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La géométrie comparée et la géométrie sacrée La Géométrie et les Œuvres Yvo Jacquier ----------------------------------------------------------------------------------- LES GRANDES OEUVRES -------------------------------------------------------------------------------- Août 2012 ----- Yvo Jacquier © Géométrie comparée - Les oeuvres qui enseignent la géométrie sacrée 1 sur 26

La Géométrie et les Œuvres - jacquier.org · En effet, le propre des systèmes est de provoquer des harmoniques, à la façon de l'harmonie musicale. ... d'apothéose pour l'art

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La géométrie comparée et la géométrie sacrée

La Géométrie et les Œuvres

Yvo Jacquier -----------------------------------------------------------------------------------

LES GRANDES OEUVRES-------------------------------------------------------------------------------- Août 2012 -----

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - Les oeuvres qui enseignent la géométrie sacrée 1 sur 26

Présentation--------------------------------------------------------------

La géométrie comparée

La symbolique est l'art de relier des idées qui ne montrent a priori aucune affinité particulière. C'est avant tout

une forme de réflexion. Cette noble discipline souffre souvent, comme la poésie, d'une confusion où calembours

et fantasmes prodiguent leurs services universels. En ce domaine « La mer est bleue » ne vaut pas mieux que

« La guerre c'est moche et les cheveux ça pousse ». La symbolique n'est pas un jeu d'esprit où il suffit d'aligner

les mots à la chaîne. Une structure tient ses notions (valeurs), et elle est mathématique !

La géométrie comparée est une méthode d'analyse de la composition des oeuvres d'art et d'architecture. Elle

s'intéresse à toutes les formes d'agencement, particulièrement à la plus noble : la géométrie sacrée. les règles de

la nature y sont outre-passées au profit de celles que la géométrie imprime non comme une contrainte, mais

comme une raison. Son but est d'exprimer la vision symbolique des auteurs. Le système perspectif (réaliste) qui

finira par supplanter la géométrie sacrée, après une étrange cohabitation à l'intérieur des mêmes oeuvres (à la

Renaissance), présente beaucoup moins de difficultés. Ses conventions sont explicites, contrairement aux codes

sophistiqués d'une culture beaucoup plus ancienne, ancrée dans le paléolithique : elle pratique une géométrie

avec les yeux dont les Égyptiens notamment furent les maîtres. La reconstitution de ses schémas et de ses

structures s'obtient en comparant des oeuvres jusqu'à dégager ce qu'elles ont en commun, particulièrement les

systèmes de construction. D'où le terme de géométrie comparée.

À ce principe s'ajoute celui de la double-preuve. Il consiste à ne retenir que les schémas qui engendrent

“d'heureuses surprises”. En effet, le propre des systèmes est de provoquer des harmoniques, à la façon de

l'harmonie musicale. Il faut en conséquence évacuer tout ce qui n'est pas ‘écrit’ par la volonté explicite des

auteurs. Un souci accompagne cette recherche : elle précise en permanence ses marges de précision.

La géométrie avec les yeuxL'ensemble des éléments qui émergent de l'étude entrent alors dans le champ théorique des mathématiques pures.

Une reconstitution du corpus historique de la géométrie égyptienne est ainsi accessible à l'adresse :

http://www.jacquier.org/IREM/Yvo_Jacquier-Geometrie_egyptienne.pdf

Cet article central est soutenu par plusieurs annexes. Leur taille peut justifier qu'elles s'émancipent; elles

prennent alors la forme d'articles à part entière. C'est le cas du présent texte, qui rassemble des exemples

concrets de l'implication de la géométrie avec les yeux dans l'art de la composition.

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Plusieurs autres articles répondent au même principe, de rendre concret la géométrie par les oeuvres :

ÉTUDE DU PLAN AU SOL DES PYRAMIDE DE GIZEH (Égypte, 2500 ans AEC)

http://www.jacquier.org/IREM/Yvo_Jacquier-Les_pyramides_de_Gizeh-III.pdf

La nécropole de Gizeh aurait été occupée bien avant la IVème dynastie à laquelle on la

rattache. Le talent des architectes aurait donc été de s'accorder au fonds architectural

existant, sans le trahir ni pour autant s'y soumettre.

ÉTUDE DE TEMPLE SUR LE SITE D'URUK-IV (Mésopotamie, IVème millénaire AEC)

http://www.art-renaissance.net/EDL/Yvo_Jacquier-Eanna-Uruk-IV.pdf

Ce temple est situé sur le site d'Uruk, en Irak. Il date de sa période finale, appelée Eanna -

l'autre étant Kullab.

ÉTUDE DE L'ORATOIRE DE GERMIGNY (France, IXème siècle)

http://www.andrei-rublev.com/Germigny/Yvo_Jacquier-Germigny-IXemeS.pdf

Cette architecture fait une véritable exposition des principes de la géométrie sacrée

(byzantine ?).

N.B. : La liste n'est pas exhaustive; ces exemples sont choisis pour prolonger l'article sur

la géométrie égyptienne, et l'ancrer dans la réalité. Chaque oeuvre en particulier réclame

un article complet.

