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NUMÉRO 13 - JUIN 2011 LE MAGAZINE M é téo antilles - guyane - saint-pierre et miquelon - la réunion - mayotte - nouvelle-calédonie - wallis et futuna polynésie - portrait - Victoire Laurent, une femme animée de passions - climat - synergie

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Web NUMÉRO 13 - JUIN 2011

LE MAGAZINEMétéo

antilles - guyane - saint-pierre et miquelon - la réunion - mayotte - nouvelle-calédonie - wallis et futunapolynésie - portrait - Victoire Laurent, une femme animée de passions - climat - synergie

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météo - le magazinepublication trimestrielle numéro 13 - juin 2011issn 1961-9200commission paritaire n° : 0911 b 07972

directeur de la publication :François Jacqdirecteur de la rédaction :Michel Assoulinerédacteur en chef :Michel Hontarrèdeadjointe au rédacteur en chef :Nathalie Hirsch

ont participé à ce numéro :Frédéric Banc, Laurent Charpentier,Lisa Garnier, Gilles Marsauche, journalistes.

Patrick Boez, Pascal Taburet, photographes.

Xavier Aubail, Brigitte Benech, Guy Boniface, Benoît Broucke, Philippe Caroff, Jean-Noël Degrace, François Gautier, Marthe Glémin, Yves Grégoris, Gérard Le Bars, Anne Leroy, Luc Maitrepierre, Victoire Laurent, Alexandre Peltier, Matthieu Plu, Témaui Tehei, Gérard Therry, Météo-France.

www.be-poles.com

imprimé sur les pressesde l’imprimerie de météo-francelabellisée imprim’vert®impression sur du papier100 % recyclé

météo-france1, quai branly, 75340 paris cedex [email protected]

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éditoCarte mondiale et de l’outre-merPrévoir le temps hors de la métropole

antilles-guyaneIgor, Earl, Tomas et les autresUne aide à Haïti

saint-pierre et miquelonMalgré Igor, la correspondance est assurée

la réunion et mayotteLa Réunion, centre spécialisé pour les cyclones tropicauxUn second radar à la RéunionLa recherche sur les cyclones tropicaux

nouVelle-calédonieet Wallis et futuna Les prévisionnistes à l’épreuve de VaniaLe « caillou vert » menacé par les feuxLa dengue, une épidémie prévisible

polynésieLa Polynésie, un archipel de climats L’île de la désolationCyclone Oli, une prévision exemplaire

portraitVictoire Laurent, une femme animée de passions

climatS’adapter aux effets du changement climatique

synergieInstitut Paul-Emile Victor. Logisticiens des pôles

culture & météoLivresFiche vent

426 32MétéoLe MAGAZINe NUMÉRO 13 - JUIN 11

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Météo - Le magazine - N°13 - 3 -

La rédaction

Océan Indien, Atlantique, Pacifique, Météo-France est présent tout autour du monde, des glaces de l’Antarctique aux tropiques. Voilà qui justifie que Météo-Le magazine consacre un numéro à ces îles lointaines.

Mais, à première vue, le sommaire a de quoi surprendre.Épidémie de dengue, feux de forêts, cyclones et ouragans, la douceur des tropiques telle que nous la vante les agences de voyage ne serait donc qu’un rêve, un argument marketing ? Bien sûr que non ! un simple coup d’œil aux données climatologiques qui parsèment ce numéro suffira à s’en convaincre. Tous les territoires d’outre-mer connaissent une température élevée toute l’année, mais sans excès grâce à l’alizé, et un ensoleillement généreux. Saint-Pierre et Miquelon échappe à la règle, mais son climat n’est pas sans charme pour autant.

Alors pourquoi un tel sommaire ?

Parce que la mission première de Météo-France est d’assurer la sécurité des personnes et des biens, d’étudier et de prévoir le meilleur comme le pire. Alors forcément, quand nous avons demandé aux directions outre-mer de l’établissement quels sujets elles voulaient voir traités, toutes avaient une histoire d’ouragan à raconter. Et Victoire Laurent, en poste à Tahiti, qui se confie dans la rubrique « Portrait », nous le rappelle : l’approche d’un phénomène aussi violent est un moment qui compte dans la carrière d’un météo.

Mais rassurons le lecteur. Hors ces quelques moments extrêmes, au cours desquels la mission de Météo-France prend toute son importance, le charme des îles tropicales est bien à la hauteur de leur réputation.

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Comment s’est développée la météorologie en outre-mer ? La connaissance de la météorolo-gie a toujours été l’un des soucis des navigateurs, des explorateurs et des colons qui s’installèrent dans ces territoires. Au 18e et 19e

siècle notamment, on se préoccupait beaucoup d’établir un lien entre météorologie et maladies tropicales. En 18511, le ministère de la Marine,

dont dépendaient les colonies, organisa le développement des services météorologiques en envoyant partout les matériels nécessaires aux observations et aux mesures. Le développement s’est donc fait parallèlement et approximativement aux mêmes dates qu’en métropole. De cette époque, la banque de données climatologiques de Météo-France

garde quelques séries de mesures – température, précipitations, pres-sion atmosphérique… – débutant vers 1891. On espère remonter encore plus loin. Un travail important de recherche, de numérisation, de contrôle et de correction de ces données anciennes est en cours pour constituer les « longues séries » dont l’étude du changement climatique a tant besoin.

Propos de Gérard Le Bars, directeur délégué pour l’outre-mer,Recueillis par Lisa Garnier

2,5 millions de Français vivent et travaillent en outre-mer, dans quantités d’îles plus ou moins grandes, réparties sur un espace considérable. L’activité économique de ces territoires, et parfois même le ravitaillement et la santé des populations, dépendent du trafic aérien et maritime. Celui-ci doit être maintenu coûte que coûte, malgré des conditions météorologiques parfois très violentes. Ceci explique en partie la présence de Météo-France dans tous ces territoires. Gérard Le Bars, directeur délégué pour l’outre-mer de Météo-France, nous précise les particularités des services de la météorologie ultra-marine.

Propos de Gérard Le Bars, directeur délégué pour l’outre-mer,

2,5 millions de Français vivent et travaillent en outre-mer, dans quantités d’îles

Prévoir le temps hors de la métropole

1_ Îles Gambier.2_ Arrivée de Bougainville

à Tahiti en 1768. Brenet*, Albert (1903-2005) 1960

© musée national de la Marine/P. Dantec

© Adagp, Paris 2011

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Il n’y a pas de différence de moyens entre métropole et outre-mer. On mesure les mêmes paramètres avec les mêmes méthodes, les mêmes instruments.

3_ Truck dans la montéedu belvédère à Moorea.© Météo-France/Yves Grégoris

Puis le service météorologique d’outre-mer va évoluer avec une spécificité. Le Service météo-rologique colonial, créé en 1929, a en charge la surveillance non seulement de l’atmosphère mais aussi de tout ce qui touche aux éruptions volcaniques, séismes et raz-de-marée, fréquents et violents en ces lieux.

Enfin, en 1945, est créée la Météorologie nationale qui unifie les services de métropole et d’outre-mer. Le développement de la météorologie est alors très lié à celui de l’aéronautique. Ce lien est particulièrement fort outre-mer où l’aviation est devenu un élément de continuité territoriale. En Polynésie, plusieurs dizaines d’îles sont étalées sur un territoire aussi grand que l’Europe. À Saint- Pierre et Miquelon, dans les années 30, le ministère de l’Air envisage même d’implanter une station importante chargée d’assurer la protection des lignes aériennes Europe /Amérique du nord. Même dans les îles australes de Crozet, Amsterdam et Kerguelen, les stations de mesures situées ont été installées initialement pour répondre aux besoins de l’aéro- nautique.

Le métier de météorologiste est-il différent outre-mer ? L’observation du temps notamment utilise-t-elle les mêmes moyens qu’en métropole ?Il n’y a pas de différence de moyens entre métropole et outre-mer. On mesure les mêmes paramètres avec les mêmes méthodes, les mêmes instruments. Ce qui carac-térise l’outre-mer, ce sont plutôt les postes de travail isolés : atolls du Pacifique, villages au cœur de la Guyane, missions scientifiques dans les Terres australes et an- tarctiques françaises. L’exemple le plus emblématique est sans doute celui de Tromelin, petit îlot au nord de la Réunion, difficile d’accès, où quatre météorologistes se sont relayés, vivant en total isolement. Mais on peut presque parler au passé de cette caractéris-tique, car nous avons automatisé

un grand nombre de mesures. Des stations au sol informatisées mesurent et transmettent en temps réel les paramètres météo. Il n’y a plus besoin d’observateur, ni d’opérateur radio. Le radioson-dage de Tromelin sera transféré à la Réunion cette année, celui de Crozet, île de l’océan Indien austral, est arrêté. Car les satellites à orbite polaire (satellites volant assez bas, à 800 km d’altitude) se sont multipliés. Ils sont équipés de capteurs permettant d’obtenir des « profils verticaux » de l’atmos-phère (température, humidité, pression à différents niveaux). Ces données, aujourd’hui prises en compte par les modèles de prévision du temps, ont permis des avancées significatives dans la qualité de la prévision. Sans remplacer totalement les radioson-dages depuis le sol, ces satellites permettent de réduire leur densité.

Les satellites défilants sont com-plétés par d’autres dits « géosta-tionnaires ». Positionnés à environ 36 000 km au dessus de l’équateur et en position apparente fixe par rapport à la planète, ils fournissent des informations visuelles tous les quarts d’heure pour les dernières générations. Grâce à eux, nous visualisons très précisément les phénomènes dangereux des régions tropicales et aucun cyclone en formation ne peut plus nous échapper.

La prévision du temps est-elle différente en outre-mer ? Cela dépend des territoires mais dans les régions tropicales, c’est généralement plus compliqué qu’aux latitudes tempérées. Comme en métropole, une de nos missions de base est de prévoir les phénomènes dangereux. On pense immédiatement aux cyclones mais, paradoxalement, sur les territoires français d’outre-mer, ces derniers occasionnent surtout des dégâts

matériels, faisant peu de victimes. Les cyclones sont détectés généralement plusieurs jours à l’avance. La population est avertie à temps et, comme elle connait bien le risque, toutes les mesures sont prises pour se protéger. En revanche, des précipitations très importantes peuvent se produire en dehors de phénomènes cyclo-niques. Ce sont des phénomènes de convection, des orages qui se renouvellent sur place, capables de « relâcher » des quantités d’eau ahurissantes. En 2010, 700 mm d’eau sont tombés en 24 heures sur la Polynésie ; ce qui correspond à la quantité d’eau de pluie annuelle à Paris ! S’agissant de phénomènes à développement rapide, sur place, ils sont plus difficiles à prévoir. Mais les choses évoluent grâce aux nouveaux systèmes techniques d’observation de la Terre : les satellites, dont j’ai déjà parlé, mais aussi les radars d’observation météorologiques qui permettent un suivi précis de ces systèmes à fortes précipitations.

Les modèles de prévision du temps aussi s’améliorent. Les centres Météo-France outre-mer bénéficient tous maintenant des prévisions du modèle à maille fine Aladin.

Autant d’outils en constante amélioration nous permettant de remplir nos missions au même titre qu’en métropole : surveiller l’état de l’atmosphère, assurer la sécurité des personnes et des biens, satisfaire les besoins des autorités, de la défense nationale et de l’aéronautique en matière de météorologie, assurer des missions de recherche…

1. Voir l’article Le service météorologique

colonial, Pierre Duvergé, La météorologie,

8e série, numéro spécial, avril 1995.

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www.meteo.gpwww.meteo.gp

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ANTILLESGÉoGrAPHiEGuadeloupe et Iles du Nord : L’archipel guadeloupéen comprend cinq groupes d’îles : Marie-Galante (158 km²), les Saintes (14 km²), la Désirade (22 km²) et la Guadeloupe (1 438 km²). La Guadeloupe, la plus grande île des Antilles françaises, est elle-même composée de Basse-Terre à l’ouest et de Grande-Terre à l’est, séparées

par un étroit canal, la Rivière Salée. Elle est dominée par le volcan de la Soufrière.Deux cent cinquante kilomètres plus au nord, se trouvent les îles de Saint-Barthélémy (25 km² avec ses îlets) et Saint-Martin (86 km² dont 53 km² pour la partie française).

MartiniqueAvec une superficie de 1 128 km2, la Martinique est l’un des pluspetits départements français. On y trouve deux types de paysages : d’une part, dans l’est et le sud-est, un relief érodé ne dépassant par 500 m d’altitude ; d’autre part, dans le nord-ouest, des sommets vigoureux correspondant à une activité volcanique récente avec les Pitons du Carbet (1 196 m) et la Montagne Pelée (1 397 m). Cette dernière est un volcan toujours en activité et figure parmi les volcans les plus surveillés au monde. Sa dernière éruption

remonte aux années 1930. Elle suivait l’éruption catastrophique de 1902 qui détruisit la ville de Saint-Pierre.Les côtes s’étendent sur 350 km en une succession de plages et de falaises. À l’est, la côte est souvent protégée par des récifs coralliens que l’on ne trouve pas côté Caraïbe. Comme en Guadeloupe, la végétation est variée en liaison avec l’exposition et l’hygrométrie : sud de l’île assez sec; forêt tropicale humide au nord et sur les reliefs, qui sont aussi le lieu de la culture des bananes et des ananas.

Martinique

CLiMATLe climat de ces îles est de type tropical maritime. Elles sont situées sur le parcours des vents alizés d’est qui soufflent régulièrement au sud de la ceinture anticyclonique tropicale. Au cours de son trajet océanique, l’air se charge d’humidité et de chaleur à partir de l’océan tropical. La proximité de la zone de convergence intertropicale (ZCIT), le passage d’un cyclone, peuvent engendrer des précipitations importantes, localement renforcées par le relief. Le cycle saisonnier des températures est peu marqué surtout en zone côtière.

Les îles connaissent : Une saison sèche, dite « carême », de mi-janvier à mars. Une saison des pluies de juillet à novembre.

C’est aussi la saison des cyclones. Deux saisons intermédiaires aux caractéristiques moins

marquées, mais pouvant connaître des épisodes pluvieux importants, encadrent les précédentes.

Le recensement des trajectoires des cyclones passés montre

que la Guadeloupe, et plus encore les Îles du Nord, sont plus fréquemment affectées que la Martinique.

QuELQuELQuELQ ES PArTrTr iCuLAriTÉS

Guadeloupe.Le plateau calcaire de la Grande-Terre et les îles connaissent régulièrement des épisodes de sécheresse. En Basse-Terre, le relief, perpendiculaire au flux des alizés, régule le régime des pluies. Les sommets de la Soufrière reçoivent des hauteurs de pluies très importantes, voisines de 10 m en moyenne.

Martinique.Sous le vent, protégée par l’effet de foehn, la côte caraïbe connaît de faibles précipitations. Quant aux parties basses comme l’extrême sud de la Martinique, elles sont aussi nettement moins arrosées. Ainsi, la presqu’île de la Caravelle enregistre en moyenne moins d’un mètre de pluie par an, contre 5 m sur les reliefs de la Montagne Pelée et des Pitons du Carbet.

MÉTÉo-FrANCE Les premières mesures météorologiques disponibles sont celles Les premières mesures météorologiques disponibles sont celles

de Camp Jacde Camp Jacob en 1890 en Guadeloupe et de Saint-Pierre (Hôpital de la Marine) en 1830 en Martinique. Au XXe siècle,le réseau se développe, principalement pour les besoins de l’agriculture. En 1929, la création du Service météorologique colonial donne une impulsion à l’activité météorologique.

Aujourd’hui, le Service régional de Guadeloupe est installé Aujourd’hui, le Service régional de Guadeloupe est installéau Raizet, prau Raizet, près de l’aéroport, et celui de Martinique près de l’aéroport du Lamentin. Les deux services régionaux assurent,

pour leur territoire respectif, la collecte des données, la prévision et les études climatologiques.

Le Raizet effectue des radiosondages quotidiens. Le Raizet effectue des radiosondages quotidiens.Les deux servicLes deux services exploitent un radar météorologique pour la détection des précipitations.

Enfin, la Direction interrégionale est installée à Fort-de-France Enfin, la Direction interrégionale est installée à Fort-de-Francesur lsur le Morne Desaix. Elle assure la gestion coordonnée des services des Antilles et de la Guyane.

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GUYANEGÉoGrAPHiESituée entre le Brésil et le Surinam, la Guyane française s’étend sur une surface de 86 504 km2, soit environ un sixième de cellede la France métropolitaine. Elle comprend une zone côtière et des plateaux et monts dans l’arrière pays où l’altitude atteint 830 mètres.La Guyane française est limitée : au nord, par la côte qui, dans son ensemble, est plate au nord, par la côte qui, dans son ensemble, est plate

et maret marécageuse et formée de terrains sédimentaires récents ;

à l’est, par le fleuve Oyapock, entre la Guyane et le Brésil à l’est, par le fleuve Oyapock, entre la Guyane et le Brésil ; à l’ouest, par le fleuve Maroni, séparant la Guyane du Surinam à l’ouest, par le fleuve Maroni, séparant la Guyane du Surinam à l’ouest, par le fleuve Maroni, séparant la Guyane du Surinam à l’ouest, par le fleuve Maroni, séparant la Guyane du Surinam; au sud, par la frontière avec le Brésil, matérialisée par la ligne au sud, par la frontière avec le Brésil, matérialisée par la ligne au sud, par la frontière avec le Brésil, matérialisée par la ligne au sud, par la frontière avec le Brésil, matérialisée par la ligne

de partde partage des eaux avec le bassin de l’Amazone.

La forêt amazonienne recouvre 90 % de sa surface. La Guyane possède 300 km de côtes, 520 km de frontières avec le Surinam et 700 km de frontières avec le Brésil

CLiMATLa proximité de l’équateur conditionne le climat guyanais. Les températures varient peu, que ce soit entre le jour et la nuit ou au cours de l’année. Cette stabilité est encore renforcée par la présence de l’océan Atlantique. Les minimales moyennes varient de 21,7 °C à Saint-Georges de l’Oyapock à 23,1 °C à Kourou et les maximales de 29,9 °C à Kourou à 31,8 °C à Maripasoula.La zone de convergence intertropicale (ZCIT), zone de forte activité convective liée à la convergence des alizés de l’hémisphère nord et de l’hémisphère sud, traverse deux fois par an la Guyane, définissant les saisons des pluies.Ainsi, on distingue quatre saisons en fonction de la position de la ZCIT :

La petite saison des pluies de fin novembre à fin février(la ZCIT traverse la Guyane en descendant vers le Sud).

Le petit été de mars (la ZCIT est au Sud de la Guyane). La grande saison des pluies d’avril à juin

(la ZCIT est au voisinage de la Guyane). La saison sèche de juillet à mi-novembre (la ZCIT

est sur l’océan Atlantique au Nord de la Guyane française).

Les limites saisonnières sont ici des moyennes climatologiques et peuvent varier d’année en année, toujours selon les mouvements de la ZCIT.La pluviométrie annuelle moyenne varie de 3 600 mm au nord-est à moins de 2 400 mm au sud-est. La proximité de l’équateur induit également l’absence de cyclones tropicaux (à l’équateur la force de Coriolis, à l’origine des mouve-ments tourbillonnaires, est nulle). Néanmoins la Guyane n’est pas à l’abri de phénomènes météorologiques et hydrométéorologiques marquants :

fortes pluies qui peuvent provoquer des glissementsde terrains et des crues lentes des fleuves guyanais ;

houles atlantiques de nord qui peuvent provoquerune érosion littorale ;

sécheresses.Le régime des pluies est sensible au phénomène El Niño/Oscillation australe du Pacifique central et oriental. Les épisodes chauds (El Niño) donnent lieu généralement à des années sèches (et chaudes) et les épisodes froids à des années humides.

MÉTÉo-FrANCE L’organisation du réseau de mesure en Guyane française s’est faite L’organisation du réseau de mesure en Guyane française s’est faite

après la seconde guerre mondiale. Les premières mesures dispo- près la seconde guerre mondiale. Les premières mesures dispo- nibles remontent à mai 1946 à Rochambeau sur le site de l’aéroport.

