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PERSONNAGES CATALINA TERESA ISABELA DON QUICHOTTE SANCHO PANZA FELICIA CONCHITA PALOMA VA-NU-PIED GUIBAL PETITBRAS MOINE MANUEL MOINE LUIS HENRICA OSANA PAYSANNE1 (lavandière) / SOLDAT 1 PAYSANNE 2 (lavandière)SOLDAT 2 moulin à vent 1 moulin à vent 2 moulin à vent 3 moulin à vent 4 1

Don Quichotte texte - Le Proscenium · Don Quichotte se dirige vers la sortie, voyant que personne ne le retient, il se retourne : Ne me retenez pas ! Car pour honorer la belle Dulcinée,

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Page 1: Don Quichotte texte - Le Proscenium · Don Quichotte se dirige vers la sortie, voyant que personne ne le retient, il se retourne : Ne me retenez pas ! Car pour honorer la belle Dulcinée,

PERSONNAGES

CATALINA

TERESA

ISABELA

DON QUICHOTTE

SANCHO PANZA

FELICIA

CONCHITA

PALOMA

VA-NU-PIED

GUIBAL

PETITBRAS

MOINE MANUEL

MOINE LUIS

HENRICA

OSANA

PAYSANNE1 (lavandière) / SOLDAT 1

PAYSANNE 2 (lavandière)SOLDAT 2

moulin à vent 1 moulin à vent 2 moulin à vent 3 moulin à vent 4

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SCENE 1

Catalina, Teresa, Isabela , puis Don Quichotte

Catalina : Ma pauvre demoiselle Isabela! Si cela continue, votre oncle ne vous laissera pas grand-chose à sa mort…

Teresa : A ça oui, Conchita , tu as bien raison , il vient encore de vendre quatre arpents de bonne terre à blé. Si ce n’est pas malheureux de voir dilapider toutes ces richesses ! Et comment vais-je faire pour fabriquer le bon pain qu’il aimait tant.

Catalina : Et tout ça pour encombrer la maison de livres de chevalerie. Il y en a de la cave au grenier. Je n’arrive plus à tenir le manoir propre avec tout ça.

Isabela : Ce sont des livres passionnants : on y parle d’enchantements, de querelles, de batailles et d’amour.

Catalina : Peuh ! Des extravagances impossibles qui lui tournent la tête !

Isabela : Tout cela est fort agréable… j’aime toutes ces histoires de chevaliers qui combattent pour sauver leur amour.

Catalina : Ah, je vois bien de quoi vous voulez parler. Vous pensez encore à ce jeune Felipe. Ma pauvre demoiselle, n’y pensez donc plus. La fortune de votre oncle a fondu comme neige au soleil et les parents de ce jeune damoiseau ne voudront jamais consentir à ce mariage.

Teresa : Plus de terre, plus de chevaux si ce n’est ce bon vieux canasson. Plus de gibier, Mon seigneur ne va même plus à la chasse, lui qui l’aimait tant. Et moi, je dépéris de voir qu’on ne trouve plus rien à manger dans cette maison. Moi, je vous le dis, à ce régime de famine, il ne me restera que la peau et les os.

Catalina : Ma bonne Teresa, avant que tu en arrives là, on a le temps de voir revenir les hirondelles. Votre oncle lit toute la journée, du soir au matin…

Tous : du soir au matin

Teresa : Et la nuit, du soir au matin.

Tous : du soir au matin.

Isabela : Moi, ce qui m’inquiète surtout, c’est qu’il s’abîme les yeux et qu’il en oublie de manger.

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Entrée de Don Quichotte, un livre à la main

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Don : Oyez, oyez, mes amis, comme c’est beau ! Comme cela vous transporte : (lisant) : « Ce fut alors qu’Amandis De Galice pourfendit de la tête jusqu’aux pieds le félon qui lui avait ravi sa belle » (faisant des gestes de combats d’épée, puis reste silencieux en rêvant).

Catalina , dès demain, je veux que vous alliez au grenier chercher mon armure.

Catalina : Mais de quelle armure parlez-vous, Don Quesada ?

Don (d’un grand geste du bras) : Plus de Don Quesada ! Je suis désormais Don Quichotte !

Teresa : Ben faudrait savoir ! C’est comme ça que vous avez demandé qu’on vous appelle la semaine dernière. De Don Quijana, vous êtes passé à Don Quopana, puis Don Quoulaja, depuis dimanche, vous ne répondez que sous le nom de Don Quesada et vous voilà aujourd’hui Don Quichotte.

Don : De la Mancha ! Don Quichotte… de la Mancha !

Tous : de la mancha ?

Don : De la mancha !

Tous : de la mancha ?

Don : De la mancha !

Catalina (ironique) :Très bien votre Grâce « Don Quichotte de la Mancha », de quelle armure parlez-vous ?

Don : La seule, l’unique ! Celle qui appartint à mes bisaïeux !

Teresa : Mais ce n’est qu’un tas de ferraille !

Don : Eh bien, vous la raccommoderez. Mais auparavant vous la laverez, la frotterez, l’astiquerez. Je veux qu’elle brille de mille feux.

Isabela : (inquiète) Auriez-vous l’intention d’en faire usage, mon oncle ?

Catalina : Vous n’allez pas chercher querelle à vos voisins sous prétexte que le jeune Thibaut…

Don (exalté) : J’ai décidé de partir. J’irai par les chemins…

Teresa : Vous partez donc en voyage ? Seigneur Dieu, et pour aller où ?

Don : J ‘irai aux quatre coins du monde : Dieu justement guidera mes pas.

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Teresa : Et le domaine, qui va l’administrer ?

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Don (exalté) :Qui se soucie d’administrer un domaine, quand tant d’infortunes, tant de malheureux accablent ce pauvre monde ? Lorsque tant de forbans, de misérables se tapissent aux coins des bois ! Tout cela demande réparation. je pars mettre mon bras au service des nécessiteux.

Isabela : Mais enfin, mon oncle, toutes ces chevauchées finiront par ruiner votre santé !

Catalina : Chevaucher, chevaucher ! Chevaucher quoi ? Il faudrait une monture pour chevaucher !

Don : Mais j’en ai une ! Dès ce soir, Sancho étrillera Rossinante.

Toutes les trois : Qui ?

Don : Rossinante.

Toutes les trois : Qui ?

Don : Rossinante. C’est là le nom que j’ai Donné à mon cheval.

Teresa : Quoi ! Cette pauvre vieille jument qui croupit dans l’écurie depuis dix ans ? C’est sur elle que vous comptez parcourir les routes ? Eh bien, vous n’irez pas bien loin, la vieille rosse sera morte avant d’avoir parcouru dix lieues.

Don : (furieux) Taisez-vous impertinente ! Ni le Bucéphale* d’Alexandre, ni le Babiéca* du Cid ne lui sont comparables !

Catalina : Eh bien, vous voilà comme qui dirait un chevalier accompli : l’armure, la monture, les bons sentiments.

Teresa : Vous manque plus qu’une amoureuse.

Don : J’aime et je suis aimé. Mon cœur est captif d’une noble dame.

Catalina : Ne me dîtes pas qu’il s’agit d’Alonza Lorenzo, dont vous parlez en dormant quand vous faites la sieste sous le figuier !

Teresa : Quoi ! La fille du meunier du Toboso ? Elle ne doit pas le savoir que vous l’aimez. cette grosse rougeaude doit épouser le meunier dans un mois.

* Bucéphale( était le cheval d'Alexandre le Grand, fils du roi Philippe de Macédoine, Dont le prénom signifie d'ailleurs l'"ami des chevaux" en grec.)

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* Babieca,( durant trente ans fut le noble destrier du héros de la Reconquista espagnole, Rodrigo Diaz de Bivar, plus connu sous le nom de Cid

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Don : Silence, vilaine ! Cette noble demoiselle est contrainte à ce mariage. Son véritable nom est Dulcinée du Toboso. Son père la retient prisonnière dans la tour de son château. C’est à moi qu’il revient de la délivrer.

Catalina : Le voilà qu’il prend les moulins pour des châteaux !

