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VOLUME 11-No 11 Prix : 20 fris.-10 cents (U. 5.).-6 pences (U. K.) )'DÉCEMBRE t949

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VOLUME 11-No 11 Prix : 20 fris.-10 cents (U. 5.).-6 pences (U. K.) )'DÉCEMBRE t949

LE COURRIER DE L'UNESCO Page 2

LA Conféience annuelle de la Commission nationale néerlandaise pour l'UNESCO s'estouverte, le 7 novembre dernier, au Palais de la Paix, à La Haye. M. Torres Bodet, qui avaitété invité à prononcer le discours d'ouverture, a profité de son voyage en Hollande pourassister à un Congrès sur la Déclaration universelle des Droits de l'Homme organisé par

les étudiants de l'Université de Leyde, pour inaugurer à Amsterdam le Centre d'Information etde Documentation de l'UNESCO qui vient d'être créé par la Commission hollandaise et, enfin,pour inaugurer l'Exposition de l'UNESCO organisée au Musée municipal d'Amsterdam.

Au cours de ces manifestations qui mirent en relief la sympathie active dont bénéficie t'oeuvrede l'UNESCO dans les Pays-Bas, M. Torres Bodet a tenu à souligner l'importance essentielledu concours que l'Organisation demande aux populations de ses 51 Etats membres. Notre prin-cipale force, devait-il déclarer, réside dans nos Commissions nationales. A vrai dire,elles sont indispensables, si l'on ne veut pas que les activités de l'UNESCO dégénèrenten jeux de mandarins.

Sans doute est-il peu de peuples au monde qui soient, plus ardemment que le peuple hollan-dais, prêts à s'associer à cette condamnation des « jeux de mandarins". L'histoire et la géographieont fait des Pays-Bas un lieu de rencontre de grandes cultures, sans que jamais leur populationmanquât de marquer d'un sceau très personnel la synthèse de ces influences. En littérature commeen peinture, c'est « dans les réalités les plus Individualisées a que les Hollandais ont voulu cher-cher et qu'ils ont trouvé les valeurs universelles.

Aussi, parmi toutes les réalisations concrètes que M. Torres Bodet a pu noter au cours d'unvoyage de trois jours, convient-il de souligner tout particulièrement la création du Centre d'Infor-mation et de Documentation de l'UNESCO. établi au n* 264 de la Keizersgracht, à Amsterdam.

L'inauguration qu'en fit M. Torres Bodet pourrait fort bien marquer le début d'une politiquede pénétration dans les masses populaires et estudiantines, politique qui, si elle était adoptéedans tous les Etats membres, ferait du 7 novembre 1949 une date mémorable dans l'histoire desactivités de l'UNESCO.

Qu'entend-on par Centre d'Information et de Documentation ?C'est l'un de ces ponts que l'UNESCO cherche à jeter entre elle et les masses, et plus parti-

culièrement entre elle et les jeunes gens qui formeront le monde de demain, ces jeunes gens àqui elle veut assurer une vie de paix, de travail et de bien-être. Toutes les fois que les étudiants,les ouvriers et les membres des professions libérales peuvent trouver en un endroit déterminétoutes les informations qui leur sont nécessaires pour comprendre le problème que le mondedoit résoudre s'il veut se libérer des angoisses, des incertitudes et de l'instabilité actuelles, onpeut dire que les objectifs de l'UNESCO deviennent plus accessibles.

AVEC LA JEUNESSE HOLLANDAISE

dans la ville natale de Rembrandt

LE dimanche 6 novembre, M. J. TorresBodet, di : : ecteur général de lUnesco,était reçu par le Recteur et par le

Conseil de l'Université de Leyde. Dansla grande salle de cette vénérable uni-versité, devait se dérouler la séancesolennelle de clôture du Congrès quel'Association des étudiants hollandaispour l'étude des problèmes relatif. s aux

Nations Unies et au Fédéralhme avaitconvoqué en vue de p : : éciser les grandesquestions que soulève la IX,, ; arationuniverselle des Droits de l'Homme.

Cette Association, vieille de deux ans,comporte cinq sections qui correspon-dent aux cinq grandes universités hol-landaises : celles d'Amsterdam, deLeyde, d'Utrecht, de Delft et de Rot-terdam. Dans chacune de ces universi-tés, les membres de l'Association segroupent, selon leurs références, pourétudier des questions telles que cellesqui ont trait à l'enseignement, auxNations Unies et au fédéralisme, auxDroits de l'Homme, enfin aux aspectséconomiques des problèmes mondiauxcontemporains.

L'Association compte déjà 500 mem-bres, soit une centaine dans chaqueuniversité ; 10 % environ font desjeunes filles qui participent avec en-thousiasme à tous les travaux de l'As-sociation.

Depuis qu'il a été fondé par 20 étu-diants le 29 novembre 1947, ce mou-vement a déjà tenu trois congrès, l'unconsacré au Bénélux, à Amsterdam, en-1948, l'autre au plan Marshall, à Rot-terdam, et un troisième au problème

allemand, à Leyde. En outre, l'Asso-ciation fait paraître une revue men-suelle intitulée"Orbis Terrarum"àlaquelle collaborent des professeurs etdes étudiants des cinq universités, etqui reflètent différents points de vue.Cette levue donne des informationsur le mouvement des étudiants et surtous les congrès internationaux.

Pour donner une idée de l'impor-tance de ce mouvement, il suffit d'in-diquer que c'est en grande partie grâceà l'Association des étudiants hollandaisqu'il a été possible de réunir, à la find'août de cette année, un congrès fédé-raliste mondial auquel assistaient plusde 240 délégués étrangers. L'Associa-tion est, en outre, en relations avec leMouvement international S M. U. N. etavec la Jeunesse fédéraliste mondiale.

Le Congrès de Leyde, pour l'étude dela Déclaration universelle des D : : oitsde l'Homme, s'est tenu sous la prési-dence du professeur Rypperda, de laFaculté de Droit de Leyde. Quatrecommissions (philosophie, sciences juri-diques, sciences sociales et économiqueset éducation) furent constituées AuComité d'honneur du Congrès sié-geaient, avec le ministre des Affairessociales, treize professeurs de l'Uni.versité.

Pour clôturer les manifestations offi-cielles, M. Jaime Torres Bodet et sescollaborateurs furent reçus à la SociétéMinerva, club qui groupe l'immensemajorité des étudiants de l'Universitéde Leyde, au cours d'un banquet pré-sidé par le Dr B. A. Van'Gormingen,recteur de l'Université.

Le Le<&lt; Courrier de l'Unesco « est une publication périodique internationaleconsacrée aux travaux de l'UNESCO et au progrès de l'éducation, de la scienceet de la culture dans lie monde.

Jusqu'ici, le service de notre journal a été fait gratuitement à certainespersonnes. Afin de pouvoir atteindre un public pms étendu dans les quelquecinquante pays où il est distribué et d'où il reçoit ses informations, le « Courrier >&gt;demande à ses lecteurs un geste qui leur coûtera plus d'efforts que d'argent.

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Agraciada 1875, Montevideo.U. S. A. : International Documents Service, Columbia University Presse, 2960 Broadway,

New York 27, N. Y.

Au cours de la réception offerte à l'occasion de l'inauguration d'une Expositionde l'UNESCO au Musée municipal d'Amsterdam, M. Torres Bodet s'entretient avec) e"burgemeester * de ta capitale hollandaise, Her Amold 1. d'Ailly. La Hollandeest le premier pays à recevoir cette Exposition que l'UNESCO a préparée à l'inten-tion de ses Etats membres et dont le but est d'illustrer la diversité des tâches

de l'Organisation et de son action pacifique dans le monde.

L'UNESCO : Une chaîne des hommes

de bonne volonté

Voici quelques extraits du diseours prononcé par M. Torres Bodet à l'Univer-sité de Leyde :

LA Hollande du xvne siècle n'avaitpas été seulement le symbole de l'in-dépendance nationale. Elle avait été

surtout le refuge des persécutés, une sortede paradis de la tolérance, de la libertéIntellectuelle et religieuse. C'est chez vousque Descartes et Spinoza purent composerleurs oeuvres avec une sécurité que nulautre lieu ne leur o1fralt. C'est votre goütprofond de la pensée libre oui fit fieurlrles grandes universités qui, de Juste LipseA Scallger ouA Saumalse, attlrérent tantd'humanistes. C'est lui aussi qui développal'imprimerie et presque aussitôt 1, ;, pressed'information. C'est lui ennn qui inspiraHugo Grotius. quand l'illustre juristeIntroduisit le libéralisme dans le droit desgens, et lorsqu'il voulut que la liberté deconscience fùt garantie, que la guerre res-pectât les lois de l'humanité, que les peu-ples vaincus conservassent leur libertépersonnelle et territoriale. H n'éttUt pasjusqu'à l'art de vos peintres qui, dans sasincérité, n'exprimât la liberté hollan-daise. Comment s'étonner que dans l'his-toire des Droits de l'Homme votre paysoccupe une place éminente entre toutes ?

On parle *de justice, de paix, deliberté comme s'U s'agissait de ccmcept ?abstraits, et c'est alors. peut-être qu'onne trouve personne pour les défendre.Mais en vérité, ces mots ne font que tra-dulre 1.. dur travail des hommes, et repré-sentent l'état actuel de leur oeuvre, Cetteliste de droits que nous avons solennel-lement dressée, elle est chargée d'histoire.Les libertés dont nous jouissons, et cellesqui nous semblent les plus <&lt; naturelles >,nous les devons à ceux qui nous ont pré-cédés. Et pas un peuple, pas une race n'apassé les mains vides.

t Usai sommes-nous tenus de regarderce texte comme un résumé de ce quel'histoire universelle nous a laissé de

plus fécond ; et c'est le temps d'une lon-gue série de tragédies. Non, la nature nenous a octroyé aucun droit ; elle ne propo-sait que des obstacles à surmonter.

La situation n'est Ignorée de personne.Voici ces maillions d'hommes et de femmespour qui Il n'y'B.'Pas de justice, pas detolérance, pas d'égalité. Volet, sur tousles continents, ces millions qui végètenten ce moment, dans la peur, dans la mi-sère, dans l'ignorance. D'un côté bien sur11 y a notre connalssance des Droits del'Homme, mais de l'autre ces masses quin'ont jamais entendu parler de droits, estqui ne pourraient même pas en déchiffrerles noms si on les leur montrait.

Combattre l'ignorance des

lettrés, les préjugés des civilisés il

Q. E conclure sinon qu'il faut redoubler1 d'efforts, et que toute campagne pour

lie3 Droits de l'Homme se ramène àl'oeuvre immense de l'éducation ? Faireconnaître les droits, en faire comprendrele sens, dans bien des cas c'est commen-cer par lutter contre l'analphabétisme etla mlsére sou. s toutes ses formes. C'estaussi combattre l'ignorance des lettres. lespréjugés des civilisés. C'ests ces tâches-là que correspond la mission de l'Unesco.

Que les citoyens de demain aient ounon le sens de la justice, qu'11s respectentou méprirent la liberté de leurs frères,cela dépend de l'école d'aujourd'hui. Le'professeur est toujours un professeur deDroits de l'Homme : en un tel programmeil n'existe pas de. spécla ; lltés'. 61 l'hm-torien ou l'helléniste semblent avoir iciune tâche plus immédiate, vous savez bienque toutes les autres disciplines se ramè-nent à l'homme, et par conséquent à sesdroits et à ses obligations. Quel que soitle champ de vos études, messieurs, vousaurez à former des esprits : faites qu'ilsapprennent à penser honnêtement et lar-gement, à la mesure du monde uni désor-mais et solidaire. Les sciences, les lettres,les arts, que tout vous serve à préparer deshommes libres.

ÉLEVER DANS LES ESPRITS DES HOMMES

LES DÉFENSES DE LA PAIN,

A l'occasion de l'inauguration de l'Exposition de l'UNESCO au Musée munici-pal d'Amsterdam, M. Torres Bodet a déclaré notamment :

LE monde où nous vivons est plein ded j difficultés inextricables. H grandit plusvite qu'il ne s'organise, n se com-

plique plus vite qu'il ne s'ordonne. Cha-que jour qui passe ajoute à sa populationun nouveau contingent d'êtres humains.mais la surface du sol cultivable et lenombre des salles de classe sont loin des'accroître d'autant. Les épidémies, la fa-mine, la misère, l'ignorance, l'oppression.sont des maux chroniques, 51 habituels.si communs, si fortement enracinés et de-puis si longtemps, que la plupart ont finipar les regarder comme des conditionsordinaires de l'existence humaine. Certes.on les déplore, mais comme on déplore lesdésastres causés par des phénomènes natu-rels : sécheresse ou raz-de-marée. On n'apas l'impression d'en être responsable et

il semble inutile de rien tenter pour enatténuer la malfaisance.

. n n'en va pas de même pour la guerre,dont les peuples n'ont pas su écarter lamenace renaissante, et dont 1e spectrehante iL la fois leur souvenir et leurappréhension. Cette fois, l'homme ne peutse dissimuler qu'il est l'artisan de la catas-trophe qui risque de le broyer. n se saltà l'origine des coups qui le frapperont ence nouveau malheur, où sa vie même esten jeu. Aussi presse-t-il 1es gouvernementsde faire quelque chose pour en empêcherle retour.

. Vous savez qu'entre autres tentatives,la création de l'Unesco a répondu à cettepréoxupation. Ceux qui l'ont fondée luidonnèrent en effet pour but d'élever dansles esprits des hommes les défenses de lapaix..

"5/fou veux la Paix, prépare les conscience"

A la séance d'ouverture de la Conférence annuelle'de la Commission natio-nale hollandaise, au Palais de la Paix, à La Haye, le Directeur général del'UNESCO déclarait :

IL y a juste un demi-siècle. l'érectiont de ce Palais fut décidée par la pre-mière Conférence de la Paix. tenue à

La Haye. en 1899. 6a construction futune oeuvre de solidarité : y participèrenttous les Etats représentés à la Conférence.Moins d'un an après son inauguration.éclatait pourtant la première guerre mon-diale. Voici qu'après une seconde guerre.dans une si brève période, le Palas dela Paix est redevenu le centre juridiquele plus important.

Les fondements qu'un tel centre en-tend donner à 1& paix. : c 81 tu veux la

paix. prépare la justice. marquent untrès grand progrès sur le principe tradi-t ! onnel de la force. Mais ce demi-siècled'histoire, quand on l'évoque à l'intérieurde ce Palais, nous donne à penser quela loi de justice est peut-être insuffisants,si elle ne présuppose un accord plus pro-fond, l'accord des esprits sincèrement ga-gnès iL 1a paix et plaçant celle-ci au-des-sus de tous les intérêts. Si bien que nousserions tenrtés d'ajouter à présent : c Situ veux la paix. prépare les consciences *.

Telle est la raison d'être de l'UNESCO...

Les humanistes dressent

des barricades centre

la.. CIVILISATION

UN MONDE

SANS FOLKLORE

sera-t-il le H MEILLEUR DES MONDES ?"

par le Dr Alfred METRAUX

Pipes sculptés par les Indiens de laColombie canadienne.

(Collection du Musée de l'Homme, Paris.)

; TT E mois dernier, une commissiond'experts s'est réunie à la Mai-son de l'Unesco pour discuterde la part que notre Organisa-tion pourrait assumer dans les

tentatives faites par de nombreux pays<&lt; pour sauver et développer les artspopulaires >&gt;.

Sous ce terme, on n'entend pas seu-lement les manifestations esthétiquescollectives dans les civilisations où ilexiste un <&lt; Grand Art » à caractèreconscient et individualiste, mais aussitoutes les expressions artistiques descultures dites « primitives >.

