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Météo-France LE MAGAZINE DE METEO-FRANCE - MARS 2004 - N°22 La canicule de l’été 2003 PAGE 13 PAGE 4 30 CAM, la grande mutation CEPMMT, prévi numérique à moyenne échéance LE MAGAZINE DE METEO-FRANCE - AVRIL 2007 - N°34 Une région, objet d’études PAGE 13 PAGE 4 PAGE 31 Le pouls du Charles de Gaulle Météos de l’Atlantique à l’Oural acteur acteur du climat du climat Météo-France

Doc 00023358

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Météo-France

L E M A G A Z I N E D E M E T E O - F R A N C E - M A R S 2 0 0 4 - N ° 2 2

La canicule de l’été 2003

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CEPMMT, prévi numériqueà moyenne échéance

L E M A G A Z I N E D E M E T E O - F R A N C E - A V R I L 2 0 0 7 - N ° 3 4

Une région,objet d’études

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Météos de l’Atlantique à l’Oural

acteur acteurdu climatdu climat

Météo-France

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2 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

ÉDITORIAL

Le dérèglement de la machine climatique ter-restre est tributaire des activités humaines :c’est la conclusion, sans appel, des travauxdu Giec, rendus publics au cours du premiertrimestre 2007. C’est en augmentant la te-

neur de l’atmosphère en gaz carbonique et en autresgaz à effet de serre que l’homme contribue à réchauf-fer la planète et, notez-le, la composi-tion actuelle de l’atmosphère n’a pas d’é-quivalent sur les derniers six cent milleans ; autrement dit, s’il est vrai que « laTerre en a vu d’autres », homo-sapiens,lui, n’a certainement jamais rien vu detel !

Les travaux du Giec sont essentielspour éclairer nos contemporains et ilspourraient, n’ayons pas peur des mots,marquer l’Histoire. Il va de soi que cettecompréhension du fonctionnement dela machinerie climatique globale reposesur le travail continu et résolu de spé-cialistes, qui, dans le monde entier, seconsacrent à cette tâche. Et c’est pourmoi un grand sujet de fierté de pouvoir souligner, ici,combien Météo-France et ses chercheurs, tant sur leplan de la réflexion théorique que dans la collecte d’in-formations précises et la réalisation d’observations va-lidées, sont partie prenante de ces travaux.

Les projections scientifiques réalisées pour le Giecreposent en grande partie sur des scénarios de déve-loppement économique. C’est-à-dire des tendances re-latives au fonctionnement des sociétés humaines.Aussi, influer sur le rythme de la croissance et, surtout,sur la nature des activités industrielles ou des com-portements individuels demeure aujourd’hui une op-tion valide, même si l’inertie du système atmosphé-rique induit un réchauffement inéluctable. Encorefaut-il connaître les conséquences des options retenues.Là se situent les enjeux pour les décideurs politiques.

Les progrès réalisés dans la prévision du temps, commesur l’évolution du climat, sont désormais garants de la fia-bilité des solutions qui peuvent être proposées. Si Météo-France est un acteur efficace dans la prévention des risquesclimatiques, apprécié par les collectivités locales, commepar le grand public, notre établissement a pour devoir d’ê-tre un partenaire incontournable dans la mutation envi-

ronnementale des activités économiques du pays. Autantdire que la tâche à venir reste immense. Préciser lescontours de la régionalisation du réchauffement tant enmétropole que dans les Dom-Tom, évaluer les disparitésfutures des régimes de précipitations ou valider les indi-ces permettant de détecter l’ampleur des variations, ou en-core améliorer les incertitudes des modèles climatiques,

voire anticiper les modifications socio-écomiques, voilà autant de missions aux-quelles Météo-France doit satisfaire.

Ce rôle à dimension nationale est in-éluctablement intégré à une démarcheinternationale, encore prioritairement eu-ropéenne, mais qui tend, peu à peu, à s’ins-crire dans des conférences scientifiquesagissant, à juste titre, à l’échelle du globe.La place de notre établissement, au seindes instances internationales qui régis-sent et promeuvent la recherche en cli-matologie et météorologie, est reconnue.Elle nous impose des devoirs et des obli-gations. Elle est aussi la source de colla-borations fructueuses, tant par les progrès

technologiques que dans la compréhension de la machineatmosphérique. C’est aujourd’hui dans cette voie, celled’une approche souvent multidisciplinaire et entre orga-nismes de recherche nationaux comme internationaux,que l’on pourra trouver des réponses aux attentes de la po-pulation et des instances gouvernementales en matière deréchauffement climatique ou de fréquence d’événementsextrêmes. Pour répondre à cet objectif, l’effort scientifiquedoit être global et la gouvernance environnementale sup-pose l’implication de tous les pays. Cette année marque levingtième anniversaire de la signature du protocole deMontréal, en 1987, pour protéger la couche d’ozone. Ceprotocole restera comme l’une des premières affirmationsconcrètes de cette action commune de l’humanité face àun danger environnemental collectif. Puissions-nous faireaussi bien pour relever sans retard les défis de l’après-Kyoto!

Voilà huit ans qu’Atmosphériques vous apporte une in-formation régulière et structurée sur la vie de Météo-Franceet sur les services que l’Établissement peut vous appor-ter. Tel le printemps est signe de renouveau, la revue pré-pare aujourd’hui son changement. Et cet automne ses lec-teurs le retrouveront plein d’allant! ■

Météo-France partenaire du Giec

Pierre-Étienne Bisch

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2007 3

SOMMAIRE 34

Trimestriel publié par Météo-France 1 quai Branly 75340 Paris cedex 07Tél. : 0145567171

Directeur de la publication :Pierre-Étienne Bisch

Directrice éditoriale :Adeline Castillon

Rédactrice en chef :Germaine Rochas

Iconographe :Farida Tatem Bacha

Secrétaire de rédaction :Bernadette Bizieux

Conseiller de la rédaction :Frank Jubelin

MAGAZINE N°34 - AVRIL 2007Responsables de rubrique :• Météo : Pierre Bessemoulin• Actualités : Philippe Parmentier• Dossier : Éric Brun• International : Alain Ratier• Proximités : Jacques Manach• Bloc-notes : Brigitte Hamdaoui

Conception graphique :L'atelier Gilles CarminePhotogravure/impression:Météo-FranceAbonnement : 19 €/an©Météo-France 2007. ISSN 1295-2168

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8MÉTÉO

4 Une région objet d’études

GRAND ANGLE

8 La vie d’une perturbation à nos latitudes

ACTUALITÉS

10 En région ; Instantanés ;Parutions

REPORTAGE

13 Le pouls du Charles-de-GaulleLE DOSSIER

18 L’avenir du climatINTERNATIONAL

31 Météos de l’Atlantique à l’OuralPROXIMITÉS

33 Le CIC, lieu de rencontres singulierPROFIL

36 Chercheur in situIL Y A 50 ANS

39 L’année géophysique internationale

EN COUVERTUREPascale Delecluse, directrice adjointe de la recherche à Météo-France,est l’un des experts du rapport du « Groupe I » du Giec.Au fond, la goélette polaire Tara. Pour étudier les effets du réchauffementclimatique, depuis le début du mois de septembre 2007,Tara a fait le pari de dériver sur la banquise arctique pendant deux ans.Elle est équipée par le Centre de météorologie marine de Météo-Franced’une station automatique de mesure Minos.Photos : AFP/Tara Arctique/Francis Latreille et Pascal Taburet/Météo-France

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4 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

MÉTÉO

L’Observatoire hydrométéorologique méditerranéen Cévennes-Vivarais étudie les pluies intenses et les crues éclair se produisant dans les régionsméditerranéennes au sud de la France.

L e sud-est de la France estrégulièrement soumis,en automne, à desprécipitations intenses

dépassant des cumulsjournaliers de 200 millimètres.Si ces pluies se produisent lorsde situations météorologiquesassez bien typées à grandeéchelle, leur prévisibilité est trèslimitée en termes de durée, de localisation et d’intensité, en raison de la complexité desprocessus météorologiques define échelle impliqués. Au plan de l'hydrologie, cespluies donnent lieu à des cruesviolentes et rapides, qualifiéesde crues éclair, à très fort impactsocio-économique, comme àNîmes en 1988, à Vaison-la-Romaine en 1992, dans l'Aude en1999 et dans le Gard en 2002. Il s’avère impératif d'améliorernos connaissances sur lecomportement hydrologiquedes bassins versants soumis àces pluies, notamment enfonction de la nature et desmodes d’occupation des surfacescontinentales. Il nous fautégalement développer desétudes sur la vulnérabilité denos sociétés face à cesévénements dévastateurs(vulnérabilité des réseaux decommunication, urbanisation etaménagement du territoire,systèmes d’alerte et de gestionde crise, etc.). Comme pour denombreuses thématiquesenvironnementales, l’un desprincipaux facteurs limitant les progrès de la recherche dansce domaine est lié au manque dedonnées d'observation. L'OHM-CV a donc développétrois stratégies d’observationcomplémentaires, avec lacréation d’un site pilote enrégion Cévennes-Vivarais, la réalisation de retoursd’expérience sur les phéno-mènes majeurs se produisantsur l’ensemble de l’arcméditerranéen et l’utilisation del’archive historique.

Site pilote dans la régionCévennes-Vivarais

Il s’agit d’une zone choisie pourcollecter de longues séries dedonnées (supérieures à dix ans)présentant un détail spatio-temporel important. Les objectifsscientifiques poursuivis sontprincipalement de collecter etd’archiver les donnéeshydrométéorologiques des servicesopérationnels, d’y développer destechniques modernes d'observationhydrométéorologique, de validerles modèles météorologiques ethydrologiques à base physiquedisponibles dans la communautéscientifique. Les observationsproviennent des systèmesd’observation opérationnelsdéployés par Météo-France, lesservices de prévision des crues etd’autres organismes, comme EDF.

Retours d’expérience sur les extrêmes

Il s’agit d’effectuer desobservations détaillées après lesévénements extrêmes ayant touché

Une région objet d’études

Il fautdévelop-per desétudes sur lavulné-rabilité de nossociétésface à cesévéne-mentsdévas-tateurs.

de petits bassins versants peu ounon jaugés, sur l’ensemble de l’arcméditerranéen. Cette approche deterrain, encore peu utilisée enhydrologie mais courante dansd’autres disciplines des sciences dela Terre (sismologie, par exemple),est indispensable afin, d’une part,d’identifier les processushydrologiques dominants au coursde ces événements extrêmes et,d’autre part, de collecter unensemble de données socio-économiques essentielles pour lesétudes sur la vulnérabilité.L’épisode catastrophique du Gard,en septembre 2002, a fait l’objet decette procédure avec undéploiement de personnelscientifique et technique sur leterrain pour collecter desestimations de plus hautes eaux etde débits maxima, préciser lachronologie des crues et étudier lecomportement des populations.

Utilisation de l’archivehistorique

Une quantité d’informationconsidérable est disponible sur les

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2007 5

L’OHM-CV est le lieu d’analyse et d’observation de la vulnérabilité des territoires concernés par des phénomènes hydrométéorologiques

en Cévennes-Vivarais. Il s’agit, par exemple, d’observer les comportements des populations face à une crue rapide.

Un intérêt particulier est porté aux personnes en circulation au moment de la crise.

L ’utilisation d’un véhicule automobiledurant une crue cause quarante pour

cent des décès recensés en Languedoc-Roussillon. Cette tendance n’est pas unespécificité locale, puisque le tiers desdécès recensés aux États-Unis lors decrues rapides sont aussi liés auxdéplacements. Plusieurs enquêtes ontété réalisées dans le Gard, sur mille deuxcents personnes concernées, à la suitedes récents épisodes violents (2002 et2005 notamment).

Comment la population réagitface aux crues violentes

Ces enquêtes ont pour objectif demieux comprendre ce qui motive lemaintien des déplacements habituelsdans des situations météorologiquesextrêmes. Les principaux facteursobservés sont la perception desphénomènes et des dangers qui y sontassociés, la connaissance des moyens de protection, les sources et moyensd’information sur les risques, lescontraintes professionnelles et familialeset, enfin, les comportements envisagéslors d’un violent épisode pluvieux.

Ces enquêtes reposent sur uneobservation de base menée à la suite de la crue de 2002 dans le Gard. Les différents profils sontcaractéristiques du comportement relatépar une trentaine d’habitants lors d’uneenquête par entretiens et interrogés surla manière dont ils ont vécu la crue.

Les réactions enregistrées ont montréun premier groupe ayant une attituderationnelle, d’autres profils relevésmontrent des personnes qui adaptentleur comportement selon ce qu’ilsperçoivent de la réalité de l’événementet un dernier groupe qui refuse deprendre en compte les messages transmiset les conseils d’évacuation. Lesenquêtes qui ont suivi ont permis dequantifier ces comportements à l’échelled’un secteur du département du Gardcompris entre Nîmes et Alès (secteur trèsaffecté au niveau routier lors desderniers épisodes). Le résultat de cestravaux demande à être confronté à laréalité des comportements en période decrise. Cette observation en temps réelnécessite des outils et des méthodes quirestent à développer (utilisation de lavidéo, par exemple). C’est l’un des

objectifs de l’OHM-CV en matièred’analyse de la vulnérabilité sociale.

Une approche subsidiaire a permis de compléter les résultats des enquêteset de proposer une représentationcartographique de la perception desitinéraires jugés dangereux en période de crue sur le secteur concerné parl’enquête. Deux cents personnes ontainsi tracé leurs itinéraires habituels surun fond cartographique IGN et repéré les tronçons jugés inondables. Cette méthode permet de confronterdirectement la perception que lesusagers ont des routes et la réalité descoupures observées lors des événementsrécents les plus courants. Le résultat de cette confrontation meten évidence que certains tronçonsroutiers, pourtant soumis à des ruptures,ne sont pas perçus comme dangereux par la population locale.

Améliorer l’efficacité des systèmes d’alerte

Enfin, l’OHM-CV est également le lieude l’observation des systèmes d’alerte, de leur fonctionnement et de leursmodes d’organisation. Qui sont lesacteurs spécifiques de l’alerte ? Quels sont leurs référentiels en termesspatiaux? Quels sont les messagestransmis? Comment sont-ils interprétés,compris et utilisés? L’observation despratiques en période de crise mais aussil’analyse des échelles de références, des productions cartographiquesretenues à chacun des maillons de la chaîne constituent autant de moyensde répondre à ces questions.

L’OHM-CV s’est donc doté d’une équipetravaillant spécifiquement sur lesquestions sociales posées par lesévénements hydrométéorologiquesextrêmes. Cette équipe développe desoutils et des méthodes permettantd’apporter de l’information sur lesdifférents pans de la vulnérabilité socialedes territoires. Elle veille à ce que lesrésultats obtenus puissent être intégrésaux autres apports, afin de permettre uneapproche pluridisciplinaire des risques àl’échelle de la région Cévennes-Vivarais. ■

Céline LutoffMaître de conférence à l’UMR

Université de Grenoble

pluies intenses et les crues éclairqui se sont produites dans le passé.On peut distinguer la périoderécente, dite « périoded’observation systématique », qui adébuté dans les années 1960, etpermet une description assezprécise des variableshydrométéorologiques. Des informations plus incertainessont également accessibles dansdiverses sources historiques surune période plus ancienne (depuisle XVIe siècle) et leur interprétationrequiert des collaborations entrehistoriens, hydrauliciens ethydrologues. Les techniques de lapaléohydrologie sont égalementprometteuses pour explorer desplages temporelles encore plusanciennes sur plusieursmillénaires. L’ensemble de cessources doit être pris en comptepour affiner la connaissance despluies et débits extrêmes, ce qui est important pourl’aménagement du territoire etl’étude de l’évolution du climat. ■

Guy DelrieuDirecteur de recherche au CNRS

Site Internet :www.lthe.hmg.inpg.fr/OHM-CV/index.php

A N A LY S E R L A V U L N É R A B I L I T É D E S T E R R I T O I R E S

Carte synthétique desrésultats du retourd’expérience hydrologiquede l’événement des 8-9 septembre 2002. Les isolignes représententles précipitations cumuléesen mm au cours del’événement qui a duréenviron vingt-huit heures.Le réseau hydrographiqueet les principaux bassinsversants sont présentésavec une gradation de grisen fonction des débitsmaxima spécifiques estiméssur le terrain. Ceux-ci sesont avérés exceptionnelsavec des valeurssupérieures à 5 m3s-1 km2

sur l’ensemble de la zonetouchée et des valeursdépassant localement 20 m3s-1 km2, alors quepour cette taille de bassinversant le débit spécifiquedécenal est de l’ordre de 2-3 m3s-1 km2.

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Lamodéli-sationnumé-rique aide àcompren-dre lastation-narité dessystèmespluvieuxintenses.

6 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

MÉTÉO

aussi bien le rôle des interactionsair-mer pendant ces épisodes depluie intense, que celui duforçage des reliefs à différenteséchelles sur les systèmes orageuxou des processus microphysiquesau sein de ces systèmes.

Ces expériences numériquesont permis d’apporter uneexplication à la positionrelativement inhabituelle del’épicentre des précipitations surles plaines du Gard plutôt que surles contreforts du Massif centraldans le cas des inondationscatastrophiques du Gard enseptembre 2002. Nous avons ainsidémontré, grâce à une séried’expériences numériques, quel’évaporation des précipitationssous le système nuageux a entraînéun refroidissement de la massed’air, créant un dôme d’air froid ausol sous le système. Agissantcomme un relief, ce dôme d’airfroid, bloqué dans la vallée duRhône, a forcé l’air chaud ethumide en provenance de laMéditerranée à se soulever et à secondenser au-dessus des plaines duGard pendant plus de dix heures.

Améliorer la prévision des crues rapides

L’OHM-CV est aussi le supportau projet GMES/Preview sur levolet crues rapides, dont l’objectifest de développer et d’évaluer dessystèmes intégrés de prévisiondes crues rapides, dans lesquelsdes modèles hydrologiques sontcouplés à la future génération demodèles atmosphériques nonhydrostatiques à hauterésolution, comme le futurmodèle Arome. Ces systèmes sonten cours d’évaluation pour desépisodes passés de pluie intensesur les bassins versants de larégion Cévennes-Vivarais, enutilisant la base de donnéeshydrologiques expertisées del’OHM-CV.

Les partenaires français duprojet (LTHE et Météo-France)développent et évaluent plusparticulièrement un système de prévision des crues rapidesreposant sur un couplageinteractif du modèle de surfaceSurfex, des modèles Méso-NH et Arome avec un modèlehydrologique basé sur les concepts de Topmodel. ■

Véronique DucrocqResponsable de l’équipe Micado au CNRMJe

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Pluies intenses : observations et modélisation numériqueL’Observatoire hydrométéorologique méditerranéenCévennes-Vivarais (OHM-CV) est un cadre fédérateurpour la réalisation de travaux de collaboration pourl’observation, la compréhension et la prévision des événements de pluie intense, travaux auxquelsMétéo-France participe activement.