Rochambeau est toujours aujourd’hui le siège du Service régional Rochambeau est toujours aujourd’hui le siège du Service régionalmétéormétéorologique de Guyane et effectue l’observation, la collecte et l’archivage des données ainsi que la prévision et les études climatologiques.

Neuf stations automatiques temps réel et vingt neuf postes Neuf stations automatiques temps réel et vingt neuf postesclimatclimatologiques constituent le réseau d’observation en Guyane. Certains postes sont isolés car inaccessibles par la route.

Des trajets de plusieurs jours en pirogue sont nécessaires pour les visiter.

Une station de radiosondage (mesures dans la haute atmosphère) Une station de radiosondage (mesures dans la haute atmosphère)esest installée à Rochambeau et effectue deux sondages par ballon par jour. par jour. par jour

Météo-France collabore également activement avec le Centre Météo-France collabore également activement avec le Centrespatial guyspatial guyanais de Kourou, établissement du CNES : détachement de 3 ingénieurs des travaux, exploitation conjointe d’un radar précipitations, mise à disposition d’informations et de systèmes, radiosondages spécifiques…

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Pendant toute cette période, six cyclonesont affecté d’une manière ou d’une autre l’arc antillais, des Iles Vierges à Saint-Vincent, donnant des passages pluvieux notables, ou provoquant l’arrivée de trains de fortes houles sur les côtes. Igor, sans nul doute le plus puissant spécimende la saison, a ainsi généré des vagues atteignant 8 m de hauteur (Hmax) sur le nord de la Guadeloupe.

Mais, si l’on considère l’impact sur les Petites Antilles, en 2010, Earl et Tomas ont été les ouragans les plus remarquables.

Le premier, Earl, appartient au type « capverdien ».Le 23 août, une masse nuageuse en provenance d’Afrique s’organise et, le 25, le mouvement tourbillonnaire devient tempête tropicale au sud-ouest des îles du Cap-Vert. Earl est né. Le dimanche 29 août, Earl atteint le stade d’ouragan. Il s’amplifie et entre dans la catégorie 3 en passant le matin du 30 au nord des îles du Nord (Saint-Martin et Saint-Barthélémy). Ce même jour, le vent souffle à 170 km/h en rafales à Gustavia (Saint-Barthélémy), les vagues dépassent 6 m et le port est submergé par la houle. Les deux-tiers de la partie française de Saint-Martin sont privés d’électricité et la totalité privée d’eau, routes et quartiers sont inondés, des toits sont arrachés.En Guadeloupe, de violents orages se produisent le dimanche 29 après-midi et la nuit suivante, avec des précipitations comprises entre 100 et 170 mm.

Puis Earl s’éloigne, tout en se renforçant pour atteindre le stade d’ouragan de classe 4. Il entraînera la disparition de 5 personnes sur les côtes américaines (New Jersey, Maine et Nouvelle Ecosse), en fin de période.Le développement et la trajectoire de ce système ont été bien anticipés par les modèles de prévision, y compris, pour certains, alors qu’il évoluait encore sur les terres africaines. Il a bien sûr fallu affiner localement la trajectoire, et ce n’est que le jeudi 26 qu’une menace directe des Iles du Nord s’est confirmée. Dès le vendredi 27 août au matin, Météo-France a émis des messages annonçant le passage du cyclone au nord des îles du Nord pour le dimanche 29. Au plus près du phénomène, l’alerte est montée à la vigilance cyclonique maximale (violet) sur les îles françaises de Saint-Martin et Saint-Barthélemy et à la vigilance orange « Mer et vents forts, orage et forte pluie » sur la Guadeloupe.

Tomas présente en revanche un profil et un niveaude prédictibilité bien différents. Il est issu lui aussi d’une masse nuageuse qui a quitté les côtes africaines le 24 octobre. Mais il fait durer le suspens quant à son évolution. Il lui faut quatre jours pour se développer et former une dépression tropicale (nuit du 28 au 29 octobre). Le phénomène est alors aux portes sud des Petites Antilles, à 310 milles au sud-est de Barbade, d’où l’appellation de « cyclone barbadien » qu’on lui attribue.

Brigitte Benech.Météo-France/DIRAG

une Niña ne cessant de s’affirmer, des températures de la mer supérieures de 2 °C à la normale sur l’Atlantique tropical, la saison cyclonique 2010 sur l’Atlantique nord était annoncée active. Elle le fut : 19 phénomènes ont atteint le stade de tempête tropicale et ont donc été baptisés ; 12 d’entre eux ont atteint le stade d’ouragan. Selon les archives du National Hurricane Center, pour une saison cyclonique dite normale, la moyenne des dépressions nommées est de 11, dont 6 ouragans.

1_ L’ouragan Earl, au nord des îles Vierges, photographié depuis

la station orbitale ISS le 30 août 2010.2_ Earl effleurant les côtes de Caroline

du Nord (USA) le 2 septembre 2010. Il a toutes les caractéristiques

d’un ouragan puissant : masse nuageuse importante, prolongée

par des bras spiralés, et un œil bien visible.

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Le 29 à 14 h locale, il est déclaré tempête tropicale. Au petit matin du samedi 30 octobre, il passe sur le sud de la Barbade. Dans la matinée du 30, à 170 km au sud-est de la Martinique, il s’intensifie rapidement et passe au stade d’ouragan de catégorie 1. Tomas est un des rares exemples de cyclone à avoir atteint le stade d’ouragan en à peine plus d’un jour d’existence. Le samedi 30 en mi-journée, Tomas est à l’est de Saint-Vincent. Pendant plusieurs heures, il ralentit sa progression, comme freiné par le relief. Vers 18 h locales, il franchit l’île et reprend sa route vers l’ouest nord-ouest.

Durant cette période, la zone de vents forts maxi-mum intéresse l’île de Sainte-Lucie (rafales 150 à 200 km/h) qui déplore 8 décès et connait de gros dégâts : coulées de boue, nombreux bâtiments emportés, routes détruites, un secteur agricole particulièrement touché. Les cumuls de pluie relevés sont compris entre 400 et 670 mm. Barbade et Saint-Vincent sont moins affectées.

À ce moment-là, l’ouragan est au plus près de la Martinique, 130 km. Mais l’île française reste en dehors du cercle des vents atteignant la force ouragan (rayon évalué à 65 km). L’île subit des rafales de l’ordre de 100 à 110 km/h, davantage sur certains reliefs particulièrement exposés (150/170 km/h au Morne des Cadets, à 500 m d’altitude). Fait remarquable, ces vents forts vont persister de la mi-journée de samedi à la deuxième partie de nuit, en liaison avec le lent déplacement

du cyclone. Les précipitations les plus importantes ont été recueillies sur le sud de l’île et sur les hauteurs de Fort-de-France : elles varient entre 160 et 220 mm en 24 heures. Puis Tomas culmine au stade d’ouragande classe 2, juste après avoir quitté les Petites Antilles. Les pluies associées feront encore35 morts à Haïti le 5 novembre.

D’un point de vue météorologique, Tomas cumule les difficultés. Il se creuse très rapidement, en un jour pas plus, et, en outre, tout près des Antilles. Aucun modèle de prévision ne l’a vu venir. Il a donc été impossible d’alerter les populations plusieurs jours à l’avance comme nous le faisons fréquemment maintenant. En fait, la mise en alerte des populations (vigilance jaune puis orange sur la Martinique) a lieu 18 à 24 heures avant la manifestation des phénomènes liés à cet ouragan. Fait aggravant, Tomas, dernier cyclone de la saison 2010, est le seul cas connu de développement si tardif sur le sud des petites Antilles. Autant dire que les populations n’étaient plus vraiment préparées à l’accueillir. Ainsi, en Martinique, le passage en vigilance orange cyclonique n’a pas semblé avoir l’impact que l’on aurait pu attendre. En ce samedi matin précédant la Toussaint, beaucoup de gens arpentaient encore les zones commerciales… jusqu’à ce que le vent se renforce sensiblement en mi-journée et provoque inquiétudes et questionnements. Une emphase supérieure aurait du être donnée à la communication. La leçon a été tirée.

1_ Trajectoires des ouragans Earl,Igor et Tomas, de leur formation

à leur disparition.Earl : du 25 août au 5 septembre 2010

Igor : du 8 au 21 septembre 2010Igor : du 8 au 21 septembre 2010IgorTomas : du 29 octobre 8 novembre 2010Tomas : du 29 octobre 8 novembre 2010Tomas2_ Ouragan Tomas vu par le satellite Terra le 30 octobre 2010 en matinée. On distingue bien l’oeil de l’ouragan entre les îles Barbade et Saint-Vincent.

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Onde trOpicale, Onde trOpicale fOrte :Zone perturbée des régions tropicales, liée à un axe de basse pression (talweg), sans circulation fermée en surface.

cyclOne trOpical :En Atlantique nord, terme générique pour désigner une zone de basse pression des régions intertropicales, au sein de laquelle se développe une circulation « fermée » en surface dans le sens antihoraire. Selon l’intensité des vents générés, le cyclone tropical est classé en :Dépression tropicale :vitesse du vent (vitesse maximale soutenue sur une minute) inférieure à 34 nœuds (63 km/h) ;

tempête tropicaleVitesse du vent comprise entre 34 nœuds (63 km/h) et 63 nœuds (117 km/h), soit force 8 à 11 Beaufort. Le National Hurricane Center (NHC) de Miami, Centre météorologique régional spécialisé responsable de la zone, baptise les phénomènes dès qu’ils atteignent le stade de tempête tropicale selon une liste annuelle préétablie.ouraganVitesse du vent supérieure ou égale à 64 nœuds (118 km/h), soit force 12 Beaufort. Les ouragans sont classés en 5 catégories selon la force du vent, l’amplitude de la marée de tempête et les dégâts à envisager (classification Saffir-Simpson). À partir de la classe 3, ils sont qualifiés de « majeurs ».

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Ces destructions et la désorganisation de l’État rendent la population encore plus vulnérable que par le passé face aux risques d’inondations et de glissements de terrain engendrés par les fortes pluies et les cyclones tropicaux. Afin que le Centre national de météorologie d’Haïti (CNM), manquant déjà de moyens avant la catastrophe, puisse assurer au mieux sa mission de sécurité des personnes et des biens et l’assistance à la relance de l’économie, l’aide internationale (France, Canada, USA, République Dominicaine, …) s’est mobilisée avec le soutien de l’Organisation météorologique mondiale.

Dans un premier temps, des bureaux ont été installés, meublés et équipés (informatique, bureautique, connexion Internet, secours électrique, climatisation) sur le site de l’aéroport de Port-au-Prince grâce à la collaboration de l’Office national de l’aviation civile, au financement du Medef-Martinique, à l’envoi de matériel depuis le Canada ; la coordination était assurée par la Direction interré-gionale Antilles-Guyane (DIRAG) de Météo-France. Météo-France a également développé un site internet spécifique, à destination des prévisionnistes haïtiens, leur permettant de visualiser les docu-ments techniques élaborés au centre de prévision de la Martinique.

UNE AIDE À HAïTIJean-Noël Degrace / Météo-France/DIRAG

Le 12 janvier 2010, un séisme affecte terriblement Haïti. La violence des secousses (magnitude de 7,3) dont l’épicentre n’est qu’à 25 km

de la capitale Port-au-Prince est la cause d’un lourd bilan : 230 000 morts, 1,2 million de sans-abri, nombre d’habitations et de bâtiments officiels effondrés.

Le Centre national de météorologie et le Service national des ressources en eau doivent abandonner leurs locaux, détruits ou jugés dangereux.

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Mais les deux prévisionnistes du centre d’Haïti étant bien seuls pour assurer leur mission, un soutien a été organisé depuis Météo-France. Le service de prévision de la Martinique accueille dans ses locaux, depuis juin 2010, un prévisionniste étranger, détaché par le service météorologique canadien ou par le Met Office britannique. Se relayant tous les mois, ces prévisionnistes ont pour tâche d’épauler en temps réel leurs collègues haïtiens. Ils doivent tout d’abord se familiariser avec les outils de travail mis à leur disposition (système de visualisation des données Synergie de Météo-France, système Flash Flood Guidance de la NOAA pour la prévision des crues éclair, modèle local du Caribbean Institute for Meteorology and Hydrology), et parfois même avec la météorologie tropicale bien différente de ce qu’ils connaissent au quotidien. Le prévisionniste de soutien produit des prévisions pour Haïti jusqu’à J+5 sous formes de cartes, de météogrammes et de bulletins. Il est en relation quotidienne, par internet et par téléphone, avec le prévisionniste haïtien qui, sur place, est mieux à même d’apprécier la situation et la pertinence d’une alerte.

Pour mettre l’information à la disposition du public, Environnement Canada, en coordination avec Météo-France, a développé un site web public de la météo en Haïti (http://www.meteo-haiti.gouv.ht).

On y trouve les produits graphiques issus de Martinique mais aussi les informations de vigilance et d’alertes, les bulletins de prévisions du Centre national météorologie d’Haïti, les dernières observations ainsi que les images satellites grâce au soutien de la NOAA.

D’autre part, cinq observa-teurs sont actuellement en formation à l’École natio-nale de la météorologie, à Toulouse, pour une année, afin d’acquérir les connais-sances de base nécessaires au travail de prévisionniste.

Ils seront en stage pratique aux Antilles en juillet 2011 et pourraient intégrer le programme de rotation des « prévisionnistes visiteurs » dès le mois d’août. La poursuite d’un plan de formation plus complet est actuellement à l’étude.

Pour cette année, l’objectif est de donner à la météorologie haïtienne les premiers éléments d’une autonomie en termes d’observations, de prévisions et de production. Cela passe par l’installation de 6 stations météorologiques automatiques à Haïti et par la fourni-ture d’outils lui permettant d’assurer la prévision et sa diffusion.En attendant, le soutien depuis la Martinique est très apprécié. Le personnel du service météorologique haïtien ne manque pas une occasion de manifester sa satisfaction. Le soutien se prolongera jusqu’en novembre 2011, dans un contexte de saison cyclonique prévue à nouveau assez active.

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Se relayant tous les mois, ces prévisionnistes ont pour tâche d’épauler en temps réel

leurs collègues haïtiens.

1_ Météorologistes haïtiens en formation à l’École nationale de la météorologie, Toulouse. 2_ Bureaux des météorologistes haïtiens installés sur l’aéroport de Port-au-Prince grâce à l’aide de l’Office national de l’aviation civile, du Medef/Martinique, de Météo-France, d’Environnement Canada, du Programme des Nations unies pour le développement et de l’Organisation météorologique mondiale.

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SAINT-PIERREET MIQUELONGÉoGrAPHiE Par 47°N et 56°W, à une vingtaine de kilomètres des côtes de Terre-Neuve, l’archipel compte trois îles principales : Saint-Pierre, la plus petite et la plus peuplée (26 km² et 5 700 habitants),

Miquelon (110 km2 et 640 habitants), et Langlade, quasiment inhabitée (91 km2). Miquelon et Langlade sont reliées parun isthme de sable.

CLiMATBien qu’à la même latitude que Nantes, le climat saint-pierrais ressemble plus à celui de l’Islande ou de la Norvège. La température moyenne mensuelle varie de -3,6 °C en février à 15,7 °C en août. Les températures hivernales sont moins basses que sur le continent américain mais la sensation de froid est fortement accentuée par le vent. Balayé par les perturbations qui circulent rapidement d’ouest en est, l’archipel connaît 156 jours de vent violent par an, principalement d’octobre à avril. L’hiver se prolonge ensuite par un printemps généralement froid et humide.La durée d’insolation relativement peu importante (1427 heures par an) s’explique par la forte nébulosité observée en toutes saisons,

ainsi que par les brouillards particulièrement fréquents en juin et juillet. Il n’est pas rare, particulièrement en juillet, de rester plusieurs jours de suite sans apercevoir le soleil. Les précipitations sont importantes (1312 mm par an) et bien réparties dans l’année, avec toutefois un maximum en automne. On peut considérer qu’il y a, en moyenne, un jour de précipitations sur 2. Les quantités de neige sont très variables d’une année sur l’autre.L’archipel est également concerné, principalement d’août à octobre, par le passage d’ex-cyclones tropicaux. Les plus violents de ces dernières années ayant été Igor (21 septembre 2010) et Florence (13 septembre 2006).

MÉTÉo-FrANCEMétéo-France est présent à Saint-Pierre depuis 1932, mais le service de climatologie dispose de données remontant à 1915. Aujourd’hui, l’antenne locale de Météo-France à Saint-Pierre et Miquelon est située sur l’aéroport de Saint-Pierre Pointe Blanche. L’équipement météorologique se limite à deux stations automatiques de mesures au sol : l’une à Saint-Pierre, sur l’aéroport au sud de la ville, l’autre à Miquelon, sur l’aérodrome au sud du village. Les activités sur l’archipel étant très dépendantes des conditions météorologiques, Saint-Pierrais et Miquelonnais attendent beaucoup de Météo-France. Observations et prévisions

météorologiques sont particulièrement sollicitées pour : les liaisons aériennes inter-îles et internationales, les liaisons aériennes inter-îles et internationales,

fret et passagers, régulières ou non (évacuations sanitaires). les activités maritimes : pêche, desserte passager inter-îles les activités maritimes : pêche, desserte passager inter-îles

ou vou vers Fortune (un port canadien sur Terre-Neuve), ravitaillement en fret de l’archipel…

la viabilité routière et autres infrastructures. la viabilité routière et autres infrastructures. Le bâtiment et les travaux publics, une problématique Le bâtiment et les travaux publics, une problématique Le bâtiment et les travaux publics, une problématique Le bâtiment et les travaux publics, une problématique

exacerbée par la rigueur hivernale qui stoppe toute activité xacerbée par la rigueur hivernale qui stoppe toute activité extérieure entre janvier et avril.

www.meteospm.orgwww.meteospm.orgwww.meteospm.orgwww.meteospm.orgwww.meteospm.orgwww.meteospm.org

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Ce lundi 20 septembre 2010, c’est doncconfirmé : l’ouragan Igor menace directement l’archipel. Les premiers bulletins Amphi (Alerte Météorologique aux Phénomènes Intenses) et Alerte DE sont diffusés à destination de la préfecture, de la Direction de l’Équipement, et de la capitainerie du port de Saint-Pierre. Vents forts, fortes précipita-tions et forte houle sont prévus pour la nuit et le lendemain. Les bulletins marine sont suffisamment alarmistes pour dissuader tout capitaine de prendre la mer et les deux rotations du navire à passagers assurant la liaison avec Miquelon sont d’ores et déjà annulées.

Le lendemain, le prévisionniste est là dès 5 h, en avance ; une journée chargée l’attend. Les bulletins sont réactualisés. Contact avec la préfecture. Annulation confirmée pour les deux vols d’Air Saint-Pierre prévus sur Miquelon.À 8 h 30, la tempête est au plus fort de son intensité et les rafales dépassent les 140 km/h.

La pluie « tombe » strictement à l’horizontal!Le prévisionniste s’accorde une pause café d’autant plus méritée que c’est son premier sérieux coup de tabac à gérer depuis son arrivée sur l’archipel quelques semaines plus tôt.

Vers midi, Igor commence à s’éloigner de l’archipel. Jusqu’à présent, il était classé « cyclone tropical de catégorie 1 » par le Centre météorologique régional spécialisé (CMRS) de Miami. C’est seulement là, par 45°N, que Miami le déclasse en dépression extra-tropicale.

En survolant des eaux de plus en plus froides, l’ouragan s’est affaibli. Il a aussi perdu ses caractéristiques « tropicales » (masse nuageuse circulaire, avec souvent un œil de ciel clair au centre) pour se transformer en une tempête des latitudes tempérées : masse nuageuse plus large, dissymétrique (plus étendue vers le sud que vers le nord) ;vent moins violent au centre…

À 13 h, concertation entre le prévisionniste et le pilote d’Air Saint-Pierre chargé du vol de Montréal, lequel assure la correspondance avec le vol Air France qui arrive de métropole. Prenant en compte nos prévisions d’heure de fin de pluie et de vitesse du vent, le pilote décide de décoller à 16 h, avec une heure de retard sur l’horaire théorique.