Isabela : Mon oncle ! C’est pure folie que ce départ ! Vos livres vous ont tourné la tête. Mon mariage avec Thibault est compromis à cause de votre folie. Mon oncle, je vous en conjure, reprenez-vous. Ne partez pas ainsi, cela ruinera notre famille.

Don Quichotte se dirige vers la sortie, voyant que personne ne le retient, il se retourne :

Ne me retenez pas ! Car pour honorer la belle Dulcinée, je pars au secours de la veuve et de l’orphelin.

Il sort

Isabela : (pleurant) Grand Dieu, qu’allons-nous devenir, mon oncle est devenu fou. Nous voici ruinés, jamais je ne pourrai épouser mon tendre ami. Il ne me reste plus qu’à aller au couvent et prier qu’il n’arrive rien mon oncle bien-aimé.

Catalina : Allons, allons calmez-vous Isabela. Tout va s’arranger, vous verrez. Venez vous reposer dans votre chambre.

elles sortent

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SCENE 2 Teresa et Sancho

Teresa : Sancho ! Sancho ! Il a encore disparu ! Sancho ! Si c’est pas un malheur de rien faire toute la journée. Il est gras comme un cochon près à cuire. Sancho !

Ah ça par exemple, mais …

Arrive Sancho.

Teresa : Ah te voilà toi, fainéant ! Tu étais encore en train de dormir caché quelque part pour que je ne te trouve pas !

Sancho : Je réparais le puits.

Teresa : Ton maître te demande.

Sancho : Et qu’est-ce qu’il veut ?

Teresa : Il demande que tu ailles chercher son armure au grenier.

Sancho : Et quoi qu’il veut en faire de cette vieille ferraille ?

Teresa : Ce qu’il veut faire ne te regarde pas. Ah tu es bien comme ton âne, aussi stupide ! Fais ce qu’il demande et ne pose pas de question. Quand tu l’auras récupérée, tu la frotteras. Astique-la bien comme il faut pour qu’elle brille de tous ses éclats. Et ne t’endors pas dessus, au risque de savoir comment je m’appelle ! Ensuite, tu iras préparer notre bonne vieille jument et lui mettre une selle.

Sancho : Es-tu folle ? La pauvre bête s’écroulera rien qu’au poids de la selle. Tu veux donc la tuer ?

Teresa : Bougre d’âne, tu vas tâter du bâton si tu ne fais pas ce que je te dis. Tu es aussi bête que ton âne, tu n’es bon à rien, tout juste à brouter l’herbe de ton pré. Notre maître passe son temps à lire ; les terres qu’il possédait sont vendues les unes après les autres, le manoir est tout délabré ; il ne chasse plus, et le garde-manger est vide, triste à faire misère. Notre pauvre maître a perdu la raison, et toi, tu ferais mieux de ne la perdre la raison, sinon, je vais te la remettre en place ta cervelle. Tu as tes 12 enfants à nourrir! Ce n’est pas en te prélassant toute la journée que tu vas devenir Roi d’Espagne. Ah si c’est pas malheureux ! Allez ouste, j’ai à faire, laisse-moi passer, gros nigaud !

elle sort

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Sancho : Elle me laissera Donc jamais tranquille ! C’est pas une femme, ma femme, c’est une machine à querelle ! Quelle guigne que d’avoir tiré un tel lot ! C’est une furie tous les jours que fait le Bon Dieu ! Un âne, moi !

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SCENE 3 Sancho et Don Quichotte

entreDon Quichotte..

Sancho : Holà seigneur Quesada ! Vous m’avez fait demander, me voilà !

Don : Salut à toi brave Sancho Panza. Et appelle-moi Don Quichotte, Don Quichotte de la Mancha.. Il n’y a plus de Don Quesada.

Sancho : Comme il vous plaira, moi ça m’est bien égal : Quesada, Quichotte.

Don : Mon brave Sancho, je veux t’entretenir d’une affaire secrète. J’ai pour toi de grands desseins. Veux-tu devenir mon écuyer ?

Sancho : Votre écuyer ?

Don : Il faut avoir le courage de partir dans le monde. Dieu l’a fait grand pour les âmes courageuses.

Sancho : Votre Grâce se trompe de personne. Comment un simple laboureur pourrait-il devenir écuyer ?

Don : Je connais ta valeur et c’est pourquoi je t’ai choisi.

Sancho : Mais ma femme, mes enfants ? Je ne peux pas les abandonner.

Don : Homme simple ! Tu es comme ton âne !

Sancho : Comment !!??….. Ah , si c’est vrai. Ma femme m’a déjà dit que je ressemblais à mon âne et que je n’étais qu’une mule.

Don : Tu es attaché à ton sort comme un âne à son piquet. Mais dans ton pré, tu n’as plus rien à tondre et ta faim ne peut s’étancher.

Sancho : Euh ! Sauf votre respect, Seigneur, ça veut dire quoi ?

Don : Abandonne-le, suis-moi. Toi aussi tu as droit à la gloire. Si tu es mon serviteur, le serviteur du chevalier errant que je suis, ton nom restera dans l’histoire !

Sancho : Serviteur ? Chevalier errant ? Et moi aussi, il faudra que je erre alors ? Pas question, j’aime mieux brouter l’herbe de mon pré même s’il n’y a plus de charDon.

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Don : Comment pauvre homme ! Ne comprends-tu pas qu’arriver au bout de notre mission, tu auras les plus belles récompenses qui couronneront tes aventures ?

Tu deviendras gouverneur de la plus belle île de la terre, oui, toi !

Sancho : Gouverneur ?

Don : Absolument ! Et d’une manière que tu n’imagines même pas. Tu vas devenir gouverneur à vie.

Sancho : Gouverneur ?

Don : De quelque’île lointaine. Peut-être même d’un royaume.

Sancho : D’un royaume ?

Don : Hé oui. Il se peut qu’avant six jours je gagne un royaume et tu seras roi.

Sancho : Roi ?

Don : Roi !

Sancho : Mais alors, si je suis roi, ma mégère deviendra reine et mes enfants, infants.

Don : Qui en doute ?

Sancho : Moi ! Car quand bien même il pleuvrait des couronnes, aucune n’irait sur la tête de ma femme. Comme reine, elle ne vaudrait pas un clou. Comtesse, je dis pas… et encore, avec l’aide de Dieu !

Don : Eh bien laisses-en le soin à Dieu. Aies de l’ambition mon garçon.

Sancho : Comptez sur moi, mon seigneur. Surtout en ayant un si bon et si puissant maître que vous. Vous saurez m’attribuer la charge que mes épaules peuvent porter.

Don : Bien parlé. Viens, aide-moi à retrouver ma Rossinante.

Il monte sur le dos de Sancho, qui faiblit, en sortant :

Sancho : La charge que mes épaules peuvent porter, tu parles ! Je ne sais pas si j’ai bien fait d’accepter !

ils sortent.

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SCENE 4 Félicia, Conchita , Paloma, Moine Manuel, Moine Luis, Guibal, Va-nu-pied, Petitbras,

Don Quichotte, Sancho Panza

Félicia : Encore une journée de labeur ! Quand pourrons-nous nous reposer un peu ?

Paloma : Eh ! Ma belle ! Mets un petit sourire sur ton beau minois, tu vas te rider avant l’heure.

Félicia : Comment fais-tu pour être toujours de bonne humeur ?

Conchita : Et pourquoi la vie ne serait-elle pas belle ? Il fait beau, on a du travail…

Paloma : AH ça ! le travail, ça ne manque pas.

Conchita : Justement, pense aux pauvres gens qui n’en ont pas et qui vivent avec presque rien. Ici, nous avons à manger, on a un toit où dormir et …il y a de beaux garçons ! Ce qui ne gâte rien !

Paloma : Sapristi ! Conchita , tu penses toujours à t’amuser.

Conchita : Il n’y a pas de mal et je fais ma part de travail.

Félicia : Allez, on y met un coup, ensuite on ira manger, il y a un gros poulet sur la broche que l’aubergiste fait cuire. Je sens d’ici les bonnes odeurs.

Elles chantent : Refrain Tant qu'y aura du linge à laver On boira de la manzanilla Tant qu'y aura du linge à laver Des hommes on pourra se passer Et tape et tape et tape avec ton battoir Et tape et tape tu dormiras mieux ce soir.

