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1/10 Cours - « La France en villes » [MB 2.5] Note : ce cours est une synthèse qui groupe les cours 7, 8 et 9 du Thème 2 du programme. Sommaire Introduction.........................................................................................................1 1. Une France toujours plus urbanisée et fortement métropolisée..................... 2 1.1. Une population majoritairement urbaine..................................................2 1.2. Concentration, étalement et mobilité.......................................................2 1.3. Une capitale puissante, située dans une région mondialisée .................3 1.4. Vers un polycentrisme plus affirmé..........................................................3 2. Des espaces urbains socialement fragmentés................................................ 4 2.1. Une fragmentation urbaine accentuée.....................................................4 2.2. Peut-on parler de « sécession urbaine » ?................................................5 2.3. Des politiques de cohésion aux résultats incertains.................................6 3. Les nouveaux territoires du monde urbain......................................................6 3.1. La diffusion généralisée de l'urbain..........................................................6 3.2. L'opposition villes/campagnes est-elle toujours d'actualité ?...................7 3.3. L'urbanisation généralisée et la mutation des campagnes.......................7 Conclusion...........................................................................................................8 Vocabulaire.......................................................................................................... 8 Organigramme de révision..................................................................................9 Introduction L'urbanisation de la France est un phénomène historiquement ancien, qui peut être considéré comme géographiquement fondamental pour toute l'humanité depuis le début du 19e s. 1 . De fait, la France et ses voisins européens donnent l'image de sociétés presque entièrement urbanisées. L'urbanisation va de pair avec la hiérarchisation des fonctions urbaines, depuis les métropoles de dimension mondiale jusqu'au plus petites villes. Quelles sont les formes et modalités de cette urbanisation et de cette métropolisation ? Une France de plus en plus urbanisée avec un territoire fortement métropolisé doit résoudre de redoutables problèmes d'équilibre socio-économiques au sein de ses espaces urbains qui influencent de plus en plus les espaces périurbains . 1 En 1800, à peine 3 % de la population mondiale vivait en ville, contre 15 % en 1900, 50 % vers l'an 2000, et au rythme actuel, 65 % des habitants de notre planète seront urbains en 2025.

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Cours - « La France en villes » [MB 2.5]Note : ce cours est une synthèse qui groupe les cours 7, 8 et 9 du Thème 2 du programme.

SommaireIntroduction.........................................................................................................11. Une France toujours plus urbanisée et fortement métropolisée.....................2

1.1. Une population majoritairement urbaine..................................................21.2. Concentration, étalement et mobilité.......................................................21.3. Une capitale puissante, située dans une région mondialisée .................31.4. Vers un polycentrisme plus affirmé..........................................................3

2. Des espaces urbains socialement fragmentés................................................42.1. Une fragmentation urbaine accentuée.....................................................42.2. Peut-on parler de « sécession urbaine » ?................................................52.3. Des politiques de cohésion aux résultats incertains.................................6

3. Les nouveaux territoires du monde urbain......................................................63.1. La diffusion généralisée de l'urbain..........................................................63.2. L'opposition villes/campagnes est-elle toujours d'actualité ?...................73.3. L'urbanisation généralisée et la mutation des campagnes.......................7

Conclusion...........................................................................................................8Vocabulaire..........................................................................................................8Organigramme de révision..................................................................................9

IntroductionL'urbanisation de la France est un phénomène historiquement ancien, qui peut être considéré comme géographiquement fondamental pour toute l'humanité depuis le début du 19e s.1. De fait, la France et ses voisins européens donnent l'image de sociétés presque entièrement urbanisées. L'urbanisation va de pair avec la hiérarchisation des fonctions urbaines, depuis les métropoles de dimension mondiale jusqu'au plus petites villes.

Quelles sont les formes et modalités de cette urbanisation et de cette métropolisation ?

Une France de plus en plus urbanisée avec un territoire fortement métropolisé doit résoudre de redoutables problèmes d'équilibre socio-économiques au sein de ses espaces urbains qui influencent de plus en plus les espaces périurbains.

