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FAIRE CIR CULER LËffiffiK KffiLGË{IUE NOUVELLE SERIE DE GUERRE FoNDÉE LE 1 5 AOUT I94O RÉDACTION ET ADMINISTRATION : EDITEUR RESPONSABLE OBERFELDKOMMANDANTUR, I, PLACE DU TRONE, BRUXELLES : PETER P AN, JARDIN D,EGMONT, BRUXELLES f'al foi dans Dos destinée8' Un paye qut se défend s'impo8e au respqct de tous. Ce pays Ea-trc-le sacri.0ce et Ie déshonneur, le Belge de 1940 n,besite pas plus que elui de 1914. La lutte sera dure, rnais nul ne peut douk! du ".cce" 0f.l. iu ""r.e d" la Belgique !e Périt pas ! Dieu sera avec dous dans cette """"" j"".ïLBERT. Ifoi des Belges, e.t pure. Avec l,aide de Dieu, elle triomphera. Àceptons p.ovisoirement les sacri6ces qui nous sont imDosés et attendons paticmmelt LEOPOLD. I'beure de la Íéparatioo auelle.que rcir la dwe de l'épreuve à subir, tous les Belges doivent avorr pour mot À. M[)(, d'ordre " Fors le Roi, nul ue sers,, Envers les personn.s qui dominent par la force mtlitáire ootre pays, 6yonr les égalds F -J' VÀN DE MEULEBROEK. que.commande l'lntérêt général. Respectons les règlements qutelíes'nous lmposent-ausi Sals doute est-il !éceslairc de reconnaltre le pouvoir occupant comme un pouvoir de longtemPsqu'ilsneportentatteinteniàlalibertédelosconscience Àotre dignité patriotique' Monseigneur MER.IER. Belgc continue à existeÍ et tous ses eoÍaots l"i doi"";lláti;ér:i*t";Xi.,."e""". ' les traïtres; aux espions, vous avez joint les renégats de toute espèce. . La leqon du diplomate a poÍté ses ïruits : vous êtes auiourd'hui maitre de l'Europe. ' Demain vous espérez régner sur Ie monde. Voulant parler tout seul, vous impo- sàtes d'abord le silence à I'Allemagne, à l'Europ.e . ensuite et vous espériet que tous allaient se taire. Vous avez fait défiler vos hordes triom- phantes dans toutes les rues jadis passaient, acclamés par une foule en- dé- lire, les Jass et les poilus illustrés par quatre ans de guerre et par la Victoire. L'uniforme Feldgrau est venu à la Co- lonne du Congrès-et parade place de la Concorde. L'tíorst Wèssel a retenri au pied de^ I'Acropole et dans les neiges du Nord. Partout vos baïonnettes ont ren- contré la victoire, partout vos armées ont trouvé les fenêtres et les cceurs clos, hermétiquement clos. Oui Fiihrer, on peut tout faire avec des baïonnettes. On peut réduire au silence Dolfuss et Schusshig, abattre Róhm et Strasser, meltre en fuite Bruning et Hess. On peut faire capituTer la Hollande ei la Belgique, amenér aux pires basses- ses une France en décrépitude. On peut tout faire avec des baïonnettes. 0n peut susciter un Quissling et un Mussert, un Degrelle et un DecËrco. un Zeiss Inquart ou un Laval. On peut, quand on est maitre des ter- res, espérer_ forcer les_portes de Ia mer, m€nacef Cibraltar et Sirez, conquérir le{ déserts de Lybie, s'en aller même ius- qu'aux Pyramides pour, de là, mariher sur Moscou et Ies mers polairés. On. peut même, à I'inótar d'un autre, emprisonner les papes. , 9n p3yt mettrè des goujats au pavois er les neros a la torture ou au poteau d'exécution. On peut pétrir, au mépris de tout droit. le1]ois d'un.,pays, asseivir ses magistrats et ses fonctionnaires, Druler ses_vllles, rompre ses foyers. On est le Maitre. Vraiment on peut tout faire avec des baionnettes... celles-là n'ont pas capitulé. - Demandez à'vos pilotes comment ils turent accueillis chez nous le I0 mai lg40 à 5 heures du matin, demandez à-vói troupes d'assaut de vous decrire Bru_ xel.les lorsque leurs tanks y pénétrèrent nurr JouÍs plus tard. vous ne tes.avez _pas vues, M. Hitler, mals nous y etlons. ce qui était ecrit sur Ies volets baissés, c'était la tristesse de ceux qui voyaient leur ville à nouveau violée, leur patrie bafouée, c,était la neur devant I'ennemi et le barbare. Vous áviez vaincu nos armes mais pas nos c@urs. Demandez à votre aÍmêe d,occupatiàn, actuellem.ent que notre pays s'est rêssaisi, ce que l'on trouve chez nous comme sympathie vis-à-vis de I'occupant ou Dlu- tót ne lui demandez rien.' Ouvrez, ie vous en prie, les annales de vos tribunaux et voyez les condamnations, parcourez nos prisons et voyez le nombrê des dé- tenus et leur qualité. .Lisez,.M. Hitler, les quelque soixante clandestins qui paraissent chaque mois au nez et à la barbe de votre GestaDo et dites-vous alors : fe suis le Maitre.' Vous n'étiez pas cómme nous, Fiihrer, Ie 10 mai à midi, place de Ia Bourse á Bruxelles, lorsque la première voiture dc l ommles arflva. ^ Il "y avait en tout quatre hommes alors. Le ïut un ruee vers eux; tous nous nous étions découverts, tous nous nous pres- sions vers cette voiture qul nous aDDor- tait, après les angoisses du'réveil que'vous nous aviez fait subir, la preuve que nos garants veillaient, que tót ou tard nos libertés mil[énaires sèraient retrouvées. La petite Íleuriste du coin de la rue Aus. Orts leur versa tout son panier de fleuis, son gagne-pain d'un jour. Cependant ils n,a- varent pas de baïonnettes eux, M. Hitler. tls.n'avaient pour eux que l'áme du Peuple .lls n'étaient pas le cólosse au pied d'àr- gile qui écrase les esclaves enchainés à lui. Íls étaient des hommês qui parlaient à d'autres hommes et qui leur apportaient la Bonne Nouveile. tt. c est parce que vous n'avez pas compris cela, M. Hitler, que Jamals vous ne resterez chez nous. Vous voulez vous asseoir sur des baïonnettes : allez-y. Tót ou tard elles vous piqueront,.. On peuÍ ÍouÍ ÍaiJê... On peut tout faire avec des baïonnettes, avait coutume de dire Talleyrand. Vous avez, M. Hitler, tiré votre profit du mot et même perfectionné la technique. Aux armes, vous avez ajoute p31!_s'31q9oir dessus, disait encore finement le vieux Franqais. , Nt, les baÍonnettes, ni les tours de pierre, ni les murs d,aiiain. tes qonJons sans alr ne _capturent la force de l,áme, Fiihrer,

La Libre Belgique 420301

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Page 1: La Libre Belgique 420301

FAIRE CIR CULER

LÊ LËffiffiK KffiLGË{IUENOUVELLE SERIE DE GUERRE

FoNDÉE LE 1 5 AOUT I94O

RÉDACTION ET ADMINISTRATION :

EDITEUR RESPONSABLE

OBERFELDKOMMANDANTUR, I, PLACE DU TRONE, BRUXELLES

: PETER P AN, JARDIN D,EGMONT, BRUXELLES

f'al foi dans Dos destinée8' Un paye qut se défend s'impo8e au respqct de tous. Ce pays Ea-trc-le sacri.0ce et Ie déshonneur, le Belge de 1940 n,besite pas plus que elui de 1914.La lutte sera dure, rnais nul ne peut douk! du ".cce" 0f.l. iu

""r.e d" la Belgique!e Périt pas ! Dieu sera avec dous dans cette

""""" j"".ïLBERT.

Ifoi des Belges, e.t pure. Avec l,aide de Dieu, elle triomphera.Àceptons p.ovisoirement les sacri6ces qui nous sont imDosés et attendons paticmmelt LEOPOLD.

I'beure de la Íéparatioo auelle.que rcir la dwe de l'épreuve à subir, tous les Belges doivent avorr pour motÀ. M[)(, d'ordre " Fors le Roi, nul ue sers,,Envers les personn.s qui dominent par la force mtlitáire ootre pays, 6yonr les égalds F -J' VÀN DE MEULEBROEK.

que.commande l'lntérêt général. Respectons les règlements qutelíes'nous lmposent-ausi Sals doute est-il !éceslairc de reconnaltre le pouvoir occupant comme un pouvoir delongtemPsqu'ilsneportentatteinteniàlalibertédelosconscienceÀotre dignité patriotique'

Monseigneur MER.IER. Belgc continue à existeÍ et tous ses eoÍaots l"i doi"";lláti;ér:i*t";Xi.,."e""". '

les traïtres; aux espions, vous avez jointles renégats de toute espèce.. La leqon du diplomate a poÍté sesïruits : vous êtes auiourd'hui maitre del'Europe. ' Demain vous espérez régnersur Ie monde.

Voulant parler tout seul, vous impo-sàtes d'abord le silence à I'Allemagne, àl'Europ.e . ensuite et vous espériet quetous allaient se taire.

