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Produits forestiers non ligneux Document de travail No.6 DEPARTEMENT DES FORETS PROJET GCP/RAF/398/GER PROGRAMME DE PARTENARIAT NORVÈGE-FAO LE CADRE LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE REGISSANT L’UTILISATION DES PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX (PFNL) EN AFRIQUE CENTRALE 2007

LE CADRE LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE … · PIB Produit Intérieur Brut SIDA Syndrome Immino Déficitaire Acquis RCA République Centrafricaine RDC République Démocratique du Congo

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Produits forestiers non ligneux

Document de travail No.6

DEPARTEMENT DES FORETS PROJET GCP/RAF/398/GER PROGRAMME DE PARTENARIAT NORVÈGE-FAO

LE CADRE LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE REGISSANT L’UTILISATION DES

PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX (PFNL) EN AFRIQUE CENTRALE

2007

PROGRAMME DE PARTENARIAT NORVEGE-FAO

PROGRAMME DES PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX

PROJET GCP/RAF/398/GER RENFORCEMENT DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN AFRIQUE CENTRALE

A TRAVERS LA GESTION ET L’UTILISATION DURABLE DES PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX

LE CADRE LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE REGISSANT L’UTILISATION DES

PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX (PFNL) EN AFRIQUE CENTRALE

Par Michel Bonannée1, Armand Asseng Zé2 et Sven Walter3

Avec l’appui financier du Ministère Fédéral d’Allemagne pour l’Alimentation, l’Agriculture et

la Protection des Consommateurs

et

Gouvernement de la Norvège

Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture Avril 2007

1 Consultant Régional de la FAO 2 Consultant de la FAO, Projet GCP/RAF/398/GER 3 Conseiller Technique, FAO, Projet GCP/RAF/398/GER

Bundesministerium fürErnährung, Landwirtschaft und Verbraucherschutz

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Ce rapport fait partie d’une série de documents de travail du Programme des produits forestiers non ligneux et du Projet GCP/RAF/398/GER sur la gestion et l’utilisation durable des produits forestiers non ligneux en Afrique Centrale. L’objectif de ces documents de travail est de fournir des informations sur les activités et programmes en cours ainsi que de stimuler les débats sur les thématiques y afférents.

Ce document a été réalisé avec l’aide financière du Ministère Fédéral d’Allemagne pour l’Alimentation, l’Agriculture et la Protection des Consommateurs. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité de la FAO et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position du Ministère d’Alimentation, d’Agriculture et la Protection des Consommateurs.

Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n'impliquent de la part de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Le document exprime les opinions de l’auteur et ne reflète pas nécessairement celles de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Pour recevoir des copies de ce document, veuillez contacter : Sven Walter Conseiller Technique, FAO Projet « Renforcement de la sécurité alimentaire en Afrique Centrale à travers la gestion et l'utilisation durable des produits forestiers non ligneux » c/o Représentation de la FAO au Cameroun BP 281, Yaoundé, Cameroun Email : [email protected]

Non-wood News Division des Produits Forestiers Via delle Terme di Caracalla 00100 Rome Italie Email : [email protected]

Ce document est disponible sur le site Web du Programme des produits forestiers non ligneux : www.fao.org/forestry/site/6366/fr. Tous les commentaires ou remarques sont les bienvenus.

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AVANT-PROPOS

La reconnaissance du rôle des produits forestiers non ligneux (PFNL) dans la sécurité alimentaire a fortement augmenté ces dernières décennies. En Afrique Centrale, la consommation et le commerce des PFNL tels que les plantes comestibles, les plantes médicinales et le gibier contribuent à la sécurité alimentaire de la population. Cependant, les gestionnaires des forêts n’accordent pas encore suffisamment d’intérêt au potentiel alimentaire des PFNL.

En Afrique Centrale, la gestion durable des PFNL est une priorité politique définie dans le Plan de Convergence de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC). Dans ce contexte, la FAO donne un appui technique au Secrétariat Exécutif et aux pays membres de la COMIFAC, notamment le Gabon, le Cameroun, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine, la République du Congo et la République Démocratique du Congo, à travers le Projet GCP/RAF/398/GER « Renforcement de la sécurité alimentaire en Afrique Centrale à travers la gestion et l'utilisation durable des produits forestiers non ligneux (PFNL) ».

L’objectif global de ce projet, financé par le Gouvernement d’Allemagne, est d’améliorer la sécurité alimentaire en Afrique Centrale à travers l'utilisation durable des aliments forestiers et des arbres hors forêt. Ses objectifs immédiats sont i) le renforcement de la prise de conscience et la connaissance du rôle des PFNL pour la sécurité alimentaire ; et ii) l’établissement des bases pour une meilleure intégration systématique d'informations sur les aliments forestiers dans les programmes et politiques pertinents.

Ce document est réalisé dans le cadre du Projet GCP/RAF/398/GER et en collaboration avec le Programme « Promotion et développement des PFNL » de la FAO afin d’analyser le cadre légal et réglementaire régissant le secteur PFNL en Afrique Centrale. Il analyse le cadre juridique et institutionnel relatifs aux PFNL, discute les contraintes majeures et fait des propositions pour améliorer le cadre légal.

Nous espérons que cette publication constituera une référence utile pour toutes les personnes chargées de la conservation des forêts et des questions de sécurité alimentaire en Afrique Centrale.

Wulf Killmann Directeur Division des industries et des produits forestiers

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TABLE DES MATIERES AVANT-PROPOS ...................................................................................................................III TABLE DES MATIERES ........................................................................................................ V SIGLES ET ABREVIATIONS ................................................................................................ VI OBJECTIF DE L’ETUDE .........................................................................................................1 1. RESUME..............................................................................................................................3 2. METHODOLOGIE DE L’ETUDE .........................................................................................5

2.1 METHODOLOGIE ...............................................................................................................5 2.2 STRUCTURE DU RAPPORT.................................................................................................5

3. INTRODUCTION..................................................................................................................6 3.1 LA SITUATION ACTUELLE ...................................................................................................6 3.2 SYNTHESE DES LEGISLATIONS FORESTIERES EN VIGUEUR..................................................7 3.3 SYSTEME DE PROPRIETE ET DE GESTION DES RESSOURCES EN AFRIQUE CENTRALE ..........8 3.4 IMPORTANCE DES PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX ..................................................10

4. TERMINOLOGIE ET DEFINITIONS ..................................................................................13 4.1 TERMES UTILISES ...........................................................................................................13 4.2 AUTRES TERMINOLOGIES UTILISEES ................................................................................14 4.3 AUTRES DEFINITIONS......................................................................................................15 4.4 TYPOLOGIE DES PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX.....................................................15

5. CADRE JURIDIQUE RELATIF AUX PFNL.......................................................................18 5.1 PRINCIPAUX TEXTES JURIDIQUES ....................................................................................18 5.2 AUTRES TEXTES JURIDIQUES ..........................................................................................19 5.3 REGLES ET MODES TRADITIONNELLES DE GESTION DES PFNL .........................................19 5.4 COMMERCIALISATION DES PFNL.....................................................................................21

5.4.1 Les acteurs de la filière..........................................................................................21 5.4.2 Différentes utilisations ...........................................................................................23 5.4.3 Différentes filières..................................................................................................24

5.5 FISCALITE SUR LES PFNL...............................................................................................24 6. CADRE INSTITUTIONNEL RELATIF AUX PFNL.............................................................29

6.1 PRINCIPALES STRUCTURES INTERVENANT SUR LES PFNL................................................29 6.2 SYNTHESE SOUS-REGIONALE DES DIFFERENTES STRUCTURES SUR LES PFNL .................29 6.3 AUTRES INSTITUTIONS IMPLIQUEES DANS LE SECTEUR PFNL...........................................32

7. CONTRAINTES MAJEURES DU CADRE LEGAL REGISSANT LE SECTEUR ET LES FILIERES PFNL EN AFRIQUE CENTRALE .........................................................................34 8. RECOMMANDATIONS......................................................................................................39 9. CONCLUSIONS.................................................................................................................46 10. REFERENCE ...................................................................................................................48

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SIGLES ET ABREVIATIONS AFLEG/FLEGT African Forest Law Enforcement and Governance/Forest Law

Enforcement on Governance and Trade

CIFOR Center for International Forestry Research

CITES Convention sur le commerce international des espèces de faune et de

flore sauvages menacées d'extinction

COMIFAC Commission des Forêts d’Afrique Centrale

FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture

GTZ Coopération Allemande au Développement

MEFCEP Ministère des Eaux, Forêts, Chasse et Pêche Chargé de

l’Environnement

NTFP Non Timber Forest Products

NWFT Non Wood Forest Products

OMD Objectif du Millénaire pour le Développement

PFNL Produit Forestier Non Ligneux

PSFE Programme Sectoriel Forêt Environnement

PFNM Produit Forestier Non Madérable

PFAB Produit Forestier Autre que le Bois d’œuvre

PIB Produit Intérieur Brut

SIDA Syndrome Immino Déficitaire Acquis

RCA République Centrafricaine

RDC République Démocratique du Congo

RIAT Réseau International Arbres Tropicaux

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OBJECTIF DE L’ETUDE

Les produits forestiers non ligneux (PFNL) sont encore très peu valorisés en Afrique Centrale4. Cette sous valorisation se traduit par la dégradation irréversible des valeurs culturelles et par le manque de connaissances appropriées sur le rôle que jouent ces produits dans l’économie de ménage et la sécurité alimentaire dans la sous-région. Par ailleurs, le cadre légal, règlementaire et institutionnel actuel rend difficile l’accès légal à ces ressources et empêche leur exploitation à grande échelle par les différentes couches sociales concernées et par les différents opérateurs économiques.

Force est de reconnaître cependant, que malgré tout, le secteur PFNL reste un des plus importants secteurs en milieu rural, dans lequel s’investissent de façon informelle plus de 90 pour cent des populations pour assurer leur alimentation, leur survie économique et leur développement afin d'essayer de sortir de l’étau de la pauvreté. Les PFNL sont ainsi une source de revenus importante pour les populations en Afrique Centrale grâce au commerce des produits tels que les PFNL comestibles (e.g. Gnetum africanum), les rotins ou les plantes médicinales (e.g. Pausinystalia johimbe) au niveau local, national, sous-régional et mondial. Mais la plupart des personnes impliquées dans le commerce de ces produits n’ont aucun titre légal pour ce faire et se trouvent, en conséquence, dans l’illégalité ou l’informalité.

L’analyse du secteur PFNL en Afrique Centrale, faite par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et les différents partenaires au développement, souligne à chaque fois l’importance du cadre légal pour la gestion et l’utilisation durable des PFNL. Vu l’importance de ce sujet, le projet «Renforcement de la sécurité alimentaire en Afrique Centrale à travers la gestion et l’utilisation durable des produits forestiers non ligneux » (GCP/RAF/398/GER) a commandité des études légales spécifiques au niveau national et sous-régional afin de mieux comprendre les contraintes juridiques existantes, qui risquent par ailleurs d’empêcher une gestion, une utilisation et une valorisation durable et efficace des PFNL.

Le cadre légal est la base de toute activité liée à l’exploitation et à la commercialisation des PFNL. Sur une base juridique appropriée, les filières PFNL pourraient se développer et permettre aux différents acteurs de la filière de s’organiser pour une meilleure valorisation des produits concernés. Or actuellement l’existence d’un cadre légal inapproprié contribue à plonger le secteur dans une direction informelle et de contrebande qui ne profite qu’aux acteurs privilégiés et nantis.

L’étude sur le cadre légal régissant l’utilisant des PFNL permet de formuler des recommandations sur les possibilités de réajustement du cadre légal et réglementaire en vue de favoriser une gestion participative et durable des PFNL pour le bien être des populations rurales et pour une meilleure contribution de ces produits à l’économie de la sous-région Afrique Centrale.

En d’autre terme et plus spécifiquement :

• les résultats des études nationales réalisées au Cameroun, en République Centrafricaine, en République du Congo, en République Démocratique du Congo, en Guinée Équatoriale et au Gabon par des consultants nationaux sur le cadre légal régissant le secteur PFNL, commanditées par le projet GCP/RAF/398/GER (FAO, 2007d-i) sont synthétisées au niveau sous-régional ;

4 L’étude se focalise sur le Cameroun, la République Centrafricaine, la République du Congo, la République Démocratique du Congo, la Guinée Équatoriale et le Gabon. Néanmoins, les conclusions principales sont valables pour tous les pays membres de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC).

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• les grandes orientations proposées dans le rapport sous-régional pour un cadre légal approprié favorisent le développement du secteur PFNL et son intégration sous-régionale dans les échanges commerciaux à travers un cadre intégré.

Les résultats préliminaires des études nationales et l’étude sous-régional ont été validés et discutés lors d’un atelier sous-régional sur « Le cadre légal et réglementaire régissant l’utilisation des PFNL » en Afrique Centrale, co-organisé par la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC), la FAO et la Coopération Allemande au Développement (GTZ) du 28/6 au 1/7/2006 à Limbé, Cameroun.5 Les conclusions de cet atelier sont intégrées dans ce rapport.

La finalité de cette étude sous-régionale est d’espérer qu’elle dégagera les recommandations pertinentes et contribuera à une large discussion en cours sur la légalité de l’exploitation et le commerce des produits forestiers dans le cadre du processus AFLEG/FLEGT, (African Forest Law Enforcement and Governance/ Forest Law Enforcement on Governance and Trade ) en mettant l’accent sur l’importance des PFNL pour la gestion durable des forêts tropicales. En plus, les résultats de cette réflexion devraient alimenter les débats sur la création des marchés sous-régionaux et les Accords de Partenariat Economique entre l’Union Européenne et l’Afrique Centrale et contribueront à la mise en œuvre du Plan de Convergence de la COMIFAC.

5 Le rapport final de cet atelier est disponible dans le site web du projet à www.fao.org/forestry/site/6366/fr.

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1. RESUME

Le secteur ‘produits forestiers non ligneux’ (PFNL) est l'un des domaines les plus importants pour le monde rural en Afrique Centrale du fait qu'il fournit aux populations des produits de subsistance et contribue à la génération des revenus. Des PFNL importants incluent les produits comestibles, les plantes médicinales et les matériels de construction.

Vu l’importance du cadre légal pour la valorisation du plein potentiel socio-économique et écologique du secteur PFNL, le Projet « Renforcement de la sécurité alimentaire en Afrique Centrale à travers la gestion et l’utilisation durable des PFNL » (GCP/RAF/398/GER) analyse ce cadre au niveau national et sous-régional. En plus de ce rapport sous-régional et des études nationales commanditées par le Projet, un atelier sous-régional a été organisé en juin/juillet 2006 par la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC), la FAO et la Coopération technique allemande (GTZ) pour développer des grandes lignes d’une stratégie sous-régionale pour la mise en œuvre d’un cadre légal approprié favorisant le développement du secteur PFNL et l’intégration sous-régionale en Afrique Centrale. Ces activités ont mené à la création d’un groupe de travail interdisciplinaire qui a pour objectif d’élaborer une loi modèle sur la gestion durable des PFNL en Afrique Centrale.

En Afrique Centrale, les codes forestiers distinguent souvent entre les produits forestiers végétaux et les produits forestiers animaux. Dans la plupart des pays, les PFNL sont considérés comme produits végétaux bien que le terme ‘PFNL’ soit peu appliqué dans la législation forestière dans la sous-région. Les termes utilisés sont produits forestiers spéciaux (Cameroun), produits de cueillette ou fruits et produits de la forêt naturelle (République Centrafricaine, RCA), productos forestales non maderables (Guinée Equatoriale), produits forestiers autres que le Bois (Gabon), PFNL (République Démocratique du Congo, RDC) et produits forestiers accessoires (République du Congo). Les définitions de PFNL fournies par les différents codes forestiers restent floues et se contentent généralement d’une énumération des produits selon les termes utilisés. Une classification harmonisée des différents produits ou catégories de produit est inexistante en Afrique Centrale

Dans les législations en vigueur dans les pays de la sous-région, les différents textes régissant la gestion des PFNL sont tous construits sur le modèle classique de l’aménagement forestier et l’utilisation durables des ressources naturelles, celui-ci axé sur l'exploitation du bois d’œuvre. Les codes font référence aux PFNL d'une façon aléatoire et isolée. Des stratégies nationales ou sous-régionales définissant les priorités politiques pour une valorisation efficace de ces produits sont inexistantes.

Par ailleurs, la propriété et la gestion des ressources forestières font parties du ressort de l’Etat. La loi forestière accorde aux populations riveraines des forêts le droit d’usage des PFNL pour satisfaire leurs besoins domestiques. La commercialisation des PFNL est exclue du droit d’usage dans la plupart des pays. Dans plusieurs pays, on observe un dualisme entre le droit coutumier et le droit écrit qui rend difficile l’application du cadre légal.

