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Jean Dieuzaide Les Œuvres de l’Atelier du 7 décembre au 22 janvier Expositions à Ombres Blanches – rue Mirepoix et rue Gambetta La Gitane de Sacromonte, 1951.

La Gitane de Sacromonte, 1951

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Page 1: La Gitane de Sacromonte, 1951

Jean DieuzaideLes Œuvres de l’Atelier

du 7 décembre au 22 janvierExpositions à Ombres Blanches – rue Mirepoix et rue Gambetta

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La Photographie comme sacerdoce !Pour lutter contre le quotidien et s’en faire un allié, Jean Dieuzaide a choisi la photographie ! En son ampleur de regards, de messages, et de lumières…

C’est en août 1944 durant la libération de Toulouse que Jean Dieuzaide effectue son premier grand reportage. De ses négatifs confisqués et brûlés par des résistants, dans la suspicion trouble de ces journées, ont subsisté quelques photographies sur les évènements de la ville. Trois semaines après la libération de Paris, le Général de Gaulle visite les grandes villes. Le 16 Septembre il est à Toulouse. N’ayant à l’époque ni carte de presse, ni la moindre notoriété, c’est caché dans la fanfare, durant les hymnes nationaux, que Jean Dieuzaide parvient à faire, selon son souhait, une photogra-phie du Général se détachant sur le fond noir du porche de la Mairie, afin d’obtenir un véritable portrait. Un seul cliché, mais réussi. Le soir chez sa mère, dans le cabinet de toilette qui lui servait de laboratoire, il en fit une série de tirages aussitôt expédiés à toutes les préfectures. La Présidence du Conseil, par l’intermédiaire de la Documenta-tion Française décida d’en faire aussitôt un por-trait officiel, de ce Général alors peu connu. Ce fut ainsi qu’il s’engagea, un peu par hasard, dans cette profession en travaillant comme pigiste pour la presse. Mais sous le pseudonyme de « Yan », petit Jean en gascon, pour ne pas froisser sa famille réticente.

Jean Dieuzaide et sa Sinar (9x12).(Photographie R. Daspet).

La Gitane du SacromonteLa belle Gitane était en train de danser, quand brusquement on lui apporta son enfant. Très à l’aise elle découvrit son sein, et sans se soucier de ma présence, l’offrit à son bébé avec la fierté d’une mère et son côté un peu sauvage. « Tan bien soy madre » me dit-elle, en me regardant de ses grands yeux noirs. Ce fut comme un éclair, j’en étais à la 12e et dernière photo de la pellicule de mon Rolleiflex (Film Plus x, 100°/à 5,6). À Grenade en Espagne au mois de Juillet 1951, à 7 h du soir.

Jean Dieuzaide

Pavillon des ArtsCher Jean, Je suis allé voir ton exposition au Pavillon des Arts, et je voulais te dire combien j’ai été heureux de voir enfin une exposition digne de ton talent, mais surtout de ressentir l’extraordinaire ampleur de ton œuvre et comment tu as atteint la plus haute qualité dans tous les genres de la photographie. Je crois que le cas est unique.

Jean-Claude Lemagny.Conservateur du Cabinet des Estampesà la Bibliothèque Nationale (Paris 2003)

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Après avoir illustré en 1949 le livre de Joseph de Pesquidoux La Gascogne, pour les Éditions Arthaud, ce même éditeur le charge en 1951 de faire les photographies d’un imposant livre du professeur Jean Sermet : Espagne du Sud. À cette occasion, il réalisera la photographie devenue Icône : La gitane du Sacromonte. En 1953, un nouveau projet traitera cette fois de L’Espagne du Levant au cours duquel il fera le célèbre portrait de : Dali dans l’eau. Suivra un livre sur le Portugal qui nous vaudra une autre Icône : La petite fille au lapin. Enfin un dernier ouvrage sur la Turquie en 1955, qui affirmera sa fibre humaniste.

La même année, un an avant Robert Doisneau, il est le premier photographe à obtenir le Prix Niepce. En 1961 il recevra le Prix Nadar pour l’illustration des deux volumes de Catalogne Romane, dans la collec-tion Zodiaque. Jusqu’en 2011 il restera le seul déten-teur des deux prix. Cet intérêt pour l’Art Roman donnera lieu à une grande exposition l’Art Roman du Soleil. Pour la première fois seront présentés des tirages de grands formats tendus sur bois. Inaugu-rée au Musée des Augustins de Toulouse en 1961 elle accueillera 44 000 visiteurs. Puis à la demande d’André Malraux, au Pavillon de Marsan du Musée du Louvre où se presseront plus de 70 000 visiteurs.