Vous avez fait défiler vos hordes triom-phantes dans toutes les rues oÈ jadispassaient, acclamés par une foule en- dé-lire, les Jass et les poilus illustrés parquatre ans de guerre et par la Victoire.

L'uniforme Feldgrau est venu à la Co-lonne du Congrès-et parade place de laConcorde. L'tíorst Wèssel a retenri aupied de^ I'Acropole et dans les neiges duNord. Partout vos baïonnettes ont ren-contré la victoire, partout vos arméesont trouvé les fenêtres et les cceurs clos,hermétiquement clos.

Oui Fiihrer, on peut tout faire avecdes baïonnettes.

On peut réduire au silence Dolfuss etSchusshig, abattre Róhm et Strasser,meltre en fuite Bruning et Hess.

On peut faire capituTer la Hollande eila Belgique, amenér aux pires basses-ses une France en décrépitude.

On peut tout faire avec des baïonnettes.0n peut susciter un Quissling et un

Mussert, un Degrelle et un DecËrco. unZeiss Inquart ou un Laval.

On peut, quand on est maitre des ter-res, espérer_ forcer les_portes de Ia mer,m€nacef Cibraltar et Sirez, conquérir le{déserts de Lybie, s'en aller même ius-qu'aux Pyramides pour, de là, marihersur Moscou et Ies mers polairés.

On. peut même, à I'inótar d'un autre,emprisonner les papes.

, 9n p3yt mettrè des goujats au pavoiser les neros a la torture ou au poteaud'exécution.

On peut pétrir, au mépris de tout droit.le1]ois d'un.,pays, asseivir ses magistrats et ses fonctionnaires,Druler ses_vllles, rompre ses foyers.

On est le Maitre.Vraiment on peut tout faire avec des baionnettes...

celles-là n'ont pas capitulé.- Demandez à'vos pilotes comment ilsturent accueillis chez nous le I0 mai lg40à 5 heures du matin, demandez à-vóitroupes d'assaut de vous decrire Bru_xel.les lorsque leurs tanks y pénétrèrentnurr JouÍs plus tard.

vous ne tes.avez _pas vues, M. Hitler,mals nous y etlons. ce qui était ecrit surIes volets baissés, c'était la tristesse deceux qui voyaient leur ville à nouveauviolée, leur patrie bafouée, c,était la neurdevant I'ennemi et le barbare. Vous áviezvaincu nos armes mais pas nos c@urs.

Demandez à votre aÍmêe d,occupatiàn,actuellem.ent que notre pays s'est rêssaisi,ce que l'on trouve chez nous commesympathie vis-à-vis de I'occupant ou Dlu-tót ne lui demandez rien.' Ouvrez, ievous en prie, les annales de vos tribunauxet voyez les condamnations, parcoureznos prisons et voyez le nombrê des dé-tenus et leur qualité..Lisez,.M. Hitler, les quelque soixante

clandestins qui paraissent chaque moisau nez et à la barbe de votre GestaDoet dites-vous alors : fe suis le Maitre.'

Vous n'étiez pas cómme nous, Fiihrer,Ie 10 mai à midi, place de Ia Bourse áBruxelles, lorsque la première voiture dcl ommles arflva.

^ Il "y avait en tout quatre hommes alors.

Le ïut un ruee vers eux; tous nous nousétions découverts, tous nous nous pres-sions vers cette voiture qul nous aDDor-tait, après les angoisses du'réveil que'vousnous aviez fait subir, la preuve que nosgarants veillaient, que tót ou tard noslibertés mil[énaires sèraient retrouvées. Lapetite Íleuriste du coin de la rue Aus. Ortsleur versa tout son panier de fleuis, songagne-pain d'un jour. Cependant ils n,a-varent pas de baïonnettes eux, M. Hitler.tls.n'avaient pour eux que l'áme du Peuple.lls n'étaient pas le cólosse au pied d'àr-

gile qui écrase les esclaves enchainés à lui.Íls étaient des hommês qui parlaient à

d'autres hommes et qui leur apportaient la Bonne Nouveile.tt. c est parce que vous n'avez pas compris cela, M. Hitler,que Jamals vous ne resterez chez nous. Vous voulez vous asseoirsur des baïonnettes : allez-y. Tót ou tard elles vous piqueront,..

On peuÍ ÍouÍ ÍaiJê...On peut tout faire avec des baïonnettes, avait coutume de

dire Talleyrand. Vous avez, M. Hitler, tiré votre profit du motet même perfectionné la technique. Aux armes, vous avez ajoute

p31!_s'31q9oir dessus, disait encore finement le vieux Franqais., Nt, les baÍonnettes, ni les tours de pierre, ni les murs d,aiiain.tes qonJons sans alr ne _capturent la force de l,áme, Fiihrer, eÍ

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AU MARTYROLOCUE

Georget DeclrersGeorges Deckers était né le 19 mars 1888 et père de trois

enfants ágés de 13 à 17 ans.ll fit la guerre de 14-18 comme officier, participa après l'ar-

mistice à l'occupation de la Rhénanie.Il fut décoré en Allemagne par Ies autorités belges pour

avoir sauvé la vie à deux enfants allemands en des circon-stances particulièrement dramatiques.

En septembre 1939, à la déclaration de guerre ,franco-anglo-allemande, il tenta de s'engager dans l'armée franco-anglaisemais ses services Íurent refusés.

Le i0 mai 1940, il se mit immédíatement au service des au-torités belges et fut évacué vers la France. Lors de la capitula-tion de I'armée belge il tenta de s'embarquer sur un navirepartant vers I'Angleterre. Comme on n'y acceptait qrie desPolonais cette tentative échoua.

Il fut arrêté le 10 octobre 1941 par les Allemands et jugé le17 décembre. Il fut condamné :

1'A huit ans de travaux forcés pour aide apportée à I'en-nemi et non livraison d'armes de guerre;

2" .peine de mort pour attentat à la sfireté de I'armée alle,manoe;

3" peine de mort pour espionnage.Le lundi 26 janvier 1942, à 15 heures, il fut exécuté à Bever-

loo alors qLr'il avait quitté la prison de St-Cilles le matin à1 t heures.

Son épouse, qui n'avait pas été avertie, se rendit précisementà la prison à ce moment et put encore voir son mari.

Ce dernier avait éte avisé qu'il allait être exécuté, maiscomme c'était la dixième fois au moins qu'on lui annongait lachose et que les précédentes menaces n'avaient pas été misesen exécution, il n'avait aucun motif particulier d'y ajouter foi,d'autant plus qu'on lui avait annoncé son départ pour une des-tination inconnue et qu'on avait préparé tous ses bagages.

Ce n'est que le jeudi suivant, dans le courant de l'après-midi,qu'un soldat allemand accompagné d'un policier belge remità la veuve un avis lui annongant Pexéeiltion ef les bagagesdudéfunt.

L'alliance en or ne Íut pas restituée.Veuilte la famille trouver ici l'expression de nos respectueu-

ses condoléances et de toute notre admiration.BELGES SOYEZ DIGNES DE NOS HEROS

Gluand la légion flamandese baÍ pouÍ la Belgique

Le S.-S.-man du 7 février contient un article fort intéressantau sujet de I'esprit qui anime la légion flamande. Nous sommesheure-ux de pouvoir en soumettre à nos lecteurs les passagespnnclpaux.

< Il existe à Bruxelles, dit le journal en question, une cliquede journalistes wallons qui s'est assigné comme but de replá-trer, par,tous les. movens possibles, l'utopie < Belgique > actuel-lement clrssemlnee a tous vents.

> Il ne s'agit pas à proprement parler pour ces messieLrrs<< de la patrie belge >), encoÍe qu'ils ne parlent que de cetteineptie, mais du cher vieil état belge, ce vieux tank détraquéde la sacro-sainte et messianique latinité oui sauve le mondeet éclaire I'univers entier par' opposition 'à l'esprit germainconfus et stupide.

> Il faut garder la main sur cet avant-poste de l'Allemagne,la Flandre...

> Il y a quelque temps un de ces jongleurs intellectuels ainterprété à sa fagon le discours du Fiihrer avec une subtilitétoute politicienne belge et une rouerie toute latine. < Hourra,, s'ecrie-t-il entre les lignes en espérant prendre le liihrer sur> sa parole, la Belgique est sauvée et elle nous doit son salut> gráce au sacrifice .de nos compatriotes combattant sur le>> :front russe. Ceux-ci ont relevé le crédit moral de notre oavs>> dans l'esprit des maitres du moment >. Flandre, vous i'oílàavertie. Vo-s maris, vos fils, vos frères, vos fianóés sont enRussie dans le but de << relever le crédit moral de la Belgique>> dans I'esprit des maitres du moment >>.

> Il n'existe pas dans la lansue ïlamande de mot assez fort. pour stigmatisei un muffle de &tte climension qui emploie pour

son, sale maquignonnage belge le sacrifice héroïque que laFlandre s'impose.

> Cet esprit latin ne se borne pas à la plate trivialité, il vaplus fort et arbore le crêpe de deuil pour venir voler le cada-vre du chel et héros flamand qui vient de mourir et le jeterdans sa sale balance belge au profit de la communaute belgetoute entière.

