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OUSSAMA RIYAD
Impact de l’IL-1 et du TGF- dans la régulation du
KGF-1 par les fibroblastes : importance dans
l’asthme.
Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université Laval
Dans le cadre du programme de maitrise en Médecine Expérimentale
pour l’obtention du grade de Maitre ès sciences (M.Sc.)
DÉPARTEMENT DE MÉDECINE
FACULTÉ DE MÉDECINE
UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC
2012
© Oussama Riyad, 2012
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=%C3%A0+&source=web&cd=2&ved=0CDYQFjAB&url=http%3A%2F%2Fwww.google.fr%2Fabout%2F&ei=I750T_neMcqChQf3nuylBQ&usg=AFQjCNGhftriGOJ7wK8S1COcd8FpRtYtlw&cad=rja
Résumé
Le maintien de l’intégrité et de l’homéostasie tissulaire se fait via une régulation et une
interaction continue entre les cellules qui constituent le réseau tissulaire. La compréhension
des mécanismes cellulaires et moléculaires qui régissent ces interactions à l’état normal ou
pathologique est essentielle. Dans l’asthme, la fonction des cellules épithéliales bronchique
peut être régulée par les fibroblastes adjacents via des voies autocrines et paracrines. Ceci
constitue l’unité trophique. Cette unité est réactivée dans l’asthme. Cette réactivation serait
impliquée dans le remaniement de la structure bronchique. L’objectif de ce projet était
d’étudier les mécanismes impliqués dans ces changements. Notre hypothèse était que dans
l’asthme, les changements dans la fonction et le phénotype des fibroblastes maintiennent
l’altération de la fonction épithéliale. Plus spécifiquement l’équilibre entre le tandem KGF-
1/TGF- constitue un facteur important dans le maintien de l’homéostasie épithéliale dans la
bronche et la rupture de cet équilibre est un facteur déterminant dans le remodelage
bronchique observé dans l’asthme. Le but de mon étude était d’évaluer la régulation du KGF-
1 par le couple IL1-/ TGF- dans les fibroblastes bronchique provenant de sujet asthmatique
léger et de sujet contrôle sain.
Oussama Riyad
Candidat M. Sc.
Jamila Chakir Ph.D.
Directrice de recherche
TABLE DES MATIERES
Page
Résumé……………………………………………………………………………………...II
Table des matières………………………………………………………………………….III
Liste des figures……………………………………………………………………………IV
Liste des tableaux………………………………………………………………………….VI
Liste des abréviations……………………………………………………………………..VII
Chapitre 1 : Introduction
1. Généralités sur l’asthme…………………………………………………………...2
2. Asthme et inflammation allergique………………………………………………..7
3. Asthme et remodelage bronchique……………………………………………….10
4. Rôle de l’épithélium bronchique dans l’asthme………………………………….13
5. Rôle des fibroblastes bronchique dans l’asthme…………………………………15
6. Notion d’unité trophique epithelium-mesenchyme………………………………17
7. Facteurs de croissances…………………………………………………………..19
7.1. Facteur de croissance transformant (TGF-…………………………………. 19
7.2 La famille des FGF et FGFR…………………………………………………...24
7.2.1. Facteur de croissance des Kératinocytes (KGF-1) : FGF-7………………….27
7.2.1 Fonctions du KGF-1………………………………………………………….29
7.2.3. Etudes de souris KO pour le KGF-1 et le KGFR……………………………30
8. Les Cytokines…………………………………………………………………….31
8.1. L’interleukine 1 :
(IL1 )……………………………………………………..31
9. Modulation du KGF-1…………………………………………………………...35
9.1. Effet du TGF-………………………………………………………………...35
9.2. Effet des Protéines de la matrice extracellulaire……………………………….37
9.3. Rôle de l’ miRNA-155………………………………………………………....39
Chapitre 2 : Hypothèses et objectifs de l’étude……………………………………………40
Chapitre 3 : Matériels et méthodes………………………………………………………...44
1. Culture des fibroblastes bronchiques……………………………………………..45
2. Extraction et dosage des ARNs…………………………………………………..45
3. Reverse Transcriptase Polymérase Chain Réaction (RT-PCR)…………………..46
4. Polymérase Chain Réaction en temps réel (PCRtr)………………………………46
5. Enzyme Linked Immunosorbent Assay (Elisa)…………………………………..48
6. Analyses statistiques……………………………………………………………...48
Chapitre 4 : Résultats……………………………………………………………………….49
1- Expression de l’ARNm du KGF-1 dans les fibroblastes………………………………….50
2- Expression de la protéine du KGF-1 dans les fibroblastes………………………………..51
3-Effet de l’IL-1 sur l’expression de l’ARNm du KGF-1 dans les fibroblastes……………52
4- Expression du récepteur activateur de l’IL-1 dans les fibroblastes………………………54
5- Effet de l’IL-1 sur l’expression de la protéine du KGF-1 dans les fibroblastes…………55
6- Effet du TGF-sur l’expression de l’ARNm du KGF-1 dans les fibroblastes…………...57
7- Effet du TGF- sur l’expression de l’ARNm de l’IL1R1 dans les fibroblastes…………..59
8- Effet du TGF- sur l’expression de l’ARNm de l’IL1R1 dans les fibroblastes…………..60
9- Effet du TGF-sur l’expression de l’ARNm de l’IL-1 dans les fibroblastes……………62
Chapitre 5 : Discussion……………………………………………………………………...63
Références …………………………………………………………………………………..69
LISTE DES FIGURES
Page
Figure 1 : sections histologiques de muqueuses bronchiques normales et asthmatiques……..4
Figure 2 : Facteurs influençant l’équilibre entre une réponse immunitaire Type Th1 ou Th2..8
Figure 3 : Caractéristiques histopathologiques du remodelage bronchique dans l’asthme….11
Figure 4: l’interaction bidirectionnelle entre l’épithélium bronchique et les cellules du
Mésenchyme……………………………………………………………………….18
Figure 5 : Effet pleotropique du TGF-
Figure 6 : Voie de signalisation du TGF-…………………………………………………..22
Figure 7 : schéma représentant la structure des FGFRs……………………………………..25
Figure 8 : Epissage alternatif responsable de la création des isoforms
FGFRIIIb et FGFRIIIc……………………………………………………………28
Figure 9 : voie de signalisation de l’IL1
Figure 10 : Régulation de l’activité de l’IL1 par l’IL1Ra, l’IL1R2 et par l’association de
l’ILR2 et l’IL1RAcP…………………………………………………………… 34
Figure 11 : l’interaction bidirectionnelle de l’unité trophique epithelio-mesenchymale
au niveau de la peau………………….. ………………………………………... 36
Figure 12 : le mode d’action de la protéine FGFBP…………………..…………………......38
Figure 13 : séquences des amorces utilisées pour les RT-PCR……………………………...47
Figure 14 : Expression du KGF-1 (ARNm) dans les fibroblastes bronchiques……………...50
Figure 15 : Expression du KGF-1 (Protéine) dans les fibroblastes bronchiques…………….51
Figure 16: Effet de l’IL-1 sur l’expression du KGF-1 (ARNm) dans les fibroblastes……..53
Figure 17: Expression de l’IL1R1 (ARNm) dans les fibroblastes bronchiques……………..54
Figure 18 : Effet de l’IL-1 sur l’expression de la protéine du KGF-1……………………..56
Figure 19: Effet du TGF- sur l’expression de l’ARNm du KGF-1 ………………………. 58
Figure 20: Effet du TGF- sur l’expression de la protéine du KGF-1 …………………….. 58
Figure 21: Effet du TGF- sur l’expression de l’IL1R1 dans les fibroblastes ……………...59
Figure 22: Expression de l’IL1RA/IL1R2 (ARNm) dans les fibroblastes ………………….61
Figure 23: Effet du TGF- sur l’expression de l’IL1RA dans les fibroblastes ……………..61
Figure 24: Effet du TGF- sur l’expression de l’IL-1 dans les fibroblastes ………………62
Liste des TABLEAUX
Page
Tableau 1 : Prévalence de l'asthme chez les enfants âgés de 0 à 11 ans……………………...3
LISTE DES ABBREVIATIONS
ADN : Acide désoxyribonucléique
ADNc : Acide désoxyribonucléique complémentaire
ARN : Acide ribonucléique
ARNm : Acide ribonucléique messager
AP-1 : Activateur de protéines
BMP : Bone morphogenetic protein
DMEM : Dulbecco’s Modified Eagle Medium
dNTP : Désoxyribonucléotide triphosphate
ECM : Matrice extracellulaire
ECP : Eosinophil cationic protein
EGF : Epidermal Growth Factor
EGFR : Epidermal growth factor receptor
ELISA : Enzyme-linked Immunosorbent Assay
EMTU : Unité trophique épithélium-mésenchyme
FBS : Fetal Bovine Serum
FEV1 : Forced Expiratory Volume in 1 second
FGF : Fibroblasts Growth Factor
FGF-BP : The Fibroblast Growth Factor-binding Protein
HP : Heparin
GAPDH : Glyceraldéhyde-3-phosphate déshydrogénase
GM-CSF : Granulocyte macrophage-colony stimulating factor
HSPG : Heparan Sulfate Proteoglycan
ICAM-1 : Inter-Cellular Adhesion Molecule 1
Ig : Immunoglobuline
IL-1Interleukine
IL-1Ra : IL-1 Receptor Antagonist
IPF : Idiopathic Pulmonary Fibrosis
IRAK-I : Interleukin-1 receptor-associated kinase 1
kDa : Kilodalton
KGF : Keratinocyte Growth Factor
KO : Knockout
MAPK : Mitogen Activated Protein Kinase
MBP : Eosinophil granule major basic protein
MCP-1 : Monocyte chemotactic protein 1
MMP : Matrice Metalloproteinase
MYD88 : Myeloid differentiation primary response gene (88)
NF-B : Nuclear Factor-B
PAF : Platelet-activating Factor
PDGF-BB : Platelet-derived Growth Factor (polypeptide B-chains)
PGE2 : Prostaglandine E2
PI3K : Phosphoinositide-3 kinase
PKC : Protéine Kinase C
P21 : cyclin-dependent kinase inhibitor 1
RANTES : regulated upon activation, normal T cell expressed and secreted
RIS : RNA-Induced Silencing Complex
RT-PCR : Reverse Transcriptase - polymerase Chain Reaction
STAT : Signal Transducer and Activators of Transcription
TAB2 : TAK1 binding protein 2
TGF- : Transforming growth factor
TIMP : Tissue Inhibitor of Metalloproteinases
TNF : Tumor Necrosis Factor
Tollip : Toll interacting protein
TRAF-6 : TNF receptor associated factor 6
TSLP : Thymic Stromal Lymphopoietin
VCAM-1 : Vascular Cell Adhesion Molecule 1
VEGF : Vascular endothelial growth factor
SMA : α-smooth muscle actin
CHAPITRE 1
INTRODUCTION
1. Généralités sur l’asthme :
L’asthme est une maladie inflammatoire chronique des voix aériennes. Touchant 5 à 10 % de
la population mondiale, cette maladie affecte toutes les classes sociales et tous les pays, à
différents degrés (1)
. Elle est l’une des maladies chroniques les plus courantes au Canada.
