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CHAMPS SCALAIRE ET VECTORIEL EN GÉOPHYSIQUE GUY BOUYRIE
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NOTIONS DE CHAMP SCALAIRE, DE CHAMP VECTORIEL EN GÉOPHYSIQUE
C’est en première S que l’on aborde en lycée la notion de champ, dont la profondeur et la « puissance »
risquent d’échapper à nos lycéens tant le temps qu’on peut lui consacrer est restreint ! En effet, en deux
semaines au plus, le programme de première S suggère de « recueillir et exploiter des informations
(météorologie, téléphone portable, etc.) sur un phénomène pour avoir une première approche de la notion de
champ », en vue de « décrire le champ associé à des propriétés physiques qui se manifestent en un point de
l’espace », tout en comprenant comment « la notion de champ a émergé historiquement ». Et donc il faut
apprendre à distinguer des champs scalaires et des champs vectoriels, pour ensuite étudier le champ de
pesanteur terrestre avant de cartographier quelques champs électriques et magnétiques remarquables.
Dans cet article, nous nous limiterons aux champs et potentiels terrestres qui sont du domaine de la
géophysique (météorologie et géodésie), à l’exclusion du champ magnétique terrestre. Rappelons que la
géodésie est la science qui étudie les dimensions et la forme de la Terre, ainsi que son champ de pesanteur.
Nous allons voir qu’INTERNET offre en la matière de nombreuses ressources, exploitables ou non avec les
élèves, qui permettent d’appréhender des notions souvent méconnues.
1. CARTES EN MÉTÉOROLOGIE & GÉOGRAPHIE : VERS LA NOTION DE CHAMP
En météorologie, on établit un très grand nombre de cartes où, en chaque point de l’espace considéré, sont
portées des valeurs mesurées associées à des grandeurs physiques utiles (température, pression, vitesse du
vent, etc.). À une date donnée, une valeur ou un ensemble de caractéristiques d’une grandeur physique sont
donc liés en chaque point de cet espace, ce qui constitue une première sensibilisation à la notion de
« champ ».
1.1. Champs scalaires et vectoriels en météorologie
On consultera avec intérêt ce remarquable site : http://www.infoclimat.fr/
Par le menu « temps réel », on peut accéder à tout un ensemble de cartes qui permettent d’illustrer de façon
très intéressante ce propos introductif relativement à la notion de champ, vue comme une « propriété » qui
structure l’espace en chacun de ses points. Faire un bon usage des cartes disponibles n’est pas toujours aisé.
Un lexique est disponible selon : http://www.infoclimat.fr/apprendre-lexique-meteo.html
Le site de MeteoFrance : http://www.meteofrance.com/accueil apporte des documents pédagogiques d’un
grand intérêt pour compléter cette étude.
Consulter les pages disponibles suivant http://education.meteofrance.fr/
Figure 1 : portail d’entrée du site INFOCLIMAT http://www.infoclimat.fr/
Figure 2 : dossiers thématiques disponibles sur le site de Meteo France http://education.meteofrance.fr/dossiers-thematiques
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Lignes isobares
Le « champ » de pressions relevées à un instant donné en différents points d’un plan à une altitude donnée
permet de mettre en évidence des lignes « d’équi » (égales) ou « iso »pression, suivant que l’on préfère le
latin ou le grec ! C’est un peu comme des courbes de niveau sur les cartes de géographie (on y reviendra par
la suite).
En examinant la répartition spatiale de ces lignes « iso », on serait donc tenté de prévoir selon quelle
direction les masses atmosphériques vont être mises en mouvement, sachant quand même que les relevés
sont effectués à une altitude ramenée au « niveau de la mer » (encore une notion qu’il va falloir « creuser »).
Mais ici le problème est relativement complexe :
des variations de pression peuvent être constatées, à un instant donné, entre deux points différents de
l’espace cartographié, en parcourant donc l’intervalle spatial allant d’un point à un autre : d’où le calcul
d’une « pente » P
r, analogue à un « gradient de pression » (cas [1]) ;
des variations de pression peuvent être constatées, en un point donné, entre deux instants différents, en
parcourant donc un certain intervalle temporel : d’où le calcul d’un rapport P
t, analogue à une « variation
temporelle de la pression » (cas [2]).
Il se trouve qu’en météorologie, on dresse de véritables cartes basées sur des mesures différentielles du type
[2], sur des durées d’observation de une à trois heures au plus, ce qui reste petit devant la durée d’une
journée.
On peut alors essayer de trouver une corrélation entre ces relevés « différentiels » et ceux permettant de
cartographier la direction, le sens et l’intensité du vent sur une zone spatiale donnée.
Là encore, les cartes de « vents » doivent être ramenées à une altitude conventionnelle. Examinons alors les types de représentations que l’on peut obtenir :
Figure 3 : un exemple de lignes isobares présentées sur http://www.infoclimat.fr/
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Si les figures 3 et 4 permettent de comprendre la structure du « champ vectoriel » établi dans la figure 5,
dans le détail, cela s’avère plus délicat !
Figure 4 : même lieu, même date qu’en figure 3 avec observation des
variations temporelles de la pression atmosphérique http://www.infoclimat.fr/
years.html
Figure 5 : même lieu, même date qu’en figure 4 avec observation des vents
moyens observés « au niveau du sol » http://www.infoclimat.fr/
years.html
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1.2. Courbes de niveau : altitude et équipotentielle de gravité
En topographie, pour « cartographier » un lieu, il faut référencer sur une carte les « altitudes
topographiques » pour établir les « courbes de niveau » ; or repérer une altitude ne peut se faire sans
cartographier le champ de pesanteur terrestre ! C’est toute la difficulté de cette branche de la géophysique
appelée géodésie, à la frontière de plusieurs disciplines allant de la géologie à la physique pour aboutir à des
modèles mathématiques très complexes !