>> Devant une telle salopeire latine nos cerveaux germaniquesrestent stupéÍaits.

>> Pourquoi luttent et tombent nos ieunes héros ? ll est inu-tile d'expiiquer à ce jeune gladiateui' empaillé de la latinitéce que sont le germanisme, la Flandre, le national-socialisme etle Fiihrer >.

Nous voilà évidemment Íixés sur les buts pour lesquels lesléeions ilamandes et wallonnes se battent sur les fronts deI'U.R.S.S.

Ne venez plus nous dire que c'est pour la Belgique n'est-cepas, M. Degrelle et consorts ?

Hubermonf I'lncoÍrupÍible !L'hebdomadaire < Voilà > qui est à peu près à notre << Pour-

quoi Pas ? > d'avant-guerre ce que le malt est au café, consa-cre les premières pages de son numéro du 16 janvier 7942 atrtraitre Pierre Hubermont, alias Joseph Jumeau, ex-rédacteurau << Peuple >>, ex-écrivain populiste, aujourd'hui grand pour-fendeur de syndicalistes, de juifs et de francs-maEons, et pre-mier prébendier de la soi-disant communauté soi-disant cultu-relle soi-disant wallonne.

Nous n'attacherions aucune imoortance à ce dithvrambe -asinus adinum fricat... - si le laudateur de ce tránsfuse du

socialisme n'avait eu l'amusante imprudence de rappeler certainvoyage que Pierre Hubermont fit en U.R.S.S. et-èertain refusqu'il opposa à l'adaptation cinématographique par les metteursen scène moscovites de son roman << Treize hommes dans lamine >>. Se .rendant compte au dernier moment de sa mala-dresse le Íolticulaire de i Voilà > glisse rapidement sur cettepetite histoire et écrit : < l[ s'y rendit, (en Russie), mais lors-qu'il comprit à quelle sauce Qn se préparait à traiter son olr-vrage, dont on voulait faire uri instrument de propagande com-muniste, il revint sans accepter de signer le contrat >>.

L'encenseur censuré d'Hubermont en dit troo et pas assez.RaÍraïchissons donc ses souvenirs et apportons notrè modestecontribution à cet essai de biographie-iomancée. Que propo-saient à Hubermont les cinéastes de Moscou ? De ,faire du dé-Iégué de syndicat qui figure dans son roman un traitre à saclasse, soudoyé par le patronat. Hubermont reÍusa, assurantqu'en'Belgiqíe, ies délégués des syndicats ouvrieis étaient,

Un lugemenÍ qui en diÍ long.Le 17 décembre 1941, le tribunal allemand de Bruxelles com-

p-osé de la manière suivante : Président, Policky; assesseuÍs,Wuensche et Wunkelstreter, ministère public, Fèltgen Cluver,rendit un jugement qui en dit long sur la destinée qu'en cas devictoire allemande nos protecteurs réservent à notre- pavs. Voicile résumé de cette décision :

< L'accusation a estimé, qu'en raison de la participationcommune des accusés, le crime de haute kahison- devail êtreretenu et également parce que I'activité des accusés tendaità enlever au Reich allèmand un territoire qui lui appartenait

>> La Belgique se trouve actuellement sous la domination al-ie.mande et doit par conséquent, quand ce ne serait que pro-visoirement, être-considéreti comme appartenant au Rèich' carla destinée des Etats occupés pendanf la suerre n'est définiti-vement réglee que par le iraite de paix. "

>> Par cela même íl est admissible que des instructions péna-les puissent être ouvertes cn Belgique, relatives à des faitó ten-dant à séparer un territoire se tróuvant actuellement sous ladominaion du Reich et' que ceux-ci soient punis comme crimesde haute trahison >.

Ce n'est pas le Jieu et nous n'avons pas la compétence re-quise pour juger de cette décision au pbint de vué iuridicue;mais il nous semble immoral au plus hàut point de ionsidërergomryg coupable de. haute trahisbn Ie Belge qui essaye d'af-franchir son pays d'un injuste envahisseurl d'áutant plus quece dernier avait solennellement garanti son indéoendánce. ili-zarre morale et droit incompréhlnsible que celdi qui fait duparjure un honnête homme et du patríote'un criminêI.

Pas pour nous une pareille conception des choses.

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Chronique du bourrage de cránesQUELQUES TITRES, SOUS-TITRES ET EXTRAITS

D'ARTICLES DU JOURNAL << LE SOIR > 1940.41

14-6-40. - Femmes belges, rassuÍez-vous. Les priscirrniersbelges seront libérés au plus tót.

17-6-44. - La population civile belge ne connaitra jamaisla iaim.

l1-7-40. -

Les civils belges, transportes en Allenragrre. porrrfaits de. grlerre., rentreront endéans Ies 15 jours. l.e retour ilesÍlnsonnrers mllltalres sulvra.

15-7-1 . - La presse americaine dépeirrt la situatiorr cltrses-pi:;'é': de la Grande-Bretagne.

La radio et les journaux anglais s'eÍ{orcent de br:olriller lr-srelations russo-allemandes.

Les reÍations germano-russes sbnt deïinitivement scelities ílïaut être naïf pour espérer une nouvelle tension entre lescleux pays.

22-7-40. - L'Angleterre ne.résistera pas à une att;ri1ui: d'a-vions alÍemands.

24-7-40. - Le débarquement des troupes allem:rntics en r\n-gleterre n'est plns qu'une question de jours.

2-8-40. - La prise de Kourmouck ouvre aux ltaliens h voie

du Nil Blanc.3-8-40.

- Les relations d'amitie et de bon voisinase entre

I'URSS et le Reich seront totalement maintenues.5-8-40. - Tous les militaires de réserve prisonniers en Alle-

magne sont sur le chemin du retour.10-8-40. - Les armées italiennes à l'assaut de I'Emoire

anglais d'Afrique.16-8-40.

- L'Angleterre peut s'e,lfondrer endeans les 60 jours.

25-8-40. - L'ltalie n'attaquera pas I'Egvrtte.27-B-40. Une année d'êntente sermá;rb-russe.13-9-40.

- Les Etats-Unis n'intelviendront pas dans la guerre

a nglo-allema nde.14-9-40. .- Alexandrie, objectil des troupes italiennes.2-10-40. - L'alimentation des régions occupées est assurée

pour l'hiver déclare un Ministre du Reich.5-i0-40 -

Tous les militaires (belges) de réserve, prison-niers en Allemagne, reviendront au lur et à mesure des possi-bilités de transport.

.9-10-40. - En Belgiqire, bonne nouvelle : le chocolat n'estplus ratlonne.

27-10-40. - Les troupes italiennes prêtes à reprendre I'of-

[ensive en Egypte.i3-1 1-40. - Les relations germano-russes reposent unique-

ment sur un programme exclusivement constructif.Cela prouve l'inutilité des efforts tentés par l'Amérique et

1'Angleterre aÍin d'améliorer les relations avec l'URSS.14--11-40.

- De G. Beatse : L'amitié entre l'Allemagne,

I'ltalie, le Japon et la Russie est cimentée par le fait que ces4 pays ont tous intérêt à la disparition de l'Empire anglais.

i7:ll-40. - De E. A. Lemmei' : Les relations sermano-rus-

ses ont fait brillamment leurs preLrves politiques. -5-12-40. - Oïficiellement, aucun proiet d'aide financiere à

l'Angleterre n'est en discussion aux'8." U.27--12-40. - Discours du Maréchal Coering : La Noël de

l'An prochain sera à nouveau la ifête de la Paix et pour l'Alle-nragne tout entière, la fête de la grande victoire finale.

31-12-40. - Ordre du jour aux armées allemandes : L'année1941 verra se parfaire la plus grande victoire de notre histoire,déclare le Fuhrer.

10-1-41. - Le ravitaillement de la Belgique est garanti.l3-1-41.

- Le nouveau traite économiluè entrele Reich et

1'URSS signifie, pour le Reich, un renforcement considérablede son potentiel de guerre. C'est un des moyens les plus effi-caces pour renJorcet' Ia paix et l'amitié entre le Reich et I'URSS.

29-1-41. - L'année en cours verra la victoire de l'Axe.

30-1-41. - Les E. U. ne parviendront pas à dresser I'URSS

contre l'Allemagne.7-2-41. -

Notre ravitaillement est assuré.3-3-41. - Au printemps tout proche, les armées de l'Axe

battront l'Angleterre partout oir ce sera nécessaire.7-3-41. --.Nous aurons bientót du poisson à un prix abor-

clable.28-3-41. - A la fin de cette année, le monde entier saura

que le Reich et ses alliés ont gagné la guerre, déclare M. vonRibbentron.

22-4-41. -

L'accord economique belgo-russe : La Belgiqueregoit des céréales, des légumineux et des oléagineux contre lafourniture de nroduits industriels.

8-5-41. - M. Roosevelt dans une maison de repos.13-5-41.

- Le charbon ne sera pas rationné eh Belgique.

4-7-41. - Staline, Molotov et Vorochilov auraient demandé

un passeport pour traverser l'lran ?18-7-41.