L’asthme peut apparaître à tout âge et son évolution peut varier d’une personne à l’autre. La
prévalence de l’asthme ne cesse d’augmenter au Canada, Statistique Canada estimant que
13% des enfants entre 0 à 11 ans ont été diagnostiqués asthmatiques (Tableau 1). Il est
important de souligner que les garçons sont significativement plus susceptibles d’être déclarés
asthmatiques que les filles (16% des garçons versus 11% des filles) (2)
.
La physiopathologie de l’asthme est complexe et encore mal définie, ce qui rend difficile la
prise en charge de cette maladie. Dans l’asthme le désordre de la fonction pulmonaire se
manifeste souvent par (3)
:
1- L’hyperréactivité bronchique entrainant un rétrécissement du diamètre bronchique.
2- La limitation du débit pulmonaire, causée par plusieurs facteurs dont la broncho-
constriction aigüe, l’épaississement de la paroi bronchique, l’augmentation de la
sécrétion du mucus bronchique et le remodelage bronchique (Figure 1).
3- L’augmentation de la toux et de l’oppression thoracique suite à une stimulation
neuronale.
L’intensité, la durée et la fréquence de ces symptômes donnent une idée sur le degré de
sévérité de la maladie.
Les études épidémiologiques montrent que la susceptibilité individuelle à l’asthme est due en
grande partie à l’interaction entre les facteurs génétiques et les facteurs environnementaux (4)
.
D’ailleurs, il existe de nombreux facteurs qui augmentent le risque de développer cette
maladie. Ces facteurs de risque peuvent être classés en trois catégories :
Premièrement, les facteurs de prédisposition regroupant l’atopie, l’influence du sexe et de la
race et les prédispositions génétiques. L’atopie est l’aptitude de certain patient à produire une
quantité anormalement élevé d’anticorps IgE sérique en réponse à une exposition à des
allergènes environnementaux ainsi qu’une réponse exagérée dans les tests d’allergies
cutanées (5)
. Malgré que l’atopie concerne seulement une fraction de sujets asthmatiques elle
représente le facteur le plus important des facteurs prédisposant, en effet la prévalence de
l’asthme augmente avec le taux d’IgE(5)
.
Tableau 1 : Prévalence de l'asthme chez les enfants âgés de 0 à 11 ans, Canada,
territoires non compris, 1994-1995 à 2000-2001. Cette étude fait état d’une hausse
significative de la prévalence des diagnostics d’asthme, mais seulement pour les enfants
présentant des symptômes légers. En dépit de cette augmentation de l’asthme chez les enfants,
la prévalence des crises d’asthme a diminué.
Figure 1 : sections histologiques de muqueuses bronchiques normales (A) et
asthmatiques (B). Comparé aux sujets normaux, les sujets asthmatiques présentent un
épaississement de la membrane basale, une desquamation de l’épithélium bronchique ainsi
qu’une infiltration de cellules inflammatoires. (Busse WW Lemanske RF Jr. 2001. Asthma. N
Engl J Med. 344 :350-62 (5))
Les prédispositions d’ordre génétique (inné) liées à l’interaction de plusieurs gènes situés sur
des chromosomes différents, comme par exemple les gènes des cytokines pro inflammatoires
(IL13) localisés sur le chromosome 5 et les gènes d’atopie sur le chromosome 11(6, 7)
.
Le sexe et la race ont une influence sur l’asthme, en effet l’asthme de l’enfant est plus
fréquent chez les garçons que chez les filles et la prévalence de la maladie est élevée dans
certaines populations que d’autre(8)
.
Deuxièmement, les facteurs causals dont font partie les allergènes inhalés domestiques
(acariens, poils d’animaux) et d’extérieur (pollens, moisissures), la fumée de cigarette
(passive ou active), les polluants atmosphériques et les infections respiratoires.
Troisièmement, les facteurs déclenchant, provoquant l’asthme en induisant une inflammation
bronchique (telles les infections virales) ou une hyperréactivité bronchique (tel l’air froid, les
changements de température).
On distingue différents Types d'asthme : l'asthme allergique, l’asthme non allergique et
l’asthme professionnel.
L’asthme allergique est le type d’asthme le plus fréquent. Il est associé à un déclenchement de
l’inflammation bronchique suite à une réponse aux allergènes environnementaux. L’asthme
non allergique et quand à lui déclenché par de nombreux stimuli comme l'effort (asthme lié à
l’exercice physique), le froid ou encore des médicaments (asthme sensible à l'aspirine).
L’asthme professionnel est caractérisé par une obstruction bronchique causée par des stimuli
spécifiques sensibilisant (isocyanates, désinfectant, formaldéhyde), présents uniquement dans
un environnement professionnel (milieu du travail).
Il existe quatre classes d’asthme basées sur la sévérité des symptômes et l’intensité de
l’inflammation bronchique à l’origine des crises (9)
.
1- L’asthme léger intermittent dont les symptômes sont observés au maximum 2 fois par
semaine avec des sujets ayant un VEMS supérieur ou égale à 80%.
2- L’asthme léger persistant dont les symptômes sont observés plus que deux fois par
semaine mais moins d’une fois par jour. Affectant ainsi l’activité et la qualité du
sommeil des patients ou Le VEMS est entre 60 et 80%.
3- L’asthme modéré persistant dont les symptômes sont observés plus d’une fois par jour.
4- L’asthme sévère persistant dont les symptômes sont permanents avec des aggravations
fréquentes. L’activité physique de ses sujets est limitée et ils ont un VEMS inferieur à
60%.
2. Asthme et inflammation allergique :
L’asthme peut être décrit comme un état inflammatoire chronique des voies respiratoires
caractérisé par une infiltration de cellules immunitaires au niveau de la muqueuse
bronchique. Nous trouvons principalement des éosinophiles, des lymphocytes T et des
mastocytes (10)
. Cette inflammation est responsable en partie des dysfonctions pulmonaires
observées dans l’asthme, notamment l’hyperréactivité bronchique, la limitation des voies
respiratoires, ainsi que la présence d’œdème dans les voies respiratoires (11)
.
Suite à une exposition allergique, l’allergène est capté par les cellules dendritiques qui sont
des cellules présentatrices d’antigène. Ces cellules migrent vers les ganglions lymphatiques,
puis présentent l’antigène aux lymphocytes T helper. Sous l’influence du microenvironnement
local qui favorise le développement d’une réponse immunitaire type Th2, ces cellules
s’activeront, se différencieront et sécréteront un ensemble de cytokines et chimiokines, qui
participent directement à la propagation de l’inflammation observée dans l’asthme. Des
études ont montré l’existence accrue de cytokines et chimiokines dans le lavage broncho
alvéolaires de sujets asthmatiques (12)
. Ces derniers montrent également une forte
concentration de cytokines type Th2 tels que l’interleukine -4, -5, -6 et -13 par apport aux
cytokines type Th1 tels l’interféron-Y et l’IL-2 (13)
. Ce déséquilibre dans la balance entre les
lymphocytes Th1 et Th2 aurait un rôle clé dans le développement de l’asthme (Figure 2). En
effet, l’ensemble des cytokines et chimiokines libérées par les lymphocytes Th2 sont
impliquées dans l’activation et le recrutement des éosinophiles, ainsi que la production des
anticorps IgE par les lymphocytes B (14, 15)
. En effet la sécrétion de l’IL-5 stimule la libération
des éosinophiles dans la circulation et prolongent leur survies. D’ailleurs il y a une corrélation
directe entre la concentration d’IL-5 et le degré des éosinophiles dans les voies respiratoires
en réponse à un allergène (16)
. La sécrétion de chimiokines, comme RANTES (la chimiokine
régulé à l'activation des cellules T normales exprimées et sécrétées) et l’éotaxins ont un rôle
clé dans la délivrance des éosinophiles au niveau des voies respiratoires dans l’asthme (17)
. La
production d’IgE dépend également de l’activation des Lymphocytes B par l’IL-4 et l’IL-
13(18)
.
Les éosinophiles jouent un rôle très important dans la physiopathologie de l’asthme, car ils
sont présents dans le liquide broncho alvéolaire de sujets asthmatiques. De plus, il y a une
corrélation entre leur nombre et la sévérité de la maladie (19)
. Les éosinophiles sont des
cellules dont le cytoplasme contient des granules remplis de protéines toxiques comme par
exemple la protéine basique Majeure (MBP) et la protéine cationique (ECP) (20)
. Les
Figure 2 : Facteurs influençant l’équilibre entre une réponse immunitaire de Type Th1
ou Th2. La théorie de l’hygiène stipule qu’une faible activation du système immunitaire
pendant les premières années de la vie mènerait à une déviation de la réponse immunitaire
vers un profil type Th2, et au développement de l’asthme. (Busse WW Lemanske RF Jr. 2001.
