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EHESS Histoire du concile Vatican II 1959-1965. I: Le catholicisme vers une nouvelle époque. L'annonce et la préparation by Giuseppe Alberigo Review by: Jean-Dominique Durand Archives de sciences sociales des religions, 43e Année, No. 102 (Apr. - Jun., 1998), pp. 39-41 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30129263 . Accessed: 12/06/2014 21:40 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.78.43 on Thu, 12 Jun 2014 21:40:48 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Histoire du concile Vatican II 1959-1965. I: Le catholicisme vers une nouvelle époque. L'annonce et la préparationby Giuseppe Alberigo

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Histoire du concile Vatican II 1959-1965. I: Le catholicisme vers une nouvelle époque. L'annonceet la préparation by Giuseppe AlberigoReview by: Jean-Dominique DurandArchives de sciences sociales des religions, 43e Année, No. 102 (Apr. - Jun., 1998), pp. 39-41Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30129263 .

Accessed: 12/06/2014 21:40

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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

I. - COMPTES REND US D'OUVRAGES

102.1 ALBERIGO (Giuseppe), 6d. Histoire du concile Vatican II 1959-1965. I - Le catholicisme vers une nouvelle 6poque. L'annonce et la preparation. (version fran- gaise sous la direction d'Etienne Fouilloux), Paris, Cerf, 1997, 575 p. (index).

L'historiographie sur le concile Vatican II est d'ores et d6ji extraordinairement vaste, de- puis le travail pionnier de Philippe Levillain sur La Micanique politique de Vatican II, pu- bli6 par Beauchesne en 1975, jusqu', l'entre- prise dirig6e par G.A. en passant par de nombreux colloques - certains d'entre eux ont marqu6 des 6tapes importantes comme celui de l'Ecole Franqaise de Rome de 1986 (Le deuxieme concile du Vatican (1959-1965), Rome, 1989) - et par des syntheses aux qua- litds il est vrai in6gales. Parmi ces dernibres il convient de faire une place particuliare a celle trbs remarquable de Roger Aubert dans l'ouvrage dirig6 par Maurilio Guasco et Fran- cesco Traniello, La Chiesa del Vaticano II, vol. 25 de l'Histoire de l'Eglise initi6e jadis par A. Fliche et V. Martin,,prolong6e jusqu'a nos jours en Italie par les Editions Paoline.

Au sein de cette historiographie abondante campe d6sormais sur un point culminant l'His- toire du concile Vatican II, dirig6e par G. A. dont deux volumes ont deja 6t6 6dit6s en italien.

L'importance et I'originalit6 de l'entreprise viennent de la m6thode fondamentale utilis6e : une d6marche d'approche r6solument interna- tionale et interconfessionnelle, avec la consti- tution d'un Comite editorial compos6 de cinquante-et-un chercheurs de dix-neuf natio- nalit6s diff6rentes.

Le tout est pilot6 par le Professeur G. A. et l'Istituto per le Scienze religiose de Bologne, fond6 par Giuseppe Dossetti. Le caractbre in- ternational de cette oeuvre hors du commun se

traduit par sa publication quasi simultan6e en six langues : allemand, anglais, espagnol, fran- gais, italien, portugais.

L'originalit6 de la d6marche tient aussi au fait que G. A. et son 6quipe ont avanc6 depuis 1988, peu a peu, par cercles concentriques et par d6multiplication des 6nergies, en associant de nombreux jeunes chercheurs, avec, pour fruits, de nombreux articles publi6s dans des revues, dans des Actes de colloques, dans di- vers ouvrages collectifs. Ce premier volume a pour sous-titre Le catholicisme vers une nou- velle dpoque (je prff'ere pour ma part le mot italien de stagione, plus 6vocateur). Id couvre la p~riode qui va du 25 janvier 1959, date de l'annonce du concile par le nouveau pape, 61u seulement trois mois auparavant, au 11 octobre 1962, date de son ouverture. Les quatre vo- lumes suivants sont consacr6s a chacune des p6riodes de travail, dans leur succession chro- nologique.

