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14 Génération Tao n° 48 des vidéos à téléchar ger sur www .gener ation-t ao.com médecine chinoise création graphique: Frédéric Villbrandt Traité du « Soin de Soi » Li Chan.

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médecine chinoise

création graphique : Frédéric Villbrandt

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médecine chinoise

La Médecine Traditionnelle

Chinoise (MTC), c’est ma passion

depuis plus de 20 ans et je suis

heureux de constater qu’elle commence

à faire beaucoup parler d’elle ! De plus

en plus de patients y ont recours en

complément des traitements de notre

médecine occidentale. Sur le plan de la

formation des praticiens de MTC, de

nombreuses écoles privées ont des pro-

grammes sérieux de formation. Dans les

facultés de médecine, des programmes

plus « étoffés » qu’auparavant sont en

cours d’élaboration pour les médecins.

Mon souhait est que la MTC reste une

médecine authentique, pratiquée dans

l’art de la tradition et au service du

malade avant tout. Elle ne doit en

aucun cas devenir une branche de la

biomédecine*. A ce propos, dans un

esprit d’ouverture, le Dr Denis Colin a

été invité à s’exprimer sur le projet de

création d’un cursus complet en MTC à

la faculté de médecine (p. 36). L’histoi-

re nous a démontré qu’il n’était pas

nécessaire d’être médecin en bioméde-

cine occidentale pour pouvoir pratiquer

la MTC. Les médecins chinois l’exercent

depuis des millénaires avec « bonheur »

sans pour autant être diplômés en bio-

médecine ! Ce qui me paraît essentiel

est la qualité de formation du praticien,

de son exercice, et nous devons tous

ensemble promouvoir cette qualité.

J’aimerais que « la ronde de la MTC »

soit composée de gens qui œuvrent

à apporter une qualité d’enseignement

et de pratique, et qu’un jour nous puis-

sions tous nous « donner la main »,

médecins et non-médecins, pour

conserver à la MTC son essence

et sa richesse.

Dans ce numéro, consacré à la

médecine chinoise, nous allons tenter

de vous faire découvrir toute son origi-

nalité et vous présenter ses différents

outils, l’acupuncture, la pharmacopée,

le Tui Na et les mobilisations, et la

diététique. Enfin, dans la seconde

partie, je sais qu’il sera aussi question

de Qi Qong.

Bonne lecture… * Biomédecine est le terme utilisé pour désigner la médecine moderne occidentale.

L’éditao de Rodolphe Spiropoulos

LA MEDECINECHINOISE

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médecine chinoise

Rodolphe Spiropoulos,Masseur-Kinésithéra-peute DE, Ostéopathea étudié l'Homéopa-thie, la Sophrologie.Sa passion pour l'Ener-gétique l'a conduit àl'étude de la MTC.Depuis plus de 20 ans,il pratique quotidienne-ment à son cabinet.Aujourd'hui dans sonenseignement, il parta-ge son savoir-faire etnous amène à la ren-contre de l'EnergétiqueChinoise. Il contribueégalement activementau développement et àla reconnaissance dela MTC en France.

La Médecine TraditionnelleChinoise

Une longue histoire…!par Rodolphe Spiropoulos

Voici pour commencer une brève introduction à la Médecine

Traditionnelle Chinoise par le maître d’œuvre de ce dossier

spécial, Rodolphe Spiropoulos . Il nous rappelle les principes

philosophiques, les spécificités, et la description de l’arrivée

en Europe, et principalement en France, de la discipline.

PORTRAIT

«Médecine traditionnelle chinoise » ; unesimple respiration, et ces trois mots mefont venir à l’esprit d’innombrables

étoiles de sagesse comme tradition, nature, artde vivre… santé et médecine. La médecine chi-noise pourrait être une des réponses au ques-tionnement éternel de l’Homme: longueur etqualité de la vie? La médecine est une sciencequi a pour but de guérir les maladies, mieuxencore les malades ; c’est un art. Cela devientmême du grand art si l’on parle de santé, d’en-tretien de santé et de prévention pour l’hom-me et son environnement.

De tout temps, soigner… La maladie a depuis tous temps représenté l’undes fléaux naturels contre lequel l’hommen’avait guère de défense possible ; cependant iln’est pas de société qui n’ait connu deshommes qui se soient consacrés à soigner leurssemblables. De ce fait, la médecine, les méde-cines, constituent certainement l’une des acti-vités humaines les plus anciennes. Peu à peu,avec l’apport des réflexions philosophiques dedifférents horizons, des connaissances se sontaccumulées et ont permis aux guérisseurs et àla médecine d’acquérir des pouvoirs de plus enplus remarquables. On peut observer dansl’histoire de la médecine une alternance régu-lière de puissants mouvements d’obscurité et

de clarté tels le yin et le yang. Il a fallu dessiècles et des siècles pour consolider les pre-mières découvertes, les affiner, les contredire,les réinventer et cela non sans luttes internesau sein du corps soignant et du corps médical. Chez les peuples primitifs, la médecine étaitintuitive, fruit d’une connaissance immédiateet empirique ; leur don d’observation leur a faitdécouvrir les vertus thérapeutiques de certainsmassages, de certaines piqûres, punctures et decertaines plantes. Ils comprirent très tôt que lesagents extérieurs évidents, comme les agentspathogènes climatiques externes ou les trau-matismes physiques, ne déterminaient pas etn’expliquaient pas tous les désordres du corpshumain. Ils incriminèrent des interventionsétrangères, invisibles, parfois même malé-fiques, alors chassant le démon responsable dumal et seul le sorcier guérisseur détenait cepouvoir. C’est seulement peu à peu que lamaladie devint une entité qu’il convenait decombattre pour elle-même, qu’enfin la notionde malade en tant qu’individu original prit lapremière place et que le médecin succèda ausoignant.

Une médecine archaïque et moderneIl est difficile d’insérer dans une chronologie

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parfaite les conceptions médicales propres à laChine. Elles sont archaïques et primitives dansla mesure où leurs origines sont antérieures àplus de trois milles ans, elles sont actuelles etmodernes dans la mesure où des centaines demillions d’être humains y ont encore recoursaujourd’hui. D’une façon schématique, la pen-sée traditionnelle chinoise, modelée par leTaoïsme, le Confucianisme, l’Ecole du YinYang et des Cinq mouvements, et par le Boud-dhisme, a conditionné des conceptions del’anatomie, de la physiologie, de l’étio-logie, de la pathologie, de la théra-peutique et donc de la clinique,tout à fait particulières à lamédecine chinoise.

Pour commencer…Le procédé d’investigation cli-nique le plus marquant de lamédecine chinoise est sans contestela palpation du pouls radial condition-né par le passage du sang « xue » et dusouffle « qi ». Les deux procédés thérapeu-tiques les plus originaux sont l’acupuncture etla moxibustion. Le massage et la pharmacopéeont été cependant dès leur naissance d’uneextrême richesse. Depuis le début de notreMoyen Age, la médecine chinoise a atteintpresque sa maturité et n’a fondamentalementguère évolué si ce n’est à l’unisson de celle del’Occident et pour peut-être parfois perdre deson originalité, de son essence. Comme je viensde l’écrire, la MTC est une médecine trèsancienne qui s’est appuyée sur l’expérience etl’observation, qui s’est fondée sur l’étude desfaits et sur la pratique, cautionnée par la réus-site et surtout s’adaptant aux différentes situa-tions. Elle est d’inspiration taoïste, perpétuéepar les textes anciens, mais reste tout à faitadaptée aux temps modernes. Théorie et pra-tique sont les fruits d’environ cinquante sièclesd’histoire marqués de courants philoso-phiques, de mouvements sociaux et politiqueset de la ronde continuelle des praticiens tissantle lien entre le passé et le présent, la traditionet la pratique quotidienne de cette médecine.De tout temps, la dialectique du yin et du yang,la permanence du mouvement, l’impermanen-ce de toute chose ainsi que les éléments de lanature ont imprégné la civilisation chinoise ; lapensée chinoise introspective et intuitive inspi-rée de la nature se retrouve dans la médecinechinoise, ainsi la vie et la santé peuvent êtrecomprises comme le reflet harmonieux dedame Nature. Reste à savoir qui est le miroir?

Les spécificités de la Médecine Traditionnelle Chinoise point par point• C’est une médecine traditionnelle trèsancienne, plusieurs fois millénaire, aujourd’huiencore médecine d’Etat et pratiquée dans denombreux pays dans le monde. Et surtout, sonexercice ne nécessite que très peu d’outils.

• Elle porte l’empreinte de la simplicité. Parexemple, si l’on s’intéresse à l’origine des mala-dies, on distingue trois types de causes : lesconditions climatiques, la constitution et l’ali-mentation, et enfin les émotions, principes tel-lement essentiels.• Son approche de la globalité de l’Etre en tantque Corps-Esprit. L’être humain est un élé-ment de l’Univers dont il ne peut être dissociéet ses propres structures et fonctions consti-

tuent un ensemble interactif indivisible.Ainsi l’être humain fait partie de

l’Univers, infini et sans limite, et aété modelé au sein de l’amas uni-versel à partir de ses matériaux etde sa substance. Du chaos origi-nel sans structure, sans forme etsans apparence, la manifestationva apparaître par la séparation

des souffles. Aussi le microcosmehumain est-il plus ou moins fait à

l’image du macrocosme universel etreste en étroite corrélation avec lui, mais

chaque corps d’homme constitue un tout individuel et non identique à celui de sessemblables.• C’est une médecine dont l’histoire et lestextes anciens sont très riches. La tradition

Identifier la racine,

la cause de la maladie…

médecine chinoise

La roue des 5 mouvementsest l’un des piliers central dusystème de pensée de la MTC.

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chinoise parle de la période légendaire destrois empereurs antiques qui seraient à l’origi-ne des premiers écrits sur la médecine tradi-tionnelle chinoise : Fu Xi, inspirateur du YiJing, le livre des mutations ; Shen Nong, auteurdu Shen Nong Ben Cao Jing, traité de matièremédicale qui transmet les techniques de l’agri-culture et les bases de la pharmacopée ; HuangDi, l’Empereur Jaune, qui aurait transmis lesfondements de la médecine chinoise dans leHuang Di Nei Jing qui comporte deux parties :le Su Wen et le Ling Shu.• Son aspect scientifique et naturalis-te ; en effet elle possède la rigueur,l’exigence et l’objectivité de lascience ; il existe des méthodesde diagnostic et de thérapie ; etdans son concept naturaliste, lanature n’a pas d’autre causequ’elle-même, rien n’existe endehors d’elle, la maladie vient dela nature et c’est en manipulant lesénergies de la nature que l’on peutsoigner. On ne prie plus de Dieu, on utilisedans les remèdes les règnes végétal, minéral etanimal.• Sa conception bien particulière de l’élabora-tion d’un traitement : il faut pour cela identifierla racine, c’est-à-dire la cause de la maladie,identifier les branches, c’est-à-dire les symp-tômes, et identifier la constitution du maladedu point de vue physique et mental. Ainsi onpourra traiter la cause et éliminer la pathologie(phase chronique et latente), traiter les symp-tômes et soulager le patient (crise aiguë), enfinsoutenir la constitution pour renforcer l’effica-cité du traitement, prévenir l’éventuelle rechu-te et permettre la prévention.Le traitement s’intéresse aux niveaux d’existen-ce physique, psychique et même spirituelle. Eneffet les activités mentales, émotionnelles etphysiologiques sont les expressions d’un mêmeprincipe vital. La vie qui anime tous les hommes

repose sur trois concepts qui sont l’essence« jing », l’énergie « qi » et l’esprit « shen ».