Les nombreux problèmes que soulè-vent le arts populaires dans un uni-vers qui tend vers l'uniformité ne pou-vaient être négligés par l'Unesco.L'éducation de base, c'est-à-dire lerelèvement du niveau de vie dans lespays économiquement arriérés, est undes propos essentiels de l'Unesco, celuiqui su : : ciste le plus d'espoirs de par lemonde. Or, les peuples qui ont le plusbesoin d'aide sont souvent ceux chezqui les arts populaires continuent àfleurit. Le succès même d'un projetd'éducation de base risque de mettreen péril toute une tradition artistiqueassociée à des ucages et à des croyan-ces voués à la disparition. Dans untrès grand nombre de cultures, ies artstraditionnels sont en pleine décadence.Là où la civilisation industrielle s'estfortement implantée, la productionstandardisée et à bon marché détruitl'artisanat.

Les niasses ont trop de besoins nou-veaux à satisfaire pour accorder commejadis du prix à'des objets dont laconfection exige un labeur patient.D'ailleurs, la grande industrie, en arra-chant les hommes à leur terroir, acontribué à leur faire perdre le goûtdes objets et des distractions typiquesde leur lieu d'origine. Le nivellementsocial et la popularisation de laculture ont été également des facteurspuissants de la dégénérescence et del'oubli des arts populaires.

Dans les pays exotiques où exis-taient encore des arts de haute classe,leur déclin a été la conséquence près-que inéluctable de leur contact avecnotre civilisation. Ces arts étaient leproduit d'une culture déterminée etrépondaient à des besoins précis. Là oùils étaient associés à la vie religieuse,ils ont disparu avec la croyance auxanciens dieux. Les techniques nou-velles que les peuples exotiques ont,adoptées avidement tout en facilitantle travail ont eu une action néfaste surla beauté des formes et la perfectiondans l'exécution qui caractérise lesproduits anciens.

Une des causes les plus fréquentesde l'abandon des arts populaires tientcependant à des facteurs psychologi-

ques que l'on désigne communémentsous le nom de « complexe d'infério-rité a.

Dans beaucoup de sociétés, on a ten-dance à considérer la pratique desarts populaires traditionnels commeun stigmate qui les met au rang despeuples arriérés ou barbares. Sur cepoint, les membres de la commissiond'experts ont apporté des témoignagesnombreux et concordants. Dans lemonde entier, les groupes qui com-mencent à s'assimiler à notre civilisa-tion rejettent toutes les expressionsesthétiques qui faisaient leur joie etleur orgueil il y a à peine quelquesannées. A titre d'exemple, je pourraiciter Haïti où les danses et les chantsdu Vaudou sont proscrits par l'élite etcondamnés comme des restes de bar-barie. Ils se perdent dans la mesure oùles classes populaires s'identifient à labourgeoisie. L'effort de ceux qui cher-chent à conserver une tradition artis-tique devra donc viser à dissiper cesentiment d'infériorité et à convaincreceux qui cultivent encore des arts po-pulaires que les formes du beau sontmultiples et que loin d'être mépriséspour vouloir maintenir leurs traditions.ils n'en seront que plus estimés.

Malheureusement, il ne suffit pasd'exhorations pour sauver l'intégritédes arts populaires. Expressions vivan-tes des cultures, ils représentent une« réalité vivante et changeant)). Vou-loir les maintenir tels quels alors quela culture se modifie, c'est contrecarrerles voeux mêmes d'une société et con-damner ces arts à un archaïsme arti-ficiel et stérile. Ce danger est loin

Tête en bronze de Bénin, capitale d'un ancienroyaume noir, située près de l'embouchuredu Niger. La population de ce royaume, dontles premiers contacts avec les Européensremontent à la lin du XV'siècle. a créél'une des civilisations les plus remarquables

de l'Afrique.(Collection Charles Ratton. Paris.)

d'être imaginaire. La pression qui a étéfaite sur des groupes indiens en Amé-rique pour leur faire retenir des formeset des motifs anciens a abouti à unart de pacotille, dénué de vigueur etde tout intérêt. Lorsque les conditionsqui ont favorisé l'éclosion de manifes-tations artistiques disparaissent, il estpuéril de vouloir en perpétuer le sou-venir indéfiniment.

D'ailleurs, la Commission d'experts afort heureusement souligné « que'l'atti-tude vis-à-vis des arts populaires nedoit pas être celle de l'archéologuegardien du passé, mais bien celle d'unsociologue qui enregistre les formesmouvantes d'un état social et chercheà deviner l'avenir K.

Cne culture unique perdraitt'avantage des efforts divers

CE serait cependant une erreur queN de se désintéresser entièrementdu destin des arts populairessous prétexte d'éviter des inter-

ventions malheureuses. Les produc-teurs d'objets d'art se trouvent faireface à des conditions nouvelles et ontbesoin d'être aidés. Ils ne s'adressentplus au même public que par le passéet ils doivent satisfaire des goûts dif-férents. Ils ont donc besoin d'être ren-seignés sur les exigences de leur nou-velle clientèle et d'être protégés contretoute tentative d'exploitation. Tropsouvent un art jadis vigoureux dégé-nère pour flatter la vulgarité des ache-teurs. En de tels cas, il faut amener lepublic à mieux comprendre et à mieuxaimer des formes autres que cellesauxquelles il est habitué. Il existe mal-

'Siège sculpté du Dahomey. Pays fortementhiérarchisé, comprenant des ministres, desfonctionnaires, une armée composée d'hommeset d'amazones, le Dahomey a : été une tene

d'élection pour les arts populaires.(Collection du Musée de l'Homme, Paris)

1êtes sculptées, avants de pirogues, trouvéesdans les îles Salomon. Dans ces régions,comme dans beaucoup d'autres îles de laMélanésie, une des formes les plus caracté-ristiques de l'organisation sociale est late société secrète N. D'où cet art du masque.puis de la tête sculptée qui s'y est développé.

(Collection du Musée de l'Homme, Paris.)

heureusement un préjugé qui veut queles arts soient hiérarchisés. Le résultatd'une telle conception est qu'ils jouis-sent automatiquement d'une estimeplus ou moins grande selon la catégo-rie dans laquelle ils ont été arbitraire-ment rangés.

Aucune culture, pour complexe etbrillante qu'elle soit, ne peut réalisertoutes les possibilités offertes àl'homme. Chacune d'entre elles se spé-cialise dans un ou plusieurs champsd'activités qu'elle s'efforce de po : : ter àla perfection. Une culture unique.englobant l'univers entier, perdraitl'avantage des efforts divers quechaque culture poursuit pour sonpropre compte.

D'autres raisons plus humbles mili-tent en faveur de la préservation desarts populaires. Ils expriment la per-sonna1ité culturelle d'une wClété etsont souvent un élément de cohésionsociale. Leur disparition est pour beau-

coup dans l'état de prostration et dedémoralisation où se trouvent de nom-breux groupes indigènes.

Ern bien des cas, la pratique des artspopulaires revêt un aspect économiquequi est loin d'être négligeable. Beau-coup de populations non industriali-sées sont incapables, faute de moyens.d'obtenir des produits qui améliore-

Statue du roi Ghézo, du Dahomey. Ceroyaume de l'Afrique occidental. déjà puis-sant au début du XVIIIe siècle, connut unepériode de prospérité extrêmement favorableaux arts sous le long règne de Ghézo, de

1818 à 1858.(Collection du Musée de l'Homme. Paris.)

raient leurs conditions d'existence. Orles arts populaires peuvent contribuprde façon très directe à rehausser leniveau de vie de nombreuses sociétés.L'histoire récente des Indiens Navahoen est un bon exemple. La renaissanceet le développement de l'orfèvrerie etdu tissage chez cette tribu ont aidé àrétablir son économie qui était fortcompromise. Mais un tel résultat nepeut s'obtenir que si l'on considère avecsoin le problème posé par les débouchéslocaux ou extérieurs. Trop souvent, ona suscité des efforts et des bonnesvolontés qni ont été ensuite déçus etdécouragés.

Quel rôle l'Unesco peut-elle jouerpour sauver l'héritage artistique desmultiples sociétés en voie de transfor-mation ? L'Institut international deCoopération intellectuelle s'était déjàposé la même question et avait orga-nisé une vaste enquête pour y répondre.

Condamnation du dirigislllc

LA solution du problème immédiatt. appartient naturellement à chaquepays, mais l'Unesco peut guiderles efforts dispersés qui se font

dans ce sens. Tout d'abord, elle peutdresser un bilan de l'état actuel desarts populaires dans le monde. Lescampagnes d'éducation de base dontl'Unesco s'est faite l'animatrice, se pro-posent de faire une part très large auxmanifestations artistiques populaireset de les utiliser dans la mesure dupossible pour rendre plus attrayants etplus accessibles les conseils et les in-novations qu'elles apportent aux popu-lations déshéritées.

La Commission des experts a égale-ment recommandé que l'on fît appel àun certain nombre de spécialistes de laquestion pour que chacun traitât dansun livre d'ensemble un des problèmesqui se sont présentés à lui.

Comme la Commission l'a rappelédans son rapport, « le souci du présentdoit s'accompagner d'une volonté depréserver le souvenir des manifesta-tions artistiques en voie de dispari-tion >&gt;. Beaucoup de sociétés fontaujourd'hui fi des expressions de leurart, mais un jour viendra où elles sepencheront sur leur passé et regrette-ront la disparition de ces oeuvresqu'elles méprisent temporairement. IlincombP à ceux qui comprennent lavaleur de ces traditions de les recueil-lir à temps. Les descendants des icono-clastes du présent leur en sauront gré.

Un des résultats les plus frappantsde cette réunion d'experts internatio-naux est l'unanimité avec laquelle ellea condamné tout dirigirme artistique.Elle a proclamé la liberté de l'artistequels que soient sa race ou son biveaude culture. Par souci de cette liberté,elle s'est élevée contre ceux qui, pleinsde bonnes intentions, tendent à accor-der aux arts une protection excessive,cas un « style qui est trop protégé dudehors se stérilise et disparaît x. C'estsur cet avertissement que se terminele rapport de la Commission. Nul douteque grâce aux efforts futurs de l'Unescole message ne soit entendu et ne porteses fruits.

LE COURRIER De L'UNESCO-Page 4

Que peut faire l'Unesco pour contribuer à sauvegarderl'effort authentique de chaque culture, sans pourcela donner dans l'absurdité d'une lutte stérile et

vaine contre le progrès, la modernisation, l'améliorationdes conditions matérielles de vie, l'émancipation pro-gressive des peuples ? Telle est la question qu'ont discutée,du 14 au 18 novembre, des savants de huit pays réunis à laMaison de l'UNESCO.

Ces experts ont été convoqués pour examiner les résul-tats d'une enquête menée par l'Unesco sur l'étude com-parée des diverses cultures, et les problèmes qui y sontliés.

L'enquête a été commencée en mai 1948 et s'est pour-suivie jusqu'à présent. Quatre-vingts personnes, d'unecompétence reconnue, ont répondu à l'enquête en don-nant leur point de vue sur la question.

Dans le rapport qu'ils ont présenté en commun, àl'issue de leurs travaux, les experts, comme les auteursde l'enquête eux-mêmes, se sont en particulier préoccu-pés de la situation des peuples qui ont récemment acquisleur indépendance, tels que les Philippines, l'Inde, lePakistan, la Birmanie et Israël, et de celle des peuples« qui évoluent rapidement vers un état d'indépendanceet d'autonomie.» D'éminents"Africanistes",-parmi les-quels il importe de citer le nom du Professeur Griaule-ont tenu à ce propos à souligner l'importance des civili-sations noires. En ce qui concerne ces peuples, le comitérecommande à l'Organisation « de les aider à étudier età comprendre leur propre passé, à préserver les monu-ments de leur patrimoine historique et à répandre par-mi tous les peuples du monde la connaissance et lerespect de leurs cultures. »

Nous avons demandé à M. Jean-Jacques Mayoux, ancienDirecteur de l'Institut de Coopération Intellectuelle,à qui l'UNESCO a confié le soin de mener son enquêtesur l'inter-action des civilisations, de situer pour noslecteurs le stade de ces études et l'importance de leur rðlefutur.

Dans le cadre d'une vaste étude comparée des

cultures, l'UNESCO appelle les civilisations

d'Orient, d'Afrique et d'Amérique latine à

'témoigner sur elles-mêmes.

Il. n'y a pas de domaine oùl'Unesco se trouve en pré-sence de telles difficultés deprincipe, que dans-celui de

la culture.D'une part, la diversité cul-

turelle est un fait vieux commeTe monde. Appuyée sur l'espritde clan, sur tous les instinctsde troupeau qui sont encore ennous, manifestée par les lan-gues et par toutes les attitudes,elle previent la communication,favorise les incompréhensions,retarde les rapprochementsentre les peuples.

D'autre part, nous nous trou-vons en présence de forcesénormes d'uniformité et de ni-vellement, celles de la civilisa-tion technique de l'Occident,qui pénètrent actuellement etpulvérisent les civilisations tra-ditionnelles et plus ou moinsimmobiles du monde entier,dont certaines sont attardées àun stade très ancien. Un peu-ple à peine surgi des tempshomériques entend la radio, voitles avions passer dans le ciel,se trouve encerclé par le machi-nisme. Il se voit ou se croit mé-prisé et participe à ce méprisde lui-même. Il a honte. Ilaboutit rapidement au complexed'infériorité. Dès que possible,il se recouvre du vernIS de ceque d'après les autres il appellela civilisation, et renie de sonpropre passé, pêle-mêle, lemauvais et le bon, ses textiles,ses danses, ses arts. Il estimeavoir droit à un plein avenir dechanement ; à notre avenird'occidentaux et on ne sauraitlui vanter les mérites de cequ'il est en train de perdre. Ilpenserait qu'on essaie, simple-ment, de l'empêcher d'acquérirce qu'il n'a pas.

Respecter la diversité

Non seulement il s'agit là,et pour les peuples encause et pour l'humanité

entière, d'une énorme perte devaleurs irremplaçables, mais onne peut même pas penser quela compréhension entre les peu-ples est favorisée par le nouvelétat de choses. La perte oul'abandon-fût-il volon-taire >&gt;, c'est-à-dire la consé-quence d'un choix, mais u'unchoix mal réfléchi-d'une an-cienne culture s'accompagne aumoins d'un déséquilibre quiprépare bien des tensions pouravenir.

Comment une OrganisationInternationale comme l'Unescopeut-elle intervenir dans un do-maine où se déroulent à unrythme accéléré des catastro-phes silencieuses ? L'Unesco estengagée par sa constitution à<&lt; respecter la diversité >&gt;. Prisà la lettre, cela signifieraits'abstenir de tous échanges. Carles cultures sont vases commu-nicants. Les prestiges de l'Occi-dent habilleront le'monde en-tier, physiquement, intellectuel-lement, moralement, en completveston. Ce n'est pas seulement

notre goût du pittoresque quien souffrira.

S'abstenir est Te contraired'une solution : fi faut donc. etc'est là le véritable devoir inter-national, préparer et combinezles échanges de fa-çon à fortifier et nonpoint à anéantir lescultures humbleli,humiliées plutôt à ; àles enrichis, et àleur permettre d'en-richir les superbes.

On peut toutd'abord concevoir lepropre de chaqueculture comme unepartie du trésor deshommes, à préser-ver comme connais-sance, m ê m e s'ildoit cesser, tempo-rairement ou pourtoujours, d'être ex-périence vécue. Deséquipes innombra-bles de chercheursa_------------doivent dès lors, sur tous lespoints du globe, s'affairer à larecherche du passé ou à la no-tation de ce qui se passe : tousles symboles expressifs despeuples depuis les pierres gra-vées jusqu'aux vocabulaires. Lafragmentation actuelle de l'hu-manité en nations, dotées demoyens inégaux et qui ne cor-respondent pas toujours à leursresponsabilités, ne favorise pasl'accomplissement méthodiqueet exhaustif de cette collecte oul'étude de ses résultats. Actuel-lement, l'Unesco annonce dansce domaine la conscience uni-verselle du monde de demaindont elle prépare l'héritage. Elles'est mise déjà en contact avecles Africanistes et les América-nistes, elle devra se mettre enrapport demain avec les Océa-nistes, avec les chercheurs aus-si des grandes républiquesd'Asie, pour déterminer aveceux les moyens de préserver letrésor des civilisations.