La commercialisation des PFNL nécessite l’obtention d’une autorisation pour la récolte, le transport et la vente des produits forestiers. Très souvent, les commerçants des PFNL devraient être agréés par l’autorité en charge avant de déposer la demande d’obtention d’une autorisation. Ces procédures sont similaires au secteur bois et souvent difficiles à suivre par les commerçants des PFNL. Par conséquent, la plupart des personnes impliquées dans le commerce des PFNL n’ont aucun titre légal et exercent leurs activités dans l’illégalité ou l’informalité

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Le système fiscal relatif aux PFNL commercialisés inclut des instruments spéciaux et généraux. Concernant les instruments spéciaux on peut distinguer les redevances à l’amont (redevances à la surface concédée/exploitée ou sur les tonnages/volumes) et les redevances à l’aval (par exemple au niveau du port). Les instrument généraux incluent des taxes relatives au régime de la vente des produits (par exemple les taxes d’impôt libératoire) et de l’exportation (par exemple le certificat d’origine).

D’une manière générale, la fiscalité des PFNL est peu développée ce qui provoque des tracasseries extensives sur les prélèvements fiscaux risquant d’empêcher le développement du secteur privé. Vu la provenance des PFNL des terres forestières et agricoles (e.g. dans les systèmes agroforestiers), l’application du régime fiscal forestier ou agricole reste souvent à être clarifié.

Le cadre institutionnel étatique est caractérisé par une multitude de ministères et d’institutions de recherche impliqués dans le secteur PFNL. Peu d’institutions ont une mission spécifique concernant les PFNL comme la Sous-Direction de la Promotion et de la Transformation des PFNL du Ministère des Forêt et de la Faune au Cameroun. Le manque de leadership institutionnel, des moyens humains et financiers et de collaboration efficace entre les institutions concernées ne facilite pas le développement du secteur.

Les interventions des partenaires au développement restent fragmentées et sont peu ciblées, contexte favorisé par l’inexistence d’une politique nationale voir sous-régionale sur le sujet. Le secteur privé reste peu développé et des associations professionnelles ou cadres de concertation sont quasi inexistantes dans la sous-région à l’exception du Cameroun

Le cadre législatif et réglementaire régissant l'utilisation des PFNL en Afrique Centrale pourrait apporter une meilleure contribution à la valorisation du plein potentiel socio-économique et écologique du secteur : i) Au niveau politique, l’élaboration des stratégies d’une manière compréhensive, participative et focalisée sur les acteurs concernés est nécessaire afin de définir les priorités pour le développement du secteur PFNL. Ensuite, il est nécessaire de compléter et de renforcer l’application des textes règlementaires en prenant en compte les PFNL. Ceci peut être facilité par l’inclusion des PFNL dans le domaine d'intervention du processus AFLEG/FLEGT qui se concentre en ce moment sur l’utilisation des ressources forestières ligneuses. ii) Au niveau du droit d’usage, il serait important d’analyser les possibilités d’étendre le droit à une commercialisation limitée par zone géographique pour légaliser le commerce des PFNL au niveau local. iii) Au niveau de la commercialisation et de la fiscalité, il est indispensable de mettre en place un dispositif d'octroi d'agrément spécifique aux PFNL afin de faciliter l’accès aux permis de commercialisation. La fiscalité et les documents de circulation en matière des PFNL devraient être harmonisés afin de promouvoir le commerce sous-régional. iv) Au niveau institutionnel, il est nécessaire de clarifier et renforcer le rôle des services gouvernementaux concernés et de faciliter la création des associations professionnelles relatives aux PFNL.

Vu la multitude des recommandations identifiées, six activités prioritaires sont proposées pour améliorer le cadre légal régissant le secteur PFNL : i) Organiser des ateliers sous régionaux en vue de la formulation d’une approche commune sous-régionale en matière de commercialisation et échange des PFNL sous la responsabilité de la COMIFAC ; ii) compléter et renforcer l’application des textes règlementaires au niveau national en prenant en compte les PFNL ; iii) harmoniser les politiques forestières et fiscales en matière des PFNL, afin de faciliter la libre circulation et le développement de ces produits dans la sous-région ; iv) concilier le droit coutumier et écrit par l'extension du droit d'usage à une commercialisation limitée par zone géographique et par volume spécifique sous le contrôle de l’administration forestière ; v) mettre en place un dispositif d'octroi d'agrément décentralisé et spécifique aux PFNL ; vi) inclure les PFNL dans le domaine d'intervention des processus AFLEG/FLEGT.

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2. METHODOLOGIE DE L’ETUDE

2.1 Méthodologie

La méthodologie adoptée pour mener cette étude a été structurée de manière suivante :

• Discussion préalable avec l’équipe et les Points Focaux du projet GCP/RAF/398/GER sur les termes de références des consultants nationaux et du consultant sous-régional.

• Diagnostic national à travers les rapports nationaux des consultants de chaque pays (FAO, 2007d-i) ayant abouti à la formulation des résultats obtenus.

• Résumé des rapports nationaux et compilation des recherches documentaires permettant d’élaborer le présent rapport sous-régional.

• Partage des points de vue et des amendements et critiques objectives ayant élargi le cadre de discussion plus approfondie.

• Validation au cours d’un atelier sous-régional (FAO, 2006) permettant une plus grande transparence et une flexibilité plus approfondie sur le cadre légal contenue dans les recommandations formulées.

Toutes ces démarches ont été participatives avec le concours de tous les consultants nationaux, les Points Focaux du Projet GCP/RAF/398/GER et des experts des autres institutions de recherche et d’encadrement.

C’est le lieu de présenter tous nos remerciements aux consultants et ceux qui ont apporté leur concours pour donner leur point de vue sur le premier draft du rapport, cette contribution a permis d’améliorer la qualité du document actuel.

2.2 Structure du rapport

Une vue d’ensemble de la situation des forêts de la sous région Afrique Centrale, centrée sur le cadre juridique et réglementaire régissant l’utilisation des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) reste le cadre général de cette étude.

Le souci du projet GCP/RAF/398/GER est de capitaliser les acquis en matière de la réglementation des PFNL en Afrique Centrale et surtout dans le Bassin du Congo qui renferme une grande diversité de plantes à usages multiples.

La structure du rapport s’articule autour de dix points. Après la présentation du résumé et de la méthodologie de l’étude, le chapitre 3 traite de la synthèse des législations en vigueur dans chaque pays, le droit de propriété et de gestion des ressources naturelles ainsi que l’importance que possèdent les PFNL. Le chapitre 4 donne un cadre macro des définitions utilisées ainsi que les terminologies adaptées pour reconnaître les PFNL. Le chapitre 5 présente le cadre juridique et institutionnel concernant les PFNL en se basant essentiellement sur les textes juridiques, les règles et les modes traditionnelles de régulation et de gestion, la commercialisation, les procédures de délivrance des permis d’exploitation et la fiscalité sur les produits. Le cadre institutionnel constitue l’essentiel du chapitre 6 qui décrit de manière détaillée les acteurs intervenant dans la filière. Le chapitre 7 s’appuie sur l’amélioration du processus de mise en œuvre du cadre légal en mettant plus en exergue les contraintes juridiques liées à la gestion des PFNL, celles qui sont liées à l’applicabilité du cadre légal, enfin les propositions d’amélioration des structures qui opèrent dans les PFNL. Le rapport, à travers les chapitres 8, 9 et 10, se termine par une série de recommandations suivie des conclusions et d’une bibliographie consultée pour une prise en comptes des autres aspects de gestion de la filière des PFNL.

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3. INTRODUCTION

3.1 La situation actuelle

Les grandes idées de la situation actuelle sur le cadre législatif et réglementaire régissant les PFNL remontent depuis le Sommet de Rio en 1992 où de nombreux pays ont pris conscience des enjeux environnementaux de la gestion durable et de la conservation des écosystèmes forestiers. Il s’en est suivi d’autres grands évènements avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et le Sommet de Johannesburg en 2002 mettant l’accent sur le développement durable et l’atteinte de la lutte contre la pauvreté comme axe prioritaire.

Il est également important de rappeler le rôle important joué par les Chefs d’Etats de l’Afrique Centrale qui se sont réunis à Yaoundé en 1999 et qui ont pris des engagements pour une utilisation et une conservation durable des écosystèmes forestiers en Afrique Centrale à travers la déclaration dite « Déclaration de Yaoundé » et l’institution la Conférence des Ministres en charge des Forêts de l’Afrique Centrale devenue depuis 2005 la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC).

La situation actuelle de la foresterie en Afrique Centrale peut être décrit comme suit :

• Les superficies des forêts sous aménagement dans le Bassin du Congo sont négligeables malgré la considérable potentialité pour un développement économique et social.

• Les PFNL n’ont pas fait la préoccupation des décideurs malgré leur contribution non négligeable à l’économie nationale des pays du Bassin du Congo. En effet, réunis régulièrement afin de donner une suite aux questions de gestion forestière, les principaux intérêts de ces décideurs politiques sont axés principalement sur le bois d'œuvre, au détriment des PFNL.

• Le cadre juridique et institutionnel repose plus essentiellement sur l’aménagement, l’exploitation et la taxation du bois d’œuvre.

• La plupart des PFNL sont récoltés par le secteur informel, le plus souvent dans les terres boisées et les forêts naturelles. De ce fait, très peu d’efforts sont faits pour les gérer de manière durable.

• La consommation de viande de brousse comme complément additionnel en protéines pour les communautés locales est en nette augmentation.

• La fiscalité relativement faible sans valeur ajoutée des PFNL ne concoure pas à faciliter une commercialisation soutenable de ces produits.

• La faible implication des communautés locales à la gestion durable des PFNL et à la prise de décision ont un impact sur le développement des filières de ces produits.

Force est de constater dans les pays comme le Cameroun, la République du Congo, le Gabon, la République Centrafricaine (RCA) et la République Démocratique du Congo (RDC), que la plupart des PFNL sont récoltés par le secteur informel. La viande de brousse est l’un des principaux PFNL qui demeure très utile pour améliorer l’état nutritionnel des communautés locales.

Cependant, on observe depuis quelques années que la production de viande de brousse et la récolte des autres produits de la forêt autres que le bois ont pris une dimension commerciale très importante au risque que ce phénomène suscite d’énormes préoccupations, à cause de l’épuisement de la ressource, et des effets économiques et environnementaux négatifs.

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Les cadres légaux dans ces pays sont souvent inadaptés aux conditions actuelles et les carences institutionnelles globales compromettent la conservation, l’aménagement et l’amélioration du système de gestion de ces ressources.

3.2 Synthèse des législations forestières en vigueur

L’ensemble des législations forestières et de la réglementation dans les pays de l’Afrique Centrale fonde leur principe sur les priorités suivantes :

i) L’organisation du territoire forestier : tous les codes qui régissent l’ensemble des forêts sont structurés de la même manière. On trouve : • le domaine forestier permanent. Il regroupe les forêts, les aires protégées, les forêts

domaniales, les forêts de récréations, les reboisements. Ce sont pour la plupart des secteurs de production appartenant à l'Etat ;

• le domaine forestier non permanent, des collectivités et des privés. Ce sont les forêts communautaires du Cameroun, Congo, RDC et Gabon. Elles appartiennent à la communauté qui en a le droit exclusif d’exploitation et de gestion. Les particuliers ou les privés peuvent être propriétaires de certaines forêts.

ii) L’organisation foncière : L’ensemble des pays possède un code foncier relativement ancien calqué sur la colonisation. Le régime foncier attribue le droit de propriété à l’Etat tant sur le sol que sur le sous sol. C’est un droit inaliénable et imprescriptible.

iii) La reconnaissance du droit coutumier d’usage : les textes législatifs accordent une importance particulière à une partie de leur droit sur la notion d’usage des biens issus de la forêt par les communautés riveraines des forêts. Les populations prélèveront dans les forêts de l’Etat, ceux dont ils ont besoin et surtout pour l’autoconsommation et un usufruit sur le foncier. Le pouvoir régalien de l’Etat éprouve d'énormes difficultés à l'application de ce droit écrit, mais du moins précise la nature des prélèvements autorisés (e.g. produits de cueillette, plantes médicinales, ramassages de chenilles, exploitation de plantes à vertus aphrodisiaques).

iv) La détermination de la notion de l’aménagement et de la durabilité : Les législations actuellement en vigueur mettent l’accent sur l’exploitation et l’aménagement durable des forêts pour la production du bois destiné à l’exportation. Elles ne mettent pas suffisamment de poids sur la biodiversité et les moindres mesures sur les aspects de la gestion des PFNL.

v) La contribution du secteur forestier à l’économie : Ces principes sont apparus dans les textes législatifs au Cameroun, au Congo, au Gabon, en Guinée Equatoriale et en RCA. Dans les structures actuelles de l’économie en Afrique Centrale, le bois constitue la première richesse pour les Gouvernements laissant ainsi la place à l’informel de s’accaparer des PFNL.

La plupart des codes forestiers ont été adoptés après le sommet de la terre de Rio 1992 en prenant compte l’enjeu capital de la gestion durable des ressources forestières (voir tableau 1). En plus des codes forestiers, il existe une gamme de lois, règlements, ordonnances et décrets aux niveaux nationaux relatifs aux ressources forestières d’origine végétale et animale.6

6 Voir les rapports nationaux pour plus de détails.

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Tableau 1. Les codes forestiers en Afrique Centrale Pays Loi Entrée en vigueur

Cameroun Loi du 19 janvier 1994 fixant le régime des forets

1994

Gabon Loi N° 16/01 portant code forestier 2001

Guinée Equatoriale Loi N° 1/1997 sur l’utilisation et l’aménagement des forêts

1997

RCA Loi 90.003 1990

RDC Loi n°011-2002 portant code forestier

2002

République du Congo Loi N° 16-2000 portant code forestier

2000

3.3 Système de propriété et de gestion des ressources en Afrique Centrale

La propriété forestière et les usages forestiers sont nés avec l’homme qui demandait à la forêt ce dont il a besoin à savoir : la nourriture, l’abri, les outils et la pharmacopée pour se soigner. En Afrique Centrale, les populations continuent à prélever sur la forêt un complément de nourriture comme du gibier, du miel, des écorces, en général les PFNL.

L’intérêt est de voir à travers les différentes situations en Afrique Centrale, les principes ayant guidé au choix de propriété dans la gestion des ressources forestières et essentiellement sur les PFNL. Les situations sont telles qu’il faudrait présenter de manière succincte la situation de la propriété au niveau de chaque pays afin de prendre en compte la diversité.

En République du Congo, de façon générale, il ne se pose pas réellement un problème d’accès aux produits forestiers accessoires et à l’exploitation traditionnelle de la faune. Le Code forestier et la loi sur la faune reconnaissent un droit d’usage aux communautés locales et autochtones, même en période de fermeture de la chasse. Le problème réside particulièrement au niveau de l’organisation des filières des divers PFNL. Toutefois, l’on peut indiquer quelques concepts dans la loi qui sont quelque peu contradictoires, notamment, le fait qu'elle reconnaît aux populations des droits d’usage, mais interdit le commerce des produits récoltés qui doivent être consommés pour satisfaire les besoins individuels et ceux de leur famille.

On ne peut parler de la propriété privée des ressources naturelles. Celles-ci forment une composante du patrimoine national et appartiennent à l’Etat congolais, qui a la charge de fixer les règles et les conditions de leur gestion et de leur utilisation. Il s’agit d’un principe juridique fondamental consacré par la plupart des textes législatifs et réglementaires cités plus haut. La Constitution qui est la loi suprême, dispose que l’Etat exerce une souveraineté permanente sur le sol, le sous-sol et toutes les ressources naturelles et que les modalités de gestion et de concession de telles ressources sont fixées par la loi.

La situation au Cameroun se présente en identifiant deux systèmes de propriété et de gestion des ressources naturelles. Il s’agit du système traditionnel et du système mis en place depuis l’époque coloniale par le droit écrit.

En droit coutumier, les populations locales sont seules propriétaires et gestionnaires des espaces et ressources de la forêt.

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En droit écrit au contraire, l’Etat est propriétaire de droit commun de la terre et des ressources naturelles. A ce titre, il jouit de la responsabilité principale en matière de gestion des forêts. Il s’acquitte de ce rôle en définissant les orientations politiques qu’il impose aux acteurs, par le biais de la législation qu’il adopte. L’Etat a également le pouvoir de définir les droits et devoirs des différents acteurs du secteur forestier, dont l’action est censée concourir à la réalisation des objectifs politiques fixés par le gouvernement.

Au Gabon, l’article 13 de la loi 16/01 portant Code forestier stipule que « toute forêt relève du domaine forestier national et constitue la propriété exclusive de l’Etat ». En ce qui concerne la gestion des ressources naturelles, l’article 14 de la loi 16/01 précise que « l’exploitation, la récolte ou la transformation de tout produit naturel, à titre gratuit ou commercial, est subordonnée à une autorisation préalable de l’administration des Eaux et Forêts ». Il y est aussi dit que « les communautés villageoises jouissent de leurs droits d’usages coutumiers en vue de leur subsistance conformément à la législation ».

En Guinée Équatoriale, la question foncière varie s’il s'agit de la Région Continentale, de l'Île de Bioko, de l'Île d'Annobon ou de l'Île de Corisco, donc une différentiation héritée de la colonisation.