L’arrivée de la médecine chinoise en EuropeL’Europe a découvert la médecine chinoise àpartir du 17e siècle, essentiellement grâce auxmissionnaires jésuites qui furent intéressés parla médecine chinoise et forgèrent le terme« acupuncture » à partir du latin. Ce fut RPHervieu qui publia l’un des premiers traités

français à Grenoble en 1671. Au 18e siècle,les publications continuèrent avec

notamment Valsalva, Kaempfer, DuHalde, Dujardin et Vicq d’Azyr.Au 19e siècle, les publicationsabondent, les auteurs les plusnotables étant le Dr Berlioz, pèredu célèbre compositeur, le Che-valier de Sarlandière, Le Dantu,

Cloquet et Dabry ex-consul deFrance en Chine. Les médecins com-

mencent à pratiquer l’acupuncture defaçon empirique du fait de l’absence de sup-

ports théoriques traditionnels approfondis. Au20e siècle, Georges Soulié de Morant, sino-logue, après avoir été consul de France enChine, introduit les premiers fondements decette médecine en traduisant les textes ancienset publie ses recherches en 1934 dans Le précisde la vraie acupuncture chinoise ; c’est à cemoment-là que commence le vrai début del’acupuncture en France et que cette thérapeu-tique attire. Depuis, la France n’a cessé de s’in-téresser à l’acupuncture chinoise et de maniè-re plus générale, à la médecine traditionnellechinoise dans l’ensemble de ses techniques etspécialités. On peut citer de manière nonexhaustive R. de la Fuÿe, J.E.H. Niboyet,Chamfrault, Nguyen Van Nghi, Borsarello,Laville-Mery, Faubert…Aujourd’hui les échanges avec la Chine sontdevenus de plus en plus nombreux et réguliers,sous forme notamment de stages hospitaliersou de formations universitaires en Chine, et destages en France, grâce à la venue de Profes-seurs chinois ; ainsi les praticiens de médecinetraditionnelle chinoise ont pu compléter etaméliorer leur savoir-faire, non seulement enacupuncture, mais aussi dans toutes les spécia-lités de la médecine chinoise.

Pour en savoir plus, consultez

le carnet d’adresses p.58.

…Et lesbranches,

c’est-à-dire les symptômes.

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LA MTC EN RESUMELa Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC)est une technique médicale, une disciplinescientifique, qui s’appuie sur des connais-sances et des pratiques en constante évolu-tion depuis plus de vingt siècles. Elle a pourobjet d’étude la physiologie, la pathologie,le diagnostic, la prévention et le traitementdes maladies. Elle utilise notamment l’acu-puncture, la moxibustion, la pharmacopée,la diététique, le massage et les mobilisa-tions, et les exercices de santé (Qi Gong).La MTC se veut thérapeutique et préventive,elle a pour but le traitement des maladies ets’intéresse tout autant à la prévention et aubien-être.

médecine chinoise

Huang Di, l’Empereur Jaune.

Georges Soulié de Morant.

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médecine chinoise

Chrono-acupunctureA la recherche du temps perdu…

par Catherine Germain

Depuis la nuit des temps, l’homme a tentéd’en arrêter le cours, de stopper l’écoule-ment permanent qui nous entraîne iné-

luctablement vers l’échéance ultime et — pourquoi pas — de revenir en arrière… Latentative de retour sur le passé — dans lepassé, avec l’objectif éventuel d’en modifier les « séquelles » — reste à jamais (!) une quêtemythique bien souvent relatée en littératureou au cinéma… La tradition chinoise a conçudepuis l’Antiquité une façon toute particulièrede retrouver le contexte temporel du passé.L’élaboration si précise de sa conceptioncyclique du temps nous ramène avec la plusexacte des régularités aux conditions énergé-tiques qui ont précédé… De là à imaginer quece retour puisse nous offrir la possibilité d’in-tervenir sur les faits qui en ont découlé…

Les points d’ouvertureLa théorie traditionnelle chinoise affirme quenous nous trouvons sous une influence énergé-tique en perpétuel renouvellement. Sur le planmédical, elle suggère que, de deux heures endeux heures, notre corps propose une nouvelle« entrée » particulièrement accessible auxinfluences cosmotelluriques : un nouveau pointd’acupuncture, à la sensibilité optimale setrouve « ouvert » tel une fenêtre aux fluxexternes et internes. Les points d’ouverture,s’enchaînant selon des règles précises, seretrouvent de cycle en cycle. L’approche secomplexifie du fait que les Chinois ont définiplusieurs catégories de « points d’ouverture »selon que l’on choisit de raisonner en termesde méridiens principaux dont les « points d’ou-verture » seront les points Shu antiques et lespoints Source, ou que l’on préfère se référeraux Merveilleux Vaisseaux à la notion plus

ésotérique, au potentiel thérapeutique biendifférent et qui possèdent leurs propres« points d’ouverture ». Quatre méthodes ontété élaborées. Deux méthodes utilisent lespoints Shu antiques : Na zi fa et Na jia fa,réunies sous la dénomination Zi wu liu zhu.Les deux autres utilisent les points des Mer-veilleux Vaisseaux : Ling gui ba fa et Fei tengba fa. Dans tous les cas, les calculs se réfèrentobligatoirement à l’heure solaire du lieu. Dansl’application traditionnelle de cette théorie, lesmédecins chinois proposaient, soit l’utilisationdes points ouverts au moment de la consulta-tion, soit l’organisation de consultations auxheures propices selon les pathologies ou letableau énergétique du patient.

Agir sur le passéEn France, un courant de recherche, mené parun médecin alsacien, le docteur Claude Simm-ler, a procédé à une étude approfondie de cesdifférentes méthodes, souhaitant préciser lechamp d’action de chacune et leur possibilitéd’association. Par ailleurs, il est parti d’un pos-tulat différent de celui — traditionnel — décritplus haut. Selon le principe qu’au momentexact où survient un événement notre sensibi-

Pour ce numéro spécial, nous avons souhaité

nous intéresser à un pan méconnu de

l’acupuncture : la chrono-acupuncture, qui agit

dans le présent sur les traumatismes du passé,

en sollicitant les points d’entrée et d’ouverture

des points d’acupuncture à un moment précis

de la journée. Explications.

Catherine Germain estdocteur en médecinevétérinaire, formée enmédecine traditionnel-le chinoise. Son passa-ge par la Fac deMédecine Paris XIII luidonne l’occasion deprendre part à la fon-dation d’un organismeprofessionnel de MTCau sein duquel elle col-labore avec le groupede recherche sur lachrono-acupuncture etparticipe à l‘organisa-tion de 3 stages sur cethème.

PORTRAIT

Clepsidre à eau de Su Sung. 1090.

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lité énergétique est à son point culminant enun point précis du corps, on peut alors penserqu’en intervenant sur ce point on pourra avoirune influence sur les conséquences dudit évé-nement. Nous parlons ici de tout épisode ayantengendré des modifications psychiques ouphysiques dans la vie du patient, a fortiori ceuxqui ont entraîné des processus pathologiques :accidents, opérations chirurgicales, mais aussiles stress psychologiques comme les deuils,séparations, considérant comme stress ce quiest exprimé comme tel par le patient qui enreste traumatisé. Poussant plus loin le raison-nement, on peut considérer que l’événement leplus marquant d’une existence reste… la nais-sance, et on peut parfois décider de puncturerles points d’ouverture correspondants à l’heu-re de naissance du patient quand la patholo-gie exprimée y invite. Il arrive même quel’on retrouve une concordance entre lespoints de naissance et ceux d’un ou deplusieurs traumatismes…Pratiquant et parfois associant les dif-férentes méthodes citées plus haut,choisies selon les patients, les patholo-gies exprimées ou leur antériorité, nousobtenons des résultats saisissants. Cer-tains patients vont jusqu’à voir la fin depathologies chroniques dont ils étaient atteintsdepuis de nombreuses années. Notre ami alsa-cien qui a systématisé ses recherches a présen-té ses travaux au congrès mondial de MTC quis’est tenu à Paris en 2005.

En pratique…En pratique, l’application de la théorie n’estpas toujours simple. La première difficulté estde déterminer, à deux heures près, le momentdu traumatisme… Surtout après de nom-breuses années. Cependant, à l’occasion defaits particulièrement traumatisants, certainspatients feront montre d’une mémoire phéno-ménale ! En ce qui concerne l’heure de nais-sance, outre les erreurs d’inscription sur leLivret de famille, la méconnaissance de l’heurede naissance est assez fréquente. De plus, ilfaut veiller à puncturer les points selon unordre bien précis. Enfin, il est parfois nécessai-re, pour « sortir » le malade de sa pathologie,d’associer à la chrono-acupuncture, quelquespoints thérapeutiques déterminés de manièreclassique. Parfois, il arrive que cela ne« marche quand même pas ». Que faut-il alorsincriminer? Il est souvent complexe d’établirle lien entre la plainte présente et l’événementdu passé. Nos critères de sélection ne corres-pondent pas toujours à la vulnérabilité priori-taire du patient. Il peut aussi s’agir d’uneerreur de calcul : utilisation erronée de l’outilde détermination ou instrument non fiable. Onretrouve également des erreurs d’horaire. Endehors des indications inexactes fournies par lepatient lui-même, nous avons les erreurs enrapport avec la longitude : à Brest et à Stras-

bourg le soleil n’indiquera pas la même heurealors qu’elle sera identique sur la montre. Car c’est bien de l’heure solaire dont il s’agit etil ne faut jamais oublier de traduire l’heuredonnée en heure solaire pour procéder auxcalculs. Enfin, il ne faut pas omettre les chan-gements entre heure d’été et heure d’hiver qui— de plus — ont varié dans l’histoire. Autantde paramètres dont beaucoup d’outils ne tien-nent pas compte ! En revanche, lorsqu’aucuneirrégularité ne vient troubler l’application àbon escient de la chrono-acupuncture, la puis-sance réactionnelle de cette méthode exigel’attention prudente d’un professionnel expéri-menté : ce procédé faisant bouger le patient enprofondeur, le thérapeute doit se tenir prêt àréagir aux manifestations possibles de douleur

physique ou morale au décours du traitement.

Des perspectives vertigineusesLa théorie chinoise tradition-nelle du temps donne à l’être

humain sa place dans l’espace-temps : ici et maintenant !

La chrono-acupuncture permet dedéterminer cette place avec précision

et offre au thérapeute la perspective vertigi-neuse d’une possible interaction avec le pro-cessus vibratoire qui anime son patient. Si laméthode peut paraître facile moyennant l’ins-trument adéquat, sa pratique doit être réservéeaux praticiens avertis, bien équipés, conscientsd’user de moyens subtils et d’avoir accès à desdomaines délicats qu’il faut aborder avechumilité ! A notre époque où tout va si vite et où lemonde vit à « court terme » sans paraître sesoucier des conséquences de cette course enavant, il est logique que d’aucuns s’intéressentà la chrono-acupuncture, pan jusqu’à peu« oublié » de la médecine chinoise. Et l’on voitdepuis quelques années fleurir les propositionsde cours, de stages, de logiciels et autres sitessur la question. C’est à qui sera le plus tradi-tionnel ou le plus adapté au monde occidental,le plus abscons ou le plus explicitement com-préhensible… Selon les compétences et lesintentions ! Pour les patients comme pour lespraticiens en quête de Connaissance, il estessentiel de savoir à qui l’on s’adresse dans cedomaine aux perspectives métaphysiques etdonc propres aux dérives en tous genres. Dansce paysage, il est cependant des esprits libresmais avisés dont les recherches bien quesérieuses bousculent les idées reçues !

Pour en savoir plus, consultezle carnet d’adresses p.58.

Nous sommessous influenceénergétique.

ACUPUNCTURE ET MOXIBUSTIONL’acupuncture et la moxibustionfont partie des outils thérapeu-tiques par voie externe de laMTC. Il s’agit de piquer avecune aiguille ou de chauffer avecun moxa (variété d’armoise) despoints du corps pour rétablir unebonne circulation de l’énergie,du sang ou des liquides orga-niques. Ces points sont choisisjudicieusement grâce aux rensei-gnements recueillis lors desquatre temps de l’examen : l’in-terrogatoire, l’observation, l’au-dition et l’olfaction, la palpation.Cet examen permet de poser lediagnostic dialectique, de définirun principe de traitement, le pro-cédé thérapeutique et une asso-ciation de points à stimuler enrapport avec la cause, le syn-drome, la maladie, le malade.Tout l’art et le résultat résidentdans la dextérité du praticien quise doit d’appliquer une stimula-tion correcte de ces points.Enfin, dans le principe de l’uni-té de l’Univers et de l’Homme,la notion de cycle et de tempsapparaît plus qu’importante,aussi bien pour le diagnosticque pour le traitement : le tempsabsolu, le cycle quotidien, lecycle mensuel, le cycle annuel(comme les changements de cli-mat au fil des saisons), le tempsphysiologique, le temps néces-saire à la guérison….

