6
E n raison de moyens financiers trop faibles, d’un manque d’auto- nomie, d’un cumul de difficultés ou d’accidents de la vie, de nombreuses personnes ne peuvent pas s’installer dans un logement ordinaire (1) . Les diverses situations de détresse ne nécessitant pas toutes le même degré d’intervention, la puissance publique (essentiel- lement l’État) a mis en place un éventail de dispositifs d’assistance. Trois grandes catégories de situations peuvent être distin- guées, correspondant à trois grands défis : le secours immé- diat et sans discrimination pour les personnes qui sont à la rue (ou risquent de s’y retrouver bientôt ), l’aide aux personnes incapables de vivre dans un logement ordinaire en raison d’un cumul de lourdes difficul- tés (économiques, sociales, psychologiques), enfin l’absen- ce d’offre adéquate dans le parc de logements ordinaires pour les ménages manquant d’autonomie, notamment finan- cière. Les dispositifs de secours immédiat À l’échelle d’un territoire, l’accueil des personnes en situation de détresse sociale, médicale, et psychique (art. L345-2-2 du code de l’action sociale et des familles) doit être effectif à tout moment. Cela implique donc une bonne répartition géographique des structures et un accueil incon- ditionnel : tous les publics, sans discrimination, doivent pouvoir être aidés. Les centres d’hébergement d’urgence (CHU) La vocation première des CHU est de fournir immédiatement et sans conditions, un abri de nuit à toute personne à la rue, en errance ou sans domicile. Dans la pratique, les CHU accueillent principalement des personnes sans ressources, déso- cialisées, des personnes isolées ou en errance, des personnes sor- tant de prison ou de l’hôpital, des femmes victimes de vio- lence, mais aussi des familles ou des couples expulsés de leur logement ou forcés à décohabi- ter. Hébergement d’urgence et d’insertion et logement adapté en Île-de-France Philippe Leroyer/www.flickr.com De nombreuses personnes, en grandes difficultés ou à faible autonomie financière, ne peuvent accéder au parc de logements ordinaires. Pour les aider, la puissance publique a mis en place des dispositifs d’hébergement et de logement adapté, représentant quelques 120 000 places : 100 000 en structures et 20 000 dans le parc hôtelier. N° 611 - décembre 2012 www.iau-idf.fr Note rapide Les dispositifs écartés de l’analyse Il s’agit des dispositifs d’aide moins généralistes accueillant des publics très spécifiques (enfants, personnes handica- pées, personnes âgées, étu- diants) et des établissements médicaux et de soins (centres hospitaliers, appartements de coordination thérapeutique). Ne figurent pas non plus les dispo- sitifs encore relativement récents comme les RHVS (résidences hôtelières à vocation sociale) ou le logement adapté avec inter- médiation locative (« Solibail » et, à Paris, « Louer solidaire »). (1) Cette dénomination regroupe les ménages occupant un logement dans le parc locatif privé ou social, le parc occupé en propriété ou le parc occupé gratuitement.

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En raison de moyensfinanciers trop faibles,d’un manque d’auto-nomie, d’un cumul de

difficultés ou d’accidents de lavie, de nombreuses personnesne peuvent pas s’installer dansun logement ordinaire(1). Lesdiverses situations de détressene nécessitant pas toutes lemême degré d’intervention, lapuissance publique (essentiel-lement l’État) a mis en place

un éventail de dispositifs d’assistance.Trois grandes catégories de situations peuvent être distin-guées, correspondant à troisgrands défis : le secours immé-diat et sans discrimination pourles personnes qui sont à la rue(ou risquent de s’y retrouverbientôt ), l’aide aux personnesincapables de vivre dans unlogement ordinaire en raisond’un cumul de lourdes difficul-

tés (éco nomiques, sociales,psycho logiques), enfin l’absen -ce d’offre adéquate dans leparc de logements ordinairespour les ménages manquantd’autonomie, notamment finan-cière.

Les dispositifs de secoursimmédiatÀ l’échelle d’un territoire, l’accueil des personnes en situation de détresse sociale,médicale, et psychique (art.L345-2-2 du code de l’actionsociale et des familles) doit être effectif à tout moment.Cela implique donc une bonne répartition géographique desstructures et un accueil incon -ditionnel : tous les publics, sans discrimination, doiventpouvoir être aidés.