Sur le continent, on reconnaît le système d'usufruit, semblable à celui des pays comme le Cameroun et le Gabon. L'accès à la terre est soumis à la disposition des chefs de famille (hommes) qui accordent aux femmes une partie des terres à cultiver. Il n'existe pas de normes spécifiques en application sur le droit de propriété, en dehors des anciennes lois espagnoles sur l'hypothèque, du 8 février 1946, et de réformes au régime de la propriété territoriale, du 4 mai 1948. L'application auxiliaire de ces lois espagnoles, qui furent en vigueur jusqu'au 12 octobre 1968, se fait actuellement, du moins s'il n'y a pas opposition de la part de la législation nationale, en vertu du Décret n° 6 de l'année 1960, en date du 3 avril. En ce qui concerne la gestion des ressources forestières, la Loi Forestière n° 1 (de 1997) accorde à la population le droit d'utiliser les forêts communautaires pour garantir sa survie à travers des activités traditionnelles comme l'agriculture, la pêche, la chasse, la cueillette.

Cependant, il serait nécessaire d'affiner ce texte en précisant qu'une utilisation visant au développement durable de la communauté doit être encouragée, afin que les biens tirés de ces forêts communautaires puissent améliorer les conditions de vie des communautés actuelles et futures, tout en maintenant le potentiel disponible en ressources naturelles.

En République Centrafricaine, le système de propriété est fondé sur des croyances (donc psychologiques) et sur les structures sociales traditionnelles. Ce système découle du mode de culture et provient d’une conception de la terre qui n’est pas cultivée et terre vivante mise en culture et vivifiée dès qu’elle est débroussée. La terre revient à celui qui la met en valeur. Pendant la jachère, elle revient à la communauté qui l’a vivifiée. Ainsi les forêts sont portées par le sol et donc exploitées par les communautés locales qui en tirent usufruit.

A l’origine, la forêt appartenait à la tribu et elle demeure collective pour l’exercice de la pêche, de la chasse et de l’exploitation des ressources alimentaires et médicinales. C’est pourquoi la propriété collective villageoise se focalise sur les sources, les forêts, les pâturages qui reste indivise.

Le Code forestier reconnaît le droit coutumier et le place comme un élément important du système de gestion concertée sur les ressources naturelles. Il est indispensable de relever que tous les produits issus de la forêt sont d’usage collectif au sens strict et non commercial. C’est dans ce but précis que la loi laisse ouverte l’exploitation des PFNL et s’attarde peu à réglementer son exploitation.

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En droit de la République Démocratique du Congo, on ne peut parler de la propriété privée des ressources naturelles. Celles-ci forment une composante du patrimoine national et appartiennent à l’Etat congolais, qui a la charge de fixer les règles et les conditions de leur gestion et de leur utilisation. Il s’agit d’un principe juridique fondamental consacré à la plupart des textes législatifs et réglementaires cités au point 1 ci-dessus.

En matière forestière, le Code forestier prévoit que les forêts naturelles ou plantées comprises dans les terres régulièrement concédées en vertu de la législation foncière appartiennent à leurs concessionnaires ; tout comme les arbres situés dans un village ou son environnement immédiat ou dans un champ collectif ou individuel sont la propriété collective ou individuelle ou de la personne à laquelle revient le champ (art. 8 et 9).

En forêt protégée, l’exploitation commerciale par les collectivités des produits forestiers, dont la récolte leur appartient traditionnellement, continue à être libre, sous réserve qu’elle ne détruise pas les végétaux producteurs. Exceptionnellement, certains produits de cueillette sont soumis à des redevances.

Le ramassage du bois mort pour la vente n’est pas autorisé. Il nécessite la délivrance d’un permis de coupe (onéreux ou gratuit) de même pour l’exploitation des bois de service.

En forêt classée, l’exercice de droits d’usage à caractère commerciale est toujours subordonné à la délivrance d’un permis d’exploiter spécial et gratuit, indiquant où peuvent s’exercer les droits de récolte.

En synthèse, la propriété demeure le droit d’user, de jouir et de disposer des biens de la forêt en tout temps. La propriété permet à l’usager de pouvoir exercer sur un espace donné et surtout de respecter la loi édictée. Dans la plupart des cas, la propriété est collective pour la communauté riveraine de la forêt. Cette propriété est reconnue par le droit écrit aux communautés locales qui exercent le droit sur l’usage des ressources naturelles pour la communauté. Cependant, les forces du marché obligent de plus en plus les populations à exercer des pressions pour l’exploitation des ressources pour la commercialisation rendant ainsi la situation vers la propriété privée.

3.4 Importance des produits forestiers non ligneux

Il existe une gamme diversifiée de PFNL en Afrique Centrale, comme les gommes et les résines, le miel et la cire d’abeilles, les plantes médicinales et aromatiques, les colorants et les matières tannantes, le bambou et le rotin, la viande de brousse et le fourrage. Le tableau 2 donne un aperçu sur les principaux PFNL en Afrique Centrale.

Tableau 2. Les principaux PFNL identifiés dans les pays d’Afrique Centrale

Pays Principaux PFNL Cameroun Plantes comestibles (fruits, noix, feuilles) ; plantes médicinales, rotin, gibier République Centrafricaine Gibier, plantes comestibles, plantes médicinales Guinée Equatoriale Plantes médicinales, plantes comestibles, rotin, gibier Gabon Plantes comestibles, osier, gibier

République du Congo Plantes comestibles (fruits, champignons, légumes) ; plantes médicinales ; miel, gibier, plantes ornementales, matériaux de construction

République Démocratique du Congo

Plantes comestibles, gibier

Source: FAO (2001a)

D’une manière générale, ces produits peuvent être subdivisés en deux catégories, selon qu’ils sont utilisés pour la subsistance, ou vendus dans le commerce.

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Dans une enquête villageoise entreprise au Cameroun, il a été estimé que les PFNL procuraient environ 44 pour cent de leur revenu aux ménages, soit un pourcentage plus grand que les cultures de rente ou les cultures vivrières (Van Dijk, 1999). Ils deviennent un élément important de stratégie de subsistance des communautés rurales, compte tenu en particulier des faibles taux de croissance économique et de l’irrégularité de la production agricole.

Les plantes médicinales récoltées dans les forêts sont également utilisées dans la pharmacopée traditionnelle. Des études précises localisées sur certains produits forestiers non ligneux, notamment la viande de brousse donne une idée nette de la contribution de la filière à l’économie rurale et aux moyens d’existence des communautés locales. La consommation de la majorité des PFNL est en hausse, essentiellement parce qu’ils sont disponibles à bas prix.

Urbanisation et utilisation de plantes médicinales

"Dans les pays africains à forte population urbaine, les plantes médicinales ne sont plus seulement utilisées par ceux qui pratiquent la médecine traditionnelle ; cette activité attire aujourd’hui toute une catégorie de cueilleurs du secteur informel. Contrairement aux praticiens traditionnels qui les récoltent par petites quantités, les cueilleurs commerciaux sont surtout motivés par des considérations d’ordre économique. Ceci se traduit par le mépris le plus total pour les éventuelles pratiques de conservation traditionnelles et par une concurrence acharnée pour le dernier sac d’écorce, de bulbes ou de racines. Les taux de chômage élevés et les faibles niveaux d’instruction scolaire (plus les maigres probabilités d’accès au marché officiel du travail), ont favorisé une inondation des marchés par les plantes médicinales populaires pour répondre à la demande urbaine, ce qui maintient les prix bas et les ventes à un niveau élevé. Dans le cas des plantes médicinales récoltées et exportées pour l’industrie pharmaceutique, les prix sont aussi maintenus à de bas niveaux, grâce à des accords qui ne prennent pas en considération le coût de remplacement de la ressource.” Cunningham (1997)

Plusieurs produits, comme les champignons (Congo), l’écorce de Prunus africana (Cameroun, Guinée Equatoriale), Rauvolphia vomitora, Pipper guinesse (RCA), les feuilles de Marantacées (Gabon, République du Congo), le Rotin (RDC, Gabon) sont commercialisés sur les marchés internationaux.7

Plusieurs de ces produits sont exportés, en partie pour répondre à la demande croissante des communautés africaines vivant en Europe et en Amérique du Nord, mais aussi pour en extraire des substances phytochimiques importantes entrant dans la fabrication de médicaments modernes (voir encadré). Le rotin est un produit majeur pour l’industrie locale; pourtant, dans toute son aire naturelle, il est considéré comme une ressource librement accessible, de sorte que la récolte de ce produit n’est pratiquement pas réglementée par le droit coutumier (Sunderland, 2001)8. L’Asie du Sud-Est devient un important débouché pour le rotin brut. Aucun système d’aménagement ne réglemente l’exploitation des produits forestiers non ligneux, y compris le rotin.

7 Une étude sur le commerce des PFNL en Afrique Centrale est en cours par le projet GCP/RAF/398/GER. 8 En termes de diversité, c’est dans les forêts guinéo-congolaises d’Afrique Centrale que l’on trouve la plus grande concentration d’espèces de rotins et le taux d’endémisme le plus élevé. Sur les 20 espèces africaines connues de rotin, 18 poussent au Cameroun.

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Parmi les PFNL, la «viande de brousse» est l’un des plus importants et il semblait qu’une crise se profile à l’horizon, du fait que la production de la viande de brousse est de plus en plus axée sur le commerce. Ce phénomène est dû en particulier à la diminution des revenus agricoles (due au fléchissement des prix des cultures de rapport) et à la demande urbaine croissante de ce produit. L’amélioration des conditions d’accès, grâce aux pistes d’exploitation forestière, et le grand nombre de personnes intervenant dans l’exploitation forestière, ont accentué le problème (voir encadré).

Les utilisations pharmaceutiques des produits forestiers non ligneux « Les utilisations pharmaceutiques des PFNL rapportent beaucoup d’argent. Des extraits de l’écorce du yohimbé (Pausinystalia yohimbe) sont utilisés localement dans le traitement de nombreuses affections, et exportés en Amérique du Nord et en Europe, comme aphrodisiaque (dont les vertus restent à confirmer) et comme stimulant dans des boissons non alcoolisées. Les exportations camerounaises d’écorce de yohimbé ont atteint au total 600 000 $ en 1998 et augmentent d’année en année. De même, on extrait de l’écorce du Prunus africana (Pygeum) un cocktail de produits chimiques, utilisé pour le traitement des hyperplasies bénignes de la prostate, en Europe et en Amérique du Nord, un commerce qui a rapporté 700 000 $ au Cameroun et 200 millions de $ aux compagnies pharmaceutiques en 1999.» CARPE (2001)

Tout porte à croire que la plupart des PFNL, y compris la viande de brousse, seront produits et utilisés dans le secteur informel non organisé et, dans la situation actuelle, il est peu probable qu’un système officiel soit adopté pour la gestion de ces produits.

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4. TERMINOLOGIE ET DEFINITIONS

4.1 Termes utilisés

Dans les législations forestières en Afrique Centrale, le terme « PFNL » est peu utilisé. Alternativement, les codes forestiers proposent une gamme des termes qui ressemblent au concept des PFNL :

• Au Cameroun, la loi forestière du 20 janvier 1994 utilise le concept plus large des « produits forestiers », dont elle précise le contenu ainsi qu’il suit : « Les produits forestiers sont essentiellement constitués […] de produits végétaux ligneux et non ligneux, ainsi que des ressources fauniques et halieutiques tirées de la forêt »9. Elle fait également recours au terme ‘produits spéciaux’, dont elle cerne les contours à l’alinéa 2 de son article 9, qui est ainsi libellé : « Certains produits forestiers, tels que l'ébène, l'ivoire, espèces animales ou végétales, médicinales ou présentant un intérêt particulier, sont dits produits spéciaux. La liste desdits produits spéciaux est fixée, selon le cas. ».

• En RCA, le code centrafricain parle de « fruits et produits de la forêt naturelle, produits de cueillette, plantes alimentaires et médicinales, produits forestiers à usage pour l’artisanat ».

• En Guinée Equatoriale, le terme PFNL est remplacé par le terme espagnol ‘productos forestales non madérables’ (PFNM).

• Au Gabon, le code utilise le terme désigné par ’produits forestiers autres que le bois (PFAB)’.

• En RDC, les termes ‘PFNL’ et ‘menus produits forestiers’ sont utilisés dans le code forestier.

• En République du Congo, le terme ‘produits secondaires’ est retenu dans le code forestier mais dans les textes d’application il est apparu seulement la notion de ‘PFNL’ ne définissant pas clairement l’idée de la loi fondamentale.

Les définitions des termes mentionnés ci-dessus sont documentées dans le tableau 3.

Tableau 3. Termes et définition utilisés en Afrique Centrale pour décrire les PFNL Pays Terme utilisé Définition Source

Cameroun

Produits spéciaux

Certains produits forestiers, tels que l’ébène, l’ivoire, espèces animales ou végétales, médicinales ou présentant un intérêt particulier, sont dits produits spéciaux.

Loi no 94/01, art. 9, alinéa 2

Produits forestiers secondaires

Ces produits incluent « notamment le raphia, le palmier, le bambou, le rotin ou les produits alimentaires et le bois de chauffe ».

Décret du 23 août 2005 fixant l’application du code forestier, art. 26, al.1

Gabon

Produits forestiers autres que le bois d’œuvre (PFAB)

On entend par produits forestiers autres que le bois d’œuvre l’ensemble des biens commercialisables et de substitution issus des ressources renouvelables de la forêt.

Projet de décret réglementant l’exploitation, la transformation et la commercialisation des PFAB

Guinée Equatoriale

PFNL (productos forestales non maderales

"Tous les produits d'origine végétale dans des conditions naturelles ou sous contrôle ou intervention humaine, dans les forêts naturelles ou les aires sauvages, ainsi que dans les plantations forestières "

Loi Forestière, article no. 11

République Centrafricaine

Fruits et produits de la forêt naturelle

• « … bois morts, … plantes alimentaires ou médicinales, … bois de service, … bois d’œuvre pour le façonnage des pirogues » (art. 21)

• « … produits issus des palmiers, karités, kolatiers, kapokiers, rotins et autres plantes… » (art. 22)

Loi 90.003 du 9.6.1990, Code Forestier

9 Loi forestière du 20 janvier 1994, art. 9, al. 1).

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• Fruits et produits de la forêt naturelle

République Démocratique du Congo

PFNL PFNL : tous les autres produits forestiers, tels que les rotins, les écorces, les racines, les rameaux, les feuilles, les fruits, les semences, les résines, les gommes, les latex, les plantes médicinales

Loi No 011/2002, Code Forestier, art.1, al. 3

République du Congo

Produits forestiers accessoires

Les PFA comprennent : a) le bois énergie et de service et b) les PFNL tels que le microfaune, les champignons, les rotins, les sèves, les plantes alimentaires, médicinales et à usage divers.

Décret No. 2002-437 du 31.12.2002

4.2 Autres terminologies utilisées

Les autres termes contenus dans les législations qui se rapportent aux PFNL peuvent être utilisés de deux manières : (a) la désignation nominale d’un produit et (b) l’appellation générique donnée à un ensemble de produits

Dans chaque pays de l’Afrique Centrale, les PFNL (ou termes similaires) ont une connotation vague, ce qui permet de les désigner par un nom pour les caractériser ou les différencier selon l’importance qu’on leur accorde. Dans cette série d’appellations, on peut retenir des exemples comme les chenilles, les escargots, les champignons, le miel et la cire. Ceci est d’autant plus important pour les populations qui utilisent ces produits et de l’importance et de la valeur économique qu’on y attache.

Il est apparu qu’un ensemble de produits de la forêt de part leur fonction, produisent des biens et services pour le bien être des populations. D’autres par contre, affectent les usages qu’on en fait afin de les désigner. La facilité de culture dans un système de production ou bien la globalisation des effets induits sur les possibilités de mettre en commun les résultats tirés de ces produits ont conduit à les désigner par une appellation remarquable.

Les exemples suivants donnent une idée plus consistante :

• Produits forestiers à usages multiples : Ces produits peuvent être des bois d’œuvre destinés pour l’artisanat, des espèces qui fournissent des services divers à l’homme. Pour la plupart, ce sont des produits utilisés dans les systèmes agroforestiers pouvant fournir des biens et services. Louméto (2006) signale que « de nombreux PFNL sont des organismes à usages multiples. Il donne l’exemple du palmier ronier (Borasus spp. ) en est un illustration pour les plantes, de même que le palmier à huile (Elaeis guineensis) ».

• Produits accessoires ou produits secondaires : Ils sont caractérisés par leur importance au niveau de la forêt et à l’état naturel. Ce sont de produits qu’on peut exploiter sans en affecter la capacité de reproduction et de reconstitution. Les produits qui peuvent rentrer dans cette catégorie sont les chenilles, les papillons, les escargots, les champignons.

• Plantes médicinales : Parmi les produits forestiers non ligneux, les plantes médicinales méritent une attention particulière. Compte tenu des difficultés d’accès à la médecine moderne, c’est sur la médecine traditionnelle que repose le système sanitaire dans la plupart des pays africains. Les plantes médicinales ne sont pas seulement importantes pour les zones rurales. Plusieurs études montrent que les habitants des villes sont fortement tributaires des médicaments traditionnels (Cunningham, 1997).

