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Université de Strasbourg
Journée AIMS – BETA
Evaluation de projets de R&D: Elaboration d’une méthodologie par les options réelles dans l’industrie des
biotechnologies
Tarek MILOUD†
Wilfrid AZAN*
Résumé :
JEL classification:
Mots-clés : Contrôle de projet, Projet de R&D, Options réelles, Flexibilité managériale, Risque,
Evaluation d’entreprise.
† Professeur, Pôle Enseignement et Recherche : Finance et Contrôle de Gestion, Ecole Supérieure de Commerce de Chambéry, Savoie Technolac, 12 avenue
Lac d’Annecy, 73381 Le Bourget du Lac Cedex – France. Tél.: +33 (0) 4 79 25 38 53. Fax: +33 (0) 4 79 25 33 54. Email : [email protected]
* Maître de conférences, Beta, Université de Strasbourg, Faculté de droit, de sciences politiques et de gestion, 1, Place d’Athènes, 67000 Strasbourg –
1
1. Introduction
Si les projets s’imposent comme des nouvelles formes organisationnelles notamment dédiées
à l’innovation, la variable financière n’est au départ pas une problématique de recherche très féconde.
L’entrée en crise des modèles de gestion traditionnels est située vers la fin des années 1970 (Lenfle,
2008). La gestion de projet se diffuse, elle est définie à l’origine comme les modalités concrètes
d’insertion des décisions stratégiques dans le réel par la transformation progressive des projets en
opérations (Garel et al., 2004). Parallèlement à une vision du projet dérivant d’une économie intensive
de l’innovation (Weil, 1999), une approche financière voit dans ce dernier la cellule de base de la
rentabilité des organisations (Gopal et al., 2009). Pour Boltansky et Chiapello (1999), le nouvel esprit
du capitalisme a fait sien le paradigme du réseau et ses acteurs vivent dans la cité du projet. Ils
s’insèrent dans de multiples projets où des acteurs partagent leurs compétences en réseau. Notre
contribution se situe ici dans le domaine du contrôle de projet.
Les définitions des projets abondent, retenons ici celle de Midler (1996) qui proposent 6
caractéristiques générales du projet, loin de la cité par projets (Lenfle, 2008) et destinées à des projets
industriels.
• Une démarche finalisée par un but et fortement contrainte. Un projet se défini d’abord par l’objectif
à atteindre, décliné en terme de performance, de délai et de coût, et disparaît avec sa réalisation ;
• Une prise en compte de la singularité de la situation. L’atteinte des objectifs assignés au projet
suppose d’intégrer sa singularité ce qui remet le plus souvent en cause les modes de
fonctionnement des acteurs métiers de l’entreprise ;
• Une affaire de communication et d’intégration de différentes logiques. La logique des projets
suppose, à l’opposé des principes tayloriens de division du travail, la combinaison des expertises
des différentes acteurs (recherche, marketing, production…) de la définition de la cible, jusqu’à la
mise sur le marché du produit. L’organisation de la coopération entre les acteurs est alors un point
clé de l’efficacité du projet.
• Un processus d’apprentissage dans l’incertitude. Un projet est, par essence, une activité risquée. Il
faut s’engager dans le projet pour savoir s’il ira jusqu’à son terme et où ce terme se situera
exactement. Les acteurs découvrent chemin-faisant des problèmes et des solutions selon une
logique décrite comme une « conversation avec la situation » qui répond aux acteurs, les surprend
et les oblige à lancer de nouveaux apprentissages.
• Une convergence dans une temporalité irréversible. Contrairement à l’horizon des métiers, celui des
projets est clairement borné par une fin annoncée ex-ante. Entre le début et la fin du projet se
déploie un processus d’apprentissage que Midler (1996) décrit comme une dynamique irréversible
où l’on passe d’une situation on l’on ne sait rien mais où tout est possible, à une autre où, au
contraire, le niveau de connaissance a atteint son maximum mais où toutes les marges de
manœuvre ont été utilisées.