Les centres d’hébergementd’urgence (CHU)La vocation première des CHUest de fournir immédiatement etsans conditions, un abri de nuità toute personne à la rue, enerrance ou sans domicile.Dans la pratique, les CHUaccueillent principalement despersonnes sans ressources, déso-cialisées, des personnes isoléesou en errance, des personnes sor-tant de prison ou de l’hôpital,des femmes victimes de vio-lence, mais aussi des familles oudes couples expulsés de leurlogement ou forcés à décohabi-ter.

Hébergement d’urgence et d’insertionet logement adapté en Île-de-France

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De nombreuses personnes, en grandes difficultésou à faible autonomie financière, ne peuventaccéder au parc de logements ordinaires. Pour lesaider, la puissance publique a mis en place desdispositifs d’hébergement et de logement adapté,représentant quelques 120000 places : 100000en structures et 20000 dans le parc hôtelier.

N° 611 - décembre 2012www.iau-idf.fr

Noterapide

Les dispositifs écartés de l’analyseIl s’agit des dispositifs d’aidemoins généralistes accueillantdes publics très spécifiques(enfants, personnes handica-pées, personnes âgées, étu-diants) et des établissementsmédicaux et de soins (centreshospitaliers, appartements decoordination thérapeutique). Nefigurent pas non plus les dispo-sitifs encore relativement récentscomme les RHVS (résidenceshôtelières à vocation sociale) oule logement adapté avec inter-médiation locative («Solibail » et,à Paris, « Louer solidaire »).

(1) Cette dénomination regroupe les ménagesoccupant un logement dans le parc locatifprivé ou social, le parc occupé en propriétéou le parc occupé gratuitement.

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Note Rapide - N° 611Hébergement d’urgence et d’insertion et logement adapté en Île-de-France

Les nuitées d’hôtelLes nuitées d’hôtel permettentde suppléer les dispositifs d’ur-gence existants, qui ne peuventfournir immédiatement un abrià des populations en détresse parmanque de place, ou dont l’offreest mal adaptée aux besoins despersonnes ou des familles.L’orientation des populationsvers les CHU et les hôtels est réa-lisée essentiellement par le 115(2)

en lien avec les services intégrésd’accueil et d’orientation (SIAO),les communes (via les centrescommunaux d’action sociale –CCAS – ou les missions locales),les départements (via les mai-sons des solidarités – MDS), lesmaraudes, voire les pompiers oula police.Pendant leur séjour de quelquesjours à quelques semaines, lespersonnes accueillies dans cesstructures d’urgence rencontrentdes travailleurs sociaux. Aprèsun entretien d’évaluation-orien-tation, ces derniers les aident àgérer leurs difficultés et les orien-tent, si nécessaire, vers une struc-ture adaptée à leur situation.Une partie importante des sor-tants sont dirigés vers des placesd’insertion ou de stabilisation,ou vers des logements adaptés,comme les résidences sociales,les foyers de jeunes travailleursou de travailleurs migrants.

Certains peuvent être pris encharge par la famille, des amisou intégrer directement un loge-ment ordinaire s’ils ont retrouvéleur autonomie. D’autres, cepen-dant, retrouvent l’errance, lessquats ou partent sans laisserd’adresse.

Les dispositifs d’insertionpour les personnes en graves difficultéssocialesUn certain nombre de personnessont de manière permanente outemporairement dans l’incapa-cité de vivre dans un logementordinaire, en raison d’un cumulde difficultés importantes. Ils’agit de personnes à la rue oude personnes déjà hébergées enCHU ou en hôtel et sans réelleautonomie après leur courteprise en charge. Ces personnessont donc orientées vers de l’hé-bergement de stabilisation oud’insertion via les plates-formesSIAO en lien avec les servicessociaux.

Les places de stabilisationCes places accueillent des per-sonnes très désocialisées ouayant besoin de protection(grands précaires, femmes oujeunes adultes victimes de vio-lence) et pour lesquelles suivreet adhérer à un projet de réinser-

tion n’est pas possible dans l’im-médiat. Elles permettent aux per-sonnes accueillies de se «poser»,de reprendre des forces et leurlaisse le temps de faire émergerun projet.

