48
Fondements de la Géographie humaine. Geog-F-103 J-M Decroly Geog-F-103-1

Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

Fondements de la Géographie

humaine.

Geog-F-103

J-M Decroly

Geog-F-103-1

Page 2: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

Chapitre 1 : éléments de cartographie

Introduction

Carte = représentation plane à l'aide de signes conventionnels d'une partie ou de l'entièreté de la surface terrestre.

Mieux que les autres documents car vue d'ensemble et permet d'avoir les aspects immatériels du territoire (frontières,...)

Ses buts : se repérer, définir les propriétés, mieux contrôler le territoire, construction et équipement (relief,..)

Historique : à-p-d l'antiquité: très coûteuses et destinées aux hommes de pouvoir. XVIIe siècle : analyse organisation du territoire + développement des cartes.

Apparition de la carte thématique grâce au développement des statistiques.

XXe siècle : amélioration stat->développement cartographie. Accessibilité à la population. Utilisation à des fins politiques, lobby,... Grande

diversité du pire au meilleur.

1. les composantes fondamentales de la carte.

Obligatoire : titre, légende, échelle, orientation, coordonnées, source, date, nomenclature

1.1. L'échelle

L'échelle est la valeur de réduction linaire de la carte. La terre étant courbe, la projection sur carte engendre des déformations peu sensibles à grande échelle mais remarquables à petite échelle.Deux représentations possibles de l'échelle: graphique (réduction par photocopiage et unités anglaises) ou numérique.

1.2. L'orientation et les coordonnées.

Orientation grâce à Rose des vents ou flèche pointant le Nord. Coordonnées pour mieux situer un territoire lointain (coordonnées géographiques,...)

1.3. La légende

Dictionnaire exhaustif des signes utilisés. Établie logiquement (ordre croissant,...)

2. Les cartes topographiques.

Topographie désignait représentation exhaustive des lieux. Ajd = relief cartographié. Carte topo. Est la carte de base qui donne les infos sur un territoire donné.

Geog-F-103-2

Page 3: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

2.1. les éléments représentés.

– le relief : (ombrages, courbes de niveaux). Ces courbes figurent en plan l'intersection de différentes surfaces de niveau // et équidistantes avec la surface du sol, elles sont donc perpendiculaires à la pente.

– l'hydrographie :– les voies de communication– les infrastructures spécifiques– les lieux habités– des repères (moulin, château, bosquet,..-– des limites administratives et politiques– les dénominations (toponymie, hydronymie, lieux-dits, quartier,...)

Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,..

2.2. la production de cartes.

Long processus de production réalisé par un organisme public. Les premières cartes topo. Réalisées à base de relevés sur le terrain. A-p-d des 50' développement de la photographie aérienne -> stéréoscopie. Depuis 20 ans avec développement de l'informatique grande évolution (cartes numériques,..); la carte papier n'est plus que le résultat de données provenant de la photo aérienne, du compléteur stockées dans une base de donnée numérique.

2.3. Utilisation des cartes.

A l'origine la carte topo avait un but militaire. Aujourd'hui est utilisée :– pour analyse de l'organisation du territoire par géographes– par organismes dans leur gestion quotidienne du territoire– par architectes– pour déplacements lents (tourisme,...)

2.4. le mensonge cartographique.

Toujours eu déformation volontaire d'éléments de cartes topo avec URSS comme record ( voir doc). Cette politique est due au fait que état policier. Déformation dans le but de tromper l'adversaire qui utiliserait les cartes russes pour télécommander leurs missiles. Exemples: la ville de Logashkino et de Salmi ont au fil des atlas été situées à différents endroits ( voir page 11)

Geog-F-103-3

Page 4: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

3. les cartes thématiques.

Représentent des variables en rapport avec les activités et comportement humain. 2 grands types :– celles représentant les caractéristiques des lieux ou de leurs habitants– celles représentant les réseaux ou flux de personnes et biens (pas étudié ans ce cours)

3.1. Le choix du mode de représentation.

2 manières de représenter les variables quantitatives relatives aux lieux ou leurs habitants:

-> par des symboles de taille prop à l'importance du phénomène étudié (cartes par symboles ponctuels). Méthode utilisée pour représentation de phénomènes variant en fn de la taille des unités territoriales. Ces phénomènes exprimés par des chiffres absolus (vol de la pop, pnb, accroiss pop,..)Représentation graphique soit par: – cercles ou carrés prop à la valeur observée à un moment donné->analyse statistique– triangles orientés dont surf est prop à un accroissement ou à une diminution-> analyse

dynamique

-> par une trame variable selon intensité du phénomène étudié (carte à symboles aéraux ou carte par plage ou encore choroplète). Sur une carte par plage chaque unité territoriale est caractérisée par un figuré qui la recouvre entièrement. Chaque unité est donc considérée comme homogène du pt de vue du phénomène étudié. Cartes utilisées pour représentation de phénomènes indépendants de la taille du territoire car si variable représentée est fonction de la taille de l'unité cette dernière va intervenir deux fois : dans la valeur obtenue et dans la surf qu'elle couvre, ce qui fausse la lecture.

Les plages différentes correspondent à un même phénomène de valeur quantitative croissante. Pour monter cette croissance :

– varier la texture de la trame– varier la valeur de la trame (teintes sombres = valeurs fortes et teintes claires = valeurs

faibles)Le mieux est de combiner les deux!

3.2.Le filtre des représentations.

Suivant l'usage fait des données une carte peut suggérer un message plus qu'un autre. Cela est non pas dû à un mensonge mais à un choix de représentation.Exemple du poids de l'Islam dans le monde. Représentation par :

– cercles de surface prop à l'effectif : répartition des musulmans dans le monde– carte par plage : proportion des musulmans dans les états– combinaison des deux : répartition + leur poids relatif dans chaque pays.

Geog-F-103-4

Page 5: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

3.3.Le filtre de la discrétisation.

Pour représenter une variable quantitative relative il est important de constituer des classes (=discrétisation) sinon risque d'illisibilité. La procédure de discrétisation impose de choisir un nombre de classes et de définir les limites de celles-ci. La seconde opération influence fortement l'allure de la carte et son interprétation. 3 modes de procédure voir page 20):

– progression arithmétique : la différence entre deux limites de classe successives est cste et donc l'amplitude des classes est uniforme.

– progression géométrique : les limites de classes suivent une progression géométrique : le rapport entre 2 limites successives est constant

– progression racine-carrée : les limites de classes suivent une progression racine-carrée: la différence entre les r-c des limites successives est constant.

Exemple de la proportion d'étrangers dans les communes de Belgique. Ces 3 cartes peuvent servir des discours totalement différents sur la question de la présence étrangère en Belgique.

CHAPÎTRE 2 LA GÉOGRAPHIE OPÉRATIONNELLE

Définition :

Exploiter les connaissances de localisation pour mener des actions concrètes telles que le contrôle d’un territoire, une action militaire, ou l’aménagement d’entreprise.

Dans ce chapitre, la géographie opérationnelle sera illustrée par des exemples.1. Le bombardement des digues du fleuve rouge par l’armée américaine2. La grève des camionneurs français de l’automne 1996

1. Le bombardement des digues du fleuve rouge par l’armée américaine 1.1 Le delta tonkinois entre rizière et digue

Ce delta situé dans la partie N/E du Vietnam constitue l’embouchure du fleuve rouge.Celui-ci fait +/- 16.000 km². Sa forme est due à l’accumulation progressive de sédiments arrachés en amont qui l’emporte sur l’érosion ce qui provoque une avancée progressive des terres. Ses alluvions Ses alluvions sont déposés à l’embouchure du fleuve car la vitesse de celui-ci diminue brusquement. En conséquence, quand la qualité de solide est importante, un delta se forme.

Une deuxième caractéristique du delta est la division du fleuve en plusieurs lits.

Au temps 1 l’alluvionnement du fleuve construit des levées sur les berges.

Geog-F-103-5

Page 6: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

Au temps 2 l’alluvionnement est tel que le lit du fleuve se retrouve au dessus des plaines alentour.A temps 3 une crue provoque des brèches dans les levées et crée cm du niveau du cours d’eau

1.1.1 La forte densité de population.

Le delta tonkinois constitue l’un des principaux foyers de population de l’Asie du Sud-Est. La densité de population est comparable à l’Ile de Java.

- En 1936 , il y avait déjà 7,5 millions d’habitants soit 500 habitants par km² et donc moins d’un hectare cultivé pour 5 personnes.

- En 1990 il y avait 17 millions d’habitants soit 1100 habitats au km².

1.1.2 Une mise en valeur intensive du territoire.

La forte densité de population peut –être expliquée par la mise en valeur intensive du territoire et de l’agriculture par les différentes sociétés qui s’y sont succédées. Dans les sociétés préindustrielles la densité de population dépend presque entièrement du volume produit par unité de surface car toute la production est auto-consommée ou vendue dans une aire restreinte.Le volume produit dépend de trois paramètres

- le rendement par récolte- la durée de rotation - la préparation des terres mixtes en culture

Les trois paramètres déterminent le taux de nourriture potentiel. Par exemple, le blé a un rendement de 2,8 millions de kilos par hectare, avec le système de rotation triennal ( comme au moyen âge ) on peut nourrir 123 habitants par km ². (Voir tableau 1)Dans le delta tonkinois, le paysan pratique la riziculture inondée et hydroliquement inondée. Le riz se cultive sur des terres inondées pendant une partie de la période de culture.La riziculture a plusieurs avantages :

- elle assure un plus haut rendement par récolte : un hectare de riz produit par récolte 5 millions de calories et permet donc de nourrir 323 habitants par km ²

- elle permet ainsi une plus grande densité de population.- elle se caractérise par des rotations courtes : les champs du delta ne sont pas laissés

en jachère mais portent deux cultures par an. o En saison humide (été), presque toutes les terres sont inondées la culture

unique est donc le riz.o En saison sèche, ( janvier & février) , les cultures sont plus diversifiées. Seules

les terres les plus basses encore inondables sont utilisées pour la riziculture. Le reste des terres accuEille des cultures sèches. (patates- pois)

- elle mobilise une part importante de la surface : 80 % des terres du delta sont occupées par l’agriculture et les 9 /10 par la riziculture en conséquence

o absence de pâturageo pas d’élevageo transport à piedo travail des champs à la main

Geog-F-103-6

Page 7: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

o très peu de viande dans la nourritureo très peu de fumureo problème de fertilité des sols : réglé en partie par l’engrais humain et le

compostage fait par chaque paysan ainsi que l’épandage de la vase des étangs, des canaux…sur les champs

La riziculture demande un travail important afin d’économiser l’engrais et de protéger la récolte des paysans.

- Apport d’un soin minutieux aux champs : plusieurs labours préparatoires, aplanissage, désherbage manuel des champs .

- Pratique du repiquage des plans de riz :o permet d’économiser les semenceso de concentrer la fumure sur les pépinièreso de réduire le temps d’occupation des champs

Tout ce travail d’aménagement et d’entretien confère au delta tonkinois un paysage particulier :

- les villages sont rassemblés en tas sur des buttes non-inondables- très peu d’arbres- les parcelles de riz très petites et séparées par des petits murets s’étendent à

perte de vue- très peu de routes

1.1.3 L’indispensable maîtrise des eaux

En plus du travail agricole, il faut assurer la gestion des eaux. Comme le lit du fleuve et de ses affluents se situe au-dessus de la plupart des terres, celles-ci sont irrigables toute l’année via des canaux partant du fleuve jusqu’au champ, le niveau d’eau étant réglé par des vannes placées sur les digues. Le fleuve connaît cependant aussi des crues dues aux moussons. De ce fait le débit augmente de 10 X sa puissance et les digues naturelles cèdent.Les sociétés locales ont donc travaillé à contenir les eaux du fleuve par la construction et l’entretien de digues de terre.Les premiers aménagements à grande échelle commencent au début de notre ère quand le Vietnam était sous domination chinoise. Les chinois firent construire des digues qui furent directement contrôlées par l ‘Etat . Ensuite différentes monarchies continuèrent à améliorer et entretenir ces digues.Celles-ci se rompirent cependant souvent car :

- pas assez solides- pas correctement implantées : les digues étaient souvent sinueuses et

s ‘écartaient ou se rétrécissaient ( différence de débit)

En 1926, l’administration coloniale française rénova toutes ces digues et les renforça, en rectifiant les tracés, en tassant les mottes de terre mécaniquement et enfin en rehaussant les niveaux. Les digues demandaient une surveillance et un entretien minutieux.

Geog-F-103-7

Page 8: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

1.2 La guerre du Vietnam

A la fin du 19 ème siècle, l4Indochine est colonisée par la France. Néanmoins, dès 1908, les premières oppositions nationalistes apparaissent. En 1931, le parti communiste vietnamien est créé par Hochimin. En 1941 il deviendra le Vietmin.

Après la seconde guerre mondiale, les accords de Postdam prévoient le découpage en deux du Vietnam. (Août 1945) Il est occupé au nord du 16 éme parallèle par la Chine et au sud par les britanniques très vite relevés par les français. Des négociations sont ouvertes avec la France qui reconnaît le Vietnam comme Etat indépendant et libre faisant partie de l’Union indochinoise.

1.3 Les bombardements par l’armée américaine

Les équipements hydrauliques des digues vont faire l’objet de deux vagues d’attaque.

1.3.1 La première vague.

1500 attaques furent réalisées sur les ombrages et les canaux hydrauliques dans la partie basse du fleuve Rouge. Ces attaques se firent au printemps et au début de l’été, juste avant les crues ou encore juste avant l’arrivée du typhon. L'état major américain tente de masquer ses responsabilités en affaiblissant les digues avant l’arrivée du phénomène naturel des crues.NB : l’autorité du Vietnam du Nord dénonça les attaques pouvant provoquer une catastrophe majeure. Elles émirent un rapport qui fut par la suite cooroboré par les géographes Lacoste et Drexel.