Sommaire du présent article

I - Nous commencerons par trois exemples de fresques égyptiennes, avec pour principale

mission la mise en évidence du triangle 3-4-5 ainsi que du quadrillage qui le soutient.

II - Puis nous aborderons le principe géométrique de la trinité à travers une oeuvre qui

porte son nom : « La sainte Trinité » de Andreï Rublev.

III - L'histoire de Vénus, ou comment le nombre d'or s'accorde avec le triangle 3-4-5, le

quadrillage et les développements du vesica piscis selon Botticelli.

IV - Le cercle du Pape. Son diamètre, égal à deux fois le nombre d'or, est un classique

référentiel de la géométrie sacrée.

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I - ART ÉGYPTIEN -----------------------------------------------------------------------------------------------------------

Ces trois exemples de l'art égyptien offrent une réponse minimale aux questions que posent le présent article

(une étude complète réclamera un article pour chaque oeuvre). Qu'est-ce que la composition ? Où sont les

éléments de la géométrie égyptienne ? Un prolongement se profile : l'intrusion de la géométrie dans la structure

des hiéroglyphes... Mais passons d'abord en revue les principes qui concernent l'ensemble des fresques.

Le quadrillage

L'identification du quadrillage est avant tout un résultat de l'étude, il montre le franchissement d'un cap dans la

compréhension de l'oeuvre. C'est le point capital de la composition, sa raison initiale. C'est aussi la cause

première de toute une culture. Les éléments de l'oeuvre se développent en accord avec une unité de référence,

c'est à dire un seul et unique diapason.

Un procédé qualifié de “crash test” consiste à ajouter quelques millièmes au carreau unitaire et à constater

l'incidence de cette différence : immédiatement la composition explose ! Ce test constitue la preuve la plus

accessible de cette géométrie. Si l'on agrandit les figures, elles ne collent plus à l'oeuvre, sinon leurs

mensurations deviennent improbables (il n'y a plus de quadrillage), ou encore elles deviennent arbitraires ou

alors elle ne s'accordent plus entre elles. La composition devient ingérable. C'est dire à quel point l'équilibre que

provoque le quadrillage est précis. Il est responsable d'un phénomène de résonance...

Les premiers sujets que la géométrie comparée à étudiés appartiennent à la Renaissance. À cette période

d'apothéose pour l'art de la composition, le quadrillage joue littéralement le rôle de repère cartésien. Il

n'intervient que très peu ‘directement’ dans les lignes des oeuvres et en cela, on peut le considérer comme

“passif”. Des figures particulièrement complexes s'ancrent sur la grille mais leurs points d'ancrage n'ont pas

forcément de réalité directe sur l'oeuvre - contrairement aux figures qui elles, sont véritablement “actives”. La

composition se présente, toujours à la Renaissance, comme une série de plusieurs calques empilés les uns sur les

autres comme des crêpes. Ils sont par un effet transitif reliés au quadrillage mais c'est surtout l'un d'eux qui joue

le rôle de “calque maître”. Une figure complexe, aux propriétés toujours singulières (et vérifiables), accroche et

relie toutes les autres. Cette figure est la clé autant que la signature géométrique de l'oeuvre. L'on comprend à

cette occasion pourquoi les artistes ne signent pas leurs oeuvres (avant que cela devienne une nécessité

commerciale) : dans leur esprit, la géométrie n'appartient qu'à Dieu...

La structure du plan au sol de Gizeh se comporte déjà, 2500 ans avant l'ère chrétienne, comme celles de la

Renaissance. En revanche, les compositions des trois fresques choisies pour ce petit panorama didactique sont

beaucoup plus proches de leur quadrillage. Il doit ici être considéré comme “actif”. Curieusement, comme

l'explique Jean-Paul Guichard, le quadrillage archaïque suit le même type d'évolution en devenant cartésien par

le développement de l'algèbre : le tout continue de s'y référer, mais il ne privilégie aucune ligne.

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Les éléments de la géométrie égyptienne

Cette annexe fait ressortir en priorité deux éléments forts de la géométrie égyptienne : le triangle 3-4-5 et la

proportion dorée du triangle. Ce sont les axes majeurs de l'article, il faut en conséquence les ancrer dans le

concret. Ils confortent le quadrillage ou plus exactement, ils contribuent à l'identifier. Ensuite viennent une série

de cercles, toujours selon la logique de quadrillage, qui s'accordent selon des figures simples, rosaces et vesica,

avec l'ensemble des motifs picturaux.

Au-delà de cette partie didactique émerge un nouveau thème de recherche : la géométrie rencontre l'écriture, de

façon troublante. Ainsi jamais les hiéroglyphes ne contrarient les schèmes de la composition. Une question de

pose alors sous la forme d'une alternative : cette disposition procède-t-elle d'un simple respect des lignes de la

composition, ou celle-ci joue-t-elle un rôle véritablement actif dans la construction de l'écriture ? Cette étude ne

saurait répondre à une telle “provocation pour l'esprit” (selon l'expression fétiche de Platon). On ne saurait éluder

une question aussi riche d'intérêt.