1 En 1800, à peine 3 % de la population mondiale vivait en ville, contre 15 % en 1900, 50 % vers l'an 2000, et au rythme actuel, 65 % des habitants de notre planète seront urbains en 2025.

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1. Une France toujours plus urbanisée et fortement métropolisée

1.1. Une population majoritairement urbaine• Depuis 2007, 82 % des Français vivent dans une aire urbaine soit 61 %

dans un espace à dominante urbaine, 16 % dans une commune périurbaine et 5 % dans un espace multipolarisé. En ajoutant les habitants des petites villes qui connaissent une polarisation de l'espace à dominante rurale, près de 90 % de la population sont désormais urbains. Les communes urbaines de plus de 2 000 habitants rassemblent 76 % de la population contre 53 % en 1995. Aujourd'hui, un tiers des communes est à dominante urbaine et s'étale sur 30 % du territoire.

• Un pôle urbain est une agglomération caractérisée par la continuité du bâti contrairement aux espaces périurbains qui sont mixtes : ruraux par leurs paysages mais directement polarisés par un ou plusieurs centres urbains pour l'emploi et une bonne partie des services. Les communes périurbaines constituent des auréoles de densification d'autant plus vastes que la ville est de grande taille.

• À l'échelle européenne, la France se situe entre les États de l'ouest et de nord à l'urbanisation précoce2 et ceux du sud à l'urbanisation plus tardive. Malgré une industrialisation ancienne, la population urbaine française n'a dépassé la population rurale qu'en 1931 (Royaume-Uni : 1851 ; Etats-Unis d'Amérique : 1920).

1.2. Concentration, étalement et mobilité• Pendant les « Trente Glorieuses », la concentration urbaine s'est

accélérée avec la poursuite de l'exode rural, le « baby-boom » et l'immigration des populations issues des anciennes colonies. Ce dynamisme urbain se traduit par la croissance et la densification des banlieues et contribue à l'extension des agglomérations. C'est le temps des grands ensembles d'habitation, emblématiques d'une modernisation de l'habitat.

• À partir de 1975, la croissance des espaces agglomérés se ralentit, mais l'urbanisation poursuit son extension spatiale, sous une forme desserrée. Cet étalement urbain prend la forme du pavillon, modèle résidentiel qui séduit les classes moyennes et les milieux populaires solvables : ainsi, il n'est pas rare de constater une densité de population dix fois plus faible en banlieue par rapport au centre-ville. Il doit beaucoup aux politiques de soutien à l'accession à la propriété en maison individuelle, à la démocratisation de l'automobile et à l'essor des infrastructures de communication. La périurbanisation devient une des formes contemporaines du processus d'urbanisation. Pourtant, ces dernières décennies, les centres-villes, dont l'histoire peut remonter à l'Antiquité, sont valorisés et la plupart redeviennent attractifs. À l'échelle du

2 En 2010, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni dépassèrent 80 % de taux d'urbanisation contre moins de 20 % en 1750.

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territoire national, la population urbaine continue à se rassembler autour de Paris et de l'Île-de-France, des grandes métropoles, le long de grands axes de communication, dans les vallées des grands fleuves et dans les régions littorales.

• Quels que soient leurs lieux de résidence, les Français sont désormais des urbains parce qu'ils vivent dans, ou en lien avec, des espace urbanisés toujours plus faciles d'accès. Une mobilité généralisée s'observe dans toutes les régions. Dans le cadre de la ville durable, l'étalement urbain est remis en question. Il provoque des déplacements quotidiens de plus en plus longs, une artificialisation démesurée des surfaces, une pollution atmosphérique et un surcoût des infrastructures de connexion. La densification des territoires urbains et la réorganisation des transports s'inscrivent dans ces préoccupations.