Arrivent les deux moines

Moine Luis : Pardon demoiselles, connaissez-vous une auberge où nous pourrions nous reposer un peu, nous avons fait une longue route.

Moine Manuel : Une bien longue route, en effet mon frère.

Paloma : Vous ne pouvez pas mieux tomber.

Conchita : Ici, vous serez au calme et vous vous reposerez le mieux du monde.

Moine Manuel : Pourra-t-on manger un petit quelque chose, grand faim nous avons.

Moine Luis : Oh oui ! La faim nous tiraille, tu as bien raison mon frère.

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Félicia : de bons gros poulets sont à la broche, ne sentez-vous pas la bonne odeur qui vient jusqu’à nous ?

Les deux moines : Ci fait, ci fait

Moine Luis : Allons-y mon frère

Moine Manuel : Je te suis, mon frère.

Ils sortent.

Félicia : Vite, dépêchons-nous avant que ces deux là, ne mangent tout.

Elles chantent : Refrain Tant qu'y aura du linge à laver On boira de la manzanilla Tant qu'y aura du linge à laver Des hommes on pourra se passer Et tape et tape et tape avec ton battoir Et tape et tape tu dormiras mieux ce soir.

Arrivent Guibal, Va-nu-pieds et Petitbras : JEU à trouver.

Guibal : Eh les amis, connaissez-vous des lavandières, comme il y en a en Espagna Surtout celles de la rivière dans la région de Catalogna

Va-nu-pieds : Ce n'est vraiment pas des lavoirs, où elles lavent mais des volières Il faut les entendre et les voir, rythmer leurs chants de leurs battoirs.

Les filles chantent : Refrain

Guibal: Quand un homme s'approche d'elles, surtout s'il est jeune et bien fait Aussitôt un large sourire de leur petit minois au teint frais

Va-nu-pieds :Oui mais si c'est un va-nu-pieds, ou bien même quelque vieil hidalgo Elles s'amusent à le mouiller en chantant d'une voix égayée.

Les filles chantent : Refrain

Petitbras : Le soir venu les lavandières s'en vont avec leur linge blanc Il faut voir leurs silhouettes fières se détacher dans le couchant Sur leur tête leur panier posé, telles des déesses antiques On entend doucement s'éloigner leur refrain et leurs pas feutrés.

Les filles chantent le Refrain en sortant… seules Félicia, Paloma et Conchita reviennent sur leurs pas.

Félicia : Oh les filles, regardez par-là ! Qui est-ce ?

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Conchita : Tu les connais Félicia ?

Félicia : Pas du tout. Ca m’a l’air d’être deux étrangers, et toi Paloma, tu les connais ?

Paloma : Ce sont les voyageurs dont parlait Bicou le chevrier. Ils sont assez bizarres, si j’en crois ses dires.

Conchita : Par ma foi, le plus grand est bien maigre, mais il a belle allure. L’autre me plairait d’avantage.

Elle contrefait la raideur de Don Quichotte.

Paloma : Tu es incorrigible Conchita ! Arrête de te moquer tout le temps !

Elle s’éloignent

Don : Ola ! Belles dames ! Ne fuyez pas, nobles demoiselles ! Vous n’avez rien à craindre. Auriez-vous l’extrême obligeance de m’indiquer le chemin de Toboso ?

Félicia : Toboso ? Monseigneur ?

Conchita : Je connais Toledo, Tolossa, mais Toboso, je ne connais point.

Paloma : N’êtes-vous point ce fameux chevalier qui parcourt le pays et fait justice partout ?

Félicia : Mais, monseigneur, si vous daignez nous parler, nous serions aise de vous renseigner.

Ils parlent ensemble puis Don Quichotte et Sancho sortent. Les trois filles rient sous cape puis toutes les trois vont imiter Don Quichotte ou Sancho Panza.

Conchita : Ah ! Nobles dames, ma modestie m’autorise seulement à vous répondre que ma réputation me fâche.

Paloma : Je ne suis que l’humble serviteur du code de la chevalerie. Ma gloire ne saurait prétendre rivaliser avec la beauté de votre regard, de votre grâce.

Félicia : N’êtes-vous pas Duchesse ou marquise ?

Paloma : Princesse, cela va s’en dire. Revenant elle-même : Ma parole, il est fada ou il est aveugle !

Conchita : N’empêche que ça fait quelque chose d’entendre parler de moi comme ça ! Duchesse, princesse !

Elle sortent en riant et chantant le refrain.

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SCENE 5 Guibal ; Va-nu-pieds ; Petitbras, Moine Manuel ;Moine Luis

Guibal : Pas mal ces petites lavandières !

Petitbras : Ah oui, de belles petites bonnes femmes.

Va-nu-pieds : Pas si gentilles que ça ! Elles ont refusé de nous servir. Et sans compter avec ces deux moines qui leur ont porté mains fortes pour nous battasser.

Guibal : J’en ai marre ! J’ai faim ! J’en ai marre de l’armée, on nous a enrôlés de force. J’ai failli me faire ébouillanter par l’huile bouillante que les soldats jetaient par-dessus les remparts. J’aurais pu être défiguré. En plus, je suis tombé de l’échelle quand on s’est enfui et je me suis fait mal. Dites compagnons, est-ce que j’ai des cicatrices ?

Petitbras : Trois fois rien, comparse ! Ton nez a triplé de volume, tu as aussi une cicatrice qui sépare ton visage en deux et ta tête ressemble à une baudruche.

Guibal : Quoi ? T’appelles ça trois fois rien !

Va-nu-pieds: Arrête, pleurnichard, t’as rien. De toutes façons, avec ou sans cicatrice, tu épouvantes tout le monde, on n’a même pas besoin de poignard pour délester les gentes dames de quelques piécettes sonnantes et trébuchantes. D’accord, on nous a forcés à rentrer dans l’armée, moi comme cantonnière et vous comme chair à canon ; pour les intérêts des riches, mais c’était ça, sinon les galères. Maintenant qu’on s’est échappé de cet enfer, on va pouvoir reprendre notre boulot.

Petitbras : Ecoute Va-nu-pieds, tes idées vont nous mener tout droit aux galères, alors grand merci pour moi.

Va-nu-pieds: Et tu veux faire quoi Petitbras ? Notre travail c’est le vol, l’escroquerie. De toutes façons tu es recherché par les soldats du roi, alors…

Guibal : Moi j’vous l’dis, le mieux c’est de mendier, on ne risque rien et on gagne gros. On se fait passer pour des aveugles et à nous la bonne souplette !

Petitbras : Là je suis d’accord avec Guibal. Je me repends, je deviens mendiant, je ne veux être un voleur et je me remplis les poches. Ah ! ah !C’est pareil que les riches, on escroque les gens

Guibal : Oui, sauf que les pauvres bougres donnent parce qu’ils le veulent bien, par charité. On ne fait rien de mal.

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Va-nu-pieds: Tu iras expliquer ça aux soldats quand ils viendront t’arrêter. C’est moi le chef et tu m’obéis ! …Mais ton idée ’est peut être trop stupide, on va essayer bien que je préfère rester bandit de grands chemins.

Petibras : Bougre d’animal sans cervelle, on est des bandits de grands chemins, c’est jute pour amadouer les riches pour bien les dépecer. On fait un essai.

Les trois (fermant les yeux) La charité ! La charité ! Ils se cognent Aïe ! tous criant Guibal : Imbécile,

Va-nu-pieds: Manant,

Petitbras : Bon à rien

Arrivent 2 moines

Petitbras : Regardez, voilà deux moines, ils sont crédules en général, ils croient tout ce qu’on leur dit et ce qu’ils voient. Allez les gars, au boulot, pensez aux pesetas qu’on va recevoir.

Guibal : Hé ! ce sont les moines qui nous ont rossés à l’auberge.

Va-nu-pieds : Eh bien, c’est le moment d’essayer ton plan.

Les trois : La charité ! La charité !

Guibal : Nous sommes plus pauvres que les pauvres car pauvre qui ne voit mie est plus pauvre que tout.

Va-nu-pieds: Pitié, j’ai 15 enfants et un mari estropié qui ne peut plus travailler.

Moine Luis : Regarde mon frère, ces pauvres malheureux que la vie a bien martyrisés.

