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71 Jour 4: Le commerce international: théorie, structures et développements S. Kjeldsen-Kragh KVL : The Royal Veterinary and Agricultural University, Copenhague Table des matières Ce chapitre traite de la théorie économique liée au commerce international. L’objectif principal est d’essayer de répondre à quelques questions cruciales, à savoir: 1. Que nous dit la théorie économique à propos du libre-échange et du protectionnisme? 2. Quelles sont les sources de gains du commerce international? 3. Quelles sont les implications politiques de la théorie du commerce international?

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Jour 4:

Le commerce international: théorie, structures etdéveloppements

S. Kjeldsen-KraghKVL : The Royal Veterinary and Agricultural University, Copenhague

Table des matières

Ce chapitre traite de la théorie économique liée au commerce international. L’objectif principal estd’essayer de répondre à quelques questions cruciales, à savoir:

1. Que nous dit la théorie économique à propos du libre-échange et du protectionnisme?2. Quelles sont les sources de gains du commerce international?3. Quelles sont les implications politiques de la théorie du commerce international?

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1. Que peut nous apprendre la théorie économique sur le libre échange et leprotectionnisme?

1.1 Une illustration géométrique des gains des échanges

La manière traditionnelle d’illustrer les gains des échanges est d’utiliser les outils géométriques dela courbe des possibilités de production, montrant les conditions de l’offre, et la courbed’indifférence collective, montrant les conditions de la demande.

La figure 1 illustre les conditions de l’offre et de la demande dans une économie (pays Z), oùdeux biens sont produits et consommés, à savoir un produit agricole (a) et un produit industriel (i).

Figure 1

[figure 1 p.111]

La courbe qq est la courbe des possibilités de production et les courbes cic sont les différentescourbes d’indifférence collectives.S’il n’y a pas d’échange, la combinaison optimale des deux biens dans la production et laconsommation peut être décrite par le point Q1. On fait l’hypothèse que les marchés sont enconcurrence parfaite. Dans le cas d’autocratie (point Q1), le taux marginal domestique detransformation dans la production (TMTd) est égal au taux marginal domestique de substitutiondans la consommation (TMSd). TMSd et TMTd sont égaux au prix relatif Pi /Pa , qui à son tourest égal à la pente de la tangente PP à la courbe de transformation.

S’il y a commerce international, le prix relatif du marché mondial peut être décrit par la pente deslignes droites indiquées par W. C’est le taux marginal étranger de transformation (TMTe). Sur lemarché mondial, le produit industriel est relativement plus cher que dans le pays dont noustraitons, quand ce pays ne participe pas au commerce mondial.

Quand le pays participe aux échanges mondiaux, les producteurs et les consommateurs sontconfrontés aux prix relatifs du marché mondial. Dans le cas du marché libre, la productions’établit au point Q2 et la consommation au point C2. C2 se trouve sur une cic plus “haute” queQ1, ce qui indique un gain provenant de l’échange.

Les gains provenant de l’échange peuvent être divisés en deux parties, à savoir un gain de“consommation” et un gain de “production”. Le premier est associé au mouvement de c1 à c2.La composition du produit dans la production est inchangée, mais il y a un effet d’amélioration dubien-être associé avec la possibilité de vendre les biens produits sur le plan international àd’autres termes de l’échange que dans le cas de l’autarcie. Le TMSd de la consommation dans lepays Z est maintenant égal au TMTe. La seconde partie est associée au mouvement de c2 à c3 ,qui est dû au déplacement de la production de Q1 à Q2. Le pays Z gagne à spécialiser saproduction, de sorte que le TMTd dans le pays Z soit égal au TMTe.

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Faisons l’hypothèse que l’autarcie était due à un droit de douane prohibitif sur le bien a. Si cedroit est graduellement levé, de sorte que le pays Z évolue de l’autarcie vers le libre échange, lebien-être dans le pays Z va augmenter progressivement.

Par cette illustration simple nous avons “prouvé” que le libre échange est meilleurs que lecommerce réduit par des intervention de protection, qui de nouveaux est préférable à l’absencetotale d’échange.

Malheureusement l’histoire n’est pas si simple.

1.2 L’hypothèse à la base du modèle

Le modèle de la figure 1 est basé sur plusieurs hypothèses. Nous nous demander ici si l’abandond’une de ces hypothèses va résulter à d’autres conclusions.

Les différentes hypothèses sont liées:

− au côté de la demande− au côté de l’offre− au fonctionnement des marchés− à la méthode analytique utilisée

1.2.1 Le côté de la demandeLe problème de la distribution des revenusIl est fait l’hypothèse que la demande pour les deux produits dans le pays peut être décrite par unensemble de courbes d’indifférences collectives. Il n’est possible de construire ces courbesd’indifférences que si nous avons seulement un consommateur, ou si nous avons desconsommateurs avec des préférences identiques. Si nous avons plus d’un consommateur, nousavons un problème de distribution des revenus, sans tenir compte de l’hypothèse de préférencesidentiques ou non entre les consommateurs.

Pour illustrer cela, introduisons le concept le frontière des possibilités d’utilité. Nous avons deuxconsommateurs, chacun avec un ensemble pertinent de courbes d’indifférence.

Dans la figure 2, nous avons l’utilité des deux ménages UA et UB sur les axes.

Figure 2

[figure 2 p.113]

S’il y a autarcie, et le pays produit et consomme le panier de biens Q1 sur la figure 1, le panierpeut être divisé entre les deux ménages, de sorte que la combinaison maximale accessible desutilités puisse être tracée dans le diagramme (figure 2). Si une autre politique interne des prix,avec une autre relation interne des prix est suivie, le point de production sera à un autre point dela courbe qq sur la figure 1. Ce panier de produits peut de nouveau être divisé entre les deux

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ménages, et la combinaison maximale accessible des utilités peut de nouveau être déterminéedans le diagramme.

Toutes les combinaisons maximales des utilités forment la frontière des possibilités d’utilité. Lacourbe 1 de la figure 2 montre la frontière des possibilités d’utilité dans le cas de l’autarcie.Quand nous nous déplaçons le long de la courbe, les paniers des deux biens sont différents et ladistribution de revenu entre les ménages change.Les courbes 2 et 3 sont les frontières des possibilités d’utilité quand nous avons respectivementéchange avec une certaine protection et libre échange. Les prix internationaux sont supposésconstants.

Initialement, il y a autarcie et il existe une certaine structure de production et une distribution derevenu dans la société, ce qui signifie que la combinaison des utilités est en A. Maintenant lelibre-échange est introduit et la combinaison des utilités est en B. Dans ce cas, le ménage B aamélioré son bien-être, mais le ménage A en obtient un plus faible. Est-il impossible dans ce casd’établir que la situation de libre échange est préférable à l’autarcie, en se souvenant du critère dePareto pour un bien-être amélioré?

Si la distribution des revenus dans le cas du libre échange est changée, il est possible de sedéplacer de B à B1. Il ne peut donc être mis en doute que le libre échange est potentiellementmeilleur que l’autarcie.

La discussion ici n’est pas une discussion académique sans implications pratiques. Selon lemodèle de Heckscher - Olin (voir plus loin), l’ouverture des échanges va améliorer le revenu dufacteur de production relativement abondant, et diminuer le revenu du facteur relativement rare.

L’objection au libre-échange basée sur la distribution des revenus est donc balayée, si nousdisons qu’un changement dans le régime des échanges est meilleur quand le bien-être de tous lescitoyens peut potentiellement être augmenté.

La variété des produitsLes produits a et i (voir figure 1) sont souvent considérés comme des produits standardisés. Cen’est évidemment plus le cas des biens industriels. Nous traitons ici des produits différenciés pourlesquels le niveau de qualité peut être différent, et le mix de qualités suivant différentescaractéristiques pour différents biens, à un niveau moyen donné de qualité, peut varier.

Des consommateurs différents ont des préférences différentes sur i pour le niveau de qualité et lemix de qualités. Quand il y a commerce international, les chances de trouver la variété idéale estplus grande que s’il n’y avait pas d’échange. Différentes marques de voiture ont des qualitésdifférentes et des caractéristiques différentes. Au plus la variété de marques est grande, au plus lachance de trouver le produit que vous préférez est grande.

En achetant des biens d’un certain type, le consommateur veut couvrir un ensemble de besoins.Quand les personnes achètent des vêtements, ils ne le font pas seulement pour se couvrir, maisaussi parce que le vêtement peut être plus ou moins agréable à porter en différentes occasionssociales. Une variété de produits différenciés est plus apte à satisfaire un tel ensemble complexe

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de besoins. Si le commerce international permet l’accès à une variété plus large, qui satisfaitmieux des différents besoins, le bien-être des consommateurs augmente.

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1.2.2 Le côté de l’offreL’hypothèse à la base de la courbe des possibilités de productionDans la figure 1, la courbe qq est concave. Elle pourrait cependant être droite ou convexe. Laforme de qq dépend des hypothèses sur les conditions de production.Même sans tenir compte de la forme de qq, nous allons toujours obtenir un gain des échanges.La forme influence seulement la grandeur des gains et influence aussi la structure de production.

Les différentes formes de la courbe des possibilités de production, et les hypothèses induites, sontintéressantes quand nous discutons les raisons et la structure du commerce international.

Ce n’est cependant pas très intéressant pour discuter de l’existence de gains provenant deséchanges. Dans tous les cas, nous allons gagner à échanger, même si la grandeur des gains quenous allons en tirer variera selon les conditions spécifiques.