À l’heure dite, l’ATR42 d’Air Saint-Pierre s’envole pour Montréal. Comme prévu, la piste est sèche depuis quelques minutes et le vent souffle à 55 nœuds de plein travers.Peu de temps après, les journalistes radio et télé de SPM 1ère sont là, en reportagepour les infos du soir.

Enfin, à 21h 30, le collègue d’astreinte nocturne accueille l’ATR 42. De retour de Montréal, il est pile à l’heure. Malgré les conditions météo, la correspondance avec Air France a bien eu lieu.

Port de Saint-Pierre pendant l’ouragan Igor.

MALGrÉ iGor,la correspondance est assurée

Depuis plusieurs jours, on l’attendait. L’ouragan Igor était en route. Né comme beaucoup de ses congénères près des îles du Cap-Vert, il a grandi en faisant cap à l’ouest, menacé un temps les Antilles, puis arrondi sa route pour suivre, loin au large, la côte des USA.

François gautier. Météo-France.

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Images de Saint-Pierre et Miquelon© Météo-France / Patrick Boez

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LA RÉUNIONGÉoGrAPHiE Située dans l’océan Indien, à 800 km à l’est de Madagascar, l’île de la Réunion constitue, avec les îles Maurice et Rodrigues, l’archipel des Mascareignes. Française depuis 1638, la Réunion est devenue département français en 1946.

Bordée par 210 km de côtes dont seulement 39 km de plages dans l’ouest, l’île n’offre pratiquement pas d’abri naturel pour la navigation, hormis la baie de Saint-Paul. La Réunion est constituée de deux ensembles volcaniques. Dans la partie nord-ouest, le Piton des Neiges (3 070 m) domine les trois cirques de Cilaos, Salazie et Mafate qui l’enserrent. Ce dernier, où vivent 700 habitants, est

inaccessible en voiture. Ils sont le résultat de l’effondrement et de l’érosion des flancs de l’ancien volcan. Au sud-est, le Piton de la Fournaise culmine à 2 632 m. Il s’agit d’un volcan particulièrement actif, de type hawaïen, qui entre en éruption environ trois fois par an. L’érosion à la Réunion est une des plus fortes du monde;elle structure les paysages et le relief typique de l’île. La végétation de la Réunion, qui compte de nombreuses espèces endémiques, varie en fonction de l’altitude et du climat : forêt tropicale ou savane sèche, plantations de canne à sucre ou d’arbres fruitiers. Si la forêt abrite d’extraordinaires fougères arborescentes, elle est également riche en oiseaux multicolores.

CLiMATLe climat de la Réunion est de type tropical humide, avec une saison chaude, très humide, de novembre à avril, et une saison « sèche »de mai à octobre au cours de laquelle les températures sont plus douces. Au sein de la saison chaude, période où se forme la plupart des dépressions tropicales, on distingue une saison des pluies de janvier à mars. Avril et décembre sont des mois de transition.

Mais le climat de la Réunion se singularise par une grande dissymétrie de la pluviométrie annuelle entre l’est et l’ouest de l’île. À l’ouest, des précipitations peu abondantes ; à l’est, des cumuls annuels de pluie pouvant dépasser 10 mètres par an, ce qui est tout

à fait exceptionnel à l’échelle mondiale. Les hauts reliefs de l’île sont la cause de cette dissymétrie. Qu’elles soient d’origine advective (liées à une perturbation tropicale ou extratropicale) ou d’évolution diurne (développement en journée d’orages locaux), les précipitations se concentrent sur les régions directement exposées à l’humidité océane apportée par les alizés de secteur est. On parle de régions « au vent ». Les foyers de précipitations les plus intenses se rencontrent aux altitudes intermédiaires, entre 1 000 et 2 000m. Même en saison « sèche », il y pleut beaucoup. À l’inverse, les régions « sous le vent », qui bénéficient de l’abri du relief, sont beaucoup plus sèches et les régimes de brise y sont prédominants.

MÉTÉo-FrANCEÀ la Réunion, Météo-France compte environ 90 agents et 80 observateurs bénévoles répartis dans toute l’île qui effectuent les relevés climatologiques. Le service assure toutes les missions de base de la météorologie (observation, prévision, climatologie) sur un domaine de compétence qui inclut la Réunion, Mayotte et les TAAF. Son expertise en matière de surveillance et de prévisions cycloniques lui a valu d’être désigné Centre météorologique régional spécialisé (CMRS) pour les cyclones tropicaux par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) en 1993.Le service assure également l’exploitation des stations météorologiques implantées sur les îles éparses : Tromelin, Europa, Juan de Nova et Glorieuses.

QuELQuELQuELQ ES dATESATESA :

19341934 : première station météorologique à la Montagneau lieu dit « La vigie ». Dans lau lieu dit « La vigie ». Dans le même temps, deux autres

stations, tenues par des bénévoles, sont implantées à Saint-Pierre et à la plaine des Cafres. La Direction de la Météorologie s’installe peu de temps après au Barachois.

19361936 : les premiers pilots (lâchers de ballon sonde pourdétdéterminer le vent en altitude) sont effectués. Quatre observations sont transmises quotidiennement à Tananarive (Antananarivo) où la France entretient un centre météorologique déjà bien développé.

19591959 : le Service météorologique, rattaché depuis 10 ansau Servicau Service météorologique de Madagascar, devient autonome.

Fin 1962/début 1963Fin 1962/début 1963 : le Centre météorologique principaldu Chaudron est implanté sur le site qu’il occupe encore u Chaudron est implanté sur le site qu’il occupe encore actuellement.

19931993 : Météo-France à la Réunion est désigné Centremétéormétéorologique régional spécialisé (CMRS) pour les cyclones tropicaux

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www.meteo.fr/temps/mayotte_atoswww.meteo.fr/temps/mayotte_atosMAYOTTEGÉoGrAPHiE Mayotte, surnomée « l’île aux parfums », fait partie de l’archipel des Comores, entre le Mozambique et Madagascar. Mayotte est elle-même un petit archipel d’origine volcanique, comprenant deux îles, Grande-Terre et Petite-Terre, séparées par un bras de mer de 2 km, et une trentaine de petits îlots parsemés dans l’un des plus vastes lagons coralliens du monde (plus de 1 500 km2), délimité par une barrière de corail longue de plus de 160 km.

L’île principale, Grande-Terre, découpée et pentue, est dominée par le Mont Bénara (660 m). Sa forme particulière lui a valu le surnom « d’île hippocampe ». Ancrée sur la barrière de corail à l’est du lagon, Petite-Terre, est reliée au rocher de Dzaoudzi par une digue artificielle, appelée le Boulevard des Crabes. La colline de La Vigie (203 m) y domine un paysage aride et relativement plat.

CLiMATLe climat de Mayotte est de type tropical maritime. Il se caractérise par de faibles variations de températures annuelles et journalières et des précipitations abondantes : plus de 1500 mm par an en moyenne sur l’île.Deux saisons ponctuent l’année, l’une chaude et pluvieuse de décembre à mars, l’autre plus fraîche et sèche de juin à septembre ; elles sont séparées par deux intersaisons plus brèves. Durant la saison chaude ou saison des pluies, la mousson

venant du nord arrose l’île. Les températures sont élevées (27 à 30 °C) et le taux d’humidité très important. 80 % des précipitations surviennent pendant cette période. C’est également la saison des cyclones et des dépressions tropicales, même si Mayotte est peu exposée au risque cyclonique.Pendant la saison sèche (hiver austral), les vents venant du sud-est rafraîchissent l’atmosphère (20 à 25 °C), le taux d’humidité est moins important, et la pluie se raréfie.

MÉTÉo-FrANCELe 3 avril 2010, Mayotte est devenue le 101e département français.Ses 200 000 habitants attendaient cet événement depuis les années 50 ; ils l’avaient fermement réaffirmé lors du référendum du 29 mars 2009 avec 95,2 % de suffrages favorables. Mayotte est également la première collectivité unique ultramarine avec une même assemblée qui assure les compétences de département et de région d’outre-mer. La transformation statutaire ne se traduira cependant pas par des bouleversements économiques et sociaux immédiats. Ceux-ci s’étaleront sur plusieurs années, probablement une vingtaine. En effet, les conditions économiques et sociales locales sont actuellement trop éloignées des conditions métropolitaines pour permettre un alignement rapide sur les régimes de métropole (pour exemple, le PIB par habitant est actuellement cinq fois plus faible qu’en France métropolitaine).

La départementalisation n’a pas beaucoup de conséquence pour Météo-France car l’établissement l’a devancée en ce qui concerne son organisation locale.

La représentation de Météo-France sur ce département s’appuie sur un centre météorologique territorial installé sur l’aéroport

de Pamandzi qui dépend de la Direction interrégionale de la Réunion. Un chef technicien de la météorologie en assure la direction, avec comme collaborateurs, cinq observateurs/prévisionnistes et un manœuvre.

Les premières mesures météorologiques remontent à 1949 sur Petite-Terre. En 1973, un an avant l’indépendance des Comores et la séparation de Mayotte avec les autres îles de l’archipel, la Direction de la météorologie nationale met en place une station météorologique pour répondre au développement de l’aérodrome de Pamandzi. Jusqu’à la fin des années 90, cette station était essentiellement à vocation aéronautique. Elle était dirigée par un technicien supérieur de la météorologie, assisté de trois observateurs et de deux manœuvres.

Au début des années 2000, la station est renforcée, tant en moyens humain qu’en moyens techniques, pour assurer la gestion des données climatologiques et proposer une représentation territoriale plus complète avec prévisions locales et réponses commerciales aux clients.

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Météo - Le magazine - N°13 - 25 -

L a Réu nIo n

Si, pour le commun des mortels, l’océan indien évoque les plages des Seychelles, les épices de Madagascar et la végétation luxuriante des montagnes de la réunion, les météorologistes voient les choses tout autrement. Pour eux, le sud-ouest de l’océan indien concentre 11 % de l’activité cyclonique mondiale. En moyenne, chaque année, une quinzaine de systèmes dépressionnaires y circulent, dont 9 deviendront des tempêtes tropicales et, parmi ces dernières, 4 atteindront le stade de cyclone tropical.

Centre sPÉCialisÉPOUR LES CYCLONES TROPICAUX

Propos de Philippe Caroff, Météo-France /La Réunion, recueillis par Frédéric Banc

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- 26 - Météo - Le magazine - N°13

En l’état actuel des recherches, les projections indiquent qu’il n’y aura

pas forcément plus de systèmes dépressionnaires tropicaux. En

revanche, ils pourraient être plus violents ; les scientifiques prévoient

en outre un accroissement signi-ficatif de la pluviométrie associée aux phénomènes cycloniques tro-picaux. Mais il faut rester prudent, les conséquences du changement

climatique sur l’évolution de l’activité cyclonique étant encore

incertaines.

1_ Déploiement d’une bouéedérivante identique a celles

utilisées dans IBPIO.

« Les cyclones constituent un risque naturel majeur. Ils sont responsables à eux seuls de 20 %

des dégâts et de la mortalité mondiale, tous phénomènes naturels confondus.

cyclOnes et changement

climatique

tous les services météorologiques des paysriverains surveillent ces phénomènes extrêmement dangereux. Mais afin que chacun dispose de la meilleure information possible et que tous parlent d’une seule voix, l’un d’eux a été désigné Centre météorologique régional spécialisé (CMRS) pour les cyclones. Dans l’océan Indien sud-ouest, ce rôle est tenu par Météo-France/La Réunion. L’établissement est donc responsable du suivi cyclonique sur quelque 20 millions de km2,de l’équateur à 40°S et de 90°E à la côte africaine.Philippe Caroff est responsable de la division « cyclone » à la Direction interrégionale de La Réunion. Il évoque la genèse du CMRS La Réunion.

« Les cyclones constituent un risque naturel majeur. Ils sont responsables à eux seuls de 20 % des dé-gâts et de la mortalité mondiale, tous phénomènes naturels confondus. C’est pourquoi, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a considéré que la prévention contre ces phénomènes dévastateurs justifiait un traitement particulier. Les différentes régions du monde où se produisent des cyclones tropicaux se sont toutes dotées de centres spéciali-sés chargés du suivi et de la prévision des systèmes dépressionnaires tropicaux. Six CMRS/cyclones ont

été créés, le plus ancien et le plus connu étant le Centre des ouragans de Miami. Pour le sud-ouest de l’océan Indien, Météo-France/la Réunion a été officiellement désigné en 1993. Cependant, nous avions commencé à travailler comme tel depuis déjà plusieurs années afin de démontrer notre capacité à exercer cette responsabilité internationale. »Madagascar, pays de loin le plus concerné par le risque cyclonique dans la région, et Maurice, étaient également candidats. Mais il a été reconnu à l’époque que Météo-France était le seul service météorologique de la zone à avoir les moyens, à la fois matériels, humains et scientifiques, nécessaires à la veille et à la prévision de l’activité cyclonique.

« Lorsque Météo-France a présenté sa candidature pour la création d’un centre météorologique régio-nal spécialisé, l’établissement a eu un cahier des charges à remplir. Cela impliquait un engagement fort de doter le centre de la Réunion des moyens matériels importants en matière de réception satellitaire, de télécommunications et de modélisa-tion numérique. Météo-France s’est aussi engagé à fournir des moyens humains ad hoc. L’équipe opérationnelle a été renforcée par une Cellule de recherche sur les cyclones (CRC), implantée en 1998

en support des activités du CMRS. Bien sûr, il s’agit d’une équipe relativement réduite et l’on est encore loin de ce qui peut se faire aux États-Unis, où des centaines de chercheurs travaillent sur les cyclones, ou même en Australie, mais c’est déjà un grand progrès. »À ces moyens « nationaux », il faut ajouter les efforts internationaux consentis pour permettre à l’océan Indien de rattraper son retard en matière de moyens d’observations. Si les réseaux de bouées dérivantes (programme IBPIO) ou ancrées (réseau RAMA) ont mis à niveau le bassin en termes d’observations de surface, Philippe Caroff nourrit toutefois quelques inquiétudes quant à la pérennité de la couverture satellitaire de la zone.« Deux grandes familles de satellites sont utilisés en météorologie : les géostationnaires qui, avec des images fréquentes (toutes les demi-heures, voire plus avec les dernières générations), permettent de suivre un système dépressionnaire tropical avec précision, et les défilants. Ces derniers ne survo-lent la même zone géographique que deux fois par jour en général mais complètent l’information avec d’autres types de mesures. La couverture pérenne de la zone océan Indien en géostationnaire remonte seulement à 1998. Et encore, s’agit-il d’un ancien satellite Meteosat destiné à l’origine à surveiller l’Atlantique, rendu disponible par la mise en orbite d’un successeur. Certains satellites défilants, cruciaux pour l’observation des cyclones, sont en fin de vie ou ont déjà cessé de fonctionner. Leur remplacement n’a pas été assuré dans les délais nécessaires pour garantir une continuité. Nous risquons donc une baisse des moyens d’observa-tion dans les prochaines années. Dans ce contexte tendu, de grands espoirs reposent sur le satellite franco-indien Megha-Tropiques, dont le lancement est prévu en 2011. Nous attendons beaucoup de son imageur micro-onde, en particulier. Ce satellite défilant assurera jusqu’à six passages sur la même zone par jour. »La mission première d’un CMRS est donc la détec-tion, le suivi et la prévision opérationnelle de tous les phénomènes amenés à se former ou à évoluer sur sa zone de responsabilité, de leur naissance jusqu’à leur mort.

« Dès qu’un système dépressionnaire apparaît sur notre bassin, reprend Philippe Caroff, il est pris en charge et l’équipe des cinq prévisionnistes cyclone se relaye 24 heures sur 24. Différents bulletins, à destination d’usagers variés (maritimes et aéro-nautiques en particulier), sont élaborés et émis toutes les 6 heures. Ils incluent des analyses et des prévisions expertisées sur la trajectoire, l’intensité et la structure du phénomène.D’autres bulletins, plus complets, sont destinés à nos collègues météorologues de la zone. Cette information de référence sert ensuite de base et de guide aux services météorologiques nationaux pour élaborer leurs propres prévisions locales et

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Météo - Le magazine - N°13 - 27 -

messages d’alerte à destination des populations. S’agissant d’une information de sécurité, il n’y a aucune restriction sur l’échange de données, qui s’effectue à titre gracieux. C’est l’esprit même des CMRS. Météo-France/La Réunion exerce sa mission dans cette logique et travaille en particulier au profit des 15 services météorologiques nationaux des pays de la zone membres du Comité des Cyclones Tropicaux du Sud-Ouest de l’océan Indien.Cette activité opérationnelle ne nous occupe qu’une partie de l’année. Le reste du temps est consacré à des actions de formation1 et à des études ou actions de développement multiples. Nous nous attachons notamment à améliorer les outils et les techniques pour le suivi et la prévision cyclonique. Ce travail de

développement profite également à nos collègues des autres centres outre-mer. »Avec une telle activité, le CMRS/cyclone de la Réunion a acquis une réelle notoriété. Son savoir-faire est reconnu. Il a accueilli en 2010 le 7e InternationalWorkshop on Tropical Cyclones (voir encadré). « Les plus grands spécialistes mondiaux de la disci- pline savent maintenant situer la petite île française » conclut en plaisantant Philippe Caroff.

1. Météo-France /La Réunion accueille régulièrement, en parte-

nariat avec l’OMM, un stage de formation sur les cyclones pour

les prévisionnistes des pays voisins. Elle participe également à

d’autres actions de formation, notamment dans le cadre du pro-

jet SWFDP (Severe Weather Forecasting Demonstration Project).

La prévision des cyclones implique une coopération internationale importante.Le CMRS de la Réunion participe ou organise régulièrement des réunions au niveau régional, pour échanger les expériences et harmoniser les pratiques. Mais en novembre 2010, il s’est attelé à une tâche d’un autre niveau. Il a accueilli pour la première fois, sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale, l’International Workshopon Tropical Cyclones (ITWC). Il s’agit de la plus

grande conférence internationale sur les cyclones tropicaux, une « grand-messe cyclonique » qui se tient tous les quatre ans. Rassemblant plus de 120 participants, des chercheurs et des acteurs opérationnels de la veille cyclonique, issus d’une quarantaine de pays, cet atelier a pour objet de faire le point sur l’état de la science et les avancées intervenues dans l’intersession, et de dégager des priorités pour l’avenir. Cet atelier a été l’occasion de mettre en lumière le rôle joué par le Centre

météorologique régional spécialisé (CMRS) basé à la Réunion. « C’est la première fois quecet atelier se tenait dans l’océan Indien », précisePhilippe Caroff, responsable de la division « cyclone » à la Réunion. Plusieurs thèmes ont été abordés au cours des travaux. Il a été notamment question des changements de structures et d’intensité des cyclones tropicaux, mais également de leurs impacts socio-économiques ou encore de l’incidence du réchauffement climatique.