Moine Manuel : Tu as raison, mon frère, allons à leur rencontre car personne ne les guide dans la lumière

Moine Luis : Tu as raison, mon frère, mais Dieu veille et les prendra sous son aile au moment voulu.

Les trois : La charité ! La charité !

Les moines donnent des pièces.

Moine Luis : Voici quelques besants, mes bons amis et que Dieu vous garde

Moine Manuel : Faites en bon usage, manger mais ne gaspillez pas vos pièces d’or à l’ivrognerie

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Va-nu-pieds : Dieu vous en récompensera

Guibal : Et la sainte croix

Petitbras : C’est une très bonne aumône.

Les moines s’éloignent lentement et sortent

Guibal : Ces moines ne se sont pas moqués de nous et nous voilà riches pour un temps. Je sais ce qu’on va en faire de ces belles pièces d’or. Nous allons retourner à l’auberge où il y a avait ce fou de chevalier

Petitbras : Et ce méchant aubergiste qui n’a pas voulu de nous va nous servir sans Discourir maintenant, il ne pourra plus refuser et nous allons nous en mettre plein la panse.

Va-nu-pieds: Oh oui ! Crénon ! Il y a si longtemps que l’on n’a pu s’offrir du plaisir. A nous le festin de roi !

Les trois (chantant) : A nous les pigeons bien ronds Les poulardes, et les cygnes Les sangliers et les cochons Dieu nous a fait un signe A nous le bon vin nouveau Qui coule à flots dans les tonneaux

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SCENE 6

Isabella, Catalina, 2 paysans, Teresa

Catalina : Voyons ma petite demoiselle, séchez ses larmes. Votre oncle est parti, mais il est accompagné de Sancho Panza qui est un fainéant, mais un bon stratège. Il évitera bien des mésaventures à votre parent.

Isabela : Tu as bien raison ma bonne Catalina et je n’ai pas le droit de me lamenter alors qu’il y a de par ce monde, des millions de personnes qui souffrent de la faim, et de la guerre.

Et notre pauvre Teresa se retrouve seule à élever ses douze petits. Je vais prendre les choses en main et diriger ce manoir en mains de maître. Après tout, il m’appartient puisqu’il appartenait à mon père. Je ne vais pas dilapider mon bien à cause des extravagances de mon oncle.

Appelle les domestiques.

Catalina : Ah bien parlé, Mademoiselle ! Je retrouve là, la jeune fille que je connais.

Isabela : Et je vais prouver aux parents de Felipe que je suis capable de diriger une maison, ainsi ils ne pourront plus refuser mon mariage avec leur fils.

Catalina : Je cours chercher notre monde. elle sort

Isabela : Felipe, mon tendre ami, je te promets que nous serons bientôt réunis. J’en ai fini de rêvasser avec ces livres. Il faut maintenant que je montre de quoi je suis capable. Une femme ne doit pas rester dans l’ombre de son mari. Mes tendres parents m’ont permis d’étudier, et je dois me servir de cette éducation. Je vais aider cette pauvre Teresa qui doit travailler pour nourrir ses enfants. Ouvrir une école pour les enfants des villageois, ils sont l’avenir. Ils ont bien le droit d’apprendre eux aussi, il n’y a pas que des privilégiés sur terre. Mais tout d’abord, réorganisons le travail dans cette demeure.

Catalina :Revenant avec les domestiques et Teresa Voici les domestiques et paysans.

Isabela : Mes amis, vous savez que depuis quelques temps mon oncle ne s’occupe plus du domaine. J’ai décidé de reprendre les choses en main.

Tous : Bravo Mademoiselle.

Paysanne 1 : Les champs sont à l’abandon, il faut re-semer mais pour ça, on a besoin de grain et d’une bonne charrue, celle du domaine est hors d’usage. Il faudrait la

réparer. Mais nous n’avons plus le sous, et mon mari est malade.

Isabela : Bien, qu’as-tu besoin pour la remettre en état ?

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Paysanne 1 : Aux dires de mon époux, une bonne barre de fer travaillée par le forgeron pour refaçonner la tige centrale et l’axe de rotation, ça pourrait faire l’affaire..

Isabela : Porte ta charrue au forgeron, dis-lui que je le payerai dès le travail terminé. Et je vais faire quérir le docteur pour ton mari malade.

Teresa : Il me reste du blé dans la grange, mon coquin de Sancho avait caché pour en tirer de l’alcool. Je vous le donne.

Paysanne 1 : Merci Teresa. Et fasse que Sancho revienne sain et sauf.

Paysanne 2 : Mademoiselle, la charrue ne peut être tirée que par un bon cheval bien ferré, Pâtisson est un bon cheval, mais il boîte d’une patte, il ne peut pas marcher, il souffre trop. Le travail de labour est dur et pénible. Ca va le blesser d’avantage.

Isabela : Amène ton brave cheval au forgeron en même temps que la charrue et fais la

ferrer. Cette pauvre bête a bien besoin de soins. Quoi d’autre ?

Tous : ils parlent ensemble dans une cacophonie énorme Il manque du pain, nous n’avons plus d’avoine, il faut des battoirs, et encore des graines pour semer…

Catalina : Olà ! Olà ! Taisez-vous Donc, bande de piailleurs ! Allez donc travailler !

Isabela : Mes amis, unissons notre effort, travaillons en commun et la joie de vivre reviendra dans cette maison, j’en fais le serment.

Teresa, je m’occuperai moi-même de l’éducation de tes petits. Tous les matins, ils viendront avec tous les enfants du village, dans la grande salle et je leur apprendrai à lire, écrire et compter.

Teresa : Oh mille fois mercis Mademoiselle Isabela. Ainsi, ils pourront mieux se défendre auprès de leur futur patron.

Isabela : Et que tout le monde se mette au travail.

Paysanne 2 : Vous verrez Mademoiselle, comment nous allons travailler dur. Vous serez fière de nous ! Et le château sera le plus beau du royaume, les champs les mieux cultivés et les plus rentables de tout le pays.

Tous : (en sortant) Vive Mademoiselle Isabela ! Vive Mademoiselle Isabela

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SCENE 7 Va-nu-pieds, Guibal, Petitbras, Félicia, Conchita ; Paloma

Les lavandières chantent, Va-nu-pieds, Guibal et Petitbras arrivent

Guibal : Bonjour belles demoiselles. Pourriez-vous nous indiquer une auberge, celle-ci ne nous convient pas.

Conchita : Diable ! Encore vous ! Dans cette auberge, il faut sortir les belles pièces d’or si on veut manger.

Félicia : Avec des habits pareils, aucune auberge ne voudra de vous.

Guibal : Ne faites pas attention à nos méchants habits. Nous avons du bel argent et nous souhaitons être respectés et servis comme de vrais gentilshommes.

Paloma : Ma foi, si vous avez de quoi payer, allez donc ici, on sert les meilleurs gigots et le vin vient tout droit de nos vignes.

Petitbras : Nous ne voulons pas aller dans cette auberge.

Paloma : Et pourquoi donc, messires !

Va-nu-pied : Il y a là un bien mauvais aubergiste.

Guibal (se frottant les fesses) On se souvient un peu trop de son accueil. Nos fessiers sont encore tout meurtri

Félicia : L’aubergiste est parti avec ce chevalier et son serviteur pour soigner sa pauvre bête à qui il manquait un fer.

Guibal : Alors qui va donc pouvoir nous servir ?

Paloma : Eh bien, nous on peut laisser notre lessive et vous servir comme des seigneurs, si vous nous montrer votre argent.

Ils sortent l’argent. les filles veulent s ‘en apparairent…

Les 3 galériens : Holà, pas touch !

Félicia : J’ai déjà vu de plus pauvres hères sortir des pesetas si brillantes. Messeigneurs, il n’y a pas dans cette auberge un seul morceau de pain que vous ne puissiez avoir.

Va-nu-pied : ce n’est pas du pain que l’on veut, mais des poulardes bien poivrées,

Petitbras : Du sanglier bien rôti et tendre

Guibal : Et du vin à boire jusqu’à plus soif ! Hâtez-vous, la faim nous tiraille.

