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1 Evaluation inertielle : état de la question et perspectives Inertial assessment: current knowledge and perspectives JIDOVTSEFF B, CROISIER JL, DEMOULIN C, CRIELAARD JM. Sci Sport 2008; 20:304-307

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Evaluation inertielle : état de la question et

perspectives

Inertial assessment: current knowledge and perspectives

JIDOVTSEFF B, CROISIER JL, DEMOULIN C, CRIELAARD JM.

Sci Sport 2008; 20:304-307

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Résumé

Objectifs – établir un état des lieux de l’évaluation musculaire inertielle

Actualités – l’évaluation inertielle peut se réaliser avec un simple matériel de

musculation. L’approche dynamométrique, plus précise, connaît un intérêt

croissant dans le milieu sportif. En évaluant la performance musculaire au moyen

de charges sous-maximales, elle permet d’établir des profils charge-vitesse-

puissance, d’étudier la fatigabilité musculaire ou encore d’analyser la cinétique

des mouvements. Une rigueur méthodologique apparaît indispensable afin de

garantir la fiabilité et la reproductibilité des résultats.

Perspectives et projets – les perspectives d’utilisation s’avèrent nombreuses

dans le domaine sportif et pourraient s’étendre à certains contextes cliniques. La

revue de la littérature indique la nécessité d’une clarification des

recommandations et des protocoles d’évaluation.

Conclusions – l’évaluation dynamométrique inertielle constitue une méthode

prometteuse, qui pourrait révolutionner l’évaluation musculaire sur le terrain.

Mots clés : évaluation, muscle, inertiel, dynamomètre, force-vitesse-puissance

Abstract

Aims – to present the current status of the inertial muscular assessment

Current knowledge – this method stays feasible with very basic resistance

training materials. The dynamometric approach, more accurate, presents

growing interest in the sport context. Inertial assessment with sub-maximal loads

allows the description of force-power-velocity relationships, the investigation of

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muscular fatigue or the kinematical analysis of movement. Rigorous protocols are

requested in order to warrant the results reliability.

Points of view and plans - clarification of the recommendations to the users

and of the protocol designing process seems indispensable. Perspectives of use

appear numerous in sport pursuit, and may be interesting in some clinical

contexts.

Conclusion – The inertial dynamometric assessment appears like an accessible

method which may revolutionize field muscular assessment.

Key words: assessment, muscle, inertial, dynamometer, force-velocity-power

Introduction

Les professionnels du sport se trouvent actuellement confrontés à de

nombreuses techniques d’évaluation musculaire présentant des caractéristiques

techniques et biomécaniques très spécifiques [3, 57, 70]. Les différences se

marquent essentiellement au niveau du type de mouvement (mouvement

analytique versus mouvement complexe), ainsi qu’au niveau du mode et de la

cinétique de contraction (isométrique, isocinétique, inertielle). On ne peut

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affirmer qu’une technique soit meilleure qu’une autre. Son choix dépendra de

l’objectif recherché, du contexte d’évaluation, mais aussi de l’accessibilité du

matériel.

La plupart des activités quotidiennes et sportives se réalisent sous l’influence du

champ de gravité terrestre qui définit les lois de la dynamique. Les mouvements

impliquent l’accélération et la décélération de masses constantes, et engendrent

le développement de forces inertielles. Compte tenu du principe de spécificité,

l’évaluation inertielle devrait constituer un instrument de référence, en particulier

si l’on souhaite que le mouvement d’évaluation se rapproche des gestes

d’entraînement ou de la vie quotidienne.

Le concept de l’évaluation inertielle n’est pas clairement défini dans la littérature

et reprend une multitude d’exercices musculaires dynamiques réalisés contre le

poids du corps ou contre une résistance de masse constante. Dans tous les cas,

le travail musculaire s’oppose à la gravité. Dans la littérature, ces exercices sont

régulièrement qualifiés d’ « isotonique », d’ « iso-inertiel » ou de « balistique ».

Le terme isotonique, signifiant que la tension musculaire reste constante au

cours de l’effort, semble inadéquat dans la mesure où la force requise pour

soulever une charge se modifie tout au long du mouvement [3, 9]. Le terme iso-

inertiel, très utilisé actuellement [2-3, 28-29, 43], serait inapproprié dans la

mesure ou l’inertie ne reste pas constante au cours du mouvement. Le terme

inertiel apparaît plus adéquat car il fait référence à un effort qui modifie l’état de

repos ou de mouvement d’un corps. On pourrait ainsi définir l’évaluation inertielle

comme la quantification d’un exercice dynamique réalisé contre une charge de

masse constante. Les exercices balistiques, quant à eux, se rapportent aux

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actions musculaires aboutissant à la projection d’un objet ou à l’autoprojection et

constituent en fait une sous-catégorie des efforts inertiels.

La modalité d’évaluation inertielle s’avère indiscutablement avantageuse dans de

nombreux contextes sportifs, mais aussi cliniques. Les mouvements sont

généralement fonctionnels : ils reprennent les exercices classiques de

musculation (le squat, la presse, les mouvements haltérophiles, le développé

couché, etc.), les sauts verticaux, mais aussi des mouvements de tous les jours

comme la mobilisation de boites lestées. Par ailleurs ces efforts, réalisés contre la

gravité, reproduisent les accélérations et décélérations segmentaires naturelles.

Une évaluation musculaire se rapprochant des gestes quotidiens et sportifs

sollicite une coordination intra- et inter-musculaire spécifique [17, 69]. Il s’agit là

d’un critère essentiel étant donné que la capacité d’une évaluation musculaire à

refléter le niveau de performance est d’autant plus importante que les conditions

d’effort se rapprochent de l’exercice fonctionnel [45].

Les procédés simples de l’évaluation inertielle

Avec un matériel simple, commun et peu coûteux, il est possible de réaliser une

évaluation inertielle donnant des informations sur la force, la vitesse, la détente

ou encore l’endurance locale.