Solidarité des temps,

des peuples

et des cultures

LE préserver, c'est oeuvre demusée. Musée qui doit êtrepartout, dont, sous forme

de documents de toutes sortes,écrits, archives photographi-ques, disques, déjà l'Unescos'occupe de rassembler les élé-ments, et qui doit circuler lar-lement entre les hommes. Acôte des documents scientifi-ques, de ces énormes Monu-menta de la race humaine, dontla collection s'impose, il fautprévoir une présentation syn-thétique, affirmative, qui necraigne pas de mettre l'accentsur la solidarité de tous lestemps, de tous les peuples, detoutes les cultures. SI l'Unescoprévoit une lIistofre du D'ét'e-toppement. ScienUflque et Cul-

turel de l'llumanité, c'est bienpour retrouver et pour mettreen évidence la structure com-pliquée de cette création conti-nue, à laquelle tous les pays ontparticipe, et par où l'homme atransformé pratiquement sesconditions de vie et son milieu,intellectuellement ou spirituel-lement, sa compréhension delui-même et de l'univers. Il v ades évidences : notre scienceest d'origine arabe, aussi bien

par

Jean-Jacques MAYOUX

que grecque, nos techniquessont souvent d'origine chinoise,notre agriculture doit. beaucoupaux Indiens d'Amérique, notrepenser religieuse ou philoso-phrque est nourrie d'influenceorientales, nos aris se sontrenouvelés au contact del'Afrique. Il faut creuser cesévidences, il faut rendre leurplein sens et leur pleine valeurà ces formes culturelles. Il fautles connaître pour les recon-naitre. Il faut que les empruntsne soient plus des l'ois : que sil'Occident emprunte il l'art noir

ses valeurs expressives, il ne tefasse pas en ignorant la culturenoire dont ces valeurs dépen-dent : ainsi renaîtra pour toutce qui n'est pas l'Occident, unedouble contlance dans lesautres d'abord, - autres >&gt;d'abord,-ensuite et surtout,en soi-même.

Nous avons appele dans cetteenquête prélimmaire quelquescivilisations à témoigner surelles-mêmes : Inde, Indochine.Indonésie, Chine, Japon, Afrique.

Nous avons voulu ajoutesà ce tableau des civilisationsanciennes celui de quelques ci-vilisations neuves, encore trèsmouvantes, que nous avonspensé trouver en Amériquelatine. Il va de soi qu'aucun destextes que nous avons rassem-blés ne renverse les notions tra-ditionnelles, ne nous fait voirune Inde technologique, uneChine tendue vers l'efficience.Je pense, cependant, que per-sonne ne restera indiffèrent à laprésentation que fait un Zavalade la civilisation mexicaine, etde la réconciliation qu'elle aréussie entre ses élémentsindiens et ses fondements espa-gnols ; à l'analyse que fait unRomero de la situation de laphilosophie en Amérique latinpet. de la difficulté qu'elle a à

s'élever au-dessus du niveaupédagogique, ou au tableau quedonnent un Atreya, un Raju, del'humanité essentielle de la ci-vilisation indienne, à la passion-nante analyse du concept chi-nois de littérature par ShihHsiang-Chen, aux complexesdouloureux que révèlent noscollaborateurs indonésiens etjaponais.

Je m'arrête sur ce dernierpoint, des complexes. Il y aparmi les civilisations, les éter-nelles méconnues qui finissentpar s'abandonner elles-mêmes :Il v a les victimes de l'histoire.il y a les « incomprises ». Lesmalentendus d'origine culturelleont créé bien des tensions, quin'ont pas nui aux guerres...Malentendus entre l'islam etl'Occident, entre l'Islam etl'Inde, entre l'Occident etl'Orient tout entiers, entre ceuxqui se disent <&lt; civilisés >&gt; etceux qu'on a dits. <&lt; primitifs) ».Nous avons cherché en provo-quant ces présentations subjec-tives des cultures, à mettre aujour les espoirs et les périls.Une publication rassemblerasans doute les meilleurs de cesessais et rapprochera les plusséparées de ces cultures. Desexperts venus de dix pavs etde. quatre continents vont discu-ter à l'Unesco non pas sur desproblèmes académiques, maissur l'action à entreprendre, soit'dans le cadre de notre organi-sation, soit sous son Inspiration,partout au monde, pour les cul-tures dans leur précieuse va-riété, pour la civIlisation dansson indispensable unité.

« VADEMECUM ANNUEL"DES ÉDITEURS,.'

DES AUTEURS ET DES TRADUCTEURS

LA Bibliographie Internationale des traduc-tions, que l'Unesco doit faire paraîtreprochaInement, est, sous son aspect sé-vère. l'une des productions les plus

curieuses et les plus Intéressantes du Dépar-tement des Affaires culturelles. Trente paysreprésentant presque toutes les parties du globefigurent à ce répertoire des traductions pour'l'année 1948, où sont énumérés 8. 500 titres d'ou-vrages en cinquante-cinq langues, dont certains.ont été traduits en vingt langues et plus.

Quels sont ces ouvrages ? Ls couvrent toutela gamme des activités humaines, ils vont dumanuel d'obstétrique (traduction de Lugandaen Swahell) au Livre des Morts thibétain (tra-duction de thibétain en allemand par l'intermé-diaire de l'anglais), des livres sur les enfants etpour les enfants jusqu'à des classiques extré-mement rares de l'antiquité (Inde, Grèce etPays ara. bes), des ouvrages philosophiques etreligieux de toutes les époques, des traitésd'histoire et de mathématiques, des biographieset des récits de voyage, des manliestes politi-ques, en un mot ce sont des livres de tous lespays et de tous les âges, sans en exclure leslivres à succès d'aujourd'hui.

Les sonnets de Louise Labéet de Michel-Ange

POUR composer l"Index Translationum,l'Unesco a eu recours à l'aide généreusede bibliothécaires, d'éditeurs, d'institutions

d'enseignement et de particuliers de tous pays.n en est résulté un tableau d'ensemble deslivres, grands et petits, qui. grâce à la traduc-tion, content à nouveau une histoire, exposentdes vérités scientifiques, ou alimentent les dis-cussions et les controverses au delà des limitesde la région linguistique où ils ont vu le jour.Les Mille-et-une nuits, les Con EH de Hans,Christian Andersen et des frères Grimm, les ro-mans de Dsotoïevski et de DicKens. les Sonnetsde Louise Labé et de Michel-Ange, viennentainsi parler à l'imagination des lecteurs jusquedans les régions les plus éloignées de celles oùUs ont été écrits.

Pour nombre de raisons, il importe qu'un telrépertoire soit établi régulièrement et qu'il soitaussi complet que possible. Les Nations Unies,par la voix de l'Assemblée générale et du Con-sell économique et social, ont exprimé laconviction que les traductions constituent unfacteur précieux de compréhension entre lesdifférents peuples comme entre les différentséléments linguistiques d'un même pays.L'Unesco a été chargée d'encourager les traduc-tions et elle s'est déjà préoccupée d'améliorerla qualité et d'augmenter la quantité des tra-

ductions, afin qu'il soit possible de détermineret de combler, en an de compte, les principaleslacunes existantes. Grâce à l'Index Translatio-num, les éditeurs pourront connaître les caté-gortes de livres qui sont traduits dans les dif-férentes réglons, les traducteurs pourrontmesurer le champ qui s'ouvre à leur activité etles auteurs se rendront compte des débouchésqui s'offrent à eux hors de leur pays.

ta Chine, l'Inde et l'U. R. S. S.ne figurent pas à l'index

L'IDEE d'une Bibliographie internationaledes traductions a été mise en pratiquepour la première fois au temps de l'Ins-

titut de Coopération intellectuelle de la Sociétédes Nations : de 19J2 a 1940. un Bulletin tri-mestriel a publié la liste des traductions parais-sant, au début dans six. à la fin dans quatorzepays. L'Unesco a l'avantage, grâce à ses EtatsMembres et à leurs Commissions nationales, detoucher un plus grand nombre de pays. elle amême pu dresser une liste-pas toujours com-plète, il est vrai-des traductions publléesdans plusieurs pays qui ne sont pas membresde l'Unesco. Et pourtant trenie pays (dontquatre ont signalé qu'aucune traduction n'avaitété publlée chez eux en 1948) ne représententqu'une faible proportion de ceux qui publientet diffusent des traductions. Trois des plusgrands pays du monde, où la traduction pré-sente des problèmes extrêmement complexes etqui, pour autant que nous le sachions, se sontsérieusement occupés des moyens de résoudreces problèmes, ne figurent pas encore à l'Index :ce sont la Chlne, l'Inde et l'Union soviétique.

Sous sa forme actuelle, l'Index Translationume divise en quatre parties : la partie princi-pale de l'ouvrage reproduit les bibliographiesnationales des différents pays. Dans le cadre dechaque bibliographie, les ouvrages sont classésen dix catégories, conformément au systèmeuniversel de classification décimale, ce qui faci-lite les recherches sur un sujet donné et, àl'intérieur de chaque catégorie, les ouvragessont disposés dans l'ordre alphabétique desnoms d'auteurs. A la fin. on trouve les mdexdes sauteurs, des traducteurs et des éditeurs,classés par ordre alphabétique.

Le premier volume de l'Index Translationum(nouvelle série) paraître sans doute avant lafin de 1949, La préparation du deuxième volume(traductions parues en 1949) est déjà comment-cée. il apparaît d'ores et déjà que ce deuxièmevolume sera plus important et portera surdavantage de pays que le premier qui lui set-vira de modèle.

Index

Translationumun

Page 5-LE COURRIER DE L'UNESCO

L'UNIVERSITE DE RENNES

victime de la guerre, accueille

solennellement le Directeur général

de l'UNESCO

"la guerre, environ 520 millions de francs, soit 7 %de son budget total. La Faculté des Sciences deRennes avait, quant à elle, reçu pour deux miel-lions de francs de matériel de laboratoire.

<&lt; Quelque modiques que soient ces chi8'res,déclaré encore M. Torres Bodet, leur significationa plus de grandeur. ils attestent que la solidaritéin. ellectue1Je et morale de l'humanité n'est pointdéfinitivement brisée ; qu'il est encore possible deressouder les fragments de la vaste banquise hu-maine en dérive. C'est dans ces perspectives quele travail accompli par l'Unesco acquiert toute saportée. Notre modeste part dans la réparation desdommages de guerre marque seulement une étapedans la construction d'un monde nouveau.

« Tel est le réseau de relations intellectueileset de services matériels que l'Unesco tisse patiem-ment de pays à pays, d'Université à Université,d'homme à homme, afin que chaque individu etchaque collectivité se rendent compte de l'unitéréelle du monde dans lequel ils vivent... >

La cité martyre

LUS de mille maisons ont été détruites, et. ungrand nombre de bâtiments universitaires'endommagés)), déclare M. Yves Milon, Doyenhonoraire de la Faculté des Sciences. « Les

nazis firent sauter, avec 40 tonnes d'explosifs, lepont qui se trouvait devant les nouveaux bâti-ments de la Faculté des Sciences. Nos salles dephysique, de chimie, de zoologie et de botaniqueont été ravagées par l'explosion. Parmi les collec-tions détruites, certaines-les collections d'his-toire naturelle en particulier-comptaient parmiles plus précieuses possessions de l'Université.

c L'Université de Rennes a dans son ressortsept départements du Nord-Ouest, dont la super-ficie to. ale est égale à celle de la Belgique : elleest la seule institution de ce genre dans la région.Il importe donc au plus haut point d'assurer lebon fonctionnement de cette Université.

<&lt; 25 commandes pour les laboratoires détruitsont été passées par le Département de la Recons-truction de l'Unesco : 22 auprès de fabricants oude fournisseurs français, et les trois autres en

LA COOPÉRATION SCIENTIFIQUE INTERNATIONAL

Du matériel

d'enseignement

technique

pour la Chine

L'UNRRA mis en train umprogramme d'aide à l'ensei-gnement techniques en Chine.

Ce programme, peu important parrapport aux autres activités del'UNRRA offrait néanmoins, pourl'achat de matériel d'enseignementtechnique, des ressources finan-cières très supérieures à cellesdont disposent normalement lespays peu évoluées.

Il prévoyait l'rachat de matérield'enseignement technique pourune valeur de 2 millions de dol-lars, représentant un poiàs totalde 720 tonnes environ, En novem-bre 1947, date à laquelle l'Unescofut chargée de poursuivre l'exécu-tion de ce programme, 85 % de cematériel avaient déjà été livrés àla Chine.

Ce matériel a été réparti entre35 universités ou écoles techni-ques chinoises, dont certaines sonttrès connues, comme t'instituttechnique Tangshan, et diversesautres institutions dépendant duministère des Communications, quiont déjà formé plusieurs généra-tions d'ingénieurs chinois. Chaqueétablissement a reçu en moyennepour 70. 000 dollars de matériel.Cette somme représente trois àquatre fois la valeur du matérieldont chaque établissement dispo-sait antérieurement.

C'est au moment de la Confé-rence de Mextco que l'Unesco aété chargée de poursuivre l'appli-cation du programme de l'UNRRA,

CENTRE DE

COOPÉRATION

SCIENTIFIQUE

A ISTAMBOUL

Au cours du mois de dé-cembre, le Poste deCoopération scientifique

de L'UNESCO pour le Proche-Orient, ouvrira un centre ré-gional en Turquie.

Le directeur de ce nouveaudemandes de renseignementsIstanboul, est M. le ProfesseurBatip Berker de l'Universitéd'istanboul (Istanbul Te1mikUniversitesi. Gumussuyu. Is-tanbul).

Le centre s occupera desdemandes de renseignements'que la Turquie adressait jus-qu 'ici

Fort heureusement, le chef duposte de coopération scientifiqued'estrême-Orient était, à cetteépoque, un ingénieur.

Au cours de 1948, les distribu-tions de matériel se sont poursui-vies sans interruption ; les fraisd'installation ont été couverts àl'aide des fonds dont disposaitl'UNllRA dans le pays. En août1948, 370 tonnes de matérielavaient été réparties entre diversétablissements et, en février 1949,130 tonnes seulement restaient adistribuer.

Les troubles politiques ont,depuis lors, gêné l'application duprogràmme et environ 80 tonnesde matériel ont été entreposéestemporairement à Taiwan (For-mose). Mais e'est Tti llell rie l"'osepar rapport au matériel affective-vement distribué : 15 % à peine.

Au cours de ces dernière.semaines, tout le matériel distri-bué a été mis en place, comme lemontrent les illustrations repré-sentant l'Université de Nankin,

Les clubs scientifiquesdans l'Inde

A foi profonde de Louis Pas-teur dans le triomphe ultimede la Science et de la Paix

sur l'ignorance et la guerre, dansla victoire de l'esprit de com-préhension constructive entre lespeuples sur l'esprit de destruc-tion, inspire les nombreux Clubsscientifiques qui se multiplientdans l'Inde.

En 1944. 11 n'existait dansl'Inde qu'un seul club scienti-fique, dans une école secondaire.Depuis cette date, les ministresde l'Education des différentes pro-vinces se sont intéressés aux clubsscientifique, qui n'ont cessé dese multiplier. En 1945, il existait,pour l'ensemble des écoles secon-daires indiennes. 50 clubs scien-tifiques ; en 1947, ce nombre étaitde 310 ; en 1948, de 340 ; à l'heureactuelle, il est évalué à 400 envi-ron. Si l'on excepte les Etats-Unisd'Amérique, où il existe actuelle-ment 16. 000 clubs scientifiques.dans quel autre pays ces clubssont-ils aussi nombreux ?

L'Unesco patronne

un concours

de rédactions

LE Dr. William J. Ellis, direc-teur du poste de Coopérationde l'Unesco à Manille, a orga

nisé, sous le patronage del'Unesco, un concours national derédactions.