Les places d’insertionElles sont destinées à accueillirdes personnes susceptibles desuivre un projet de réinsertionsociale. Elles offrent l’héberge-ment, le couvert et accompa-gnent les personnes dans unedémarche de réinsertion « glo-bale », grâce à une assistancesociale importante en matièred’accès aux droits, à l’emploi ouau logement. Elles peuvent aussicomporter une aide psycholo-gique et/ou permettre de résou-dre des problèmes de santé.

Les places en centres maternelsFinancés par les conseils géné-raux, les centres maternels sontdestinés aux femmes enceintesen difficulté sociale qui ne peu-vent mener dans de bonnesconditions leur grossesse ou auxjeunes mères(3) incapables d’as-surer l’hébergement de leurenfant après la naissance. L’hé-bergement permet aux mères de bénéficier d’une formationprofessionnelle adaptée et de rechercher ou d’exercer unemploi.

Les dispositifs d’accueil des demandeurs d’asileLes centres d’accueil pourdemandeurs d’asile (Cada) sontdestinées aux demandeursd’asile disposant d’une autorisa-tion provisoire de séjour. L’ac-cès à ces places se fait via les préfectures. Ils offrent à leurs résidents un accompagnementglobal pendant la durée d’ins-truction de leur dossier. Les cen-tres provisoires d’hébergement(CPH), quant à eux, sont desstructures qui hébergent et faci-litent l’insertion des individus quiont obtenu le statut de réfugié.

À l’issue de leur séjour, dont ladurée peut varier de quelquesmois à deux ou trois ans, la plu-part des publics aidés ont trouvéou retrouvé une autonomieréelle et sont invités à intégrerun logement ordinaire, le plussouvent dans le parc social. Ceuxdont l’autonomie n’est pasencore solide sont dirigés versdes structures d’insertion (notam-ment pour les personnes sortantde stabilisation) ou des struc-tures leur apportant encore uneaide au logement, comme l’allo-cation de logement temporaireou les logements adaptés (rési-dences sociales, FJT ou FTM).Les publics minoritaires qui n’ontpas pu trouver ou retrouver uneautonomie minimum à l’issue deleur séjour sont dirigés vers desdispositifs pérennes, spécialisésdans l’accueil des personnes nonautonomes : les maisons relais.Enfin, certains retrouvent aussil’errance, les squats, puis à nou-veau les structures d’urgence oud’insertion.

Les logements adaptés pour les ménages dont l’autonomie est fragilePour un certain nombre deménages sans difficultés socialesimportantes, accéder à un loge-ment ordinaire (en location ouen accession) est impossible. Lesprix sont en effet trop élevés ou

Le pavillon des Tilleuls, à Villeneuve-le-Roi (94) accueille des mères seules avec enfants de moins de trois ans.

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(2) Structure d’écoute qui met à dispositionune ligne téléphonique gratuite dédiée auxpersonnes sans abri.(3) Jusqu’aux trois ans de leur enfant.

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Nombre de places d'hébergement (urgence et insertion) pour 1 000 habitants en Île-de-France au 1er janvier 2012

En nombre de places d'hébergement pour 1 000 habitants**(CHU, CHRS, Stabilisation, Cada-CPH, centres maternels)

Aucune place d'hébergement

1er quartile (de 0,1 à 1,24)

2e quartile (de 1,25 à 2,19)

3e quartile (de 2,20 à 5,19)

4e quartile (de 5,20 à 269)

Agglomération de Paris

Définition des quartilesSi on ordonne une distribution (de la valeur la plus petite à la valeur la plus élevée), par exemple le nombre de places d'hébergement (carte ci-dessus), les quartiles sont les valeurs qui partagent cette distribution en quatres parties égales.

Source : cf. sources du tableau «L'offre d'hébergement et de logement adapté en Île-de-France au 1er janvier 2012», Insee, recensement 2009© IAU îdF

0 10 km

Les places d'hébergement et de logements adaptés* en Île-de-France au 1er janvier 2012

Nombre de places**

Aucune place

1er quartile (de 1 à 60)

2e quartile (de 61 à 218)

3e quartile (de 219 à 427)

4e quartile (428 ou plus)

Agglomération de Paris

* Il s'agit des places hors dispositifs ALT et nuitées d'hôtel (État et départements).** L'attention du lecteur est attirée sur le fait que la localisation selon l'adresse du gestionnaire peut être différente de celle des lieux d'hébergement. Des communes peuvent donc ne pas figurer sur la carte. Ces situations sont toutefois peu fréquentes.