Les arpenteurs de notre globe se sont heurtés à des difficultés majeures pour assurer leurs relevés :
établir la forme de la Terre ;
définir la verticale et donc l’horizontale qui lui est perpendiculaire, ce qui repose sur les lois de la gravité ;
mesurer par conséquent la gravité, laquelle fait intervenir la notion d’altitude qui est une conséquence de la
gravité ! En effet, mesurer la gravité en un point du globe pose le problème de déterminer la distance au
centre de la Terre, pour ramener ensuite cette mesure à une altitude de référence !
Nous serons amenés à évoquer ces difficiles mesures qui ont conduit à définir « l’ellipsoïde de référence »
d’une part, le « géoïde » d’autre part.
Et tout est affaire de conventions : existe-t-il un « niveau de référence » ? Tout d’abord, revenons sur nos cartes de géographie, telles celles établies par L’IGN : http://www.ign.fr/
Beaucoup de cartes sont d’un accès public et libre, sur le fameux site « GÉOPORTAIL » de l’Institut national
de l’information géographique et forestière ou IGN : http://www.geoportail.gouv.fr/accueil .
Les cartes « topographiques » les plus intéressantes, en accès libre, sont celles relatives au littoral, établies
par le SHOM et l’IGN (ouvrir l’onglet « catalogue de données » pour y accéder). Pour commencer, retenons ceci :
la « verticale », en un lieu donné, est la direction du « champ de pesanteur » (ou “gravité”) en ce lieu ;
l’« horizontale » est une surface perpendiculaire en tout point à la verticale. Cela définit un lieu des points
qui est une équipotentielle de pesanteur, c’est-à-dire une surface sur laquelle le potentiel de pesanteur est
constant.
On peut donc faire une profonde analogie entre les « courbes de niveau » de la carte et les « lignes
équipotentielles de gravité ».
Les lignes de plus grandes pentes sont perpendiculaires aux courbes de niveau et la pente est plus forte là où
les courbes sont les plus rapprochées. On peut bien sûr rencontrer des points placés à des altitudes différentes
pour lesquels la pente est la même ou des points de même altitude (sur la même courbe de niveau) avec des
pentes différentes. De même qu’il ne faut pas confondre « constance de l’altitude » avec « constance de la pente », il ne faut
pas confondre « constance du potentiel de pesanteur » avec « constance du champ de pesanteur ».
Figure 6 : les ite de L’IGN GEOPORTAIL http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
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On consultera avec profit les remarquables ressources offertes par l’ENS Lyon sur ce vaste sujet : http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/gravitation-pesanteur.xml
Figure 7 : altitude ou pente ? Un remarquable document disponible sur http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/gravitation-pesanteur.xml
Figure 7 bis & ter : à gauche, lignes de même altitude (courbes de niveau) et à droite, lignes de même pente http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/gravitation-pesanteur.xml
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Pour des élèves de première S, on peut alors se risquer à dire les choses suivantes :
Les lignes équipotentielles de gravité ressemblent aux courbes de niveau d’une carte topographique : en
terrain accidenté, un objet de masse m qu’on déplacerait sur une courbe de niveau aurait toujours le même
« potentiel V de pesanteur » car il serait toujours à la même hauteur par rapport au niveau zéro (les
courbes de niveau sont ainsi des lignes équipotentielles de pesanteur).
Sur une ligne équipotentielle de pesanteur, l’objet de masse m possède la même énergie potentielle de
pesanteur (qui vaut en un lieu terrestre d’altitude h, E pp = mg h).
Traverser les courbes de niveau d’un relief correspond à gravir ou descendre une pente. Le trajet le plus
abrupt est toujours perpendiculaire aux courbes de niveau. S’il n’y avait aucun frottement, une balle
qu’on laisserait aller en terrain accidenté accélérerait spontanément selon la pente la plus abrupte, la force
résultante étant perpendiculaire aux courbes de niveau.
Il existe donc un lien entre :
le potentiel de pesanteur V et le champ de pesanteur g, de sorte que g = V
h si h représente la différence
d’altitude entre « 2 courbes de niveau ou lignes équipotentielles de pesanteur » ; le rapport V
h est analogue à
une « pente » ou encore « gradient de V ».
Rappelons aussi qu’en un point donné de l’espace où l’on place une masse m, on définit le vecteur « champ
de pesanteur » par la relation g
= P
m .
F1
F2
F3
Figure 8 : courbes de niveaux sur une carte de l’IGN et différentes pentes représentées par des
vecteurs en 3 points distincts
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2. CHAMP DE PESANTEUR ET LIGNES ÉQUIPOTENTIELLES DE PESANTEUR
2.1. La forme de la Terre : vers l’ellipsoïde
Au XVIII e siècle, les expéditions de l’Académie de Paris en Laponie lancée en 1736 (MAUPERTUIS et
CLAIRAUT) et celle rocambolesque au Pérou débutée en 1735 (GODIN, BOUGUER et LA CONDAMINE) avaient
pour but de vérifier qualitativement que l’aplatissement de la Terre, prédit par Newton, existait, plutôt que
d’en déterminer une valeur exacte.
Écouter la conférence présente suivant le lien : http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/figure-terre-2006-conf.xml
Le but est d’obtenir une modélisation de la Terre selon un ellipsoïde de demi-grand axe a et de demi-petit
axe b ; le facteur d’aplatissement f = a b
a .