C’est ce processus d’apprentissage dans l’incertitude qui nous intéresse ici. De nombreux
intervenants financiers l’ont bien compris. Ainsi, Mason et Harrison (1998) soulignent que le
2
financement des projets d’entreprise (startup) par le marché, spécialement par le capital-risque, est
mieux adapté que le financement bancaire. En effet, tant que l’entreprise ne génère pas de flux de
revenu et n’a pas une capacité d’autofinancement, le recours aux crédits bancaires à moyen et long
terme n’est pas adapté. Le rôle du capital-risque n’est pas uniquement celui d’un bailleur de fonds, il
est aussi un actionnaire actif souvent membre d’un conseil d’administration ou d’un directoire. Kaplan
et Strömberg (2001) soulignent qu’en sus du capital, les sociétés de capital-risque peuvent apporter
conseil et contacts aux startups sur lesquelles elles misent, notamment en leur donnant accès à leurs
réseaux ou en partageant leur expertise technique et managériale, tout en restant à l’écoute, en dehors
de la gestion quotidienne de l’entreprise.
La littérature s’intéresse à cette incertitude financière dans les processus de décision. Jensen et
Meckling (1971) et Berger et Udell (1998) affirment que les risques financiers sont difficilement
probabilisables, et non couverts par des collatéraux dans le cas d’activités naissantes. La
syndicalisation des financements, l’étude approfondie du business plan, le monitoring des conditions
financières de sa mise en œuvre sont autant de moyens dont se dote l’investisseur en technologies.
Dewatripont, et al. (2003) présentent un modèle qui permet d’élucider la forme du contrat optimal
entre l’investisseur et les dirigeants de la jeune entreprise innovante. Les auteurs montrent que par le
financement séquentiel ou par des dettes convertibles, il est possible d’aligner les intérêts des
dirigeants sur ceux des actionnaires. En effet, s’il y a divergence dans les intérêts, le capital-risque a la
possibilité de « menacer » l’entreprise d’interrompre son financement. Cornelli et Yosha (2003) ont
par exemple mis en évidence la tentation qui existe pour l’entrepreneur de manipuler ses comptes, au
moins à court terme et ils montrent que les dispositions visant à rendre le financement conditionnel à
la réalisation de certaines performances permettent de réduire très largement ce problème d’agence. Si
les résultats sont favorables et vont dans le sens attendu du capital-risque, ce dernier exerce son option
de conversion. Ainsi, la conversion de la dette en action peut limiter la manipulation des comptes.
La littérature analyse le processus d’investissement des sociétés et de sélection des projets par les
investisseurs. Cumming (2005) estime l’horizon d’investissement des sociétés de capital-risque à une
période allant de 5 à 10 ans dans un projet. Au-delà de cette période, la société de capital-risque
devrait avoir terminé son rôle d’accompagnement à la croissance et céder l’entreprise soit à une autre
plus mâture (sortie industrielle), soit à des investisseurs sur les marchés boursiers (sortie boursière).
La stratégie de « sortie » d’un projet de R&D est alors double. La première consiste à l’évaluer afin
d’avoir une meilleure estimation des plus-values. Pour n’en citer que quelques-unes, cet axe de
recherche prend racine dans les travaux de Dixit et Pindyck (1994), Trigeorgis (1996) et Brennan et
Trigeorgis (1999). La deuxième est d’éviter que ce retrait financier, partiel ou total, fragilise la société
innovante. Ainsi, Cumming et MacIntosh (2003) démontrent empiriquement que les investisseurs
privilégient des sorties partielles dans les secteurs de la haute technologie si la plus-value est
importante.
3
L’objet de cet article est de proposer une modélisation qui s’inscrit dans le champ des options
réelles pour évaluer les projets, ici de biotechnologie. Il met en lumière, la technique dynamique des
« options réelles », dérivée du modèle des options financières, pour évaluer au plus juste les choix sur
lesquels pèse un facteur d’incertitude, lorsque les projections chiffrées traditionnelles s’avèrent
insuffisantes.