Le sujet du concours est le sui-rant : c Comment, à votre avis,la science et ses applications peu-vent-elles contribuer au dévelop-pement des Philippines ? » Les

d'unc université Ou d'une écoledcs Philippine. Il leur est recom-mandé de tenir compte des besoinsgénéraux de leur pays pour déter

Dans le monde entier, les péda-gogues signalent chez leurs élèvesun penchant caractéristique pourles sciences exactes. Cette curio-sité, que veut encourager la Divi-sion de la Vulgarisation scientin-que de l'UNESCO, se manifesteàun âge très tendre, chez des en-fants de moins de dix ans... « J'aiconstaté, déclare Mlle Magret deWolf Tulloch, directrice du muséedes Enfants de Brooklyn, que lesenfants s'intéressent aux sciencesavant tout le reste. >&gt; Au musée desEnfants de Brooklyn, des clubsscientifiques ont été organisés pourdes bambins de moins de dix ans(v. ci-contre : <&lt; Clubs scientitiquesdans l'Inde >&gt;). Au musée deBrooklyn, des cours sont donnéstous les samedis matin aux enfantsqui ne vont pas encore à l'école ouaux enfants à oui l'heure des courspermettra de se rendre au muséeavant leurs classes. Notre photomontre trois jeunes écoliers visitantl'Observatoire de la Marine, àWashington. L'un d'eux découvreavec un intérêt que rien ne peutdistraire... le monde, à travers unelentille de 26". Cette curiositéscientifique est caractéristique nonseulement de la jeunesse des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et dela France, mais aussi de celle despays insuffisamment développés.

Pour obtenir des renseignementssur le programme de Vulgarisationscientifique de l'UNESCO. on est tprié d'écrire directement au serviceintéressé, au siège de l'UNESCO,19, avenue Kléber, Paris

La poule a (toujours eu) son mystère et l'oeuf son secret. Les escho-liers se posaient jadis la question : à qui faut-il reconnaître l'antérioritéontologique. à la poule ou à l'oeuf ? La poule est-elle une cause ou uneffet ? A tout événement. elle est un curieux phénomène (v. ci-dessus)que les Américains ont voulu rendre intelligible au public de leurs expo-sitions agricoles. Et pour ce faire, une poule géante a été fabriqué, quis'explique à corps ouvert (doublage anglais sur disque) et qui exposeaux paysans combien il lui faut de blé, de sels minéraux et d'énergiepour pondre un oeuf.

miner la meilleure utilisation qu'i !est possible de faire des res-sources de la science et de la tech-nique, sans négliger le rðle de lacollaboration scientifique interna-tionale.

Ce Ce concours est doté de deuxprix : le premier prix est de 100dollars et le second prix de 50 dol-lars. Ces sommes doivent servir àl'achat de livres. Les latlTéatsseront priés d'indiquer, pat ordredo référence, les livres qu'ilsdésirent. L'Unesco se chargera deles leur fournir.

Nouveaux prix

destinés à récompenser

les écrivains

scientifiques

"C'EST par des écrits scienti-fiques clairs et frappantsque l'on développera dans

le public non seulement la con-naissance et la compréhension desprogrès scientifiques, mais encorel'Intégrité intellectuelle et leshabitudes de penaée propres auxavants. Seule, une populationpourvue de ces qualités pourra

créer une civilisation féconde etdurable.

C'est en ces termes que leD'Moulton annonçait, en 1946,la fondation des prix GeorgaWestinghouse pour les écrivainsscientifiques. décrits par M. BorgeMichelsen dans le rapport de1'Unesco intitulé :. Les prixscientifiques aux Etats-UnLs.

Nous venons d'apprendre lacréation, en Amérique, de deuxnouveaux prix de journalismescientifique : il s'agit des prixcrees-par la Pondation Albert etMary Lasser, pOUr récompenserles meilleurs articles parus dansdes journaux ou des périodiquesnon spécialises sur les recherchesmeàicales et les programmes ten-dant à améliorer la santé publi-que et à prolonger la viehumaine.

Les lauréats recevront 500 dol-lars et une statuette représen-tant la Victoire de Samothrace.

Les prix Lasker pOur 1949 serontdécernés par la Nieman Founda-tion for Jounalism. 44 HolyokeHouse, Cambridge 38, Massachu-setts ; le jury ae comyoae de jour-naliStes, de médecins et de per-sonnalités n'appartenant pas auxmilieux professionnels.

<&lt; Le plan d'assistance technique des Nations Unies est

un événement marquant de notre siècle >&gt;, déclare

le Dr. Torres Bodet.

rables qui ont ruiné la Faculté des Sciences etl'Ecole de Médecine. Depuis la Libération, lesétudiants poursuivaient leurs travaux dans desconditions invraisemblables de vétusté : travauxpratiques réalisés dans une cave, expériences dephysique entreprises dans un ancien abri alle-mand, études de médecine poursuivies dans unpauvre hangar à ciel ouvert, et, les jours de pluie,les jeunes gens et leurs maîtres devaient seréfugier dans le local qui renfermait le calori-fère... car c'était le seul bâtiment disponible ayantun toit.

Ces difficultés n'ont découragé pourtant niL'Académie de Rennes, ni ses étud ants. Et, devantdes circonstances aussi défavorables, maîtres etélèves, sous l'impulsion énergique du RecteurHenry, ont mis en pratique la fière devise de1 Université de Rennes : <&lt;Aide-toi, le cielt'aidera. »

Le ciel, en l'occurrence, ce fut en partie l'Unescoqui, par un don de 7. 000 dollars, est venue contri-buer à pourvoir en matériel les laboratoiresdétruits de la Faculté des Sciences. Et, pour mar-quer mieux encore l'intérêt que l'Organisationporte à cette vaillante Université, le D'TorresBodet, Directeur général de l'Unesco, a voulualler lui-même dans la vieille capitale btetonneporter, à travers Rennes, son salut à « tous lesétablissements d'enseignement supérieur victimesde la guerre ».

Prenant la parole au cours de la cérémoniesolennelle d'ouverture de l'Université, le Dr TorresBodet a déclaré notamment :

« Les conflits mondiaux du XX siècle ont frappél'humanité à la tête. Dans beaucoup de pays, lesélites ont été poursuivies et leurs moyens de for-ma don systématiquement dtruits. Il semb : aitque l'agresseur eût voulu asservir les nations, enles réduisant à la situation de camps de travail-leurs forcés et d'analphabètes. C'est que la scienceet la liberté marchent de coneert e. les Un ver-sités, notamment en France, l'ont de nouveauprouvé en devenant des centres de résistance àl'oppression. >&gt;

Le Directeur général a précisé que, de 1947 à1949, l'Unesco avait consacré au relèvement desinstitutions culturelles, dans les pays victimes de

SENNES, cité martyre, possèdel'une des Universites plusvivantes et les pus impor-tantes de France. Et ce

centre d études a, lui aussi, plusparticulièrement souffert desblessures de la guerre. Nous avonsnn vnir les destructions considé-

précision, cnromoscopes, lampe Ge laboratoire), au aulaboratoire de zoologie (bain-marie, manomètreà mercure, deux frigorifiques), et au laboratoirede botanique (super-centrifuge Sharples et mi-cromanometre). Tout ce matériel a pu être fournigrâce au Fonds Unesco pour les achats de maté-riel scientifique. >&gt;

Consolider l'unité de la raison et

l'identité des lois qui régissent

la vie de l'esprit.

PARLANT du plan d'assistance technique ré-cemment adopté par l'Assemblée Généraledes Nations Unies à Lake Success, leDr Torres Bodet a souligné dans son discours

l'importance de la solidarité culturelle interna-tionale :

« Sans doute, un des événements marquantsde notre siècle, marquant à plus d'un titre, est levote unanime par lequel l'Assemblée Généraledes Nations Unies vient d'approuver le pland'assistance technique aux pays déshérités del'histoire et de la géographie. »

M. Torres Bodet a indiqué que cette assistancetechnique, telle que la définit la résolution duConseu Economique et Social que l'Assemblée aapprouvée à l'unanimité, repose sur trois prin-cipes essentiels : elle ne sera accordée que sur lademande des. gouvernements intéressés ; elle aurapour objectif principal d'aider les pays déshéritésà renforcer leur économie nationale en dévelop-pant leur industrie et leur agriculture, cela tantpour favoriser leur indépendance économique etpolitique, conformément à l'esprit de la chartedes Nations Unies, que pour élever le niveau éco-nomique et social de l'ensemble des populations.Enfin, l'assistance ne sera exercée que par un per-sonnel hautement qualifié.

« C'est en participant à ce plan, après s'y etredûment préparée, c'est aussi par la réalisationmatérielle de son propre programme, que l'Unescos'emploie à consolider l'unité de la raison etl'identité des lois qui régissent la vie de l'esprit »,a déclaré M. Torres Bodet.

Gerda FRIEDMANN,

Suisse. au Royaume-Uni et auxEtats-Unis.

<&lt; Ces commandes portaient no-tamment sur des instruments des-tinés au laboratoire de physique(microampèremètres, oscillogra-phe à rayons cathodiques>, au la-boratoire de chimie (balance de

LE COURRIER DE L'UNESCO-Page 6

A UNE vingtaine de kilomètres au nord de la cité de Mysore, dans l'Inde meridionale, se trouvent les célèbres jardins

rie Brindavan, dont les éclatantes fleurs jaune orange, les arbres il la rouge floraison, les canaux et les lacs arti-ficiels attirent des visiteurs de toutes les régions de l'Inde et même de l'étranger.La nuit, ces immenses jardins sont illuminés ; des cascades, resplendissant de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, pro-duisent un effet splendide et comme irréel comparable à un fEU d'artific éternel sur le ciel profond de la nui !

indienne.Mais les quelque cinquante personnes qui sont descendues ail début dll mois dernier, à l'hôtel Krishnarajasagar n'étaient

pas venues à Brindavan pour en admirer les beautés.Délégués au Stage d'études de l'éducation des adultes ruraux, organisé par le gouvernement de l'Inde au nom de l'Uneseo,

ils s'intéressaient à un tout autre genre de spectacle : celui qu'offrent de trop nombreux villages voisins où une populationmisérable vit entassce dans des cabanes trop petites qu'elle partage avec le bétaii. les chèvres et les animaux de basse-cour.sans aucune hygiène et sous la menace constante de la famine et des maladies.

C'est dans ces villages, tout autant que dans la féerie des jardins de Brlndavàn, que l'Inde apparalt sous son vrai jour.C'est là que l'on peut comprendre toute l'acuité des problèmes de l'ignorance, de la misère, de la famine et de la maladie quise posent dans ce pays depuis des siècles.

Dans son grand ouvrage La Découverte de l'Inde, le Premier Ministre Jawarhalal Nehru raconte comment les intellec-luels et les chefs politiques de sa génération ont relrouvé le chemin de ces villages.

<&lt; C'était un spectacle profondément troublant, écrit-il, non seulement par la misère complète et par l'étendue des problèmequ'il révélait, mais aussi par le bouleversement qu'il apportait aux valeurs et. aux conceptions qui nous étaient familières. »

D'un bout à l'autre de l'Asie, ce retour au village a fait naître un sens plus aigu des responsabilités sociales et une conceptionnouvelle des valeur car les villages. c'est toute l'Asie..

C'est à l'hôtel Krishnarajasagar que se déroule le Stage d'études de

Mysore pour le relèvement de l'éducation dans les masses ruralesd'Asie. L'hôtel, qui domine les magnifiques jardins de Brindavanfait un contraste saisissant avec la pauvreté et la misère qui s'étetent

dans les villages voisins.

L'ANALPHABÉTISME.

DANS L'INDE

SUR 180 millions d'Indiens adultes. 17 millions seulementsavent lire et écrire, a déclaré S. E. Maulana Abul Azad,ministre de l'Education de l'Inde, dans le discours qu'sil

prononça à l'ouverture du Stage d'études de Mysore surl'Education populaire dans les régions rurales.

Malgré l'immenses effort accompli par l'Inde durant lesdernières décades, le taux d'analphabétisme. parmi lesIndiens adultes dépasse donc, encore aujourd'hui, 90 %Bien que les chiHres puipsent varier de pays à pays etmême de région à région, il ne fait néanmoins aucun douteque l'immense majorité des illettrés du monde se trouventen Asie, où est concentrée plus de la moitié de la popu-lation mondiale.

<&lt; Dans not. e pays, a dit S. E. Maulana Abul Azad, nousétudions la possibilité d'associer à nos efforts d'éducationsociale, les professeurs des écoles où se donne l'éduca-tion de base. Un autre projet à l'étude est une sorte demobilisation sociale obligeant tous ceux qui savent lire etécrire à se consacrer pour une période déterminée àl'oeuvre nationale d'éducation populaire. Si tous les étu-diants, une fois leurs diplômes obtenus, étaient forcés dese consacrer à l'enseignement pendant une période de sixmois, cela rendrait plus facile la solution de nos problèmesd'éducation. »

TANT QU'IL RJ

C'EST LA TERRJ

DEPUIS l'obscur habitant des ccncontemporains. chaque génératiola génération suivante un monde

moins cruelle. une culture plus nobleaux Droits de l'Homme, c'est nousrappeler nos devoirs. En effet, selorMahatma Gandhi : <&lt; Tous les droitconservés sont ceux que donne le demême à la vie ne nous revient-il quedevoir de citoyen du monde. »

On parle trop, dans notre XXe siède zones de ténèbres, de régions dedées. L'humanité est une. Tant qu'attardée, c'est la terre tout entière csubsistera une seule zone où règnentc'est la terre tout entière qui seraSans le savoir, nous traversons l'his

MYSO

POUR LES M

. \ous assistons aujourd'hui à la naissance det ce phénomène s'accompagne partout de lavillages à se découvrir eux-mêmes, grâce Dotandes adultes et à l'éducation de base.

Dans toute l'Asie, avec des moyens limité, dvisées, et face à des difficultés infinies, on s'eff.dévouement d'instruire ou d'<&lt; élever >&gt;, commlà-bas, les populations rurales.

Aussi l'initiative prise par l'Unesco d'organisau 14 décembre, à Mysore, un Stage d'études iadultes ruraux a-t-elle été accueillie avec enthoentiè. re.

Parmi les trente délégués, représentant quinzretrouvés à MYsore, figurent la courageuse AIMeLachlan, qui's'est longtemps consacrée à l'édlde Nouvelle-Guinée. et le spécialiste éprouvéadultes. Spencer Hatch, qui a l'expérience delabeur dans l'Inde, au Mexique et à Costa-Rica.

Parmi les éducateurs asiatiques, citons Faim :manie, et Dirgharaj Kourala, du Nepal, qui a dûjours a cheval pour rejoindre le tram qui devait

Les conseillers envoyés par l'Unesco sont :dû la Division de l'éducation de base, qui a conlpied le projet-témoin de l'éducation de base dans]en Haiti, et qui, plus récemment, a pris part aul'Unesco sur l'analphabétisme dans les Amériqu(Brésil), et M. Rodrlguez Bou, directeur de l'Institéducative à l'Université de Porto-Rico.

Douze des quatorze observateurs du Staged'Etats indiens, les deux autres ont été envoyésmondiale de la Santé et par le Bureau internation.

Depuis le 2 novembre, date à laquelle le S)inauuré par le ministre de l'Education de l'inspécialistes et délégués, sous la présidence desous-secrétaire d'Etat pour l'Education, de la Theles objectifs pratiques de leurs travaux.