Ces expéditions, qui ont pu être menées à leur terme après avoir réussi à vaincre d’inimaginables difficultés,
n’ont pas permis de déterminer a et b avec une précision suffisante, alors que le facteur d’aplatissement a été
évalué à f 1 / 200, ce qui a définitivement validé le modèle de NEWTON par opposition à celui proposé par
les partisans de DESCARTES (pour qui l’aplatissement était équatorial).
Pour l’expédition de Laponie de MAUPERTUIS & CLAIRAUT lire : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1951_num_4_1_4317 puis :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1951_num_4_2_2870
L’Académie des sciences propose à ce propos une belle animation flash sur les expéditions françaises aux
pôles, et notamment celle de MAUPERTUIS et CLAIRAUT http://www.academie-sciences.fr/activite/archive/dossiers/api/pole.swf
Bien sûr, la bibliothèque numérique GALLICA permet de consulter le célèbre livre rédigé sous la direction de
MAUPERTUIS « La figure de la Terre déterminée par les observations au cercle polaire » http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k625769.r=Maupertuis.langFR
Figure 9 : planches tirées de « La Figure de la Terre » de MAUPERTUIS http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k625769/f223.image et http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k625769/f216.image
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Pour l’expédition du Pérou (GODIN, BOUGUER et LA CONDAMINE), on lira avec intérêt :
un éloge de La CONDAMINE par l’académie des sciences ; http://www.academie-sciences.fr/activite/archive/dossiers/Condamine/archives_Condamine_oeuvre.htm
les péripéties de cette expédition dans la forêt amazonienne : http://bndigital.bn.br/francebr/frances/geodesique.htm .
Là encore, GALLICA permet de consulter le célèbre livre rédigé sous la direction de BOUGUER « La figure de
la Terre déterminée par les observations aux environs de l’équateur ». http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1051288w.r=Bouguer.langFR
En 1799, est proposé par la Commission des Poids et Mesures, suite aux travaux de MÉCHAIN, DELAMBRE et
BORDA, le premier ellipsoïde calculé avec les caractéristiques suivantes : a = 6 375 653 m et f = 1
334 .
Cet ellipsoïde a une importance historique considérable, car il a servi de base pour le système métrique
décimal (le mètre étant défini comme la dix-millionième partie du quart du méridien terrestre).
« L'ellipsoïde de révolution est un modèle mathématique de la Terre utilisé pour exprimer des
coordonnées géographiques et effectuer des calculs (positionnement, distance…). À chaque référentiel
géodésique est associé un ellipsoïde, sur lequel on a fixé un méridien comme origine des longitudes »
d’après l’IGN, document consultable suivant le lien : http://geodesie.ign.fr/contenu/fichiers/Modeles_ellipsoides_France.pdf Il y a donc plusieurs modèles d’ellipsoïde pour décrire mathématiquement la surface du globe : ils tiennent
compte non seulement de paramètres géométriques proprement dit, mais aussi du produit des constantes G
de la gravitation et de la masse M de la Terre et de son atmosphère, de la vitesse angulaire lié à la rotation
du globe autour de l’axe polaire, mais aussi de tout un ensemble de facteurs J permettant de décrire au mieux
le potentiel de gravité de la Terre, en relation avec le « géoïde » que nous examinerons ci-après en 2.2.
Ainsi, dans le modèle d’ellipsoïde IAG – GRS 80, très utilisé depuis les résolutions de l’Union Géodésique
et Géophysique Internationale de 1980, on a, entre autres, les caractéristiques suivantes :
a = 6 378 137 m (rayon équatorial terrestre), f = 1 / 298,257 222 101, G M = 3 986 005 10 3 m
3 s
2 et
= 7 292 115 10 11
rad s 1
. Il y a une différence de 21 385 m entre « rayon » équatorial et « rayon » polaire.
Figure 10 : planches tirées de « La Figure de la Terre » de BOUGUER http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1051288w/f555.zoom.r=Bouguer.langFR
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2.2. Altitude et géoïde
L’altitude est une grandeur physique liée à l’accélération de la pesanteur, cette notion d’altitude fait donc
appel au champ de pesanteur terrestre et à ses anomalies.
Consulter le portail consacré à la géodésie sur le site de l’IGN : http://geodesie.ign.fr/
Il faut donc être en mesure de déterminer une altitude tout en contrôlant la gravité ! Un enjeu dont les
arpenteurs du globe du XVIII e siècle avaient parfaitement conscience, alors que sur le terrain ils ne
pouvaient développer que des règles de triangulation validées par des méthodes astronomiques pour relever
des distances et des hauteurs, tout en ayant le « pendule de Huygens » pour essayer de déterminer les
variations locales de la gravité ! Altimétrie et gravimétrie sont désormais des domaines particulièrement
raffinés de la métrologie dont on donnera plus loin un bref aperçu.
On choisit une surface de référence particulière, qui est une équipotentielle du champ de pesanteur
terrestre. Elle est mathématiquement complexe, car elle dépend de la répartition des masses à l’intérieur de la
Terre : cette surface est telle que le potentiel terrestre y est constant ; c’est ce que l’on appelle une surface
« équipotentielle de pesanteur ».
L’équipotentielle de pesanteur particulière correspondant avec le niveau moyen des océans (en
supprimant la houle, les courants marins, les variations thermiques, etc.) est appelée « géoïde ».
En toute première approximation, le géoïde est une sphère, en deuxième approximation il s’agit d’un
ellipsoïde, que l’on appelle « l’ellipsoïde de référence », en toute rigueur il ne s’agit ni d’un ellipsoïde, ni
même d’une surface de révolution.
En effet, si l’on veut obtenir la forme véritable des équipotentielles de pesanteur terrestres, il faut tenir
compte des forces centrifuges et de toutes les forces de gravitation, celles-ci dépendant non seulement des
irrégularités de la surface terrestre mais aussi des inhomogénéités en profondeur des matériaux dont la Terre
est composée.