Ainsi c’est au prétexte de différents travauxde commande, que s’est construite simplement l’œuvre d’un photographe ému par tout ce qu’il découvre. Attentif aux regards et aux connivences, il promène son regard sur des êtres dont il se sent proche et saisit constamment la vie des villes, les tra-vaux des champs, les fêtes religieuses ou païennes, les hommes et les femmes dans leur quotidien.

Mai 1968, rue de Metz – Toulouse.

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Mais bientôt le travail de l’artisan va reprendre le pas sur celui de globe-trotter. La photographie industrielle (O.N.I.A, Sud Aviation, Job, Lacq…) et la photographie publicitaire furent nécessaires pour assumer les charges de son atelier Toulousain où travaillèrent jusqu’à sept salariés.

Malgré cet investissement total, et une activité militante en faveur de la reconnaissance de la photographie, qui le fit participer en 1971 à la création des Rencontres d’Arles, se battre contre les fabricants pour le maintien du papier baryté, et créer en 1974 à Toulouse, la Galerie du Châ-teau d’Eau, Jean Dieuzaide conserva toujours une véritable âme de créateur. À la fin de sa vie, il pre-nait un plaisir intense à réaliser en studio, avec la « Cage à Lumière » qu’il s’était fabriquée, de très belles Natures Mortes à partir d’objets délaissés ramassés dans la rue, au cours de reportages, ou encore d’une simple feuille de figuier flétrie trouvée en son jardin… Apportant par la suite un soin très particulier dans la réalisation des tirages, employant souvent le procédé des virages partiels qui faisaient de ces épreuves, de véritables exemplaires uniques. Dans l’immense laboratoire crée à cet effet dans son sous-sol, que ses confrères ne manquaient pas de fréquenter lorsqu’ils en avaient besoin, il n’hésitait pas à faire des tirages de grands formats, privilégiant ainsi les images qui lui semblaient être parmi ses meilleures.

De ce cheminement aux lisières d’une insatiable curiosité, j’ai toujours été conscient. Je me sou-viens des premiers temps où, observant la diver-sité et la continuité de sa démarche, je jugeais ses

L’équipe, Portugal, 1954.

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lettre à son père si tôt disparu, à l’absent, qui avait révélé à l’enfant la magie de la photo-graphie, et que l’homme a voulu lui écrire, en confiant sa vie au jeu infini de la lumière sur les sels d’argent. Car si l’on en revient à l’étymologie du mot, en Grec : Photôs signifie la lumière., et Graphein, l’écriture. C’est la raison pour laquelle il ne supportait pas l’utilisation devenue trop courante du seul mot : Photo ! Car privé de sa seconde part, Graphie, le vocable perd toute sa vraie signification : d’écriture avec la lumière… Photo-Graphie !

N’ayant pas été sollicité par la Ville pour participer à l’exposition que j’avais suggéré de faire pour le cen-tenaire de sa naissance en juin, j’ai organisé cet été plusieurs expositions en région, Abbaye de Flaran dans le Gers, Château de Seix dans l’Ariège, Musée du Bois à Revel, et je suis heureux grâce à l’Agence Séquences, à la Librairie Ombres Blanches, à la Galerie Jean Paul Barrès, de pouvoir présenter aux Toulousains, des œuvres rares et essentielles conservées, par la famille, venant en contrepoint de l’exposition menée par la Ville. Que ce soit en France, en Espagne ou ailleurs, je m’applique à combler le déficit de notoriété dont son œuvre est encore l’objet, pour essayer, avec un regard plein d’affection, de montrer à quel point elle fut construite avec foi, par un honnête homme, qui était mon père.

Michel Dieuzaide, Castelvieilh,novembre 2021.

choix, en écoutant ses raisons. Le plus normale-ment entraîné par ce sillage, c’est dans ce respect de la photographie pour sa valeur de témoignage, et sa façon de lier les hommes entre eux, que plus tard j’ai fait mes propres choix. À la fois au-dedans et au-dehors.