• Les mobilités spatiales dessinent des aires urbaines toujours plus étalées et polycentriques, c'est-à-dire comprenant plusieurs centres d'impulsion. Cette évolution est due au desserrement des activités et des emplois dans les communes périurbaines et à l'intégration des pôles secondaires périphériques.

1.3. Une capitale puissante, située dans une région mondialisée

• l'internationalisation croissante et les mutations de l'économie française favorisent la métropolisation du territoire, d'abord au profit de la région-capitale. On parle alors de macrocéphalie. Avec 11,8 millions d'habitants (18,5 % de la population française), sans être la plus dynamique, Paris est l'aire urbaine qui contribue le plus à la croissance démographique nationale. Elle connaît un léger déficit migratoire (-0,15 % par an) dû au départ de retraités, compensé par un solde naturel exceptionnel (+0,9 % par an) lié à la forte présence de jeunes ménages.

• Héritée d'une longue tradition centralisatrice, la concentration des fonctions d'État au sein de la capitale se double d'une hégémonie économique croissante. Paris accueille les activités dynamiques et nécessaires au développement du capitalisme mondialisé : sièges sociaux des Firmes Multinationales (FMN), services aux entreprises, finance, recherche-développement et conception. Reflet de ce rôle directionnel, elle accueille 45 % des cadres des fonctions métropolitaines et produit 29 % du PIB.

• Première capitale européenne, avec Londres, dotée de fonctions internationales de premier plan (finance, culture, tourisme), elle constitue une interface privilégiée entre la France, l'Europe et le reste du monde. Les aéroports parisiens assurent 70 % du trafic aérien français et monopolisent l'essentiel des échanges internationaux.

1.4. Vers un polycentrisme plus affirmé

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• Comparées à leurs homologues européennes, les métropoles régionales françaises sont plus petites en taille, dénuées de pouvoirs autonomes et dotées d'un rayonnement international limité. Sept grandes villes dominent l'armature urbaine: Lyon, Aix-Marseille, Lille, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Strasbourg. Quatre autres, aux fonctions incomplètes, sont considérées comme des quasi-métropoles (Grenoble, Montpellier, Rennes, Nice). Une douzaine de villes intermédiaires, plus petites en taille, organisent également leur zone.

• l'image de « Paris et le désert français »3 ne se justifie plus. En matière de grands équipements, les métropoles ont connu un réel rattrapage et constituent d'indéniables relais régionaux. Soucieuses de renforcer leur place dans la hiérarchie des villes européennes et d'accroître leur rayonnement international, elles développent des projets urbains d'envergure, tel « Euroméditerranée » à Marseille. Elles forment, avec la capitale, un archipel métropolitain. Malgré cela, les grandes villes de province nouent de plus en plus de relations directes, entre elles ou avec d'autres villes européennes (contrats de recherche, programme d'échanges universitaire « Erasmus » depuis 1987). Ainsi s'affirme une organisation plus polycentrique.

• Avec la départementalisation, les villes petites et moyennes ont longtemps maillé le territoire. Deux tiers des aires urbaines de 20 000 à 100 000 habitants perdent aujourd'hui des habitants. Leur évolution reflète l'inégal dynamisme régional. Excédentaires dans les régions en forte croissance (sud et ouest), elles sont très déficitaires au nord et à l'est. La proximité des grandes métropoles a un effet dynamisant. Inversement, ces villes souffrent de l'enclavement.

• Plus spécialisées que les grandes villes, les villes petites et moyennes sont particulièrement vulnérables. Beaucoup ont une forte spécialisation industrielle et pâtissent des délocalisations. Elles se distinguent aussi par une sur-représentation des services à la population. Cette économie résidentielle, parfois dynamique (tourisme), se trouve fragilisée par la fermeture des services publics.

