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Tous les Congolais de lÊEurope derrière le TP. Mazembe Europe. Belgique. Bruxelles, 1000. Rue : Marie de Bourgogne, numéro 30, pour être précis. En ce jour mémorable de la Coupe dÊAfrique, version ChampionÊs League. Jour de tous les espoirs. Jour de tous les dangers. Une foule bigarrée, parfois en file indienne, converge vers notre Ambassade à Bruxelles, qui prend du coup les allures dÊune citadelle assié- gée. Une effervescence sans pareil, dans ce bâtiment austère à lÊordinaire. Par ce temps de froid à pierre fendue, des Congolais de tout âge, emmitouflés dans des doudounes de saison, sont sur pied de guerre. Le brouhaha gagne le périmètre immé- diat de lÊambassade. Son enceinte, qui, pour lÊoccasion, sÊérige en Triangle des Bermudes avalant tout ce que la chaus- sée compte de passants. Des sourires alternent avec des cris stridents. Des hululements se le disputent aux em- brassades. CÊest dire quÊil est aussi question de retrouvailles. Ces instants festifs ne cachent pourtant pas les airs graves affichés sur les visages. La con- centration est à la mesure de la sensi- bilité de lÊévènement : le Congo se prépare à vivre un tournant dans son histoire sportive sevrée de victoires glorieuses ces dernières décennies. Le Tout-Puissant Mazembe – les Corbeaux, les Mangeurs de crocodile (Badia Ngwena) – est, en effet, sur le point dÊoffrir au peuple congolais sa première coupe dÊAfrique des clubs champions depuis 36 ans ! Le dernier sacre étant celui de Vita Club en 1973. Nostalgie, quand tu nous tiens/ La réminiscence des gloires passées sous-tend lÊespoir. Les attentes sont, pour tout dire, hors du commun. Un club made in DRC ? Certains nÊy croient pas. Pour la RDC, on aurait imaginé un parcours un tantinet sulfu- reux. Pourtant, les Corbeaux du Katan- ga ont dominé, de leur posture altière, tout le ciel sportif africain. On lÊaurait cru repu de gloriole, des distinctions et des nominations/ Nenni ! Pourtant Mazembe rempile. Le Club le plus capé de la RDC a toujours joué dans la Cour des grands Africains : Zamalek, Arab Contractors, FAR, Canon de Yaoundé, Africa Sport, Kotoko de Kumasi, Hafia de Conakry, Tonnerre de Yaoundé, Secondi Isakas, Heart of oak, etc. LÊun de plus vieux clubs du Continent (70 ans cette année) a encore une fois prouvé, sÊil en était encore besoin, quÊil pouvait frapper très fort. Il a seriné la certitude quÊil en avait encore dans les tripes. Premier club congolais à avoir remporté une coupe dÊAfrique des clubs, ancienne formule – par deux fois de suite (1967, 1968) –, la seule équipe africaine à avoir défendu son titre en finale ; elle a été finaliste quatre fois successivement (1967, 1968, 1969, 1970). Mazembe, a été la première équipe congolaise à remporter la Coupe des Coupes le 7 décembre 1980, avant dÊêtre cette année-là, le premier team congolais à gagner la Coupe dÊAfrique version ChampionÊs League. Il a aussi joué la prestigieuse Coupe du Monde de Clubs, organisée fin décembre à Abu Dhabi et remportée par le monu- mental Barcelone, du génie Messi. Les Congolais de Bruxelles ont ainsi célébré avec faste la consécration con- tinentale du team blanc et noir (blanco- neri comme diraient les adeptes du Calcio). LÊambassade aura été le point de ralliement de tous ceux qui regar- dent positivement le Congo. Hier encore objet de railleries et de moque- ries, aujourdÊhui en voie de réhabili- tation.Après la mise au pilori, la mise au pinacle / La magie du football a encore agi. Tous pas fous de foot, on décèle dans cette foule les sentiments les plus divers : nostalgie, réchauffement dÊappartenance nationale, exaltation de la mère-patrie, communion à lÊhystérie populaire. Bref, une identification à ceux qui sont restés sur la superficie du territoire national. Fantastique ! Et le président Joseph Kabila brandit la Coupe Des fanatiques chauffés à blanc „confa- bulent‰ à travers la narration docte des souvenirs dÊenfance/ autour du foot- ball. Des larmes de joie, des chants de bravoure pour porter au summum, les © Ambassade RDC / BXL

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© A m b a s s a d e R D C / B X L coupe dÊAfrique des clubs champions depuis 36 ans ! Le dernier sacre étant celui de Vita Club en 1973. Des fanatiques chauffés à blanc „confa- bulent‰ à travers la narration docte des souvenirs dÊenfance⁄ autour du foot- ball. Des larmes de joie, des chants de bravoure pour porter au summum, les © D R © A m b a s s a d e R D C / B X L

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Tous les Congolaisde lÊEurope derrièrele TP. Mazembe

Europe. Belgique. Bruxelles, 1000. Rue :Marie de Bourgogne, numéro 30, pourêtre précis. En ce jour mémorable de laCoupe dÊAfrique, version ChampionÊsLeague. Jour de tous les espoirs. Jour detous les dangers. Une foule bigarrée,parfois en file indienne, converge versnotre Ambassade à Bruxelles, qui prenddu coup les allures dÊune citadelle assié-gée. Une effervescence sans pareil, dansce bâtiment austère à lÊordinaire. Par cetemps de froid à pierre fendue, desCongolais de tout âge, emmitouflésdans des doudounes de saison, sont surpied de guerre.Le brouhaha gagne le périmètre immé-diat de lÊambassade. Son enceinte, qui,pour lÊoccasion, sÊérige en Triangle desBermudes avalant tout ce que la chaus-sée compte de passants. Des souriresalternent avec des cris stridents. Deshululements se le disputent aux em-brassades. CÊest dire quÊil est aussiquestion de retrouvailles. Ces instantsfestifs ne cachent pourtant pas les airsgraves affichés sur les visages. La con-centration est à la mesure de la sensi-bilité de lÊévènement : le Congo seprépare à vivre un tournant dans sonhistoire sportive sevrée de victoiresglorieuses ces dernières décennies. LeTout-Puissant Mazembe – les Corbeaux,les Mangeurs de crocodile (BadiaNgwena) – est, en effet, sur le pointdÊoffrir au peuple congolais sa première

coupe dÊAfrique des clubs championsdepuis 36 ans ! Le dernier sacre étantcelui de Vita Club en 1973.

Nostalgie, quand tunous tiens⁄La réminiscence des gloires passéessous-tend lÊespoir. Les attentes sont,pour tout dire, hors du commun. Unclub made in DRC ? Certains nÊycroient pas. Pour la RDC, on auraitimaginé un parcours un tantinet sulfu-reux. Pourtant, les Corbeaux du Katan-ga ont dominé, de leur posture altière,tout le ciel sportif africain.On lÊaurait cru repu de gloriole, desdistinctions et des nominations⁄Nenni ! Pourtant Mazembe rempile. LeClub le plus capé de la RDC a toujoursjoué dans la Cour des grands Africains :Zamalek, Arab Contractors, FAR,Canon de Yaoundé, Africa Sport,Kotoko de Kumasi, Hafia de Conakry,Tonnerre de Yaoundé, Secondi Isakas,Heart of oak, etc.LÊun de plus vieux clubs du Continent(70 ans cette année) a encore une foisprouvé, sÊil en était encore besoin, quÊilpouvait frapper très fort. Il a seriné lacertitude quÊil en avait encore dans lestripes. Premier club congolais à avoirremporté une coupe dÊAfrique desclubs, ancienne formule – par deux foisde suite (1967, 1968) –, la seule équipeafricaine à avoir défendu son titre enfinale ; elle a été finaliste quatre foissuccessivement (1967, 1968, 1969, 1970).Mazembe, a été la première équipe

congolaise à remporter la Coupe desCoupes le 7 décembre 1980, avantdÊêtre cette année-là, le premier teamcongolais à gagner la Coupe dÊAfriqueversion ChampionÊs League. Il a aussijoué la prestigieuse Coupe du Mondede Clubs, organisée fin décembre à AbuDhabi et remportée par le monu-mental Barcelone, du génie Messi.Les Congolais de Bruxelles ont ainsicélébré avec faste la consécration con-tinentale du team blanc et noir (blanco-neri comme diraient les adeptes duCalcio). LÊambassade aura été le pointde ralliement de tous ceux qui regar-dent positivement le Congo. Hierencore objet de railleries et de moque-ries, aujourdÊhui en voie de réhabili-tation. Après la mise au pilori, la mise aupinacle ⁄ La magie du football aencore agi. Tous pas fous de foot, ondécèle dans cette foule les sentimentsles plus divers : nostalgie, réchauffementdÊappartenance nationale, exaltation dela mère-patrie, communion à lÊhystériepopulaire. Bref, une identification à ceuxqui sont restés sur la superficie duterritoire national. Fantastique !