L’œuvre de Jean Dieuzaide reste exceptionnelle tant par sa qualité que par sa diversité. Son attache-ment à Toulouse et au Sud-ouest a probablement nui à sa notoriété, qui ne fût pas la même s’il avait écouté son ami Robert Doisneau : « Viens à Paris, tu seras le Roi ! ». Ses origines gasconnes auront été plus fortes, et par ce choix, il nous laisse un patrimoine d’images inégalable qui, au milieu de tous les voyages et du grand éclectisme des sujets, privilégia toujours sa terre d’origine. Sans jamais se départir d’un regard à la fois exigeant, curieux et d’une extrême sensibilité. Il disait : « Je ne prends pas une photographie, c’est elle qui se donne à moi ».

C’est de cette attitude presque philosophique, où règne la volonté de célébrer à la fois la beauté de la nature, les traces que l’homme y laisse, et le jeu infini de la lumière, que sont nées les quelque 500 000 images de toutes sortes, qui constituent cette œuvre inégalable.

Depuis plus de quarante ans que je m’en occupe, je n’en finis pas de mesurer à quel point elle est aussi immense que profonde, aussi généreuse qu’audacieuse. Je me suis souvent demandé si dans le fond, elle n’était pas qu’une longue

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1 – Vers 1835. L’Académie ne l’admis dans les colonnes du dictionnaire que vers 1865

2 – Philothée, d’après l’historien J. Lemaitre, aurait été le premier à employer ce mot, mais dans un sens mystique.

Photographiesynonyme : oxygène !

« J’aime croire que je vois des choses que personnen’a vues dans celles que tout le monde voit. »

Paul Valéry

Il y a maintenant 150 ans, le génie inventif des hommes nous a doté d’un troisième œil. Avec lui nous pouvons voyager au cœur même de ce monde plein de mystères, dont nous savons mieux aujourd’hui, grâce à l’image, ce qu’il est réel-lement. Avec une clairvoyance certaine, ceux qui conduisent la science, et doivent nommer leurs découvertes, ont jugé bon d’appeler ce troisième œil : Photographie ! 1 Ignorant peut être que Phi-lothée le Sinaïte, moine au monastère de Batos, avait déjà inventé ce vocable au iiie siècle2. Depuis son avènement, « l’écriture avec la lumière » qui ne triche pas, apporte chaque jour une connaissance plus approfondie des choses. Purifiant ainsi notre espace vital, l’image photographique est aussi précieuse au regard, que l’oxygène à notre respi-ration. Mon ami Paul Jay, conservateur au musée de Chalon sur Saône, m’écrivait il y a déjà dix ans : « Il se passe autour de la photographie quelque chose qui sera aussi nécessaire que l’oxygène à la vie

Photographie page de gauche : Heurtey, intérieur de four de cracking, 1957.

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maux de tête, mais du soleil, de la lumière et du grand air… Les choses sont plus simples. Et il est bien préférable de montrer aux visiteurs de Châ-teau d’Eau, la clarté de l’image et toute la richesse culturelle dont elle est porteuse, sans s’adonner à une gymnastique cérébrale inutile, qui de plus nous éloigne de toute sensibilité. « La photogra-phie ne tardera pas à découvrir le photographe. L’objectif révélera la corrélation du réel que l’homme ne connaissait pas, parce qu’il ne voit pas seulement avec ses yeux, mais aussi avec son esprit, et que pendant quelque temps l’objectif n’eut pas d’esprit. L’humanité n’avait créé que par accident des images libres de toutes valeurs, il y fallait l’appareil ! » André Malraux – L’intemporel Dans ses Écrits sur l’Art, Baudelaire, déplorait : « Le merveilleux nous enve-loppe de toutes parts, et nous ne le voyons pas. » Ce que d’une autre manière Oscar Wilde tentait de dire plus philosophiquement : « Le vrai mystère du monde, n’est pas l’invisible, mais le visible. » Ce problème de la vision et du visible, est fascinant pour nous tous. Et la photographie semble être là pour nous aider à mieux le cerner. Or l’œil, à lui seul apporte à l’homme 70 % de ses informa-tions. Des révélations nous sont données tous les jours par l’image de la « Camera Obscura » que l’on devrait plutôt qualifier de « Camera Luminaria » en raison des nombreux chemins de réflexion qu’elle nous ouvre. Et aux appareils photographiques il faut maintenant ajouter, les microscopes électroniques, les télescopes géants, sans parler de ceux qui sont satellisés pour toujours nous apporter une meilleure connaissance du monde et faire ce voyage vers l’invisible dont nous rêvons tous. La civilisation de l’image, par le phénomène photographique, se fait donc complice des