Page 7-LE COURRIER DE L'UNESCO

NOUVELESPOIR

lASSES RURALES D'ASIE

d'une Asie nouvelle,. volonté d'aider lesinnent à l'éducation

des méthodes impro-fforce avec ardeur etme on dit volontiers

user, du 2 novembresur l'éducation des

ousiasme dans l'Asie

ize pays, qui se sontAustralienne Barbaraducation des Papous

de l'éducation dese toute une'vie de

nãble U Tin, de Bir-du voyager plusieursit l'amener à Mysore.: M. Frederick Rex.ntribué à mettre sur; la vallée de Marbial,Hl Stage d'études deiques, à QuitandinhatJtut de la Recherche

e d'études viennentés par l'Organisationnal du Travail.Stage d'études a étéInde, Maulana Azad,ie S. E. Pin Malakuf.'haïlande, ont précisé

Ce Stage coïncide avec la mise en application de ce qui est sansdoute le plus vaste et le plus substantiel programme de lutte contrel'analphabétisme que l'on ait jamais entrepris : la campagne de cinqans, organisée par le gouvernement de l'Inde pour apprendre à lire età écrire à 70 millions d'adultes, homes et femmes.

Mais, dans l'esprit de ceux qui particieant au Stage de Mysore,il n'existe aucune confusion entre l'éducation proprement dite et lalutte contre l'analphabétisme.

Dans une émission radiodiffusée depuis le Stage d'études, lcprofesseur llymanyun Kabir, secrétaire adjoint au ministre de l'Edu-cation de l'Inde, a donné de l'éducation de base des adultes la défi-nition suivante :

« Ce doit être l'éducation d'un homme libre dans une sociétélibre et non pas seulement un cours de lecture et d'écriture. Cetteéducation doit résoudre le problème de l'analphabétisme, aider l'indi-vidu à élever son niveau de vie par un changement radical des formeset des coutumes de la vie familiale. Elle doit leur apprendre de nou-velles techniques artisanales, de nouveaux métiers et de nouveauxprocédés, pour améliorer sa condjtion économique. Elle doit lui incul-quer le sens du civisme et des obligations sociales, lui permettre des'élever au-dessus de l'intérêt non seulement individuel, mais régionalet national : en faire le citoyen libre d'un monde libre. »

L'Unesco et le gouvernement de l'Inde ont convoqué le Staged'études de Mysore. pour permetttre aux éducateurs d'Asie et d'ail-leurs de préciser et de développer le sens de cette définition.

Particulièrement intéressants à cet égard sont les rapports pré.sentés par les délégations nationales sur la situation et les progrèsde l'éducation des adultes ruraux-dans leurs pays ; l'ensemble de cesrapports forme sans doute la première étude complète sur l'éducationde base dans les régions rurales de l'Asie.

Mais ces rapports ne sont, pour le Stage, que des documents dotravail. Il a été'créé quatre comités dont chacun s'occupe d'undomaine déterminé et sc propose une tâche précise, en mettant ilprofit l'expérience de tous ses membres.

Les premiers jours du Stage ont été consacrés à des assemblésgénérales, à des visites, à des conférences et à la création de l'esprit

tESTERA UNE SEULE RÉGION ATTARDÉE

iE TOUT ENTIÈRE QUI SERA ATTARDÉEavernes jusqu'aux législateurstion s'est efforcée de léguer àde moins injuste, une existencele et plus harmonieuse. Pensers recueillir pour mieux nouson les paroles admirables du'oits dignes d'être mérités etdevoir accompli. Ainsi, le droitoe lorsque nous remplissons le

iècle, de zones de lumière etle progrès et de régions attar-u'il restera une seule régionqui sera attardée. Tant qu'il

nt les ténèbres de l'ignorance.plongée dans ces ténèbres.histoire, comme les convois du

temps de guerre traversent l'Océan, réglant notre allure sur leplus lent...

Les deux tiers du, genre humain se morfondent dans la pire desservitudes : la servitude de l'ignorance. Partout où souffre unhomme, c'est toute l'humanité qui souffre. Pénétrés de cette véritévous vous êtes réunis pour lutter contre l'analphabétisme sur uneterre où souffle l'esprit du bien. L'Inde ouvre ainsi à la coopéra-tion internationale un terrain aux perspectives illimitées. Ce n'estpas en vain qu'au crépuscule de ses jours, l'un de ses poètes lesplus purs traçait ces lignes inoubliables : ( C'est pour le biende l'humanité, pour le développement complet de notre âme, quenous devons nous consacrer à l'idée de l'unité spirituelle del'homme. >&gt;

M. Jaime TORRES BODET.Directeur général de l'UNESCO.

Message au Stage d'études de Mysoresur l'Education populaire dans les régions rurales.

"Le Mahatma Gandhia voulu pour votre village

une vie heureuse"Le professeur S. Y. Chu, représentant du Mouvement chi-

nois d éducation des masses, dirige le deuxième groupe quiest chargé d'étudier les problèmes de la santé et de la viefamiliale dans les districts ruraux.Le professeur Chu, qui a représenté la Chine a deux ses-

sions de la Conference générale de l'unesco, bénéficie del'expérience de vingt-cinq années de travail dans le mouve-ment d'éducation des masses.

Le troisième groupe est chargé d'étudier les aspects éco-nomiques de l'éducation des adultes ruraux. 11 est dirige parle D'Spencer Hatch, de l'Institut interaméricain des Sciencesagricoles. Le groupe du Dr hatch étudie les possibilités deperfectionner l'agriculture, de développer les industriesrurales el familiales. d'améliorer le logement et l'équipementdans tes pays asiatiques, d'enseigner enfin les prin-cipes essentiels de t'économie, notamment en ce qui concerneles marchés, les coopératives. l'épargne et les impots.

Le sympathique professeur A. N. Basu, de l'Lniversité deCalcutta, qui a pris part au premier Stage d'études organisépar l'Unesco à Sèvres, près de Paris, en 1947, dirige le qua-Irième groupe, qui s'occupe des aspects sociaux de l'éduca-tion rurale et de l'enseignement du civisme.

L'intention est de développer dans la population rurale lesentiment de la communauté, le sens des droits et des devoirdu concitoyen et de faire comprendre l'oeuvre et les objec-tifs des Nations Unies, de l'Unesco et des autres institutionsspécialisés, en se fondant notamment sur les solides tradi-tions ulturelles existantes.

Si les membres du Stage avaient besoin d'être rappelésa la réalité, ils auraient, à leur porte, de nombreux « labo-ratoires vivants >&gt;. Cette réalité s'est soudain imposée à leursyeux de façon dramatique Iorsqu'ils ont visité le petit vil-lage de Hulikere (traduction : « La Mare au Tigre>&gt;), àdeux kilomètres à peine du siège du Stage.

Dans ce village, qui compte six cents ânes, rien n'achange depuis des siècles. Les chemins et les maisons sontsales ; hommes et. bêtes cohabitent sous le même toit : lesinstruments agricoles sont primitifs et chacun travaille poursoi et pour sa famille, jamais pour la collectivité. Le villagene possède pas d'eau et le sol est attaqué par l'érosion.L hygiène, les soins médicaux, la propreté personnelle sontpratiquement inconnus. L'école n'est qu'une hutte en terrebattue, sans fenêtre. Ce village arriéré est loin de constituerune exception.

L'un des délégués de l'Inde, Shri Aryanayatam, collabo-rateur de Tagore et du Mahatma Gandhi, a réuni les prin-cipaux habitants et le Conseil municipal et leur a parlé en cestermes :

« « Nettoyez vos rues, vos maisons et vos vies. Vous me faiteshonte. Votre école n'est pas digne d'abriter du bétail. T'aitravail'é avec le Mahatma, j'étais avec lui quand il a décidéde s'installer dans le plus arriéré de tous les villages. Cevillage, Gandhi l'a chotsi en disant que, s'il pouvait y fairequelque chose, il pourrait faire n'importe quoi. Mais, pour

. être aides, aidez-vous vous-mêmes d'abord. Construisez unenouvelle école, ayez un village et des maisons propres. Alorsvous pourrez vivre d'une vie plus heureuse.

La visite de ce village et d' autres analogues a rendu tesmembres du Stage impatients d'agir : ils ont le sentimentde lutter contre le temps, de lutter pour sauver les millionsd'hommes qui vivent actuellement dans la plus extrême mi-sère.

Au cours de la visite d'un temple hindou, près de Mysore, M. le Professeur Spencer Hatch,célèbre spécialiste de l'éducation populaire et directeur des études économiques au Stage deMysore, attire l'attention de sa fille, orientaliste de l'Université de Columbia, sur les bas-

reliefs qui ornent le monument.

de collaboration qui est indispensable an succès de cette expérience de vie internatio-nale qui est un Stage d'études de l'Unesco.

Un jour, les délégués, montés à dos d'éléphants, ont pris part à une chasse àl'éléphant dans la jungle. Un autre jour, ils ont visité de vieux temples hindous etdes mosquées musulmanes.

Ils ont aussi visité l'Ecole supérieure populaire de Vidyapeeth, organisée sur lemodèle des écoles populaires supérieures des pays scandinaves et destinée à formerdes dirigeants locaux. Vidyapeeth est sans doute la seule école du monde qui s'ouvresur une Avenue de l'Unesco Au cours de la cérémonie d'inauguration, à laquelleassistaient tous les habitants du district, chaque délégué a planté sur cette avenuenn jeune palmier.Le premier Comité, dirigé par le Dr Mohamed Salim, délégué de l'Irak, a inaugure

ses travaux sur la lutte contre l'analphabétisme chez les adultes en s'attachant àdéfinir les objectifs que doivent se proposer les campagnes de ce genre. C'est là unproblème qui se pose avec acuité aux pays participants. Tous ont entrepris de vastescampagnes. soit par la méthode de l'enseignement'mutuel, soit en organisant descours h1 soir, souvent en plein air, partout où les éducateurs peuvent trouver unpublic.

Tout le Stage, et le premier groupe en particulier, ont trouvé une aide précieusedans l'exposition qui a été organisée par le Conseil de l'Education des adultes de l'Etatde Mysore, avec le concours de différents Etats et provinces de l'Inde. On y voyaitnotamment des statistiques détaillées sur l'analphabétisme. en fonction du chiffre dela population ; des graphiques explicatifs sur le plan quinquennal d'éducation et desexemplaires des livres et brochures préparés à l'intention des ex-illettrés. On espèreque ces données seront commumiquées à L'Unesco pour y être étudiées et pour êtreutilisées par les spécialistes de l'éducation de base pour des travaux complémentaires.

Le premier groupe, qui était chargé d'étudier les procédés d'enseignement de lalecture et de l'écriture, a pu assister à des démonstrations et il des conférences sur les lesméthodes d'éducation de base en usage dans l'armée de l'Inde.

Ces méthodes, simples et efficaces, permettent d'instruire rapidement 80 % envi-ron déS jeunes recrue.

Le problème que pose, dans l'Inde, la multiplicité des idiomes et des svstèmesd'écriture a reçu une solution provjsioire grâce à l'adoption comme <&lt; lingua h'anca >&gt;dans l'armée de :'hindoustani de base, écrit en caractères latins, auquel s'ajoute, danscertaines services spéciaux, l'anglais de base.

Les résultats obtenus sont remarquables si l'on considère la modicité dbS créditsdont dispose le service d'éducation de l'armée (environ

18 francs par homme et par mois).

LE COURRIER DE L'UNESCO-Page 8

L

LES VOLONTAIRES SIR LE I4'RONT

DU RELÈVEMENT DE L EDUCATION

A U début de 1949, la Conférence géné-rale du TICER décida de constituer

un Comité d'enquête chargé de faireun rapport sur la question suivante :

le TICER (Comité provisoire internationalpour le Relèvement de l'Education) a-t-il,oui ou non, rempli les espoirs qu'on avaitmis en lui à sa création ?Le Comité, composé de trois membres,s'est réuni peu avant l'ouverture de la4-Conférence générale de l'UNESCO, enseptembre. Au cours d'un examen cons-ciencieux des statistiques, de la correspon-dance et des documents de toute natureque possède le secrétariat de l'UNESCO. 11a passé en revue l'activité du TICERdepuis deux ans et demi.

il résulte de cette enquête que le TICERa largement justifié son existence et cetteconclusion des experts a été confirmée parla Conférence générale de l'UNESCO elle-même, lorsqu'elle approuva le programmede collaboration du Département de laReconstruction avec les organisations nongouvernementales.

Qu'ast-ce donc qui Justifie que l'on pro-longe l'existence d'un organisme comme leTICER, qui est par définition, un Comitéprovisoire et qui n'a, par surcroit, aucunmoyen de contribuer matériellement aurelèvement des institutions éducatives etculturelles des pays dévastés ?

il convient de remarquer, tout d'abord,que les organisations représentées au seindu TICER ont dépensé pour cette oeuvrede relèvement beaucoup plus d'argent quel'UNESCO elle-même n'a pu le faire. LeFonds mondial de Secours aux Etudiants,par exemple, a dépensé pour cette oeuvre.d'octobre 1947 a septembre 1948, plus decent millions de dollars.

il faut se rappeler également que leDépartement de la Reconstruction del'UNESCO n'est pas un organtsme desecours et ne peut l'être. il distribue lesdons qui sont faits par son entremise ; IIne dispose personnellement que d'unFonds de secours d'urgence de 175, 000 dol-lars. Fonds qui ne lui permet, étant donnél'ampleur des besoins auxquels II doits'intéresser, que d'amorcer les campagnesinternationale de secours qui, seules, peu-vent apporter une aide substantielle.

Si le TICER n'existait pas, l'UNESCOdevrait donc, pour encourager et coordon-ner l'oeuvre de secours, s'adresser à d'au-tres organismes. s'intéressant au relève-ment de l'éducation, leur fournir desrenseignements sur les besoins les plusurgents et faire la plus large publicitépc-&ible à l'aide apportée.

Ne pouvant s'adresser constamment àchaque organisation en particulier, il luifaudrait provoquer de nombreuses réu-nions pour la discussion de problèmes spé-ci$ques, pour discuter, par exemple, del'aide à apporter aux Chantiers internatio-naux de Volontaires, du rôle de la jeu-nesse dans le relèvement de l'éduca-tion, etc.

Cet effort d'encouragement et de coor-dination s'accomplit, depuis 1947, grâce auTICER, avec tous les avantages que peutavoir une organisation semi-permanentesur une autre forme d'organisation carac-térisée par des relations plus ou moinssuivies. Grâce au TICER, grâce aux rela-tions constantes et universelles qu'ilentretient, des liens de plus en plusétroits existent désormais entre l'UNESCOet les principales associations Internatio-nales de secours.

Sans ces liens. il est certain quel'UNESCO n'aurait jamais pu mettreaussi rapidement à exécution son pro-gramme d'assistance éducative pour lesréfugiés du Moyen-Orient.

Le TICER, tout comme l'UNESCO, s'ef-force constamment d'accroitre l'efficacitéde son action et d'en étendre le champ.

Au cours de récentes discussions. leComité permanent du TICER s'est attachéà préciser les moyens qui peuvent le mieuxpermettre aux organisations internatio-nales non gouvernementales de faciliter al'UNESCO l'exécution de son programme.Parmi les questions discutées, une desplus importantes fut de savoir si l'UNESCOdevait s'associer le plus grand nombred'organisations possible ou seulementcelles occupé. à une oeuvre qui intéressedirectement le succès de son programme.

En définitive, le Comité permanent arecommandé à l'UNESCO de continuer àconvoquer des réunions de travail desorganisations membres du TICER pour

Le TICER fut créé pourcoordonner l'oeuvre importante desecours qu'accomplissent les organisations internationales nongouvernenentales en faveur du relèvement des Institulions éducati-ves et culturelles dans les pays dévastés.

Seules font partie de ce Comité les organistions dont l'actionest la plus marquante dans ce domaine, Toutefois, les membresdu Ticer étant des fédérations groupant de nonbreux organismesnationaux, plus de 700 organisations nationales et plus de 60 paysse trouvent représentés au sein du Comité.

Tout en conservant leur autonomie et leur indépendance, lesmembres du TICER se sont associés formellement à l'UNESCO,et c'est au siège de 1 Organisation qu'ils tiennent leurs réunions.

Le COURRIER a voulu, dans se numéro, donner à ses lecteurune idée de l'oeuvre accomplie depuis deux ans par le TICER en col-laboration avec l'UNESCO, oeuvre qu'il a été décidé de ne pluslimiter désormais anx seuls problèmes directement créées par laguerre.

l'examen de problèmes spécifiques, telsque l'aide aux enfants victimes de la.guerre, l'échange des boursiers et lesChantiers internationaux de Volontaires.