1.3.2 La seconde vague (1972)

De 1968 à 1971 la majeure partie des bombardements américains sur le Vietnam du Sud est suspendue. Mais en avril 1972, ceux-ci reprennent. Les digues sont à nouveau bombardées mais avec beaucoup plus d’intensité. Le gouvernement d’Hanoi porta à nouveau plainte et une commission d’enquête internationale fut mise sur pied. C’est pour cette commission que Lacoste procéda à une analyse géographique détaillée des bombardements. 1.4 Eléments d’analyse d’une stratégie géographique

Une carte des bombardements américains sur la région nous montre que ceux-ci se localisent surtout dans le sud-est du delta de la région de Ha, Mam-Dinh, Ninh-Bin. Les bombardements furent faits selon la logique suivante :

- l’armée américaine ne pouvait bombarder la zone qu’avec trois jeu d’avions car une grande partie de ceux-ci sont utilisée dans l’autre combat au Sud Vietnam.

- un trop fort bombardement aurait provoqué une levée de boucliers de la part de la communauté internationale

- la consultation d’ouvrage sur le Tonkin permet de comprendre pourquoi les bombardements se passaient dans le sud-est. Au nord et à l’ouest, les villages sont installés sur les bourrelets d’alluvions construits par les fleuves débouchant des vallées montagnardes changeant fréquemment de lit au cours de cet alluvionnement

Geog-F-103-8

Page 9: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

- Au sud et à l’est, les levées naturelles des fleuves et des bourrelets sont plus petites donc les villages sont installés en contrebas des fleuves plus facilement inondables. De plus ceux-ci sont généralement installés à proximité des digues de sorte qu’un bombardement et l’effondrement des digues causeraient beaucoup plus de dégâts.

- Enfin, les digues situées en amont d’Haiphong n’ont pas été bombardées alors que les objectifs routiers et industriels le furent. L’analyse de la carte montre que dans cette zone le fleuve et ses bras s’enfoncent légèrement au dessous du niveau du sol donc il n’y a plus d’inondation possible.

1.4.2 A grande échelle.

Cette analyse montre que :

- Les bombardements furent faits là où le fleuve exerce les plus fortes pressions et aux endroits où les digues étaient plus difficilement réparables

- Les bombardements ont systématiquement visé des points essentiels de l’organisation hydraulique et ces points étaient les mêmes dans les deux vagues d’attaque.

Enfin une observation à grande échelle montre que les bombes explosent juste à côté des digues et non pas sur les digues. L’éclatement d’une bombe sur le sol provoque des fissures d’un diamètre de 50 m. L’eau peut alors s’infiltrer dans les fissures ainsi créées et creuser un tunnel sous la digue qui finit par céder faute de base.Les digues semblent ainsi intactes lors du bombardement mais risquent de céder à tout moment. De plus il ne suffit pas de remblayer le cratère de la bombe, pour réparer, il faut aussi enlever toutes les terres dans un diamètre de 50 m car celles-ci sont remplies de fissures.

1.5 Une catastrophe évitée de justesse. Conclusion

L’armée américaine a utilisé de grandes connaissances géographiques afin de causer les plus grands dégâts possibles et de masquer les rapports de cause à effet. Cependant ce plan a échoué car :

- la mobilisation des populations locales pour réparer les digues fut très importante - l’été 1972 connut une mousson très faible, donc il n’y eut pas de grande crue.

La géographie comme moyen de lutte. La grève des camionneurs français de l’automne 1996.

Les camionneurs s’étaient mis en grève pour obtenir une amélioration du régime de la retraite et de meilleures conditions de travail pour cela les syndicats ont mis au point une stratégie très poussée de désorganisation de l’activité économique fondée sur une bonne connaissance des réseaux de distribution

1. Ils ont érigé des barrages routiers pour bloquer la circulation 2. Ils ont bloqué la plupart des dépôts d’essence et de raffinerie ce qui a entraîné une

pénurie progressive du réseau d’essence de sorte que personne ne pouvait plus circuler. Les moteurs de l’activité économique s’étouffèrent petit à petit. Même les salariés ont eu de plus en plus de mal à se rendre sur leur lieu de travail. Certains secteurs comme celui des produits frais ou toutes les entreprises travaillant à flux tendu furent touchées de plein fouet. Ce blocage permit au syndicat d’avoir un

Geog-F-103-9

Page 10: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

meilleur rapport de force face au gouvernement et aux patrons qui furent obligés d’accepter leurs revendications.

CHAPITRE 3 LAGEOGRAPHIE NATURALISTE

Historique des diverses doctrine s sur les relations « homme/environnement. »

Au début du 19 ème siècle, les connaissances sur les différents milieux physiques et les mécanismes socio-économiques grandissent. Ceci fut possible grâce notamment à :

- la volonté des états modernes de recenser le plus de données possibles (statistique) pour pouvoir mieux diriger ou contrôler le peuple

- aux récits de voyage de plus en plus nombreux

Face à toutes ces nouvelles informations, disponibles, les scientifiques de l’époque vont avoir deux démarches différentes.

1. Ils essayeront d’identifier les parties du monde ayant les mêmes caractéristiques physiques, socio-économique et culture.

2. Ils essayeront de comprendre comment ces caractériellement se sont créées et à quoi elles sont dues.

Cependant les scientifiques du 19 siècle sont influencés dans leur recherche par les idées darwiniennes. C’est pourquoi bon nombre d’entre eux vont interpréter les activités socio-économiques et culturelles en faisant appel aux caractéristiques physiques du milieu entourant une société humaine. Au 19 ème siècle, la géographie était donc considérée comme le pont entre sciences exactes et sciences humaines.

De ces recherches, deux grandes doctrines se sont dégagées :A. Le déterminismeB. Le possibilisme

A. Le déterminisme

Les activités humaines seraient les résultats de l’influence soit des contraintes soit des avantages que comporte un milieu physique donné.

« Le milieu forge la société » « Dis moi où tu vis je te dirai qui tu es ».

Cette vision des choses existait déjà au temps d’Aristote (voir dia) et aura une influence importante sur les grandes doctrines politiques des 19 et 20 éme siècle car elle peut introduire des notions de race.Donc pour la doctrine déterministe, les relations homme/environnement sont linéaires et mécaniques. Cette pensée sera essentiellement portée par la géographie naturaliste allemande.

Geog-F-103-10

Page 11: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

B Le possédilisme.

Le milieu physique n’est qu’un des facteurs d’influence des activités humaines parmi d’autres.

« La nature offre, l’homme dispose ».

Le possédilisme critique beaucoup le déterminisme et en pratique le contre-exemple.

Ex : selon le déterminisme, l’Angleterre est la mère de la révolution industrielle, car c’est une île et donc une surface réduite qui a moins de place pour l’agriculture et a ainsi besoin de créer de nouveaux secteurs d’activités si la population est grande. De plus comme c’est une île le commerce maritime est favorisé notamment en ce qui concerne l’importation de denrées lointaines.

Le critique du possédilisme démontrera que d’autres îles comme Madagascar ne se sont industrialisées que bien plus tard alors que toutes les caractéristiques physiques sont identiques.

C. Doctrine actuelle

Aujourd’hui, le débat entre les deux doctrines est dépassé. La vision actuelle veut que les caractéristiques physiques interviennent dans la manière dont les sociétés exploitent les territoires.

1. On ne se préoccupe plus uniquement des mécanismes physiques en tant que tels on s’intéresse aussi aux influences de l’homme sur le milieu.

2. Le milieu physique n’est plus considéré comme immuable.

Conclusion : L’influence qu’a l’environnement sur la société dépend des contextes technologiques sociopolitiques et culturels de cette société.

Ex : l’île d’HOKKAÏDO (Nord japon)Cette île a un hiver rude et long (4 mois sous 0 °) La saison agricole est courte (150 jours) ce qui est défavorable à la culture du riz. Les premiers habitants de l’île vivaient essentiellement de la pêche seules les côtes étaient habitées et le mode de vie n’autorisait pas une grande quantité de population.

A la fin du 19 ème siècle, l’île était colonisée par le Japon. Le gouvernement japonais encourage le développement de l’agriculture tempérée sur l’île. Celle-ci fut donc occupée dans son entièreté cependant les colons japonais cultivèrent plutôt du riz qui est une culture de type tropical. Une rizière se développa sur toute l’île transformant ainsi le paysage. Les bonnes années le rendement était bon mais in baissait quand la température était trop faible durant la saison d’été.Des recherches agronomiques furent menées et permirent de diminuer le nombre de mauvaises récoltes.

Geog-F-103-11

Page 12: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

Après 1960 le riz n’est plus une culture obligatoire car il est surproduit ; il est d’un rapport moindre de sorte que la diversification de l’agriculture et le développement de la culture tempérée peuvent trouver leur place.

Par cet exemple, on peut voir que l’effet du climat n’est pas seulement mécanique. De plus les conditions offertes par le milieu n’étaient pas favorables mais les japonais avaient imposé cette culture pour des raisons socioculturelles.

3 .Esquisse de la géographie des famines .

Vocabu laire.

A. Sous-al imentation : situation où l’alimentation est insuffisante soit quantitativement soit qualitativement pour satisfaire aux besoins de l’organisme.

La sous-nutrition rend l’organisme plus sensible aux maladies. Mais la maladie peut être un facteur de sous-alimentation car elles peuvent rendre les aliments difficiles à ingérer. Il y a donc une relation double entre les maladies et la sous- alimentation.Enfin la sous-alimentation est un phénomène chronique.

B. La disette : phase ponctuelle (souvent saisonnière) de pénurie alimentaire.

La disette survient souvent à la charnière entre deux récoltes.

C. La famine : Phase non ponctuelle de pénurie alimentaire. Le manque de nourriture sera tel qu’il provoquera une augmentation du taux de mortalité sans intervention des maladies.

Ex : les famines asiatiques du 19 ème siècle et les famines temporaires sahéliennes.

1. Les famines asiatiques du 19 ème siècle

Deux grandes famines auront lieu au 19 ème siècle en Asie. Leur cause est due :- à la colonisation et à la destruction agricole qui en découle- au phénomène El Ninio.

L’une d’entre elles fit 3 millions de morts au Bengale

2. Les famines contenporaines du Sahel.

Ces famines sont très médiatisées depuis 1973 ce qui a permis la mobilisation des pays développés La médiatisation n’a pas eu malheureusement que des effets bénéfiques, elle a donné lieu à une surenchère.

Ex : Les médias annonçaient en 1982 que le nombre de morts était de 10 à 60 millions d’hommes or le nombre total de morts par an toute cause confondue est de 60 millions dont ceci est impossible.

Geog-F-103-12

Page 13: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

Enfin dans ces deux exemples, la famine a touché principalement :- les ouvriers agricoles et leurs familles, ceux-ci sont rémunérés pare les propriétaires

foncier en fonction du rendement agricole donc s’il baisse leurs salaires baissent aussi.- Les producteurs agricoles propriétaires de leurs sols.

Vision de la famine par la géographie classique

Selon celle-ci, les famines sont dues aux caprices de la nature et serait donc inévitables, personne n’en est responsable que ce soit les politiques, les agriculteurs, les économistes, enfin, la survie lors d’une famine ne serait qu’une question de chance. Cette idée des choses est fort répandue car elle est en adéquation avec la sagesse populaire.

Vision de la f amine par la géographie moderne

Selon celle-ci, la famine serait le résultat d’une crise structurelle de l’agriculture qui dans certaines conditions se traduirait par une catastrophe

Analyse du schéma logique des famines

Lorsque le seuil de renouvellement des machines, des outils, des impôts et du paiement de la nourriture est supérieur au niveau des revenus, plusieurs phénomènes peuvent se produire dont la famine. La diminution du revenu peut être due à plusieurs facteurs :- les facteurs structurels locaux- les facteurs structurels nationaux - les facteurs structurels mondiaux et globaux qui influencent les deux premiers.

• Les facteurs structurels globaux.

I. La deuxième révolution agricole

Cette révolution se traduit par la mécanisation et ensuite la motorisation du matériel agricole : ces deux éléments vont permettre de :

- doubler la production par travailleur c'est-à-dire le nombre de kilos par travailleur et par an

- de réduire par deux le temps de travail pour une même superficie

Dans un second temps le rendement des terres agricoles c'est-à-dire le nombre de production par an va augmenter grâce à :

- la sélection des plantes les mieux adaptées au milieu - la fertilisation minérale (engrais industriels) - le traitement spécialisé contre les maladies et les insectes.

Geog-F-103-13

Page 14: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

II. La diminution des prix.

Dans un premier temps ces progrès techniques permirent au producteur équipé d’augmenter ses revenus. Cependant l’augmentation de la productivité fit chuter les prix Dans les pays développés l’argent gagné fut investi dans le secteur agricole ce qui a permis de combler le chute des prix. Ce ne fut pas le cas dans les pays en voie de développement ou très peu.D’investissements financiers se firent de la part des autorités publiques ou de la part des entreprises privées. Ceci est notamment du aux inégalités socio-économiques entre pays développés et pays en voie de développement. Lorsqu’un investissement financier était fait celui-ci était fort inadapté. Ex : le programme de révolution verte. Ce programme permit après la seconde guerre mondiale par des entreprises privées américaines visait à sélectionner les meilleures plantes avec le meilleur rendement ceci couplé avec la culture la mieux adaptée au milieu. Ce programme n’eut qu’un succès mitigé. Seule l’Inde, les régions des pays développés, les régions où la culture inondée est possible furent un succès. Ailleurs ce programme ne fonctionne pas car tout d’abord seuls les gros propriétaires terriens pouvaient y avoir accès.Ensuite certaines cultures traditionnelles en Afrique furent ignorées par ce programme.

