, les mouvements d'étirements et lesséances de massage complètentnotre entraînement. »

Au siège de Météo-France àTahiti, seules deux personnes,Yves Faraire et Victoire Laurent,pratiquent la pirogue decompétition. Mais bon nombred’autres agents de la DIRPFadoptent la pirogue commesport de détente grâce àl'association de l'Atacem(Association Tama arii aviationcivile et Météo).

Les courses en pirogue maintiennent le liensincère qui unit les Polynésiens à la mer.Réparties en courses de vitesse à l’intérieurdes lagons, ou en longs périples de hautemer, ces épreuves sportives passionnent lesfoules locales. Victoire Laurent, de la DIRPF,participe régulièrement à toutes les grandescourses organisées en Polynésie française. À la tête de l’équipage Fare Ihi, elle vientd’arriver troisième, sur dix-neuf équipagesféminins, de la mythique Hawaiki Nui Va'a.

Haut les pagaies !

« embarcations traditionnelles,va’a pour les Polynésiens,mesurent 13 mètres de long.« Sur la V6, j'occupe la première place, celle du meneur,explique Victoire Laurent. J'ai déjà participé sur différentesembarcations à toutes les grandescourses ; aussi bien des coursesd’endurance (RFO, Tahiti Nui Va'a,Vahini To'a, Hawaiki Nui Va'a),que des courses de vitesse, commecelles du Heiva ou le championnatdu monde à Bora Bora, en 2002. »

D.R.

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2004 37

BLOC-NOTES

L es éditions de La Martinièreproposent un beau livre fortbien illustré, et documenté.

Les auteurs sont deux journalistesscientifiques qui n’ont pas hésité àse pencher sur le problème du climatdans toute sa complexité, mais ilsréussissent remarquablement àexpliquer tant les problèmes de la biodiversité et de son adaptationau climat que les mécanismes quiconduisent aux évolutions de cedernier.Dans une première partie, intitulée « Le climat devenu fou », les auteurscommencent par faire le bilan de ceque l’on connaît du réchauffement dela Terre (et non pas du climat,comme ils ont tendance à dire).Comme dans beaucoup d’ouvragesrécents sur les changementsclimatiques, la source principale del’inspiration est le rapport du GIEC,ce qui fait que l’on retrouve nombrede points communs entre ces livres,notamment les figures, qui, ici, sontreproduites en couleur. Les auteursont choisi d’insister sur le recul desglaciers, sans toutefois masquer le fait que celui de l’Argentière aprogressé de 400 mètres entre 1954et 1980, mais ils oublient de nousdire ce qui est arrivé depuis. Le siteWeb du LGGE indique clairement quetout ce qu’il avait regagné au coursde cette période a été reperdu depuis(il en est de même pour les autresglaciers des Alpes qui se trouvent sur ce serveur) et qu’il poursuit sadécrue. Mais ils préfèrent, ce qui estoriginal dans ce type de littérature,étudier les signes d’un changementde climat dans les évolutions de la faune et de la flore. Il remettentainsi la phénologie, qui étaitconsidérée au début du siècle commepartie de la climatologie, au goût dujour : les séries de dates des premierschants du hibou, de l’arrivée des hirondelles, de la sortie despremières perce-neige, peuventpermettre de rendre concrets les changements de climat. Ainsi lafauvette à tête noire quitte l’Europecentrale pour hiverner dans le sud de l’Angleterre et en Bretagne, alorsqu’autrefois elle affectionnait le sudde l’Espagne et l’Afrique du Nord. De même, la mante religieuse, animal méditerranéen, se rencontreactuellement en région parisienne.

Dans la deuxième partie, « Le tempsdans tous ses états », est brossée

en quelques courts chapitresl’histoire du climat de la Terre depuissa naissance, visite guidéeobligatoire dans ce genre de livres :le problème de la Terre boule deneige (la Terre a-t-elle vraiment étéentièrement couverte de glace il y a600 millions d’années?), la fin des dinosaures il y a 65 millionsd’années, les glaciations duquaternaire, l’optimum climatique, le réchauffement médiéval et le petitâge glaciaire. Ils abordent ensuite les mécanismes du climat, théorieastronomique de Milankovitch,variations de la « constantesolaire », circulation thermohaline,dont l’interruption aurait créé le Dryas récent (en pleinréchauffement, on assiste il y a onzemille ans à une reglaciation autourde l’Atlantique Nord), et l’effet de serre. Les chlorofluorocarbures et leurssuccédanés, le méthane, leséruptions volcaniques avec 1816,l’année sans été, les aérosols sontaussi des candidats pour expliquercertaines variations du climat.