Et le présidentJoseph Kabila branditla CoupeDes fanatiques chauffés à blanc „confa-bulent‰ à travers la narration docte dessouvenirs dÊenfance⁄ autour du foot-ball. Des larmes de joie, des chants debravoure pour porter au summum, les

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stars des stades, des cris dénués dÊélu-cidation⁄ Tout y passe. CÊest splendide !Quand le chef de lÊÉtat, Joseph Kabila,passe le trophée entre les mains ducapitaine Mputu Trésor, cÊest lÊapothé-ose. On frôle lÊévanouissement pourcertains. DÊautres restent sans phrases,éberlués, hébétés par lÊémotion. Héroï-que ! Beaucoup pensent à un don duciel, pour asperger de baume les cflursdes Congolais longtemps meurtris parles affres de la guerre. On se congra-tule. On chante à tue-tête. On invoqueles fées qui veillent sur le Congo. Onévoque dÊautres souvenirs similaires.On entonne des alléluias à la gloire deDieu. Des Belges venus partager lÊélixirde la victoire avec les Congolais, se mê-lent à la fête. Grandiose ! Simplementsensationnel⁄ CÊest la totale !LÊambassade sÊembrase aux coups depétards feints qui proviennent deséclats des bouchons de champagne.Dans la bonace, des effluves de bièresviennent arroser la moisson du Tout-Puissant Englebert. La récolte abondante,fruit dÊefforts inlassables, a tenu la pro-messe des fleurs. On exulte. Des vivats,des hourrahs, des bravos aux braves quiramènent du gibier pour la maison-née⁄ Le côté beurré de la tartine ⁄ Lafête enfle lorsquÊon apprend que toutLubumbashi est dans la rue ; que demémoire de Lushois, on nÊavait jamaisvécu pareil déferlement.

LÊhomme au chapeau de cow-boy - ceborsalino blanc ou noir à larges bords,qui ne le quitte pas quand son équipejoue - Moïse Katumbi arbore un largesourire. LÊartisan recueille la rétributiondÊun engagement total en faveur de sonClub. On le sent savourant avec délec-tation des moments épiques. Les 100%,groupe dÊanimation, donne à la fête descouleurs carnavalesques, des allureschevaleresques, des parfums festivales-ques⁄ des moments comme ceux-là,méritent dÊêtre vécus dans la vie dÊunenation. Ça ragaillardit. Des largessourires illuminent les visages, des rireshomériques. Des copieux repas, desmets succulents sont agrémentés detoutes les spécialités viticoles. Même lesappétits gargantuesques sont assouvis.Mémorable !Des dithyrambes volent à différenteshauteurs. Des titres de gloire aussi. Lesgens sÊaffublent de qualificatifs presti-gieux. Des éloges fusent. La présencedÊanciennes gloires de Mazembe dans lasalle (Saidi et Kamin Adolphe, ex.Secrétaire général) ajoutent à lÊextase.La mythologie rencontre lÊinstant pré-sent et le temps semble arrêter soncours. Mémorable ! CÊest tellementlégendaire quÊon souhaite un remake.Remettez-nous ça lÊannée prochaine.Plat répété : „Esalaka moi bien ! ‰

Henri MOVA SAKANYI

GRAND-MESSE SPORTIVE¤ LÊAMBASSADE DE BRUXELLES

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Bwanga Tshimenu. Si cenom ne vous dit rien,cÊest que vous neconnaissez pas lÊhistoiredu football africain. Ou lÊhistoire du football,tout simplement. En ce moment où nouscontinuons de fêter ladernière coupe africainedu TP Mazembe Englebert,il est opportun dÊévoquerun des joueurs qui ontposé les jalons desvictoires dÊaujourdÊhui.

Pilier incontournable du Tout PuissantMazembe de 1964 à 1982 et de lÊéquipenationale congolaise Les Léopards,Bwanga Tshimene est le premier joueurafricain consacré „ballon dÊor‰ (1973),après un „ballon dÊargent‰ obtenu en1972.Le palmarès de Bwanga Tshimenu con-firme une carrière exemplaire et uni-que dans lÊhistoire du football congolaiset africain : 2 fois champion du Zaïre(1966 et 1967) ; 2 fois champion dÊAfri-que des Clubs ; 1 fois champion dÊAfriquedes Nations (1974) ; mondialiste aveclÊéquipe nationale à Munich en 1974. Afin que les jeunes générations puis-sent le connaître, un comité sÊest con-stitué à Paris, à Bruxelles, à Kinshasa età Lubumbashi, afin de rendre hommageà ce joueur dÊexception. Le comitécompte organiser, à Lubumbashi, unmatch de gala des anciennes gloires dufootball congolais pour célébrer lejubilé de Bwanga Tshimenu.LÊévénement coïnciderait avec les 70ans du Tout Puissant Mazembe oùBwanga passa toute sa carrière : faitrarissime dans les annales du footballcongolais. Les recettes du match ser-viront à aider les projets actuels deBwanga Tshimenu dans les secteurs delÊencadrement sportif des jeunes.

Eddie TAMBWE

POUR UN JUBILÉBWANGA TSHIMENU

PREMIER BALLON DÊOR AFRICAIN

Une carrière uniqueet exemplaire

Bwanga Tshimenu, au centre, en compagnie de l'ambassadeur Mova Sakanyi et Eddy Tambwe

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Chers amis du Congo, pour commen-cer cette année en beauté et entamerla nouvelle avec sérénité, la cuisinecongolaise sÊinvite à vos tables !CÊest un secret de Polichinelle : le Con-go est un scandale gastronomique ! Etpour tous les fins gourmets le savent.La cuisine congolaise est non seule-ment fort variée, à lÊinstar de la richessede groupes culturels constituant le pays,mais elle est surtout belle à voir, bonneà présenter.Dans chaque numéro de Yambi, voustrouverez une facette de la cuisinecongolaise. Des plats les plus simplesaux mets les plus complexes.Pour ce numéro, nous avons fait appel àTrésor Tshizeze, un jeune traiteur deBruxelles rompu à lÊorganisation desfêtes. Trésor Tshizeze et son équipenous font ici une petite et rapide dé-monstration gastronomique sur basedes produits les plus consommés dansla cuisine congolaise.Nous avons dans le buffet le choixentre deux légumes : les feuilles demanioc (pondu en lingala) et le haricot(madesu en lingala) rouge. Le choix deces deux légumes ne relève pas duhasard : le pondu et le madesu sont deslégumes consommés dans toutes lesrégions du Congo.Trésor Tshizeze et son équipe nousproposent ensuite du poisson, notam-ment du petit capitaine épicé et braisé,des brochettes de viande (bfluf) et desailes de poulet braisées.Pour la garniture, nos experts nous fontle bonheur dÊaligner de belles chi-kwangue de chez nous ; du riz ; desbananes plantins sous deux formes :cuites à lÊeau et frites.Comme on le voit, la gastronomie con-golaise a plus dÊun tour dans son sac.Un seul article ne suffirait pas pourparler de la diverse, complexe et richecuisine congolaise.NÊhésitez plus, laissez vous tenter, lesdélicieux plats congolais vous disentyambi ! ¤ table !

Kikie KIBAMBI

LE CONGO ¤ VOTRE TABLE !

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Voici la Mama qui nousrevient avec son tour dechant dÊune rare beauté.Depuis le 26 octobre2009, Cesaria Evora, la Diva aux pieds nus, a laissé sur le marché dudisque „Nha Sentimento‰(Sony Music). Une promo romantiquelÊa menée à France Interpour un concert (le 30octobre) suivi dÊun autreau Grand Rex (9-10novembre 2009).

Elle balance une arme de distributionmassive. Plus poétiquement, elle nousbrode un coussin de grand-mère. Avecamour et passion. Ses ourlets de satinaux allures suaves, jouxtent des bour-relets redondants qui deviennent desoeuvres dÊart. Du grand art ! DÊuneartiste hors pair, hors normes. La gam-me au-dessus. Sa braderie fine, subtile,transparente transperce les cflurs demélancolie. Fil dÊor sur un taffetas dÊEx-trême-Orient, filon dÊor qui titille leseffluves palatales. Ce disque sÊenfle desuperlatifs. Ses sons scintillent au con-tact des rayons du soleil brillant sur lescascades dÊeau. Il en tombe des cordes,des flocons, des grêles. Une couléerutilante en rafales aigües.

La langueur au rendez-vous,comme toujours...LÊatmosphère bruit dÊeffervescence quivous ballote de déliquescence en éva-nescence. On se console en ce basmonde, dÊavoir à cohabiter avec autantde talents sidéraux. Il suffit dÊavoir ladécence dÊécouter avant de parler,avant de juger. fiuvre majeure quÊestcette lampée dÊeau-de-vie. Elle vousamène brouter dans le pré verdoyant.Ce jardin luxuriant offre aux délices delÊouïe, lÊAfrique, dans sa dimension fes-tive. Des sonates candides pour ramol-lir les cflurs aigus des perfides. Une

CESARIA EVORA

Il y a du „Yambi‰ dans le derniertube de la diva aux pieds nus

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olive aux couleurs violettes que sauteune racine serpentant à travers bois etforêts. Grimpantes ou rampantes, tou-tes les créatures, vertébrées ou non,bipèdes ou quadrupèdes, se déhan-chent en chantant sur les airs de laMadre del mar (la mère de la mer), laMadre Azul, fille des îles et donc deseaux⁄ En ce ciel azur ou bleu marine, on avaleforce calamars et scolopendres⁄ ¤ lanuit tombée, on est rempli dÊextase. Point de boniment, pas dÊersatz, pas deparodie avec la Diva, aux pieds nus.Prose ou poésie, sonates surfent sur lessourates (eh oui cette fois, elle y a mêléles sonorités et les grincements descordes arabes). En balançoire ou en hamac, cÊest lenouveau „mic-mac‰ qui vient à la res-cousse de la musique qui sÊeffilochait augré de la techno faite de bric et debroc. Ce bric-à-brac, qui nous sert desuccédané à la mélodie angélique tropsouvent passée à la trappe dÊune mo-dernité qui nie la musicalité de la vie.Jeté aux oubliettes ou enfoui dans lesméandres des labyrinthes, délaissé à lamerci de la moisissure ou voué à lapoussière des greniers, ce petit filetdÊeau se perd dans le sable des appro-ximations. Heureusement que CesariaEvora remet les pendules à lÊheure.Que viva la musica ! Queridos herma-nos, donde es Johnny Pacheco ? Gra-cieuse Evora, avec elle, il y a desdécibels harmoniques à délivrer. Elle nenous a pas encore sevrés de sa voixberceuse. LÊanorexie nÊest pas pourdemain. Quelle fasse durer le plaisir⁄CÊest une complainte qui implorelÊéternité.