La première section procède à une revue de littérature et est consacrée à expliquer le processus de
développement d’un produit biopharmaceutique. La seconde partie expose la mise en place de
l’approche optionnelle dans l’évaluation des projets d’investissement de type « go/nogo ». Dans la
troisième section, à l’aide d’un cas, nous mettons en lumière l’importance de cette méthode et
comment l’entreprise pourra ajuster sa stratégie d’investissement aux circonstances du moment. Cette
« flexibilité managériale » a de la valeur, et il faut en tenir compte dans l’évaluation d’un projet.
2. Caractéristiques des projets de biotechnologie
Une première section introduit la littérature sur les (NPD). Une deuxième se concentre sur les
biotechnologies.
2.1. Le processus de développement de nouveaux médicaments
La logique projet est largement évoquée depuis la publication de travaux retentissants dans le
domaine des sciences de gestion (Giard, 1991). Le projet effectue des itérations dans des univers de
chronocompétition.
Kirsch et al. (2011) s’interrogent sur les formes de contrôle dans les projets de système
d’information et leur succès. Ils distinguent plusieurs formes de systèmes de contrôle, d’une part, le
contrôle formel et d’autre part le contrôle informel qui revêt une importance considérable dans
l’expertise en SI. Devaraj S. & Kohli R. (2003) mobilisent la théorie des ressources pour analyser
l’impact financier des projets de SII sur la performance des organisations, ici les établissements
hospitaliers. Mitchell et Nault (2005) s’intéressent au contrôle dans les phases d’ingénierie simultanée.
Ils étudient dans les secteurs de la santé et des télécommunications plus de 150 processus. Ils
constatent que la diminution des coûts de projets conçus en ingénierie simultanée et notamment les
frais liés aux avenants (« rework ») peuvent résulter de meilleurs flux de communication entre clients
et fournisseurs, en créant une planification coopérative entre les acteurs lors de la phase d’ingénierie
simultanée, c'est-à-dire en associant les protagonistes du projet.
Alors que la théorie du lead user ou utilisateur clef (Von Hippel (2002), explique le processus de
création de produits nouveaux (NPD), Bajaj et al. (2005) proposent une modélisation originale du coût
de développement des produits à partir de trois variables : le degré d’interaction avec le client, le
niveau de spécialisation et enfin le niveau de supervision des équipes de recherche et développement.
Parallèlement, la théorie des coûts de transaction est mobilisée pour comprendre la formation des
4
coûts dans contrôle de gestion des projets (Anderson & Dekker, 2005). La budgétisation des projets
d’équipement en informatique s’effectue par le slack budgétaire (Arya et al., 2000) qui est une réponse
aux problèmes de coordination budgétaire.
Plusieurs contributions de contrôle de projet portent sur l’utilisation de la théorie des options réelles
Schwartz et Zozaya Gorostiza (2003) s’appuyant sur cette théorie proposent deux modèles de valorisation des
projets de SI selon que le projet soit clef en main ou qu’il s’agisse de développement spécifique et prenant en
compte l’incertitude technologique. S’intéressant à la flexibilité dans les projets de R&D, Loch et al.(2001)
mobilisent la théorie des options. Selon eux, la valeur augmente en situation d’incertitude. Ils proposent un
modèle intégrant 5 types d’incertitude opérationnelle d’augmenter la flexibilité sur des projets de R&D (abandon,
report, accélération, décélération ou encore échange).
Le développement d’un médicament biotechnologique est un processus long (Girortra and al., 2007,
contrairement à des projets dont le cycle est plus court comme les projets de système d’information,
(Gopal and al., 2009, 2010 ; Maruping and al., 2009 ; Ramachandran et al., 2010 ; Tiwana, 2010 ; Wu
et al., 2007) complexe et coûteux et peu de travaux répondent à l’exigence de valorisation des projets
de molécule. Selon Rogers et Maranas (2005) et Myers et Howe (1997), le processus de lancement
d’un nouveau médicament (figure 1) doit forcément suivre cinq étapes clés :
Figure 1 : Les étapes clés et l’organisation du processus de lancement du médicament
Etape exploratoire : les chimistes et les biologistes consacrent leurs efforts dans le
développement des concepts et la synthèse de nouvelles entités moléculaires. En effet, de
nombreuses entités sont abandonnées à ce stade.