- Une bonne nouvelle : les pommes de terre par-tent DouÍ leur destination.

19-7-41. ._ L'avance allemande sur Leninsrad : les Alle-mands se heurtent à des bataillons de bandits"et... de femmes.

29-7-41. - Des soldats rouges sans fusil.7-8-41. - D'ores et déjà on peut compter tes jours de l'ar-

mée soviétique.4-9-41.

- Le charbqn est rationné en Belgique.

12-9-41. - La reddition de Leningrad se fera probablement

dans un avenir oroche.26-9-41,

- Là liberté de la presse en Belgique avant le 10mai et aujourd'hui.

La distribution des ceuÍs est organisée.l0-10-41. - La décision militaire est définitivement acouise

à I'Est. Le Fuhrer n'est pas homme à laisser ar.rx Soviefs letemps de se regrouper. jàmais, je puis I'affirmer, je ne vousai donné une information inexacte.

11-10-41. - ll est clair que les divisions íusses sont absolu-

ment incapables d'enrayer lá progression allemande sur Moscou.l7-l0-41.

- Une brèche est ouverte dans les défenses deMoscou.

8-11-41. - Les Soviets vont-ils co.uler leur flotte de la merNoire ?

22-11-41. - Les troupes d'occupation de Rostov effectuent,

suivant l'ordre donné, le nettoyage de la ville intra-muros pourprendre, sans aucun égard, les mesures de représailles néces-saires contre la population qui, à l'encontre du droit des gens,a participé aux combats en attaquant les troupes allemandesdans le dos.

14-6-41. - De R. De Becker : Les nouveaux promoteur du< Soir > voulaient remettre au seryice du pays ei de la popu-lation belge une presse saine,. une presse objective...

HUBERMONT L'INCORRUPTIBLE! (suite)

en grande majorité, d'honnêtes gens, parÍaitement dévoués auxintérêts de leurs mandants.

Car Hubermont I'incorruptible ne pensait pas encoÍe, en celempsJà, qu'il est bon de dissoudie les syndicats p'our lesr_emflacer par quelque U.T.M,Í. nazie et qrie * les illincipesd'ordre et d'autorité - < Voilà > dixit - sont seuls àusceiti-bles de.résoudre les questions sociales >>. Car, en ce temps-là,le syndicalisme, le socialisme et la démocratie, cela rappórtait.Le geste vertueux de l'incorruptible Hubermont n'étaif qu'ungeste prudent : il S'agissait de ne pas làcher la proie pourI'ombre.

Aujourd'hui, le syndicalisme, le socialisme et la démocratiene rapportent plus que des horions. Hubermont s'est empresséd'accorder; que dis-je ?, d'offrir aux Nazis ce qu'il refusá ver-tueqsement naguèrê aux Communistes. Aujourd'hui, contreespèces sonnaníes et trébuchantes, il confond" dans uíe mêmeignominie, syndicaliste.s. et syndicats, socialistes et P.O.B., sesamis, ses pairs nourriciers d'hier.

PETITES NOUVELLES. Jl gut !'oq, il g"t 4**. - Werson, bourgmestre de Malmédy,

s'était mis à l'abri des tyrans à Bruxelles.-Sa Íemme venant ievoir est suivie par un mbuchard de la Gestapo, il est arrêté etmis dans un camp de concentration en Allemagne.

Quelque temps -après,

on fait savoir à sa feËrme qu'il estmort et que ses cendres sont à sa disposition.

. Arthur Toussaint, fonctionnaire aui P.T.T., est arrèté, onn'entend plus parler de lui et sa femme ne peut correspondreavec Iui,

Un jour on le découvre à I'hópital à Anvers. On ne oeutI'approcher, on arrive cependant jusqu'au lit oÈ il est éteïrdu,rl murmure < cela va très_mal, ils_ ne m'ont jamais interrogé,ils m'ont torturé >>. Le lendemain il mourait. -

Georges Cordier fut arrêté le 28 novembre. Le 10 décembresa femme regoit ses-vêtements; dans la poche du veston it y aun billet oÈ sont griffonnés ces mots : < que I'on veuille reniet-tre à ma femme ou à ma Íille ces vêtemenis, car pour moi c'estfini >.

A la prison oÈ sa femme se rendit aussitót on déclare queson mari s'était pendu. Peu après un lonctionnaire allemandlui déclarait : << votre rnari a éfé fusillé ce matin il a été cou-rageux jusqu'au bout >.

Hubermont-l'lncorruptible ! AutantHomme !...

dire Colin-l'Honnête-

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Uers e5un ordre écrit des Allemands. Ces derniers ne se sont pasarrêtés à cela et le jeudi 5 février, M. Clayes recevait avisqu'en raison de sa déloyauté et de son esprit de sabotage,iÍ était démis et invité à rester aux arrêts chéz lui. Trois joursaprès, sur intervention de Leemans, la mesure était rappor-tée et les boches orientaient leur pression d'un autre cÓté oÈils espèrent trouver plus de compréhension.

M. Leemans est d'ailleurs très fier, car il s'est vanté publi-quement de ce que son influence auprès des milieux allemandsallait croissant ious tes jours "un peu plus >.

lncidentr UerwilghenHélas, l'incident n'est pas clos. ,Après Clayes le tour est échu

à M. Verwilshen. Les' Allemandd desireirt actuellement luifaire prendre-un arrêté au terme duquel quiconque émargeplus cie huit iours au fond de chómage sera envoyé en Alle-inagne...Les niilieu.x.bien informés signálènt que M.

-Verwilghen

seralt olsDose a reslster.

Qui vivra verra.

La maneuvÍe bocheAu cours des divers entretiens qui eurent lieu à la Militar

Verwaltung durant le mois de janvíer 1942 entre les représen-tants belges du commissariat général à la restauration (J. Cus-ters et ó. Reyntgens) et ceïx de Ia Cruppe arbeitséinsatz,le problème de la main-d'@uvre a été longuement discuté.Les' Allemands avaient mis de grandes esptrances dans lemouvement des volontaires du travail; or, qu'on le veuille ounon, cette entreprise Íut un échec. Tant les Allemands queles

-collaborationiristes virent leurs espoirs dégus, tant par'le

recrutement minime, que par l'esprit même qui régnait dansles camps, du moins dans les camps wallons. Au cours desentretiens dont nous venons de parler, on émit l'hypothèsed'une extension du service du volontariat du travail; celui-cideviendrait même oblisatoire comm'e ce fut Ie cas en Hol-lande. Du cóté belge, "aucune objection ne fut formulée. Onvoit là, immédiatement, la mentalité qui animait nos-déléguésau cours de ces pourparlers.

Il est vrai que du cóté belge on a objecté que pareille atti-tude allait directement à I'encontre de notre mentalité. A celale Dr Funck et surtout le Dr Schultze répondirent qu'il nes'agissait pas de consulter l'opinion publiquè, mais d'agir parvoie d'autorité.

Mais d'autre part, avec le grand courage qui caractérisentles autorités occupantes. elles se refusent à orendre directementet personnellemeirt pareille initiative et éxigent qu'elle soitprise par les autorités belges. A cette fin, nos protecteurssuggèrent évidemment un certain nombre de dispositionsaux autorités belges qui leur permettraient d'arriver à leur finsans devoir se découvrir .Ce n'est qu'à la dernière minute oueles Boches rejetteront leur défroquè pour intervenir officieÍle-ment.

Merures enviiagéesLe service obligatoire viserait surtout les étudiants et les

jeunes non ouvriers. On commencerait par viser le SchwarzeArbeit c'est-à-dire tous ceux qui exercent actuellement uneactivite quelconque en marge deï lois (fraude, commerce noir,travail non contrólé, bricolage, etc.).

Pour arriver à leur fin, IeS Boches asitent des motiÍs haute-ment sociaux. Chose plus ahurissantë, nos bons représen-tants semblent mordre aux arguties boches.

Le. système elyjs4gÉ pour là récupération de ces irréguliersconsisterait en l'établissement d'un carnet de travail obliea-toire pour tout homme en áge de travail. Il doublerait la caïted'identité et serait détivré pàr les communes qui attesteraientpar la, remise de ce carnet-que le porteur exeice une activitéreguuere.

La première étape consisterait en l'affectation de tous lessmokkellers > pris par la gendarmerie à des travaux agricoles.On e.spere _q_ue _pal ce subterfuge le procédé serait bièn regupar I'ensemble de la population.-

Avant de passeí à acte on attend des instructions de Berlin.De leur cóté les patriotes attendent MM, les Secrétaires Géné-

raux et les jugeront à leurs actes.

IConrldéralions généraler

On l'avait toujours dit : Au moment oir les choses se gàte-ront définitivement pour lui, Hitler se jettera sans aucune re-tenue dans les moyens désespérés. Parmi ces moyens !'un desplus odieux, celui sous lequel l'occupation boche de 1917èroula dans

.le mépris du mohde civilisé, est la déportation des

populations.

Nous y arrivons hélas, cette Íois encore. Et, si I'on peut, siI'on doit se réiouir de êet indice irréfutable de l'écroulementdes rêves alleniands, il n'est pas possible de prévoir sans fré-mir les troubles graves que ces mesures barbares vont appor-ter dans notre pays déjà si éprouvé.