La voix mythique a survécu à lÊaccident⁄ Ouf !On attendait la nouvelle Cesaria Evoraaprès son accident cardio-vasculaire.On est sevré : un mélange de caramelet de „mouillement‰ des mets exquis.Après son album dÊarchives sorti endécembre 2008, on avait nos drapeauxen berne quêtant en prime time, lÊoffrealléchante. Démentiel. On sÊen pour-lèche les babines. Avant 1975, elle enregistrait pour RadioBarlavento, dans sa ville natale, Mindelo,sur lÊîle de Sâo Vicente. Voici quÊellenous revient trois ans après son opus„Rogamar‰. „Nha Satimento‰, sonnouveau disque atterrit dans nos bacs,après lÊaccident vasculaire-cérébral sur-

venu en 2008 lors de sa tournée enAustralie. Il a laissé des stigmates. LÊim-pact sur sa voix se sent dès le premierabord. Elle nÊest plus très aigue. Ellesurfe sur les crêtes de lÊalto, surnage lesoprano et revient pianoter sur lesnotes du ténor. Elle se permet quel-ques vibratos même si ses trémolosdÊantan demeurent dÊun soft inégalé.Elle ne resquille pas. Elle assume. Il ensort une Evora encore plus vorace dechants de classe internationale.AujourdÊhui, à 68 ans, la voix toujourslangoureuse et moulante qui colle auxinstruments provenant dÊhorizons divers.Elle fait honneur au mélange, au métis-sage, au savant dosage. Réalisé par Nando Andrade et produitpar José da Silva, ce disque porte bienson nom „Nha Sentimento‰. Il vous faitnaviguer dans les eaux abyssales. Il vousfait passer par toutes les émotionsprofondes, des thèmes graves, parfoisdes morceaux légers⁄ Mais en fin decompte, la joie lÊemporte sur le chagrin,le bonheur sur le regret, le désir sur latristesse. Ce requiem qui pose le dernier cloudans le cercueil qui emporte la souf-france, et laisse la place à la puissance,est un recueil de poèmes en guise devisa pour la réjouissance. Nha Senti-mento est⁄ sentimental. Tout simple-ment. Il fait écho à son ancien album„Voz dÊamor‰. Ses gloses chuchotés font de „Serpen-tina‰ une chanson de lÊâme. Elle creuseune entaille doucereuse dans le cflur

endolori de lÊAfrique. „Vento de Su-este‰ (Vent du Sud-Est) est dÊune musi-calité frugale, boulimique⁄ Sa musiquedouce, langoureuse, vous convie à ta-miser la lumière pour des paupièrestombantes. Yeux dormants ou révulséspour des convulsions catharsiques. Touty passe : ma triste solitude, la tristesse,la mélancolie. Des textes costauds :quitter le monde de lÊabsence pourfigurer loin dans lÊunivers virtuel, pourentrer en existence (tangible, fongible,irréfragable, palpable)⁄, en or ou en os,en chair ou en chose⁄ Un mal dÊamourpétri de sensualités, bourré de sen-timents⁄

Demain, tout peut finir⁄Dans „Higereza‰, légèreté rime bienavec pureté et volupté. On est sur lemodèle quÊon connaît à Cesaria Evora,genre Saudade. „Qui sait un jour ?‰ sÊin-terroge-t-elle. Who knows, one day ?CÊest lÊesperanza pour tous les deses-perados dÊAfrique⁄ A hope, un expec-ting, pour un mieux que le présent quisÊévapore comme la fumée paresseuse.LÊAmour sÊen va / LÊAmour revient /Nous balançons / Dans son va-et-vient(Ebb and flow), chante-elle⁄ On la croit embrasser lÊépicurisme,lÊhédonisme ici comme dans „Serpen-tina‰. La farniente, la Bamboula : „Man-geons et buvons car demain nous

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mourrons‰, disait lÊautre. Pour CesariaEvora „Demain, tout peut finir‰,⁄Allons nous amuser tant quÊon peut(„Dang kwey utshid môm‰, disent lesLundas). Pense-t-elle, à ce qui a faillilÊemporter ?Dans „Verde Cabo di nhas Odjors‰, elletransforme tout dÊabord en vert rubiset émeraude, malachite et massifvégétal. „Cap Vert de mon regard‰ ettout devient vert. Plus vert que latristesse / Plus vert que la souffrance /De cette verte mer des larmes / Pasbleu azur : le large est vert couleurécologique, de la forêt dense et lÊherbefolle de nos champs verts où serpen-tent les vents fougueux du littoral. Dans „Vento de Sueste‰ (Vent du Sud-Est), elle revient aux racines de la vie où

il nÊy a que Dieu⁄ seul juge impénitentet incorruptible / Qui ne dort pas⁄Tout ce que jÊavais en ce monde / Levent du Sud-Est me lÊa emporté. DÊoù lacinglante complainte : Donne-moi unecréole à aimer⁄ au moins. Il est déjà question de souffrance dans„Ligereza‰, car elle sÊexténue à pérorerpour quÊadvienne le baume qui adoucitlÊâme / Il y a déjà tant des souffrances(A endurer/Rendons nos vies suaves /Recherchons une brise / Hissons lesvoiles (No iça vela) (De notre amour). La même philosophie qui puisse dans lestoïcisme, on la retrouve dans „Fata-lidade‰ : Si tu es ni disgrâce ni mort /Alors tu es simple destinée / Courantsur la ligne du sort / Elle se laisse bercerpar un fatalisme stoïque : je supporte

mes désillusions / Sans douleur ni souf-france / Et sans haine dans le cflur⁄ On ne peut mieux dans la zen attitude.Puis le cflur bat la chamade, elle,revient à la charge : travaille, lutte etchante / Arrose ta vie avec la sueur dela joie / Et ton jour viendra oui tonjour⁄ Dans „Esperanza di Mar Azul‰, elle versedans lÊespoir que représente la merbleue / Que Dieu nous garde toujoursainsi / Dans la paix, lÊamour et latendresse / Parce que la vie est faite /Des tempêtes, des vents du nord, desvents du sud. LÊapothéose lyrique est dans „Senti-mento‰ : Douce image de mort devie⁄Telle une épopée épique⁄Que jeveux habiter ton cflur / Avec mes

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pauvres vers sans gloire / Avec toute laforce de mon âme, je crois tÊaimer / Tonsourire aisé / Est davantage quÊun soleil. Dans „Noica del ciel‰ (Fiancée du ciel),les amourettes sont fringantes, exubé-rantes⁄ Ma petite blanche colombe /Cadeau de Dieu / Avec tendresse /Blanc plumage / Pleine lune / Sur mamain / Je te caresse / Pour quÊelle nesÊenvole jamais / Ah bon ! Elle aussichante la Paloma blanca ! / Oiseau depaix / Plume et palme en bec poursemer lÊharmonie dans les cflurs deshommes, fluvres de Dieu⁄ „Zimba‰,un des titres les plus enlevés. Léger,aérien, qui dissipe lÊémotion tout enincitant à la danse. Dans un délicattravail percussif signé Tey Santos.

Il y a du „Yambi‰ dans tout ça ! „Mam Dua So Mi‰, le titre de labienséance africaine. Pour lÊaccueillirtoute sa tendresse : „Enfouis ta peine,dessine un sourire.‰ Cette fluvre dÊaccueil cordial et fra-ternel, sÊérige mieux dans „Parceria EIrmandade‰ (Partenariat et Fraternité).Il y est question de „Morabeza‰ (ma-nière aimable et chaleureuse dÊaccueil-lir) : cÊest notre devise, cÊest notre sang,ce nÊest pas du pétrole / cÊest notrebonheur qui sourit / cÊest une fluvrede saudade. Ce blues est un genre de „tristessejoyeuse‰ qui fait découvrir une CesariaEvora, militante de la cause des dé-munis africains. Celle qui peut revendiquer le charismede la très regrettée Mama Africa,Myriam Makeba, vient nous revigoreraprès la perte brutale de la Malaïkaadepte de „Patapata‰. Ceux qui ont des goûts musicaux„borderline‰ seront repus. Matheux oubaveux, on en raffole. Nulle laideur encette prairie où lÊherbe verte se pré-lasse au soleil printanier et les couleursfluorescentes agrémentent de leur par-fum lÊair ambiant. Que la joliesse sÊallieà la joie et lÊhumour à lÊhumeur, onhume des fluides vitaux, eaux et airs, enbulle ou en boule. Des vagues torren-tielles de musiques pourtant douces etdoucereuses. LÊexotisme sÊaccouple aunaturel pour faire tempo concordant. Dans cette alchimie qui mêle lÊutile etlÊagréable, on croit savourer les délicesdu homard braisé ou de lÊhuître aro-matisée ⁄ En barbecue⁄ Ambiance des îles⁄Parfum exotique de lÊocéan qui exhaleles fruits de mer, du calamar au lan-gouste ⁄