Source : cf. sources du tableau «L'offre d'hébergement et de logement adapté en Île-de-France au 1er janvier 2012», Insee, recensement 2009© IAU îdF

0 10 km

Lecture : 1/4 des communes (soit 43 sur 171) ont une offre de places d'hébergement pour 1 000 habitants comprise entre 2,20 et 5,19 places.

Lecture : 1/4 des communes (soit 62 sur 251) ont une offre de places en hébergement et en logements adaptés comprise entre 219 et 427 places.

Note Rapide - N° 611Hébergement d’urgence et d’insertion et logement adapté en Île-de-France

L’offre d’hébergement et de logement ad

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Nombre de places en logements adaptés pour 1 000 habitants en Île-de-France au 1er janvier 2012

En nombre de places en logements adaptés pour 1000 habitants**(FJT, FTM, résidences sociales, maisons-relais)

Aucune place en logements adaptés

1er quartile (de 0,19 à 3,89)

2e quartile (de 3,90 à 8,19)

3e quartile (de 8,20 à 14,44)

4e quartile (de 14,45 à 126)

Agglomération de ParisSource : cf. sources du tableau «L'offre d'hébergement et de logement adapté en Île-de-France au 1er janvier 2012», Insee, recensement 2009© IAU îdF

0 10 km

Lecture : 1/4 des communes (soit 52 sur 211) ont une offre de places en logements adaptés pour 1 000 habitants comprise entre 8,20 et 14,44 places.

Note Rapide - N° 611Hébergement d’urgence et d’insertion et logement adapté en Île-de-France

dapté en Île-de-France au 1er janvier 2012

Dispositifs Paris Petite couronne

Grandecouronne Île-de-France

Héb

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Urg

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CHU 2 316 1 542 1 578 5 436Nuitées d’hôtel* 6 233 9 367 4 223 19 823

CHU et nuitées d’hôtel 8 549 10 909 5 801 25 259% ligne 33,8 43,2 23,0 100

% colonne 25,8 21,2 15,9 20,9dont financement UT Drihl75, à Paris et dans les autres départements

CHU 2 316 152 0 2 468Nuitées État 2 601 6 093 2 633 11 327

Sous-total 4 917 6 245 2 633 13 795en % du total Urgence 57,5 57,2 45,3 54,6

Inse

rtio

n CHS, CHRS, Cada,Centre maternel 6 511 5 122 5 314 16 947

% ligne 38,4 30,2 31,4 100% colonne 19,7 9,9 14,6 14,0

Loge

men

tad

apté

Mén

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proc

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uton

omie FJT, FTM, RS,

Maisons-Relais 18 018 35 545 25 382 78 945

% ligne 22,8 45,0 32,2 100% colonne 54,5 68,9 69,5 65,2

TOTALEffectif 33 078 51 576 36 497 121 151% ligne 27,3 42,6 30,1 100

% colonne 100 100 100 100

Dispositif ALTEffectif 2 265 4 116 3 501 9 882% ligne 22,9 41,7 35,4 100

* Nuitées financées par l’État et les conseils généraux.

Sources : cf. tableau en annexe ‘L’offre d’hébergement d’urgence et de logement adapté en Île-de-France au 1er janvier 2012’

Places d’hébergement d’urgence, d’insertion + dispositifs ALT en Île-de-France au 1er janvier 2012

Sigles utilisés : CHU (centre d’hébergementd’urgence), CHS (centre d’hébergement etde stabilisation), CHRS (centre d’hébergementet de réinsertion sociale), FJT (foyer de jeunestravailleurs), FTM (foyer de travailleursmigrants), RS (résidence sociale).

Pour une présentation plus détaillée de la répartition des places d'hébergement,consulter notre site internet.

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sans rapport avec leurs res-sources, irrégulières ou trop fai-bles. Pour certains, l’insuffisancedes ressources résulte d’une for-mation peu ou pas rémunérée,d’un emploi peu qualifié, pré-caire ou à temps partiel, oud’une période de chômage. Pourd’autres, il est nécessaire deconsolider leur insertion socialeou professionnelle avant d’accé-der à un logement ordinaire.