Rodolphe Spiropoulos

Morceaux choisis du Nei Jingpar Eric Marié dans le Précis deMédecine Chinoise (1997,Dangles) : « La création del’Homme vient du Qi de la Terreet du Ciel et obéit à la loi desquatre saisons. »« Le mouvement naturel du Qiest germination au printemps,croissance en été, récolte enautomne et conservation enhiver ; l’homme devrait adapterson activité à ce mouvement. »« A l’aube, le Yuan Qi s’active,à midi il culmine, au crépusculeil faiblit et les pores de la peause referment. »

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Dans son ouvrage, La transmission directe(de cœur à cœur) de la médecine », Yi xuechuan xin lu, Liu Yi Ren, un médecin

vivant durant le règne de Dao Guang, le sixiè-me empereur de la dynastie Qing (1821-1851),rêva, comme bien d’autres avant lui, decondenser dans un ouvrage court, à l’usage desétudiants, les fondements de la théorie de lamédecine chinoise traditionnelle, ainsi que lestraitements proposés pour les maladies les plusfréquentes. Particulièrement intéressante est saprésentation de cinq formules de pharmacopéechoisies parmi les plus fréquentes. Attrayant,par sa forme en vers, et composé de chansons,cet ouvrage nous livre des clefs pour mieuxcomprendre l’auteur. Pédagogue passionné,adulte empli de compassion pour les jeunesdébutants, poète plein d’humour, médecin éru-dit, esprit concis, capable de synthétiser lesthéories fondamentales complexes en formulesqui restent simples sans devenir simplistes, cetauteur est un bon exemple du médecin accom-pli. Dans la Chine ancienne, celui-ci se devaitde réunir une démarche scientifique, uneréflexion philosophique et spirituelle, une pra-tique de la calligraphie, de la musique ou de lapoésie et des responsabilités politiques. L’en-gouement pour ce livre se répandit comme une

traînée de poudre et il devint un favori parmiles jeunes apprentis en médecine. Aujourd’hui,au 21e siècle, sa méthode est encore utiliséedans certaines régions par les étudiants et lesjeunes internes en MTC. Avant l’ère commu-niste où l’on ouvrit des sections de MTC dansles universités, pour devenir médecin, il fallaitétudier dès l’enfance et pendant de longuesannées sous l’égide d’un médecin chevronné.L’apprentissage par cœur de longs passages desclassiques faisait partie de cette formation. Onimagine aisément le regard réjoui et soulagédes jeunes étudiants, éreintés par l’apprentissa-ge de centaines de pharmacopées à retenir parcœur, face à cet ouvrage ludique, mais sérieux,léger et complet. Regardons le chapitre 13 quiprésente la formule Ping wei san.

Ping wei san, la poudre qui calme l’estomacUne formule de pharmacopée est une associa-tion de plusieurs produits : plantes, produitsminéraux ou animaux qui par leurs fonctionsdiverses se complètent, se potentialisent,réduisent la toxicité et les éventuels effetssecondaires et s’adaptent au cadre cliniquecomplexe du patient. Les formules, toutcomme l’usage des produits de pharmacopée,ont été expérimentées et testées depuis 3000ans pour être enfin adoptées lorsqu’ellesavaient démontré leur efficacité et leur absen-ce d’effets secondaires néfastes. Ping wei san,la poudre qui calme l’estomac, est l’une parmiles quelque 300 pharmacopées les plusbasiques que l’étudiant en médecine doit maî-triser à la fin de ses 4 années d’études, pour nepas parler des quelque 7500 que contient leFang ji fen, dictionnaire de médecine chinoisepublié en 1983 et qu’il devra aborder tôt outard pour traiter les différentes maladies. Pingwei san soigne les gastrites chroniques, lesdésordres gastro-intestinaux, les ulcères et leshépatites infectieuses. Liu Yi Ren nous dit :Ping wei san est capable d’harmoniser etd’équilibrer, elle est capable de fortifier la rate etd’assécher l’humidité. Elle est toujours utiliséelorsqu’il y a un sentiment de plénitude, uneoppression thoracique ainsi que dans les casd’intoxications alimentaires et lorsqu’il y a deséructations et des régurgitations acides. Cetteformule de base est ensuite ‘modifiée’ : on yajoute d’autres produits qui vont moduler seseffets selon qu’il s’agit d’une gastrite avecaccumulation d’aliments, de froid, de chaleur,et que le ou la patiente souffre de vomisse-

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médecine chinoise

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Ingrid Renard est prati-cienne et enseigne laMTC. Elle a étudié enFrance à l’école LüMen et suivi une for-mation en sino-oncolo-gie auprès de l’orga-nisme SFI. Elle a faitdes stages à Kunminget Shanghai dans deshôpitaux de médecinetraditionnelle. Elleaime voyager enChine à la découvertede modes de vie et detechniques reflétant laphilosophie de laMTC.

La pharmacopée Chinoise Voyage à travers le temps

par Ingrid Renard

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A travers la formule Ping wei san, bien utile

pour les digestions difficiles, l’auteur vous

invite à un voyage à travers le temps

de la pharmacopée chinoise. Bon voyage…

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médecine chinoise

ments, de diarrhée ou de douleur à l’estomac.De quels produits est composée cette prescrip-tion? Cang zhu, racine d’atractylodis, Hou po,écorce de magnolia, Chen pi, vieille peau, oupeau de mandarine séchée, Gan cao, racine deréglisse. De même que de nombreuses autresformules fondamentales, Ping wei san estconstituée de 4 produits qui forment unesynergie toute particulière. Il a fallu des sièclesde recherche pour arriver à cette association sibien équilibrée qui traite la faiblesse du systè-me digestif avec les pathologies qui en décou-lent ou, dans le jargon MTC, la déficience de larate/estomac avec stagnation et accumulationd’humidité dans le réchauffeur moyen.

La machine à remonter le tempsPrenons la machine à remonter le temps commele font les étudiants en MTC et allons voir ce quise passait il y a 1000 ans. La formule Ping weisan est mentionnée pour la première foisdans Le formulaire des grâces impé-riales de la période des Tai ping,Tai ping hui min he ji ju fang, unouvrage édité par le départe-ment médical impérial en 1078-1085. Cet ouvrage est publié àune période agitée dans l’histoi-re de la Chine où l’Empire duMilieu est morcelé et les popula-tions jetées sur les routes de l’errancepar les guerres. Ce fut également unepériode de grandes réformes. Le développe-ment de la xylographie et son perfectionnementpar l’invention des caractères mobiles permi-rent une diffusion beaucoup plus large du savoirà partir de cette époque. Les traités scientifiqueset techniques utiles pour améliorer la vie cou-rante sont des grands favoris. Sous l’égide dugouvernement, on entreprit la compilation derecettes médicales qui formèrent cet ouvrage.On y a regroupé 16834 recettes médicales : l’es-sentiel des connaissances médicales del’époque. Cette œuvre est un bon exemple de lamanière dont a été transmis le savoir dans ledomaine de la pharmacopée et de la médecinechinoise, plus généralement en Chine. En effet,les recherches de plusieurs générations demédecins sont régulièrement compilées puisdiffusées. La Chine est bien l’incarnation d’unecivilisation du livre qui, combinée à un pouvoircentralisé et à une culture de la synthèse, a permis de transmettre un savoir qui est,aujourd’hui encore, une source de réflexion etde référence. Encore un petit saut dans le passé et nous nousretrouvons vers l’an 500 environ de notre ère.Un sage taoïste, Tao Hong Jing qui se passion-nait pour les recherches cosmologiquestaoïstes mentionne un ancien ouvrage : le ShenNong ben cao jing, canon de la pharmacopée.Selon lui, il aurait été transmis oralementdepuis l’époque mythologique et retranscrit au2e siècle de notre ère. Shen Nong est l’un des

trois héros mythiques de la culture chinoiseauquel on attribue l’invention de l’agriculture.Il est dit de ce personnage, aussi appelé : ‘ledivin laboureur’, qu’il « goûtait les saveurs detoutes les herbes et pousses, déterminant sielles étaient amères ou sucrées. Ainsi il ensei-gna aux humains lesquelles éviter et lesquellesutiliser. ». Ce récit mythique pose comme fon-damental l’existence d’une méthode empiriquedans le processus de constitution de cettemédecine. Les termes ben et cao dans le titreindiquent que la plus grande partie des pro-duits de la pharmacopée chinoise est consti-tuée de racines et d’herbes. Ce livre fut aussi lepremier à introduire une classification des pro-duits de pharmacopée. Les plantes de la for-mule Ping wei san sont répertoriées et leursfonctions décrites pour la première fois danscet ouvrage. Voici ce que nous livre ce canon dela pharmacopée au sujet des plantes de cette

formule: Cang zhu est amer et tiède, il traiteessentiellement l’obstruction par vent froid

humidité, les muscles inertes, les spasmeset la jaunisse. Il arrête les sueurs, chassela chaleur et favorise la digestion. Ilpeut être utilisé comme produit guidedans les décoctions, une prise réguliè-re allège le corps, favorise la longévité

et élimine la sensation de faim… (…)Gan cao est de saveur douce et neutre. Il

traite essentiellement les 5 organes et les 6entrailles, le froid et le chaud et le qi pervers. Ilfortifie les tendons et les os, allonge les muscles,augmente la force, guérit les blessures par armeblanche et élimine les toxines. Une prise prolon-gée allège le corps et favorise la longévité… (…)Hou po est amer et tiède, il traite essentiellementles zhong feng, les blessures dues au froid, lesmaux de tête, la chaleur et le froid, les palpita-tions dues à l’effroi, l’obstruction de qi et de sanget les muscles inertes. Il élimine les 3 vers… (…)Chen pi est piquant et tiède. Il traite les masses, lachaleur et le contre courant dans le thorax. Il faitprofiter des aliments et des boissons. Une priseprolongée élimine la mauvaise haleine, fait des-cendre l’énergie et rend capable de communiqueravec l’esprit…De retour à notre époque, nous pouvons nousféliciter de connaître encore Ping wei san.Notre mode de vie stressant, nos habitudessédentaires et notre alimentation modernemettent à mal notre système digestif. Nom-breux sont les patients qui profitent des bien-faits de cette formule. Et si un jour votre thé-rapeute vous prescrit Ping wei san, vous pour-rez envoyer une pensée reconnaissante à ShenNong, votre rate s’en portera encore mieux. Etsi votre intelligence est suffisamment aiguiséepar une prise prolongée de Chen pi, peut-êtrepourrez-vous vous-même communiquer avecson esprit…

Pour en savoir plus, consultez le carnet d’adresses p.58.

Des formulestestées depuis

3000 ans.

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En MTC, il existe une représentation pour chaquepharmacopée. Cette illustrationillustre la formule : Ping wei san.

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Cette impasse sur la mobilisation ostéo-articulaire est sans doute liée au fait quepeu de praticiens l’utilisent au quotidien,

laissant ce champ d’investigation aux seulsostéopathes et chiropracteurs. Sylvain Mer-veilleux du Vignaux a fait de cette médecinemanuelle une spécialité. Il reconnaît que lesdeux pratiques sont complémentaires. Lorsquel’on évoque avec lui le parallèle entre médeci-ne manuelle chinoise et ostéopathie, ilexplique avec passion que les techniques chi-noises sont bien plus anciennes. Elles ontun objectif commun: traiter la douleur.Et la comparaison peut s’arrêter làcar les protocoles de soins divergentrapidement. Pour comprendre le tra-vail du thérapeute, il faut revenir à ladéfinition de la douleur en MTC:« Lorsque le Qi, le sang ou les liquidesorganiques se bloquent, la douleur appa-raît. Toute ma démarche consiste alors à lesremettre en circulation. Voilà pourquoi, enMTC, on ne manipule jamais à froid. On effec-tue, avant toute mobilisation, une séanced’acupuncture, qui agit sur les points des méri-diens, puis on pratique un massage profond surles méridiens tendino-musculaires. Après cetravail, il est possible de traiter les zones deblocages. » Mais il faut faire attention. Il n’y apas de règles et de protocoles immuables. Mas-sages et manipulations pourront être plus oumoins profonds. Tout dépendra de l’état géné-ral du patient et de son bilan énergétique.