Asthma. N Engl J Med. 344 :350-62 (5))
éosinophiles libèrent également des enzymes et des radicaux libres ainsi que le leucotriene C4
et le facteur activant les plaquettes (PAF) (21)
. Suite à leur libération, ces médiateurs sont
responsables des différentes lésions de l’épithélium bronchique qui précipite la desquamation
des cellules épithéliales observée dans les biopsies bronchiques de sujets asthmatiques (22)
.
Les produits secrétés par les éosinophiles (leucotriene C4) sont également responsables de
l’activation et la contraction du muscle lisse bronchique (23)
.
Une étude a montré que le fait d’utiliser des anticorps anti-IL5, afin de bloquer le recrutement
des éosinophiles au niveau des voies aériennes, induit une diminution d’éosinophiles, de la
production de protéines de la matrice extracellulaire (24)
.
Le recrutement et l’infiltration des cellules inflammatoires, plus particulièrement les
éosinophiles et les lymphocytes T, semblent jouer un rôle clé dans la pathophysiologie de
l’asthme en provoquant la propagation de l’état inflammatoire ainsi que les lésions de
l’épithélium bronchique observées dans l’asthme.
3. Asthme et remodelage bronchique :
En plus du processus inflammatoire, l’asthme est souvent accompagné d’un ensemble de
changement morphologique qu’on appelle remodelage bronchique (25, 26)
. L’analyse histo-
pathologique de biopsies bronchiques effectuées sur des personnes souffrant d’asthme, montre
plusieurs éléments caractéristiques (Figure 3) : la desquamation de l'épithélium bronchique,
l'épaississement de la membrane basale, l'hypertrophie et l'hyperplasie des cellules
musculaires lisses, le dépôt de protéines de la matrice extracellulaire notamment le collagène
I, III et V, la ténascine et la fibronectine au niveau de la membrane basale (accompagnée
d’une fibrose sous-épithéliale), et l’hyperplasie des myo-fibroblastes et des fibroblastes (26)
.
Ce remodelage a été considéré comme étant le produit d’un état inflammatoire persistant des
voies aériennes. Cependant, il a été observé dans la morphogenèse du poumon pendant le
développement fœtal et également pendant la réparation des dommages de l’épithélium
bronchique causés par différents facteurs tels les virus, les allergènes à activité protéolytique,
la fumée de cigarette et les produits chimiques) (27)
. De plus, plusieurs équipes ont révélé la
présence d’une restructuration et d’un remodelage des tissus avant même l’apparition des
symptômes de l’asthme sur des biopsies bronchiques de jeunes enfants (28)
. Ce qui pourrait
indiquer que ce processus commence à un stade précoce du développement de la maladie et
qu’il pourrait être impliqué dans l’établissement et le maintien de l’inflammation.
Il a été proposé qu’un déséquilibre dans les processus qui contrôlent la survie, la prolifération
et l’apoptose des cellules impliquées dans le remodelage bronchique (notamment les
éosinophiles, les cellules épithéliales, les cellules musculaires lisses et les fibroblastes) puisse
favoriser le maintien de cet état de remodelage dans l’asthme (29)
. En effet, un excès
d’apoptose, associé à un défaut de prolifération des cellules épithéliales bronchiques, pourrait
favoriser un déficit de réparation épithéliale, ce qui provoquerait une absence de protection
des tissus sous épithéliales, induisant par la suite des lésions tissulaires et un état
inflammatoire. A l’inverse une réponse proliférative importante, associée à un défaut
d’apoptose en l’occurrence des fibroblastes et des cellules musculaires lisses, pourrait être à
l’origine de la fibrose sous-épithéliale et l’hyperplasie des cellules musculaires lisses(30)
.
Figure 3 : Caractéristiques histopathologiques du remodelage bronchique dans
l’asthme. En (A) biopsie effectuée sur le sujet sain, on note que l’épithélium est intact,
absence d’infiltrat de cellules inflammatoires au niveau de la muqueuse bronchique, absence
de fibrose sous-épithéliale. Sur les biopsies bronchiques de patients asthmatiques (B-E), on
note des lésions au niveau de l’épithélium ainsi qu’un épaississement de la membrane basale.
On note également une hypertrophie et hyperplasie des cellules musculaires, et une infiltration
de la muqueuse bronchique par les cellules inflammatoires, les fibroblastes et les
myofibroblastes source de collagène. (Laurent Benayoun et Marina Pretolani. Le remodelage
bronchique dans l’asthme : mécanismes et enjeux thérapeutiques. Médecine sciences, vol. 19,
n° 3, 2003, p. 319-326)
Deux interventions récentes ont montré que l’utilisation des corticostéroïdes (CS) inhalés chez
des enfants n’a pas d’effet ni sur l’épaississement de la membrane basale ni sur le déclin de la
fonction respiratoire chez ces dernier (31, 32)
. De plus l’utilisation de doses élevées de
fluticasone pendant 8 semaines réduit l'inflammation bronchique, mais n’a pas d’effet sur le
dépôt de collagène sous-épithélial (33)
. La prise de CS par voie orale n'a pas diminué le facteur
de croissance transformant (TGF-) et les collagènes de types I et III dans l'asthme modéré et
sévère (34)
.
Cependant d’autres études montrent que les CS ont un effet antiprolifératifs sur le muscle
lisse (ASM) (35)
ainsi qu’un effet anti-apoptotique sur les cellules épithéliales issus de sujet
asthmatiques (36)
et suggèrent un effet sur la fibrose sous épithéliales (37)
. La contradiction de
ces résultats serrait probablement lié à la variation de la dose des CS utilisée ainsi qu’à la
variabilité de la durée du traitement. Toute fois la dose des CS ne peut pas expliquer
l’ambivalence de ces études, en effet il existe des patients asthmatiques qui sont cliniquement
insensibles au traitement (38)
malgré l’utilisation de forte dose de CS.
Le fait de considérer le remodelage bronchique comme un processus indépendant, non
secondaire à l’inflammation bronchique expliquerait les résultats des CS sur la fonction
respiratoire (39)
des patients asthmatiques.
Suite aux faibles preuves de l’effet thérapeutiques des Corticostéroïdes sur le processus
déterminant la progression de l’asthme d’un état initiale intermittent vers un état chronique,
les CS sont donc utilisés comme thérapie contre l’état inflammatoire, leur utilisation
prolongée supprime les symptômes liés à l’inflammation.
D’ailleurs jusqu'à présent il n’y a pas de traitement ou de médication efficace afin de prévenir
ou renverser le remodelage bronchique.
4. Rôle de l’épithélium bronchique dans l’asthme :
Le dommage de l'épithélium bronchique constitue une des principales caractéristiques patho-
physiologiques de l'asthme (40)
. En effet, l’épithélium normal a une structure stratifiée,
constituée d’une couche de cellules prismatiques (formée de cellules ciliées et sécrétrices) qui
repose sur une couche de cellules basales. L’intégrité de cette structure est maintenue via les
interactions cellule-cellule et cellule-matrice extracellulaire. Cela implique l’intervention de
protéines d’adhésion, des jonctions serrées, des desmosomes et des hemidesmosomes.
L’épithélium assure la protection des muqueuses sous-jacentes de l’environnement externe,
par sécrétion du mucus ou par interaction avec le système immunitaire adaptatif, ou en jouant
un rôle de barrière dynamique, empêchant ainsi l’entrée des virus et des produits toxiques
inhalés (41, 42)
. L’épithélium contribue également au processus de réparation visant à la
reépithélialisation des surfaces bronchiques dénudées suite à une lésion. Ceci est une étape
essentielle à la restauration de l’architecture et la fonction des tissus (43)
. En effet, après le
détachement des cellules épithéliales, ces dernières migrent vers le point de lésion. Pour ce
faire, les cellules épithéliales avoisinant la lésion, libèrent un ensemble de protéines de la
matrice extracellulaire (ex : fibronectine) ainsi qu’un ensemble de facteurs chimiotactiques
pour attirer les cellules épithéliales. Par la suite, les nouvelles cellules adhéreront et
proliféreront grâce à la matrice extracellulaire avoisinant le site de la lésion.
Il est évident que les cellules épithéliales bronchiques sont les premières cellules exposées à
l’allergène inhalé. Suite à cette interaction, les cellules épithéliales seront activées et
participeront à l’induction de la réponse inflammatoire allergique, en libérant un ensemble de
facteurs comme l’IL-1, l’IL-8, l’IL-6, l’IL-5, l’éotaxine et la lymphopoietine stromale
thymique (TSLP) et RANTES (44)
.
Une fois libérés, ces facteurs peuvent favoriser la création d’un microenvironnement local
propice à l’activation des lymphocytes T (Th2). En effet, il a été montré que l’activation
prolongée des cellules épithéliales bronchiques jouait un rôle clé dans la sensibilisation et le
développement d’une réponse immunitaire type Th2. De plus, ces cellules jouent un rôle dans
le maintien de l’inflammation allergique (45)
.
L’épithélium bronchique de sujets asthmatiques présente des cellules épithéliales qui se
détachent en grappes, laissant la couche de cellules basales exposée au milieu externe. Cette
desquamation, liée à un clivage au niveau des desmosomes, est corrélée avec le degré
d’hyperréactivité bronchique (46)
. Montefort et al, a montré une hyperplasie des cellules
sécrétrices du mucus, ce qui contribuerait à l’état d’hypersécrétion du mucus observé dans
l’asthme (47)
. Cet état général des cellules épithéliales pourrait être expliqué par une
fragilisation et une sensibilisation de l’épithélium bronchique asthmatique. Assurément,
l’épithélium issu des sujets asthmatiques montre une perturbation des jonctions serrées et une
diminution d’expression de molécules d’adhésion, expliquant le détachement des cellules et
l’augmentation de perméabilité (démontrée par mesure de la résistance trans-épithéliale) (48)
.
Une sensibilité au stress oxydatif est également observée dans l’épithélium asthmatique, dû à
un défaut dans les voies anti-oxydatives comme celle de la superoxide dismutase (49, 50)
.
Devalia et al, ont montré que les cellules épithéliales asthmatiques sont plus sensibles au
stress oxydatif et plus perméables après exposition aux particules du diesel, sécrétant ainsi
plus de cytokine (IL-8, GM-CSF) comparé aux cellules normales (51)
.