La Diva garde sa place⁄Non, pardon, sa classe⁄. Des libellules voltigent autour de cettefleur éclose qui étale ses pétales à lÊairdu vent, bourgeonnant pour saluer larosée qui convie le soleil à lÊéveil. On ytrouve un mélange du fado portugais etdes ballades des marins britanniques.„LÊart est de briller en restant à saplace‰, dit lÊadage. Ainsi chez Cesaria Evora, pas dÊegosurdimensionné : elle offre à tout vent,force „featurings‰ aux jeunes de tousles courants musicaux (les Neg Mar-rons, par exemple). Une leçon demodestie pour tous ceux qui sÊauto-encensent au lieu de laisser les critiquesles monter au pinacle, ou les descen-dre, six pieds sous terre. En sÊébrouant, on se libère de lÊexcèsdÊeau et de cambouis qui obstruent lesorifices olfactifs pour mieux entendreces sons angéliques. De la qualité ⁄ Silence de plomb ⁄Puis un florilège dÊaccords ⁄ Elle aconnu une universalité rare, dès la fin

des années 80. AujourdÊhui, Madonarêve dur comme fer dÊenregistrer avecelle. Après lÊalbum Mar Azul qui larévéla au monde en 1991, la Diva auxpieds nus atteint les sommets avec„Nha sentimento‰ dans lequel Ligerezabénéficie de lÊaccordéon de HenryOrtiz, enregistré à Bogota en Colom-bie. Les trois mornas de lÊalbum, „Ven-to de Sueste‰, „Sentimento‰, „MamÊbiaE So Mi‰, bénéficient dÊarrangementsdes cordes égyptiennes signées FathySalama, qui dirige le Grand Orchestredu Caire. On a là, la preuve que la Ma-ma a des racines arabes, via la musiquearabo-andalouse, selon les assertionsdu musicologue Vasco Martins et delÊauteur Manuel de Novas. Il faut bien distinguer les mornas (bluescapverdiennes) des saudades, des cola-deras (chansons entêtantes faites pourdanser). La voix chaloupée de CesariaEvora a popularisé la Morna. La sau-dade est un mélange de mélancolie, denostalgie et de tendresse⁄ Voici quatorze poésies, chants de lÊâmeque nous sert la Mama sur des textesen majorité signées Teofilo Chantre etManuel Novas. Evora, tale care, mum.You missed us a lot.

Henri MOVA SAKANYI

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Magazine Yambi : Alors, Lita Bembo, unrevenant ?Lita Bembo : Vous savez, être artiste, cen'est pas seulement être présent surune scène, ou sortir des disques. C'esttoute une vie, même la mort ne peutvous l'enlever. Non, je ne suis pas unrevenant, je dirai plutôt que j'ai fait unepause en ce qui concerne les disques ettournées. Mais, certains fans avaient etont toujours – en tout cas je l'espère -le plaisir de m'écouter chanter lors desfêtes et soirées.

M.Y. : Vous travaillez actuellement sur unprojet de single sur les⁄ 5 chantiers !Décidément, on ne vous attendait passur ce sentier⁄ Envie de se lancer enpolitique ou simple élan patriotique ?L.B : Écoutez, il ne faut jamais dire :„Fontaine je ne boirai jamais de toneau.‰ Mais, très franchement, moi poli-ticien ? Non ! Je ne me suis jamais posécette question. Je suis trop libre dÊespritpour faire de la politique. Dans ledisque que je prépare, je voulais, à monhumble niveau, et avec les armes à madisposition, participer à lÊeffort nationalde reconstruction engagé par notrechef dÊÉtat, le président Kabila. Pourmoi, nous devons tous mettre la main àla pâte, pour faire avancer le pro-gramme des 5 chantiers. Cette chanson,c'est un message dÊespoir que j'envoie àmes compatriotes.

La chanson n'a pas étécommandée

M.Y. : Ce sera votre première expé-rience dans le registre patriotique ?L.B. : CÊest vrai que, ces dernières an-nées, je n'ai pas participé aux diffé-rentes chansons patriotiques. En som-

me, je nÊai pas chanté pour Laurent-Désiré Kabila. A l'époque, je me sentaisloin des réalités du pays. Et dans ces cas,je ne m'engage pas. Aujourd'hui, jepense que nous devons tous prendreconscience dÊune réalité : le problèmedes Congolais est congolais. Tant queles Congolais n'auront pas compris quele Congo ne peut se relever que si,nous tous, nous nous mettons à réflé-chir sur notre destin, nous nÊirons pasloin. Nous devons nous demandercomment faire, pour sauver le Congo.Nous devons nous poser des vraiesquestions, et oublier un peu nos petitespersonnes pour penser au grand Con-go, malade, qui crie au secours à sonpeuple.

M.Y. : Quel regard portez-vous sur lapolitique actuelle du pays ?L.B. : Il y a des bonnes choses qui sefont au Congo. Le président de laRépublique et son équipe ont mis enplace un plan d'action pour lareconstruction du Congo. C'est unemise à lÊépreuve pour eux. Laissons-leur le temps qu'il faut pour laréalisation de ce plan, avant de les juger.C'est un peu cela le message dans machanson sur les 5 chantiers. Et pourrassurer le public, je précise que lachanson n'a pas été commandée. C'estma propre initiative.

M.Y. : Ça sera difficile à croire à monavis⁄L.B. : Oui, mais cela fait partie deschoses que les Congolais doiventchanger dans leur façon de voir et defaire. Dès que vous dites quelque chosede positif sur le pays, vous êtes tout desuite taxé de kabiliste ! Beaucoup deCongolais pensent quÊil est de bon tonde critiquer négativement tout ce quise fait au pays. Ils ont pris le pari denoircir quelque soit le cas. CÊest tropfacile. Le pire est que c'est lÊimageextérieure du pays qui en paie le prixfort, malheureusement.

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MUSIQUE

Lita Bembo, dit „Libek.9‰.Cet artiste aux alluresparticulières est sans nuldoute le plus original desartistes congolais. Par son style musical, sataille, grande, et son look,„Libek.9‰ continue defaire vibrer les cflurs desCongolais, malgré uneabsence, longue, trèslongue, sur la scène. Mais les connaisseurs dubon spectacle continuentde le réclamer, à corps età cri ! ¤ Bruxelles, où ilvit depuis près de 25 ans,chacune de ses appa-ritions est saluée par dessalves d'applaudissements.Et des cris : „Lita Bembo,Kolo Kwanga !‰ Preuveque les Congolais n'ontjamais jeté dans lesoubliettes le plus grandshowman de lÊhistoiremusicale de la RDC. ¤ la veille de son entréeen studio pour un singledédié aux „CinqChantiers‰, il a bien vouluse confier au magazineYambi. Rencontre avec unmonstre sacré de lascène⁄

LITA BEMBO „LIBEK.9‰LÊARTISTE INTEMPOREL SURPRENDAVEC UN SINGLE DÉDIÉ AUX⁄

„5 CHANTIERS‰ !

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M.Y. : Que pensez-vous de la musiquecongolaise d'aujourd'hui ?L.B : Je pense qu'aujourd'hui nosmusiciens, aidés par le sponsoring, lemultimédia et autres, ne veulent pass'inscrire dans le long terme. Ils font dela musique à la mode, pour de l'argent,ils font du „copié/collé‰. Pour moi, unartiste doit être capable de faire bienplus que cela. Un artiste doit chercherà réinventer les choses ou tout simple-ment à marquer sa musique par desoriginalités, en faisant ce que les autresne font pas⁄

M.Y. : Pourtant, les artistes congolaisenvahissent le monde, et jouent dansdes salles mythiques de lÊAfrique et delÊEurope⁄ L.B : Je ne suis pas en train de dire quenotre musique est nulle. Loin de là. Maison peut mieux faire. Vous vous rendezcompte, on nÊarrive pas à faire mieuxque Grand Kallé, ou Tabou Ley. Ce n'estpas normal. JÊavoue quand même queKoffi Olomide arrive à faire des chosesque je qualifierai d'exceptionnelles.C'est un fou du travail. Lui m'impres-sionne.

M.Y. : Il vous arrive souvent de repen-ser à vos débuts de carrière⁄L.B.: Oui, très souvent, avec unecertaine nostalgie. Car c'est une longuehistoire. Je suis devenu musicien demanière étrange : grâce à la carrièrepolitique de mon père ! Il était tout letemps parti : muté ici et là, dans lesprovinces de notre beau pays. Je mesuis retrouvé seul dans notre pavillonfamilial. Beaucoup de mes amis del'époque avaient alors pris lÊhabitude detraîner chez moi. Nous sommes arrivésà faire de notre maison „un État danslÊÉtat‰. Nous régnions en maître dans lequartier. Non pas comme des voyous,mais plutôt comme des grands frèresqui veillaient sur le quartier... Un jour,alors que j'allais prendre un taxi pouraller voir un ami, un groupe de jeunesdu quartier, qui faisait de la musique, m'ainterpellé et proposé de jouer unmorceau. Après cela, tout est allé trèsvite. JÊai été intégré dans le groupe. Macarrière était partie⁄

M.Y. : Nous arrivons au terme de cetteannée 2009, c'est quoi le bilan pourvous ?L.B. : Oh, il y a eu du positif et du né-gatif, comme pour tout le monde. Pourmoi, les choses se terminent plutôtbien. J'ai un disque en préparation : unsingle sur le 5 chantiers. JÊécris égale-ment mes mémoires, qui paraîtront en2011. CÊest du positif tout cela. Merciau créateur !