Va-nu-pied : Nous grouille

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Petitbras : nous gargouille

Guibal : As Table, les amis! Femmes, servez-nous !

Conchita : Si fait, si fait ! On s’en occupe sans plus attendre.

Paloma : ( à part aux autres filles) : je me demande bien comment ils ont eu cet argent.

Guibal : Alors ça vient ?!

Les3 filles : Voilà, voilà !

Paloma : Pour sûr, ce sont des voleurs !

Félicia : Au diable comment ils ont eu cet argent, ils peuvent payer. Nous les servons, ça arrangera bien nos affaires. Les temps sont durs en ce moment avec tous ces impôts qui nous tombent dessus.

MUSIQUE et jeu de passer les denrées. Stop musique : les trois gars sont affalés par terre, ronflant. Les trois filles, donnant des

coups de pieds pour les réveiller

Toutes les trois : Debout fainéants ! Debout, vous devez nous payer.

Guibal : Hein ? Quoi ? Vous payez ? Ah ! tu l’entends Petibras ?

Petitbras : Sachez mesdemoiselles, que l’on ne paye jamais rien, on a plutôt tendance à voler.

Va-nu-pied : Et même plus que ça ! On peut tuer.

Les trois filles ; Vous payerez !

Elles se jettent sur eux et les attachent avec leurs draps.

Paloma : Et maintenant, messieurs les seigneurs, donnez votre argent.

Conchita : Et plus vite que ça, sinon je vais faire chercher le chevalier errant, Don Quichotte.

Les trois gars : Pitié, pas ce fou ! On paie

Ils donnent leur bourse

Félicia (les détachant) : partez et qu’on ne vous revoit plus par ici.

Ils partent en courant. Paloma : Pourquoi tu les as laissés partir ?

Félicia : Je suis sûre qu’ils ne recommenceront plus

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Conchita : Je n’en suis pas si sûre, et on a intérêt à être prudentes car ces trois là me paraissent très dangereux.

Les trois : On tout cas, on les a eus ! Elles sortent en emportant leur bassine et en chantant

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SCENE 8 Petitbras ; Va-nu-pieds ; Guibal ; Henrica ; Osana ; Moine Manuel ; Moine Luis

Guibal : Ouf ! On l’a échappé belle ! De vraies furies ces filles !

Va-nu-pied : Et en plus, on n’a plus d’argent, il va falloir se remettre en quête

Petitbras Pas tout de suite, nous avons bien trop mangé, je me sens un peu lourd, une petite sieste ne serait pas de refus

Va-nu-pied : (menaçant) Tu te reposeras quand je le dirai

Petitbras : J’ai envie de me reposer, je me repose !

Va-nu-pieds: Tu reposeras quand je l’aurai décidé, compris ?

Petitbras : Et pourquoi donc ?

Va-nu-pieds : Parce que je suis le chef.

Petitbras : Et depuis quand ?

Va-nu-pieds: Depuis que je l’ai décidé, et tu n’as rien à redire. Je suis le chef, c’est tout !

Arrivent Henrica et Osana

Guibal : Regardez mes compagnons ! Voyez-vous ce que je vois ?

Va-nu-pieds : Tiens, tiens, tiens, Voilà du beau monde, on va faire des affaires en or.

Ils s’approchent des jeunes filles

Les trois : La charité ! La charité !

Guibal : Nous sommes plus pauvres que les pauvres car pauvre qui ne voit mie est plus pauvre que tout.

Va-nu-pieds: J’ai 15 enfants et un mari estropié qui ne peut plus travailler.

Petibras : Nous ne sommes perdus et avons faim et grand soif, par pitié.

Henrica : Que ce passe t-il Osana J’ai entendu gémir? Oh grand Dieu ! De pauvres aveugles. Osana, donne-leur quelques pièces

Osana : Madame, je ne suis pas si sûre que ce soit de pauvres créatures, méfiez-vous.

Henrica : Allons Osana, ne vois-tu pas leur désarroi ? Ils ont l’air si tristes, si malheureux. Approchez mes braves, approchez, n’ayez pas peur, nous ne vous

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ferons aucun mal. Nous sommes de simples voyageuses qui vont par les chemins retrouver notre tendre famille.

Dis-moi, toi, comment te nommes tu ?

Va-nu-pieds : On me nomme déshérité, par le malheur qui arriva à ma mère lors de ma naissance.

Henrica : Qu’est-ce à dire ? Explique-toi plus clairement

Va-nu-pieds : Eh bien lorsque je mis le nez hors du ventre de ma pauvre mère, Dieu est son âme ! un vent diabolique s’abattu sur notre chaumière et ma toute ma famille périt et je me retrouva sans nom ni héritage voilà l’explication de ma misérable vie.

Henrica : Mon ami, je suis bien triste pour toi.

Osana : (en aparté à Henrica) Madame, je ne crois pas un moindre mot de son histoire.

Henrica : Et toi, mon ami, raconte-moi ce qui t’est arrivé

Guibal : Eh bien moi, noble dame, j’ai bien du chagrin. J’ai perdu ma femme, mes enfants, mon chien et mon chat. J’ai du me débrouiller tout seul en faisant des menus travaux, comme m’occuper des paniers à linge des belles dames comme vous.

Henrica : J’espère que tu retrouveras des paniers à transporter.

Osana : Pour sûr qu’il en retrouvera, mais pas pour le travail, c’est qu’il les vole, Madame.

Henrica : Et toi, qu’as-tu à me raconter ?

Petitbras : Ah Madame, pour moi ce fut une horrible journée ! Un malappris voulut me défaire de mon bien, une bataille s’en suivit et par malheur le poignard de ce truand le transperça de haut en bas.

Osana : Attention, maîtresse, celui-ci j’en suis sûre est un dangereux bandit prêt à vous tuer.

Les trois : La charité, belle dame, la charité. Pour un aveugle qui vit dans la nuit.

Henrica : Passez votre chemin, coquins ! Croyez-vous que je suis dupe de vos manigances ! Vous êtes autant aveugles que je suis maréchal de l’armée du Roi. Arrière, n’approchez pas ou vous aurez affaire à moi !

Osana : Et à moi aussi !

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Arrivent les deux moines :

Moine Manuel : Ne vois-tu pas nos trois pauvres aveugles rencontrés il y a quelques temps, mon frère ?

Moine Luis : En effet, mon frère, il me semble que ce soit eux.

Moine Manuel : il semble qu’ils aient recouvré la vue, mon frère.

Moine Luis : En effet, mon frère, le seigneur nous a entendus dans nos prières. Allé Louhia !

Osana et Henrica se battent avec les 3 comparses.

Henrica : Tu ne me fais pas peur, coquin, tiens prends ça !

Osana : Et toi, fripouille, attrape ça et ça !

Moine Manuel : Ne vois-tu pas des dames en grande difficulté, mon frère ?

Moine Luis : En effet, mon frère, je pense qu’il temps de leur venir en aide.

Les moines retroussent leur soutane et s’élancent en criant

Les deux moines : Arrière, Mécréants !

S’ensuit une bagarre générale. Les bandits s’échappent.

Henrica : Je vous remercie mon père de votre intervention

Osana : Grand Dieu, ces trois là n’iront pas loin. Nous allons les signaler aux soldats du Roi. Ils sont diablement dangereux.

Moine Manuel : Mesdames, si vous nous le permettez, nous ferons un brin de chemin avec vous, quand penses-tu mon frère ?

Moine Luis : Eh bien, mon frère, ton idée me semble très sage. Nous accompagnerons ces jeunes dames.

Henrica : Je vous en serai grès mes pères. Votre compagnie sera fort utile pour nos vies et nos âmes.

Moine Luis : Ce sera un honneur, Madame de vous conduire, mais cela coûtera quelques deniers, n’est-ce pas mon frère ?

Moine Manuel :Quelques petits deniers, Madame, pour vous secourir, c’est cela mon frère.

Osana : Par le Diable, qu’est-ce ces moines qui demandent de l’argent pour aider de pauvres femmes sans défense ?

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Moine Manuel : N’ayez crainte, ma fille Dieu vous le rendra, es-tu d’accord mon frère ?

