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24/03/15
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Pr. Tristan Ferry [email protected]
Service de Maladies Infectieuses et Tropicales
Hôpital de la Croix-Rousse, Hospices Civils de Lyon Université Claude Bernard Lyon1, Lyon
Centre International de Recherche en Infectiologie, CIRI, Inserm U1111, CNRS
UMR5308, ENS de Lyon, UCBL1, Lyon, France
Infections peau et parties molles (hors réanimation)
Yamina a 6 ans. Vous êtes son Médecin Généraliste. Elle vient vous voir avec sa maman car elle a des lésions péribuccales. Apyréxie.
1. Décrivez les lésions. Quel est votre diagnostic clinique ?
1. Décrivez les lésions. Quel est votre diagnostic clinique ?
• Croûtes jaunâtres mélicériques (érosion crouteuse) • Localisées au niveau du visage (en péribuccal)
Impétigo
• Dermatose infectieuse infantile • Très épidémique • Infection locale (diffusion systémique exceptionnelle) • Couche cornée de l’épiderme • Due à S. aureus ou à S. pyogenes ou les deux
2. Quelle est votre prise en charge ?
• Eviction scolaire • Recherche de cas chez les frères et sœurs • Renforcement des mesures d’hygiènes
– Douches quotidiennes – Lavages des mains plusieurs fois par jour – Ongles courts – Changement de vêtements
• Antiseptiques locaux pluriquotidiens • Ramollissement des croûtes par pommade émolliente • Traitement symptomatique (paracétamol,
antihistaminique) • Pas d’antibiotiques par voie systémique
3. Vous voyez à nouveau l’enfant 48h plus tard. C’est de l’ibuprofène, qui restait dans la pharmacie, qui a été donné 3x/j à l’enfant car elle était « insupportable ». Cliniquement, les lésions se sont étendues. Comment expliquez-vous cette évolution ? Quelle antibiothérapie proposez-vous ?
• Il vaut mieux éviter les AINS au cours des infections bactériennes (il faut arrêter l’ibuprofène)
• Inhibe la dégranulation des PNN • Explique l’aggravation des lésions • Antibiothérapie per os
– Couvrant S. aureus ET S. pyogenes – Amoxicilline-acide clavulanique – Cloxacilline – Macrolide (Rovamycine®, spiramycine)
• Réévaluation clinique +++
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Mme X., 65 ans, SDF, sans antécédent en dehors d’une surcharge pondérale, est hospitalisée aux urgences pour une grosse jambe droite douloureuse et fébrile. La température est à 40°C, la TA à 145/70.
1. Décrivez l’aspect clinique. Quel est votre diagnostic ?
• Erythème avec œdème unilatéral de la jambe droite s’étendant au pied
• Bourrelet périphérique • Dermite ocre bilatérale (signe d’insuffisance
veineuse) • Diagnostic d’érysipèle du membre inférieur droit sur
insuffisance veineuse
1. Décrivez l’aspect clinique. Quel est votre diagnostic ?
Dermohypodermite non nécrosante à Streptocoque A
Dermohypodermite non nécrosante
Épiderme Couche cornée kératinocytes
Derme Tissu conjonctif Follicules pilleux Glandes sebacées et sudorales Terminaisons nerveuses Vaisseaux
Hypoderme Tissu graisseux Vaisseaux
Fascia superficialis (inconstant)
Aponévrose superficielle
Muscle
Erysipèle
Erysipèle
Définition Infection non nécrosante du derme et de l’hypoderme Bactériologie Streptococcus pyogenes (Strepto A)>>>> B, C, G Pas S. aureus par définition Clinique Début brutal Grosse jambe rouge douloureuse avec bourrelet périphérique Parfois bulles hémorragiques (sans crépitation) Parfois quelques lésions purpuriques (non nécrotique, extravasation) Fièvre élevée (mais apyrexie dans 15% des cas) Localisation membre inférieur dans 85% des cas Porte d ’entrée présente dans 75 % des cas Adénopathie satellite : 46% des cas Lymphangite : 26% des cas
S. agalactiae S. dysgalactiae
Conférence de consensus Infectiologie.com Janvier 2000
Int J Dermatol 2010;49:1012-1017
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Déficit en Mannose Binding Lectine
Int J Dermatol 2010;49:1012-1017
Erysipèle = Streptocoques = Non suppuratif
Etude rétrospective (99 patients) Porte d’entrée retrouvée (62%) Pénicilline G IV (64%)
Facteurs de risque d’un 1er épisode d’érysipèle
• Oedème des membres inférieurs - Insuffisance cardiaque droite - Lymphoedème +++
• Insuffisance veineuse, antécédent de thrombose veineuse profonde
• Obésité • Diabète
• Mycose interdigitale • Ulcères chroniques
Bartholomeeusen S. Dermatology 2007;215:118-122
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Plusieurs SNP dans le promoteur du gène AGTR1 (Angiotensine II receptor type I) étaient associés aux érysipèles récidivants
Complications de l’erysipèle • Locales
• Extension • Abcédation • Thrombose veineuse profonde
• Bactériémie • Sepsis sévère • Localisations secondaires
Extension de l’érysipèle suite à la prise d’AINS Mr. G, 76 ans
• PTG droite en 2009 • Insuffisance veineuse • Erysipèle jambe droite • Rash à l’amoxicilline • AC/FA anticoagulation • Impotence fonctionnelle • Infection PTG à
Streptocoque G (résistance à la clindamycine)
Acad Emerg Med 1995;2:1114-5.