Météo-France/La Réunion est un des centres de déploiement du réseau IBPIO (International Buoy Program in Indian Ocean) dont l’objectif est de maintenir plus de 150 bouées déri-vantes en permanence dans l’océan Indien. Ces bouées de petite taille dérivent au gré des vents et des cou-rants. Elles mesurent au minimum la température de surface de la mer et, de plus en plus souvent, la pression at-mosphérique. Elles transmettent leurs données soit par le système Argos, soit par le système de communication par satellite Iridium. Leur durée de vie excède largement un an. Ainsi, en 2010, une soixantaine de bouées ont transité par la Réunion qui assure la logistique de cette activité : réception des équipements, opéra-tions douanières, embarquement sur les navires en partance (générale-ment des navires de commerce pour les zones tropicales et des navires de pêche ou le Marion Dufresne pour les mises à l’eau dans le grand Sud).Météo-France assure la coordination de ce programme international de bouées dérivantes permettant d’amé-liorer l’observation de surface de ces vastes zones maritimes et, in fine, la qualité des prévisions météorolo-giques.

des bOuéesdérivantes

la réuniOn dans l’œil des cyclOnes

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- 28 - Météo - Le magazine - N°13

Un seCond radar à la rÉUnion

Située au cœur de l’océan indien, l’île de la réunion est sujette à une pluviométrie particulière, liée principalement à son relief.

le Piton des neiges, qui culmine à 3 070 mau centre de l’île, secondé par le Pitonde la Fournaise (2de la Fournaise (2de la Fournaise 632 m) au sud-est de l’île,s’opposent aux alizés d’est sud-est. Sous le vent des montagnes (à l’ouest), la côte bénéficie d’un effet de foehn. Il y fait relative-ment sec (550 mm de précipitation annuelle à Saint-Gilles). Tandis qu’au vent, sur la côte est, les précipitations annuelles atteignent 3 464 mm à Saint-Benoit, toujours au niveau de la mer. En s’élevant un peu sur les pentes Est du volcan, les précipitations sont encore plus fortes : on dépasse rapidement les 10000 mm de précipitations annuelles (10986 mm sur les Hauts de Sainte-Rose à 820 m d’altitude).

Ces précipitations peuvent être très violentes. La Réunion détient tous les records mondiaux de précipitations pour des durées de 12 heures à 15 jours avec, par exemple :

1 1 1144 mm en 12 heures à Foc-Foc((22200 m) en janvier 1966,

2 2 2466 mm en 48 heures à Aurère(940m) en avril 1958, (940m) en avril 1958,

3 3 929 mm en 72 heures à Commerson((22 310 m) en février 2007 lors du passage du cyclone Gamede

6 6083 mm en 15 jours à Commersonlors du passage de Hyacinthe en janvier 1980.ors du passage de Hyacinthe en janvier 1980.

Avec de telles intensités, les épisodes pluvieux sont fréquemment accompagnés d’inondations, éboulements, coulées de boues ou glissements de terrains. Les dégâts peuvent être importants.Pour améliorer la sécurité des personnes et des biens, outre le dispositif d’alerte cyclonique, la Préfecture et Météo-France avaient mis en place, dès 1993, un système d’avertissement lorsque les précipitations

prévues étaient importantes (il s’agissait de la diffusion d’avis de fortes pluies). avis de fortes pluies). avis de fortes pluiesDepuis, celui-ci a évolué pour s’inscrire dans le cadre de la vigilance météorologique (vigilance fortes pluies). Ce dispositif ne répond cependant pas à l’ensemble des besoins de la société, car il n’informe pas sur le risque de débordement des cours d’eau, fréquent lors de tels épisodes. Pour exemple, le 6 avril 2009, Le Quotidiende la Réunion titrait « les averses ont occasionné de gros dégâts … à Saint-Joseph et à Petit-Ile. Une cinquantaine de maisons inondées dans la première commune, une quarantaine dans la seconde. Aux Jacques, à Saint-Joseph, la ravine en crue est passée au milieu des habitations ». Aussi, pour compléter ce dispositif, le directeur général de la Prévention des risques à décidé la création d’une Cellule de veille hydrologique (CVH) à la Réunion afin de fournir une exper-tise sur le risque de crue et de ruissellement torrentiel. Cette unité a été placée sous la res-ponsabilité de la direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL). Son poste opérationnel est situé au sein de la salle de prévision de Météo-France. Ainsi, le prévisionniste « hydrologique », chargé de suivre l’état des cours d’eau sensibles et de prévoir leurs débordements, dispose de toutes les informations pluviométriques et de la proximité des collègues de Météo-France pour les prévisions météorologiques.Une des conditions nécessaires pour l’efficacité de cette veille hydrologique est une bonne couverture radar de l’île, à même de mesurer l’intensité des précipitations en chaque point. L’île dispose déjà d’un premier radar installé fin 1992 sur les hauteurs de la ville de Saint- Denis, au lieu-dit « Colorado ». Son but principal est de surveiller l’approche des cyclones tropicaux qui arrivent majoritairement par le nord (près de 95 % des systèmes cycloniques observés ces trente dernières années sont arrivés par les secteurs nord-est, nord ou nord-ouest). Dès janvier 1993, ce radar a pu montrer son utilité en suivant le cyclone Colina dont l’œil est passé au dessus de Saint-

Denis. Depuis, ce radar s’est montré très efficace pour cet objectif, mais le relief de l’île le rend inopérant pour le suivi hydrologique (il ne peut voir les précipitations sur plus de 70 % de la surface de l’île). Un second radar sera donc installé en septembre 2011 à la Plaine-des-Cafres (commune du Tampon) au lieu-dit « Piton Villers ». Celui-ci émettra sur une longueur d’onde correspondant à la bande S (environ 10 cm) ; il sera doté d’un système de traitement de l’information Doppler à double polarisation, pour pouvoir bénéficier des algorithmes d’estimation des précipitations les plus récents. Cette double polarisation permet, en effet, de caractériser l’asphéricité des gouttelettes d’eau nuageuses grâce au déphasage des ondes rétrodiffusées par les gouttelettes, tant sur le plan horizontal que vertical. Les estimations de la nature du météore (gouttelette d’eau, grêlon, …) et de son taux de chute sont alors plus précises et permettent une meilleure approximation de l’intensité des précipitations. Les informations des deux radars (radar du Colorado et radar de Piton Villers), complétées par un peu plus d’une quaran-taine de postes pluviographiques répartis sur l’île, permettront un suivi fin des pluies sur la quasi totalité de l’île avec de bonnes estimations, en temps réel, des lames d’eau se déversant sur l’ensemble des bassins versants sensibles.

L’instruction de ce dossier complexe a pu être menée à bien, grâce a une coopération exemplaire entre les services de la DEAL et de Météo-France. Les principales difficultés consistaient, d’une part, à trouver un site pour installer le nouveau radar, au sein d’un cadre environnemental très protégé du fait de la proximité du parc national de la Réunion et, d’autre part, à trouver un financement pour un budget de plus de 2,5 M€. Ces difficultés ont été levées fin 2009. La première pierre du bâtiment a été posée en octobre 2010 et le radar devrait être installé à la fin du 3e trimestre 2011.

Yves Grégoris. Directeur interrégional Météo-France/la Réunion

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Un second radar sera doncinstallé en septembre 2011

à la Plaine-des-Cafres au lieu-dit « Piton Villers ».

Radar du Colorado© Météo-France/Jean-François Boyer

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- 30 - Météo - Le magazine - N°13

la prévision cyclonique repose principalement sur les systèmes de prévision numérique du temps. Les modèles sont identiques à ceux utilisés pour la prévision météorologique en général, même si certaines de leurs caractéristiques sont adaptées aux cyclones.Lorsqu’on cherche à prévoir l’évolution d’un cyclone ou d’une tempête tropicale mature, on s’intéresse principalement à deux paramètres : sa trajectoire (évolution de sa position) et son intensité (la force des vents maximums, qui est aussi liée à la pression au centre du système).

Grâce à l’amélioration continue des modèles les prévisions de trajectoires de cyclones ont réguliè-rement progressé lors des dernières décennies, à tel point que certains ont pensé que l’erreur de prévision de trajectoire avait atteint une limite qui serait impossible à dépasser à l’avenir ! En moyenne, la position prévue par les meilleurs modèles est entachée d’une erreur d’environ 100 km à 24 heures et de 200 km à 72 heures d’échéance. Une étude récente du LACy a démontré que des progrès sont encore possibles à toutes les échéances. L’incertitude

de la prévision de trajectoire dépend du cyclone et elle peut parfois être importante. Des travaux sont en cours au LACy, en collaboration avec le service de prévision cyclonique, pour caractériser cette incertitude, ce qui devrait faciliter à l’avenir les prises de décisions pour la mise en alerte des territoires.

Les prévisions d’intensité, quant à elles, ont quasiment stagné depuis 20 ans. L’évolution de l’intensité d’un cyclone dépend de ses interactions avec l’envi-ronnement atmosphérique et océanique, et aussi de nombreux processus internes au système. Les mécanismes à l’œuvre ne sont pas encore bien compris, ni bien modélisés par les modèles opéra-tionnels, ce qui rend les prévisions d’intensité peu fiables. Parfois, certains systèmes subissent des phases d’intensification rapides, typiquement une augmentation du vent maximal de plus de 50 km/h en 24 heures, dont les causes ne sont pas encore bien comprises. En conséquence, la prévision des impacts des cyclones en termes de vent, précipitations, et état de la mer (houle et surcote) demeure difficile. Une large part des recherches actuelles dans le monde sur les cyclones vise améliorer la modélisation

Depuis 1998, le centre de Météo-France à la Réunion comprendune équipe de chercheurs. Elle a pour tâche de mener des travaux de niveau international sur la dynamique et la physique des cyclones tropicaux et de développer des outils performants pour la prévision cyclonique. Depuis 2006, cette équipe est intégrée au Laboratoire de l’atmosphère et des cyclones (LACy), un laboratoire de recherche commun entre Météo-France, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l ’Université de la Réunion1.

Matthieu PluResponsable de l’équipe de recherche

sur les cyclones tropicaux au LACyMétéo-France/la Réunion

1_ Structure du cyclone tropical Ivan (2008) avant son atterrissage

sur Madagascar, vu par le satellite.

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des processus responsables des changementsd’intensité.La recherche sur les cyclones doit cependant faire face à la rareté des observations météorologiques sur les océans tropicaux. Les observateurs potentiels (avions, navires, …) sont plus rares sous les tropiques qu’aux latitudes tempérées de l’hémisphère nord. De plus, ils évitent de pénétrer dans ces systèmes dépressionnaires aux conditions météorologiques extrêmes. Seules les stations sur terre et les bouées, dérivantes ou ancrées, font des mesures directes… quand les instruments ne sont pas détruits par la force des vents. Quelques rares pays – États-Unis, Taiwan – envoient des avions autour et dans les cyclones pour lâcher des sondes et effectuer des mesures radars. Des ballons de basses couches, robustes et capables de rester captifs d’un cyclone, sont aussi en cours de développement. De tels ballons ont été testés avec succès sur deux cas de cyclones dans l’océan Indien, et le LACy a contribué à l’exploitation des résultats des mesures effectuées. Dans le sud-ouest de l’océan Indien, l’observation des cyclones repose principalement sur les bouées dérivantes lâchées pendant la saison cyclonique, sur un réseau de bouées ancrées en cours de déploie-ment, intitulé Rama2, et sur les satellites (Meteosat 7et les satellites défilants). Dans ce contexte de rareté des observations directes, l’imagerie satellitaire est essentielle pour l’observation cyclonique.

Les recherches menées par le LACy sur les cyclones du sud-ouest de l’océan Indien s’inscrivent dans le cadre de ces problématiques générales. Une version du modèle à maille fine Aladin, développé initialement par Météo-France et plusieurs pays d’Europe pour la prévision sur la métropole et les pays partenaires, a été adaptée aux régions tropicales. La version Aladin-Réunion est opérationnelle depuis 2006. D’une maille de 8 km, son domaine couvre la quasi-totalité de la zone de responsabilité de la Réunion en matière de prévision cyclonique. La déclinaison du modèle Aladin en région tropicale a nécessité de nombreuses adaptations. En particulier, du fait de la rareté des observations capables d’initialiser la position et la structure des cyclones tropicaux dans le modèle, Aladin-Réunion utilise une méthode particulière, appelée « bogus de vent ». Le modèle

est « forcé » en introduisant des mesures de vent qui n’existent pas mais qui sont cohérentes avec la situation réelle. Ces « pseudo-observations » sont déduites de l’analyse faite à l’aide de l’imagerie satellitaire par les prévisionnistes. Les travaux d’amélioration d’Aladin-Réunion se pour-suivent au LACy, en particulier sur les techniques d’assimilation de données pour les cyclones, la prise en compte de la température de surface de la mer et la modélisation des processus physiques.

Plus en amont, les questions scientifiques qui animent l’équipe concernent l’intensification des systèmes tropicaux et la prévision des précipitations associées. Des travaux sont en cours sur la détection des éclairs au cœur des cyclones et sur leur intérêt pour anticiper les phases d’intensification rapide. Le LACy participe ainsi au développement d’un réseau sol de détection des éclairs à longue portée3. Les mécanismes à l’œuvrelors de l’intensification due à des facteurs environne-mentaux (tourbillons en altitude, zones chaudes océaniques) sont aussi investigués, dans le contexte original de l’océan Indien. Ces travaux nécessitent le développement de modèles à haute résolution, qui préparent les futurs modèles opérationnels pour la prévision cyclonique à Météo-France. L’étude des impacts précipitants à la Réunion devrait aussi aboutir à une amélioration des outils pour l’observation et la prévision hydro-météorologique.

1. Le LACy (Laboratoire de l’atmosphère et des cyclones) comprend

trois équipes, 15 chercheurs au total, réparties entre l’Université

de la Réunion et Météo-France. L’équipe « Cyclones » comprend

trois chercheurs et un technicien de Météo-France, un chercheur

du CNRS et deux enseignants-chercheurs de l’Université.

2. Rama (Research Moored Array for African-AsianAustralian

Monsoon Analysis and Prediction) : programme international

de 38 bouées ancrées de surface et 8 mouillages en profondeur,

en plein océan, ceinturant la zone équatoriale. La contribution

de Météo-France au programme consiste à installer des capteurs

de pression sur les 8 bouées les plus proches de la Réunion.

Pour plus d’info : http://www.pmel.noaa.gov/tao/global/global.html

3. Le réseau WWLLN (World Wide Lightning Location Network)

comprend plusieurs dizaines de capteurs foudre répartis dans

le monde (dont un à l’Université de la Réunion). Il permet de localiser

les impacts de foudre à la surface de la terre. Pour plus d’info :

http://webflash.ess.washington.edu/

2_ Structure du cyclone tropical Ivan (2008) avant son atterrissage sur Madagascar, vu par (de gauche à droite) :le modèle global Arpege, maille 80 km, le modèle opérationnel Aladin-Réunion, maille 10 km, le modèle de recherche Meso-NH, maille 4 km.L’augmentation de la résolution s’accompagne d’une représentation de plus en plus fine de la structure du cyclone. Des recherches sur la modélisation et l’assimilation de données sont cependant néces-saires pour que l’augmentation de résolution s’accompagne d’un bénéfice maximal pour la prévision.

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www.meteo.nc

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NOUVELLE- CALÉDONIEWALLIS & FUTUNAGÉoGrAPHiE Nouvelle-CalédonieL’archipel de la Nouvelle-Calédonie est constitué d’une île principale longue de 450 km, appelée Grande Terre, des îles Loyautés (Ouvéa, Lifou, Tiga et Maré), de l’île des Pins et de nombreux îlots.Une chaîne de massifs montagneux, dont les sommets culminent parfois à plus de 1 600 m, traverse la Grande Terre du Nord au Sud. Les îles Loyauté (1 981 km²), d’origine corallienne, ont un relief plat. La Nouvelle-Calédonie bénéficie d’un statut unique et original défini par l’accord de Nouméa du 5 mai 1998.

Wallis et FutunaSitué à 2 300 km de la Nouvelle-Calédonie, le territoire des îles Wallis et Futuna comprend trois îles principales, Wallis (76 km²), Futuna (46 km²) et Alofi (18 km²). Wallis et Futuna comptent 15 000 habitants. Alofi n’a pas d’habitants permanents. Uvéa est le nom polynésien donné à Wallis par ses habitants. La côte de ces îles volcaniques est escarpée et découpée, le relief y est accidenté.

CLiMATNouvelle-CalédonieClimat tropical avec :

Un régime d’alizés de sud-est. Une saison des pluies de novembre à avril, marquée

par un risque cyclonique important modulé par les oscillations australes de type La Niña/El Niño.

Une saison dite fraîche de mai à août durant laquelle les loin-taines perturbations des zones tempérées se font parfois sentir.

Une saison plus sèche de septembre à octobre pendantlaquelle le risque de feu de brousse est important.

Wallis et FutunaClimat tropical plus humide que la Nouvelle-Calédonie avec risque cyclonique de décembre à avril. La saison sèche d’avril à octobre laisse les rivières de l’archipel à sec.

MÉTÉo-FrANCEdES PrÉViViV SioNS MÉTÉoroLoGiQuQuQ ES AdAdA AdAd PTÉESMétéo-France exerce ses missions sur les deux territoires.

La Nouvelle-Calédonie dispose d’un système d’alerte cyclonique à quatre couleurs. (voir article Les prévisionnistes à l’épreuve de Vania). Le choix du niveau d’alerte relève de l’autorité administrative, conseillée par les prévisionnistes de Météo-France. La menace d’un cyclone entraîne des mesures contraignantes progressives – fermeture des écoles, des services et des entreprises, interdiction de circuler… – qui sont décidées par le Haut Commissaire de la République qui a rang de Préfet.

L’alerte cyclonique est complétée par un système de « vigilance ». S’agissant d’une prévision à 24 heures et non d’une prévision immédiate comme l’alerte cyclonique, la décision du niveau de sévérité de la vigilance relève exclusivement des prévisionnistes de Météo-France. À l’image du système métropolitain, la vigilance calédonienne comprend quatre couleurs, vert, jaune, orange et rouge, et prévoit la rédaction de bulletins de suivi pour les niveaux orange et rouge. La zone géographique prise en compte est la « commune » et les phéno-mènes pris en compte se limitent aux fortes pluies et orages (sans distinction), au vent fort et à la forte houle.

La production de Météo-France en Nouvelle-Calédonie connaît quelques autres particularités. En matière de En matière de santé publique, le travail réalisé pour évaluer le risque

d’épidémie de dengue esd’épidémie de dengue est détaillé dans un article de ce numéro. Le Le secteur minier nécessite aussi une surveillance météorologique.secteur minier nécessite aussi une surveillance météorologique.secteur minier

La Calédonie détient dans son sous-sol la deuxième réserve mondiale de nickel. Cette industrie est de plus en plus consciente de son impact environnemental. Dans une région où il tombe 4 500 mm de pluie par an, le traitement, l’évacuation et le stockage des eaux de ruissellement font désormais partie du vaste chantier environnemental imposé par la réglementation et renforcé par la nécessité de préserver un lagon classé au patrimoine de l’Unesco.

Les Les agriculteurs et, au-delà, de plus en plus d’internautes, suiventavec intérêt nos prévisions saisonnières. Météo-France rend compte vec intérêt nos prévisions saisonnières. Météo-France rend compte en détail des variations des oscillations El Niño/La Niña qui influencent le déroulement des saisons.

Étant donné les distances entre les îles, le Étant donné les distances entre les îles, le trafic aérien est primordialppour la vie économique de l’archipel. La météorologie aéronautique our la vie économique de l’archipel. La météorologie aéronautique est une composante importante de l’activité de Météo-France.

Wallis et Futuna dispose d’un système d’alerte cyclonique plus simple que celui de Nouvelle-Calédonie, ne comprenant que deux niveaux. En 2011, le système de vigilance sera mis en place sur ce territoire.

uNuNu SiTE iNTErNrNr ET TrèS ViViV SiTÉLe site www.meteo.nc est le site internet le plus visité de Nouvelle-Calédonie. Il a été entièrement refondu en décembre 2010. Plus riche, plus pédagogique, plus efficace en matière d’affichage de la vigilance et de l’alerte cyclonique, le nouveau site est aussi plus proche des attentes des usagers. Ainsi, le plus grand – d’aucuns disent le plus beau – lagon du monde est particulièrement bien couvert. Pêcheurs, plaisanciers, amateurs de planche à voile, de surf et de kite-surf y touveront des informations adaptées à leur sport sur leurs « spots » favoris.

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1_ Nouméa, Nouvelle-Calédonie.

le dilemme est le suivant : respecter les consignes et lancer une alerte tardive ou bousculer un peu la procédure et déclencher l’alerte à temps. Respecter la procédure signifie en effet attendre que le minimum de pression soit classé au stade de « dépression tropicale forte » pour lancer la pré-alerte, et courir ainsi le risque que les alertes soient déclenchées directement au niveau orange ou rouge, ne permettant pas d’avertir le public suffisamment tôt. Il faut agir. Après une analyse complète de la situation météo, Benoît contacte le Haussariat qui est chargé de gérer les alertes cycloniques.