I1 est partag6 en cinq chapitres. Apras l'in- troduction oji il situe l'ouvrage, G. A. traite de l'annonce du concile et de sa r6ception, a tra- vers les r6actions dans l'Eglise catholique, dans les autres confessions, dans les opinions publiques; la question fondamentale est po- s6e : quel type de concile le pape souhaitait-il ? Etienne Fouilloux a en charge la premibre phase dite ant6pr6paratoire, 1959-1960, propo- sant une fine analyse des r6sultats de la consul- tation des 6v~ques, des Congr6gations romaines, des Universit6s pontificales. Joseph A. Komonchak, de l'Universit6 catholique de Washington, consacre sa trbs longue contribu- tion a la deuxibme phase de pr6paration, dite pr6paratoire, en ne laissant aucun d6tail dans I'ombre. Jos6 Oscar Beozzo, de Sao Paulo, re- place ensuite cette preparation du concile dans ce qu'il appelle < le climat ext6rieur >>, a savoir les m6dias, I'Eglise catholique dans sa diver-

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

sit6, les Eglises chr6tiennes mais aussi l'islam et le judaisme. Klaus Wittstadt, de Wurtzbourg, pr6sente la pr6paration imm6diate du concile, de l'envoi des premiers sch6mas aux pbres conciliaires h la nomination des experts et a l'organisation de l'information, sans oublier le poids des contraintes matdrielles (sans n6gliger la construction d'installations sanitaires) d'une organisation logistique complexe. L'ensemble s'achbve sur les conclusions de G. A. et par l'index des noms de personnes (notons que par rapport a l'6dition italienne, I'index th~matique a disparu... Les 6diteurs frangais sont incorri- gibles !). On retrouve dans cette structure la di- mension internationale de l'entreprise et la remarquable attention au monde qui la carac- t6risent. Quelques problimes de traduction se posent; il manque une coordination de la tra- duction des textes originaux qui pr6sentent des variantes d'un bout a l'autre du livre; la for- mule typiquement italienne Papa Giovanni, prend en frangais avec Pape Jean, une conno- tation hagiographique d'autant plus forte qu'elle revient tris fr6quemment; la traduction exige une trbs grande rigueur: ainsi le texte en italien de Komonchak 6voque-t-il la grande visione que Jean XXIII avait du concile, cela devient en frangais une vision grandiose, ce qui force quelque peu le propos (mais il fau- drait voir son texte en anglais...).

Cette Histoire du concile oblige h s'arreter sur la personnalit6 de Jean XXIII. On peut 6prouver a la lecture de ce livre, a travers la question du concile, de la fascination pour le personnage, pour sa complexit6. Une question en r6sume bien d'autres: <<Qui est cet homme ? >>. On parle a plusieurs reprises dans le livre d'un <<mystare>> Jean XXIII, de ses ambiguit6s. Qu'a-t-il voulu faire? L'homme est d6routant et se laisse peu r6duire a des ca- t6gories simples.

Etienne Fouilloux rappelle que cette l61ection fut tras mal v6cue par <l'aile marchante de la catholicit6 >>, qui eut alors un fort sentiment de blocage, d'6touffement.

Or, a peine 61u pape, en 1958, a 77 ans, Jean XXIII surprit en prenant deux mesures fonda- mentales par ses cons6quences: a la fin de 1958, il compl6ta le Sacr6 Collage, et cr6a car- dinal l'archeveque de Milan, Mgr Montini, lui ouvrant ainsi tras vite, au lendemain de sa pro- pre 61ection, la voie du pontificat; quelques se- maines plus tard, a la fin du mois de janvier 1959, il convoquait un concile. C'6tait aun geste de tranquille audace>> crivit Mgr Glo- rieux dans La Croix, un aclair de lumiare c6- leste>> dit-il lui-mame, mais aussi <une illumination impr6vue>> dit encore le pape en 1962. Mais a-t-il eu conscience de la contra-

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diction entre cet acte ravolutionnaire, sa for- mation et son action antarieures ? Cette ques- tion court implicitement tout au long des phases pr6paratoire et ant6pr6paratoire.