Plusieurs évidences montrent que l’épithélium asthmatique présente des signes d’activation
accrus dans l’asthme, liés à un état de stress, comme le facteur de transcriptions NF-kB, la
voie de STAT-6 et STAT-1 qui jouent des rôles importants dans la voie pro-inflammatoire et
le remodelage bronchique (52, 53)
. Il y a également une augmentation de la translocation
nucléaire de l’inhibiteur du cycle cellulaire le P21waf (qui est corrélé à la sévérité de la
maladie) ainsi qu’une réduction du marqueur de prolifération cellulaire le Ki67 (54)
. Une
augmentation de l’expression de l’EGFR est également observée dans l’épithélium des sujets
asthmatiques (55)
et cette expression corrèle avec la sévérité de la maladie, mais elle n’est pas
modifiée par le traitement aux corticostéroïdes. Cependant, cette expression de l’EGFR n’est
pas liée à un niveau de prolifération des cellules épithéliales in vivo (56)
.
Ces évidences montrent qu’il y a, dans l’asthme, une réparation aberrante de l’épithélium
bronchique suite aux lésions et aux différents cycles de réparation-dommage liés à
l’inflammation. Ce défaut de réparation pourrait être impliqué dans le maintien de
l’inflammation bronchique ainsi que dans l’installation d’un état de remodelage observé dans
l’asthme.
5. Rôle des fibroblastes bronchique dans l’asthme:
Les fibroblastes bronchiques jouent un rôle important dans le poumon. En effet, ils participent
à la génération d’un réseau structural, au processus inflammatoire et au remodelage
bronchique. Ils assurent leurs fonctions en proliférant et en produisant des médiateurs solubles
et des protéines de la matrice extracellulaire (ECM) (57)
. En outre, les fibroblastes sont les
cellules principales responsables de la synthèse et de la régulation de l’ECM. Une
perturbation dans cette fonction provoquer une désorganisation de l’ECM.
Une étude effectuée dans notre laboratoire a montré que les fibroblastes asthmatiques
subissent des altérations fonctionnelles et phénotypiques qui sont conservées même après
plusieurs passages en culture ex vivo. En effet les fibroblastes asthmatiques montrent une
grande capacité à contracter le collagène alors qu’ils ont un faible niveau basal de
prolifération comparé aux fibroblastes issus de sujets sains (58, 59)
.
Par ailleurs, l’une des caractéristiques de l’asthme est le dépôt de collagène (I, III) interstitiel
en dessous de la membrane basale (60)
. Ce dépôt est probablement dû aux fibroblastes activés
qui acquièrent le phénotype des myofibroblastes (61)
. Notons que plusieurs études ont montré
une augmentation de l’activité des myofibroblatses sous la membrane basale (61)
. Ce
phénotype correspond à l’expression de l’actine (SMA) et à l’acquisition du caractère
contractile (propre aux cellules musculaire) par les fibroblastes activés, ce qui favoriserait
l’augmentation de dépôt des protéines de l’ECM (contraction rapide et soutenue des
myofibroblastes). Le traitement d’une culture de fibroblastes avec le TGF- et l’IL4
augmente le niveau d’expression de l’SMA et la synthèse du procollagène III (62)
. Il a été
montré que le nombre de myofibroblaste corrèle avec le degré de la fibrose sous épithéliale
observée dans l’asthme, et que l’augmentation du nombre des myofibroblastes est corrélée
avec l’épaississement de la membrane basale ainsi qu’à une augmentation du collagène 1 et 3
(63,64).
En plus de la synthèse protéique, les fibroblastes asthmatiques dégradent moins le collagène
comparé aux fibroblastes normaux(65)
. Ceci est dû à la baisse de la production de la MMP-2 et
à une augmentation de la production de la TIMP-2 par les fibroblastes asthmatiques. Les
fibroblastes asthmatiques sont également plus sensibles aux facteurs de croissance notamment
le TGF- qui provoque une augmentation de la synthèse du procollagène I chez ces derniers,
par apport aux fibroblastes issus de sujets sains (66)
.
Une étude effectuée dans un modèle d’allergie chez le rat a montré que le recrutement des
fibrocytes CD34+ (expriment l’-SMA et le collagène I) de la circulation vers la membrane
basale des voies respiratoires après exposition à un allergène ce qui pourrait être une
explication à l’augmentation des myofibroblastes dans ces tissus (67)
. De plus une étude sur
des biopsies bronchiques de patients asthmatiques montre une augmentation dans le nombre
de cellules CD34+/SMA
+ et CD34
+/procollagène I
+ 24h
après une stimulation par un
allergène (68)
. Dans l’asthme, les myofibroblastes peuvent être issus à partir des fibroblastes,
grâce à l’effet de stimulation par le TGF-, mais aussi à partir des cellules épithéliales (la
transition épithélium mésenchyme) ou encore à partir des cellules musculaires lisses (69)
.
A part leurs rôles dans le dépôt de protéine de la matrice extracellulaire, les fibroblastes
peuvent également jouer un rôle dans la réaction inflammatoire. En effet, suite à une
stimulation par différents cytokines comme l’IL4, l’IL6 et l’IL13 (libérés par les tissus
bronchiques dans l’asthme), les fibroblastes produiront des facteurs comme l’éotaxine ainsi
que l’expression d’un ensemble de gènes de chimiokine (par exemple MCP-1), capables
d’activer les éosinophiles et de recruter les macrophages ainsi que les basophiles (70)
. Les
fibroblastes sont également capables de produire une grande panoplie de cytokines comme
l’IL8 et le TGF-, des chimiokines et des prostanoïdes par exemple la Prostaglandine E2
(PGE2) qui influenceront le comportement des cellules avoisinantes à la fois inflammatoires et
structurales (71)
.
Grâce à la panoplie de cytokines, protéines et facteurs de croissance libérés, les fibroblastes
participent activement au maintien de l’état inflammatoire. Par conséquent, elles participent à
la fois au recrutement des cellules inflammatoires qui s’infiltrent au niveau de la muqueuse
bronchique, et à l’état de remodelage bronchique observé dans l’asthme.
En résumé, la plupart des études citées ci-dessus montrent que la structure et la fonction des
fibroblastes sont modifiées dans l'asthme. Ceci aurait un effet direct sur le remodelage
bronchique et l’inflammation chronique. Nous pouvons en conclure que les fibroblastes
jouent un rôle clé dans la pathophysiologie de la maladie.
6. Notion d’unité trophique epithelium-mesenchyme:
L'interaction entre cellules épithéliales et fibroblastes sous-jacents joue un rôle important dans
la régulation du développement, de la réparation et de l'homéostasie cellulaire. Il a été montré
que l'épithélium joue un rôle clé dans la coordination de la réponse au dommage (72)
.
En effet suite à une lésion de l’épithélium bronchique, des stimuli sous forme de molécules
pro-inflammatoires, des cytokines et des facteurs de croissance seront libérés et activeront les
cellules du mésenchyme sous-jacent, notamment les fibroblastes. Une fois activé les
fibroblastes proliférerons et se transformerons en myofibroblastes tout en libérant un
ensemble de facteurs de croissance (FGF, KGF, TGF-…) ainsi que des protéines de la
matrice extracellulaire essentiels à la migration et à la prolifération des cellules épithéliales
conduisant à la réparation de l'épithélium bronchique. Tous ces facteurs de croissance sont
impliqués dans le processus de morphogenèse du poumon au cours de l’embryogenèse (73)
, et
jouent un rôle primordial dans ce processus dans ou à la fois les cellules épithéliales et les
celles du mésenchyme sont activées. Cette interaction bidirectionnelle est à la base de l'unité
trophique épithélio-mésenchymale (EMTU) (Figure 4). Des anomalies de l’expression et/ou
de la fonction de ces facteurs et de leurs récepteurs favoriseraient la persistance des lésions
épithéliales, en empêchant le déroulement du processus de réparation menant ainsi à
l’apparition du remodelage bronchique.
Dans l'asthme, cette interaction entre les deux types cellulaires est perturbée; probablement à
cause de l’inflammation et des lésions répétitives subies par l’épithélium. Ainsi, un
fonctionnement anormal de cette unité trophique a été proposé pour jouer un rôle central dans
la pathophysiologie de l’asthme. On parle alors, d’une réactivation de l’EMTU. Deux
hypothèses sont proposées pour expliquer cette réactivation. Soit la EMTU reste active après
la naissance soit elle est réactivée chez les individus prédisposés à l’asthme (74)
.
Figure 4: Schéma représentant l’interaction bidirectionnelle entre l’épithélium
bronchique et les cellules du mésenchyme sous-jacents, notamment les fibroblastes. Les
interactions qui sont à la base de l’unité trophique epithelio-mesenchymale. Adaptée de
‘Stephen T. Holgate, MD, DSc. Epithelium dysfunction in asthma. J Allergy Clin Immunol.
2007;120:1233-44’
7. Facteurs de croissances :
Dans l’asthme, les voies respiratoires montrent des caractéristiques de lésion chronique, à la
suite aux dommages. Un ensemble de médiateurs solubles sera libéré par les cellules
épithéliales bronchiques (en première ligne) puis par les cellules inflammatoires, dans un
microenvironnement local. Ces médiateurs stimulerons les cellules mésenchymateuses, leurs
permettant de participer au processus de réparation cellulaire en libérant un ensemble de
facteurs de croissance (75)
comme par exemple le TGF-, le KGF-1, les FGFs, l’EGF, VEGFs.
Facteurs importants pour le remodelage bronchique et la vascularisation.
Parmi ces facteurs, je m’intéresserais spécifiquement au TGF- et au KGF-1.
7.1. Facteur de croissance transformant ( TGF- :
Le TGF- est un membre de la superfamille des TGF- incluant un large nombre de
cytokines, notamment le TGF- avec ses 5 isoformes (TGF-1, 2,3 qui sont exprimés chez
les mammifères). Les activines et les protéines morphogénétiques osseuses (BMPs) font
également parties de cette superfamille (76)
.