Pour obtenir l’altitude d’un point M appartenant à la surface topographique, il suffit de mesurer la distance
du point M à son projeté H sur le géoïde selon la verticale locale, qui par définition est perpendiculaire en H
au géoïde. Pour obtenir un niveau 0 d’altitude nulle, on détermine le niveau moyen des mers en un point
donné à l’aide d’un marégraphe. Par exemple, le marégraphe basé à Marseille a permis, en prenant la
moyenne d’une série de mesures opérées sur 13 ans de 1884 à 1896, de fixer le zéro des altitudes en France.
Figure 11 : le portail de l’IGN consacré à la géodésie http://geodesie.ign.fr/
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Cette détermination est arbitraire et il existe donc un décalage entre le géoïde et le zéro du système de
nivellement choisi.
À noter que les moyens de mesure directs d’altitude conventionnels comme le GPS ne permettent pas de
mesurer directement cette distance HM. Le GPS permet en effet de relever la hauteur « ellipsoïdale » H0M
qui est repérée par rapport à l’ellipsoïde WGS 84 associé au système GPS.
On obtiendra l’altitude HM par soustraction de l’écart H0H entre géoïde et ellipsoïde à la hauteur ellipsoïdale
H0M, en corrigeant éventuellement le résultat obtenu de la « déviation de la verticale » : en effet, la normale
(la verticale donc) en un point H du géoïde n’est pas forcément confondue avec celle en H0 de l’ellipsoïde de
référence ! En pratique, on ne dispose pas de l’écart H0H entre géoïde et ellipsoïde en tout point du globe.
Pour obtenir une altitude avec des mesures de hauteurs ellipsoïdales, on utilise alors soit des modèles de
géoïde mondiaux permettant d’obtenir une précision décimétrique, soit des grilles de conversion
altimétrique. La grille de conversion RAF 98 de l’IGN permet d’obtenir la correspondance entre les hauteurs
ellipsoïdales issues du système WGS 84 et les altitudes du système NGF 69 avec une précision de l’ordre de
2 à 3 cm si les observations GPS sont de qualité suffisante.
Signalons enfin qu’en topographie il existe plusieurs types d’altitudes, les unes étant déterminées à partir de
mesures des valeurs du champ de pesanteur, les autres étant basées sur des estimations « théoriques » de ce
même champ de pesanteur.
Lire à ce sujet : http://www.sat-info.fr/rubrique,informations-techniques,elements-de-geodesie,systemes-de-coordonnees,reference-altimetrique.php
2.3. Images du globe : géoïde, anomalies de gravité et surface topographique
Dans le modèle théorique, les équipotentielles, dont la surface de la Terre, sont des ellipsoïdes de
révolution concentriques. En réalité la répartition des masses à l’intérieur de la Terre est plus complexe
(enveloppes non homogènes, mouvements de matière ascendants et descendants, anomalies thermiques, etc.)
que dans un modèle concentrique.
Enfin, pour des raisons que nous avons signalé précédemment, les équipotentielles de pesanteur ne sont pas
exactement ellipsoïdales.
La surface moyenne des océans (surface libre et à l’équilibre, pour le niveau moyen, entre deux fluides eau /
atmosphère) est une équipotentielle de pesanteur qui couvre 70 % de la surface de la Terre et qui est, de ce
fait, prise comme équipotentielle de référence, appelée géoïde.
L’altimétrie spatiale, au moyen d’un radar embarqué sur un satellite, permet de cartographier directement les
ondulations de la surface de la mer, donc du géoïde. Cette technique cependant ne donne pas accès au champ
de gravité sur les continents : en partant d’un point connu du géoïde on peut le prolonger, plus vers
l’intérieur des terres, par la mesure du vecteur « champ de pesanteur ».
Comme le champ est en tout point perpendiculaire au géoïde, on en déduit alors son profil.
On parle parfois de bosses et creux du géoïde, alors que ce dernier définit une surface horizontale de
référence, puisqu’en tout point perpendiculaire à la verticale donnée par la pesanteur.
Il ne peut y avoir de bosse ou de creux du géoïde que par rapport à une autre forme, un ellipsoïde de
référence !
SURFACE
TOPOGRAPHIQUE
GÉOÏDE
ELLIPSOÏDE DE
RÉFÉRENCE
M
H
H0
Normale à l’ellipsoïde Normale au géoïde
Figure 12 : notion d’altitude d’un point M
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Tous les efforts pour cartographier le champ de pesanteur et les équipotentielles de pesanteur afin
notamment de dresser une carte du géoïde, des anomalies du champ de gravité et de la surface topographique
de la Terre, sont fédérés au sein de l’Association Internationale de Géodésie IAG, laquelle coordonne les
travaux de six centres regroupés au sein de l’ « International Gravity Field Service » IGFS.
Voici le portail du centre de Potsdam (ICGEM), chargé de construire le géoïde.
Le lien du Bureau Gravimétrique International (BGI) est particulièrement intéressant.