Evolution vers la fasciite nécrosante ou fasciite nécrosante d’emblée
Infections des parties molles
Épiderme Couche cornée kératinocytes
Derme Tissu conjonctif Follicules pilleux Glandes sebacées et sudorales Terminaisons nerveuses Vaisseaux
Hypoderme Tissu graisseux Vaisseaux
Fascia superficialis (inconstant)
Aponévrose superficielle
Muscle
Fasciite Erysipèle
Rem: la position du fascia superficialis est inconstante est variable: sous l’hypoderme ou plus haut dans l’hypoderme
Dermohypodermites nécrosantes
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Ferry T. et al. Réanimation 2012 vibrio vulnificus
Diagnostic différentiel
British Journal of Dermatology 2007;57:16–25
Amoxicilline
Pénicilline G
50 mg/kg/j
100-150 mg/kg/j IV
10 à 20 MUI/j IV
Pristinamycine ?
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§ Etude rétrospective (225 patients) § Consultation de dermatologie § Récurrence de 8 à 20% / an § Etude des facteurs de risque de récidive
Conférence de consensus
• Méd Mal Infect 2000 ; 30 Suppl4 : 245-6 • Érysipèle et fasciite nécrosante : prise
en charge
Une antibiothérapie préventive des récidives s’adresse donc préférentiellement aux malades ayant déjà eu plusieurs récidives ou chez qui les facteurs favorisants sont difficilement contrôlables.
- Pénicilline V, 2 à 4 MUI par jour en 2 prises quotidiennes par voie orale - Benzathine-pénicilline, 2,4 millions d’unités toutes les 2 à 3 semaines par voie IM En cas d’allergie aux béta-lactamines, le traitement fait appel à un macrolide par voie orale. Elle doit être très prolongée, voire définitive car son effet n’est que suspensif
Original Article Penicillin to Prevent Recurrent Leg Cellulitis
Kim S. Thomas, Ph.D., Angela M. Crook, Ph.D., Andrew J. Nunn, M.Sc., Katharine A. Foster, Ph.D., James M. Mason, D.Phil., Joanne R. Chalmers, Ph.D., Ibrahim S. Nasr, M.Sc., Richard J. Brindle, D.M., John English, M.B., B.S., Sarah K. Meredith, F.F.P.H.,
Nicholas J. Reynolds, M.D., F.R.C.P., David de Berker, M.D., F.R.C.P., Peter S. Mortimer, M.D., F.R.C.P., Hywel C. Williams, Ph.D., F.R.C.P., for the U.K. Dermatology
Clinical Trials Network's PATCH I Trial Team
N Engl J Med Volume 368(18):1695-1703
May 2, 2013
Study Overview
• Recurrence of leg cellulitis is common. • In this pragmatic community study involving 274 patients in the United
Kingdom and Ireland, daily low-dose penicillin prophylaxis decreased recurrent cellulitis during the active-treatment stage but not subsequently.
• Intervention Penicillin VK 250 mg b.i.d. (correspond à 400 000 UI de pénicilline V) ou placebo
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Randomization, Prophylaxis Phase, and Follow-up Phase.