M. Hitler, en vue de sa << dernière >> otfensive, vient demobiliser en Allemagne tout ce qui lui restait d'hommes.A leur établi, à leur ïable, dans leuf laboratoire il est allé re-chercher tous ceux qui étaient indispensables au maintien desa machine de guerre. Dans leurs cachettes il bat le rappeldes embusqués, nombreux dans la Wehrmacht, nous sommespavés pour le savoir nous qui les vovons parader dans nosi'ués. Cest le coup du joueur'qui n'a plus rien à perdre. C'estcondamner la lourde inachine: de guerre atlemánde à s'ar-rêter dans six mois, c'est sacrifier le ravitaillement, les matiè-res premières, c'est se résigner à tout perdre si, dans un su-orême eÍfort pour Iequel on mobilise ces dernières réservesi'adversaire ntest pas' mis à genoux. Comme il faut tenirà I'arrière tout ce Qui peut être 1enu, les lieutenants du fuhreront imaginé une belle organisation (c'est leur spécialité) : lemarché européen de la main d'ceuvre. En d'autres mots, I'as-servissement'à la production de guerre allemande de tous lesbras disponibles pármi les peuples occupés.

Gardez-vous ! Protégez-vous ! Avant qu'il soit longtemps,les boches ou leurs valets belges viendront vérifier vos oc-cupations, mesureront l'intérêt qu'elles représentent du pointde^vue dé leur guerre. Et si vous n'êtes pas^jugé < intéressànt >vous partirez récolter des navets, casser des cailloux, ou sur-veiller un tour outre-Rhin.

Le malheur pour les Allemands, c'est qu'ils ne sont plus niassez Íorts, ni assez nombreux pour assurer cette réQuisitiondes hommes dans notre pavs. Aussi ont-ils l'intention de fairefaire, une fois encore, leui sale besogne par des traïtres ou pardes faibles afÍolés par le constant chantage à la famine dontils usent sans vergogne.

Plusieurs tentatives ont été faites déià.

RéÍroacÍesIl y a plusieurs mois que la S.N.C.F. a été mise en demeure

d'envoyer en Allemagne environ 15.000 cheminots. Elle s'y estrefusée. Les agents allemands se sont alors adressés. directe-ment au personnel, allant tenir meeting dans les ateliers. Ilsn'ont pas eu, croyons-nous, cent volontaires sur les dizainesde milliers de cheminots belges.

Plus tard les tramways bruxellois ont été avisés que s'ilsne donnaient pas mille hommes pour les tramways de Rhénanieon leur supprimerait I'huile nécessaire à la marche des tramsde la capitàie. Les T. B. ont énergiquement reÍusé, faisant va-loir que dans notre libre pays les patrons ne disposent pasde leur personnel comme d'un bétail qu'on envoie à son gréà Dusseldorf ou à Bonn. Pour l'instant, les Boches qui n'ontpas renoncé à obtenir par force ces mille hommes, songent àinterdire la circulation des trams entre 22 h. et 7 h. ce qui met-trait des tramwaymen en chómage et comme il est interdit depayer les atlocations de chómage, les pousserait par famine ààcóepter I'engagement en Rhénànie.

Revenant à la charge - car ils sont têtus - les Allemandsexigent actuellement que 25.000 hommes des diverses régiesde l'Etat et des sociétés d'Etat (Postiers, TT., S.N.C.F.B.,Chèques Postaux, Tramways vicinaux, etc.), aillent remplaceren Allemagne les mobilisés. M. Clayes, ff. de secrétaire genéralau Ministèïe des Communications, a ete mis voici quinzè joursdevant un plan tout préparé par la Militarverwaltung. Aprèsun.premier refus, impressionné par le chantage allemand exercéà llintervention de MM. Schuind, Leemans et Romsée. ses col-lègues embochés, M. Clayes a semblé flancher en' exigeant

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iporÍaÍionsPremier sÍade

Ainsi qu'on s'en apergoit, le premier stade consisterait doncà obliger au travail (pour les Boches s'entend) tous les hom-mes de 18 à 45 ans qui ne peuvent justifier d'une activité régu-lière et tégale.

BizarreÍles admlnisÍralivesDe tous ces pourparlers un compte-rendu régulier fut dressé.

Malheureusement pour M. Custers, ces comptes-rendus sontparfois indiscrets. Ils furent dressés au nombre de quarante.Inutile de dire que la << Libre Belgique >> est parvenu^ à s'ap-proprier l'un d'entre eux. Il était temps d'ailleurs. Car dèsque Custers s'aperQut du caractère accablant de ces résumésil donna ordre de les détruire tous.

Trop tard, Custers mon ami, l'un d'entre eux est dans nosr-.lossiers et vous polÍrez courir avant de le rattraoer. Merci'

luand même ! Lorsque vous le désirerez nous le 'publierons

mais la place nous manque dans le présent numéro.

Après I'EÍaÍles enÍrêprises pÍivées

Au début du mois de Íévrier, nos protecteurs ont fait desdémarches officielles auprès du Syndiiat belge de I'acier. LesAllemands voudraient transférer dans des usines allemandestout le personnel, état-major et ingénieurs compris, de nosusines belges dans des entreprises allemandes.

D'après les propositions de I'occupant, ce transiert devraitêtre le résultat d'accords librement consentis entre le Svndi-cat belge de I'Acier et le Verband Deutscher Stahlwerlie. Ilavait déjà été prévu que I'usine Sambre et Moselle serait affec-tée la première et que son personnel tout entier serait transférédans la Ruhr.

Les cheÍs d'entreprise ont jusqu'à présent, refusé. Mais lesAllemands ne se sont pas déclarés battus; ils ont annoncéqu'ils reviendraient avec des ordres formels.

,^ConcluslonsBelges, la méthode boche n'a pas chansé. Deià en l9l4-i8

ils ont réquisitionné Ies ouvriers à I'encóntre tie tout droit.A ce momènt les voix les plus autorisés se sont élevées oourprotester contre cette violaiion évidente du droit internatiànal.Le Cardinal Mercier en tête. Nous espérons que cette fois en-core les seules autorités incontestées-auront-le courage d'ele-ver la voix même si les autorités < légales >> restaieni cantrrn-nées dans leur habituelle pleutrerie.

En tout cas trois voies vous sont ouvertes :

1" la révolte, mais il nous manque des armes. N'allons doncpas, sauf événements imprévus, áu devant de pareil risque.

.2" la résistance passive. Belges, n'oubliez pas que I'ennemin'a pas besoin d'otages ou dé prisonniers, 'mais'bien

d'unemain-d'ceuvre et d'ouvriers agissant d'arrache-pied. D'autrepart il manque de personnel pour arrêter 300.000 Belges doutil ne saura que faire. Il s'agit donc, camarades, de fairela grevesur le tas, de refuser avec la dernière énergie de partir là--has.Ne volrs lai,qssT p.r intimider ni par des airestatións ni mêmepar.oes. execuuons qur auralent unrquement pour but de vousen imposer.

-. L'ennemi ne peut exécuter tout le monde, de plus, cela neI'avancerait pas puisqu'il avoue lui-même avóir besoin de vous.Le but qu'il poursuit est de vous faire travailler pour soncompte et pour que le fruit de votre travail tue nos càm-patn0tes.

Le mot d'ordre est doni : résistance passive la plus absolue.Toute intimidation doit être vaine.Camarades. il faut tenir.C'est la guerre,

Quant à ceux qui seront déportés malgré tout, une seuleattitude s'impose : LE SABOTACE DU TRAVAIL.

CAMARADES, LE SORT DU PAYS ET DE LA GUERREEST ENTRE VOS MAINS,..

Rappel du patséDéjà en 1914 les Allemands

mais Mgr Mercier la déjoua.employèrent la même tactique

La déportation n'allait s'appliquer qu'aux chómeurs. Mais legrand Cardinal proclamait hautement : << On enróle des chó-meurs, certes, mais on recrute aussi en grand nombre - dansla proportion d'un quart dans l'arrondissement de Mons - des

hommes qui n'ont jamais chómé et appartiennent aux profes-

sions les plus diverses >.

Alors comme maintenant, le Gouverneur Général von Bissingfaisait valoir des considérations sociales prétendant que les

travaux à eïfectuer restaient étrangers à la guerre, mais le

Cardinal lui répondit sans ambage :

<< Comme si chaque ouvrier belge qui prend la place d'unAllemand ni lui permeitait pas de remplir un vide de I'arméeallemande ;.

Et le Cardinal terminait en disant :

< Daigne la divine Providence inspirer quiconque a une au-torité, une parole, une plume, de se rallier autour de notrehumble drapeau belge pour l'abolition de I'esclavage européen >>.

Les temps n'ont pas change.

LES FRITZ DISCUTENT !

Dépêche-toi, c'est encore sans timbrè...

