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«Shadow Theater» Tigran piano, vocals Areni vocals Sam Minaie double bass Charles Altura guitar Arthur Hnatek drums ~85’ sans entracte / ohne Pause Jazz & beyond / iPhil Mercredi / Mittwoch / Wednesday 09.10.2013 20:00 Grand Auditorium

Jazz & beyond / iPhil Mercredi / Mittwoch / Wednesday 09 ... · 2. réussis («Leaving Paris») et les influences arméniennes ajoutent une touche piquante («Gypsyology»)». Et

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«Shadow Theater»

Tigran piano, vocalsAreni vocalsSam Minaie double bassCharles Altura guitarArthur Hnatek drums

~85’ sans entracte / ohne Pause

Jazz & beyond / iPhilMercredi / Mittwoch / Wednesday09.10.2013 20:00Grand Auditorium

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Ombres et lumièresTigran: Shadow Theater Philippe Gonin

«Je n’aime pas mettre ma musique dans une boîte…» Et, de fait, Tigran Hamasyan est à proprement parler inclassable. Impressionnant des pointures tel Chick Corea alors qu’il a à peine une douzaine d’annnées, adoubé par Stéphane Kochoyan qui le présente à la communauté jazz du monde entier, Tigran Hamasyan est ce que l’on appelle un prodige. Nourri au jazz par son oncle, initié au rock par son père – il a transcrit «Stairway to Heaven» de ses idoles Led Zeppelin au piano –, pétri des musiques et légendes de sa terre natale, il est un musicien d’une grande sensibilité, au toucher tour à tour cristallin ou empli de cette énergie qui, avoue-t-il, l’a toujours fasciné dans le rock. Il n’a pas vingt ans lorsque paraît son premier album: «World Passion» (2006). Le quartet, alors composé de Ben Wendel (saxophone), François Moutin (contrebasse) et Ari Hoenig (batterie) voit déjà se joindre à lui Rouben Harutyunyan au duduk (flûte à bec à huit trous, sept devant et un sur l’arrière) et à la zurna (flûte à anche double se terminant par une perce conique). Cette imprégnation, cette fusion entre une musique devenue savante (le jazz) et une expression traditionnelle (la musique arménienne) devient l’une des marques de fabrique de sa musique. «New Era» enregistré en trio en 2007 avec François Moutin (contrebasse) et Louis Moutin (batterie), auxquels se joint pour deux titres, comme dans «World Passion», un joueur de duduk, en l’occurrence Vardan Grigoryan, poursuit le chemin entamé par son prédécesseur. De cet album, Bob Hatteau écrit que «nourris d’influences variées, les thèmes du pianiste ont des points communs avec ceux des boppers: ils sont courts et rythmiques. Dans l’ensemble, les motifs mélodiques sont

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réussis («Leaving Paris») et les influences arméniennes ajoutent une touche piquante («Gypsyology»)». Et d’ajouter que «sorti pendant son ‹exil› en Californie, «New Era» est empreint d’une nostalgie saine («Forgotten World»): le passé est présent, mais sans vains regrets». «Red Hail» (2009, avec un groupe nommé Aratta Rebirth) vient, sinon brouiller les pistes, du moins faire la démonstration que Tigran sait emprunter des chemins différents. C’est la voix d’Areni Agbabian (chanteuse venant du monde classique mais connaissant à la perfection le répertoire traditionnel arménien, formidable sur «Sogher Jan (Dear Sogher)» ouvrant l’album) qui marque ici de son empreinte la musique du pianiste. Il explore également l’univers saturé d’une musique plus proche du rock, voire du métal: «Red Hail» peut, par instants, évoquer King Crimson, notamment dans «The Glass-

Tigran (photo: Vahan Stepanyan)

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Hearted Queen». «A Fable» (2011) vient confirmer que l’univers d’Hamasyan est un monde éclectique. Quatre albums, quatre univers allant du trio jazz ‹classique› à la musique populaire en passant par des accents rocks et, pourtant, au fil des écoutes, une grande cohérence qui émerge de cette musique au centre de laquelle se place sans conteste l’Arménie natale, source de toute une écriture qui irradie l’œuvre entière.