Les produits intermédiairesLe modèle de la figure 1 fait l’hypothèse implicite que nous avons deux produits finis. Leséchanges entraînent alors une spécialisation entre les deux industries, chacune produisant unproduit fini.

Cependant, il est bien connu que ceci est une mauvaise description du processus de production.Les matières premières sont tirées des ressources naturelles en utilisant des inputs. Les matièrespremières sont ensuite transformées en produits intermédiaires. Différents produits intermédiairesde différentes industries, combinés au travail et au capital, sont nécessaires pour produire leproduit fini. Plutôt que de parler de spécialisation entre produits, on devrait plutôt parler despécialisation entre processus.

Les échanges ont lieu à tous les niveaux entre matières premières, biens intermédiaire et produitsfinis. Quand on se penche sur la structure de spécialisation entre produits finis, cette structure esttrès dépendante du fait qu’il y ait ou non des barrières aux échanges pour les matières premièreset les biens intermédiaires.

Nous avons deux pays Z et Y, et nous avons deux produits finis, A et B. La production de A etde B nécessite à la fois du capital et du travail, mais de plus la production de chaque biennécessite un produit intermédiaire spécifique, respectivement a et b. Pour donner un exemple, Aest la production de vêtements et a est la matière première, le coton. B est l’ameublement et b lebois.

La production de vêtements (A) est la production intensive en capital et Z est le pays où le capitalest relativement abondant, avec seulement une petite production de coton mais une productionélevée de bois, qui est intensive en travail.

S’il n’y a pas d’échange de biens intermédiaires, nous avons une courbe de possibilité deproduction qq1 pour le pays Z, comme nous le voyons dans la figure 3. Le pays Z produit en P1

et consomme en C1. Il exporte des meubles (B) dont la production est intensive en travail, bienque le pays Z soit le pays riche en capital.

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S’il y a échange entre produits intermédiaires, le pays Z va importer du coton et exporter du bois.La courbe des possibilités de production va maintenant être qq2. Le pays Z va maintenantproduire en P2 et consommer en C2, ce qui signifie que le pays Z exporte le produit intensif encapital A (vêtements), parce que la pays est doté en capital et a la possibilité d’importer leproduit intermédiaire nécessaire, le coton.En introduisant les échanges dans les produits intermédiaires, la structures des échanges a changé.En même temps, le pays Z obtient un plus haut niveau de bien-être.

L’introduction des échanges dans les produits intermédiaires ne viole pas la conclusion sur lesgains des échanges. Elle souligne au contraire les gains potentiels.

Figure 3

[figure 3 p.116]

1.2.3 Le fonctionnement du marchéLa concurrence parfaiteL’existence de la concurrence parfaite est normalement supposée dans le cas des marchésrestreints et des marchés libres. Il est bien connu que cette hypothèse n’est plus valide,particulièrement sur les marchés industriels.

S’il l’on observe les petites économies fermées, il est certain que la plupart des marchés sontdominés par des monopoles, des oligopoles ou autres structures de marché de concurrenceimparfaite. En s’ouvrant au commerce international, on aura une plus forte concurrence sur cesmarchés.

La modification de la structure de marché va d’elle-même améliorer le bien-être. Ceci est illustréà la figure 4. Avant d’avoir des échanges, nous avions un monopole dans la production du bienA. Nous produisions et consommions en P1, et nous avons un niveau de bien-être décrit par c1.Si nous avons toujours une économie fermée en concurrence parfaite, nous nous déplaçons versP2 , ou nous avons un niveau de bien-être supérieur, décrit par c2.

Figure 4

[figure 4 p.116]

La modification de la structure de marché vers plus de concurrence, entraînée par le commerceinternational, a un effet d’amélioration du bien-être, qui est négligé dans notre modèle original dela figure 1.

La pleine utilisation de toutes les ressourcesDans la figure 1, on fait l’hypothèse que toutes les ressources sont toujours utilisées. Nousopérons sur la courbe des possibilités de production qq. Si toutes les ressources ne sont pasutilisées, nous opérons à l’intérieur de la ligne en pointillés de la figure 5.

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S’il y a plein emploi sans échanges, nous produisons et consommons en P1. C’est alors que nousouvrons aux échanges, et si nous sommes en sous-emploi, nous produisons en P2 et consommonsen C2, avec un niveau de bien-être inférieur. On pourrait alors affirmer que le protectionnisme estpréférable aux échanges.

Dans un monde néoclassique, avec substituabilité entre capital et travail, et avec flexibilité des prixsur le marché des facteurs, les prix relatifs entre le capital et le travail vont s’ajuster et assurer leplein emploi et la pleine utilisation des capacités de production. Si B est le produit intensif encapital, alors son prix va augmenter et le prix du produit intensif en travail va chuter dans lestermes de l’échange internationaux, comme on le voit dans la figure 5 (la pente de la droite enpointillés). Pour avoir le plein emploi, le taux de salaire doit diminuer, et le taux de rendement ducapital doit augmenter.Si les prix des facteurs ne sont pas flexibles, c’est-à-dire si le taux de salaire n’est pas flexible, il yaura sous-emploi. S’il y a concurrence sur le marché du travail, il y aura tôt ou tard plein emploi.Le problème est de savoir si l’ajustement prend place et à quelle vitesse. Un alternative à labaisse des salaires nominaux est une dévaluation, à travers laquelle les travailleurs acceptent unebaisse des salaires réels.

Figure 5

[figure 5 p.117]

Dans le cas d’une rigidité du taux de salaire, il y a une distorsion sur le marché du travail parceque les coûts privés sont supérieurs aux coûts sociaux. La question est si la politique deséchanges sous forme de protection est un instrument adéquat pour obtenir le plein emploi. Atravers le protectionnisme, le pays essaie de résoudre le problème de l’emploi, tout en créant desproblèmes similaires pour les voisins. Le résultat pourrait facilement être que les voisins protègentaussi leurs industries concurrentes aux importations, et le bien-être global décroît. En particulier, sila demande mondiale en général est apathique, il est risqué d’utiliser les instruments de la politiquedes échanges. Une dévaluation est préférable, si elle est capable de modifier les prix relatifs desfacteurs dans le long terme. Même dans le cas d’une dépression mondiale, un ajustement du tauxde change avec l’étranger peut être remis en question, parce que les autres pays peuvent avoirrecours aux mêmes politiques.

De là, le problème de l’emploi devrait être résolu par une coordination des politiques macro-économiques, et non par l’utilisation d’instruments de la politique des échanges.

Les coûts d’ajustementDans le modèle présenté à la figure 1, on a fait l’hypothèse que la production pouvait s’ajustersans difficultés au nouveau rapport des prix. On peut étendre l’activité d’un secteur et larestreindre dans un autre sans problèmes. Le modèle ne prend pas en considération le fait quel’ajustement soulève nécessairement des coûts.La force de travail ne peut pas non plus se déplacer géographiquement sans coûts. La force detravail ne peut pas s’adonner à de nouvelles activités sans formation. A court terme, il n’y a pasde substitution parfaite entre une force de travail donnée ayant différentes occupations.

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De la même manière, il n’y a pas substitution parfaite dans l’utilisation du stock de capital existant.L’hypothèse néoclassique sur la substitution entre le capital et le travail n’est pas valide à courtterme. Dans le très court terme, on est limité dans l’utilisation du capital et du travail. Ce n’estqu’en rapport avec de nouveaux investissements dans de nouvelles technologies que nous avonsdes possibilités de substitution.

Le point principal est qu’un marché plus libre a besoin d’un ajustement des ressources dans lespays participants. Au plus vite il prend place, au plus vite le pays ressentira les bénéfices deséchanges.Nous ne devons pas oublier que dans tous les cas le processus d’ajustement est coûteux. Pourtout changement, nous avons un stock de capital donné, qui ne peut être utilisé que dans uneproduction spécifique. Nous n’avons pas substitution parfaite dans l’utilisation du capital entredifférents secteurs à court terme.

De là, l’annonce d’un programme graduel de libéralisation va faciliter le processus d’ajustement,parce que le stock de capital existant devient graduellement obsolète et les nouveauxinvestissements peuvent prendre place dans les nouvelles productions plus prometteuses.

La concurrence avec des conditions changeantes nécessite toujours des ajustements del’économie si nous voulons obtenir des gains de l’échange. Le libre-échange accroît laconcurrence et un ajustement de la production est nécessaire. Dans le court terme, il y a descoûts associés avec l’ajustement, mais ce n’est pas une raison pour éviter l’ajustement, mais aucontraire un argument pour le faciliter, afin de minimiser les coûts totaux. Chaque pays devraitpayer sa part des coûts d’ajustement, en prenant en considération que dans certains pays il estplus facile de s’ajuster que dans d’autres. Typiquement, les pays industrialisés ont des possibilitésplus larges que les pays en voie de développement, parce que les possibilité de productionalternatives sont variées. En même temps le système de sécurité sociale est meilleur.

Dans les deux cas, le déplacement de la protection vers le libre échange, et le libre échange, lesajustements sont nécessaires. Dans le court terme, ils peuvent entraîner un chômage plus élevé etdes problèmes de balance des paiements. Ceci fait partie intégrante du processus d’ajustement,et ce n’est pas un argument pour le protectionnisme.

Uniquement dans certains cas de dumping ou de subside, il est acceptable d’utiliser des tarifsantidumping et des droits compensatoires pour éviter de subir les coûts d’ajustement sans profiterdes gains des échanges.