Deux 616lments cl6s sont a souligner. Ce pape, mis en place par l'appareil romain dont les m6thodes de fonctionnement 6taient pe- santes et ferm6es, d6cida que la consultation des 6vaques se ferait librement, et non sur la base d'un questionnaire 6troitement ficel6.

Une libert6 de parole nouvelle 6tait donn6e, dont beaucoup d'6v~ques ne prirent conscience que peu a peu; certains, aux r6ponses conve- nues, devaient se r6v61ler par la suite fort actifs et jouer un r61e important dans le concile. Cette observation ramane a la question de sa- voir ce que le pape avait voulu faire. Avait-il dis le d6part une id6e pr6cise de l'orientation que ce concile devrait prendre ? Son choix de renoncer a encadrer les r6ponses des 6vaques tendrait a confirmer son id6e d'un concile pas- toral s'appuyant sur les 6vaques a travers le monde. Il y avait bien dans ce choix une in- tuition fondamentale.

La deuxiame d6cision fondamentale est la cr6ation du Secr6tariat pour l'unit6 des chr6- tiens, confi6 a Agostino Bea. Au contraire des autres Commissions pr6paratoires qui corres- pondaient chacune a un dicastare romain, ce secr6tariat b6n6ficia d'une libert6 de langage et de pens6e du fait que les aRomains>> y 6taient peu repr6sent6s, et qu'il ne comptait pas de repr6sentant du Saint-Office.

Pourtant, dans le mame temps, Jean XXIII laissa faire sur bien des points la Curie, no- tamment le cardinal Ottaviani et le Saint-Of- fice, qui contr6lait la plupart des dix Commissions pr6paratoires, en particulier la Commission de thaologie, jug6e strat6gique. Le pape prit mame des positions tras conser- vatrices, sur la question sensible du latin par exemple. Mais il percevait aussi que l'Eglise n'allait pas bien, qu'il y avait une coupure croissante entre Rome et le reste du corps ec- cl6sial, qu'il fallait faire quelque chose, qui ne fit pas un simple ravalement, mais un vrai ag- giornamento.

La pr6paration du concile s'est inscrite au ceur d'un quadrilatare aux angles constituas par le pape, la Curie, les pares conciliaires et l'opinion publique. D'une contribution a l'au- tre, tout le livre rend compte de ce jeu a quatre, tras complexe. L'analyse doit prater une grande attention a la chronologie dans la mesure oii I'on a une longue pariode de pr6paration - pras de quatre ans -, plus longue, rappelle G. A., que la dur6e du concile lui-mame. Les enjeux se sont vite d6couverts.

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I1 convenait d'abord de contr61er la pr6pa- ration elle-m~me. La Curie entendait bien ne rien laisser au hasard et avoir la pleine maitrise de la mise en oeuvre du concile, pensant ainsi en dominer par la suite le d6roulement, en lui donnant une connotation doctrinale forte, faite de d6finitions et de condamnations. Elle a r6us- si fort bien dans cette phase de mise sous contr61e de la pr6paration, sur trois plans no- tamment.

La consultation des 6v~ques s'est faite en leur laissant une grande libert6 de r6action, mais bien peu en ont profit6; on pergoit ici un premier type de contr6le : l'autocensure pr6a- lable, la difficult6 de secouer une longue tra- dition de centralisme. Ii y en eut un second: le corpus consid6rable de plus de 2 000 docu- ments requs A Rome fut r6sum6 en une syn- thbse de 18 pages, qui ne pouvait retenir des propositions sp6cifiques, mais qui accentuait les tendances conservatrices, l'objectif 6tant de conjurer les r6percussions impr6visibles.

La mise en place des Commissions pr6para- toires fit l'objet 6galement d'un soin particu- lier. Elles correspondaient aux diff6rents dicastbres, et, A deux exceptions pros, leurs pr6sidents furent les pr6fets des Congr6gations correspondantes; elles ont 6t6 peupl6es de < Romains >>, issus de la Curie ou des Univer- sit6s pontificales; une Commission centrale remettait aux diff6rentes Commissions prdpa- ratoires des quaestiones orientant leurs tra- vaux.