Dis-moi où tu as mal…D’après la philosophie propre à la MTC,l’Homme ne peut exister si et seulement s’il sesitue entre le Ciel et la Terre. Partant de ceprincipe, les Chinois ont divisé le corps humainen trois niveaux : les réchauffeurs. Pour ne pas

se compliquer la tâche, ils les ont nommés :supérieur, moyen et inférieur. Ces trois stratescorrespondent symboliquement au Ciel, àl’Homme et à la Terre. Très concrètement, Syl-vain traduit et décompose cette approche demanière très simple : « La tête, c’est le Ciel, lacolonne vertébrale représente l’Homme et endeçà de l’articulation sacro-iliaque, on rejointla Terre. Un point très important car la colon-ne vertébrale est posée sur le trépied iliaque –sacrum – iliaque. » A l’aide de cette grille delecture et d’un diagnostic plus traditionnel(langue, pouls, questionnaire…), il décryptemieux les raisons profondes et réelles de nom-breuses douleurs. « Toutes les émotions,quelles viennent du Ciel ou de la Terre attei-gnent l’Homme. Elles ont un impact privilégiésur une zone du dos en fonction de leur origi-ne. » Concrètement, les douleurs qui touchentles lombaires sont provoquées par les émotions de la Terre (besoins matériels pri-

maires et peurs). Les tiraillements dansla zone dorsale relèvent plus de l’af-

fectif et sont symptomatiques.Lorsque l’on atteint les cervicales,nous touchons au « jardin secret ».C’est le Ciel pur. La douleur à ceniveau est souvent le reflet d’un

désaccord entre son mode de vie etses convictions profondes.

Remettre en phase le Ciel, l’Homme et la TerreAujourd’hui, toute la pratique de Sylvaindécoule de ces différents constats : « Pour êtreen bonne santé ostéo-articulaire il faut que lacirculation d’énergie entre les trois réchauffeurs(supérieur, moyen et inférieur) se fasse sansentraves. Dans ce but, à chacune de mes consul-tations, je m’attache particulièrement à réali-gner l’articulation atlas-occiput ; la charnièreC7-D1 (7e cervicale, 1ère dorsale) et l’articulation sacrum et iliaque. ». A force depratique, d’observations, d’expériences et deréflexions, Sylvain s’est ainsi façonné un savoir-faire hybride, entre tradition et pragmatisme.

Pour en savoir plus, consultezle carnet d’adresses p.58.

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Médecine manuellechinoise

Une technique oubliée?par Thierry Thomas,

d’après les propos de Sylvain Merveilleux du Vignaux

On ne manipulejamais à

froid.Sylvain Merveilleux duVignaux est diplôméde l’IMTC (où il anotamment obtenu unDEA de médecinemanuelle). Il exercedans la station therma-le d’Allevard-les-Bains,en Isère, où il a façon-né sa propre techniqueen s’appuyant sur lesfondements de laMTC. Il suit notammentla clientèle desThermes d’Allevarddans le protocole spé-cialement conçu pourdrainer les impacts dustress sur la santé.

PORTRAIT

Lorsque l’on évoque la MTC, des pratiques

incontournables viennent immédiatement à

l’esprit : acupuncture, pharmacopée, diététique,

massages… Mais, la plupart du temps, on

oublie de citer une autre technique majeure :

la mobilisation ostéo-articulaire. Gros plan sur

un praticien qui en a fait sa spécialité.

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1. Que signifie Tui Na An Mo?Tui Na An Mo désigne les techniquesmanuelles utilisées en Médecine Traditionnel-le Chinoise. An Mo désigne les techniques demassage et Tui Na, les mobilisations. Mais enpratique, les deux parties sont utiliséesconjointement. Tui Na est le terme couram-ment employé. Chaque caractère désigne uneméthode précise : Tui : pousser / Na : saisir,malaxer / An : pression / Mo : frottement.Chaque terme (pousser, saisir, pression et frot-tement) englobe toute une série de mouve-ments. D’autres techniques ne sont pasincluses dans la dénomination, comme les éti-rements, les rotations, les différentes frappesavec la main ou le poing. Ces techniques s’as-socient souvent entre elles.

2. Comment la technique se transmet-elle ?C’est l’enseignant qui peut transmettre le bonmouvement, la bonne pression, et le dosage dela vibration. Regarder ne suffit pas, il fautaussi apprendre par l’échange entre le mas-seur et le massé, chacun donnant à l’autre saperception et son ressenti. Les élèves ont parexemple souvent peur de « faire mal ». Leurtechnique reste alors tout en surface. Or le TuiNa nécessite une action en profondeur. Onparle souvent de médecine douce, or certainespressions sur des points douloureux, appelésA Shi, sont très sensibles. En Chine, on va jus-qu’à considérer que si le patient n’a pas mal, lepraticien est dit inefficace. Même en acupunc-ture, certains points sont très douloureux, maisla maîtrise de la poncture atténue la douleur.En France, les techniques sont adoucies pours’adapter aux « Occidentaux ». Au-delà de cesconsidérations, ce qui est important reste lerésultat et les bienfaits dont peut en retirer lapersonne.

3. Depuis quand existe cette technique?On pourrait penser que c’est une nouvelle

discipline apparue en cette période où les pra-tiques de bien-être prennent un nouvel essor,mais le Tui Na est plus vulgairement connusous le nom de massage chinois qui donne unaspect restrictif de ses applications. En Chine,des techniques de massage sont citées dans leNei Jing (qui date de 2800 avant J.C). Actuel-lement, dans les hôpitaux chinois, il existe desservices spécialisés en Tui Na. La disciplinefait partie de la panoplie d’outils que compor-te la MTC, comme l’acupuncture, la pharma-copée, la moxibustion, les ventouses, et le QiGong. Chaque outil apporte sa spécificité et ilest complémentaire des autres. Le praticienpourra choisir à sa convenance et selon l’effetdésiré l’outil adéquat.

4. Quelle est la spécificité du Tui Na par rapport aux autres techniques demassage ou de thérapie manuelle?Certaines techniques de massage ou de mobi-lisation se retrouvent dans d’autres disciplines,mais le Tui Na fait partie du vaste champ de lamédecine chinoise. Le praticien va ainsi utili-ser un diagnostic différentiel, avec la prise dupouls, le diagnostic de la langue pour cerner ledéséquilibre énergétique, etc. Et le Tui Na seraadapté en fonction de la personne et du désé-quilibre trouvé. Chaque séance sera unique etne suivra pas toujours le même protocole,pour une plus grande efficacité et le meilleurrésultat possible. Mais la pratique du Tui Nane se coupe pas du savoir de la médecine occi-dentale. Il m’arrive en tant que praticien deconseiller à la personne de consulter un méde-cin, un kinésithérapeute, un ostéopathe, uncardiologue…

5. Quel est le but du Tui Na An Mo?Le but du Tui Na est de permettre la libre cir-culation des énergies du corps humain. Toutarrêt entraîne un dysfonctionnement car la vieest mouvement. Un exemple simple : unejambe dans un plâtre provoque une immobili-

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10 questions essentielles pour tout savoir sur le Tui Na An Mo,

l’art des techniques manuelles chinoises, l’une des cinq branches

principales de la MTC.

Tui Na An Mo

Gérald Roger est prati-cien de MTC à Toulousedepuis 2006. Spéciali-sé dans le Tui Na avecassociation du QiGong. En 2000, il estformé à l’académie deMTC du ProfesseurWang De-Feng (Méde-cin diplômé d'Etat, Pro-fesseur de l'Universitéde MTC de Pékin.)Il enseigne le Tui Na àl’académie Wang deMTC et dans des stagesde formation d’infir-mières. Il pratique leDaoyin Fa, avecRichard Roger, praticiende MTC à Bergerac.

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L’art des techniquesmanuelles chinoises

par Gérald Roger

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sation des muscles qui à la longue s’atrophientet qu’on devra par la suite tonifier. Le Tui Naaura une action sur les os, les muscles, la circu-lation veineuse, les tendons et plus particuliè-rement sur les points d’acupuncture et les tra-jets des méridiens, mais aussi sur la respira-tion. L’énergie est comme un courant, s’il n’y apas d’obstacle, la circulation est fluide. Si sur-vient un rocher dans la course de l’eau, celle-cile contourne, crée des tourbillons. Le mouve-ment de l’eau n’est plus alors rectiligne. Il enest de même dans le corps humain et dans lesméridiens. Tout déplacement de vertèbres, del’axe d’un os, la contraction d’un muscle, legonflement trop important d’un muscle, unœdème, toute perturbation de l’intégrité ducorps humain engendre un déséquilibre éner-gétique. Le Tui Na a pour but d’enlever cesblocages, de relancer l’énergie, et de ramenerles substances nutritives par l’intermédiaire dusang et du Qi. Les articulations deviennentainsi plus mobiles, la peau est plus souple etmieux nourrie, les tissus se régénèrent, lesdéfenses de l’organisme se renforcent, cer-taines douleurs sont atténuées, voire élimi-nées. Le Tui Na An Mo entretient la vie.

6. Peut-on utiliser le Tui Na An Mo pour tout déséquilibre?Non, dans certains cas, l’acupuncture ou lapharmacopée s’avèrent indispensables. Lapanoplie des déséquilibres sur lesquels onpeut intervenir reste malgré tout assez longue,et parfois donne de meilleurs résultats que lesautres disciplines.

7. Peut-on utiliser le Tui Na sur tout le monde?Non, car il y a des règles à respecter. Enfonction de certaines pathologies depeau, de cancer ganglionnaire, chezles dames enceintes, certainspoints et certaines zones serontgérées différemment. Chez lesenfants également, le massageest très spécifique. De même chezles personnes d’un certain âgeprésentant des fragilités osseuses,les techniques devront être adaptées.Les prothèses et les vis limiteront cer-taines techniques.

8. Quels sont les effets ?Une sensation de bien-être pendant ou peuaprès la séance. C’est différent selon chacun.Certaines personnes se sentent légères, déten-dues, leurs douleurs ont disparu. Les effets duTui Na agissent parfois trois à cinq jours plustard. On peut se sentir fatigué le jour suivantou même en soirée, comme après une séanced’ostéopathie. Certains symptômes peuventdisparaître et de nouveaux apparaître. Ce n’estpas dans ce cas une erreur de diagnostic, maisà mettre en relation avec la notion d’équilibre

énergétique du yin-yang. Si cet équilibre n’estpas respecté, et que le Yin par exemple esttrop faible, la maladie apparaît. Le Tui Na per-met de remonter ce déficit, mais si celui-ci esttrop important, il faudra attendre une à deuxséances pour atteindre le stade où la personnese sentira vraiment bien.

9. Quelle est la fréquence des séances?Tout dépend de l’état de fatigue de la person-

ne et de l’ancienneté du problème. Desséances rapprochées sont parfois

nécessaires, tous les deux à troisjours pendant une semaine. Parfoistous les quinze jours, ou une foispar mois pour atteindre un étatstable.

10. Qui peut pratiquer le Tui Na?

Je dirais tout le monde. La pratiquedemande d’abord de bien se connaître.

Il faut aussi savoir se ressourcer (Qi Gong,Yoga, etc.). En conclusion, c’est un outil merveilleux poursoulager la douleur et conduire au bien-être.C’est une discipline qui peut se pratiquer enfamille. pour ôter le stress. Elle permet devivre davantage en harmonie, et donc de vivreen meilleure santé.