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En Afrique Centrale, on observe que de nombreux animaux sont vendus sur les marchés et autour des grandes agglomérations urbaines. Ces animaux peuvent variés allant des mammifères, des oiseaux, des insectes. Les usages sont diversifiés allant de la fabrication des tam-tams, la maroquinerie, les masques, les costumes traditionnels, les objets d’art.

Consommation de viande de brousse: Les problèmes qui apparaissent “En Afrique Centrale, on consomme plus d’un million de tonnes de viande de brousse chaque année – soit l’équivalent de 4 millions de têtes de bétail. Un chasseur peut gagner entre 300 et 1000 dollars par an – ce qui est supérieur au revenu moyen des ménages dans la région, et comparable aux salaires de ceux qui sont chargés de contrôler le commerce de la viande de brousse. Les négociants, les transporteurs, les acteurs du marché et les restaurateurs tirent aussi profit du commerce de la viande de brousse… Or, l’accélération de la demande de ce produit incitera plus de personnes à intervenir dans ce commerce, ce qui accroîtra la pression sur les populations d’animaux sauvages, et mettra en péril la survie des espèces rares. » CARPE (2001b)

4.3 Autres définitions

La FAO (1999) définit les PFNL comme « des biens d’origine biologique autre que le bois, dérivés des forêts, des autres terres boisées et des arbres hors forêts. Ils peuvent être récoltés dans la nature ou produits dans les plantations forestières, ou par les arbres hors forêt ».

Les PFNL appelés aussi produits forestiers autre que le bois ou produits forestiers accessoires ou secondaires ont diverses autres définitions :

• Louméto (2006) considère les PFNL comme : « tout matériel biologique qui peut être extrait des forêts naturelles, des bois, des jachères ou des plantations forestières, ainsi que leur utilisation à des fins de récréation, parc ou réserve ».

• Tsiamala-Tchibangu et Ndjigba (1998) rapportent « qu’il s’agit d’aliments, de combustibles, de médicaments, d’animaux et des produits tirés d’animaux, de matières premières pour l’artisanat, et des produits utilisés en construction ou lors des manifestations culturelles ou religieuses ».

• Selon Chandrasekharan (1995), il s’agit « de toute ressource biologique et tout service marchand, excepté toutes les formes de bois d’œuvre, issus de la forêt ou de tout autre écosystème ayant des fonctions similaires »

• Tchatat (1999) définit les PFNL comme étant « l’ensemble des autres ressources forestières autres que le bois d’œuvre dont l’exploitation ne nécessite pas d’investissement particulier et dont l’usage ou la commercialisation profite directement aux riverains ».

• D’après GTZ (2000), « les PFNL comprennent tous les produits forestiers et les produits poussant et vivant à l’état sauvage (faune et flore) dans la forêt et dans d’autres systèmes de production analogues à la forêt (systèmes agroforestiers, vergers, plantations, etc.) dans la mesure où il ne s’agit pas de produits ligneux ».

4.4 Typologie des produits forestiers non ligneux

La forêt dense du sud ouest de la Centrafrique renferme un grand nombre d'espèces d'utilité diverses : aliments, médicaments, matériaux de construction ou d’artisanat. Un inventaire des produits forestiers disponibles et utilisables effectué par Annette Hladick (1994), montre la richesse de cette forêt. L'étude quantitative présente une diversité au regard de l'utilité accordée à ces produits forestiers classés en trois catégories : les espèces comestibles végétales, animales et à usages multiples.

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Selon une étude récente en RCA, en forêt du sud-ouest, les PFNL se répartissent en sept catégories selon l’importance et la fréquence de leur utilisation (voir tableau 4).

Tableau 4. Répartition des PFNL par nature et par fréquence d’utilisation Type de sous produits Fréquence d’utilisation en %

Feuilles Sève élaborée (vin) Tubercules/Ignames Graine/Oléagineux Chenilles Rotins Autres

68 11,2

8 5,6 3,2 2,4 1,6

TOTAL 100

Source: Bonannée (2001)

La FAO donne une typologie plus globale comme indiquée dans le tableau 5.

Tableau 5. Typologie des PFNL selon la FAO Produits végétaux Animaux et produits animaux

Catégories Description Catégories Description

Nourriture

Nourriture végétale et boissons provenant de fruits, noix, graines, racines, champignons, etc..

Animaux vivants

Principalement des vertébrés, tels que des mammifères, oiseaux, reptiles élevés/achetés comme animaux de compagnie

Fourrages Aliment pour les animaux ou les abeilles provenant de feuilles, fruits, etc..

Miel et cire Produits provenant des abeilles

Médecine

Plantes médicinales (feuilles, écorce, racine) utilisées dans la médecine traditionnelle et/ou par des compagnies pharmaceutiques.

Viande de gibier

Viande de vertébrés surtout des mammifères

Parfums et produits cosmétiques

Plantes aromatiques fournissant de l’huile essentielle (volatile) et d’autres produits utilisés dans les cosmétiques

Autres produits comestibles

Surtout des invertébrés comestibles tels que les insectes (chenilles), et autres produits secondaires d’animaux (œuf, nids)

Colorants et tannins

Matières végétales (surtout écorces et feuilles) donnant des tannins et autres parties de la plante.

Cuirs et peaux Cuirs et peaux d’animaux utilisés pour divers usages

Ustensiles, produits artisanaux de matériaux de construction

Groupe hétérogène de produits dont le chaume, le bambou, l’osier, les fibres. Médecine

Des animaux entiers ou parties d’animal tels que divers organes utilisés pour usage médical

Plantes ornementales

Des plantes complètes utilisées en ornement. Colorants

Animaux entiers ou parties d’animaux utilisées divers organes utilisés comme colorants

Exsudats Produits sous forme d’exsudats par les plantes comme la gomme, les résines

Autre produit animal non comestible

Les os utilisés comme outils.

Autres Les insecticides et les fongicides

Source : FAO (2001)

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Au Gabon, Chabot (1997) précise la typologie axée sur quatre filières : la filière des PFNL végétaux alimentaires, la filière plantes médicinales et psychotropes, la filière viande de brousse et la filière des PFNL artisanaux.

Au Congo, la typologie se focalise sur sept catégories visant les :

• aliments et les boissons provenant des différentes parties de la plante, fruits, graines, feuilles….. ;

• fourrages pour alimentation des animaux ; • cuirs et des peaux issus des animaux ; • plantes médicinales pour la médecine traditionnelle et la pharmacopée ; • plantes aromatiques, tanins et colorants ; • plantes pour combattre les êtres vivants nuisibles : insecticides ; • plantes ornementales.

Dans les autres pays, les typologies se calquent sur les usages et l’importance attachée aux produits et surtout de son impact sur la biodiversité et l’environnement.

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5. CADRE JURIDIQUE RELATIF AUX PFNL

D’après les différentes législations en vigueur dans les pays de la sous-région, les textes régissant la gestion des PFNL sont tous construits sur le modèle classique de l’aménagement forestier et l’utilisation durables des ressources naturelles, celui-ci axé sur l'exploitation du bois d’œuvre. Les codes font référence aux PFNL d'une façon aléatoire et isolée. Des stratégies nationales ou sous-régionales définissant les priorités politiques pour une valorisation efficace de ces produits ne sont pas existantes.

C’est au regard du recensement des textes législatifs et des autres mesures prises pour la réglementation juridique des PFNL qu’il faut rechercher la cohérence et l’applicabilité. Si dans certains pays comme la République du Congo, la RDC et la RCA, le cadre juridique existe, il n’en demeure pas moins que l’applicabilité pose des problèmes de gestion et d’exploitation. La mise en cohérence du cadre juridique et réglementaire sera certainement un atout majeur pour les pays d’Afrique Centrale dans le cadre de l’harmonisation des politiques forestières de la COMIFAC comme indiqué dans le Plan de Convergence.

C’est dans ce but précis que la présent étude se veut comme étant un point de départ et un diagnostic pour mettre en lumière toutes les lacunes ainsi que les intérêts portés de plus en plus sur les PFNL.

5.1 Principaux textes juridiques

Dans les pays d’Afrique Centrale, les textes juridiques applicables concernant les PFNL varient des textes fondamentaux, aux simples décisions municipales. Parmi les textes relevés, les catégories les plus utilisées sont fixées par les lois portant code forestier dans chaque pays qui relèvent les dispositions juridiques et légales (voir tableau 1).

Dans les différentes législations en vigueur pour les pays de la sous-région, la problématique des PFNL est prise en compte d'une manière ou d’une autre. Ce que l’on peut remarquer est le caractère relationnel des différents textes tous construits sur le modèle classique de l’aménagement forestier et l’utilisation durable des ressources naturelles. Tous ces textes juridiques sont construits en tenant compte du bois d’œuvre comme principale source de revenus au niveau national. Les PFNL sont peu pris en compte.

Cette notion est d’autant plus axée sur les bois d’œuvre et de plus en plus sur les PFNL à travers des inventaires multi ressources. En effet, lors des inventaires d’aménagement, l’aspect des ressources autres que le bois reste une dimension forte qui est difficilement maîtrisable vu l’indisponibilité des méthodologies appropriées.

Normes d’aménagement des forêts denses de production

En République Centrafricaine, les normes d’aménagement définissent la prise en compte des Produits Forestiers Non Ligneux dans les inventaires d’aménagement ainsi que le relevés de la faune. Ces éléments contribuent pour l’essentiel un modèle de relevés écologiques complémentaires effectués pour la connaissance de la richesse de la biodiversité. MEFCPE (2006)

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5.2 Autres textes juridiques

Il a été relevé que dans la plupart des pays de l’Afrique Centrale, les lois fondamentales régissant l’utilisation des PFNL sont les codes forestiers et les codes de la faune. En plus de cela, il est admis qu’il existe des textes d’application comme les décrets et les arrêtés. On notera plus singulièrement des lois en matière de:

• domaine de l’environnement ; • droits sur le foncier ; • domaine halieutique ; • domaine de la biodiversité ; et • pratique de la médecine traditionnelle.

Toutes ses formes juridiques ont pour fondement, l’utilisation et la gestion durable des ressources de la forêt dont les PFNL.

5.3 Règles et modes traditionnelles de gestion des PFNL

Les législations nationales en Afrique Centrale reconnaissent à un certain niveau la place réservée aux différentes normes coutumières. De manière générale, les règles traditionnelles de gestion des PFNL permettent aux communautés rurales d’user de leurs prérogatives sur l’usufruit tiré de la forêt pour l’autoconsommation. Souvent ces règles font exception aux pénalités. C’est à cette occasion que la décision d’exploitation des ressources revient en premier lieu au chef de famille ou bien au chef de la communauté qui détient le pouvoir de décision.

En dehors des règles coutumières, les conditions d’exploitation officielle des PFNL sont fixées par le code forestier. Ceci permet aux populations riveraines de prélever dans la forêt des produits pour la subsistance mais aussi pour l’échange ou la vente. La notion même de droit de propriété n’est pas claire et pose des problèmes à un certain niveau. Seules les normes coutumières permettent à l’autorité coutumière ou à l’ensemble du groupe communautaire concerné de définir le régime d’appropriation sur les ressources.

En Guinée Equatoriale, la loi a deux conceptions de la réglementation sur la vie traditionnelle :

• la reconnaissance des règles par les membres d’une communauté ; • la référence à une autorité reconnue.

La vision traditionnelle de la loi en Guinée Equatoriale et de la réglementation crée une harmonie entre l’homme et son environnement. Ceci est un aspect séculaire relevé par rapport à certaines sociétés qui de plus en plus se voient des règles communautaires dégradées. L’agriculture traditionnelle et la cueillette repose sur les différentes réalités car les populations considèrent l’agriculture comme principale activité économique et sociale. Les activités d’agriculture sont combinées à celles de la cueillette de diverses ressources naturelles ainsi que la chasse et la pêche.

En RCA, il est admis dans les règles et modes de gestion traditionnelle que le fait d’exploiter sans l’autorisation du chef coutumier provoque des conflits au sein de la communauté et des populations. Cela implique la mise en place au niveau de la communauté elle-même de règles de régulation et de gestion pour éviter une exploitation abusive et désordonnée des PFNL de la forêt.

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Toute exploitation doit nécessairement se dérouler sur le terroir de la collectivité. L’abattage et l’écorçage des plantes rares ou des plantes médicinales sont interdites et faisait acte d’amendes. Au niveau de la RCA, les codes forestiers et de chasse, tout en reconnaissant le droit coutumier, demeurent un moyen de réguler les tensions sociales et une flexibilité de concertation entre les différents acteurs de la communauté.

Au Gabon, on retiendra que les règles et modes traditionnelles de régulation des PFNL, comme moyens de subsistance répondent à trois exigences précises que sont :

• La notion de l’essentiel limitée au strict minimum. Le surplus ou le superflu était ignoré de la société.

• La notion de préservation basée sur la sélection du produit avec des moyens rudimentaires non destructeurs.

• La méconnaissance des moyens de conservation des PFNL, facilement périssables au risque de voir les produits récoltés périr ce qui serait dommageable pour les populations. La maîtrise de ces méthodes de conservation des PFNL n’étant pas toujours cernée par les populations.

La seule différence actuelle réside dans la conception des populations dans la récolte et l’utilisation durable des ressources issues de la forêt.

Le cas de la République du Congo pose la problématique des ressources forestières, fauniques et environnementales et de manière particulière sur les PFNL dans un contexte où se côtoient, le droit écrit relevant de la compétence de l’Etat et le droit coutumier traditionnel généralement non écrit, relevant de la compétence des propriétaires fonciers et/ou des populations. A chaque niveau, chacun fait valoir ses règles et modes de régulation de l’exploitation et de gestion des ressources naturelles.

En effet, dans les sociétés traditionnelles, le sol est un bien sacré. Il est l’expression d’une alliance conclue par les ancêtres avec un espace et il exprime le lien mystique qui les unit à leurs descendants (Adouki, 1996).

Le code forestier congolais a fixé comme objectifs :

• d’instituer un cadre juridique approprié pour assurer effectivement la gestion durable des forêts et des terres forestières sur la base d’un aménagement rationnel des ressources ;

• de définir le domaine forestier national ; et • de déterminer les critères et les normes d’organisation et de gestion concertée et

participative et de concilier l’exploitation des produits forestiers avec les exigences de la conservation du patrimoine forestier et de la diversité biologique en vue d’un développement durable (art. 1).

En RDC, les règles et les modes traditionnelles de régulation des PFNL visant les conditions légales de l’exploitation sont basés sur la récole ou la cueillette des PFNL mais également la commercialisation. L’exploitation des PFNL floristiques relève du droit d’usage et ceux dont le prélèvement est soumis à la détention d’une autorisation. Les PFNL liés à l’exercice des droits d’usage permettent aux populations riveraines des forêts de satisfaire leurs besoins domestiques individuels ou collectifs. Ce droit n’est pas total dans la mesure où le code prévoit des limites qui touchent les coutumes locales, la subordination de l’exercice de ce droit, la pratique de l’agriculture et la protection des forêts classées.

Plusieurs types d’autorisation sont édictés par les textes juridiques en RDC. Il s’agit des permis ordinaires de récolte lorsque le produit a fait l’objet d’une mesure particulière ou d’un permis spécial de récolte si cela concerne un produit protégé. Ces permis sont délivrés et confère le droit de prélever des produits tels que les rotins, les écorces, les racines, les rameaux pour la commercialisation.

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Au Cameroun, les règles et modes traditionnels de régulation et de gestion des PFNL sont définis par les textes réglementaires en vigueur. Les différentes normes coutumières sont régies par le régime d’appropriation des ressources de la forêt dont les PFNL. Ces régimes traditionnels individuels ou collectifs reconnus datent de la période précoloniale. Ils permettent aux populations de prélever de la forêt des PFNL aussi bien pour l’autoconsommation que pour l'échange ou la vente.

Les bénéficiaires du droit d’usage sont identifiés dans les dispositions légales des lois fondamentales camerounaises. Le droit coutumier est reconnu aux populations riveraines de la forêt. Cependant, l’exclusion est faite pour toute personne étrangère ou allogène vivant ou résidant. Cette exclusion est soutenue par les dispositions visant l’accès aux bois d’œuvre et par extrapolation aux PFNL.

Le lieu de jouissance du droit d’usage traditionnel épouse les limites territoriales du voisinage des permis forestiers, ce qui fait qu’il y a une certaine superposition des droits d’usage. On relève également que le cadre juridique au Cameroun prévoit une panoplie des droits de bénéfice liés aux conditions réglementaires de commercialisation des PFNL, les personnes habilitées à commercialiser, les bénéficiaires du droit d’exploitation et les bénéficiaires du droit d’enlèvement des PFNL achetés.

5.4 Commercialisation des PFNL

Il est évident que la commercialisation des PFNL dans la sous-région d’Afrique Centrale a toujours été le point de départ de la prise en compte des problèmes liés aux PFNL dans leur ensemble. Cette importance commerciale a permis de réveiller toutes les consciences au regard de l’exploitation et de la durabilité affectées aux principaux produits.

Le développement commercial des PFNL résulte de deux aspects importants :

• l’existence du potentiel pour la création d’entreprises locales et de nouvelles sources d’emplois ;

• le danger pour certains de ces produits que leur exploitation soit peu durable.