III. La concurrence effective de l’agriculture.

Au cours du 20 ème siècle, le pris du transport va diminuer petit à petit.

Il est donc intéressant pour un producteur agricole à haut rendement d’aller vendre sa production de plus en plus loin. Bien souvent la production vendue loin du lieu de production est un surplus qui pousse l’agriculteur à aller chercher plus loin un nouveau marché.

La conséquence de tout ceci fut :

1. le nombre de cultures vivrières produits dans les pays en voie de développement et destiné au marché national diminue car elle rapporte peu il y a donc une augmentation de la dépendance alimentaire et parfois une diminution de la consommation par habitant.

2. parallèlement on assiste à une diversification significative des cultures et des exportations (cacao, tabac, café, …) non productibles dans les pays étrangers.

Un fragile équilibre s’établit pendant un petit temps entre producteurs de denrées vivrières des pays développés et les producteurs de denrées exotiques des pays en voie de développement. Ce fragile équilibre fut rompu par :

1. le développement de denrées de substitution (ex la canne à sucre et la betterave)

2. le développement de produits industriels de substitution (ex le caoutchouc)

3. les progrès techniques permettant la culture de produits exotiques 4. l’attraction des productions rentables qui fit augmenter le nombre

d’agriculteurs qui cultivent des cultures rentables ce qui implique une diminution des prix.

Geog-F-103-14

Page 15: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

IV Ecarts de productivité = écart de revenus

Ex : si le quintal de blé vaut 20 euros, le revenu pour

1. un producteur européen bien équipé produisant 500 quintaux sera se 100000 FR bruts 50000 FR après avoir payé le fermage, les emprunts etc.…

2. un producteur soudanais dont la production est de 10 quintaux (dont 7 sont autoconsommés) sera de 60 euros par mois. Il lui faudra 694 ans pour se payer un tracteur à 500000 FR s’il ne dépense pas les 60 euros par mois.

V Les facteurs nationaux.

Dans les pays du Tiers-Monde les dirigeants ont menés des politiques économiques et agricoles très défavorables à l'agriculture et à la paysannerie pauvre:

– politique de modernisation de l'administration -> investissements ruineux et surdimensionnés par rapport aux besoins et capacités de l'état.-> soustraction de capitaux + exode rural (jeunes surtout) car les salaires dans administration bien plus élevé que dans agriculture-> moins de M.O agricole non compensée par des investissements pour augmenter la productivité-> réduction de la production agricole/habitant.

– Surévaluation des monnaies pour financer les dépenses modernisation->emprunts extérieurs et intérieurs + création de monnaie->inflation beaucoup plus élevée que dans partenaires commerciaux (pays dév)->perte de la valeur de la monnaie. Plutôt que dévaluer les gouvernements ont continué à surévaluer -> = taxer les exportations et subventionner les importations!?!

– Protection de l'industrie (haute priorité à industrie dans 1/3-Monde), le secteur industriel ->exonérations fiscales, crédits, subventions, investissements publics,...

->protection contre la concurrence étrangère (taxes à l'importation,...) Ce protectionnisme industriel a contribué à la surévaluation des monnaies nationales

il a donc fallu faire monter les prix intérieurs des produits manufacturés achetés par les agriculteurs ->dégradation des termes de l'échange au détriment des produits

agricoles. – politique des prix agricoles. Population urbaine pauvre majoritaire-> poids

politique plus grand-> pour éviter augmentation de son salaire et répondre sa pression les gouvernements ont recherché les denrées au plus bas prix -> importation + obligation de la paysannerie à vendre à bas prix des qtés définies! Pour avoir les moyens de payer les importations ->taxation des exportations -> défavorable aux paysans.

==>ces facteurs nationaux ont mené à un énorme transfert des revenus vers l'état, à la population urbaine et à l'industrie-> équivalent à un prélèvement de 30% sur les prix payés aux agriculteurs!

Geog-F-103-15

Page 16: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

VI Les facteurs locaux.

Le principal facteur local est le minifundisme. En effet, la chose la pire qu'il puisse arriver à une paysannerie sous-équipée est de ne pas même disposer d'une superficie suffisante pour employer pleinement la M.O familiale et pour assurer sa survie. Ces minifundias (trop petites exploitation résultent de :

– l'inégale répartition des terres entre les exploitations.->Le latifundisme se caractérise par de très grands domaines sous-exploités monopolisant la plupart des terres agricoles et appartenant à de riches propriétaires qui exploitent au plus bas prix l'excédant de M.O revendue par les familles(contraintes de le faire) possédant des micro-exploitations qui ne produisent même pas le minimum alimentaire requis->paysans « sans-terres ». Pour les propriétaires fonciers cette situation leur permet d'éviter la concurrence d'une véritable paysannerie et de disposer à leur guise de M.O. (surtout en Amérique Latine)->Dans les régions d'agriculture hydraulique où souvent la superficie aménagée cultivable est souvent tout juste suffisante pour doter toutes les familles paysanne d'une exploitation à la mesure de leurs besoins et moyens.->minifundisme si légère inégalité entre les terres.

– La croissance démographique: augmentation densité population->comme toutes les terres mises à profit, la superficie cultivée par exploitation se réduit à un moment->pour maintenir productivité et revenu->paysans augmentent quantité de travail et production/unité de surface. Mais au-delà d'un certain seuil ce travail additionnel ne rapporte plus grand chose-> si pas un nouveau système plus productif-> croissance pop se traduit par un sous-emploi de la M.O.-> baisse du revenu par actif.

– Processus de minifundisation par croissance de la population est aggravé par inégale répartition des terres (ex des rizières du Fleuve Rouge).0

VII Les conséquences de la crise .

Conséquences des crises structurelles locale, nationale et globale:

– Crise écologique et sanitaire. Mal outillés, mal nourris, mal soignés les agriculteurs ont une capacité de travail restreinte.->obligation de concentrer les efforts sur des tâches immédiatement productives et de négliger les travaux d'entretien des écosystèmes cultivés.

-> dans les systèmes hydrauliques les aménagements mal entretenus se dégradent

->dans les systèmes de culture sur brûlis les paysans s'attaquent à des friches de plus en plus jeunes et de moins en moins éloignées->accélération du déboisement et dégradation de la fertilité.

->Dans les systèmes de culture associés à l'élevage, la réduction du cheptel entraine une diminution des transferts de fertilité vers les terres de culture.

->Les plantes cultivées mal entretenues et carencées en minéraux sont de plus en plus carencées en minéraux

Geog-F-103-16

Page 17: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

La dégradation de l'écosystème et l'affaiblissement de la force de travail conduisent à la à la production de culture pauvres moins exigeantes à tout point de vue.->diminution de la

diversité et de la qualité des produits végétaux autoconsommés et ce qui ajouté à quasi disparition des produits animaux conduit à des carences en vitamines, minéraux et protéines.

==> La crise des exploitations agricoles s'étend donc à tous les éléments du système agraire; amoindrissement de l'outillage, dégradation de l'écosystème et sa fertilité, malnutrition des plantes animaux et humains et dégradation de l'état sanitaire. Non durabilité économique du système productif entraîne non durabilité écologique du système cultivé.

– Cultures illégales. Stratégie de survie passe par les cultures illégales (coca, pavot, cannabis,..) plus rémunératrices car elles souffrent moins d'une concurrence étant donné leur interdiction dans de nombreux états + prime de risque du fait de leur répression.

– Endettement et exode rural. Appauvris, sous – alimentés, et exploitant une terre dégradée les paysans s'approchent dangereusement du seuil de survie. Mauvaise récolte ->endettement pour manger durant mois de soudure entre ancienne et nouvelle récolte. Là une bonne récolte peut encore sauver le paysan de l'endettement qui vivra parcimonieusement. Mais dans ses conditions de production amoindries provoquant des mauvaises récoltes, après le remboursement il ne reste à peine de quoi manger pendant quelques mois.-> Nouvel endettement-> cercle vicieux-> le paysan ne trouve plus de prêteur->envoi des membres valides de la famille vers emploi extérieur->affaiblissement capacité de production-> si les revenus extérieurs insuffisant->exode rural

– la famine. Paysans démunis + accident (conjoncturel et local) diminuant brutalement ses récoltes ou ses recettes (crise vivrière)->famine sur place ou migration vers camp de réfugiés (si existant!)

VIII Les facteurs déclenchants d'une famine.

Ces accidents locaux et conjoncturels peuvent être dus à des facteurs naturels (sécheresse, inondations, invasion acridienne,...) et/ou des facteurs sociaux (razzia, guerre,...) Ces facteurs peuvent être eux-mêmes dus à d'autres facteurs plus globaux tels que le changement climatique.

+ Exemple de l'auto entretien de la sécheresse sahélienne: voir schéma p 52.

3.4. L'instrumentalisation des famines

Aujourd'hui: anticipation des crises vivrières grâce observations satellites + amélioration des prévisions météo + enrayage par vente de stocks de sécurité, distribution ciblée de nourriture + aide humanitaire.

Pourtant encore et toujours des famines!Pourquoi!->elles sont une arme pour les gouvernements, l'élite économique ou encore les mouvements armés d'opposition.

Geog-F-103-17

Page 18: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

Les buts de ces groupes : – capter une aide internationale qu'on aurait pas autrement– se faire admettre comme interlocuteur légitime de la communauté

internationale en servant d'intermédiaire dans la distribution de l'aide alimentaire.

– Étendre le contrôle sur les populations.

Les moyens:– médias qui ont besoin d'images fortes pour audience– organisations humanitaires qui ont besoin de causes justifiant leur

financement et leur existence.

Modalités d'instrumentalisation:– famine niée: cacher l'imminence d'une famine pour éviter une intervention

étrangère perçue comme humiliante.(Kenya pour continuer soumission des nomades en impunité)

– Famine exposée : tirer parti d'une prétendue famine pour attirer l'aide internationale (Niger pour revendre l'aide alimentaire et renflouer les caisses de l'état.)

– Famine créée : provoquer et entretenir la famine pour contrôler les populations qui perdront ainsi leur capacité de révolte. (Soudan depuis 1983: opposition entre chrétiens du Sud et musulmans du nord+armée qui entretiennent la crise vivrière pour anéantir la résistance. En plus, détournent à leur profit l'aide alimentaire destinée au Sud)

– Famine rentabilisée : profiter de la famine pour accroître son influence sur une catégorie de la population. (Nordeste du Brésil où les sécheresses peuvent être prévenues mais les grands propriétaires coordonnent l'aide alimentaire et les secours et font en plus travailler les paysans contre de la nourriture fédérale->rôle de sauveur!)

3.5. L'utilisation politique de la famine en Éthiopie (voir schéma page 55)

En 1983-84 Éthiopie subit une grave crise vivrière dans les hautes terres du centre nord et dans les basses terres orientales.

Le cadre géographique de la famine.

Partie centrale de l'Éthiopie = hautes terres étendues du N au S le long du méridien d'Addis Abeda et d' E en O sur une distance de 400km au nord et de 800 km au S (en moyenne + 2000m d'alt et 20% de la superficie de l'état) Cette montagne domine les plaines et plateaux périphériques du N-E et S-E. + fossé du Rift.

Conditions climatiques contrastées.

Grande différence dur au précipitations entre S-O et le N-E.Saison des pluies à deux temps partout (sauf au nord Erytrhée) :

– petites pluies de printemps de mars à avril (belg) dues aux masses d'air centrées au N-O Océan Indien.

Geog-F-103-18

Page 19: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

– grandes pluies d'été (keremt)qui comptent pour les 2/3 voir ¾ des précipitations (apport d'air équatorial)

Effet de foehn du à la montagne: au vent (S-O) précipitations abondantes et sous le vent (N-E) précipitations faibles et temps sec-> si keremt fractionné ou décalé: renforcement->crise de subsistance

==>la partie S-O favorable à la céréaliculture (1000mm de précipitations par an) et partie N-E à risque (600mm)

I Répartition surprenante de la population.

En Éthiopie la répartition des populations est totalement indépendante des oppositions climatiques!

Evidemment les zones arides de l'Est sont les moins peuplées (nomades, agriculture rudimentaire, élevage de bovins) -> dens pop < 15 hab/km² .

Par contre les zones de fortes dens pop ne sont pas précisément à l'ouest mais dans les hautes terres du centre Nord. Dens pop>75hab/km² (losange voir carte page 57) Dans ces zones : céréaliculture à l'araire (tirée par bovins) ou à la houe. Dans le centre Sud : plantation (café et ensete) en bocage.

4 avantages des hautes terres:– suffisamment arrosées pour ne pas devoir utilisé irrigation et sans risques de

sécheresse.– Territoires épargnés par les maladies parasitaires du fait hiver thermique (T°<10°C

et un mois de gel au moins) qui n'est pas favorable mouche tsé-tsé (malaria, maladie du sommeil)

– montagne offre une nature défensive (gorges profondes pour se protéger d'envahisseurs venant des plaines arrides)

– Selon J.Gallais les hautes terres = « étage de prestige » qu'il convenait d'habiter.

II Les facteurs de la famine.

Comme dans le Sahel la famine de 83-84 est due à un déficit de pluviométrie cumulé au fil des années qui a touché à la fois les hautes terres et les plaines arides. Ces années là le belg a été sec et le keremt a commencé avec plus d'un mois de retard. Ce phénomène conjugué à un morcellement extrême des exploitations, un déficit chronique en terre et à des pratiques agricoles qui dégradent la végétation et les sols-----> récoltes insuffisantes pour assurer subsistance des populations.