Moine Luis : C’est vrai, mon frère, Dieu a un grand cœur ma fille, il vous le rendra

Osana : Par toutes les cornes de l’enfer, je n’ai pas besoin de votre aide, je suis bien capable de me défendre et de défendre ma maîtresse. Vous pouvez cheminer avec nous, les hommes d’église sont les bienvenus, mais ne comptez pas trop sur notre argent.

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SCENE 9 Don Quichotte, Sancho, Moine Luis, Moine Manuel, Henrica , Osana, les 2 soldats

Ils s’éloignent en chantant un cantique

Don : Si je ne me trompe, nous tenons là la plus fameuse aventure qui se soit jamais vue. Vois-tu ces masses noires, juchées sur des dromadaires, Sancho ? Eh bien, ce sont sans nul doute des enchanteurs.

Sancho : Des dromadaires ? Où votre Seigneurie voit-elle des dromadaires ? Je ne vois que des mules.

Don : Tais-toi Sancho. Tu ne sais de quoi tu parles. Ces enchanteurs juchés sur des DROMADAIRES emmènent dans ce carrosse une princesse qu’ils ont enlevée. C’est là un tord que je dois redresser de toute ma puissance.

Sancho : Ouh là là, mon maître, prenez garde. ! Je vous jure que ce sont des moines de Saint-Benoît, et les autres de simples voyageurs. C’est le Malin qui vous abuse.

Don : Tu n’y connais rien en matière d’aventure. Gens de l’autre monde, gens diaboliques, je vous somme de libérer immédiatement la noble princesse que vous enlevez et séquestré dans ce carrosse. Sinon, préparez-vous à recevoir prompte mort comme juste châtiment de vos méfaits !

Moine Manuel : Seigneur chevalier, nous ne sommes ni diaboliques, ni des créatures de l’autre monde mais seulement des pèlerins faisant le chemin de Saint Jacques de Compostelle.

Moine Luis : Oui, nous suivons notre chemin. Nous sommes humbles et ne demandons rien à personne.

Don : Ne cherchez pas à m’abuser de belles paroles, viles canailles !

Moine Manuel : Calmez-vous mon frère, ce sont là des paroles de querelle que je n’entends pas.

Moine Luis : Paix mon frère, passe ton chemin et laisse-nous suivre le nôtre. Ou viens avec nous, traverser le pays pour te repentir de tes méfaits.

Don Quichotte se jette sur Moine Luis, lance en avant. Celui-ci se jette à terre et l’évite de peu. Le valet se précipite sur Don Quichotte.

Henrica : Osana, que se passe –t-il ? Qui sont ces gens ?

Osana : Je ne sais pas Madame Henrica, mais ils semblent complètement déchaînés.

Moine Luis : Il est complètement fou, au secours !

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Henrica : Osana !! Vole au secours de ces pauvres moines qui n’ont pas l’air très gaillards ! Eux qui voulu nous protéger ! Fais attention à toi!

Osana : Ah ! ça ! Ils vont me le payer ! Ce gaillard n’ira pas loin ! A l’attaque ! Elle est jetée à terre par Don Quichotte. Se relève et court vers Sancho Panza

Le Moine Manuel essaie de s’enfuir. Sancho Panza se rue sur lui et se met à le déshabiller

Moine Manuel : Arrêtez, mécréant, arrêtez Donc !

Osana : Pourquoi déshabillez-vous ce pauvre moine ?

Sancho : (serrant le capuchon dans ses mains) :Il est à moi ! Il est à moi ! C’est le butin de la bataille que mon maître a gagnée.

Osana : Rends-moi ça, maraud, voleur ! Tu ne vois pas que c’est un moine de notre très Sainte église catholique que tu dépouilles ? Ah ! la belle bataille, en vérité ! Prends ça, et ça ! Et encore ça ! Te voilà riche à présent !

Le Moine Luis se relève et va vers son compagnon.

Moine Luis : Mon frère, es-tu blessé ?

Moine Manuel : Je ne le crois pas, mon frère.

Moine Luis : Etes-vous fou ? Ne savez-vous pas qu ‘il faut faire la charité, au nom de Dieu ? Car Dieu rend le double à ceux qui donnent de bon cœur.

Moine Manuel : Qui, au nom de Dieu, donne à bon escient, Dieu te le fait multiplier. Nul ne doit voler.

Osana : Que cela te serve de leçon et demande à ton maître, ce chevalier un peu frappé de la

cervelle de se tenir tranquille s’il ne veut pas tâter de mon bâton.

Don : Vous ne craignez plus rien, Madame. Voyez vos ravisseurs gisant dans la poussière, abattus par ce bras redoutable. Il faut que vous sachiez que celui à qui vous devez votre liberté n’est autre que Don Quichotte de la Mancha, au service de la noble Dulcinée du Toboso. et de lui rapporter avec quelle vaillance j’ai oeuvré.

Henrica : Mais enfin, Monsieur, de quels ravisseurs parlez-vous ? Je n’entends que pouic à tout votre verbiage. Et qu’irai-je faire à Toboso ? Je ne sais même pas où cela se trouve..

Osana : Laissez cette jeune dame tranquille. Elle va pour rejoindre son tendre époux., et n’a point besoin de votre « Vaillance » qui n’a fait que semait le trouble. Nous ne sommes que de « Pauvres petites femmes » mais tout fait capables de nous défendre…. A bon entendeur !

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Henrica : Monsieur le chevalier, de grâce, ayez pitié de nous Je promets, je promets de me rendre au village de Toboso. Tout ce que vous voudrez.

Don : Eh bien, en noble chevalier errant, j’y consens.

Osana Monsieur le chevalier, merci de votre magnanimité.

Sancho : (s’agenouillant devant Don Quichotte) :Que votre Grâce, Mon bon Seigneur Don Quichotte, veuille bien me Donner le gouvernement de l’île que vous avez gagnée dans cette formidable bataille car je me sens de force à gouverner des îles en ce monde. Cette aventure est bien suffisante et j’en ai assez des côtes cassées. Je ne tiens pas à me faire couper une oreille. Je me contenterai de cette petite île, si s’en est une, je veux bien être gouverneur de ce bout de terrain. Je tiens trop à mes deux oreilles !

Don : Arrête là ! Tu ne connais pas la valeur de la chevalerie. D’autres aventures nous attendent ! je dois veillais sur la veuve et l’orphelin et remporter mille victoires pour ma Dulcinée qui m’attend

Sancho : Et moi, c’est Teresa qui m’attend, et si je ne reviens pas gouverneur ou roi de quelques îles… je crains pour mon….(se frottant les fesses)

Ils sortent

Osana: Voilà un chevalier des plus étonnants. Pauvre bougre, je crois qu’il prend des vessies pour des lanternes.

Henrica : J’ai eu si peur ! Est-ce possible d’être aussi fou ? Ah là là ! Que d’émotions, que d’émotions. je me sens si faible, soutenez-moi ! Je sens que je m’écroule ! Attention, je m’écroule !

elle s’écroule

Henrica : Ca y est, je me suis écroulée !

Moine Luis : Vite, des sels, de l’eau, du vin…

Moine Manuel : Mais non, il faut lui donner des baffes, j’ai vu ça dans un livre.

Henrica : Ah non, pas de baffes !

elle s’écroule à nouveau

Osana: Retirez-vous donc, il lui faut de l’air pour que le sang remonte à la tête

Moine Manuel : Mon frère, vite une saignée, il faut faire sortir le sang, beaucoup de sang bien rouge, bien chaud, bien globuleux. Muummm ! Mais cela coûtera quelques deniers

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Moine Luis : Calmez-vous mon frère, Dame Henrica nous a quittés. Regardez ce petit nuage blanc, si fin, si mignon. Il ressemble à un joli petit nounours ; c’est son âme qui s’envole au firmament. Prions, mes frères, prions. mais cela coûtera quelques deniers.

Osana (se lamentant) :Quel malheur, hélas ! Quel malheur ! Notre petite dame, à peine mariée, si jeune, si pleine de vie. Quel malheur ! Elle qui était la joie de vivre.

Cantique : Les deux moines (chantant) :Quirillé é é, priez ez ez. Par ici les deniers. ect…

[email protected]

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Henrica : Non mais ça ne va pas, non !? Je ne suis pas encore morte. Juste un étourdissement. Voilà bien de bons moines qui ne se soucient que de l’âme sans penser aux personnes. Continuez à prier pour les gens si cela vous convient. Mais pour ce qui est d’aider les pauvres jeunes dames en détresse, vous n’êtes guère efficaces.