5.4.1 Les acteurs de la filière

L’examen des deux points précédent on peut se poser certaines questions sur la faisabilité du commerce des PFNL sur le plan économique et sociale en Afrique Centrale. Il est à relever que cette importance concerne les acteurs qui interviennent au niveau de la filière de commercialisation. Les principaux acteurs sont composés des :

• récolteurs des produits en forêt ; • collecteurs ; • transporteurs; • grossistes ; • détaillants/revendeurs ; • détenteurs de permis d'exploitation; et • consommateurs.

Vu les différents centres d’intérêt de ces acteurs, leurs attentes d’un cadre légal dit ‘approprié’ sont parfois divergentes :

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Tableau 6. Centres d’intérêt de ces acteurs concernés Acteurs Description Centre d’intérêt

Récolteurs

• Cueilleurs des PFNL • Généralement des

populations locales • Rarement des personnes

recrutées venant hors de la zone de collecte

• Collecte maximale et régulière

• Prix de vente élevé

Collecteurs

• Commerçants allant dans les zones de collecte pour acheter les produits

• Souvent résidents des zones de collecte

• Offre suffisante et régulière selon la demande

• Qualité appropriée • Prix d’achat bas

Transporteurs Ils mettent leurs voitures à la disposition des collecteurs ou grossistes

• Présence régulière du produit à transporter

• Libre circulation des biens (sans tracasseries routières)

Grossistes

Ils prennent les produits en gros afin de les revendre aux détaillants ou qui les acheminent vers l’exportation

Offre et demande suffisante et régulière

Détaillants/revendeurs Vente en détaille des produits dans les marchés

• Offre et demande suffisante et régulière

• Existence des marchés et des facilités d’installation

Détenteurs de permis d'exploitation

Personne morale qui possède le permis d’exploitation qui donne l’accès à la ressource pour des buts commerciaux

Accès facile aux titres

Basé sur FAO (2007c)

L'Etat peut être considéré comme acteur principal, dans le sens qu'il est le propriétaire et assure le contrôle de l’exploitation de toutes les ressources forestières.

A chaque niveau de commercialisation, le prix augmente et un circuit de commercialisation se crée. Tout ceci a pour mesure incitative le prix du marché et la demande. Les modèles connus montrent que les PFNL issus de la collecte en forêt dense humide traversent les frontières de l’Europe et de l’Amérique. On citera pour exemple Prunus africana au Cameroun exporté vers l’Europe et Gnetum africanum en République du Congo, en RCA, et en RDC exporté vers l’Europe et l’Amérique. Il est établi que la commercialisation des PFNL a ouvert la voie à un engouement et une pression sur les ressources du fait de la monétarisation de l’économie d’échelle réalisée à tous les niveaux de la filière.

Chabot (2002) a montré dans son étude que les flux commerciaux des PFNL au Gabon dépassent le cadre national et sous-régional. L’identification des différentes filières des végétaux alimentaires, des rotins et des produits viande, montre l’engouement suscité par la commercialisation des PFNL dans sa globalité. La filière viande de brousse a connu un développement fulgurant avec l’ouverture des routes à travers les concessions forestières et les facilités de communication. A cela s’ajoute l’empressement du gain facile à travers l’informel que renforce sa position par le manque de cadre légal.

Au regard de ce qui précède, l'analyse des rapports nationaux et des différents codes forestiers des pays d'Afrique Centrale montre qu'un grand vide est observé entre les principaux acteurs des filières PFNL et le cadre légal régissant l'utilisation de ces produits.

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L'Etat qui est l'acteur principal se remarque par:

• l'absence d'une définition de la notion de PFNL; • l’absence de mécanismes juridiques de contrôle pouvant renseigner l’administration sur

les quantités réellement prélevées ; • le défaut d’une obligation légale de production périodique des données statistiques par

les titulaires d’autorisation de récolte ; • la trop grande complexification de la procédure d’obtention des titres d’exploitation des

PFNL ; • la précarité des contrats d’approvisionnement du marché extérieur à cause des

autorisations spéciales de durée inférieure à un an; • une fiscalisation permissive de la fraude des PFNL; • une absence d’intégration dans la loi des dispositions tendant à promouvoir l'utilisation

rationnelle et durable des PFNL; • un manque ou faible niveau de vulgarisation des textes légaux.

Ce grand vide est notoire au niveau des opérateurs économiques actifs des filières PFNL cités plus haut. Ainsi, de nombreuses exigences sont exprimées de la part de chaque acteur à l'endroit du cadre légal appliqué aux PFNL (voir chapitre 7).

Compte tenu de leur importance alimentaire, médicinale et économique, des études approfondies doivent être entreprises à court terme afin de fournir des éléments susceptibles de conduire à une législation/réglementation spécifique du secteur PFNL pour sauvegarder ces ressources et contribuer valablement à l’économie nationale et sous-régionale.

5.4.2 Différentes utilisations

La commercialisation des PFNL se base essentiellement sur une caractéristique physique fondamentale qui dérive des modes d’exploitation et de consommation. Ainsi, les utilisations sont orientées vers :

• les utilisations domestiques basées sur la consommation du produit ; • les utilisations commerciales : la diversité des produits permettent d’organiser des

réseaux d’échanges commerciaux et le troc entre les différents acteurs ; • les utilisations médicinales qui sont orientées vers la médecine traditionnelle et les soins

thérapeutiques.

La commercialisation est également assujettie au transport des PFNL et à la valorisation/transformation. Le cadre juridique montre que le transport doit subir au même titre que le bois, les mêmes règles s’agissant des PFNL qui sont destinés à l’exportation. Ainsi le transporteur doit être muni d’une lettre de voiture, d’un certificat phytosanitaire, d’un certificat d’origine et d’une autorisation d’exportation.

La vente des PFNL est libre sur le marché local ou sur le marché international. Elle reste réglementé par les documents exigés pour la commercialisation.

De plus en plus, la prise de conscience sur la diminution de la ressource fait que dans certains pays, l’épuisement de la ressource appelle les autorités à exiger des droits de sortie sur certains produits prisés et côtés. Ainsi, il est fait interdiction d’exporter du rotin en ballots par le Congo. Ces mêmes mesures sont aussi applicables sur certains produits notamment, le Piper guinesse, le Rauvolphia vomitora, la Gomme arabique et la cire d’abeille.

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5.4.3 Différentes filières

L’impact du cadre légal sur les différentes filières des PFNL phares a été analysé lors d’une réunion technique d’un groupe de travail établi par le projet GCP/RAF/398/GER sur l’élaboration d’un cadre légal approprié régissant le secteur produits forestiers non ligneux (PFNL) en Afrique Centrale (FAO, 2007a). La réunion a analysé les contraintes majeures du cadre légal régissant les filières voacanga (Voacanga africana), rotin (Laccosperma secundiflorum), andok (Irvingia gabonensis) et gnetum (Gnetum spp.). Le tableau 7 résume les contraintes majeures relevées. L’analyse démontre une homogénéité des contraintes légales identifiées qui touche l'ensemble des filières présentées. Ces contraintes semblent d’être relevantes pour la plupart des PFNL « phares », qui ont une importance significative à cause de leur valeur socio-économique considérable.

Tableau 7. Contraintes majeures du cadre légal régissant le secteur et des filières PFNL en Afrique Centrale

La filière Voacanga La filière Rotin La filière Andok La filière Gnetum • Obtention difficile de

l’agrément forestier • Permis d'exploitation

peu approprié (paiement d’avance sur les quantités sollicitées, un an non renouvelable)

• Mauvaise connaissance du produit et son processus de récolte séchage, conditionne-ment

• Lenteur dans l’obtention des documents administratifs (exemple: certification d’origine)

• Processus d'exploitation non-adapté (Moyens financiers et matériels importants, quantité minima à l'export 9 tonnes par expédition)

• Absence d’une législation relative aux PFNL

• Absence de directives sur les modes de gestion (exploitation)

• Absence d’une fiscalité relative à l’exploitation et à la commercialisa-tion des PFNL

• Difficulté d’établir « la paternité » du produit.

• Absence d’une politique de gestion durable, et de commercialisation

• Absence de données quantitatives

• Droit d’usage limité à l’autoconsommation

• Normes réglementaires insuffisantes

• Imprécisions dans la localisation des permis sur les prélèvements des PFNL

• Inadéquation de l'article 39 sur les forêts des particuliers (exemple du Cameroun)

• Absence de modalités de distinction des produits agricoles des PFNL

• Problèmes de domestication

• Tracasseries

• Non transparence de la réglementation

• Méthode de collecte et de transformation inadaptées

• Multiples barrières des contrôle et taxes informelles

• Fonctionnement dominé par la sous- traitance

• Procédures d’attribution longue, inaccessible d’où défavorable aux groupes de paysans

• Attribution annuelle ne prend pas en compte le niveau ressource disponible

• Absence de cohérence entre droit d’usage coutumier et droit écrit moderne

• Obtention du permis d’exploitation inversement proportionnel aux acteurs concernés

• Durée de validité du permis d’exploitation insuffisante

• Fiscalité non rentable pour l’Etat

• Absence de clarification dans le paiement de l’impôt libératoire et des taxes communales

• Insuffisante prise en compte des PFNL au niveau du cadre légal

Source : Basé sur FAO (2007a)

5.5 Fiscalité sur les PFNL

La fiscalité montre le degré de taxation effectué sur les PFNL. Le système fiscale distinguent des instruments spéciaux et généraux relatifs aux PFNL.

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Concernant les instruments spéciaux, on peut distinguer deux groupes : les redevances à l’amont et les redevances à l’aval des filières PFNL. Les redevances à l'amont comprennent les redevances à la surface concédée ou exploitée et les redevances sur les tonnage ou volumes. Ces redevances sont en général faibles, difficiles à mettre en oeuvre et présentent souvent un mauvais taux de recouvrement, surtout dans un système fiscal déclaratif. Les taxes à l'aval (au niveau du port) par contre sont en général fortes, faciles à mettre en oeuvre et présentent de bons taux de recouvrement ; elles sont dégressives en fonction du degré de transformation (FAO, 2007b).

Le taux de fiscalité appliqués sur certains PFNL est fixé par les administrations en charge des PFNL. Ceci permet l'agrément à l'exportation. Ces redevances sont fixées au kilogramme de produit exporté permettant ainsi des rentrées d'argent au niveau des administrations en charge.

Le régime fiscal de l’accès à la ressource est relevé et soumis à des règles qui varient en fonction du type de droit d’accès à la ressource ainsi que la dimension lucrative du produit concerné. La fiscalité est d’autant plus importante que le produit est prisé et sollicité.

Concernant les instruments fiscaux généraux, plusieurs types de taxes fiscales sont imposés sur l’embles des PFNL à savoir :

• l’impôt libératoire ; • le droit de marché ; • la taxe communale.

D’une manière générale, la fiscalisation des PFNL se décompose de la manière suivante :

• La collecte des produits sur le terrain aux mains des producteurs. • La déclaration de la quantité de produit à l’administration ou à la mairie de la localité. • L’évaluation et la facturation du produit récolté destiné à l’exportation selon les valeurs

mercuriales. • La délivrance du certificat d’origine d’un montant de 1 500 à 3 500 FCFA en RCA,

attestant l’origine (le lieu où le produit a été récolté) et la destination (le lieu ou le produit sera acheminé) ;

• La perception du droit de marché : c’est le droit de place occupé par le vendeur pour exercer son activité. La taxe est de 50 à 100 FCFA en RCA, reversé à la commune.

• L’obtention du certificat phytosanitaire attestant de la conformité sanitaire du produit destiné à l'exportation. Le montant est de 3000 FCFA en RCA.

Un exemple de fiscalité sur les différents produits en Guinée Equatoriale est documenté dans le tableau 8.

Tableau 8. Taxation journalière des principaux PFNL sur le marché de Mondoasi, Bata en Guinée Equatoriale

Produits Taxes/jour (F CFA) Condiments 100-500 Fruits sauvages 150-1000 Plantes médicinales 100-200 Produits artisanaux 500-1500 Viande de forêt 500-2000

Source : FAO (2007g)

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Tous les pays du bassin du Congo prélèvent des taxes sur les PFNL destinés à l’exploitation à but commercial. Les taxes instituées sont essentiellement composées des redevances en amont et notamment sur les quantités exploitées et non sur les superficies (FAO, 2007 ; voir tableau 9).

A travers les études de cas dans la sous-région de l’Afrique Centrale, on constate qu’il existe une fiscalité pour les principaux produits tels que le safou (Dacryodes edulis), l’andock (Irvingia gabonensis), l’okok/l’eru (Gnetum spp) ; Prunus africana, Rauvolphia vomitora, Pipper guinesse, le Rotin et les feuilles de Marantacées.

Dans le cadre de la fiscalité sur les PFNL, certains pays disposent d’une fiscalité mentionnée dans les dispositions légales. Toutefois, l’applicabilité est sujette aux controverses de terrain telles que:

• la non maîtrise des textes législatifs par les agents de l'administration forestière assurant le contrôle des PFNL dans les check-points;

• la variabilité de la fiscalité suivant les circonscriptions administratives/municipales; • les tracasseries/parafiscalités des F.M.O. (Forces de Maintien de l'Ordre).

Tableau 9. La fiscalité des PFNL – quelques exemples

Pays Exemple

Cameroun Prix de vente (« taxe de régénération ») de FCFA 10/kg, toutes essences confondues

République du Congo Taxes sur les produits accessoires (FCFA) : feuilles de marantacées : 5/kg ; Gnetum spp : 5/250g ; rotin : 100/paquet Doit de marché (FCFA/jour) : Condiments : 100-500 ; plantes médicinales : 100-200 ; fruits sauvages : 150-1.000

Guinée Equatoriale Exportation de Prunus africana (FCFA) : Commission CITES : 5.000/charge ; certificat d’origine : 10.000/charge ; taxe commerciale : 5% de la valeur de charge ; commission d’exportation : 5% de la valeur de charge ; commission du port : 850/t

En République du Congo, le cadre réglementaire existant relatif au PFNL végétaux, est l’arrêté 6379 du 31 décembre 2002 qui définit et catégorise les filières soumises à ce jour à la fiscalité (voir tableau 10).

Tableau 10. Extrait de l’arrêté 6379 du 31 décembre 2002 fixant la taxe sur les produits forestiers accessoires perçue par l’administration forestière

Produits Unités Taxes (FCFA) Feuilles de Marantacées Paquet de 1 kg 5 Cola acuminata Panier ou sac < 25 kg 500 > 50 kg 1.000 Gnetum africanum Paquet de 250 g 5 Gnetum bucholzianum Paquet de 250 g 5 Chenilles Sac < 25 kg 500 > 50 kg 1.000 Asperge « Mikaoua » (Laccosperma secundiflorum) Tige 5 Rotin Paquet 100 Liane Paquet 50 Miel Litre 50

Source : FAO (2007h)

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Par contre, en RDC, l’exploitation des PFNL en forêts protégées (rurales) qu’en celles de production permanente, demeure libre et ne donne pas lieu au paiement d’une fiscalité, d’une taxation, d’une redevance ou encore d’une compensation au profit du concessionnaire forestier. S’il est constaté une forte propension des produits à la commercialisation, la loi autorise le ministre en charge des forêts à réglementer ladite exploitation en la soumettant au paiement d’une taxe ou d’une redevance (code forestier article 43,44 et 102).

Au Cameroun, le Ministère de l’Economie et des Finances à travers le Programme de Sécurisation des Recettes Forestières assure le recouvrement de la taxe de régénération qui s’élève à FCFA par kilogramme, toutes essences confondues que la loi fixe pour la vente des PFNL. Selon FAO (2007b), le taux de recouvrement de cette taxe se situe en 2007 autour de 62 pour cent au lieu de 9 pour cent pour la période 1999-2003. Les deux outils principaux pour le suivi du paiement de taxe sont i) le carnet de suivi des prélèvements et ii) le carnet de lettres de voitures.

Le système des carnets de lettres de voiture et de suivi des produits spéciaux est intéressant en ce sens qu’il permette non seulement de mieux renforcer le contrôle et le suivi de l’exploitation des PFNL, mais aussi de mettre les exploitants et commerçants à l’abri de l’arnaque et des tracasseries routières (police). A terme, ce système est conçu pour mettre fin à la contrainte de péage à priori (avant récolte) de la taxe de régénération. La traçabilité documentaire (dont le modèle reste à définir), faite au travers des informations enregistrées dans ces outils permettra de mieux sécuriser les recettes fiscales et donc de ne plus soumettre les opérateurs économiques au péage à priori des taxes sur les quantités de produits qu’ils n’arrivent parfois pas à récolter et écouler (FAO, 2007b).

Cette évolution positive ne doit tout de même pas nous faire oublier certains problèmes clés qui minent encore le développement de la politique et du secteur PFNL au Cameroun. Ces problèmes concernent essentiellement :

• la méconnaissance de la ressource ; • la généralisation tout azimut de la taxe de régénération ; • le faible taux de cette taxe ; • les confusions entre les produits domestiqués et spontanés ; et • les nombreux conflits entre les différents acteurs dans la filière PFNL (FAO, 2007b).