2. Des espaces urbains socialement fragmentés

2.1. Une fragmentation urbaine accentuée

• La métropolisation entraîne une hausse du prix du foncier qui renforce la ségrégation urbaine. L'opposition historique entre les beaux quartiers et les quartiers populaires évolue vers une ville à plusieurs vitesses. Les centres connaissent un processus de gentrification qui passe par la réhabilitation de l'habitat, des espaces publics et le renouveau des commerces. Les politiques de reconquête économique et patrimoniale ainsi que la spéculation immobilière favorisent cet embourgeoisement,

3 Titre d'un célèbre ouvrage de 1947 écrit par J.F.Gravier, qui décrivait parfaitement le déséquilibre fondamental de l'armature urbaine de la France.

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très inégal et encore inachevé.

• Attirées par des prix plus abordables et la qualité du cadre de vie, les familles des classes moyennes privilégient l'accession à la propriété en maison individuelle dans les espaces périurbains. Les premières couronnes, proches et bien équipées, y sont généralement plus aisées que les périphéries éloignées où se trouvent relégués les ménages modestes. Au sein des banlieues, les communes aisées contrastent avec les secteurs marqués par les grands quartiers d'habitat populaire dont beaucoup sont classés en ZUS (zone urbaine sensible). La crise économique et le départ des classes moyennes y provoquent un triple processus de paupérisation, d'ethnicisation et de relégation, source de violences urbaines. L'image médiatique, mais excessive, des « cités-ghettos », occulte la diversité et la richesse culturelle de ces territoires (voir ci-dessous).

* France entièreSource : INSEE, 2010.

2.2. Peut-on parler de « sécession urbaine » ?• Cette expression fait référence à la volonté de certains groupes sociaux

de marquer une distance sociale et/ou physique avec d'autres groupes. De fait, les ménages tendent à résider dans des quartiers de plus en plus homogènes : en 2006, 51 % des ouvriers et 39,2 % des chômeurs étaient rassemblés dans seulement 10 % des IRIS : Les îlots regroupés pour l'information statistique (IRIS-2000) forment un « petit quartier », qui se définit comme un ensemble d'îlots contigus. Les IRIS-2000 se déclinent en trois types de zones : IRIS d'habitat, dont la population se situe entre 1 800 et 5 000 habitants et qui sont homogènes quant au type d'habitat ; IRIS d'activité qui regroupent plus de 1 000 salariés et comptent deux fois plus d'emplois salariés que de population résidente et enfin, IRIS divers, de superficie importante à usage particulier (bois, parcs, zones portuaires...). La France en compte environ 50 800 (50 100 en métropole et 700 dans les DOM).

• La flambée des prix du logement joue un rôle déterminant, la valeur du

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mètre carré pouvant varier de 1 à 10 entre le centre et les lointaines périphéries. La recherche d'entre-soi résidentiel accentue les mécanismes ségrégatifs, y compris à très grande échelle (lotissement, rue). L'évitement scolaire, la multiplication des ensembles résidentiels fermés ou encore les politiques de club de certaines communes traduiraient la volonté de groupes sociaux favorisés de se mettre à l'écart de la société urbaine.

• En France, les résidences fermées ne sont toutefois pas comparables aux « gated communities » américaines car elles n'abritent que très peu de services collectifs. La mobilité quotidienne des citadins relativise l'impact de l'entre-soi résidentiel en donnant l'occasion aux groupes sociaux de se côtoyer dans les espaces publics (centres commerciaux).

2.3. Des politiques de cohésion aux résultats incertains• Depuis trente ans, les pouvoirs publics ont multiplié les actions en faveur

des quartiers sensibles dans le but d'y réduire l'exclusion. En raison de la complexité des procédures, le succès est mitigé et le gouvernement concentre désormais son action sur les opérations de rénovation urbaine au détriment du volet social.

• Cette politique s'accompagne d'une volonté de mieux répartir le logement social, pour favoriser la mixité sociale. Depuis la loi Solidarité et renouvellement urbain votée en l'an 2000, les communes de plus de 3 500 habitants doivent atteindre 20 % de logements sociaux, sous peine d'amendes. Certaines communes préfèrent toutefois payer des pénalités que jouer le jeu de la solidarité urbaine.