A ramis, le réseau deradars de Météo-France, constitue unecomposante

importante du dispositifd’observation de l’OHM-CV dansles Cévennes avec les radars deNîmes, Bollène et Sembadel.Depuis 2002, une collaborationentre le Centre de météorologieradar de Météo-France et leLTHE a permis de progresser surles modes d’exploitation et detraitement des données radarpour l’hydrologie en zonemontagneuse. Ces travaux ontpermis de faire progresser leproduit lame d’eau radar deMétéo-France en développantune correction adaptative dansle temps des échos fixes, desmasques partiels liés au relief etdes effets de profil vertical deréflectivité. Les recherches sepoursuivent pour une meilleurerégionalisation des traitementsavec la séparation automatiquedes types de pluie (convectif,stratiforme) couplée àl’identification des profilsverticaux de réflectivité à l’aidede l’imagerie radar 3D. Parailleurs, la granulométrie despluies au sol est documentéedepuis 2004 en vue de ladéfinition de relationsréflectivité-intensité de pluieadaptées aux régionsméditerranéennes. L’OHM-CVambitionne également deréaliser des ré-analysespluviométriques à hauterésolution spatiale (1 kilomètrecarré) et temporelle (15 minutes) à l’aide desmesures pluviométriques etradar disponibles depuis 2000dans les Cévennes.

La capacité du GPS-sol à détecterla vapeur d’eau troposphériqueest désormais reconnue, avecune précision des estimationsen contenu intégré en vapeurd’eau qui égale celle des autresinstruments de mesuresmétéorologiques (sondages,radiomètres). Grâce à l’effort derenforcement du réseau destations GPS entrepris au sein del’OHM-CV depuis 2002, il estdésormais possible decaractériser le champ de vapeurd’eau intégrée avec une forterésolution spatio-temporelle(1/4 heure, 50 kilomètres) lorsdes épisodes de pluie intense.On a ainsi pu montrer une bonnecorrélation entre anomaliespositives en vapeur d’eauintégrée et occurrenced’événements de pluie intense.Ce réseau de méso-échelle offreaussi un cadre propice pourévaluer l’impact de l’assimilationdes délais zénithaux GPS par lessystèmes d’assimilation à méso-échelle de Météo-France sur laprévision à haute résolution desévénements de pluie intense.

Formation des pluiesintenses

Au sein de l’OHM-CV, leCNRM conduit, depuis plusieursannées, des recherches où lemodèle atmosphérique Méso-NHest utilisé comme laboratoirenumérique pour mieuxcomprendre les mécanismesconduisant à la formation dessystèmes convectifs, et surtout àleur ancrage pendant plusieursheures sur la même zoneentraînant de forts cumuls deprécipitation. Sont examinés

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Deux éléments essentielsdistinguent Gamède : unetaille extrêmement imposante

et une trajectoire très capricieuse.Après un passage à près de 200 kmau nord de la Réunion le 24 février,il s’est éloigné vers l’ouest le 25. Ilest ensuite resté quasi stationnairele 26 à 400 km au nord-ouest del’île, avant d’entamer sa progressionvers le sud à partir du 27 février.Circulant alors à 250 km à l’ouest dela Réunion, il a affecté la partieoccidentale du département.Finalement, Gamède a gardé le capau sud et s’est éloigné définitivement,se situant le 1er mars à plus de800 km au sud-ouest de l’île.

Ayant ainsi séjourné pendantquatre jours à moins de 400 km de la Réunion, ce cyclone a conduit,par sa longue durée d’influence, àl’enregistrement de nouveaux recordsmondiaux de cumuls deprécipitations, bien que les vents

– en quarante-huit heures: 2463 mmau cratère Commerson (quasiment àégalité avec le record mondial de2467 mm d’Aurère datant de 1958);– en trois jours: 3929 mm au cratèreCommerson, battant ainsi le recordmondial de 3240 mm mesuré à Grand-Îlet avec le passage de Hyacinthe;– en quatre jours: 4869 mm aucratère Commerson. Le précédentrecord mondial était de 3551 mmavec Hyacinthe, sur ce même site.

De nouveaux records mondiaux ontété établis sur cinq, six, sept et huitjours avec respectivement 4979 mm,5075 mm, 5400 mm et 5510 mm sur le site du cratère Commerson.

Les zones littorales, quant à elles,ont connu des cumuls importants,mais conformes à un épisodeordinaire de fortes pluies, présentantgénéralement des valeurs de l’ordre de200 à 500 mm en quatre jours.■

François VinitClimatologue à Météo-France

DOUCEUR EXCEPTIONNELLE DE L’HIVER 2006-2007

Ça s’est passéchez nous

ATMOSPHÉRIQUES Avril 2007 7

1er décembre 2006 : Font Romeu, les canons à neige font de leur mieux. Par bonheur le mois de mars sera plus favorable pour lesskieurs dans les Pyrénées.

Le cyclone tropical Gamède a affecté l’île de la Réuniondu 24 au 28 février 2007. Son intensité n’a pas étéexceptionnelle. Cependant, de nouveaux recordsmondiaux de cumuls de précipitations ont été atteintssur l’île.

Avec une température moyennesupérieure de 2,1 °C à la normale*,l'hiver 2006-2007 (décembre 2006 àfévrier 2007) se situe au premier rang deshivers les plus chauds observés en Francedurant la période 1950-2007. Il devanceainsi les hivers 1989-1990 et 1974-1975durant lesquels les températures avaientdépassé de 2,0 °C cette même normale.

Ce diagnostic global sur la Francemasque toutefois des disparitésimportantes au niveau des régions. C'est dans le nord-est du pays que lestempératures moyennes hivernales ontété les plus remarquables, dépassant la normale de près de 3 °C. Par contre,elle n'ont été que très légèrementsupérieures aux valeurs saisonnières dansle Sud-Ouest.

Au cours de cet hiver, les températuressont restées très fréquemmentsupérieures aux valeurs saisonnières, le pays ne connaissant que deux épisodesde fraîcheur relative durant la secondequinzaine de décembre et la dernièresemaine de janvier. La douceur a étéparticulièrement remarquable les 18 et

et les intensités des précipitationsn’aient pas été exceptionnels.

Des rafales de 140 km/h, sur lacôte nord, et de 170 km/h, non loindu cratère Commerson, ont étérelevées. De plus, les vents ont souffléviolemment sur une longue période: à la Plaine-des-Cafres, les rafales ontdépassé régulièrement les 100 km/hpendant trois jours. Gamède a aussigénéré une forte houle cyclonique desecteur nord, qui a atteint dans lasoirée du 27 février des hauteursmaximales de 10 à 12 mètres à laPointe-des-Galets (Le Port). Seule la partie sud de l’île a été épargnée.

Une pluviométrie au sommetMais l’élément le plus marquant du

passage de ce cyclone reste sansconteste la pluviométrie enregistréedans les Hauts (région de l’intérieur).Globalement, les hauteurs de l’île ontété copieusement arrosées, avec descumuls sur quatre jours dépassantsouvent 2 m.

Les précédents records mondiauxde cumuls de pluie sur trois et quatrejours, détenus par le cycloneHyacinthe qui frappa l’île enjanvier 1980, ont été battus parGamède. Entre le 24 et le 28 février,les cumuls suivants ont été relevés:– en vingt-quatre heures: 1625 mmau cratère Commerson;

19 janvier, où des records ont été battusen de nombreuses régions, notamment ence qui concerne les températures de finde nuit.

Cet hiver remarquablement doux faitsuite à un automne 2006exceptionnellement chaud, jamaisobservé au cours de la période 1950-2006, et même sans doute jamais vécudepuis plusieurs siècles.

* Normale 1971-2000

Cumul de précipitations en quatre jours (du 24 au 27 février 2007) sur l’île de la Réunion.

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Front chaud

Front froid

8 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

C es perturbations du temps,souvent à l’origine des tempêtes,sont indissociables de dépressionsd’échelle synoptique, dont la taille

caractéristique atteint quelques milliersde kilomètres. Les mouvementscycloniques – dans le sens inverse de celuides aiguilles d’une montre (hémisphèrenord) – des masses nuageuses autour de ladépression vont former les enroulementsnuageux caractéristiques sur les imagessatellites. À l’intérieur de la dépression,l’ascendance de la masse d’air estaccompagnée de condensation donc deformation de nuages et de pluie.

GRAND ANGLE

Sous les latitudes tempérées, notre climat estcaractérisé en hiver par une alternance deperturbations – périodes marquées par du vent, des précipitations plus ou moins soutenues, des changements rapides des températures et de l’état du ciel – et de périodes de temps calme,tantôt brumeux, tantôt ensoleillé.

� Suivant la latitude, l’atmosphère est réchaufféedifféremment par le rayonnement solaire. Son état stable se caractérise par la présence d’air chaud vers l’équateur etd’air froid vers les pôles. Résultant de ce contraste detempérature (le gradient de température) et de la rotation de la Terre vers 10 kilomètres d’altitude, un puissant courant – les vents vont de 100 à 400 kilomètres/heure – s’écouled’ouest en est à nos latitudes, c’est le « courant-jet ». Mais l’état stable n’est jamais durable…

� Sous l’influence conjuguée d’une anomalie du courant jet(variation de vitesse ou de direction du vent) et d’uneanomalie chaude au sol (maximum d’air chaud), unedépression commence à apparaître en surface. Cette zone debasse pression relative va générer des vents cycloniques autourd’elle. Ce mouvement va avoir pour conséquence de déformer lechamp de température en créant deux zones où les contrastes detempérature se renforcent. L’une à l’avant, le front chaud, où l’airchaud pousse l’air frais antérieur et l’autre à l’arrière, le front froid,où l’air froid postérieur pousse l’air chaud.

La vie d’une perturbation

OuestOuest

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OuestOuest

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2007 9

� Représentation d’une coupe verticale de l’atmosphèreau temps 3 du graphique ci-dessous. Pour une personnesituée au point A, qui observe le ciel, cinq types de tempsvont se succéder :• La « tête » de la perturbation : de fins nuages élevésarrivent dans le ciel (cirrus), puis les nuages s’épaississentpeu à peu (cirrostratus). Le vent s’oriente au secteur sud en se renforçant.• Le front chaud : le ciel devient de plus en plus gris et bas(altostratus puis nimbostratus), il pleut généralement uneou deux heures de façon continue, avec une intensité faibleà modérée. Le vent, très régulier, est assez fort de secteur sud-ouestavant l’arrivée des pluies.• Le secteur chaud : le temps est maussade et humide sans trop d’activité. Le plafond nuageux est bas et gris(stratus et stratocumulus), notre observateur est désormaisdans une masse d’air très humide avec quelques bruines oupluies éparses. Le secteur n’est pas pour autant synonymede chaleur car il n’y pas de soleil. Ce temps gris peut durer de longues heures. Le vent est souvent d’ouest modéré.• Le front froid : à son approche le temps s’agitebrusquement. Il pleut à nouveau, mais beaucoup plusirrégulièrement et parfois fortement, mais moins longtempsque sous le front chaud (les nuages sont encore desaltostratus et des nimbostratus, voire des cumulonimbus).De fortes rafales de vent sont possibles, de même quequelques coups de tonnerre sous les averses. Après le passage du front froid, des éclaircies apparaissent,la perturbation a achevé son passage.• La traîne : après la perturbation, c’est le « fameux »temps instable où nuages (cumulus et cumulonimbus),éclaircies et averses alternent très rapidement. Suivant l’activité de la traîne, les averses sont rares oufréquentes, de pluie voire de grésil ou de grêle et mêmeponctuées de coups de tonnerre. Le vent est froid etrafaleux de nord-ouest à nord. Le mistral et la tramontanepeuvent se lever. Les meilleures illustrations d’une traîneactive sont les giboulées de mars.

� Les vents cycloniques amènent l’air chaud à s’enroulerprogressivement autour de la dépression, jusqu’au nord decelle-ci, dans un mouvement ascendant. L’interaction de cette« onde chaude » avec l’anomalie du courant jet renforce la dépression. Cette dernière sera d’autant plus vigoureuse que le courant jet qui la surplombe est intense. Le renforcementdu système va augmenter les contrastes de température. Les mouvements verticaux au niveau des fronts vont en êtreamplifiés d’autant.

� L’air chaud va poursuivre son mouvement ascendant touten s’enroulant autour de la dépression. Les ascendancescontinuent de provoquer la condensation des masses d’air(formation de nuages et de pluies). Ainsi, dans la partie nord dela perturbation, l’air chaud est rejeté en altitude. On parle alorsd’occlusion (front présent seulement en altitude).

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à nos latitudesEn météorologie,

le terme « perturbation » est très souvent utilisé.

Il désigne toute rupture d’un étatd’équilibre de l’atmosphère

mais est aussi couramment employé,notamment par les médias, pour

désigner une zone de mauvais temps :zone orageuse, dépressions…

Le secret de la dépression réside

dans l’interaction entre la perturbation

de courant jet enaltitude et, à l’avant,

la dynamique de basse couche (onde chaude).

Cette condensation participera elle-mêmeau développement de la dépression. Une dépression vit généralement quelquesjours, pendant lesquels elle parcourtplusieurs milliers de kilomètres dans leflux souvent de secteur ouest. Quand lasituation est propice, la France et l’ouest de l’Europe sont atteints par une nouvelleperturbation tous les un à deux jours. ■

Michaël KreitzResponsable Kiosque à Météo-France

Sources : « Techniguide de la météo » de Jean-Louis Vallée(Nathan). Grand angle : « Qui sème le vent récolte latempête » de Philippe Arbogast (Atmosphériques n° 25)

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10 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

ACTUALITÉS

Plus haut que la tour de contrôle

the Mediterranean Experiment– soutenu par l'Insu et Météo-France. Ils ont dressé un vastepanorama de l'état de l'art desquestions scientifiques liéesau cycle de l'eau dans lebassin méditerranéen. Cedomaine de recherche a étéappréhendé sous tous sesaspects : océan, atmosphère,hydrologie et surfacescontinentales, biogéochimie,aspects économiques etsociétaux.Les tables rondes de l'atelieront été riches en discussionset ont permis de progresserdans la définition d'un vasteprojet expérimental

pluridisciplinaire et multi-échelles à l'horizon 2010-2011en Méditerranée.

Une année de vingt-quatre moisCinquante ans après la IIIe

année polaire internationale(Api), le Conseil internationalpour la science (Cius) etl'OMM ont officiellementouvert, le 1er mars, à Paris, la IVe Api en présence duPrince Albert de Monaco et denombreuses personnalités.Cette année polaire durera enfait… deux ans, de mars 2007à mars 2009, afin d'étudier un cycle entier Arctique-Antarctique sur deux saisonscomplètes. Deux cent vingt-huit projets seront mis enœuvre, répartis en six grandsthèmes. Plus de cinquantemille personnes et soixante-

4 74,8 kilomètres à l’heure: une rame spéciale du futur TGV Est, la V150, a battu le 3 avril le record mondial de vitesse sur rail. Le talent des équipes techniques de Réseau ferré de France (RFF),

d'Alstom et de la SNCF ont permis cette performance qui a bénéficié de l'expertise de Météo-France.Dès les travaux de génie civil de la ligne à grande vitesse (LGV), puis aucours des phases d'essai commencées en novembre 2006, Météo-Franceétait présent. Nous avons aussi réalisé une étude climatologique tout le long de la LGV pour identifier une période propice à ce record. Puis,pendant quatre mois, le CMIR Nord-Est a élaboré un bulletin quotidienspécial de prévisions pour les trois zones de la LGV retenues pour lerecord. Pour chaque zone et pour six critères importants, il précisaitjusqu'à trente-six heures à l'avance le degré d'opportunité météo. Entre

trente-six heures et huit jours, nousindiquions une probabilité pour cinqautres critères. Enfin, les prévisionnistesde trois CDM se sont relayés au PC desessais avec tout l'équipement nécessairepour apporter leur expertise locale. Elle fut particulièrement précieuse aumoment du record alors que la bisesoufflait à proximité. ■

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Au PC de la LGV-Est, à Pagny-sur-Moselle, Pierre Grall, prévisionniste au CDM54, détaille la situation météo au responsable des essais pour RFF,M. Mally. Le vent – direction, force moyenne et rafales – est un critèreimportant pour battre un record de vitesse.

Record mondial de vitessesur rail

Q uarante-cinq mètres, c'est la hauteur du mât que Météo-France a installé en février dans le parc à instruments de sa station de l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry.

Cet ouvrage, qui a coûté 132 k€, mesurera différents paramètres– rayonnement infrarouge, rayonnement global, humidité ettempérature – à 1, 5, 10, 35 et 45 mètres du sol. Il est aussiéquipé de capteurs d'humidité à 5, 10, 20, 30 et 50 centimètressous terre. Les mesures indiqueront directement la visibilité maisalimenteront aussi notre modèle spécialisé Cobel/Isba afin d'aiderles prévisionnistes à mieux appréhender les situations propices à la formation du brouillard et sa dissipation. Ce phénomène est difficile à prévoir, mais son incidence est importante dans l'aéronautique. À terme, Météo-France équipera d'un mât de ce type Roissy et Orly. ■

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Réflexions autour du carboneCréé en collaboration avecPowernext, la Caisse des dépôts etMétéo-France, le Club tendancescarbone s'est réuni pour lapremière fois le 4 avril. Entouréde Christian de Perthuis, chef dela mission Climat à la Caisse desdépôts, et de Jean-François ConilLacoste, directeur général dePowernext, Pierre-Étienne Bisch arappelé l'importance pour Météo-France de se positionner sur tousles plans – scientifique ouopérationnel – de la lutte contrele changement climatique. Enparticipant à ce club d'analyse et

de réflexion, Météo-Francesouhaite apporter sacontribution aux débats sur lesaspects économiques duchangement climatique. Ces débats, qui mobilisent lespouvoirs publics, les experts dumonde académique et lesentreprises, sont essentiels pourla définition des suites duprotocole de Kyoto après 2012.

La Méditerranée à ToulousePlus de deux cents chercheursvenus de toute l'Europe sesont réunis à Toulouse du 9au 11 janvier pour le premieratelier pluridisciplinaireHyMeX – Hydrological Cycle in

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2007 11

E N R É G I O N

■ L'Outre-Mer au cœur du 37e CSMSous la présidence de Pierre-Étienne Bisch, la 37e assembléeplénière du Conseil supérieurde la météorologie (CSM)était pour la première foisorganisée par Olivier Moch,son secrétaire permanent.L'audience de cette instancese confirme chaque année,l'amphithéâtre du carré dessciences était comble dès ledébut de la journée. Tout aulong de la matinée, lesprésentations des travaux desdifférentes commissions sesont succédé à bon rythme,illustrant la diversité desactivités abordées mais aussileurs synergies avecl'émergence de besoinscommuns à plusieurs secteurs:prévoir le brouillard, la neige,la température de sol…L'après-midi s'est dérouléesous l'œil des caméras de RFO.

palettes de matérielinformatique usagé,l'opération a été un beausuccès, riche d'enseignementspour ses participants queFrançois Lalaurette, directeurde l’ENM, a chaleureusementsalués.

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de la terminale à Bac + 4 pourprésenter les métiers deMétéo-France, les concours, les formations et plusgénéralement l'École. Pour unepremière, l'École a choisi d'êtreprudente dans sa publicité,limitée au salon Infosup et à Internet, afin de privilégierla rencontre et le dialogue.Pour un galop d'essai, avec unepublicité réduite au strictminimum, ce fut un grandsuccès : entre cent et centcinquante visiteurs.L'opération sera répétée l'anprochain.

trois pays y participent dansdes disciplines diversifiées.Présent dans les terresAustrales et Antarctiquesfrançaises (TAAF) depuis 1950,Météo-France intensifiera sesactivités de recherche durantcette période d'étude pluri-disciplinaire des régions polaires.