III Le contexte sociopolitique de la famine.

En 72 renversement du dernier empereur d'Éthiopie à cause de la sécheresse et de l'inefficacité des structures d'encadrement,de la dissimulation de l'importance de la famine, le blocage +-intentionnel de l'aide alimentaire.->mouvements de foules dans la capitale (église, musulmans,fonctionnaires,paysan,...)->mise en place d'un gouvernement marxiste-léniniste revendiquant une orientation socio-politique révolutionnaire traduite dans les faits par:

– une réforme agraire de grande envergure destinée à supprimer les systèmes

Geog-F-103-19

Page 20: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

d'exploitation de propriétés privées. Surtout au bénéfice des paysans du Sud.– Alliance aux états de pacte de Varsovie+cuba->non pas idéologiquement mais pour

soutien logistique militaire face aux entreprises somaliennes et aux risques de décomposition territoriale interne.

Derrière le verni d'un programme révolutionnaire le pouvoir communiste (colonel Mengistu) a gardé la même politique que le pouvoir impérial.(contrairement aux autres états de régimes communistes en Europe de l'Est). Cette situation a heurter différents mouvements politiques qu'ils soient eux-aussi marxistes, indépendantistes ou autonomistes. Retenons le FPLT (Tigré) et le FPLE (Erytrée):

– FPLT: né en 1974 poursuivait un double objectif: approfondissement de la réforme agraire dans une perspective maoïste et volonté d'indépendance.

– FPLE: mouvement marxiste indépendantiste soutenu par Libye, Arabie Saoudite, Koweit (après l'avoir été par Syrie, Irak et Cuba). Il a reconquit des terres.

L'exploitation politique de la famine.

Dans le contexte politique tendu évoqué ci-dessus le pouvoir central a mis au cours de la famine de 83-84 une politique consistant à utiliser l'arme alimentaire pour réaliser ses objectifs politiques et militaires immédiats:

– la soumission des FLPE et FLPT– le transfert d'une partie de la paysannerie du Centre-Nord vers les régions du Sud-

Ouest– L'encadrement des populations du centre-Nord dans des nouvelles structures

politiques

Dans tous les cas il s'agissait 'étendre son contrôle sur les populations paysannes rétives rendues vulnérables par la famine. Obtention d'une aide internationale transitant exclusivement par lui, pas d'ONG sans dans le Wello. Légitimation des transferts de population en raison de la sécheresse.

De leur côté les mouvements d'opposition armée (surtout le FPLT) ont cherché à:– faire connaître leur cause à l'extérieur pour y trouver de l'appui matériel et politique– soustraire leur base populaire régionale aux tentatives de contrôle par le pouvoir

adverse.– Sauvegarder leur capacité d'encadrement– limiter les effets de la famine en transférant des populations vers le Soudan.

==>la famine a servi les intérêts du pouvoir et des fronts armés.

La famine comme moyen de contrôle

Dans les régions rebelles (surtout Tigré) le gouvernement a stoppé l'aide alimentaire pour obtenir ce qu'il n'a pas pu avoir par les armes. Un rapport confidentiel de 1985: 1/5 de l'aide alimentaire occidentale arrivait au Tigré.

Comme ONG ne pouvaient pas travailler dans cette région (elles opéraient àpd du Soudan) le gouvernement a concentré l'aide alimentaire le long des axes routiers et dans les

Geog-F-103-20

Page 21: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

villes (aires gérées par l'armée éthiopienne) afin d'y refluer les paysans anciennement présents dans des districts du FPLT.

Pour contrecarrer cette manoeuvre le FLPT a mené des attaques contre les convois d'approvisionnement en nourriture (venant d'Addis Abeda et d'Assab) et contre les centres de secours. Il a également imposé des restrictions sur les déplacements et a organisé, après enquête sur l'état des récoltes dans le Tigré, en 84 les transferts de population vers le Soudan.

Les transferts forcés et le piège alimentaire.

L'état de famine a servi à légitimer les transferts de population vers les plaines fertiles du sud. Ce programme déjà commencé en 1979 avait déjà concerné 200 000 personnes et en 84, grâce à la famine, c'est 1.2 millions des personnes qui ont été transférées de manière forcée et ce avec les moyens logistiques fournis par les Soviétiques. Dans le cadre de ces déplacements le régime a utilisé l'arme alimentaire de 3 façons:

– en annonçant des distributions de vivres de façon à rassembler la population bientôt encerclée par l'armée et emmenée dans des camps de transit.

– En organisant des rafles dans les villes et surtout les marchés avec les mêmes effets qu'au point précédent. Cette façon d'opérer explique qu'une partie des réinstallés n'ont pas été des victimes directes de la famine mais des paysans qui se trouvaient sur les marchés.

– En faisant dépendre l'octroi d'une alimentaire à la désignation de « volontaires » par les associations de paysans.

L'analyse géographique des mouvements de populations montre que les transférés proviennent surtout des zones sous contrôle de l'armée et des milices et des secteurs qu'elles se disputent mais pas des zones les plus atteintes par la famine! Comme il s'agissait pourtant de recruter des ruraux (surtout tigréens) on peut en conclure que les centres de distribution d'aide alimentaire ont fonctionné comme des pièges.

Dans les zones de réinstallation (resettlement) les personnes ont été confrontées à de nombreux problèmes. Un géographe français en mission constatait en 1986:

– une situation préoccupante d'enclavement et des distances excessives à franchir pour le ravitaillement en bois

– absence de structure hydraulique (ni eau potable, ni de puits, ni évacuation des eaux) et manque de médicaments dans un contexte de risques sanitaires (malaria et fièvre jaune résistent sans difficultés en dessous-de 1500m d'alt)

destruction des récoltes et des cases par les termites

Geog-F-103-21

Page 22: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

Chapitre V La géographie régionale.

1. Un courant majeur de la géographie.

1.1 Une analyse des morceaux du monde.

Analyse des différents domaines milieux ou régions que les combinaisons physiques et humaines ont fait apparaître à la surface de la planète, démarche scientifique destinée à comprendre la différenciation t l’organisation des espaces. Seul terrain où le géographe est vraiment lui-même, ce courant est actif pendant près d’un demi siècle de 1900 à 1950.

1.2 Une histoire mouvementée.Fin 19ème synthèse de deux traditions d’analyse régionale du siècle précédent. (Vidal de Blanche- école française).

- Inventaire de la diversité régionale de la terre : saisir ce qui différencie les lieux, (pittoresque et mœurs) la description de la physionomie des régions prime sur leurs limites.

- Délimitation des espaces homogènes : les conditions de relief de climat et de sol sont assez uniformes dans une région pour être considérés comme homogènes. Il s’agit de repérer ces ensembles naturels pour voir comment les groupes humains qui y vivent subissent les contraintes de leur environnement et s’y adaptent pour y aménager leur milieu de vie.

1903. Lavisse et Vidal de Blache intègrent ces deux courants. C’est le cas en France, on met aussi l’accent sur les liens entre les ensembles régionaux et la nation formées sur base de la capacité montrées par ces populations variées à tirer parti d’aptitudes complémentaires pour fonder un destin commun.Après s’être trouvé au cœur de la discipline et avoir participé aux débat de l’époque sur le déterminisme en donnant aux géographes un objet d’étude ce courant va décliner car

- il se replie trop sur l’étude de régions spécifiques- descriptions trop poussées (grande monographie géographique)

Travaux minutieux et rébarbatifs (plan à tiroir de Brunhes :- analyse exhaustive de l’environnement physique- analyse des formes d’occupation et de l’activité humaine- analyse de l’ajustement humain aux contraints du milieu

Mais c’est la région administrative définie de manière arbitraire ou les limites naturelles très marquées qui sont prises en compte et non la nature et les limites réelles de la région.

Trois aspects ont marqué la géographie actuelle- Sur le plan idéologique :

o Valorisation à outrance des notions de permanence et de conditions favorables la région est conçue comme une portion d’espace dotée d’une certaine permanence et capable de résister au changement ce qui fait qu’a posteriori elle est en contradiction avec les mutations socio-économique profondes de l’Europe de l’époque.

o Trop d’accentuation des conditions favorables que possède une région au contraire des autres. Poussé à l’extrême ce raisonnement conduit à des bizarreries. On ne tient pas compte du fait les unités lithologiques

Geog-F-103-22

Page 23: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

commandent les unités économiques différentes et complémentaires (déterminisme)

- Sur le plan conceptuel : savoir idéographique – recherche de ce qui ne se verra pas deux fois (voir origine du terme dans le syllabus page 95) par opposition à la recherche de loi générale (nomothétique).La recherche de l’exception, du cas particulier n’est pas conforme aux critères de scientificité recherchés par la plupart des géographes.

- Sur le plan méthodologique : la définition de l’organisation est liée à l’intuition., il n’y a pas d’outil pour trouver une solution aux problèmes complexes d’interrelations et de classification multicritères Importance des arguments d’autorité sans vérification scientifique et emprunt de méthodes non validées des sciences annexes.

Ce courant va donc être contesté par les partisans de la nouvelle géographie (années 60) qui privilégient l’approche scientifique et lui reproches d’être

- trop empirique du point de vue de la différenciation spatiale- trop peu rigoureuse : pas de méthodologie- trop descriptive dans l’analyse de l’espace géographique- trop idéaliste dans la recherche des harmonies et des équilibres - trop naturaliste dans l’interprétation de la cohérence régionale - trop réaliste dans l’amoncellement des détails qu’elle propose

Elle pourrait dès lors disparaître et fait l’objet d’un désintérêt marqué dans les sphères universitaires mais dans les années 60 de nouvelles pratiques surgissent en termes de géographie régionale.- la géographie fonctionnelle (axée sur les relations)- l’amélioration de la délimitation des régions par les méthodes de géographie

quantitative- comparaison des régions au lieu de description isolée- relativisation du rôle des facteurs physiques- diminution des dérives idéologiques

1.3 La notion de régionNotion :- Commune : unité territoriale administrative- Politique : première subdivision administrative d’un Etat ou voulue car définie par un

Etat pour asseoir son autorité, gérer une collectivité, planifier et aménager le territoire- Géographique :

- territoire relativement étendu possédant des caractères humains et physiques particuliers qui en font une unité distincte des régions voisines ou au sein de l’ensemble qui l’englobe

- résultat : produit de l’inégale intensité de l’intervention de la société sur un territoire mise ne évidence par l’observateur suite à une analyse spatiale

- prise en compte de la plupart des caractères- Chaque échelle a ses régions : quartiers d’une agglomération,

grands ensembles géopolitiques du monde, aires agro géographiques d’un Etat

Geog-F-103-23

Page 24: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

1.4 Les fondements de la géographie régionale

VOIR TABLEAUX DANS SYLLABUS PAGES 97 ET 98

2 Géographie régionale et maillage politico administratif.

Le territoire rassemble des espaces au sein desquels les formes matérielles comme les valeurs idéologiques associées se différencient fortement d’un point à un autre. Cette dispersion s’exprime par des formes spécifiques (groupement/dispersion, polarisation/équilibre, homogénéité/hétérogénéité…) dont l’agencement constitue la base de l’organisation spatiale du territoire que l’analyse géographique va tenter d’observer et d’interpréter notamment en examinant la morphologie spatiale ou les habitants. Il s’agira prioritairement d’identifier des sous-ensembles contiguës de lieux à la fois cohérents de manière interne et se distinguant de leur environnement immédiat.

2.1 Homogénéité et intégration du territoire.

Si l’on prend un territoire quelconque composé d’un ensemble de lieux élémentaires, on va trouver en chacun de ses lieux des caractéristiques (attributs) sociales, démographiques ou économiques et des flux entretenus avec les autres lieux. Deux voies sont donc possibles pour déterminer la cohérence interne :

- mesurer le degré de similarité des attributs du lieu- comparer l’intensité des flux entre les différents lieux

Les régions homogènes et intégrées constituent deux expressions de la cohérence territoriale elles s’observent à touts les niveaux d’analyse (du groupe de quartiers aux groupes d’états)et pour tous les attributs.

2.2 Discontinuités et barrières.

L’analyse permet de déterminer des régions homogènes et intégrées mais aussi des discontinuité spatiales (dissimilaires plus fortes qu’en moyenne) ou des barrières (Interactions plus faibles qu’en moyenne). Les discontinuités spatiales correspondent à des limites spatiales de part et d’autres desquelles les mêmes attributs présentent des valeurs très différentes , les barrières à des limites spatiales séparant des lieux entre lesquels les échanges son localement peu importants. (Ex : syllabus page 99)

2.3 Morphologie spatiale et Maillages politico administratif

Etude du rapport entre les discontinuités et barrières et les maillages administratifs et politiques.Dans quelle mesure, dans différentes échelles et pour différents attributs, les Etats constituent-ils des sous-ensembles spatiaux homogènes ou intégrés. Ceci permet en comparant des régions contiguës appartenant à des Etats différents si les frontières politiques correspondent à des barrières ou à des discontinuités. Il y a lieu également d’examiner si deux unités spatiales au sein d’un état présentent des similarités.

