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INTRODUCTION / INTRODUCTION Endoscopie et MICI : pourquoi mettre à jour les recommandations de la SFED ? Endoscopy and IBD: why do we update the SFED recommendations? L. Peyrin-Biroulet © Springer-Verlag France 2013 Poser le diagnostic de maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) peut parfois être difficile, même en 2013 à lère des biothérapies ! En effet, en dehors des granulomes qui sont pathognomoniques de la maladie de Crohn, le diagnostic de MICI repose le plus souvent sur un faisceau darguments cliniques, biologiques, radio- logiques, endoscopiques et histologiques. L apport de lentéroscopie et de la vidéocapsule endoscopique nous a, entre autres, permis de reclasser certaines colites dites indéterminées en maladie de Crohn lorsquil existe, par exemple, une atteinte du grêle typique non visualisée par liléocoloscopie ni par les méthodes dimagerie classi- ques telles que lIRM. Récemment, les objectifs thérapeutiques dans les MICI ont évolué, passant de lobtention dune rémission clinique au concept de cicatrisation muqueuse. Cicatriser la muqueuse de nos patients atteints de MICI est probable- ment le seul moyen de modifier lhistoire naturelle de leur maladie (réduction du nombre dhospitalisations, du recours à la chirurgie, etc.). Cest ainsi que les scores endo- scopiques sont de plus en plus souvent utilisés en pratique clinique. Toutefois, de nombreuses questions subsistent parmi lesquelles : faut-il systématiquement obtenir une cicatrisation muqueuse ? Quand faut-il réaliser lendosco- pie après avoir débuté le traitement immunosuppresseur par azathioprine et/ou anti-TNF (infliximab, adalimumab) ? Quel degré de cicatrisation muqueuse faut-il atteindre au cours de la maladie de Crohn et de la RCH ? Près dun patient sur dix présente une sténose intestinale lors du diagnostic de maladie de Crohn, et un nombre non négligeable de patients atteints de MICI vont présenter une sténose colique au cours du suivi. Après une résection iléo- cæcale, près dun patient sur quatre avec une maladie de Crohn devra subir une seconde résection intestinale, le plus souvent pour une sténose anastomotique. La prise en charge de ces sténoses nest pas toujours aisée, mais leur traitement endoscopique est de mieux en mieux codifié. Enfin, laisser une inflammation muqueuse en place fait courir au patient un risque de dysplasie colorectale, et donc de cancer colorectal, même si ce risque a été revu récemment à la baisse (1,6 % dans la RCH après 14 ans de suivi). Avec la mise en place des programmes de surveillance endosco- pique, il nest pas rare de diagnostiquer un adénome chez un patient atteint de MICI (adénome sporadique, DALM [dysplasia associated lesion or mass], ALM [adenom-like mass]) et il nest pas toujours facile de sy retrouver dans cette nomenclature complexe qui présente pourtant un inté- rêt majeur en endoscopie, puisque la prise en charge de ladénome en découlera directement. Gageons que ces nouvelles recommandations aideront les endoscopistes que nous sommes à améliorer la prise de nos patients atteints de MICI. Bonne lecture ! L. Peyrin-Biroulet (*) Service dhépatogastroentérologie, CHU de Nancy, allée du Morvan, F-54511 Vandœuvre-lès-Nancy, France e-mail : [email protected] Acta Endosc. (2013) 43:109 DOI 10.1007/s10190-013-0312-6

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INTRODUCTION / INTRODUCTION

Endoscopie et MICI : pourquoi mettre à jour les recommandationsde la SFED ?

Endoscopy and IBD: why do we update the SFED recommendations?

L. Peyrin-Biroulet

© Springer-Verlag France 2013

Poser le diagnostic de maladie inflammatoire chroniqueintestinale (MICI) peut parfois être difficile, mêmeen 2013 à l’ère des biothérapies ! En effet, en dehorsdes granulomes qui sont pathognomoniques de la maladiede Crohn, le diagnostic de MICI repose le plus souventsur un faisceau d’arguments cliniques, biologiques, radio-logiques, endoscopiques et histologiques. L’apport del’entéroscopie et de la vidéocapsule endoscopique nousa, entre autres, permis de reclasser certaines colites ditesindéterminées en maladie de Crohn lorsqu’il existe, parexemple, une atteinte du grêle typique non visualisée parl’iléocoloscopie ni par les méthodes d’imagerie classi-ques telles que l’IRM.

Récemment, les objectifs thérapeutiques dans les MICIont évolué, passant de l’obtention d’une rémission cliniqueau concept de cicatrisation muqueuse. Cicatriser lamuqueuse de nos patients atteints de MICI est probable-ment le seul moyen de modifier l’histoire naturelle de leurmaladie (réduction du nombre d’hospitalisations, durecours à la chirurgie, etc.). C’est ainsi que les scores endo-scopiques sont de plus en plus souvent utilisés en pratiqueclinique. Toutefois, de nombreuses questions subsistentparmi lesquelles : faut-il systématiquement obtenir unecicatrisation muqueuse ? Quand faut-il réaliser l’endosco-pie après avoir débuté le traitement immunosuppresseurpar azathioprine et/ou anti-TNF (infliximab, adalimumab) ?

Quel degré de cicatrisation muqueuse faut-il atteindre aucours de la maladie de Crohn et de la RCH ?

Près d’un patient sur dix présente une sténose intestinalelors du diagnostic de maladie de Crohn, et un nombre nonnégligeable de patients atteints de MICI vont présenter unesténose colique au cours du suivi. Après une résection iléo-cæcale, près d’un patient sur quatre avec une maladie deCrohn devra subir une seconde résection intestinale, le plussouvent pour une sténose anastomotique. La prise en chargede ces sténoses n’est pas toujours aisée, mais leur traitementendoscopique est de mieux en mieux codifié.

Enfin, laisser une inflammation muqueuse en place faitcourir au patient un risque de dysplasie colorectale, et doncde cancer colorectal, même si ce risque a été revu récemmentà la baisse (1,6 % dans la RCH après 14 ans de suivi). Avecla mise en place des programmes de surveillance endosco-pique, il n’est pas rare de diagnostiquer un adénome chezun patient atteint de MICI (adénome sporadique, DALM[dysplasia associated lesion or mass], ALM [adenom-likemass]) et il n’est pas toujours facile de s’y retrouver danscette nomenclature complexe qui présente pourtant un inté-rêt majeur en endoscopie, puisque la prise en charge del’adénome en découlera directement.

Gageons que ces nouvelles recommandations aideront lesendoscopistes que nous sommes à améliorer la prise de nospatients atteints de MICI. Bonne lecture !

L. Peyrin-Biroulet (*)Service d’hépatogastroentérologie, CHU de Nancy,allée du Morvan, F-54511 Vandœuvre-lès-Nancy, Francee-mail : [email protected]

Acta Endosc. (2013) 43:109DOI 10.1007/s10190-013-0312-6