Etape préclinique : évaluer la sécurité de l’antigène et sélectionner le meilleur
médicament choisi. La molécule est testée pour l’activité pharmacologique et la toxicité in
vitro, puis sur des animaux. Si elle est prometteuse pour un développement ultérieur,
l’entreprise dépose auprès des autorités sanitaires un VISA d’enregistrement de nouveau
médicament.
Etape clinique : Les essais cliniques sont généralement décomposés en trois phases :
- Phase I : Dans le but d’obtenir des informations sur la toxicité du médicament et
déterminer la dose et la fréquence d’administration pour un être humain,
généralement des tests sont effectués sur une petite population de volontaires en
La chaîne de valeur du médicament
Etape
exploratoire
Etape
préclinique Etape clinique :
Phase I, II et III
Etape
Post-probatoire
Etape
probatoire
5
bonne santé. Ces données sont également collectées pour étudier le devenir d’une
substance active contenue dans un médicament dans le corps humain (appelée la
pharmacocinétique).
- Phase II : Le médicament est administré à un plus grand nombre d’individus
choisis parmi les patients pour lesquels le médicament est destiné.
- Phase III : C’est pendant cette phase que sont menées les études multicentriques
d’efficacité et de tolérance portant sur de grands effectifs, pouvant atteindre
plusieurs milliers de malades.
Etape de demande de VISA et avis des autorités sanitaires : Dès la réception d’un avis
positif, la phase marketing peut démarrer.
Etape Post-probatoire : Malgré les flux monétaires qui seront générés par la vente du
nouveau médicament, l’entreprise doit continuer de mener des recherches supplémentaires
pour soutenir les efforts marketing et développer les extensions du produit.
2.2. Les hypothèses de travail et de prédiction
Pour formuler des hypothèses sur les frais de R&D, les probabilités de succès et la
rentabilité des nouveaux médicaments, nous nous référons aux travaux de DiMasi et
Grabowski (2007), Healy et Myers (2002), Myers et Howe (1997) et DiMasi, et al. (1991). En
outre, Myers et Howe (1997) supposent, en matière de qualité, qu’un médicament qui arrive
sur le marché appartiendrait à l’une des cinq catégories suivantes : (i) mauvaise, (ii) en-
dessous de la moyenne, (iii) moyenne, (iv) au-dessus de la moyenne, ou (v) une découverte
capitale. Un médicament commercialisé a 60 % de chances d’appartenir à la catégorie
« qualité moyenne » et 10 % de chances d’appartenir à l’une des quatre catégories restantes.
La densité de probabilité du chiffre d’affaires généré par chaque catégorie présente un
coefficient d’asymétrie positif très élevé. Une année après le lancement du médicament, les
auteurs observent que la moyenne du chiffre d’affaires est de M$ 6 620 pour les médicaments
appartenant à la mauvaise catégorie, de M$ 7 440 pour les médicaments en dessous de la
moyenne, de M$ 66 200 pour les médicaments moyens, de M$ 661 960 pour les médicaments
au dessus de la moyenne et de M$ 1 323 920 pour les médicaments appartenant à la qualité
découverte.
Sous l’hypothèse de réussir l’étape préalable, le tableau 1 présente le coût avant impôts, la
durée en années et la probabilité de réussite de l’étape concernée. La durée de vie estimée
pour l’étape de R&D dépasse une année. En conséquence, nous supposons, que le coût total
6
est réparti de manière égale entre les années. Pour certains médicaments approuvés, Myers et
Howe (1997) les auteurs supposent également que les essais cliniques post-probatoires sont
déjà réalisés. Le but de ces essais est de soutenir l’effort commercial du médicament. Pour les
médicaments à faible chiffre d’affaires (qualité mauvaise et en-dessous de la moyenne), nous
supposons que les recettes réalisées sont insuffisantes pour justifier les essais cliniques post-
probatoires.