Les distorsionsJusqu’à maintenant, nous avons fait l’hypothèse que les prix étaient “corrects”. Les prix reflètentles coûts privés de production et l’utilité privée, si nous avons des conditions de marché“parfaites”. Cela signifie que des gains excessifs pour les différents facteurs de production ne sontpas possibles dans le plus long terme.La question est de savoir si nous avons pleine correspondance entre les coûts privés et sociaux,ou pleine correspondance entre utilité privée et sociale.

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Nous avons déjà mentionné les problèmes à propos du niveau de salaire et du taux de changeavec l’étranger. Le taux de salaire devrait être si élevé qu’il est impossible d’avoir le plein emploiet une balance des paiements équilibrée. Le taux de change réel devrait être surévalué ou sous-évalué. Les instruments de la politique des échanges ne sont pas adéquats pour corriger cesdéséquilibres macro-économiques.

La question reste de savoir si les instruments de politique des échanges sont adéquats pourcorriger les imperfections micro-économiques. En connexion avec une production spécifique,nous avons souvent des externalités, la taille desquelles peut varier selon le produit.

En lançant une nouvelle production, une firme doit subir des coûts additionnels pour former laforce de travail. Cette formation est utile à la société, qui obtient une force de travail avec descapacités améliorées. Mais la firme ne profite pas de cette amélioration si la force de travail laquitte pour travailler dans une autre firme après avoir été formée.

Nous avons des économies et des déséconomies internes et externes. La pollution causée par laproduction ou la consommation est un exemple bien connu d’externalité.

On soutient parfois que le régionalisme est préférable au multilatéralisme du point de vue del’environnement. Cela diminue le besoin de transport, qui pollue. C’est une manière dangereusede penser, parce qu’elle laisse la porte ouverte à toutes les initiatives protectrices.

Au lieu de cela, on peut argumenter pour une taxe sur les différentes productions polluantes et lesprocessus de consommations polluants. Si les pays étrangers n’introduisent pas une telle taxe,est-il permis de restreindre les importations de l’étranger? Si la pollution étrangère a desconséquences sur le plan mondial, la réponse devrait en principe être oui, bien qu’il y ait degrandes difficultés à déterminer et à tomber d’accord sur ce que devrait être un tarif raisonnable.Si les externalités sont limitées à la nation où a lieu la production, il ne devrait pas être permis derenforcer les barrières aux échanges.

La forêt vierge d’Amazonie est un bien commun de l’humanité, dans le sens que son existence esttrès importante pour le climat mondial. Les Brésiliens détruisent la forêt et exportent du bois etdes biens agricoles cultivés sur la terre ainsi récupérée. Devrait-il être permis de renforcer lesbarrières aux échanges sur les produits forestiers et agricoles provenant du Brésil? En nedétruisant pas la forêt vierge, le gouvernement du Brésil préserve un bien public mondial.Devrait-il être payé pour cela, et si oui, combien?

Les hormones artificielles sont acceptées dans la production de nourriture animale aux USA.Elles ne le sont pas dans l’UE. Est-ce que l’UE peut interdire l’importation de nourriture animaleprovenant des USA, et produite en utilisant des hormones?

Quand le mécanisme de marché ne fonctionne pas parfaitement à cause des externalités, laquestion se pose de savoir si on va permettre l’introduction de barrières aux échanges d’une sorteou l’autre. Il est raisonnable d’intervenir, mais il faut analyser en détail si les barrières auxéchanges sont l’instrument adéquat. Pour éviter des distorsions liées aux produits, l’interventiondoit prendre place le plus près possible du problème réel.

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Le cas du grand paysJusqu’à maintenant on a fait hypothèse implicite que le pays en cause était un petit pays, quin’était pas capable d’influencer les termes de l’échange.

Cette hypothèse n’est pas toujours valide. Les USA et l’UE sont deux grands exportateurs etimportateurs pour de nombreux produits. Des accords formels ou des collusions parmi lesproducteurs de produits spécifiques peuvent influencer les prix du marché mondial, par exemplel’OPEP et autres accords sur le commerce d’un bien.

Un certain pouvoir de monopsone signifie que le pays ou le groupe de pays peut obtenir un prix àl’importation plus bas en réduisant ses importations. Ceci embrasse la discussion du tarif optimal.Un certain pouvoir de monopole rend possible l’amélioration des revenus des exportations, soitpar des quotas de production, soit par des taxes aux exportations.

S’il y a deux pays qui prennent part aux échanges et deux produits, un produit exporté et unproduit importé, la structure de l’échange sera la même que les nouveaux termes de l’échangessoient établis soit par un tarif sur les importations, soit par une taxe sur les exportations. Ladistribution du revenu entre les deux pays sera cependant différente. Le pays “imposeur de taxe”va toujours gagner.

D’un point de vue purement national, il y a un argument pour l’introduction d’un tarif àl’importation si le pays a un pouvoir de monopsone, ou d’une taxe à l’exportation si le pays a unpouvoir de monopole. Le bien-être dans le pays qui impose la taxe va augmenter, mais ce seratoujours aux dépends de l’autre pays. Le bien-être total dans le monde va diminuer. Plutôt qued’introduire des taxes, il serait préférable de transférer directement du revenu.

De plus il ne faut pas oublier que chaque pays imposant un tarif optimal peut causer desrépercussions au niveau international. S’il y a deux grands pays avec un pouvoir de monopsone,agissant indépendamment, nous allons terminer avec une situation d’autarcie.

En regardant la situation réelle dans le monde, il est évident que l’hypothèse du petit pays n’estpas adéquate. En relation avec les négociations du GATT, les USA et l’UE jouent des rôlesmajeurs. Des groupes de pays tels que le Groupe de Cairns peuvent aussi être un agentimportant.

Quelques producteurs (l’accaparement de la rente - “rent snatching”)Le cas “d'accaparement de la rente” est associé à des produits techniquement avancés, avec descoûts fixes de développement élevés. Dans certaines parties du secteur manufacturier, il y a delarges économies d’échelle. L’industrie aéronautique est un bon exemple. Si Boeing identified’abord les opportunités du marché et puis lance la production, il fera des profits élevés etdissuadera le compétiteur potentiel, l’Airbus européen, d’entrer dans la production. Supposonsqu’il n’y ait la place que pour une firme profitable dans une gamme particulière de produits del’industrie aéronautique. Si les gouvernements européens répugnent à accepter l’avantage deBoeing et s’engagent eux-mêmes à subventionner une production d’Airbus, alors la productiond’Airbus sera profitable de manière privée, que Boeing produise ou non. Sans supportréciproque aux USA, Boeing ne va pas produire sachant qu’Airbus va le faire. Tous les profits

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de monopole vont terminer chez Airbus et l’Europe s’en porte mieux. Les gouvernementseuropéens peuvent récupérer leurs subsides en taxant les profits du monopole d’Airbus.

Ce modèle “d’accaparement de rente” n’est pas un argument très convainquant pourl’intervention dans les échanges. Premièrement, le monde ne s’en porte pas mieux.Deuxièmement, il y a un risque de représailles si un pays commence à intervenir. Troisièmement,les conditions derrière le modèle sont de grandes économies d’échelle, créant une solide positiondans le marché pour la première firme entrante. Le nombre de secteurs où il n’y a de la placeque pour un ou deux producteurs est très restreint. Quatrièmement, le modèle est un modèle à unsecteur, ne prenant pas en considération le fait que les ressources utilisées dans le développementd’un produit ne peuvent pas être utilisées dans d’autres productions.

L’existence d’économies d’échelle importantes est ici utilisée comme argument pourl’intervention. Les bénéfices des échanges sont même supérieurs que quand nous avons deséconomies d’échelle dans le cas traditionnel des rendements constants. C’est un nouvel argumentpour le libre échange.

1.2.4 La méthode analytiqueLes avantages comparatifs statiques et dynamiquesLe modèle de la figure 1 est un modèle statique. Il y a une dotation donnée des facteurs dans lepays. Il y a des termes de l’échange internationaux donnés. Les résultats du libre échange sontcomparés avec une situation d’autarcie ou une situation avec des barrières tarifaires.

Il n’y a ni croissance ni développement dans le modèle1. La croissance et le développement sonten rapport avec le montant et la qualité des facteurs de production.La croissance démographique élargit la force de travail. L’accumulation élargit le stock physiquede capital. L’éducation améliore le capital humain sous forme d’une force de travail mieuxqualifiée. Le capital intangible augmente quand le progrès technologique prend place.

Une augmentation du stock des différents facteurs de production et une amélioration de la qualitéde ces facteurs peuvent être introduites dans l’analyse par un glissement vers l’extérieur de lacourbe des possibilités de production.

Dans la théorie néoclassique des échanges, on fait l’hypothèse que les facteurs de production sonttotalement mobiles entre secteurs et entre régions dans chaque pays, mais ils sont totalementimmobiles sur le plan international. Un flux de ressources de l’étranger va augmenter le stock desfacteurs de production.

Cependant, il est bien connu que la migration a historiquement eu lieu, et existe encoreaujourd’hui. Le capital et le savoir faire se déplacent également à travers les frontières. Lamobilité internationales des facteurs de production introduit également un déplacement de qq.

1 Quelle est la différence entre croissance et développement? Normalement, la croissance estmesurée par le taux de croissance du produit national brut (PNB). Le développement est mesurénon seulement par le PNB, mais aussi par un ensemble d’autres indicateurs importants de bien-être.