Osana : Allons, les bons moines, passez votre chemin, et nous vous souhaitons bonne route jusqu’à Compostelle.

Moine Luis : Au revoir Mesdames. Partons ,mon frère, nous ne sommes plus d’utilité.

Moine Manuel : Au revoir, gentes dames, tu as raison mon frère, continuons notre chemin en solitaire.

Les deux moines (sortant en chantant) : Quirillé, perdu notre monnaie !

Osana : Passons par ce chemin pour regagner votre demeure, votre époux vous attend avec impatience et doit être inquiet de vous savoir sur les routes fréquentées par des bandits.

Arrivent 2 soldats

Soldat 2 : Bien le bonjour Mesdames, nous patrouillons dans les bois car nous avons entendu parler de 3 brigands qui se sont échappés de l’armée, de dangereux personnages

Soldat 1 : Les auriez-vous vu par hasard ?

Henrica : Oui, ils mendiaient, se faisant passer pour des aveugles.

Osana : On a rencontré aussi deux moines qui sont à leur façon des coquins car ils demandent de l’argent pour la moindre petite chose.

Soldat 1 : Vous ne pouvez guère compter sur des personnes d’église pour vous défendre, il y a les soldats du Roi et nous faisons partie de l’armée de sa Majesté Charles Quint.

Soldat 2 : Il rôde aussi un homme qui se fait appeler Chevalier Don Quichotte de la Mancha. Il n’est pas dangereux, c’est un simple illuminé. Prenez garde, si vous le rencontrer, car il vous raconte un peu n’importe quoi.

Soldat 1 : Soyez prudents, jeunes damoiselles. Nous vous promettons de capturer ces bandits de grands chemins.

Soldat 2 : La loi, nous la ferons appliquer et personne ne troublera plus les routes de nos contrées.

Les deux soldats : Allons gardes du roi, marchons La victoire est pour nous, cherchons Jamais les truands ne feront la loi Ils devront d’abord nous passer dessus.

Henrica et Osana : Regardez, les voilà !

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Les soldats : Su aux bandits, à l’attaque !

Les soldats partent en courant, Henrica et Osana sortent côté opposé.

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SCENE 10 Catalina, Teresa, Isabela

Isabela : Je suis très inquiète au sujet de mon oncle. J’ai ouï dire des choses terrifiantes à leur sujet, qui me font trembler.

Catalina : De bien curieux récits, en effet, circulent dans tout le pays. Pauvre Monsieur et pauvre Sancho !

Teresa : Les enfants posent beaucoup de questions sur leur père, je ne sais plus que leur raconter.

Isabela : Ecoutez toutes les deux, la maison est maintenant remise en bonne marche. Tout le monde s’est remis au travail. Les greniers sont à nouveau remplis de blé. Il est grand temps que vous partiez pour savoir ce qui se passe réellement. Partez vite…et rapportez-moi tout ce que vous savez, sans rien me cacher.

Teresa : Mon pauvre Sancho ! Mon pauvre Sancho ! Ah mais il ne perd rien pour attendre. Attends que je le retrouve ! Il va savoir comment je m’appelle : Teresa Panza, femme de Sancho Panza !

Isabela Soyez prudentes, j’attends de vos nouvelles au plus vite !

Catalina et Tersa : Nous partons ! A nous l’aventure !

Elles sortent.

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SCENE 11 MOULINS à Vents Don Quichotte, Sancho Panza, les moulins

Jeu visuel

A la fin, passage de Catalina et Teresa.

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SCENE 12 Don Quichotte, Sancho, les 3 galériens, les 2 soldats

Trois galériens enchaînés les uns aux autres escortés par 2 soldats.

Soldat 1 : Allez avancer, bande de malappris. Plus vite. Vous nous avez fait assez courir comme ça

Soldat 2 : Plus vite nous serons rendus au port, plus vite vous partirez en promenade sur la mer.

Soldat 1 : Aïe,Aïe, aïe, aïe caramba ! Qu’est-ce qu’il fait chaud, je ferai bien une halte par ici.

Soldat 2 : On fait une pose de quelques minutes, histoire de se rafraîchir le gosier.

Soldat 1 : Qui veut de l’eau

Les galériens: moi, moi, moi… A boire.

Ils donnent à boire aux galériens

Soldat 2 : Et pour nous, un peu de rince gosier, un bon gros rouge du pays d’Espagna.

Soldat 1 : Si le capitaine nous voyait, c’est sûr qu’on aurait droit à 8 jours de prison.

Soldat 2 : Il ne peut pas nous voir d’ici, on est à plus de 500 lieues de Madrid, et il nous en reste presque autant pour arriver à la mer. A ce régime là, on n’aura plus de semelles à nos chaussures. Au prochain village, j’en achète des neuves.

Soldat 1 : Ce n’est pas avec notre solde qu’on pourra s’en payer de belles. L’armée, ça paye pas beaucoup. Mais ce n’est pas une raison de déserter, comme l’ont fait ces trois gredins.

Arrivent Don Quichotte et Sancho Pansa

Sancho : Voilà la chaîne des forçats qu’on mène aux galères.

Don : Comment forçats ? Est-ce possible que le Roi les fasse aller aux galères de force?

Sancho : Ils le méritent. Ce sont des voleurs, des criminels. Il faut bien qu’ils paient de leurs méfaits. Pour sûr que s’ils avaient le choix, ils n’iraient pas ramer aux galères.

Don : Porter secours aux malheureux, n’est–ce pas mon serment ?

Sancho : Prenez garde Mon Seigneur ! Cette aventure risque d’être pire que celle des moines.

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Don : Holà ! Holà, Messieurs ! Forcez-vous des hommes ainsi au mépris de la liberté ?

Soldat 1 : Non, mais vous l’épouvantail, de quoi j’me mêle ?

Tous : Mais de quoi j’me mêle !

Sancho ::(à un galérien ) : Mon ami, expliquez à mon maître, le chevalier Don Quichotte votre crime qu’il fasse justice s’il le faut.

Guil bal : Ah Monseigneur, c’est par amour que vous me voyez ainsi. J’ai trop aimé un panier de linge qui appartenait à une femme et … me voilà ici.

Soldat 2 : Ah ça ! Il vaut mieux être sourd que d’entendre des mensonges aussi gros ! Tu n’as pas honte, canaille ?

Va-nu-pieds: Mon Seigneur, je n’ai rien fait de mal, si c e n’est que j’ai emprunté quelques bijoux …et me voici ici.

Soldat 1 : E celui-ci, non mais, vous le croyez ce qu’il dit ? Emprunter ! Emprunter ! Tu vas voir si tu ne vas pas « Emprunter « mon pied au derrière !

Petitbras: Oh Mon Seigneur, grâce au ciel de vous rencontrer. On m’amène de force aux galères, moi un simple paysan, qui n’a rien fait de mal. Juste défendu ma vie … et me voici ici.

Soldat 1 : Bandit, tu iras te plaindre aux galères, pour sûr qu’il y a eu meurtre !

Don : Comment ? Ces braves gens sont donc coupables d’être innocents ! Je vais rétablir l’ordre !

Soldat 2 : Tout beau, tout beau, l’emplumé ! Ce premier a volé à une servante, le panier contenant les habits de sa maîtresse, la Comtesse De Valiene.

Soldat 1 : Quand à celle-là , comme menteuse et voleuse, y a pas mieux. Elle a dérobé les bijoux du prince de Cadix ainsi que les chevaux du Baron de Madiran. en se faisant passer pour une riche courtisane Elle a avoué dès le premier pincement à l’orteil au début de la séance de torture.

Soldat 2 : Et ce dernier larron, n’est autre qu’un assassin. Je n’aimerais pas me trouver seul dans une rue sombre avec lui. Un vrai coupe-gorge, et il dérobe tout ce qu’il trouve sur ses victimes.

Sancho : Maître, Maître, écoutez les paroles de ces soldats. Ou vous allez vous attirer des ennuis.