«L’Arménie est une source d’inspiration pour moi. Une grande partie de cette inspiration vient de là. C’est vraiment une part importante de moi. Ma musique est très influencée par la mu- sique populaire mais aussi par la culture populaire arménienne, la littérature, l’architecture…»

Musique parfois extrêmement complexe (les rythmes des danses peuvent être en mesures irrégulières), la musique traditionnelle arménienne est un mélange de musique folklorique et de musique sacrée. L’un des instruments emblématiques en est le duduk (ou doudouk). Essentiellement modale (on compte huit modes différents dans le chant arménien), cette tradition musicale est sans cesse présente dans la musique de Tigran, que ce soit en relisant des chants ou danses folkloriques ou bien en composant des pièces aux saveurs modales qui, parfois, rappellent Bartók, voire Moussorgski. L’Arménie imprègne non seulement les harmonies, les mélodies ou la poésie sous-jacente de la musique de Tigran mais aussi son timbre. «Pour les arrangements que j’ai réalisés pour «Zada es» et «Aparani par», explique Hamasyan dans les notes de pochette de «New Era», je voulais avoir un son arménien authentique en ayant un musicien folklorique arménien jouant l’instrument lead en lieu et place d’un sax ou d’une guitare mais j’avais besoin de quelqu’un qui puisse improviser également. Quand j’ai imaginé cela, la seule personne qui me soit venue à l’esprit fut Vartan (Vardan) [Grigoryan] parce qu’il est l’un des plus étonnants improvisateurs au Duduk et à la Zurna.» (Ma traduction. On ne peut que conseiller d’aller écouter de toute urgence le magnifique album de Grigoryan «In the Shadow of the Song».)En résumé, «chacun de nous doit se rappeler d’où il vient pour conserver ses traditions, parce que ce qui fait que le monde est

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beau, c’est la diversité entre les traditions des différentes cul- tures.» Et si Hamasyan sait se souvenir de son Arménie natale, il n’oublie pas non plus ce qui a forgé son identité: le jazz.

Tigran

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L’univers du jazzSi ses héros en jazz se nomment Bud Powell, Art Tatum ou Herbie Hancock, Monk semble jouer un rôle particulier dans l’univers de Tigran. Est-ce parce qu’il reçut – parmi les multiples

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récompenses qu’il a déjà engrangées – un premier prix à la Thelonious Monk Jazz Competition qui lui ouvrit les portes de l’University of Southern California de Los Angeles? Quoiqu’il en soit, un spectateur avisé soulignera que lorsque le héros du clip vidéo de «Road Song» (dernier single en date à l’heure où j’écris) fait ses bagages, il emporte avec lui – référence fortement soulignée – un seul album: «Thelonious Monk Orchestra at Town Hall» (les fidèles de la Philharmonie se souviennent sans aucun doute de la belle lecture qu’y fit récemment Jason Moran de cet album mythique). Dès «World Passion», avec «What is This Thing Called Love», les standards peuplent les albums du mu-sicien. Dans «New Era», deux standards viennent, en dehors des musiques traditionnelles, côtoyer ses propres compositions «Well you needn’t» de Monk et «Solar» de Miles Davis. C’est «Someday My Prince Will Come», devenu un classique du jazz depuis que Brubeck s’en empara en 1957 («Dave Digs Disney» – sans ou-blier Miles qui en fit un titre d’album…), que l’on retrouve dans «A Fable»: une vidéo sur youtube en montre même une version électrique jouée à La Maroquinerie (Paris) en novembre 2011. «A Fable» ou la consécrationDisque auréolé d’une Victoire du Jazz (catégorie meilleur artiste étranger), «A Fable» est l’album de la consécration. Tigran, seul au piano, donne même de la voix, chantant sur quelques-uns des titres. L’Arménie une fois encore, apparaît comme le point nod-al de sa musique. Le titre même de l’album y fait implicitement référence. Tigran explique en effet qu’il est inspiré par deux con-teurs arméniens très appréciés du 13e siècle: Vardan Aygektsi et Mkhitar Gosh, souvenirs des lectures d’enfance du pianiste (un re- cueil, regroupant des textes de ces deux poètes, intitulé The Fables of Medieval Armenia fut même un temps disponible uniquement en anglais semble-t-il). «A Fable» s’ouvre par «Rain Shadow», pièce qui, dans certains de ses accents, nous ramène aux danses roumai- nes de Bartók. Débutant sur l’album comme un antique disque vinyle dont les sillons craquent, cette composition (improvisa-tion?) a fait l’objet d’une vidéo en noir et blanc où Tigran, sur un piano droit désaccordé, livre une version magique et d’une poésie pure de cette pièce d’ouverture.