Geog-F-103-24

Page 25: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

Illustration : comparaison des comportements de fécondité au sein d’un état et autour d’une frontière politique page 100.Trois hypothèses explicatives :

- état = détenteur de la violence légitime, il peut donc imposer des règles de comportement démographique sur son territoire et pas chez le voisin

- homogénéité des facteurs socio-économique influençant les comportements reproducteurs vu l’existence d’un marché intérieur unifié organisé par l’état, d’une intégration culturelle favorisée par celui-ci (télé radio langue enseignement …)

- homogénéisation par diffusion des comportements au sein d’un état et aux régions frontières par l’action sur les flux externes d’hommes, de marchandises et de capitaux et les la facilitation des échanges et des relations. La discontinuité frontalière traduit alors l’existence de barrières plus ou moins perméables

En général ces trois familles d’hypothèses se combinent.

3. Géographie régionale et démembrement des Etats-nation en Europe.

Crise de l’Etats-Nation en Europe du Nord et en Amérique ces 20 dernières années. Remise en cause de la capacité à faire une politique monétaire autonome et remise en cause du système de welfare state. Trois conséquences décentralisation (France) fédéralisation (Belgique) démembrement (Tchécoslovaquie, Union soviétique, Yougoslavie)

Issue de la globalisation des rapports financiers, éco et monétaires et de l’engorgement des dépenses publique cette crise a été catalysée par un double processus :

- consolidation des forces d’association supranationale (contraintes plus importantes au niveau international)

- renforcement des forces de disjonction nationale (nationalisme séparatisme à l’intérieur des Etats plus vigoureux si Etat fragmenté culturellement et économiquement et donc moins intégré

3.1 Hétérogénéité spatiale et processus de dissociation.

Si des conflits internes se déroulent sur une portion du territoire ils ont plus de chance de menacer l’intégrité de l’Etat que si ils sont nationaux et s’expriment à travers des partis et des groupes de pression.Trois cas de figure :

Etats multinationaux où chaque composante religieuse ou culturelle identifiée occupe un fraction du territoire : régionalisme et sécessionnisme (ex Inde/Cachemirienne)Etats homogènes mais contrasté par région sur le plan socio-économique impliquant des transferts de moyens compensatoires par l’Etat central d’une région favorisée à une région moins favorisés il y a donc émergent,ce d’un mouvement régionaliste ( ex succès de la ligue du Nord en Italie) Combinaison des deux autres :confusion entre disparités socio-économiques et différences culturelles sur un même territoire au sein de l’Etat. Volonté de restreindre ou d’interrompre les transferts socio-économique sur une base régionaliste.

Geog-F-103-25

Page 26: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

Trois états récemment démembrés en Europe présentaient cette interaction :Ex Yougoslavie ( Slovénie/Kosovo)

La morphologie spatiale d’un état peut contribuer à développer des forces de dissociation amis pas toujours, il faut qu’une exploitation par des groupes de pression viennent l’encourager (ex Italie).

3.2 . Hétérogénéité spatiale et devenir des nouveaux états. Un constat issu de l’examen des accords issus des démembrements récents en Europe orientale : Union soviétique, Yougoslavie et Tchécoslovaquie et (un peu moins) des démembrements de la décolonisation : les nouvelles frontières correspondent à des anciennes limites administratives ;La plus ou moins grande adéquation entre les limites administratives et les discontinuités et barrières spatiales qui découpaient antérieurement le territoire national peuvent-elles constituer un facteur de conflit entre ou au sein des nouveaux Etats ?Comparaison entre la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie :

Yougoslavie : le recensement de 1991 démontre que les républiques avaient une composition nationale hétérogène à l’exception de la Slovénie et du Monténégro. De plus au sein d’une même république des groupes différents coexistent. Sauf pour la Slovénie, les nouveaux Etats sont caractérisés au moment de leur indépendance par une forte hétérogénéité spatiale sur le plan religieux ou linguistique. ( car figures page 104).C’est le contraire pour la Tchécoslovaquie ou chacune des deux régions est composée de manière homogène sur le plan de l’organisation spatiale des caractéristique ethniques et démographiques.Lors du recensement de 1991 81 % des gens en Tchéquie se déclarent tchèques et 86 % des habitats slovaques. S’il y a des minorités (donc hétérogénéité) dans chaque république, elles sont d’origine différente ( Hongrois et Tziganes en Slovaquie, Moraves en Tchéquie). Les 70 ans de cœxistences n’ont pas apportés de grands mélanges entre les deux population Cette discontinuité linguistique se prolonge d’une discontinuité démographique. (Moins de fécondité, plus de naissances hors mariage en Tchéquie taux de mortalité infantile inférieur et espérance de vie supérieure qu’en Slovaquie).

De plus l’observation des échanges migratoires fin 80 montre que la limite entre les deux correspond à une barrière spatiale ( car carte page 105).

Cette brève présentation ne peut cependant au risque d’être réductrice de permettre de conclure que respectivement l’hétéréogénéïté spatiale ou l’homogénénîté expliquent la réussite ou l’échec des nouveaux Etats en termes de stabilité. Il s’agit d’un facteur important .Mais faut également tenir compte de l’instrumentalisation des rapports de force politique (car cas de la Bosnie Herzégovine .

Geog-F-103-26

Page 27: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

GH :19/04

Le cas de la Bosnie-Herzégovine

4.1 Les faits.

La Bosnie-Herzégovine était de loin la plus hétérogène de la république de l’Ex-Yougoslavie.En 1989 dans le cadre de la transition des pays de l’est (ex-communistes) vers l’économie de marché, les autorités yougoslaves autorisèrent la création de partis politiques. Deux groupes de partis politiques se mirent en place :

- des partis citoyens : ils militent pour le maintien de la fédération yougoslave et sont de droite ou de gauche.

- des partis nationalistes : ils militent pour la séparation des républiques et contre le fédéralisme yougoslave.

En Bosnie les partis principaux sont : le SDA ( parti d’action démocratique musulman), le SDS (parti démocratique Serbe), le HDZ (l’union démocratique globale) qui sont des partis nationalistes et le SRS ( alliance des forces de réforme)

En Bosnie, plus qu’ailleurs, les partis citoyens semblaient avoir une assise solide. En effet, plusieurs sondages avaient révélé que les rapports entre les communautés étaient assez bons. Cependant le résultat des élections de 1990 infirma ces pronostics, ce sont les partis nationalistes qui gagnèrent. Une coalition se forma entre ces partis mais il n’y eu pas d’entente et le climat politique se dégrada. En mars 1992, la population se prononça par référendum pour l’indépendance de la Bosnie-Herzégovine. Néanmoins, les Serbes boycottent les élections pour marquer leur désaccord à l’éclatement de la fédération yougoslave qui les couperait de la Serbie. Trois jours plus tard, éclatent les premiers combats urbain car les Serbes refusent de devenir minoritaires dans un état musulman.

En avril 1992 , malgré l’intensification des combats, l’UE et les USA reconnaissent l’indépendance de la Bosnie-herzégovine.Il en résulte que :

- Belgrade annonce la création d’une nouvelle république de Yougoslavie composée de la Serbie, du Monténégro et du Kosovo.

- Les dirigeants Serbes locaux de Bosnie profitent de la situation pour annoncer l’indépendance des provinces à majorité serbe de Bosnie formant le république serbe de Bosnie-Herzégovine. La guerre s’emballe. Profitant du fait que l’armée fédérale est acquise à leur cause, les milices serbes profitent de leur supériorité numérique pour lancer des offensives militaires destinées à relier les différentes régions serbes de Bosnie-Herzégovine avec la Serbie et de gagner le plus de territoire possible.

Ensuite viennent : le siège de Sarajevo, la purification ethnique des musulmans, l’intervention de l’ONU, les plans de paix.

Geog-F-103-27

Page 28: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

GH : 19 /04

4.2 L’interprétation.

4.2.1 L’accumulation des prestations socio-économique au sein des groupes ethniques.

Au cours de l’histoire troublée de la Bosnie-Herzégovine les trois communautés se retrouvèrent en position de force socio-économique.

I. Sous l’empire Ottoman.

A partir de 1482, le Bosnie-Herzégovine, a été colonisée puis administrée par les Ottomans, Soucieux de disposer d’un encadrement efficace, les Ottomans vont encourager la conversion des populations locales à l’Islam, plutôt que d’y envoyer un contingent militaire. Pour cela ils utilisèrent deux méthodes :

- La méthode forte : l’enrôlement de jeunes chrétiens dans l’armée avec une conversion forcée ou non à l’Islam : ce sont les Janissaires qui constituent le bras armé de l’empire.

- La méthode douce : contrairement à leur habitude, les Ottomans centralisateurs, les Ottomans vont autoriser le maintien des grands domaines féodaux à condition que les seigneurs chrétiens se convertissent à l’Islam. Ils avaient l’assurance de ne pas devoir abandonner leur fief, donc de ne pas libérer leurs fiefs restés chrétiens.

De plus, les musulmans vont s’attacher à conquérir les villes via leurs souverains car ils ont du mal à contrôler les montagnes.On a donc une situation particulière où une élite foncière citadine et musulmane domine une population rurale pauvre et chrétienne.

II. Sous l’empire austro-hongrois.

A partir de 1878, la Bosnie-Herzégovine passe sous domination austro-hongroise. Cependant (comme le montre le graphe page 109), les structures socio-économiques restent les mêmes. Le pouvoir des féodaux musulmans sur les paysans reste encore très marqué malgré le fait que la domination autrichienne supprima leur suprématie politique et augmenta l’influence et le nombre des catholiques.La structure de la propriété foncière en 1910 ( graphe page 109) est révélatrice : 90 % des propriétaires terriens ayant des ouvriers agricoles (knets, souvent des serbes) sont musulmans,6,1 % sont orthodoxes, 4,6 % sont catholiques. A l’inverse, 74 % des knets étaient orthodoxes, 21,5 % sont catholiques, 4,5 % sont musulmans.

III La monarchie yougoslave.

Après la première guerre mondiale (1918) le royaume de Yougoslavie est créé. Dans ce royaume, les serbes contrôlent la bureaucratie car ils ont été associés à la mise en place de l’appareil d’Etat.Ainsi plusieurs réformes agraires vont être entreprises par les serbes mettant ainsi un terme à la concentration foncière entre les mains des musulmans au profit des serbes et secondairement des croates. ( vois graphe page 110). Les musulmans seront déclassés au niveau social.

Geog-F-103-28

Page 29: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

IV. La Yougoslavie socialiste.

En 1945, le général Tito instaure un régime socialiste en Yougoslavie. Néanmoins, la structure socioprofessionnelle se maintient ( voir graphe page 110). On comptait en 1948 près de 50 % de serbes dans la bureaucratie, 25 % de croates et moins de 20 % de musulmans alors que la population active totale comptait 45 % de serbes, 29 % de musulmans et de 25 % de croates. Le cœfficient de spécificité nationale pour les fonctionnaires vaut donc, 1,10 % pour les serbes, 0,7 % pour les musulmans et 1 pour les croates.

Le cœfficient de spécificité nationale pour un secteur d’activité =

Part des actifs d’une nationalité dans ce secteur Part des actifs de cette nationalité dans l’ensemble des actifs

Ce cœfficient est égal à 1 lorsque la part des actifs dans ce secteur est égale à la part des actifs dans l’ensemble de la population.Ce cœfficient est supérieur à un lorsque la part des actifs dans ce secteur est surreprésentée.Ce cœfficient est inférieur à un lorsque la part des actifs dans ce secteur est sous représentée.( Voir graphe page 110).

En dépit de cette surreprésentation, les serbes sont aussi surreprésentés dans l’agriculture.Néanmoins, les musulmans conservent la mainmise sur les activités urbaines traditionnelles et dans les activités capitalistes modernes ( 42,7 % des ouvriers et 47 % des entrepreneurs sont musulmans ).Au cours du règne de Tito, la situation des musulmans va s’améliorer dans les catégories liées à l’administration car Tito joue la carte multi nationaliste de la Yougoslavie .Néanmoins, les serbes et les monténégrins ont une forte prédominance dans les catégories de personnel relevant de la protection civile.

IV.2.2 La minorisation des serbes et des croates.

Depuis 1945, la Bosnie-Herzégovine, a connu un changement du groupe national le plus important. Les serbes restèrent majoritaires jusqu’en 1971 date à laquelle les musulmans obtiennent à leur tour la majorité. Jamais auparavant, le groupe des slaves islamisés n’avait été aussi important. Même sous la domination ottomane, ce groupe ne représentait que 38,7 %.Cette hausse démographique repose sur trois facteurs :

1. Politico administratif : on peut noter au cours de l’histoire bosniaque ou yougoslave que les critères d’identification nationale ont évolué. Il faut tenir compte des données démographiques objectives mais aussi de l’éventuel choix fixé par les autorités et des réactions de la population face à celui-ci. Ce facteur peut expliquer le changement brutal de certains groupes ou de minorité.En Bosnie-Herzégovine la variation du nombre de musulmans résulte en partie des changements dans le mode de déclaration nationaliste ;Dans les recensements d’avant 1971, le terme. de musulman n’existait pas. Néanmoins on remarque que le nombre de

Geog-F-103-29

Page 30: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

yougoslaves « indéterminés1 » avait été associé aux musulmans car dès l’introduction du terme musulman dans les nationalités, le nombre indéterminé a décliné.

2. Transition démographique : il faut savoir qu’ en deux siècles, l’humanité dans son entièreté a connu trois phases de transition :- une natalité et une mortalité hautes- une baisse de mortalité suivie plus tardivement en décalage d’une baisse de natalité

ce qui a conduit à une croissance démographique haute.- une mortalité et une natalité basses.