La troisième partie est intitulée« Quelles solutions? ». Les auteursmontrent l’augmentation, que rien nesemble pouvoir arrêter, de l’ensembledes gaz à effet de serre, les risquesliés aux hydrates de méthane (pourlesquels il n’existe aucun scénario,alors qu’ils représenteraient ungisement égal à deux fois les réserves

Un nouveau climat

L U P O U R V O U S

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La reine des coursesMercredi 16 octobre :

plusieurs centaines departicipants prennent le départde la célèbre course Hawaiki NuiVa'a. Une première traverséemène les deux mille concurrentsd’Huahine à Raiatea sur unparcours de 28 nautiques. Le lendemain, deuxième étape,entre Raiatea et Taha’a, moinslongue avec seulement 16 nautiques à parcourir. Un véritable sprint mené par leFaahoro, le rameur situé en têtesur la pirogue, qui détermine la cadence des coups de pagaie.Le barreur, Peperu en tahitien,occupe la dernière place,guidant la pirogue uniquementgrâce à sa rame. La synchronisation des rameursest remarquable à voir,coordonnée par le capitaine del'équipe, le Raatira, qui donne lesignal ou Tare, indiquantalternativement le côté dubordage où chaque rameur doitpagayer.

Son rôle est également degérer l'influence des courants,d’intégrer les élémentsmétéorologiques ou desurveiller la forme de sonéquipage : en effet, ces coursesde haute mer peuvent s’effectuersans, ou avec, changement derameur. Les remplaçants, quisuivent la course à bord d'unbateau suiveur, se jettent à l'eauquand leurs coéquipiers leurdemandent de les remplacer enportant leurs rames au-dessus dela tête. Des changements derameurs parfois appréciéscomme lors de la dernière étapede 36 nautiques depuis Taha’ajusqu’à Bora Bora, couruevendredi 19 octobre.

Un marathon spectaculairequi fait de la Hawaiki Nui Va’a, àl’instar de la Molokai à Hawaiiou de la Outrigger Race enAustralie, un rendez-vousincontournable pour les plusgrands rameurs de la planète.Mais c’est toujours une autreépreuve qui les attire :« Actuellement, avoue VictoireLaurent, nous préparons lessélections pour les prochainschampionnats du monde qui aurontlieu à Hawaii en août 2004 ! » ■

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38 Janvier 2004 ATMOSPHÉRIQUES

BLOC NOTES

Un nouveau climat - Les enjeux duréchauffement climatiquePhilippe J. Dubois et Pierre LefèvreÉditions de La Martinière,256 pages, 38 €.

prouvées de charbon).Les solutions proposées,dont on ne comprend pastoujours si les auteurs ycroient, vont de l'extractiondu gaz carbonique et sonélimination au fond desocéans, l’ajout de fer dans le Pacifique pour y stimulerl’activité phytoplanctonique,à la reforestation, auxénergies renouvelables etaux économies d’énergie.L’histoire des négociationspour aboutir au protocole de Kyoto et lui donner uncontenu est intéressante,d’autant qu’elle débouchesur l’économie des permisd’émission de gaz carbo-nique et les distorsions quepourraient apporter les paysen transition, notamment la Russie, dont les émissionsont baissé et qui se retrouveraient (si leprotocole de Kyoto estratifié !) en possession demasses considérables depermis dont ils n’ont pasbesoin et qu’ils pourraientdonc vendre, faisant chuterles cours ; scénario quiconduirait à l’inverse de cequi était prévu, on n’auraitplus intérêt à économiser le gaz carbonique puisqu’onpeut en émettre au-delà de ses droits à bas prix.