de l’humanité. Comme cela s’est produit au XVIe siècle autour du livre et de l’imprimerie. Une grande espé-rance naît, mais parfois ce nouveau monde aboutit à l’inverse. La fatuité de l’homme a fait perdre à l’écri-ture et au livre toute puissance affective, au profit de la seule intelligence, et d’une rationalité froide et sans âme. » Dans le domaine de la science, la pho-tographie a clarifié beaucoup de choses, en mon-trant sans difficulté la faiblesse de certains propos aventureux d’apprentis sorciers, susceptibles de brûler notre oxygène d’images, sans s’aperce-voir qu’il est aussi le leur… Je ne parviens pas à comprendre, que sous prétexte de sémantique ou sémiologie, on veuille mettre sous ces mêmes règles le langage de l’image. Puisqu’il est admis qu’une photographie vaut 10 000 mots, à quoi bon la disséquer dans des colloques d’une semaine, dont ne sont satisfaits que les jargonneurs com-blés par les mots en « ique ».

Si la tendance est de faire des galipettes avec des millions de mots, contre les dix mille qu’écono-mise l’image, pour les consigner ensuite dans des actes souvent illisibles, il faut m’excuser de ne pas vouloir y participer. Voici l’introduction du rapport d’un étudiant de Normale Sup, qui me communiquait son essai sur l’enseignement de la photographie à l’école : « Il faut ouvrir l’école au monde. Mais la rhétorique verbo-iconique survalo-rise le monde scientifico-économique, et l’analyse cri-tique sous estime le monde scolastico-moral. Quels doivent être les rapports entre une parole sincère et anachronique, et une parole feinte et dynamique ? L’école doit-elle excommunier, accepter, com-prendre, transformer le monde iconogène ? » Je lui ai répondu que je ne souhaitai pas vivre avec des

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progrès de la science, peut être pour mieux nous faire comprendre qui serait cet artiste remar-quable, que faute de mieux nous appelons Dieu. C’est quelque chose de fondamental qui s’est produit en 1820, lorsqu’à St Loup de Varenne, Nicéphore Niepce dévoila les premiers résultats obtenus avec sa chambre noire. La représentation de la réalité n’était plus le seul fait des peintres ou des écrivains pour une minorité : soudain le réel tel qu’il était, s’offrait à tous. C’est en ce sens que la photographie est bien différente des autres dis-ciplines Artistiques, et n’en reste pas moins une forme d’Art capable de traduire une vision per-sonnelle du monde, avec autant de force que les autres moyens d’expression.

À mesure que l’acte photographique devient plus facile et plus rapide, l’acte de vision devient plus libre et peut prendre en charge des problèmes d’une dif-ficulté et d’une complexité croissante. Sans la pho-tographie, sans la photogravure qui en découle, les circuits imprimés n’existeraient peut-être pas, l’informatique ne se serait sans doute pas déve-loppée avec une telle rapidité. On est loin de l’ai-mable passe-temps du dimanche, dont on l’affuble encore. Elle est désormais, et pour longtemps, le véhicule indéniable de la communication. Ceux qui continuent de l’ignorer seront les analphabètes de demain. L’homme a toujours tenté de savoir ce qu’il adviendrait de lui. Jusqu’au xviiie siècle il a vécu en symbiose avec la nature. Au xixe la machine lui a fait peur, mais il est parvenu à pactiser avec elle. Aujourd’hui nous vivons comme jamais auparavant, dans un état de permanente perplexité devant la nature, l’univers, et surtout de nous-même. Et c’est à la photographie qu’on demande d’enregistrer, pour

Frites calcinées, 1964.

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les conserver, toutes les avancées de la science. « Acculés au surhomme, n’allons pas nous déshumani-ser. Notre époque sans trop le dire, est lasse des secta-rismes qui cloisonnent la sympathie humaine. De l’air, il faut s’unir en un front général d’avancée humaine. » P. Teilhard de Chardin 1935 Hommes de science et hommes d’images, constituent désormais une grande fraternité au sein de laquelle la photogra-phie existe incontestablement. En sondant l’univers avec l’image, l’homme d’aujourd’hui se rencontre partout avec lui-même, acteur et spectateur de cette grande épopée qu’est l’existence. Réduite trop longtemps au silence, la photographie accède légi-timement à sa place, en temps voulu, et sans pour-fendre. Témoin irréfutable, elle fait sortir l’homme d’une indifférence dans laquelle il aurait tendance à se réfugier. Vivre dans ce monde matérialiste, qui fait trop souvent table rase du passé, en nous éloignant de nos sensibilités les plus profondes, n’est pas ce dont nous pouvons rêver. Et le rôle de la photogra-phie, qui relie le temporel à l’éternel, est au milieu des autres disciplines artistiques, là pour nous y aider. L’image, parfois miroir des inquiétudes méta-physiques de l’homme, attire de plus en plus. Ce besoin de lumière spirituelle, est comme un ballon d’oxygène devant le regard apeuré des hommes. Pour cela laissons à la photographie, à ce qu’elle est vraiment. Car si l’on considère les magazines, la télévision, le cinéma, « l’image » assure près des deux tiers de la culture de notre esprit… et nous ne sommes qu’au début de ce monde universellement régit par l’audio-visuel. Jacques Villon disait : « En matière d’art, le plus difficile ce sont les 70 premières années ». Je le pense aussi ! Bonne route à l’image, et soyons prudents…