Pour en savoir plus, consultez

le carnet d’adresses p.58.

plus de 1000 articles sur www.generation-tao.com Génération Tao n° 48 27

Pousser, saisir, presser,

frotter.

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En Chine, des techniques de massagesont citées dans le Nei Jing qui date de 2800 avant J.C.

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médecine chinoise

«L’autre jour, il faisait très froid et humi-de, en rentrant chez moi le soir je ne mesentais pas bien, j’éternuais et mon nez

commençait à couler, je me sentais fébrile ettoute courbatue… Ma voisine chinoise m’a vuedans cet état et m’a confectionné une soupe trèsépicée… Après avoir bien transpiré pendant lanuit, je me suis réveillée le lendemain en pleine forme ». « Etant commercial, j’enchaîne parfois lesrepas au restaurant. Il y a quelques jours, je mesentais nauséeux, avec une sensation d’oppres-sion au niveau de l’estomac. Devant cependantinviter des clients, j’ai opté pour un restaurantchinois. J’ai commandé une simple soupe deraviolis et un plat de bœuf aux cinq saveursavec du riz blanc… Et alors que je m’attendais

à avoir des difficultés pour digérer, j’ai senti quece repas avait opéré comme un nettoyage à l’in-térieur, je me suis senti nettement mieux ».« Je souffrais depuis des mois de brûlures d’es-tomac, et lors d’un voyage en Chine, malgréune nourriture plutôt épicée, au bout de deuxjours, mes brûlures d’estomac avaient complè-tement disparu ». Des anecdotes comme celles-ci, on pourrait enciter des milliers, illustrant la façon dont lanourriture chinoise, ancrée dans une longuetradition, peut constituer autant un alimentqu’un remède pour le corps. Transmises demère en fille, les recettes de santé permettentaux femmes chinoises de soigner leur entoura-ge avec des soupes, des bouillies de céréales oumême de bons petits plats. Mais faut-il pourautant manger chinois pour être en bonnesanté? Certes non, mais il est intéressant decomprendre les principes sur lesquels se basela diététique chinoise, pour ensuite pouvoirl’adapter à notre alimentation. Ainsi ons’apercevra que ces principes sont universels,et qu’un grog bien de chez nous peut avoir lesmêmes vertus thérapeutiques qu’une soupepékinoise…

Les repas de l’empereur

La diététique chinoise fait partie de la médeci-ne traditionnelle chinoise, dont elle est unebranche thérapeutique. Pendant la dynastieZhou (XIe s – 770 av. JC), les médecins diété-ticiens étaient les plus considérés des méde-cins de la cour, ils planifiaient les repas del’empereur chaque jour, selon les saisons, etavaient pour charge la conservation de sasanté et le traitement des déséquilibres parl’alimentation. Au cours des siècles, de nom-breuses recettes traditionnelles de santé ontété collectées et compilées par les médecins,donnant naissance à de nombreux ouvragessur le sujet.

La diététique chinoiseUn aliment et un remède pour le corps

par Josette Chapellet

La diététique chinoise est une diététique universelle

ancrée dans la tradition et le bon sens. Mélange de saveurs,

de couleurs, d’odeurs, de textures… On mange et on se soigne.

Alors, mettez-vous à table, et bonne lecture.

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Les principes de la diététique chinoiseLoin des concepts modernes de glucides,lipides, protéines et autres oméga-3 ou 6, ladiététique traditionnelle chinoise analyse lesaliments selon un certain nombre de para-mètres, en relation avec le Yin-Yang, les 5Mouvements, le système des méridiens et desorganes. Chacun des aliments est pris en consi-dération selon sa forme, sa nature, sa saveur etson tropisme particulier.

La nature des alimentsBasée sur la théorie du Yin Yang, la natured’un aliment représente l’effet de froid ou dechaleur qu’il génère dans notre corps lorsquenous l’assimilons. Ainsi un piment, du gin-gembre ou de l’alcool, nous réchauffent, tan-dis que la menthe, les bananes, le soja ou lesalgues nous refroidissent. Selon le degré defroid ou de chaleur engendré, on distingue lesaliments de nature froide, fraîche, tiède ouchaude. Quant aux aliments qui n’ont aucuneffet thermique dans le corps, ils sont qualifiésde neutres. La nature des aliments permetd’harmoniser le corps aux conditions clima-tiques, ou de rééquilibrer des désordresinternes dus au froid ou à la chaleur. Ainsien hiver un vin chaud aux épices estbienvenu les jours de grand froid àla montagne, alors qu’un thé à lamenthe est nettement plus adap-té à la chaleur de l’été ou despays du sud. A une personne trèsfrileuse, on conseillera d’éviterles aliments de nature froide oufraîche et de favoriser les alimentsde nature neutre et tiède, voire chau-de, alors que les recommandations serontà l’inverse pour une personne ayant toujourstrop chaud, avec un teint bien rouge. Mais ras-surez-vous, cela ne veut pas dire pour autantque selon votre déséquilibre certains de vosaliments préférés sont interdits… Il suffit sou-vent de les adapter : par exemple une bananeest de nature froide, mais saupoudrée de can-

nelle (de nature chaude) et cuite au four, sanature sera alors équilibrée.

Un réseau d’interdépendancesEn relation avec les 5 Mouvements (Bois, Feu,Terre, Métal et Eau), les aliments sont classi-fiés selon leur couleur, leur consistance, leurodeur, et surtout leur saveur. On distinguecinq saveurs fondamentales : l’acide, l’amer, ledoux, le piquant et le salé. A chaque mouve-ment est associée une saveur, mais aussi un

organe, et chacune de ces saveurs, consom-mée en quantité modérée, va renforcer

l’organe correspondant. Mais atten-tion, en excès elle peut au contrairelui nuire. Ainsi, par exemple, unequantité modérée de saveur aciderenforce l’énergie du foie, maisconsommer trop d’aliments de

saveur acide blesse le foie et sescorrespondances, et peut ainsi favori-

ser une tendance aux crampes et auxtendinites, voire une propension à se

mettre facilement en colère ! (voir tableaupage suivante)

A chaque saveur son effet !Chaque saveur possède une action spécifiquedans le corps : l’acide a un effet astringent ;l’amer purge, draine la chaleur et a un effet

Repas dans un restaurantdiététique de Hangzhou.

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QUELQUES CONSEILS DE BON SENS• Boire avant le repas éteint le feu digestif, dilue les sucs gastriques et rend la digestion inopérante.• Manger trop d’aliments froids et de crudités surmène l’estomac et consume le feu digestif,pouvant provoquer à la longue fatigue, frilosité et prise de poids.• Terminer le repas par une glace coupe la digestion et demande un gros effort énergétiquepour ramener ensuite le contenu de l’estomac à une température efficiente, alors qu’une bois-son chaude à la fin d’un repas est favorable à une bonne digestion.• Bien mastiquer les aliments et les réchauffer en bouche permet de faciliter le travail de l’estomac et d’économiser le feu digestif.• Manger moins lorsqu’on est fatigué (s’il y a peu d’énergie disponible pour le corps, il n’y enpas non plus pour digérer).• Après le repas, un massage léger sur l’estomac pour le réchauffer favorise la digestion.

Manger moinslorsqu’on

est fatigué.

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médecine chinoise

asséchant ; le doux est tonifiant et nourrissant,il relâche les tensions et harmonise ; le piquantactive la circulation de l’énergie et du sang,assèche ; quant au salé, il ramollit et purge.L’effet produit par un aliment peut se mani-fester dans l’ensemble de l’organisme, ou versun méridien ou un organe particulier : c’est ceque l’on appelle le tropisme de l’aliment. Ainsion dit du riz et de la caille, de natureneutre et de saveur douce, qu’ilstonifient l’énergie des 5 organes,c’est-à-dire de l’ensemble ducorps. La poire, de nature fraîcheet saveur douce / acide, a uneaction particulière au niveau duPoumon et de l’Estomac, qu’elleva humidifier et rafraîchir dès quela chaleur les assèche, ces deuxorganes y étant particulièrement sen-sibles. Si c’est le Gros Intestin que la cha-leur atteint, provoquant une constipation avecdes selles sèches, l’aubergine (de nature froideet de saveur douce), sera plus indiquée. Lacrevette, de nature tiède et de saveur douce etsalée, sera excellente pour réchauffer le Yangdes Reins.

La diététique du bon sens

Si ces données vous semblent trop techniques,sachez que la diététique chinoise, c’est aussi etavant tout une diététique du bon sens. Ainsi lamédecine chinoise considère que l’estomacdoit effectuer une maturation et une décom-position des aliments et des boissons qu’ilreçoit, afin de favoriser leur transformation enénergie, en sang et en fluides pour le corps. Or,cette maturation ne peut se faire que si les ali-ments sont amenés à une certaine températu-re, légèrement au-dessus des 37° de la tempé-

rature du corps, et si le feu digestif activantl’estomac est suffisant (voir l’encadré, pageprécédente, pour les quelques conseils de bonsens). En plus de la régularité des repas, lasagesse chinoise conseille de « manger bien lematin, manger un peu plus à midi, et mangerpeu le soir ». Une des grandes erreurs actuel-lement est de manger tard le soir. Au moment

où l’énergie des organes doit se mettre aurepos, nous demandons à l’estomac de

commencer un cycle d’activité. Sou-vent un sommeil perturbé pourrarentrer dans l’ordre simplement enallégeant le repas du soir et en leprenant plus tôt. La diététique tra-ditionnelle chinoise porte égale-

ment une attention particulière à lavitalité des aliments. Notre propre

vitalité se nourrit de celle des alimentsque nous consommons : des aliments de sai-

son, cueillis de préférence très peu de tempsavant d’être consommés, auront un effet plusfavorable sur notre énergie que des alimentsindustriels traités chimiquement, emballéssous plastique, et cuits au micro-ondes !Basée sur une tradition millénaire, la diété-tique traditionnelle chinoise est donc surtoutune diététique de bon sens, dont les principesuniversels peuvent s’adapter sans difficulté àla cuisine occidentale. Notre alimentation peutnous déséquilibrer ou nous guérir, le tout estde comprendre comment et pourquoi. La dié-tétique chinoise nous donne des clés impor-tantes pour cette compréhension, tout en pri-vilégiant le fait d’allier plaisir de manger etbonne santé.

Pour en savoir plus, consultez

le carnet d’adresses p.58.

Manger bien le matin, un peu plus

à midi et peu le soir.

MOUVEMENT BOIS FEU TERRE METAL EAU

ORGANE Foie Cœur Rate Poumons Reins

VISCERE VésiculeBiliaire

IntestinGrêle

Estomac Gros Intestin Vessie

TISSUS Tendons Vaisseaux Chair Peau Os

EMOTION Colère Joie Pensée Tristesse Peur

COULEUR Vert / bleu Rouge Jaune Blanc Noir

CONSISTANCE Dur Fibreux Charnu Croquant Mou

ODEUR Rance Grillé Parfumé Acre Putride

SAVEUR Acide Amer Doux Piquant Salé

TABLEAU DE CORRESPONDANCES

Josette Chapellet aécrit avec PhilippeSionneau « Ces Ali-ments qui nous soi-gnent (la DiététiqueChinoise au service devotre santé) », aux édi-tions Trédaniel. Prati-cienne en Médecinetraditionnelle chinoise, elle est chargée decours à l’Université deNice-Sophia Antipolis.Elle donne à Nice descours de diétothérapiechinoise, d’acupunctu-re et de massagetuina, et organise desateliers pratiques deMTC.

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médecine chinoise

Vous avez entendu parler de la Médecine Traditionnelle Chinoise

et vous êtes curieux d’essayer. La première épreuve est de trouver

le praticien en MTC. En effet , ce n’est pas une mince affaire!

Trouver un praticien ?