En Bosnie-Herzégovine, la baisse de natalité fut plus tardive chez les musulmans, l’accroissement démographique fut dès lors plus important au sein de leur groupe que dans la seconde période. Ceci est paradoxal quand on sait que les femmes musulmanes vivent essentiellement en milieu urbain. Elles sont donc a priori dans des structures sociales qui favorisent la régulation des naissances. Une des hypothèses serait de dire que cela est du à l’Islam. Mais cela n’est pas le cas car l’Islam encourageait moins à la reproduction que d’autres religions. ( catholique par exemple).Cela vient en réalité du fait que les femmes musulmanes étaient plus analphabètes que les autres. En 1953, 70 % des musulmanes de plus de 10 ans étaient analphabètes contre 54 % des serbes et 51 % des croates.Cette caractéristique a sans doute empêché ces femmes musulmanes de s’informer sur les moyens de contraception et de s’émanciper. Celles-ci ont gardé des coutumes et des pratiques poussant à la reproduction. Ex peu de femmes travaillent à l’extérieur ( coutume de la femme à la maison et de l’homme au travail).

3. L’émigration : d’une manière générale, l’émigration touche plutôt les milieux ruraux. L’émigration vers d’autres pays touche dès lors plutôt les milieux croates et serbes car pour rappel, la plupart des musulmans vivent en ville et leur groupe est moins touchée par ce phénomène. Ils sont également les seuls à ne pas avoir de noyau national en Yougoslavie. Ils auront ainsi plus de mal à émigrer vers d’autres parties de la Yougoslavie plus riches contrairement aux serbes et aux croates qui peuvent s’appuyer sur des réseaux familiaux et ethniques pour émigrer et s’intégrer économiquement et socialement.

4.2.3. Les enjeux économiques.

Au niveau des richesses, on peut remarquer sous Tito une opposition nette entre le nord-ouest ( Zagreb-Slovénie) et le sud ( Monténégro, Kosovo, Macédoine). La planification du développement économique du régime titiste favorise la constitution dans chaque république d’appareils de production relativement complets. Néanmoins, on peut remarquer que la Bosnie se caractérise par un nombre élevé par un nombre élevé d’ouvriers (musulmans) qualifiés et surtout une concentration de complexes militaro-industriels héritage du dispositif défensif titiste. A ce titre la Bosnie actuelle concentre des ressources minières importantes, des usines de première transformation, la pétrochimie et le moitié des capacités hydroélectriques de la Yougoslavie. Il es quasi certain que la partie centrale de la Bosnie a été un des objectifs principaux de l’armée yougoslave proserbe au début du conflit.

1 Invention de Tito pour créer une nation qui rassemble toutes les autres.

Geog-F-103-30

Page 31: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

4.2.4. La conversion nationaliste des frustrations relatives.

Tous les arguments développés ci-dessus ont entraîné des frustrations dans chaque minorité.Une enquête réalisée à la fin des années 80 montre que moins d’un tiers des citoyens bosniaques considèrent que l’égalité est réalisée entre groupes nationaux en Bosnie-Herzégovine. Cependant, la transformation de cette frustration relative en haine n’est pas automatique. Deux facteurs vont jouer : celui des appareils des nouveaux partis politiques et celui du comportement des électeurs.

I. La formation des partis politiques.

A la fin des années 80, les dirigeants communistes d’Europe de l’Est s’aperçoivent que le système communiste n’est plus viable. Ils décident de passer à l’économie de marché, assurant une meilleure prospérité économique. Leurs seul autre problème est de rester au pouvoir.En Bosnie, la perspective d élections libres a donné lieu à la mise ne place de différentes stratégies de conquête du pouvoir.

A. Les partis citoyens ou conservateurs : la majorité des cadres du parti communiste participa à la construction de la social-démocratie en se rapprochant de l’opposition démocrate intellectuelle. Ceux-ci sont favorables à l’unité nationale de la Yougoslavie En cas de victoire la conversion vers la social-démocratie assure aux communistes une position privilégiée dans l’appareil bureaucratique.

B. Les partis nationalistes : certaines fractions ethniques de la ligue communiste adoptèrent une autre tactique et se rapprochèrent des militants plus investis dans la préservation des identités culturelles traditionnelles que dans l’opposition démocratique au régime. Parmi ces militants on remarque que beaucoup sont issus de catégories socioprofessionnelles liées au secteur non socialisé de l’économie (professions libérales, clergé) . Ils ne bénéficient donc pas des avantages de l’Etat socialiste yougoslave. Leur discours est simple :: anticommunisme, défense de l’économie de marché, plus d’autonomie nationale et moins de chaos.

II. L’harmonisation ethnique du vote.

Aujourd’hui, il semble que les votes nationalistes soient dus à une conjonction des frustration sociopolitiques. Une étude détaillée des résultats électoraux de 1990 montre que les partis nationalistes ont obtenu leur meilleur score dans les régions pauvres de la Bosnie-Herzégovine. Il s’agit d’un vote de rejet de l’ancien régime dans les régions pauvres.De plus cette étude on révèlera que le vote nationaliste est d’autant plus homogène que la configuration ethnique est homogène. Ce sont donc plutôt les habitants des communes rurales nationalement homogènes qui ont voté nationaliste ; Ce n’est donc pas le rejet de la vie commune qui est en cause mais l’incapacité d’en percevoir une. Une foi élus et donc possédant une assise sociale les partis nationalistes ont poussé la surenchère.

4.2.5 La naissance d’un nationalisme virulent en Serbie.

Geog-F-103-31

Page 32: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

Ce nationalisme va être du au fait que les élites communistes serbes vont reprendre à leur compte les arguments développés par les nationalistes serbes contre elles. Ainsi Milosevic, secrétaire de la ligue communiste yougoslave va accuser le régime titiste d’avoir voulu démanteler la Serbie. En se proclamant chef des patriotes serbes, Milosevic prend la tête des communistes de Serbie et va donner une ampleur énorme aux arguments nationalistes. Pour la Bosnie, les conséquences sont :

- un soutien patriotique fort aux serbes de Bosnie-Herzégovine- une volonté de rattacher tous les serbes de Yougoslavie dans une grande

Serbie aux dépens des autres nationalités et des autres Etats yougoslaves.

Conclusion générale : au total ce n’est pas l’hétérogénéité socioculturelle de la Yougoslavie qui va créer le conflit mais l’utilisation de celle-ci qui va la provoquer.

Chapitre 6 : La géographie générale.

Ce courant de la géographie générale vise à étudier de manière systématique la répartition dans l’espace de diverses facettes de l’activité humaine voire des faits physiques.

La géographie générale va se développer après la seconde guerre mondiale avec une de ses mouvances, la nouvelle géographie. Qui se développera tout d’abord en Amérique du Nord. Celle-ci se veut en rupture avec la géographie classique qu’elle considère comme trop descriptive et monographique. Ce qui empêche de tirer des lois générales.

La nouvelle géographie va naître des besoins et des questions que se posent les sociétés occidentales en reconstruction. Les gouvernements sont avides de prévisions pour faciliter la gestion de la croissance : où investir ? comment ? avec quel moyen ?.

Fondement de la nouvelle géographie.

Tout d’abord, la géographie est une science humaine. Ensuite, celle-ci s’occupe des interactions sociales dans l’espace. La nouvelle géographie est beaucoup plus fondée sur l’explication logique, inspirée des sciences pures que de reconstitution historique. Elle veut dégager des principes à partir desquels il est possible de comprendre leur articulation, de saisir leur fonctionnement et de reconstituer la logique interne. C’est pourquoi la nouvelle géographie accorde beaucoup d’importance au raisonnement hypothétique déductif et essaye d’ériger des modèles de phénomènes sociaux. Elle présente donc un fort contenu théorique.

Une double contestation.

A la fin des années 60 deux courants contestataires vont se développer.

A. La géographie radicale.

Geog-F-103-32

Page 33: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

La première contestation vient des USA et trouve son origine dans :

- l’exacerbation des problèmes sociaux américains - le désenchantement d’un nombre croissant de géographes américains devant le

manque de pertinence de la nouvelle géographie et de la fréquente mainmise sur celle-ci par les intérêts dominants, ceux qui souhaitent le contrôle plutôt que la résolution des problèmes sociaux tels qu’ils se répartissent sur le territoire.

Cette géographie radicale trouve son inspiration dans le marxisme et les sciences sociales critiques. Celle-ci met l’accent sur :

- la dimension économique, sociale et politique de l’espace toujours en mutation- les relations dialectiques des rapports sociaux et l’organisation de l’espace

Ex : comment les villes de Bosnie-Herzégovine deviennent musulmanes et comment cette situation va influencer les rapports entre ruraux et urbains.(deux échelles : l’échelle urbaine et l’échelle mondiale).

NB : l’espace sera analysé à partir de la société et de ses mutations et contradictions. C’est pourquoi la géographie radicale considère l’histoire comme une clé de lecture.

La géographie radicale vise à donner la parole et plus de pouvoir aux victimes du capitalisme et ainsi participer à la lutte des classes.

B. La géographie humaniste. Ce second courant contestataire provient d’horizons variés. La géographie humaniste reproche à la nouvelle géographie de nier le sujet de son étude : l’homme en ne prennent pas en compte ses sentiments, sa conscience, sa liberté, les idées et les spécificités culturelles. La nouvelle géographie réduirait l’être humain à une rationalité caricaturale. Selon la géographie humaniste le rapport de l’Être au monde doit être au cœur de l’analyse. On y trouve deux orientations.

I. La géographie est très proche de la philosophie de Sartre et Heidegeret aborde des question anthologiques, métaphysiques et ethniques.

II. La géographie doit orienter ses recherches vers des émotions et les représentations de l’espace au niveau individuel.

La croissance urbaine dans le tiers-monde

Geog-F-103-33

Page 34: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

4.1 Une mutation importante du monde contemporain

Dans les Etyats du Tiers-monde, entre 1950 et 2000- la population urbaine est 9 fois plus grange- tr d’urbanistion : 15% à 45%- nombre d’agglomérations d’un million d’habitants a augmenter de 5 fois : de 32 à 174-10 agglomérations de plus de 10 millions d’habitants en 1990 : ex. : Mexico, Sao polo + en 2000 Lagos (Nigéria), Delhi.

Source d’inquiétude :

- Point de vue économique : dégradation des conditions d’existence (logement, infrastructure, revenus).

- Point de vue politique : multiplication des désordres sociaux, augmentation de la violence.

- Point de vue psychologique : destructuration de la personnalité, la ville est une source de mal vivre.

Analyse en deux temps : - décription :

- Ampleur, formes et modalité de la croissance urbaine - Dans une perpective comparative.

- Interprétation : - Facteurs de la croissance urbaine- Perspective de la géo radical : conséquences de l’extension spatial

1) Description : Le modèle de la transition urbaine (4.1.1 dans syllabus)

- Croisance urbaine contemporaine conforme à une courbe en S avec phases de stagnation, d’accélération, de décélération, de saturation (voir schéma dans le cours p.130 SELON MARCONI).

- Stagnation : Les limites de l’environement avant le XIXème siècle :• Ville tributaire de l’agriculture.• Population urbaine proportionnelle aux suplus alimentaires

obtenu de gé ou de force .• Surplus faible malgré l’amélioration des techniques agricoles

( avant le XIIIème siècl : rupture).• 70-75% de la population active est mobilisée pour produire des

aliments et des matières premières agricoles. Le taux d’urbanisation n’est jamais supérieure à 15% à l’échelle des grands ensembles éconmiques (Ex : Europe et Monde arabe). Exceptions : sociètés spécialisées dans le commerce international mais sur un territoire très limité (Ex : Nord de l’Italie à la rennaissance marchands italiens importent de l’Orient et de l’Europe de l’Est.) mais ici les surplus provenaient d’autres sociétés pour lesquels celles-ci remplissaient les fonctions économiques.

Geog-F-103-34

Page 35: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

- Phase d’accélération- décélération : brève mais de durée variable selon les pays. Plus on avance dans le temps, plus la croissance urbaine se fait sur une courte période.

- La saturation : est variable selon les états, les taux d’urbanisation sont de proportions très différentes.

- Il y a au départ un pays unique : le Royaume-Uni (2ème moitié du XIXème siècle). Vers 1700 ce pays était encore moyennement urbanisédans le contxte de l’Europe coccidentale, 1,05 million de citadins soit 12 % de la population totale. Vers 1750 d’éjà 1,82 millions de citadins pour une taux d’urbanisation de 1 ;73.En 1800, 3,37 millions de citadins et 20,8 % de population urbaine. Or a cette époque le taux d’urbanisation en europe occidentale était sur le déclin.

- Diffusion de cette croissance selon une logique intra-périphérique :• Europe du Noprd-Ouest (première moitié du XIXème)• Reste de l’Europe (seconde moitié du XIXème)• Amérique du Nord ( seconde moitié du XIXème)•

4.1.2 L’urbanisation vers 1950

En 1950, le taux d’urbanisation (TU) est de 28%, les traces de la diffusion de la transition sont inégales (X 53%- périphérie 15%),mais nuances :faible urbanisation de l’Europe centrale et orientale (33%) et de l’Amérique latine (32%à) ; sous-urbanisation de l’Afrique noire (3%).La transition urbaine est un phénomène universel mais il ne faut pas confondre trnasition urbaine en dans les pays développés et celle du Tiers-monde car elle s’inscrit dans une logique différente ;

- Le taux d’urbanisation annuel ( différent de TU ATTENTION !) (page 134)

Il s’agit d’une mesure de croissance de la population urbaine entre deux dates qui permet de neutraliser l’effet de la croissance démographique totale.Il correspond donc a un tux de croissance de la population urbaine qui n’est pas imputable à la croissance générale de la population.

Formule : Tx A.A M de la population urbaine – Tx A.A M de la population totale.(voir syllabus page 135 pour toute la formule).