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La courbe qq se déplace vers la droite de différentes manières, dépendantes des modificationsdans la dotation des facteurs. La force de travail ou le stock de capital peuvent s’accroître. Il vay avoir des progrès technologiques, et ils peuvent être de type différent, selon qu’ils soientéconomes en capital, en travail, ou neutres. En introduisant des glissements de la courbe despossibilités de production, l’analyse devient de statique comparative.

Chaque pays dans le monde doit décider quel type de politique économique il veut poursuivre.Une question très importante est si le pays doit s’intégrer dans l’économie mondiale sur une basede libre échange, ou s’il doit de se protéger. Chaque pays a le choix entre une stratégie tournéevers l’extérieur et une stratégie tournée vers l’intérieur. Chaque pays doit aussi décider quellesera son attitude envers l’ensemble des règles régissant le commerce international.

Chaque pays veut élargir ses possibilités de production pas seulement maintenant, mais aussi dansle futur. En exploitant ses avantages comparatifs, il pourrait obtenir un niveau de bien-êtresupérieur maintenant, mais ce n’est pas toujours conforme avec le plus haut bien-être accessible àplus long terme.

Les avantages de la statique comparative ne correspondent pas nécessairement aux avantages dela dynamique comparative.

Si les avantages de la dynamique comparative ne correspondent pas à ceux de la statiquecomparative, la question est comment le gouvernement doit intervenir pour obtenir les avantagesdynamiques. Il est très important de réaliser que les avantages de la dynamique comparativedépendent très fort de la situation économique globale et du comportement des autres pays.

Une stratégie de libre échange est-elle plus favorable à l’obtention des avantages dynamiques?Ou la protection est-elle une stratégie plus prometteuse? Il est difficile de trouver une stratégiegénérale qui soit optimale pour tous les pays. Les conditions sont très différentes pour lesdifférents pays. A un moment donné, les pays sont à des stades différents du processus dedéveloppement. La base des ressources naturelles est différente, le montant et la qualité desstocks de facteurs faits par l’homme sont différents, la taille de l’économie est différente, lesinstitutions sont différentes.

Comme les conditions sont changeantes, il est très important que chaque pays soit capable des’ajuster. La possibilité de s’ajuster n’est pas la même partout. Cela devrait se passer de sorteque les pays capables de s’ajuster à des coûts plus bas supportent cette responsabilité plus queles pays plus pauvres ayant de grandes difficultés à s’ajuster.

Quand le sujet de discussion est le libre échange ou le protectionnisme, il est important d’analysercomment chacune de ces stratégies va influencer la dotation des facteurs et comment lesmodifications dans les dotations de facteurs vont influencer le bien-être. De ce point de vue, uneanalyse des liens au sein de l’économie est très importante.

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L’argument de l’industrie dans l’enfanceL’attaque la plus sérieuse contre la pensée du libre échange a été l’argument économiqueclassique pour la protection, à savoir l’argument de l’industrie dans l’enfance. Son plus célèbreadepte a été l’économiste allemand Frederich List. L’idée de base est qu’il est difficile pour uneindustrie dans un pays sous développé de s’établir, quand elle est exposée à la libre concurrencedes industries bien établies dans les autres pays. Même si la production domestique peut êtrerelativement inefficace dans le court terme, on argumente qu’il y a un avantage national à longterme à établir ou étendre la base industrielle, comme condition nécessaire au développementéconomique.

Il existe certaines économies externes qui vont graduellement apparaître quand l’industrie aura étéétablie. De là, la protection est nécessaire au début, mais devrait plus tard être levée quand leséconomies externes seront obtenues.

L’argument de l’industrie dans l’enfance est basé sur des imperfections situées quelque part dansle mécanisme du marché. Les imperfections peuvent être de différentes sortes. Même s’il estraisonnable d’essayer de remédier aux imperfections par l’intervention, il n’est pas du tout certainque les barrières aux échanges soient le meilleur instrument. Si l’imperfection est due à un niveaude salaire trop élevé, parce que les travailleurs n’ont pas les capacités nécessaires, alors unsubside des salaires serait un instrument adéquat. Si l’imperfection est due à un marché du capitalimparfait, il est raisonnable soit d’essayer de créer un marché du capital plus parfait, soit d’allouerdes subsides compensatoires. Il n’est pas du tout établi qu’un tarif protecteur soit le meilleurinstrument.

Bien que l’argument de l’industrie dans l’enfance puisse être valide, il y a deux grands problèmesen pratique. Il peut être difficile d’identifier les industries qui seront compétitives sans supportdans le long terme. Quand la protection est établie, elle va mener à une production inefficace, desorte que le support ne sera jamais supprimé. S’il n’y a pas une pression accrue pour augmenterla protection.

L’argument de l’industrie dans l’enfance est l’argument sous-jacent au développement de lastratégie de l’import-substitution. Avant de choisir une telle stratégie, il faut aussi considérer lespossibilités alternatives.La clé de la croissance est l’accumulation des facteurs. Ce n’est pas seulement l’accumulation decapital physique, mais aussi de capital humain, de savoir-faire et de progrès technologique.

Croissance “immiserizing”Le problème est que l’accumulation des facteurs va “immiserize” l’économie et résulter dans desgains inférieurs à ceux escomptés du commerce international.

Le libre échangeL’accumulation des facteurs va influencer négativement les termes de l’échange. Dans la figure 6,qq1 est la courbe des possibilités de production originale. La production s’établit en P1 et laconsommation en C1. Le pays se spécialise en A, qui est exporté, et il importe B.Quand l’accumulation des facteurs est concentrée dans le secteur A, la courbe des possibilités deproduction se déplace vers qq2. A termes de l’échange inchangés, il y a une forte augmentation

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de l’offre du bien exportable. La production sera P3, où la production du bien importable vadécroître. L’accumulation dans le secteur de l’exportation, par exemple des matières premières,évince le secteur de l’importation, par exemple le secteur manufacturier. S’il n’y a pas unedemande internationale “suffisante” pour l’offre supplémentaire du bien exporté, les termes del’échange vont se détériorer. Si le pays fini par produire P2 et consommer C2, alors le bien-êtreest plus bas après l’accumulation qu’avant.

L’alternative est de protéger le secteur de l’importation. Dans un monde dans lequel nous avonsseulement deux pays et deux biens, le résultat économique est indifférent entre une taxe àl’exportation et un tarif à l’importation. Quand nous abandonnons ces simples hypothèses, leschoses sont différentes.

Figure 6

[figure 6 p.124]

L’import substitutionUne stratégie de substitution aux importations peut aussi résulter en un bien-être inférieur, mêmedans le long terme. Il est généralement accepté que ce type de stratégie va diminuer le bien-êtredans le court terme. L’idée sous-jacente à la stratégie est que l’import substitution va étendre lespossibilités de production d’une telle manière que les pertes initiales vont être plus quecompensées par les gains à long terme.

Dans la figure 7, un tarif à l’importation est initialement imposé. Le pays produit en P1.La pente de la tangente en P1 indique la relation interne des prix, quand un tarif à l’importation estimposé. La consommation s’établit en C1. A cause de la protection de l’industrie concurrenteaux importations, supposée intensive en capital, la capacité de production va être élargie dans cesecteur. Elle s’établit soit par le progrès technique, soit par l’accumulation de capital. La courbedes possibilités de production se déplace alors vers l’extérieur. La production sous la relationdes prix domestique va s’établir en P2. Quand les termes de l’échange internationaux sontinchangés, il est clair que le montant de biens à la consommation est plus bas qu’avant ledéplacement de la courbe des possibilités de production.

Figure 7

[figure 7 p.125]

Le fait que P2 soit à gauche ou à droite de la ligne droite P1C1 est décisif. Si P2 est à gauche,c’est un cas de croissance “immiserizing”. Si P2 est à droite de P1C1, il y a une hausse de bien-être, par rapport à la situation initiale, quand le tarif a été introduit. Au plus la courbe despossibilités de production s’est déplacée sur la droite, au plus P2 a de chance de se trouver à ladroite de P1C1 (production en P1 et consommation en C1).

Nous avons montré qu’il y a un risque que la stratégie d’import substitution diminue le bien-êtrenon seulement à court terme, mais aussi à long terme. Dans la figure 7, la courbe des possibilités

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de production s’est déplacée vers l’extérieur, de telle sorte que le bien-être a baissé nonseulement à court terme, quand le tarif est imposé, mais aussi à long terme, où il baissera encore.

De là, cette stratégie sera considérée comme un échec si les ressources employées dansl’industrie concurrente aux importations auraient pu être employées d’une manière plus profitabledans l’autre secteur, dans le cas d’une autre structure.

ConclusionsDans un monde parfait ou le mécanisme du marché fonctionne, et ou le système de prix reflètenon seulement les coûts et valeurs privés, mais aussi les coûts et valeurs sociaux, le libre échangeest la stratégie optimale si aucun des pays n’a de pouvoir de marché.

Si un pays a un pouvoir de marché, ou si un certain nombre de pays coopèrent afin d’avoirensemble un certain pouvoir de marché, alors il est possible pour le pays ou pour le grouped’obtenir un gain de bien-être national en introduisant un tarif à l’importation ou une taxe àl’exportation. D’un point de vue global, le bien-être est plus bas. Le modèle fait aussil’hypothèse qu’aucune représailles n’a lieu. Si un pays essaie d’obtenir de meilleurs termes del’échange, et les autres pays réagissent aussi en imposant des tarifs, cela va se terminer en unesituation dans laquelle tout le monde est moins bien nanti.