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Consignes de l4gr Uan Roeyau monde caÍholique

S. E. NIgr Van Roey, primat de Belgique, vient de consacíeÍson nrandement de carême en date du 5 fevrier 1942 à la << Voca-tion terrestre du Christianisme >>. Aorès v avoir rappelé la doc-trine traditionnelle de I'Eglise en rnatièri iamiliale'et soulignel'importance primordiale qu'elle attache à la dignite de- lapersonne humaine, le Cardinal v examine les devoirs des catho-iiques vis-à-vis de la Patrie

-et olus soecialement ceux descaiholiques belges devant les circónstanêes actuelles. II y de-clare notamment :

<< L'amour de la patrie reste plus que jamais un der.oir sacré,nous vous rappelons la parole, déjà citée par nous dans uneautre lettre, que Cicéron écrivait aux jours sombres oÈ Romeétait livrée aux déchirements de la suerre civile : < En cemoment, nul endroit ne doit t'être plus doux que la patrie ettu ne dois pas la moins aimer parce qu'elle est misérable, maisbien plutót en avoir pitié >.

En attendant la fin de la guerre, Nos chers Frères, gardez lessentiments qui conviennent à des cceurs lovaux. que voussoyez Flamahds ou Wallons. Ayez une attitu<íe corrL:cte maisdigne. Demeurez fidèles à votre patrie, soyez Íiers de son pas-sé et conÍiants dans son avenir. Restez unis: abstenez-vous decritiques déplacées et trop souvent calomnieuses à I'égard deceux qui ont droit à votre respect >.

Nous nous abstiendrons evidemment de tous conrmentairesdevant un texte aussi clair et émanant d'une autori'ié moraleaussi incontestée que celle du digne successeur de Mgr Mercier.

Nous prolitons de la circonstance pour exprimer à Mgr VanRoey toutè notre respectueuse admiration pour son attitudevraiment cráne et le magnifique exemple qu'il nous donne àtous. Nous tenons à lui dire également toute I'indignation quenous avons éprouvée à voir le Palais archiépiscopal barbouilléet souillé par les tenants de l'Ordre Nouveau.

On sait, en effet, que des délégués de la légion ïiamandeétaient venus trouver le Cardinal oour lui demander r'e oouvoirorganiser, à l'occasion des servicès celebrês à la mómàite dutraitre De Tollenaere, des manilestations à caractère politique.Cette autorisation ayant éte refusée, une patrouille tie traiiresanonymes est venue pendant la nuit badigeonner sur Ia faEadedu Palais de Malines, en grands caractèies, < Tollcnaere'wijurÍeken u < (Tollenaeíe nous vous vengeons) et une tête demort surmontant deux tibias en croix.

Si nos souvenirs sont exacts, le cráne surmontant tieux tibiasétajt le drapeau des pirates. Vraiment, Messieurs les emules deGrammens, il était inutile de signer votre couÍageu,-i barbouil-lage, on se doutait bien de ce que vous etiez.

Un peu de digniÍé s. u. p.Nous avons signale, dans notre précédent numéro, la place

importante que les officiers du camp de Luckenwalde étaientdestinés à prendre dans la réorganisation de notre gendarmerie.

En vue d'éclairer complètement nos lecteurs sur l'atmosphèrerégnant au << Lieutenant Dewindekring >, nous donnons ci-des-sous quelques extraits du discours d'ouverture qui fut pro-noncé à la nremière réunion de cette vénérable associationle l6-6-41 :

< En résumé notre but est de grouper les prisonniers oÍficiersÍlamands qui sont partisans de l'Ordre nouveau en Flandre etqui ont le courage de proclamer leur attachement au peupleÍlamand.

> Partisan de l'Ordre nouveau celui-ci ne se realiseÍa passans une victoire allemande dans la guerre actuelle. Il est, dèslors, clair que nous sommes partisans d'une victoire allemandeintésrale...

> -Seule une victoire allemande peut sauver notre peuple et

etablir l'Ordre nouveau sur des bases National-socialistes- >> Próner l'existence d'un état est dépourvu de tout sens et

de toute utilité. Prédire dans qLrel Etai notre peuple va êtreenglobé, nul ne le pourrait sauï peut-être les plus hautes in-stances aliemandes; nous ne poLlvons avoir aucune influencesur elies, nous pouvons seulement Íaire appel au principe descommunautés populaires qui dit : << Le peuple au-dessus deI'Etat, le peuple est une créatíon de Dieu, l'Etat r-rne crtiationdes politiciens >>.

Ainsi qu'on le voit, ces Messieurs ne font pas grand cas del'existence de l'Etat belge; ils n'ont même pas la reconnais-sance du ventre. Ils oublient qu'eux, oÍficiers de carrière, ontvécr-r durant toute leur vie de cet Etat. Le moins qu'il puissedemander d'eux serait un peu de dignité actuellement.

Vous, militaires allemands, que pensez-vous des officiers deLuckenwald? Qu'en auraient pensé Hindenburg ou Brauchitsch?

Tous les patriotes dignes de ce nom quelle que soit leurnationalité auront devant vous la même réaction : du désodt.

Glue va Íalrê M. Uerwilghen ?Vers la fin cle ianvier M. Verwilghen regut de Ia .illilitarver-

waltung l'ordre d'avoir à employer immédiatement I officiersbelges..qui avaient éte libérés d'Allemagne depuis plusieursmors qeJa.

Ces officiers, ayant signé pour être libérés une déclarationinfàmante ori ils exprimaient leur conviction que seule unevictoire allemande ferait le bonheur de la Belsique, ,furent misà l'écart par le générat Keyaerts, ce dernier deilarant qu'il serefusait à employer ou à placer des ofÍiciers Jélons.

Lesdits oïÍiciers avaient été libérés pour s'occuper de la Res-tauration Nationale. Dès lors, Verwilghen reEut un ultimatumlui donnant jusqu'au 1 I Íévrier pour s'exécuter.

M. Verwilghen réunit le 7, MM. Lefébure et Reyntgens etenvisagea avec eux les mesures à prendre. Il songeait à démis-sionner; M. Lefébure lui assura son entière solidarité en cecas.

Comme toujours un bon San-raritain est venu : M. Plisnier.Il se promettait d'obtenir un arrangement avec les Allemands.

Le bruit court que M. Romsée, qui est moins scrupuleux, ainsique chacun le sait, envisagerait de prendre les traïtres à sonservice. Vraiment qui se ressemble s'assemble.

Mais évidemment il reste à savoir quelle sera l'attitude deM. Verrvilehen devant le problème des deportations.

On va entin pouvoir se cómpter.

PETITES NOUVELLES

La santé publique. - Le docteur Verniorl', chef du dépar-tement < Hygiène et Santé >, a signalé dans un rappoÍt récentque suí 3.300 en,fants de la ville de Namur et Andenne 2.200ont été Íeconnus porteurs de germes de tuberculose.

Belges, voilà les résultats du beau régime auquel nos protec-teurs nous soumettent. Pendant combien de temps allons-nousencore laisser perdurer cet état de chose,

Promotions. - Le géneral Beatse, primitivement chei de lapolitique étrangère du , Soir >, vient d'être promu par sonfuhrer le Caméléon De Becker au grade de chef du personnel.Il est donc chargé de veriiier les heures de sortie ei d'entréedu personnel et de rappeler aux écrivassiers du << Soir >> lesarticles ou'ils doivent faire.

Ce n'e6t qu'un début. Il est question de le nommer sous peuhuissier de la même entreprise avec un bel uniforme à salons.-I'outes nos félicitations.'

Ces me$rieurs laissenÍ pasqerle bouÍ de I'oreille

<< Notre >) DÍesse. sous la direction des chefs r'l'orchestrenazis, célèbre périodiquement le << rapprochement > de l'Egliseet du Troisième Reich. La vérité linit cependant torrjours parpercer.

Cette fois, c'est << Het Laatste Nieuws > qui, dans son numó-ro du 5 fevrier 1942, s'est fait son complice.

Sous le titre < Une attaque d'un iournal italieri contre l'Os-servatore Romano >>, cet organe pró-allemand relatc l'attaquevirulente du < Regimé Fascista >> contre l' << Osseri,atore Ro-mano )>, qui accuse celui-ci de partialité au détrimcnt des al-lies de l'Áxe.

<< Le journal du Vatican est toujours prêt à attaquer, lors-qu'il s'agit de I'Allemagne, dit ce journal. Par contr,: quand ils'agit des autres Etats,"il 'ferme

leà yeux >>,

En I'occurrence, nous comprenons I'indignation dr: ces bra-ves ltaliens. Imaginez-vous bue I' n Ossérvatore Romano >>

s'était permis de-porter sa vlndicte contre un innocent Alle-mand qui s'était'permis de < développer quelques idces unique-ment.p.ersonnelles sur le national-socialisme comme religion (?)de I'Allemagne, tout en se gardant bien de traiter cle1a poli-tique que Iè Reich poursuit' à I'egard des églises tr'rditiorinel-les__de I'Allemagne: les églises évangelique?t cath^lique >,.

Nous ne voulons pas enirer dans cétte^ controverlc.Contentons-nous cie prendre acte de ce qlle l' << Osservatore

Romano >> a vu clair et qu'il n'a pas hésité'à stigmetiser, cha-que Íois qu'il a fallu, la politique de I'Axe, et paltir:ulièrementdu National-Socialisme à l'égard de l'Eglise catholique.