Le progrès et l'évolution

Les trois millénaires que couvrent la civilisation égyptienne se traduisent par une longue évolution, donc une

grande disparité de niveau entre les oeuvres d'art et d'architecture. Si l'on peut distinguer “autour de la

Renaissance” les trois géants de la composition que sont Rublev, Botticelli et Dürer, l'on peut admettre que le

patrimoine égyptien fait preuve d'un relief tout à fait comparable avec des sommets et des plaines, des pleins et

des creux. Et ce n'est, comme pour la Renaissance, pas seulement une affaire de progrès ou d'évolution dans le

temps. Il faut prendre en compte le talent particulier et individuel des artistes et des constructeurs. Ainsi, le site

de Gizeh affiche une structure phénoménale, très tôt dans l'histoire de cette civilisation - dès la IV ème dynastie,

quand la fresque du souverain Benia, à la XVIIIème dynastie est beaucoup plus abordable.

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La fresque de Ay et Osiris

« Osiris et le Pharaon Ay accomplissant le rite de l'ouverture de la bouche »

Fresque murale - copie proche de l'original (pour la lisibilité des formes)

Tombeau de Toutankhamon - Vallée de Rois à Thèbes - tombe 22 - Ay (1704 - 1690 AEC)

Le quadrillage

Comme nous l'avons souligné plusieurs fois, il

constitue un résultat de l'étude. En verticale,

l'axe central passe au bord de l'herminette (qui

redouble sa forme en bas), rappelant celle du

cobra (voir la page de la BNF). Les lignes

horizontales trouvent le sol puis, pour la N° 1 :

les griffes du léopard, pour la N° 2 : sa tête, et

pour la N° 3 : l'oeil et la main du pharaon.

Osiris est sur une verticale quand le corps de Ay est entre deux.

Les deux torses sont entre les horizontales 2 et 3.

Le triangle 3-4-5

La ligne la plus accessible est celle qui suit le bord de la "jupe"

de Ay; cette hypoténuse passe entre les poings d'Osiris. Le

cercle intime passe en haut sur les pouces du pharaon (dont il

souligne l'oeil), et en bas sur les griffes du léopard. La

bissectrice d'ordre 1 plonge au pieds d'Osiris, celle d'ordre 3 se

pose sur son épaule et son flagellum (signe d'autorité, doublé

en ce tableau). Enfin, la bissectrice dorée (d'ordre 2) passe

entre les mains du souverain quand le point du cercle qui porte

la proportion dorée se pose exactement sur l'herminette, objet

principal de la scène. Le centre du cercle est sur la tête de

l'animal qui semble gratter la corde de la première bissectrice.

Le point fort de la composition est bien évidemment la bissectrice dorée qui vient du sol et passe par la tête du

léopard pour “entrer” dans l'herminette au point ou la mesure devient or. Figure de transition :

http://www.art-renaissance.net/Egypte/osiris_ay-06.jpg

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La proportion dorée

L'angle de la coiffure de Ay marque précisément la hauteur de

deux fois le nombre d'or depuis le sol. À partir de l'horizontale,

l'on peut construire simplement un rectangle doré qui se sert

des lignes du quadrillage pour compléter ses trois autres cotés.

Les diagonales du rectangle et des carrés inscrits tissent un

réseau de lignes qui collent de façon remarquable avec celles

du personnage de Ay. Ainsi la courbe de la fourrure, de la main

de Ay, et celle de l'herminette sont tangentes à la grande

diagonale. Elle croise sa symétrique précisément là où la

“jupe” se noue au nombril. De façon générale, ce rectangle est

celui de Ay avec son herminette et la spirale du serpent vient

en quelque sorte justifier le fait que la coiffure dépasse.

Le développement en croix

On retient la partie haute de ce rectangle (division dorée) et

l'on développe le grand en le faisant pivoter sur lui-même d'un

quart de tour. Enfin l'on complète les rectangles du cercle de

diamètre 2 au bas et au milieu du quadrillage. Les diagonales

comme la barre verticale du carré inscrit servent d'appui aux

formes de la composition. Même le trait de l'étoffe en forme

d'écharpe trouve sa destination aux croisement de ces lignes.

La moitié supérieure du cercle rassemble le vocabulaire

ésotérique de la scène. Un message caché ? Ay se dévoile de A

à Y - la dernière lettre est laissée à la part de l'inconnaissable...

Les grands cercles de la composition

Le cercle au rayon doré (ici en noir) décide du placement d'un

centre commun aux cinq cercles dont les diamètres sont listés

sur le visuel. Il est posé à terre “entre les yeux” des

personnages de la scène. En dehors du grand (5) chacun met

en relation un élément de la partie gauche avec un autre à

droite. Par exemple le flagellum et le serpent, les yeux et les

nez. Il faudra éclairer ce dialogue du savoir des égyptologues.