Au Gabon, aucune mesure fiscale n’est prise actuellement en ce qui concerne les PFNL. Le décret réglementant la commercialisation et l’exploitation des PFNL a listé les produits les plus utilisés. Les services techniques compétents de l’administration forestière ont proposé des tarifs fiscaux portant sur ces produits. Il ne s’agit à proprement parler de PFNL mais plutôt de PFAB car certains produits ligneux y sont pris en compte au niveau de l’exploitation des ressources et de l’importance de la commercialisation. Cependant ces propositions doivent être analysées conjointement avec le Ministère en charge des finances car lesdits taux sont fixés par la loi des finances pour leur prise en compte dans le budget de l’état.

La Guinée Equatoriale a incorporé la fiscalité dans l'article 90 (Titre V: du Régime Économique et Fiscal; Chapitre I: du Régime Économique) qui indique que « l'État fournira et accordera des stimulants économiques et fiscaux, spécifiques, et dans l'incise g), inclut l'exportation de produits traditionnels (espèces forestiers peu connaissances, produits non ligneux, artisanat…) » dans cette mesure.

En RCA, bien que relevant du secteur informel, les PFNL font état d’une fiscalisation qui relève des départements impliqués à savoir, les Collectivités, les Ministère des Eaux et Forêts, du Commerce, de l’Agriculture. Ces produits sont taxés sur la base d’un arrêté interministériel fixant chaque année les valeurs mercuriales.

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On comprend ainsi que l’accès aux PFNL dans le cadre du droit d’usage, qui est limité à l’autoconsommation ne donne droit à aucun prélèvement de la part de l’administration.

Tendances actuelles

Selon les différentes administrations des pays de l’Afrique Centrale, les PFNL prennent de plus en plus une place capitale dans leurs activités. Les contrôles fiscaux se concentrent aux produits déclarés dont leur nombre connaît une tendance à l'évolution.

Un problème réel lié à la fiscalité est que les textes législatifs ne sont réellement pas appliqués dans toute leur rigueur. Souvent les taxes fixées à l'exportation ne sont pas payées par les exportateurs, ce qui pose un problème de manque à gagner et de valeur économique des PFNL.

L’analyse de la FAO (2007b) relève qu’ « à l’exception du Cameroun où la redevance sur les quantités de produit est généralisée à tous les produits, tous les autres pays utilisent des tarifs fiscaux qui varient énormément d’un produit à l’autre. La quasi-totalité des pays d’Afrique Centrale n’accordent pas une part de profit véritable aux populations locales dans l’exploitation des PFNL. Seule la République Centrafricaine (RCA) essaie d’accorder ce profit en laissant la gestion et notamment la production entre les mains des communautés locales.

De tous les mécanismes d’attribution des permis d’exploitation des PFNL identifiés en Afrique Centrale, le système utilisé jusqu’ici au Cameroun tant au niveau de la gestion des ressources (permis) que des recettes (Fonds Spécial de développement Forestier) semble sécurisant malgré quelques écumes relevés. C’est pour cela que ce modèle (permis, infractions et pénalités, fonds forestier, …) est proposé pour être appliqué dans l’ensemble des pays du Bassin du Congo, quitte à apporter quelques améliorations. »

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6. CADRE INSTITUTIONNEL RELATIF AUX PFNL

6.1 Principales structures intervenant sur les PFNL

Les arrangements politiques et légaux dans la sous-région d’Afrique Centrale qui déterminent la gestion des PFNL montrent les niveaux de responsabilité dans le contexte institutionnel. En regardant la structuration actuelle du cadre institutionnel, on s’aperçoit que les administrations forestières sont les garants de la légitimité de l’utilisation des ressources naturelles en général et des PFNL en particulier.

A travers les instruments organiques de chaque structure ministérielle, le gouvernement confère la responsabilité des politiques et des stratégies viables de gestion, d’aménagement, de contrôle, de recherche et de promotion des ressources ligneuses et non ligneuses. Le principal ministère concerné est le ministère en charge des Forêts.

D’autres ministères compétents interviennent pour une harmonisation, toutefois les conflits de compétence font que la dichotomie au sein des instances de décision sont souvent retardées. Les changements institutionnels à répétition et les dénominations anachroniques montrent souvent les limites de compétence. Il est enfin reconnu que les PFNL relèvent même de la tutelle du ministère en charge des forêts.

Les codes et les lois fondamentales en matière des forêts sont unanimes pour reconnaître institutionnellement la prise en compte des ressources forestières dans toute sa globalité. Ces cadres juridiques définissent l’impératif de concertation et de prise de décision sur certains aspects de gestion concernant les PFNL.

6.2 Synthèse sous-régionale des différentes structures sur les PFNL

En République du Congo, selon les termes du décret n° 98-175 portant attributions et organisation de la Direction Générale de l’Economie Forestière, c’est à cette dernière qu’incombe la mission d’ assister le Ministre dans l’exercice de ses attributions en matière de faune et de forêt, y compris les PFNL.

Au plan organisationnel (art. 3), cette Direction Générale comprend sept directions dont la Direction des Forêts et la Direction de la Valorisation des Ressources Forestières. Il ressort de ce texte réglementaire que c’est à la Direction de la Valorisation des Ressources Forestières qu’incombe la gestion des PFNL. Il est donc chargé de concevoir et de promouvoir les stratégies de mise en œuvre de la politique de valorisation des produits forestiers ligneux et non ligneux, de concevoir la réglementation en matière d’industrie du bois et de suivre et contrôler les activités de transformation du bois.

En RCA, c’est la Direction Générale des Eaux, Forêts, Chasse et Pêche à travers sa Direction des Exploitations Forestières et des Industries du Bois qui a la charge des PFNL. Elle est chargée de réglementer, de promouvoir et de contrôler toutes les activités socio-économiques en matière de l’eau, de la forêt, de la chasse et de la pêche, y compris la promotion de la conservation et de la gestion durable des ressources naturelles forestières, fauniques, halieutiques ainsi que des autres produits ‘secondaires’ de la forêt par l’élaboration et la vulgarisation des techniques de mise en valeur rationnelle.

Au Gabon, dans le secteur forêt, la Direction Générale des Eaux et Forêts a présenté un plan d’action pour la période 2006-2008. L’un des objectifs de ce plan d’action est l’amélioration de la contribution du secteur forêt au Produit Intérieur Brut (PIB). Parmi les activités à réaliser pour atteindre cet objectif, il est prévu de promouvoir le commerce des produits forestiers autres que le bois d’œuvre. En plus, les PFNL sont inclus dans le Programme Sectoriel Forêt et Environnement (PSFE) qui est en préparation par le Gouvernement gabonais.

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Pour la Guinée Equatoriale, la responsabilité du contexte actuel relatif à la gestion des PFNL repose indistinctement entre le Ministère d'Agriculture et des Forêts et le Ministère de la Pêche et d'Environnement.

A travers les instruments organiques, le gouvernement confère la responsabilité d'établissement de politiques et stratégies viables à la gestion, l’aménagement, le contrôle, la recherche et la promotion des ressources forestières ligneuses et non ligneuses. Bien qu'entre les deux ministères plus que l’entendement et la coopération, persiste un esprit tendu de conflit d'attributions, question qui devrait être traitée sur la base de leurs règlements organiques respectifs. La question parallèle à la détermination politique de la gestion des PFNL est la modification fréquente des dénominations officielles des départements ministériels. Pourtant, quel que soit le département ministériel, le changement de la dénomination officielle crée des difficultés organisationnelles et d’établissement de politiques soutenables et effectives dans son domaine d'attributions, dans la mesure où ce genre de changement imprime une instabilité institutionnelle, technique et organique.

En RDC, l’analyse de la législation en vigueur permet de synthétiser le mandat du Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature, Eaux et Forêt en ce qui concerne le secteur forestier, à savoir :

• l’élaboration et la mise en œuvre de la politique forestière nationale ; • la gestion, l’administration, la conservation, la surveillance et la police des forêts ; • la préparation des projets des textes légaux et réglementaires en rapport avec le secteur

des forêts ; • la promotion et la coordination de toutes les activités relatives à l’exploitation des

ressources forestières ; • la création et la gestion des aires protégées et réserves apparentées ; • la création et la gestion des écosystèmes des eaux et forêts.

Au niveau central, la Direction de la Gestion Forestière (DGF) est chargée de l’application, de la réglementation forestière, de l’encadrement et de la promotion de l’industrie forestière. Au sein de cette direction fonctionne un bureau dit « Bureau des Exportations des Menus Produits Forestiers ». Les permis d’exportation des PFNL sont préparés à ce niveau.

Au Cameroun, jusqu’en 1998, la Direction des Forêts était censée d’assurer la gestion de tous les produits forestiers d’origine végétale, y compris les PFNL. Mais dans la pratique, elle s’occupait quasi-exclusivement du bois d’œuvre.

Répondant au souci de mettre en valeur les ressources forestières non ligneuses en vue d’augmenter la part de la production forestière dans le PIB, le décret n° 98/345 du 21 décembre 1998 portant organisation du MINEF a créé une Direction de la Promotion et de la Transformation des Produits Forestiers (DPT), dotée entre autres structures d’une Sous Direction de la Promotion et de la Transformation des Produits Non Ligneux (SDNL).

Comme son nom l’indique, cette Sous Direction ne se voit pas confier le monopole de la gestion de la filière des PFNL. Elle n’est en effet chargée que de la promotion des PFNL, qui est une fonction transversale, et des fonctions relevant de l’aval de la filière, à savoir la transformation et la commercialisation.

Au niveau politique, les PFNL sont inclus dans le PSFE qui vient de démarrer au Cameroun. Dans sa composante 2 (Aménagement des forêts de production et valorisation des produits forestiers), les PFNL sont tenues comptes à travers les indicateurs suivants :

• Une stratégie de développement des PFNL a été définie ; • Trois filières porteuses de PFNL ont été identifiées par province ; • 10 filières de PFNL bénéficient d'actions de recherche développement.

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Ce que l’on peut retenir de la gestion des PFNL dans la sous-région d’Afrique Centrale est que les similarités reconnaissent l’importance des PFNL et le cadre juridique institutionnel récurrent à travers le ministère en charge des forêts ou le Ministère de l’Economie Forestière. Au sein du département concerné, il existe une Direction Générale chargée

• de réglementer, de promouvoir et de contrôler toutes les activités socio-économiques en matière des forêts et des PFNL ;

• de promouvoir la conservation et la gestion durable des ressources naturelles forestières, fauniques, halieutiques, y compris les autres produits ‘secondaires’ de la forêt ;

• de l’élaboration et de la vulgarisation des techniques de mise en valeur rationnelle des ressources naturelles ;

• de déterminer la politique de la gestion des PFNL et de proposer la tutelle officielle dans le traitement des aspects relatifs aux PFNL ;

• de proposer des réformes institutionnelles cohérentes pour prendre en compte la dimension PFNL de plus en plus croissant.

Ainsi dans les différents pays de l’Afrique Centrale, les ministères en charge des forêts ou de l’Economie forestière disposent des services compétents qui traitent des problèmes de PFNL à travers plusieurs Directions à savoir :

• la Direction des Forêts ; • la Direction de la Faune et des Aires Protégées ; • la Direction des Eaux et de la Pêche ; • le Service de la Promotion des PFNL et de l’Herbier National ; • les Administrations sous tutelle (par exemple les Fonds Forestiers au Congo et en RCA).

Egalement au niveau politique et sur le plan sous-régional, les PFNL sont pris en compte dans le cadre du Plan de Convergence de la Commission des Forêts d'Afrique Centrale (COMIFAC), plus précisément dans

• l'axe stratégique 1 : Harmonisation des politiques forestières et fiscales, • l'axe stratégique 2 : Connaissance de la ressource (activité 2.1 Inventaire des

ressources forestières, sous-activité 2.1.2 Etat des lieux de l'utilisation des PFNL) ; et • l'axe stratégique 5 : Valorisation durable des ressources forestières (sous-activité 5.1.4

Filière PFNL).

En ce qui concerne le processus AFLEG/FLEGT (African Forest Law Enforcement and Governance), il serait souhaitable au moment où la Task Force sous-régionale de cette structure procède au lancement effectif de ses activités d'inclure les PFNL dans leur domaine d'intervention pour enrichir et trouver des solutions quant à la discussion en cours sur la légalité de l'exploitation et le commerce des produits forestiers.

En effet, les Ministres africains en charge des forêts et de l’environnement, ayant fait de la surveillance de l’application des lois forestières et environnementales une de leurs priorités comme en témoigne l’insertion du processus AFLEG/FLEGT dans le Plan de Convergence de la COMIFAC, le plan d'action/opérationnalisation de la Task Force intégrant l'aspect PFNL contribuera à la bonne gouvernance forestière et environnementale pour la conservation et la gestion durable de ces ressources en Afrique Centrale.

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6.3 Autres institutions impliquées dans le secteur PFNL

De nombreuses institutions relevant des administrations et des partenaires des ministères concernés interviennent sur la filière PFNL. Le tableau 11 donne un aperçu général et préliminaire de quelques institutions qui s’occupent des PFNL en Afrique Centrale.

Tableau 11. Documentation des différentes institutions s’occupant des PFNL

Pays Autres* ministères impliqués Institutions Paraétatiques ONG

GABON

- Environnement - Agriculture et Elevage - Economie et Finances - Santé - Commerce

- Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CENAREST) - Institut de Recherches Agronomiques et Forestières (IRAF) - Institut de Pharmacopée et de Médecine Traditionnelle (IPHAMETRA) - Institut de Recherche sur l’Ecologie Tropicale (IRET)

- Petites et Moyennes Entreprises (PME) -Petites et Moyennes Industries (PMI)

-

CAMEROUN

- MINEFI - Environnement - Finances - Commerce - Commission interministérielle - MINADER

- Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD) - Coopération allemande au développement (GTZ) - International Centre of Recherche in Agroforestry (ICRAF) - Central African regional Program for the Environment (CARPE) - Organisation néerlandaise de dévelopement (SNV) - Centre de recherche forestière internationle (CIFOR)

- Agence Nationale d'Appui au Développement Forestier (ANAFOR)

- Syndicat Forestier - ONGs locales - Fonds Mondial pour la Nature (WWF ) - Union Mondiale pour la Nature (UICN)

CONGO - Agriculture - Commerce

- Institut de développement rural (IDR)

- Centre national d’inventaire et d’aménagement des ressources forestières et fauniques (CNIARFF)

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GUINEE EQUATORIALE.

- Economie - Finances et Budget - Education et Science - Sécurité nationale - Intérieur

- Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) - International Centre of Recherche in Agroforestry (ICRAF) - Central African Regional Program for the Environment (CARPE) - Université Nationale de Guinée Equatoriale (UNGE)

- Institut National de Développement Forestier (INDEFOR)

-

RCA

-Agriculture et Elevage - Santé - Commerce - Communes - Tourisme et Artisanat

- Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) - Coopération allemande au développement (GTZ) - Coopération Française - Union Européenne (UE) - Université de Bangui (UB)

Compte d'affectation Spéciale "Développement Forestier et Touristique" (CAS DFT)

- DONAVAL - PHYTHOARMA - ONGs locales - Tradithérapeuthes

RDC - -

- Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) - Institut des jardins zoologiques et botaniques du Congo (IJZBC)

- ONG - Secteur privé

* Autres que les ministères en charge des forêts.

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7. Contraintes majeures du cadre légal régissant le secteur et les filières PFNL en Afrique Centrale

Le secteur PFNL et les filières y afférentes font face à de nombreux obstacles qui entravent leur développement, parmi lesquels :

• un vide juridique, • une terminologie non harmonisée, • un inventaire et des quotas des PFNL inexistants, • une contradiction entre droit d’usage coutumier et droit moderne, • une perception inadéquate de la notion de propriété, • un problème d’accès et de gestion de la ressource fournissant des PFNL, • des difficultés dans l’obtention du titre d’exploitation, • une commercialisation non aisée, • un vide fiscal, • des difficultés de contrôle et de suivi de la fiscalité ; et • des contraintes d’ordre institutionnel.

Vide juridique

L’analyse sous-régionale du cadre légal régissant la gestion et l’utilisation durable des PFNL a relevé que ce secteur, comparativement au secteur bois d’oeuvre, est relativement peu voire non réglementé, caractérisé par une mauvaise lisibilité de l’information légale spécifique à ces produits. De cette analyse, il ressort que les codes forestiers des différents pays d’Afrique Centrale s’appuient essentiellement sur les bois d’œuvre en négligeant les PFNL. Et lorsque ces codes prennent en compte les PFNL d’une façon ou d’une autre, leur aménagement et leur gestion sont inopérants.

Ce vide juridique est causé d’un coté par l’absence d’une politique appropriée pour le développement du secteur PFNL et de l’autre coté par le caractère informel du secteur. Dans le cas où la gestion et le commerce des PFNL sont réglés par le cadre légal, on observe de nombreuses irrégularités et de lacunes entre les textes et les réalités de terrain. De manière générale, on remarque un manque d’application et une faible vulgarisation des textes réglementaires dans les pays de la sous-région. Il est à noter que le Cameroun semble être relativement avancé au niveau de l’inclusion des PFNL (dits produits spéciaux).