Cependant, il est bien connu que le mécanisme du marché est loin d’être parfait, et les prix établisne reflètent pas toujours les coûts et valeurs sociaux ni à présent, ni dans le futur. Il n’y a pasmobilité parfaite sur le marché du travail, même pas dans le cas où la force de travail esthomogène. De plus, le marché du travail n’est pas homogène mais consiste en plusieurs marchésséparés où chaque groupe de travail a certaines aptitudes. L’acquisition de nouvelles capacitésest un investissement en capital humain, qui prend du temps et exige des ressources. Il n’y a pasmobilité parfaite sur le marché du capital physique. Il faut du temps avant que le stock de capitalexistant soit usé et puisse être remplacé par un nouveau capital avec la qualité désirée.

A cause de l’immobilité, l’ajustement à de nouvelles conditions prend du temps et est exigeant enressources.

Dans un monde avec des conditions variables, l’ajustement est nécessaire. Il est coûteux. Onpeut éviter le processus d’ajustement à travers le protectionnisme, mais le résultat à plus longterme sera un niveau de vie inférieur si la protection n’est pas limitée à une certaine période detemps.

Les coûts d’ajustement varient selon les cas. Il est raisonnable de supposer que la réallocation àl’intérieur de l’industrie est moins coûteuse qu’entre les industries. Entre pays industrialisés, laplupart de la spécialisation se fait à l’intérieur de l’industrie, alors que la plupart des échangesentre pays développés et pays en voie de développement se font entre industries, et laréallocation est donc plus coûteuse. Cela peut expliquer l’émergence du régionalisme. On veutaccepter le libre échange, où les problèmes d’ajustement sont moins nombreux que dans le casde la production agricole et textile, où les ressources peuvent être déplacées vers de nouvellesindustries.

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A cause des imperfections du marché et des externalités, il peut être raisonnable d’intervenir pourcorriger les distorsions. De telles corrections peuvent être mises en oeuvre de différentesmanières, par différents instruments.

En analysant les différents instruments, on peut aussi montrer que l’imposition de tarifs est trèsrarement la meilleure solution. Très souvent, les subsides sont une meilleure solution.L’intervention doit prendre place aussi près possible du problème réel.

Bien que les subsides soient souvent préférables aux tarifs et taxes, les deux ensemblesd’instruments ont différentes conséquences budgétaires. Les tarifs et les taxes rapportent desrevenus à l’état, alors que les subsides nécessitent un financement par la collecte de taxes quelquepart dans le système. Dans les pays en voie de développement, les systèmes de collecte de taxesne sont pas aussi élaborés que dans les pays développés. Sous ces circonstances, il seraitraisonnable pour les pays en voie de développement de préférer les tarifs aux subsides.

Les interventions peuvent être soit sélectives, soit générales. Ce n’est pas un argument en faveurde la protection tarifaire, à moins qu’il y ait un problème général d’emploi ou de la balance despaiements. Un déséquilibre macro-économique peut être résolu par d’autres instrumentspolitiques généraux tels que des politiques du taux de change. Les instruments généraux nedéforment pas l’allocation des ressources de la même manière que des instruments sélectifs. Uneprotection tarifaire générale, par exemple un tarif de 10% sur tous les biens entraîne une moindredistorsion qu’un tarif spécifique, qui diffère d’un bien à l’autre.

2. Quelles sont les sources de gains des échanges?

Pourquoi le commerce international est-il bénéfique? Quelles sont les forces qui le soutiennent?Ce sont des questions pertinentes auxquelles il faut répondre quand on veut avoir unecompréhension claire des sources à la base des gains provenant des échanges.

Aujourd’hui nous avons toute une série de théories qui tentent d’expliquer la structure ducommerce international. Ces théories sont positives. La tendance da la théorie du commerceinternational est la même que dans d’autres domaines économiques. Nous avons observé latendance d’un paradigme principal, à savoir la théorie de la proportionnalité des facteurs, pourune multitude de théories essayant chacune d’expliquer seulement une partie du commerceinternational.

Dans le paragraphe suivant, une brève description de chaque théorie des échange va êtreprésentée.

2.1 La théorie des avantages absolus

C’est la théorie d’Adam Smith. On fait l’hypothèse que la fonction de production pour un biendonné est différente dans les deux pays considérés. Il n’y a qu’un facteur de production et unrendement d’échelle constant.

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Dans le pays A, la productivité du travail dans la production des biens x et y sont respectivementPmx

A > PmyA. Dans le pays B, les productivités du travail pour les deux biens sont Pmx

B etPmy

B. Quand PmxA > Pmx

B et PmyA < Pmy

B, le pays A a un avantage absolu dans la productionde x et le pays B a un avantage absolu dans la production de y. Le pays A exporte du bien x etle pays B exporte du bien y.On peut se demander si cette théorie simple des avantages absolus est la contribution principaled’Adam Smith à la théorie du commerce international.

Adam Smith est très intéressé par l’importance de la taille du marché. Il y a deux idéesprincipales dans ses écrits sur le commerce international. Tout d’abord, le commerceinternational dépasse l’étroitesse du marché domestique et fournit un débouché pour le surplus deproduction au-dessus des besoins locaux. Ceci se développe dans ce qui est appelé la théorie“vent for surplus”.(débouché pour le surplus). En termes modernes, on peut dire qu’avant leséchanges le pays n’est pas sur sa courbe de possibilité de production. Ensuite, en élargissantl’étendue du commerce international, les échanges améliorent aussi la division du travail etaugmentent le niveau général de productivité à l’intérieur du pays. Ceci est développé dans cequ’on peut appeler la théorie de la productivité.

2.2 La théorie des avantages relatifs

Ricardo a établi une condition plus faible pour les échanges. Même si le pays avait un avantageabsolu dans toutes les industries, il y a toujours une place pour le commerce international s’il y ades différences dans les avantages relatifs dans la production de deux biens dans deux pays.

Si [équation p.127]

alors le pays A va exporter le bien x et le pays B le bien y.La source des échanges est en rapport avec les différences techniques. Les différencestechniques dans les deux pays , qui résultent de différences dans les productivités relatives dutravail dans différentes industries, provoquent le commerce international.

La théorie est basée sur l’hypothèse d’un facteur de production unique (le travail), de rendementsd’échelle constants et de fonctions de production différentes pour une industrie donnée dans lesdeux pays. Les coefficients techniques (les coefficients input - output) sont fixés et ils sontdifférents pour des industries différentes. La théorie est souvent appelée la théorie classique deséchanges.

La théorie de Ricardo peut être considérée comme une théorie des avantages comparatifs, où lesavantages sont liés aux différences techniques.

2.3 La théorie de la dotation des facteurs

C’est la théorie de la proportionnalité des facteurs, ou la théorie de Heckscher - Ohlin, ou lathéorie néoclassique des échanges.

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La théorie est basée sur une série d’hypothèses en relation avec la production, la consommationet les marchés.

La fonction de production est la même pour une industrie donnée dans tous les pays. Il y a unrendement d’échelle constant. Il y a substitution entre les facteurs dans la fonction de production.Il n’y a pas de renversement des facteurs, ce qui signifie qu’à tout prix relatif des facteurs, un bienest toujours plus intensif en travail que l’autre. Il y a deux facteurs homogènes de production, letravail et le capital.

Les fonctions de consommation sont de telle sorte que les courbes d’indifférence sonthomothétiques. Les fonctions de consommation sont les mêmes dans les deux pays.

Les marchés des biens sont des marchés en concurrence parfaite. Sur le marché des facteurs, lemarché du travail et le marché du capital, il y a également concurrence parfaite. Cela signifiel’entière mobilité entre les industries du pays. Un ajustement instantané aux nouveaux prix relatifssans coûts d’ajustement. Les facteurs de production sont totalement immobiles entre les pays. Iln’y a pas de coûts de transport.

En se basant sur ces hypothèses, il est possible d’obtenir quelques conclusions pertinentes àpropos du commerce international.

[schéma p.128]

2.3.1 La structure des échangesTout d’abord, la structure des échanges est déterminée par la dotation des facteurs dans lesdifférents pays. Le montant relatif de capital et de travail est le facteur crucial.

On fait l’hypothèse que le pays A est le pays avec un stock de capital relativement grand, encomparaison avec le pays B qui est le pays où le travail est abondant.

Les proportions des facteurs déterminent les prix relatifs des facteurs. Dans le pays A le prix ducapital est relativement bas, et dans le pays B le travail est relativement bon marché.

Si le bien x est le produit relativement intensif en capital, alors le prix de x avant l’échange estrelativement bas. Par opposition, dans le pays B, le produit intensif en travail, y est relativementbon marché.

De là, le pays où le capital est abondant se spécialise dans le produit intensif en capital, qui estexporté. Le pays doté en travail se spécialise dans la production du produit intensif en travail, quiest exporté.

2.3.2 Les prixEnsuite, après l’échange, il y aura une modification de la distribution du revenu. Le facteur deproduction relativement rare dans chaque pays va perdre en termes absolus, et le facteurrelativement abondant va gagner.

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La conclusion est que la dotation différente des facteurs est la force motrice du commerceinternational. C’est aussi la sources des gains des échanges.

Au plus les dotations de facteurs sont différentes entre les pays, au plus les pays vont échanger.La théorie de proportionnalité des facteurs a été la théorie dominante après guerre. C’estprobablement dû au fait que c’est une théorie très précise et intellectuellement attirante.

Cependant, il est étonnant que le paradigme de proportionnalité des facteurs ait eu un tel statutdominant. En effet, les résultats empiriques ne soutiennent pas la théorie.