On peut ainsi y obtenir des mesures du champ de pesanteur sur un certain nombre de stations référencées sur
le globe. Par exemple, dans la région du Sud-Ouest de la France, voici un extrait de ce que l’on obtient : http://bgi.omp.obs-mip.fr/data-products/Gravity-Databases/Reference-Gravity-Stations
Code station Ville Latitude (degré) Longitude (degré) Altitude (m) g (µgal)
22211 AGEN 44,20000 0,61667 47,40 980 519 410
22210 AGEN 44,20000 0,61667 47,00 980 519 380
107110 ARCACHON 44,65000 -1,15000 0,00 980 573 940
5020 BAGNERES 43,06000 0,14333 660,00 980 272 260
5021 BAGNERES 43,05000 0,13333
980 273 620
106940 BAYONNE 43,49733 -1,48217 0,00 980 461 350
42791 BERGERAC 44,85000 0,50000
980 568 550
242 BORDEAUX 44,83333 -0,70833 49,10 980 566 940
241 BORDEAUX 44,84500 -0,52167 71,00 980 557 260
42751 CAPENS 43,41667 1,25000
980 388 030
41412 LA MONGIE 43,00000 0,00000
979 986 550
41431 LA TAOULET 43,00000 0,00000
979 876 980
42771 MONTAUBAN 44,01500 1,32667 84,80 980 491 540
22450 TARBES 43,24167 0,07500 329,00 980 344 740
22451 TARBES 43,23333 0,08333
980 344 840
2630 TOULOUSE 43,61667 1,45000 176,00 980 427 740
2636 TOULOUSE 43,60000 1,45000 450,00 980 428 360
2632 TOULOUSE 43,61667 1,38333 151,80 980 438 840 À noter l’unité employée pour exprimer la valeur de g qui est le « gal » (galilée) :
1 gal = 0,01 m s 2
; on est amené à utiliser des sous multiples du gal (mgal et µgal).
On peut y consulter de magnifiques cartes décrivant la gravité et ses anomalies à la « surface » du globe. http://bgi.obs-mip.fr/fr/activities/Projects/world_gravity_map_wgm
Figure 13 : portail d’entrée de l’ICGEM à Postdam http://icgem.gfz-potsdam.de/ICGEM/ (noter le lien, entouré, “Gravity Visualization”)
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Le lien « Gravity Visualization », situé à gauche de la page d’entrée de l’ICGEM (voir Fig. 13) permet
d’afficher sur l’écran de l’ordinateur en haute résolution les différentes parties du géoïde. C’est un
remarquable « applet Java » (mettre à jour le plugin Java du navigateur et accepter les messages de sécurité).
On dispose de tout un ensemble de boutons de contrôles qui permettent de modifier les vues (géoïde,
anomalies de gravité, surface topographique), de zoomer sur telle ou telle partie d’un continent, etc.
Figure 14 : creux et bosses du géoïde par rapport à un ellipsoïde de référence
http://icgem.gfz-potsdam.de/ICGEM
Figure 14 bis & ter : images du globe (anomalie de gravité et surface topographique) http://icgem.gfz-potsdam.de/ICGEM
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L’interprétation que peut donner un géophysicien des variations régionales du potentiel de pesanteur
s’avère délicate : ces variations géographiques traduisent la distribution hétérogène des masses dans les
différentes couches constituant l’intérieur de la Terre (croûte, manteau, noyau). Depuis que le géoïde est
mieux établi, avec une bonne résolution sur la partie que couvrent les océans grâce aux relevés satellitaires,
les géologues sont en mesure de mieux interpréter ces « anomalies » de gravité en faisant appel aux dernières
avancées de la tectonique des plaques.
2.4. Réponses à quelques questions classiques
D’après le document ÉDUSCOL : http://culturesciencesphysique.ens-lyon.fr/ressource/Mississippi.xml
Qu’est-ce que le « haut » et le « bas » ?
Le « haut » et le « bas » pour un individu situé sur une équipotentielle de pesanteur donnée sont définis par la
position des objets par rapport à cette équipotentielle.
Le haut correspond à la position d’un objet au-dessus de l’équipotentielle et le « bas » à la position située en-
dessous de cette même équipotentielle. Mais si le profil des équipotentielles présente des concavités, on peut
facilement se tromper : ainsi, sur le schéma ci-contre les boules vertes sont toutes à la même altitude car
situées sur la même équipotentielle. La boule bleue qui appartient à une équipotentielle de « niveau »
inférieur est située « au-dessous » des trois boules vertes, donc est plus « basse » alors que la boule rouge est
« au-dessus » des boules vertes, donc est « plus haute ».
Le cours du Mississipi
La source du Mississipi est plus près du centre de la Terre que ne l’est son embouchure : on serait tenté de
dire que sa source est plus « basse » que son « embouchure » : il n’en est rien bien sûr.
La source du Mississipi appartient à une équipotentielle plus haute que celle de son embouchure, mais, du
fait de la forme ellipsoïdale du géoïde et donc des équipotentielles de pesanteur, la source qui se situe à de
hautes latitudes est effectivement plus proche du centre de la Terre que l’embouchure située dans des zones
subtropicales.
Donc le Mississipi « descend » spontanément les potentiels de pesanteur et s’écoule bien de la source vers
l’embouchure (avec perte d’énergie potentielle de pesanteur).
B
V
V
V
R
Équipotentielle 3
Équipotentielle 2
Équipotentielle 1
Figure 15 : équipotentielles de pesanteur et « haut » et « bas »
Nord
Sud
C
Source
Embouchure
Équipotentielle de pesanteur
haute
Équipotentielle de pesanteur
la plus basse
Figure 16 : le cours du Mississipi (proportions non respectées)
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3. GÉOÏDE ET CHAMP DE PESANTEUR : ASPECT MATHÉMATIQUE
3.1. Un peu d’histoire
Il y a un lien fort entre l’interaction gravitationnelle et le champ gravitationnel lui-même.
Pourtant, l’idée de « champ » ne s’est pas imposée d’elle-même.
Alors même que NEWTON a « découvert » l’interaction gravitationnelle, il subit de la part des physiciens
héritiers de la tradition cartésienne de violentes attaques sur la nature même de cette interaction.