Les foyers de jeunes travailleurs(FJT)Les FJT ont pour mission tradi-tionnelle d’accueillir les jeunes àfaible autonomie, notammentfinancière (entre 16 ans et 25ans) et/ou en début de parcoursrésidentiel (les 25-30 ans peuventreprésenter au maximum 25 %des résidents). Ces structuresfavorisent aussi l’intégrationsociale par un environnement etun encadrement adéquats. Dansune moindre mesure, ellesoffrent un hébergement adapté àla mobilité des saisonniers.L’accès à ces structures ne néces-site pas de procédures particu-lières. Il suffit d’une inscriptiondirecte auprès des foyers, quiacceptent ou non le candidat enfonction de critères socioécono-miques. La durée de séjour, saufexception, ne peut excéder deuxans.

À terme, la plupart des FJT seront transformés en résidencessociales, au fur et à mesure desprogrammes de réhabilitation oude restructuration.

Les résidences sociales (RS)Créées en 1994, les résidencessociales sont issues soit duconventionnement d’un FJT oud’un FTM existant, soit d’unecréation ex nihilo par construc-tion ou acquisition-amélioration.Il s’agit d’une offre tous publicspour les personnes à très faiblesressources sans difficultéssociales importantes, mais quiont du mal à accéder à un loge-ment ordinaire. Pour éviter leséchecs et favoriser l’accès à l’au-tonomie complète, les personnesbénéficient aussi d’un accompa-gnement. Contrairement aux FJTet aux FTM, l’accès n’est pasdirect. Les publics ne peuventêtre admis qu’après une décisionprise par le gérant de l’établisse-ment en lien avec le SIAO, selonles recommandations d’unecommission d’admission àlaquelle participent les princi-paux réservataires comme l’État,les collectivités territoriales et« action logement » (ex 1 % loge-ment), auxquels s’ajoutent desassociations lorsqu’elles dispo-sent d’un contingent. Les duréesde séjour ne peuvent excéder

deux ans, sauf exception. Rap-pelons que ce dispositif absor-bera, à terme, l’ensemble des FJTet des FTM ancienne génération.

Les foyers de travailleurs migrants(FTM)Les FTM ont pour mission d’ac-cueillir des travailleurs à faiblesressources, isolés, d’origine étran-gère en situation régulière etexerçant une activité profession-nelle. Ce sont, à l’origine, desstructures temporaires, qui ontservi ensuite de mode d’héber-gement privilégié pour les immi-grés isolés de l’Afrique sub-saharienne.L’accès à ces structures est com-parable à celui des FJT. Pour desraisons culturelles, la durée d’oc-cupation est, dans la pratique,longue, voire très longue. Unplan de réhabilitation mis enœuvre en 1995 transforme petit àpetit ces foyers en résidencessociales.

L’allocation de logementtemporaire (ALT)L’ALT est plutôt un mode definancement de places. Elle estmise en œuvre par des associa-tions conventionnées ou desCCAS, soit pour financer desplaces d’hôtel, de CHU, de RSou de FJT dans des structuresdéjà existantes, soit pour financer

des places en dehors des struc-tures d’hébergement ou de foyer(en particulier dans le parcsocial), ce qui permet d’apporterdes solutions quand les localisa-tions ou les espaces fournis parcelles-ci ne correspondent pasaux besoins des ménages.L’offre de logements du disposi-tif ALT étant essentiellementsociale, son accès n’est pas directet suit une procédure identiqueà celle des résidences sociales.La durée de séjour est de douzemois renouvelables tant que celaest nécessaire.En raison de la présence de dou-bles-comptes, l’ensemble desplaces d’ALT ne peut être agrégéaux autres dispositifs et a doncété indiqué dans une ligne spéci-fique(4).À l’issue de leur séjour en FJT,en RS, en FTM ou dans un loge-ment éligible à l’ALT, les publicsaidés sont, généralement, dirigésvers un logement ordinaire, leplus souvent dans le parc social.Certains sont pris en charge parla famille ou des tiers. D’autresintègrent un autre FJT, FTM ouune résidence sociale pour conti-nuer une formation, se rappro-cher d’un nouveau lieu de tra-vail ou rentrer au pays.