Lors d'une récente réunion pour l'étudedes programmes internationaux de bour-ses, M. P. Bearton Akeley, de la Sociétédes Amuis, s'est demandé si les courtsvoyages à l'étranger aidaient vraiment lacompréhension internationale. Et 11 cita.le cas d'un groupe d'étudiants allemandsà qui il eut l'occasion de faire visiterParis après la guerre.

Les étudiants apprécièrent fort leurséjour à Paris. La plupart visitaient cetteville pour la première fois et tous expri-mètrent leur enthousiasme pour la culmrefrançaise et leur appréciation des moeursfrançaise. Or, à leur retour en Allemagne,ces mêmes étudiants sentirent se déve-lopper en eux des sentiments d'envie.<&lt; Pourquoi donc vivrait-on mieux enFrance qu'ici ? » demandaient-ils.

Et M. Akeley de se demander si cettevisite n'avait pas fait plus de mal que debien à la compréhension internationale, Ilremarqua également qu'il avait connu desétudiants de son propre pays, les Etats-Unis, chez qui un court séjour dans despays encore mal remis de la guerre et

Chacune des orga-nisations dont leTICER coordonnel'oeuvre de secoursapporte, depuis lalin de la guerre.une contributionextrêmement im.portante au relève-ment des institu-tions culturelles etéducatives despays dévastés.D'octobre 1947 àseptembre 1948. leFonds Mondial deSecours aux Etu-diants a dépenséà cette lin plus de100. 000 dollars. Ci-dessus, des repré-sentants du Fondsde Secours auxEtudiants distri-buent des colisaux étudiants tu-berculeux du sana-torium de Sotiria,

près d'Athènes.

dependant d'une aide étrangère-exagéréed'ailleurs par la presse-avait créé unvéritable complexe de supériorité.

De cette expérience, M. Akeley conclutque certaines conditions étalent indispen-sables pour que les contacts internatio-naux favorisent la compréhension entre lespeuples. Il faut tout d'abord, a-t-il déclaré,que les jeunes soient préparés psychologi-quement à rechercher dans les culturesétrangères des « équivalences » plutôt quedes éléments « Identiques » à ce qu'ilstrouvent dans leur propre culture. Il estpréférable, en outre, qu'ils rencontrent àl'étranger des gens de plusieurs nationa-lités. ce qui diminuera les risques de< fixation préjudicielle..

Travaillant de concert, le TICER etl'UNESCO ont réparti pour plus de centmillions de dollars d'argent et de donsdivers pour le relèvement des Institutionséducatives et culturelles des pays dévastes.Pour poursuivre cette oeuvre de secours etl'étendre notamment aux pays Insuffisam-ment développés. l'UNESCO ne saurait sepasser du concours énergique des organisa-tions Internationales bénévoles et, à tra-vers elles, du concours des millions d'hom-mes et de femmee de bonne volonté.

Découv (

l'Afgha :

Page 9-LE COURRIER DE L'UNESCO

A la demande du Gouvernement del'Afghanlstan, une mission del'UNESCO vient de foire une

enquête'sur le système d'enseignementdons ce pays en vue de conse :'/ttr leGouvernement sur les mesures à prendredans ce domaine. Cette mission étaitdirigée par le Dr Jean Debiesse, Inspecteurd'Académie, du Ministère fronçais del'éducation nationales, spécialiste de l'en-seignement secondaire,

Le Dr Debiesse était accompagné duDr Harold Benjamin, spécialiste de l'en-seignement primaire, Doyen de la Facultéde Pédagogie de l'université de MarylandfE. U. A,), du Dr William Abbott, Inspecteurdu Ministère britannique de l'Educationnationales, spécialiste de l'enseignementtechnique, et de Mil. Jacqueline Alllet,membre du Secrétariat de l'UNESCO,secrétaire de la omission.

A Bamian, au coeur de l'Afghanistan, qu'un des membres de la mission de l'UNESCO a décritcomme étant <&lt; un paradis sur terre N, d'imposantes montagnes encerclent de leurs falaises.brillantes et nuancées comme un coucher de soleil, une verte vallée, l'une des plus fertilesdu pays. Dans les falaiser, ont été sculptés d'immenses Bouddhas et creusées d'innombrableschapelles et des cellules monastiques. La statue de Bouddha que l'on voit au centre denotre document est haute de près de 59 mètres ; la seconde, à droite, est plus petite d'unevingtaine de mètres. Bamian, centre, dans l'antiquité, d'une grande civilisation gréco-boud-dhiste, fut tout d'abord conquis par l'Islam, puis par Genqis-Khan, qui sema la mort dans

toute la région.

Dans un village des montagnes qui se dressent au nord de Kaboul, à Istaltf, de jeunesAfghans, têtes rasées et soigneusement coiffées, écoutent l'un de leurs camarades réciter saleçon de persan. Dès ses premières années dans une des écoles où est dispensé non seule-ment l'enseignement du premier degré, mais aussi celui du second degré, l'écolier afghanétudie les deux principales langues de son pays, le persan et le pushtu. Cette dernièrelangue appartient au groupe linguistique iranien de l'Est, dont le document le plus ancien

est probablement le Zend.

S'VIL est vrai que l'Afghanistan enest encore à une phase primitivede son évolution, les membres de

la Mission n'ont pas eu le sentimentqu'il s'agisse d'un pays dangereux etsauvage, comme le veut une traditionqui remonte peut-être à l'époque où lesParthes se donnaient comme principede gouvernement de ne laisser entrerpersonne sur le territoire de ce pays.Chacun d'eux a, en effet, éprouvé l'im-pression Qu'il aurait pu voyager libre-ment, seul, et sans encombre, surn'importe quelle partie du territoire.

La Mission avait fixé son quartier gé-néral à Kaboul, la capitale, mais elle avisité le pays tout entier afin d'obtenirdes renseignements de première main,non seulement sur les écoles existantesmais encore sur la situation maté-rielle et sociale de l'ensemble de lapopulation.

Les membres ont ainsi p''visiter desvilles que Faizabad, Konduz, Mazar-i-Chérif, Maimanah, Herat. Ferah,Kandahar, Ghazni, Gardaiz et Djele-labad ; ils ont recueilli sur place denombre. uses informations et une im-portante documentation générale, sibien que leur rapport repose sur desfaits et n'a rien d'un exposé préparé« en chambre a.

Au cours de son voyage, la Missionétait accompagnée du docteur Achmed,directeur de l'enseignement primaireen Afghanistan, de M. Islam. direc-teur de l'équipement scolaire, deM. Rahim, chargé de la liaison avecl'Unesco, de M. Aziz Mohammed, ins-pecteur de l'enseignement et du doc-teur Bashir, qui veillait sur la santédu groupe.

Des domestiques et des mécanicienssuivaient la mission dans un camionqui transportait'les bagages, l'essence,l'huile et les p'èces de rechange (cesdernières se sont montrées, hélas, tropsouvent nécessaires).

L'Afghanistan ne possède pas devoies ferrées. Les mauvaises routes, lespierres et la poussière omniprésenteviennent vite à bout des automobiles.Aussi la caravane est-elle souvent tom-bée en panne, soit que les radiateursse trouvent vides, soit que les véhi-cules s'ensablent ou soient envahis parles eaux en traversant des gués plusprofonds qu'on ne le croyait. La Mis-sion n'a connu aucun ennui sérieux,mais d'innombrables petits incidentsfort éprouvants pour les nerfs.

Iouleurs fantastiques.formes diaboliques

LE panorama afghan, souvent gran-JL diose, est parfois formidable danssa majesté. C'est le cas du gigan-

tesque massif de l'Hindou-Kouch, dé-nudé et couronné de neige. La fontedes neiges donne naissance à de vastescours d'eau dont le débit est beaucoupplus abondant en été qu'en hiver.

Dans ces montagnes, le paysage estparfois fantastique, tant par son co-loris que par ses lignes : le rose pâle,le rose ardent. le brun et le noir tei-

Pas une seule étudiante

SUR une population, dont diversesestimations fixent le chiffre entre 6et 15 millions d'habitants-et qui

en compte sans doute aujourd'hui 12millions environ-il y a en Afgha-nistan à peu près un million et demid'enfants d'âge scolaire.

Actuellement, 86. 000 enfants-desgarçons pour la plupart-fréquententles 289 écoles primaires de ce pays. Ilexiste également 40 écoles secondaires,mais une forte proportion dé leursélèves suivent-en fait les classes élé-mentaires des écoles où se donnent lescours à la fois du premier et du se-cond degré.

Il n'existe pas de classes mixtes enAfghanistan, et le nombre total desécolières est voisin de 3, 000. Parmi les300 étudiants des facultés de méde-cine, de science et de lettres, qui cons-tituent l'Université de Kaboul, on necompte pas une seule femme.

L'anglais est en passe de devenir lalangue étrangère la plus employéedans le pays, et en dehors de deuxécoles secondaires de Kaboul, où l'onenseigne le français et l'allemand.

gnent des crêtes aux lignes tourmen-tées. dont il semble que les formesviennent de se figer.

Les plaines afghanes sont fertiles etdonnent de bonnes récoltes, partoutoù il est possible de pratiquer l'irri-gation. Il ne pleut jamais. Pendantles longs mois d'été et d'automne. lamoisson n'a, au-dessus d'elle, jouraprès jour, qu'un azur immuable. Lasécheresse de l'air permet de supporterles températures élevées que l'on enre-gistre à midi et qui atteignent parfoisjusqu'à 48 degrés.

Au nord et à l'ouest, la populationse consacre surtout, en dehors de l'agri-culture, à l'élevage des moutons pourrecueillir les peaux d'astrakan. Cespeaux sont séchées sur le sable chauddu désert, l'épiderme blanc étanttourné vers l'extérieur, et leurs ran-gées régulières évoquent, de loin, d'im-menses cimetières militaire,

Au sud. la ville Kandahar, entouréed'immenses vergers, rappelle Damas.Ses fruits sont renommés et ont unmarché tout trouvé dans le Pakistan.La nouvelle route de Kandahar, àChaman (Pakistan), construite par desingénieurs américains, est sillonnée decamions qui transportent de précieuxchargements de rais'ns, de pêches, depommes et de melons.

Les renseignements obtenus, tant àKaboul. Qu'au cours d'une tournée deplUS de 3. 500 kilomètes à travers lepays ont permis à la Mission de sefaire une idée assez complète du sys-tème d'enseignement de l'Afghanistan.

toutes les autres font figurer l'anglaisà leur programme à côté des deuxprincipales langues de l'Afghanistan-c'est-à-dire le pushtu et le persan.

Dès leur entrée à l'école primaire, lespetits Afghans commencent l'étude dupushtu et du persan, car le gouverne-ment souhaite que toute la populationdevienne bilingue,

Il existe également des écoles musul-manes où l'on enseigne le Coran, lescoutumes et l'histoire de l'Islam, ainsique l'arithmétique, la lecture et l'écri-ture arabes. Ces études facilitent laconnaissance du persan et du pushtu.qui. tous deux, s'écrivent en caractèresarabes.

La Mission n'a pas borné son acti-vité à l'examen des besoins de l'ensei-gnement en général, elle s'est égale-ment penchée sur les problèmes quepose l'enseignement technique en Af-ghanistan.

L'industrialisation

du pays est urgente

CE pays ne possède encore que desindustries peu développées ; la Mis-sion a visité tous les centres qui

présentent à cet égard quelque impor-tance, qu'il s'agisse de fabriques detextiles, de sucreries, de centrales, oude m'nés de charbon. Un effort d'in-dustrialisation semble s'imposer d'ur-gence ; mais toute tentative de grandeenvergure exigerait une productionbeaucoup plus abondante d'énergieélectrique (la houille blanche pourrait

d'ailleurs fournir les ressources vou-lues) et un développement considérablede l'enseignement technique ; sur cedernier point, la Mission aura à four-nir des avis.

Le rapport qu'elle prépare indiquerala nature et la portée qu'il faudraitdonner à l'enseignement techniquepour l'adapter aux besoins de l'indus-trie actuelle, d'une part, et, de l'autre.pour assurer la mise en valeur desressources du pays. Aussi un question-naire a-t-il été adressé au Gouverne-ment afghan afin d'obtenir des rensei-gnements sur les plans de développe-ment qui doivent être appliquée aucours des dix ou vingt années à venir.de façon à ce que la Mission puissepréciser de quels établissements d'en-seignement technique il faudrait dis-poser et quels devraient être leursprogrammes.

On estime qu'actuellement l'Afgha-nistan possède en tout moins de 10. 000travailleurs industriels, si bien que lesbesoins du pays en matière de forma-tion professionnelle sont peu considé-rables. Il existe déjà une école d'ou-vriers qualifiés et l'industrie veut faireappel à des Afghans qui ont étudié àl'étranger, ainsi qu'à un certain nom-bre de spécialistes étrangers capablesde fournir les cadres de l'enseignementtechnique ; mais ces deux modes dpformation laissant cependant une la-cune qu'il importe de combler d'unefaçon ou d'une autre.

Orgueil uationalft goût de."indépendanee

LA population de l'Afghanistan, com-JU posée de musulmans fervents, mèneune vie simple et laborieuse. Les

Afghans ont un port altier et sont detoute évidence très indépendants d'es-prit ; beaucoup d'entre eux sont demagnifiques spécimens d'humanité. Ilsmontrèrent une extrême courtoisie àl'égard des membres de la Missionauxquels ils étaient toujours prêts àdonner aide et conseils.

L'arrivée de ces étrangers, d'appa-rence pour eux bizarre, éveillait natu-rellement leur curiosité ; mais de leurcôté les étrangers n'éprouvait pasmoins de curiosité envers les Afghans.

Les membres de la Mission ont conçuune grande admiration pour ce peuple,qu'ils estiment entièrement digne del'assistance que des pays plus déve-loppés pourront lui apporter.

Lorsqu'une population a vécu pen-dant des siècles dans des conditionsdifficiles, sous un rude climat, dans unpays de montagnes arides, la plupartdes éléments incapables d'évolution etd'efforts se sont trouvés naturellementéliminés, et l'on ne rencontre plus quedes êtres pleins d'énergie et de dyna-misme. Si les bienfaits de l'éducationsont mis à leur portée, ils iront doncplus loin que d'autres peuples qui ontvécu sous des climats et dans des paysplus « doux ?.

La Mission aura terminé son rapportau début de ce mois (décembre) etl'Unesco le transmettra au Gouverne-ment de l'Afghanistan ; on espère quecelui-ci en autorisera par la suite lApublication totale ou partielle.

LE COURRIER DE L'UNESCO-Page) 1 0

UN TAPIS MAGIQUE

POUR LES ENFANTS

L'année prochaine une équipe deréalisateurs éminents, repré-sentant trois ou quatre pays,

effectuera, sous les auspices del'Unesco, une tournée en Europepour procéder à une expérience in-ternationale en matière de réalisa-tion de programmes radiophoni-ques.

Utilisant le matériel d'enregistre-ment mobile de l'Unesco, cette« caravane radiophonique s, commel'a baptisée M. Théo Fleischman,Directeur général de la Radiodif-fusion belge, se mettra en routesoit au printemps, soit au début del'automne, pour recueillir les élé-ments d'une série d'émissions con-sacrées à un thème auquel l'Unescos'intéresse tout particulièrement.

Il s'agit du thème « Les enfantsdans le monde d'après-guerre >&gt;, etl'intention est de présenter aumonde entier, par la voix de laradio, un reportage d'actualité surl'éducation des enfants dans plu-sieurs pays d'Europe.

L'un des avantages les plus ma-nifestes d'une telle entreprise decoopération internationale est queses réalisateurs, possédant uneconnaissance et une expérienceétendues de différents publics etde différentes techniques, combi-neront leurs idées et leurs métho-des pour recueillir des documentssonores ayant trait à ce thèmetrès vaste et bien propre à éveillerl'intérêt des auditeurs dans pres-que tous les pays du monde.