L'ENM se présenteLe samedi 17 mars, de13 heures à 17 heures, l'ENMorganisait pour la première foisune demi-journée d'informationà destination des étudiants

L es services météo d'une vingtaine de pays européens se sontassociés pour créer le site web www.meteoalarm.eu, lancé le23 mars à l'occasion de la Journée météorologique mondiale.

Il présente les dangers météo prévus sur la plupart des pays d'Europeau cours des deux jours à venir à l'aide d'une carte qui synthétise lessystèmes d'avertissement des services météorologiques participants.Cette présentation unifiée permettra à tous de s'informer aisément,dans les dix-sept langues disponibles, sur les éventuels phénomènesdangereux en Europe. Meteoalarm est bâti sur les principes de laVigilance météorologique de Météo-France: la carte utilise quatrecouleurs (vert, jaune, orange et rouge) correspondant chacune à unniveau de risque et un ensemble de pictogrammes représentant lesdangers météo. Ce système a été développé à l'initiative du réseauEumetnet qui regroupe vingt et un services météorologiquesnationaux européens. ■

L'Europe de la vigilance

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Au nom du président du CSM,notre ministre de tutelleDominique Perben, Pierre-Étienne Bisch a brosséun panorama des activités de l'année avant le colloque Météorologie et Outre-Mer.

■ Défi pour la TerreLe 10 mars, au centrecommercial de Labège 2, desélèves de l'ENM ont relevé le Défi pour la Terre de la Fondation Nicolas Hulot etde l'Ademe. Il s'agissait desensibiliser le public auxgestes simples quicontribuent à la préservationde l'environnement.Soutenus par Météo-Franceet la mairie de Labège, lesélèves ont proposé desactivités et exposé despanneaux informatifs del'Ademe et du CNRM. Nosjeunes collègues n'ont pasoublié de faire un geste enoffrant de récupérer dumatériel informatique usagé.Avec trois cents engagementset autant d'empreintesécologiques, plus de quatre

■ Une place pour le généralDelcambreLe 3 février, à Denée, Maine-et-Loire, la place de la mairiea été rebaptisée sous le nomde place Émile-Delcambre, enprésence des autorités civileset militaires. MoniqueCiccione, Diro/D, et ÉricAllard, DDM 49, étaientprésents car le généralDelcambre a été directeur de l'Office nationalmétéorologique, ancêtre deMétéo-France, entre la fin dela Première guerre mondialeet sa retraite, à Denée en1934. Ce polytechnicienpassionné de sciences a crééun réseau de climatologie etappliqué la météo à l'aéro-nautique et à l'agriculture.

■ Détection des avalanchesLe réseau expérimentalisérois de suivi de l'activitéavalancheuse vient des'étoffer d'un site de mesures.Après Saint-Christophe pourle massif de l'Oisans et Le Gleyzin, pour celui deBelledonne, ce sontdésormais les avalanches descouloirs d'Ornon – massif duTaillefer – qui sont détectées,enregistrées, puis transmisesen temps réel au CEN et auCDM38. Ce projet a été menépar l'équipe avalanches duCEN, avec la collaboration des équipes du CEN et le soutien du CDM38.

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En rade de Toulon, le Charles- de-Gaulle rentre de mission en mer d’Oman, au large del’Afghanistan. Il est accompagné de son escadre de protection :deux frégates anti-aériennes et anti-sous-marins, survolé parquatre avions Rafales,neuf Super-Étendards et unHawkeye de ses escadrillesembarquées, qui dessinent, dansle ciel, une croix de Lorraine.(Photo Frank Jubelin)

P ierre-Étienne Bisch et Vincent Remay, vice-président d'Euronext, ont co-présidé, ce printemps, le premier conseil d'administration deMetnext qui a nommé Dominique Lapeyre de Chavardès président et

Marie-Geneviève Renaudin directrice générale. Cette société par actionssimplifiée (SAS) est une filiale à 65 % de Météo-France et à 35 % d'Euronext.Elle créera, produira et diffusera des indices météorologiques adaptés, afin de permettre aux entreprises météo sensibles de mieux gérer l'impact desvariations météo sur leur activité. Nombre d'entreprises ont en effet constatéque ces variations peuvent avoir des conséquences importantes sur leursperformances: outre le secteur de l'alimentation, de nombreux domaines del'économie sont affectés par le climat. Elles attendent aussi des outils pourmieux se couvrir face aux événements météorologiques extrêmes. ■

12 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

ACTUALITÉS

Contrer les effets du temps

Premier conseil d'administration de Metnext à l'Alma. De gauche à droite : Michel Assouline, Pierre Sardet (Cabinet Mazars et Guérard, commissaireaux comptes), Pierre-Étienne Bisch, Vincent Remay (Euronext), Marie-Geneviève Renaudin,Dominique Lapeyre de Chavardès, Serge Duval, Alain Soulan, Arnaud Piel (Euronext), Marie-Laure Berthelot, Jean Carle, Brigitte Le Ridou (Euronext), Philippe Frayssinet.

I N S T A N T A N É S

Rencontres à GrenoblePierre-Étienne Bisch a assisté le9 mars à une présentationcomplète des travaux du centred'études de la neige (CEN) dontil a rencontré les personnels.Après une visite du point focal« avalanches » au Centredépartemental de l'Isère,l'après-midi a été consacrée à une visite de notre centre demesures et d'expérimentationdu col de Porte. La respon-sabilité du point focal, quicouvre vingt-cinq massifs dansles Alpes et en Corse, estpartagée entre le CDM et le CENqui assurent à tour de rôle lavigilance « avalanches », lesrenseignements aux médias...À l'exception d'Éric Martinempêché, tous les anciens

responsables du CEN, FrédéricDelsol, Jérôme Lafeuille,Dominique Marbouty et ÉricBrun étaient réunis pour undîner convivial.

Convention avec le LCPCMétéo-France et le Laboratoirecentral des ponts et chaussées(LCPC) ont formalisé leurcoopération au travers d'unaccord cadre. Il a été signé àToulouse le 26 janvier parPierre-Étienne Bisch et JacquesRoudier, directeur général duLCPC. D'une durée de trois ans, il pourra se concrétiser autravers de participations encommun à des programmes derecherche nationaux etinternationaux ou encore laréalisation d'études en commun.Les thèmes de cet accord sont,entre autres : la modélisation des états de surface de la routeen conditions dégradées, la modélisation de la ville, lesobservations et la modélisationdu brouillard. Une réflexion esten cours pour étendre le cadrede cet accord à des études sur la sécheresse géotechnique.

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Le Charles-de-Gaulle peut embar-quer jusqu’à deux mille passa-gers, marins ou personnel de l’aé-

ronavale. C’est une véritable ville, souter-raine et flottante, avec un salon de coiffu-re, une poste et des restaurants, unimmense hangar abritant les avions etdeux centrales nucléaires… et aussi descentaines de chambrées de huit, deux ouune personne ! Tout ce monde, oupresque, vit regroupé sous le pont d’en-vol, dans des locaux répartis sur septponts superposés, et n’aperçoit que rare-ment la couleur du ciel.

REPORTAGE

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Le pouls

Sur la plage avant du pont d’envol, les métocs de la Marinenationale s’apprêtent à envoyer un ballon-sonde.

Au deuxième plan, l’îlot du bâtiment de guerre avec tous ses équipements de détection (radars, etc.), la passerelle de navigation et le local PC environnement où travaillent

les météorologistes-océanographes du bord (métocs).

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D u pont d’envol émerge un îlot, jouantle rôle de tour de contrôle pour les opé-rations aéronavales et de passerelle denavigation. Si quelques privilégiés y

disposent d’une cabine, à mi-hauteur de l’îlot unservice tire son épingle du jeu : le PC environne-ment où les métocs exercent leur art. Ils fournis-sent les informations météorologiques et océano-graphiques adaptées à l’environnement dugroupe aéronavale et du SNA (sous-marinnucléaire d’attaque) qui assure en permanence sasécurité rapprochée. Ici bat le pouls du porte-avions, lui indiquant la meilleure route à suivrepour remplir sa mission navale et délivrant auxpilotes en partance les données météo nécessai-res au bon déroulement de leur mission. Visiteguidée du poste avancé des météorologistes à borddu porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle.

L’enseigne de vaisseau Olivier Bouzemane estmétoc. C’est une spécialité de météorologue-océa-nographe spécifique à la Marine nationale. « Jesuis engagé dans la Marine depuis seize ans ; j’ai passémon brevet d’aptitude technique de métoc à Toulouseau sein de l’École nationale de la météorologie. J’aidébuté professionnellement à la base de Nîmes-Garons,puis j’ai passé quatre ans sur le porte-avions Fochcomme prévisionniste dans la zone de l’ex-Yougoslavieet du Kosovo. J’ai passé ensuite mon brevet supérieurà Toulouse, puis j’ai intégré pour quatre ans l’état-major d’Alfan (amiral de la Force d’action) commemétéo de l’amiral, avant de réussir le concours d’offi-cier spécialisé de la marine. Je suis à bord du CdGdepuis août 2006… » L’actuel chef du secteur métoccommande une dizaine de personnes : « Si je jouele rôle de chef prévisionniste, j’ai un adjoint, le premiermaître Stéphane Letirand, qui fait plutôt la prévisionsynoptique de J à J + 7 ; un pôle de trois prévisionnis-tes “aéro” fait de la prévision immédiate – leur rôle estsurtout de faire des briefings aux pilotes – et, enfin,quatre observateurs météo réalisent les observationset récupèrent les produits météo. » Les journées desmétocs à bord du Charles-de-Gaulle en opérationsont bien remplies : premier briefing à 8 heuresdu matin, avec le chef des opérations et sesadjoints, tous ceux quisont de quart pour la jour-née ; il s’agit d’un recalagedes prévisions de la veillepour affiner les grandesdécisions, par exemplepour mettre en œuvre lesavions. À 8 heures 30, legrand briefing avec le

REPORTAGE

14 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

commandant du bateau et tous ses grandsadjoints pour une prévision de J à J + 4 ; à 10 heu-res, un autre briefing avec le chef des opérationset le personnel qui planifie à J + 1, puis à 10 heu-res 30 le briefing pour J + 2, J + 3 et J + 4 avec lesmêmes personnes. Enfin, un dernier briefing à17 heures pour récapituler les prévisions et tra-vailler sur le lende-main. Indépendam-ment de ces briefingsgénéraux, les prévi-sionnistes aéro font, àla demande, des brie-fings ponctuels aumoment du départ desavions en donnant desprécisions sur leszones survolées. Enparallèle, le PC envi-ronnement travailleavec l’officier de ma-nœuvre du porte-avions, qui est chargéde mettre au point laroute du bâtiment.« En fonction du vent, onplanifie cette route pourla journée. On suit levent, il faut trouver, lors-qu’on le peut, le vent préférentiel pour les ma-nœuvres aéro, explique Olivier Bouzemane. Parexemple, si une perturbation nuageuse arrive, on vaessayer de planifier notre trajet afin de réaliser le plusde vols possibles. Soit on va essayer de traverser la per-turbation et aller se placer à l’arrière, soit rester le pluspossible à l’avant, de manière à retarder l’échéance.Nous sommes un aéroport capable de faire 1 000 kilo-mètres par jour, aussi joue-t-on avec les éléments de lamétéo le plus possible. Ce ne sont pas les métocs quidictent la route, mais ils la conseillent fortement ! Nousreprésentons vraiment une aide à la décision tactique,et le commandement s’appuie sur sa météo… quand ila confiance en ses prévisions. »

Le chef prévisionniste du bord reconnaît cepen-dant que la tâche la plusdifficile reste la prévisionimmédiate, « comme lamétéo en région pour Météo-France ! Mais quand unindice de confiance de 3 estcorrect sur terre, pour nous,en phase opérationnelle, nousdevons faire mieux pour

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L’enseigne de vaisseau Olivier Bouzemane, responsable celluleenvironnement du Charles-de-Gaulle, est aussi le chefprévisionniste du secteur métoc (météorologie-océanographie)

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1. Le PM Letirand (adjoint chef secteur-responsable exploitation) au pupitre desécrans Synergie de la station météo du bord.

2. Le PM Letirand fait un briefing météojournalier pour les officiers du bord.

3. L’enseigne de vaisseau OlivierBouzemane, installé dans la passerelle Aviadu porte-avions.

4. Les 40 000 tonnes du Charles-de-Gaullesont désormais pilotées par un simple stickdepuis le pupitre de navigation enpasserelle.

5. Le SM Dissieux (observateur) et le SM Bauguil (observateur-adjoint LAS)préparant un briefing météo pour les pilotes de l’escadrille 4F Hawkeye.

6. Le MT Lepetitcorps et l’EV Bouzemane(chef prévisionniste-chef secteur métoc)préparent un bulletin de prévision pour la navigation du porte-avions.

7. L’EV Bouzemane et un aspirant chef de quart sur la passerelle de navigation du navire.

8. Briefing météo en salle des opérationsaériennes ; le MT Lepetitcorps(prévisionniste-responsable LSM) indiquesur son PC portable la situationmétéorologique et les conditions de vol aux deux pilotes.

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que le navire part en mer, il émet un bulletinmétéorologique sur soixante-douze heures repré-sentant la base de la sécurité aéronautique pourtoute l’escadre, et le chef prévisionniste embar-qué est de surcroît capable de réaliser la prévisiondes théâtres d’opérations.

« Nous avons une liaison fraternelle avec une cellulede la Marine nationale appelée Celenv, qui est implan-tée au sein de la Météopole à Toulouse et dispose d’uneliaison spécialisée avec Météo-France, explique OlivierBouzemane. On échange entre 50 et 70 mégaoctetspar jour avec la Celenv. C’est vraiment le centre qui estchargé de distribuer l’information météo à tous lesbateaux de la Marine nationale. Il fournit quotidien-nement aux état-majors et aux forces navales une des-cription de leur environnement météo-océanographique,complétée par une évaluation de l'impact de l'environ-nement sur les performances des systèmes d'armes –sonars et radars. » La Celenv envoie chaque jourtoutes les données correspondant aux évolutionsdu bâtiment et au rayon d’action des avionsembarqués. Cette zone est programmée, au jourle jour, en fonction des déplacements du bateau.Elle fournit des produits bruts issus de deux modè-les, Arpege et CEP, qui correspondent à la zonedemandée, mais uniquement sur la zone de navi-gation. « Au niveau du bateau, nous avons l’oppor-tunité d’acquérir de manière autonome des images pro-venant de satellites défilants grâce au système Cadenv(chaîne d’acquisition de l’environnement). On n’aurapas une image tous les quarts d’heure mais trois ou qua-tre images par heure, selon la liaison. De nouveaux pos-tes Synergie ont été installés en octobre 2006. On estpassé de la version 3.6 à la version 4.1 qui est dotéed’une puissance de calcul beaucoup plus élevée et per-met d’accéder à une gamme élargie de produits, quiviennent rapidement à l’écran. » ■

Reportage Frank JubelinReportage photo Pascal Taburet

16 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

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REPORTAGE

répondre aux besoins des pilotes ; si on se trompe decinq nœuds de vent ou de trente degrés de direction,cela risque d’avoir tout de suite un impact majeur.Heureusement, en opération nous sommes aidés parles agents de Météo-France qui préparent un petit bul-letin particulier tous les jours pour nous indiquer lesdifférents modèles à privilégier. »

Les besoins météo d’un porte-avions sont clas-siques. Comme pour tout bateau, il s’agit d’assu-rer la sécurité nautique mais avec une grande dif-férence : le fait de porter des avions. « Pour mettreen œuvre des avions, il faut placer le bateau face auvent avec certaines limites de vent à respecter, indiqueOlivier Bouzemane, que ce soit des limites de venttrop faible ou de vent trop fort. » Si les critères sontbeaucoup moins sensibles pour les hélicoptères,ils dépendent aussi, pour les avions, du type demission. Par exemple, quand ils sont très chargés– munis de bombes d’une tonne ou de plusieursmissiles –, les avions ne peuvent pas décoller avecun vent supérieur à trente nœuds ou inférieur àcinq nœuds. « La nébulosité joue également un rôlecentral, précise Olivier Bouzemane. Si vous avezun plafond à 200 pieds ou une visibilité inférieure à 1nautique, le bateau ne pourra pas recevoir les avions.En Méditerranée, des pistes de dégagement sont pré-vues, mais au large de l’Afghanistan, vous avez inté-rêt à pouvoir récupérer les avions en toutes circonstan-ces. Cela souligne l’importance de la météo dans laplanification : on n’enverra pas d’avions s’il y a unrisque de ne pas pouvoir les récupérer ». À cet égard,le télémètre installé en 2002 sur le CdG est unmatériel tout à fait unique dans une marine deguerre. Un moyen scientifique très précieux pourrelever la hauteur des nuages quand les plafondssont très bas « pour le bord, c’est vraiment révolu-tionnaire ! »

Le PC environnement du Charles-de-Gaulle estle plus gros centre météo déployé d’Europe. Dès

« Nous sommes un aéroport capable de faire 1 000 kilomètres par

jour, aussi joue-t-on avec les éléments de la météole plus possible. Ce ne sont pas les métocs

qui dictent la route,mais ils la conseillent fortement ! »

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1. Les SM Bauguil et Marmain(observateurs) sur le pont d’envol avec unballon-sonde.

2. Un Rafale à l’appontage avec en premierplan un Hawkeye, un avion de guet aériende 24 tonnes doté d’un radar sur le dos deson fuselage, ce qui permet de multiplierpar vingt la portée d’observation descapteurs du bâtiment et d’effectuer laconduite des avions jusqu’au théâtred’opération, en étant relié en temps réelavec le PC Ops du CdG.

3. Le MT Gaultier (prévisionniste-prépamiss/retex) prépare un radiosondage.

4. La plate-forme MMLS, située à l’arrièrede l’îlot du Charles-de-Gaulle, qui peut servird’aire d’observation météo et où sontstockés les racks d’hélium nécessaire auxballons-sondes. La plate-formecommunique avec le PCENV par une porteétanche, munie d’un volant de fermeturede sécurité.

5. Le télémètre nuage laser qui permet dedéterminer la hauteur des nuages, le« plafond » en terme d’aviation, un desparamètres indispensables pour effectuerle ramassage des avions; c’est le seul porte-avions au monde à être équipé d’un telinstrument de mesures.Ici, le MT Lepetitcorps, prévisionnistemétoc et spécialiste LSM du bord, réaliseune opération de maintenance sur le laser.

6. Le répétiteur des capteurs de vent(direction et force) en passerelle Avia;deux paramètres indispensables quipermettent au chef Avia de donnerl’autorisation de décollage ou de pose surle porte-avions. Le gros bouton rougepermet de stopper jusqu’à la dernièreseconde le catapultage si les conditionsmétéo requises ne sont pas dans lesnormes.