Il connaît bien son interlocuteur, le chef de la sécurité civile, pour avoir souvent travaillé avec lui. Le problème est rapidement exposé ;la décision est prise et validée tout aussi vite par le Haut Commissaire : à 12 h locale, la Nouvelle-Calédonie est mise en pré-alerte cyclonique. Dès lors, service de prévision et service informatique se mettent en veille cyclonique 24 heures sur 24. Puis les évènements s’enchaînent. Le mercredi 12 janvier à la mi-journée, la dépression atteint le seuil de « dépression tropicale modérée ». Le centre météorologique de Nandi la baptise Vania, prénom tiré d’une liste établie longtemps

Benoît Broucke, Luc Maitrepierre. Météo-France/Nouvelle-Calédonie

mardi 11 janvier 2011. À 5 h du matin, Benoît, chef prévisionniste à Météo-France Nouméa, prend son service. L’analyse de la situation météorologique est vite faite. Un petit minimum de pression stationne depuis plusieurs jours dans l’est du Vanuatu, dans la zone d’alerte cyclonique de Nouméa. Pour l’instant, son intensité n’est pas suffisante pour que le Centre météorologique régional spécialisé de Nandi (Fidji) lui attribue un prénom. Cependant, il est clair que le minimum va se renforcer et se diriger vers la Nouvelle-Calédonie. Les différentes prévisions des modèles sont concordantes à ce sujet.

LES PrÉViSioNNiSTESà L’éPreuve de vania

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2_ Image satellite, composition colorée,du 13 janvier 2011, à 5 h UTC. Le centre de la dépression tropicale forte Vania aborde les îles Loyauté qui sont en alerte rouge.

à l’avance. À 21 h locale, l’alerte cyclonique passe à l’orange sur les îles Loyauté. Le jeudi 13 janvier, à 5 h locale, Vania se renforce et passe au stade de « dépression tropicale forte ». Elle se trouve alors à environ 140 km dans le nord-est de Lifou, qu’elle menace directement du fait de sa trajectoire vers le sud-ouest à environ 5 km/h. À 15 h locale, les autorités décident de placer les Loyauté en alerte cyclonique rouge.

En fin d’après midi, le centre opérationnel de défense du plan Orsec se réunit pour décider des alertes sur la Grande Terre. Après une longue discussion, les nombreux participants (Sécurité Civile, Météo-France, maires des communes, militaires, services du Gouvernement et du Haussariat, Gendarmerie, etc…) acceptent le déclenchement de l’alerte orange à partir du lendemain à 05 h du matin sur la moitié sud de la Grande Terre. La décision est annoncée en soirée par tous les médias.

Au cours de la nuit, comme prévu, pluie et vent se renforcent. Les rivières débordent. Au lever du jour, Vania est sur les Loyauté. Le radar de Lifou permet de la situer avec précision. Elle accélère en direction de la Grande Terre. Le directeur de la Sécurité Civile est contacté et l’alerte rouge est déclenchée pour 10 heures sur le Sud. Dans la salle de prévision, la tension devient palpable. Les trois chefs prévisionnistes, Benoît, Patrice et Anne, sont sur la brèche, jour et nuit,

depuis déjà plus de 60 heures. Les possibilités de relève du personnel sont très limitées. Patrice sait qu’il est parti pour une longue veille de 24 heures. Mais il sait aussi pouvoir compter sur ses collègues : le prévisionniste « aval »,

le pupitreur informatique, la division Communication, et le service Infra qui pourvoit à la nourriture et aux boissons. Les appels téléphoniques sont incessants. Chaque radio voudrait un direct pendant les journaux d’information et la chaîne locale de télévision passe faire son reportage quotidien pour le journal télévisé.

Durant toute la matinée, « l’œil » de Vania est suivi précisément grâce aux deux radars de Nouméa et Lifou. En abordant le sud de la Grande Terre à la mi-journée, l’organisation des bandes pluvieuses est perturbée par le relief. La masse nuageuse ne permet plus de positionner précisément le centre. Commence alors un long après-midi de traque. On la sait sur le sud de la Grande Terre mais où exactement ? Comment va-elle se déplacer ? Tous les paramètres disponibles sont interprétés : la pression qui ne descend plus, le vent qui se calme par endroits alors qu’il continue à souffler

Au cours de la nuit, comme prévu, pluie et vent se renforcent. Les rivières débordent. Au lever du jour, Vania est sur les Loyauté.

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à 45 nœuds (rafales 65 nœuds) de sud-est au phare Amédée. Les prévisionnistes attendent le signe qui leur permettra de confirmer son déplacement. Deux options se dessinent : soit une sortie sur la côte Ouest accompagnée de la rotation violente des vents au secteur ouest, ou une boucle qui la ferait ressortir sur la côte Est. Les échanges sont permanents avec l’observateur de l’aéroport de la Tontouta resté ouvert malgré l’alerte rouge. C’est notre seul observateur « humain » en service et il se trouve placé juste où il faut.

Il semble à ce moment là que Vania ait tendance à se décaler vers le nord, ce qui amène le Haut Commissaire à étendre l’alerte cyclonique rouge à quelques communes dans cette direction.En fin d’après-midi, des signes concordants sont enregistrés : les vents restent au sud-est à Nouméa, la pression remonte un peu à Tontouta et le vent

tourne au sud. Surtout, le centre du tourbillon finit par réapparaître sur la côte Est sur l’image du radar de Lifou. Vania a vicieusement fait une boucle sur le sud de la Grande Terre avant de reprendre une trajectoire proche de celle prévue initialement!Cette nouvelle est accueillie avec soulagement et permet de valider une trajectoire qui la fait passer au large de l’île des Pins avant de s’évacuer vers le sud. C’est le bon choix. Durant la nuit, Vania a le bon goût de se conformer aux prévisions.Samedi matin, l’alerte rouge est levée, l’alerte grise entre en vigueur. La relève va pouvoir se faire normalement et le retour à la maison sera très apprécié, sauf pour ceux qui trouveront leur foyer inondé ! Toutefois, le calme ne revient pas tout de suite car le vent d’ouest, très redouté des plaisanciers à Nouméa, souffle encore assez fort sur les baies. Ce n’est qu’en fin de journée que les éléments reprennent un cours normal.

1_ Trajectoire de la dépression tropicale forte Vania du 9

au 16 janvier 2011.

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Météo - Le magazine - N°13 - 37 -

dépressiOn trOpicale faible :la vitesse du vent engendré par la dépression est comprise entre force 5 et force 7 Beaufort (29 à 62 km/h)dépressiOn trOpicale mOdérée :vent de force 8 à 9 beaufort (63 à 88 km/h). La dépression reçoit un prénom pris dans une liste préétablie.

dépressiOn trOpicale fOrte :vent de force 10 à 11 Beaufort (89 à 117 km/h).Ouragan : vent de force 12 Beaufort (supérieur à 118 km/h)

classement des dépressiOns trOpicales dans le pacifique sud

les quatre niveaux d’alerte cyclOnique

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EXTRÊME TRÈS ÉLEVÉ ÉLEVÉ MODÉRÉ FAIBLE

Ces incendies ne sont pas non plus sans conséquence sur l’activité humaine, car les forêts calédoniennes constituent des bassins d’alimentation en eau potable naturels et gratuits.

Si l’élément déclencheur est exclusivement humain, les facteurs qui influencent la vigueur des feux de brousse sont multiples. Il y a d’abord le type de la végétation, le « combustible » : des arbres comme le fameux Niaouli de Nouvelle-Calédonie sont réputés pour bruler facilement. Les conditions météorologiques sont également un facteur déterminant : un temps sec et venteux favorise la propagation et l’intensité d’un incendie. La topographie joue également un rôle majeur puisque le feu est d’autant plus intense que le terrain est pentu.

Depuis plus de dix ans, Météo-France Nouvelle-Calédonie calcule quotidiennement un indice d’alerte aux feux de brousses. Bien évidemment, il ne s’agit pas de prévisions des incendies à proprement parler, mais d’une mesure relative, sous la forme d’une échelle de risque, de la difficulté à lutter contre les feux étant donné les conditions météorologiques et l’état de sécheresse du « combustible ».

Ces informations, présentées sous forme de cartes, sont capitales pour les acteurs sur le terrain. La sécurité civile notamment doit optimiser l’utilisation de moyens humains, matériels et financiers, par nature limités et répartis dans quelques centres de secours.

DEs scIENtIfIquEs MobILIsésEn décembre 2005, des pans entiers de la Montagne des Sources partent en fumée sans qu’on puisse véritablement estimer l’ampleur des dégâts environnementaux. Alarmée par ce constat d’échec, la communauté scientifique se mobilise sous l’impulsion de l’antenne locale du Word Wildlife Foundation(WWF). C’est ainsi qu’est monté le projet de recherche pluridisciplinaire Incendie et biodiversité en Nouvelle-Calédonie (INC). Participent aux recherches, localement, l’IRD, l’Université de Nouvelle-Calédonie, Météo-France, le WWF, la Direction territoriale des systèmes d’informations, les provinces Sud et Nord, et, en métropole, l’Université d’Aix-Marseille, l’Institut national de la recherche agronomique, le Cemagref et le CNRS.

Financé par l’Agence national de la recherche (ANR), le projet vise à étudier les interactions entre écosystèmes, pratiques humaines, climat et incendies, et à développer un Système d’information géographique (SIG) pour suivre simultanément ces composantes dans l’espace et le temps. Forêts, maquis et savanes sont analysés en termes de diversité, structure et combustibles. Des enquêtes sociologiques sont menées pour mieux connaître les pratiques humaines induisant des feux. En croisant des données satellite et les infos des pompiers, d’autres scientifiques s’attachent à quantifier précisément l’ampleur des incendies passés, et à établir leur fréquence selon les lieux.

Alexandre Peltier, Xavier Aubail. Météo-France/Nouvelle-CalédoniemenaCÉ Par les FeUx

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La Nouvelle-Calédonie est célèbre dans le monde entier pour le nombre et la variété de ses espèces endémiques. C’est un « hot-spot » de la biodiversité floristique et faunistique. Cette richesse inestimable est malheureusement mise en péril par l’homme, responsable d’un fléau ravageur, les feux de brousse. Certaines années « noires », ce ne sont pas moins de 100 km² d’espaces naturels qui partent en fumée, soit approximativement la superficie de la commune de Paris.

1_ Carte du risque météorologique d’incendie pour la journée

du 3 octobre 2010. Le risque est extrême sur l’île des Pins

(station de Moué) située au sud de la Grande Terre.

2_ Au cœur du brasier de l’îledes Pins. 3 octobre 2010.

© Haut Commissariat de la République en Nouvelle Calédonie – Service

de la Sécurité Civile.

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LE « cAILLou vErt »

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Pour sa part, Météo-France Nouvelle-Calédonie teste divers modèles de prévision du risque feu de forêts et identifie celui qui est le mieux corroboré tant par les observations des pompiers sur le terrain que par les images satellite. Il s’agit en l’occurrence d’un modèle canadien développé à la fin des années 80.

Suite à cette étude, Météo-France fait évoluer son outil de prévision baptisé PréviFeu. Chaque jour, le risque maximal d’incendie est déterminé pour une vingtaine de stations représentatives du Territoire. Son estimation est le résultat d’un savant mélange entre l’expertise du prévi-sionniste et une combinaison de données prévues par le modèle de prévision du temps (modèle du Centre européen pour les prévisions météoro-logique à moyen terme) et de mesures pluviométriques relevées par les stations automatiques en temps réel. Les informations utilisées sont les suivantes : humidité de l’air prévue en début d’après-midi humidité de l’air prévue en début d’après-midi

(quand ell(quand elle est la plus basse) température prévue en milieu d’après-midi température prévue en milieu d’après-midi

(quand ell(quand elle est la plus haute) vitesse maximale du vent moyen vitesse maximale du vent moyen ; précipitations durant 24 heures (de midi à midi). précipitations durant 24 heures (de midi à midi). précipitations durant 24 heures (de midi à midi). précipitations durant 24 heures (de midi à midi).

bAptêME Du fEu Le premier week-end d’octobre 2010, un gigantesque incendie ravage l’île des Pins, île paradisiaque chère au cœur des Calédoniens et très prisées par les touristes. Attisés par des vents moyens soutenus, entre 20 à 25 nœuds, et favorisés par des conditions particulièrement sèches pour la saison, les incendies anéantissent près de 1 800 ha de végétation, soit plus de 10 % de la superficie de l’île. Or, depuis plusieurs jours, le risque mis en exergue par les prévisionnistes de Météo-France pour l’île des Pins n’avait cessé de croitre pour atteindre un niveau extrême le matin du 3 octobre comme l’atteste la figure 1. Cet exemple illustre la fiabilité du nouveau modèle mis au point par Météo-France. Alerté par la valeur élevée du risque, la sécurité civile avait d’ailleurs positionné des hélicos dans le sud afin d’être plus réactif en cas de départ de feux...

L’incendie sera finalement maitrisé après deux jours de lutte acharnée grâce au savoir-faire des sapeurs- pompiers venus en renfort de la Grande Terre, à la mobilisation courageuse d’une cinquantaine de volontaires de l’île des Pins et au soutien logistique de la population qui fournira à tous de la nourriture et beaucoup de réconfort.

menaCÉ Par les FeUx

3_ Image dans le canal visible réaliséele 3 octobre 2010 à 2h55 UTC par Modis, instrument embarqué sur le satellite Aqua de la Nasa, avec, en superposition, le produit « Modis Active Fire ».L’image en canal visible met en évidence le panache de cendres. Le produit « Modis Active Fire » matérialise en rouge les zones en train de brûler. C’est un outil précieux pour repérer et quantifier les surfaces touchées par les feux, afin par exemple d’établir des statistiques sur les zones particulièrement vulnérables.

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la dengue, encore appelée « grippe tropicale », est l’arbovirose (maladie virale transmise à l’homme par l’intermédiaire d’un arthropode1) la plus répandue dans le monde. Elle sévitsurtout dans les pays situés dans la bande intertropicale et plus particulièrement dans les zones urbaines et périurbaines. Le virus est transmis d’homme à homme par la piqûre d’un moustique. Ses symptômes rappellent ceux de la grippe et certaines formes compliquées peuvent conduire au décès.

En Nouvelle-Calédonie, la dengue a été identifiée par les autorités locales comme un problème majeur de santé publique depuis déjà de nombreuses années. Les épidémies débutent généralement en janvier-février (saison chaude) et se terminent vers juin-juillet. Le nombre de cas varie beaucoup d’une année à l’autre en raison de facteurs multiples épidémiologiques, météorologiques et ento-mologiques, difficiles à quantifier, et d’interactions complexes entre l’homme, le moustique et le virus.

Plus précisément, pour qu’une épidémie de dengue se développe en Nouvelle-Calédonie, la conjonction de plusieurs conditions est nécessaire. Il faut tout d’abord que les moustiques de type Aedes Aegypti soient suffisamment nombreux – des trois espècesAedes Aegypti soient suffisamment nombreux – des trois espècesAedes Aegyptide moustiques vecteurs de la dengue (Aedes Aegypti, Aedes Albopictus,

et Aedes Polynesiensis), seul Aedes Aegypti est présentAedes Aegypti est présentAedes Aegyptien Nouvelle-Calédonie. Il faut aussi qu’une ou plusieurs personnes soient déjà infectées par le virus, qu’une partie importante de la population ne soit pas immunisée (la dengue est présente sous quatre formes, appelées sérotypes, et l’immunité est spécifique à chaque sérotype) et, enfin, que les conditions environnementales soient favorables à la transmission du virus.De nombreuses études scientifiques internationales suggèrent que le climat influence le développement du moustique et les interactions homme-vecteur-virus.

En Nouvelle-Calédonie, un projet de recherche multidisciplinaire impliquant les entités locales de l’IRD, de Météo-France, de l’Institut Pasteur, de l’Université et de la DASS (Direction des affaires sanitaires et sociales) a été lancé en 2009. Il a déjà permis de démontrer l’influence prédominante des températures d’été dépassant 32 °C, ainsi que des fortes humidités relatives, sur le développement de l’épidémie. Des modèles statistiques simples ont mis en évidence que 75 % des épidémies sont expliquées par les conditions climatiques. Avant même que le projet ait abouti, les premiers résultats ont pu être utilisés dès février-mars 2011. Avec les retours de vacances, parfois de zones infectées, sont apparus quelques cas de dengue

uNE épIDéMIE prévIsIbLEEN 2010, L’OL’OL RGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ (OMS) A TIRÉ LA SONNETTED’ALARME : « LA DENGUE EST DEVENUE UNE MENACE SÉRIEUSE POUR LA SANTÉ ». UN SCÉNARIO D’AGGRAVATION EST À CRAINDRE SI LES PAYS NE PRENNENTPAS DÈS À PRÉSENT LES MESURES POUR RENFORCER LES PROGRAMMESDE PRÉVENTION ET DE LUTTE. Anne Leroy, Témaui Tehei Météo-France/Nouvelle-Calédonie

1_ Incidence annuelle de la dengueen Nouvelle-Calédonie (nombre de cas rapportés pour 10000 habitants par an). Le sérotype principal des épidémies est indiqué. (Source Descloux et al.)

La dengue,

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et de chikungunya. Les autorités de santé ont alors consulté les acteurs du projet pour des éclaircissements sur la situation en cours. Avec un été austral chaud et humide, la composante météorologique du risque d’épidémie de dengue est apparue comme maximale pour les semaines à venir. Cette composante, combinée à la présence du virus en Calédonie et d’une population d’Aedes Aegypti jugée suffisamment importante pour propagerle virus, a permis d’annoncer un risque fort d’épidémie de dengue. Le chikungunya, également transmis par l’aedes aegypti, est similaireà la dengue par certains aspects (des points d’ombre subsistent toutefois sur son comportement potentiel en Nouvelle-Calédonie qui n’avait, alors, jamais subi d’épidémie de cette maladie). Ces similitudes ont permis d’estimer que la menace chikungunya était également à considérer sérieusement. Une prévision qui sera confirmée ou infirmée au moment où paraîtra cet article.En Nouvelle-Calédonie, les conditions météorologiques de l’été sont fortement influencées par le phénomène ENSO (El Niño

Southern Oscillation) : sécheresse par conditions El Niño,été chaud et humide quand les conditions inverses (La Niña)dominent. Or, en matière de prévision saisonnière, la prévision du phénomène ENSO donne des résultats encourageants. Les travaux en cours concernant cet aspect laissent espérer l’amélioration de notre capacité à anticiper plusieurs mois à l’avance les épidémies. On pourra alors envisager la mise en opérationnel d’une évaluation du risque météorologique d’épidémie destinée aux autorités de santé de Nouvelle-Calédonie avec des réévaluations régulières du risque durant la saison chaude.Le projet de recherche doit également être étendu à d’autres îles du Pacifique telles que la Polynésie française.

1. Les arthropodes constituent un large groupe d’espèces dont font notamment

partie insectes, arachnides, crustacés, etc.

2_ Aedes aegypti, moustique vecteur de la fièvre jaune et de la dengue

Figure 1 : incidence annuelle de la dengue en Nouvelle-Calédonie (nombre de cas rapportés pour 10 000 habitants par an). Le sérotype principal des épidémies est indiqué. (Source Descloux et al.)

Le chikungunya, égalementtransmis par l’aedes aegypti,est similaire à la denguepar certains aspects.

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POLYNÉSIEGÉoGrAPHiE Environ 118 îles composent la Polynésie française. Ces îles d’origine volcanique ou corallienne couvrent une superficie émergée de 4 200 km² dispersée sur 2 500 000 km² (équivalent à la surface de l’Europe). Cinq archipels composent ce territoire :

L’archipel de la Société est composé des Iles du Vent (Tahiti,Moorea et Tetiaroa) et des Iles Sous le Vent (Raiatea, Tahaa, Huahine, Bora Bora et Maupiti).Parmi les Iles du vent, Tahiti abrite la ville de Papeete, centre administratif et commercial de la Polynésie française. C’est une « île haute » avec son mont Orohena qui culmine à 2 241 m d’altitude. Tahiti est l’île la plus habitée du territoire.