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La fresque de Benia

« Le souverain Benia Benia en inspection » - Il est mieux connu sous le nom Pahekamen (ou Paheqamen)

Tombe TT 343 de Benia - Fresque/gravure murale - Mur Est, partie sud - 18e dynastie - Env 1500 ans AEC

NB : devant lui se trouvent trois registres de contrôle des trésors et de pesée de barres d'or (pour en savoir plus)

Placement du cadre doré et identification du quadrillage

Le cadre doré de largueur 2 et de hauteur 2.Phi se construit :

- En bas : aux pieds du souverain

- A gauche : au fil vertical des inscriptions

- En haut : au bas des hiéroglyphes et à la tête de Benia

- Ceux-ci sont six en largeur, qui fixent le bord droit

Ensuite, les diagonales du rectangle coupent les bissectrices à 45° en deux

points qui sont ancrés dans la réalité du sujet (coude et ligne de

l’abdomen). Enfin, détail important, un trait que l’on pourrait prendre

pour l’index de sa majesté souligne la diagonale dorée. C’est une marque

de composition.

L’étude ne souffre pas trop de la relative vétusté du sujet ni de la

déformation optique de la photo. Les lignes de composition sont ici plus

fines, pour mieux juger de leur pertinence.

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - Les oeuvres qui enseignent la géométrie sacrée 8 sur 26

Cette fois, la hauteur du cadre reste la même (2.Phi) mais sa

largeur s'accorde à la √3 soit 2.Phi/√3). Le personnage est

justifié sur la droite, et les éléments sur la gauche également.

Les carrés inscrits en haut et en bas construisent deux

horizontales qui désignent la queue de taureau (?) et le noeud

de la ceinture du souverain.

Une grande diagonale vient chercher une des extrémités de sa

canne bifide. Ce repère se fait l'écho de celui que nous avons

évoqué plus haut.

Les hiéroglyphes sont rythmés par deux mesures : celle de 1/2

et celle de 1/3 selon l'unité de départ (le cadre doré de largeur

2). Ces échelles sont ici simplement évoquées : elles réclament

une étude approfondie. Elle doit notamment intégrer le sens

des écritures et distinguer leurs pavés typographiques.

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Le triangle est incliné à 45° + 1,1°. Cette configuration (hors

mis le petit décalage, conséquence de l'usure du temps et de la

photo) est un classique de la géométrie sacrée. La rotation à

45° du triangle 3-4-5 donne à l'hypoténuse une pente de 7.

Le rectangle doré est ici à sa place naturelle, dans la structure

du triangle. Le cercle donne toute sa logique à la composition,

centre sur la tempe (siège de préoccupation s'il en est). La ligne

horizontale qui en sort passe par l'oeil et le sommet du bâton,

devenant ligne de mire vers les réalités qui s'affichent à la

droite du tableau, soumises à l'appréciation de Benia (Horus ?).

La place de la figure n'est pas arbitraire : le centre du cercle

inscrit est au niveau +3 du quadrillage en hauteur.

Le schéma semble lui aussi participer au placement des

hiéroglyphes. Cet aspect de l'étude est à envisager comme une

discipline à part entière.

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La fresque de Néfertari

Nofretari en anglais - Meryenmout (« La plus belle de toutes, aimée de Mout »)

Principale grande épouse royale du pharaon Ramsès II - Femme d'influence.

Elle vécut sous la XIXe dynastie aux environs du XIIIème siècle AEC.

« Néfertari jouant au senet. »

Peinture dans la tombe de la reine d'Égypte Néfertari.

Technique = Wandbild / Fresque - Dimensions = 61 × 70 cm

Les deux placements du quadrillage

Les lignes représentent une demi unité (1/2)

Dans cette première configuration, le quadrillage

s'accorde aux pièces hautes du jeu de senet, quand dans

la seconde proposition il attrapera les pièces basses.

Difficile de croire au hasard, d'autant que les pieds de la

reine et de son fauteuil jouent exactement le même jeu.

En termes de métier, c'est une invitation. Il est à noter

que ce décalage ne change absolument pas la taille de

l'unité. Au contraire de le mettre en cause, cette seconde

disposition confirme le quadrillage (notamment :

l'épaisseur de la table et la hauteur pièces basses

mesurent au total un demi carreau unitaire).

La révélation de cette double grille ouvre à l'espace du

jeu : où est l'adversaire de la reine ? Contre qui joue-t-

elle réellement ? Cette double grille pourrait nous

fournir un premier élément de réponse. Selon

Wikipedia : Le senet est bien connu pour avoir été

souvent utilisé dans la peinture murale des tombeaux

où l'on peut voir un pharaon, une reine ou un noble,

jouer une partie de senet avec un Dieu pour symboliser

le fait qu'il doive jouer son destin dans l'au-delà (c'est-

à-dire, son droit à accéder au royaume d'Osiris).

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Les triangles 3-4-5

À l'image de la personnalité de Nefertari, cette oeuvre

est d'une grande complexité. Le but de cette annexe est

de montrer les éléments de base de la composition. Il ne

faut pas pour autant sacrifier son propos au nom de

l'efficace, et les preuves ne doivent pas dresser une

caricature de cette reine d'Égypte.