Evaluation de la force

L’évaluation inertielle la plus simple et la plus courante consiste à apprécier la

charge la plus élevée qu’un individu est capable de soulever à une seule reprise :

il s’agit de la répétition maximale ou 1RM. Plusieurs méthodes ont été validées

pour déterminer le 1RM [32, 37]. Les procédures se déroulent généralement en

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plusieurs étapes et aboutissent à la réalisation d’une seule répétition à proximité

du maximum (tableau 1). Etant donné que la majorité des programmes de

musculation se basent sur le 1RM, sa détermination reste actuellement une

démarche constructive dans le dosage de l’entraînement.

Tableau 1. Etapes à suivre pour déterminer le 1RM

Evaluation du 1RM

2x10 répétitions à 30-40% du 1-RM supposé

4 à 6 répétitions à 50-70% du 1-RM supposé

1 essais à ± 90% du 1-RM supposé

Augmenter la charge en fonction de l’aisance démontrées jusqu’à l’échec

La charge la plus élevée réussie est le 1-RM

N.B. Une récupération de 3 à 5 minutes entre chaque effort doit être observée.

La détermination du 1RM peut se réaliser sur toutes les machines et pour tous

les mouvements (simples, complexes, linéaires ou angulaires) permettant la

mobilisation de charges croissantes. Elle s’effectue sur le matériel utilisé à

l’entraînement, ce qui lui confère une grande spécificité. Cependant, la charge

maximale représente en réalité le niveau de force maximum qui peut être

développée dans la partie la plus défavorable du mouvement concentrique [9,

39]. Une autre limite réside dans l’information fournie : si la performance

représente le niveau de force maximale de l’individu, elle n’illustre en rien la

puissance, ni la vitesse.

Si l’échec survient

après une « grosse

augmentation », il faut

utiliser une charge

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La réalisation d’efforts extrêmement intenses reste déconseillée chez les sujets

jeunes ou non initiés. Le risque lésionnel potentiel a justifié le développement de

formules et de tables permettant l’estimation du 1RM à partir du nombre

maximal de répétitions avec une charge inférieure (tableau 2) [1, 6, 16, 23, 34,

40-41, 50]. Le nombre de répétitions pour un pourcentage donné du 1RM

pourrait cependant varier d’un exercice à l’autre [3, 36]. C’est donc avec

prudence qu’il faudra interpréter et utiliser les résultats issus des ces méthodes

d’extrapolation du 1RM.

Tableau 2 – Formules prédictives du 1RM à partir d’un nombre « n » de

répétitions réalisé avec une charge « x ».

Auteurs Prédiction du 1RM

Lander [34] % 1RM = 101,3-(2,67123.n) Epley [16] 1RM = 0,033.n.x+x

O’Conner et al. [50] 1RM = 0,025.n.x+x

Mayhew et al. [40] 1RM = x.(0,533 + 0,419e –0,055.n)-1

Les autres qualités musculaires

L’évaluation inertielle ne se limite pas à la seule évaluation de la force

musculaire. D’autres approches non dynamométriques permettent d’apprécier le

dynamisme et l’endurance musculaire. Ainsi, les tests de détente verticale

peuvent être assimilés à des épreuves inertielles car ils évaluent la capacité du

sujet à mobiliser leur masse le plus haut possible. Les méthodes de Sargent, et

d’Abalakov restent facilement réalisables sur le terrain [8]. Des systèmes plus

sophistiqués (Ergojump® et Optojump®) analysent la hauteur du saut et la

qualité de l’impulsion en appréciant respectivement les temps de suspension et

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d’impulsion [8, 35]. Ils autorisent également la réalisation du drop jump (DJ) et

de sauts enchaînés [8, 35]. L’utilisation de formules offre une estimation de la

puissance développée [10]. Ces épreuves, toujours limitées aux membres

inférieurs, n’apprécient cependant jamais ni la vitesse gestuelle, ni la force

maximale.

Pour apprécier les qualités de vitesse et de puissance musculaires dans un

exercice précis sans dynamomètre, il faut répéter le plus vite possible le cycle

entier du mouvement (montée et descente de la charge) avec une résistance très

légère pour apprécier la vitesse (charge<30% du 1RM) ou moyenne pour

apprécier la puissance (charge comprise entre 30 et 70% du 1RM). L’évaluation

consiste simplement à chronométrer le temps mis pour réaliser un nombre précis

de répétitions (entre 5 ou 10). Malheureusement, ce type d’évaluation

s’accompagne d’un risque d’imprécision important. Une utilisation longitudinale

exige de reproduire parfaitement la procédure d’un test à l’autre. L’amplitude du

mouvement, qui doit être rigoureusement contrôlée, et le chronométrage manuel

sont des sources d’erreur évidentes. La performance dépend de la vitesse

moyenne développée sur tout le test, mais n’offre aucune information valide sur

la vitesse réellement développée lors de chaque mouvement. Il en est de même

pour la puissance. Par ailleurs, à mouvement égal, les sujets de petit gabarit sont

inévitablement avantagés. Aussi, faudrait-il, pour réduire l’influence de la taille,

rapporter la performance à l’amplitude totale du mouvement.

L’évaluation inertielle contribue également à apprécier l’endurance musculaire. La

procédure classique consiste à compter le nombre maximum de répétitions

réalisées avec une charge donnée, idéalement exprimée en pourcentage du

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maximum [52]. Une autre possibilité consiste à chronométrer le temps nécessaire

pour réaliser un nombre important de répétitions avec une charge sous-

maximale. Cette mesure simple ne permet jamais de quantifier le niveau de

fatigue, ni l’évolution des paramètres de l‘effort (force, vitesse, puissance) au

cours des répétitions.

Affin d’explorer la fonction musculaire du rachis chez des sujets lombalgiques,

certains auteurs ont élaboré des épreuves inertielles d’endurance musculaire, qui

consistent à répéter plusieurs fois le soulèvement d’une charge dans des

conditions très proches des gestes quotidiens [15, 38]. Le test PILE [38], par

exemple, consiste à soulever une boite d’une masse constante jusqu’à une

hauteur de 76 cm. Un incrément de masse est proposé toutes les 20 secondes

(+2,25 kg pour les femmes et +4,5 kg pour les hommes). Le rythme de l’effort

correspond approximativement à un soulevé toutes les 5 secondes. Le niveau de

performance s’apprécie par la charge maximale soulevée.