L’archipel des Marquises est composé d’une douzaine d’îles L’archipel des Marquises est composé d’une douzaine d’îles L’archipel des Marquisess’étirant du nord au sud sur 350 km. De nos jours, ses quelque

9 000 habitants se répartissent sur seulement six d’entre-elles. D’origine volcanique, les « îles hautes » offrent un paysage accidenté. Dans l’île de Hiva-Hoa, le pic Hanaï culmine à 1 260 m. Les terres les plus proches sont les atolls de Puka Puka et Napuka, à 450 km.

Situé sur le tropique du Capricorne, l ’archipel des Australesest constitué de cinq îles hautes. C’est le mont Parahu avec son sommet à 1 450 m qui domine cet archipel.

L’archipel des Tuamotu, composé de nombreux atolls et îlots,se partage entre lagons, récifs et océan.

L’archipel des Gambier est d’origine volcanique. Moins chaud,L’archipel des Gambier est d’origine volcanique. Moins chaud,L’archipel des Gambierdisposant d’eau en abondance, sa végétation est diversifiée et son agriculture prospère.

CLiMATLe climat de la Polynésie française est globalement chaud et humide. De novembre à avril, c’est la saison dite « chaude » coïncidant à l’été austral. L’humidité est importante. De mai à octobre, c’est la saison dite « fraîche » correspondant à l’hiver

austral, caractérisée par une humidité plus faible. Toutefois, du fait de la grande étendue latitudinale de la Polynésie française, chaque archipel est soumis à des types de temps bien spécifiques (voir article « La Polynésie un archipel de climats variés »).

MÉTÉo-FrANCEMétéo-France est présent sur tous les archipels, du nord au sud de la Polynésie française, sous la forme soit d’une simple station d’observation automatique, soit d’une station avec des observateurs réalisant des mesures de surface et des sondages d’altitude.

QuELQuELQuELQ ES dATEATEA S

18531853 : premières observations météorologiques sur le Territoire 192919291929 : création du Service météorologique des Colonies 193519351935 : première station météorologique, l’Observatoire de Faiere 194819481948 : un incendie détruit l’Observatoire, la station météo

esest transférée à Pirae 19491949 : le Service Météorologique emménage à Auae à l’entrée

de Pde Papeete 19571957 : premiers radiosondages sur le « Motu Tahiri »

prprès de l’ancienne aérogare 19611961 : la piste internationale est ouverte

19681968 : installation du service météorologiquedans ses ldans ses locaux actuels

19901990 : création du Service d’État de la météorologieen Pen Polynésie française, distinct du Service d’État de l’aviation civile

19941994 : la Direction de la météorologie nationale devientl’EPA Météo-France’EPA Météo-France ; le Service d’État de la météorologie en Polynésie française devient Direction interrégionale de la Polynésie française (DirPF).

À Tahiti, 74 agents assurent les prévisions météorologiques et la maintenance pour l’ensemble de la Polynésie. On y trouve également cinq stations de mesures et une station de radiosondage. Trois autres sites effectuent des radiosondages : aux Marquises (Hiva-Oa), aux Australes (Rapa) et aux Gambier (Mangareva).

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températures, précipitations et insolation varient notablement d’une île à l’autre, selon sa latitude et sa topographie (île haute ou atoll). Ainsi, à latitude égale, les atolls connaissent plus de jours secs (moins de 0,5 mm de cumul de précipitations) que les îles hautes. Et sur les îles hautes, les versants protégés des alizés sont eux-mêmes plus secs que les versants au vent. À altitude égale, les jours secs sont plus nombreux dans le nord du territoire. Côté température, à altitude égale, les moyennes annuelles, toujours supérieures à 20 °C, sont plus basses aux Australes que plus au nord. Caractéristique des îles proches de l’équateur, l’amplitude thermique des moyennes mensuelles est peu marquée : moins de 2 °C d’écart entre le mois le plus chaud et le mois le plus froid aux Marquises, au nord de la Polynésie. Mais, plus on va vers le sud, plus cette amplitude augmente pour atteindre 6,3 °C à Rapa, l’île la plus australe du territoire.

cLIMAt pAr ArchIpEL Du NorD Au suD…l’archipel des marquises est généralementsoumis au régime d’alizés. Les températures annuelles y sont élevées (26,4 °C à Atuona sur l’île d’Hiva Oa ou encore 26,8 °C à Nuku-Ataha sur l’île de Nuku Hiva plus au nord). Ces températures moyennes varient peu au fil des mois : entre le mois le plus chaud (mars) et le mois le plus frais (septembre), on relève moins de 2 °C d’amplitude. Côté insolation, on relève seulement

32 jours par an avec moins de 5 heures de soleil à Nuku Ataha, 60 jours à Atuona.

Sur l’archipel de la société, le cycle annuelest plus marqué qu’aux Marquises. Il se caracté-rise par des pluies fortes en saison chaude (de novembre à avril) et souvent plus faibles en saison « fraîche » (de mai à octobre). Les côtes exposées aux alizés et surtout les hauteurs sont beaucoup plus arrosées. Les températures annuelles sont chaudes avec une moyenne annuelle de 26,3 °C à Faa’a, de 27,2 °C à Bora-Bora. L’amplitude thermique entre les mois les plus chauds (février-mars) et le plus frais (août) est inférieure à 3 °C. Les îles et atolls de l’archipel de la Société connaissent 33 à 56 jours par an avec moins de 5 heures de soleil.

Sur les tuamotu, les saisons sont relativementbien distinctes avec une saison des pluies de novembre à avril, décembre et janvier étant particulièrement arrosés. Les cumuls annuels de précipitations varient de 1 300 mm à 1 900 mm. Côté températures, les moyennes annuelles sont supérieures à 25 °C et les variations de température restent faibles pour ne pas dépasser 4,5 °C entre mars, le mois le plus chaud, et août, le mois le plus frais sur cet archipel. L’ensoleillement est bon, de l’ordre de 2 700 heures par an, avec 43 à 56 jours d’ensoleillement inférieur à 5 heures. Les vents sont peu perturbés du fait de l’absence de relief.

un archipel de climatsSi chaleur et humidité caractérisent le climat de la Polynésie française, les différents archipels, parsemés entre 5° S et 30° S, présentent quelques nuances.

L A P O LY N É S I EVictoire Laurent. Météo-France/DIRPF

1_ Survol d’un atoll polynésien.

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Les îles de l’archipel des Gambier, au sud-est desTuamotu, jouissent d’un climat toujours humide mais un peu plus frais, avec une moyenne annuelle de 23,4 °C à Mangareva où il fait « seulement » 21,2 °C en moyenne au mois d’août au cœur de l’hiver austral ! Les pluies y sont relativement constantes tout au long de l’année, avec un cumul annuel de 2000 mm et un pic relatif en novembre. L’insolation est plus faible que dans les archipels plus au nord, avec de 50 à 90 jours d’ensoleille-ment inférieur à 5 heures.

Le climat des australes connaît les conditionsmétéorologiques les plus défavorables de la Polynésie française. De par sa position assez sud, l’environnement atmosphérique de cet archipel se rapproche de celui des zones tempérées, en saison fraîche, et de celui des zones tropicales en saison chaude. Le climat est caractérisé par des pluies assez bien réparties tout au long de l’année avec un pic relatif en janvier. Les tem-pératures annuelles moyennes sont inférieures à 25 °C et le mois le plus frais (août) présente des valeurs moyennes comprises entre 17,8 °C

et 21,4 °C. Les vents sont plus soutenus et plus variables que sur le reste de la Polynésie française. L’insolation est la plus faible du pays avec jusqu’à 108 jours d’ensoleillement inférieur à 5 heures. C’est sur cette zone que l’on observe les plus fortes houles, en dehors des houles cycloniques.

L’IMpAct D’ENso ENSO (El Niño Southern Oscillation) désigne une oscillation climatique de grande ampleur affec-tant principalement le Pacifique sud. En temps normal, les alizés soufflant au nord de l’anticyclone subtropical entraînent les eaux chaudes de surface vers l’ouest. Ainsi, vents et courants concentrent dans la partie ouest du Pacifique de l’eau très chaude (à plus de 28 °C en surface). Inversement, dans la partie est, près des côtes du Pérou et de l’Équateur, les eaux de surface entraînées vers l’ouest provoquent des remontées d’eau profonde beaucoup plus froides. La Niña correspond à un état où cette situation La Niña correspond à un état où cette situation La Niñaest renforcée. El Niño correspond à une situation El Niño correspond à une situation El Niñooù anticyclone et alizés étant affaiblis, les eaux chaudes refluent vers l’est. On constate alors un réchauffement anormal des eaux équatoriales dans la partie centrale et est du Pacifique. C’est la « phase chaude » ou « phase positive » de l’oscillation, La Niña étant la phase froide ou La Niña étant la phase froide ou La Niñanégative. El Niño se reproduit tous les 2 à 7 ans El Niño se reproduit tous les 2 à 7 ans El Niñoet perturbe le climat de la Polynésie. L’activité cyclonique notamment s’étend alors vers le centre

Le climat des Australes connaît les conditions météorologiques les plus défavorables

de la Polynésie française.

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et l’est du Pacifique, augmentant ainsi le nombre de cyclones susceptibles de toucher la Polynésie française.

En effet, bien que la Polynésie française ne soit pas la zone la plus exposée au risque cyclonique, plusieurs études ont mis en évidence le lien entre l’activité cyclonique et les phases El Niño.Durant les forts épisodes El Niño de 1982-83et de 1997-98, respectivement 5 et 3 cyclones puissants ont affecté la Polynésie française, dont Orama le plus intense observé depuis 1970. Entre le 20 et le 28 février 1983, la pression atmosphérique au centre d’Orama est descendue à 870 hPa et le vent a atteint 355 km/h en rafales.Durant la phase froide d’ENSO ou La Niña,la fréquence des alizés croit de manière significative sur la Polynésie française. On constate également, de la Société aux Marquises, une activité orageuse plus importante.

ENso 2009-2011Au cours de la saison chaude 2009-2010, les indicateurs océaniques et atmosphériques sur l’océan Pacifique ont mis en évidence une configuration type El Niño. Ayant atteint le stade modéré entre janvier et février 2010, on lui doit la persistance d’une zone de grains active sur la Société et les Gambier en janvier, le passage du cyclone tropical Oli en février, avec des vents moyens de 185 km/h, et une sécheresse relative

aux Marquises, aux Australes et sur le nord des Tuamotu. Faisant suite à la phase chaude d’ENSO, la phase froide (La Niña) s’est mise en place dès le moisde juin 2010 et a atteint sa phase mature au mois de décembre. Elle a eu un impact caractéristique sur la Polynésie française : anomalies de tempé- rature positives aux Australes et négatives aux Marquises, sécheresse bien marquée sur le centre et le nord de la Polynésie française et orages plus fréquents sur l’ensemble du pays.

L’évoLutIoN cLIMAtIquEL’évolution climatique en Polynésie française se traduit par un net réchauffement sur le centre et l’est, de l’ordre de 1,5 °C au cours des 50 dernières années. Cependant, ce réchauffement semble moins marqué au niveau des Marquises et peu significatif aux Australes.Si on s’intéresse au régime des précipitations, aucune tendance climatique significative n’a été relevée. Il semblerait que les régimes de pluies présentent des variations sur une période de plusieurs dizaines d’années (l’IPO, Interdecadal Pacific Oscillation), notamment aux Marquises, corroborant en cela les us et traditions de l’île. En effet, afin de lutter contre une longue période de sécheresse, la population stockait des réserves sous forme d’une pâte à base de « uru », fruit de l’arbre à pain, qu’elle fabriquait pendant les années d’abondance ou de pluie.

1_ Moorea, île soeur de Tahiti,vue depuis Faaa (Tahiti).

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« J’étais à la maison, raconte tamatoa,habitant de Tubuai, j’entendais le ventsouffler, la mer était très agitée et j’avais très peur. Soudain ma maison est partie, le toit s’est envolé. J’ai tout perdu. Dans ma chambre, il n’y a plus que du sable et de l’eau de mer. » Un peu plus loin, Manuari » Un peu plus loin, Manuari »est resté toute la nuit enfermé dans son 4x4 avec sa femme. « On a passé une nuit blanche, c’était comme un film catastrophe, ça volait de partout. » Un homme d’une » Un homme d’une »quarantaine d’année s’est noyé, emporté par une vague ; 200 maisons ont été détruites ; 10 km de route ont été emportés.

Lundi 3 février, Tahiti sortait des paillettes du 7e Fifo, le Festival international du film documentaire océanien, où avait été primé un film néo-zélandais sur les changements climatiques et la montée des eaux !Une dépression tropicale forte était an-noncée par les services de Météo-France. Mercredi, Oli s’est transformée en cyclone et l’alerte rouge a été déclenchée de Bora Bora à Raiatea. Une cellule de crise a été mise en place rassemblant l’armée, Météo-France, la sécurité civile, l’aviation civile et les différents services de l’État et du pays. Les écoles ont été fermées, les habitants ont été priés de rester chez eux ou de gagner les abris anticycloniques, la circulation a été interdite. Un Super Puma de l’armée a reçu l’ordre, en pleine nuit, de faire évacuer les habitants des deux atolls, Manuae et Mopelia. La plupart d’entre eux ont refusé d’abandonner leur maison.Dans la nuit, le phénomène cyclonique s’est intensifié. Tahiti et Moorea ont été placés en

alerte rouge mais les gendarmes ont dû verbaliser quelques inconscients, notam-ment des surfeurs qui, de nuit, voulaient profiter de la forte houle. Heureusement, le cyclone est passé à 300 km des côtes. À ce moment-là, plus de 4 000 personnes avaient déjà été évacuées des littoraux. Un bilan faisait état d’un blessé grave à Bora Bora et de 320 maisons détruites. Le pire restait à venir. En s’intensifiant, Oli a pris la direction des Australes. Jeudi soir, il était au large de Rurutu. À 1 heure du matin, « tous les services ont été mobilisés pour sécuriser les personnes ou les évacuer vers les centres d’hébergement, les écoles ou les salles paroissiales », explique le maire,Frédéric Riveta. Là aussi, les vents de 110 km/h à 120 km/h sont passés au large. «Faceaux vagues de plus de 6 mètres, la digue nous a protégés, ajoute le maire. nous a protégés, ajoute le maire. nous a protégés, Nousnous en sommes bien sortis, merci, Seigneur. »Ici, la foi fait que beaucoup s’en remettent à Dieu.

Et la dépression est arrivée sur Tubuai. « Moi qui aime la voile, je n’avais jamais vu de vents aussi violents, raconte Bruno.ents aussi violents, raconte Bruno.ents aussi violents,Vers 3 h, ça s’est calmé. Durant une heure, le silence était inquiétant. Et soudain, le vent a repris avec encore plus de violence et les toits se sont envolés. Nous n’avions plus d’eau ni de courant. » Dès que les vents se sont calmés, l’avion du Pays a conduit la ministre de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard, en visite officielle en Polynésie, et le président de la Polynésie française, Gaston Tong Sang, sur les sites dévastés. « J’avais quitté, il y a un mois,

une île qui vivait en harmonie entre ciel, terre et mer et j’ai retrouvé une île meurtrie, défigurée », constate le président. La ministre,venue en Polynésie pour mettre un coup d’arrêt à l’instabilité politique, s’est retrou-vée confrontée à l’instabilité climatique. « J’ai senti une angoisse et une souffrance qui ne s’expriment pas », confie-t-elle.Mais cette catastrophe naturelle a surtout révélé «la misère et la précarité qui montent,convient Marie-Luce Penchard. La vie est dure pour une partie de la population, il y a une autre Polynésie que celle des lagons et des hôtels luxueux, et si on ne règle pas ces questions il n’y aura plus de cohésion sociale et ça pourrait entraîner de vives tensions. »

Samedi 8 février, la ministre de l’Outre-mer repartait vers Paris avec la promesse de débloquer des fonds pour venir en aide aux sinistrés. Les deux avions Casa de l’armée débutaient leurs rotations pour amener des vivres et de l’eau sur les îles ravagées. Deux navires de la flotte polynésienne prenaient la mer avec des hommes, des pelles, des camions, des pelleteuses, des kits de fare MTR (maison locale), des câbles et des poteaux électriques, des vivres et de l’eau, beaucoup d’eau, pour reconstruire des îles où la température dépassait à nouveau les 30 °C.

1_ Le 4 février 2010 à 18h50 UTC.Image du satellite Metop02. Après être passé à 300 km à l’ouest de Tahiti, le cyclone Oli se situe à environ 200 km des îles Australes. Les vents près du centre (pression 950 hPa) atteignent 210 km/h.

Février 2010. Arrivant par le nord-ouest, la tempête tropicale oli s’intensifieen passant au large de Tahiti pour devenir cyclone tropical. Le vendredi 7 février, l’île de Tubuai, dans l’archipel des Australes, est dévastée. un homme est mort, victime d’une noyade. Mais l’anticipation a évité un bilan plus lourd encore.

Gilles Marsauche

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le jour de notre rencontre, Gérard therryétait plus préoccupé par les rumeurs de nuage radioactif sur la Polynésie française, venu du Japon, que par les prévisions météo. Son téléphone n’arrêtait pas de sonner, et il devait faire non pas de la prévision mais de la pédagogie en expliquant que « les échangesentre l’hémisphère sud et l’hémisphère nord sont très limités, que majoritairement, à la latitude du Japon, les vents soufflent d’ouest en est, et que la Polynésie n’était aucunement sous leur influence…. » Mais ses explications avaient» Mais ses explications avaient»du mal à dissiper les craintes. Pourtant, un an plus tôt, à l’occasion du phé-nomène cyclonique Oli, Météo-France avait fait la preuve de sa connaissance des mouvements atmosphériques et de son savoir-faire en matière de prévision.

Hasard ou exactitude? Pour le directeur interrégional de Polynésie française, « la prévision et le cœurdu dispositif ont bien fonctionné ».À la tête d’une station de 90 agents répartis sur 4 points d’observation à Rikitea (archipel des Gambier), Rapa (Australes), Atuona (Marquises) et Tahiti, il doit surveiller un pays étendu comme l’Europe avec peu de relief mais des îles hautes « dans une zone océanique où la chaleur pro-voque des mouvements verticaux. Comme le Pop Corn, çà bout à un endroit ou à un autre, ce qui complique la prévision. Mais, en gros, plus l’eau est chaude, plus les phénomènes orageux, les grains et les cyclones vont pouvoir se développer. Or, El Niño est caractérisé par le déplacement des eaux chaudes de l’océan Pacifique intertropicale. Poussées vers l’ouest en temps normal, elles se rapprochent

CyClone oli La Polynésie française, ballotée d’El Niño en La Niña, attend chaque année les prévisions d ’activité cyclonique avec impatience et inquiétude. Lors du cyclone Oli en février 2010, la justesse des prévisions de Météo-France ont été un élément capital dans l’alerte. Rencontre avec Gérard Therry, directeur interrégional de Météo-France en Polynésie française.

u n e p r é v i s i o n e x e m p l a i r e

Propos de Gérard Therry,directeur interrégionalde Météo-France/DIRPF,

recueillis par Gilles Marsauche

1_ Station météorologiquede Rikitea (Gambier)2_ Rapa (Australes)

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de la Polynésie en période El Niño entraînant avec elles, tempêtes tropicales et cyclones. »Il rappelle que « à peu près le tiers du temps,on est en phase El Niño, puis en phase La Niña et le dernier tiers en phase neutre. On ne bascule pas d’un état dans l’autre du jour au lendemain ; c’est un couplage entre l’atmosphère et l’océan et, si la première perd la mémoire au bout de 15 jours (le temps qu’il fera dans 15 jours ne dépend plus du temps qu’il fait aujourd’hui), le second réagit beaucoup plus lentement. C’est cette « mémoire » de l’océan qui permet de faire des prévisions saisonnières sur plusieurs mois ». Ces prévisions saisonnières n’ont pasgrand-chose à voir avec les prévisions précises que l’on connaît pour le lendemain ou les jours suivants. Elles se contentent de dire si le trimestre à venir sera plus chaud ou plus froid que la normale, plus sec ou plus humide, favorable ou non aux cyclones.