Ainsi le double quadrillage que nous avons évoqué se

traduit par le dédoublement des triangles exposés sur ce

visuel de façon basique...

La traduction de ces lignes ne se livrera pas au premier assaut. Tant par la mise en oeuvre que par la signification

symbolique de ces schémas, cette culture reste lointaine. Ne nous hâtons pas de croire que nous la comprenons.

Une étoile naît sur les genoux de Néfertari, qui pourrait être l'indice de la vie au-delà de la mort...

Les oeuvres ici présentées se sont produites avant Pythagore, et de plus elles n'appartiennent pas à l'ère

chrétienne. L'occasion nous est donnée de comprendre ce que le sacré a d'intemporel en quelque sorte, mais il

faut en permanence nous méfier de toute erreur de parallaxe. Par exemple, quand un symboliste (que l'on

qualifiera de contemporain pour la circonstance) rencontre un pentagramme, il voit immédiatement Vénus. Or

sur le plateau de Gizeh, il s'agit de l'âme du pharaon et elle entend rejoindre Nout et sa voie lactée... Chacun son

destin, chacun sa destinée !

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La proportion dorée

La mesure de 2.Phi, selon le quadrillage, intervient

explicitement dans la fresque de diverses façons. La

plus belle se mesure au pied du trône, car son milieu est

l'axe du cartouche de la reine.

Cette mesure se rappelle directement du triangle 3-4-5.

L'identification simultanée des deux figures verrouille

l'unité du quadrillage, et dans le cas de ces fresques

permet de situer sa portée de solfège.

Les rectangles classiques de mesure 2 x 2.Phi de mettent en croix, sans

“quitter” le quadrillage, et ils produisent une rosace avec des cercles de

diamètre 2 (cette rosace est ci-dessous exposée débarrassée de ses guides).

La rusticité des moyens picturaux (supports matières et pinceaux) ne

permet pas aux peintres d'atteindre une précision extrême. L'architecture

(et la sculpture ?) font preuve de plus de performance selon ce critère.

Chaque composition est un sujet de méditation. Celle-ci

caresse la beauté dans le sens des hiéroglyphes...

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Les cercles de diamètre 1 et de diamètre 1/2

Une belle rosace harmonise le profil de la reine (1), et le cartouche est bâti sur des cercles de diamètre 1/2.

Les cercles de diamètre 2/3 et de diamètre 3/2

L'organisation des éléments de la fresque révèle sa précision, en dépit des aléas du pinceau d'époque... À ce

propos, il est possible que la conception et la réalisation ne dépendent pas des même personnes.

Un texte propose la traduction des hiéroglyphes, à l'adresse :

http://www.egyptologica.be/activites_egyptologica/pdf/Lecture_de_texte_exemple.pdf

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Le pentagramme et l'heptagramme

Ces schémas sont à l'étude. Ils s'ancrent suffisamment dans la réalité pour être présentés. L'heptagramme décide

du placement d'un cercle de diamètre 5 : son étoile occupe la hauteur de la ‘cabane’. Le pentagramme reprend le

cercle à son compte. La place qu'occupe le centre accrédite la proposition.

Le triangle 3-4-5 de démonstration

Ce visuel sert de conclusion à cette étude. Les

bissectrices dialoguent étonnamment avec les éléments

de la fresque.

Pour l'instant, nous devons limiter les développements à leur aspect probant (et même basique). Ils

accompagnent un cours de « géométrie avec les yeux » dont l'enjeu majeur est la reconnaissance d'une unité de

construction. Dans l'esprit des Égyptiens, cette unité constitue la raison première de l'harmonie du Mâat. Les

Grecs seront sous cette influence quand ils chercheront “ à tout prix” la rationalité des nombres...

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II - « La Sainte Trinité » de Andreï Rublev ~ 1420/28-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

- Extrait d'article -

A- La symbolique de la Trinité

Elle est ici exposée dans la plus pure tradition chrétienne. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont liés

au même centre Oméga par trois droites portant leurs valeurs respectives, 1, 2, et 3. La nature

‘relationnelle’ des bissectrices s'affirme. Cette figure simple en apparence révèle toute la complexité

des rapports entre les ‘composantes’ de la Trinité. De façon méthodique : chaque bissectrice passe

par un angle du triangle, un premier point. Ensuite elle passe en Oméga et coupe un côté de façon

exclusive, révélant un deuxième point important. Enfin, à l'extérieur du triangle, les droites se

perdent selon deux directions opposées.

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - Les oeuvres qui enseignent la géométrie sacrée 16 sur 26

Les bissectrices ont donc deux sens. L'un d'eux est souligné sur le précédent visuel. À partir du

centre de lumière Oméga, trois droites cherchent les angles du triangle.