• Le problème du mal-logement (600 000 personnes sans logement personnel et 3 500 000 personnes mal logées) a amené le gouvernement à reconnaître un Droit au logement opposable (DALO) qui rend l'État garant de l'accès au logement, mais ne résout pas les carences de l'offre.

3. Les nouveaux territoires du monde urbain

3.1. La diffusion généralisée de l'urbain

• Depuis 1999, la croissance de la population a été plus forte dans les communes rurales (+ 1,1 % par an) que dans les communes situées dans les unités urbaines (+0,7 % par an). Ce dynamisme démographique est à mettre directement en relation avec le processus général de la périurbanisation résidentielle stimulée par l'attrait pour « la vie à la campagne » et la hausse du coût du foncier et de l'immobilier dans les pôles urbains. La croissance urbaine s'est reportée toujours plus loin de la ville-centre jusqu'à 10 à 25 km pour les villes moyennes, 40 à 60 km pour les métropoles régionales et au-delà de 100 km pour Paris.

• L'implantation de pôles d'activité en lisière d'agglomération renforce le desserrement résidentiel et fonctionnel. Selon la taille des villes et le

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dynamisme régional, les centres commerciaux, technopôles, plateformes logistiques, complexes hôteliers, parcs d'attraction, pôles de santé" aéroports et activités associées s'installent à proximité des rocades et des échangeurs. Ces installations assurent des emplois et des services et génèrent des mobilités complexes.

3.2. L'opposition villes/campagnes est-elle toujours d'actualité ?

• La périurbanisation discontinue et diffuse a remis en question la croissance radio-concentrique de la ville et son opposition au monde rural. Les constructions se sont cristallisées à partir d'anciens noyaux villageois,des échangeurs et des axes routiers sous la forme prédominante de lotissements pavillonnaires et de zones d'activités. De véritables régions urbaines polycentriques se sont créées par extension et recoupement des aires de périurbanisation et annexion de pôles secondaires et d'espaces agricoles.

• Cependant, l'opposition ville-campagne reste toujours vivante dans les représentations collectives de l'espace. Dans les enquêtes auprès des habitants des aires urbaines, la ville est perçue comme nécessairement dense par opposition à la campagne qui désigne sans distinction les territoires périurbains et ruraux peu denses. L'espace rural est généralement appréhendé comme un décor, un espace récréatif et de loisirs. En réalité, il y a une continuité entre espaces urbains et ruraux et les « néo-ruraux » sont aussi des urbains par leur mobilité, leur lieu de travail et leur mode de vie.

3.3. L'urbanisation généralisée et la mutation des campagnes

• Le desserrement urbain, l'essor du tourisme et des loisirs de nature transforment radicalement les campagnes par l'arrivée de nouveaux résidents et l'implantation de nouvelles infrastructures4 (mitage).

• Ces mutations opposent les campagnes sous influence urbaine aux campagnes fragiles marquées par le recul démographique et économique. Les campagnes associées au processus d'étalement urbain connaissent toutes un dynamisme démographique migratoire et naturel. On peut distinguer les campagnes périurbaines de proximité ayant essentiellement une fonction résidentielle et le rural en voie de périurbanisation dont les activités agricoles sont encore importantes.

• Pour de nombreuses campagnes, l'héliotropisme et la qualité du cadre de vie sont devenus un des moteurs de l'économie rurale, surtout en montagne et le long des littoraux. Elles attirent des retraités, des étrangers, des actifs et de nombreux touristes. L'agriculture disparaît ou

4 En France, le mitage s'oppose au caractère concentré des villages traditionnels.

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se transforme au gré de la demande de cette nouvelle clientèle. Les petites villes rurales qui organisent localement ces territoires dépendent des métropoles régionales.