M.Y. : Un mot de la fin pour lesCongolais, du pays et de la diaspora ?L.B. : Je voudrais souhaiter de trèsbonnes fêtes de fin d'année. Et unebonne année 2010 à tous ! Que dubonheur! Kolo kwanga akozalaka,toujours ! Voilà.

Entretien réalisé par Kikie Kibambi

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LIBEK.9©

Luc

Via

tour

Je suis devenumusicien de manièreétrange

Les Congolaisdoivent changer

Lita Bembo se rappelle au bon souvenir de ses fans

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Comme pour mieux mÊorienter, il meraconte son enfance, à Kinshasa. Dansles menus détails. Ses études primaireset secondaires dans la commune deMatete. Son passage à la prestigieuseécole catholique Bonsomi de N'djili.Ensuite le mythique mais tumultueuxAthénée de la Gombe. Dans ce par-cours sinueux, il y aura aussi l'InstitutBafumba de Basankusu. Puis, la Belgique,quÊil rejoint „dÊabord pour étudier‰,insiste-t-il. ¤ Bruxelles, son parcours scolaire dé-bute à lÊAthénée royal de Roodebeek,dans la commune Woluwe Saint-Lam-bert. On retrouvera le jeune homme àlÊUniversité francophone internationale(UFI). Et la musique, dans tout ça ?Chez Papy Tshimanga, la musique estune affaire ancienne. Il débute trèsjeune, dans des chorales chrétiennes,catholiques. Il y apprend la guitare à labonne franquette. En autodidacte assi-du. Il est aidé par un complice, AlainKALONJI, un virtuose de la guitare,aujourdÊhui avocat au Barreau de Kin-shasa. Comme de millions dÊautres jeunes deKinshasa, Papy rêve de gloire et desuccès. Il apprend la musique (chant etinstruments) avec frénésie, en écumantdivers groupes musicaux improbablescomme seule la capitale de la musiqueafricaine (Kinshasa, bien sûr !) sait enfabriquer⁄

De „Mbore MÊbord‰à „Coin ti Coin‰⁄„Tenez, prof⁄‰ Papy me tend son der-nier album. Un coffret matériellementbien réalisé. Design standard interna-tional. LÊalbum est produit par CMBProduction. LÊartiste sourit, visiblementfier de lÊobjet. En fait, son premierdisque, son unique album. Dehors, ilpleut de plus belle, sur lÊAvenue Louisequi sÊembrume davantage. Autour de

nous, dans ce salon feutré du Conrad,des clients, bruyants. Les animateursMarc Tabou, Francis Kankonde, LauraTendance. En train de préparer uneémission. Leurs éclats de rire obligentPapy Tshimanga, qui parle naturelle-ment bas, à hausser sa voix fluette, enme parlant.Son album ? CÊest six chansons, rela-tivement courtes. Comme pour collersur le standard international. LÊalbumcommence par la chanson „MboreMÊbord‰ : un morceau dÊanimation, mi-world mi-rumba⁄ Au moment où lamusique congolaise peine à découvrirde nouveaux talents, lÊalbum de Papyest une bonne nouvelle. Commentdéfinir cet album ? Disons que cÊest unboulot de chercheur. Papy Tshimanga,un chercheur de nouvelles sonorités,de nouveaux souffles, de nouveaux es-paces dÊexpression. De ce point de vue, „Mbore MÊbord‰, etplus largement lÊensemble de lÊalbum,tombe à pic ! Du moins, dans sa tramerythmique !DÊautres chansons - comme „Provisoire‰ou „Coup de foudre‰ - tiennent aussileurs promesses. Elles rappellent, parmoments, le tempo „Quartier Latin‰mais sans le maître Koffi Olomide.Parfois, au détours dÊune séquence, oncroit entendre Modogo. La chanson „Fruit défendu‰ - à mes yeux,enfin à mes oreilles – semble trahir lesinfluences chrétiennes de lÊartiste.Comme quoi, on nÊéchappe pas à sondestin, à ses débuts. LÊensemble delÊalbum est de toute évidence bien tenu.Une fraîcheur, actuellement rare dansnotre musique. Quand vous écoutezlÊalbum, vous êtes vite entraîné dansune ballade mille couleurs. Des sono-rités volent dans tous les sens. DanslÊalbum, cohabitent des styles divers.Qui se côtoient harmonieusement,pour donner des mélodies inédites. Tiens, vous cherchez encore un cadeaupour la Bonne Année ? Je suggèrelÊalbum de Papy Tshimanga⁄

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MUSIQUE©

DR

Taille moyenne, look dejeune homme dans le vent.Blouson noir, pantalonJeanÊs déchiré par endroits,mais avec délicatesse. Avecun certain art, en somme.Coiffure rasta, coupéecourt. Des baskets, sanschaussettes, malgré lasaison automnale. En cesamedi de novembre 2009,Bruxelles est en effetassailli par une grisaille bienclassique à la ville. JÊai rendez-vous avec PapyTshimanga. Un artiste-musicien congolais. Affalédans le cuir douillet de cefauteuil de lÊhôtel Conrad,de lÊavenue Louise, ilmÊattend, un verre dechampagne à la main, quÊiltient dÊun geste leste. „JÊadore les bulles dechampagne‰, lance-t-iltimidement, avec un brindÊinsolence. Il est commeça, Papy Tshimanga, du hautde ses trente-cinq ans, quÊilne fait nullement – on luidonnerait une vingtainedÊannées !

MES RENDEZ-VOUS

par Eddie Tambwe

PAPY TSHIMANGAUN ARTISTE AUCARREFOUR DE TOUTESLES SONORITÉS

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Faut-il juger les fluvresdu passé à travers leregard dÊaujourdÊhui, lesinterdire, ou encore, lesdiffuser mais avec desprécautions, quand ellesvéhiculent des images etdes discours empreintsde préjugés, sinon deracisme ? Ce sont-là,quelques-unes desquestions qui ressortentà lÊanalyse de la démarchede Bienvenu MbutuMondondo, un Congolaisqui a initié depuis 2007,une plainte pour faireretirer de la vente, lÊalbumdÊHergé, Tintin au Congo.Yambi vous donne salecture des faits.

FAUT-IL INTERDIRE„TINTIN AU CONGO‰ ?

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Le 24 juillet 2007, un citoyen congolais,Bienvenu Mbutu Mondondo, dépose uneplainte contre X et contre la sociétéMoulinsart qui détient les droits desfluvres dÊHergé, devant le juge dÊin-struction belge Michel Claise, pour lÊin-terdiction de lÊalbum Tintin au Congo.Pour justifier sa plainte, Bienvenu Mbutuse base sur la loi du 30 juillet 1981,prohibant les propos racistes ou lesatteintes portées à une partie de lapopulation, qui découle de lÊarticle 444du Code pénal, visant lÊatteinte à lÊhon-neur des personnes.

Pour lui, Tintin au Congo, véhicule desimages, des propos racistes, qui portentatteinte à lÊimage des Congolais. Comme lÊécrit le site Afrik.com, „Re-tiré des rayons dans certaines librairiespour enfants en Angleterre en 2007,placé dans une chambre forte en aoûtdernier à la Bibliothèque de Brooklyn àNew York, boudé par l'éditeur sud-africain de Hergé qui refuse de le tra-duire en afrikaans, Tintin au Congo,publié pour la première fois en 1931dans un contexte colonial, est de plusen plus contesté aujourd'hui.‰

Tintin au Congo, véhicule des images, des propos

racistes, qui portent atteinte à lÊimage des Congolais

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UNE ATTEINTE ¤ LA LIBERTÉ DÊEXPRESSION ?

Aussitôt la plainte déposée, cÊest ladouche froide dans le monde de laBelgique bédéphile, qui voue un cultesans limite à lÊfluvre du célèbre Hergé,à tel point que même le très populairecaricaturiste du journal Le Soir, Kroll, sesent obligé de publier dans la revueTélémoustique, un dessin virulent etlimite, limite, dans lequel il tourne endérision la plainte de Bienvenu Mbutu.Ce serait une atteinte à la sacro-sainteliberté dÊexpression. DÊautres réactionsy voient même un parallèle avec lÊaffairedes caricatures de Mahomet, parues enSuède, mises à lÊindex par les islamistes.Ceux qui y voient du racisme, nÊy com-prendraient rien, pour ne pas dire plus⁄Pour ces inconditionnels de Tintin, ilfaut replacer lÊalbum dans son contextehistorique, celui dÊune Belgique colonia-liste avec ses préjugés de lÊépoque. Riende plus. Comme lÊavait dÊailleurs affirméHergé, en son temps, interrogé sur cethème.Mais le débat est lancé, et journaux etmédias audiovisuels vont sÊemparer delÊaffaire, qui va rapidement acquérir unedimension internationale, inattenduepour lÊauteur de la plainte qui nÊen es-pérait pas tant.Cependant de 2007 à 2009, rien ne sepasse, et suite à lÊinaction de la Justicebelge, Bienvenu Mbutu prend commeavocat le célèbre juriste français MeGilbert Collard, décidé cette fois àporter lÊaffaire devant les tribunauxfrançais. Ce qui fut fait en septembredernier, et contre toute attente, laplainte a été jugée recevable et pour-suit son cours.