Comment la Terre peut-elle ressentir instantanément l’action du Soleil (et réciproquement) sans qu’aucun
« mécanisme » engageant la structure de l’espace ne soit nécessaire ? Comment se transmet cette interaction
sans aucun médiateur (ou particules) chargé de la propager de proche en proche dans l’espace qui sépare les
corps en interaction ?
Cette objection, héritage de la théorie des « tourbillons » de DESCARTES, était en réalité d’une grande
profondeur, comme l’ont relevé bien plus tard EINSTEIN puis FEYNMAN par exemple : elle porte sur la nature
même de ce qu’on appelle « le vide ».
NEWTON était conscient de cette objection et, dans les Principia, il note dans une des « scholies » :
« J’ai expliqué jusqu’ici les phénomènes célestes et ceux de la mer par la force de la gravitation, mais je n’ai
assigné nulle part la cause de cette gravitation. Cette force vient de quelque cause qui pénètre jusqu’au
centre du soleil et des planètes, sans rien perdre de son activité ; elle n’agit point selon la grandeur des
superficies, comme les causes mécaniques, mais selon la quantité de matière, et son action s’étend de toutes
parts à des distances immenses, en décroissant toujours dans la raison doublée des distances.
Je n’ai pu encore parvenir à déduire des phénomènes la raison de ces propriétés de la gravité, et je
n’imagine point d’hypothèses. Car tout ce qui ne se déduit point des phénomènes est une hypothèse, et les
hypothèses, soit métaphysiques, soit physiques, soit mécaniques, soit des qualités occultes, ne doivent pas
être reçues dans la philosophie expérimentale. […] Et il suffit que la gravité existe, qu’elle agisse selon les
lois que nous avons exposées, et qu’elle puisse expliquer tous les mouvements des corps célestes et ceux de
la mer ».
Ce point de vue pragmatique et ô combien efficace a reçu un large écho des mathématiciens, et notamment
des mathématiciens français qui ont œuvré à affiner la théorie gravitationnelle de NEWTON, de CLAIRAUT à
LAPLACE, en passant par LAGRANGE et POISSON.
L’apport des mathématiciens allemands ou anglais comme GAUSS et GREEN a été décisif pour établir les
jalons d’une théorie des distributions : dans la langue des mathématiques, l’interaction gravitationnelle fait
place à la notion de « potentiel de gravitation » puis de « champ de gravitation » comme « gradient de ce
potentiel ».
Ainsi on obtient l’équation locale du champ de gravitation : div G
= 4 G, où G
est le champ créé par un
corps massif dont la masse volumique est au point considéré.
Si le corps, de masse totale M, présente une symétrie sphérique de rayon R de sorte que la masse volumique
ne dépende que de la distance r au centre de cette répartition de masse, le champ G
est radial et on obtient,
à une distance r > R (hors du corps donc), l’expression bien connue : G
(r) = G M
r 2 er
, où er
est un vecteur
unitaire, dans la direction radiale, pris au centre de la distribution.
Le potentiel newtonien est alors : V (r) = G M
r + constante.
C’est cette expression du champ gravitationnel que l’on retient dans l’actuel programme de Terminale S
(sans pour autant y voir un « champ » mais plutôt une « accélération »).
Sur la surface du globe supposée sphérique (r = R T 6 370 km), en négligeant les effets de marée et ceux
centrifuges liés à la rotation du globe, cette expression du champ gravitationnel représente aussi celle du
champ de pesanteur g
(c’est ce que l’on affirme en classe de première S).
Pour une altitude h faible devant le rayon moyen R T de la Terre, on obtient alors l’expression bien connue :
g g (0)
1 2 h
RT
.
Il revient à FARADAY, qui certes ne faisait pas preuve de par sa formation quelque peu empirique d’une
grande virtuosité mathématique, à donner du « sens » physique à cette notion de champ, suite à ses travaux
portant sur l’électromagnétisme.
Lire à ce propos ces pages trouvées sur l’ENS LYON ÉDUSCOL : http ://planet-terre.ens-lyon.fr/article/histoire-gravite-3-Huygens-Einstein.xml
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« FARADAY propose l’interprétation moderne de la gravitation. La force d’attraction imaginée par NEWTON
ne concernait que les deux points où la matière était présente et elle résultait de l’action immédiate et à
distance de ces deux masses l’une sur l’autre. C’est au contraire l’espace tout entier qui est la scène du
champ gravitationnel. Et plus important encore, le champ créé par une première masse préexiste en tout
point de l’espace avant l’introduction d’une seconde masse.
L’attraction peut donc être décomposée en deux processus bien distincts, n’affectant qu’un seul corps à la
fois : un processus actif, lorsque chaque corps est la source d’un champ gravitationnel qui ne dépend que de
ses caractéristiques physiques, et un processus passif, lorsque chaque corps est plongé dans le champ créé
par les autres corps à l’endroit de l’espace où il se trouve. Ces deux processus, toujours réciproques et
simultanés, sont de nature tout à fait différente. Il n’y a donc plus d’attraction à distance, puisqu’un corps ne
subit pas une force créée par un autre corps éloigné mais réagit à l’influence d’un champ et subit une force
qui dépend uniquement des propriétés de l’espace où il se trouve. Le corps qui subit une attraction peut
donc « ignorer » l’existence du deuxième corps, il ne fait que réagir à des conditions locales, régnant dans
une région limitée de l’espace. Le problème s’est déplacé. Il ne s’agit plus de comprendre comment une
masse peut agir à distance sur une autre masse mais comment les propriétés de l’espace peuvent être
modifiées par la matière ».