Ici, Radio Torchok... République d'Enfants

Des camps et des villages pourl'éducation et la réadaptationdes enfants de différentes natio-nalités existent déjà en France, enItalie, en Suisse, en Tchécoslova-quie et en Autriche, et l'on estimepouvoir y recueillir des enregis-trements excellents et émouvantsqui permettront de composer desprogrammes capables d'expliqueret d'illustrer cet important pro-blème.

L'idée d'utiliser le matériel mo-bile de l'Unesco pour une <&lt; opéra-tion combinée a de cette sorte estdue au Comité d'Experts de laradio qui s'est réuni à l'Unesco audébut de cette année ; ce plan a étéapprouvé récemment par la Com-mission des programmes radiopho-niques de l'Unesco.

Cette Commission, qui se réunitune fois par an pour examiner lestravaux de la section radiopho-nique de l'Unesco et envisager lesmoyens de les développer, a recom-mandé que trois réalisateurs aumoins soient invités à participer àla tournée.

Les Radiodiffusions britannique,française, suisse, italienne et mexi-caine ont déjà offert de prêter, àcet effet, des membres de leur per-sonnel Le choix définitif sera faitpar l'Unesco.

La Commission a proposé aussique la tournée dure au moins troissemaines et se rende dans plusieurspays d'Europe ; elle a émis le voeuque cette expérience soit étendue,dans l'avenir, à d'autres conti-nents.

La préparation.de l'itinéraire européen

Quelques semaines avant le départ de la tournée européenne,l'Unesco envisage d'envoyer un« Groupe de reconnaissance)) visi-ter les camps et autres centres oùvivent les enfants, pour détermi-ner ceux qui peuvent fournir lesdocuments sonores les meilleurs etles plus utiles.

Ainsi, lorsque les réalisateurs,accompagnés d'un gui d e de

l'Unesco et d'un ingénieur du sonquitteront Paris, ils connaîtrontexactement leur itinéraire.

L'Unesco pourra aussi, au besoin,

s'adresser aux organisations radio-phoniques des pays visités pour ob-tenir du matériel d'enregistrementet des techniciens supplémentaires.Les radiodiffusions suisse, italienneet autrichienne ont déjà consentià fournir toutes facilités si la tour-née se rend dans ces pays.

A l'issue de la tournée, chaqueréalisateur ramènera dans son paysles documents sonores recueillis quiserviront alors à composer des pro-grammes. Ultérieurement, les pro-grammes ainsi préparés pour cha-que organisation de radiodiffusionseront enregistrés et envoyés àl'Unesco pour être distribués dansd'autres pays.

Ainsi des millions d'auditeurspourront écouter des reportages vi-vants et intéressants sur les mé-thodes qui permettent d'adapterles enfants d'Europe aux nouvellesconditions de vie que la guerre afait apparaître.

Cette année, dans près de 2. 500écoles des pays de langue an-glaise, les enfants apprennent à

connaitre les pays étrangers de la façonla plus vivante qui soit, les voyagesexceptés : ils lisent des lettres pleinesde détails pittoresques écrites par desvoyageurs parfaitement documentés.

Tous les quinze jours ces lettres leurapportent des descriptions colorées despays scandinaves, des îles Britanniques,des Antilles, des Etats-Unis. Chaquelettre, qui comporte environ 1. 500 motsde texte dactylographié, est abondam-ment illustrée de dessins en couleursreprésentant les habitants, les sites etles objets qui y sont décrits.

Cette série de lettres est publiéesous le titre général « My ForeignCorrespondent >&gt; (Mon correspondantétranger) pour aider les maitres quicherchent à éveiller l'intérêt des en-fants envers les pays et les peuplesétrangers et à développer en eux lessentiments d'amitié et de compréhen-sion internationales. Les lettres sontécrites par des artistes qui voyagentdans les pays qu'ils décrivent et chaquedétail en est vérifié par des experts.

t Nue affiche, qui sera prochain-ment apposée dans 25. 000 bi-bliothèques et édifices publics

de tous pays, vient d'être publiéepar l'UNESCO pour favoriser dansle grand pub) ic ta compréhensiondu rôle important des bibliothèquespubliques. Un prospectus reprodui-sant le texte de l'affiche sera égale-ment distribué au puhlie par lesgroupements d'éducation des adul-tes et par les bibliothèques.

Affiche et prospectus existent dé-jà en anglais, en français, en espa-gnol, en italien et en polonais. Ilsparaîtront bientôt eu arabe. Ilsseront distribués aux bibliothèqueset aux organismes d'éducation dechaque pays par les soins des Com-missions nationales de l'Unesco,avec la coopération des associationsde bibliothécaires.

Ces productions s'inscrivent dansle cadre du programme permanentde l'Unesco en faveur du développe-ment des bibliothèques publiques,considérées comme des centresd'éducation populaire. Ce dévelop-pement, en effet, est loin de se pour-suivre au même rythme dans lesdifférents pays du monde.

Il est exact qu'un certain nombrede bibliothèques sont des centresextrémement actifs d'éducation po-pulaire, et rendent aux collectivitésdes services indispensables : ellessatisfont pleinement aux besoinsd'une population avide d'informa-tion et de lecture ; elles coopèrentétroitement avec les groupementsd'éducation des adultes, les clubs, lessyndicats, les écoles et les universi-tés ; elles organisent elles-mêmesdes cercles de discussion, des pro-jections de films, des réunions di-verses.

Mais, pour une ville qui possèdeune bonne bibliothèque, des dizai-nes en sont totalement dépourvueset des centaines d'agglomérationsurbaines et rurales ne disposentque d'installations insuffisantesL'affiche et le prospectus det'Unesco, en montrant clairementl'utilité d'une bonne bibliothèquepublique, aideront les bibliothé-caires qui veulent encourager la

poput)-u et a appu. vt'rtes hitfnthqnc.--, de facoo a cfle,. ; lJitrlîÙthi.'Ijt1p,, ;, (j\ fa'oll il (' ('qu'eues puissent fournir tous tesseni !'l',.. ; egvi"' ; <lg' :',, ; par nIaes !' !).

Si le d (ve1oppement. des biblio-thèques publiques dépend essentiel-lement de l'intérêt qu'y porte la po-pulation, leur valeur est fonctiondes connaissances et de la clair-voyance des bibliothécaires et. desadministrateurs. C'est pourquoil'Unesco publie également une sériede manuels pratiques à l'usage desbibliothécaires, des éducateurs etdes fonctionnaires qui s'occupentd'organiser ou de développer les bi-bliothèques publiques. Dans cettesérie figurent les ouvrages suivants :

La formation du bibliothécaire (anglais.français, espagnol, polonais, arabe).

L'extension des bibliothèques publiques(anglais, français, espagnol, italien, polo-nais, hongrois, tchèque).

Rôle des bibliothèques publiques dansl'éducation des adultes (anglais, français,espagnol, italien).

La bibliothèque publique, force vive auservice de l'éducation populaire (anglais,français, espagnol, allemand).

La plupart de ces manuels serontmis en vente cette année même chezles dépositaires des publications del'Unesco ; les autres paraîtront dansles premiers mois de 1950.

Leur style sim-ple et familierles empêche detomber dans ladescription sè-che. Voici unextraits'une let-tre de Sandef-jord, Norvège,sur la pêcheà la baleine :« J'ai été étonné 1d'apprendreque les pê-cheurs vont siloin, mais il restesi peu de gran-des baleinesdans les eauxseptentrionales,que les balei-niers doivent al-ler les chercherplus au sud.

LE BÉBÉ PÈSE DEUX TONNES

Actuellement, un accord est inter-venu enture les flottilles de pêchede la plupart des nations intéressées,en vue de protéger l'espèce en limi-tant le volume de la pêche à chaquesaison... Quand j'ai demandé à moninterlocuteur quelle taille atteignaientles baleines, il m'a répondu qu'unbaleineau bleu (l'espèce la plus grande)pèse deux tonnes et mesure 7 m. 25 à lanaissance. Parvenu à maturité, il me-sure 30 mètres et pèse environ 150tonnes.

Les baleines bleues se nourrissentde crevettes connues sous le nom de« grill)) qui sont si nombreuses qu'ellesdonnent à l'eau une teinte rosée. Lescachalots, eux, se nourrissent surtoutde poulpes, qui se défendent avecacharnement, si bien que les représen-tants de cette espèce sont souventcouverts de cicatrices... Si vous désirezd'autres renseignements sur la pêcheà la baleine au temps jadis, lisez« Moby Dick')).

Sur ce ton familier, les lettres traitentde toutes sortes de sujets : un mariagemusulman à la Trinité, la constructiondes igloos en Laponie, le numérotagedes rues à New-York, les monolithesmystérieux de Stonehenge, etc. Le« pourquoi >&gt; et le « comment >&gt; desmoeurs, des usages et des conditionsde vie dans les pays lointains sontexpliqués dans le courant de la narra-tion, et chaque lettre se trouve êtreainsi un exercice complet et pratiqued'éducation à la compréhension inter-nationale.

Pour tous détails complémentaires,s'adresser à Meiklejohn and Sons Ltd,15, Bedford Street, London W. C. 2,Angleterre.

VOICI plus de deux ans, l'Unesco

réunissait à Sèvres, près de Pa-ris, des éducateurs et des étu-diants d'une trentaine de paysen une sorte de conférence in-

ternationale de caractère expérimental.à laquelle fut donné le nom de « staged'études : Þ.

Ce premier stage ou cette premièreconférence d'études sur l' « Educationet la Compréhension internationale >&gt;permit à ces éducateur, s, répartis enpetits groupes de travail, d'échanger desinformations et des idées, d'examinerdes méthodes et de propose ! * des solu-tions en ce qui concerne certains aspectsprécis de cette question générale.

Nombreux à l'époque étaient ceux quidoutaient qu'une réunion de personnesd'origines aussi diverses pût aboutir àun résult quelconque. La plupart desstagiaires ne se connaissaient pas, lesconditions de l'enseignement étaient trèsdift'érent'es dans leurs pays respectifs.l'absence d'un langage commun rendaittrès difficile la communication des idées.

Mais ce stage fut une réussite. Lesstagiaires qui, au début, étaient desinconnus les uns pour les autres, seséparèrent comme des amis dont chacuncomprenait les idées et les problèmesdes autres.

Depuis cette date, l'Unesco a multi-plié les stages d'études internationaux'qui constituent aujourd'hui l'un desaspects les plus importants de son pro-gramme dans le domaine de l'éducation.

Dès le stage d'études de Sèvres,l'Unesco avait pu constater l'utilité decette méthode. En juillet et en août 1948,

Arthur RAMOS

1903. 1949

E professeur Arthur Ramos n'est'L plus. Un mal brutal l'a emportéen quelques heures. Arrivé en Franceà l'appel de l'Unesco. il dirigeaitdepuis trois mois le Département desSciences Sociales. Il s'acquittait decette tâche avec toi. sans jamais mé-nager sa santé ni sa peine. Pour lemonde savant, pour l'Unesco aussibien que pour le Brésil, sa dispari-tion est une perte très cruelle : sonceuvre en témoigne.

Psychiatre, le Dr. Ramos a ensei-gné et pratiqué : il a londé et dirigéen 1934 la section d'hygiène mentaledu ministère de l'Education du Bré-sil. Membre de la Société de méde-cine légale, de criminologie et depsychiatrie de Bahia et de la Sociétébrésilienne de neurologie et de psy-chiatrie, il CI écrit plusieurs ouvragesde psychIatrie et de psychanalyse àtravers lesquels apparait parfois déjàl'anthropologue : Primitivo e lou cura(Le primitif et la tolite), 1926 ; Estudosde psicanàlise (Etudes de psychana-lyse), 1930 : Freud, Aduler. Jung, 1934 ;Psichiatria e psicanàlise (La psy-chiatrie et la psychanalyse), 19 ; 14 ;Educaçao e psicanàlise (L'éducationet la psychanalyse). 1934 : Lou cura ecrime (La lolie et le crime), 1937.

Psychologue social, le ProfesseurRamos a inauguré la première chairede psychologie sociale à l'Universitéde Rio-de-Ianeiro en 1935 : il a écrit. aaaée suivante, soa Introduçao aPs·o ocic Social (Latroduction à lapsychologie sociale), 1936. qui de-meure le seul ouvrage général surcette science rédigé dans une langueromane. Il s'est encore occupé de lapsychologie de t'eniant. ainsi qu'entémoigne son dernier ouvrage : Acriança problema (Le problème del'eniant). 1948,

Mais c'est surtout en tant qu'anthro-pologue que le Dr. A. Ramos s'estimposé dans les milieux savants. Sesrecherches anthropologiques et ethno-logiques ont aboute a de très impor-tuntes découvertes : on peut dire que. :' est en grande partie grâce à luique l'anthropologie du Brésil est dé-sormais londée sur des bases scien-tdiques solides. Fondateur et premierprésident de la Société brésilienned'anthropologie et d'ethnologie, il aécrit : 0 negro brasileiro (Le Noirbrésilien) qui a été traduit en an-glais, 1934 et 1940 : 0 Folklore negrodo Brasil (Le lollrlore nègre du Bré-sil). 1935 : As culiuras negras no novomundo (Les cultures nègres du Nou-veau Monde). 1937. ouvrage qui de-vait être traduit en espagnol et enallemand : Introduçao à anthropolo-gia brasileira (Introduction à l'an-thropologie du Brésil). 2 vol. 1943-1947 ; Las Problaciones deI Brasil(Les populations du Brésil). 1945.

Le Département des Sciences So-ciales de l'Unesco est en deuil. Ils'associe à la douleur de la compagnedu Dr. Ramos, Mme Luiza de AranjoRamos, qui lut pour lui une colla-boratrice dévouée. Savant modeste etchel bienveillant, celui-ci avait su,dès son arrivée, gagner l'amitié detous ses collaborateurs. Son nom res-tera présent dans leur mémoire.

Un des premiers devoirs des personnes qui prennent part aux Stages d'étudesde l'UNESCO est, à leur retour dans leurs pays respectifs, de donner une suitepratique aux travaux du stage. Mlle Winnifred Chalmers, qui participa en 1948au Stage organisé par l'UNESCO et les Nations Unies sur a l'Enseignement relatifaux Nations Unies et à leurs Institutions spécialisées", s'occupe actuellement dela coordination des études qui se font dans les écoles de Los-Angeles surl'UNESCO et l'O. N. U. Les journaux scolaires sont un des organes d'diffusiondont dispose l'UNESCO pour faire connaître sa mission aux écoliers de Los-Angeles. Ci-dessus : a la salle de rédaction"du journal de la Starr-King-School,qui, depuis 1946, a une rubrique régulière d'information sur les activités del'UNESCO.

elle organisa trois nouveaux stagesd'études sur le thème général del' « Education du futur citoyen dumonde x.

En Angleterre, à Ashridge College,47 instituteurs et professeurs S'occupè-rent de « la preparation du personnelenseignant ( ( ; aux Etats-Unis, à AdelphiCollege, les représentants'ie 27 paysétudièrent la question de « l'Enseigne-ment relatif aux Nations Unies et àleurs Institutions spécialisées)).

Enfin dans l'antique château de Pode-brady, en Tchécoslovaquie, 32 stagiairesvenus de n pays examinèrent la ques-tion de l'éducation des enfants de troisà treize ans.

Le message des Nations Unies

et, de l'UNESCO

QUELS ont été les résultats de cesslages d'études' ? Dans l'ensemble,les stages ont contribué pratique-ment à favoriser les échanges

internationaux d'idées en matic're d'édu-cation.

Mais on ne peut juger de leur valeurréelle uniquement d'après les rapportset les documents établis par les sta-giaires. L'utilité d'un stage se mesure enfin de compte à l'influence que les sta-giaires, du fait qu'ils ont vécu et tra-vaillé dans un milieu international, ontpu exercer sur l'éducation dans leurspays respectifs.