ConclusionLes espaces urbains, attractifs, connaissent donc d'importantes mutations. Leur croissance prend la forme de l'étalement des résidences et des activités, provoquant une explosion des mobilités. De vastes régions urbaines, polycentriques, intégrant des villes petites et moyennes et des communes rurales émergent. Les déplacements automobiles qui découlent de cette nouvelle forme d'organisation posent le problème de sa durabilité. L'opposition ville/campagne perd de sa pertinence. Avec des espaces ruraux aussi bien connectés et pratiqués par les urbains, les frontières de la ville deviennent difficiles à fixer. L'enjeu pour la France urbaine se concentre alors sur l'équilibre des espaces intra-urbains aussi bien que sur l'harmonisation nécessaire des services et des activités productives dans les nouveaux territoires de la périurbanisation.

Vocabulaire

Agglomération : unité urbaine caractérisée par la continuité des constructions et abritant une population supérieure à 2 000 habitants. Elle comprend la ville-centre et ses banlieues.

Aire urbaine : espace constitué d'un pôle urbain et d'une couronne périurbaine selon l'INSEE.

Espace périurbain : ensemble des communes distinctes de l'agglomération mais habitées essentiellement par des personnes qui dépendent de celles-ci pour leur emploi, leurs loisirs et leur mode de vie.

Étalement urbain : extension des banlieues et des zones urbaines à la périphérie des agglomérations.

Polarisation : capacité d'une ville à attirer une population et des activités.

Urbanisation : processus d'augmentation de la population urbaine et de transformation d'un espace rural en un espace urbain.

Archipel métropolitain : ensemble des métropoles entretenant de fortes relations et fonctionnant en réseau, au détriment desespaces intermédiaires.

Armature urbaine : organisation hiérarchisée d'un ensemble de villes et de leurs zones d'influence.

Cadre des fonctions métropolitaines : actif à fort niveau de qualification travaillant dans les secteurs clés de l'économie selon l'INSEE.

Fonctions d'État : activités publiques de haut niveau telles les administrations, les universités, les grandes écoles, les CHRU (centres hospitaliers régionaux universitaires), les centres de recherche.

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Macrocéphalie : domination écrasante d'une seule ville à la tête d'un réseau urbain.

Métropole : aire urbaine concentrant des fonctions directionnelles et exerçant un pouvoir de commandement sur d'autres territoires, urbains ou ruraux, à l'échelle régionale.

Métropolisation : concentration des fonctions de commandement des richesses et de la population dans les grandes villes.

Entre-soi : stratégie d'évitement des plus pauvres que soi dans les choix d'habitat.

Évitement scolaire : scolarisation des enfants dans les écoles les mieux réputées.

Fragmentation urbaine : effritement des liens et durcissement des frontières spatiales entre les groupes sociaux d'une même ville ou d'un même quartier.

Gentrification : remplacement des populations modestes par des catégories aisées au mode de vie très citadin.

Mixité sociale : diversification de la composition sociale d'un quartier.

Paupérisation : appauvrissement de la population d'un quartier lié à la crise économique et au départ des couches moyennes.

Politiques de club : refus de certaines communes de s'urbaniser, d'accueillir du logement social ou des équipements afin d'y préserver la qualité de l'environnement résidentiel.

Relégation : spécialisation de certains quartiers dans l'accueil de populations économiquement et culturellement démunies.

Rénovation urbaine : opération de destruction et de reconstruction d'un secteur urbain.

Ségrégation urbaine : mise à l'écart de groupes ethniques et/ou sociaux par une séparation spatiale.

ZUS (zone urbaine sensible) : quartier considéré en difficulté et prioritaire pour bénéficier des politiques de la ville.

Néo-rural : personne originaire de la ville qui s'installe dans une commune rurale.

Périurbanisation : processus d'étalement urbain au-delà des limites des agglomérations dans des communes rurales situées à leur périphérie.

Croissance radio-concentrique : croissance démographique et urbanistique en cercles, du centre vers les périphéries.

Organigramme de révision

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Source : Géographie 1ère L/ES/S, Paris, Hachette éducation, 2011