Tableau 1: Structure du modèle et répartition des coûts avant le lancement du médicament
Les étapes de R&D et développement
de médicaments
Coût total
(en k$)
Durée
Probabilité
conditionnelle (réussite)
Exploratoire 2 200 1 0,60
Préclinique 13 800 3 0,90
Etape clinique
Phase I 2 800 1 0,75
Phase II 6 400 2 0,50
Phase III 18 100 3 0,85
VISA 3 300 3 0,75
Etape post-probatoire 31 200 9 1,00
Source : Synthèse du modèle de Myers et Howe (1997) et des travaux de Weinmann (2008)
Un médicament est comme tout produit commercialisé, il dispose d’un cycle de vie. Kellog
et Charnes (2000) affirment que le maximum de chiffre d’affaires attribué au médicament est
réalisé juste avant l’expiration de son brevet. Contrairement à Myers et Howe (1997), notre
analyse prend en compte une période plus longue qui intègre les recettes au-delà de
l’expiration du brevet. En effet, les auteurs estiment que les recettes réalisées après expiration
du brevet ne sont pas pertinentes pour leur analyse.
3. Approche méthodologique
L’utilisation de l’arbre binomiale permet de simuler les prévisions du risque économique
du nouveau médicament, de manière similaire aux fluctuations du cours des actions. La
méthode des options réelles n’est pas uniquement une méthode technique qui tient compte de
l’incertitude et de la flexibilité dans le management, elle oblige le dirigeant de l’entreprise à
un travail de réflexion sur de nombreuses alternatives et différents moyens d’actions pour
faire face aux perturbations venues de l’environnement économique.
3.1. Construction de l’arbre binomiale
Soit S, le chiffre d’affaires annuel réalisé par l’entreprise. Sa valeur varie chaque année à la
hausse (u) ou à la baisse (d). Pour chaque état de la nature, nous attribuons successivement les
7
probabilités de p et de 1 – p. La taille de l’échelon u et la probabilité p dépendent de
l’incertitude du marché (σ) et peuvent être calculés par la relation suivante : ;
avec d = 1/u et
Figure 2: Calcul d’une étape de l’arbre binomiale
La volatilité σ est un indicateur de la variation du chiffre d’affaires, sa valeur dépend des
prévisions futures des ventes. Plus la volatilité est élevée, plus l’écart entre les valeurs de Su et
Sd est important dans l’arbre. Dans le cas du développement biopharmaceutique, la volatilité
représente l’incertitude liée aux ventes futures.
Une fois le produit approuvé par les autorités sanitaires (APAS), la valeur du projet pour
chaque nœud en arrière, est calculée en trois étapes : [étape 1] estimer le scénario optimiste
(haut) et pessimiste (bas) ; [étape 2] ajuster à l’aide de la probabilité de l’approbation (pVISA)
et l’obtention du VISA par les autorités sanitaires ; [étape 3] actualiser les valeurs, un an
auparavant, à un taux d’actualisation r. On obtient :
〖 〗
Après l’estimation de cette valeur, il faut décider si l’entreprise doit continuer le
développement du projet selon les états respectifs (nœuds) :
ainsi, prend une nouvelle valeur.
De cette manière, on peut travailler en arrière à travers l’arbre pour atteindre le nœud
racine, ce qui permet d’obtenir la valeur du projet. A noter que chaque nœud représente un
point de décision.
Su = u × S
p
S
1 – p
Sd = d × S
[1] [2] [3]
8
Figure 3: L’arbre binomial du projet
3.3. L’évaluation des contrats de licence
Si le laboratoire décide d’abandonner le projet, les droits reviennent à la société de
biotechnologie. Elle est dans ce cas obligée de trouver un autre partenaire. En réalité,
l’acquéreur potentiel de la licence n’a d’autres choix que de poursuivre le développement du
projet. Si le chiffre d’affaires évolue au fil du temps et que la société sous licence a la
possibilité d’abandonner le projet à cause des conditions défavorables au développement, le
prix exigé par le cédant de la licence baisse considérablement. Dans cette situation la société
de biotechnologie ne dispose d’aucune flexibilité managériale.
4. Etude de cas
Pour estimer la valeur d’un projet de biotechnologie, nous menons une étude comparative
entre l’approche des options réelles et l’approche DCF.