Jean Dieuzaide, 1985.

Du zéro à l’infini, 1961.

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Hommage à Hartung, 1962.

Être photographe

Être photographe, c’est aller à la découverte ! C’est montrer des choses simples ou rares, en sachant que l’étonnant ou le singulier sont souvent dans la banalité du quotidien. Trop peu de gens, me semble-t-il, savent voir, ou prennent le temps de s’émerveiller. Être photographe c’est prendre ce temps-là, en essayant d’écouter le monde… Mais c’est très long d’apprendre ainsi à jeter un regard simple sur la vie. Regarder un rayon de soleil qui frôle un mur et révèle sa texture, ou dessine sur lui l’ombre de feuilles, de fleurs qui sont en face… Regarder les ronds parfaits des gouttes de pluie qui tombent dans une flaque. Les reflets mouvants des arbres au bord du lac L’ombre des nuages sur la colline… Regarder un visage, jeune ou vieux, et découvrir sa beauté dans la gravité des traits buri-nés, ou dans le sourire répondant à la sympathie que vous lui témoignez. Tout cela n’est jamais du temps perdu, c’est du temps gagné pour notre vie d’homme au milieu du monde. Bien sûr je ne me prive pas d’enregistrer l’extraordinaire, chaque fois qu’il m’est donné de le rencontrer, si non je ne serai pas un vrai photographe. Mais l’essentiel à mon sens, et dans la simplicité du quotidien, qui occupe toute notre vie, et que nous ne voyons plus à force de vivre avec elle. Il suffit de la rechercher, la trouver, la photographier, la montrer en image, pour la révéler à l’autre. Une feuille de chou pho-tographiée par un artiste, vous fait voir ce légume

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sous un jour que vous n’imaginiez pas. Le poivron d’Edward Weston ou les oignons de Denis Brihat sont des choses que nous avons tous les jours sous les yeux, mais qui par la photographie, par l’image que des artistes en ont faite, deviennent pour nous de véritables révélations.

Peut-être n’osons-nous pas le regarder en face, ne prenons-nous pas ce temps-là. Il nous obligerait à réfléchir, dérangerait nos habitudes, et ce pré-tendu confort où nous sommes installés. Sans prendre le temps de regarder autour de nous, et simplement dire : « Merci ».

Jean Dieuzaide.

L’apprenti torero, arènes du Soleil d’Or, Toulouse, 1962.

« Le vrai mystèredu monde, n’estpas l’invisible,c’est le visible. »

Oscar Wilde.

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1953 : Espagne du sud, éditions Arthaud.1955 : Espagne du levant, éditions Arthaud.1956 : Portugal, éditions Arthaud.1957 : Sardaigne, éditions Arthaud.1959 : Trésors de la Turquie, éditions Arthaud.1960 : Catalogne Romane, éditions du Zodiaque (Prix

Nadar 1961).1964 : Les chemins de Saint Jacques, éditions Arthaud.1974 : Mon aventure avec la Brai, Toulouse cité du destin,

Havas éditions.1989 : Golgotha (Dévot Christ), éditions Siloe.1992 : Voyage en Ibérie, éditions Contrejour.1994 : Jean Dieuzaide : Yan, l’authenticité d’un regard –

monographie, éditions Marval.1998 : Toulouse : « mon album de photographies »,

éditions Briand.

Bibliographiede Jean Dieuzaide

sélective

1999 : Portugal, années 50, éditions En Vues.2001 : D’autres images, éditions Le Temps qu’il fait.

La Galice, Université de St jacques de Compostelle.2002 : Dans l’intimité des Pyrénées, éditions Milan.2003 : Portraits de courses, éditions Drivers.2004 : Lourdes, éditions Le temps qu’il fait.