UNE NOUVELLE PLAINTE EN SUISSE

Prenant le relais de Bienvenu Mbutu, le3 septembre 2009, Hedi Putallaz, denationalité suisse a porté plainte auprèsdu juge dÊinstruction du Bas-Valais, àSaint-Maurice ; pour interdire la ventede Tintin au Congo, ouvrage quÊil estime„discriminatoire et choquant pour lespersonnes de couleur.‰ Sans préjugerde la suite que les justices françaises ethelvétiques réserveront à ces deuxplaintes, il est permis de faire quelquesréflexions et de sÊinterroger sur desquestions de fond que pose la publi-cation des fluvres comme celle miseen cause : comment doit-on appréhen-der une fluvre artistique, lorsquÊelleest fortement connotée de préjugés deson époque et quÊelle peut porterpréjudice à lÊimage dÊune communautéou dÊun groupe ethnique ?Doit-on lÊinterdire ou autoriser sa dif-fusion mais sous certaines conditions ?Quelle influence les préjugés véhiculéspeuvent-ils avoir sur la formation dujugement des jeunes lecteurs (mais passeulement), qui ne disposent pas durecul nécessaire pour replacer lÊfluvredans son époque ? Tout cela mérite undébat.Car si on peut discuter de lÊopportu-nité dÊinterdire ou non, Tintin au Con-go, une réalité demeure : cet albumvéhicule indiscutablement des clichésracistes, que son auteur a dÊailleursreconnu lui-même.

ON NE PEUT TOUT RELATIVISER

Alors quoi faire ? Certainement pas nierle caractère inacceptable du contenu,en le relativisant par rapport à la men-talité de lÊépoque. Peut-on justifierlÊanti-sémitisme par rapport à une épo-que, tout en se prévalant des valeursdes grands philosophes européens, quiont vécu et écrit bien avant le colo-nialisme du XIXème siècle ?¤ force de relativiser, il nÊy aurait plusrien de condamnable et tout se justi-fierait par les circonstances. Mais surtout, et cÊest là où le bât blesse,comment empêcher quÊà travers desimages, des situations et des écrits quivéhiculent des préjugés de race ou decouleur, empêcher quÊils se transmet-tent de génération en génération ?Il y a lÊécole, bien-sûr, mais sans doutefaut-il aussi, au minimum, en dehors delÊinterdiction, encadrer la lecture de telsouvrages, peut-être par des avertis-sements en page de garde, des notesexplicatives⁄ Bref, le sujet nÊest pas sianodin que certains voudraient nous lefaire croire et Bienvenu Mbutu a eu lemérite de le mettre à lÊordre du jour etde susciter ainsi le débat.Dernières nouvelles concernant cedossier, le 9 décembre dernier, les avo-cats de Bienvenu Mbutu, ont sollicitédevant la chambre des mises en accu-sation de Bruxelles, lÊaccès au dossierjudiciaire, que le juge Claise, en chargedu dossier leur a refusé jusquÊà présent.Et selon le journal Le Soir, „ils envisa-gent dÊintenter les jours prochains uneaction en cessation devant le tribunalde commerce visant lÊinterdiction de ladiffusion de lÊalbum. Bienvenu Mbutu adéposé plainte en 2007 contre X etcontre la société Moulinsart, en chargede lÊexploitation commerciale de lÊfluvredÊHergé‰, souligne ce journal. Enfin, souligne encore Le Soir, „M. Mbutudéclare avoir déjà tenté à plusieursreprises de trouver une solution àlÊamiable avec la SA Moulinsart maiscelle-ci aurait toujours refusé. La SAMoulinsart nÊétait pas joignable.‰

cet album véhiculeindiscutablement des clichésracistes, que son auteur adÊailleurs reconnu lui-même

comment empêcher que des préjugés de race

ou de couleur se transmettentde génération en génération ?

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Pie Tshibanda, lÊhumoriste et conteurcongolais, nous livre ici dans soncarnet de voyage, ses impressionslors de son passage en Nouvelle-Calédonie.

Le carnet de voyage de Pie Tshibanda en Nouvelle-Calédonie

¤ la suite du „Fou noir au pays des blancs‰, jÊaivoulu me prémunir contre lÊencensement enpubliant „Je ne suis pas sorcier‰. Peine perduecomme en témoigne cette lettre dÊun lecteur-spectateur : „⁄Vous êtes un des seuls à m'avoirfait "chanter" dans ma tête car comme j'ai étéopérée du larynx, je ne peux plus chanter... maisrevendiquant toujours le droit à la "parole", j'aiencore vos mots qui chantent dans ma tête là...et voilà pour ces 2 h de spectacle, d'optimisme,de sagesse, de gentillesse et de générosité aveccomme toile de fond le respect mutuel... pourtout ça, je vous "dis" M.E.R.C.I.‰ (E.F. Faignond).

UN FOU NOIREN NOUVELLE-CALÉDONIE

Puisque cÊest comme ça que vous le prenez,venez donc en voyage avec moi. Nous allons enNouvelle-Calédonie.

¤ partir de Paris, Air Austral, avec escale à SaintDenis (˝le de le Réunion) et à Sidney (Australie).Arrivée après 27 heures de vol !

Visite en ville. ¤ tout seigneur, tout honneur, dit-on. Je commence par faire la coutume, commeon dit là-bas : visite du chemin kanak, au centreculturel Tjibau. Le chemin kanak est une sortede chemin de croix avec des stations quiracontent non le calvaire de Jésus mais la lé-gende de lÊorigine du peuple kanak.

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Le centre culturel Tjibau a été construit enmémoire dÊun homme dÊÉtat qui a été assassinépar les siens, lui reprochant dÊavoir accepté denégocier avec la France, cette métropole quivenait dÊassassiner des fils kanaks sur la routevers le Nord et à la grotte où des gendarmesétaient pris en otage par des gens qui nedemandaient rien dÊautre que de parler aumonde entier via TF1 ! Vous vous en doutezbien, je ne pouvais pas rentrer sans avoir visitéla tombe de Tjibau, le leader indépendantiste.

Pour le chef du gouvernement (un blanc), ladécolonisation comme dans les années soixantecÊest fini ! AujourdÊhui des pays souverains delÊEurope abandonnent les signes dÊindépendance(armée, économie, drapeau, frontières⁄) et seréfèrent à une instance au dessus dÊeux(lÊEurope). Ce nÊest pas dans ces circonstances-là que les Kanaks doivent continuer de rêverdÊune indépendance à la Haïti ! Je ne sais pastrès bien pourquoi, une phrase de CheikAmidou Kane me vient à lÊesprit : „Nos enfantsiront à leur école, ils y perdront leur âme, maisil faut quÊils y aillent quand même‰.

Le soir, dans la salle des spectacles, le public estconquis.

Fin ! Il me reste à aller mÊamuser dans le Paci-fique, avant de repartir. Faut-il encourager les Kanaks à demander lÊindé-pendance ? Lire „Un fou noir en Mélanésie‰ (enpréparation) sur le site www.tshibanda.be. ¤ plus tard, pour une autre aventure !

Pie TSHIBANDA

VOYAGE

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RDCONGO

LE RETOUR EN FORCE DU LIVRE

Voici une idée, soutenue souvent parles tenants du „Congo-pessimisme‰ : lesintellectuels congolais nÊécrivent pas !Pourtant, à la lumière du nombre -élevé - des parutions signées par lesauteurs congolais, il faut vite tordre lecou à ce lieu commun. Dès cet instant.Le nombre de livres commis par desauteurs congolais, tant du pays que dela diaspora, contredit en effet la thèseselon laquelle les Congolais ne lisent ninÊécrivent. Tous les chiffres montrentque les Congolais nÊont jamais autantécrit, que ces dernières années ! Le signal positif le plus probant vientdes éditions LÊHarmattan, premier édi-teur des auteurs de lÊAfrique franco-phone. Sur les catalogues de cet édi-teur, qui connaît mieux que nÊimportequel autre éditeur européen les auteursafricains, les titres signés par les auteurscongolais trônent en première place. Sicet éditeur français publie 10 livres surlÊAfrique noire, près de la moitié estsignée par des auteurs congolais !

Une édition liée à la situationnationale Il faut dire que lÊédition, chez nous, atoujours été liée à la situation natio-nale. Sous le régime Mobutu, sous ledouble effet de la contrainte politique(absence de liberté dÊexpression) et dela récession économique, lÊédition étaitdevenue une activité intimiste, réservéeà quelques initiés. AujourdÊhui, dans unpays de plus en plus libre, les intellec-tuels ont retrouvé de nouveaux espacesdÊexpression⁄ En cette fin dÊannée, puisque vous vousdemandez quel cadeau offrir, voici unefresque de livres congolais. La panoplieva du roman aux livres de sciencessociales, en passant par des essais dedivers bords⁄. Trêve de discours, visi-tons cette galerie de livres⁄.

Kikie KIBAMBI

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Le livre fournit unecollection d'analyses surdes questionscontemporaines endéveloppement et enéconomie internationale.Les sujets couverts vontnotamment de laglobalisation, la fuite descerveaux vers les paysdéveloppés, l'impact ducycle économiqueeuropéen sur leséconomies africaines,l'importance de lamaintenance du capitalpour la croissance etc.