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«Victoria»«Victoria» pourrait être purement anecdotique si la bande origi-nale n’avait été composée et arrangée par Jan Bang, Erik Honoré, Gaute Storaas et Arve Henriksen, et publiée sur le très dynamique label norvégien jazzland recordings (une fois encore on ne peut que conseiller à l’auditeur curieux d’aller entendre «Liarbird» d’Ola Kvernberg). Basé sur le roman de Knut Hamsun, le film, sorti en 2013, est réalisé par Torun Lian. Si Tigran n’y apporte aucune composition, sa contribution en qualité de pianiste y est remarquable.

«Shadow Theater» – Tel est l’intitulé du présent concert ainsi que de son nouvel album. À l’heure où j’écris, le nouvel opus du pia-niste prodige n’est pas encore paru. Seul le clip vidéo du single «Road Song» circule sur la toile et donne un avant-goût de ce que sera vraisemblablement l’album (j’écris ces lignes avant la sortie prévue le 26 août): un univers encore tout à fait personnel qui, bien qu’empreint des mêmes couleurs que le précédent album, explore de nouveaux horizons.

Les chansons folkloriques arméniennes ainsi que les chants reli-gieux y trouvent encore une place de choix même si le titre lui-même renvoie (l’electronic press kit – EPK – que l’on peut voir sur le net en montre quelques images) au ‹théâtre d’ombres›, «monde minimal et faux mais qui exprime la vérité à travers ce mensonge» (Tigran Hamasyan). Cette culture théâtrale n’est pourtant pas typiquement arménienne. On sait – et il est depuis 2009 inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO – que ce théâtre d’ombres est plutôt l’expression d’une culture héritée des Turcs. C’est vraisemblablement – malgré un lourd passé historique – le karagöz, forme traditionnelle de ce théâtre d’ombres turc, qui inspire aussi le pianiste ici – je ne sais pas, hélas, si une forme dérivée en existe en Arménie. D’aucuns décèlent en cet album l’influence d’un univers à la Tim Burton, univers dans lequel s’aventurait déjà, à travers le monde du con-te, «A Fable», monde traversé par le jazz et la pop post-rock de Sigur Rós, énigmatique groupe islandais. On y entend cepen-dant aussi des figures d’aspect minimaliste évoquant les répé-

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titifs américains, de Philip Glass à Steve Reich. Pour le présent concert, Hamasyan sera entouré d’Areni Agbabian (voix), Sam Minaie (basse) – Chris Tordini sur l’album –, les fidèles que sont Sam Wendel (saxophone) et Nate Wood à la batterie (l’un et l’autre déjà présents sur de précédents albums). «La musique ne devrait pas être expliquée, elle doit être entendue » aime à dire le pia-niste. Alors cessons là nos discours et laissons la place à la mu-sique en terminant par ce souhait émis par Tigran en personne, celui de «jouer de la musique qui va inspirer les gens, qui les amèneront à jouir de la vie».

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Auf der Straße zum MondTigranThomas Schöffner

Mit einiger Wucht schlug Tigran in der amerikanischen Jazz-Szene ein. Am Abend des 17. September 2006 in Washington. Man hatte zur 20. Thelonious Monk International Jazz Piano Competition geladen, zum berühmtesten Jazzwettbewerb der Welt. Und alle waren gekommen: Stevie Wonder bekam einen Ehrenpreis und legte zusammen mit Herbie Hancock und Ron Carter einen groß- artigen Auftritt hin. Auch Joshua Redman und Wayne Shorter traten in mehreren Superbands auf. Höhepunkt des Jubiläums-abends war aber die Kür des neuen Preisträgers. Drei Pianisten stritten um die begehrte Auszeichnung. Gerald Clayton, 22-jäh-riger Sohn des bekannten Bassisten John Clayton, bekam für seine Performance vom Publikum frenetischen Beifall. Die Sache schien entschieden. Und mit dem ebenfalls 22-jährigen Aaron Parks war ein weiterer hochkarätiger Finalist im Rennen. Aber dann die Überraschung: Der erst 19-jährige Armenier Tigran Hamasyan kam, spielte und gewann den prestigeträchtigen Preis. Jazz-Titanen wie Herbie Hancock und Andrew Hill saßen in der Jury und waren von Tigrans Interpretation der beiden Standards «Cherokee» und «Solar» begeistert. Zwei Jahre später, als Herbie Hancock beim französischen Festival Orléans’Jazz nach einem großartigen Auftritt des Newcomers die Bühne betrat, rief er vol-ler Bewunderung dem Publikum zu: «Tigran! Außergewöhnlich! Jetzt ist er mein Lehrer.»