Thomas KS et al. N Engl J Med 2013;368:1695-1703
Proportion of Participants Who Remained Recurrence-free over Time.
Thomas KS et al. N Engl J Med 2013;368:1695-1703
Baseline Characteristics of the Study Participants.
Thomas KS et al. N Engl J Med 2013;368:1695-1703
Hazard Ratios for Confirmed Recurrence of Cellulitis in the Penicillin Group as Compared with the Placebo Group.
Thomas KS et al. N Engl J Med 2013;368:1695-1703
Factors Predictive of Prophylaxis Failure.
Thomas KS et al. N Engl J Med 2013;368:1695-1703
Conclusions
• In patients with recurrent cellulitis of the leg, penicillin was effective in preventing subsequent attacks during prophylaxis, but the protective effect diminished progressively once drug therapy was stopped.
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Samira a 16 ans. Elle se présente à vous car depuis 4 jours, elle présente un furoncle de l’aile du nez. Un de vos collègue lui a déjà prescrit de l’orbénine® per os il y a 3 jours. Elle présente des céphalées, une température à 39°, des frissons et une exophtalmie bilatérale douloureuse avec aspect de conjonctivite.
1. Quel est votre diagnostic ? Quelle est la physiopathologie ?
1. Quel est votre diagnostic ? Quelle est la physiopathologie ?
• Staphylococcie maligne de la face – Furoncle de l’aile du nez probablement manipulé – Evolution défavorable malgré une antibiothérapie per
os – Fièvre élevée avec frissons
• Avec thrombose du sinus caverneux – Exophtalmie – Hyperhémie conjonctivale
Les sinus caverneux
Coupe transversale
1. Veine ophtalmique 2. Sinus sphéno-paritéal 3. 4. Sinus caverneux
2. Que recherchez-vous à l’examen neurologique ?
• Troubles de conscience • Score de Glasgow
• Atteinte des nerfs passant dans les sinus caverneux
• Paralysie du III uni ou bilatérale • Paralysie du IV uni ou bilatérale • Troubles de sensibilité dans les territoires du V1, V2 et V3
• Méningite • Raideur de nuque • Signe de Kernig • Signe de Brudzinski
3. La mère de Samira ne souhaite pas qu’elle soit hospitalisée. Que lui répondez-vous ?
• Hospitalisation indispensable • Pathologie grave pouvant engager le
pronostic vital • Nécessité d’un suivi clinique rapproché • Nécessité de faire des examens
morphologiques • Nécessité de lui administrer des
antibiotiques par voie intraveineuse
4. Quelle est la bactérie probablement en cause ? Quels prélèvements faites vous pour documentez l’infection ?
• S. aureus sensible à la méticilline • Prélèvement local si suppuration du furoncle • Hémocultures • Ponction lombaire si syndrome méningé
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5. Quels sont les principes de votre antibiothérapie. Attendez vous les résultats des prélèvements microbiologiques?
• Antibiothérapie intraveineuse • Forte dose • Active sur S. aureus sensible à la méticilline
(type pénicilline M, en l’absence d’allergie) • Associé à la gentamicine car infection grave et
suspicion de bactériémie associée • A débuter le plus rapidement possible
– Après la réalisation des prélèvements – Sans attendre les résultats des examens
morphologiques et ni microbiologiques
TDM IRM
Dilatation et aspect en rail veine ophtalmique Dte Aspect hétérogène du sinus caverneux Dte
Dilatation et prise de contraste hétérogène du sinus caverneux Dt Rétrécissement du calibre de la carotide interne Dte
6. Quels examens d’imagerie demandez-vous pour préciser votre diagnostic ?
Incision et drainage
Culture et antibiogramme
Facteurs de virulence de S. aureus David a 35 ans. Il est cuisinier. Vous êtes son Médecin Généraliste. Il vient vous voir car il a de multiples lésions sur l’abdomen.
1. Décrivez les lésions.
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Furoncle, Furoncles multiples, Furonculose
• Arguments pour traiter : - signes généraux, localisation à la face, immunosuppression - présence d’un placard cellulitique sur le pourtour du furoncle (carbuncle)
• Pénicilline M (en l’absence d’allergie) 50 mg/kg/j (3 g/j)
• Clindamycine ou pristinamycine si allergie • Prélèvement d’un écoulement purulent • Recherche d’un portage nasal par S. aureus • Recherche des gènes codant la PVL • Décontamination après le traitement antibiotique
– Douches antiseptiques pd 5 jours – Mupirocine (pommade antibiotique nasale) pd 5 jours, etc..