3.2. Un modèle mathématique du géoïde
La Terre n’a pas une répartition des
masses sphérique et homogène ; il faut
reprendre l’expression du potentiel de
gravitation en considérant une masse
volumique qui n’obéit pas à une relation de
symétrie sphérique.
Pour obtenir une connaissance fine et précise
de la forme de la Terre et de son champ de
pesanteur, il faut donc faire appel à un
ensemble de modèles mathématiques qui
peuvent conduire à des approximations de
plus en plus précises lorsqu’on les confronte
aux données, elles-mêmes obtenues avec de
plus en plus de précision.
Dans le cas d’un corps isolé, rigide, pour un
point S extérieur à ce corps, on définit le
potentiel newtonien V à l’aide d’un
développement en harmoniques sphériques.
Les coordonnées de position du point P
extérieur à la distribution de masse sont
exprimées dans un repère lié au centre de masse O de la Terre et d’axes (OX, OY, OZ).
On obtient alors le potentiel V (r, , ) de gravitation tel que :
)(sin)sincos)(sin) , ,( ( 1
m
2
l
m
lmlmlll
l
i
PmSmCPJr
R
r
GM
r
GMrV .
Dans cette expression :
G est la constante de la gravitation, M la masse de la Terre, R le rayon d’une sphère contenant le globe
(ou le rayon équatorial a de l’ellipsoïde) ;
J l sont les « harmoniques zonaux », qui caractérisent des variations de forme et de densité dépendant de la
latitude ;
C l m, S l m sont les « harmoniques tesseraux » qui, eux, font intervenir ces variations de forme en
longitude ;
P l , P l m sont les polynômes et fonctions associées de Legendre. Connaître V (r, , ), c’est calculer les harmoniques de cette représentation.
Si le corps est en rotation uniforme autour de l’axe Z, le potentiel total de « pesanteur » W est la
somme de ce potentiel newtonien V et du potentiel de rotation 1
2 2 r
2cos
2 , soit W = V + 1
2 2 r
2cos
2
La pesanteur à la surface de ce corps est le gradient de ce potentiel W.
r
X
Y
Z
O
Point extérieur P
Latitude
Longitude
Figure 17 : coordonnées sphériques pour déterminer le
potentiel de gravitation hors de la distribution de masse
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On définit alors le géoïde comme la surface engendrée par les points P tels que : W (P) = W0, où W0 est
une constante conventionnelle.
Ce modèle n’est qu’une première approximation puisque la Terre n’est pas un corps rigide et qu’elle est
soumise aux actions conjuguées de la Lune et du Soleil qui engendrent des effets de marée ! Mais ce modèle
reste précieux pour les besoins de la géophysique. Pour aller plus loin en mathématiques (public très averti)
http://www.ipgp.fr/~greff/cours/slideHS.pdf (document remarquable pour comprendre ce que l’on voit sur une
carte de la « topographie » terrestre).
http://people.rses.anu.edu.au/lambeck_k/pdf/29.pdf (pourquoi l’altimétrie par satellite est venue au secours des
modèles mathématiques en harmoniques sphériques du potentiel de gravitation).
Pour faire un peu mieux que ses propres élèves de Terminale S, résoudre l’excellent sujet du concours
général de 2005 sur la gravimétrie.
Texte et solution fournis sur : http://artic.ac-besancon.fr/sciences_physiques/concours/index.php?lequel=cgeneral
4. GRAVIMÉTRIE ET ALTIMÉTRIE PAR SATELLITE
4.1. Gravimètres
Le premier gravimètre est le pendule de Huygens dont la période des petites oscillations est : T0 = 2 g
;
mais les physiciens ont eu le plus grand mal à effectuer des mesures précises de la gravité à différentes
latitudes avec ce dispositif, pour lequel on doit être en mesure de contrôler parfaitement sa longueur .
Il existe désormais deux types de gravimètres :
les gravimètres « absolus », coûteux, fragiles, rarement transportables mais indispensables pour des
mesures directes de g très précises (sensibilité pouvant atteindre 10 8
g ou 1 µgal);
les gravimètres relatifs qui peuvent aisément être utilisés sur le terrain par les géologues. Pour les gravimètres absolus, lire :
sur le site de l’IGN : http://geodesie.ign.fr/index.php?page=gravimetrie
Cet appareil, basé sur le principe de la chute libre dans le vide d’un objet (coin de cube en céramique),
permet de mesurer la valeur réelle de l’accélération de la pesanteur en n’importe quel point.
La mesure des temps de chute et des distances parcourues dans la chambre à vide de chute fait appel à des
méthodes interférométriques (le concours général de 2005 étudie ce dispositif).
Sur le site du laboratoire de métrologie du LNE – SYRTE, voir le prototype : https://syrte.obspm.fr/tfc/capteurs_inertiels/frame.html?https://syrte.obspm.fr/tfc/capteurs_inertiels/pages/gravi.html
Il est basé sur la chute libre d’atomes ultrafroids soumis à des impulsions lasers qui agissent sur les paquets
d’ondes associés aux atomes chutant, lesquels sont séparés dans deux bras d’un interféromètre !