4.1.4 L’urbanisation vers 1990Vers 1990, le taux d’urbanisation du tiers monde est de 52 %-. Les différents états du monde se trouvent à des stades différents. Le clivage entre pays dévelloppés et les PVD reste très accusé. Au sein de chaque ensemble, les contrastes sont toutefois très importants ( cfr Belgique/Portugal) (Mali/Venezuela)En 1990 : la plupart des pays d’Amérique latine ont un Tu ⟩⟩ , de même que l’Australie et les pays du Moyen-orient. Celui-ci est moyen pour la France et << pour l’Afrique.

En 2000 cela suit la même logique qu’en 1990.

Les causes en sont ; une migration rurale (exode) qui implique une augmentation de la population rurale. ATTENTION Ce n’est ni du à une hausse de la natalité, ni à une baisse de la mortalité dans les villes .

Geog-F-103-35

Page 36: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

4.2 Les modalités de la croissance urbaine

- l’augmentation de la taille des villes- l’émergence des mégapoles : différent de mégalopole : ensemble

d’agglomérations de très grande taille ( Japon, Est des E-U, Europe)La plus grande agglomération n’est pas Mexico mais Tokyo.Parmi les 230 villes les plus importantes, l’immense majorité est située dans les pays en voie de développement.Dans les mégapoles actuelles, le départ s’est fait dans la moitié du 20 ème sciècle. Le taux d’accroissement de la population s’est stabilisé vers le milieu des années 70.

4.3 Les formes de la croissance urbaine.

• L’augmentation de la taille des villes.

Geog-F-103-36

Page 37: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

• l’émergence des mégapoles :

-définition o différence entre mégapolie et mégalopoleo agglomération de très grnade tailleo

-le sciècle des mégalopoles : o croissance du nombre d’agglomérations milionnaires o davantage de magaloppoles dans le tiers-mondeo croissance de la taille des plus grandes agglomération agglomérations

(voir tableaux syllabus pages 139 et 140-)

- les enjeux des mégapoles :

o La croissance brutale de ces agglomérations ( aménagements à la va-vite, certains secteurs d’activité n’ont pas suivi)

o Inadaptation au site initial, habitat apparu dans des endroits parfois non-favorables ( Ex Bangkok : inondations dues à la proximité d’un fleuve)

o crise des infrastructureso crise de l’emploi (differences entre Oet D) graphiqueo pollutions

• La métamorphose de la hiérachie urbaine

2) Interprétation

4.4 Les facteurs de la transition urbaine.

Jusqu’au années 70, la croissance urbaine a été interprétée selon la théorie de la modernisation, issu de la pensée positive du XIX ème, elle repose sur la dichotomie classique entre les sociétés anciennes et modernes. Les premières sont archaiques, traist qu’lles doivetn abandonner pour devenir moderne. Dans cette optique, la transition vers la modernité se réalise à travers la diffusion depuis l’occident des valeurs, du capital, de la technologie des structures institutionnelles, des modèles politiques….

La théorie de la modernisation suggére que l’exode rural et la croissance urbaine viennent de la transition démographique et du développement économique du Tiers Monde.Croissance de la population, baisse de la mortalité et absence de recul similaire de la natalité, boulversement des équilibres traditionnels donc augmentation du potentiel migratoire des populations rurales. Vu la croissance économqiet et la division du travail, il y a actualisation du potentiel migratoire et déclenchement du processus de croissance urbaine.

La théorie de la modernisation considère l’urbanisation comme un processus univoque et reproductible à l’infini.

Geog-F-103-37

Page 38: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

Remise en question de la tréorie et recours à d’autres travaux scientifiques qui mettent en évidence l’accélération de l’urbanisation dans le Tiers Monde liée à l’extention spatiale et culturelle ( intégration d’un nopmbre croissant d’activités dans la sphère marchande) du apitalisme et des contradictions qui en sont issues. Accorder donc plus d’anntention aux spécificités nationales ou régionales : rôle de l’Etat, contradictions sociales internes, degré et mode intégration dans l’économie mondiale, caractéristiques des sociétés pré-capitalistes……

4 .4 .1 La toile de fond, l’extention spatiale et culturelle du capitalisme.

La croissance est villes du T iers Monde est liée à leur place dans l’économie-monde . Elles appartiennet aux espaces périphériques ou semi-périphériques de celle-ci. ( vois téoriede F ;Braudel , syllabus page 142). Le dévelloppement économique et urbain dans le Tiers Monde est dépendant : les espaces périphériques servent l’economie-monde européenne en expansion. Cette subornination est liée à deux mécanismes la colonisation et l’impérialisme.

Donc :- Exploitation intensive volontaire ou non des ressources humaines et minières pour la

métropole- La population locale est un marché d’exportation pour les produits manufacturés de la

métropole ex cotonnades anglaises en Inde à partir de 1813 :

- Augmentation de la productivité des filatures par la mécanisation - Jeu sur les droits de doanes : libre accès en inde / forts taux imposés par les

autres pays européeens

Question d’examen : archipel de peuplement , formation des réseaux urbains.

Geog-F-103-38

Page 39: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

4.4.1.1. LA COLONISATION ET LA GENESE NOUVEAUX ESPACES URBAINS

La colonisation a eu des effets importants sur l'organisation des espaces urbains des pays du Tiers-Monde.En la matière, on distingue deux processus importants.

I Une destruction de l'économie pré-coloniale:

Les activités artisanales qui s'étaient développées dans les sociétés pré-coloniales n'ont pas purésister à l'arrivée massive de biens manufacturés produits à bas prix dans les métropoles.

II Le développement des cultures d'exportation:

De plus les matières premières (minérales et agricoles) qui se trouvaient dans les pays coloniaux étaient extraites et directement envoyées vers la métropole pour être exploitées.Ceci eut comme conséquence une désindustrialisation ou une réorientation des circuits et échanges =>déclin des villes qui animaient l'économie pré-colonialeCependant ceci est aussi à l'origine du modèle d'urbanisation sous domination colonialeéloignée de celui suivi en métropole.Ce modèle s'est développé en deux étapes.

A.- La création de comptoirs:Du 16ème au 18ème siècles, ce sont les marchands qui gardèrent la main-mise sur l'exploitation et le commerce. Mais l'augmentation du volume des échanges exigea petit-à-petit une installation sur les côtes seule capable de stocker pendant plusieurs mois des marchandises et même des hommes (esclaves) provenant de l'intérieur des terres.Néanmoins, ces installations étaient fragiles car menacées par : - la population autochtone, - les navires d'autres puissances coloniales luttant les unes contre les autres partout dans le monde (ex. France-Angleterre)C'est pourquoi port et comptoir étaient généralement voisins.

B.- La colonisation proprement diteAu 19ème siècle, les Européens se lancent alors dans une entreprise de contrôle politiquedes territoires colonisés.Les pays européens envoyaient d'abord des fonctionnaires qui avaient pour mission de contrôler les élites locales et le bon fonctionnement de l'extraction des ressources de lacolonie. Ensuite, les vastes territoires situés à l'intérieur des continents furent progressivement administrés et contrôlé.

L'exemple de l'Afrique sub-saharienneIci, la colonisation s'est déroulée en 3 phases:1.- Avant la conférence de Berlin (1884-1885): prendre le plus possible de gages et d'y affirmer par la d'un poste qui permettrait de fazire valoir ses droits d'antériorité lors de négociations comme celles de Berlin2.- Après 1885, une fois les contours de chaque colonie déterminés, il ne restait plus au pays coloniaux de coloniser l'intérieur de leurs colonies.3.- Lorsque la phase 2 fut terminée, les nations européennes se trouvèrent en possession devastes territoires qu'il fallait administrer et exploiter. C'est pourquoi les pays coloniaux

Geog-F-103-39

Page 40: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

créèrent un réseau de chefs-lieux où siégeaient les représentants de l'autorité centrale.Ce sont ces réseaux qui sont à l'origine du semis urbain actuelLe système urbain mi en place est très original. Seules les villes portuaires ont une certaine importance car c'est par elles que transitent les produits exportés et les produits manufacturés importés.C'est pourquoi celles-ci polarisent les activités et l'essentiel de la décision économique et politique du territoire => elles concentrent les banques, les firmes d'import, les administrations coloniales, les sièges sociaux des industries extractives, ….Le réseau de transport illustre bien cette réalité, il prend progressivement la forme d'un entonnoir dont les lignes de chemin de fer et les routes aboutissent à la ville principale.Les autres villes n'avaient qu'un fonction marginale: assurer le transit des surplus locaux vers les ports d'exportation et encadrer les populations locales.En résume

Geog-F-103-40

Extension spatiale de l'économie européenne (16e.-18e siècles) Colonisation politique

18e-19e siècles Réorientation de la Contrôle Centrale Production politique administrative minière/agricole économique du territoire

Constitution de Nouveaux marchés FORMATION SOCIALE PRECAPITALISTE > -- > RESEAU URBAIN HERITE Déclin des villes Villes Villes Villes précoloniales minières portuaires administratives Exemples Marrakech Potosi Casablanca Ouarzazate Tombouctou Manille Yaoundé Administration sous domination coloniale Éloignée

Page 41: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

4.4.1.2. LA DIMENSION STRUCTURELLE DE LA CROISSANCE: DUALISATION VILLE-CAMPAGNE

La colonisation a augmenté la dualisation ville-campagne en:1.- concentrant les équipements et les élites dans les villes2.- déstructurant les structures socio-économiques des campagnes, processus nécessaire à la domination coloniale.3.- orientant la production agricole des campagnes vers l'exportation.4.- exportant via les colons blancs le mode d'exportation commerciale de type capitalistes dans les villes.Conséquences:1.- Création d'une agriculture capitaliste coloniale surtout via les plantations et les cultures forcées qui ont: - accéléré l'épuisement des sols: pour faire place aux nouvelles cultures, les surfaces agricoles ont augmenté => diminu- tion de la durée de jachère => épuisement des sols => chute rendement. - fait reculer les cultures vivrières soit par manque d'espaces, soit par manque de temps => possibilité d'appauvrissement du régime alimentaire.2.- privatisation de la terre et hiérarchisation sociale. Avant la colonisation, les souverains des futurs pays colonisés possédaient toutes les terres les villageois en avaient la jouissance. Les notables locaux ne pouvaient que lever l'impôt au nom du souverain. Les Européens vont bouleverser ce système en introduisant la notion de la propriété des terres selon les principes du droit romain => alliance entre les notables autochtones et le colonisateur car cette notion est profitable aux deux parties; les notables en profitèrent pour s'arroger des terres - les Européens divisaient pour mieux régner. > conséquence: chute du pouvoir royal, perte des terres mises à la disposition des petits paysans car celles-ci sont rattachées à de grands domaines fonciers => les paysans deviennent des métayers dépendant des chefs et notables autochtones devenus propriétaires fonciers. De plus, ceux-ci en collaborant avec les Européens obtiennent toute une série d'avantages. => dualisation entre grands propriétaires fonciers et la grande masse de paysans prolétari- sés.3.- réorganisation de l'espace urbain au profit des villes coloniales qui se renforcent via les ponctions faites sur les campagnes.Cette dualisation originaire du 19e. siècle s'approfondira dans le seconde moitié du 20e. siècle, notamment via les écarts de revenus entre urbains et ruraux.Exode rural massif très probable/

Geog-F-103-41

Page 42: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

En résumé

Extension spatiale Colonisationde l'éco-monde politiqueeuropéen

Développement Privatisation concentration des investissementsd'une agriculture des terres dans les villes coloniales

(Alliance notables colons

PlantationsCultures forcées Polarisation Equipements urbains

Sociale activités tertiairesIndustries légères

Concentration desInfrastructures

Epuisement des sols Paysans Elite autochtoneRecul des cultures pauvres urbainevivrières

Fragilisation des >< Concentration des richessesEspaces ruraux en milieu urbain

4.4.1.3 L LA DIMENSION CONJONCTURELLE DE LA CROISSANCE

Les grands flux d'exodes ruraux se dérouleront surtout après 1945 quand la plupart des pays colonisés accèdent à l'indépendance tgant en Amérique latine qu'en Afrique et en AsieLes origines de l'exode rural découle de 4 processus:L'apprauvrissdement + la dualisation entre villes et campagnes, la constitution desAppareils d'Etat, la scolarisation des masses et la croissance de la démographie.

1.- La dualisation accrue entre villes et campagnesL'accès à l'indépendance a réduit le rôle des exploitations coloniales via le départ descolonisateurs ou la nationalisation ou encore la modernisation et l'orientation vers les marchés internationaux d'un grand nombre d'exploitation appartenant à des autochtones.D'une part, la vente des terres des ex-sociétés coloniales va permettre à celles-ci d'engrangerd'immenses capitaux qu'elles ont investis dans le tertiaire ou alors de services intermédiairesmonopolistiques contrôlant le marche agricole mondial.D'autre part, les propriétaires autochtones ont compris qu'ils pouvaient augmenter leurs bénéfices en s'orientant vers les cultures d'exportation et en embauchant des ouvriers temporaires.> Conséquences:

Geog-F-103-42

Page 43: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

- Mono orientation des productions orientées et dépendance par rapport aux fluctuations des marchés commerciaux mondiaux.- La paysannerie subit les fluctuations importantes des prix. Lorsque les prix chutent, lesintermédiaires répercutent directement celles-ci , alors que si les prix montent, les mêmes intermédiaires amortissent les hausses.- Augmentations des paysans sans terres suite à la mécanisation des grands domaines

Enfin, à travers le détournement par les élites urbaines des budgets publics ou des aides Internationales, les ex grandes villes coloniales ont bénéficié de nombreux avantages=> création d'un mirage urbain.