La première est la diagonale d'un simple carré. Elle plonge à 45° entre les jambes du Père, portant

la symbolique du 1. Son angle est situé entre les cuisses du Père et de l'autre coté, elle coupe

l'hypoténuse sur l'auréole du Saint Esprit. Alpha et Oméga sont sur cet axe. Dans le sens

descendant, depuis l'origine Alpha (de droite à gauche), cette droite désigne le trône du Père. Dans

le sens ascendant, depuis l'angle droit cette bissectrice porte l'unité à l'Humain (l'hypoténuse,

marquée par le 5).

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - Les oeuvres qui enseignent la géométrie sacrée 17 sur 26

La deuxième bissectrice monte vers le Ciel, comme diagonale d'un double carré. Elle se rapporte au

2, et le Fils y pose sa tête. Cette bissectrice dorée s'adresse au Terrestre, représenté par le côté 4 du

triangle. Ainsi Jésus descend sur Terre quand le Saint Esprit y plonge les deux mains. Le sommet du

triangle est au Ciel, et son point d'intersection avec la droite atterrit sur le pouce droit du Saint

Esprit, le doigt le plus fort (celui de la préhension). La valeur de 2 fois Phi se constate entre le

sommet, an haut du triangle, et le point où la bissectrice d'ordre 2 coupe le cercle intime , tel un

oiseau qui se pose sur la main du Saint-Esprit !

La troisième bissectrice traverse telle une flèche l'arc du cercle intime, puis le Saint-Esprit, formant

une croix avec son sceptre. L'angle est hors du cadre pendant que le point d'intersection est sur l'aile

de l'ange qui représente le Père.

B - Le point T d'une quadruple intersection

Le sceptre du Père est proche du côté 3 du triangle, qu'il rejoint à sa base. Le Père a les deux mains

sur ce Ciel. Le sceptre n'est pas parfaitement vertical, et il est tenu de la main gauche : il y a dans

cette latitude la part de “souplesse” que Dieu laisse à l'homme.

Yvo Jacquier © Géométrie comparée - Les oeuvres qui enseignent la géométrie sacrée 18 sur 26

Les aléas de l'usure et de la restauration ne permettent pas d'en juger avec une parfaite précision,

néanmoins une logique se déploie en un point, désigné par T : le sceptre du Fils croise l'auréole du

Saint Esprit et l'aile du Fils sur l'hypoténuse. Pas exactement là où elle touche le cercle inscrit, il

s'en faut de deux degrés (c'est beaucoup).

Le point T est :

1) Sur le sceptre du Fils pouvoir

2) Sur l'hypoténuse du triangle sacré humain

3) Sur l'auréole du Saint Esprit rayonnement

4) Sur le bord de l'aile du Fils Céleste

Cette géométrie traduit l'idée du Christ Pantocrator.

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C - La richesse de la figure du triangle, sur Trinité

La géométrie permet d'établir des constats, et ainsi d'éviter les thèses prématurées. Ensuite, l'on

peut aborder la lecture avec ce que l'on nomme “tradition” (sorte de domaine public de la pensée

symbolique), tout en restant très prudent.

Ainsi, selon la tradition, et surtout depuis Pythagore, le 3 se rapporte au féminin et au Céleste

pendant que le 4 traduit le Terrestre avec une nature masculine. Le 5 est attribué à l'Humain,

d'autant que la possible réversion du pentagramme énonce la problématique qu'on lui rattache :

celle de la liberté (et plus encore).

Les trois valeurs de la trinité (1, 2, 3) que nous avons abordées vont maintenant se confronter aux

3, 4, et 5, pour constituer le 6 de l'hexagramme. Le 3 féminin et céleste revient deux fois : il est à la

fois sujet et objet dans ce processus. Sans entrer dans l'espace de la thèse, l'on peut remarquer que

ce féminin céleste est parmi les cinq premières valeurs la seule qui soit l'objet d'un culte (du moins

jusqu'au XXème siècle avec son étoile rouge). Le vesica piscis est sa plus ancienne représentation, en

tant que symbole de Vénus... Peut-on prétendre à une représentation du monde en ignorant la

fécondité ? Ce n'est pas dans la nature des ‘Anciens’.

D - Les attitudes des anges face au triangle

Le 4 terrestre est posé sur l'autel, le 3 céleste est dressé vers le Ciel, et le 5 humain relie ces deux

premières notions selon une pente où pousse un arbre majestueux (le chêne de Mamré). Le Père se

tient à l'écart du triangle, cependant son sceptre est presque sur la verticale du côté 3 - il prend

naissance à sa base. Ses mains sont en conséquence au contact, particulièrement les deux doigts de

sa main droite qui donnent la bénédiction.

Le corps du Fils est dans le cercle intime du triangle, et sa tête s'incline de façon a épouser la

bissectrice dorée (regard), également la pente humaine du 5 (chevelure). Le Saint Esprit évite

d'entrer dans le cercle intime, espace réservé au Sauveur et à son Graal, sauf pour accueillir la

proportion dorée du triangle. Elle se pose au dos de sa main tel un oiseau (dans ce cas, le geste du

fauconnier fait référence à l'aigle). Ses deux mains s'impliquent dans la matérialité de la terre et la

traversent même. Enfin, le troisième ange incline la tête à la recherche de la “pente humaine”.