Terminologie non harmonisée

Au niveau de la terminologie, on constate que le terme PFNL est peu utilisé dans les différentes législations nationales. Chaque législation applique sa propre terminologie et des définitions différentes, ce qui rend difficile la compréhension du secteur et l’harmonisation des politiques relatives aux PFNL. En effet, les codes forestiers proposent une gamme des termes qui ressemblent au concept des PFNL, tels que ‘produits spéciaux’ au Cameroun, ‘produits forestiers autres que le bois d'œuvre’ au Gabon ou ‘produits forestiers accessoires’ en République du Congo.

La même problématique de la définition de cette catégorie de ressources naturelles s’observe au niveau des PFNL domestiqués. Les produits dits forestiers domestiqués tel que la kola sont souvent intégrés dans le groupe des PFNL. Néanmoins, la fiscalité agricole s’applique aux PFNL domestiqués tandis que la fiscalité forestière s’applique pour les PFNL spontanés.

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Aussi, le cadre institutionnel appliqué à ces produits ne facilite pas leur définition. En Afrique Centrale, les PFNL sont souvent considérés comme produits végétaux ‘autres que le bois d’œuvre’. Pour ces produits, il existe en général un vide institutionnel car les institutions ministérielles en charge des forêts ont des directions spécifiques qui s’occupent en même temps de la gestion du bois d’œuvre et de la faune.

Inventaire et quota des PFNL inexistants

Les normes d'inventaire disponibles dans les pays de la sous-région concernent quasi exclusivement le bois d'œuvre. Par ailleurs, on observe l’absence d’inventaires multi ressources appropriées pour la quantification du potentiel disponible de PFNL en milieu naturel pour une bonne distribution des quotas de prélèvement par l’administration. Celle-ci, marquée par l’absence de mécanisme pour évaluer les ressources disponibles, attribue des quotas sans inventaire préalable, ignorant le potentiel en PFNL.

Contradiction entre droit d’usage et droit moderne

Dans la plupart des législations de la sous-région existe un dualisme entre le droit coutumier et le droit moderne. En effet, le droit d’usage est limité à la satisfaction des besoins personnels des populations locales riveraines des forêts ; la commercialisation des PFNL est interdite dans le cadre de ce droit.

Perception inadéquate de la notion de propriété

La notion de propriété est le droit de jouir et de disposer des choses de manière la plus absolue, sauf usage prohibé par la loi ou les règlements en vigueur. Cette prérogative revient à l’Etat, mais il se pose un problème avec les communautés villageoises qui utilisent la forêt pour les biens de consommation. C’est dire que l’utilisation des PFNL par les populations peut être perçue par l’Etat comme un acte punissable.

Il est certain que les populations (usufruitiers) utilisent les ressources de la forêt pour leur bien de consommation et leur bien être social dans une façon quotidienne. C’est pourquoi les communautés villageoises ont également un droit de regard et de propriété sur la forêt qui n’est pas toujours bien défini dans le cadre légal.

Aussi, les populations éprouvent d’énormes difficultés pour obtenir un titre foncier au cas où elles établissent des plantations.

Problèmes d’accès à et gestion de la ressource fournissant des PFNL

L’accès reste toujours conditionné par la demande et l’importance accordée au produit. C'est ainsi que les produits forestiers destinés à l’exportation se vendent cher et font objet de trafic ou de monopole de certains exportateurs.

Les villageois accèdent librement à la ressource pour compenser le manque à gagner au niveau des ménages. Ces ressources peuvent êtres prélevées par les villageois sur le terroir collectif. Lorsque la ressource devient rare, il se met en place un système de possession et de droit d'accès. C'est le cas des produits alimentaires ou d'usage courante situés sur les terroirs agricoles et les jachères. Leur récolte doit recueillir l'aval du propriétaire.

La gestion des ressources naturelles fournissant des PFNL est caractérisée par une faible connaissance de la disponibilité de ces ressources et un régime foncier qui attribue le droit de propriété des forêts à l’Etat. Ce droit de propriété étatique ainsi que le dualisme entre le droit coutumier et le droit moderne n’éclaircissent pas la responsabilisation des communautés locales dans le cadre de la gestion durable des ressources naturelles.

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La gestion des PFNL est caractérisée par une absence des normes d’aménagement prenant en compte les PFNL. La plupart des plans d’aménagement sont orientés vers l’exploitation du bois et ne tiennent pas suffisamment en compte des PFNL ainsi que les droits coutumiers et les besoins des populations locales.

Le zonage par l’administration des lieux de collecte des PFNL est souvent peu précise augmentant le risque d’un conflit d’intérêt entre plusieurs opérateurs économiques actifs dans la même zone d’exploitation.

Une autre particularité de ces codes forestiers est leur faible incitation pour la domestication et leur imprécision à distinguer les PFNL spontanés récoltés dans la forêt et les PFNL cultivés.

Titre d’exploitation d’accès difficile

La gestion des PFNL pour des buts lucratifs est généralement définie par les permis d’exploitation. Dans plusieurs pays de la sous-région, on constate des difficultés dans l’acquisition des permis d’exploitation et lorsque ces derniers sont attribués aux opérateurs économiques, c’est pour des durées limitées. Par exemple au Cameroun, la durée de validité du permis d'exploitation est fonction du volume des produits vendus et ne saurait excéder un an. Ces procédures administratives, dans un premier temps, amènent les exploitants à exercer dans l’illégalité et, dans un second temps, empêchent une gestion durable des ressources naturelles.

Les contraintes légales principales relatives à l’accès aux titres d’exploitation sont :

• Procédures d’obtention des agréments complexes et onéreuses ; • Procédure d’attribution des titres d'exploitation longue, irréaliste d’où défavorable aux

organisations des paysans ; • Attribution annuelle des titres d'exploitation ne prenant pas en compte le niveau de la

ressource disponible ; • Paiement d’avance sur les quantités sollicitées pour avoir le permis d’exploitation ; • Permis d'exploitation inaccessible aux petits récolteurs ; • Investissements exigés inadaptés et non spécifiques aux produits exploités ; et • Echelle de demande d'agrément imprégnée des lenteurs administratives.

Aussi, l'exigence de ce permis par l'administration ne tient compte ni des quantités réelles disponibles et à commercialiser, ni de la classe des récolteurs constitués en majorité des femmes et des enfants.

Vide fiscal sur les PFNL

Il ressort des différentes études que le manque de politique fiscale sur les PFNL maintient ce secteur dans l’informel. Ainsi, le secteur est caractérisé par l’inexistence et l’inadoption du cadre fiscal sur les PFNL et l’absence de mesures fiscales incitatives pour la transformation

Contrôle et suivi de la fiscalité

Autre l’absence de politique fiscale, les multiples tracasseries dans les barrières routières sont des contraintes majeures qui empêchent le développement du secteur privé qui s’engage dans la valorisation des PFNL. Il en ait aussi des différentes taxes et prélèvements fiscaux appliqués aux PFNL. Ces taxes sont perçues trop élevées ou trop bas selon les intérêts des uns et des autres.

Par ailleurs, il ressort en matière d’infractions, une absence de sanctions des abus.

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Contraintes d’ordre institutionnel

Le secteur PFNL est caractérisé par une multitude d’institutions impliquées – d’une façon ou l’autre – dans la gestion de ces produits. Néanmoins, on constate une forte fragmentation du secteur qui reste en conséquence peu coordonné.

Au niveau gouvernemental, on note une absence chronique de service chargé des PFNL. Par conséquent, les PFNL sont rarement pris en compte dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques au sein des services forestiers. Cet état est souvent justifié par l’inexistence de structure s’occupant réellement des PFNL et par le manque de leadership politique d’une institution qui pourrait initier, coordonner ou faciliter des activités pour promouvoir le secteur.

En plus, on constate souvent un dualisme entre les textes en vigueur sur la paternité des PFNL. Certains ministères s’approprient la paternité des PFNL alors que l’essentiel du processus se trouve être contrôlé ailleurs. Ceci est souvent préjudiciable à l’idée de la maîtrise des dossiers. Il est souvent remarqué de manière implicite que l’interprétation et la vision d’un même texte prête à confusion et l’applicabilité reste aléatoire.

Vu ces insuffisances institutionnelles, les institutions administratives ne sont souvent pas capable de donner un appui efficace au développement au secteur privé.

Cette insuffisance est encore plus accentuée à cause de la désarticulation et l’inadaptation du cadre organique. L’organigramme des ministères ne répond pas toujours aux préoccupations effectives des différents acteurs et dans les services décentralisés, un seul agent est à la fois forestier, gendarme, policier et phytosanitaire.

En résumé, les aspects suivants caractérisent le cadre institutionnel :

• Absence de clarification des mandats des institutions intervenants dans les filières des PFNL ;

• Méconnaissance par les agents de l'administration des lois sur le terrain ; • Insuffisantes capacités des institutions ; • Superposition des mandats institutionnels ; • Lenteur/lourdeur dans l’obtention des documents administratifs (exemple: certificat

d’origine) ; • Absence de mécanisme pour évaluer les potentialités économiques des PFNL ; et • Manque de continuité des actions entamées par l'administration.

Déficits en matière de renforcement des capacités

Les manquements suivants en matière de renforcement des capacités des acteurs contribuent au sous-développement de la filière PFNL :

• Encadrement insuffisant des populations ; • Capacité limitée des populations sur les techniques de récolte durables ; • Mauvaise connaissance du produit et son processus de récolte, séchage,

conditionnement ; • Organisation insuffisante des filières PFNL ; • Insuffisante information et sensibilisation des acteurs sur les textes de base ; • Manque de sensibilisation sur les règles du commerce extérieur ; et • Absence de dénonciation des abus.

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Transformation limitée des PFNL

L’absence de mesures légales incitatives pour la transformation des PFNL favorise l’exportation de ces produits sous forme brute. Cet aspect non seulement diminue la valeur ajoutée des ressources forestières, mais surtout a un impact sur la disponibilité des PFNL en milieu naturel.

Besoins des acteurs de filière PFNL à l’endroit du cadre légal

Ce grand vide est notoire au niveau des opérateurs économiques actifs des filières PFNL cités plus haut. Ainsi, de nombreuses exigences sont exprimées de la part de chaque acteur à l'endroit du cadre légal appliqué aux PFNL.

• En ce qui concerne les récolteurs des produits en forêt: La jouissance de leur droit d'usage demeure la principale exigence. En effet, dans les pays de la sous-région existe une opposition/contradiction caractérisée entre le droit coutumier et le droit moderne. Dans certains pays à l'exemple du Cameroun, les Ministres chargés des forêts, de la faune et de la pêche peuvent, pour cause d’utilité, suspendre temporairement ou à titre définitif l’exercice du droit d’usage lorsque la nécessité s’impose. Aussi à l’occasion des contrôles forestiers- contingents dans ce pays, les populations locales doivent justifier cette utilisation strictement personnelle faute de quoi elles s’exposent non seulement à la saisie desdits produits mais également à la punition « d’une amende de 5 000 à 50 000 francs CFA et d’un emprisonnement de dix (10) jours ou de l’une de ces deux peines seulement » (article 154 de la loi N°94/01).

• En ce qui concerne les collecteurs/grossistes: la vulgarisation et la facilitation des procédures d'obtention des permis d'exploitation.

• En ce qui concerne les transporteurs: i) la facilité d'obtention des lettres de voiture; ii) le non paiement de l'impôt libératoire dans chaque circonscription municipale/unité administrative; iii) la parfaite maîtrise des produits interdits d'exploitation par les forces de maintien de l'ordre.

• En ce qui concerne les détaillants/revendeurs: une clarification dans le paiement de l'impôt libératoire et des taxes communales.

• En ce qui concerne les détenteurs de permis : i) l'augmentation de la durée de validité du permis d'exploitation des PFNL. Celle-ci est de douze mois au Cameroun, de six à douze mois à compter de la date de signature selon la nature du produit au Gabon. La durée du permis spécial au Congo pour la récolte et la commercialisation des produits accessoires est de un mois ; ii) la vulgarisation et la facilitation des procédures d'obtention des permis d'exploitation/agréments.

Les PFNL, compte tenu de leur importance alimentaire, médicinale et économique, des études approfondies d’identification et de collecte de leurs données doivent être entreprises à court terme afin de fournir des éléments susceptibles de conduire à une législation/réglementation spécifique au secteur PFNL pour sauvegarder ces ressources et contribuer valablement à l’économie nationale et sous-régionale.

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8. RECOMMANDATIONS

Afin d’améliorer le cadre légal régissant le secteur PFNL, les décideurs politiques en collaboration avec les partenaires au développement, les institutions de recherche et les autres parties prenantes de ce secteur, devraient effectuer des interventions efficaces au niveau des points suivants : cadre juridique et politique des PFNL, définition des PFNL, régime de propriété des PFNL domestiqués, droit d’usage, procédures d’obtention des titres d’exploitation, fiscalité sur les PFNL, contrôle et suivi de la fiscalité sur les PFNL, infractions et sanctions, inventaires et quotas, modes de gestion, organisation institutionnelle, renforcement des capacités, transformation.

Cadre juridique et politique des PFNL

La nécessité d’élaborer des règles juridiques spéciales aux PFNL et/ou l’application des législations en vigueur ainsi que la révision des textes juridiques et des différents codes forestiers sont indispensables pour l’amélioration du cadre légal régissant le secteur PFNL. Par ailleurs les PFNL étant inclus dans les axes stratégiques du Plan de Convergence de la COMIFAC, l’harmonisation sous-régionale ainsi que l'importance socio-économique de ces produits doivent être prises en compte par les décideurs politiques de l’Afrique Centrale pour lutter efficacement contre la pauvreté

Définition des PFNL

Une définition des PFNL devrait tenir compte de la situation légale et institutionnelle et des définitions élaborées par des organismes internationaux et sous-régionaux. Il est proposé de lister des critères pour cerner le terme PFNL où seront exclus explicitement les produits agricoles, les produits dont la domestication est très avancée et ne se trouvant plus en milieu naturel ainsi que les produits animaux classiques. Cette définition reconnue par les différents Etats et harmonisée en fonction des exigences du commerce sous-régional devrait différencier entre les PFNL issus du milieu naturel et ceux domestiqués.

L’harmonisation des termes utilisés devrait aussi promouvoir une approche commune pour une meilleure collecte des données statistiques des PFNL phares.

Régime de propriété des PFNL domestiqués

Il est proposé de prendre des mesures incitatives comme une « convention de gestion » pour faciliter la propriété de la terre à ceux qui veulent valoriser les ressources naturelles d’une façon durable à travers la culture/plantation des espèces forestières, agricoles ou vivrières. Par ailleurs, il faudrait :

• définir les critères d’appropriation par l’Etat ; • reconnaître que le régime de propriété favorise le développement des PFNL et son

appropriation ; • sortir du titre foncier des espèces qui s’apparentent aux produits agricoles/vivriers telles

les lianes ; • décrire les insuffisances du système foncier ; • rédiger un texte permettant la distinction sur le terrain entre les produits récoltés en

milieu naturel et ceux cultivés ; • alléger et vulgariser les procédures d’obtention des titres fonciers, des certificats

d’origine et des lettres d’attestation de plantation des espèces forestières; • actualiser le régime foncier en prenant en compte l’aspect de la propriété collective ; • définir des règles spécifiques pour les espèces domestiquées ; • mettre en place un certificat d’origine et un système d’identification et de suivi approprié

des PFNL.

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Droit d’usage

• Il est proposé : • d’élargir le droit d’usage afin de permettre aux riverains/plus petits exploitants une

commercialisation limitée des PFNL au niveau local (par exemple en intégrant le marché au premier degré).

• de prévoir un droit d’accès à but lucratif spécifique aux riverains en dehors des forêts communautaires ; et

• de mettre en cohérence des lois modernes et les modes traditionnelles d’exploitation des ressources forestières.

Dans ce contexte, il faut clairement établir les relations de coexistence entre le droit coutumier et le droit moderne pour éviter le « dualisme qui fonctionne mal » parce que profondément déséquilibré et non accepté par les populations locales.

En outre, la nouvelle définition du droit d’usage devrait éclaircir les notions ‘’besoins personnels’’ et ‘’besoins primaires’’. Le système fiscal devrait être adopté en tenant compte de l’élargissement du droit d’usage.

Titres d’exploitation

Concernant l’obtention des titres d’exploitation, il est proposé:

• de faciliter/alléger l’accès aux permis d’exploitation ; • d’alléger les modalités d’obtention des titres d’exploitation sur le plan financier et

administratif ; • d’adapter les exigences d’attribution aux types d’exploitation ; • d’exiger les agréments uniquement pour l’exportation des PFNL ; • d’harmoniser les documents exigibles pour obtenir le permis d'exploitation ; • de lier la procédure d’obtention du titre d’exploitation à la nature du produit ; • d’être exigeant sur l’accès à la qualité d’exportation ; • de favoriser la connaissance de la ressource disponible ; • d’établir une dénomination générique des titres d'exploitation ; • de segmenter les acteurs et faciliter la procédure d’obtention du permis d'exploitation;

(dossiers, échelle, décentralisation) ; • d’exiger les inventaires avant l'attribution des permis d'exploitation ; • de fixer une période déterminée pour obtenir un titre d'exploitation ; • de baser les titres d'exploitation sur le potentiel de la ressource issu des inventaires ; et • de prévoir des agréments spécifiques pour les PFNL.