Déjà au début des années cinquante, Leontief a mené son enquête, montrant que les USA- àcette époque supposées être le pays le plus riche en capital du monde - importaient des biensintensifs en capital et exportaient des biens intensifs en travail.

La structure générale des échanges dans la période de d’après la guerre a aussi montré que leséchanges entre pays industrialisés - avec les mêmes proportions de facteurs - ont crû plusqu’entre les pays industrialisés et les pays en voie de développement.

Si la théorie de proportionnalité des facteurs est utilisée pour expliquer les mouvements desfacteurs, certains prédiront que l’investissement direct étranger ira tout d’abord des paysindustrialisés vers les pays en voie de développement. Mais nous savons que c’estessentiellement l’investissement direct entre pays industrialisés qui s’est répandu.

La théorie de la proportionnalité des facteurs est une théorie des avantages comparatifs où lesavantages sont liés à la dotation relative des facteurs.

Toute une littérature s’est développée à propos de l’hypothèse sous-jacente à la théorie de laproportionnalité des facteurs. Seulement une hypothèse doit être mentionnée ici , celle desfacteurs homogènes de production. C’est une erreur de prendre un travailleur pour un travailleur.La force de travail est toujours associée avec le capital humain, compris comme des aptitudeshumaines obtenues par l’éducation et la formation.

Il est donc raisonnable de diviser la force de travail en catégories différentes, par exemple lesscientifiques, le travail à très haute formation, le travail qualifié et le travail non qualifié. Le besoinde catégories différentes varie entre secteurs de production.

Une théorie modifiée de la proportionnalité des facteurs dit qu’un pays exporte les biens pourlesquels l’intensité en facteur est élevée pour le facteur de production (le type de travail) pourlequel le pays est bien doté.

2.4 Les avantages comparatifs liés au processus de production.

La théorie de la proportionnalité des facteurs prend la technologie comme exogène et fixée. Lameilleure technologie est gratuitement disponible pour tous les pays. C’est une caricature desconditions technologiques dans des industries telles que la chimie ou l’électronique. Des

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différences de technologies interviennent dans une grande partie des échanges pour de telsproduits.

Il est raisonnable de classer sous cette introduction la théorie de l’écart technologique et la théoriedu cycle du produit.

2.4.1 La théorie de l’écart technologique .Selon cette théorie, des différences temporaires dans les connaissances spécifiques à l’industriedéterminent les échanges. Un pays va exporter les biens dans l’industrie desquels il a un avantagetechnologique sur les autres pays.

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La théorie est basée sur deux hypothèses importantes.

Premièrement, il y a des facteurs systématiques et endogènes qui influencent la localisation initialede l’avance technologique et de la production de biens techniquement avancés. Les innovationset la production vont d’abord prendre place dans les pays techniquement avancés.

Ensuite, la technologie n’est pas un input libre et n’est pas transférée instantanément d’un pays àl’autre. Il y a un écart de la demande avant que les consommateurs des autres pays connaissentle nouveau produit et ses possibilités. Du côté de la production, il y a un écart d’imitation. Il fautdu temps avant que d’autres pays puissent produire les nouveaux produits. Au plus la période detemps entre la matérialisation de la demande et le lancement de la production des nouveauxproduits à l’étranger est longue, au plus le pays innovateur va exporter.

2.4.2 La théorie du cycle du produitCette théorie combine différents éléments. Elle incorpore un principe d’écart technologique, ainsique des différences de dotations en facteurs entre pays, et les investissements directs étrangers.

On suppose qu’un produit a un cycle de vie. D’abord, il y a le stade de l’innovation, ensuite lestade de la croissance, et enfin le stade de la maturité. Les conditions de la demande varient dansles différentes phases, et il en est de même pour les conditions de production. Le produit changede caractéristiques de phase en phase, et donc le processus de production est tout à fait différentd’une phase à l’autre. L’importance des différents facteurs de production diffère de phase enphase, et quand différents pays ont différentes dotations de facteurs, il devient rationnel dedéplacer le lieu de production quand le produit se déplace d’un stade à l’autre du cycle.

L’innovation va avoir lieu dans les pays les plus avancés techniquement. Au stade de lacroissance, la production va se déplacer vers d’autres pays industrialisés, et enfin, au stade de lamaturité, la production va s’établir dans les pays en voie de développement, souvent à travers descompagnies possédées par des étrangers.

2.5 Economies d’échelle et spécialisation

2.5.1 Economies d’échelleFaisons l’hypothèse que nous avons deux pays identiques. Les deux biens sont des produitsstandard et la structure de la demande est identique pour chaque produit dans les deux pays. Ladotation en facteurs est la même. La fonction de production de chaque produit est la même dansles deux pays. L’hypothèse de l’absence de rendements d’échelle est maintenant remplacée parl’existence d’économies d’échelle. Cela signifie que la courbe des possibilités de production estconvexe par rapport à l’origine.

Sans échange, le point de production et de consommation est S dans les deux pays. Quand unéchange s’établit, il est possible pour les deux pays d’exploiter les économies d’échelle. Un paysva produire en P et consommer en U, tandis que l’autre pays va produire en Q et consommer enT.

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Les deux pays se portent mieux grâce à l’ouverture des échanges, qui élargi les marchés de sorteque chaque pays puisse bénéficier des économies d’échelle.

2.5.2 La spécialisation des variétésPour éviter toute confusion, il est sage de distinguer entre économies d’échelle et économies despécialisation.Les économies d’échelle sont en rapport avec l’élargissement de la taille de l’usine. Si l’utilisationdu travail et du capital est doublée - cela signifie que la taille de l’usine est doublée - alors laproduction est plus que doublée.

Quand nous parlons de spécialisation des variétés, nous traitons de bien différentiés. Dans lespays de l’UE, par exemple, il y a une usine chimique dans chaque pays, qui produisent chacunedouze variétés qui sont toutes demandées dans chaque pays. Quand les barrières à l’échangesont supprimées, une spécialisation s’établit. Maintenant chaque usine dans chaque pays sespécialise dans une variété. La taille de l’usine en tant que telle est inchangée dans chaque pays.Les gains de production sont liés à une baisse des assortiments de production dans chaquefabrique. La figure 8, interprétée de la nouvelle manière, illustre ce qui se passe.

Figure 8

[figure 8 p.132]

Cette théorie de spécialisation dans la variété est un élément important pour expliquer leséchanges au sein de l’industrie.

2.6 Les théories des échanges orientées vers la demande

Les théories citées plus haut expliquent les échanges du côté de l’offre. Le côté de la demandene joue aucun rôle dans la localisation internationale de la production, bien qu’il joue un rôleimportant dans la détermination des termes de l’échange.

Il y a une exception quand nous traitons de la théorie de l’écart technologique et celle du cycle duproduit. La théorie du l’écart technologique se sert aussi du côté de la demande pour expliqueroù les innovations prennent place, et quand débutent les échanges dans le cas de l’écarttechnologique. Dans la théorie du cycle du produit, une importance encore plus grande estattachée au côté de la demande. Les conditions de la demande sont tout à fait différentes auxdifférents stades du produit. Même les conditions du marché sont différentes.

Dans les deux théories, à la fois les côtés de l’offre et de la demande sont importants.

Tournons-nous maintenant vers des théories où le côté de la demande est le seul facteur, ou lefacteur prédominant, qui explique les échanges.

2.6.1 Différentes structures de demande à travers les pays

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Il y a deux produits standardisés, et la structure de la demande est différente dans les deux pays.Les deux pays ont des courbes de possibilité de production identiques et elles sont concaves parrapport à l’origine.

Avant qu’il n’y ait des échanges, il y a une spécialisation dans le produit entre les deux pays. Lepays avec une demande plus forte pour un bien donné va produire plus de ce bien.

Après l’échange, la structure de production est la même dans les deux pays et les échanges vont“prendre soin” des différences de consommation.

2.6.2 La théorie du marché domestiqueDans chaque pays, il y a une certaine structure de demande déterminée par le revenu par tête.

Il y a de larges catégories de biens demandés comme la nourriture, le textile et l’habillement, lesproduits chimiques, les moyens de transport et les machines. Pour chaque catégorie de produits,il y a une grande variété de produits différentiés. Ils varient en qualité. Faisons l’hypothèse quepour chaque groupe de produit, il est possible de classer les différentes variétés selon la qualité.Certains des biens ne sont pas transformés, d’autres le sont plus ou moins.Dans la figure 9, nous trouvons une illustration stylisée. Sur l’axe vertical, le revenu par tête estindiqué. Les pays les plus pauvres sont à l’extrémité la plus basse de l’échelle, les pays les plusriches sont en haut. Sur l’axe horizontal, quelques exemples de différentes catégories de produitssont divisés entre biens non transformés (plus simples) et biens plus transformés (biens plussophistiqués). Les lignes verticales indiquent dans quelle catégorie de revenu par tête le groupede biens spécifique est demandé.

Figure 9

[figure 9 p.134]

La théorie du marché domestique contient deux éléments centraux. Tout d’abord, la structure dela demande est différente dans des pays différents, selon le revenu par tête. Ensuite, la structurede production est déterminée par la structure de la demande. Un pays ne produit un bien que s’ilest demandé dans le pays. Cela ne signifie pas que tous les biens demandés vont être produits.Au plus la demande est “représentative”, au plus les chances d’avoir une production nationale dubien sont grandes.

En résultat, les possibilités d’échange augmentent avec des structures de demandes similairesentre les pays, même si les possibilités de production sont très semblables. C’est juste laconclusion opposée de la théorie de proportionnalité des facteurs.