Ein WunderkindGanz überraschend kam der Siegeszug des talentierten Pianisten mit dem enormen Einfühlungsvermögen aber nicht. 1987 im ar-menischen Gyumri in einer musikalischen Familie geboren, saß er

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bereits mit drei Jahren am Klavier, trällerte Songs von den Beatles oder Led Zeppelin und versuchte sich an den schwarzweißen Tasten zu begleiten. «Von Anfang an improvisierte ich, ohne zu wissen,

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was ich da tat. Vielleicht zog es mich ja deshalb zum Jazz hin», versucht Tigran seine Leidenschaft zu erklären, die bereits im Alter von sieben Jahren begann. 1997 zog die Familie Hamasyan in die Haupt- stadt Jerewan, wo 1998 das erste International Jazz Festival zele- briert wurde, bei dem auch der begabte Sohn auftrat. «In der UdSSR gab es durchaus Jazz. Aber nach Armenien drang kaum etwas vor», erinnert er sich. Im Gegensatz zur Klassik, wo zahlreiche groß- artige Musiker ausgebildet wurden, habe der armenische Jazz da-mals noch in den Kinderschuhen gesteckt. Er sollte mit Tigran erwachsen werden.

1998 stieß der Junge auf den erfahrenen Pianisten Vahagn Hay- rapetyan, der gerade aus New York zurückgekehrt war. In weniger als einem Jahr brachte dieser ihm die theoretischen Grundzüge des Jazz bei. «Ein, zwei Monate übte ich wirklich den ganzen Tag», beichtete Tigran dem Magazin Jazzdimensions. Derart im Jazz ver- sunken, begeisterte er 2000 beim zweiten Festival von Jerewan nicht nur Gaststar Chick Corea, sondern auch Stéphane Kochoy-an, den französischen Musikmanager armenischer Abstammung. Der brachte ihn schließlich auf die Bühnen der großen Festivals in Frankreich. «In dieser Zeit habe ich durch Musiker wie Keith Jarrett, Jan Garbarek und Gurdjieff die Musik erst richtig kennengelernt», erin-nert sich Tigran gern zurück.

Dann geschah etwas Kurioses: Erst nach dem Jazz entdeckte Tigran die Musik seiner Heimat. Wieder, könnte man sagen. Und be-sann sich ganz auf seine armenische Musiktradition. «Mein Jazz baut sich seit dieser Zeit auf der armenischen Volksmusik auf. Auf deren Modi und Skalen», erklärt er. Seine Musik bekam dadurch eine mit- reißend authentische Erdung. So erspielte er sich 2002 in Paris beim Martial Solal International Jazz Piano Competition den drit- ten Preis. Mit gerade mal 15 Jahren. Im Jahr darauf gewann er die ersten Preise beim Festival in Antibes Juan-les-Pins und beim Montreux Jazz Solo Piano Wettbewerb. Und ging mit seiner Fami- lie ins gelobte Jazz-Land USA, um an der University of Southern California in Los Angeles zu studieren. Und um dort bald den bekanntesten Jazzwettbewerb zu gewinnen.

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2006 veröffentlichte Tigran seine Debüt-CD «World Passion», die er bereits 2004 eingespielt hatte. Dass sie kein bisschen nach der ersten Studioarbeit eines 17-jährigen Nachwuchspianisten klang, war bei ‹Wunderkind› Tigran eigentlich wenig überraschend. Eindrucksvoll gelang es ihm, alle diese Einflüsse zu einem kraft-vollen Welt-Jazz zu vereinen. Auf mitreißende Tänze ließ er roman- tische Sehnsuchtsstücke folgen. Gekonnt zitierte er mit Arpeggios die Klassik oder brachte mit Highspeed-Soli seine armenische Folklore zum Beben.