E - Les ‘préoccupations’ que portent les bissectrices

Chaque bissectrice traduit une préoccupation. Ainsi le Père se préoccupe de l'Humain (création), le

Fils du Terrestre (incarnation), et le Saint-Esprit du Céleste (divine inspiration). Ensuite, la

bissectrice d'ordre 1, celle de l'angle droit, unit le Père, le Fils et le Saint-Esprit. La bissectrice

d'ordre 3 reprend le même principe, avec la croix pour symbole (entre la bissectrice et le sceptre du

Saint Esprit).

Ces axes unissent les trois expressions de la Trinité selon deux modes qu'il serait intéressant de

nuancer. Cette mission revient-elle aux théologiens ?

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III - L'HISTOIRE DE VÉNUS---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Vénus - De l'astronomique à l'astrologie - De l'équation au mythe

Comment le discours des astres et celui de la géométrie avec les yeux se rencontrent-ils ?

Par quel jeu de miroir ? La plus simple des explications passe par l'exemple, et celui de

Vénus est idéal. Bien avant de prendre son nom latin, cette “entité” sacrée trouve sa toute

première manifestation dans la figure du vesica piscis (deux cercles jumeaux qui se

croisent). C'est la Vénus primordiale, symbole de fécondité et de féminité. À ce stade, il

n'est pas sûr que les éléments occupent la place que leur donneront les Pythagoriciens par

la suite. Le 4 est féminin dans beaucoup de mythes archaïques. La terre est également

féminine dans bien des cas. En revanche, la forme explicite de la vulve féminine fait du

vesica piscis une représentation de la féminité procréatrice. Et quand le culte de la

fécondité se développe, cette figure en devient le symbole.

Astronomie ...

L'évolution d'un symbole, sa formation, ne se fait pas sur un fil : de

nombreuses influences, dialogues et adaptations compliquent son

histoire. L'étude des astres va ainsi charger les bras de Vénus. À

l'apparition du pentagramme, sur lequel elle danse un pas de deux

avec le Soleil, elle hérite d'une mission : porter le nombre d'or aux

hommes. Sa belle image de femme prend alors une allure

particulièrement moderne, car à la √3 du vesica piscis s'ajoute

désormais la “divine proportion”.

... Astrologie

Dans les tarots, le triangle sacré associé à la Belle s'accorde à φ

(c'est le diamètre de son cercle intime).

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Simonetta par Sandro - Vénus selon Botticelli

C'est à Botticelli qu'il reviendra de résoudre l'équation.

Dans son célèbre tableau « La naissance de Vénus »,

exécuté en 1485, Vénus devient Sirène par la magie

d'une géométrie où elle rassemble les harmonies des

valeurs de φ et √3. Les figures du Vesica Piscis, du

triangle sacré et du pentagramme entretiennent ici des

relations particulièrement surprenantes. En voici

quelques exemples, juste pour les yeux...

Cette géométrie tient les symboles sur un quadrillage.

Un triangle 3-4-5 expose notamment le thème de la

fécondité : la bissectrice dorée du triangle lie le

médaillon du couple de Zéphyr et Chloris au nombril

de Vénus et au sexe de l'Heure. Une leçon de la chose.

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IV - LE CERCLE DU PAPE----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Extrait de l'étude de « La vierge au rosaire » de Dürer

« La vierge au rosaire » - Albrecht Dürer, 1506, Venise

Huile/bois de peuplier - 162 x 194,5 cm - Narodni Galerie, Prague

Trois roses vont successivement se construire dans un cercle de même diamètre 2.φ, hauteur du "cadre terrestre"

initial. Le centre de ce cercle est sur le ventre de Marie, et le dessin initial de l'enfant Jésus plaçait le pli du

genou à cet endroit. On le voit sur la reconstitution, figure 18, présentée par Dr Olga Kotkova, conservatrice de

l'oeuvre, dans un article publié par le Burlington Magazine : « 'The Feast of the Rose Garlands': what remains of

Dürer ? » (URL: http://www.clarkart.edu/exhibitions/durer/content/kotkova-rose-garlands.pdf)

Le cercle de diamètre 2.φ place son centre au milieu du référentiel terrestre, et il coïncide avec le ventre de la

Vierge Marie. Une coïncidence astrologique s'ajoute à celle de la géométrie puisque cette partie du corps

correspond au signe de la Vierge.

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En dehors du fait que les deux soient de Dürer, l'impératrice des tarots offre de

nombreux points communs avec cette Vierge. La position de la main droite

notamment. À gauche de l'impératrice, deux symboles sont liés à la Terre :

l'orbe au bout de son sceptre, et le dessin de l'épi de Blé, qui lui aussi fait

référence au signe de la Vierge. Le même point central correspond d'autre part

au pli du genoux de l'enfant Jésus (ce que le dessin original respectait

complètement). Ce genou plié du Christ a une signification symbolique. Le

mouvement de genou-flexion, franchement appuyé, fait écho à la position des

deux chefs en prière. Et il est lié au signe du capricorne, qui s'ouvre au solstice

d'hiver. Il exprime en cette position la "soumission" du chevalier ou du héros à

sa noble mission. Enfin, le genoux gauche est de polarité masculine, et fait

référence au Père. Dieu le Père se manifeste ici au ventre de Marie. Les signes

de la vierge et du capricorne sont tout deux des signes de terre, ce qui souligne

le caractère terrestre du cadre, dont ce premier point est le barycentre. Dürer

ancre sa composition et verrouille son point d'attache.