Dans la figure 9, deux lignes horizontales sont tirées pour un pays pauvre, A et pour un paysriche, B. Leurs structures de consommation ne se ressemblent pas, et il n’y a donc pas de placepour les échanges.

Si les deux pays ont plutôt un revenu par tête proche de C, alors il y a une structure deproduction semblable, et il y a des possibilités d’échange. C’est le même cas quand il y a deux

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pays pauvres autour du niveau de revenu A, ou deux pays riches avec un niveau de revenuproche de B. On peut aussi conclure que les arrangements régionaux entre pays de même niveaude revenu - toute chose étant égale par ailleurs - vont générer plus d’échanges que desarrangement régionaux entre partenaires inégaux.

Mais la structure de production n’est pas la même quand le revenu par tête est le même. Quandce revenu est le même, la structure de consommation est la même et on pourrait penser que cesera le cas de la structure de production. La réponse est non, mais elle nécessite une explication.

La raison est que pour chaque groupe de biens sur l’axe horizontal de la figure 9, il y a unegrande variété de biens pour chaque catégorie. Prenons par exemple les voitures.

Une BMW, une Toyota et une Lada sont des voitures de qualité différentes. On suppose qu’ilest possible de faire un classement de toutes les voitures selon la qualité.

Dans la figure 10, le classement des voitures selon la qualité est sur l’axe vertical et le revenu partête sur l’axe horizontal. Il y a deux pays, A et B, qui ont des revenus par tête légèrementdifférents. La qualité la plus demandée (la demande représentative) en A est C3 et en B, C4.Cependant, il y a dans chaque pays une demande qui se recoupe pour les différentes qualités,entre C1 et C5 dans le pays A, et entre C2 et C6 pour le pays B. La raison en est que danschaque société, il existe toujours des consommateurs qui préfèrent une autre qualité de voitureque le consommateur “représentatif”.

Les demandes représentatives dans les pays A et B sont, comme nous l’avons déjà dit, C3 etC4. Ces deux qualités vont être produites dans chacun des deux pays. Il y a un type dedemande similaire, C2 - C5. Parce que les productions des deux pays sont situées dans cettesérie, il y aura des échanges entre les deux pays.

Figure 10

[figure 10 p.136]

Même si les deux pays ont le même revenu par tête, la demande représentative n’est pasnécessairement la même. La distribution de revenu devrait être différente. Dans le pays avecplus de gens riches, il y aurait une demande plus forte pour des voitures de meilleure qualité quedans les pays où il y a plus de personnes plus pauvres, avec une demande pour les voitures demoins bonne qualité.

Il reste une question à laquelle nous devons répondre. Pourquoi le type de production devoitures est déterminé par la structure de consommation nationale? Tout d’abord, lesproducteurs de voitures potentiels sont plus familiers avec la demande de leur propre paysqu’avec la demande des autres pays. Ensuite, même si la demande étrangère est correctementperçue par les entrepreneurs, le manque de familiarité va rendre plus difficile le développementd’un produit avec les bonnes caractéristiques, satisfaisant les besoins étrangers. Troisièmement,l’éloignement des marchés étrangers rend plus difficile et coûteux de d’adapter continuellement leproduit à la demande changeante. De là, la plupart de la production est basée sur le marché

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domestique. Il se peut que la théorie du marché domestique soit plus valide quandl’internationalisation des économies n’est pas si dominante. Le système international decommunication et les contacts étrangers se sont considérablement développés ces dernièresdécennies.

Finalement, on peut se demander pourquoi une firme ne produit pas toute une série de voitures dedifférentes qualités. La réponse peut être trouvée quand nous ajoutons la théorie des économiesde la spécialisation des variétés.

On peut distinguer entre différenciation verticale des biens et différenciation horizontale. Quandon se penche sur la spécialisation du produit BMW, Toyota et Lada, elle peut être caractériséecomme une spécialisation verticale du produit, parce que tout le monde a le même classement dequalité. La détermination totale de la qualité contient plusieurs éléments. Pour une voiture, c’estune question de vitesse, de confort, d’économie (kilométrage par litre), de design, de sécurité, depollution, etc. Si une Volvo et une BMW sont généralement considérées comme des voitures demême qualité, il y a un cas de différentiation du produit. S’il est possible d’avoir une mesurecommune de qualité, la qualité totale sera considérée comme la même, mais si on se penche surles éléments partiels de qualité, les deux produits seront différents.

2.6.3 L’approche de la variété idéaleLa variété idéale de biens demandés va être différente dans chaque pays, selon les différences derevenu et de goûts parmi les citoyens.

Si le niveau moyen de revenu diffère entre deux pays, et si la distribution des revenus diffère, il vay avoir une demande pour des produits différenciés verticalement. Si les habitudes et les goûtsdiffèrent dans chaque société, il y aura aussi une demande pour des produits différentiéshorizontalement. Même si les conditions économiques sont exactement les mêmes dans les deuxpays, nous allons constater une demande pour des produits différentiés verticalement ethorizontalement.

A cause de la structure de la demande richement différentiée dans chaque pays, il y a de la placepour plusieurs produits différentiés verticalement et horizontalement, qui seront situés dansdifférents pays parce que les conditions de production sont les mêmes.

L’approche de la variétéCette approche postule que toutes les variétés sont introduites dans la fonction d’utilitéindividuelle d’une manière symétrique. Les individus gagnent de l’utilité d’une plus grande variété,c’est-à-dire quand ils sont capables de consommer plus de variétés, plutôt que capables deconsommer une variété préférable.

Cette approche peut être basée sur le fait qu’un groupe donné de biens, comme par exemple lesproduits alimentaires, satisfait tout un ensemble complexe de besoins. L’alimentation peutsatisfaire le besoin d’avoir suffisamment de calories, protéines, vitamines, etc. pour être en bonnesanté. Elle peut aussi satisfaire le besoin d’expériences gustatives et esthétiques. L’alimentationsert aussi à l’occasion les besoins sociaux. La nourriture est un bien presque indispensable auxrassemblements sociaux, et elle peut donner aux hôtes un prestige social. L’habillement est un

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autre groupe de biens servant un ensemble complexe de besoins. Quand les gens s’enrichissent,ils ont plus de possibilités de satisfaire leurs besoins en achetant plus de biens et plus de services.Quand le niveau de vie s’accroît, il est évident que la diversification des produits va s’étendre.

Les biens en capital deviennent de plus en plus complexes avec le progrès technologique. Il y ade plus en plus de place pour la production de différents produits intermédiaires. La mêmetendance s’installe dans la production de biens de consommation.

La structure de la demande se développe d’une telle manière qu’il est clair que plus de produitsplus différentiés sont nécessaires. Si on combine ce fait avec les économies de spécialisation desvariétés, alors il est facilement explicable que la production prenne place dans différentes usinesqui sont situées dans différents pays, avec les mêmes possibilités de production.

Il n’est souvent pas facile d’expliquer pourquoi un pays produit une variété du produit et l’autrepays une autre variété. Parfois, la force de la “demande représentative” donne une explication.Parfois différentes possibilités de production, à un niveau vraiment spécifique de savoir faire etd’aptitudes, peuvent expliquer la structure.

2.6.4 ConclusionQuand nous nous penchons sur le développement de la théorie des échanges, nous voyons qu’àl’origine les facteurs de l’offre étaient les facteurs explicatifs dominants. Depuis, les facteurs de lademande ont été introduits comme facteurs importants. Aujourd’hui nous sommes dans unesituation où une sorte de synthèse a été obtenue, dans le sens que la combinaison des variationsde produit et des économies de spécialisation des variétés peut expliquer la plupart des échangesprenant place entre pays avec des conditions similaires.

2.7 La structure du marché

Les théories des échanges basées sur les facteurs de l’offre font l’hypothèse de la concurrenceparfaite. Quand les théories orientées vers la demande ont été introduites, il a fallu remplacer laconcurrence parfaite par la concurrence monopolistique. C’est une conséquence del’introduction d’une différentiation verticale et horizontale du produit. Cependant, il est importantde remarquer que l’introduction d’une nouvelle structure de marché a été nécessaire quand lesbiens différenciés ont été introduits, mais la nouvelle structure de marché en tant que telle n’étaitpas la force motrice du commerce international. Si nous avions eu autarcie, il y aurait eu un grandrisque de terminer avec une situation où la concurrence monopolistique aurait été pluscaractérisée par les monopoles que par la concurrence.

Cependant, il est possible de construire des modèles où la structure de marché en tant que telleexplique le commerce international. En d’autres mots, la structure de marché en tant que tellepeut être une source indépendante de commerce international.

Prenons un exemple. Nous avons deux pays identiques du point de vue des conditions de lademande et de la production. Dans chaque pays, nous avons un producteur d’un produithomogène. Quand on vend sur le marché domestique, il n’y a pas de coûts de transport, alorsque l’exportation vers les autres pays en impose.

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La structure de marché est un oligopole, plus exactement un duopole. Dans un tel marché, lesinterdépendances stratégiques entre les firmes sont très importantes. Chaque firme devrait réagirde manière autonome dans le sens qu’elle pense qu’un changement de sa politique ne va pasinfluencer la politique de l’autre firme. L’alternatives est que les firmes réagissent d’une manièreconjoncturelle, de sorte que chaque firme prenne en considération la réaction de l’autre firme.

Si les firmes réagissent de manière autonome, on peut montrer qu’il est profitable pour chaquefirme d’exporter une certaine quantité vers l’autre pays, en dépit du fait que la rentabilité desexportations est plus basse à cause des coûts de transport. Même s’il y a une certaine sorte decomportement conjoncturel, on peut montrer que l’échange entre pays du même produithomogène est profitable.