Jazz, Folk und Rock’n’RollDer Durchbruch gelang Tigran schließlich mit seinem 2009er- Album «Red Hail». Diesmal sorgte er aber doch für eine Über- raschung: Denn was sich da über aller virtuoser Jazz-Artistik und armenischer Volksmusik furchtlos breit machte, war purer Rock’n’Roll. Und zwar der härteren Gangart. Nicht umsonst zählt Tigran Tool und Meshuggah zu seinen Lieblingsgruppen. Zwei Bands, die für abgründigen Progressiv-Metall bekannt sind. Bereits der komplex hämmernde Titeltrack «Red Hail» erinnerte deutlich an die schleppende Gewalt von Tool. Tigrans feine Klavier- melodien gingen absolut schlüssig in mächtig verzerrte Piano- und Gitarrenriffs über. Meisterlich schichtete er melodische Struk- turen von Gesang, Piano und E-Gitarre zu wild wuchernden Klanggebilden auf. Mal ließ Tigran seine Weltmusik nach Miles Davis’ Fusion à la «In a silent way» klingen, dann wieder nach pu- rer Progrock-Power. Brad Mehldaus Lob für «Red Hail» muss man nicht übersetzen: «It makes you want to bang your head, in this really cool way.» Wie so viele war Mehldau von der Mischung aus jugendlicher Aggressivität und überschwänglichem Melodie- gefühl begeistert.

Seit «Red Hail» gibt es einige Musiker, die Tigran bis zum heuti- gen Tag begleiten. Der erfahrene iranisch-amerikanische Bassist Sam Minaie ist einer davon. Er ist auf Dutzenden von Alben bekannter Jazzer zu hören. Etwa von Ravi Coltrane, dem Clayton- Hamilton Jazz Orchestra, Peter Epstein oder Kenny Werner. Auch Sängerin Areni Agbabian gehört zum Stamm von Tigrans Ensem- bles. Sie ist als in den USA geborene Armenierin ganz nah dran

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an den Musikvisionen des Pianisten und blickt auf langjährige Auftritte im Bereich von Tanz, moderner Oper und Multi-Media zurück. Sie ergänzt Tigrans Musik durch eine faszinierend schwere- lose Note. Auch auf seiner neuen Einspielung «Shadow Theater», die er nun auf der Bühne der Philharmonie präsentiert.

Drummer Arthur Hnatek und Gitarrist Charles Altura sind da gegen noch relativ neue Wegbegleiter Tigrans. Mit Hnatek ist er schon vermehrt im Trio aufgetreten. Bereits als 16-Jähriger ge-wann Hnatek den wichtigsten Schweizer Schlagzeug-Nachwuchs- preis der Klasse bis 25 Jahren. Im Jahr darauf ging er mit einem Stipendium nach New York. Heute lebt er längst in der Stadt, in der er an der New School for Jazz studierte, und die ihn in Be- rührung zu Künstlern wie John Patitucci, Krik Nurock, Shai Maes- tro und auch Tigran gebracht hat. Vervollständigt wird Tigrans Quintett durch den ebenfalls noch jungen Charles Altura. Zwei sogenannte Jazz-Legenden zählen seit geraumer Zeit auf den Newcomer. Zum einen Stanley Clarke, mit dessen Band er über zwei Jahre tourte und auf dessen Grammy prämiertem Album «The Stanley Clarke Band» er zu hören ist. Außerdem setzt auch Chick Corea in seiner brandneuen Superband «The Vigil» auf Charles Altura und dessen leichtfüßigen wie prägnanten Gitarren- läufe. Als Verneigung sowohl vor seiner Virtuosität als auch sei-nem Feeling muss die Bezeichnung verstanden werden, mit der die L.A. Weekly den Musiker von der Westküste bereits geadelt hat: «Scofield on Speed».

Brillanz und NachdenklichkeitAbsolut cool wirkt Tigran immer auf den Covern seiner CDs: Bei «World Passion» trägt er lässige Baggy Pants, für «A Fable» prä- sentiert er sich zwei Jahre später mit zerzauster Wuschelfrisur und smarter Lederjacke. Bei der 2013er-Single «Road Song» ziert ihn nun ein stylisher Iro. Auf der Bühne ist von unnahbarer Cool-ness jedoch keine Spur: Mit jeder Faser seines Körpers scheint er die Musik nach Außen transportieren zu wollen. Nicht umsonst nennt er neben Herbie Hancock, Thelonious Monk oder Art Tatum auch Keith Jarrett als wichtiges Vorbild. Mit dem ruhelo-

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sen Improvisationsgenie verbindet ihn neben der Extrovertiert-heit an den Tasten außerdem die Meisterschaft, intensiven Jazz durchaus auch nach brillanter Klassik klingen zu lassen.