L’évaluation musculaire inertielle peut donc tout à fait s’effectuer avec un

matériel simple, accessible à tous. Les informations obtenues peuvent cependant

manquer de validité et de précision. L’approche dynamométrique, certes moins

accessible, offre en revanche une mesure précise de la performance musculaire

lors d’exercices inertiels. Les perspectives d’utilisation de ces dynamomètres

s’avèrent nombreuses à la fois dans le domaine de l’entraînement et en milieu

clinique.

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Evaluation inertielle dynamométrique

L’évaluation inertielle dynamométrique utilise généralement des capteurs

physiques pour mesurer les forces développées pendant un effort, mais aussi

pour apprécier la vitesse produite et la puissance résultante [7, 20, 29, 43, 61].

Les dynamomètres inertiels ne mesurent pas directement les forces produites par

le sujet, mais plutôt les conséquences de celles-ci sur la mobilisation d’une

charge. Ils utilisent généralement un capteur de déplacement et/ou un

accéléromètre [20, 29, 61]. Le capteur de déplacement présente un câble que

l’on attache à la charge, et qui s’enroule et se déroule au gré du mouvement.

L’accéléromètre, de type piezorésistif ou capacitif, se positionne à l’horizontale ou

à la verticale selon les modèles. Afin d’obtenir des mesures fiables, les capteurs

physiques doivent être consciencieusement placés sur la barre ou sur le banc de

musculation en respectant les consignes des constructeurs [30]. Pour garantir la

validité des mesures, la charge devra être mobilisée linéairement. Une utilisation

dans le cadre de mouvements complexes non guidés (développé couché, squat,

arraché, …) n’est envisageable que si le sujet testé maîtrise parfaitement la

technique. La transportabilité de ces dynamomètres est incontestablement un

avantage car elle autorise une évaluation musculaire rigoureuse sur le lieu de

l’entraînement.

D’autres techniques, comme la caméra haute vitesse, l’analyse cinématique et les

plates-formes de force, s’apparentent à une évaluation inertielle indirecte. Ces

techniques onéreuses et d’utilisation complexe restent plus confinées à une

utilisation de laboratoire. Elles sont surtout utilisées dans le cadre de l’analyse

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biomécanique des mouvements et demeurent moins adaptées à l’exploration des

qualités musculaires.

L’information dynamométrique

Les capteurs utilisés par les dynamomètres inertiels mesurent directement soit le

déplacement (capteur de déplacement), soit l’accélération (accéléromètre). La

masse soulevée étant connue, toutes les autres grandeurs physiques

s’obtiennent par traitement mathématique (figure 1). Un logiciel informatique

d’analyse des signaux permet d’obtenir d’une part des paramètres chiffrés et

d’autres part des courbes de mouvement.

Figure 1. Traitement mathématique nécessaire pour obtenir les mesures de la force, de la vitesse et de la puissance à partir d’un capteur de déplacement ou d’un accéléromètre.

Les mesures les plus fréquentes concernent les valeurs moyennes et maximales

de la vitesse, de la puissance ou encore de la force [7, 18, 22, 29, 49, 55]. Le

temps nécessaire pour atteindre la vitesse ou la puissance maximale est

également utilisé comme paramètre de l’explosivité [22, 29]. L’évaluation

inertielle permet également une analyse de courbe qui contribue à l’analyse

qualitative des mouvements.

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Possibilités de l’évaluation inertielle dynamométrique

L’approche dynamométrique inertielle présente les qualités requises pour

apprécier la puissance, la force, l’accélération, le déplacement ou encore le

travail. Elle apparaît surtout comme la seule technique capable d’évaluer la

vitesse, une qualité musculaire très importante, souvent négligée. Que ce soit sur

le terrain ou en laboratoire, l’évaluation inertielle propose principalement trois

champs d’investigation : les profils F-V-P, les épreuves de fatigue musculaire et

l’analyse biomécanique des mouvements.

Détermination des profils F-V-P

L’établissement des relations F-V-P, requiert l’évaluation de la vitesse et de la

puissance à différents niveaux de charge (figure 2). L’étude de la littérature

révèle actuellement l’absence de consensus sur les protocoles. Les charges

utilisées lors de l’évaluation inertielle peuvent être exprimées par rapport au

poids du corps, par rapport au 1RM ou encore de manière absolue.

Certains auteurs réalisent leur évaluation avec des charges exprimées en

pourcentage du poids corporel (%PC) [7, 44]. Si l’on accepte le principe selon

lequel le niveau de force est proportionnel à la morphologie du sujet, cette

méthodologie peut s’avérer intéressante. Elle reste malheureusement

problématique pour des sujets hors normes. Par exemple, un sujet de 100 kg qui

soulève 70 kg en développé couché devrait soulever des charges de 25, 50 et 75

kg s’il était évalué à 25, 50 et 75% de son poids corporel. Un sujet pesant 80 kg

et capable de mobiliser 120 kg serait, quant à lui et en suivant le même

protocole, évalué à 20, 40 et 60 kg.

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Squat

0

250

500

750

1000

0 20 40 60 80 100

Charge (% 1RM)

Pmoy (w)

0

0,3

0,6

0,9

1,2

Vmoy (m.s-1)

Développé couché

0

100

200

300

400

0 20 40 60 80 100

Charge (% 1RM)

Pmoy (w)

0

0,4

0,8

1,2

1,6Vmoy (m.s-1)

Figure 2 – Evolution de la vitesse (Vmoy) et de la puissance (Pmoy) en fonction de la charge relative (en % du 1RM) lors de l’évaluation inertielle squat et du développé couché (d’après Jidovtseff et al. [29]).