Fabrice Laplatte estpraticien de MédecineTraditionnelle Chinoiseà Vichy. Possesseur du Diplôme Nationald’Acupuncture Tradi-tionnelle (D.N.A.T.) duCentre de Recherche et d’Etude en Acupunc-ture Traditionnelle.Ayant l’expérience dela pratique hospitalièreen Chine. Fondateur et directeur pédago-gique de l’Institut Ener-gétique du Centre àVichy. Membre del’U.F.P.M.T.C.

PORTRAIT

Pas si facile…par Fabrice Laplatte

C’est souvent par relation que l’on trouveun bon thérapeute. Le bouche à oreilleest une bonne référence : « J’en suis très

satisfait, je vous le recommande ». « Vous neconnaissez personne? - Pas de problème nousallons regarder dans l’annuaire ». Praticien deMédecine Traditionnelle Chinoise… Aucunerubrique à ce nom. Peut-être à Médecin ?Médecine Générale Orientation Acupunctu-re… Est-ce la même chose que Médecine Tra-ditionnelle Chinoise? Non, bien sûr ! Mais cesthérapeutes font-ils de la Médecine Tradition-nelle Chinoise? C’est possible… mais pas for-cément. On est bien avancé ! Savez-vous qu’ilexiste une rubrique « soins hors d’un cadreréglementé »? Dommage, car le praticien deMTC peut-être présent dans cette rubriqueparmi les rebouteux, ostéopathes, magnéti-seurs et les hypnotiseurs. Mais comme person-ne ne connaît cette rubrique, peu de théra-peutes s’y inscrivent et, de plus, leur spécialiténe figure pas toujours sous leur nom.

Consulter les Fédérations, un bon moyen pour s’informerVous n’êtes pas satisfait par l’annuaire? Vousavez alors la possibilité de vous adresser auxFédérations qui réunissent les praticiens deMTC, il en existe plusieurs. Vous pouvez parexemple écrire sur votre système de rechercheInternet « ufpmtc.com » qui est le site del’Union Française des Professionnels de Méde-cine Traditionnelle Chinoise et vous aurez làune liste de praticiens de MTC classés parordre alphabétique et par département. Vousn’avez pas Internet ? Il vous reste le « 118 pouet pouet » et vous demandez lenuméro de téléphone de la Fédération quevous avez choisie. Si vous appelezl’U.F.P.M.T.C. vous tomberez sur une charman-te secrétaire qui vous rapprochera du théra-peute le plus près de chez vous.

La visite chez le praticienBon… ! Admettons… ! Vous trouvez uneadresse. La visite chez le praticien en Médeci-

ne Traditionnelle Chinoise peut souleverquelques questions. Comment dites-vous ?Vous avez pris rendez-vous chezl’acupuncteur? Est-ce que l’acupuncteur faitbien de la Médecine Traditionnelle Chinoise?Et bien, pas forcément. L’acupuncture est unoutil de la MTC parmi les autres disciplinesque sont la philosophie, la diététique, le Tui Na(un travail manuel sur les trajets énergétiques),l’utilisation des plantes et le Qi Gong (mouve-ments ou postures à objectif thérapeutique).Toutes ces techniques ont pour but de faire cir-culer le Qi et le Sang dans l’organisme, de sup-primer la douleur et de retrouver la santé.Comment allez-vous savoir si votre thérapeutefait bien de la MTC?Par l’approche qu’il a face à votre pathologieet à vos conditions de vie. Je vais développer.Vous arrivez dans la salle d’attente. Elle doitêtre agréable et soignée. C’est souvent le refletde la considération du thérapeute envers sonpatient. Si le thérapeute est bien organisé, vousne devriez pas attendre bien longtemps… Laporte du cabinet s’ouvre, vous êtes invité à yentrer. Après les petits mots d’usage et avoirdécliné vos coordonnées, le thérapeute est àvotre écoute. Le praticien vous demande desprécisions sur les signes que vous manifestez. Ilmène une véritable enquête. Depuis quandavez-vous ça? C’est venu à la suite de quoi?C’est aggravé par quoi? Est-ce amélioré par lefroid ou la chaleur ?… Et il est tellementcurieux qu’il pose des questions sur des phéno-mènes qui vous semblent étrangers à l’objet devotre visite. Ne vous inquiétez pas, il sait où ilveut en venir, en tout cas il a une piste… Lesquestions peuvent même aborder l’aspectémotionnel, votre façon de vivre, de vous ali-menter, l’ambiance au travail ou à la maison.Le thérapeute cherche à avoir une vue globalede votre fonctionnement. Dans la vision de laMTC, il y a un langage spécifique, une visionoriginale, des lois de l’énergétique. Le langagepeut prendre des couleurs de type Yin/Yang.Vous entendrez des mots comme le Qi (l’éner-gie), le Shen (l’Esprit), le Jing (l’essence

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vitale), les attaques externes de Vent de Froidou d’Humidité. Une vision originale puisqu’onvous dit que vous êtes influencé par le cyclesaisonnier, que chaque saison influence vosfonctions organiques, et en plus que vous faitespartie de la nature, incroyable ! Il est vrai quenous concevons très bien qu’en automne lesarbres perdent leurs feuilles, mais il est plusdifficile de sentir la différence qui nous animeà chaque printemps. Savez-vous que nous pos-sédons en commun un tiers de nos gènes avecles jonquilles? Les lois de l’énergétique met-tent en rapport la surface et la profondeur. End’autres termes, on peut dire que tout dérègle-ment à l’intérieur du corps va se manifester àl’extérieur. Et cela fonctionne dans l’autre senségalement, toute intervention ou perturbationau niveau de la peau va influencer les fonctionsdes organes internes, d’où l’intérêt de l’acu-puncture. Ces lois parlent aussi des branches etdes racines par rapport à la maladie. Lesbranches sont les manifestations de la maladiealors que les racines en sont la cause. Le prati-cien devra donc tenir compte des deux pourétablir un traitement.

La prise de poulsBien! la conversation allait bon train lorsquele thérapeute vous suggère de vous déshabilleret de vous allonger sur la table d’examen. C’estune phase importante du diagnostic énergé-tique basé sur l’observation et la palpation. Ilpose les doigts sur votre poignet pour prendreles pouls. Les pouls sont un outil diagnosticparticulier et original de la MTC. La manièredont va s’exprimer la circulation de l’énergie etdu sang dans les vaisseaux donne une idée trèsprécise sur ce qui se passe dans l’organisme. - Veuillez me tirer la langue s’il vous plaît. - Allons bon! Voilà autre chose… La langue,comme les pouls, traduit l’état interne ducorps. On observe sa forme, sa couleur,l’enduit qui la recouvre et même lacouleur et la forme des veines quisont en dessous. Le praticien vas’attarder sur la zone du trouble,puis il posera les mains sur l’ab-domen et d’autres endroitscomme la colonne vertébrale. Ilregarde comment se comportentles différents tissus tout en repé-rant les zones chaudes et les zonesfroides et toutes caractéristiques appa-rentes. En corroborant les informations obte-nues par le questionnement et ses observationssur le corps, le praticien va déterminer un dia-gnostic énergétique qui va s’exprimer parexemple par un vide de Yang des Reins, videde Qi de la Rate, vide de Sang du Foie ou enco-re chaleur / plénitude de l’Estomac mais aussimucosités / humidité, etc. Suivant le problème,le praticien propose une séance de Tui Na(massage) ou d’acupuncture. Il peut utiliser lamoxibustion pour réchauffer un point ou une

zone. Les ventouses sont aussi des outils trèsutilisés dans la pratique clinique. Une fois lepatient habillé, le praticien peut conseiller dechanger de comportement, de prendre de nou-velles habitudes alimentaires, suggérer une for-mule complexe de plantes étudiée depuisquelques milliers d’années par la MTC sur letype de syndrome chinois manifesté par lepatient. A l’issue de la séance et suivant le cas,le praticien vous invitera peut-être à revenirpour une autre séance. En effet, certainstroubles nécessitent plusieurs séances rappro-chées alors que d’autres ne demandent qu’une

séance toutes les trois semaines. L’attentionpermanente du praticien pour le patient

ne lui permet pas de prendre plusieurspersonnes en même temps. Alors !Ça vous tente?

Combien ça coûte?Le montant de la consultation est

variable suivant le lieu d’exercice etle thérapeute. La fourchette de prix se

situe entre 45 et 90 Euros. La premièreconsultation dure environ une heure et demi

et les suivantes une heure.En conclusion, même si la MTC n’est pas enco-re bien connue, elle est très appréciée par ceuxqui l’utilisent. Elle est non seulement utilisée àtitre curatif mais aussi à titre préventif. Commevous l’avez compris, la MTC fait retrouver lasanté au corps et à l’esprit.

Pour en savoir plus, consultez le carnet d’adresses p.58.

La languetraduit l’état

interne du corps.

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Une représentation de la pratique clinique en Chine datant de la fin du 19e siècle par la miseen scène de personnages en cire au musée de MTC de Shanghai.

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médecine chinoise

Al’heure où des étudiants français deMédecine Traditionnelle Chinoise sevoient interdire le droit de poser des

aiguilles sur les patients lors de leurs stages enChine, se pose la question dérangeante duniveau de formation pratique dans notre pays,ainsi que de la nature réelle des relations entreles écoles françaises et les hôpitaux chinois.S’ajoute à cela la disparité des pratiques et despraticiens existants, ainsi que l’impossibilitéd’organiser un internat de MTC digne de cenom sur notre sol : tout semble fait pour que laMTC « made in France » reste un art médicalmineur exercé par des théoriciens impuissants.Fatalité? Comment sortir par le haut de cettetriste situation ? Les missions humanitairespourraient bien être l’alternative. Mais la MTCest-elle faite pour? Voici quelques éléments deréponse.

Les atouts de la MTCSi l’humanitaire de guerre a sa médecine, l’hu-manitaire de paix n’a pas encore trouvé la sien-ne. En tout cas, pas de manière internationale-ment reconnue. Même s’il existe de nom-breuses associations de thérapies alternativesorganisées sur le modèle des structures médi-cales officielles, aucune d’entre elles ne sembleà même de proposer des soins à la fois efficaces,peu coûteux, répondant à la plupart des patho-logies courantes, d’une mise en œuvre facile etcombinable avec les médecines traditionnelleslocales. Aucune? La Chine est, étymologique-ment, le pays du milieu (Zhong Guo). Sa philo-sophie se situe elle aussi symboliquement aucentre, d’où l’on peut voir toutes les directions.La pensée médicale traditionnelle chinoise sefonde sur le taoïsme, philosophie millénairebasée sur un intérêt profond pour la nature etl’observation de ses lois, codifiées en un systè-me de modélisation mathématique du monded’une impressionnante simplicité et universali-té : le Yin et le Yang. Une théorie présente auxquatre coins du globe, sous de multiples formes,dans toutes les traditions. La philosophie médi-cale chinoise permet ainsi d’échanger avec lesautres médecines traditionnelles sur la magiedu vivant, de les enrichir, comme de s’enrichirelle-même à leur contact. Il faut également sou-ligner la vocation préventive de la MTC, énon-cée dès le tout premier chapitre de son ouvragede référence, le Nei Jing Su Wen, et qui sied àmerveille à la philosophie humanitaire destemps de paix : « Attendre d’être malade avantde se soigner, c’est comme attendre d’avoir soifavant de creuser un puits, ou que la guerre soitdéclarée pour forger des armes. N’est-ce pasbien tard? ».

Une médecine de terrainSimple, efficace et peu iatrogène*, la médecine

Médecine préventive, mais aussi médecine de soins, la MTC s’adapte

à de nombreuses conditions. Patrick Shan nous livre ses atouts.

Ni trop, ni trop peu !par Ke Wen

Les atouts humanitaires de la MTC

Une médecine universelletexte et photos par Patrick Shan

Dans un centre de soins à Abomey, ancienne capitale du Dahomey rebaptisé Bénin.