Les résultats des recherches menéesdans ce volume par des chercheurs,membres de l'Académie Louvain, peu-vent être utilisés comme point dedépart pour divers développementsdans les sujets couverts. Le livre serévèle ainsi comme une contribution àl'avancée de la littérature économiqueet une remarquable opportunité d'ho-norer la mémoire de Michel Norro, quia eu une longue carrière d'enseignanten économie internationale et de criti-que des politiques de développement,en particulier concernant les écono-mies africaines. Celui-ci a du restelongtemps enseigné à l'Université deLovanium et a gardé une charge d'en-seignant à l'Université catholique deBukavu jusqu'au terme de sa vie. Le contenu du livre s'adresse aux

chercheurs et étudiants de troisièmecycle en économie qui y trouverontl'inspiration pour contribuer à faireavancer la recherche en économie dedéveloppement et en économie inter-nationale, particulièrement dans desquestions liées aux interractions entrepays développés et pays en dévelop-pement. Ancien étudiant de MichelNorro, l'éditeur, André NYEMBWEMUSUNGAIE, est docteur en scienceséconomiques de l'université catholiquede Louvain. Il enseigne la macroéconomieà l'Université de Kinshasa. Égalementchercheur visiteur à l'IRES (UniversitéCatholique de Louvain), il intervientrégulièrement comme expert en ma-croéconomie aux Facultés UniversitairesCatholiques de Mons.

ANDRÉ NYEMBWE MUSUNGAIE

DEVELOPMENT ANDINTERNATIONALECONOMICS

ESSAYS IN MEMORY OF MICHEL NORRO

Development andInternationalEconomics : Essays in Memory ofMichel Norro.André NyembweMusungaie (Ed.).Presses universitairesde Louvain, 2008.

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Préfacé par le professeurClaude Roosens delÊUniversité catholique deLouvain, Doyen de lafaculté des scienceséconomiques, sociales etpolitiques de lÊUniversitéCatholique de Louvain,lÊessai „Impasse en Ituri,Opération Artémis, DDRet après ?‰ de Jok OgaUkelo, jette un regardnouveau sur une desguerres oubliées de ceXXIème siècle. Edité dans lacollection „Savoirs‰ delÊHarmattan, cet ouvrageexplique, en quelques 90pages, les raisons du conflitqui sévit à lÊEst de laRépublique démocratiquedu Congo dans lÊIturi.

Ce livre peut figurer en bonne placedans la bibliothèque de toute personnequi sÊintéresse aux conflits dans cetterégion dÊAfrique. Il décortique de mani-ère assez synthétique le rôle des diffé-rents acteurs : État congolais, Unioneuropéenne, ONU,⁄ En outre, il don-ne dÊune certaine manière, vie auxpopulations autochtones, Hema etLendu, et nÊen fait pas simplement desvictimes. De plus, il offre une analysefine des mécanismes de résolution deconflits, notamment lÊOpération Arté-mis et le programme DDR (Démobili-sation, Désarmement et Réinsertion)du Programme des Nations unies pourle Développement (PNUD). Enfin, ilprésente les efforts des autorités pu-bliques congolaises dans la restaurationde la paix dans la région. Cependant, ilfaut noter que le livre oscille entre unplaidoyer pour la paix dans la région etun réquisitoire contre les différentsprotagonistes du conflit : lÊÉtat congolais,

lÊOuganda, le Rwanda et le Burundi. Cesaccents militants nÊentament en rien,heureusement, le discours scientifique,largement référencé. DÊailleurs, cettepluralité des sources évite aux lecteursune suite de propos diffamatoires et ale mérite de présenter des faits. Si cetessai nÊest pas un livre polémique, il lacréera parce quÊil pousse à sÊinterrogeret à se positionner par rapport à cetteguerre peu médiatisée. Il en agaceraplus dÊun, il en réjouira dÊautres. Etfinalement, nÊest-ce pas ce qui peutarriver de meilleur à un livre : ne paslaisser indifférent. En définitive, „Impasseen Ituri⁄‰ est un livre à mettre danstoutes les mains, ni pour sa rhétorique,ni pour son discours scientifique, maissimplement pour que demain soitdifférent dÊhier en Ituri.

MADIMBA KADIMA-NZUJI

JOK OGA UKELO

IMPASSE EN ITURIOPÉRATION ARTÉMIS, DDR ET APR˚S ?

Jok Oga Ukelo estdoctorant et assistantde recherche au CentredÊÉtudes des Crises etdes ConflitsInternationaux àlÊUniversité Catholiquede Louvain, spécialistesur les questions desécurité et de politiqueétrangère dans les paysdes Grands Lacs.

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Au pays des fleurs et de FloreMais surtout, ce qui fait lÊintérêt de cetouvrage touchant et sensible cÊest lerécit du parcours de Flore, ses souve-nirs du pays natal, au milieu „Des fleurs,des fleurs Flore‰, celles quÊelle aimait„depuis toujours, même les plus insigni-fiantes quÊelle aimait à cueillir quandelle passait des heures, là-bas sur leplateau des Batekes en compagnie deson père‰, quÊelle appelle son „Seigneurdes Savanes‰ ou encore, „papa de lamaison de la haie aux mimosas.‰Mais à côté de ces moments de sou-venirs poétiques, qui se retrouvent enfiligrane tout au long du récit, il y a aussile souvenir des moments douloureux,notamment lorsquÊelle retrace la ma-nière avec laquelle son mari, dont elleest séparée, la traitait, avec des „motsinsultants‰, et une attitude „abjecte‰, quila plongeait dans un „labyrinthe delarmes‰.

Après la pluie, le beau tempsEt puis, comme le beau temps après lapluie, elle avait refait sa vie avec unautre homme, mais dans un contextepolitique et économique devenu incer-tain avec la zaïrianisation, qui dépos-sédait les étrangers de tous leursbiens⁄ avec pour conséquence, unautre déchirement : son départ pour laBelgique où son nouveau mari, con-traint et forcé lÊavait déjà précédé.Un nouveau chapitre très importantvenait de sÊouvrir dans sa vie⁄Nous nÊen dirons pas plus, car Miji estun livre aux multiples facettes, africai-nes et européennes, comme lÊauteur,dans lequel beaucoup dÊentre nous sereconnaîtrons, à travers les souvenirsdu Congo-Zaïre, la vie en Belgique, brefdes facettes aussi multiples que le par-cours dÊune vie⁄

JIKA

Miji, cÊest la suite duparcours autobiographiqueque lÊauteur, Emilie FloreFaignond, avait entamé avec„Afin que tu te souviennes‰,qui retraçait ses souvenirs.¤ propos de ce nouvelouvrage, elle relève dans leprologue que lÊécriture „nÊapas été facile, (⁄)simplement parce quecertains faits relatés‰ danscet ouvrage, „se sontrapprochés‰ de sa viedÊaujourdÊhui.LÊhistoire commence à laclinique Ngaliema, autrefoisclinique Reine Elisabeth,dans le contexte de lapolitique dÊauthenticitéinitiée par Mobutu, et dontlÊauteur retrace lesprincipaux credos du cultede la personnalité.

EMILIE FLORE FAIGNOND

MIJI, ¤ LA RENCONTREDES RACINES

„Miji ‰Emilie Flore FaignondHibiscus Editions

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Cet ouvrage qui vient deparaître aux éditionsLÊHarmattan dans lacollection „Étudesafricaines‰, est unevéritable somme sur lÊèrecoloniale et son impact surles Congolais dÊhier etdÊaujourdÊhui, en amontcomme en aval.

La problématique des modèles auxquelsles Congolais ont été soumis est abor-dée avec érudition et soumise à uneanalyse implacable dont la fécondité estle gage même pour une refondationculturelle dont lÊavènement ne sauraitêtre éludé. Le chantier mené par Antoine TshitunguKongolo donne lÊampleur de marquescoloniales et postcoloniales et de leurdémarquage.Mimétismes, greffes, résistances etimpertinences, autant des phénomènesexaminés à la loupe, à travers un siècleet davantage de production textuelle.Outre une analyse minutieuse des fon-dements idéologiques de la colonisa-tion, lÊauteur aborde la question demoules de pensée, de leur transfert dela sphère belge à la sphère congolaise,et de transgressions éventuelles que lesCongolais leur impriment.La démarche sÊenrichit dÊune comparai-son, inédite à ce jour, entre méthodescoloniales britanniques, françaises, por-tugaises et belges. Cette approche estune contribution précieuse au colonia-

lisme comparé qui a du mal à se mettreen place en raison précisément deslourdeurs idéologiques héritées desempires coloniaux qui ont un impactsur les relations des anciens pays colo-nisateurs et les pays africains devenusindépendants.Cet héritage colonial avec ses miragesest tout aussi prégnant dans le champdélicat des relations entre pays afri-cains.LÊauteur nous invite à revisiter les sour-ces de malentendus récurrents etprofonds entre lÊEurope et lÊAfriquedont malheureusement lÊimpact dans lechamp de la coopération tend à êtreminimisé, du moins du point de vue desanciens pays colonisateurs.Les regards différenciés sur la coopé-ration dÊaujourdÊhui entre le continentnoir et ses anciens tuteurs sont en effetinstructifs quant aux lectures contras-tées dont les uns et les autres font desréalités africaines, il en est de même desolutions préconisées qui sont loindÊêtre consensuelles.