Le TGF-est un facteur de croissance pléïotropique (Figure 5), il contrôle la prolifération, la
différenciation cellulaire, et d'autres fonctions dans la plupart des cellules. Il joue un rôle dans
l'immunité et le cancer. Le TGF-est produit de façon ubiquitaire par de nombreux types
cellulaires (les cellules épithéliales, les cellules mésenchymateuses, les plaquettes, les
mononucléaires phagocytes, les mastocytes et les éosinophiles).
Le TGFest synthétisées sous forme d’un précurseur qui sera clivé dans le trans Golgi avant
sa sécrétion sous forme latente appelée le grand complexe latent du TGF- (LLC) (77)
. Ce
complexe est formé de trois composants: le TGF-β, une glycoprotéine liant le TGF- latent
(LTBP) et un peptide associé à la latence (LAP). La LTBP permet l’interaction avec la
matrice extracellulaire et le LAP inhibe la bio-activité du TGF-
La libération et l’activation de la forme latente sont des évènements clés dans la régulation de
la réponse au TGF-β et nécessite donc l’action de certains enzymes comme la plasmine, les
cathepsines, les glycosidases, les métalloprotéinases matricielles (MMP-2, MMP-9) et la
thrombospondine qui protéolysent la forme latente(79)
.
Figure 5 : Effet pleïotropique du TGF-. Le TGF- est un facteur clé dans l’asthme, il induit
différents effets sur plusieurs types cellulaires. Son effet le plus marquée dans l’asthme est l’induction
de fibrose sous épithéliale. (Makinde T, Murphy RF, Agrawal DK. The regulatory role of TGF- in
airway remodeling in asthma. Immunol Cell Biol. 2007 Jul;85(5):348-56)
Pour induire ses effets, le TGF-peut se lier à trois différents récepteurs transmembranaires
que l’on appelle : TGFRTGFRqui font partie de la famille des récepteurs
sérine/thréonine kinase (80)
En absence de ligand ces récepteurs se trouvent sous forme
d’homodimères à la surface cellulaire. Le TGF-β1 se lie au TGF-βR-II permettant le
recrutement du TGFRcet hétérodimérisation sera à l’origine de latransphosphorylation
du TGFR par le TGF-βR-II. Le récepteur ainsi phosphorylé induira La propagation du
signal jusqu’au noyau via la voie des Smads (81)
(par formation de complexe avec les protéines
Smad 2, Smad 3 et Smad 4).
Ce complexe sera transloqué vers le noyau cellulaire, induisant la régulation d’un ensemble
de gènes par liaison directe avec l’ADN, en recrutant un ensemble de co-activateurs ou co-
répresseurs transcriptionnels. D’autres membres de la famille des Smads, par exemple Smad 6
et Smad 7, jouent un rôle inhibiteur (I-Smad) de la voie de signalisation du TGFen se liant
au récepteur activé, interférant de la sorte avec Smad2 et Smad3 (82)
(Figure 6).
Le TGF-régule la croissance, la différentiation cellulaire, le dépôt de protéines de la matrice
extra cellulaire ainsi que la réparation des tissus (83)
. En outre, le TGF- est capable de
stimuler la croissance et l’activation des fibroblastes en induisant la libération de protéines de
la matrice extracellulaire. Cependant, pour les cellules épithéliales, le TGF- a un effet plutôt
inhibiteur sur la croissance de ces dernières en bloquant les cellules dans la phase G1 du cycle
cellulaire (84, 85)
.
Le TGF-est reconnu pour son double effet sur le système immunitaire. Assurément, le TGF-
est vital pour l’initiation et la résolution de la réponse inflammatoire, grâce à son rôle pro-
inflammatoire et immunosuppresseur (86)
. Le TGF- peut agir comme un ligand
chimiotactique pour les monocytes, les neutrophiles, les lymphocytes T qui libérant un
ensemble de médiateurs inflammatoires comme le TNF et l’IL-1 contribuant à l’amplification
de la réponse inflammatoire.
Figure 6 : Voie de signalisation du TGF-. Le TGF- est secrété sous forme latente complexé
avec la protéine LAP. Son activation nécessite l’intervention de protéases qui va lui permettre de se
lier à son récepteur et d’induire ses effets via la voie des Smad. Le TGF- peut également activer des
voies indépendantes des Smad comme par exemple la voie des MAPK. (Königshoff M, Kneidinger N,
Eickelberg O. TGF- signaling in COPD: deciphering genetic and cellular susceptibilities for future
therapeutic regimen. Swiss Med Wkly. 2009 Oct 3;139(39-40):554-63)
Le TGF- participe également au processus de congestion microvasculaire, processus associé
à l’angiogénèse au niveau des tissus bronchiques. Le TGF- induit son effet en améliorant la
production et la sécrétion de plusieurs facteurs pro-angiogénique y compris le facteur de
croissance vasculaire endothéliale (VEGF) et d’autres facteurs de croissance anti-
angiogéniques (87)
. D’ailleurs une étude a démontrée l’augmentation de vascularisation au
niveau des voies aériennes dans des biopsies bronchiques de patients asthmatiques.
L’intérêt pour le TGF-vient du fait que c’est un facteur clé dans l’asthme, jouant un rôle
important dans la fibrose sous épithéliale (88)
. Le TGF-induit la synthèse du procollagène 1
par les fibroblastes et provoque la transformation des fibroblastes en myofibroblastes, et la
transformation des cellules épithéliales en myofibroblastes (transformation épithéliale
mésenchymale) (89)
.
Minshall et al a démontré qu’il y a une corrélation entre le niveau d’expression du TGF-la
fibrose sous épithéliale et la sévérité de l’asthme (90)
. Aussi, il a été montré que le TGF-peut
inhiber la prolifération des cellules épithéliales par différents mécanismes. Nous avons
démontré que les cellules épithéliales issues de sujets asthmatiques prolifèrent moins
comparées aux cellules contrôles, et que le TGF-voit son niveau de base augmenté dans le
liquide broncho alvéolaire de sujet asthmatique (91, 92)
. De plus, les cellules épithéliales
asthmatiques produisent plus de TGF-1 actif et latent comparées aux contrôles. Nous avons
démontré que le TGF-agit négativement sur la voie de l’EGFR chez ces cellules épithéliales
(92), effet qui pourrait expliquer le défaut de prolifération des cellules épithéliales asthmatiques
même si elles sur expriment l’EGFR.
Il est donc probable qu’un déséquilibre entre les voies prolifératives et les voies anti
prolifératives, comme celles du TGF-pourrait expliquer l'incapacité de l'épithélium
asthmatique à se réparer normalement.
7.2 La famille des FGF et FGFR :
Les facteurs de croissance fibroblastiques (Fibroblast growth factor) sont des facteurs de
croissance polypeptidiques, ayant diverses activités biologiques et divers profiles
d'expressions (93)
. La famille des FGF se compose de 23 membres qui sont désignés de FGF-1
à FGF- 23. Ces membres sont divisés en six sous-familles. La région centrale des FGF se
compose de 120-130 acides aminés qui forment 12 feuillets β antiparallèles flanqués par une
extrémité amino et carboxy-terminale. La variation dans la séquence primaire de l’extrémité
N-terminal et C-terminal des FGF est responsable des différences biologiques entre les
ligands (94)
. Tous les FGFs, sauf les FGF1, FGF2, FGF9, FGF16 et FGF20, ont un peptide
signal. Les FGF9, FGF16 et FGF20 sont sécrétés par la voie de sécrétion classique (réticulum
endoplasmique-Golgi), tandis que les sous familles FGF1 et FGF2 sont sécrétées de façon
alternative.
Les FGF sont exprimés exclusivement durant le développement embryonnaire comme les
FGF- (3, 4, 8, 15, 17, 19), alors que d’autres s’expriment à la fois durant le développement
embryonnaire et dans le tissu adulte comme les FGF- (1, 2, 5-7, 9-14, 16 18 et 20-23) (95)
.
Il a été rapporté que les FGF régulent des processus biologiques complexes comme le
développement embryonnaire, l'angiogénèse, la cicatrisation des plaies, la régénération des
nerfs, l’inflammation chroniques et le cancer (96)
. Ces processus nécessitent la coordination de
plusieurs réponses cellulaires comme par exemple : la prolifération, la migration, l'invasion, et
la différenciation cellulaire. Toutes ces réponses sont induites par l'interaction des FGF avec
leurs récepteurs tyrosine kinase (FGFR), au niveau des cellules cibles.
Il existe quatre classes de FGFR (FGFR-1 à FGFR-4) qui partagent des motifs structuraux
communs (Figure 7). En effet, ils se composent de trois domaines extracellulaires
immunoglobuline-Type (D1-D3), un peptide signal qui permet l’adressage du FGFR à la
surface cellulaire, une région acide, un domaine transmembranaire et un domaine tyrosine
kinase cytoplasmique.
Figure 7 : schéma générale représentant la structure des FGFRs. Incluant les quatre
membres FGFR1, FGFR2, FGFR3 et FGFR4. (Galzie Z, Kinsella AR, Smith JA. Fibroblast
growth factors and their receptors. Biochem Cell Biol. 1997;75(6):669-85)
Les ligands FGF se lient principalement au domaine D2 et D3 des FGFR alors que le domaine
D1 et la région acide ont une fonction auto-inhibitrice (97)
.
Il existe plusieurs isoformes des FGFR, certaines générées par un saut d'exon éliminant le
domaine D1 et / ou la boîte acide dans les FGFR1-FGFR3, d'autres proviennent à la suite
d'épissage alternatif dans la deuxième moitié du domaine D3 des FGFR1-3, ce qui donne à la
fois des isoformes : FGFR-1b, 2b et 3b, et les isoformes FGFR-1c, 2c et 3c. Les isoformes b
sont localisés principalement au niveau des cellules épithéliales alors que les isoformes c sont
présents au niveau des cellules mésenchymateuses (98)
. Chaque FGF se lie et active soit un
FGFR épithélial ou mésenchymal, à l'exception de FGF1, qui active les deux isoformes à la
fois.