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Don : Ma sœur, mes frères, certes vous êtes des pêcheurs, mais les commandements de la chevalerie me contraignent à protéger les faibles et les pauvres. Capitaine…

Soldat 1 : Mais il est vraiment frappé !

Soldat 2 : Une grosse pierre lui est tombée sur la tête, pour sûr !

Don : Capitaine, libérez ces pauvres âmes repentantes.

Soldats 1 et 2: Mais non !

Don : Mais si !

Soldats 1 et 2 : Mais non !

Don : Alors vous tâterez de ma lance !

Soldat 1 : Ca suffit, passez votre chemin !

Soldat 2 : Laissez les soldats du Roi accomplir leur devoir ! Va-nu-pieds: Pitié Mon Seigneur !

Tous les galériens : Pitié mon seigneur !

Soldat 2 Taisez-vous, galériens !

Guibal Abas la répression !

Tous les galériens : Abas la répression !

Petitbras: Vous entendez ? Libérez-nous !

Tous les galériens : Vous entendez ? Libérez-nous !

Soldat 1 : Ce tas de ferraille en a de bonnes ! Voilà qu’il veut qu’on lâche les galériens.

Soldat 2 : Allez, redoutable chevalier Don Quichotte, reprenez votre route sans vous mêler de chercher cinq pattes à notre chat.

Don : C’est vous qui êtes les chats, les rats, les forçats, les goujats !

Soldat 2 : N’insultez pas l’armée ici représentée par de glorieux soldats de Sa Majesté le Roi d’Espagne, sinon gare à vous !

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Don Quichotte charge sur les soldats : bataille. Sancho aide à libérer les prisonniers tandis que Don Quichotte livre bataille avec les soldats.

Les soldats s ‘enfuient.

Don : Messieurs, ne me remerciez pas. Je vous demanderai qu’une chose : aller conter ce que j’ai fait pour vous à la gente dame Dulcinée du Toboso. Faites-lui savoir que le chevalier Triste –figure lui envoie ses compliments.

Va-nu-pieds: Es-tu fou, chevalier à la Triste Fêlure de penser que nous allons retourner au village où nous avons été arrêtés !

Guibal : Tu as vraiment cru que nous étions des innocents, petite tête fêlée ?

Petitbras: Allons les amis, partons, et allons fêter notre liberté.

Don : Holà, je jure que vous irez à Toboso l’oreille basse.

Une bataille s’ensuit.

Don Quichotte est à terre.

Sancho : Eh bien mon maître, vous voilà bien blessé. Il est grand temps de retourner chez vous, votre nièce va bien se faire du soucis. Pour ma part, je renonce à être gouverneur, je préfère brouter mon pré que de convoiter des choses qui ne m’appartiennent pas. Allons de ce pas, je vous porte jusqu’à chez vous.

Ils sortent… Pénombre

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SCENE 13 Félicia, Conchita , Paloma, Catalina, Teresa

Chanson des lavandières. Arrivée de Catalina et Teresa.

Catalina : Bonjour señoritas, nous sommes à la recherche d’un homme grand et maigre

Teresa : Et d’un coquin petit et gros qui vont par les chemins.

Félicia : N’est-ce pas ce fameux chevalier chevauchant dans toute l’Espagne Don Quichotte, il s’appelle, je crois.

Conchita : Et son fidèle serviteur Sancho Panza.

Teresa : Mon mari, celui-ci même ! qui m’a laissé avec ses 12 enfants pour chercher la gloire. (menaçante)mais il va la trouver en rentrant, vous pouvez me croire !

Paloma : Ce chevalier Don Quichotte est venu ici il y a quelques jours. Il s’agit d’un honnête homme, courageux qui défend la veuve et l’orphelin. Un homme au grand cœur.

Conchita : L’aubergiste l’a sacré chevalier , sur sa demande car il ne veut combattre les opprimés que sous le nom de Chevalier Don Quichotte de la Mancha. C’était une belle cérémonie, très émouvante.

Les trois font ce qui se dit

Paloma : le chevalier se tenait à genou, devant l’aubergiste pas peu fier d’un tel honneur.

Félicia : Il prit l’épée de notre valeureux Hidalgo et le proclama solennellement chevalier .Je te nomme Seigneur Don Quichotte de la Mancha

Catalina : Je ne doute pas de sa splendeur, mais où sont-ils maintenant ?

Teresa : est-ce que son serviteur était présent lors de cette mascarade ?

Conchita : Bien sûr, et toujours aussi jovial. Ils sont partis dans cette direction. Ils étaient en très bonne santé et bien portant, il n’y a pas d’inquiétude.

Teresa et Catalina : Merci bien

Catalina : Et si vous le revoyez demandez-leur de regagner rapidement leur demeure, car la jeune Isabela, nièce du chevalier est très inquiète.

Teresa : Et dîtes à ce sacripant que ses enfants l’attendent (menaçante) ainsi que sa douce petite femme.

Les trois lavandières sortent en chantant

Catalina : Nous devons vite revenir au village pour rassurer Isabela. Et peut-être seront-ils rentrés ?

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Teresa : je l’espère !

Elles sortent

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SCENE 14 Isabela, Sancho, Don Quichotte, Catalina, Teresa, puis tous

Don Quichotte est porté par Sancho et 3 villageois, ils le posent à terre.

Isabela : Oh mon oncle ! Pourquoi ne pas m’avoir écoutée ? Voilà où vous a conduit votre amour des aventures.

Sancho : Je suis sûr qu’il était dur d’oreille car moi non plus, je n’ai pas pu lui faire entendre raison. Bon, d’accord, nous avons connu la gloire. Mon maître a valeureusement combattu un lion, pourfendu les marionnettes de maître Pierre…

Isabela : Pourfendre des marionnettes, je reconnais bien là mon oncle.

Sancho : Et nous avons séjourné chez un Duc et sa Duchesse. Grâce à lui, j’ai même été gouverneur de l’île de Pacotille. (Pleurant) : Mais voici où tout cela nous a mené… Quelle triste fin pour un si noble cœur.

Don : Ma nièce, ma nièce

Sancho : Mon maître, je suis à vos côtés.

Entrée de voisins

Don : Il n’y a plus de Don Quichotte. je suis Alonzo Quijano. Tous les chevaliers sont à présents mes ennemis. ParDon, parDon mon brave Sancho de t’avoir entraîné dans ma folie. ParDon ma chère nièce, d’avoir dilapidé mon bien pour des chimères.

Isabela : Ah mon oncle, vous voilà revenu à la raison. Quelle pitié que ce soit si tard

Don : Ma nièce, a nièce, je me meurs. Mais avant de vous quitter. J’espère que ce jeune Felipe voudra bien encore de toi. Pour ma part, j’y consens volontiers. Sois heureuse avec lui.

Isabela : Ne parlez pas ainsi mon oncle, jamais je ne pourrai être heureuse sans vous.

Entrée de voisins

Don : La mort n’est pas si terrible si on reste dans le cœur de ceux qui nous ont aimés. Cependant, cela ne doit pas t’empêcher de rire, de faire le bien , tout simplement de vivre. Ma douce petite Irène, et ceci est ma dernière volonté : Danse avec tous tes amis. Ah je meurs !

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Isabela : Il se meurt !

Tous : Il quoi ?

Isabela : Il se meurt

Tous : Il quoi ?

Don : je me meurs !

Entrée Teresa

Teresa : Le gigot est près !

Don : le quoi ?

Tous : le gigot !

Don : Le quoi!?

Tous : le gigot !

Don : Je crois que je vais pouvoir me lever un peu !

Catalina : Allons mon maître, Je vois que la raison est revenue. Don Quichotte est bien mort, mais vous, vous êtes bien vivant ! Et je suis bien contente de voir enfin votre appétit revenir au galop.

Don : Ah mes amis, ceci n’était qu’un mauvais rêve.

Sancho : A table !

Teresa : (voyant Sancho) Ah coquin ! tu m’as abanDonné pour courir les chemins ! Tu vas tâter du bâton !.

Sancho : Aï, aïe ! Et voilà, tout est revenu comme avant. Aïe ! Je crois que je vais Aïe ! piquer un roupillon pour retrouver Aïe ! Dans le rêve de mon maître, mon sort y était bien plus meilleur.

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