Une vie de photographes, éditions Le temps qu’il fait.

2005 : Les Dalis de Dieuzaide, éditions Le temps qu’il fait.

2006 : Les chants du Regard, éditions Privat.Le Pays Catalan, éditions Le temps qu’il fait.

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2007 : Rêves d’avions, éditions Privat.2008 : Des travaux et des saisons en Lavedan, éditions

MonHéliosMurcie, 1951, éditions Cehiform.

2009 : Girona, Rigau éditions.2010 : Les vallées d’Aure et de Louron, éditions

MonHélios.Por tierras de Argon, Diputacion de Zaragoza.

2014 : Dieuzaide/Doisneau « une amitié heureuse », éditions MonHélios.

2019 : Un autre Toulouse, éditions Cairn.2021 : Le Brai (nouvelle édition), éditions Contrejour.

Catalogue del’expositionrétrospectiveconsacrée à Jean Dieuzaide à l’occasion du Centenaire ;Réfectoire des Jaco-bins/Toulouse. 4 dé-cembre 2021 – 6 mars 2022.

Le Brai, éditions Contrejour. Textes de Jean-Claude Lemagny, Jean Dieuzaideet Claude Nori.

Parutions décembre 2021Centenaire de Jean Dieuzaide

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Église de Taos,Nouveau Mexique,1981.

Jean Dieuzaide à RevelMusée du bois et de la marqueterie centre d’Art Contemporain13, Rue Jean Moulin, 31250 Revel

Tout au long de l’année du centième anniversaire de sa naissance au 21 juin 2022, Michel Dieuzaide et le MUB vous proposent un voyage dans l’univers photographique du célèbre photographe Toulou-sain, Jean Dieuzaide à travers 5 expositions suc-cessives :

• Portraits de juin à août 2021• Natures mortes de septembre à mi-novembre 2021• Paysage sept vues aériennes jusqu’à fin janvier 2022• Tentatives de février à avril 2022• Bois et Bestiaire Majorquais d’avril à juin 2022

« Les images qui donnent le courage de vivre sont rares, peut-être parce qu’elles nécessitent le courage de lutter contre la gravité, donc contre la pesanteur. Je n’ai pas à fouiller longtemps dans ma mémoire pour trouver une preuve toute simple : La Gitane à l’enfant, photographiée par Jean Dieuzaide me paraît être le meilleur exemple que je trouve pour illustrer joliment mes convictions.

Devant elle nous nous sentons éclaboussé d’allégresse. Être témoin d’un tel instant de bonheur n’est pas à la portée de n’importe qui. Il faut avoir du rayonnement personnel pour ne pas effaroucher la joie des acteurs. D’avoir su l’arrêter et nous le transmettre est un acte généreux.

Yan, mon ami, debout ! Ramasse ton sac et puisque tu as le don, tu dois partir encore pour nous rapporter des occasions de nous réjouir d’être vivants. »

Robert Doisneau.

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Le Brai, 1958.

À propos du braiGalerie Jean-Paul Barrès1, Place Saintes-Scarbes ToulouseJean Dieuzaide Mon aventure avec le BraiPhotographiesDu 8 décembre 2021 au 22 janvier 2022Vernissage le 8 décembre à partir de 18h30Pour la première fois à Toulouse, exposition de la série complète dans des tirages de grands formats, tendus sur bois et réalisées par jean Dieuzaide en son atelier

Ce sous-produit de la houille dont on extrait la glycé-rine a tiré sur moi à boulets rouges, et le goudron, et l’asphalte, et le bitume, au parfum âcre, ont collé à ma chair jusqu’à m’en rendre fou. Un autre moi-même se débattait dans ces quelques carrés de glu. Un malaise démoniaque serrait ma gorge, provoquait mes sens, et m’incitait, en me précipitant, dans cette ronde infernale, à photo-graphier avec un plaisir malin, ici, là, et déjà plus loin, de peur de ne plus avoir le temps de saisir cet insolite.

Mes vingt ans du proche passé menaient une lutte révoltée contre l’autre homme : seuls, le temps et la raison ont maîtrisé l’affreuse blessure de ce cau-chemar à cœur ouvert.

Jean Dieuzaide.

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Jean DieuzaideLes Œuvres de l’Atelierdu 7 décembre au 22 janvier

Vernissage le mardi 7 décembre à 18 hConversation avec Michel Dieuzaide

rue Mirepoix