Les deux dernières années ont été « une belleillustration de ce qui se passe dans la région,explique Gérard Therry, avec une saison La Niña forte en 2011 et une saison qualifiée d’El Niño l’année précédente. En 2010, un cyclone n’était donc pas exclu ». En février 2010, il y eut Oli,

l’un des cyclones tropicaux les plus intenses, sur la Polynésie française, de ces trente dernières années.

Oli est l’exemple même d’un bon fonctionnement dans la chaîne prévention, prévision, avertisse-ment, alerte. Les estimations du timing et de la trajectoire ont été justes, l’alerte a été déclenchée au bon moment. Mais le directeur ne fanfaronne pas et précise : « il ne faut pas se laisser abuser. J’insiste sur l’erreur de prévision moyenne de la trajectoire d’un cyclone : de l’ordre de 150 km à 24 heures d’échéance, ce qui peut changer du tout au tout pour les populations concernées. » Oli est passé au large de Tahiti en phase d’intensification, il a atteint son intensité maximum entre Tahiti et l’archipel des Australes et abordé Tubuai en débutant sa décroissance.

Pour Gérard Therry « tous les maillons sont interconnectés et tous sont concernés par de nécessaires améliorations », mais la communi-cation est une priorité et un dispositif de vigilance météorologique pour avertir les populations des phénomènes météorologiques dangereux a été mis en place au mois d’avril dernier.

3_ Station météorologique d’Atuona (Marquises) 4_ La station météo d’Atuona (en blanc sur l’éperon rocheux) 5_ Station météorologique de Rapa

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le niveaude risque

La vigilance météorologique, mise en place en Polynésie en avril 2011, suit les mêmes principes que celle de métropole. Quatre couleurs – vert, jaune, orange et rouge – pour qualifier le niveau de risque, pour les prochaines 24 heures, de quatre phénomènes : fortes pluies, orages, vent violents et fortes houles. L’ensemble de la Polynésie française est découpé en 17 zones. La vigilance s’ajoute au système d’alerte cyclonique, qui utilise aussi un code de couleur et le découpage en 17 zones.Pour connaitre l’alerte cyclonique et la vigilance du jour, et en savoir plus sur les précautions à prendre, consulter le site www.meteo.pf

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à l’aube, en sortant de chez elle, Victoire Laurent ne regarde pas le ciel pour vérifier quel temps il fait mais pense au réveil de son fils, lycéen, à son programme de travail pour la journée, et à sa commune, dont elle occupe le poste d’adjoint au maire depuis 2008.« J’ai une vie tellement riche que je n’ai pas de préoccupations premières, confie-t-elle.éoccupations premières, confie-t-elle.éoccupations premières,Alors quand je passe le pas de ma porte, je ne m’inquiète pas du temps, je ne suis pas prévisionniste. Mon boulot, c’est l’étude, ce qui sort de la routine ».La routine c’est ce qui inquiète cette physicienne.Avec son DEUG de physique, elle cherche un emploi, postule dans l’éducation, mais réussit au concours d’aide technicien de Météo-France. « Avec toutes les opportu-nités offertes d’évolution de carrières, pour quelqu’un qui aime la physique et la science, c’était une chance ». Mais si« au début primait le besoin de gagner sa vie, c’est vite devenu une passion ».

Pourtant, l’entrée dans le métier n’a pas été facile. Elle s’ennuie. « L’observation etle radiosondage, on en fait vite le tour,dit-elle. Tout se faisait à la main, c’étaitrébarbatif, répétitif.» Alors, elle s’accroche,rébarbatif, répétitif.» Alors, elle s’accroche,rébarbatif, répétitif.»passe les concours et, pour la jeune Tahitienne, gravir les échelons est un combat, notam-ment pour passer des oraux après 24 heures d’avion.Son ascension, elle la doit à sa ténacité, mais elle est aussi guidée par son désir de retourner en Polynésie. « C’est mon pays,c’est là que je voulais faire mes preuves et il y avait beaucoup à faire ».La documentation devient une de ses prin-cipales préoccupations avec, notamment, la publication en 2006 d’un Atlas climatolo-gique de la Polynésie française réalisé avec gique de la Polynésie française réalisé avec gique de la Polynésie françaisel’océanographe Kaitapu Maamatuaiahutapu.Victoire Laurent en parle avec passion mais aussi avec gourmandise. L’observation, la prévision, la climatologie lui ont ouvert des espaces de recherches mais aussi les portes de la planète. Quand elle en parle,

Victoire laurent, une femme animée de passionsGilles Marsauche

1_ Vol au-dessus d’un atollde l’archipel des Gambier.

2_ Victoire Laurent avec son directeur, Gérard Therry, en réunion avec le personnel

de la station météo de Rikitea (Gambier).

Chef de la division climatologie, études et réseau de Polynésie française, Victoire Laurent peut être fière du chemin parcouru. Mais cette Tahitienne de 46 ans n’en tire pas vanité. Sportive, engagée, travailleuse, elle est arrivée à la météo par hasard, trouve dans les phénomènes météorologiques plus de plaisir que d’inquiétudes, s’intéresse autant au passé qu’à l’avenir, autant à la climatologie qu’au développement de sa commune. Rencontre avec une femme passionnée qui assume ses contradictions.

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Née à Tahiti le 19 juillet 1965,d’un père martiniquais et d’une mère originaire de Rikitea aux Gambier (ar-chipel de Polynésie française).

Mère de deux enfants, Jacques et Julien.

Études entre Pau, Évreux, Papeete et Toulouse, où elle décroche un DEUG de physique.

Reçue en 1987 au concours d’aide technicienne de Météo-France.

En poste durant 4 ansaux Gambier.

Reçue en 1992 au concoursTEC (technicien exploitation), elle est affectée aux Marquises durant 2 ans.

Reçue en 1997 au concours d’ingénieur des travaux, elle est affectée en 2000 au laboratoire de prévisions de Toulouse.

En 2001, elle est nommée chef de la division climatologie, études et réseau de Polynésie française.

En 2005, elle remportele championnat de Polynésie de V1 (pirogue polynésienne).

En 2006, elle publieun « Atlas climatologiquede la Polynésie française ».

En 2008, elle est élueau Conseil municipal de Faa’a et nommée adjointe au maire.

Elle prépare un ouvrage sur l’histoire des cyclones en Polynésie française.

victOire laurent, entre mémOire et prévisiOns

ses yeux s’illuminent. « La carte d’identitéde la météo, c’est la collaboration avec les autres pays. Quand je suis entrée à Météo-France, j’ai adoré décrypter les messages, des chiffres compréhensibles partout dans le monde. Le langage météo est international. »Les dépressions lui laissent un sentiment contradictoire, à la fois affligée par leurs conséquences humaines et matérielles, et passionnée par l’événement. « Parmauvais temps, nous prenons la mesure de l’importance de notre métier, il y a plutôt de la joie de bien faire son travail, d’avoir été présent aux côtés de ses collègues. »Alors, les critiques sur les approximations météorologiques, elle les écarte, un peu agacée, en rappelant que la « météo estdevenue le quotidien de tout le monde. Les gens sont de plus en plus exigeants. On est passé d’une prévision sur 24 heures pour un pays grand comme l’Europe à des demandes concernant un point de la côte à une heure précise ».Pour autant, Victoire Laurent ne se perd pas dans le ciel. Elle a besoin d’être confrontée à la réalité. Pour garder les pieds sur terre, elle aide ses parents agriculteurs ; elle se présente aux élections municipales de 2008 dans la commune la plus peuplée, Faa’a. Elle a vécu le cyclone Oli avec un pied à Météo-France en s’inquiétant pour ses collègues de Tubuai, un autre dans les écoles de sa commune dont elle a la charge. Elle raconte en riant, « en pleine alerterouge, en arrivant à la maison, je regarde mon frère et mon fils, on n’avait rien prévu,

ni clous, ni scotch pour se protéger ».Elle s’enflamme aussi quand nous abordons la place de la femme dans la société polynésienne et raconte, toujours en riant, comment elle s’est imposée sur une course de Va’a, la pirogue polynésienne, jusque-là réservée aux hommes.Parce que Victoire Laurent porte bien son prénom. Avec l’équipe de Tahiti de Va’a,

elle est montée trois fois sur le podium du championnat du monde. Mais aujourd’hui ses engagements ne lui laissent plus beau-coup de temps pour ses entrainements, alors elle se réfugie dans la lecture, le fantastique de préférence, ce qui la « sort du quotidiensans trop l’en éloigner ».Il faut dire qu’elle a du pain sur la planche avec, notamment, la sortie prévue en fin d’année d’un livre sur l’histoire des cyclones en Polynésie, du premier répertorié en 1831 à aujourd’hui, en passant par les plus meur-triers en 1878 et en 1903. Destinée à un « largepublic pour la compréhension de tous »,cette recherche sera une nouvelle pierre dans la mission qu’elle s’est attribuée : « améliorer les connaissances météorolo-giques sur le bassin polynésien ».

En poste durant 4 ansaux Gambier.

Reçue en TEC (technicien exploitation), elle est affectée aux Marquises durant 2 ans.

Reçue en d’ingénieur des travaux, elle est affectée en 2000 au laboratoire de prévisions de Toulouse.

En chef de la division climatologie, études et réseau de Polynésie française.

En le championnat de Polynésie de V1 (pirogue polynésienne).

En un de la Polynésie française ».

En au Conseil municipal de Faa’a et nommée adjointe au maire.

Elle prépare un ouvrage sur l’histoire des cyclones en Polynésie française.

« Par mauvais temps, nous prenons la mesure de l’importance de notre métier, il y a plutôt de la joie de bien faire son travail, d’avoir été présent aux côtés de ses collègues. »

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nicolas Beriot, secrétaire généralde l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) est catégorique. « Il faut dès maintenant s’y préparer, s’y adapter »pour le vivre au mieux. Les recherches scienti-fiques étoffent d’ailleurs chaque année un peu plus les preuves sur le phénomène. En témoignent deux études publiées au mois de février 2011 dans la revue internationale Nature ; elles établis-sent un lien entre le réchauffement climatique mondial et les inhabituelles pluies diluviennes observées dans l’hémisphère nord ainsi que les risques d’inondations accrus1.

Créé il y a tout juste 10 ans, l’Onerc a pour but d’informer la population, le Parlement et les collecti- vités territoriales sur les risques liés au changement climatique ainsi que sur les moyens de s’en prémunir. Ces risques portent sur l’ensemble des écosys-tèmes : forêts, zones urbaines, prairies, zones côtières et de montagne, etc. Si l’Onerc se préoccupe d’inondations potentiellement plus fréquentes sur le nord de la France métropolitaine, il s’inquiète aussi des conséquences d’une possible augmenta-tion de l’intensité des cyclones en outre-mer. La modification du régime des pluies aura

de lourdes conséquences sur ces territoires, où la gestion des ressources en eau est souvent délicate. En ce début d’année 2011, l’île de la Réunion a subi des pluies diluviennes accompagnées d’éboulements de terrains après avoir vécu une période de sécheresse importante.

Une conséquence majeure du changement climatique, qui affectera toutes les îles, est l’élévation du niveau des océans. « Sur l’ensemble du globe, ce niveau s’élève environ de trois millimètres par an » indique» indique»Nicolas Beriot. « On suppose que ce phénomèneva continuer au cours de ce siècle ; il est même possible qu’il s’accélère. Le premier effet est une modification du trait de côte (limite entre la mer et la terre définie pour un certain coefficient de marée et par conditions météorologiques « normales »). On considère qu’une hausse du niveau de l’océan d’ un centimètre fait en moyenne reculer le trait de côte d’un mètre vers l’intérieur des terres. Dix centimètres d’eau de mer en plus, c’est dix mètres de plage en moins ! Un effet qui est déjà sensible et visible, même en France métropolitaine. »Les territoires les plus touchés seront les estuaires

S ’A D A P T E R A U X E F F E T S

« Le changement climatique est une réalité. Quoi que l’on fasse pour l’atténuer, il aurades conséquences sur nos sociétés humaines. »

lisa Gisa Gisa arnier

DU CHANGEMENTC l i m at i q U e

1_ En haut : Aérodrome de Tikehau par temps normal.

En bas : Aérodrome de Tikehau. Montée des eaux suite à une houle de

latitudes australes.© Bruno Marty

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et les îles basses telles que les atolls. Les 15 000 habitants de l’archipel des Tuamotu en Polynésie française sont bien placés pour le savoir. Avec des altitudes maximales de quelques mètres seulement, ces îles sont très vulnérables. À tel point, qu’au début de 2010, Tauira Puarai, le maire de l’île de Napuka, située dans le groupe de terres coralliennes basses nommées «îles du Désappointement» au nord de l’archipel des Tuamotu, entamait la démarche historique d’écrire à ses collègues des îles Marquises pour trouver des terres refuges. « À l’avenir,les phénomènes extrêmes, même incertains, et la hausse du niveau de la mer doivent être mieux pris en compte dans la planification et le développement de toutes infrastructures situées sur le littoral. Parce que lors de conjonctions exceptionnelles, marées de fort coefficient accompagnées de vents violents par exemple, il arrive qu’une vague franchisse les défenses existantes et envahisse une zone que l’on croyait protégée des inondations. »

Pour aider les collectivités locales à se préparer aux effets du changement climatique, l’Onerc a édité un guide pour faciliter l’adaptation2.

« Outre-mer, les grands projets, dans le secteur hôtelier notamment, sont le plus souvent localisés sur le littoral. Désormais, il est possible, et c’est déjà révolutionnaire, d’y inclure un volet d’étude sur l’impact du changement climatique. Cela ne coûte pas plus cher, par exemple, d’essayer

de construire en retrait du bord de mer. Désormais, tout investissement, tel que logement, usine de trai-tement des eaux, route ou équipement portuaire, devrait se concevoir en réfléchissant à sa robustesse future par rapport à la variabilité et au réchauf-fement climatiques. Cela accroît la sécurité et protège le patrimoine sur le long terme. »

L’élévation du niveau de l’océan peut aussi polluer des nappes d’eau douce ou compromettre certaines

2_ Atoll de Tikehau.Montée des eaux et pluies diluviennes ont pour conséquence l’inondation partielle de l’aérodrome.

Une hausse du niveau de l’océan d’un centimètre fait en moyenne reculer le trait de côte d’un mètre vers l’intérieur des terres. Dix centimètres d’eau de mer en plus, c’est dix mètres de plage en moins !

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cultures vivrières proches du rivage. « En prenantle temps de réfléchir de manière fine à l’impact des pluies, de la sécheresse, de la chaleur sur une activité ou un territoire, on s’ouvre à une autre façon de voir le monde, plus globale et multidimensionnelle. On combine toutes les problématiques : logement, transports et réseaux routiers, ressources en eau, énergie, santé, biodiversité, déchets, gestion des espaces verts... Surtout dans le cas des îles, où l’espace est très contraint et où les limites des ressources naturelles sont très sensibles. Une retombée de cette réflexion est une plus grande conscience des relations diverses et subtiles entre nos activités et les milieux naturels, ce qui incite à lutter contre les causes du changement climatique.»

Pour que personne ne soit pris au dépourvu, l’Onerc coordonne la préparation du premier plan national d’adaptation au changement climatique.

« C’est un chantier qui a commencé fin 2009. À l’issue d’une large concertation, nous avons rassemblé près de 200 propositions de recom-mandations pour l’adaptation de la France au changement climatique. Le document doit être finalisé pour cet été. »

Personne ne pourra dire qu’il n’aura pas été prévenu ...

1. Anthropogenic greenhouse gas contribution to flood risk

in England and Wales in autumn 2000, Pardeep Pall et al., Nature,

470, pp. 382–385 ; Human contribution to more-intense

precipitation extremes, Seung-Ki Min et al., Nature, 470,

pp. 378–381, 17 fev 2011.

2. Êtes-vous prêts? Un guide pour l’adaptation à l’attention? Un guide pour l’adaptation à l’attention?

des collectivités locales, mars 2004, ONERC, disponible

sur www.onerc.gouv.fr

3. Villes et adaptation au changement climatique, 2010,

www.ladocumentationfrancaise.fr

1_ Souvent, dans les îles tropicalesbordées d’un lagon, on vit très près

de la mer. Une surélévation de quelques dizaines de centimètres

perturbe gravement la vie économique. Or, une faible montée du niveau

moyen de la mer (quelques centimètres) conduira à une multiplication

de ces événements.

En prenant le temps de réfléchir de manière fine à l’impact des pluies,de la sécheresse, de la chaleursur une activité ou un territoire, on s’ouvre à une autre façon de voir le monde

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L’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) travaille en collaboration avec de nombreux organismes scientifiques tels que Météo-France ou le CNRS. Il est le point focal français du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Créé par la loi, il contribue à élaborer une politique de prévention et d’adaptation aux effets du changement climatique. Il produit chaque année un rapport thématique à l’intention du Premier ministre et du Parlement3.

trOis questiOns à paul vergès, président de l’Onerc

En quoi l’adaptation au changement climatique est-elle particulièrement importante pour les collectivités d’outre-mer ?Les collectivités d’outre-mer sont caractérisées par des vulnérabilités et des enjeux spécifiques :

concentration d’activités sur le littoral, rareté de certaines ressources telles que l’espace habitable et l’eau, réserve de biodiversité, insularité…

Plus généralement, les collectivités d’outre-mer vivent dans une dépendance très forte par rapport aux milieux naturels qui les environnent ; de plus, certaines zones sont très densément peuplées, ce qui accentue certains défis. Mais l’exercice imposé qu’est l’adaptation peut devenir créatif, participant au progrès vers un développement rationnel et durable.

L’adaptation ouvre-t-elle un champ de coopération régionale ?L’outre-mer français voisine principalement avec des pays en développement. Or l’adaptation est un domaine nouveau, où nous sommes tous des apprentis face à l’inconnu. La coopération régionale en cette matière peut être équilibrée, réciproque. Elle doit faciliter la circulation rapide

des connaissances et des retours d’expérience. Cela dit, tout plan d’adaptation nécessite quand même une réflexion locale tenant compte des spécificités socio-économiques de chaque territoire.

Comment mobiliser tous les acteurs de la société ?L’adaptation au changement climatique passera par des milliers de décisions d’individus ou d’organisations au long des décennies à venir.Nous sommes encore dans une période de prise de conscience. L’effort actuel de formation et d’in-formation est intense et je pense qu’il commence à porter ses fruits. Il déclenche une évolution des esprits et des comportements vers plus d’harmonie avec la nature, ce qui se ressentira positivement dans de nombreux autres domaines que l’adaptation.Mais n’oublions pas que, simultanément à l’adap-tation, la lutte contre les causes du changement climatique reste indispensable et très urgente.

l’Onerc

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toits convexes, baies vitrées, façades de béton et acier. Construit sur le campus de l’Ifremer, à Plouzané (près de Brest), le siège de l’Institut polaire français Paul Emile Victor (IPEV) n’est pas qu’un élégant bâtiment de travail. Un entrepôt, un parking où sont posées des caisses marquées Kerguelen ou Terre Adélie, un Weasel – ancien engin à chenilles – exposé dans le hall d’entrée, révèlent sa vraie fonction : l’endroit est une base arrière, le point d’appui stratégique et logistique des six stations françaises installées dans les régions polaires.