Tableau 2: Evaluation d’un projet biopharmaceutique à l’aide des options réelles
dt
Phase clinique 2 Phase clinique 3 Lancemen
t
APAS
VISA
Va
leu
r d
u p
roje
t
Temps (t)
9
4.2. Etude de cas 2 : L’évaluation des contrats de licence des projets
Tableau 3: Valeur de la licence par la méthode DCF
Phase 2 Phase 3 VISA Marché Total
Investissements –15 –70 –3 –210
Recettes espérées 0 0 0 490
Les droits de licence –0,95649 –1,37326 –0,5 –3
Les milestones –3 –3 –3 –3
Les royalties 10 %
Le taux de réussite 50 % 60 % 90 %
La probabilité de franchir l’étape 100 % 50 % 30 % 27 %
Timing 0 2 5 6
Facteur d’actualisation 100 % 83 % 62 % 56 %
Flux de revenus actualisés (Acquéreur) –19,0 –30,7 –1,2 69,9 19,0
Flux de revenus actualisés (Cédant) 3,956492 1,807133 0,651967 12,411 18,8
6. Conclusions
La dimension économique est de plus en plus présente dans le management de projet et
notamment pour ce qui a trait aux industries liées à la santé (Zénios, 2002) et aux
biotechnologies.
La méthode DCF est largement utilisée dans la pratique pour l’évaluation des projets
biopharmaceutiques. En outre, ce qui est le plus souvent observé dans les accords de
partenariat entre entreprise de biotechnologie et laboratoire est une parfaite répartition des
Légende : Taux = 10 % 2 964
Projet abandonné Volatilité = 30 % 2 754
Etape non achevée (ENA) Etat initial 490 2 196 Continuer
Projet poursuivi u = 1,35 1 622 1 %
d = 0,74 1 627 Continuer 1 627
p = 0,43 631 1 % 1 417
1 – p = 0,57 1 205 Continuer 1 205 Continuer 402 3 % 811 5 %
893 Continuer 893 Continuer 893 180 8 % 303 9 % 683
661 Continuer 661 Continuer 661 Continuer
43,9 18 % 182 18 % 366 16%
Etat du marché = 490 Continuer 490 Continuer 490 Continuer 490
Valeur du projet = 5,5 43 % 34 31 % 123 25 % 280
Décision = Continuer 363 Continuer 363 Continuer 363 Continuer
Probabilité = 100 % 6,7 49 % 65 36 % 122 29 %
Continuer 269 Continuer 269 Continuer 269
57 % 0 42 % 34 34% 59
Abandonner 199 Continuer 199 Continuer 33 % 15 32 % 18 30 %
ENA 148 Continuer 148 19 % 4 23 % 0
ENA 109 Abandonner
11 % 0 16 %
Abandonner 81
6% 0
Abandonner
4 %
Année 1 2 3 4 5 6 7
Probab. de réussir 100 % 50 % 100 % 100 % 60 % 90 % 100 %
Investissements –15 –70 –3
Phase clinique Phase 2 Phase 3 VISA Lancement
10
revenus du projet. Toutefois, cette approche ne permet pas de prendre en compte l’importance
de certains frais, comme les redevances, les droits de licence et les royalties. L’évaluation du
même projet par la méthode des options réelles, prouve que la répartition des revenus ne peut
être équitable, car toujours une partie supporte plus de charges qu’une autre. En conséquence,
la pratique actuelle basée sur la méthode DCF conduit à une sous-évaluation des projets sous
licence, par rapport à la méthode des options réelles.
La méthode des options réelles offre plus qu’une alternative pour l’évaluation du contrat de
licence. DiMasi (2001) et Kola et Landis (2004) estiment qu’uniquement 30% des projets
rejetés sont économiquement justifiés. Ces statistiques prouvent bien que la question de
flexibilités pour le management est bien utilisée lors du processus de la prise de décision pour
les différents chemins de l’arbre de décision. Pour une évaluation plus juste, la méthode des
options réelles semble plus judicieuse.
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