Ce livre intéressant, destinéà tous les publics, est unebelle et intelligente idée decadeau. ■

Michel RochasInspecteur général de l’aviation

civile et de la météorologie

L UP O U R V O U S

Un seul mètre vous manque,et tout est chamboulé

Pour qui a vu « L'Anglaisqui gravit une colline etdescendit une montagne »,cette histoire rappelleraquelques souvenirs… En septembre 2001, uneexpédition menée par lesgéomètres-experts de Haute-Savoie détermine à dixcentimètres près la hauteurdu Mont Blanc : 4 810,4 m, soitdeux mètres de plus que les4 808,4 m mesurés par l'IGNen 1986. Hélas, voilà qu'il fautdéjà déchanter ! En deuxpetites années, ces deuxmètres ont disparu sous ledouble effet de l'érosionéolienne et du manque deprécipitations des six derniersmois. Avec 4 808,45 m, le toitde l'Europe ne menace plusl'Himalaya mais regardeplutôt du côté des Alpesmancelles. Il reste un espoir :le géant blanc est désormaistoisé tous les deux ans. 2005le sauvera-t-il de ladécrépitude ?

L'internet cartographiéUn projet est né en octobre

qui a pour but de carto-graphier l'Internet. Ce n'estpas la première tentative,mais celle-ci a l'esthétiquepour mérite puisquel'Internet y est représentécomme un espaceintersidéral. Un seulordinateur et une seuleconnexion suffisent àdessiner cette carte.L'initiateur de ce projetcompte mettre ce plan à jourtoutes les semaines.http://www.opte.org

L’univers depuis le fond de l’océan

La station Antarès a étéinaugurée le 18 novembre à la Seyne-sur-Mer dans le Var.Ce détecteur sous-marin àneutrinos cosmiques de hauteénergie est le seul équi-pement de ce type surl'ensemble des mers de laplanète. Début 2006, ilpermettra de sonder lemystère des premiers instantsde l'univers. Antarès permettraaussi à l'océanographie,l'écologie des grands fonds, labiochimie et la sismologie debénéficier de ses infor-mations. Ce projet met enœuvre des technologies depointe, que ce soit pour ledétecteur de particules, laconnexion sous-marine ou larécupération d'informationpar transmission optique.http://antares.in2p3.fr

De l'électricité dans l'airAvec plus d'un siècle de

retard, des enregistrements de variations du champélectrique atmosphériqueeffectués à la fin du XIXe siècleont permis une estimationprécise de la pollutionatmosphérique de l’époque.On savait alors que le champélectrique atmosphériquevariait en fonction del'altitude, du moment de lajournée et des saisons. Denombreuses mesures avaientété faites pour tenter demieux cerner ce phénomènedont on connaît désormais la cause : les particules ensuspension dans l'air. Deuxchercheurs britanniques ontretrouvé les comptes-rendus

des relevés faits à Paris dansles années 1890 par unphysicien oublié, BenjaminChauveau. Comme on s'yattendait, la pollution parparticules y était trèsinférieure à celle de Londres,mais comparable à celle qu'onrelève aujourd'hui.Le Figaro, 21 novembre 2003/Atmospheric environment Vol. 37, n° 38, décembre 2003

La Sibérie réchauffe-t-elle le monde?

En 1999, des prélèvementsont montré une forte ano-malie de concentration de gaz carbonique dans la merde Sibérie orientale : lapression de ce gaz enfoui dansl'eau y est jusqu'à dix fois plusélevée que la moyenneocéanique. La source :l'érosion du permafrost. Cela va à l'encontre del'hypothèse jusqu'ici admiseque les déchets organiques – végétaux et animaux mortsil y a de dix à soixante milleans – étaient doublementgelés : physiquement maisaussi pour leur contribution à l'effet de serre. Des calculsmontrent que les centpremiers mètres de la couchede permafrost contiennentprobablement au moins dixmille gigatonnes de carbone,soit douze fois plus de gazcarbonique que dansl'atmosphère et deux millecinq cents fois plus deméthane. L'équipe interna-tionale à l'origine de cettedécouverte poursuit sesrecherches dans cette zone la moins étudiée de l'Arctique.Nezavissimaïa gazeta/Courrier international

Revue de presse

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Antarès, vue du détecteur 0,1 km2. Image virtuelle 3D produite avec POV-ray

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En 1903 paraissait chez Gauthier-Villars le tome II de la « Théorieanalytique de la chaleur », de