7. Un Rafale au décollage en bout de lapiste oblique; on peut observer le sabotjaune du chariot de catapultage qui sert à propulser, sur 100 mètres, l’avion de 20 tonnes à la vitesse d’une formule 1;l’avion est tracté par le train d’atterrissagerenforcé (avec amortisseur) de la rouletteavant. C’est l’instant crucial où le pilote,jusqu’alors plaqué à son siège par la forced’accélération de plusieurs G, peut enfinreprendre le contrôle de son appareil.(photo Frank Jubelin)

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18 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

LE DOSSIER

Notreclimat porterapendantdelonguesannées la marquedesactivitéshumainesdu passé.

� Quelle est l’implicationde Météo-France dans le Giec ?Pascale Delecluse : Au cours dudernier exercice, les chercheursde Météo-France se sontpleinement impliqués dans lestravaux du Giec, depuisl’élaboration des résultatsscientifiques jusqu’à la rédactiondu rapport. Ils ont ainsi participéà la sélection des informationsqui ont fait l’objet du consensusde la communauté scientifiqueinternationale. Pendant six ans,avec des milliers d’autreschercheurs dans le monde, ils ontpu étudier point par point lesdifférentes analyses et lesdifférentes simulations réalisées(dont les leurs et celles de l’IPSL).L’ensemble de ces discussions etles analyses complémentairesréalisées ont permis nonseulement d’élaborer lesconclusions mais aussi de lesévaluer.

� Comment aboutir à unconsensus dans ce domaine?

À partir du nombre réduit descénarios marqueurs retenus parnos collègues socio-économiquesdu groupe III – allant d’une visionrelativement optimiste dudéveloppement économique et

Pascale Delecluse, directriceadjointe de la recherche à Météo-France, a participé au IVe rapportd’évaluation du Groupe d’expertsintergouvernemental (Giec) sur l’évolution du climat. Elle faisait partie de lasoixantaine de spécialisteschargés d’expertiser le rapport qui résume, à l’intention desdécideurs, les bases scientifiquesdu changement climatiqueétablies par le groupe scientifiquedit « Groupe I ».

L’avenir du climat

social à des visions plus pessi-mistes –, l’exercice du groupe Iconsistait à déterminer l’évolutiondu climat induite par ces scénarios, cela en quantifiant et en réduisant au maximum lesincertitudes relatives à un certainnombre de variables, comme latempérature, les précipitations, etc.

� Comment devenait-onéligible au Giec?

Pour faire partie descontributeurs aux exercices demodélisation du Giec, il fallaitréaliser tout un jeu desimulations sur le climat, allantde l’époque pré-industriellejusqu’à la fin du siècle, en tenantcompte de la concentration des gaz à effet de serre ainsi quedes modifications de l’activitévolcanique ou de l’activitésolaire.

Nous devions concevoirégalement des scénarios destabilisation en gardantconstants, à partir d’un instantdonné, tous les forçagesextérieurs, afin d’étudier la stabilité à long terme de la trajectoire du modèle.

La réalisation de l’ensembledes scénarios imposés (climatpré-industriel, climat duXXe siècle et projections sur le

XXIe) permettait d’êtrehomologué par le Giec.

� Quel rapport existe-t-ilentre prévisions clima-tologiques et prévisionsmétéorologiques?

La prévision du temps – tellequ’on la réalise tous les jours àMétéo-France – consiste à étudierce qui va se passer à une échéancede cinq à dix jours à partir d’unesituation observée à un momentdonné : c’est un problème quidépend essentiellement desconditions initiales.

Pour la prévision climatique,on va beaucoup plus loin dans letemps. Ce ne sont plus lesconditions initiales qui vontcontraindre la trajectoire dusystème, mais les conditions deforçage extérieures. Par exemple,le cycle saisonnier dû au soleildéterminera une saison froide,une saison chaude, ainsi que lesdeux saisons intermédiaires. La concentration de gaz à effet deserre agit comme une variationde forçage extérieur.

� Dans quel domaine peut-on espérer desaméliorations de cesmodèles?

Un pays comme la FrancePasc

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correspond approximativement à quelques points de grille dansles modèles de climat actuels. Or, il existe dans l’atmosphère etdans l’océan des processusessentiels, comme la convectionou les phénomènes nuageux, quinécessiteraient d’être paramétrés

activités liées à l’Homme ?Nous avons vérifié que,

pour le XXe siècle, les modèlesclimatiques reproduisaient lesobservations. Ces modèles sontdonc « calibrés ». Avec lesdonnées de concentration en gazde la période pré-industriellejusqu’à aujourd’hui, nous avonspu calculer, dans notrelaboratoire numérique, l’effet deserre additionnel lié à l’évolutionde cette concentration etl’augmentation de températurequi en résulte : un degré par siècleau niveau national. En comparant ces simulationsavec l’état du climat actuel, nousavons pu vérifier sur une périodede cent cinquante ans que pour la France le réchauffementcorrespond bien auxobservations.

Si on augmente laconcentration en gaz à effet deserre, cela se traduit par uneaugmentation du forçage radiatifet la température moyenneaugmente. On ne peut pasdémontrer que seul l’Homme agitsur ce forçage additionnelradiatif, mais on constate quel’évolution de température estconforme à ce que l’on attendaitexpérimentalement.

à une échelle très fine. Parexemple, pour la convection dansl’océan, il serait nécessaire dedescendre en-dessous dukilomètre. Or nous ne disposonspas de la capacité de calculnécessaire pour réaliser dessimulations à cette échelle surune période de cent ans, c’estpourquoi nos modèlesclimatiques les réalisent avec unemaille de cent à deux centskilomètres. La difficulté majeureréside donc dans la nécessité d’y représenter implicitement les échelles que l’on ne résout pasexplicitement.

Il nous faut aussi disposer deséries de données par région afinqu’elles servent de référence pouranalyser la trajectoire du modèleet ceci en quantité suffisantepour construire les liens entreclimat global et climat régional.

� Le lien entre le réchauffement etl’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre dansl’atmosphère est-il prouvé?

On sait sans équivoque que latempérature de la Terre est plusélevée qu’elle ne l’était il y a unsiècle. Est-ce que l’on peutattribuer ce réchauffement aux ���

� Séanced’ouverture destravaux du groupescientifique, Groupe I, du Giec à l’Unesco.

N O T R E C O N T R I B U T I O N A U G I E C

à de multiples groupes de discussionsur l'analyse des observationsrécentes et des résultats de modèle.Cela a été l'occasion de renforcerles coopérations indispensables sur ce sujet au sein de la communautéscientifique française, en particulieravec l'IPSL, le Cerfacs et le LGGE.

Météo-France a pu réaffirmer sa compétence et son savoir-fairedans ce domaine complexe, auxenjeux inédits pour l'humanité. Il ne faut pas oublier les effortsfaits pour sensibiliser la populationet les décideurs sur la réalité duchangement climatique. Ces effortsont contribué à la prise deconscience par la société de lagravité des problèmes liés auchangement climatique, préalable àtoute décision politique destinée à lutter contre l'effet de serre.

L 'année 2007 clôture six ans de travaux qui ont permis

à la communauté scientifiqueinternationale de progresser et depréciser les aspects physiques duchangement climatique. Tous lesimpacts attendus ont étésoulignés, ainsi que les mesures àenvisager en matière d'économied'énergie, de réduction des gaz à effet de serre et d'adaptationaux changements à venir.

C'est la première fois que deséquipes de Météo-Francecontribuent pleinement à unrapport du Giec. Nous avons dûprocéder à des efforts notablespour développer une nouvelleversion du modèle couplé Arpege-Climat et réaliser le jeu descénarios imposés.

Nous avons également participé

Toutefois, de nombreusesincertitudes planent encore sur le futur des changements effectifset leurs impacts à échéance dequelques décennies, notamment àl'échelle régionale. C'est pourquoiMétéo-France maintiendra et, même,intensifiera son effort pourpoursuivre les recherchesindispensables à toute progressiondans ces domaines. ■

Eric BrunDirecteur de la recherche à Météo-France

Qin Dahe, chairman du groupe I du Giec, Éric Brun et le président Pierre-Étienne Bisch.

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L’hémi-sphèreSud quicomporteplusd’océansseréchauf-fera moinsquel’hémi-sphèreNord.

20 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

� Que va-t-il se produireavec la concentrationactuelle de gaz à effet deserre?

C’est un point très intéressant,inclus dans les scénarios dits de« stabilisation » du Giec quiétudient l’inertie du système.Même si la concentration des gazà effet de serre reste constante, latempérature continuera à évolueret l’atmosphère à se réchaufferjusqu’à ce que les autrescomposantes du systèmeclimatique – les surfacescontinentales, l’océan, les calottes–, soient aussi en équilibre. Sil’atmosphère est la composantela plus rapide du systèmeclimatique, pour les surfacescontinentales il faut compter des dizaines d’années avant queles écosystèmes ne s’adaptent. Si le climat se désertifie, certainsbiomes vont disparaître tandisque d’autres pourront s’adapteravec des écosystèmes beaucoupplus secs. Tous ces déplacementsde végétation se ferontlentement, l’océan s’équilibreraen plusieurs centaines d’années,la couverture glaciaire s’ajusteraen dix à cent mille ans, enparticulier les calottes polaires.Quelle que soit l’évolution de nosémissions futures, le retour àl’équilibre ne sera pas immédiatet notre climat portera pendantde longues années la marque desactivités humaines.

� Quel danger représententdeux degrés deréchauffement pour la findu siècle?

Deux degrés d’augmentationreprésentent une valeur globalemoyenne qui ne dit rien desdisparités à l’échelle des régionset des latitudes. La Terre ne va passe réchauffer ou se refroidir demanière homogène. Le minimum d’élévation detempérature se situera dans les basses latitudes, et plus on serapprochera des pôles, plus la température va augmenter. Le signal sera également plusimportant sur les continents quesur les océans. Toutes lessimulations montrent cettedisparité, ce qui fait quel’hémisphère Nord se réchaufferaplus que l’hémisphère Sudpuisqu’il comporte plus de

continents que d’océans. Pour unscénario moyen de deux degrés,on pourrait avoir six à huit degrésen termes d’élévation detempérature en Alaska ou enSibérie. En France, par exemple,avec son climat très océaniquependant l’hiver et pluscontinental pendant l’été, leréchauffement sera plus marquél’été que l’hiver.

Quelques degrés peuvent avoirdes répercussions trèsimportantes : il suffit pour s’enconvaincre de se promener àtravers l’Europe, où quelquesdegrés de température annuellemoyenne séparent le Sud-Ouestet le Nord-Est. La différence entrele climat espagnol et celui despays Baltiques laisse augurer desconséquences. Bien sûr, la température seule ne définitpas un climat ; il faut égalementtenir compte de la variabilitéautour de la températuremoyenne, ainsi que d’autresfacteurs comme les précipitations.

� Pensez-vous qu’il y auraun prochain Giec?

Oui, plus on avance dans letemps et plus les questions se fontprécises : par exemple, jusqu’ici

les scénarios ont été construits à partir de modèles qui prennenten compte l’évolution des océans,des surfaces continentales ou del’atmosphère. Pour les surfacescontinentales, il faudrait tenircompte de l’utilisation des terresdans les différents scénariospossibles. Il va falloir aussi passerde la concentration de gaz à effetde serre en équivalent CO2à une distribution en termesd’émission, et tester toutes lesinteractions des composéscarbonés avec la biosphèrecontinentale et la biosphèreocéanique.

Sur cet exercice du Giec, il y a seulement eu deux ou troiséquipes qui ont fait tourner desmodèles avec un carboneinteractif. Ils sont plus chauds de un degré à un degré et demi,en termes de projection. Il y adonc des effets non linéaires liésaux interactions entre le cycle ducarbone et le climat, qu’il vafalloir représenter pour évaluerles conséquences du réchauf-fement.

Clairement, nous ne sommespas au bout de notre tâche.Espérons que le consensuspolitique ne faiblira pas. ■

LE DOSSIER

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L E S D E S S O U S D E S D É B AT S D U G I E Cscientifiques, veillent à recueillirl’assentiment des scientifiques qui ontcoordonné la rédaction du chapitrepertinent du rapport. Aucun amendementn’est donc accepté sans leur accord.

Ainsi à la fin janvier 2007, lors de ladernière assemblée plénière du groupe Ià Paris, les modifications apportées enséance n’ont pas changé la teneur dumessage. Seule une phrase, relative à la part des phénomènes solaires dans le changement climatique, aura étésupprimée, mais on retrouve une infor-mation chiffrée sur ce sujet quelqueslignes plus loin. A contrario, une figuresupplémentaire, dérivée d’une figureexistant dans l’un des chapitres, a étéintroduite pour présenter aux décideurs,sous une forme plus parlante,

l’estimation des réchauffementsattendus au cours du XXIe siècle. In fine, c’est à l’unanimité que lerésumé destiné aux décideurs a étéapprouvé par le Giec. Il suffit

d’ailleurs de le consulter surInternet pour vérifier

la clarté des informationsscientifiques fournies. ■

Michel PetitPrésident de la société

météorologique de France

Les rapports du Giec sont rédigés,bénévolement, par des chercheurs en

activité. Leur première version, soumiseà un examen par les experts du domaine,est suivie de l’examen d’une deuxièmeversion par les mêmes experts et par lesgouvernements. Une troisième version,rédigée après cette lecture critique, est finalement approuvée en assembléeplénière de chaque groupe de travailconcerné. À cette occasion, le résumépour décideurs y est discuté mot à motet amendé en séance.

On pourrait redouter que lesreprésentants des États, qui siègent lorsde telles assemblées non ouvertes aupublic, ne transforment le texte qui leurest soumis en un texte de consensus au contenu scientifique très affadi. Il est incontestable quecertains représentants, pour des raisons manifestement liées à leur politique nationale, ont tendance àsouligner les incertitudes sur les causes du réchauffementclimatique et sur sonamplitude future.Cependant, lescoprésidents du groupede travail, qui sont eux-mêmes des Pa

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Le Giec aconstruitdesscénariosderéférencepourl’évaluationduchangementclimatique.Ils sontconçus pourproposer unnombrelimité – maisindivisible –d’alter-nativescohérentes.

ATMOSPHÉRIQUES Avril 2007 21

L'évaluation du changement climatique, et de sesimpacts, se fait sur la base d'hypothèses concernant le niveau et la chronologie des émissions futures de gaz à effet de serre.

I l est vite apparu préférableà la communautéscientifique d’utiliser unjeu de scénarios commun

qui fasse référence pour pouvoircomparer les résultats obtenus à partir des différents modèles.Le Giec a construit cesscénarios de référence, conçuspour proposer un nombrelimité – mais indivisible –d'alternatives cohérentes. Ces choix de scénarios ont étéélaborés à partir d’un ensembled’hypothèses cohérentesfondées sur la nature dudéveloppement démographiqueglobal et régional, sur lapoursuite de la globalisationéconomique – et de sesinteractions sociales etculturelles – au long du siècleprochain, sur le taux dedéveloppement économiqueglobal et régional, en fonctionde l’évolution des échangescommerciaux internationauxet, enfin, sur la vitesse et ladirection du progrès technique.

L’impossible prévisionL’exercice reste purement

fictif, car il est probable que desruptures se produiront dans lestendances socio-économiques,

Gérer l’incertitude à long terme :des scénarios de référence

énergétiques et technologiques,et que l'on ne peut ni modéliserni prévoir ces ruptures. Onestime répondre à ce problèmepar la multiplicité des scénariosde référence.

Ces scénarios qualitatifsprésentent globalement unevision cohérente d’un futurpossible. C’est pourquoi touteétude ne prenant en considé-ration qu'un seul scénario deréférence ne fournirait qu'unevision partiale, incomplète eterronée des impacts duchangement climatique.

En outre, il est impropred’utiliser les résultats dessimulations fournies par lesmodèles chiffrant les scénariosde référence pour conclure à lasupériorité d'un ou plusieursscénarios sur les autres et doncd'interpréter cet exercice commeune recommandation impliciteenvers les décideurs politiques.Les axes discriminant lesdifférents scénarios ne peuventet ne doivent pas, en effet, êtreconsidérés comme appartenantdirectement au champ de ladécision politique. Dès lors,aucun scénario ne peut êtreconsidéré comme celui qu'ilconvient de suivre parce que,

précisément, on ne le choisit pas.Les comparaisons effectuées

ont montré que l’impact dusystème énergétique est d’uneimportance égale à celle desautres principales forces enprésence pour déterminer leniveau des émissions. On peuttraduire ce constat enrecommandation politique, et argumenter qu'en termesenvironnementaux une« décarbonisation » du systèmeénergétique est de toute façonindispensable et protège desincertitudes démographiques et économiques pesant sur leniveau des émissions futures. Il apparaît clairement que lesorientations technologiques dudébut du XXIe siècle joueront unrôle crucial dans la lutte contrele changement climatique. Maisil faut impérativement garder àl’esprit qu'aucun scénario n'estplus probable qu'un autre etqu'il ne s'agit pas de choisirparmi les scénarios celui quel'on veut suivre ou que l'onpense le plus probable, mais de choisir parmi les politiquesenvironnementales celles quisont les plus robustes aux aléasqui différencient ces scénarios,ou au moins à certains d'entreeux. La prospective à long termen'a de sens que si elle est utiliséepour ce qu'elle est. ■

Émeric FortinENPC et Cired

Stéphane HallegatteMétéo-France et Cired

L E S S C É N A R I O S D U G I E Cun monde très hétérogène. Le développement économique a uneorientation régionale, et la croissanceéconomique par habitant ainsi quel’évolution technologique sont plusfragmentées et plus lentes que dansd’autres scénarios.

B1. La famille des scénarios B1décrit un monde convergent avec unepopulation mondiale culminant aumilieu du siècle et déclinant ensuite,comme dans le canevas A1, mais avecdes changements rapides dans les

Les scénarios décrivent un mondefutur à partir d’hypothèses sur

l’évolution démographique, le contexteéconomique, l’évolution technologiqueet les échanges entre pays.

A1. La famille de scénarios A1 décrit un monde dans lequel lacroissance économique sera très rapide,la population mondiale atteindra unmaximum en 2050 pour déclinerensuite. De nouvelles technologies plusefficaces seront introduites rapidement.

A2. La famille de scénarios A2 décrit

structures économiques : plus deservices et d’information, introductionde technologies propres.

B2. La famille des scénarios B2décrit un monde où l’accent est missur des solutions locales dans le sensde la viabilité économique, sociale etenvironnementale. La populationmondiale s’accroît de manièrecontinue, mais à un rythme plus faibleque dans A2, l’évolution technologiqueest moins rapide, plus diversifiée que dans les scénarios B1 et A1. ■

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L e réchauffement duclimat de la Francemétropolitaine a étéétudié à partir de

longues séries de températuresmoyennes mensuelles de 1880à 2005. Diverses techniquesstatistiques ont été employéespour détecter et corriger dansces séries l’effet des change-ments dans les conditions demesure. Tout au long duXXe siècle, les types d’abris, lescapteurs et l’emplacement desparcs à instruments ont en effetévolué, ce qui a pu avoir uneinfluence sur la mesure. Une fois corrigées, cestempératures sont interpolées et moyennées, pour obtenir une série représentative desévolutions de la températuremoyennemensuelle sur l’ensembledu territoiremétropolitain.

Outre lesmoyennesannuelles,tous lesindicateursther-miquesvont dansle sens duréchauf-fement.