2.- La constitution de l'appareil d'EtatCelle-ci s'est faite suite à deux phénomènes importants:- Le recentrage des ex-pays coloniaux sur eux-mêmes liéà l'augmentation du pouvoir d'achat( => consommation accrue => plus besoin de débouchés coloniaux) et mise en place dufordisme déjà présent avant 1940 => diminution de l'importance stratégique des colonies.- Les contradictions issues de la colonisation vont créer des conflits et luttes pour l'indépendance. Après que celle-ci ait été obtenue, les ex-pays coloniaux ont dû mettre enplace une nouvelle administration dominée par des minorités autochtones.Pour éviter que celle-ci ne soit balayée lors d'une révolution populaire, il a fallu constituerrapidement un appareil d'Etat afin d'endiguer celle-ci.=> Sur le plan économique: augmentation du nombre de fonctionnaires (enseignants, administrateurs, ….) et militaires. Ceux-ci ayant un revenu régulier constituent uneclasse moyenne => développement des activités tertiaires en ville.=> Sur le plan spatial: multiplication des divisions administratives => augmentationdes fonctions administratives et possibilité d'intervenir plus rapidement..

3.- La scolarisation des masses:La constitution d'un appareil d'Etat va provoquer une demande accrue de personnes scolarisées pour l'administration ou pour remplacer les cadres techniques desSociétés étrangères.

> Conséquence: - fossé entre générations scolarisées ou non, -. Découverte du monde par les jeunes paysans => envie de sortir de ce monde rural => conditions propices à l'immigration.

4.- La croissance démographiqueLa croissance démographique exceptionnelles observée au 20e. siècle a renforcé le contraste ville-campagne et est le catalyseur des exodes ruraux..Cependant, la hausse démographique due à l'industrialisation des pays tiers est plus grande(2,3% en 40 ans)que celle observée dans le courant du 20e. siècle en Europe.Ceci est dû: à l'importation des techniques modernes médicales => diminution de la mortalité mais situation économique, sociale et culturelle mauvaise => natalité reste haute et parfois augmente.

Geog-F-103-43

Page 44: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

En résumé

Auto centrage des pays capitalistes Contradiction forte entre :développé Ruraux et urbain

Possédant et non possédant

Diminution de Accès à l’indépendance l’importance des états coloniaux

Conversion des Constitution d’un appareil Lute socialesociété coloniale d’étaten intermédiaire commerciale.Orientation des Augmentation du nombre de e propriétaires U fonctionnaire/militairefoncier vers R des cultures Bd’exportation A Constitution d’une N classe moyenne avec

I revenu régulier. catégorie sociale aiséeSAT Milieu urbain

ION

- Mono orientation et Constitution de nouveau Dispose de détournement des dépendance étrangère marché commerciaux capitaux aides publique- Contrôle par les intermédiaires coloniaux- Augmentation des paysans Productif pour Nouveausans terre le pays équipement- Augmentation des besoins monétaire.- Scolarisation de masse Peu d’emploi directe Mirage

mais effets d’entraînement. urbain

Geog-F-103-44

Page 45: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

4.4.2 LES FACTEURS LOCAUX - POLITIQUE URBAINE ET HERITAGE HISTORIQUELa croissance urbaine est malgré tout très diversifiée et se développe également en fonction des politiques mise en œuvre par les pays du tiers-monde en matière d'urbanisme.Deux exemples sonttraités ci-dessous: la Chine et l'Inde.

45.4.2.1. - La sous-urbanisation de la ChineLe taux d'urbanisation en Chine reste très bas jusqu'en 1980 - moins de 20% -Lorsque Mao arriva au pouvoir en 1949, la population urbaine compte pourmoins de 10% de la population totale. C'était dû à la faiblesse de l'industrialisation chinoise et au faible surplus agricole.De manière plus générale, il existait à cette époque un contraste entre: 1.- Les villes ouvertes du littoral ou de la Mandchourie. Celles-ci sont organisée pour répondre aux besoin du commerce international et ont connu une rapide croissance démographique dans le courant du 19e. siècle. 2.- Les villes de l'intérieur: celles-ci sont pour la plupart non commerciales mais surtoutadministratives servant de relais du pouvoir central. Renfermée à l'intérieur de leur remparts, les populations ont peu évolué.

I.- Première phase de l'évolution du taux d'urbanisation: une croissance rapide (1950-1960)L'accession de Mao au pouvoir va bouleverser l'urbanisation chinoise. Pour celui-ci, ilfaut à tout prix éviter une croissance urbaine trop rapide afin de limiter au maximuml'emprise du "pouvoir de perversion" des élites citadines. Celles-ci inspirent la méfiancedes autorités chinoises en raison de leurs pouvoirs économiques et de leurs relations avec l'étranger. Les villes ouvertes cristallisent celle-ci. Ces villes sont présentées commeparasitaires, non productives et aux mains des puissances capitalistes.D7S 1953? L4Etat cherchera à contrôler les déplacements de population des campagnes vers les villes. Dans ce but, Mao instaure les "registres municipaux des ménages" qui divise cesderniers en 2 types: les ménages agricoles et les non agricoles.Ces seconds peuvent bénéficier: - de tickets de rationnement pour leurs besoins élémentaires,

- de l'accession à l'emploi secondaire et tertiaire dispensé par l'Etat, - d'avantages sociaux: scolarisation des enfants, soins hospitaliers gratuits.

Cependant pour s'installer en ville, tout ménage doit obtenir l'autorisation délivrée parles autorités locales pour s'inscrire dans un registre d'une municipalité au titre deménagenon agricole.

Ces mesures sont néanmoins en contradiction avec la politique de l'industrialisation rapidepoursuivie par les dirigeants chinois qui prévoyaient, à la manière soviétique, des investissements oroductifs dans les centres urbains.µC'est cette deuxième tendance qui va dominer dans un premier temps.ENTRE 1949 ET 1957? LA Chine enregistrera une forte augmentation de sa population urbaine (+ 32 millions d'habitants) et une légère croissance du taux d'urbanisation.

II.- Deuxième phase d'évaluation du taux d'urbanisation: une stagnation (1960-1975)

Geog-F-103-45

Page 46: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

La première phase se termine par l'élaboration du "Grand bond en avant" qui est la négation maoïste de la planification sociétique. Le "bond en avant" prévoyait: - un approfondissement de l'appropriation collective des terres, - une industrialisation des campagnes.Cependant cette nouvelle orientation provoqua une chute de la production agricole aggravéepar trois années de mauvaises conditions climatiques.Les mauvaises récoltes provoqua une famine qui amena un exode rural.Le nombre de citadins augmenta de 82 à 110 millions entre 1957 et 1960, le taux d'urbanisation passant quant à lui de 17 à 19%..A la fin des grandes famines et du "Grand bond en avant", plus de 20 millions de néo-citadins furent renvoyés dans leurs campagnes. Parallèlement, le contrôle des déplacements internes furent renforcés.Par la suite, dans le cadre de la "révolution culturelle" Mao organisa le déplacement des citadins vers les campagnes via la rééducation des élites par les masses rurales.C'est ainsi que 20 à 30 millions de jeunes citadins furent déplacés vers les campagnes,ce qui contribua à la diminution du taux d'urbanisatioin;

III;- Troisième phase de l'évolution du taux d'urbanisation: une reprise soutenue(1976,…..)Il faudra attendre la mort de Mao (1976) et l'ouverture à l'économie de marché pour queles investissements publics dans le logement et les équipements urbains reprennent;un assouplissement du système d'enregistrement obligatoire et l'autorisation du retourdes citadins exilés favorisèrent une forte augmentation de la population urbaine et du taux d'urbanisation.

4.4.12.2. La sous-urbanisation de l'IndeMême si la population indiennea connu une forte augmentation; l'écart entre sa populationrurale et celle des villes reste quasi égale depuis un siècle: 2% de progression en mlilieu rural pour 3% en milieu urbain dans les années 80.En 1991, l'Inde comptait 220 millions de citadins, cependant seulement un Indien sur quatrevit dans une agglomération de 5.000 habitants et plus.Cette situation est due à une forte capacité à une forte capacité rétention des campagnes.Celle-ci se manifeste par:Les stratégies de substitution à l'exode rural.- L'importance des navettes campagne-ville: malgré le mauvais état des réseaux de communication et des transports publics. Beaucoup de travailleurs préfèrent faire la navette,ce qui permet aux familles de continuer à contrôler les jeunes.- L'importance des migrations saisonnières campagne-ville: de nombreux paysans quittentleurs campagnes pendant la saison sèche pour trouver un emploi temporaire en ville.Des enquêtes montrent que ceux-ci n'ont aucune envie de s'intégrer au milieu urbain; leshabitudes prises pendant leur séjour en ville (alcoolisme, lessives peu nombreuses, ….) sont abandonnées dès le retour en milieu rural; Même les paysans qui doivent rester en ville pendant quelques années retournent à leurs campagnes après avoir accumulé un petit pécule.(Vers 35-40 ans).

-. L'importance des migrations saisonnière campagne-campagne

Geog-F-103-46

Page 47: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

Dans certaines régions de l'Inde, certaines zones irriguées ont un rendement élevé pouvant faire vivre des familles entières sur peu d'espace. C'est pourquoi de nombreuses famillespaysannes de basses castes migrent vers ces régions pendant la saison sèche.

Cette situation de mligration permanente est due au fait qu'il n'existe pas de système de pensions en Inde. Il est donc très important de garder des liens importants avecla famille restée dans les campagnes afin d'assurer sa retraite.De plus comme loger en ville coûte très cher, il n'est pas toujours avantageux de quitter son village.Souvent, un seul membre de la famille vit en ville, mais ses revenus et dépenses font partie du budget commun de la famille villageoise. On maximalise les envois d'argent à la famille tout en diminuant les frais de logement et de transport en se trouvent à proximité des lieux d'embauche journalière.Enfin des arguments socio-économiques expliquent également le nombre élevés d'habitantsruraux:- le fin maillage de l'irrigation des terres, ce qui permet de maintenir une forte densité de population sur de petites surfaces.- la faible mécanisation qui permet d'employer beaucoup de personnes,- un attachement viscéral à la terre,- un mépris de la ville dans le zonesrurales, la vie en ville est perçue comme immoraleet chère.

Une des conséquences de cette situation est le poids politique des édiles rurales.Celles-ci vont également favoriser les aménagements tant dans les campagnesqu'en milieu urbain afin de ménager leur électorat.

DEMANDEURS D'ASILE ET REFUGIES DANS LA DYNAMIQUE DES MIGRATIONS INTERNATIONALES

1.-Les sources de migration

I.- L'appel d main-d'œuvre étrangèreJusqu'en 1975, la main d'œuvre étrangère était considérée comme un élément importantpour faire tourner l'industrie en plein essor d'après la seconde guerre mondiale;Cette logique va primer en Europe de l'Ouest jusqu'aux crises pétrolièresA partir du ralentissement de l'économie, des quotas d'immigrations vont être stoppés et la politique d'asile en Europe va être durcie. Seuls les regroupements familiaux sont autorisés.Dans certains cas, les immigrés vont retourner vers leur pays.Une des conséquences de l'arrêt de l'émigration est due à l'appel de main d'œuvre et mèneraà l'immigration clandestine. Celle-ci alimente essentiellement l'économie souterraine.Son succès ne dépend pas du capital mais du nombre de personnes occupée.(Ex.: l'agriculture, les services de nettoyage, la construction, la restauration, c'est le travailnoir)Ces personnes immigrées étant en séjour illégal sont soumises au bon vouloir de leur employeur qui, généralement, les sous-payent ans déclarer ces sommes à l'ONSS et aufisc. Toutes plaintes sont interdites à ces clandestins - car elle pourrait entraîner leurexpulsion

Enfin, la présence de grandes communautés étrangères peut également faciliter l'accueil des

Geog-F-103-47

Page 48: Fondements de la Géographie humaine. · Elle fournit une info détaillée sur le paysage mais pas d'infos sur la population, ses activités,.. 2.2. la production de cartes. ... 2.4

illégaux.

II.- Les demandeurs d'asileDéfinition: Un demandeur d'asile est toute personne ayant reçu un statut de réfugié (pour des raisons polotico-socio-économiques) et qui est en attente d'une décision desinstances migratoires pouor rester sur le territoire national.L'effondrement du bloc de l'Est a fait exploser le nombre de demandes d'asile dans lesannées 90 en Euripe de l'Ouest.

III.- Les migrations des pensionnés

Ce phénomène est typique de l'Europe, celui-ci est difficile à évaluer car ces migrations peuvent se faire sans demande officielle.Celles-ci peuvent poser problème ainsi sur les côtes espagnoles où le droit de vote des Européens n'est pas vu d'un bon œil par les autochtones qui ont l'impressiond'être dépossédésd'une parcelle de leur pouvoir.

2.- Localisation des origines et desdetinations des réfugiés ou migrantsIl est un fait que la plupart des réfugiés migrants proviennent du tiers-monde.Cependant c'est aussi ce dernier qui en accueille le plus grand nombre.En effet, dans la majorité des cas, les migrations se font sur de courtes distances;ceci s'explique par le fait que les phénomènes migratoires sont souvent dusà des guerres, famines ou encore des génocides qui ne donnent généralement pas l'occasion à ces populations ou aux filières clandestines de poouvoir dépasser les premières frontièresinternationales.Conclusion; les déplacements massifs de population sont locaux.Seule une persécution ethnique permanente peut entraîner des déplacements individuels à longue portée.Enfin on peut souligner que la plupart des réfugiés qu'accueille l 'Union européenneproviennent du continent lui-même.

Geog-F-103-48