Per os Orbénine ≠ Bristopen
Facteurs de virulence de S. aureus
Infection à S. aureus producteur de PVL
lukS-PV lukF-PV
LukS LukF
PVL
PVL : Leucocidine de Panton Valentine Formation de pores membranaires Cellules cibles PNN, monocytes, macrophages Libération de médiateurs Chimiotactisme Nécrose
Injection de PVL en intradermique Nécrose cutanée dose dépendante
Courtesy J. Etienne
Lee et al. J Microbiol Immunol Infect 2005
Furonculose
Ferry T.
Cellulite avec abcédation profonde
MecA -
MecA +
Fasciite nécrosante monomicrobienne Lee et al. J Microbiol Immunol Infect 2005
MecA -
Rutal et al. Am J Ophthalmol 2005
Infections des tissus mous et PVL
Patient de 44 ans sans antécédents Furoncle de l’aile du nez Cellulite orbitaire bilatérale S. aureus résistant à la méticilline d’origine communautaire PVL+
(CA-MRSA)
Ferry T.
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Worlwide emergence of CA-MRSA (PVL+)
Clones are continent specific
ST80, ST5, ST22, ST37 ST5
ST1, ST8, ST59
ST30, ST93
Vandenesch et al. Emerg Infect Dis 2003
USA300 ST80
Prévalence des SARM communautaires chez les patients consultant pour une infection de la peau et des tissus mous
Août 2004
Moran et al. New Eng J Med 2006
Epidémiologie des souches de S. aureus producteur de PVL
19 souches PVL+/235 1 seul MRSA clone ST80
2. Quels sont les facteurs pouvant favoriser cette infection ?
• Facteurs liés à l’hôte – Portage manuel de S. aureus (portage nasal) – Manque d’hygiène – Mode de vie (frictions mécaniques) – Diabète ? – Obésité ? – Immunosuppression (VIH) ?
• Facteurs liés à la bactérie – S. aureus (le plus souvent sensible à la méticilline) – Production de toxine (leucocidine de Panton-Valentine)
Thérapeutiques antitoxiniques
• Inhiber la production – Antibiotiques ciblant le ribosome bactérien et
bloquant la synthèse protéique • Macrolides/lincosamides
• Neutraliser in vivo – Immunoglobulines polyvalentes – Immunoglobulines spécifiques
• Augmenter la clairance de la toxine – Système d’épuration
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Effect of antibiotics on PVL production by S.aureus Dumitrescu et al, Clinical Microbiology and Infection
inductory
inhibitory
indifferent
Growth control 1/8 MIC 1/4 MIC 1/2 MIC
1/8 1/4 1/2
Effect of antibiotics on PVL production by S.aureus Dumitrescu et al, Clinical Microbiology and Infection
inductory
inhibitory
indifferent
Growth control 1/8 MIC 1/4 MIC 1/2 MIC
Effect of combined antibiotics on PVL production by S. aureus
Dumitrescu et al, Clinical Microbiology and Infection Growth control OXAC alone OXAC+ 1/8 MIC other atb OXAC+ 1/4 MIC other atb OXAC+ 1/2 MIC other atb
OXAC + CLINDAMYCIN
OXAC + LINEZOLID
OXAC + RIFAMPICIN
OXAC + FUSIDIC ACID
Suppression of PVL induction by oxacillin
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JAMA, February 13, 2013—Vol 309, No. 6
Staphylocoque ou streptocoque ?
Staphylococcus aureus
Streptococcus pyogenes
Furoncle Staphylococcie maligne de la face Panaris
Impétigo Phlegmon des gaines
Erysipèle
BGN, anaérobies Dermo-hypodermite nécrosante Gangrène gazeuse
Staphylococcus spp. Folliculite
Conclusion
• Savoir identifier les différentes formes cliniques – Staph et/ou strepto ? – Savoir juger de la gravité
• Antibiothérapie adaptée • Gestion du risque de récidive (érysipèle) • Gestion du risque épidémique (PVL) • Peu de place pour les « nouveaux »
antibiotiques en France