Contrairement aux autres facteurs de croissance, les FGF ont généralement une région
chargée positivement liant l'héparine permettant une forte affinité pour l’heparan-sulfate
protéoglycanes (HSPG) (99)
disponible dans la matrice extracellulaire (ECM) et à la surface
cellulaire proche des récepteurs des FGF. La liaison des FGF et HSPG au domaine
extracellulaire du ligand de FGFR induit la dimérisation du récepteur, l'activation et l’auto-
phosphorylation de multiples résidus tyrosine kinase, dans le domaine cytoplasmique du
récepteur, suivie d'une cascade de phosphorylations conduisant à l'activation de plusieurs
voies de signalisation, tels que les MAPK, PI3K, et PKC (99)
.
L'interaction des FGF avec leurs récepteurs est responsable du trafic cellulaire. En effet, la
plupart des FGFs sont importés ou exportés à l’intérieur et à l’extérieur des cellules, et sont
internalisés par endocytose dans le cytoplasme complexés avec leurs récepteurs. Les FGF-
FGFR peuvent translocer dans le noyau cellulaire. L’internalisation et la translocation
nucléaire des récepteurs, semble impliquer des voies de signalisation spécifiques et
différentes, en effet l’endocytose est un mécanisme dépendant des lipid/caveolin (100)
, alors
que la translocation implique la présence d’une séquence de localisation dans le noyau (NLS).
Cette séquence peut contrecarrer le signal peptide de sécrétion et donc promouvoir une
internalisation au lieu d’une sécrétion du FGF. Ce qui est intéressent c’est que la forme
secrété et la forme nucléaire d’un même FGF peut avoir des effets opposé sur la prolifération
cellulaire (101)
.
La plupart des FGFs agissent sur les cellules ciblent de manière autocrine, paracrine et
endocrine (102)
.
7.2.1. Facteur de croissance des kératinocytes (KGF-1) : FGF-7
Parmi plusieurs facteurs libérés par les fibroblastes pulmonaires, le KGF-1 ou FGF7, membre
de la famille des FGF, a été identifié comme facteur mitogène pour de nombreuses cellules
épithéliales d’origines diverses (103)
. Le KGF-1 est exprimé par une large variété de cellules
mésenchymales comme par exemple les fibroblastes dermiques, les cellules endothéliales
vasculaires, les cellules musculaires lisses et les lymphocytes Tγδ activées, alors qu’il n’est
pas exprimé dans les cellules épithéliales (104)
. Son ARNm code pour une protéine pro-KGF
qui est clivée pour former la protéine KGF-1 mature de poids moléculaire avoisinant 26-28
KDa.
Le KGF-1 active spécifiquement sur son récepteur le KGFR, également désigné comme
FGFR2IIIb un des variants d’épissage alternatif du FGFR2 (l’autre isoforme étant le
FGFR2IIIc) (105)
(Figure 8). La spécificité de la liaison du KGF-1 à son récepteur dépend
uniquement de la région d’épissage qui se trouve au niveau de la deuxième moitié du domaine
extracellulaire D3 (domaine semblable aux immunoglobulines) proche du domaine
transmembranaire, qui est régulé de manière tissue spécifique. En effet, le FGFR2IIIb est
présent uniquement au niveau des cellules d’origine épithéliale comme les cellules
épithéliales, les hépatocytes, les kératinocytes, les pneumocytes de type II.
Appart KGF-1, Le KGFR lie le FGF-1, FGF-3, FGF-10 (KGF2) et le FGF22 (106)
.
Il est évident que cette distribution du KGF-1/KGFR2IIIb laisse penser à un mode d’action
paracrin de ce facteur de croissance. Comparé à d’autres FGFs qui peuvent lier plusieurs
FGFRs à la fois sur les cellules épithéliales et les cellules mesenchymales, le KGF-1 est un
facteur unique qui a un rôle important dans la communication épithélium-mésenchyme (107)
,
permettant la régulation de la prolifération et la croissance des cellules épithéliales.
Figure 8 : Epissage alternatif responsable de la création des isoforms FGFRIIIb et
FGFRIIIc. (Eswarakumar VP, Lax I, Schlessinger J. Cellular signaling by fibroblast growth
factor receptors. Cytokine Growth Factor Rev. 2005 Apr;16(2):139-49)
7.2.1 Fonctions du KGF-1:
Le KGF-1 a plusieurs effets sur les cellules épithéliales. Effectivement, son expression durant
le développement embryonnaire de la souris suggère un rôle dans la myogenèse et
l’interaction épithéliale-mésenchyme (108)
. Le KGF-1/KGFR est également impliqué dans la
régulation du branchement pulmonaire (109)
. Il induit la prolifération, la protection et la survie
des cellules épithéliales mais également la prolifération des pneumocytes de type 2 (110, 111)
.
Le KGF-1 a aussi un rôle anti-apoptotique en protégeant les cellules épithéliales pulmonaires
par l’inhibition de l’apoptose médiée par le couple Fas/Fas ligand et par augmentation du
niveau d’expression de Bcl-2 (qui est un médiateur anti-apoptotique) (112)
.
L’induction significative de l’expression d’ARNm du KGF-1 a été observée suite à des
expériences de lésion cutanée. Cette expression est supérieure à ceux d’autres facteurs de
croissance notamment le FGF-1, FGF-2 et le FGF-5 (113)
. La stimulation d’une blessure avec
du KGF-1 accélère la re-épithélialisation et l’épaississement de l’épithélium (114)
.
L’administration du KGF-1 recombinant a un effet cyto-protecteur sur les cellules épithéliales
et augmente la survie dans un modèle animal de fibrose pulmonaire (115, 116)
.
L’expression du KGF est significativement augmentée durant l’inflammation chronique dans
de nombreuses maladies (117, 118)
comme celle de Crohn, le psoriasis et les maladies
parodontales, ce qui suggère que le KGF1 a probablement un rôle dans le maintien d’un état
hyper prolifératif des kératinocytes dans ces maladies. Il a été montré que le prétraitement des
souris avec du KGF-1 réduit le recrutement des neutrophiles au niveau des muqueuses
bronchiques par réduction de l’expression de ICAM-1 VCAM-1 dans les cellules épithéliales
bronchiques (119)
. Le KGF1 pourrait également avoir un rôle au niveau de la régulation des
cytokines inflammatoires, à la fois en modifiant le ratio des cellules Th1/Th2 (120)
.
Toutes ces expériences montrent que le KGF-1 est requis au développement normal, de plus
ce dernier a un important effet au niveau des cellules épithéliales à la fois au niveau de la
réparation des blessures et dans l’inflammation chronique.
7.2.3. Etudes de souris KO pour le KGF-1 et le KGFR:
Les souris déficientes en KGF-1 ne montrent pas de défaut dans la réparation des lésions ni
dans la croissance épidermique mais montrent une réduction au niveau de la croissance
folliculaire (121)
. Alors que les souris déficientes pour le KGFR2IIIb montrent un défaut dans
le développement pulmonaire (122)
. L’utilisation de dominant négatif du KGFR ciblant les
cellules kératinocytes de la peau provoque une atrophie épidermique accompagnée d’un
défaut de re-épithélialisation suite à une blessure (123)
.
Ces résultats montrent que le KGF1 et le KGFR joue un rôle important dans la réparation des
lésions. Le fait d’avoir des phénotypes différents entre les souris déficientes en KGF qui
montrent peu de défaut de fonction par rapport aux souris déficientes pour le KGFR, met en
évidence l’existence d’autres ligands qui compenseront l’effet du KGF-1, comme par exemple
le FGF10.
8. Les cytokines :
Les cytokines sont des médiateurs peptidiques impliqués dans l’inflammation. Elles sont
libérées par un ensemble de cellules notamment les cellules inflammatoires, les lymphocytes,
les neutrophiles, les éosinophiles mais également les cellules épithéliales (124)
. Leurs actions se
font par l’intermédiaire de leurs récepteurs présent sur les cellules cibles en induisant
l’activation des différents facteurs de transcription tels le NF- κB, la voie des STAT et AP1.
Les cytokines ont un mode d’action qui peut être paracrine, endocrine, juxtacrine, ou
autocrine. Elles ont un large spectre d’activité et peuvent avoir une certaine redondance entre
elles. Il est probable que les cytokines jouent un rôle dans la physiopathologie de l’asthme en
régulant l’inflammation chronique des voies aériennes (125)
. Dans mon projet, je m’intéresse
plus spécifiquement à l’interleukine-1 (IL-1
8.1. L’interleukine 1 : (IL-1
L’IL-1 est une cytokine pro-inflammatoire produite par plusieurs types cellulaires
(monocytes, macrophages, lymphocytes B, cellules épithéliales, cellules dendritiques). Sa
sécrétion représente une des premières réactions de l'organisme suite à une agression. Cette
cytokine est produite aux sites inflammatoires et permet la stimulation, la synthèse et la
sécrétion de chimiokines et d'autres cytokines (IL-2, IL-4 et IL-6) par les cellules
environnantes (126)
. L’IL-1 permet l'activation du système immunitaire et la prolifération des
Kératinocytes et des fibroblastes, et induis ces effets en se liant à son récepteur activateur
l’IL-1R1 (127)
(Figure 9).
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L’IL-1 est synthétisé sous forme de protéine mature à partir de son précurseur le pro-IL1
composé 269 acides aminés et de poids moléculaire 31 KDa (128)
. En effet, le précurseur de
l’IL-1 et clivé par une cystéine protéase menant à un fragment de 153 acides aminés qui
correspond à l’IL-1, ce dernier sera exporté dans le milieu extracellulaire (128)
.
Figure 9 : voie de signalisation de l’IL1. (Martin MU, Wesche H. Summary and
comparison of the signaling mechanisms of the Toll/interleukin-1 receptor family. Biochim
Biophys Acta. 2002 Nov 11;1592(3):265-80). L’IL-1se lie à son récepteur activateur l’IL-
1R1 et forme un complexe de signalisation hétérodimèrique avec l’IL-1RAcP. MyD88 et
Tollip viennent s’associer au complexe formé, recrutant par la suite IRAK-1 qui sera
autophosphorylé. IRAK-1 lie une protéine adaptatrice TAB2 et se dissocie du complexe
récepteur. IRAK-1, probablement sous forme de dimère, induit la dimérisation de TRAF6.