Plus généralement, on évalue tous les sujets avec des charges absolues

préalablement déterminées [4, 19, 55-56, 58, 63, 65]. L’augmentation de la

charge se fait par paliers constants en fonction de l’exercice. Cette procédure

reste facile à mettre sur pied lorsque plusieurs personnes sont évaluées en même

temps. Deux approches sont possibles : la plus pratique consiste à utiliser les

mêmes charges pour tous les sujets. Soit on utilise uniquement des charges

mobilisables par tous et les plus forts restent alors explorés sur un profil

incomplet, soit les sujets déplacent des charges tant qu’ils en sont capables et les

plus forts réalisent un nombre plus important d’essais. L’autre solution consiste à

proposer un accroissement de charge individualisé. Cette méthode permet de

réaliser un nombre limité d’effort et donc un gain de temps, mais elle nécessite la

connaissance préalable du niveau de force approximatif du sujet. L’établissement

d’un protocole universel reste difficilement imaginable étant donné la diversité

des performances musculaires pour un même mouvement. Cette méthode

présente l’avantage d’établir un profil en une seule séance mais le risque d’un

effet d’apprentissage est plus important. Pour limiter cet effet, il semble

indispensable de réaliser, avant l’évaluation proprement dite, plusieurs

répétitions de l’exercice en guise de familiarisation. Durant le test,

l’expérimentateur sera attentif à l’évolution des résultats : des essais

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supplémentaires seront appliqués lorsque que la performance augmente entre les

essais.

L’utilisation de charges relatives, exprimées en pourcentage de la charge

maximale (% 1RM) [13, 26, 29, 45, 60-61, 67], présente d’autres avantages :

tout d’abord, tous les sujets exécutent un effort proportionnel à leur niveau de

force ; ensuite, cette modalité autorise les comparaisons inter-individuelles ;

finalement, l’étude de la relation force-vitesse se réalise pour chaque sujet en

utilisant le même nombre de charge. Cette procédure alourdit par contre le

protocole ; en effet, le 1RM ne peut se déterminer le jour même de la séance

d’évaluation inertielle, sous peine d’engendrer une fatigue préjudiciable. En

conséquence, l’établissement d’un profil se réalisera en deux séances : la

première pour déterminer le 1RM et une seconde pour l’évaluation inertielle. Si

cette séance supplémentaire s’avère contraignante, elle permet cependant une

bonne accoutumance avec le mouvement et avec les conditions expérimentales.

La séance d’accoutumance reste fortement conseillée lorsque le sujet n’est pas

initié au mouvement test [13, 26, 29, 32, 43, 54]. Il a été démontré dans

d’autres contextes d’évaluation (isométrie et isocinétisme) que la performance

peut s’améliorer de la première à la seconde séance par le seul apprentissage

technique [27, 62, 71]. La séance de familiarisation réduirait effectivement cet

effet d’apprentissage et serait d’autant plus nécessaire que le mouvement est

complexe [9, 33]. Elle devrait comprendre des conseils techniques et des séries

de répétitions du mouvement test. Par ailleurs, elle est généralement mise à

profit pour définir la position d’évaluation ainsi que les charges auxquelles les

sujets seront testés.

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Le registre des charges relatives utilisées pour l’évaluation devrait idéalement

explorer les trois zones critiques de la relation F-V-P. Les qualités de vitesse

s’explorent au moyen de charges légères (entre 10 et 30 % du 1RM) alors que

pour étudier la force, il convient d’utiliser des charges élevées (entre 80 et 100 %

du 1RM) [30, 45]. Entre ces deux zones, on explore la puissance musculaire [12].

Lors de la mise en place d’un protocole, il importe de considérer le nombre de

charges différentes et d’essais accordés. Afin d’écourter l’évaluation, il pourrait

être proposé de ne réaliser qu’un seul essai à chaque charge. Cette approche

reste critiquable, particulièrement dans le cadre de mouvements complexes. En

effet, la réalisation d’un essai unique ne permet pas toujours l’obtention d’un

résultat fiable. Une simple erreur technique influence la performance, et il

apparaît plus judicieux d’accorder plusieurs essais à chaque charge en conservant

le meilleur résultat. Afin de limiter le temps de l’évaluation et d’éviter toute

accumulation de fatigue, nous conseillons néanmoins de ne pas dépasser 7

charges différentes et d’accorder au moins deux essais à chaque niveau de

charge. Pour un même mouvement, le nombre total d’efforts devrait se limiter à

une quinzaine. Lors d’un suivi longitudinal, le protocole pourra être adapté en

fonction des résultats de la première séance test. Le nombre d’essais

nécessaires diffère selon la charge. Aux charges légères trois ou quatre essais

sont conseillés. Si la performance augmente significativement à chaque essai,

l’évaluation doit être continuée à la même charge jusqu’à l’obtention d’une

stabilisation de la performance. Dans ce cas précis, l’augmentation du nombre

d’essais doit s’accompagner d’une augmentation de la récupération. Aux charges

moyennes, deux à trois essais devraient suffire, pour deux essais seulement aux

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charges les plus élevées (≥ 80% du 1RM). Certains auteurs retiennent la

moyenne de tous les essais réalisés à une même charge [43]. Il nous semble

plus adéquat de retenir le meilleur des différents essais réalisés à une charge

donnée. Le mode de sélection n’est malheureusement pas souvent décrit dans la

littérature, mais il semble que la vitesse maximale constitue un critère fiable

compte tenu de sa reproductibilité et de sa sensibilité [30].

La récupération varie également : aux charges légères (< 50 % du 1RM), un

repos d’une minute s’avère suffisant, correspondant d’ailleurs à celui de

l’évaluation isocinétique [51, 71], et à d’autres évaluations inertielles [14, 22,

60]. Lors de tels efforts explosifs, la resynthèse du pool des phosphagènes se

déroule en quelques dizaines de secondes [53]. Aux charges plus élevées,

l’intensité et la durée de l’effort entraînent une fatigue plus prononcée justifiant

une récupération de deux à trois minutes [29, 32, 45, 55, 67]. Une récupération

écourtée pourrait altérer la performance et en conséquence la validité des

mesures [22].

Les profils charge-vitesse et charge-puissance établis par ces protocoles s’avèrent

d’une grande utilité dans le cadre du suivi de l’entraînement, mais aussi dans

l’étude des caractéristiques musculaires. Une utilisation transversale permet de

comparer des groupes ou des individus [7, 26, 30]. Une utilisation longitudinale

met en évidence les effets spécifiques d’un entraînement [4, 19, 30, 47]. La

détermination du 1RM n’est pas obligatoire, ce qui apparaît clairement

avantageux dans de nombreux contextes, notamment cliniques. Les profils

théoriques peuvent être mis à profit pour déterminer les charges d’entraînement

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à partir de critères précis de force, de vitesse et de puissance mais aussi pour

estimer le 1RM.