Poignée de main ferme, regard bleu, allure râblée, Yves Frenot, 53 ans, directeur de l’IPEV, m’accueille dans un vaste bureau. Au mur, la carte du continent Antarctique. « J’ai fait toute ma carrière dans ces milieuxpolaires ou subpolaires. » D’origine charentaise,» D’origine charentaise,»ce biologiste a été directeur de recherches au CNRS, à l’université de Rennes, pendant plus de vingt ans. « Mon domaine était l’écologie terrestre et l’impact du changement climatique sur la biodiversité des îles subantarctiques : Crozet, Kerguelen et Amsterdam. »Après 14 mois de service national comme volontaire à l’aide technique sur Crozet (en 1982), le chercheur a multiplié les missions dans ces territoires hostiles pendant l’été austral, totalisant 37 mois de séjour là-bas. Après avoir été directeur adjoint, il a été nommé

à la tête de l’institut polaire en janvier 2010. « L’IPEV est une agence de moyens et de compétences. L’IPEV est une agence de moyens et de compétences. LNous n’avons pas de chercheurs, notre rôle est de mettre en œuvre des projets provenant d’organismes de recherche français, publics : CNRS, CEA, CNES, MNHN1, etc. Les scientifiquesqui souhaitent faire appel à nous doivent répondre à un appel d’offres annuel. Leur projet est alors évalué par un conseil scientifique international, indépendant, composé de 16 membres, dont 7 étrangers. C’est sur la base de cette évaluation qu’on étudie la faisabilité logistique et financière des projets. » Si, par exemple, un géologue voit» Si, par exemple, un géologue voit»son projet accepté, l’IPEV prend en charge voyage et matériel, fournissant le marteau pour casser des cailloux ou la tente pour camper, et s’occupant même d’expédier les échantillons au laboratoire.

Parmi les neuf membres du Groupement d’intérêt public qui gère l’Institut polaire (voir encadré), figure Météo-France. L’établissement maintient toute l’année du personnel sur les bases de Port-aux-Français aux îles Kerguelen (trois personnes, séjours de neuf mois) et de Dumont d’Urville en Terre Adélie (trois personnes, séjours de 12 ou 13 mois). Ces derniers assurent l’observation (avec un radio-sondage quotidien classique et, plusieurs fois par mois,

Propos d’Yves Frenot, directeur de l’IPEV, recueillis par Laurent Charpentier

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Les zones polaires jouent un rôle essentiel dans la compréhension des changements climatiques et leurs impacts sur la biodiversité.

Ces recherches sont menées en Arctique et en Antarctique grâce à l’appui logistique de l’institut polaire français Paul-Emile Victor (iPEV).

rencontre avec son directeur, Yves Frenot.

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Paul-Emile Victor

1_ Banquise au Groenland.

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un radiosondage d’ozone), le suivi climatologique et la prévision pour les transports aériens et le navire de relève de l’IPEV, l’Astrolabe. « La quasi totalitédes projets de recherche qu’on soutient sont en lien direct avec des sujets sociétaux, explique Yves Frenot.direct avec des sujets sociétaux, explique Yves Frenot.direct avec des sujets sociétaux,Il s’agit des changements climatiques, leur impact sur les écosystèmes, le trou d’ozone, ou l’évolution de la biodiversité polaire en fonction des activités humaines dans ces régions. » L’une des réussites les plus mar-» L’une des réussites les plus mar-»quantes de l’institut qu’il dirige a été le programme européen Epica (European project for ice coring inAntarctica), forage glaciaire de plus de 3 200 mètresde profondeur achevé en 2005 à la station franco- italienne Concordia, à l’intérieur du continent Antarctique. « Grâce à l’analyse des petites bulles d’airenfermées dans la glace, on a accès aux archives climatiques de la région sur 800 000 ans. Elles montrent bien qu’aux fluctuations cycliques du climat se rajoute aujourd’hui le facteur gaz à effet de serre dans des proportions jamais observées précédemment. »

À part les stations scientifiques à terre, l’autre mission de l’institut polaire est de développer le travail océano-graphique sur le Marion Dufresne. Ce navire, conçuà la fois pour desservir les îles dépendantes des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) et pour mener des recherches sous l’égide de l’IPEV, n’est pas habilité à naviguer dans la glace. Qu’importe : « ce bateau est leader dans le domaine du carottage de sédiments,ajoute Yves Frenot. En combinant à la fois glaceet sédiments marins, l’IPEV est en première ligne

pour accéder à des données de paléoclimatologie vraiment importantes. » Même si l’IPEV est présent au Spitzberg, notamment à Ny Ålesund, une station partagée avec les Allemands, ses activités se concentrent historiquement sur les bases antarctiques ou subantarctiques. Cependant, les enjeux géopolitiques dévoilés par la fonte de la banquise arctique suscitent un nouvel intérêt. « S’il existe une véritable volonté française pour développer des recherches en Arctique, il faudra, à mon sens, obligatoirement des moyens dédiés. »

L’institut polaire est certes une petite structure, mais elle est en prise avec des sujets brûlants. Par leur relative simplicité, les zones polaires, fragiles, isolées et préser- vées, sont un modèle pour comprendre l’impact de l’homme sur la nature. « Aux Kerguelen, à des milliersde kilomètres de toute activité industrielle, un pro-gramme d’éco-toxicologie sur les truites a permis de déceler des PCB (composant chimique non biodégradableet toxique, NDLR) dans leurs muscles! raconte le direc-teur de l’IPEV. Ce qu’on enregistre dans ces régions là,c’est bien un bruit de fond global des pollutions. Comme disent mes collègues, ces îles sont des sentinelles :elles permettent de mener une veille sur un certain nombre de phénomènes à l’échelle globale. »

1. CNRS : Centre national de la recherche scientifique.

CEA : Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives.

CNES : Centre national d’études spatiales.

MNHN : Muséum national d’histoire naturelle.

1_ L’Astrolabe, navire polaire2_ Carottage ayant permis

l’étude du climat sur 800 000 années.

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l’ipev à la lOupeQuelQues chiffres :

50 permanentsdont les deux-tiers viennent du CNRS ;

120 cOntractuelsrecrutés pour les campagnes d’été et les hivernages ;

40 vOlOntairescivils à l’aide technique (VCAT) recrutéschaque année pour les hivernages ;

6 bases scientifiquesune en Arctique, deux en Antarctiqueet trois dans les îles Australes ;

1 navire pOlaire,l’Astrolabe ;

1 navireOcéanOgraphique,le Marion Dufresne (affrété 217 jours par an) ;

28 milliOns d’eurOsde budget annuel ;

65 prOgrammesscientifiques,en moyenne, soutenus chaque année.

L’IPEV est un Groupement d’intérêt public (GIP) constitué par neuf organismes publics ou parapu-blics. Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qui fournit l’essentiel du budget, celui des Affaires étrangères et le CNRS (qui met du personnel à disposition) sont les trois établissements prépondérants. Les autres sont : Ifremer, CEA, TAAF, Météo-France, CNES et Expéditions polaires françaises. Le conseil d’administration de ce GIP est présidé par Eric Brun, chercheur de Météo-France.

L’IPEV a été créé en 1992 sous le nom d’Institut français pour la recherche et la technologie polaires (IFRTP) par la fusion de la Mission de recherche des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) et des Expéditions polaires françaises (EPF). En janvier 2002, il a été prorogé pour une durée de douze ans sous le nom d’Institut polaire français Paul-Émile Victor.

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pEtIt MANuEL DE Météo MArINE

nathalie Hirsch, Joël Hoffman, michel HontarrèdeGlénat2011, 192 pages, 19,95 €

Après Petit manuel de météode montagne paru en 2009, sousde montagne paru en 2009, sousde montagnela signature de Jean-Jacques Thillet, l’éditeur grenoblois s’intéresse à nouveau à la météorologie. Cette fois l’ouvrage s’adresse au plaisancier. Il ambitionne de lui donner les bases

pour bien comprendre les bulletins de météo marine, interpréter les cartes diffusées par le système Navimail ou

visibles sur Internet. La démarche choisie se veut avant tout efficace. Pas de long discours théorique, pas de plan scolaire « du général au particulier », mais une entrée en matière rapide et, surtout, un ensemble de chapitres intitulés « A vous de jouer ». Jeux, exercices, tests, ont pour but d’exciter la curiosité du lecteur, de le « faire entrer » dans le sujet, et de lui apporter un complément d’information.À l’issue de cette lecture active, notre plaisancier n’en sera pas pour autant un prévisionniste aguerri. Mais il aura compris que la lecture d’une carte ou d’une image satellite demande des connaissances, dont l’essentiel est dans cet ouvrage, et beaucoup d’expérience.

AtLAs cLIMAtIquEs D’outrEMEr

Pour mieux connaître le climat des territoires français d’outremer, outre les quelques informations présentes dans ce magazine et les sites internet des directions météorologiques, le lecteur dispose d’atlas climatiques :

Atlas climatique de la Polynésie française, Atlas climatique de la Nouvelle-Calédonie, Le temps à la Martinique, L’environnement atmosphérique de la Guadeloupe, de Saint-Barthélémy et Saint-Martin, et, à paraîtreprochainement, Atlas climatique de la Réunion etLe climat guyanais. Édités et distribués par Météo-France,ces atlas sont tous richement illustrés de photos, de schémas et de graphiques. On y trouve en effet non seulement les tableaux de chiffres inhérents à ce genre d’ouvrage mais aussi de nombreuses explications sur les phénomènes météorologiques de la région.à commander auprès de la librairie de météo-France via le site internet : Comprendre.meteo.fr, rubrique « documentation » ou directement auprès des directions outremer concernées via leur site internet.

tuvALu, uNE îLE EN têtE

Barroux (texte et illustrations)mango Jeunesse2011, 32 pages, 12,50 €Pour tous

« TUVALU, une île en tête » est» est»un album qui laisse une grande part à l’illustration fine et touchante dessinée par son auteur Barroux. Le texte, rythmé par des phrases courtes comme le ressac de l’océan,

est un conte écologique à propos d’une contrée de rêve, les îles Tuvalu, là-bas dans le Pacifique sud. Le narrateur, anonyme, raconte comment sa terre, celle de ses ancêtres, se trouve chaque jour plus menacée par l’inexorable montée des eaux. Il décrit avec des mots justes et forts

les dégâts de la mer sur son île belle comme une carte postale. Il expose les solutions envisagées : construire un mur protecteur, surélever l’île… avant de se rendre à l’évidence… il va leur falloir abandonner leur île. Alors il imagine une immense tour pour laisser une trace de leur passage à cet endroit de la mer. Puis, il répond, toujours optimiste, à l’invitation chaleureuse d’une terre d’accueil, car « Il faut évoluer ou disparaître ». Son îlede toute manière survivra dans sa tête, dans son cœur.L’auteur réussit le pari de rendre possible un avenir heureux ailleurs pour les peuples qui vont devoir partir… encore faudra-t-il, dans le monde réel, des pays d’accueil bienveillants … mais c’est une autre histoire.À raconter à ses enfants sans modération et à laisser lire aux plus grands, pour débattre sur les conséquences du change-ment climatique et réfléchir au développement durable.

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En météorologie, le vent est le mouvement de l’air dans le plan horizontal.Sa mesure comprend deux paramètres : sa direction et sa vitesse ou force.

LE VENTLE SOUFFLE D’ÉOLE, UNE SIMPLE DIFFÉRENCE DE PRESSION« CE n’EsT pas La gIRouETTE quI TouRnE, C’EsT LE vEnT. » [Edgar Faure]

Nathalie Hirsch, Météo-France

Météo Et cuLturE

la vitesse du ventL’anémomètre permet de mesurer la vitesse du vent.Elle s’exprime en m/s, en km/h, ou en nœuds.

1 nœud = 1 mille marin par heure = 1,852 km/h = 0,51 m/s

La vitesse du vent peut aussi être estimée selon ses effets sur la La vitesse du vent peut aussi être estimée selon ses effets sur la marche d’un voilier, sur l’état de la mer, sur la fumée des cheminées et marche d’un voilier, sur l’état de la mer, sur la fumée des cheminées et les arbres à terre. La vitesse s’exprime alors selon l’échelle de Beaufort les arbres à terre. La vitesse s’exprime alors selon l’échelle de Beaufort (voir le tableau en double page).

la direction du ventEn s’orientant dans le lit du vent, la girouette permet de mesurer En s’orientant dans le lit du vent, la girouette permet de mesurer la direction du vent.Elle s’exprime en points cardinaux – vent de nord, d’est… – ou en degrés. Elle s’exprime en points cardinaux – vent de nord, d’est… – ou en degrés. attention! La direction désigne toujours la direction d’où vient le vent.

Dans les stations de mesures météorologiques, anémomètre et Dans les stations de mesures météorologiques, anémomètre et girouette sont placées au sommet d’un pylône de 10 mètres de hauteur, girouette sont placées au sommet d’un pylône de 10 mètres de hauteur, loin de tout obstacle, afin de limiter les perturbations sur la mesure du loin de tout obstacle, afin de limiter les perturbations sur la mesure du vent (effet de sol ou de relief).

vent instantané, vent moyen et rafaleL’air ne s’écoule en général pas régulièrement ce qui se traduit L’air ne s’écoule en général pas régulièrement ce qui se traduit par une forte variabilité du vent tant en direction qu’en force. C’est pourquoi, au vent instantané mesuré directement, on ajoute un C’est pourquoi, au vent instantané mesuré directement, on ajoute un « vent moyen » calculé sur une période fixée, en général 10 minutes.En météorologie, c’est le « vent moyen sur 10 minutes » qui est annoncé dans les bulletins.Lorsque la vitesse du vent instantané dépasse celle du vent moyen de plus de 10 nœuds on parle de rafale. Lors d’une rafale, la direction du vent peut varier de plus de 45°. Si la différence de vitesse entre vent instantané et vent moyen est comprise entre15 et 25 nœuds, on parle de « fortes » rafales. Lorsque cette différence excède 25 nœuds il s’agit de « violentes » rafales.

Les rafales sont d’autant plus vigoureuses que l’air est instable (temps à grains), le vent est fort et que l’écoulement de l’air est perturbé par le relief ou les constructions urbaines.

variation verticale du ventEn règle générale, la vitesse du vent augmente avec l’altitude. En effet, l’écoulement de l’air près du sol est freiné par les frottements. Mais ceci reste théorique et dépend de la situation météorologique.Lorsque l’air est « instable », l’air est brassé sur la verticale et il y a peu de variation de la vitesse du vent sur la hauteur. En revanche, lorsque l’air est « stable », les variations en fonction de la hauteur tant en direction qu’en force peuvent être très importantes même entre le sol et le toit d’un immeuble par exemple. On parle alors de cisaillement vertical du vent.

girouette et anémomètre

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valeurs remarquables

rafale maximaleenregistrée depuis 1932 (source : OMM) : 113,2 m/s (408 km/h -

220 nœuds) le 10 avril 1996 durant le cyclone tropical Olivia à Barrow Island (Australie – altitude 64 m – 20°49’S, 115°23’E)

vent moyen maximumlié à un phénomène tropical depuis 1945 (source : OMM) : 95 m/s

(342 km/h - 185 nœuds) le 12 septembre 1961 durant le typhon Nancysur le Pacifique nord-ouest (15°30’N, 137°30’E)

vent maximallié à une tornade depuis 1996 (source : OMM) : 135 m/s

(486 km/h - 262 nœuds) le 3 mai 1998 lors d’une tornade à BridgeCreek (Etats-Unis – altitude 416 m – 35°14’N, 97°44’W)

record en france métropolitaine sur la période 1981-2009

Avant 1980, les enregistreurs associés aux anémomètres utilisés par Météo-France étaient limités à 50 m/s (180 km/h). Puis la mesure du vent par les stations automatiques a été limitée à 60 m/s (216 km/h).

C’est pourquoi, sur la période 1981-2009, on note plusieurs records de vitesse du vent estimés à au moins 60 m/s (216 km/h) :

16 octobre 1987 à la pointe du Raz (Finistère) et à Granville (Manche)20 octobre 1986 au cap Sagro (Haute-Corse)

9 décembre 1993 au cap Corse (Haute-Corse) le 26 décembre 1999 au sommet de la tour Eiffel à Paris

Depuis 1994, Météo-France installe dans son réseau, un parc d’environ 600 stations automatiques, des anémomètres capables de mesurer la

vitesse du vent jusqu’à 80 m/s (288 km/h)... si tout résiste !

record dans les dom-tomNouvelle-Calédonie

Vent instantané (rafales) : 234 km/hà Koniambo le 14 mars 2003 (cyclone Erica)

(site www.meteo.nc)

symboliser le vent sur une carteSur les cartes météorologiques, le pointage du vent fait appel à un symbolisme universel : la direction du vent est indiquée par une flèche volant dans le sens du vent. Son empennage est composéde barbules, une demi-barbule pour 5 nœuds, une grande barbule pour 10 nœuds et un triangle noir pour 50 nœuds.

De même que l’air s’échappe d’un pneu ou d’un ballon très gonflé, dans l’atmosphère, l’air quitte les zones de haute pression pour rejoindre les zones de basse pression. Sur les cartes météorologiques, les lignes d’égale pression ou isobares révèlent ces zones de haute pression – les anticyclones – et celles de basse pression – les dépressions. À l’instar du relief porté sur les cartes de géographie, les isobares peuvent être comparées aux lignes de niveau, les anticyclones à des bosses ou des montagnes et les dépressions à des

creux ou des vallées. Les zones de marais barométriques – zones où la pression varie peu, sont alors semblables à des plaines.

Ainsi, l’air ne bouge pas ou peu sur le « plat », mais se déplace tout naturellement des bosses vers les creux et ce d’autant plus vite que la pente est raide. Ce mouvement de l’air c’est le vent!Mais l’air ne peut s’écouler des anticyclones vers les dépressions en ligne droite. En effet, la force de Coriolis, liée à la rotation de la terre

sur elle-même, dévie le vent vers la droite dans l’hémisphère nord, vers la gauche aux antipodes.Ceci permet au météorologiste néerlandais Buys-Ballot, au XIXe siècle, d’énoncer une règle qui porte aujourd’hui son nom : « dans l’hémisphère nord, face au vent, les basses pression sont à droite et les hautes pressions à gauche. » Autrement dit, dans l’hémisphère » Autrement dit, dans l’hémisphère »nord, les vents s’enroulent autour des anticyclones dans le sens horaire et dans le sens antihoraire autour des dépressions.

l’origine des vents

petit tour des vents régionaux en france métropolitaineTout autour de la Méditerranée, la présence de reliefs importants donne aux vents des caractères très marqués : vitesse, direction, régularité, conditions météorologiques associées. Tel vent est accompagné de pluies diluviennes, tel autre d’un ciel parfaitement pur; ailleurs, un vent venant du Sahara apportera un air suffocant et des pluies de sables, tandis que celui venant d’Europe centrale déversera un air sec et glacial. Ce climat typé et une histoire culturelle d’une grande richesse expliquent sans doute que c’est autour de la Méditerranée que la dénomination des vents est la plus répandue. Autan, marin, cers, tramontane, mistral, levanter, libeccio, sirocco, bora, meltem… sont tous des vents du pourtour Méditerranéen.

Dans une moindre mesure, les habitants des régions montagneuses ont aussi pris l’habitude de nommer les vents. La lombarde, vent d’est soufflant sur les Alpes du sud, la burle vent de nord de l’Ardèche, le jordan qui, déboulant du Jura souffle sur le lac Léman, sont des appellations bien connues des locaux. En plaine et sur les côtes atlantiques, la dénomination des vents est beaucoup plus rare. Dans certaines régions (Bretagne), on emploie parfois les termes de nordet, suet, noroît et suroît pour désigner les directions nord-est, sud-est, nord-ouest et sud-ouest. Sur la côte des Landes et de Cantabriques, la galerne désigne un vent d’ouest apportant de violents orages après une période de temps chaud et calme.Mais, en l’absence d’une nomenclature officielle – d’un lieu à l’autre, un même nom peut désigner deux vents différents et un même vent peut avoir deux noms différents –, ces noms poétiques sont rarement utilisés dans les bulletins météo.

10 NŒUDS 5 NŒUDS 50 NŒUDS VENT DE WNW 25 NŒUDS

© Météo-France / Michel Hontarrède© Météo-France / Michel Hontarrède

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