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E

Les pouvolÍsdes secréÍairer généraur

M. Hayoit de Termicourt, avocat général près la Cour-deCassatiori, dans un réquisitoire en dale du 3 novembre 1941a déterminé exactement quetle était la portée des pouvoirs dessecrétaires généraux.

Malgre lê. caractère technique de ce réquisitoire, nous esti-rnons -devoir en soumettre divers extraits à nos lecteurs caril étaye la thèse que la << Libre Belgiqtte > a toujottrs defendttedeouis le début des hostilités.

1. LES SECRETAIRES GENERAUX ONT-ILS LE POUVOIRLECISLATIF ?

Ainsi Íormulée la question appelle une reponse négative. Lessecrétaires genéraux, organes du pouvoir exécutiÏ, ne. sau-raient être ihvestis du pbuvoir de faire des lois, c'est-à-diredu pouvoir de légitérer avec la plénitude d'attributions quecomporte pareil pouvoir dans notre régime constitutionnel.

2" NATURE DE LEUR POUVOIR.

Ce qr"re l'on veut à la vérité dire, en usant de l'expression( pouvoiÍ législatiÏ >, à l'occasion des aitributions des secré-

- aiies généraux, c'est que ces hauts {onctionnaires, demettrés:n tsel{ique occupée polr y maintenir, dans la mesure du pos-sible, la vie nationale, ont, actuellement, le pouvoir d'ordonnerdes mesures, qui, en temps ordinaire, relèvent des autoritéslégislatives, de réglementer des matières qui, normalement,sont réservées au pouvoir législatif.

3" JUSTTFTCÀTIOru ERRONEE DES POUVOIRS.

Il n'est, en efÍet, pas vrai de dire que'dans un pays occupé,dont les organes du pouvoir législatif national sont absentsou paralyses, il n'y ait plus, à défaut des secrétaires généraux,d'autorité pouvant prendre des mesures qui, en temps normal,relèvent du pouvoir legislatif et qui sont nécessaires à la vieet à I'ordre oublics. Pareille autorité existe. c'est I'autorité oc-cupante, chárgée en termes exprès de cette mission par laConvention de La Haye, sous la réserve qu'elle doit, danstoLrte la mesure possible respecter la legislation et les insti-tutions nationales, c'est-à-dire qu'elle ne peut modifier celles-ciqu'en cas de nécessité. (Règlement annexe de la Convention,art. 43).

4" FONDEMENT DE LEUR POUVOIR.

La loi du 10 mai 1940, et notamment l'article 5 de cette loi,que la Cour a déjà interprété. Le fondement des attributionsexceptionnelles des secrétaires généraux est donc - et nepeut être -

que la volonté même des autorités supérieures,r--belges dont ces fonctionnaires sont les représentants et les

1élégués.ll résulte clairement de ce texte que I'avocat général recon-

nait implicitement la légalité et la permanence du gouverne-ment bèlge de Londres óar, sinon, le's Secrétaires Géíéraux nereprésenteraient plus personne.

5. RESTRICTIONS AU POUVOIR DES SECRETAIRES GE-NERAUX.

La première de ces restrictions est que le fonctionnaire in,vesti, en raison de l'éloignement de I'autorité supérieure, desattributions de celle-ci, ne regoit cette investiture que << dansle cadre de son activité rrrofessionnelle >. Cette restriction. Ialoi l'énonce en termes expres; elle doit donc être respectée.'

Or, si large que soit I'interprétation que I'on puisse donner àl'expression < activité professionnelle d'un secrétaire général >,il est deux limites qu'on ne saurait Íranchir sans violèr ouver-tement le texte légal. Le secretaire géneral, d'une part, n'apoint d'attributioni en dehors du déóartement auqu'el ii estattaché, et, d'autre part, dans ce dépaitement il n'est qu'un re-présentant de l'Adniinistration, c'est-à-dire que l'exercíce d'ac-tivités politiques ne rentre point dans ses áttributions.

Ainsi donc, à mon sentiment, les secrétaires généraux ont,lorsque I'administration du pays le postule impeiieusement, Iepouvoir de prendre des mesurès d'aciministratioï, celles-ci rêle-vassent-elles même, en temps normal, des autorités législatives.IIs n'ont jamais, en revanclie, le pouvoir de prendre d"es mesu-res d'un autre caractère et notamment des mesures à caractèrepolitique ou qui tendent à une transformation de nos institu-tions politiques. S'ils le faisaient, ils sortiraient des limites deleurs attributions et le pouvoir judiciaire devraient refuser l'ap-plication de pareils arrêtés. (Cdnst. art. 107).

Ne tornbe-t-il pas d'ailleurs sous le sens qu'en pays occupédes mesures à caractèie politique supposent une intelentionde l'autorité occuDante elle-même ?

Une autre restiiction apportée, même dans le domaine deI'administration, à I'extension des pouvoirs des secretaires ge-néraux, cst l'urgence, ou plus exactement la necessite uÍgent3d'une interventión. ll ne suffit donc pas qu'une interventioin neheurte pas la conscience du secrétaire général ou lui paraissemême utile, pour qu'il soit habilité à user de ses poLrvoirs ex-ceptionnr:ls; il faut qu'une intervention lui_apparais.se cl'urgentenecessite. Cette condition, déjà reqr,rise lorsque le secretairegeneral use des pouvoirs ministériels, est plus impérieuse en-core lorsqu'il entend accomplir un acte rentrant dans les attri-butions tiir Roi oLr du pouvbir léeislatif. Mais Ia loi du 10 maii940 n'ayant pas instit'ué un jugé particulier de la nécessité etde I'urgence, I'appreciation de celles-ci appartient à I'auteur deI'arrète, sous sa responsabilité; les cours et tribunaux n'ontpoint, à cet égard, de contróle à exercer, sau,f le cas excep-tionnel oÈ il serait constant que la nécessité allésuée couvrerun detorrrnement de pouvoir.

Troisic\me restriction, que le texte suppose nécessairement :

les secretaires généraux, non plus que Ie législateur lui-même,ne peuvent édicter une mesuÍe contraire à une prescriptiond'ordre constitutionnel. Mais, à la différence de l'ceuvrè dupouvoir législatif, les arrêtés des secrétaires généraux sont, àcet égard, soumis air contróle des cours et tribunaux. Lesarrêtés des secretaires généraux ne sont point, en effet, deslois, alors même qu'ils règlent des matières normalement réser-vées aLr potrvoir lógislatii Même dans ce cas, les secrétairesgénéraux- demeurenT des fonctionnaires de l'oídre administra-aif, dont les actes sont, partant, soumis à I'article 107 de laConstitution. Si un doute subsistait sur cette question, il seraitlevé par l'article 7 de la loi du 10 mai 1940, qui prévoii que cesarrêtés peuvent, à la libération du territoire, être ann'u[és paÍun simple arrêté royal, ce qu'on ne pourrait concevoir, si cesdispositions étaient des lois, I'ceuvre d'un autorité législative.

I e réquisitoire en question tranche <iéjà bon nombre de pro-blèmes soumis aux divers tribunaux, au plus grand danr desavocats qui ont plaidé la thèse et des malistraTs qui I'ont ad-mrse.

Sale camoullet d'autre part pour tous ceux qui contestent lavalidité du gouvernement belge de Londres (qu'en pensez-vousM. Poulet ?)

Il reste touteïois à savoir quelle est l'autorite compétentepour nommer les secrétaires géneraux lorsqu'il s'agit cle pour-voir à une vacance et si le college des secrétaires générauxa des pouvoirs aussi étendus.

2anó la négative ce serait gênant n'est-ce pas MM. Schuindet Romsée ? -

Nous lirions avec plaisir l'avis de l'éminent magistrat à cesul et.

PETITES NOUVELLESHonnêtete de la presse actuelle. - En annexe de l'édition

officielle du mandement de carême de M. Van Roey p. 19, onlit sous la rubrique < Une mise au point > un articulet qui endit long sur l'honnêteté de la presse actuelle. Voici le texte :

< Réïemment la presse a publié et commenté de manike àdénaturer la pensée du Souverain Pontite deux bouts de phraseextraits de l'allocution prononcée par S. S. ,Pie XII le 22 no-vembre 1941 à l'occasion de la présentation des lettres de créan-ce du nouvel ambassadeur d'Argentine près le Saint-Siège >.Suit le texte officiel de l'allocutón oontificale.

Comme soufflet, c'est évidemment réussi.Ori est passée la dilférenoe ? - La remise de Liége dispo-

sait d'une centaine de locomotives au 1-l-1941 ; à l'heure ac-tuelle il en reste 13.

Le Bàtonnier a dÍr cran.- Nous avons signalé précédemmentque le Barreau de Bruxelles s'étonnait de-ne pás recevoir defàire-part du décès de Mes Hartveld et Fogeibaum exécutespar les Allemands pour délit de patriotisme. Depuis cette datedes laire-part sont parvenues aux membres du Barreau et ontmême été affichés aux valves, mais ils semblent émaner dubarreau lui-même et non du Conseil de l'Ordre.