Auf seiner Solo-CD «A Fable» hatte Tigran die nächste Über- raschung parat: seinen Gesang. Er vertonte Gedichte berühmter Landsleute wie Hovhannes Tumanyan («Longing») oder Gegham Saryan («The Legend oft the Moon») im Stil armenischer Volks-musik. Aber auch Instrumentalstücke wie «Samsura» begeistern mit großer Eindringlichkeit. Die Rock-Power von «Red Hail» hat Tigran mittlerweile in furios feingliedrige Virtuosität umgewan-delt – hier in einen anspruchsvollen 5/8-Takt. Mit höchster tech-nischer Brillanz spielt er sich auf vielen Stücken tief hinein in die Schwermut seiner Heimat. Und gibt dem eigentlich recht froh in die Zukunft blickenden US-Standard «Someday my prince will come» kurzerhand eine ungehörige Portion Nachdenklichkeit.

Ohne Scheu öffnet sich Tigran auch für skandinavische, indische oder afrikanische Volksmusik. Nimmt alle Traditionen begierig in sich auf. Zugleich ist sein Sound enorm modern. Er lässt seine Stücke remixen, legt per Overdubbing von Stimmen und Geräu- schen noch mehr Atmosphäre darüber oder experimentiert mit Sprechgesang. 2013 hat er mit dem norwegischen Trompeter Arve Henriksen und den Elektronik-Tüftlern Jan Bang und Erik Honoré den elegischen Soundtrack zum Film Victoria eingespielt. Er war mit Ausnahme-Schlagzeuger Arie Hoenig auf Tour. Und als Einstimmung auf seine neue CD «Shadow Theater» veröffent- lichte er vorab ein schönes Video zu «Road Song», in dem er in Anspielung an Kino-Urvater George Mélies auf den Mond fliegt und anschließend ein Klavier mit Farbbomben bewerfen darf. All das zu mitreißend leichtfüßigen Klängen seines Ensembles. Tigran und seine Musik kann man immer weniger in irgend- welche Schubladen stecken. Und das macht ihn immer mehr zu einem ganz Großen.

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InterprèteBiographie

IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII Tigran piano, vocalsTigran Hamasyan est un jeune musicien né en 1987 en Arménie. En 2003, Tigran déménage avec sa famille à Los Angeles en Cali- fornie. Il commence le piano à l’âge de trois ans. Depuis l’âge de 13 ans, il joue dans des festivals européens. Grâce à ses concerts et enregistrements, sa réputation n’a cessé de croître. Il a remporté de nombreux prix lors de prestigieux concours de piano, notamment le 1er Prix de la Thelonious Monk International Jazz Piano Competition 2006, dont la présidence est confiée à Herbie Hancock. Il a aussi acquis une sérieuse reconnaissance grâce à ses quatre albums et à ses quelques centaines de con- certs, qu’il a donnés dans le monde entier (Montreux, Montréal, North Sea, Juan-les-Pins, Marciac, London Jazz Festival, Winter Festival à New York). En 2013, Tigran a remporté le Vilcek Prize for Creative Promise en musique contemporaine. Son premier al- bum, enregistré à Paris en piano solo, «A Fable» est sorti en 2011 chez Universal. Il s’est particulièrement bien vendu pour un album instrumental, avec 30 000 exemplaires. Il reçoit des critiques élogieuses, dont une Victoire du Jazz en France en 2011. Le profil de Tigran est unique, il affiche une dextérité éblouissante au piano avec un indéniable sens de la composition. Il est autant à l’aise avec le jazz, la musique classique, le répertoire populaire armé- nien, le rock, le heavy métal qu’avec l’avant-garde. Son derni-er album «Shadow Theater», enregistré avec son groupe, est paru en France le 26 août 2013. Sa réputation d’artiste original ne cesse de s’étendre. Elle est suscitée par la passion que dé-gage Tigran Hamasyan, ses improvisations de jazz, le caractère

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de punk atmosphérique de sa musique, associé avec les influ-ences de la riche musique folklorique de son Arménie natale. «Shadow Theater» fait entendre un son frais et inspirant qui combine de nombreux éléments colorés, emportant l’auditeur

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dans un véritable voyage musical. Tigran est actuellement en tournée avec son groupe, contrepoint à la sortie de «Shadow Theater». Leur premier single, «Road Song», est sorti cette an-née – un clip en a été réalisé – et a déjà été remixé par Pre-fuse73, L.V. et Arthur Hnatek.