Ce n'est qu'aujourd'hui que l'on peutcommencer à apprécier les résultatsconcrets obtenus par les stages. Lesanciens stagiaires rendent compte de lafaçon dont ils ont utilisé l'expériènce etles connaissances acquises par eux pour,mieux servir l'idéal des Nations Unieset de rUnesco.

Presque tous les stagiaires ont faitdes conférences ou des causeries surles résultats des stages ainsi que surles Nations Unies et l'Unesco. Un ins-pecteur scolaire américain a'fait ainsiplus de deux cents causeries, et nombred'autres stagiaires en ont fait de vingtà cinquante. Presque tous ont fait pa-railre des articles dans des journaux oudes revues, et plusieurs ont fait descauseries à la radio.

De nouvelles méthodes et un nouveaumatériel d'enseignement ont été utilisésavec succès. La méthode du travail pargroupes a donné presque partout desrésultats satisfaisants et, de la Scandi-navie à l'Amérique, orTa eu largementrecours au cinéma et aux films fixes.

C'est à l'influence des stages d'étudespratiques que l'on doit également cer-tains changements dans li, S méthodesd'enseignement et de préparation dupersonnel enseignant pratiquées dans lespays qui y ont été représentés.

De la Suisse, le dTrecteur d'une écolenormale rend compte des modificationsapportées aux programmes de cetteinstitution ; un stagiaire français an-nonce la création de cercles d'études de

l'Unesco et l'ouverture d'une salle d'ex-position au Musée pédagogique. A LosAngeles, les autorités ont inscrit auprogramme des écoles publiques l'étudede l'Organisation des Nations Unies etde l'Unesco et ont nommé des fonction-naires spécialement cf1argés de coordon-ner et de diriger ces études.

Le"club des anciens stagiaires"

LES contacts personnels établis lorsdes stages ont été maintenus ; ilspermettent d'assurer, grâce à devastes ecl1anges d'idées et d'infor-

mations, la continuité de l'oeuvre entre-prise à Sevrés, à Podebrady et à Ash-ridge. C'est ainsi qu'un stagiaire suédoisest resté en relations avec des collèguesde l'Inde et de l'Afrique du Sud ; unprofesseur écossais avec des éducateursdes Etats-Unis, dû Canada, d'Australieet de Norvège, un instituteur tchèqueavec des collègues d'Angleterre et desEtats-Unis.

Mettant à proflt l'expérience acquisepar eux lors d'un stage de l'Unesco, desstagiaires norvégiens, autrichiens,suisses et néo-zélandais se proposentd'organiser eux-mêmes des stages ana-logues ; l'Office australien de l'Educationa déjà organisé un stage sur « l'En-seignement relatif aux Nations Unies età leurs buts)). Un stagiaire norvégien amême organisé un club d'anciens sta-giaires de l'Unesco. Les correspondantsde l'Unesco sont unanimes à reconnaitrel'utilité des stages ; tous déclarent qu'ily aurait intérêt à poursuivre et à déve-lopper l'application de ce programme.

De son côté, l'Unesco utilise les rap-

ports, les conférences et les documentades stages d'études pour publier, sous letitre général « Vers la compréhensionmondiale >&gt;, une série de brochures des-linées au personnel enseignant.

La transformationdes documents en manuels

d'enseignement

ECRITES dans un style simple et di-remet, ces brochures constituent desmanuels précieux et faciles à lireque les maîtres pourront ajouter

il leur bibliothèque.La brochure Intitulée « La Prépara-

tion du Personnel enseignant)) s'ins-pire de trois rapports de groupe du.stage d'études d'Ashridge et montre no-tamment comment on peut apprendreau personnel enseignant à développerla compréhension internationale chez lesélèves.

Le rapport d'un groupe du staged'études d'Adelphi College forme l'es-sentiel de la brochure : <&lt; Les Nations

Unies et le civisme international >&gt;quicontient quelques renseignements géné-rrux à l'usage des maîtres. Dans unetroisième brochure : « Dans la classeavec les moins de treize ans s, ungroupe de stagiaires de Podebrady s'estefforcé de répondre à quelques-unes desquestions qui se posent aux éducateursdans le monde entier.

La brochure : « L'influence du foyeret de la communauté sur les enfants demoins de treize ans » reproduit quatredocuments émanant du stage de Pode-brady, ainsi que le texte de l'allocutionprononcé à ce stage par feu le Dr RuthBenedict, professeur d'ethnologie àl'Ecole normale de l'Université Colum-bia. C'est l'un des derniers discours duDr Henedict. qui devait mourir, en sep-iembre 1948.

Tels sont quelques-uns des résultatspratiques obtenus grâce aux stagesd'études de l'Unesco sur l'Educationpour une meilleure compréhension in-ternationale. tenus en 1947 et 1948. Leseffets en deviendront plus manifestes àmesure que les programmes scolairesde tous les pays du monde subiront da-avantage l'influence des enseignements,des idées et des suggestions qui enémanent en ce qui concerne les mé-thodes d'éducation.

En 1949, les stages d'études interna-tionaux de l'Unesco ont été consacrés àl'éducation de base. Le premier, surl'analphabétisme dans les Amériques,s'est tenu au Brésil du 27 juillet au3 septembre et le deuxième, sur l'éducation des adultes ruraux, en Asie, alieu actuellement à Mysore,

L'année prochaine, toutefois, les deuxprincipaux stages d'études auront denouveau pour obj l'éducation pour lacompréhension internationale. L'un, quidoit se tenir au collège Macdonald del'Univarsité McGilI. au Canada, porterasur <&lt; L'enseignement de la géographiecomme moyen de développer la com-préhension internationale et ledeuxième, qui se tiendra il la mêmeépoque en Belgique, s'occupera de« l'Amélioration des manuels, en parti-culier des livres d'histoire >&gt;.

Page Il-LE COURRIER DE L'UNESCO

LE COURRIER DE L'UNESCO-Page 12

Le 17 octobre dernier, s'ouvrait, au siège de l'Unesco, une Conférenceinternationale destinée à poursuivre et à développer l'action entre-prise par la S. D. N. avant 1939 pour la conservation et la restau-

ration des monuments d'art et d'histoire. Cette Conférence-la premièredu genre depuis la fin de la guerre-a étudié les moyens, éducatifs etautres, dont dispose 1UNESCO pour ( la sauvegarde non plus seulementde la culture, mais des sentiments mêmes des peuples et de leur atta-chement aux témoignages illustres de leur passé)). Au cours d'une inter-view accordée au COURRIER-interview dont nous présentons ici unesorte de ( contrepoint x sous la forme d'extraits des derniers documentsobtenus par l'UNESCO sur l'oeuvre de restauration d'après-guerre-M. le Professeur Roberto Pane, expert-conseil italien, à qui l'UNESCOa confié le soin d'organiser la Conférence du 17 octobre, a bien voulunous parler de l'aspect éducatif du problème international de la protec-tion des biens culturels de l'humanité.

a vérité, nous déclare M. Pane, c'estque le problème est avant toutun problème d'éducation popu-

laire. La protection des monuments histo-riques est Impossible sans le concours desmasses.

Dans certaines régions, dans le Proche-Orient en particulier, l'incurie populaire àlaquelle se heurte la bonne volonté desgouvernants, pose des problèmes d'uneextrême gravité.

SI la Conférence a tellement insisté surl'importance d'envoyer dans certaines ré-gions des Missions scientifiques de docu-mentation, c'est qu'vil y a tout lieu decraindre que de nombreuses oeuvres d'artdu Proche-Orient, d'une immense valeurhistorique, auront complètement disparud'ici une dizaine d'années.

Désastre non seulement national ou ré-gionat, mais désastre international, toutepersonne cultivée le comprendra.

bye problème de la conservation des peintures est des plus ardus'), note unspécialiste du Moyen-Orient dans un rapport présenté à la Conférence.<, Souvent les fresques ne peuvent être conservées sur place. Faute de moyensfour les transporter, des fresques importantes, comme celles d'ARSLAN-TASH,dans le Nord de la Syrie, ont été sacrifiées malgré la rareté des peintures assy-riennes... >&gt;

De son côté, M. Julian Huxley, premier Directeur général de l'UNESCO,dans une communication adressée aux spécialistes de l'Organisation, rappelle"que toutes les antiquités de la Transjordanie sont actuellement conservéesdans des caisses, faute d'argent pour les présenter au public... A Lakatia, j'aiassisté, impuissant, à la destruction de plusieurs colonnes gréco-romaines...

L'église de Saint-Laurent-le-Majeur, à Rome, est peut-être la basilique la plus ancienne dela Ville Eternelle. La tradition veut qu'elle ait été construite par Constantin. Elle fut éventréepar une bombe au cours de la dernière guerre. Notre photo montre l'état où ce monumentétait voilà encore quelque temps. Depuis, il a été restauré par le gouvernement italien.

L'HOMME EST LEUR PIRE-'ENNE1WI

cet'urgence du problème du Proche-Orient (poursuit M. Pane) nedoit pas nous faire oublier

qu'en Occident même, où la conservationest assez bien organisée, d'autres problè-mes existent-et qui ne sont pas touscausés par les destructions de la guerre.

Il se trouve des pays « riches » dons onpeut dire qu'ils ne dépensent pas assezpour la protection de leurs monuments.

Dans un des pays où la protection est lemieux organisée, en France, cette protec-tion ne dispose que d'un budget qui repré-

sente tout juste un cinquantième des be-soins (843 millions de francs, soit 0, 05 %du budget total).

Les mêmes difficultés se rencontrentdans plusieurs autres pays, aggravées par-fois par les destructions apportées par laguerre.

Aussi la Conférence a-t-elle été toutpartloulièrement Impressionnée par l'effortd'un pays comme la Pologne, dont les per-tes, durant la dernière guerre, dépassenten étendue « les dégâts infligés à ses ri-chesses artistiques au cours de ses milleans d'existence".

"Varsovie, Dantzig, Poznan et Wroclaw sont les exemples les plus frappantsde cette dévastation sans précédent", a déclaré M. le Professeur Stanis-las Lorentz, Directeur général des Musées et de la Protection des Monuments."Au début, tous nos efforts se sont concentrés sur la protection au moins pro-visoire des bâtiments endommagés, qu'il fallait empêcher de tomber complè-tement en ruines... Dans la seconde phase, entre 1948-1949, tout en poursuivantces travaux de protection, on a entrepris la reconstruction proprement dite desmonuments les plus importants. Dans la troisième phase qui se situera entre1950 et 1955, on prévoit entre autres la reconstruction du Château Royal deVarsovie et celle des vieux quartiers historiques de Varsovie et de Dantzig".

'"L'Inde (dit encore M. Pane) a aussiretenu l'attention de la Confé-rence, en raison de ('énergie

avec laquelle ce pays organise depuisquelques années la 4) rotection de ses im-menses richesses archéologiques et archi-tecturales. C'est surtout contre l'action du

climat, des pluies et de la végétation luxu-riante, que les monuments de l'indue doi-vent être protégés. Il en résulte des pro-blèmes de conservation particuliers et ins-tructifs qui ont été soulignés au cours dela Conférence.)'

Le TA] MAHAL, tombeau construit au XVII'siècle par te Shah Jehan pour sa femme MumtazMahat. est l'exemple le plus parfait de l'architecture indo-mongote : certains même le consi-dèrent comme le plus beau monument du monde. Il s'en est fallu de peu, pourtant, qu'il nefût démoli... En 1928, en effet, une proposition d'inspiration gouvernementale visant à sadémolition fut adoptée et sa mise à exécution fut sérieusement envisagée pendant les septannées qui suivirent ! Le TA ! MAHAL. qui avait échappé au zèle iconoclaste des bureau-crates, avait néanmoins souffert de leur incurie et. en 1942, le gouvernement de t'Inde dutentreprendre des travaux très importants de restauration et. notamment, pour liaisonner la

maçonnerie du dôme principal. comme la ontre le document que nous publions.

En pur. : sentant les cunclusions de son mémoire a la Conférence, M. N.-P.Chakruyarti, Directeur général de l'archéologie dans l'Inde, a notammentd. : claré : (, Certains problèmes que pose dans l'Inde la conservation des peinturesmurales sont extrêmement complexes. C'est ainsi qu'à Tanjore deux couchespicturales sont superposées ; il s'agit d'enlever la couche supérieure sans la dété-riorer, tout en laissant la couche inférieure intacte"in situ". Grâce à l'obligeancede l'UNESCO, les questions que j'ai posées au sujet des travaux du même genreeffectués en d'autres pays, ont été diffusées dans tout le monde scientifique...Je demande instamment qu'il soit recommandé de créer, sous les auspices del'UNESCO, un Centre de recherches convenablement outillé et auquel tous lesEtats membres pourraient s'adresser pour obtenir des conseils techniques".

-, pour remplir dans ce domaine sonf) rôle de Centre de documenta-tion et d'information (poursuit

M. Pane) l'UNESCO se doit tout d'abord decollaborer avec tous les organismes inté-ressés, et en particulier avec les servicestouristiques. Son action éducative dans lesmasses en sera d'autant plus profonde etefficace.

Le Tourisme travaille pour nous, etnous travaillons pour le Tourisme.

Ce n'est pas le climat qui attire les tou-ristes à Reims, à Gand, à Pise, à Salisbury,au TaJ Mahal ou au cimetière royal de

Tchang-Ping.Vieux comme le monde, le tourisme est

aujourd'hui pour plusieurs pays ( la pre-mière et la plus complexe des Industriesd'exportation)).

En 1949, il a rapporté à la France pourplus de 70 milliards de francs de devisesétrangères.

L'importance économique de ces res-sources, jointe à la valeur culturelleintrinsèque des monuments historiques, adonné naissance dans un certain nombre duepays à des Mouvements populaires du plushaut intérêt.

""D"ns tous les domaines de la pro-**jj) tection (a conclu M. Pane), il

est évident que la tâche del'UNESCO est immense. Au sens littéral dumot, c'est-à-dire sans aucune mesure avecles moyens que lui fournissent actuelle-ment les Etats Membres.

En 1950, le budget de l'Organisation nelui permettra pas d'envoyer une seule deces Missions scientifiques de documenta-tion, dont tous les spécialistes réunis à laConférence ont souligné l'importance. En1951, l'UNESCO espère organiser une Mis-sion, disposant d'un budget de 12. 000 dol-lares... Peut-être ira-t-eiie sauver quelques-uns des trésors artistiques du Proche-Orient.

Or, Il faudrait multiplier ces Missions,que la guerre a rendues à la fois trèsurgentes ettrop coûteuses pour le budgetd'un seul pays ou d'une seule Institutioninternationale.

Aussi la Conférence a-t-elle approuvé ledésir de l'UNESCO de voir se constituer unFonds International de Secours, qui pour-rait, au début, être utilisé pour certainesMissions particulièrement importantes etpour la restauration de monuments d'unintérêt culturel international.

De toute façon, la Conférence a recom-mandé la création d'un Conseil de 14 Ex-perts, qui sera une sorte d'état-major in-ternational de la lutte entreprise parl'UNESCO pour la conservation et la res-tauration des monuments et des sites I1ls-toriques.

Ces spécialistes auront pour tâche no-

En Suède, rapporte un mémoire présenté à la Conférence,"nous devonsau Mouvement populaire (< Hembygderorelsen'>, qui groupe aujourd'huiplus de 800 Sociétés locales, la sauvegarde d'un nombre imposant de monuments,de documents et d'oeuvres d'art. Le nombre des bâtiments qui ont été sauvésgrâce à la vigilance populaire est de 2, 625..."

tamment de conseiller l'UNESCO dans lechoix des priorités, dans la préparation deconventions Internationales pour la protec-tion contre les dangers militaires, dansl'organisation d'archives photographiquesinternationales du patrimoine mondial,dans l'envoi des Missions scientifiques deDocumentation, etc. Ils devront aussi orien-ter l'effort de propagande et d'éducationpopulaire de l'UNESCO.