Il est clair cependant qu’une alliance stratégique entre les deux firmes, dans laquelle elles semettent d’accord de ne pas exporter, serait pour chacune une meilleure solution. Il n’est pascertain que ce soit préférable pour la société, parce qu’un tel accord va entraîner moins deconcurrence et donc une production moins efficace et des prix à la consommation plus élevés.

2.8 Résumé

La théorie du commerce international a suivi le chemin d’autres branches de la théorieéconomique.

Nous n’avons plus une seule théorie expliquant le phénomène. Au contraire, il existe toute unesérie de théories, chacune expliquant une partie du problème. Il est crucial de distinguer entredifférents pays, s’ils sont semblables ou non du point de vue des possibilités de production et dela structure de la demande. Il est aussi important de distinguer entre les produits standardisés etles produits différentiés.

Dans le tableau 1, les différentes théories des échanges discutées dans ce chapitre sontrassemblées dans une structure qui comporte différents pays et différents produits.

Tableau 1

[tableau 138]

3. Quelles sont les implications politiques de la théorie du commerce international?

On ne peut pas dire que le libre échange soit dans tous les cas préférable à un certain type deprotectionnisme.

Il y a deux cas où les barrières à l’échange, ou autres types d’interventions, peuvent donner unbien-être plus élevé que le libre échange.

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Premièrement, il y a le cas du grand pays. Si un pays a un certain pouvoir de monopole ou demonopsone, il peut obtenir de meilleurs termes de l’échange qui vont accroître le bien-êtrenational. Cependant, la hausse de bien-être national va toujours être aux dépends du reste dumonde. Globalement, la situation du tarif optimal est pire que la situation sans tarif.

Deuxièmement, il y a des imperfections du marché. Les corriger peut entraîner un bien-êtresupérieur. Certaines de ces imperfections sont en rapport avec les externalités.

3.1 Les pays industrialisés

La production de biens techniquement avancés peut donner de meilleurs termes de l’échange, enrelation avec des produits plus standardisés. Un pays capable d’innover va avoir un avantage.

Les inventions techniques, cependant, nécessitent un environnement industriel. S’il y a déjà uneindustrie à haute technologie, les chances de provoquer de nouvelles inventions sont plus grandes.Cela peut être une raison pour supporter le développement d’industries à haute technologie. Laquestion se pose immédiatement de savoir si le support doit être sélectif ou général. Un supportsélectif est donné à des industries ou des projets spécifiques, tandis qu’un support général estdonné à l’établissement d’une “infrastructure” qui peut être utilisée par les firmes. La question estqui est le mieux placé pour sélectionner les bénéficiaires dans le secteur public ou privé.L’approche sélective peut être considérée comme une intervention plus directe alors quel’approche générale est une intervention plus préparatoire.

Etre le premier producteur ou être le seul procure un avantage. Non seulement il est possibled’accaparer la rente, mais il est aussi possible de stimuler un développement industriel qui aboutità d’autres productions lucratives.

Si un pays est leader dans les produits à haute technologie, les autres pays peuvent protéger leursmarchés pour tenter d’établir leur propre production. C’est l’argument de l’industrie dansl’enfance. Un certain type d’intervention, en allouant des subsides à la production, peut êtreraisonnable si une production compétitive peut être établie à long terme. Les tarifs ou autresinterventions sur les échanges ne sont pas les, meilleures solutions. Une politique publiqued’achat peut être un support indirect. Si le secteur public achète le produit national à un prixsupérieur que pour les produits étrangers, la politique publique d’achat fonctionne comme un tarif.

Dans les pays industrialisés, les marchés existent et, normalement, ils fonctionnent parfaitementbien. Mais, comme nous l’avons illustré plus haut, il y a aussi des externalités dans les paysindustrialisés. Il y a des externalités positives, comme nous l’avons illustré pour le progrèstechnologique. Cependant, il y a aussi des externalités négatives, dans le sens que la ressourceest épuisée ou endommagée. La production crée des problèmes de pollution.

3.2 Les pays en voie de développement

Dans les pays en voie de développement, les marchés sont normalement encore plus imparfaits.Dans certains cas où le système de transport n’est pas suffisamment développé, les marchés àl’échelle de la nation peuvent être inexistants. L’argument de l’industrie dans l’enfance est bien

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sûr valide pour ces pays. Cependant, le problème n’est pas seulement d’accaparer lesexternalités liées à la production. Le problème est aussi de créer de l’emploi et du revenu, decréer des marchés qui fonctionnent bien, et de générer une épargne et des ressources de changesuffisantes pour un développement ultérieur.

Tous ces éléments doivent être considérés dans leur ensemble quand un pays en voie dedéveloppement doit choisir entre une stratégie tournée vers l’intérieur ou orientée vers l’extérieur.Une stratégie tournée vers l’intérieur se repose sur une pure stratégie d’autosuffisance, d’après laphilosophie de Nurkse sur la croissance équilibrée. Cette stratégie implique tant de problèmesqu’elle n’est pas vraiment populaire. Une stratégie d’import substitution dans une forme plus oumoins rigide, a été utilisée dans plusieurs pays en voie de développement après la seconde guerremondiale. Une stratégie orientée vers l’extérieur se concentre sur l’exportation de matièrespremières ou de biens transformés basés sur des matières premières. Elle peut aussi être baséesur une stratégie plus générale de développement orienté vers les exportations.

La théorie du commerce international peut être un guide pour les décisions sur la formation dusystème de commerce international. Comment doivent être les règles du GATT pour obtenirsuffisamment de discipline parmi les pays membres. Certaines interventions affectant les échangespeuvent être décidées par des pays industrialisés et des pays en voie de développement. Ici aussila théorie du commerce international peut donner certaines lignes de conduites, sur s’il estraisonnable d’intervenir et quels instruments doivent être utilisés.

3.3 GATT

Quand le GATT s’en tient à un principe multilatéral de non-discrimination, le grand pays ne peutplus exploiter son pouvoir de monopole ou de monopsone. Après la seconde guerre mondiale,les USA étaient la grande puissance. Si les USA exploitent leur pouvoir dans la question deséchanges, d’autres pays pourraient former une union douanière pour obtenir un pouvoir similaire,par exemple l’UE. Cette tendance à établir des accords régionaux d’échange peut s’étendre auxpays industrialisés et aux nouveaux pays industrialisés. Un tel développement peut renforcer lerisque d’une guerre des échanges entre les blocs, et dans tous les cas les pays en voie dedéveloppement, et particulièrement les moins développés parmi eux, vont souffrir. Le principemultilatéral limite la possibilité des grands pays ou des groupes de pays d’exploiter leur pouvoir,qui diminuera globalement le bien-être comparé à une diminution multilatérale de la protection. Ily a un risque que les pays industrialisés soient plus intéressés par la libéralisation des échangesinternes de produits différenciés, pour lesquels les coûts d’ajustement sont bas, et négligent lalibéralisation des échanges où les pays en voie de développement ont des intérêts et où les coûtsd’ajustement sont supérieurs.

On peut distinguer entre des instruments qui déforment directement le marché comme les tarifs,barrières non tarifaires, subsides aux exportations, et des instruments qui déforment indirectementle marché, comme les subsides à la production. Il est clair que le GATT doit essentiellement seconcentrer sur les instruments qui déforment directement le marché.

Tournons-nous maintenant vers les exceptions à la non intervention dans les échanges. Quand onregarde les pays industrialisés, les nouvelles théories des échanges ont donné plusieurs exemples

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montrant que l’intervention dans les échanges va accroître le bien-être. Cependant, il faut êtretrès prudent en tirant la conclusion que plus d’intervention dans les échanges devrait être permise.On peut se demander dans quelle mesure les conclusions tirée de la nouvelle théorie du marchésont robustes, en relation avec les hypothèses changeantes sous lesquelles les conclusions sontdéduites. Dans quelle mesure les exemples spécifiques d’interventions améliorant le bien-êtresont importants ou généraux? Quels sont les risques de représailles de la part des partenaires deséchanges?

La question est quel degré de discipline internationale il devrait exister en rapport avec la politiqueindustrielle. Les politiques industrielles ont certaines conséquences budgétaires, et il a donc unélément national de correction si les dépenses montent en flèche. Au plus le support est général,au moins il risque de provoquer des inquiétudes à propos de distorsions des échanges.

L’argument de l’industrie dans l’enfance est un argument pour l’intervention. Cet argument,cependant, ne peut donner aucune indication sur la question de savoir si un pays doit choisir unestratégie de développement basée sur l’exportation de produits primaires, ou une stratégied’import substitution, ou une stratégie générale orientée vers les exportations.

La situation à un moment donné est tellement différente d’un pays en voie de développement à unautre, que la stratégie optimale de développement peut varier. A travers le temps, les conditionsdans un pays en voie de développement donné peuvent tellement changer qu’il serait égalementraisonnable de modifier la stratégie de développement. Dans la plupart des pays les plus pauvres,il est nécessaire de se baser sûr un stratégie primaire d’exportation ou une stratégie d’importsubstitution. Une stratégie d’import substitution cependant est très dangereuse à long terme,particulièrement si elle est poussée trop loin. L’expérience nous montre que l’on peut facilementse retrouver avec l’inefficacité dans des économies fortement déformées. Une stratégie orientéevers les exportations n’est pas nécessairement caractérisée par la non intervention, mais elle estcaractérisée par une politique évitant les distorsions entre les différents secteurs.