Une complémentarité ne cesse de se confirmer entre Marie, posée au centre de

ce cadre terrestre initial, et Jésus, incarnant le mouvement.

• Géométrie comparée - À propos des analyses du symboliste

Les descriptions réclament une grande précision pour livrer leur sens. Le regard porté à travers une fenêtre

contemporaine peut ne pas en saisir tout l'intérêt, voire même la légitimité, après un siècle marqué par la vitesse

et l'accélération. À une époque de zapping où le bit du timing est réglé sur huit secondes, une telle approche

réclame un authentique conditionnement. Néanmoins, quand l'un de nos contemporains rend visite à son

médecin traitant, il ne s'offusque pas de le voir déployer une méthodologie comparable dans l'étude des signes du

corps humain, particulièrement quand le corps est le sien. Au besoin, le médecin ordonnera des analyses

détaillées, qui comporteront une foule de mesures et de données tout à fait comparables aux analyses graphiques

de la géométrie comparée. Personne ne trouve pour autant le travail du médecin besogneux ou fastidieux.

Beaucoup posent des questions, et se montrent très patients et attentifs devant l'énoncé des réponses. « Plût aux

anges qu'il en soit ainsi quand le corps est celui du Christ ! » s'écrierait Dürer.

• Géométrie comparée - La confrontation des oeuvres

La comparaison des oeuvres, souvent d'époques différentes, permet de mettre en évidence un vocabulaire

géométrique et numérique commun, dont la stabilité devient preuve de fiabilité. La comparaison de ces cas

parallèles permet de reconstituer son sens explicite à la symbolique des structures de composition. Une même

forme présente dans nombre d'oeuvres à propos d'un même thème, avec les mêmes valeurs de mesure, dévoile le

sens qu'elle porte plus sûrement que toute autre forme d'analogie, livrée avant tout à l'inspiration des auteurs. Le

principe de base de la géométrie comparée s'appuie sur des observations objectives et croisées. En outre, dans

certains cas, les preuves fournies peuvent aider à l'identification des auteurs.

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Le cercle du Pape des tarots

Ce type de cercle, de mesure 2.φ, se manifeste dans d'autres oeuvres

symboliques, notamment dans l'arcane majeur des Tarots intitulée "Le Pape". Il

porte le nombre V (5). Cette observation concerne une des versions les plus

connues : celle de Nicolas Conver, gravée en 1760 sur un modèle créé par

Dürer au cours des années 1508-1515 (la géométrie comparée en apporte de

nombreuses preuves).

Ici, le vêtement du pontife adopte parfaitement la courbe du cercle, qui doit son

nom "cercle du Pape" à cette "coïncidence".

Le symbole alchimique du Souffre (Tarots)

Fruit d'une longue collaboration avec le symboliste Christophe de Cène, voici la

figure du Souffre sur l'arcane du « Chariot ». Le triangle du feu surmonte ici une

croix archaïque inscrite dans un carré, tous deux de côté φ.√3. Le cercle

circonscrit est semblable à celui du Pape, à une autre place. Les mensurations

font intervenir φ et √3 selon la division ou la multiplication : un seul type

d'opération. Cette particularité a son importance quand nous abordons le

pentagramme (avec ses √[3-φ]). La rencontre des deux grandes valeurs

irrationnelles de la symbolique est une sorte d'évènement géométrique.

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Le cercle du Pape dans la « Vierge de Vladimir »

Une autre oeuvre présente ce cercle de diamètre 2.φ, et il est même porté

par un double-rectangle doré avec 4 pour grand côté. il s'agit de la très

célèbre « Vierge de Vladimir » (env. 1400, l'auteur anonyme pour ce texte).

Nous retrouvons le développement en croix grecque du rectangle avec le

cercle de diamètre 2.φ en son carré central. La main droite de la vierge vient

s'y appuyer, le vêtement de l'enfant Jésus vient chercher le trait au bas de la

croix etc. La courbe, à droite sur le tableau, de l'épaule de la Vierge, adopte

également la forme de ce cercle. Il est à noter que cette structure se rattache

géométriquement avec les autres développements.

L'introduction à la composition de Vladimirskaya est en ligne ici :

http://www.andrei-rublev.com/Vierge-Vladimir.html

• Géométrie comparée - Le quadrillage

Le triangle 3-4-5 est toujours impliqué dans le processus de quadrillage de l'oeuvre. L'établissement de son

échelle de mesure permet d'obtenir les valeurs numériques de toutes les formes géométriques, et par la même

d'ouvrir à leur interprétation.

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