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médecine chinoise

chinoise est une médecine de terrain par excel-lence. Si sa vocation initiale est d’entretenir lasanté plutôt que de pourchasser la maladie,elle n’en est pas moins capable de faire faceaux troubles immédiats ou chroniques les plusvariés : assurer les soins de santé primaire duquart de l’humanité depuis 3000 ans, celadonne quelque expérience ! Dans cette pers-pective, les différentes branches thérapeu-tiques de cette médecine, à savoir l’acupunctu-re, la moxibustion, la pharmacopée, le massa-ge, le Qi Gong et les conseils de santé, formentun ensemble remarquablement homogène,répondant avec souplesse à la diversité despathologies et aux exigences propres aux soinsambulatoires. Ce qui témoigne au passage quela MTC est un système médical à part entière,et non un patchwork de techniques disparates,étudiées souvent séparément chez nous.Autre avantage à l’universalité de la MTC, lapossibilité pour ceux qui l’étudient de la prati-quer à peu près partout où des gens sontmalades. Ce qui donne à des étudiants de dif-férentes écoles la possibilité de se retrouver, àl’occasion de missions de soins humanitairesdans différents pays, pour y effectuer l’équiva-lent d’une formation d’internat, et d’asseoirune pratique généralement insuffisante parrapport à la plupart des formations théoriquesreçues chez nous. Cela permet également auxpraticiens de différents horizons de confronteret d’harmoniser leurs approches thérapeu-tiques, et d’apprendre à tous à se responsabili-ser face à des patients dont la souffrance estimportante autant que la misère est grande. Cecontexte, au passage, rend à cette médecine sadimension foncièrement humaniste, aussi biendans nos pays où elle n’est pas donnée à tout lemonde, qu’en Chine où elle se limite àune pratique hospitalière quelquepeu déshumanisée.

La preuve par l’expérienceTout ce qui vient d’être dit pour-rait passer pour assertions gra-tuites, si les expériences person-nellement menées depuis plu-sieurs années avec l’association« Humanitrad » dans différentesrégions du globe ne venaient les confirmer àl’évidence. A l’heure où vous lisez ces lignes,dans un centre de soins à Abomey, anciennecapitale du Dahomey rebaptisé Bénin, unedizaine de tradipraticiens sont en train de fairetirer la langue à des patients, de prendre leurpouls et de leur poser des aiguilles, tout en leurprescrivant les plantes de leur pharmacopéelocale. Il y a trois ans, personne dans cetterégion ne connaissait la MTC, et lors de notrepremière mission, mille quatre cents personnesse massaient dans la rue pour bénéficier de nossoins. Aujourd’hui, au rythme de quelque cin-quante patients par jour, le centre offre desconsultations à la population pour le prix

d’une bouteille d’eau. En Inde du Nord, cesont les moines et réfugiés tibétains, qui bienque disposant des aides conjointes de missionsmédicales en médecine occidentale, ayurvé-dique et tibétaine, réitèrent chaque année leurinvitation pour nous demander de venir enaide à la population locale, constatant la gran-de efficacité des soins que nous leur prodi-guons en médecine chinoise. A propos de lasituation tibétaine, et puisque nous parlons icid’humanitaire, sans doute faut-il rappeler quela philosophie de la MTC millénaire dont nousparlons n’est plus exactement celle de la Chined’aujourd’hui, qui n’a, à l’évidence, pas la

même définition des droits de l’hommeque l’Occident, et à qui la notion d’hu-

manitaire ne dit rien. La Chine est unpays qui, même si elle ambitionnede développer très largement sesaffaires chez les autres, attend sur-tout en retour que les autres ne semêlent pas des siennes. Cela aussi,

nous avons pu nous en rendre comp-te lors de nos missions en Afrique et à

Madagascar, lorsque nous avons demandéen vain aux missions dites « de coopération »chinoises en place des aides en matière d’in-formation épidémiologique ou d’approvision-nement en médicaments. Même si la MédecineTraditionnelle Chinoise a des talents humani-taires, il se pourrait bien qu’il appartienne àceux qui se sont approprié cette médecine sousd’autres cieux, de les révéler.

* Iatrogène : se dit d’une maladie ou d’un

trouble provoqués par les thérapeutiques.

Pour en savoir plus, consultez le carnet d’adresses p.58.

Simple, efficace et peu

iatrogène*.

Patrick Shan dirige leCollectif d’Etude deDéveloppement et deRecherche en Ethnomé-decine. Cette école deMTC, basée sur lalongue lignée de tradi-tion familiale orale duDr Leung Kok Yuen,fêtera ses vingt-cinqans en 2009. Il fondeen 2003 l’association « Humanitrad », quieffectue des missionsde soins humanitairesen MTC dans diffé-rentes régions dumonde. Cette ONGinternationale accepteles étudiants et prati-ciens de tous horizons.

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Ci-dessus : page de gauche, des moines tibétains réfugiés en Inde du Nord ; page de droite, Patrick Shan apporte son savoir-faire en acupuncture au Bénin.

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médecine chinoise

GTao : Quelle est pour vous lasituation de la médecine chinoiseaujourd’hui en France?

Rodolphe Spiropoulos : Elle se portebien. Bien, car de nombreuses per-sonnes sont attentives à son sort, sonttournées vers elle ou s’y tournent.Tout d’abord, les malades, dans lescabinets, au cours des consultationsdans les hôpitaux, dans les fédéra-tions et les associations. Les profes-sionnels sont de mieux enmieux formés et de plusen plus nombreux. Lesformations sont demeilleure qualité etsurtout plus com-plètes, c'est-à-direqu’elles s’intéressentnon seulement àl’acupuncture commedepuis longtemps déjà,mais aussi aux autres spécia-lités de la MTC comme la pharmaco-pée et la diététique, le Tui Na (mas-sages et mobilisations), et le Qi gong(exercices de santé). Les échangesavec la Chine, et notamment leMinistère de la Santé, vont dans lesens de cette qualité. Le problèmequi se pose aujourd’hui reste le pro-blème de la reconnaissance de laMTC aux côtés de la médecine occi-

dentale pour qu’elles deviennent, au même titre, deux médecines complémentaires.

GTao : Considérez-vous la médeci-ne chinoise en France comme une spécialité de la médecineoccidentale ou comme une médecine alternative?

R. S. : Effectivement, c’est une ques-tion importante, très importante. Une

médecine plusieurs fois millénairedoit-elle devenir une spécialité

d’une médecine beaucoupplus récente? La logiquevoudrait que l’on ne sepose même pas la ques-tion… Je pense que lesdeux médecines, MTC et

biomédecine moderne occi-dentale, devraient cohabiter

comme un couple idéal. Vousen connaissez donc tous les pièges

et les difficultés ! La sagesse pourra-t-elle l’emporter pour qu’aucune desdeux n’empiète sur l’autre et la laissevivre sa vie? Ce qui m’amène auterme de « médecine alternative ».Encore une fois, je suis dérangé parce terme. L’alternative, c’est un choixentre deux possibles. Il ne faut pasqu’un choix exclut l’autre… L’alter-native permet deux choses, mais non

D’une part, Rodolphe Spiropoulos, praticien et enseignant de

MTC, qui, depuis plus de 20 ans, œuvre pour développer et dif-

fuser la discipline. D’autre part, Denis Colin, qui travaille depuis

de nombreuses années à la mise en place d’un cursus complet

de formation à la MTC en faculté de médecine. Si leur vision de

l’avenir est différente, leur engagement total pour une reconnais-

sance en France de la MTC dans sa globalité les réunit. Explications.

Rodolphe Spiropoulos& Denis Colin

La passion, lavolonté et le

désir d’exercerce métier.

LES ETUDES UNIVERSITAIRES DE MEDECINE CHINOISE

EN CHINESelon le Ministère de la Santé chi-noise, il existe 3 lieux de formation : • Les écoles de MTC• Les Instituts de MTC• Les Universités de MTCLe cursus général en Universiténécessite un minimum de 5 ansd’études pour obtenir un premiergrade.+ 1 an de pratique hospitalière pourun exercice hospitalier.+ 2 ans de pratique hospitalièrepour un exercice libéral.Des années supplémentaires sontprévues pour un travail de recherchedans les différentes spécialités.

Deux chemins, deux regards, sur le présent etsur l’avenir de la médecine chinoise en France

propos recueillis par Delphine L’huillier

Nos questions à Rodolphe Spiropoulos…

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simultanément, alors que je croisbeaucoup à la complémentarité deces deux médecines, même dans lasimultanéité. Je préférerais au terme« médecine alternative », « médecinecomplémentaire », ce qui laisse unchoix plus large au patient et au praticien, et donc un exercice plus libre et plus efficace de la médecine en général.

GTao : Son enseignement doit-ilselon vous être dispensé en faculté de médecine, en école privée, ou les deux?

R. S. : Tout d’abord, je pense que lelieu a peu d’importance. La questionessentielle pour moi est : quel doitêtre le profil de l’étudiant, puis dupraticien, et donc finalement, qui doitpratiquer cette médecine? C’est laqualité de l’enseignement à mon sensqui doit importer. Il faut s’assurer dela qualité des enseignants, ensei-gnants qui doivent être des praticienseux-mêmes. Maintenant, quels doi-vent être les critères de sélection desétudiants? Et doit-il y en avoir?Certainement la passion, lavolonté, la persévérance,et le désir d’exercer cemétier devraientsuffire ! Après, les exa-mens feront le reste.Pour répondre plus pré-cisément à la question,j’opterai pour les deuxlieux, à savoir faculté demédecine et école privée.

GTao : A qui cet enseignementdoit-il être réservé?

R. S. : En fonction du lieu de l’ensei-gnement choisi, la réponse est toutefaite ! En faculté de médecine, lesmédecins de médecine occidentalepourront accéder en complément àl’enseignement de la MTC, et plusparticulièrement à l’acupuncture ou àla pharmacopée. Dans les écoles pri-vées, moyennant un cursus adapté,après le baccalauréat par exemple,tout étudiant pourra accéder à la for-mation en MTC et obtenir un statutéquivalent. Ce qui permettra d’avoirdes praticiens « puristes » exerçantexclusivement la MTC, comme ilexiste des médecins exerçant exclusi-vement la médecine occidentale.D'autre part, cela permettra aussi auxparamédicaux comme les kinésithéra-peutes, ostéopathes, infirmiers, etc.

d’accéder à l’enseignement du Tui Na(massage, mobilisations) et de com-pléter ainsi leur cursus, et aux profes-sionnels du sport de se former au Qigong (exercices d’entretien de santé)par exemple. En conclusion, il mesemble intéressant de se poser lesquestions suivantes : « à quoi sert laMTC et que veut-on en faire? » pourrépondre à la question « à qui l’ensei-gnement doit-il être réservé? ».

GTao : Si un diplôme universitairedevait se mettre en place commeil en est question, quel est selonvous l’avenir des écoles formantdes praticiens non-médecins?

R. S. : Je crois avoir déjà répondu àcette question dans ce que je viens dedire précédemment. Il devrait tou-jours y avoir une place pour les per-sonnes qui ne veulent exercer que lamédecine chinoise. L’existence depraticiens non diplômés en médecineoccidentale me semble presque êtrela garantie d’une médecine chinoiseauthentique. Dans ce cas, les écoles

qui forment des praticiens non-médecins auront toujours

leur rôle.

GTao : Quels sont lesprojets des fédéra-tions de médecinechinoise en France?

R. S. : Les fédérations deMTC en France ont pour

projet d’améliorer encore l’en-seignement et la pratique de cettemédecine. Le rapprochement avec lesinstances chinoises, l’existence d’uncode de déontologie, de programmescommuns aux écoles, les niveaux deformation de plus en plus élevés, laparticipation des fédérations aux examens nationaux et le recensementdes praticiens nous montrent biencette volonté.

GTao : Comment rendre les deuxmédecines, occidentale et chinoi-se, complémentaires au quotidienpour les patients?

R. S. : Effectivement, il s’agit bien decomplémentarité. C’est, je pense, lemaître mot. Pour les patients, ilsemble important que les deux méde-cines soient complémentaires au quo-tidien, c’est-à-dire, avant tout prati-quées dans une même liberté, encabinet privé et en milieu hospitalier

par exemple par des médecins et desnon-médecins. Si l’enseignement estde haut niveau, si la MTC est respec-tée dans son enseignement et dans sapratique, si nous lui laissons uneplace digne de son rang aux côtés dela médecine occidentale, alors il suffi-ra aux patients de suivre la Voie !Espérons qu’un vent de paix et delongue vie souffle encore longtempssur la MTC.