Il faut noter que les paramètres maximaux n’évoluent pas de la même façon que

les paramètres moyens. Pour le développé couché, on observe par exemple que

la vitesse moyenne respecte une régression linéaire alors que la vitesse maximale

diminue selon un équation polynomiale du second degré [28-29, 48]. Le profil

hyperbolique de la puissance révèle également une évolution différente entre les

valeurs moyennes et maximales. En fait, les paramètres maximaux ne

considèrent que la partie la plus intense du mouvement, alors que les valeurs

moyennes représentent le mouvement dans sa globalité. Récemment, il a été

démontré que le choix du paramètre peut influencer l’interprétation des résultats,

notamment lors du suivi de l’entraînement [30]. Pour être complète, l’analyse

dynamométrique inertielle devrait envisager ces deux catégories de paramètres.

Par ailleurs, il faut souligner que l’exploration des profils force-vitesse-puissance

dépend étroitement des possibilités des machines utilisées. En effet, les machines

prévues pour subir des charges élevées sont de conception robuste et ne

permettent généralement pas l’utilisation de charges très légères. Inversement,

un matériel léger n’apparaît pas toujours adéquat pour accueillir des charges

élevées. Dans un cas comme dans l’autre, le matériel pourrait limiter l’exploration

de la fonction musculaire.

Exploration de la résistance à la fatigue et de l’endurance musculaire.

Dans certaines activités spécifiques, la performance dépend non seulement de la

force et de la vitesse, mais aussi de la capacité à maintenir une intensité élevée

pendant une période prolongée. Lorsque l’intensité de l’effort est sub-maximale,

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la sollicitation musculaire devient essentiellement anaérobie : on parlera de

résistance à la fatigue. Dans le cas d’une intensité moyenne à faible, le

métabolisme aérobie prédomine et l’on parle d’endurance musculaire.

Pour mesurer la fatigabilité dynamique des jambes, Bosco a proposé, il y a

quelques années, des épreuves de sauts répétés de 30 à 60 secondes [8]. Lors

de ces tests, la fatigue s’apprécie à travers la diminution de la détente verticale.

Il s’agit là d’une des seules épreuves inertielles d’endurance musculaire

rencontrée dans la littérature. Le matériel utilisé (tapis de Bosco) ne permet

cependant pas une évaluation précise des qualités de vitesse et de puissance au

cours de l’épreuve. La dynamométrie inertielle, en palliant cette lacune, offre de

nouvelles perspectives d’exploration musculaire. Différents protocoles, inspirés de

ce qui a été réalisé en isométrie et en isocinétisme, pourraient trouver des

applications dans un contexte sportif et peut être même clinique.

L’endurance musculaire pourrait par exemple s’apprécier en maintenant une

intensité d’effort constante (puissance cible) le plus longtemps possible avec une

charge sous-maximale. Une autre possibilité d’épreuve consisterait à apprécier

l’évolution des paramètres inertiels au cours d’un nombre standardisé de

mouvements. Pour étudier le phénomène de fatigue, on pourrait également

s’inspirer du test isométrique proposé par Vollestad [66], en réalisant de manière

cyclique plusieurs répétitions sous-maximales, suivies d’une répétition à

puissance maximale (Figure 3). L’endurance musculaire serait alors appréciée par

la durée de l’effort et la diminution de la puissance lors des répétitions

maximales.

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19

Temps (s)

Puis

sanc

e (%

de

la v

aleu

r max

imal

e)

100

50

75

25

0

Épuisement

Puissance cible

0 20 40 60 80 100

Temps (s)

Puis

sanc

e (%

de

la v

aleu

r max

imal

e)

100

50

75

25

0

Épuisement

Puissance cible

0 20 40 60 80 100

Figure 3 – Représentation schématique d’une épreuve d’endurance musculaire alternant des efforts maximaux avec des séries de répétitions sous-maximales (inspiré de Vollestad [66])

La durée et l’intensité (niveau de charge et rythme des mouvements) des efforts

doivent évidemment être fixées en fonction des caractéristiques de la population

étudiée. Lorsque l’on s’intéresse à l’endurance musculaire, la charge ne devrait

pas dépasser 30 à 40% du maximum et l’effort devrait durer au moins une

minute afin de garantir une participation importante du métabolisme aérobie. Par

contre, les épreuves de résistance à la fatigue apparaissent plus courtes mais

plus intenses afin de solliciter les filières anaérobies. Dans ce cas, et à l’instar

d’un test de Wingate [24], nous proposons d’initier l’épreuve à une intensité

maximale qui sera maintenue soit pendant un nombre fixe de répétitions, soit

pendant un laps de temps défini. Cette façon de procéder, également courante

en isocinétisme, apparaît plus facilement standardisable puisque le sujet ne doit

pas contrôler son effort : son engagement est maximum dès le départ. Au cours

de ces épreuves de fatigabilité initiées à intensité maximale, deux informations

méritent une attention particulière : la diminution de la performance au cours de

l’épreuve (exprimée par un index de fatigue) et l’intensité moyenne développée

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20

au cours de l’épreuve. Un test comportant trente répétitions maximales avec une

charge relative de 40% du 1RM a été mise au point avec succès dans le cadre du

développé couché [30] (figure 4). Ce niveau de charge favorise, en début

d’épreuve, le développement d’une puissance proche du maximum. Une charge

élevée ou plus légère pourrait s’envisager si l’on souhaite explorer l’endurance-

force ou l’endurance-vitesse respectivement.

P (watt)

100

200

300

400

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30

Répétitions

Puissance moyenne = 257w

Index de fatigue = 69%

Figure 4 – Evolution de la puissance lors d’un épreuve de résistance à la fatigues (30 répétitions maximales çà 40% du 1RM) réalisée en développé couché [28].

Si la littérature actuelle consacrée à ce type d’évaluation apparaît

particulièrement pauvre, les recherches futures s’attelleront à définir plus

clairement les lignes de conduites à respecter, afin d’obtenir des épreuves de

qualité.