Ceci active TRAF6 qui devient ubiquitinylée. Dans cette forme active, TAK1se lie à TAB2 et
est activée par la forme polyubiquitinylé de TRAF6 .Cette autophosphorylation active TAK1,
qui phosphoryle par la suite les kinases en aval de différentes voies de signalisation.
Il existe un antagoniste naturel de l’IL-1 qui s’appelle l’IL-1Ra (129)
, c’est une protéine de 23
KDa qui est secrétée par la voie classique du réticulum-Golgi. L’IL-1Ra possède 26%
d'homologie avec l’IL-1 et il est secrété par plusieurs types cellulaires comme : les
monocytes, les Kératinocytes, les cellules épithéliales, et les fibroblastes (130, 131)
. L’IL-1Ra
agit en liant le récepteur activateur de l’IL-1, et puisqu’il ne possède pas d’activité
signalétique, il bloque ainsi la transmission du message à la cellule (Figure 10).
L’IL-1 peut se lier à deux types de récepteurs de la famille des immunoglobulines, le
récepteur activateur l’IL-1R1 et le récepteur non fonctionnel l’IL-1R2 (récepteur leurre), ainsi
qu’avec une protéine accessoire IL-1RAcP (132, 133)
. L’IL-1R1 a un poids moléculaire de 80
KDa est exprimé par les cellules endothéliales, les cellules musculaires lisses, les cellules
épithéliales, les fibroblastes, les kératinocytes ainsi que les lymphocytes T. L'IL-1R2 est une
glycoprotéine transmembranaire de 68 kDa qui possède un domaine intracellulaire très court
comparé à l'IL-lRl, du coup il ne peut pas transmettre de signal intracellulaire (134, 135)
. L’IL-
1R2 agit comme un régulateur négatif de la réponse à l'IL-l. L’IL-1R2 est exprimé par les
lymphocytes B, les lymphocytes T, les cellules hématopoïétiques, les Kératinocytes, les
cellules endothéliales (136)
.
L’IL-1 induit également l’expression d’une panoplie de gènes impliqués dans
l’inflammation, ce qui participe au maintien et à l’amplification de l’état inflammatoire. Il
induit aussi l’expression de facteurs de croissance comme par exemple le KGF-1, forte
expression d’ARN messager et de la protéine du KGF-1 dans des fibroblastes de différentes
origines (137, 138)
Plusieurs évidences montrent que l’IL-1 contribue directement à la pathologie de l’asthme,
notamment l’augmentation du niveau de base d’IL-1 dans le liquide broncho alvéolaire
(BAL) de sujets asthmatiques (139, 140, 141)
.
Figure 10 : Régulation de l’activité de l’IL1 par l’IL1Ra, l’IL1R2 et par l’association
de l’ILR2 et l’IL1RAcP. (Sims JE, Smith DE. Regulation of interleukin-1 activity is
enhanced by cooperation between the interleukin-1 receptor type II and interleukin-1 receptor
accessory protein. Eur Cytokine Netw. 2003 Apr-Jun;14(2):77-81)
A. IL-1Ra se lie au récepteur activateur et bloque son activation par IL-1 ou IL-1.
B. Le récepteur membranaire non activateur IL-1RII lie IL-1 à forte affinité et neutralise son
activité.
C. Le complexe IL1RII-IL1 peut également lier l’AcP et la rendre moins disponible pour le
récepteur activateur.
D. La forme sécrété d’IL-1RII (sIL-1RII) lie IL-1 à forte affinité et neutralise son activité.
E. sIL-1RII peut former un complexe avec IL-1 et la forme soluble d’AcP (sAcP) et la
rendre moins disponible pour le récepteur activateur.
F. sIL-1RII et sAcP peuvent également lier IL-1 à forte affinité.
9. Modulation du KGF-1 :
Le KGF-1 est modulé positivement par l’IL-1, d’ailleurs une étude a révélé l’existence d’un
défaut de production du KGF-1 au niveau des fibroblastes issus des sujets atteins de la fibrose
pulmonaire idiopathique (IPF) (142)
. En effet ce défaut de production a été corrélé à un
problème dans la voie de signalisation d’IL-1, causé par un déséquilibre dans les facteurs c-
Jun et JunB, facteurs jouant un rôle important dans la régulation du KGF-1 (143)
(Figure 11).
Ce déséquilibre et dû à un défaut d’expression et d’activation de c-Jun, alors que le niveau de
JunB est normal. Sachant que JunB a un rôle inhibiteur de l’expression du KGF-1 alors que
c-Jun a un rôle activateur, un équilibre entre ces deux facteurs est essentiel à une bonne
régulation du KGF-1.
Même si l’IL-1 est un puissant inducteur du KGF-1, il n’est pas le seul régulateur de ce
dernier. En effet, l’inhibition de l’IL-1 ne supprime pas entièrement l’expression du KGF-1
au niveau des fibroblastes. De plus, d’autres facteurs ont la capacité d’induire l’expression du
KGF-1 comme l’hormone parathroid (PTHrP) ainsi que d’autres cytokines (IL-1, PDGF-
BB, IL-6) (144,145)
. Des études ont également montré que les glucocorticoïdes peuvent aussi
réguler négativement l’expression du KGF-1 au cours d’expériences de blessures et de
cicatrisation (146)
en diminuant le taux de transcription et en déstabilisant l’ARNm du KGF-1.
Il a été montré que les récepteurs aux corticoïdes peuvent inhiber la synthèse des facteurs de
transcription appartenant à la famille AP-1 notamment c-Jun (147)
, ce qui pourrait expliquer
leurs effets sur l’expression du KGF-1.
9.1. Effet du TGF-:
Le KGF-1 est également modulé par le TGF-. Il a été montré que le TGF- peut inhiber la
prolifération des cellules épithéliales en interférant avec la voie de signalisation de l’EGFR
(92 ,148) et qu’il peut inhiber l'effet prolifératif du KGF-1 sur des cellules alvéolaires de type 2
(149). Le TGF- a aussi un effet inhibiteur direct sur l’expression du KGF-1 et ceci requiert la
phosphorylation des Smad (facteurs impliqués dans la voie de signalisation du TGF-) et
l’activation de la Tyrosine kinase c-Abl (une protéine qui agit dans le noyau pour stimuler
l'apoptose cellulaire) (150)
. Une autre étude a montré que le traitement des cellules musculaires
avec du TGF-augmente de 20 fois l’expression de JunB (151)
comparé à c-Jun (2,5 fois) donc
on pourrait supposer qu’il a un effet similaire sur les fibroblastes bronchiques.
Figure 11 : l’interaction bidirectionnelle de l’unité trophique epithelio-mésenchymale au
niveau de la peau. Cette interaction implique la sécrétion d’IL1 qui va induire la production
du KGF et du GM-CSF par les fibroblastes. (Werner S, Smola H. Paracrine regulation of
keratinocyte proliferation and differentiation. Trends Cell Biol. 2001 Apr;11(4):143-6. (116))
9.2. Effet des Protéines de la matrice extracellulaire :
Le KGF-1 peut être régulé par des molécules comme l’héparine (HP) et les HSPGs (Heparan
Sulfate Proteoglycans) (152)
. Cependant, les études dans ce domaine montrent des résultats
contradictoires. Certains résultats montrent que l’HP / HSPGs ne sont pas impliqués dans
l’interaction et la formation du complexe KGF-1 / KGFR. Il est donc probable que leur
présence pourrait avoir un effet inhibiteur sur la formation du complexe KGF-1 / KGFR par
blocage du site de liaison au niveau du récepteur (153)
. Alors que d’autres, mentionnent
l’implication d’HP HSPGs dans la formation du complexe récepteur, surtout à une faible
dose, ce qui augmente l’affinité du KGFR alors qu’à forte dose elle inhibe cette interaction
(154). Une étude intéressante a montrée l’existence d’une corrélation entre l’hyper réactivité
bronchique et la production des proteoglycans par les fibroblastes bronchiques issus de sujet
sain et asthmatique (155)
.
Le KGF-1 peut également être régulé comme plusieurs membres de la famille des FGF par
des protéines extra cellulaires qui ont pour rôle de mobiliser ce dernier à partir de la matrice-
extracellulaire (156, 157, 158)
. Pour que le KGF soit accessible pour les cellules épithéliales, deux
molécules doivent intervenir : la première c’est l’héparinase qui coupe la liaison du KGF-1
avec les HSPGs et la deuxième est la protéine FGF-BP (the fibroblast growth factor-binding
protein) qui sert comme protéine porteuse pour le KGF-1 (Figure 11). Cette dernière est
fortement exprimée suite aux dommages des cellules épithéliales et peut lier le KGF-1. A
faible dose, le FGF-BP augmente l’affinité du KGFR pour son ligand. FGF-BP peut être
régulée positivement par l’EGF et la catenine. Cependant, elle peut être régulée
négativement par l’acide rétinoïque (159)
. Une étude a montrée que TGF- est également
capable d’inhiber cette protéine (160)
.
Figure 12 : schéma montrant le mode d’action de la protéine FGFBP. (Abuharbeid S,
Czubayko F, Aigner A. The fibroblast growth factor-binding protein FGF-BP. Int J Biochem
Cell Biol. 2006;38(9):1463-8).
Dans ce schéma l’FGF-BP (fibroblast growth factor-binding protein) est sécrété par une
cellule tumorale, et se lie au FGFs immobilisés au niveau de la matrice extracellulaire de la
même cellule ou des cellules voisines. L’FGF-2 est par la suite libéré (sous forme soluble et
active) de sa liaison à l’heparan sulfate proteoglycane. Sous sa forme active le FGF-2 peut
induire ses effets en se liant à son récepteur membranaire au niveau des cellules cibles
(stimulation de la prolifération des cellules tumorale et activation de l’angiogénèse).
9.3. Rôle du miRNA-155
Une étude effectuée sur des fibroblastes pulmonaires a montré que l’IL-1 et le TNF- sont
capables d’activer l’expression d’un miR-155 en même temps que l’activation du KGF-1 (161)
.