22 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

LE DOSSIER

Tous les indicateursdévoilent une hausse

Différentes techniques, commeles « ondelettes discrètes »,permettent de mettre en évidenceun signal séculaire de haussecontinue, qui est modulé par descycles décennaux etmultidécennaux (à quarante etsoixante ans). Les températuressur la France augmententrégulièrement jusqu’à ladécennie 1940-1950, puis baissentlégèrement jusqu’au début desannées quatre-vingt avant deconnaître une forte hausse, quiperdure aujourd’hui.

Cette évolution est cohérenteavec celle observée sur l’hémi-sphère Nord. Ainsi la haussemoyenne sur la période 1900-2005, de l’ordre de + 0,1 °C pardécennie. Elle est un peu plusmarquée l’été. Outre lesmoyennes annuelles, tous lesindicateurs thermiques vont dansle sens du réchauffement : baissedu nombre de jours de gel, haussede la durée et de l’intensité desvagues de chaleur. Si l’ons’intéresse à la dernière phase duréchauffement de 1980-2005, onconstate une accélération, avecune tendance moyenne de+ 0,5 °C par décennie, particu-lièrement sensible au printempset en été, même si l’on ne tientpas compte du printemps 2003,exceptionnellement chaud, ni dela canicule record de l’été 2003.

Cette hausse générale est unpeu plus importante au Sudqu’au Nord si l’on considère lapériode 1900-2005. En revanche,depuis 1980, le nord de la Francecomble son retard avec destendances annuelles de l’ordre de0,6 °C par décennie. ■

Olivier MestreEnseignant-chercheur à l’ENM

Jean-Marc MoisselinIngénieur à la direction de la Climatologie

En France aussiLe réchauffement climatique est sans équivoque.Le IVe rapport du Giec estime l’élévation de la températuremoyenne globale à 0,74 °C sur la période 1906-2005. Ce réchauffement se traduit par une fonte généralisée de la neige et de la glace, et par l’élévation du niveau desocéans. Mais ce réchauffement global n’est pas uniformerégionalement. Quel est donc son impact en France?

L’une desconclusionsimportantesdu nouveau rapportdu Giec est quel’essentiel del’accroissement dela températuremoyenne globaledepuis le milieudu XXe siècle est trèsvraisemblablement– avec uneprobabilitésupérieure à 90 % –dû à l’augmentationobservée desconcentrations desgaz à effet de serred’origine humaine.Jusqu’à présent, la communautéscientifiquen’envisageaitqu’une probabilitéguère supérieureà 66 %.Cette nouvelleassertion résulted’un lent processusde maturationqu’il est nécessaired’expliciter.

Série des anomalies de température annuelle moyenne sur la France.Signal de hausse séculaire (pointillés) et série reconstituée à partir du signal séculaire et des cycles multidécennaux.Les anomalies sont calculées à partir de la référence 1961-2000.

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Tendance de la température moyenne annuelle pour la période 1900-2005

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2007 23

Le dernierrapportdu Giec leconfirme :l’homme a trèsprobable-ment euun effetprépon-dérant sur leréchauf-fementobservédepuis lapremièremoitié duXXe siècle.

L ’observation duréchauffementclimatique et celle del’augmentation de la

concentration du dioxyde decarbone depuis le milieu duXXe siècle étaient déjà constatéesdans le premier rapport du Giec,en 1990. Mais la seuleconstatation d’une corrélationentre les tendances à long termede ces deux observations nesuffisait pas, bien évidemment,à en déduire un lien de cause àeffet. Aussi le Giec concluait-ilque le changement climatiqueobservé pouvait êtreprincipalement d’originenaturelle. Dans ce premierrapport, il était précisé qu’unedétection univoque d’uneaccentuation de l’effet de serredans les observations nepourrait probablement pas êtreeffectuée avant une décennie.Un pronostic qui s’est avéréassez précis.

Rechercher les « empreintesdigitales » du climat

Le rapport de 1995 faisait étatd’une influence discernable desactivités humaines sur le climat.Cette conclusion nouvelle estvenue de la confrontation entreles simulations de changementde température à grande échellepar des modèles climatiques etles observations correspondantes.Un progrès important a étéréalisé dans les années ayantprécédé la publication durapport, à savoir une évaluation,par les modèles climatiques, del’impact des particules résultantdes activités humaines – enl’occurrence les aérosols sulfatés– sur l’évolution destempératures. La prise en comptede cet effet de refroidissement duclimat, combiné avec l’effet deréchauffement de plus forteamplitude et lié à l’augmentation

de la concentration des gaz à effetde serre, a rendu possible lesuccès de cette confrontation.

Ce même rapport de 1995rendait compte, pour la premièrefois, d’études de détection etd’attribution du changementclimatique aujourd’hui qualifiéesde « formelles », et fondées surdes techniques statistiquesévoluées. La méthode employée,dite des « empreintes digitales »,consistait à rechercher un signalde changement anthropique dansles observations, caractérisé parune répartition géographique, et parfois aussi une évolutiontemporelle des changements que l’on déduit de simulationsclimatiques. Dans le cas de ladétection, ce signal est testé parrapport au bruit de la variabilitéclimatique interne, c’est-à-dire enl’absence de tout forçage externeau système – naturel comme lavariabilité solaire et levolcanisme, ou anthropique avecles émissions de gaz à effet deserre et de sources d’aérosols.Dans le cas de l’attribution,l’objectif est de trouver quelle estla meilleure combinaison del’ensemble des forçages, naturelset anthropiques, qui explique les observations et leur récenteévolution.

L’importance de la « main de l’homme » se confirme

La multiplication de ce typed’étude, aux conclusionscohérentes, alliée à une meilleurecaractérisation des effetsclimatiques des différentsforçages et du bruit de lavariabilité climatique interne,avait amené le Giec à saconclusion du IIIe rapport, en 2001, rendant probable le faitque l’homme a eu un effetprépondérant sur leréchauffement des cinquantedernières années du XXe siècle.

L’augmentation de la confiancedans ce résultat – que reflète ledernier rapport – s’appuie quantà elle sur le fait que des signauxde changement de température à l’échelle de la plupart descontinents sont aujourd’huiattribuables aux activitéshumaines. On peut aussidiscerner des influenceshumaines dans d’autres aspectsdu climat, comme le contenuthermique de l’océan superficiel,le profil vertical de latempérature atmosphérique ou la pression de surface.

La contribution de nos équipesà ces éléments de preuve auraporté sur la mise en évidence,dans les observationshomogénéisées de températuresnocturnes d’été, d’un signal dechangement calculé à partir descénarios de changementclimatique du modèle régionalArpege-Climat. Encore nes’agissait-il là que d’une étude de détection. Plus récemment, de nouveaux résultats issus duprojet Discendo ont permisd’étendre cette détection à uneattribution prépondérante auxeffets anthropiques par rapportaux causes naturelles. Des signaux sont aussidétectables dans la répartitiongéographique des changementsde précipitations hivernales. De nouvelles pistes ont donc étéouvertes aux études de détectionet d’attribution, études quirestent, pour l’essentiel,cantonnées à l’analyse de signauxde grande échelle. C’estimportant en termes d’impactsrégionaux du changementclimatique mais aussi en termesde validation des outils demodélisation utilisés pour lesétudes climatiques régionales. ■

Serge PlantonResponsable de la recherche climatique

à Météo-France

Changement climatique :les pièces du dossier

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Tendance de la température moyenne annuelle pour la période 1980-2005

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24 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

LE DOSSIER

C ette élévation du niveaude la mer estgénéralement attribuéeau réchauffement global

d’origine anthropique enregistrédepuis plusieurs décennies.Quelles en sont les principalescauses climatiques ? De récentstravaux (effectués en partie auLegos) ont montré que ladilatation thermique des océansexplique à cinquante pour centl’élévation entre 1993 et 2003,les autres quarante pour centétant dus à la fonte des glacierset calottes polaires, la marged’erreur étant de dix pour cent.

Une dose d’eau douceconforme

Alors qu’on croyait avoir cernéla question, de nouvelles donnéesviennent semer le trouble. Lancéeen mars 2002, la mission spatialeGrace (Gravity Recovery andClimate Experiment) mesure lesvariations temporelles du champde gravité qui sont associées auxmouvements des masses surTerre. Ces observations inéditespermettent de suivre à l’échelleplanétaire les redistributions desmasses d’eau entre les différentsréservoirs de surface. Les analysesde ces données sur les océans –effectuées par les mêmeschercheurs de l’équipe GOHS duLegos – ont permis d’estimer,pour la première fois de manièredirecte, la contribution desvariations de masse de l’océan à l’élévation du niveau de la mer.

Celle-ci est estimée à1,3 millimètre par an, entre 2002et 2006, soit quarante pour centde l’élévation totale du niveaumoyen des océans sur la mêmepériode. Cette estimationcorrespond bien auxobservations indépendantesfaites au sujet de la fonte desglaciers de montagne (environ0,8 millimètre par an) et desbilans de masse des calottespolaires (environ 0,4 millimètre/an), soit, au total, une contri-bution de 1,2 millimètre par an.

Égale expansionÀ l’échelle de quelques années,

un autre phénomène contribueaux variations du niveau moyen :la dilatation des eaux océaniques,sous l’effet de leur échauffement.Jusqu’ici, seules les observationsin situ de température de l’océanpermettaient d’estimer cettecontribution – mesures récoltéesau moyen de sondes, mouillages,bouées dérivantes et flotteursprofilant de sub-surface.Maintenant, en combinant lesobservations satellite desvariations du niveau de la merpar Jason-1 et des variations de la masse des océans par Grace,on peut par simple différenceestimer la contribution del’expansion thermique. Elle est de1,9 millimètre par an pour lapériode 2002-2006, soit soixantepour cent de l’élévation duniveau moyen. Cette valeur estaussi en bon accord avec lesestimations indépendantes quisont déduites des mesures in situ,soit 1,6 avec une incertitude de0,3 millimètre par an entre 1993et 2003 selon différentes bases de données.

Un processus inverséMais, alors, où est le

problème ? Les estimations des

causes climatiques sont baséessur la période 1993-2003.Récemment, les bases de donnéesde température in situ ont étémises à jour pour la périoderécente 2003-2005, en incluant les dernières donnéesdisponibles. Que montrent-elles ?Les sept cents premiers mètres del’océan se sont refroidis depuis2003. Résultat : une contractionde l’océan équivalente à unebaisse du niveau de la mer de2,8 millimètres par an ! Unphénomène qui n’est absolumentpas observé par les satellites. Une explication ? Pas encore,mais une piste. Depuis 2000, dansle cadre du projet internationalArgo, de nouveaux instrumentsde mesure in situ – les flotteursprofilant de subsurface – ont étédéployés progressivement surl’ensemble des océans, enparticulier dans des zonesauparavant très maléchantillonnées. L’océan australest ainsi mieux observé depuis2003. Actuellement, on compteenviron 2 800 flotteursopérationnels dans tous lesocéans. Ces mesures disponiblesen temps réel sont intégrées dansles bases de données in situ. Un tel changement du systèmed’observation pourrait bien avoirun impact important surl’estimation du contenuthermique de l’océan lors desdernières années. D’autant plusque, pour l’instant, on ne peutexclure d’éventuels problèmes de corrections instrumentales sur ces nouvelles mesures. Cela expliquerait en partie lesdivergences constatées. Affaire àsuivre… ■

Alix LombardPost-doctorante CNES au Legos

NouvelleAtlantide ?La montée du niveau de la merprésente une nouvelle énigme.Bien qu’ayant peu varié au coursdes derniers millénaires, il s’estélevé de 17 centimètres au coursdu XXe siècle, selon les maré-graphes, avec un rythme accru de 3,3 millimètres par an depuis1993 d’après les satellitesaltimétriques Topex/Poseidon et Jason-1.

Encombinant lesvariationsdu niveaude la merpar Jason-1et celles dela massedes océanspar Grace,on peutestimer lacontribu-tion del’expansionthermique.

L’aquaalta : la grande marée à Venise.

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2007 25

L es simulations du Giecs’appuient sur desscénarios d’émission desgaz à effet de serre et de

particules (aérosols) liés auxactivités humaines qui couvrentl’ensemble des XXe et XXIe siècles.Elles permettent d’évaluerl’amplitude des changementsclimatiques attendus, ens’intéressant à l’évolution de latempérature, du cyclehydrologique et de diversphénomènes météorologiques,comme les dépressions desmoyennes latitudes ou lesévénements extrêmes. Laréférence correspond à unesimulation du climat du milieudu XIXe siècle présentant desconditions proches de l’époquepré-industrielle. Une deuxièmesimulation est destinée àcomprendre comment lesdifférents facteurs – gaz à effetde serre, aérosols sulfatés,modification de la luminositésolaire et volcanisme – ontcontribué à l'évolution duclimat de 1860 à 2000.

Les autres simulationsreprésentent des projections pourle XXIe siècle associées à troisscénarios (B1, A1B, A2)

publié via le projet Escrime(étude des scénarios climatiquesréalisés par l'IPSL et Météo-France). Il regroupe seize projetsd’analyses dans cinq laboratoiresdifférents (Escrime 2007). Les résultats obtenus avec lesdeux modèles français sont trèsreprésentatifs de ceux obtenusavec les autres modèlesclimatiques, et les différencesentre ces deux modèles sont unebonne illustration des différencesles plus marquantes que l'on peutobtenir avec un ensemble pluslarge de modèles. Les résultats de l’évolution de la températuresur la France montrent unréchauffement similaire dans le scénario A2 bien que les deuxmodèles aient des sensibilitésclimatiques différentes. Si leréchauffement affecte l’ensembledu globe, il est amplifié surl’hémisphère Nord aux hauteslatitudes et à l’intérieur desmasses continentales, alors quesur les régions océaniques et dansl’hémisphère Sud, leréchauffement reste plus modéré.

En réponse au réchauffementdifférentiel des continents et des océans, l’extension des zonesde mousson pourrait se trouvermodifiée, de même que lalocalisation des trajectoires desdépressions. De nombreusesquestions se posent quant àl’augmentation future des vaguesde chaleur en France pendant lapériode estivale. Selon le scénarioretenu, l’année exceptionnelle2003 deviendrait un cas normal(scénario A2) ou ferait toujourspartie des années très chaudes(scénario B1).

Des simulations du climat ne laissant aucun doute sur la nécessité de réagir

La réponse climatique simuléepour les prochaines décenniessemble avoir une ampleur plusque suffisante pour influencer de nombreuses activités. Et desadaptations relativementimportantes seront nécessairesdans toutes les régions du globe,comme l’indique le résumé duGiec. ■

Jean-François RoyerMétéo-France

Pascale BraconnotIPSL/LSCE

Simulations climatiquespour le GiecLa mission interministérielle de l’effet de serre a recommandé aux équipes françaises de coopérer à l’exercice du Giec. Bon nombre de chercheurs deMétéo-France ont ainsi été associés à ces travaux, soitdirectement, soit au sein d’équipes pluridisciplinaires.

Pour lapremièrefois, deuxmodèlesfrançais font partiedesmodèlesdu Giec quiont servi debase deréflexion auIVe rapportde 2007.

d'évolution des gaz à effet de serreet des aérosols sulfatés au coursdu XXIe siècle, suivant différenteshypothèses de développementdémographique et économique.Elles sont complétées par unepériode de stabilisation,permettant d’analyser l’inertie du système climatique, et par des scénarios plus académiquesd’augmentation de un pour centpar an de la concentration en CO2et de stabilisation à deux ouquatre fois la concentration dedépart dans l’atmosphère.

Les équipes françaises ontlargement contribué auxanalyses scientifiques

Pour la première fois, lesrésultats des deux modèlesfrançais (CNRM-CM3 à Météo-France et IPSL-CM4 à l’IPSL)figurent dans l’ensemble desrésultats de modèles du Giec quiont servi de base de réflexion auIVe rapport d’évaluation publiéen 2007. Ces simulations ontdemandé des ressourcesinformatiques importantes,représentant plus de quatre-vingtmille heures de calcul, sur unepériode de six mois, et soixantetéraoctets de stockage. Àl’international, l’effort destandardisation et lacentralisation de l’archivage desrésultats au PCMDI, du LaurenceLivermore Laboratory, a facilitél’émergence de nombreux projetsd’analyse. Cinq cent cinquante-trois projets ont été répertoriés,avec plus de deux cent quarante-sept publications parues.

Une première synthèse desprincipaux résultats des deuxmodèles français a été publiéedans la revue La Météorologie en2006. Un ensemble plus completdes résultats obtenus estregroupé dans le livre blanc

Pascale Braconnot présente les résultats des modèles françaisélaborés pour le Giec lors d’un colloque de la SMF.

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26 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

LE DOSSIER

Les inconnues du réchauffement climatiqueLes activités humaines sont à l’origine de l’augmentationcontinue de la concentrationdes gaz CO2 et méthane dansl’atmosphère. Ces activitéscontribuent au renforcement del’effet de serre. Un mécanismereposant sur la propriété decertains gaz d’être transparentsau rayonnement solaire et opaques au rayonnementinfrarouge.

De nom-breusesgrandeursinternes au systèmeclimatiqueinter-agissentavec laconcen-tration deCO2,amplifiantouatténuantla réponsede latempé-rature.

M odifier l’effet de serreaffecte le biland’énergie de la Terre,ce qui induit une

modification de la température.Supposons qu’en réponse à unchangement du bilan d’énergiede la Terre, le systèmeclimatique se rééquilibre en nechangeant rien d’autre que satempérature et que celle-cin’affecte que les échanges parrayonnement infra-rouge.

On peut alors calculer qu’undoublement de la concentrationen CO2 réchaufferait la Terred’environ 1,2 °C. Mais cettehypothèse est peu réaliste car,lorsque la température change,de nombreuses autres grandeursinternes au système climatiquechangent également et modifientle bilan d’énergie de la Terre. Ceschangements peuvent amplifierou, au contraire, atténuer cetteréponse en température,constituant ce que l’on appelleun mécanisme de « rétroaction ».

Amplification du réchauffement

Le doublement de laconcentration en CO2 restantl’hypothèse de départ, onconstate que la vingtaine demodèles climatiques ayantparticipé au IVe rapport du Giecprédisent, en moyenne, unréchauffement global du climatde 3 °C, avec un écart de 2,3

principalement de la façon dontles différents modèlesclimatiques prédisent la réponsedes nuages bas, du type stratus,stratocumulus ou petitscumulus, au réchauffementglobal. La façon dont les autresnuages, notamment les grosnuages d’orage, du typecumulonimbus, répondront auchangement climatique estégalement incertaine, mais ellecontribue peu à l’incertitude surl’amplitude du réchauffementglobal. En revanche, ellecontribue plus fortement auxincertitudes sur les changementsrégionaux de la précipitation qui sont aussi associés au réchauffement global. Il estdonc crucial d’améliorer lareprésentation des différentstypes de nuages dans les modèlesclimatiques. Une difficulté vientcependant du manque dedonnées permettant de détaillerla façon dont les modèlessimulent les nuages. Avec lelancement récent du satellitefranco-américain Calipso et dusatellite américain CloudSat,nous disposerons bientôt, pour la première fois, d’observationscruciales sur la variation despropriétés nuageuses en fonctionde l’altitude: l’altitude et l’étenduedes différentes couches nuageuses,le contenu en eau liquide ou en glace, la capacité des nuages à précipiter, etc. Grâce à cesobservations, on peut espérer quela représentation des nuages dans les modèles va s’améliorerdans les prochaines années. ■

Jean-Louis DufresneSandrine Bony-Léna

Chercheurs au LMD/IPSL

à 4,4 °C selon les modèles. En comparant à ces valeurs cellecalculée sans la rétroactionclimatique (environ 1,2 °C), on constate que les rétroactionsclimatiques amplifient ceréchauffement d’un facteur de 2 à4 selon les modèles. Le principalmécanisme amplificateur est lié à l’augmentation de la vapeurd’eau avec la température, car la vapeur d’eau est unpuissant gaz à effet de serre. Il contribue pour environ 1 °Cdans cette amplification. La seconde rétroaction est liéeaux changements de neige et de glace de mer, car la diminutionde leur extension dans un climatplus chaud réduit l’albédo de surface, c’est-à-dire la fractiondu rayonnement solaire réfléchi vers l’espace. Cela contribue à augmenter la température desurface d’environ 0,2 °C.L’incertitude sur ces différentstermes est faible. La troisièmerétroaction provient des nuages.La prédiction de l’évolutionfuture des nuages peut s’avérertrès différente d’un modèle àl’autre, et donc la rétroaction desnuages aussi. Alors que quelquesmodèles prédisent une réponserelativement neutre des nuages,la plupart voient une diminutionde la couverture nuageuse àmesure que la températureaugmente, et une amplificationdu réchauffement global pouvantatteindre 2 degrés !