Analyse biomécanique des mouvements

Les dynamomètres inertiels sont des outils pertinents pour l’analyse

biomécanique de certains mouvements. Grâce à une mesure continue des

paramètres cinétiques, ils donnent des informations concrètes sur certains

paramètres de l’effort comme les actions musculaires propulsives et frénatrices,

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21

les phases d’accélération et de décélération, les impulsions mises en jeu, etc

[30]. L’analyse des courbes de force, de vitesse et de puissance et de

déplacement se justifie dans l’exploration biomécanique d’un mouvement

particulier, mais aussi dans le suivi longitudinal d’un entraînement spécifique, ou

d’une rééducation musculaire.

Vitesse

0

0,5

1

1,5

2

2,5

3

0 100 200 300 400 500 600Temps (ms)

V (m.s-1)

DCCpr DCMpr DCC

Figure 5 – Evolution de la vitesse au cour d’un développé couché réalisé par un même sujet selon trois modalités déférentes : concentrique (DCC), concentrique avec projection (DCCpr) et complet avec projection (DCMpr)

A titre d’exemple, l’évaluation dynamométrique inertielle à été utilisée afin

d’explorer certaines phases décisives des mouvements de musculation comme le

contre-mouvement ou encore les projections de charge [14, 28, 49] (figure 5).

L’analyse de courbe apparaît également intéressante pour mettre en évidence les

effets très spécifiques de l’entraînement [30]. Ce type d’analyse permet de

nuancer certaines interprétations liées aux paramètres chiffrés.

Les catégories de mouvements

Théoriquement, l’évaluation inertielle concerne tout mouvement impliquant le

déplacement vertical d’une charge constante. En réalité, l’évaluation inertielle

s’adresse avant tout aux mouvement complexes polyarticulaires sollicitant un

déplacement linéaire d’une charge (développé couché, squat, presse,

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mouvements haltérophiles, etc.). Ces mouvements globaux se rapprochent des

séquences musculaires retrouvées dans les actions sportives et dans les gestes

de tous les jours, ce qui leur confère une grande fonctionnalité. Ils ne permettent

cependant pas de localiser un déficit de force à l’intérieur d’un mouvement.

L’évaluation musculaire analytique inertielle reste a ce jour quasiment inexplorée.

Afin de garantir un déplacement linéaire de la charge, les mouvements devront

se réaliser sur des bancs de musculation et non avec des poids et haltères. Bien

souvent, les machines ne sont pas adaptées à une utilisation dynamique pourtant

nécessaire lors de l’évaluation inertielle. La fin de mouvement, limitée par une

butée mécanique ou par la masse musculaire pourrait poser problème à vitesse

élevée. Par ailleurs, certains concepts de l’exploration musculaire analytique,

retrouvé notamment en isocinétisme (ratio agonistes/antagonistes, ratio mixtes,

…) [11] restent actuellement inaccessibles. Il apparaît évident que la recherche

scientifique doit encore démontrer la pertinence de l’évaluation inertielle dans un

contexte analytique.

Les modalités d’exécution

L’évaluation inertielle peut se réaliser selon différentes modalités. Une

clarification des avantages et inconvénients, des risques et des recommandations

apparaît nécessaire. En effet, les évaluateurs se posent généralement plusieurs

questions : le mouvement doit-il être réalisé avec ou sans contre-mouvement ?

Doit-on inclure une projection de la charge ? L’évaluation excentrique est-elle

envisageable ?

L’exécution d’un mouvement complet, qui comprend une phase initiale

excentrique suivie immédiatement de la phase concentrique, représente le

modèle le plus courant. Les groupes musculaires impliqués subissent donc un

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23

allongement avant de se raccourcir. Cette modalité d’effort, sollicitant le cycle

étirement-détente, apparaît fonctionnelle car la grande majorité des gestes

quotidiens (marche, course, etc.) et sportifs (lancers, sauts, etc.) reproduisent ce

mécanisme. Le mouvement complet présente néanmoins des inconvénients :

- la performance évaluée ne dépend pas exclusivement du processus

contractile, mais englobe la composante élastique musculaire et la

capacité individuelle à utiliser ce potentiel ;

- la qualité du contre-mouvement influence fortement la performance et

une maîtrise technique apparaît nécessaire pour l’obtention de résultats

valides ;

- l’amplitude et la vitesse de la phase excentrique demeurent difficiles à

standardiser. Une faible modification à ce niveau pourrait avoir des

répercussions élevées sur la performance mesurée [59].

Lorsque l’exploration inertielle doit analyser spécifiquement la performance

contractile concentrique, il faut exclure le contre-mouvement. Les conditions

d’exécution purement concentriques semblent mieux standardisées. En

développé couché par exemple, la barre repose initialement sur des taquets de

sécurité, quelques centimètres au-dessus de la poitrine [14, 25, 29, 61]. En

squat, le mouvement débute avec une flexion standardisée des genoux et des

hanches (généralement 90°). Le mouvement concentrique consiste à réaliser une

extension complète segmentaire [29, 55].

La comparaison du mouvement complet avec le simple mouvement concentrique

permettrait d’obtenir des informations intéressantes sur la capacité à utiliser avec

efficacité le cycle étirement – détente. Ainsi, de nombreux auteurs ont comparé

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24

la différence entre le squat jump et le contre-mouvement jump, afin de définir

les qualités élastiques individuelles [8]. Certains travaux se sont plus récemment

intéressés au développé couché [14, 28, 49, 67].

Lors de nombreux gestes quotidiens ou sportifs, l’effort musculaire aboutit à une

projection ou à une auto-projection. Lorsque l’évaluation inertielle vise à explorer

la composante musculaire dynamique, il peut s’avérer judicieux de réaliser le

mouvement avec une projection de la charge. C’est ce qui se passe lorsque l’on

réalise un squat jump ou lorsque l’on lance la barre vers le haut lors d’un

développé couché. L’intensité du mouvement est alors maximale jusqu’au bout

du mouvement, comme lors d’un saut ou d’un lancer [13, 28, 48]. L’effet

bénéfique se réduirait avec la charge et, à partir de 60% du 1RM, il devient

inutile de projeter la barre [13]. Il est évident que si l’évaluation avec projection

semble avantageuse dans de nombreux contextes, elle ne peut s’envisager que

dans des conditions de sécurité optimales. En effet, sans matériel sophistiqué,

toute projection de charge s’accompagne d’une réception excentrique très

intense, potentiellement dangereuse. Pour les mouvements libres, il est conseillé

d’utiliser un guide barre et des taquets de sécurité. Certaines machines

sophistiquées retiennent la charge en position haute afin d’éviter une réception

potentiellement dangereuse [14, 43, 49, 54, 67]. Cette technologie demeure

cependant onéreuse et, dans la plupart des cas, il reste conseillé de ne réaliser la

projection qu’au moyen de charges très faibles et chez des sujets avertis. Par

ailleurs, les mouvements avec projection restent difficilement réalisables sur les

bancs de musculation classiques qui ne sont généralement pas conçus pour subir

un travail hyper dynamique.