Les maisons relais : un logementadapté de longue duréeÀ tous ces dispositifs, s’ajoute undispositif atypique encore peudéveloppé : les maisons relais(ou pensions de famille). Ce sontdes établissements destinés àl’accueil de personnes à faibleniveau de ressources et quivivent dans une situation d’isole-ment ou d’exclusion lourde, etdont la situation sociale, psycho-logique, voire psychiatrique,rend impossible à échéance pré-visible leur accès à un logementordinaire. Ce sont donc deshébergements de longue duréeoffrant un accompagnementsocial.

Note Rapide - N° 611Hébergement d’urgence et d’insertion et logement adapté en Île-de-France

Logement dans une résidence sociale gérée par Adoma (ex Sonacotra) à Montreuil (93).

(4) Faute de pouvoir décompter les placesselon l’origine de leur financement dans lesstructures existantes (CHU, FJT, RS, nuitées),le nombre de places financées par le disposi-tif ALT ne peut figurer en tant que tel, sauf àcompter deux fois une partie de l’offre desétablissements en activité.

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Page 6: Hébergement d'urgence et d'insertion et logement adapté en ... · Hébergement d’urgence et d’insertion et logement adapté en Île-de-France dapté en Île-de-France au 1er

Une offre estimée à 121 000places au 1er janvier 2012Les statistiques qui suivent ontété regroupées selon les troisgrands défis auxquels doiventrépondre ces structures : l’ur-gence, l’insertion et l’accueil despersonnes proches de l’autono-mieAu 1er janvier 2012, l’offre deplaces en hébergement et enlogements adaptés est estimée à121 200 en Île-de-France, soit2,5 % des 4 932 000 résidencesprincipales de 2009(5). Sur cetotal, 21 % des places (soit25 300) sont consacrées à l’ur-gence et 14 % (soit 17 000) sontdestinées à l’insertion. Enfin,deux tiers des places (soit 78900)sont réservées aux personnesproches de l’autonomie, maisdevant encore résoudre un pro-blème de logement. Rappelonsque la très grande majorité decette offre est financée par desdispositifs de l’État.

Le rôle important de la petite couronneC’est en petite couronne que l’onobserve la plus grande concen-tration de places d’hébergementet de logements adaptés : 51600,soit 43 % des places régionales.La grande couronne et Pariscomptabilisent, quant à eux,36 500 et 33 100 places, soit 30 %et 27 % du total. Rapporté aupoids de la population, c’estParis qui présente le nombre deplaces le plus élevé, puisque lacapitale ne totalise que 19 % dela population régionale, contre43 % et 44 % en petite et grandecouronnes.

Un hébergement d’insertion très présent à ParisDans le domaine de l’insertion,les disparités sont aussi pronon-cées entre la capitale (6 500places, soit 39 % de l’ensemble)et les autres départements. LaSeine-Saint-Denis se distinguetoutefois avec une offre de 2 200places. Dans les six autres dépar-tements, l’offre est plus homo-gène, variant de 1020 logements(dans le Val-d’Oise) à 1680 (dansle Val-de-Marne et en Essonne).

Des logements adaptés plus souventlocalisés en petite couronneDans ce domaine, la petite cou-ronne concentre à elle seule45 % de l’offre régionale, en rai-son de la forte présence des FTMsur son territoire (notamment enSeine-Saint-Denis). La grandecouronne comptabilise 32 % del’offre, et Paris 23 %.

Un hébergement d’urgencelargement financé par la Drihl de ParisLa direction régionale et interdé-partementale de l’hébergementet du logement (Drihl) de Parisfinance quotidiennement 13800places (11 300 en hôtel et 2 500en CHU), soit 55 % de l’ensembledes places d’urgence régionales.Parmi les 11 300 places d’hôtel,seules 2 600 (soit 23 % du total)sont situées dans Paris intra-muros. Les 8 700 autres (77 %)sont localisées en dehors de laville : 6 100 en petite couronne(dont 4000 en Seine-Saint-Denis),et 2 600 en grande couronne.Cette statistique illustre ainsi lerôle majeur que la Drihl de Parisjoue dans le domaine de l’ur-gence francilienne.