Les miRNA sont des ARN non codant de 22 nucléotides qui ont comme fonction la régulation
négative de l’expression génique (162)
. L’miRNA-155 induit ces fonctions en formant un
complexe avec RIS (RNA-induced silencing complex) et en guidant ce complexe vers une
région de complémentarité 3’UTR d’un ARNm cible. Selon le degré de complémentarité
entre l’miRNA et l’ARNm cible, nous pouvons assister à la dégradation ou à l’inhibition de la
translation de ce dernier (161)
. L’miR-155 est détecté dans différents types cellulaires comme
les macrophages, les cellules dendritiques, les fibroblastes synoviaux et les fibroblastes
pulmonaires (162)
. Parmi plusieurs cibles de ce miRNA-155, il y a le KGF-1 qui est une cible
intéressante pouvant faire du miRNA-155 un régulateur crucial du KGF durant la
communication épithélium-mésenchyme (161)
. Dans l’asthme ainsi que dans d’autres maladies
où il y a un défaut de prolifération, des cellules épithéliales comme dans la fibrose
idiopathique pulmonaire, nous pourrions supposer qu’une dérégulation ou une surexpression
de ce miRNA-155 induirait un défaut de production de KGF-1, ce qui pourrait rompre
l’équilibre et l’homéostasie des cellules épithéliales.
CHAPITRE 2
Hypothèses et objectifs de l’étude
Mon projet de recherche tire son origine de plusieurs observations. La première c’est que dans
l’asthme notre équipe de recherche a montré que les fibroblastes subissent de nombreuses
altérations qui sont maintenus même après plusieurs cycles de culture cellulaire (65)
. Par
conséquent ces altérations peuvent jouer un rôle clé dans la manifestation de l’asthme.
La deuxième observation vient d’une expérience de co-culture de fibroblaste avec des cellules
épithéliales. Dans cette expérience où on a mesuré la prolifération des cellules épithéliales, on
a remarqué que le fait de mettre des fibroblastes sains dans le système de co-culture favorise
le développement et la prolifération des cellules épithéliales normales, alors que le fait de
mettre des fibroblastes provenant de sujets asthmatiques réduit la prolifération des cellules
épithéliales. Le résultat de cette expérience suggère que les fibroblastes sains sont capable de
délivrer un signal qui favorise la prolifération de cellules épithéliales, alors qu’une altération
ou absence de ce signale pourrait expliquer le défaut de prolifération des cellules épithéliales.
Parmi plusieurs facteurs libérés par les fibroblastes bronchiques en réponse à une stimulation
provenant de l’épithélium, le KGF-1 ou FGF7, membre de la famille des FGF, est un acteur
unique qui a un rôle important dans la communication épithélium-mésenchyme, permettant la
régulation de la prolifération et la croissance des cellules épithéliales.
La dernière observation vient du fait que le KGF-1 est plus exprimé dans de nombreuses
maladies inflammatoires chroniques (117, 118)
. Cependant, dans la fibrose pulmonaire
idiopathique (IPF) (142)
ou l’altération de la production et de la régulation du KGF-1 laisse
penser que probablement ce dernier est impliquée dans le défaut de prolifération des cellules
épithéliales observé dans cette maladie.
Etant donné l’importance du KGF-1 dans la communication épithélium-mésenchyme et son
rôle primordial dans la régulation de la prolifération et la croissance des cellules épithéliales.
Nous poserons l’hypothèse selon laquelle une altération ou une dérégulation de ce facteur de
croissance serait impliquée dans la rupture de la communication épithélium-fibroblaste et
serrais donc impliquée dans le défaut de prolifération des cellules épithéliales (comme c’est le
cas des patients IPF).
Comme la desquamation des cellules épithéliales est une caractéristique patho-physiologique
majeure dans l’asthme, on supposera que le défaut de prolifération et de réparation de
l’épithélium bronchique serrait liée à une altération ou à l’absence d’un signal positif libéré
par les fibroblastes sous-jacents. Comme le rôle du KGF-1 n’a jamais était évalué dans
l’asthme, ça serait intéressant de voir si une dérégulation de ce facteur au niveau des
fibroblastes bronchiques issu de sujets asthmatiques serrais impliquée dans le défaut de
prolifération de l’épithélium bronchique.
Notre équipe a également montré que le TGF- joue un rôle central dans la pathophysiologie
de l’asthme. Les fibroblastes d’origine asthmatiques secrètent plus de TGF- actif, et elles
expriment plus de récepteur du TGF- que les fibroblastes contrôles. D’autres études ont
révélées l’effet inhibiteur du TGF- à la fois sur la production et l’expression du KGF-1 au
niveau des fibroblastes. De plus notre équipe a également montré que le TGF- avait un effet
inhibiteur sur la prolifération des cellules épithéliale en inhibant la voie de l’EGFR (92)
. Donc
à partir de ces études on supposera que le TGF- pourrait participer à l’altération et à la
dérégulation du KGF-1 dans les fibroblastes asthmatiques ou bien il pourrait agir directement
au niveau de la voie de signalisation du KGF-1 dans les cellules épithéliales.
Nous émettons l’hypothèse selon laquelle, un dysfonctionnement dans la boucle de régulation
de l’unité trophique, plus distinctement au niveau de la fonction des fibroblastes bronchiques,
pourrait être à l’origine d’un défaut de prolifération et de réparation de l’épithélium
bronchique observé dans l’asthme. Une dérégulation de l’expression et/ou la production du
KGF-1, impliquant le couple IL-1/TGF- -1, causerait une expression
anormale du KGF par les fibroblastes bronchiques, ce qui pourrait expliquer l’état de
l’épithélium bronchique dans l’asthme.
Les objectifs de ce projet était de:
Déterminer les niveaux de base d'expression du KGF-1 au niveau d’ARN messager et
de protéine chez les fibroblastes issus de sujets asthmatiques et de sujets sains.
Évaluer l’effet de l’IL-1sur l’expression du KGF-1 au niveau d’ARN messager et de
protéine chez fibroblastes issus de sujets asthmatiques et de sujets sains.
Évaluer l’expression des récepteurs de l’IL-1au niveaudes fibroblastes issus de
sujets asthmatiques et de sujets sains.
Étudier l’effet du TGF- sur l’expression du KGF-1 au niveau d’ARN messager et
de protéine chez les fibroblastes issus de sujets asthmatiques et de sujets sains.
Étudier l’effet du TGF- sur la régulation de l’expression de l’IL-1R1, IL-1Ra, IL-
1R2 chez les fibroblastes issus de sujets asthmatiques et de sujets sains.
Étudier l’effet du TGF-sur la régulation de l’expression d’IL-1 au niveau
d’ARN messager chez les fibroblastes issus de sujets asthmatiques et de sujets sains
CHAPITRE 3
Matériels et méthodes
1. Culture des fibroblastes bronchiques
Les fibroblastes primaires sont disponible d ans notre banque cellulaire et ont été isolés à
partir de biopsie bronchique de sujets asthmatiques légers et de sujets sains (58)
. Les sujets
asthmatiques qui remplissent parfaitement les critères de la société thoracique Américaine
(163). (Par exemple: méthacholine PC20 = 8 mg/ml), ont été recrutés à partir de la clinique
d’asthme de l’hôpital Laval (Québec, Qc, Canada). Les sujets asthmatiques n’utilisent pas de
corticostéroïdes inhalés ou systémiques, ils utilisent seulement des agoniste 2 sur demande,
ils ont en moyenne un FEV1 = 85 ± 3.1% et une PC20 = 4.0 ± 2.2 mg/ml. Tous les patients
asthmatiques sont atopiques, non fumeurs. Les sujets sains sont non atopiques, non-fumeurs
sans antécédent d’asthme ou de maladie systémique (ils ont en moyenne un FEV1 = 98.2 ±
5.1% et une PC20 = 99.46 ± 1.2 mg/ml. L'étude a été approuvée par le Comité d'éthique à
l'Institut Universitaire de Cardiologie et de Pneumologie de Québec.
Les fibroblastes ont été caractérisés par immunofluorescence et cytométrie de flux par des
anticorps spécifiques aux fibroblastes (l’anticorps de souris anti-vimentine, et l’anticorps de
souris anti-Ab1 (antigène de fibroblaste Humain)) (Calbiochem, San Diego, CA, USA) (58)
.
Les fibroblastes sont par la suite cultivés dans du milieu DMEM (Dulbecco’s Modified Eagle
Medium) (Invitrogen, Burlington, ON, Canada) supplémenté avec 20 U/ml de pénicilline-
streptomycine (Invitrogen), 12,5µg/ml de fungizone (invitrogen) et 10% de sérum de veau
fœtal inactivé (FBS, Hyclone, Logan, UT, USA) à 37°C et 5% de CO2 et utilisés à des
passages 4 ou 5. Une fois la confluence atteinte, les cellules sont détachées avec de la trypsine
à 0,025% pendant 3 minutes à 37°C. Ensuite, les fibroblastes sont transférés dans des plaques
de six / douze puits (Corning, Whitby, ON, Canada) à raison de 3x105 / 2,5x10
5 cellules par
puits respectivement et incubées pendant 24 heures pour leur permettre d’adhérer.
Les cellules sont par la suite stimulées dans du milieu DMEM 1% sérum, soit avec du TGF-
perpotechµg/ml à 5 ng/ml, ou avec de l’IL-1perpotech, 1mg/ml à différentes doses
(0,01. 0,1. 1. 10. 100 ng/ml) pendant 6h (ARN) ou 24h (surnagent)
2. Extraction et dosage des ARNs
L’acide ribonucléique (ARN) cellulaire total est obtenu pas la méthode suivante : les
fibroblastes bronchiques ont été lysés au moyen d’un tampon de lyse (RA1) puis, l’extraction
d’ARN a été effectuée au moyen de la trousse ‘RNeasy mini Kit’ (Qiagen, Mississauga, ON,
Canada) suivant les directives du manufacturier. Les concentrations des ARNs ont été
déterminées par fluorescence en utilisant le réactif Ribogreen (Invitrogen, Ontario, Canada)
dil