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25

L’évaluation inertielle excentrique existe mais de réalisation difficile et nécessitant

une technologie de pointe [43-44]. L’effort, d’intensité maximale, consiste à

résister à une charge supra-maximale sur une amplitude de mouvement définie.

Murphy et al. [43] proposent, pour le développé couché, un effort excentrique

réalisé contre une charge de 130 ou 150 % du 1RM concentrique entre 120 et

90° de flexion des coudes. Pour le squat, les mêmes auteurs suggèrent d’utiliser

une charge correspondant à 200% du poids corporel [44]. Le concept, bien

qu’intéressant, comporte un risque de blessure significatif, les conditions de

sécurité n’étant pas aussi bien développées que pour le dynamomètre

isocinétique.

Importance de l’instruction

L’instruction donnée au sujet avant l’effort pourrait influencer le résultat [5]. Elle

doit donc être rigoureusement définie. Certains auteurs donnent comme

consigne de développer la vitesse la plus élevée dès le début du mouvement [54,

61]. Cette consigne semble adéquate pour les disciplines sportives qui requièrent

un développement très élevé de force et de puissance dès le début du

mouvement, comme en boxe, ou comme dans un départ en starting-block par

exemple. Cette procédure pourrait s’avérer dangereuse lorsque la charge

augmente [31, 62]. Un développement trop impulsif de force, avec une charge

presque maximale pourrait favoriser la survenue de blessures musculaires. Lors

d’exercices sollicitants comme le squat, dans le cadre de populations

inexpérimentées, il est plutôt conseillé - aux charges les plus élevées - de

développer l’accélération jusqu'à la fin du mouvement. Dans tous les cas, le sujet

devra, au moment de l’effort, être directement en contact avec la résistance.

Nous conseillons même de réaliser une pré-contraction musculaire initiale.

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26

Lorsque le mouvement s’accompagne d’une projection ou d’un saut, la consigne

pourra être simplement d’atteindre la hauteur la plus élevée possible.

Reproductibilité et sensibilité de l’évaluation inertielle

La reproductibilité de l’évaluation inertielle, relativement bonne dans son

ensemble, dépend de nombreux facteurs comme le mouvement, la modalité

d’effort, le paramètre, la charge et l’expérience du sujet [21, 30 , 43, 64]. Le

tableau 3 offre un aperçu des coefficients de variation et de corrélation relevés

dans la littérature. Les études restent difficilement comparables car ces

coefficients sont souvent obtenus par des calculs différents.

La reproductibilité se réduirait avec l’augmentation de la complexité du

mouvement [21]. Un mouvement analytique, mono-articulaire est plus simple à

apprendre et à reproduire qu’un mouvement complexe poly-articulaire. Ceci est

particulièrement vrai pour les exercices comme le squat et le développé couché

qui sollicitent au moins trois articulations. Une erreur d’exécution peut se

répercuter directement sur la performance et altérer la reproductibilité de

l’évaluation. Pour cette raison, il est indispensable d’une part que le sujet soit

bien familiarisé avec le mouvement, et d’autre part, d’accorder plusieurs

tentatives à chaque niveau de charge afin de conserver la meilleure.

Tableau 3 – Reproductibilité de l’évaluation inertielle

Références Mouvements Charge(s) Paramètres Coefficient de

variation (CV%)

Coefficient de

corrélation (r)

Abernethy et al

[3]

Tous maximale 1RM [0,92-0,98]

Bosco et al. [7] SQ 100% PC Dmax, Pmoy,

Vmoy, Fmoy,

3,2% [1,4-5,2%] [0,85-0,97]

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27

Funato et al.

[18]

Rétrop bras,

Flex/Ext

Hanche, Ext

genou, Flexion

coude, SQ,

Tirage, rowing,

42,5N

90,6N

261,5N

Pmax,

F à Pmax

V à Pmax

4,3% [0,2- 10,5%] [0,69-0,97]

Hortobagyi et

Katch [22]

SQ, DC 20kg (DC)

70kg (SQ)

Vmax, Pmax,

Pmoy, Tpmax,

Temps

? [0,77-0,97]

Richards et al.

[56]

Flex/Ext Genou

RI/RE épaule

20-60N

10-20N

Dmax

Vmax

MFM

? [0,73-0,94]

Wilson et al.

[67]

DC 30-60 %1RM Vmax

W sur 370ms

4,3% [1,8-7,6%] ?

Rahmani et al.

[55]

SQ 60-80-100-120-140-160-

180kg

Fmax, Vmax,

Pmax

4% [1,7-6,7%] [0,70-0,91]

Murphy et al.

[45]

DC 30-60-90-100-130% 1RM Fmax ? [0,90-0,95]

Jidovtseff et al.

[29]

DC, SQ 35-50-70-90% 1RM (DC)

45-60-75-90% 1RM (SQ)

Vmax, Vmoy,

Pmax, Pmoy,

Tpmax

7% [2,5-16,3%] ?

Viitasalo et al.

[63]

SQ jump 0-20-40-60-80kg Fmax 6,5% [4,3-9,5%] ?

Newton [49] SQ jump 30-60-90% 1RM Dmax, Pmax,

Vmax, Fmax,

Fmoy,

Pmoy

? [0,69-0,99]

McCurdy [42] SQ 1jambe maximale 1RM, 3RM [0,87-0,99]

La standardisation des mouvements réduit les facteurs de variabilité. Dans

certains cas, le seul mouvement concentrique apparaît plus reproductible que le

mouvement complet ; en effet, le contre mouvement reste difficile à contrôler

pour un sujet non initié. La vitesse de la phase excentrique et son amplitude

constituent deux éléments non contrôlables qui perturbent la performance

musculaire et qui peuvent être source d’une plus grande variabilité. Une

exécution incorrecte de cette phase doit conduire à l’annulation de l’essai et

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28

parfois, une accumulation des répétitions peut engendrer une fatigue musculaire

non négligeable [30].