Le troisibme 616ment du dispositif 6tait le secret des dl6ib6rations, d'autant plus efficace qu'aucun laic ne fut admis A si6ger dans l'une ou l'autre des Commissions pr6paratoires.

La machine romaine semblait done devoir bien fonctionner. Et pourtant, on le sait, elle s'est gripp6e. Pourquoi ?

Le pape a troubl6 incontestablement le jeu. Non pas qu'il s'opposait A la Curie, mais son style personnel, en rupture avec le hidratisme de son pr6d6cesseur, avait introduit A travers un dialogue pastoral direct un 616ment radica- lement neuf.

La machine romaine s'est gripp6e aussi parce que l'annonce du concile avait suscit6 une formidable attente, un formidable espoir, chez les fiddles, chez les 6v~ques, et m~me chez les chr6tiens s6par6s et dans les Eglises orientales. Il y avait aussi dans cette opinion publique bien du scepticisme : Rome 6tait-elle r6formable ? L'attente n'en 6tait que plus forte. Le secret pesait, on ne savait pas bien ce qui se passait A Rome en ces ann6es 1960, 1961, 1962. Mais des 616ments pergaient toujours. De ce fait on ne peut que regretter que ce livre si

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

riche, si complet sur bien des points, repose sur un point de vue trbs romain: que se pas- sait-il dans les dioceses ? Comment pr6parait- on, comment se pr6parait-on au concile ? Des 6v~ques r6sidentiels, on l'a vu, se sont inqui6- t6s des orientations prises. Mais quelle a 6t6 leur 6volution? Comment leur prise de conscience se fit-elle? Dans un monde que l'information tendait A r6tr6cir toujours plus, quel a 6t6 le poids des m6dias ? G. A. souligne en conclusion qu'A c8t6 d'une gestation insti- tutionnelle secrete, concentr6e A Rome, il y eut bien une autre gestation, parallble, informelle, diffuse, spontan6e, avec de nombreux protago- nistes anonymes, ce qui explique les grandes difficult6s que rencontrent les historiens pour la cerner.

Finalement, I'histoire de la pr6paration du concile est rassurante pour l'esprit humain. Elle montre combien l'histoire est ambivalente et complexe. Rien n'est jamais donn6 A l'a- vance, elle a plus d'une ruse dans son sac. Nous avons ici une formidable legon, qui ouvre sur la science politique, sur les limites des stra- t6gies politiques bien rod6es. Dbs l'envoi aux 6vfques, dans l'6td 1962, des sept premiers sch6mas (sur les 70 qui avaient 6t6 pr6par6s), des reactions furent vives: pour le cardinal Gerlier, la contradiction entre ces textes et les attentes du concile 6tait manifeste; I'6veque de Namur se plut A rappeler que le concile n'6tait pas le Saint-Office.

C'est 1l l'un des paradoxes de la phase pr6- paratoire : les phres conciliaires allaient refuser de se reconnaitre dans les textes qu'on leur avait pr6par6s, le concile allait recommencer A zero.

Jean-Dominique Durand.

102.2 BARKUN (Michael).

Religion and Racist Right. The Origins of the Christian Identity Movement. Chapel Hill (N.C.), University of North Carolina Press, 1997 (6dition r6vis6e), XV-220 p. (in- dex).

A la suite de l'attentat d'Oklahoma City, en avril 1995, M. B., professeur de sciences po- litiques A l'Universit6 de Syracuse, propose ici une version compl6t6e d'un ouvrage qu'il avait publi6 il y a trois ans. Il a retrouv6, en effet, dans cet attentat et dans d'autres 6v6nements r6cents de meme type, la trace de ces groupes qui se r6clament de la droite radicale et reven- diquent une < identit6 chr6tienne >.

Pour comprendre ces groupes, il suggbre de remonter A la fin du XIXe sidcle, en Angle-

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