ANTOINE TSHITUNGU KONGOLO

LA PRÉSENCE BELGEDANS LES LETTRESCONGOLAISES

vient deparaître

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Titulaire de plusieurs prix littérairesinternationaux, Antoine Tshitungu Kon-golo est né à Lubumbashi, le 5novembre 1957. Figure majeure de lavie littéraire et culturelle dans sa villenatale, il a présidé aux destinées de la„Cellule Littéraire de Lubumbashi‰,initiatrice des „Journées Littéraires duShaba‰, moteur de renouveau dans ledomaine littéraire, au niveau de laprovince cuprifère et au-delà. Il oeuvranotamment à la promotion des lettresbelges dans le cadre d'un partenariatavec le Centre Wallonie-Bruxelles deKinshasa et les Archives et Musée de laLittérature (Bruxelles).Licencié ès lettres de l'Université deLubumbashi, il a mené de front unecarrière dÊenseignant, de journaliste etde chercheur.Ancien membre de la „Cellule Fin deSiècle‰ du Ministère de la Communautéfrançaise de Belgique, ancien chercheurassocié aux A.M.L.(Archives et Muséede la Littérature), il a oeuvré par ailleursau sein de l'enseignement communal deSaint-Josse-Ten-Noode.Docteur de l'Université de Lille 3, il aconsacré sa thèse aux pionniers de lalittérature congolaise (Mention TrèsHonorable avec les félicitations dujury). Spécialiste des littératures franco-phones et comparatiste, ses nombreu-

ses publications se conjuguent de plusen plus avec les exigences de l'inter-disciplinarité. Son ouvrage „Aux pays dufleuve et des grands lacs. Chocs etrencontres des cultures (de 1885 à nosjours)‰ est une véritable somme, indis-pensable pour comprendre les littéra-tures du Congo, du Rwanda et duBurundi ainsi que les filons belgesinspirés de l'Afrique centrale.Il a animé des ateliers d'écriture à Lamaison du Livre, à Bruxelles, à Louvain-La-Neuve, à Conakry (Guinée), et àKinshasa. ¤ lÊUniversité Libre de Bru-xelles, il a animé un séminaire sur lesenjeux de lÊhistoire et de la mémoireafricaine dans le contexte de la mondia-lisation, en 2007. Il se consacre égale-ment, à la demande de nombreusesassociations, à l'organisation et à l'ani-mation d'ateliers sur la mémoire etl'histoire du continent africain.Il est en train dÊachever une biographieconsacrée à Paul Panda Farnana, volon-taire de la Grande guerre (1914-1918),fondateur de lÊUnion congolaise, unegrande figure du panthéon intellectuelcongolais.Il anime les Jeudis Littéraires, qui visentà la promotion des écrivains du Sud etdÊailleurs, dont le label sÊest dÊores etdéjà imposé dans le paysage culturelbruxellois et international.

Antoine Tshitungu Kongolo

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Depuis quelques temps, on constate que la plupartdes gens croient tout savoir de lÊfluvre à partir deson titre. CÊest le cas de La Flamande de la gare duNord de lÊécrivain congolais José Tshisungu waTshisungu dont certains lecteurs réalisent unemauvaise perception du contenu. DÊaprès lesintéressés, lÊauteur a peint le quartier de la gare dunord, reconnu en Belgique pour les exploitsérotiques des filles de joie dans les vitrines. Pour les autres, lÊfluvre de Tshisungu estautobiographique. LÊauteur met à profit son vieuxséjour de Belgique pour décrire ses souvenirs avecquelques-unes des pensionnaires de cette avenue-fleur du mal.

„LA FLAMANDEDE LA GARE DUNORD‰ DANSLÊIMAGINAIREPOPULAIRE

AANNAALLYYSSEE DDEE LLÊÊAAVVIISS DDEEQQUUEELLQQUUEESS LLEECCTTEEUURRSSPAR JOSÉ KABAL

LLEE TTIITTRREE NNEE VVAAUUTT PPAASS LLÊÊfifiUUVVRREE

Cette manière de connaître lÊfluvre estsimpliste et surtout biaisée et manquede lecture critique, car elle limite lÊflu-vre et lui enlève son essence, sa valeur,qui fait dÊelle un récit de fiction - untexte double - une chaine de parolesécrites qui organisent enfin un discourstextuel - susceptible dÊêtre analysé oucompris sous ses aspects du dit et dunon-dit ; comme une forme (morphè-me), dont lÊexacte signification ne peutêtre que le produit dÊun travail ascé-tique du signifiant et du signifié.Passe encore, quÊun non initié se prêteà une pareille gymnastique poreusedÊesprit, mais lorsquÊelle provient desétudiants en lettres, des chercheurs etdes hommes férus de belles lettres, il ya de quoi parfois incriminer la forma-tion antérieure.Pour éviter dÊenfermer une fluvrelittéraire dans des non-vérités et desdemi-mesures, il importe de minimiserle contexte social et historique delÊenvironnement de lÊauteur, par rapportà lÊunivers romanesque, qui le sublimelors de son écriture. Par ce quÊil est leseul qui crée son monde, son action,et qui lÊinvestit de personnages capablesde matérialiser lÊespace physique.Comprendre et/ou connaître une fluvrelittéraire nÊest nullement lÊapanage dÊunclin dÊflil hâtif au seul titre. Sinon, ondevient lÊesclave de lÊapproche autobio-graphique, qui privilégie les aspectspara-textuels du livre, dont le titre.Dans ce cas, lÊétude traditionnelle dÊunefluvre consiste à scruter dÊabord lÊen-vironnement vital de lÊauteur qui, selonles tenants de cette approche, peutavoir un quelconque rapport avec soninspiration. Ceci revient à considérerles étapes de la vie de lÊauteur, sonpassé et son présent comme les fon-dements catalyseurs de son inspiration.Cette vision partielle dÊune fluvre defiction qui est un tout, oblige de la lireligne par ligne, en espérant maîtriser soncontenu suivant cette linéarité.

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LLAA LLIIBBEERRTTÉÉ DDEE CCRRÉÉAATTIIOONNDDEE LLÊÊÉÉCCRRIIVVAAIINN

Il est bien vrai que grâce à sa largeliberté dÊexpression, tout écrivain oudÊune manière générale, tout artiste estinvesti du droit de non-censure. ¤ cetitre, il jouit aussi bien de la liberté detitrer ses fluvres que celle dÊinventer(créer) les noms de ses personnages.Pour ce qui concerne les titres, il y en aqui sÊexpriment par un mot, par unephrase, par lÊaffirmatif, par le négatif, parlÊinterrogatif ou même encore par lÊex-clamatif. La question qui pourra se po-ser maintenant, nÊest pas celle du typede titre, vu que le titre seul ne vaut paslÊfluvre, mais bien celle du niveau de

lÊauteur et de lÊapproche utilisée pouremmailloter son inspiration dans unécrit esthétique. CÊest par cela, que ceroman de Tshisungu, écrit sous le modèledu nouveau roman, ne répond pas àlÊacception facile des non-initiés. Il im-porte de le lire et relire pour se rendrecompte, par exemple, que ses pre-mières pages ne constituent pas forcé-ment la première séquence de lÊintrigue.Il convient de chercher comment seconstruit le récit et quelle est réelle-ment sa structure signifiante. Elle ne setrouve nullement dans une lecture liné-aire.De ce fait, après beaucoup de va-et-vient dans les fluvres écrites par bonnombre dÊécrivains, on peut en conclu-

re que la linéarité passe pour lÊoptiondu balbutiement de lÊécriture. Les flu-vres conçues sous ce régime sÊadaptentfacilement à la littérature destinée auxenfants, aux débutants, bref à une caté-gorie qui sÊinitie à une fluvre littéraire.CÊest donc cette couche qui peut seplaire à chercher des fluvres à titresdévoilés, capables de révéler facilementle contenu du texte.Quant à ce titre du roman de Tshisun-gu, rien dÊinterne ne cautionne la signi-fication de lÊfluvre par le symbolequÊest le titre. La maturité dÊécrituredont fait montre lÊauteur (il écrit depuis1989 et compte une vingtaine dÊoeu-vres littéraires à son actif) dans ses dif-férents textes, le prédisposent à créersa manière spéciale dÊécriture, cÊest-à-dire, son style. Celui-ci commande toutelÊarmature du texte en tant que sym-bole-phare de lÊinspiration et astucerévélatrice du contenu.

LLAA SSTTRRUUCCTTUURREE SSIIGGNNIIFFIIAANNTTEEDDEE LLÊÊfifiUUVVRREE

Une lecture suivie de La Flamande dela gare du Nord permet de constaterque lÊauteur met en scène les relationsentre deux personnages, un hommenoir et une femme blanche, LaurentBololo, et Monika Huymans, dont larencontre est axée sur la littérature.LÊintérêt croisé du journaliste congolaisLaurent Bololo, qui étudie lÊimage de laFlandre dans la littérature congolaise etcelui de la chercheuse flamande Monikaqui se consacre aux „Images de la Flan-dre dans quelques fluvres poétiquescongolaises‰ (p. 14), finit par transcenderlÊélan scientifique pour cultiver les es-poirs dÊune vie commune, tel que leprécisent les deux personnages dansces bouts de phrases : „Nous allons vi-vre ensemble, nÊest-ce pas ? ‰ demandaMonika à Laurent. „Oui, chérie‰, répon-dit celui-ci. CÊest autour de ces deuxmeneurs dÊaction que se joue toutelÊhistoire qui prend comme prétexte defond, les recherches de lÊun et delÊautre.Que dire enfin à ce sujet? SÊil peut êtreétabli que certains titres renvoient dÊof-fice à la compréhension linéaire dÊunefluvre littéraire grâce à lÊénoncé dutitre, comme cÊest le cas dans les litté-ratures destinées à une catégorie delecteurs dont les enfants et les jeunes,celui du roman précité, sÊinscrit large-ment dans une approche soutenue, quine peut être déblayée que grâce à unedéconstruction de ses différents topi-ques.

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NOUVELLES DESTINATIONSde Bruxelles via Tripoli

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