Figure 18 : gravimètre absolu de l’IGN http://geodesie.ign.fr/index.php?page=gravimetrie
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Sur le site de l’EOST (École et Observatoire des Sciences de la Terre, née de la fusion des anciens
instituts de Physique du Globe et de Géologie de la Faculté des Sciences de Strasbourg). http://eost.unistra.fr/observatoires/obs-sismo-metro/gravimetrie/instruments/gravimetre-absolu/
« Ce gravimètre balistique permet de faire chuter pendant 200 millisecondes et sur une distance de 20 cm un
objet (coin de cube) dans une chambre sous vide à raison d’une chute toutes les 10 secondes ; il utilise la
technique interférométrique (laser) pour des mesures précises de distance et une horloge atomique au
rubidium pour les mesures précises de temps ; l’accélération de l’objet en chute libre est restituée par une
méthode de moindres carrés à partir des couples (temps, distance) (environ 200 par chute individuelle) ; une
moyenne statistique est obtenue à partir de chaque séquence de chutes successives ». Pour les gravimètres relatifs, lire :
sur le site de l’IGN : http://geodesie.ign.fr/index.php?page=gravimetrie
« Pour ce qui est des mesures de gravimétrie relative,
l’IGN est propriétaire de deux gravimètres SCINTREX de
type CG5. Si, en gravimétrie absolue, on mesure
directement l’accélération de la pesanteur, en gravimétrie
relative, on détermine des différences d’accélération entre
deux points. Le principe de ces appareils est de mesurer
l’allongement d’un ressort auquel est suspendu un poids
soumis à l’influence du champ de pesanteur ».
Sur le site de l’EOST : http://eost.unistra.fr/observatoires/gravimetrie/instruments/gravi
metre-de-terrain/
On utilise à Strasbourg un gravimètre relatif à
supraconducteurs :
« Dans le cas du gravimètre supraconducteur, la
suspension par ressort est remplacée par la lévitation
magnétique d'une sphère supraconductrice réalisée par les
courants permanents circulant à l'intérieur de deux
bobines supraconductrices. Quand la gravité change, la
sphère est maintenue dans sa position initiale grâce à un
système d'asservissement. Le système capacitif de
détection de position conduit à la génération d’un courant
de compensation dans une bobine auxiliaire, qui, par
induction, fournit le champ magnétique d'asservissement ».
Ces appareils ont une sensibilité qui atteint 1 µgal !
4.2. Altimétrie par satellite
Le recours aux méthodes spatiales pour des besoins de géodésie s’est considérablement développé. Par
exemple, l’altimétrie par satellite a permis d’affiner considérablement la forme du géoïde, par mesure du
niveau des océans.
Notons qu’il n’est pas possible de mesurer la gravité à l’altitude du satellite en embarquant un « gravimètre »
puisque celui-ci accompagnerait le satellite dans son mouvement de « chute libre » autour de la Terre (état
« d’impesanteur »). Mais repérer avec une grande précision un satellite sur son orbite permet de saisir toutes
les irrégularités de celle-ci du fait de la structure irrégulière du champ gravitationnel créé par la Terre qui
peut être décomposé, comme nous l’avons vu, en un très grand nombre d’harmoniques sphériques.
Ces derniers sont à l’origine de perturbations de l’orbite elliptique du satellite que l’on peut analyser avec
une grande finesse en mesurant très soigneusement les paramètres orbitaux du satellite : on remonte ainsi à
des estimations très précises des valeurs des coefficients J l du potentiel gravitationnel de la Terre !
Il est alors possible de restituer avec une très grande résolution le « géoïde », du moins au niveau des océans.
Nous avons déjà donné quelques caractéristiques des satellites des missions TOPEX POSÉIDON – JASON :
http://www.cnes.fr/web/CNES-fr/788-jason.php, dans une précédente fiche consacrée aux satellites artificiels.
Reprenons brièvement ce qui avait été dit à ce sujet :
Figure 19 : gravimètre relatif de la société
SCINTREX http://www.scintrexltd.com/gravity.html
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« L’altimètre émet une onde radar et
l’analyse après réflexion sur la surface.
La hauteur de mer est égale à la différence
entre la distance satellite - surface
(déduite du temps mis par l’onde pour
faire l’aller-retour) et la position du
satellite par rapport à une surface de
référence arbitraire (l’ellipsoïde de
référence).
Des systèmes de localisation comme
DORIS permettent une précision extrême
sur cette position du satellite en orbite. Il
faut aussi tenir compte de la moindre
perturbation subie par l’onde radar.
La mesure de ces perturbations (par des
instruments annexes, ou par l’utilisation
de plusieurs fréquences), ou leur
estimation par des modèles, permet de
corriger la mesure altimétrique.
D’après : http://www.aviso.oceanobs.com/fr/altimetrie.html
Dans ce site, il est détaillé de façon très
intéressante le principe de ces mesures,
avec analyse des signaux obtenus.
Pour tout savoir sur le principe de
l’altimétrie développée dans le programme
JASON :
lire le document suivant http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/CSP-Jason-mesure-niveau-ocean.xml
lire aussi sur le site AVISO : http://www.aviso.oceanobs.com/fr/altimetrie.html
5. EN CONCLUSION
Il est difficile d’être exhaustif sur un sujet aussi vaste et complexe. Mais il est de notre devoir de
professeur de sciences physiques de prendre appui sur les acquis de la géophysique, un domaine que nous
abandonnons à tort trop facilement à nos collègues de SVT avec qui nous pouvons et devons coopérer sur ce
sujet de façon très fructueuse les connaissances des uns complétant de façon pertinente celles des autres !
Terriens nous sommes et il serait vraiment dommage de nous détourner de notre planète qui, à bien des
égards, est une belle inconnue ! Nous explorons avec plus de conviction et de moyens l’espace intersidéral
(qui nous fait certes rêver) que notre propre planète alors que nous avons presque abandonné, n’en déplaise à
Jules Verne, l’idée d’un voyage « au centre de la Terre » !
Bibliographie
Si l’on doit citer un ouvrage, que ce soit celui-ci :
« La figure de la Terre, du XVIIIe siècle à l’ère spatiale »
De l’Académie des sciences (Gauthier-Villars).
Figure 20 : principe de l’altimétrie radar http://www.aviso.oceanobs.com/fr/altimetrie/principe/principe-de-base/index.html