La reproductibilité de l’évaluation inertielle s’altérerait lorsque la charge devient

élevée et le mouvement lent [29, 43, 64]. En effet, aux charges les plus élevée,

la difficulté à mobiliser une charge très lourde dans les premiers centimètres

explique parfois un temps d’effort très variable et une plus faible reproductibilité

des paramètres inertiels, surtout moyens. Aux charges très légères, la

reproductibilité dépend des conditions de test [22, 30]. Chez certains sujets

débutants, l’action musculaire frénatrice de fin de mouvement apparaît

inconstante, altérant la reproductibilité.

La reproductibilité varie selon le paramètre étudié. L’accumulation des étapes

mathématiques nécessaires pour obtenir un paramètre affecte inévitablement sa

variabilité. La vitesse qui ne fait l’objet que d’une seule opération mathématique

apparaît ainsi plus reproductible que la puissance qui fait l’objet de deux

opérations mathématiques. Plusieurs études confirment la plus grande variabilité

de la puissance, non seulement en évaluation inertielle, mais aussi isocinétique

[7, 27, 55, 57]. Les paramètres liés au temps (Tpmax et Tvmax) présentent

généralement une reproductibilité plus inconstante, surtout à charge élevée.

Les quelques études ayant exploré la sensibilité de l’évaluation dynamométrique

inertielle présentent des résultats encourageants [2, 7, 30, 43-45, 49]. Cette

technique moderne permettrait une évaluation sensible de la fonction musculaire

fournissant des informations judicieuses sur les qualités de force-vitesse-

puissance et d’endurance locale. Des travaux récents montrent qu’elle serait

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29

discriminante entre les individus et selon la discipline sportive [7, 26, 30]. La

diversité des profils charge-vitesse confirme que les sujets les plus forts ne sont

pas nécessairement les plus véloces et les sujets les plus véloces ne sont pas

toujours les plus forts [30]. L’évaluation inertielle semble rassembler les qualités

nécessaires pour devenir une technique de référence lorsque l’on souhaite

objectiver les effets spécifiques d’un entraînement musculaire. Les mouvements

tests correspondant à ceux de l’entraînement, la spécificité et la sensibilité de

l’évaluation sembleraient optimaux. Cette spécificité peut cependant parfois

apparaître comme un désavantage. En effet, les gains observés pour certains

mouvements complexes répondent en partie d’un apprentissage technique, qui

ne pourra jamais être dissocié des vrais gains musculaires. Les utilisateurs

doivent rester conscients du fait que ces tests permettent d’objectiver des

améliorations dans les gestes de musculation et non pas dans les gestes

fonctionnels [44]. Il est évident que le transfert des gains sera d’autant plus

important que les gestes se ressemblent. Un défi de la recherche actuelle est

d’établir les liens et les transferts qui existent entre les améliorations de la

fonction musculaire et les améliorations fonctionnelles dans le geste sportif ou

dans les actions de la vie de tous les jours.

Conclusions et perspectives

L’évaluation inertielle possède l’avantage incontestable de respecter un modèle

de contraction musculaire naturel, impliquant l’accélération et la décélération

d’une masse constante. Cette cinétique gestuelle, sous l’influence de la gravité,

reproduit ce qui se passe dans la majorité des gestes sportifs et dans de

nombreux mouvements quotidiens.

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30

L’évaluation inertielle reste possible avec peu de matériel, mais l’approche

dynamométrique apparaît beaucoup plus intéressante en autorisant l’appréciation

des qualités de vitesse et de puissance à des charges sous-maximales.

Contrairement à d’autres techniques, l’évaluation dynamométrique inertielle est

transportable et peut s’envisager sur le lieu même de l’entraînement. Elle devrait

permettre une exploration exhaustive des relations charge-vitesse et charge-

puissance puisque, théoriquement, ni la charge, ni la vitesse ne sont limitées.

Cette possibilité d’exprimer une vitesse réellement maximale pour une charge

donnée constitue, sans aucun doute, un avantage majeur de la méthode

inertielle. En pratique, l’évaluation inertielle peut être limitée par le matériel et

par les conditions de sécurité. La perspective de réaliser une évaluation avec

projection apparaît particulièrement intéressante, mais ne peut s’envisager que

sous certaines conditions. Les dynamomètres inertiels offrent, par ailleurs, des

perspectives de recherches dans l’exploration de la fatigue musculaire ou encore

dans l’analyse biomécanique des mouvements.

L’évaluation inertielle s’avère reproductible pour la majorité des paramètres. Elle

apparaît également sensible. Son caractère discriminant permet de comparer des

profils musculaires et de situer un individu à l’intérieur d’un groupe. Elle apparaît

particulièrement adaptée pour apprécier les effets d’un entraînement composé

d’exercices de poids et haltères.

Cependant, les protocoles rencontrés varient énormément dans la littérature.

Leur uniformisation, mais aussi une clarification des recommandations s’avèrent

indispensables à la connaissance et à la validation de cette technique

d’évaluation.

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31

Actuellement, l’évaluation inertielle concerne principalement des mouvements

globaux, s’accompagnant d’un déplacement linéaire de la charge. L’exploration

musculaire analytique reste par contre peu étudiée. Une adaptation des bancs de

musculation pourrait s’envisager dans cette perspective de recherche. Il reste à

vérifier si l’approche inertielle pourrait offrir, dans ce contexte analytique, des

informations aussi pertinentes que l’isocinétisme en termes d’équilibre musculaire

et de survenue lésionnelle.

Les applications dans le domaine sportif apparaissent nombreuses et devront

susciter l’imagination des scientifiques et praticiens. Il apparaît clairement que

l’évaluation dynamométrique inertielle est une technique d’avenir qui devrait

aboutir à une utilisation plus fréquence, mais qui doit rester rigoureuse.

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