Pour en savoir plus, consultezle carnet d’adresses p.58.

A quoi sert la MTC et quedoit-on faire ?

Rodolpe Spiropoulos avec Mme Zhang, chef de clinique du servicede Tui Na de l’hôpital de MTC de Kunming.

Rodolphe Spiropoulos,Masseur-Kinésithéra-peute DE, Ostéopathea étudié l'Homéopa-thie, la Sophrologie.Sa passion pour l'Ener-gétique l'a conduit àl'étude de la MTCDepuis plus de 20 ans,il pratique quotidienne-ment à son cabinet.Aujourd'hui dans sonenseignement, il parta-ge son savoir-faire etnous amène à la ren-contre de l'EnergétiqueChinoise. Il contribueégalement activementau développement et àla reconnaissance dela MTC en France.

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GTao: Considérez-vous la médecinechinoise en France comme unespécialité de la médecine occiden-tale ou une médecine alternative?

Denis Colin : La Médecine Chinoisene peut pas être une spécialité de lamédecine occidentale puisque c’est lamédecine chinoise. Elle est alternati-ve quand les pratiques occidentalesn’apportent pas de solution : pourapaiser les douleurs lombaires desfemmes enceintes par exemple qui nepeuvent pas utiliser d’antalgique. Elleest complémentaire lorsqu’elle vientparticiper au protocole de soins de lamédecine occidentale pour un patient(effets secondaires des chimiothéra-pies, réduction des doses des anti-inflammatoires ou des antalgiques…).On peut dire qu’il existe une spéciali-té en médecine chinoise et une spé-cialité en médecine occidentale.

GTao : Son enseignement doit-ilselon vous être dispensé en facul-té de médecine, en école privée,ou les deux?

D. C. : Il existe pour moi deuxniveaux d’enseignement. D’une part,un enseignement de formation qui estdévolu à l’université, et dans la mesu-re où c’est une formation médicale,elle doit être dispensée en faculté demédecine. D’autre part, un enseigne-ment de perfectionnement et de for-mation continue qui peut avoir lieuen université ou dans les écoles pri-vées. Tous les jeunes praticiens for-més à la médecine chinoise commetous les professionnels de santé doi-vent suivre une formation continue.Les écoles privées peuvent assurer ceperfectionnement. De plus, avoir unniveau d’enseignement universitairesignifie que tous les enseignants sontdes enseignants chercheurs. L’ensei-gnement universitaire doit disposer àla fois d’un budget consacré à lapédagogie, mais aussi à la recherche.Or pour moi, on ne peut pas penser àl’enseignement sans faire évoluer larecherche. Et c’est là le rôle de l’uni-versité. Par ailleurs, il est indispen-sable que l’université médicaleenseigne à tout étudiant en médecineles possibilités offertes par la médeci-ne chinoise. Il n’est pas normal quedans l’enseignement public de lamédecine en France il n’y ait pasd’informations données aux futurs

médecins sur les possibilités alterna-tives ou complémentaires de la méde-cine chinoise.

GTao : La formation que vous êtesen train de mettre en place à lafaculté de médecine de Bobignys'adresse-t-elle à tousou unique-ment aux professions médicales?

D. C. : Elle s’adresse aux médecins,aux professions médicales et aux per-sonnes qui n’ont pas nécessairementfait des études de médecine. Il y auraen effet plusieurs compartiments.Dans un premier temps, il faut savoirque l’ordre des médecins et l’acadé-mie de médecine considèrent que lapratique de la médecine, c’est-à-dire,tout ce qui résulte d’un diagnostic etd’une prescription médicale, doit êtreréservée aux médecins. La MTCrépond à ces critères. Ainsi les forma-tions à l’acupuncture et à la pharma-copée seront réservées aux médecinset aux pharmaciens (pour la pharma-copée), le massage étant légalementréservé aux kinésithérapeutes. Quantau Qi Gong, il existera deux niveauxde formation(voir info p.64). Maiscette vision est une première étapepour le groupe de réflexions que jereprésente aujourd’hui. La deuxièmeétape étant, si nous pouvons entrerdans une collaboration avec la Chineet le Ministère Français de la Santé,la mise en évidence que pour pouvoirexercer la médecine chinoise, il estnécessaire d’avoir requis un mini-mum de connaissances en médecineoccidentale, mais sans pour autantêtre docteur en médecine. Mon pro-pos est de rester dans les voies de lalégalité. Ainsi nous pensons mêmepouvoir générer de nouvelles profes-sions, former par exemple les infir-mières à des soins primaires élémen-taires d’acupuncture ou de massage.On se situe aujourd’hui dans uneconfiguration politique et sociale oùl’on se préoccupe davantage de lasanté publique, et par conséquent dunivellement par le haut des diplômes,ce qui est le rôle de l’université.

GTao : Dans ces conditions, quelest selon vous l'avenir des écolesformant des praticiens non-méde-cins, celles-ci ayant tant militépour la reconnaissance de lamédecine chinoise en France?

38 Génération Tao n° 48 des vidéos à télécharger sur www.generation-tao.com

Denis Colin en train d’appliquer des moxa.

PROJET D’ETUDES UNIVERSITAIRES DEMÉDECINE CHINOISE

EN FRANCEEtudes classiques en Faculté de médecine : 9 ans + thèse.Puis spécialisation en : • Acupuncture• Pharmacopée (diététique inclus), • Pratiques corporelles (Qi Gong et Tuina). Chaque module de spécialisationdure 3 ans d’études + 1 année demémoire : Tronc commun 1 an + spécialisation 2 ans + 1 annéede mémoire .Si l’étudiant souhaite se former àtoutes les spécialisations, il a lapossibilité, après la première annéedu tronc commun de suivre le diplô-me des pratiques corporelles pen-dant le cursus d’acupuncture ou depharmacopée.Le cursus complet de médecine chi-noise et accessible en 5 ans mini-mum + 1 année de mémoire.

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Nos questions à Denis Colin…

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médecine chinoise

D. C. : De par leur configuration nonréglementaire, ces écoles ont pourbeaucoup plutôt nui que servi lacause de la reconnaissance de lamédecine chinoise en France. Ellesont par contre participé en grandepartie au développement de la méde-cine chinoise en France en faisantconnaître la discipline aux patients etaux praticiens. Et nous devons recon-naître le rôle de toutes ces écoles pri-vées. Concernant le présent, leschoses sont en ébullition et en évolu-tion, donc l’avenir en dépen-dra. Mais le sens de monaction, et de l’ensembledes acteurs de ce projetuniversitaire, conduit à lamise en place d’une for-mation universitaire dehaut niveau, avec unnombre d’heures de coursqui n’aura rien à envier à laChine. L’essence même de cesécoles de formation de base devien-dra donc caduque, voire illégale. Celadit, je me souviens de l’année 1990,quand l’acupuncture a été reconnueet enseignée à l’université, les écolesprivées médicales ont à l’époquetoutes hurlé au scandale. Au final,celles qui avaient une certaine consis-tance sont devenues des écoles deperfectionnement et les autres ontdisparu. Je trouve qu’il y a des prati-ciens non-médecins qui sont toutautant compétents que moi, voiredavantage, mais tout le monde n’estpas de cet avis. Il faudra donc mettreen place une réglementation qui per-met d’apaiser et d’harmoniser lesrelations entre médecins et nonmédecins.

GTao : Quels sont les projets desfacultés de médecine en Francepour la médecine chinoise?

D. C. : Les facultés n’ont pas de pro-jets ! En ce qui concerne l’acupunctu-re, nous avons depuis 1990 obtenuune reconnaissance par l’ordre desmédecins d’une qualification donnéepar le diplôme inter-universitaire(DIU). En 2007, un diplôme d’Etat aété constitué sous la forme d’unecapacité de médecine en acupuncture(la capacité est une spécialisationpost-doctorale). C’est chaque univer-sité intéressée qui fait la demanded’habilitation auprès du Ministère del’Education Nationale à délivrer cetenseignement de capacité. Cettehabilitation est délivrée tous les 4 ans

et doit être renouvelée tous les 4 ans.C’est le Ministère de l’EducationNationale sur des critères de vérifica-tion de la qualité de l’enseignementthéorique et pratique et de larecherche qui décide ou non dereconduire cette habilitation. Il existe6 facultés qui enseignent l’acupunctu-re aujourd’hui en France : Paris, Bor-deaux, Nîmes, Lyon, Strasbourg,Nantes. Pour la pharmacopée, la for-mation reste réservée aux médecinset aux pharmaciens en pré et post-

doctorat. Les pharmaciensdoivent être formés à la

reconnaissance desplantes et à leursdosages, mais aussi êtreen mesure de contrôlerleur qualité. La forma-

tion à la diététique estincluse dans celle de la

pharmacopée. Nous sommesen train de chercher à mettre en

place un accès à tous pour un modulede formation à la diététique, cedomaine n’étant pas aujourd’huiréservé aux médecins. Quant aux for-mations au massage et au Qi Gong,nous en avons déjà parlé. Je souhaiteque toutes les universités collaborententre elles pour un travail deréflexion partagé et pour unemeilleure diffusion de la pratique.

GTao : Comment rendre les deuxmédecines, occidentale et chinoi-se, complémentaires au quotidienpour les patients?

D. C. : Il faut tout d’abord définir leschamps où la médecine chinoiseintervient comme médecine complé-mentaire à la médecine occidentale,soit pour diminuer ou faire dispa-raître les effets secondaires des médi-caments, soit pour activer une récu-pération en post-opératoire, soit pouraméliorer la qualité de vie du patientdans une pathologie chronique ouincurable. Ceci implique que lesmédecins généralistes ou spécialistesaient un minimum de connaissance etde formation aux apports de la MTC.Le médecin traitant a aujourd’hui lacharge de faire l’interface entre lepatient et l’ensemble des profession-nels de santé qui peuvent l’aider.Dans la mesure où la médecine chi-noise est une médecine générale, onpeut imaginer qu’elle devienne unemédecine générale spécialisée, et que,par conséquent, le médecin traitantpuisse recommander à son patient

d’aller voir un praticien. Je dis bien« praticien », car pour moi, obtenirque les non-médecins ayant acquisune profonde connaissance et uneexpérience de la pratique puissentêtre régularisés dans leur exercice meparaît être une évidence. De plus, ilfaut savoir qu’il existe des spécialités,comme la gynécologie et l’ophtalmo-logie qui bénéficient d’un accèsdirect, c’est-à-dire dont la consulta-tion ne nécessite pas le passage par lemédecin traitant. C’est ce statut queje souhaite pour la médecine chinoi-se. Pour les non-médecins, la questionbien sûr ne se pose pas puisqu’il n’y apas de remboursement.

GTao : Mais beaucoup de médecinsn’y connaissent rien en médecinechinoise. Comment pourraient-ilsrecommander des soins?

D. C. : C’est la raison pour laquelle laformation en université devient sinécessaire. Par obligation, les méde-cins devront se former à la médecinechinoise dans leur cursus. Ou plutôt,ils seront informés, que le traitementdes effets secondaires de la chimio-thérapie grâce à l’acupuncture estefficace par exemple… Et ils saurontalors quoi faire pour le bien-être deleurs patients.

GTao : Quelle est la situationaujourd’hui ?

D. C. : Le contexte politique est favo-rable globalement à une reconnais-sance de la médecine chinoise.

Pour en savoir plus, consultezle carnet d’adresses p.58.

Médecin, Denis Colinest notamment respon-sable de l’enseigne-ment de l’acupunctureobstétrique du DIU deParis XIII, responsablede la Capacité demédecine en acupunc-ture, attaché à l’hôpitalde Saint Cloud et Pré-sident du Collège Fran-çais d’Acupuncture etde Médecine Tradition-nelle Chinoise.

PORTRAIT

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