Comme on le voit I'exemple ne vient pas toujours d'en haut.Pas moinsse. * Mme Schlue domiciliée à Munchen, Brun-

hildestrasse 42-1, vient de se voir allouer modestement parl'Etat belge : une pension annuelle de 38.000 fr., plus 50.000'fr.de dommages-intérêts, plus enfin 450.000 fr. d'autres dommages-intérêts parce qu'elle était l'épouse d'un sieur Limet qui futdéchu de ses droits pour incivisme en 1918. L'ordre est signéBorms, Hendrickx, Jonckx et Brass.

Pendant ce tempsJà les patriotes peuvent crever.

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La siÍuaÍionmonéÍalre eÍ économique

L'étau se resserre autour de notre malheureux pays. Pointn'est besoin de rappeler ici les privations de plus en plus_ nom-breuses et de pluà'en plus graves que nous-subissons..Depuisde nombreux mois, nous nous y attendions. Nos << espoirs >> etnos prévisions ont même été largement dépassés.

Aussi le citoyen belge le moins informé se rend-il parfaite-ment compte que la Belgique court à la ruine totale.

A plusieurs rèprises défà,-nous avons donne d'abondantes pré-cisions sur l'évolution de notre situation économique et moné-taire (cfr notamment notre numéro du 1-2-42). Nos servicesd'enouête ne se lassent cependant pas de sonder les diÍferentsdépaitements de notre indirstrie, afin de donner à nos lecteurstoutes les inÍormations qu'ils sont en droit d'attendre de nous.

Une indication générale très précieuse est tout d'abord don-née par le Íait que la créance en devises de la Belgiqu.e à laBanque d'Emission, correspondant au solde créditeur de notrepays au compte < Clearing >,, a augmenté en deux mois, detin novembre à Íin janvier, de près de 2 milliards

Gráce à ce thermomètre rigoureux .et impitoyable, la causede notre ruine se confirme et se précise : I'occupant pille laBelgique de plus en plus, il la vide de ce qui lui reste de ma-tières premières. Il le lait directement et indirectement. Saui ence qui-concerne le charbon, il préÍére cependant employer main-tenant la méthode indirecte. Il fait ainsi d'une pierre deux coups:il se sert et de nos matières premières et de nótre main-d'ceuvre.

Actuellement, nous souffrons surtout d'une pénurie de wagonset de locomotives - I'occuoant vient encore de nous voler170 de nos meilleures locomoiives. L'éouisement de nos derniè-res ,faibles réserves de lubrifiants et de corps gras industrielspèse lourdement sur notre industrie. A cet égard citons sim-plement un fait : la S.N.C.F.B. s'est trouvée plus d'une fois cesderniers temps avec une réserve de lubrilants à peine suffisantepour un jour. EnÍin l'insuÍfisance d'approvisionnements encombustibles

- exception faite bien entendu pour les indus-tries .qui .travaillent pour l'Allemagne - dérèglè complètementle mécanisme de notre économie.

L'occupant est d'ailleurs tellement. accu.lé, qu'il n'envisagemêrne_pas de prendre. les. mesures nécessaircs pcul gardcr ènvie celles de nos industries dont il a le plus bèsoin Tui-même.Tel est le cas notamment pour notre industrie charbonnière.

Pour certains types de bois de mines, celle-ci vit au jour Iejour.

-P-o-ur la próihaine saison d'hiver,'il faudra lui piocurer

1.500.000 m3 de bois de mínes. D'autre part, les prévisions lesplus optimistes. permettent d'espérer qu'èn áettarit notre paysen coupes réglées on pourrait en obtenir 750.000 m3. Ces chif-fres sont édifiants. Et pourtant, nos organismes compétentséprouvent toutes les peines du monde à-empêcher l'oCcupantoe purser oans nos malgres reserves...

Notre industrie textilè souffre aussi particulièrement. Lesstocks de matières premières s'épuisent èomplètement. Quantaux produits ,finis en laine, l'occuiant vient d'en saisir tous lesstocks, par un ordre transmis à tous les prod.ucteurs, gros-sistes et détaillants. On destinera dorénavant à Ia populátionbelge.les seuls produits constitués en majeure partie dè iibresartiÍicielles., Les. mêmes procédés sont employés à l'égard de I'industriedu cuir et de la chaussure.

Nous n'avons cependant aucune crainte à avoir. L'OrdreNouveau a prévu cette situation et y a pourvu. Sur les indica-tions .de I'occupant, il a trouvé le remède indispensabte etsalutalre.. A, 99 janvier ,1942, 260 organismes économiques avaientété creés, dont plus de cinquanle nouveaux depuiS le 1er dé-cembre 1941. Nous sommes certains que cette Àeule indicationrassurera complètement nos lecteurs ad sujet des mois à venir...

Agriculteurs tAu mom.ent oi avec la reprise des travaux agricoles va

commencer une nouvelle phase de votre lutte contre la Corpo-ration, mettez-vous bien dans la tête que si vous ne la ruinezpas, c'est elle qui vous ruinera.

Ne perdez pas une occasion de la tourner en ridicule, d'enmoquer les chefs, d'en gripper les rouages par votre oppo-sition éclairée, en un mot, de la m.ettre dans l'incapacité defonctionner normalement. afin de hàter son écroulement final.

Pour cela entrez hardiment dans son organisation dont, vousle savez, vous êtes membre d'ofiice. Mais ne payez pas votrecotisation. Attendez l'assignation et même la saisie-exécution,pour alors commencer une série de paiements partiels quis'échelonneront encore sur plusieurs mois. La Corporation seraainsi privée du meilleur de ses moyens d'action contre vous.Car ne l'oubliez pas, c'est votre argent qui lui permet de vousruiner en entretenant une armée d'employés, de contróleurs,de délateurs, d'espions.

Lisez et étudiez les publications, les circulaires, les ordre-que vous recevez d'elle. Interrogez les < chefs >. Signalez lescontradictions. Exigez des explications. Provoquez des aveux.

Appliquez seulement les ordres et instructions qui vous sontfavorables. Attendez pour les autres et faites attendre. Maisn'oubliez pas de conserver tous les papiers dans une farde. Ilsvous viendront à point.

Faites prendre aux hommes d.e confiance, aux Íonctionnairescantonaux et autres, leurs responsabilités. Poussez-les dansl'impasse. S'ils font les méchants, croisez-vous les bras. Qu'ilscultivent eux-mêmes.

Si' vous êtes soumis à des prestations de bétail, n'alle.z pasau mafché aux bestiaux. Attendez la réquisition. Que les gen-darnles, contróieurs; agents du Groupement Cheptel viennenteux-mêmes chercher vos bêtes et s'arrangent pour pousser lavache dans h camion. Ne les aidez pas. Ne leur prêtez nicorde, ni planche... mais prenez des photographies. Elles ser-viront à les condamner iorsqu'enfin le jour de la vengeanceaura sonné. Contrólez soigneusement vos comptes de laiterie.Ils sont généralement truqués... à l'avantage de la Laiterie etde son directeur. Vérifiez votre décompte en matières grasses.Exigez le paiement immédiat. Veillez à ce que le contróleur-,paysan soit désigné par vous et vos voisins et non par quel-ques inconnus. Qu'il soit présent à la Laiterie... surtout endehors des heures de service; c'est, en effet, alors que I'onvous arrange votre compte et que l'on vous vole. Qu'il y jouele contróleur et le mauvais coucheur. En tout, jouez la comédieet constituez des caisses noires pour couvrir les risques devotre opposition.

N'hésitez pas à déposer plainte au Procureur et à plaider.Prenez un bon avocat et cotisez-vous pour les frais. Si mêmevotre affaire est bénigne, exigez des vérifications et des des-centes dans les bureaux de la C.N.A.A., les laiteries, les abat-toirs, les meuneries. Ce sera I'occasion pour le Parquet d,e

vérifier la comptabilité et de fouiller les dossiers de ces Mes-sieurs et comme tout est habituellement trouble sinon Íauxdans ces maisons, votre plainte sera le point de départ d'ungros scandale.

Pensez aux paysans de Louveigné ! Que dans tout le Payscommence une campagne de procès. Avant six mois, il ne res-tera rien de la Corporation Nationale-Socialiste de I'Agricultureet de l'Af,famement.

PETITES NOUVELLESPlaque A. 34. - Nous avons signalé précédemment les aven-

tures d.es secrétaires généraux arlêtés pour manquement à lalégislation sur le ravitaillement et leur'décision èommune decréer des plaques les exonérant de toutes poursuites. La pla-que A. 34 vient d'êlre octroyée à M. Borginon avec mention :<< Libre parcours, ne peut dès lors être alrêté ni par les gen-darmes ni par les agents dans un but de contrólè >. L'oïdrea été donné par le Colonel Van Coppenolle.

Dans I'Ordie Nouveau il n'y a pa's'de betits brofits.Les nouveaux licteurs. - M. Rbmsée vient de se constituer

une,garde de.c_o_rps comprenant 7 gendarmes triés sur le volet,3 Wallons et 4 Flamands. Pourquoi ces précautions, O ! satrape ?

Disparition mystérieuse. - Les lecteurs du << Nouveau Jour-nal >> se demandent avec angoisse oÈ est passée la signáturede Pierre Daye .(le nudiste) ón ne la decoirvre nutle párt cesderniers temps dans le torchon de Herr Colin.