Préciser la représentationdes nuages

Des études récentes indiquentque cette incertitude provient

Métop doit nous permettre de reconsituer précisément les profils verticaux de température et d’humidité dans l’atmosphère grâce à Iasi.Ces observations seront précieuses pour la prévision du changement climatique. Ici, la température de surface de la mer.

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précipitations aux moyennes ethautes latitudes (accompagnéd’un déplacement vers les pôlesdes rails dépressionnaires), leurdiminution dans les régionssubtropicales et leuraugmentation en zoneéquatoriale par renforcement desprécipitations associées à la zonede convergence intertropicale.

Sur le continent, cettedistribution zonale desanomalies doit cependant êtrenuancée. Elle se superpose à desgradients de plus fine échelle etlaisse apparaître des divergencesimportantes entre les modèles.En région tropicale, ce n’est passeulement l’intensité mais aussile signe des anomalies qui resteincertain. C’est notamment le cassur l’Afrique de l’Ouest, où laresponsabilité de l’homme dansla sécheresse qui a sévi à la fin duXXe siècle n’est pas encoreclairement établie. En revanche,les projections sontparticulièrement cohérentes surl’Europe, où la plupart desmodèles s’accordent pour prévoirun assèchement estival marquéau sud et une augmentation desprécipitations hivernales aunord.

Une évapotranspirationdifficile à quantifier

Dans bien des régions,l’évolution des ressources en eaudemeure difficile à prévoir. Elle dépend non seulement de la réponse des précipitations,mais aussi des changementsd’évapotranspiration. Ceux-cidépendent de nombreux facteurs,comme l’effet direct des aérosols,la rétroaction des nuages ou cellede la végétation.

Ainsi, sur le continent, l’effetdes gaz à effet de serre sur le bilanradiatif observé en surfacesemble devoir être en partiecontrecarré par l’effet desaérosols sulfatés et/ou par unaccroissement de la nébulosité,

même si l’importance relative deces effets compensateurs semblediminuer depuis 1990.

D’autre part, quelquesmodèles prévoient unediminution de l’évapotranspira-tion continentale, d’ici à la fin duXXIe siècle, en raison d’un effetdirect du dioxyde de carbone surla résistance stomatique. Cet effeta été observé à l’échelle de laplante ou de la parcelle, mais sonimportance globale reste trèsincertaine. En revanche, laplupart des modèles s’accordentsur un retrait progressif de lacouverture neigeuse aux hauteslatitudes et sur une diminutionde l’humidité du sol pendant lasaison de croissance des végétauxdans les principales régionsagricoles.

Les extrêmes seront plus forts

Globalement, on peut doncredouter une accentuation descontrastes hydrologiquesspatiotemporels, qui devrait setraduire par une multiplicationet une intensification desinondations ou des sécheresses.De nombreux points restentencore à éclaircir concernant la nature exacte et la répartitionrégionale des impacts, montrantla nécessité de mieux contraindrela réponse hydrologique desmodèles. Cette tâche prioritairedemeure extrêmement difficileen raison de la difficulté de paramétriser l’ensemble desprocessus physiques quicontrôlent la sensibilité du cyclehydrologique. À cette difficultés’ajoute le manque de résultatsprobants concernant la détectiondes changements hydrologiquesdu fait de l’insuffisance desobservations, des faiblesses desmodèles, des incertitudes sur lesforçages anthropiques duXXe siècle et de leurs effets parfoisantagonistes sur lesprécipitations. ■

Hervé DouvilleChercheur au CNRM/GMGEC

A u-delà des inconnuesliées aux différentsscénarios, les impactshydrologiques

demeurent très variables d’unmodèle à l’autre. Des incertitudes qui sont plusfondamentales car la réponsed’un modèle particulier ne peutêtre déduite des autres modèles.En moyenne globale,l’intensification du cyclehydrologique ne fait guère dedoute. Modèles et observationssuggèrent en effet que leréchauffement global se réalise à humidité relative quasiconstante, c’est-à-dire avec uneaugmentation significative de la vapeur d’eau présente dans latroposphère. Il faut néanmoinsnoter que tous les modèlesprévoient un ralentissement du cycle de l’eau, donc unaccroissement plus fort de la vapeur d’eau que desprécipitations.

L’augmentation desprécipitations globales n’a pasencore été clairement observée,notamment en raison de la couverture très partielle duréseau d’observationconventionnel et de ladiminution des pluies tropicalescontinentales pendant la secondemoitié du XXe siècle. Cela neremet pas nécessairement encause les projections climatiquesdu Giec. La relative convergencedes modèles couplés surl’accroissement desprécipitations globales semanifeste à la fin du siècle et s’estompe quand on se limiteau domaine continental.

Les précipitations vont varierselon les régions

En moyenne zonale, la réponse des précipitationsannuelles dans les scénarios A2montre un comportement assezcohérent d’un modèle à l’autre,avec l’accroissement des

ATMOSPHÉRIQUES Avril 2007 27

Un cycle d’eau encore incertain

Lacomplexitédesprocessusphysiquesquicontrôlentlasensibilitédu cyclehydro-logiqueet lavariabilitédesprécipita-tionsrendentdifficilel’évaluationde l’impactdu chan-gementclimatiquesur l’hydro-logie.

Si les experts du climat s’accordent pour attribuerle réchauffement global de la planète aux émissionsanthropiques de gaz à effet de serre, ils restent plusprudents au sujet des conséquences hydrologiques de ce réchauffement global.

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LE DOSSIER

28 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

sur l'évaluation des incertitudes.Le projet Ensembles, coordonnépar le Met Office, reprend cetteproblématique en poussant larésolution à 25 kilomètres ettente d'attribuer des poids auxdifférentes simulations. Ces simulations utilisent desforçages issus de l'AR4. Si l'étudedes phénomènes extrêmes faitaussi partie des objectifs desprojets Prudence et Ensembles,c'est le projet Stardex, coordonnépar l'Université d'East Anglia, quia été plus spécialement ciblé sur la question. Dans ce projet,une grande quantité d'indices,permettant d’évaluer lafréquence ou l'intensité dephénomènes climatiquesextrêmes, a été définie etappliquée au climat du XXe siècle.Le projet Mice, coordonnéégalement par l'Université d'EastAnglia, a complété cette étude

Devant le changement climatique, les implicationsplanétaires et l’immensité du défi à relever ont longtempsété des préoccupations très éloignées du grand public.Mais, depuis quinze ans, des modèles climatiques à « taille humaine » étudient la sensibilité climatique sur une région. Le projet Escrime recense et fédère toutesces simulations plus spécifiques.

Le temps, demain,chez moipar l'analyse des simulations àbasse résolution du TAR. Le projet Imfrex s'est concentréessentiellement sur la Francemétropolitaine grâce auxsimulations régionales de Météo-France et de l'IPSL, qui ont utiliséles forçages du TAR.

En France, un climat plus chaud et moins pluvieux

Devant l'abondance et ladiversité des résultats, nousrenvoyons aux sites web desorganismes cités plus haut.Cependant, la réponse concernantla France est un réchauffement entoute saison, qui sera plus marquél'été que l'hiver. Les précipitationsdiminuent en hiver sur le Sud etaugmentent sur le Nord. Au cours des autres saisons, ladiminution des précipitationsconcerne tout le pays. L'impact surles vents forts n’est pas significatif.Il existe un risque élevé desécheresse estivale, en particuliersur l'Ouest. On retrouve, de façonmoins significative, uneaugmentation hivernale etprintanière des ruissellementsforts. ■

Michel DéquéResponsable de l’équipe Arpege-Climat

du CNRM

Dans leprojetPrudence,dixmodèlesrégionauxà résolutionde 50kilomètresont simuléla réponseau scénarioA2 surl’Europe.

D ans le cadre d’Escrime,deux familles descénarios climatiquesont été développées

avec les modèles de Météo-France et de l'IPSL. Ces modèlesreprésentent le couplage entrel'atmosphère et l'océan avec unerésolution horizontale d'environ300 kilomètres, à cause de ladurée des simulations et doncdu coût de calcul. Or les projetseuropéens ou nationaux, encours ou à venir, ne peuvent secontenter de cette résolution (la maille est trop importante)pour fournir des entrées auxmodèles d'impact hydrologiquesou agronomiques, ni pourestimer le risque demultiplication de certainsphénomènes extrêmes. Si les phénomènes extrêmesexistent aussi dans lessimulations à basse résolution,ils sont moins crédibles car leurdistribution spatiale colle moinsbien à la réalité. Comme le calendrier de chaque rapportdu Giec est synchronisé sur les simulations couplées à basserésolution, le chapitre sur larégionalisation du IVe rapportdu Giec (AR4) s'appuie sur larégionalisation des expériencesdu IIIe rapport (TAR).

Une mise en réseau de nombreux modèlesclimatiques

Pour l'Europe, ce chapitreutilise les résultats de Prudence,un programme coordonné par le Danish Meteorological Institute.Dans ce projet, dix modèlesrégionaux à résolution de 50kilomètres ont simulé la réponseau scénario A2 sur l'Europe.L'accent a été mis, d'une part, sur une brochette d'impacts(agriculture, hydrologie,économie) et, d'autre part,

Meilleurs analogues actuels des climats futurs pour quelquesmétropoles européennes à l’horizon 2100. Pour chaque ville, la carteindique où on peut trouver aujourd'hui son climat futur. A gauche, lesrésultats d’Arpege-Climat pour un scénario SRES/A2 ; à droite, en haut, lamême chose pour le modèle HadRM3H. À droite, en bas, un cas où lesconcentrations de gaz à effet de serre n’augmentent pas, mais où le GulfStream est ralenti de cinquante pour cent. Le fond de carte représente latempérature moyenne actuelle. On voit que l'affaiblissement du Gulf Streamsimulé a un effet sensible, mais pas catastrophique, sur les climatseuropéens.Pa

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2007 29

Si la fonteprogres-sive de la glacede merarctiquen’a aucunimpact surle niveaudes mers,il importedesurveillerl’évolutiondescalottes et desglaciers,impor-tantesréservesd’eau.

IVe rapport du Giec, la banquisearctique devrait continuer àreculer au cours de ce siècle etmême disparaître complètementen été après 2050. Il fautcependant souligner que, quelque soit le scénario d’émissionsde gaz à effet de serre retenu, la rapidité de la décroissance de la couverture de glace variefortement d’un modèle à l’autre,de même que le réchauffementsimulé en Arctique.

Des calottes glaciaires qui réagissent ?

Si la fonte progressive de laglace de mer arctique n’a aucunimpact sur le niveau des mers, il est important de surveillerl’évolution des calottes et desglaciers, qui constituentd’importantes réserves d’eau endehors des océans. Sur la based’observations par satellite, onestime que, sur la période 1993-2003, l’élévation du niveau desocéans s’explique pour environ40 pour cent par la fonte descalottes et glaciers.

L’évolution du bilan de massede la calotte glaciaire antarctiqueet de son impact sur le niveau desocéans a été estimée par le LGGE,pour la fin du XXIe siècle, à partirde simulations climatiquesréalisées avec le modèle IPSL-CM4. Selon les hypothèses

retenues, cette calotte devraits’épaissir de 32 à 43 millimètrespar an, ce qui se traduitdirectement par une diminutionde 1,2 à 1,5 millimètre par an duniveau des océans à la fin duXXIe siècle. Ce résultat surprenants’explique par l’élévation destempératures dans la région del’Antarctique, qui permet uneaugmentation du contenu en eaude l’air. Cela entraîne desprécipitations neigeuses plusimportantes s’accumulant sur lacalotte. Une autre étude du LGGEindique qu’à l’inverse la fonte dela calotte groenlandaise devraits’intensifier au cours duXXIe siècle. Les effets deschangements de bilan de massedes deux calottes pourraientpratiquement se compenser entermes d’évolution du niveau desocéans.

Une circulation thermohalinedéclinante

La circulation thermohaline,en interagissant avec le GulfStream, donne naissance à la dérive Nord-Atlantique. Ce courant océanique chaud estl’un des facteurs expliquant larelative douceur du climat del’Europe de l’Ouest, même si laraison principale reste laprédominance d’une circulationatmosphérique de secteur ouest,soumettant cette région à l’influence de masses d’airmaritime tempérées par l’océanAtlantique. L’intensité de lacirculation thermohalinepourrait, d’ici à 2100, en raison duréchauffement du climat enAtlantique Nord, diminuer de 0 à 50 pour cent.

Au cours du XXIe siècle, la fontede la calotte groenlandaisedevrait rester modérée, avec unimpact faible sur la circulationocéanique, mais cela pourraitchanger au-delà de 2100. En effet, des simulationsclimatiques montrent que, dansplusieurs siècles, la fonte de lacalotte groenlandaise pourraitconduire à un ralentissement dela circulation thermohaline plusimportant qu’en ne considérantque l’effet du réchauffementclimatique sur l’Atlantique Nord.Le climat simulé près de la merde Kara (nord-ouest de la Russie)et au nord de la Norvège pourraitse refroidir de plusieurs degrés.Mais, même à cet horizonlointain, il ne s’agit pas là d’unretour en glaciation pourl’Europe. ■

David Salas y MéliaChercheur au CNRM

Chaud les pôlesDepuis environ trente ans, le réchauffement atteint 3 °C sur une partie de la Sibérie, le nord du Canada et l’Alaska.Cela serait dû au recul de la couverture neigeuse. Une augmentation accélérée quand le réchauffementobservé au cours du siècle passé atteint une moyenne de 0,74 °C pour l’ensemble de la planète.

P our le XXIe siècle, lesmodèles climatiquess’accordent pour simulerune amplification de ce

réchauffement en Arctique parrapport à la tendance globale à cause de la disparitionprogressive de la glace de mer etde la neige. Des simulations du dernier maximum glaciaire (il y a vingt et un mille ans)confirment cette tendancegénérale, bien que le phénomènesoit moins net en Antarctique.

Des glaces de mer en régression rapide

La surface de la banquise peutvarier significativement d’uneannée sur l’autre, que ce soit enArctique ou en Antarctique. En Arctique, depuis 1978,l’étendue de glace de mer enmoyenne annuelle s’est réduitede 2,7 pour cent par décennie etde 7,4 pour cent en été. Cetteperte de surface de banquiseestivale observée depuis vingt-cinq ans équivaut à environ trois fois la surface de la France. Cette disparition rapides’explique par une capacité deplus en plus grande de la surfacemarine arctique à absorber le rayonnement solaire d’été, les surfaces réfléchissantes queconstituent les plaques de glaceétant en régression. Selon le

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Colonie de manchots vers la base de Dumont-d’Urville en terre Adélie, où Météo-France dispose d’une base.

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30 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

des modèles démontre le besoincrucial de l'approchemultimodèle de type Giec pourobtenir des conclusions robustesquant à l'évolution du climatfutur.

Éloge de la diversité des modèles

Si les modèles ont fait desprogrès substantiels dans leurreprésentation de laclimatologie des tropiques, denombreux biais systématiquespersistent. Cela démontre le besoin continuel d'améliorerle climat simulé par les MCGcouplés, non seulement entermes d'état moyen et de cyclesaisonnier, mais aussi en termesde variabilité et detéléconnexions. Pour cela, des études de mécanismes sontnécessaires afin de réduire lesincertitudes (liées aux modèles)mises en lumière par l'approchemultimodèle, en particulier ence qui concerne le cyclehydrologique, qui est encore malcontraint au niveau global. ■

Eric GuilyardiLocean/IPSL

La tropgrandediversitédes repré-sentationsd’El Niño ne permetpas deconclure,pour lesiècleprochain,quant àuneévolutionde sonamplitudeou de safréquenced’occur-rence.

Tropisme des tropiquesLa compréhension du systèmeclimatique à l’état naturel estnécessaire pour déceler l’impact du facteur anthropique et pouranticiper les évolutions. Il faut donc l’étudier, sansinfluence externe et à différenteséchelles de temps et d’espace.

À ce titre, une bonneconnaissance desmoussons et duphénomène El Niño –

qui est le principal mode devariabilité à l’échelleinterannuelle – estfondamentale. On doit aussitenir compte de leur simulationdans les modèles du Giec. On sait que l’anomalie El Niño a pour origine une modificationdu couplage océan-atmosphèredans le Pacifique tropical. Ses conséquences sont globales :elles entraînent sècheresses,incendies et événementsextrêmes sur toute la planète.Les modèles de circulationgénérale (MCG) utilisés dans leGiec sont devenus maintenantdes outils classiques d’analyse etde prévision saisonnière d’ElNiño. La capacité de ces modèlesà reproduire les caractéristiquesobservées d’El Niño – qui est, parailleurs, fondamentale pourproposer une représentationfidèle du climat global – s’estnettement améliorée depuis unedizaine d’années.

Une diversité des réponses qui posequestion

Cependant, unereprésentation trop disparate de ce phénomène persiste dansles modèles. Cela conforte uneforte incertitude sur notrecapacité à anticiper et àexpliquer des changementspossibles de l’amplitude, del’occurrence ou de la structure,et des impacts globaux d’El Niño. Dans les simulationsde scénarios réalisées pour le IVe rapport du Giec, tous lesmodèles maintiennent une

variabilité de type El Niño, quelsque soient les changementsd’état moyen liés auréchauffement climatique.Cependant, la trop grandediversité des représentationsd’El Niño ne permet pas deconclure, pour le siècleprochain, quant à une évolutionde son amplitude ou de safréquence d’occurrence.

D’autre part la représentationdes différents régimes demousson (asiatique, africaine,australienne, sud-américaine…)reste un défi pour les modèlesdu Giec, même si, là aussi, desprogrès certains ont étéaccomplis. On note toujours desdéficits de précipitations sur le sous-continent indien lors de la mousson d’été. L’analyse dela capacité des modèles àsimuler les téléconnexions entrela mousson africaine de l'Ouestet les tropiques, aux échelles de temps interannuelle etdécennale, montre quel’intensité de la téléconnexionliée au Pacifique tropical est tropforte par rapport à celle liée àl’Atlantique tropical. Cette tropgrande diversité de la réponse

LE DOSSIER

Anomalie de température de surface de la mer et couverture nuageusependant l'événement El Niño de 1997/1998, le plus fort du XXe siècle(données Nasa, image par R. Houser, Université de Washington, États-Unis). Il a donné lieu à des sécheresses et des incendies graves enIndonésie et à des pluies diluviennes au Pérou.