Joseph Boussinesq. Cet ouvragemotivait et introduisait dès sonavertissement une hypothèse, diteaujourd’hui « approximation deBoussinesq », qui devait se révéler parla suite fondamentale pour l’étude desmouvements convectifs : « Dans laplupart des mouvements provoqués par lachaleur sur nos fluides pesants, les volumesou les densités se conservent à très peuprès, quoique la variation correspondantedu poids de l’unité de volume soitjustement la cause des phénomènes qu’ils’agit d’analyser. De là résulte la possibilitéde négliger les variations de la densité, làoù elles ne sont pas multipliées par lagravité g, tout en conservant, dans lescalculs, leur produit par celle-ci. »

L’intérêt majeur d’une telleassertion, toujours d’actualité, est que« grâce aux simplifications alors obtenues,la question, encore très difficile et presquetoujours rebelle à l’intégration, n’est plusinabordable ».

Si cette hypothèse, aujourd’huisolidement validée par la pratique,semble toujours rebelle à unejustification mathématiquerigoureuse, elle est devenue au fil duxxe siècle un véritable pilier de laphysique, de la mécanique des fluideset de la météorologie. Dans ce derniercas, elle est l’ingrédient de base del’étude et du traitement de la couchelimite de l’atmosphère (grosso modoles mille premiers mètres sur laverticale à partir de la surface

terrestre). C’est pour cette raison queMétéo-France a donné le nom deBoussinesq à son bâtiment des veineshydrauliques, implanté sur laMétéopole toulousaine.

Peu connu du public, JosephValentin Boussinesq, né près deMontpellier en 1842, mort à Paris en1929, est pourtant considéré par sespairs comme l’un des plus grandsscientifiques français. De parentscultivateurs, en partie autodidacte, il a apporté une contribution majeureà presque tous les domaines de laphysique mathématique: mécaniquedes solides et élasticité, hydro-dynamique, turbulence (dont il a été,avec Reynolds mais indépendammentde lui, l’un des pionniers), optique,thermodynamique, ondes. Enmathématiques, il a contribué à lathéorie des équations différentielles.Son œuvre théorique est considéréecomme une tentative d’explicationunifiée de l’ensemble des phénomènesphysiques dans le cadre de la physiquemathématique classique, dont ellepasse pour être l’une des dernièresmanifestations. Peu attiré par leshonneurs (il a écrit : « le savant a toutlieu d’être modeste, humble même, dansson triomphe, si péniblement obtenu »),Joseph Boussinesq a mené une viesimple et plutôt mélancolique,entièrement consacrée à la rechercheet à l’enseignement, puis solitaire etretirée sur sa fin.

Pour terminer cette brève évocationde Boussinesq dans une revue traitantde météorologie, on ne peut résister à

la tentation de rapporter cetteanecdote (certes triste pourBoussinesq, mais savoureuse quantaux rapports qu’entretiennent lesscientifiques avec les probabilités)mentionnée par le célèbremathématicien Laurent Schwartz dansson livre « Un mathématicien auxprises avec le siècle » (Odile Jacob,1997) : « Le mathématicien-mécanicienBoussinesq, grand scientifique, perditautrefois sa femme. L’enterrement, quiavait commencé par une journée trèsdégagée, se termina par une pluie battante.Tout le monde fut trempé. Il se remaria etfut veuf à nouveau. Le même phénomènemétéorologique se reproduisit lors desobsèques. Lorsque sa troisième épousemourut également, les funérailles sedéroulèrent sous un ciel qui resta au beaufixe, mais tous les universitaires qui yassistaient avaient emporté un parapluie.Émile Borel (grand manitou desprobabilités à la Sorbonne) se tourna vers Polya, mathématicien étranger qui se trouvait à ce moment-là en France,et il lui dit :– Écoutez, Polya, n’est-ce pas lamentable?Nous sommes des universitaires, nous nesommes pas superstitieux, je suisprobabiliste, je sais pertinemment qu’il nepeut exister aucun rapport entre la pluie etl’enterrement de Mme Boussinesq, etcependant j’ai apporté mon parapluie !– Pas du tout, répondit Polya, noustravaillons sur des faits scientifiques ; orc’est un fait scientifique avéré qu’il pleutsouvent à l’enterrement de la femme deBoussinesq. » ■

Gérard De Moor

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L’« approximation de Boussinesq »a cent ans

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