Pour ce qui est du contenu des titres, il est proposé :

• de prolonger la durée des titres d'exploitation pour les PFNL transformés ; • d’harmoniser le contenu des titres d'exploitation ; • de préciser la procédure de transfert des titres d'exploitation ; • d’interdire la cession ou la location des titres d'exploitation ; • de fixer la durée des titres d'exploitation en fonction du type de segment/acteurs ; • de prendre en compte la spécificité du produit sur la durée du titre d'exploitation ; • de localiser sur le titre d'exploitation et dans le plus grand détail, les sites de PFNL à

exploiter ; • d’adapter la validité du titre d'exploitation en fonction de la date d'obtention d’agrément ; • de noter dans les titres d'exploitation les essences concernées et leurs quotas ; • de fixer la durée de validité du permis d’exploitation de deux ans voire plus pour l’autres

PFNL ;

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• de délivrer les permis aux vrais exploitants et supprimer les transactions des lettres de voiture ;

• de rendre libre la circulation des PFNL au niveau national (sauf espèces menacées) ; • d’adapter la durée des permis en fonction de la valeur économique et la durabilité de la

ressource ; • d’harmoniser les lettres de voiture dans les différents pays de la sous-région ; et • de prévoir la rétrocession d’une quote-part des taxes aux communautés riveraines.

Fiscalité sur les PFNL

Une politique incitative en terme fiscal devrait bénéficier aux communautés à s’approprier des droits d’usages traditionnels pour faire valoir économiquement ceux-ci sur l’usufruit de la ressource qui leur est reconnue. Les propositions suivantes concourent à l’amélioration du cadre légal en matière de fiscalité :

• Etablir une fiscalité claire et simple applicable pour les différents PFNL « phares » déjà bien établis sur le marché ;

• Inscrire et publier les taxes dans les textes légaux ; • Appliquer une fiscalité servant le développement du secteur PFNL et sa durabilité ; • Développer une fiscalité incitative et adaptée ; • Mette en oeuvre une fiscalité relative aux PFNL « phares » ; • Développe une fiscalité relative aux titres d'exploitation ; • Adapter la fiscalité à la valeur économique des produits ; • Mettre en place un mécanisme de partage des bénéfices pour les PFNL ; • Mettre en place un system (mécanisme) de fiscalité harmonisé ; • Appliquer la taxe en fonction de la valeur économique du produit ; • Revoir la fiscalité en tant qu’instrument de politique financier et économique des

gouvernements ; • Diligenter un audit économique et fiscal du secteur des PFNL au niveau sous–régional

afin d’améliorer le cadre réglementaire et fiscal et la visibilité économique du secteur ; • Améliorer les conditions et les moyens de contrôle d'utilisation et de commercialisation

des PFNL ; et • Elaborer une codification harmonisée des produits prioritaires commercialisés dans la

sous-région.

Contrôle et suivi de la fiscalité

Sachant que les barrières routières sont les points de contrôle principaux pour vérifier la légalité de l’exploitation et l’exportation des PFNL, il est proposé :

• de réduire la parafiscalité ; • de créer des mécanismes (e.g. fonds) alimentés par les taxes et utilisés pour promouvoir

la gestion durable des PFNL ; • de faciliter l’accès à la légalité ; • de réduire l’activité informelle des petits exploitants ; • de mettre en application les textes légaux ; • de clarifier la loi modèle sur la fiscalité ; • d’exiger le titre pour le transport, l’exploitation et l'exportation des PFNL ; • de prévoir des documents de transport simples et faciles à obtenir ; et • de mettre en place un fonds pour la régénération des ressources.

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Infractions et les sanctions

Il est proposé :

• d’élaborer et d’appliquer des sanctions adaptées aux PFNL ; • de responsabiliser les agents selon les règles de chaque corps ; • d’appliquer des sanctions administratives (saisie/fermeture/destruction etc.) et de

spécifier ces sanctions en rapport avec les PFNL.

Inventaires et quotas des PFNL

Pour améliorer le cadre légal, il est recommandé pour l’administration, de procéder aux inventaires de PFNL appropriés pour identifier le potentiel disponible en milieu naturel et pour mieux attribuer des titres d’exploitation sur la base des quotas plus réalistes. Dans ce sens, il est proposé de faire l’inventaire des PFNL majeurs et des autres ressources biologiques génératrices de revenus, faisant l’objet des échanges et du commerce dans la sous-région et établir des fiches techniques pour chaque produit de manière participative. Aussi la réalisation des inventaires : i) muli-ressources dans les plans d’aménagement (par exemple dans les concessions forestières) et ii) spécifiques qui estiment la disponibilité d’un produit ou d’une espèce donnée (par exemple l’écorce de Prunus africana) seraient adaptés.

Il faudrait préciser les institutions en charge des inventaires et celles devant y payer les frais, tout en distinguant le régime des inventaires dans les forêts attribuées et non attribuées.

Parlant des quotas, il serait important d’établir un système de définition de quota approprié en commençant par les PFNL phares et menacés (notamment les PFNL inclus aux annexes de CITES).

En outre, il serait important de classer les PFNL selon leur degré de menace environnemental, aussi de mettre à la disposition des opérateurs économiques nationaux les données d’inventaire.

Modes de gestion des PFNL

Par manque de normes de gestion existantes et appliquées, il est proposé :

• d’étudier les possibilités légales pour assurer une gestion durable des PFNL ; • d’exiger le respect des techniques d’exploitation à préciser par essence ; • de développer des normes de gestion pour les PFLN listés ; • d’établir une cohérence entre les inventaires, les quotas/titres, les méthodes de récolte

et les contrôles ; • de vulgariser suffisamment les différents modes de gestions des produits phares ; • de connaître davantage les ressources concernées ; • d’établir un dynamisme des normes qui permet la correspondance d'une vision à long

terme ; • d’impliquer les communautés locales à la gestion durable des PFNL et des autres

produits de la forêt naturelle ; • de capitaliser et de transposer les expériences de gestion participative des forêts

communautaires vers les forêts de production en tenant compte de l’aspect PFNL; • de valoriser les connaissances locales dans le domaine des PFNL ; • d’évaluer l’impact du volume de récolte de certains PFNL sur leur pérennisation (par

exemple sur les chenilles) ; • d’assurer la participation des populations à l’exploitation et à la conservation des

ressources naturelles ; • d’adopter des systèmes de légalité dans les forêts sous aménagement ;

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• de mettre en place un mécanisme de suivi et d’évaluation des zones d’exploitation pour les PFNL menacés ; et

• de faciliter et de contrôler l’accès aux PFNL pour assurer un commerce durable et équitable.

A l’instar de ce qui est préconisé pour la gestion des forêts communautaires, il est impératif d’impliquer et de responsabiliser les populations locales dans la conservation des ressources naturelles sur l’ensemble du territoire, y compris dans la zone de forêt de production.

A cette fin, les plans d’aménagement forestiers doivent tenir compte des droits coutumiers et des besoins des populations locales tout en veillant à ce que ceux-ci ne remettent pas en cause la viabilité des exploitations. Une telle adhésion ne peut être acquise que par la mise en place des campagnes de sensibilisation.

Organisation institutionnelle

Il est proposé :

• de déterminer les mandats des institutions en fonction des besoins du terrain afin d'éviter leurs superpositions ;

• de recommander le respect des normes de stockage/conditionnement /conservation à préciser par essence ;

• de disposer des statistiques de production ; • de clarifier et vulgariser les rôles (TDR, lettre de mission) des institutions ; • de respecter les hiérarchies de l'administration et éviter l'ingérence du politique ; • de renforcer les capacités des services décentralisés en charge des PFNL ; • d’octroyer les moyens à l'unité administrative centrale en charge du secteur PFNL ; • d’éliminer le chevauchement et abus d’autorité ; • de définir les institutions responsables des PFNL et leurs TDM ; • de mettre en place des structures de suivi et de contrôles de PFNL dans chaque pays ; • d’informer, sensibiliser les contrôleurs sur la législation forestière ; • de faciliter l’obtention des documents administratifs ; • de renforcer les capacités en matière de gestion durable des PFNL ; • de vulgariser les procédures en vigueur dans le secteur PFNL ; • de rendre disponible les données statistiques sur les PFNL ; • de définir et mettre en place une politique de recherche appropriée ; • de charger une unité du ministère en charge des forêts avec tous les aspects relatifs à la

gestion et le commerce des PFNL ; • de renforcer des partenariats des institutions impliquées dans le secteur PFNL en

mettant en place une plate forme sous-régionale sur la recherche forestière relative aux PFNL ;

• de mobiliser davantage en ce qui concerne la COMIFAC, des partenaires en vue d’appuyer les actions en direction de la promotion du secteur PFNL ;

Il serait aussi avantageux de mettre en place une commission interministérielle chargée de la filière de commercialisation des PFNL destinés à l’exportation avec des représentants des ministères de forêt, de l’agriculture, du commerce et des finances. Sous l’impulsion de la COMIFAC, les points focaux nationaux que sont les Ministres en charge des forêts devraient sensibiliser les autorités locales transfrontalières en vue d’une gestion durable des PFNL et d’une maîtrise du commerce dans les zones frontalières des pays de la sous région.

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Renforcement des capacités

Il est proposé :

• de vulgariser les textes légaux régissant les PFNL ; • d’encourager les bonnes techniques de récolte des PFNL ; • de renforcer les capacités des acteurs concernés à travers des interventions

stratégiques ; • d’encourager la création des groupements professionnels à travers l’identification et

l’organisation des acteurs de PFNL ; • de s’appesantir sur les produits phares ; • de former les agents de l'administration au niveau central et local sur les textes légaux ; • d’évaluer les résultats des institutions et faciliter la communication/collaboration entre

elles ; • d’identifier et organiser les collecteurs des PFNL, par exemple en appuyant la création

des regroupements professionnels ; • de réaliser des études de marché et des recherches sur la valorisation des PFNL en vue

de réglementer la filière de commercialisation de ces produits ; • de développer des filières de production pour soulager la cueillette de PFNL

susceptibles d’être produits par l’homme ; • d’assurer un appui technique efficace au secteur privé ; • de valoriser la commercialisation de certaines espèces à potentiel économique élevé

tout en respectant les capacités de maintien de ces espèces ainsi que celles de leurs habitats ;

• de promulguer une loi sur la bio-prospection, l’accès aux ressources génétiques, et le partage des avantages qui y sont liés. Aussi, poursuivre les démarches en vue de l’élaboration des approches communes dans la sous-région dans le cadre de la convention sur la biodiversité (CBD) qui prend en compte l’aspect ‘avantage et partage des bénéfices’; et

• de publier périodiquement par la COMIFAC, les statistiques du secteur et inclure éventuellement le volet PFNL dans le rapport sur l’état des forêts dans le Bassin du Congo.

Transformation des PFNL

Vu les propositions relatives à la fiscalité et le renforcement des capacités, et pour promouvoir la transformation des PFNL dans les pays producteurs/exportateurs en Afrique Centrale, il est nécessaire

• d’étudier dans quelle mesure le cadre légal peut promouvoir une valeur ajoutée des PFNL à travers leur transformation ;

• de prolonger la validité du permis de 1 à 5 ans pour des produits transformés ; • de veiller à ce que les produits illégaux ne soient pas légalement transformés ; et • de renforcer les capacités au niveau de transformation/stockage des PFNL.

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Activités prioritaires

En définitive, vu la multitude des recommandations identifiées, six activités prioritaires sont proposées pour améliorer le cadre légal régissant le secteur PFNL :

• Organiser des ateliers sous régionaux (regroupant COMIFAC, CEEAC, CEMAC, opérateurs économiques, peuples autochtones, chercheurs, autorités, etc.) en vue de la formulation d’une approche commune sous-régionale en matière de commercialisation et échange des PFNL sous la responsabilité de la COMIFAC.

• Compléter et renforcer l’application des textes règlementaires au niveau national en prenant en compte les PFNL.

• Harmoniser les politiques forestières et fiscales en matière des PFNL, afin de faciliter la libre circulation et le développement de ces produits dans la sous-région.

• Concilier le droit coutumier et écrit par l'extension du droit d'usage à une commercialisation limitée par zone géographique et par volume spécifique sous le contrôle de l’administration forestière.

• Mettre en place un dispositif d'octroi d'agrément décentralisé et spécifique aux PFNL. • Inclure les PFNL dans le domaine d'intervention des processus AFLEG/FLEGT.

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9. CONCLUSIONS

L’importance de l’étude portant sur la thématique du cadre légal régissant l’utilisation et l’exploitation des PFNL est reprise dans l’axe stratégique N°1 sur la l’harmonisation des politiques en matière de gestion durable des ressources forestières du Plan de Convergence de la COMIFAC. Il s’agit d’un signal fort lancé par les Chefs d’Etat des pays de l’Afrique Centrale qui attachent du prix à cette catégorie des ressources forestières. Ceci s’est démontré dans la vision politique et dans les engagements contraignants liant les Etats à travers le Traité de la COMIFAC et son Plan de Convergence sous-régional.

La synthèse des législations forestières en vigueur en Afrique Centrale a montré que les codes qui régissent l’ensemble des forêts sont structurés de la même manière, y compris le domaine forestier permanent et le domaine forestier non permanent. Il a été observé aussi que tous les pays de la sous-région d’Afrique Centrale possèdent un code foncier relativement ancien calqué sur la colonisation et que le droit coutumier d’usage est reconnu. Se référant à ce dernier, les prélèvements sont autorisés pour les produits de cueillette, les plantes médicinales, le ramassage de chenilles et l’exploitation de plantes ayant des vertus aphrodisiaques. Ces prélèvements pour bon nombre de pays sont réservés à la satisfaction des besoins personnels de leurs bénéficiaires. Les produits qui en sont issus ne peuvent faire l'objet de ventes commerciales.

On pourra mettre en relief une nomenclature diversifiée qui caractérise les PFNL en Afrique Centrale sur des considérations orientées sur les apports directs visibles des PFNL. Les fiscalités appliquées sont aléatoires et contradictoires attestant que les PFNL n’ont pas fait l’objet d’une préoccupation importante des décideurs, occasionnant de ce fait une marginalisation des PFNL dans les différentes législations.

On remarque également que toutes les législations actuelles en vigueur mettent l’accent sur l’exploitation et l’aménagement durable des forêts pour la production du bois destiné à l’exportation. Elles ne mettent pas de poids sur la biodiversité et sur les aspects de produits autres que le bois, ce qui cause de nombreux disfonctionnement quant à l'accès aux PFNL, leur transport et leur commercialisation au niveau national, régional/sous-régional et international.

Ces dysfonctionnements, causés par la faiblesse du cadre légal à travers une insuffisante prise en compte des PFNL ne permettent ni un développement des filières de ces produits, ni une contribution efficace de ce secteur à l’économie nationale, voire sous-régionale. Par ailleurs, l'exploitation des PFNL s'est toujours déroulée dans le secteur informel, de ce fait, ces produits sont mal maîtrisés et marginalisés.

Pour une amélioration du processus de mise en œuvre du cadre légal, il serait primordial de lever :

• les contraintes juridiques (opérationnalisation et vulgarisation des textes juridiques, révision des droits coutumiers, clarification d’accès à la ressources, clarification sur la fiscalité et la taxation sur les PFNL, facilitation des procédures d'obtention des permis d'exploitation, augmentation de la durée de ces permis, etc) ;

• contraintes institutionnelles (dualisme entre les institutions, manque de statistique sur les PFNL, notion de propriété et de droit d’usage, accès à la ressource) ;

• le problème de traçabilité (saturation du marché, mise en œuvre du Plan de Convergence, développement du secteur PFNL) ;

• les problèmes démographiques comme l’urbanisation poussée et l’exode rural (forte demande des PFNL, énormes potentialités, élaboration de mesures de récolte durable, stratégie nationale concertée avec tous les acteurs impliqués, mise en place d’organes d’appui à la valorisation des PFNL).

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Afin de donner plus de valeur/efficacité et de contenu au cadre légal régissant l’exploitation et l’utilisation durable des PFNL en Afrique Centrale, l’étude oriente vers des recommandations visant d’une part la mise en œuvre du cadre légal en prenant en compte l’implication des communautés locales à la gestion durable des PFNL, l’élaboration des normes d’aménagement et d’autre part l’inscription de la thématique PFNL à l’ordre du jour du Conseil des Ministres de la COMIFAC, la sensibilisation des Ministres lors du Conseil sur la nécessité d’une plus grande prise en compte des PFNL dans les politiques nationales et sous-régionales et que les moyens nécessaires soient mis à la disposition des services compétents.

Des moyens conséquents devraient être déployés grâce à la sensibilisation d’autres partenaires sur la nécessité d’appuyer les pays sur la mise en œuvre des activités relatives aux PFNL, la mobilisation des fonds supplémentaires pour la mise en œuvre des activités non couvertes par le projet, le lobbying du projet et de la thématique des PFNL lors des rencontres sous régionales et internationales et la facilitation d’une collaboration entre les institutions de recherche, d'autres partenaires au développement et des structures des décideurs/politiques avec la FAO.

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