L’enjeu du parcoursrésidentiel des personnesL’offre d’hébergement et de loge-ments adaptés constitue uneoffre indispensable pour les per-sonnes ne pouvant pas accéderau parc ordinaire (jeunes en for-mation, à faibles ressources, per-sonnes sans formation, per-sonnes très désocialisées ouayant des problèmes d’autono-mie). Sans ces dispositifs, ces per-sonnes connaîtraient en effet desconditions de vie pénibles ouauraient de grandes difficultés àsuivre une formation. Dans la trèsgrande majorité des cas, cetteoffre constitue seulement uneétape dans le parcours résiden-tiel de ces personnes, qui retrou-vent ensuite le parc de loge-ments ordinaires.Pour apprécier pleinement lerôle que jouent ces structuresdans le parcours des personnesvers l’autonomie, ainsi que leurplace dans l’offre globale de

logements, il est également néces-saire de mesurer la rotationannuelle de ces établissements,c’est-à-dire le nombre de placeslibérées chaque année pour unenouvelle occupation. Or, à cejour, si l’on dispose de statistiquessur la rotation dans le parc social,celle des structures d’héberge-ment et de logements adaptésn’est que partiellement connue.Les informations disponibles à cejour sont celles d’une étudemenée par la Direction de larecherche, des études, de l’éva-luation et des statistiques (Drees)en 2008 qui ne concerne que lesCHRS, les Cada-CPH ainsi que lescentres maternels, auxquelless’ajoutent les résultats de travauxdiffusés par les fédérations régio-nales de FJT ou d’organismes ges-tionnaires d’hébergements.Afin d’appréhender de façon plushomogène la rotation dans cesstructures, l’IAU île-de-France aentrepris une enquête auprès desfoyers de jeunes travailleurs, desrésidences sociales et des foyersde travailleurs migrants.Les premiers résultats de cetteenquête montrent que la rotationau sein de ces structures permetd’attribuer environ 20000 placeschaque année(6), nombre à rap-procher des 80 000 places libé-rées dans l’ensemble du parcHLM, mais aussi des 20000 placesd’hôtel mobilisées en moyennechaque jour tout au long de l’an-née pour faire face aux besoinsd’hébergement d’urgence.Ces ordres de grandeur montrentà la fois l’importance de cesstructures dans les réponsesapportées aux besoins de seloger en direction des publics lesplus fragiles, mais également l’ex-trême tension affectant ce sec-teur, tension qui ne se résoutaujourd’hui que par l’apportd’une offre équivalente sousforme de nuitées d’hôtel dont lecoût va croissant.

Jean-Jacques Guillouet

et Philippe Pauquet

Note Rapide - N° 611Hébergement d’urgence et d’insertion et logement adapté en Île-de-France

Pour en savoir plus• GUILLOUET Jean-Jacques, PAUQUET Phi-

lippe, La rotation dans les structures

d’hébergement en Île-de-France en

2011, IAU îdF, à paraître.

• MAINAUD Thierry, « L’hébergement

social (hors urgence) : 70 000 per-

sonnes sans logement accueillies en

établissement – résultats de l’en-

quête ES 2008 », Études et résultats,

n° 766, Direction de la recherche,

des études, de l’évaluation et de la

statistique (Drees), juin 2011.

• MAINAUD Thierry, « L’hébergement

d’urgence en CHRS – résultats de

l’enquête ES 2008 », Études et résul-

tats, n° 777, direction de la

recherche, des études, de l’évalua-

tion et de la statistique (Drees), octo-

bre 2011.

Directeur de la publicationFrançois DugenyResponsable des éditionsFrédéric TheuléRédactrice en chefMarie-Anne PortierMaquetteAgnès CharlesCartographieSylvie Castano, Stéphanie Lesellier------------------------Diffusion par abonnement80 E par an (� 40 numéros) - 3 E le numéroService diffusion-venteTél. : 01 77 49 79 38www.iau-idf.frLibrairie d’Île-de-France15, rue Falguière 75015 Paris Tél. : 01 77 49 77 40 ISSN 1967 - 2144

(5) Source : Insee, recensement 2009.(6) Taux de rotation de 24 % pour un parcde 79000 places.