Tigran (photo: Vahan Stepanyan)

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IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII Tigran piano, vocalsTigran Hamasyan is a young musician born 1987 in Armenia. Tigran started playing piano at the age of three. His reputation has steadily grown with every performance. Since the age of 13, he has played in European festivals. He has won prestigious piano competitions, most notably, the 2006 Thelonious Monk jazz piano competition under supervision of Herbie Hancock. He has earned serious recognition with 4 albums and hundreds of concerts all around the world (Montreux, Montreal, Printemps de Bourges, North Sea, Juan Les Pins, Marciac, Monterey Jazz Fest, London Jazz Festival, Winter Festival in NY etc.). Recently, Tigran was named the winner of the 2013 Vilcek Prize for Cre-ative Promise in Contemporary Music. His first album for Uni-versal recorded in Paris on solo piano, «A Fable», was released in 2011. It sold impressively well for an instrumental album with 30,000 units. It received praises throughout including winning a French Victoires du Jazz award in 2011. Tigran’s rising stature in music garners notice globally wherever he has been able to be heard. Tigran truly has a unique profile. Not only can he display dazzling piano dexterity, but also an undeniably profound sense of composition. He’s equally at ease with jazz, classical music, Armenian popular repertoire, rock, heavy metal, or avant-garde. His new album «Shadow Theater», recorded with his band, has been released fall 2013. It exhibits continued growth as an origi-nal artist. It is fueled by his passion, atmospheric punk jazz im-provisations fused with the rich folkloric music of his native Ar-menia. «Shadow Theater» is a fresh inspiring sound that com-bines many colorful elements capturing the listener into a mu-sical journey. The first single is to be released in early March along with music video of the single from the new album, re-mixes by Prefuse73, and LV.

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IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII JAZZ & BEYONDProchain concert du cycle «Jazz & beyond»Nächstes Konzert in der Reihe «Jazz & beyond» Next concert in the series «Jazz & beyond»

Mardi / Dienstag / Tuesday 12.11.2013 20:00 Grand Auditorium

Wayne Shorter QuartetWayne Shorter saxophoneDanilo Pérez pianoJohn Patitucci double bassBrian Blade drums

IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII IPHIL Prochain concert du cycle «iPhil»Nächstes Konzert in der Reihe «iPhil» Next concert in the series «iPhil»

Dimanche / Sonntag / Sunday 10.11.2013 20:00 Grand Auditorium

Filarmonica della ScalaAndrés Orozco-Estrada directionKristine Opolais soprano

Giuseppe Verdi: La traviata: Sinfonia; «Tu che le vanità» (Don Carlo)Pietro Mascagni: Cavalleria rusticana: Intermezzo sinfonicoGiacomo Puccini: «Tu che di gel sei cinta» (Turandot); «Un bel dì» (Madama Butterfly)Giuseppe Verdi: Les Vêpres siciliennes: SinfoniaModeste Moussorgski: Tableaux d’une exposition (Bilder einer Ausstellung) (arr. M. Ravel)

Backstage18:30 SMCFilm: Der Taktstock von Michael Wende (2010) (VO D / ST E) – 65’

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La plupart des programmes du soir de la Philharmonie sont disponibles avant chaque concert en version PDF sur le site www.philharmonie.lu

Die meisten Abendprogramme der Philharmonie finden Sie schon vor dem jeweiligen Konzert als Web-PDF unter www.philharmonie.lu

Impressum

© Etablissement public Salle de Concerts Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte 2013Pierre Ahlborn, PrésidentStephan Gehmacher, Directeur Général Responsable de la publication: Stephan Gehmacher Design: Pentagram Design LimitedImprimé au Luxembourg par: Imprimerie Fr. Faber Tous droits réservés.

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