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2007 31

Le pr

� Depuis quand la Sociétémétéorologique européenneexiste-t-elle ?David Burridge : Formellement,l’EMS (European MeteorologicalSociety) a été fondée au cours de la IVe conférence européennesur les applications de lamétéorologie (Ecam) réunie enseptembre 1999 à Norrköping enSuède. En fait, l’aventure avaitcommencé, dès le milieu desannées quatre-vingt-dix, à l’initiative de René Morin, de la Société météorologique deFrance (SMF), qui voulaitfavoriser les échangesscientifiques concernantl’océanographie, la météorologie,le climat et l’hydrologie.

� Qui sont les membres de votre organisation?L’EMS est une assemblée desociétés météorologiques,d’associations scientifiques et desociétés dans le domaine dessciences de l’environnement. En outre, l’EMS inclut, comme

Météos de l’Atlantique à l’Oural

membres associés, desorganisations internationales,telles qu’Eumetsat ou leCEPMMT, des servicesmétéorologiques nationaux,comme Météo-France, et dessociétés météorologiquescommerciales. En pratique, il n’existe pas dedifférence entre les membresassociés et ceux de plein droit,qui, réunis, rassemblent dix millepersonnes en Europe. Cependant, seuls les membres deplein droit disposent d’un droitde vote à l’assemblée générale etau Conseil. Il est important denoter que les adhérents de l’EMSsont des sociétés et desorganisations associées, et nonpas des personnes physiques.� Quels sont les objectifsde cette société savante ?Nous avons quatre objectifsprincipaux :1. faire progresser la sciencemétéorologique, ses pratiques etses applications, sur le planeuropéen ;

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Entretien avec David Burridge, président de la Société météorologiqueeuropéenne depuis septembre 2005. Cet ancien président de la RoyalMeteorological Society britannique a été directeur du CEPMMT* de 1991 à2004, où il a mené une brillante carrière. Il dresse le bilan des actions quecette société savante entend promouvoir sur le plan européen, dans l'intérêtdes populations résidant en Europe, pour la météorologie et ses sciencesconnexes.

2. soutenir le développement desapplications de la météorologieau bénéfice des populations,notamment en Europe ;3. favoriser la connaissance de la météorologie et la capacité de chacun à l’utiliser, à travers laformation scolaire ;4. aider les sociétés membres àsatisfaire les besoins de leursadhérents – professionnels,utilisateurs des servicesmétéorologiques, amateurs –dans le domaine des applicationset de la recherche.

� Quelles sont les actionsdéjà engagées ?Pour l’heure, l’activité principalede l’EMS consiste à organiserchaque année une conférencescientifique sur les thèmes duclimat, de la météorologie, del’hydrologie, ainsi que sur leursapplications pratiques. Cetteannée, elle se tiendraconjointement avec la conférenceEcam dans la jolie ville de San

L’EMS est uneassembléede sociétésmétéo et d’asso-ciationsscien-tifiques.

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« Jesouhai-terais que laprévisionnumériquesoit aucœur descolloquesde l’EMS et je m’yimpliqueraipleine-ment ».

32 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

année. Le dernier colloqueEMS/Ecac a été un vrai succès :avec quatre cent cinquante-huitparticipants et plus de cinq centscommunications, cet événementaura sans doute été l’un des plusimportants de ce type en Europe !Je pense que vous conviendrezque l’EMS travaille fort etutilement, et j’ai bien l’intentiond’augmenter encore nos effortspendant le reste de maprésidence. ■

CEPMMT : Centre européen pour lesprévisions météorologiques à moyen terme.

INTERNATIONAL

Lorenzo de l’Escorial, près de Madrid. La sociétémétéorologique et le servicemétéorologique espagnols serontnos principaux partenaires, et,pour la première fois, l’AMS(American Meteorological Society)organisera avec nous une sessionmajeure. La conférenceEMS/Ecam couvrira plusieurssujets dont certains me tiennentparticulièrement à cœur :Thorpex, Amma, la modélisationà haute résolution et la prévisionimmédiate. Il y aura en outre une session importante sur l’utilisation des satellitespour lesquels les servicesmétéorologiques nationaux etEumetnet seront invités àprésenter leurs stratégies à longterme concernant ledéveloppement de leurs serviceset de leurs systèmes.Dans le domaine de l’éducation,nous travaillons avec le mondeuniversitaire européen et avecl’AMS. Quant à la question del’accréditation, nous comparonsles systèmes en place en Europe ;nous désirons contribuer à des

plans européens d’accréditation,tels qu’ils pourraient découler dela politique du Ciel uniqueeuropéen. Bien qu’il soit difficilepour l’EMS de concurrencer desorganisations déjà bien établiesdans le domaine des publicationsscientifiques, nous publierons enligne les contributions à nosconférences en collaborationavec Copernicus.Pour ma part, je suisparticulièrement attaché à deuxprojets. Vu mon passé j’ai unintérêt toujours vif pour la prévision numérique, je souhaiterais que celle-ci soit au cœur des colloques de l’EMS etje m’y impliquerai pleinement.Mon second projet est d’inscrireles principaux objectifs de l’EMSdans un plan d’action qui nouspermettra d’offrir de meilleursservices à nos membres. Cette réflexion démarreseulement, mais un document de travail de base devrait êtredisponible d’ici à la fin de l’année.

� Existe-t-il d’autressociétés comparables dansle monde?Je n’en suis pas certain, mais il mesemble que l’EMS est la seuleassociation de sociétésmétéorologiques. Je présumequ’aux États-Unis l’AMS joue unrôle comparable par rapport à sessections et groupes régionaux.

� Quels sont les liens avecl’European Conference onApplied Climatology (Ecac)?La conférence annuelle de l’EMSest organisée en alternance avecl’une des conférences Ecac,comme l’an dernier à Ljubljana,ou Ecam (European Conference onApplied Meteorology) comme cette

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David Burridge remet le prix dumeilleur jeune scientifique 2006.

José Achache, directeur du programme Geo,lors de son exposé à Ecac-6 en septembre 2006.

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La 8e conférence bisannuelleEcam (European Conference

on Applications of Meteorology)se tiendra à San Lorenzo d’ElEscorial, en Espagne, du 1er au5 octobre. Créée à l’origine parles services météo européenspour promouvoir les échangesd’expériences sur lesapplications opérationnelles,régaliennes et commerciales,elle a été jusqu’à présentorchestrée par l’un d’entre eux(à Toulouse en 1995). C’estégalement un lieu d’échangeet de confrontation avec lesecteur privé. La dernièreédition en 2005, à Utrecht (Pays-Bas), avait d’ailleurs étéco-organisée par le KNMI etMetoConsult. Les deuxdernières éditions (Utrecht etRome) avaient étéprogrammées de conserve avecla réunion annuelle de l’EMS(European MeteorologicalSociety). Désormais Ecam estorganisée par l’EMS, avec unprogramme encapsulé.Après la conférence OMM deMadrid sur les bénéficessociaux et économiques de lamétéo, Ecam abordera commethème principal la valeurd’usage de la météo par sesutilisateurs, à toutes leséchéances – de la prévisionimmédiate à la prévisionsaisonnière – et dans tous lesgrands secteurs applicatifs –depuis la sécurité civile, la santé et la qualité de l’air,jusqu’à la finance etl’assurance, en passant parl’énergie, le tourisme et letransport, dont l’aéronautique.Une session est par ailleursprévue sur les stratégies dufutur. ■

Dominique Lapeyre de Chavardes

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2007 33

En 1991, la création du Centre international de conférences,sous l’impulsion d’André Lebeau, le directeur de la Météorologie nationale, avait pour premier objectif de doter l’École nationale de la météorologie (ENM) d’unamphithéâtre digne de son rang. Le bâtiment a été conçupour accueillir toutes sortes de réunions, jusqu’aux réunionsinternationales nécessitant une traduction simultanée.

commission et ses zonesd’exposition temporaire à lalocation pour nos partenaires,voisins ou institutionsrégionales. Lors de la catastrophed’AZF, en septembre 2001, legrand amphithéâtre a été prêtépour abriter bien des réunions decrise et décisionnelles.Aujourd’hui, ces locationséquilibrent intelligemment lebilan de fonctionnement dubâtiment. Notre maison estappréciée de bon nombre deToulousains, qui viennent, parexemple, au CIC pour suivre lasérie de conférences devulgarisation scientifiqueintitulée « Découvrades » (voirpage suivante). Le CIC, en 2007,entre dans sa quinzième année defonctionnement : il a su s’adapteraux nouvelles technologies del’audiovisuel, du son et de lalumière pour se situer au niveautechnique des centres modernesde congrès. Il s’avère être unestructure bien taillée d’origine, etqui s’est adaptée à des missionsayant, par ailleurs, sans cesseévolué. ■

Guy LachaudResponsable du département

Communication et DocumentationToulouse

L e Centre internationalde conférences (CIC) estdevenu un outil decommunication,

qui a facilité la réunion et lacommunication des hommes etdes femmes aux compétencesfort différentes. Beaucoup deprojets naissent ici, y sontprésentés, débattus, lancés et,plusieurs mois après – parfoisdes années –, les experts seréunissent à nouveau au CICpour présenter leurs résultats àla communauté scientifique.Souvent, c’est à la pause-café ouau moment du cocktail que l’ondevise entre spécialistes de lamême spécialité. Un momentprivilégié pour échangeradresses mails ou cartes devisite, lancer une idée, voireproposer un nouveau projet !

Un melting-pot incessantAu CIC, on parle parfois de

climat planétaire, modèle 4DVARou méthodes particulairesstochastiques, loi organiquerelative aux lois de finances, CHSet CCHS… On y remet aussi biendes médailles sous l’hymnenational qu’on assiste aulancement de tous les grandsprojets portés par Météo-France.Parfois tout le personnel del’établissement s’y rassemble,venu des CDM du Nord ou duSud, de l’Est comme de l’Ouest etmême de ceux de l’outre-mer.

Enmoyenne,le CIC estfréquentépar quinzemillepersonnespar an,dontvingt-quatremille pour2006.

Les clubs des jeunes passionnésde météorologie ou lesmétéorologistes à la retraite, maisqui restent très actifs au sein deleur association des Anciens, serencontrent ici. On y croise detemps à autre des gens célèbres,stars ou candidats à lacandidature suprême,professeurs d’université etdirecteurs de grandes institutionsde la République, présidents-directeurs généraux de grandesentreprises ou généraux de laDéfense… Au total, vingt-quatremille personnes ont fréquenté leCIC en 2006 !

Rester ouvert sur l’extérieurDepuis quelques années, le

centre propose un amphithéâtrede 300 places, ses salles de

Z I G G O U R AT D U S AV O I RDepuis sa création, le CIC a été le

témoin des grands événements qui ontmarqué l'histoire de l'établissement,comme la célébration du 20e anni-versaire de la Météopole. Toujoursattractif par sa conception, il bénéficieincontestablement d’un cadreexceptionnel et se caractérise par unservice d'excellente qualité rendu parl'équipe qui le sert et le fait vivre. ■

Daniel RouxDirecteur général adjoint de Météo-France

pour Toulouse

Le Centre international deconférences de Météo-France est

implanté sur la Météopole depuis 1991.Le CIC – son appellation consacrée – a toujours fière allure. Il a largement prouvé qu'il incarne un support indispensable decommunication interne pour laMétéopole et plus largement pourMétéo-France, ainsi qu'une opportunitépratique et efficace ouverte sur lemonde extérieur.

Lieu de rencontres singulier

PROXIMITÉS

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Descondi-tions detravail etde confortunanime-mentrecon-nues.

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Grâce au grand professionnalisme des personnels en charge de la gestion des locaux et de l’organisationdes conférences du CIC, un centre de recherchemétéorologique mondialement reconnu comme le CNRMpeut disposer de ces multiples potentialités.

E n effet, si le CNRMcoordonne l’ensembledes activités derecherche de Météo-

France, il en conduit aussidirectement une grande partie ;des projets de recherche qui sontsouvent menés en étroitecoopération avec des labora-toires extérieurs français (CNRS,universités) ou étrangers(services de recherche d’autrespays, Centre européen pour lesprévisions météorologiques à moyen terme).

Un outil précieux pour la recherche

Ce mode de fonctionnementinduit nécessairement defréquents échangesd’informations entre les équipes.Ainsi, pour progresser dansleurs travaux, les chercheursdoivent régulièrement faire lepoint sur leurs avancéesrespectives, que ce soit eninterne au sein de Météo-France,ou avec leurs partenaires ouhomologues extérieurs.L’organisation de colloques,d’ateliers ou de conférences estnécessaire pour permettre bonnombre de ces indispensableséchanges de connaissances. À cetitre, le CNRM est un utilisateurrégulier du Centre internationalde conférences, avec plusieursrendez-vous annuels devenusincontournables au fil du temps.

Il y a notamment lesrencontres Recherche etDéveloppement, organisées parle Retic à l’automne, quipermettent de réunir tous lesacteurs de la recherche au seinde notre établissement (bureauxd’étude interrégionaux, DP,DSO, CRC… et CNRM). Quant aux Ama (ateliers demodélisation de l’atmosphère)en début d’année, ouverts à deslaboratoires extérieurs à Météo-France, ils sont surtoutl’occasion de faire un point surune thématique particulière.

L’atout compétenceMais les atouts du CIC sont

tels que son utilisation débordelargement le cadre de lacommunication interne.

La dimension de l’amphithéâtre,les salles de commission et leszones d’exposition du rez-de-chaussée modulables, ainsi quela compétence et la disponibilitédes équipes qui gèrent cetéquipement… tout cela permetd’organiser des conférencesinternationales dans desconditions de travail et deconfort unanimementreconnues. À titre d’exemple, ennovembre 2006, le colloqueAmma (debriefing sur lacampagne de mesures sur lamousson africaine) a réuni deuxcent quatre-vingts participantsvenant de dix-neuf pays. En janvier 2007, le 1er atelierHymex, pendant lequel plus dedeux cents experts enhydrométéorologie ont puconfronter leurs idées, a vu lelancement d’un projet de grandeampleur sur l’étude du cycle del’eau sur le bassin méditer-ranéen. Voici deux cas d’utilisa-tion du CIC puisés dans unpassé très récent… ■

Joël PoitevinDirecteur adjoint du CNRM

Une vitrine conviviale

Ocean OPS 0410-15 mai 2004Produits et services demétéo océaniquesopérationnels pour la sécurité maritime et lagestion environnementale(120 participants).

WSN 055-9 septembre 2005Symposium du Programmemondial de recherche sur la prévision du temps,sur la prévision immédiate

TROIS ANS AU CICet la prévision à très courteéchéance (300 participants).

Cost 72015-18 mai 2006Symposium final de l'ActionCost 720 : applications du sondage atmosphériqueà la recherche et à l'opérationnel (70 participants).

Conseil d’Eumetnet3-6 avril 2006(60 participants).

WRMA3-5 octobre 2006Congrès européen de laWeather Risk ManagementAssociation sur la gestiondu risque climatique (120 participants).

Amma 066-10 octobre 2006Debriefing SOP etpréparation des différentesétudes de processus (300 participants).

Colloques annuelsAma, Rencontres R & D,GCCL…

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2007 35

Beauté de la science

SATISFAITEMessage de Dominique Dufour-Bellerose, chargée de communicationà la Direction régionale du travail, del’emploi et de la formationprofessionnelle à Toulouse, unétablissement institutionnel voisinqui fréquente régulièrement le CIC.

« Depuis plus de dix ans, la DRTEFP organise un certainnombre de manifestations auCentre international de conférencesde Météo-France. Outrel’accessibilité du site, et la qualitédes prestations sur mesure, je tiensà remercier tout particulièrementles régisseurs, et le secrétariat duCentre, pour la qualité des services,leur réactivité et leur disponibilitépendant les manifestations. »

Dans une ambiance magique, où seulsle Centre de conférences, le CNRM et

la veine hydraulique restaient illuminés,semblant jaillir de la nuit sans lune, nos visiteurs ont pu dialoguer, en tête à tête, avec des passionnés des métiersde la recherche en météorologie.Fascinés par les lasers de la veinehydraulique, ébahis par le décollagenocturne des ballons-sondes, lesvisiteurs sont allés de surprises endécouvertes tout au long de la soirée.Nos voisins étaient accueillis au CIC, quifit salle comble, l’amphithéâtre Corioliss’avérant trop étroit, pour découvrir les expositions et assister aux quatreconférences proposées par nos chercheurs!

Une âme d’artiste sous le sérieux du chercheur

Les échanges ont été nombreux et unecomplicité est née entre les employés ou

cadres des entreprises voisines et lesmétéorologistes, heureux de leur rendreaccessibles les grands enjeux à venir dela planète (changement climatique,pollution, météo urbaine, modélisation,etc.). La soirée était entrecoupéed’intermèdes culturels, au cours desquelscertains chercheurs ont donné de la voix,du pied (danse irlandaise) ou de labatterie (groupe rock). Ces prestationsont permis à nos visiteurs de découvrirque le chercheur est aussi une femme ou un homme abordable, passionné parson métier et par les enjeux de larecherche météorologique. De nombreuxmessages de remerciements, recueillis à l’issue de cette manifestation, tendentà prouver que les dernières avancéesdans le domaine des sciences del’environnement et du climat sont bienune préoccupation majeure de nosconcitoyens. ■

Norbert Raynal

L A N U I T D E S C H E R C H E U R SLe 22 septembre 2006, la nuit toulousaine a été le théâtre d’une manifestationeuropéenne originale, avec une première participation du CNRM, de la Celenv et du Cerfacs à la Nuit des chercheurs. Une centaine d’intervenants étaient

mobilisés pour recevoir mille invités, les salariés des entreprises de la région.

Le Centre de culture scientifique et technique et industriel (CCSTI) de Midi-Pyrénées Science-Animation organise, chaque année, conjointementavec Météo-France, les Découvrades.

D epuis neuf ans, Science-Animation investit le CICpour produire ce cycle deconférences débats « art et

science » qui connaît un succèscroissant. Il s'agit pour lesorganisateurs, qui réunissent à cetteoccasion leurs compétences, leursénergies et leurs moyens, de faire passerune soirée agréable où la sensibilité del'artiste rend la science moins austère.France Info, France 3 Sud, la Dépêche duMidi et bien d'autres médias se sontsouvent associés pour donner plusd'écho à la venue de scientifiques et de conférenciers prestigieux, issus desgrands organismes de recherche auxniveaux national et régional. Grâce à ce

partenariat, plus de dix mille personnesont pu avoir accès, gratuitement, à une culture scientifique attractive etcontemporaine sur des thèmes aussivariés que :• 1997 : L'homme et ses lieux de vie• 1998 : Des origines à nos jours• 1999 : Les chemins du futur

vers le XXIe siècle• 2000 : Science et société• 2001 : La santé• 2002 : La chimie• 2003-2004 : Vivre avec les risques• 2004-2005 : La communication• 2005-2006 : Savoir et prévoir : que

disent les scientifiques sur l'avenir…• 2006-2007 : Le nombre, la mesure

et l'homme : peut-on tout quantifier ?

Grâce au Centre international deconférences de Météo-France, lesDécouvrades disposent d'un outil de communication confortable etperformant qui permet de recevoir unpublic nombreux dans les meilleuresconditions. Les moyens techniques misà disposition facilitent notamment la communication des intervenants,utilisateurs de sources audiovisuellesvariées. Le professionnalisme de l'équipe chargée de l'organisation et de la régie contribue au succès desDécouvrades, qui ont fait l'objet denombreuses duplications. ■

Alain TournierDirecteur de Science-Animation

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36 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

P iers Sellers étaitl’astronaute le plusexpérimenté de lanavette Discovery lors de

la mission STS-121, dejuillet 2006, auprès de la stationspatiale internationale (SSI). Il s’agissait de son second voyagespatial, après la mission STS-112 àbord d’Atlantis, en 2002, au coursde laquelle il a fait trois sortiesdans l’espace afin d’installer lastructure de la station. Des travaux indispensables pourpermettre à la Nasa de reprendreson assemblage et soutenir sesefforts de mise au point d’outilspermettant aux astronautes deréparer les dégâts subis par lebouclier thermique pendantqu’ils étaient en orbite. Au coursde l’une des sorties dans l’espace –qui a duré sept heures et demie –,Piers Sellers et Michael E. Fossumont démontré qu’ils pouvaientinspecter et réparer l’extérieurd’une navette en orbite enutilisant le bras de la navette

comme une plate-forme. « C’étaitune magnifique occasion d’admirerle cycle de l’énergie et de l’eau de laTerre en action sous un anglenouveau, fascinant, à 354 kilomètresd’altitude » a déclaré, à son retourde mission, Piers Sellers.

Un astronaute de la Nasaqui a débuté sa carrière sousles auspices du PMRC

Avant d’être choisi commecandidat astronaute par la Nasaen 1996, Piers Sellers, britanniquede naissance, avait étémodélisateur en climatologiepour l’Expérience mondiale surles cycles de l’énergie et de l’eau(Gewex) du PMRC pendant unedouzaine d’années. « J’ai eu lachance de travailler dans le domainedes interactions entre les terresémergées et l’atmosphère à l’époqueoù il s’est imposé comme une brancheimportante de la recherche sur leclimat », se souvient-il. Après undoctorat en biométéorologie à

l’Université de Leeds, Piers Sellersa travaillé au Centre des volsspatiaux Goddard de la Nasa surl’intégration de modèles coupléssurface-atmosphère dans desmodèles de la circulationgénérale (MCG). En 1983, il est apparu clairementque les données satellitairesseraient cruciales pour mieuxmaîtriser l’initialisation,l’étalonnage et la validation duparamètre « terres émergées »dans les MCG. Pour Piers Sellers, c’est unepériode « très enrichissante »qui s’est ouverte lorsqu’il a créé le Projet internationald’établissement d’uneclimatologie des terres émergéesau moyen de satellites (ISLSCP)avec Ichtiaque Rasool, Hans-Juergen Bolle et la directrice duPMRC, Ann Henderson-Sellers.« Bob Dickinson, de l’Institut detechnologie de Géorgie, un pionnierde la modélisation du climat mondialqui enseignait autant de matièresqu’il en existe, a eu une immenseinfluence et a été un guide attentifdurant les premières années, les plusdifficiles », déclare M. Sellers.L’ISLSCP a été conçu pourfavoriser l’utilisation de donnéessatellitaires dans les jeux dedonnées mondiaux concernantles terres émergées nécessairespour l’étude du climat. Depuis sa création, ce projet ajoué un rôle de premier plan dansl’évaluation des processusd’échange d’énergie, de carboneet d’eau entre la surface de la Terre et l’atmosphère.

Dans le cadre de la campagne de mesure internationaleHapex (Hydrological and Atmospheric Pilot Experiment), Piers Sellers, chercheur américain, a développé le modèle numérique simulant les échangesde chaleur entre le sol, la végétation et l’atmosphère.Voilà comment il est arrivé au CNRM en 1986.

Chercheur in situ

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BLOC-NOTES

ATMOSPHÉRIQUES Avril 2007 37

L U P O U R V O U S

F ace auxdégradations del’environnement

terrestre provoquées parles activités humaines,dont le réchauffementclimatique est un signemanifeste, l’inquiétudegrandit. Notre civilisationne risque-t-elle pas des’effondrer? Notre sortsera-t-il analogue à celuide brillantes sociétésanciennes qui ont laissédes ruines monumentalesmais qui ont disparu pourdifférentes raisons parmilesquelles des désastresécologiques semblentavoir joué un rôle important? Les Moaï,mystérieuses statues de pierre géantesde l’île de Pâques qui ornent lacouverture de ce livre, symbolisentsouvent le risque d’effondrement quimenace une société en cas desurexploitation de ses ressourcesnaturelles.

Jared Diamond, biologiste deformation, est directeur de la brancheaméricaine du World Wildlife Fund etprofesseur de géographie à l’universitéde Californie. Dans cet ouvrage original,il compare l’évolution de plusieurssociétés passées qui ont dû faire face àde graves difficultés environnementales.Certaines ont disparu comme, auXVIIe siècle, la société de l’île de Pâques,incapable de survivre à la famine causéepar la déforestation, la surexploitationdes ressources alimentaires sauvages etl’érosion massive empêchant touteagriculture. Contrairement à laprécédente, la société Maya n’était pasune petite société confrontée à unenvironnement fragile. Il s’agissait d’unecivilisation qui a regroupé plusieursmillions de personnes, bâti des citésétendues et des temples monumentaux.Jared Diamond attribue soneffondrement à un ensemble de facteursdont une croissance démographiqueexcessive au vu des ressourcesdisponibles, de graves sécheresses et desguerres incessantes.

Le cas de la société viking fait l’objetd’un chapitre intéressant. Les coloniesétablies au Moyen Âge par les Vikingsont connu des fortunes très contrastées.Elles ont fini par disparaître. Un ensemble de facteurs ont causé ceteffondrement: dommages à l’environ-nement, refroidissement du petit âgeglaciaire, structures sociales inadaptéeset hostilité aux Inuits. Ces derniersdisposaient, pour la chasse, la pêche etl’habitat, de techniques bien acclimatéesaux régions polaires.

Jared Diamondprésente aussi le cas deplusieurs sociétés quiont su redresser unesituation marquée parde graves problèmes de déforestation etd‘érosion. Ainsi, lapopulation des hautesterres de Nouvelle-Guinée a développédepuis plusieurs milliersd’années la sylvicultureet des techniquesagricoles très évoluées.À une échelle beaucoupplus grande, le Japon a connu unedéforestation massive

qui a conduit à une grave pénurie de boiset à des famines vers la fin du XVIIe siècle.Les shoguns, qui exerçaient le pouvoirpolitique, imposèrent des mesures deréduction de l’abattage des arbres etmirent en place un système pour lagestion des forêts, le transport et laconsommation du bois. Parallèlement, ilsdéveloppèrent la sylviculture et, au débutdu XIXe siècle, le Japon avait réussi àaugmenter la production de bois d’œuvre.

Cet essai analyse aussi des sociétéscontemporaines en butte à de gravesproblèmes écologiques, comme le Montana, le Rwanda et la Chine. Un chapitre est consacré à l’Australie quisurexploite ses ressources renouvelables(forêts, poissons de mer, eau douce, etc.)et dont les pratiques d’agriculture etd’élevage sont nocives pour sonenvironnement très fragile.

On sort un peu étourdi de la lecture decet ouvrage qui rassemble une massed’informations considérable. Les leçonsdu passé nous enseignent que debrillantes civilisations se sont effondréespeu de temps après avoir atteint leurapogée mais aussi que d’autres ont sutrouver des solutions pour résoudre leursproblèmes environnementaux, enmodifiant parfois de façon drastique leurmode de vie. Jared Diamond fait ainsipreuve d’un optimisme prudent, soulignépar le sous-titre de ce livre « Comment lessociétés décident de leur disparition ou deleur survie ». Il écrit aussi: « notre avenirest ouvert, il est entre nos mains. Plutôt que de nouvelles technologies, pour résoudre nos problèmes, il nous fautde la volonté politique pour appliquer les solutions qui existent déjà. » ■

Jean-Pierre JavelleEffondrement. Comment les sociétésdécident de leur disparition ou de leursurvie.Jared Diamond, traduit par Agnès Botz et Jean-Luc Fidel. Gallimard, collection« NRF essais », 2006, 656 p. 29,50 €

Trois expériences majeuresdans la compréhension du climat

Avec ses collègues et ses amisde l’ISLSCP, Piers Sellers a conçuet conduit des expériences sur le terrain, comme Hapex, un programme internationald’observation des terresémergées et de l’atmosphère, en1986 ; Fife (ISLSCP – premièreexpérience sur le terrain), menéede 1987 à 1989 pour établir desjeux de données moyennées parsite relatives aux conditionsmétéo à proximité de la surfacedu sol, à l’humidité du sol et à latempérature ; et Boreas (étude del’atmosphère et des écosystèmesboréaux), une expérienceinternationale et pluri-disciplinaire de grande échelleconduite de 1993 à 1996 dans lesforêts du nord du Canada pourmieux comprendre l’interactionentre les forêts boréales etl’atmosphère. L’un des objectifsde ces trois expériencesconsistait à améliorerl’utilisation des donnéessatellitaires pour affiner lesmodèles couplés surface-atmosphère. Piers Sellers et sescollègues ont vite comprisl’importance d’inclure les flux decarbone dans les modèlesclimatiques pour améliorer lesfutures projections climatiques.« Mes débuts dans la climatologieont été passionnants et m’ontapporté beaucoup de plaisir ; tout ceque nous faisions dans le domainede la climatologie semblait sirévolutionnaire et, le plus souvent,s’est révélé par la suite très utile »,indique-t-il. ■

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38 Avril 2007 ATMOSPHÉRIQUES

PROFILBLOC-NOTES

Les extra-terrestres à la rescoussePaul Hellyer, 83 ans, ancienministre canadien de laDéfense, suggère de faireappel à la technologie desextra-terrestres pourremplacer les combustiblesfossiles en une génération. Il demande aux gouvernementsmondiaux de révéler ce qu'ilssavent sur ces technologiesobtenues, selon lui, lors del'écrasement sur Terre d'Ovni,comme dans le cas de l'affairede Roswell en 1947.« Il faut persuader lesgouvernements de dire ce qu'ilssavent. Certains d'entre nouspensent qu'ils en saventbeaucoup, et cela pourrait suffireà sauver notre planète »,indique-t-il…The Ottawa Citizen, 28 février 2007

montrent en effet que, dansla plupart des cas, lesobservations décrivent unphénomène connu ouinconnu, généralementlumineux mais sans preuvede la présence d'un objetmatérialisé.Lexpress. fr, 21 mars 2007

Revue de presseétudier et conserver cetteprise, il faut la décongeler.Mais comment faire pour quela pourriture ne gagne au furet à mesure de ladécongélation ? Une desoptions envisagées estd'utiliser un… four à micro-ondes géant !BBC News, 22 février,15 mars et 22 mars 2007

humanitaires et de maintiende la paix. Il faudra aussiadapter les infrastructurescôtières. Enfin, elle devraaméliorer ses performancesénergétiques :premier consommateurmondial d'énergie, elledépense près de 11 milliardsde dollars par an. Sur leterrain de bataille, 70 % dutonnage apporté est ducarburant.Le Monde, 4 avril 2007

Pan sur le net !Le CNES a ouvert un site web,www.cnes-geipan.fr/geipan,pour permettre l'accès auxdocuments français sur lesphénomènes aérospatiauxnon identifiés (pan) observésdepuis les années cinquante.Il regroupe les archives deson Groupe d'études etd'informations sur lesphénomènes aérospatiauxnon identifiés (Geipan).Quatre cents dossiers sont enligne, sur les mille six centscas relevés en cinquante ans.D'ici à la fin de l'année, toutesses archives devraient êtreaccessibles, sous réserve de la protection de la vie privée.Le Geipan précise que leterme « pan » est plus adaptéque celui d'Ovni, traductionde l'anglais Ufo. Les témoignages et lesrésultats des enquêtes

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Les gaz à effet de serre sontlégalement « polluants »Par cinq voix contre quatre, la Cour suprême américainea affirmé, le 2 avril, quel'Agence nationale deprotection de l'environ-nement (EPA) devaitconsidérer les gaz à effet deserre comme des polluants. À l'initiative duMassachusetts, une douzained'États, plusieurs grandesvilles et une des associationsécologistes avaient saisi la justice pour forcer l'EPA àréguler les émissions dequatre gaz à effet de serre,dont le CO2, sur les voituresneuves. (Voir Atmosphériques32, p. 38). La cour a noté que« L'EPA n'a proposé aucuneexplication raisonnable à sonrefus de décider si les gaz à effet de serre entraînent lechangement climatique, ou bieny contribuent. » Et que « Les dangers associés auchangement climatique sontgraves et largement admis. »Le Monde, 3 avril 2007

Sécurité soutenableLe réchauffement climatiquedevient une composanteessentielle de la sécurité desÉtats-Unis. « Nous devronsglisser de la guerre contre leterrorisme vers le nouveauconcept de sécurité soutenable »,résumait John Ackerman, unintervenant de l'US Air Force,lors d'un colloqueuniversitaire organisé finmars aux USA.Plus de sécheresses dans plusde pays, crises de l'eau plusnombreuses, multiplicationet extension des maladiestropicales et des épidémies,évènements météorologiquesextrêmes seront autant desources d'interventionsmilitaires, notamment en casde crises humanitaires quiaugmenteront aussi les fluxmigratoires. Le réchauf-fement pourrait aussisusciter des changementsrégionaux : la raretécroissante de l'eau pourraitaffecter la stabilité régionale,mais elle pourrait aussiapaiser certaines tensions enimposant une coopérationface au danger commun.À court terme, l'arméeaméricaine devra se préparerà beaucoup plus d'opérations

Recherche four à micro-ondes géantLe 22 février, des pêcheursnéo-zélandais ont fait uneprise rare en mer de Ross,dans l'Antarctique : unimmense calmar dégustaitdirectement sur la ligne depêche une légine australe, unpoisson très recherché etdont la pêche est sévèrementencadrée. Après deux heuresd'efforts, l'animal à demi-mort fut hissé à bord etcongelé sur place. Avec dixmètres de long et près d'unedemi-tonne, il s'agit du plusgrand Mesonychoteuthishamiltoni jamais capturé.C'est même le seul adulteramené intact d'une espèceencore mal connue,découverte en 1925, plusgrand invertébré vivant etqui possède les plus grandsyeux du monde animal. Pour

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2007 39

L ’Année géophysiqueinternationale (Agi) estla première expérience

géophysique à l’échelleplanétaire. Proposée, en 1950,par des géophysiciens de lahaute atmosphère commetroisième Année polaireinternationale, son domaines’est étendu au fur et à mesurede sa remontée au sein desinstances du Conseilinternational des unionsscientifiques (Cius), qui ademandé à la toute jeuneOMM d’y participer ainsi qu’à l’Académie des sciences de l’Urss,pays ne faisant pas partie du Cius. C’est l’OMM qui a proposé le nomd’Agi, comme plus conforme à ses buts.

S’installer en AntarctiqueUne très longue préparation a eu

lieu, puisque l’expérience a commencéle premier juillet 1957, pour mettre aupoint les différents programmes derecherche et les harmoniser, rechercherles moyens et faire les répétitionsnécessaires, notamment en ce quiconcerne les transmissions, dont la qualité était alors très rudimentaire.L’Agi a été l’occasion de créer lespremières bases scientifiquespermanentes en Antarctique, Dumont-d’Urville en Terre Adélie, la baseaméricaine Amundsen-Scott au pôlesud, Halley Bay pour les Britanniques,Syowa pour les Japonais, Vostok pourles soviétiques, etc. Ces bases existenttoujours et ont joué un rôle importantdans plusieurs domaines.

Au début de l'Agi, les Soviétiques ont lancé Spoutnik 1 (le 4 octobre) et Spoutnik 2 (le 3 novembre 1957),ouvrant de nouvelles opportunités à la recherche en géophysique.

jours tout comme lacroissance du gaz carbonique,et le nom de Keeling reste attaché à la courbecorrespondante.

Le programmeocéanographique a permis laréalisation, pour la premièrefois, de mesures coordonnéesdans tous les océans, qui sontencore utilisées de nos jours.Mais l’année 1958 a aussi étél’occasion d’un importantphénomène El Niño, le plusintense depuis 1941, et le premier observé en détail,

avec des eaux chaudes jusqu’à la lignede changement de date et un fortaffaiblissement des alizés.

Le programme météorologiquevisait à une description de lacirculation atmosphérique sur les deuxhémisphères, en particulier pourétudier le rôle respectif desperturbations et des cellules de Ferreldans le transport méridien. Les résultats ont été à la hauteur desattentes. Mais le plus important est que le réseau d’observation a souventcontinué à fonctionner, ce qui a permisle début de la prévision numérique,sujet dont il a été fort peu question au cours de l’Agi.

Débuts de la recherche sur le climat

Parmi les suites de l'Agi, on peutciter le traité de l’Antarctique (1961) et un discours à l’Onu du présidentKennedy la même année, qui a conduitl’OMM à créer la Veille météorologiquemondiale et, avec le Cius, le programme mondial de recherchesur le climat. ■

Michel RochasConseil général des ponts et chaussées

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Un labo planétaireL’Année géophysique internationale (1957-1958)

a été la troisième grande étape de ces moments forts de la recherchescientifique que constituent les Années polaires.

Ce fut aussi la naissance de la météorologie moderne.

Les Américains ont lancé Explorer 1 (le 31 janvier 1958) qui, avec Explorer 3,a permis la découverte des ceintures deVan Allen. Un grand nombre d’échecs a fait qu’il fallut attendre août 1959pour qu’Explorer 6 donne les premièresimages de la couverture nuageuse etdes mesures du bilan radiatif de la Terre; son orbite très elliptique les a toutefois rendues difficilementutilisables. Mais, pendant ce temps une révolution se préparait, avec le programme opérationnel Tiros, dont le premier exemplaire est lancé le 1er avril 1960, ce qui marque lanaissance de la météorologie spatiale.L’ozone faisait partie du programme de recherche. Ce sont les mesures faitesà Halley Bay, et plus tard à Syowa, qui ont permis la découverte du troud’ozone antarctique en 1985. La question du gaz carbonique n'enfaisait pas partie. Toutefois, lesAméricains ont installé un instrumentau pôle Sud, qui n’a pas fonctionné,puis à l’observatoire de Mauna Loa, à Hawaii. Dès les premières années demesures, une croissance, superposée à un fort cycle annuel, était visible. La mesure s'est poursuivie jusqu'à nos

Le satellite Spoutnik lancé par l’Union Soviétique le 4 octobre1957. Il sera suivi par Explorer 1, le 31 janvier 1958, lancé par la fusée américaine Jupiter. Pendant les 18 mois de l’Agi, trois satellites artificiels soviétiques et quatre satellitesaméricains seront lancés.

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